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Encore une rondelle bien sympatoche de nos potes de Daredevil Records. Et pour mieux nous surprendre encore, le label allemand réactive tout simplement le bon vieux concept du split CD, avec 2 groupes suédois que personnellement je ne connaissais pas. En guise de Split album, c’est quasiment un double album qu’on peut se colletiner : pas moins de 8 titres pour chaque groupe quand même ! De quoi s’en foutre plein la panse pour pas cher !
On commence par Sergej The Freak. Du très bon heavy-stoner, avec de francs penchants The Awesome Machine / Sparzanza pour les grattes : du gros son, ça sature, mais c’est net et tranchant. Mention spéciale pour le chanteur, d’un niveau supérieur à la “moyenne” des groupes du genre, qui apporte une puissance de bon ton. Bonne note aussi à la qualité des compos présentées, à la fois puissantes et accrocheuses : même si Sergej The Freak ne réinvente pas la poudre, leurs morceaux font mouche, que ce soit dans les tempos rapides ou plus lents, comme en témoigne le très beau “Time is mine”, avec violoncelles et grattes acoustiques. A noter quand même le faux-pas du refrain “folk-reggae-rock” de “SethKill Joy”, un titre tout à fait dispensable, qui donc par définition n’a pas sa place sur un split CD.
Deville prend la suite dans un tonnerre de grattes, et après plusieurs écoutes du disque, on se dit que la “séparation” entre les deux groupes n’est pas si choquante. C’est le chant qui diffère le plus ici : même s’il est plus original, aux intonations plus variées, on le sent moins assuré que leurs compatriotes voisins de vinyle. L’échantillon de morceaux proposés montre une belle variété de genres, moins heavy globalement de Sergej, mais plus riche aussi, en sonorités, en effets, en rythmes. Bref, autant la “tension” n’est pas aussi dense, autant l’attention reste captivée tout au long des huit titres.
Au final, ce split CD propose pour un prix modeste une galette bien remplie, par 2 groupes bien prometteurs, issus de la prolifique terre suédoise. Ce disque n’est pas transcendant, il ne restera pas dans le TOP10 des meilleurs disques stoner de tous les temps, néanmoins il fera bonne figure dans votre discographie d’amateurs de musiques lourdes et pêchues. Une réussite !

J’ai longtemps hésité à chroniquer cet album, sorti en 2004 en autoproduction et réédité aujourd’hui sur un petit label texan, sur ces pages dédiées au stoner. Parce que justement, Automag ne fait pas à proprement parlé du stoner mais plutôt une espèce de métal bâtard comme on en faisait dans les 90’s (Alice in Chains est cité comme influence) saupoudré de quelques relents de southern rock probablement inconscients et dû à leurs origines, la Caroline du Nord, le tout emballé comme un bon vieil album de hard rock.
Même si ces dix titres enchantent certainement les rednecks imbibés de bière tiède et de whisky frelaté qui peuplent les bars de leur région natale le samedi soir, moi çà me laisse assez indifférent. Les titres sont bien écrits, les mecs savent tenir leurs instruments, le chanteur assure assez bien et c’est bourré d’énergie mais même après une dizaine d’écoutes, aucuns riffs accrocheurs ne ressort du lot. Pas vraiment mauvais donc, mais un peu quelconque, le genre de truc à s’écouter très fort sur l’autoroute la nuit pour éviter de s’endormir.
On sauvera quand même le concept, chaque morceau illustrant une partie de l’histoire qui sert de fil conducteur à l’album, une espèce de western moderne où il est question de meurtre, de trahison, de mensonge et de vengeance. Cette histoire est détaillée dans le digipack qui se déplie dans tous les sens, ce qui permet à l’auditeur de se transformer en lecteur en lui offrant une façon différente d’aborder l’album. L’idée est originale mais on aurait préféré qu’Automag se distingue plus par le contenu que par son emballage.

Arrêtons nous tout d’abord au livret. Ce qui, le premier, s’offre à l’œil. Dans un tourbillonnement de couleurs, une jeune fille étendue lascivement sur un fauteuil ahurissant nous laisse deviner son entrecuisse. Le cadre est posé. Malleus a encore frappé. Psychédélisme et sensualité. Voici, sommairement résumé, la teneur de ce disque auquel je rajouterai immédiatement un autre qualificatif : exquis. Le ton est donné avec « Ghosts & Echoes » qui ouvre le disque. Guitare wah wah et écho justement. A fond. Ce titre illustre au mieux la musique que délivrent les TAF ! Claudio y pose une voix réellement superbe. Une sorte de Josh Homme la linéarité en moins, se gardant toujours suffisamment de réserve pour laisser exploser sa voix dans des moments qui appellent davantage d’agressivité. Les guitares sont magnifiques, grasses, percutantes et amples à la fois. Les brefs solos sont toujours amenés avec fluidité, empreints de l’essence du rock’n’roll le plus chaud qui soit. Je m’abreuverai jusqu’à plus soif de celui de « Marigold » ou du riff annonciateur de « The scavenger ». S’il me fallait formuler un seul regret, ce serait peut être pour déplorer le manque d’exubérance de la batterie. Mais c’est un point de détail mineur. L’utilisation parcimonieuse de ci, de là d’une multitude d’instruments comme l’harmonica, le violoncelle, le sitar, de guitares acoustiques, de percussions confèrent à l’ensemble un cachet qui donne à penser que nous sommes là en présence d’un groupe qui a su se construire une sacrée personnalité. Un pur sang mongol dont le tempérament de feu puise ses influences dans un registre certainement aussi étendu que le désert de Gobi et du Takla-Makan réuni. C’est dire s’il revisite avec bonheur l’histoire du rock. Les influences sont perceptibles sans que l’on puisse jamais clairement les identifier. Ce qui prouve que les musiciens ont une excellente digestion. Il y a du Nebula là-dedans, du QOTSA tout autant qu’il contient du AC/DC ou du Budgie. En fait, TAF ! m’apparaît comme une sorte de Gengis Khan vorace et relax à la fois. Fier et déterminé en même temps que détendu et épicurien. Un peu à l’image du morceau qui a donné son titre à l’album. Ces italiens du sud confirment une fois de plus l’étonnante maestria de la scène de ce pays qui nous donne les groupes les plus originaux et les plus excitants du moment. Champions du Monde de rock ! (On notera que la version vinyle de cet album est en édition limitée et s’accompagne du magnifique split 45 t qu’ils avaient réalisé avec leurs potes de Nebula en 1997).
Quelque chose me dit que je ne vais pas me faire que des amis avec cette chronique. Il semblerait que tout le monde adore ce disque… Down est un groupe assez spécial pour moi, je pense que “NOLA” se retrouverait dans mon top 10 (allez, disons Top 15…) des meilleurs albums tous genres confondus : compos irréprochables, riffs sludges malsains, ambiance glauque et poisseuse, cet album transpire le marécage louisianais par le moindre accord de gratte. “Stone the crow” ou “Losing all” sont des chefs d’oeuvre à mes yeux. Voilà, c’est dit. Par la suite, “II” m’avait enthousiasmé, mais l’épreuve du temps le ramenait inexorablement au statut d’album excellent, mais pas exceptionnel. Les initiatives que l’on y trouvait qui visaient à pousser le groupe dans d’autres genres se révélaient stériles, et le groupe n’était finalement le plus performant qu’en répétant la même recette. Ce qui n’est déja pas si mal.
Fort de ce constat, les options pour aborder ce 3ème album se limitaient, et ça s’entend. Au final, aucune vraie surprise dans cet album. Le plus décevant est cette propension parfois à lorgner maladroitement vers Pantera, avec des riffs secs et incisifs (là où on aurait aimé de la graisse et du poil !), couverts parfois de beuglements maladroits d’Anselmo (ici signes de manque d’inspiration de la part de ce -souvent- grand vocaliste).
“Three stones and one star” qui lance l’album dresse un paysage plutôt favorable, porté par une rythmique bien grasse, mais au refrain moins inspiré (un riff de lead trop sec pour être honnête). Le pesant “The path” qui suit, ainsi que “n.o.d.” et “I scream” nous rappellent le bon vieux Down. Les choses se gâtent ensuite avec “On march the saints”, que l’on croirait issu d’une chute de studio de C.O.C. (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : j’adoooore C.O.C.). Le bluesy “Never try” est un peu raté (Pepper n’est pas un bon gratteux de blues, ce son clair ne lui sied pas du tout). Le plus mauvais est atteint avec “Pillamyd”, un morceau trop décousu duquel surnagent quelques passages peu inspirés, trop metal pour être honnêtes.
Inutile de noircir le tableau, certains titres sont bien inspirés, et globalement, si vous avez aimé les deux premières offrandes du quintette, vous aimerez cette galette. Toutefois, je ne peux m’empêcher de craindre le prochain album, qui pourrait fort bien être la goutte de trop dans le vase de l’auto-plagiat.
Ahhh, enfin ! Enfin une nouvelle offrande du Roi de l’Acide… On attend ça depuis “Busse Woods”, en 1999… Certes, on a pu se mettre quelques titres sous la dent depuis, notamment sous la forme d’un excellent split-CD sorti chez Man’s Ruin, mais depuis la banqueroute du mythique label de San Francisco, plus de nouvelles… Un concert ou deux par an ici ou là, mais rien de très rassurant sur la bonne santé d’Acid King. Les voilà donc revenus sous l’aile de Small Stone Records, décidément l’un des labels américains les plus excitants du moment ! Il faut savoir que les membres d’Acid King (en particulier Lori et Guy) ont eu du mal à encaisser la faillite de Man’s Ruin, puisqu’ils travaillaient tous deux pour le père Kozic, en plus de jouer dans Acid King ! Plus dure fut la chute…
Les voilà donc reviendus, disais-je, avec ce “III” sottement nommé (franchement, depuis les albums numérotés de Led Zep, difficile de faire montre d’aussi peu d’inspiration !), mais plutôt en forme ma foi ! Dès les premières écoutes, on re-situe le groupe : c’est quand même le bébé de Lori ! La guitariste-chanteuse du trio figure, déja, seule sur la pochette du CD (ça en dit long)… Et puis on a appris, en même temps que la sortie du CD, le départ de Guy Pinhas, le prodigieux bassiste français, qui a fait ses marques chez The Obsessed, ou encore Goatsnake… Il a quand même posé ses vrombissantes mesures sur cette galette, c’est un soulagement !
Autre marque de la main-mise de Lori sur son groupe, les compos sont intégralement signées de la miss, ce que l’on ne met aucunement en cause au fil des écoutes : les morceaux sont bâtis sur des riffs collossaux, pesants, massifs comme des parpaings en béton projetés un par un sur les frêles épaules des pauvres et chétifs auditeurs que nous sommes… Presque étouffantes, ces “nappes” de guitare sont la marque de fabrique d’Acid King : des riffs lourds, lents, assénés avec conviction, dans une sorte d’inertie de plusieurs minutes, le temps qu’il faut à une chanson pour s’achever de sa lente mort. Le tout est systématiquement renforcé par une chappe de basse ronflante en fond du paysage sonore, avec un Pinhas sous-employé dans cet exercice (généralement une simple reprise, en harmonie parfois, des lignes de gratte), mais qui s’éclate à renforcer la lourdeur de l’ensemble… comme si c’était pas assez heavy comme ça ! Par dessus, Joey Osbourne (non, ce n’est pas un fils caché d’Ozzy !) se fait plaisir à la batterie, avec des parties où, évidemment, la cymbale est frappée à tour de bras, mais où les caisses claires sont usées d’une manière presque jazzy par moment… Faut dire que les compos le permettent ! Quand le groupe se lance dans un “War Of The Mind” de presque 12 minutes, il faut assurer derrière, pour que l’on ne ressente jamais la moindre baisse de régime (ce qui est le cas) : ça groove, ça fait tourner le riff, ça gronde,… bref, ça joue ! Et le tout sans solo interminable : tout est dans le riff, the almighty riff ! Lori n’est pas une grande guitariste, et elle le sait : c’est une créatrice, elle sait trouver des riffs, elle sait les jouer, et elle sait les faire tourner. Allelujah, la messe (noire ?) est dite !
Autre caractéristique du rôle de Lori sur cette galette, le chant, jamais enregistré aussi “loin” (essayez de le trouver au milieu de ces nappes de guitare – bon courage). Ca en serait presque risible si on ne connaissait pas Acid King ! On a vraiment l’impression que Lori chante à 20 mètres de son micro ! Ses vocalises hantent ce disque, on les entend presque “par accident”, telles des lamentations, des supplications parfois… Et pourtant ça marche : on peut aimer ou pas la voix nasillarde de la fausse blonde, cette mise en retrait (belle humilité aussi, de se positionner ainsi “en dessous” des instruments) sert bien les chansons, en “rythmant” les titres et en ajoutant une composante appréciable au sinon trop “linéaire” trio guitare-basse-batterie.
Bref, voici probablement l’un des meilleurs albums de Acid King, mais qui ne fait pas évoluer grandement le genre, finalement ! C’est du Acid King pur jus, vraiment. Alors si vous êtes curieux, que vous voulez découvrir le groupe, que les rythmes lents et les grattes lancinantes ne vont font pas peur, alors cet album est un bon point d’entrée : les compos sont fidèles à leur “passif” et le son est le meilleur qu’ils aient eu (chapeau bas au magicien Anderson, fidèle des fidèles derrière les manettes). Si vous connaissez déja Acid King et aimez leurs précédents albums, pas la peine d’hésiter. Un excellent cru !

Au départ éditées comme des entités bien distinctes, les 2 premiers volumes des Desert Sessions se voient offrir une sortie commune sur CD. Alors accrochez vos ceintures car vous allez avoir à faire à des poids lourds de la musique rock, Josh Homme ayant réuni pour l’occasion Alfredo Hernandez, Brant Bjork, Fred Drake, Dave Catching, Pete Stahl ou encore Ben Shepherd de Soundgarden.Après un prêche plutôt bien senti, ‘Girl Boy Tom’, frénétique instrumental à la rythmique implacable et aux riffs dévastateurs ouvre le bal de cette première expérience avec les Sessions désertiques concoctées par notre grand rouquin préféré. A peine remis, on enchaîne avec ‘Monkey In The Middle’ et ses sonorités si particulières, pour mieux revenir fracasser le quidam avec une courte reprise de ‘Girl Boy Tom’. Bref, vous l’aurez compris, ce premier opus CD des Desert Sessions n’est pas un disque ordinaire. L’enchaînement entre le trippant ‘Cowards Way Out’ et le très décalé ‘Robotic Lunch’ (peut-être le seul point faible du disque) le démontre à merveille.Tel le chef d’œuvre de Kubrick, “2001, l’odyssée de l’espace”, il faut donc attendre 21 minutes (soit le début du 2ème volume), et le très rock’n roll ‘Johnny The Boy’ avant d’entendre la moindre parole. Suit alors l’excellent instrumental ‘Screamin’ Eagle’ dont la rythmique diabolique et le rythme effréné parvient à faire hérisser le poil d’un auditeur abasourdi par tant de virtuosité. Et que dire du monumental ‘Cake (Who Shit On The ?)’ qui se termine dans un final instrumental apocalyptique absolument jouissif et divin.Heureusement que le prêche final est la pour nous rappeler que le rock’n roll est la musique du diable.
Ce jeune combo originaire du Jura neuchâtelois nous livre son premier ep après quelques mois d’existence seulement. Officiant dans un registre stoner, entre heavy rock et doom, les cinq titres de cette production me rappellent tour à tour Goatsnake, Mastodon et Dozer. Des arrangements très groovy de ‘Navigation’ aux rythmiques épileptiques de ‘The Perillous Path Of The Young Cat’ en passant par le lancinant et glauque ‘(How A Man Turns Into A) Delicate Baby’, qui est doomesque, cette production n’a absolument pas à rougir de ses origines helvétiques tant la qualité est au rendez-vous. La bande à Stéphane convainc avec cette première production dont je suis impatient d’entendre la suite tant un titre comme l’endiablé ‘Sliding Or Flowing’ convainc d’entrée de jeu. Si ces garnements passent près de chez vous ne les loupez pas sur scène, ils assurent.

C’est dans un écrin rose bonbon que la formation originaire des environs d’Athènes nous livre son premier long format composé de onze plages vrombissantes et tortueuses. Formé en deux-mille-six, le groupe a depuis peu émigré à Bruxelles pour y pratiquer son art.
Mise en boîte au Moth Studio de la capitale grecque durant l’été deux-mille sept, cette heure de musique évolue dans un registre musical qui me fait penser immédiatement à Goatsnake ou The Obsessed. Les tempi lourds et puissants donnent un rendu pachydermique aux compositions du groupe et les parties de basses bien vrombissantes qui sont privilégiées par la production accentuent cet aspect massif sans pour autant verser dans le doom. Les guitares saturées, un peu en retrait, forment des grands murs qui évoluent sur le magma rythmique quasi en permanence sauf pour quelques incursions anecdotiques en premier plan. Au-dessus de cette trame musicale évolue un chant rocailleux qui se trouve quelque part entre le registre de Lemmy et celui de Spice.
On est bien loin du style presque commercial emprunté par quelques formations dans le sillage de QOTSA avec ces Grecs qui pratiquent un stoner sévèrement burné qui fera le bonheur des amateurs de trucs bien traditionnels assénés à grands coups de plans bruts de décoffrage. Des titres comme ‘Face The Space’ ou ‘Twenty Years Of Sleep’ – auquel va nettement ma préférence – sont de véritables réussites du style. D’autres essais un peu plus bluesy – et plus longs aussi pour certains – font l’étalage du talent du quatuor en osant quelques variations autour du thème central de cet album.
Assez homogène sans pour autant être redondant, ce premier essai aux multiples qualités est plus que convaincant et je ne saurai que trop vous en conseiller l’écoute.
De manière assez surprenante, The Sword sonne comme un groupe de trad-doom mixé à du heavy metal, dans la directe veine européenne ou scandinave… Original pour un groupe de doomsters auto-proclamés… issus du Texas ! Un premier abord surprenant, essayons d’en faire abstraction pour mieux parler de leur musique.
Des premières écoutes ressortent en premier les relents heaby metal, omniprésents chez The Sword. Puis petit à petit c’est les accents Sabbathiens qui prennent le pas, notamment dans le chant, non pas dans la voix de Cronise (qui ne plagie en aucun cas le père Osbourne), mais plutôt dans son mix, parfaitement en retrait face aux assauts de gratte tranchants. En effet, c’est bel et bien la paire de grattes qui se taille la part du lion dans les haut-parleurs, par des saccades de riffs secs et lourds, alternés avec des leads vifs, le tout baignant dans une mer de cymbales. The Sword ou le crossover stoner 70’s / metal 90’s décomplexé.
Une fois qu’on a fini de se prendre la tête pour cataloguer le groupe, la qualité des compos prend le pas : on est forcément emporté par ces cavalcades de riffs rugissants, portant des morceaux épiques, grandiloquents, mais jamais prétentieux ! Belle perf, car l’on pourrait très vite tomber dans le ridicule à cet exercice. Mais gonflés de sincérité, The Sword s’en sort la tête haute.
Ce disque conviendra tout particulièrement aux fans de stoner “scandinave” à la Spiritual Beggars (dernière génération) : un stoner qui se revendique directement issu du Heavy Metal. Les fans de doom puristes en revanche passeront leur chemin : même si des passages lugubres accompagnement ces 10 titres, les rythmes ont un peu trop rapides pour rentrer dans la définition du doom tel que pratiqué ces dernières années.

Actifs depuis une dizaine d’années, ces Suédois-là nous livrent en deux-mille dix le successeur de ‘Side By Side’. Désormais organisé en quintette avec l’arrivée de Mattew Bethancourt (ex-Josiah entres autres) c’est dans un registre à la fois fuzzy light et proche des grosses pointures de rock’n’roll débridé nordiste (j’ose pas trop citer ici les Hellacopters sinon mes camarades vont me tirer les oreilles) que Dexter Jone’s Circus Orchestra revient trois ans après sa plaque précédente sur Fuzzorama.
Très accessible, car très rock, les onze compos proposées ici ne tapent pas dans le gros bourrin ou le bien barré. Ça glisse facilement sur la platine avec élégance sans pour autant taper dans le mièvre radiophonique, mais les amateurs de gros son bien heavy risquent d’être peu réceptifs au style pratiqué ici. Après plusieurs écoutes réparties sur un laps de temps assez long, ma première sensation quant à cette plaque demeure : c’est globalement léger et les gimmicks sonores orientés vers l’acoustique brident la puissance que pourraient avoir certains titres comme ‘Free Enterprise’ par exemple.
Du côté clair de la force, ‘Sad World’ aux gros relents folk est foutrement bien inspirée, ‘I’M A Dog But You’re A Hound’ ne dépareillerait pas sur ‘High Visibility’ et ‘The Monster My Your Side’ saura séduire les amateurs des ambiances seventies que propose Brant et ses frangins. Pour ce qui est du côté plus obscure, deux titres sortent clairement du rang : ‘Both Of Us’, un brûlot aussi bref qu’hargneux qui tape dans le carré de chez carré avec une touche hypnotique pas dégueu et quelques hurlements hallucinés bien insérés puis la perle ‘Little Man’ plus profonde et délurée. Ce petit bijou emmené par la section rythmique va flirter avec les six minutes de bon gros fuzz à la fois charpenté et subtile.
Quand bien même je ne suis pas bluffé par cette plaque, elle bénéficie d’une production très soignée qui met admirablement en valeur les compositions abouties de ce groupe que j’attendais dans un registre un peu plus spontané comme il le fit dans le passé.
Attention, n’ignorez pas ce disque, vous passeriez à coté de ce qui est probablement la sortie la plus jouissive de ces derniers mois. La scène suédoise grouille de groupes de grande qualité, surtout dans ce genre de gros rock-sleaze-punk couillu (Backyard Babies, Hellacopters, …), et Gluecifer devient avec ce disque son meilleur représentant, tout simplement. En deux écoutes, vous connaîtrez déjà toutes les chansons par cœur, et vous ne pourrez plus vous en passer. Ces refrains imparables, ces riffs assassins, ce rythme endiablé (pas une perte de « souffle » tout au long du disque, chapeau la section rythmique !), vous ne pourrez en réchapper. Impossible de citer une chanson meilleure qu’une autre, il n’y en a pas une seule au dessous du lot ! Tout est mis en place dès la première chanson, ‘I Got A War’ : une intro de batterie, le chant qui déboule, un riff de guitare, et la machine est lancée ! Imparable, je vous dis.

Biberonnée depuis sa tendre enfance aux riffs d’AC/DC, aux mélodies simples mais terriblement efficaces des faux-frères Ramones et au gros son de Motörhead, la formation genevoise fait partie de ces groupes bâtards qui ne sont pas des formations réellement stoner, mais qui n’évoluent pas non plus à des années-lumières du style dont nous traitons dans ces pages virtuelles. D’ailleurs leur son n’est pas plus punk qu’il est stoner et cette formation n’est pas un sous-Hellacopters de plus comme certains pourraient le redouter; ils se tiennent d’ailleurs assez éloigné du style des Suédois et se rapprochent plus de Red Aim au niveau du rendu final. Ce quintette est à classer avec les groupes comme Winnebago Deal, Valient Thorr ou Sunride voir Fu Manchu, Orange Goblin ou Alabama Thunderpussy par certains aspects de leurs compositions furieusement rock’n’roll.
Né dans la Cité de Calvin en deux-mille-un, les suisses sortirent un premier six-titre deux ans plus tard. Ces jeunes gens alignent les shows depuis leurs débuts et ils affichent déjà une cinquantaine de concerts au compteur. Pour donner suite à leur démo, ils ont rejoint le fameux studio des Forces Motrices et c’est sous la houlette de David Weber qu’ils ont mis en boîte les treize morceaux qu’ils nous proposent aujourd’hui sur ce premier long format éponyme.
Les influences punkisantes du groupe se traduisent par l’esprit tout à fond et tout dans le rouge du vu-mètre de certains titres qui flirtent avec les deux minutes chrono ou par l’esprit spontané de leur musique. Les riffs bien distordus sont assénés avec une ferveur joyeuse qui évite les plans bourrins ou simplistes, même si leur musique demeure simple dans sa conception. L’esprit seventies est très présent sur cette plaque et certains titres sont des pépites de fuzz redoutables à l’instar du sublime ‘Deep In Down’ à qui va ma préférence; ce titre au tempo ralenti tourne sur un riff évident durant plus de quatre minutes de pur bonheur qui sont truffées de soli pas pompiers pour un sous. La plage ‘Neither’ s’aventure elle dans un registre très proche de The Glasspack, à par la voix, avec quelques sonorités proches des barbus de ZZ Top au niveau de son aspect global.
Si vous avez aimé Zoe, vous allez apprécier Redback qui est un peu l’alter ego helvète de la formation du nord de l’Hexagone.

Après avoir publié leur second album « Dope deal » en 2000, l’excellent label italien Beard Of Stars, ré-édite le premier album autoproduit de 500 Ft Of Pipe, tiré initialement à 300 exemplaires en 1999. Ce groupe est à ma connaissance le seul au monde à jouer sous cette configuration. Jugez plutôt : un batteur au centre, un guitariste à sa gauche et un organiste-chanteur à sa droite. Ces mecs là viennent de Detroit et cela se sent. Beaucoup de riffs sont empreints de l’esprit des Stooges. On ne se débarrasse pas facilement d’un héritage local aussi imposant. S’ils proposent un retraitement sonore des rythmes stoogiens à base d’un maximum de fuzz, les 500 Ft ne sont cependant jamais aussi efficaces que lorsqu’ils jettent un pont vers Londres, autre lieu d’influence majeur, notamment lorsqu’il s’agit de se réapproprier l’univers psychédélique de Hawkwind. En effet, 500 Ft reprend cet héritage acide à son compte dans des passages totalement barrés, pour les articuler ensuite avec des rythmiques primaires et répétitives. Ce schéma structure tout l’album qui au fond, est un hybride assez surprenant et finalement réussi de garage rock et de space rock. Les fans du Monster Magnet des débuts apprécieront.
Amateurs de stoner il serait criminel d’ignorer cette sortie car voilà un disque qui ramone sérieusement dans un style assez traditionnel quelque part entre ce que proposent les scandinaves de Dozer et les formations blastisantes dans la veine d’High On Fire. Les chants dans un registre au charme désuet hérité du heavy pratiqué dans les années quatre-vingt se posent sur des riffs tour à tour à la limite du trash comme sur ‘Iron Swan’ qui me rappelle un peu Metallica époque ‘…And Justice For All’ ou alors flirtant avec le bon vieux doom à la Pentagram sur ‘Lament For The Aurochs’. Pour accompagner ses compositions heavy, le groupe a opté pour des rythmiques martelées avec la délicatesse d’un forgeron dopé aux amphétamines et un vrombissement de basse omniprésent dans les passages les plus sombres qui donne au tout un petit air bien accrocheur qui devrait lui attirer la sympathie d’un public bien plus large que le doom dont il se réclame.
Alors le voilà, le soi-disant dernier volet de la compilation Burn The Street… Un peu triste quand même de voir déja s’arrêter cette fort sympathique série de skeuds, qui nous aura fait découvrir et apprécier une belle tripotée de groupes !
Enfin, concentrons-nous sur le contenu de ce volume, en attendant. Notons le design subtil et classieux du CD, et enfournons la galette dans le lecteur CD.
Ca commence de manière fort sympathique avec Rickshaw, toujours aussi bons dans leur stoner bien chargé, bien dans la veine des Spirit caravan et autres groupes du père Weinreich par exemple…
Un inédit de Gutbucket prend la suite, et on découvre un combo allemand vraiment abouti, avec une chanson bien accrocheuse, tempo assez rapide, refrain impeccable… Déja, on sent que cette compil nous aura au moins fait découvrir un bon groupe !
Un peu plus heavy, plus lent, 1000 fois plus gras (je ne sais même pas si ce qu’on entend est la gratte ou une basse au son hyper-saturé “à la Motörhead”…), T.H.U.M.B. est un groupe intéressant. Les effets de grattes sont omniprésents, le chant est lointain… Pas mal.
Passage obligé d’une compil Daredevil Records, c’est avec un certain plaisir qu’on retrouve les colériques Duster 69. Excellent morceau encore une fois, pas éloigné de ce que pourrait produire un Sparzanza par exemple.
Calamus ensuite propose un titre plutôt rock, mais gonflé par des guitares bien plombées, très intéressant.L’un des points culminants de cette compil est atteint par l’excellent “Gasoline” de The Awesome Machine, pourtant sous forme de démo, mais d’un niveau bien supérieur à la moyenne : le morceau est articulé autour d’un riff bien sévère, accompagné par une rythmique (et en particulier la batterie) bien catchy, on ne peut s’empêcher de taper du pied et de hocher la tête ! Notez en plus qu’il s’agit de leur 1er titre avec leur nouveau chanteur, qui s’en sort fort bien !
Dear Mutant peine un peu à assurer la relève ensuite : pas inintéressants, les suédois ont sans doute un peu trop écouté Kyuss pour figurer dans le peloton de tête de cette compil… Les italiens d’Alix se font rapidement remarquer grâce au chant féminin de leur frontwoman. Des vocalises agréables, bien accompagnées par des zicos bien efficace (notons une rythmique remarquable, surtout appuyée sur une basse vrombissante, et des grattes quelque peu “distantes” mais inspirées), pour un morceau bien gaulé…
Autre groupe bien gaulé, Taurus déboule sans prévenir avec un morceau qui commence sur les chapeaux de roue, mais se perd un peu ensuite en répétition et soli sympathiques mais pas transcendants…
The Hurricanez est semble-t-il le groupe qui prend la suite de Boogieman… ma foi pourquoi pas, la qualité est bien là ! Musicalement, ça balance bien, c’est rock, heavy juste comme il faut, les vocaux rappellent un peu Rollerball, et l’ensemble est rondement mené. Une affaire qui tourne !
Tant qu’on y est, dans la même veine, un inédit de Generous Maria nous rappelle quelle claque on avait pris avec leur dernier album. Un morceau plus “aventureux” qui nous laisse envisager le meilleur pour le prochain disque des suédois.
Inconnus au bataillon en ce qui me concerne, C’Mon a quelques arguments à faire valoir, et le fait avec panache ! Super chanteur, guitares bien grasses, riff plaqué chrome, c’est de la bonne zique pour biker, ou je m’y connais pas ! La seconde bassiste de Nashville Pussy officie dans ce trio, et les influences hard rock des années 80 sont bien assimilées et efficaces !
Nightstalker ressemble un peu trop à Monster Magnet, je trouve, et pas seulement le chant ! Certes, il y a pire référence (hein Stonerpope !?) mais quand même, là les grecs y vont un peu fort de café… Du coup, face à une telle quantité de groupes originaux, ils n’en sortent pas gagnants…
Defuse prend la main prêt à en découdre. C’est pas révolutionnaire, mais c’est rudement bien foutu, et très très abouti pour un groupe de “p’tits jeunes”… Bluffant ! Winterun ensuite impressionne moins, mais leur musique n’en est pas moins intéressante. Disons qu’on a du mal à les penser “contemporains”, tant leur musique est ancrée dans les années 70 ! J’exagère à peine. C’est très bon, mais un peu passéiste !
Good Witch Of The South appuie sur l’accélérateur un bon coup, le riff est rapide, les guitares acérées, le chant bien déchiré… Ca passe ou ça casse ! Et là, ça passe… Un peu en force, certes, mais c’est plutôt pas mal foutu…
Ojo Rojo n’est pas qu’un groupe à la phonétique rigolote (surtout pour des allemands…), ils savent aussi écrire des morceaux épiques, aériens par moments et pesants par d’autres, avec des passages bien heavy tendance High On Fire (en moins brutal quand même).
Stone Tape Theory fait partie de ces bons groupes qui figurent sur cette compil au milieu d’excellents groupes. Les musiciens sont bons, le chanteur est médiocre… Bref, pas vraiment les plus intéressants du lot !
Un groupe slovène ensuite (??) avec Pinocchio Pinchball (???) : ils ne sont pas sans rappeler la “lourdeur” musicale d’un Operator:Generator, avec une basse pachydermique qui enrobe une gratte sur-saturée pour un résultat… “abyssal”, où surnage difficilement un chant un peu noyé dans le mixage… Pas mal, encourageant, à surveiller !
Curiosité ensuite que Highlight, ce groupe français dont je ne connaissais que quelques morceaux sortis de je ne sais quelle démo. Confirmation : ya du potentiel ! Ca joue bien, et on se prend à rêver du devenir de ce groupe moyennant une “grosse production” (ne serait-ce qu’un meilleur mixage : le chant est un peu trop en avant, et le son de gratte bien trop chétif…). Plein de bonnes choses là-dedans. Allez, les Highlight, faites-nous péter du neuf, on en veut plus !
La compil se termine avec Black Hole Of Hulejra, un combo italien qui a beaucoup écouté Kyuss, certes, mais s’en sort pas trop mal avec son desert-rock accrocheur. Rien d’original, mais bon, ne boudons pas notre plaisir, le genre nous intéresse…
Et voilà ! Un constat immédiat : Burn The Street s’arrête sur un coup de maître, probablement le meilleur volume de la série ! Une galette bien garnie, que ce soit en quantité (21 titres pour plus de 77 minutes au compteur ! Pas possible de rentrer quoi que ce soit de plus sur un CD !), ou en qualité : des raretés et des super titres de groupes reconnus, et de vraies découvertes, encourageantes, intéressantes, et qui donnent envie de découvrir ces autres groupes !
Chapeau bas à Daredevil records, donc, et espérons qu’ils trouveront encore d’autres moyens de promouvoir ainsi le genre, de manière quasi-désintéressée (j’vous l’dis, moi, ce label devrait être reconnu d’utilité publique !).
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