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Le Glazart n’affiche pas complet en cet agréable début de soirée parisienne. Le grand public aura manifestement craint de déflorer ses conduits auditifs, tant il apparaît évident à la lecture de l’affiche de ce soir que ces derniers seront fortement sollicités…

Première illustration avec les hollandais de Throw Me In The Crater qui montent sur les planches pile à l’heure devant les premières dizaines de rockers déjà arrivés. Mon Dieu que c’est sale ! Le groupe débite ses riffs lents et crades larvés des beuglements déchirants de son grand (par la taille au moins) vocaliste. Le jeu de scène est minimaliste, les zicos étant concentrés sur leur taf, et le chanteur headbanguant penaudement dans son coin lorsqu’il ne part pas dans des vomissages de tripes les yeux fermés. Ces dernières années, le sludge est devenu un genre largement pratiqué / usé / abusé par tous types de groupes, mélangé à différents types de sons… Ca aboutit à des trucs-bidules-core sludgy selon les groupes. Malheureusement, difficile dans ce maelstrom de groupes et de sous-genres de tirer son épingle du jeu, car faire original devient difficile. Throw Me In The Crater se heurte un peu à cet écueil, qu’il tente néanmoins de contourner par l’efficacité de ses riffs qui parviennent à faire hocher pas mal de têtes dans un public intéressé mais pas complètement conquis. Bonne démonstration néanmoins.

Les parisiens de Revok prennent la suite sur la scène encore chaude, et finalement la transition se fait sans peine : même si la veine musicale est plus rock, le groupe s’adresse à un public pas si éloigné que ses prédécesseurs ce soir. Le combo évolue dans un genre plus connoté hardcore avec influences Neurosis et Dillinger Escape Plan, avec des riffs cinglants ponctués de breaks acérés et de plages sonores aériennes. Une musique encore une fois pas révolutionnaire, mais bien exécutée, et dont l’efficacité n’est plus à prouver. On se laisse pas mal emporter par les passages atmosphériques lancinants, pour mieux se faire faucher en plein air par les hurlements du chanteur, frontman incontesté d’un quintette par ailleurs un peu statique.

Enfin, Toner Low installe tranquillement son matos, cale sa lampe à lave sur la grosse caisse de Jack, et entame son set dans un ronflement de basse, alors qu’on le croyait encore en plein soundcheck. Les lumières se tamisent (beaucoup !) pour laisser place à un spot verdâtre fixe, et le vidéo projecteur commence à diffuser pendant plus d’une heure de set des feuilles de cannabis en mouvement perpétuel. L’ambiance est dressée et le ton est donné : la soirée sera psyché ou ne sera pas. Le premier riff émerge rapidement du maelstrom sonore et débloque les premières nuques dans le public, qui ne s’arrêteront plus jusqu’à la fin du set. Le doom psyche des hollandais s’installe alors très vite auprès d’un public particulièrement réceptif. Faut dire que Toner Low a roulé sa bosse et son expérience scénique fait son effet : le groupe installe d’abord visuellement une atmosphère propice à la concentration et “l’évasion” du public, grâce à un light show statique et hypnotique, un jeu de scène tout en neutralité (l’introspection est de rigueur) et débite les riffs lancinants non stop pendant une grosse heure. La musique du groupe ne rentre néanmoins pas dans le carcan de la monotonie, et n’a pas la lenteur comme unique registre. Les envolées sont donc nombreuses, les montées en tension régulières et les rythmiques enlevées ne manquent pas. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, porté par les salves rythmiques et happé par les lignes de basse ronflantes de la belle Miranda et ses immenses dreadlocks ondulant au rythme des basses fréquences… Daan mène le débat à coups de médiators, s’approchant occasionnellement du pied de micro pour émettre quelques râles lointains noyés d’effets, et secoué ponctuellement de spasmes et autres fulgurances guitaristiques, maintenant sous tension un public ravi d’être ainsi immergé dans cette expérience commune. Au bout d’une heure et quelques, le set touche à sa fin (cinq ou six titres ont été joués à ce stade, de mémoire), et le groupe, un peu maladroitement, ne sait pas trop s’il doit quitter la scène ou pas pour un rappel finalement un peu téléphoné mais néanmoins attendu et apprécié. Mieux, passé ce titre, alors que les membres du groupe plient les gaules, Daan, appréciatif des sincères signes de reconnaissance du public, décide de proposer un “vrai” rappel, complètement imprévu (prenant par surprise Miranda, qui, elle, avait déjà quitté la scène). Un geste généreux, apprécié du public, connaisseur.
Une fort bonne soirée, dont on regrettera seulement qu’elle ne fut pas partagée par un public plus nombreux.
Laurent
Petit voyage à Londres pour les vacances et en tête cette envie d’y faire au moins un concert. J’arrive le 8 et il y a justement le soir même une affiche très intéressante à l’Underworld. Jugez plutôt, Valient Thorr et Mondo Generator, le tout précédé par Steak.
C’est donc après quelques heures de trajet, la visite complète du British Museum et des pieds complètement explosés que je me retrouve dans la salle juste pour le début de la prestation des Londoniens.
Il arrive fréquemment pour un concert qu’on ait le droit en premier au « local band » traditionnel et c’est le cas ici avec Steak, le quatuor londonien. Sauf que bien souvent, personne ou presque ne connait ce local band, encore moins ceux qui viennent de loin. Mais le petit monde du stoner et ses forums sympathiques vous permettent de découvrir des tas de groupes excellents, y compris des groupes locaux et c’est en connaisseur que j’attends la prestation de Steak. La salle est loin d’être remplie lorsque le groupe vient nous chauffer les oreilles. Elle le sera un peu plus par la suite mais nous sommes bien loin du sold out.
A l’image de ce que produit le groupe sur disque, j’ai été totalement convaincu par leur prestation scénique. Et ce n’est pas un petit souci d’ampli de guitare vers la fin du set qui viendra ternir mon opinion. Le groupe défend avec conviction ses compos et la prestation est solide. J’irai même jusqu’à dire qu’un titre comme Black Milk rend mieux en concert avec son tempo un poil plus rapide. Et pour ajouter au plaisir, de là où j’étais placé, le batteur est un régal à regarder avec un jeu vivant et enthousiaste, un très bon batteur dans l’esprit de cette musique qu’on aime tant. Excellente prestation d’un groupe qui mérite d’être découvert sur disque ou en live si ce n’est déjà fait.
Après la petite pause réglementaire, voici les barbus de Valient Thorr qui débarquent. Ce genre de groupe que je n’apprécie pas plus que ça sur disque mais qui à chaque fois, vous assure d’une prestation mémorable tant leur énergie scénique est palpable. Et une fois de plus, ces excités pur jus nous balancent un show complet, ne s’économisent pas et vous en filent pour votre argent. Alors déjà, rien que la musique d’intro, Also sprach Zarathustra de Richard Strauss vous met dans le bain… ces mecs sont dingues et ils y vont à fond.
Les associations d’idées sont parfois assez bizarres et laissez moi vous partager la mienne… Certains associeront cette intro au film de Kubrick 2001, odyssée de l’espace… sauf que moi j’avais carrément l’impression que j’allais voir débarquer sur scène Elvis Presley comme dans les années 70 et que les premières mesures de See See Rider allaient retenir !
La comparaison n’est finalement pas si anodine lorsqu’on voit que le front man du groupe ne s’économise pas un instant et se retrouve en sueur au bout de quelques secondes de show !
La scène est petite, les trois guitaristes ne peuvent pas bouger comme ils le veulent mais ne sont pas en reste quand même. Mais le chanteur lui n’en a que faire du peu d’espace. Donnez-lui un mètre carré et il arrivera à vous faire un show mémorable sans sourciller. Il nous aura donc tout fait ce loustic, jusqu’au traditionnel passage dans le public pour faire s’accroupir tout le monde. A côté de cela, le groupe enchaîne avec tout son attirail de rock indéfinissable, impossible à classer et fichtrement efficace. La performance est une fois de plus solide, bougrement divertissante et le public félicite en fin de set comme il se doit ce groupe qu’il faut avoir vu sur scène au moins une fois dans sa vie.
Et c’est après cette superbe prestation que notre tête d’affiche du soir s’apprête à entrer sur scène. Alors que Vista Chino est en pleine tournée européenne, Nick Oliveri est lui aussi en Europe mais pour une tournée avec son propre groupe, Mondo Generator. C’est à n’y plus rien comprendre mais en même temps, je crois qu’il y a bien longtemps que tout le monde a abandonné l’idée de piger les tenants et aboutissants de comment ce mec peut gérer sa carrière. Autant pour Steak, je découvrais en live et ne savais pas encore à quoi m’attendre, pour Valient Thorr j’étais certain d’en prendre plein la figure, autant pour Mondo Generator j’étais un peu perplexe et vraiment très attentif aux premières notes qui donneraient le ton du reste du set. Il faut dire que la dernière fois que j’ai vu Mondo Generator en concert, la prestation ne m’avait pas vraiment emballé, la faute à un groupe complètement à côté, devant simplifier les riffs, les compos, jouant sur un tempo plus lent, bref, c’était poussif.
Et je n’en suis que plus heureux d’avoir pris une bonne grosse claque de derrière les fagots avec un concert énergique au possible et très divertissant par moment (le mec nu sur scène et la femme voulant absolument faire de même n’y sont pas pour rien).
Côté setlist, on ne se le cache pas, Mondo Generator nous sert la même chose depuis des années et le dernier album n’est que peu, mais très bien, représenté. A côté de cela, on retrouve comme toujours du Qotsa, du Kyuss, le petit Wake Up Screaming de The Subhumans mais après tout, c’est pour cela qu’on l’aime bien ce groupe. Et la prestation est hyper convaincante. Tous les reproches que j’avais pu faire la dernière fois que je les ai vus sont ici balayés et de la meilleure des manières. Si on peut juger la prestation d’un groupe par la réaction du public alors je dirais que nous avons eu là un concert punk rock de haute volée et que certains ont du avoir un bon mal de dos le lendemain.
Nick est en super forme, crie comme toujours, joue avec conviction et ça fait du bien de voir ça. Le guitariste leader est excellent ! Et ça, c’est quand même une sacrée bonne nouvelle ! Il n’hésite pas à se montrer et ne reste pas en retrait d’un Nick pourtant omniprésent. Un show là encore hyper énergique et un vrai plaisir de voir Nick Oliveri au top de sa forme.
Je finis donc mon premier jour à Londres totalement épuisé mais ça en valait la peine, j’ai passé une excellente soirée et vu trois très bons concerts!
Un grand merci à Matt Kotsa pour son aide et son acceuil.
Shinkibo
Dans un contexte très similaire, et à l’initiative des mêmes gars très cools, on avait assisté il y a quelques années à un concert de Karma To Burn avec les musiciens suspendus sur une plateforme en bois de 2 m² au bord d’une rampe de skate. L’événement de ce soir transpire le même feeling : concert gratuit, bières gratuites, des rampes de skate à gogo (le concert se déroule dans les bureaux mêmes de Volcom, qui disposent au rez de chaussée d’un énorme hangar dédié aux skaters), une pub minimale (via facebook et le bouche à oreilles “local”)… Coefficient coolitude au top !

En arrivant sur place, confirmation : à quelques encablures de la plage, le soleil cogne encore, l’endroit est rempli de skaters, tout le monde est relax… Les musiciens du groupe viennent taper la discute, on voit même le bassiste Nitewolf s’essayer à la grande rampe de skate avant le concert ! La configuration de la scène, en revanche, fait un peu peur : une mini estrade de vingt centimètres de haut, une mini-table de mixage rudimentaire (reliée aux micros par un câble suspendu au plafond !), quatre ampoules de couleur posées sur un pied en fond de scène en guise de lightshow, deux enceintes sur pieds en plus des amplis… Roots ! Vers 22h, le groupe monte sur scène sur le modeste “Ainsi parlait Zarathoustra” de Strauss et entame avec un virulent “Heatseeker”, un titre assez ancien au coefficient percussif non négligeable. La suite sera à l’avenant : le rapide “Infinite lives”, le classique “Goveruptcy”. Puis le groupe nous délivre les premiers titres issus de son dernier opus, à commencer par le martial “Master Collider”.

Scéniquement, le spectacle offert par le quintette est toujours aussi spécial : déjà, ils se la donnent devant ces quelques dizaines de spectateurs comme si les bonhommes étaient en tête d’affiche devant 100 000 personnes. Chaque solo est arraché comme si leur vie en dépendait, chaque ligne vocale est éructée avec rage, chaque frappe de caisse claire est violemment asséné… Evidemment, même si les chœurs constituent une composante importante de la musique de VT, c’est Valient Himself au chant qui mène la barque : le charisme inéluctable du chanteur perturbe d’abord, son physique approximatif (cheveux longs, calvitie naissante, bide velu protubérant, chaussures de catcheurs sur jean moulant…) n’évoquant pas forcément le bellâtre de base. Ses vocaux en revanche sont inattaquables : dans un registre puissant, il donne l’impression de hurler tout le temps, mais n’est jamais mal à l’aise dès que des passages plus mélodiques sont nécessaires (il nous fera même penser à feu-Bon Scott sur certains passages). Au-delà de sa performance vocale, il faut le voir courir dans tous les sens, haranguer les gars du premier rang, faire asseoir tout le public pour le rejoindre et le faire “pomper”… la communication avec le public est continue. Par ailleurs, il sait aussi rendre à César ce qui est à César, et par la même rendre hommage au Dieu guitare : il faut le voir s’agenouiller et se prosterner devant ses gratteux dès lors qu’ils crachent un solo stellaire comme ils en ont le secret. Car il serait temps de leur rendre honneur : la paire de gratteux de Valient Thorr est énorme, aussi à l’aise sur les rythmiques que sur les innombrables soli, impeccablement exécutés. Une belle paire de shredders, portée de mains de maîtres par un Nitewolf toujours dans le registre de la force brute derrière sa basse.

Niveau set list, on a droit à plus d’une douzaine de morceaux (plus d’une heure de set), issus de toute la carrière du groupe. Les moments forts seront bien sûr le terrible “Double crossed”, ou encore les mélodiques “Torn apart” et “No strings attached” issus du dernier album. Quand le groupe termine son set par le furieux “Sleeper awakes” et son refrain-hymne, enquillé du classique “Tough customer”, tout le monde a le sourire et voit le groupe quitter la scène un peu triste, mais rassasié. C’est mal compter sur nos gaillards : Valient Himself remonte seul sur scène, vite rejoint par ses collègues pour exécuter (c’est le cas de le dire) un “Mask of sanity” définitif, qui aurait manqué à cette set list par ailleurs impeccable. On notera à cette occasion l’attitude remarquable des américains, qui, face à un public plutôt peu nombreux (plusieurs dizaines de spectateurs, une centaine peut-être, skaters compris…), n’hésite pas à remonter sur scène pour jouer un titre initialement non prévu, pour faire plaisir à un public conquis, à peine musicalement défloré.
Bref, une fort bonne soirée, comme on aimerait en voir plus : une sorte de démarche désintéressée, ouverte, une expérience à part… Merci Volcom pour organiser ça !
Laurent
Réunion de famille
Après un trajet désormais bien connu et un campement dont on pouvait être fier (on s’améliore chaque année), l’impatience de rentrer dans l’enceinte du festival se faisait sentir. Beau temps prévu sur l’ensemble du weekend, très bon programme sur scène, quelques nouveautés…
A commencer par des horaires moins tardifs. En effet, une poignée de bungalows bordent dorénavant la rive opposée du lac, et de nouvelles réglementations ont été imposées à l’orga à la toute dernière minute. Il est désormais interdit de jouer sur la grande scène passé minuit, et si j’ai bien compris, ceci est déjà une exception, puisque l’horaire normal dans ce genre de cas serait de 22h, comme partout en Allemagne. On ne sait pas à l’heure actuelle si la règle des 22h devra être appliquée à la lettre l’année prochaine, et par conséquent, si le festival se déroulera toujours sur ce bout de terre qu’on affectionne tous énormément… On redoutait donc tous beaucoup que la présence d’une zone résidentielle de l’autre côté du lac ne vienne troubler la fête, mais il n’en fut rien.

JOUR 1
Le premier jour de concerts débute par une petite mise en bouche correcte servie par ISOPTERA, très peu de monde devant la scène mais une ambiance très bon enfant se dégage déjà.
MIRROR QUEEN débarque et envoie une bonne petite dose de rock’n’roll qui rameutera le plus gros des troupes, pour enfin passer au premières têtes d’affiche qui taperont fort ce soir. Mirror Queen accompagne donc The Atomic Bitchwax et Earthless en tournée, rien que ca, mais ce serait oublier Pelican qui se greffera à la soirée et donnera une affiche béton à la première soirée. Tellement béton qu’elle sera exceptionnellement payante, le jeudi soir étant traditionnellement gratuit !
Si mes souvenirs sont bons, The Atomic Bitchwax avaient un certain retard et PELICAN ont dû jouer à leur place. Ils étaient apparemment prêts à envoyer du gros en toute circonstance, les assauts du groupe instrumental de Chicago ont résonné dans pas mal de nuques le lendemain matin.
EARTHLESS a cédé sa place de tête d’affiche pour jouer juste après. Je dois dire que j’aurais préféré les voir dans une petite salle, mais leur son était tout simplement divin sur un système pareil. Mario Rubalcaba remporte d’ores et déjà le titre de meilleur batteur du fest, son jeu est hypnotique, mais TAB arrivent et se préparent…

THE ATOMIC BITCHWAX ferment donc les hostilités avec un set bien mixé, oldies comme choses plus récentes, la traditionnelle reprise « Kiss the Sun », l’hymne « Hope you Die » chanté à l’unisson par un public révolté mais aucun passage de The Local Fuzz, assez compliqué à placer dans un set d’une heure. Changer l’ordre de passage de la soirée n’aura été que bénéfique, cela aura été une superbe soirée qui se termine sur un set furieux. Mais il est minuit, et personne ne veut aller se coucher. La tente merchandising accueille donc une disco rock/métal jusqu’à environ deux heures du mat, tout le monde boit un bon coup, danse sur Pentagram, achète son t-shirt préféré, fait coucou aux mecs d’ElvisDead qu’on revoit toujours avec plaisir (le poster du fest est magnifique d’ailleurs, achetez-le !)…
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JOUR 2
La journée suivante commence tôt planning oblige, TREKKER ouvre sur du bon stoner de base tandis que OPERATORS mettra une sacrée ambiance sur scène, une grosse surprise ressemblant à un distributeur de vodka ambulant innarrêtable… (la vodka dispensée dans une bouteille en forme de mitrailleuse Thompson, pour être précis).
Les danois de PET THE PREACHER prennent la scène par la suite, au plus grand plaisir de la gent féminine qui n’hésitera pas à manifester leur sex drive quand le chanteur tatoué se montrera… Heureusement, le groupe produit aussi un bon show, des compos de qualité, c’est plus mon genre…
HORISONT enchaîne et on se dit que ce samedi est désormais tout aussi béton que la veille, le hard rock old school des suédois souvent cités aux cotés de Graveyard comme groupe à découvrir fera mouche pour pas mal d’entre nous, bien que probablement surfant sur la vague rétro toutes voiles dehors.
Autre surprise, le duo belge SARDONIS, guitare + batterie, un instrumental sludge qui puise dans toutes les bonnes influences de Weedeater à Mastodon, un jeu de batterie impressionnant et pas mal de présence scénique au final pour deux mecs relativement inconnus au bataillon.
TROUBLED HORSE ne restera pas dans les annales faute à un chanteur plutôt médiocre, il faut l’avouer. On aura espéré tout du long qu’il pourrait blâmer une absence de retour, ou quoi que ce soit d’autre, pour justifier une perf pareille.
Inutile de présenter TRUCKFIGHTERS sur ce site, désormais connus de par le globe et décrété meilleur groupe du monde par Josh Homme himself, le power trio se pointe sur la scène avec la grosse banane et un public déjà en transe. Que dire, autre que cette première tête d’affiche du vendredi est passée comme une lettre à la poste, bien trop vite et dans une bonne humeur imbattable. Les fans se comptaient par centaines et le groupe le leur a bien rendu. Un sans-faute.

Truckfighters a néanmoins beau avoir un statut tout acquis dans ce genre de festival, ce sont de véritables légendes du style qui vont fouler la scène de cette édition 2013 quelques 20 minutes plus tard. En effet, ACID KING est de passage en europe et, avec seulement trois albums depuis le début des années 90, restent une des plus grosses références du genre. Du haut de son 1m50, Lori en impose par son son et ses riffs, nuancés par son chant planant bourré de reverbe. Les headbangs étaient lancés pour ne s’arrêter qu’une heure plus tard. On pourra regretter que le son aurait pu être plus fort, plus imposant, mais ceux qui au premier abord n’étaient pas convaincus sont repartis adeptes et ceux comme moi qui mourraient d’envie d’enfin voir ce groupe en chair et en os repartiront avec un souvenir impérissable et une grosse envie de plus.
Pour finir la soirée, le groupe MUSTASCH (des suédois, encore) produit un métal limite indus, limite comique, mais bien efficace, pour nous remettre la banane après un changement de rythme drastique. La disco reprend du service, les cris et les rires se font de plus en plus entendre et on se dit à demain.
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JOUR 3
Dernier jour, temps toujours au beau fixe, on prend des couleurs, des coups de soleil, en fonction du degré de préparation (coups de soleil pour ma part, j’ai un peu déconné)… On commence avec un concert improvisé dans le camping, le groupe MOTHER ENGINE a sorti les amplis et le kit sur les coups de midi pour attirer une petite centaine de personnes sous le soleil, façon generators party. Vraiment génial ! [lien vers vidéo youtube du set] Un sacré coup de pub pour un groupe qui devrait ouvrir l’année prochaine si tout se passe bien…
Ensuite, direct à 14h avec un groupe bien sympa du nom deHYNE, pas mal d’amis dans le public, et une distribution généreuse d’EP en fin de concert. Cool. On remarquera ça tout au long de la journée d’ailleurs, tout le monde est trèèès cool, relax, les festivaliers ont adopté un rythme où il ne fallait pas trop leur en demander, mais les sourires béats se remarquent un peu partout.
Un groupe un peu « what the fuck » va quand même un peu troubler tout ça. Les allemands de HERCULES PROPAGANDA débarquent sur scène avec tout l’attirail british heavy metal, cuir moustache, talons compensés de la gay pride et le chant de Rob Halford qui va avec, autant dire que ça déteint pas mal par rapport au style des groupes qui se sont pointé pour le moment. Rien à dire sur le concert, la musique étant à l’image du groupe, c’était n’importe quoi, mais ça en a fait délirer plus d’un, c’est l’important.
BLACK BOMBAIM amenaient leur jam psyché du Portugal, en shorts s’il vous plait. Il était assez difficile de passer dans ce registre après Earthless, mais je pense qu’ils s’en sont bien sortis et avaient déjà un certain nombre d’aficionados dans le public.
Les autrichiens de BEEN OBSCENE auront probablement été la grosse révélation mélodique du festival. Des compos de très bonne qualité, une sorte de QOTSA tyrolien sans complexe et à l’aise en live, on a passé un très bon moment devant ce groupe qu’aucun d’entre nous n’avait entendu auparavant.
LORD VICAR nous a fait sourire… parfois grincer des dents… mais le père Vicar avait une pêche assez communicative, il faut l’avouer. M’enfin tout ça n’était vraiment pas bien en place, et le groupe le savait bien (« Welcome to rehearsal !»). Bref, suivant !
Le suivant n’était autre que FIVE HORSE JOHNSON, plutôt rares en Europe et attendus mais aussi méconnus par beaucoup, moi y compris. Le fait est que ce groupe était peut-être le plus imposant sur scène, un chanteur ultra charismatique avec une très bonne voix, des musiciens impeccables, un groove et un son d’enfer. Les compos blues crasseuses parsemées d’harmonica collaient parfaitement et on se prend à danser très facilement sur les compos du dernier album qu’ils ne manqueront pas de promouvoir.

Pour finir en beauté, LOWRIDER jouaient là leur troisième concert depuis leur reformation à l’occasion des Desertfest (Berlin et Londres, en avril). Le concert de Berlin auquel j’ai eu la chance d’assister était un moment très fort du festival, cette fois-ci rien n’a changé. Du gros son, des riffs lourds, de l’énergie, il était temps que ces mecs reprennent la scène, c’était vraiment génial. On ne pouvait pas clore le festival de meilleure manière. Quoique, sous la tente merch, avec des bières et du son…
Le lendemain matin fut assez difficile, mais le camping était au ralenti, les petits déjeuners fleurissaient un peu partout, les tentes se pliaient doucement, les potes se disaient au revoir, les vans VW partaient sous le soleil de midi et dans la poussière, on se régalait à écouter les dernières phrases avec l’accent de Thuringe. On a vraiment l’impression de quitter une famille et de leur dire d’office à l’année prochaine. Allez, à l’année prochaine, pour la sixième année consécutive.
Textes et photos : Mathieu Springinsfeld
Ce matin on n’est pas là pour la déconne : finies les grasses mat’ et les nuits de plus de cinq heures de sommeil ! Ce matin on sait qu’on va se faire poutrer les cages à miel à l’aube, et on arrive donc sur le site au plus tôt, sous une très fine pluie qui durera jusqu’au début de l’après-midi, avant un soleil radieux. Finalement on arrive presque trop tôt, on passe donc rendre visite à la Altar qui accueille les ensanglantés espagnols de Haemorrhage. Rigolos. Mais les choses sérieuses se mettent en branle du côté de la Valley, on presse donc le pas…
Quand on est programmateurs en festival, on a deux possibilités, confrontés à TRUCKFIGHTERS : se baser sur sa renommée factuelle (un groupe scandinave aux ventes de disque confidentielles qui n’a que rarement atteint nos frontières ces dernières années) et donc placer le groupe très bas sur l’affiche (et donc très tôt) ou bien se baser sur la réputation scénique du trio, imaginer un gros carton, et viser une place dans le haut de l’affiche. L’option 1 était l’erreur du jour, et il a suffi des premières mesures de “Desert Cruiser”, l’intro incontournable du groupe, et le premier saut de cabri de Dango pour le faire comprendre aux heureux présents pour ce moment d’exception. Tandis que la tente est composée pour un tiers de puristes aficionados, un tiers de curieux et un tiers de gars pas encore bien réveillés, les premiers riffs massifs de ce set ont tôt fait de faire ouvrir les yeux bien grands à plusieurs centaines de spectateurs qui goûtent chaque instant de ce déluge de fuzz et d’énergie. En enchaînant sur “Traffic”, le groupe affiche sa polyvalence, c’est cool et couillu sur un set de trente minutes. Même si ce titre recèle quelques subtilités de compos catchy mais atypiques, il passe comme une lettre à la poste devant un public qui n’en peut plus de voir nos deux loustics sauter et courir en tous sens tandis que le vaillant Poncho explose ses fûts méthodiquement. Même type de morceau avec “Monte Gargano”, un morceau bien branlé mais au refrain catchy en diable. Encore une fois, succès. En réalité, au vu de l’énergie déployée sous nos yeux, je pense que même si les gars se lançaient dans une reprise de Hughes Aufray ils déboîteraient tout quand même. Alors quand en plus les chansons sont bonnes, les planètes sont alignées et Ragnarök débarque sur scène. Le groupe termine sur “In search of (the)”, déluge fuzzé s’il en est, en sueur, devant un parterre de langues pendues et de sourires béats. Le set se clôture avec Ozo qui vient au premier rang pour faire passer sa basse dans le public pour un final bruitiste fun. Notons au passage que les trois loustics avaient perdu une part de leur équipement dans l’avion, et ont donc bidouillé à l’arrache avec leurs collègues musiciens de la Valley pour se faire prêter pédales d’effets, jacks, etc… On n’y a vu que du feu !

On est un peu rassasié de décibels, là, et il est à peine midi, on décide donc de rester sous la Valley, rendue électrique, pour être sûr de ne pas rater la suite des événements… Car à peine plus de trente minutes plus tard, c’est au tour de MY SLEEPING KARMA de prendre la scène. Ils étaient passés en 2011 au Hellfest et avaient joué en fin de matinée. Deux ans plus tard ils jouent… un peu après midi… Dans une ou deux décennies ils passeront en fin d’après-midi ! Là encore, le choix de programmation est étonnant quand on observe ce qui se passe sous la Valley. Comme à son habitude, le groupe allemand entame les hostilités assez modestement, aujourd’hui avec un “Ahimsa” bien senti, qui comporte toutes les composantes du groupe : un riff accrocheur, une basse ronde, des nappes de synthé “spacy”, une montée en puissance efficace… Pas de surprise non plus avec la suite “23 Enigma”, qui montre un revers plus “fluctuant” de la musique du groupe, avec des envolées puissantes qui ont tôt fait de conquérir un public qui n’attendait sans doute pas une telle énergie positive. Parce que oui, ce qui se passe en ce moment sous la Valley est stupéfiant : on sent une sorte d’osmose entre le public d’un côté (littéralement sous le charme de la musique et de l’attitude du groupe) et le groupe de l’autre côté, sur scène, qui sourit, salue copieusement le public, le remercie, le félicite… Il est rare de sentir de manière aussi tangible une telle émotion dans un concert, je ne pense pas exagérer. L’entente au sein du groupe est, elle aussi, impeccable, à l’image de ces échanges instrumentaux entre Seppi (guitare) et Matte (basse), animés par la frappe de Steffen. Lorsque pour conclure son set le quintette engage l’un des extraits les plus efficaces de son dernier album “Soma”, en l’occurrence l’épique et audacieux “Psilocybe”, l’apothéose est atteinte, une connexion étroite entre plusieurs milliers de personnes et un groupe de musique, sans aucune autre communication que les ondes transmises par les instruments (pour rappel, MSK est un groupe complètement instrumental). Très très fort.

Encore un peu dans les nuages, je décide d’aller me frotter à “la vraie vie” (et accessoirement à la lumière du jour) pour aller voir ce qu’est devenu MUSTASCH, ce combo de gros bourrins suédois dont j’avais pu apprécier les premières productions vinyliques il y a une grosse décennie. Je ne sais pas si je dois attribuer ce ressenti au violent contraste avec le concert précédent, mais j’avoue avoir eu du mal à capter la moindre émotion en voyant ces quatre musiciens posés là, sur une scène immense, plantés à dix mètres les uns des autres, et surtout à quinze mètres du public. Ralf Gyllenhammar doit le ressentir de manière criante, puisqu’il décide de descendre sur la plateforme, puis de traverser la fosse pour aller à la rencontre de son public (et boire une gorgée de bière au passage). Au delà de l’anecdote éloquente, la musique n’accroche pas trop non plus : les compos du groupe sont péchues (plus vraiment le gros stoner metal graisseux qu’on a pu connaître), mais un peu répétitives. Devant cette faillite émotionnelle globale, je décide de rejoindre la Valley au plus tôt pour retrouver cette ambiance de “cocon” musical…

Surtout que les très hype GRAVEYARD sont attendus au tournant. Auréolés d’un dernier album au succès remarquable mais relativement mou du genou, on attendait de voir ce que le groupe avait vraiment dans le bifteck. En commençant leur set par “An industry of murder” issu donc du fameux “Light Out”, on est plutôt satisfait : l’un des titres les plus efficaces du disque, ça laisse présager du meilleur. En enchaînant avec l’éponyme extrait de “Hisingen Blues”, puis par “Seven Seven”, le groupe démarre bien. Mais le virage est pris avec la très belle mais aussi très soporifique “Slow Motion Countdown”, qui n’emballe pas vraiment un public qui n’est pas venu pour ça. Le groupe, intègre, continue sa set list “de base” sans trop se préoccuper de son audience. Pour un public de festival (de festival à connotation metal, qui plus est), cette posture audacieuse (et un chouilla prétentieuse voire mégalo sur les bords) peut décontenancer. Et ce qui devait arriver arriva : bâillements, intérêt poli, hochements de têtes modérés dans le public… Quand en plus les quatre zicos sous nos yeux restent plantés comme des piquets de tomates sans esquisser le moindre sourire, sûrs d’eux, on se dit que les suédois l’ont sans doute jouée “gagné d’avance”. Peut-être sont-ils parvenus au résultat qu’ils visaient, mais moi je me suis un peu emmerdé.

Après un petit passage sur la main stage pour voir un bout de set bien efficace de Danko Jones, je re-gagne la Valley pour accueillir comme il se doit les vieilles gloires suédoises SPIRITUAL BEGGARS. Soyons honnêtes, j’étais un peu circonspect, voire dubitatif quant à leur présence sur cette affiche. En commençant son set par “Left Brain Ambassadors”, le groupe a su me caresser dans le sens du poil, même si côté interprétation, tous les feux n’étaient pas au vert. Puis s’enchaînent des titres de toutes les époques (disons la dernière décennie quand même, en majorité), dont par exemple un vigoureux “Wonderful world” ou encore un bon “Fools Gold”. L’élaboration de la set list est soignée : piochant dans toutes les séquences de sa carrière, le groupe espère donner à son dernier vocaliste Apollo Papathanasio l’occasion de briller, de montrer qu’il est aussi bon que ses prédécesseurs. Sauf que non, ce n’est pas le cas. Dans un registre metal haut perché, le bonhomme, en alignant une technique de chant sans doute impeccable, manque le coche : il ne comprend pas que l’interprétation de ces vieux morceaux lui fait presque du tort, tant ils sont connotés par les tessitures vocales bien particulières de ses prédécesseurs… Il faut dire que les précédents vocalistes de SB avaient chacun des organes bien particuliers, chaleureux, et ils ont largement marqué leurs compositions de leur trace. Ce nouveau chanteur presque aseptisé, sans relief, détonne trop pour susciter l’intérêt. Même un final particulièrement “old school” (“Euphoria”, mmmmh) ne me tire pas un sourire. Je suis déception.

Je profite du petit break ensuite pour aller écouter quelques titres un peu répétitifs de Newsted, puis pour aller siroter tranquille quelques gouttes de nectar interdit aux mineurs, et me requinquer un peu… Mais pas le temps de faire la sieste, car THE SWORD est attendu sous la Valley, que je regagne au pas de course. Le combo du père Cronise n’a plus à faire ses preuves sur scène : il a toujours copieusement défendu ses (bons) albums en Europe (et ailleurs). Scéniquement, The Sword c’est un peu la force tranquille. Ca débite du riff par pack de douze sans sourciller, mais bon, ça regarde quand même plutôt sa gratte que le public: la communication est réduite à son minimum. J.D. Cronise a beau avoir un peu une bille de clown avec sa coupe de cheveux improbable, sa moustache et ses pattes d’eph’, il se comporte en pur frontman : il envoie les leads de gratte avec générosité et ses vocaux sont impeccables. Musicalement, le doom du groupe, plutôt tendance heavy, a tout ce qui faut pour contenter le public, qui répond en conséquence. En bon connaisseur, le quatuor a pondu une set list variée (pas forcément ancrée uniquement sur la promo de son dernier disque), à commencer par l’efficace “Arrows in the dark”, issu de “Warp Riders”.Chaque titre est impeccablement servi, et les amateurs de The Sword sur disque y retrouvent leur compte. Faut dire que les compos se suffisent presque à elles mêmes. On notera particulièrement un dernier tiers de concert remarquable, avec le très instrumental et très épique “To Take The Black”, l’efficace “Tres Brujas” et bien sûr l’incontournable “Freya” et son riff bourre-crâne impeccablement porté par les assauts de batterie de Jimmy Vela, arrivé depuis deux ans au poste de batteur. Le groupe y glisse un bout du “Cheap sunglasses” de ZZ Top, en hommage à ces légendes natives elles aussi du Texas, avant de cloturer leur set sur le titre éponyme de leur dernier album, “Apocryphon”, et son intro “Bontempi” du plus profond ridicule, vite contrebalancé par le reste du morceau, excellent. Bref, pas grand-chose à redire, The Sword est au niveau attendu, et le public, qui slamme beaucoup, en redemande. Par contre, tout ça manque un peu de surprise, de variété aussi, et d’un comportement scénique un peu plus “fougueux”, sachant que la musique du groupe y est propice. Un bon concert, mais pas plus.

On décide de ne pas quitter la Valley après le set, car le concert à venir s’annonce important et suscite un intérêt presque électrique, rapidement confirmé par les hordes de curieux qui, malgré un soleil éclatant, viennent se caler au plus près de la scène sous la tente. Petit rappel : 48h plus tôt, Clutch a annoncé l’annulation de tout le reste de sa tournée européenne du fait d’un événement intervenu dans leur famille proche, les obligeant à rentrer chez eux en urgence. L’orga du Hellfest a trouvé une parade assez excitante sur le papier : DOWN, en day off ce jour-là, était OK pour rester un jour de plus à Clisson, pour proposer un set “spécial”. Du coup, les rumeurs ont couru – la plus stupide (et la plus persistante malheureusement) étant que l’on aurait droit à un set de reprises de Pantera. Bref, le moment venu, le groupe monte sur scène en vrac, “à la Down” : on voit des mecs partout, avec ou sans instruments, ça sourit, c’est relax… D’ailleurs, le set commence cinq minutes plus tôt. On va pas se plaindre, hein ! Ca commence par deux titres de Down assez peu joués il est vrai, “Rehab” suivi de “Swan Song”. Bien. On est contents mais bon, on a vu Down hier, quoi… Les choses prennent un peu plus de piquant quand le groupe s’embarque sur deux reprises de Eyehategod, deux de leurs classiques, en l’occurrence “Sisterfucker (Part I)” et son riff simplissimement efficace, et “Blank”. Ca devient limite incestueux quand, après avoir ainsi mis en avant “l’autre groupe” du père Bower, on passe à une paire de titres de celui de son pote Kirk Windstein : Crowbar. Mais bon, ce ne sont toujours pas des raretés, puisque le collectif (on a du mal à appeler cette entité polymorphe un “groupe”) a choisi de reprendre “High Rate Extinction” et “Conquering”, deux classiques du groupe. Toujours dans la même veine, c’est maintenant le groupe de cœur de Pepper Keenan, Corrosion Of Conformity, qui récolte deux cartouches dans la set list : deux titres issus du sublime “Deliverance” (vieux de presque vingt ans, soit dit en passant) : “Clean My Wounds” et “Albatross”, portés par un Pepper Keenan (vocaux + guitare) de haut niveau. A noter que Jason Newsted, qui traîne sur le bord de la scène comme 125 autres personnes (inédit en 3 jours : l’orga a mis en place une barrière sur le bord de la scène, tant les VIP se pressaient au bord !) monte sur scène sur “Clean…” pour quelques secondes bordéliques et inutiles (le temps de prendre une basse, de jouer quelques notes inaudibles en tête à tête avec la batterie, et de reposer la basse). Quel foutoir ! Je ne l’ai même pas mentionné, mais sur plusieurs titres un barbu que je ne connais pas a joué de la gratte un bon moment (il a été cité par Anselmo, mais je n’ai pas capté son nom), l’épouse du susmentionné Anselmo quelques vocaux sur les deux reprises de Eyheategod pendant que lui-même était appliqué à la gratte, et puis Keenan et Anselmo sont sortis de scène pendant les titres de Crowbar… bref, le bordel improvisé de bout en bout ! La dernière reprise, plutôt atmosphérique, m’était inconnue, mais le groupe y inclut un chaotique bout de refrain du “Walk” de Pantera. Soulagement de certains… Et puis le groupe quitte la scène, en faisant scander “Clutch – Clutch – Clutch” par le public. Bon, ils finissent vingt minutes avant l’heure de fin prévue, mais pour un concert improvisé, même si on n’a pas eu quelque chose d’une efficacité remarquable, on a à coup sûr assisté à un concert dont on pourra dire dans quelques années encore “j’y étais”.
Les groupes qui terminaient la soirée du dimanche étant moins palpitants pour les lecteurs de Desert-Rock, nous avons terminé tranquilles. Et à l’heure de faire les bilans, même si sur le papier l’affiche “stoner” semblait plus faible, et si les annulations de dernière minute s’étaient multipliées ces derniers jours, le festival fut excellent, plein d’événements hauts en couleur, de découvertes, de confirmations, et un sacré paquet d’excellents concerts. Je pense qu’on reviendra !
Photos : Laurent
On est un peu trop limites ce matin niveau timing pour pouvoir choper le set des très “hypés” Regarde Les Hommes Tomber… On attendra donc que la nature fasse bien les choses et que la musique du groupe français parvienne à nos oreilles une fois passé le buzz…

On commencera donc cette matinée avec les lorrains de SURTR sous la Valley. Le trio déroule un doom mélodique somme toute assez traditionnel pendant trente minutes devant une tente à peu près à moitié remplie. Le public est un peu passif, voire hagard, et on ne peut pas dire que le groupe, au jeu scénique plutôt apathique, fasse grand-chose pour le réveiller. Adeptes de riffs répétitifs et les rythmiques lancinantes, genre oblige, le groupe ne communique par ailleurs quasiment jamais avec le public : alors qu’ils parlent français, et qu’il s’agit là d’une occasion inestimable de créer un contact privilégié avec plusieurs centaines de personnes d’un coup, ce mutisme paraît un choix pour le moins étrange… Bref, il manquait un sérieux quelque chose pour rendre ce concert mémorable. Dommage, c’était une bonne occase.

Le temps que les techos montent le backline du groupe suivant sous la Valley, on se balade un peu sans conviction sur le site, sans découvrir quoi que ce soit de bien excitant sur les autres scènes. On revient donc assez rapidement pour les doomeux chiliens (modérément) cultes de PROCESSION. Le groupe nous prévient d’ailleurs dès l’intro : “you’re about to get doomed”… Et il n’y a pas mensonge sur la marchandise : dans une veine de doom bien plus métallique et dynamique que leurs prédécesseurs, on est surtout pris par surprise par le dynamisme scénique de ce quatuor qui contraste fort avec ses prédécesseurs : poses de guitar hero, dialogue constant avec le public, présence scénique… Musicalement, on pense à du Candlemass milieu de carrière, ou plus récemment à Grand Magus, par exemple… Pas vraiment du doom tel qu’on se l’imagine, lent et sous-accordé. Doté d’une discographie hétéroclite (deux albums, des EP, splits…), le quatuor pioche un peu partout en favorisant son dernier album (avec notamment l’excellent morceau éponyme “To reap heaven’s apart” ou encore “Conjurer”) mais la longueur de ses titres (huit minutes en moyenne) rend cette set list trop peu diversifiée. Un bon set, d’un groupe à revoir dans un contexte plus approprié (qu’une tente en milieu de journée en plein jour)…

Toujours rien à se mettre sous la dent entre les sets de la Valley, on attend donc sagement de pouvoir voir un peu de quel bois se chauffe vraiment UNCLE ACID AND THE DEADBEATS. Faut dire que la hype ces derniers mois n’a pas faibli autour du groupe, dont le dernier fait d’arme, annoncé quelques semaines avant le Hellfest, est d’avoir raflé la première partie la plus enviée du moment : celle de la prochaine tournée de Black Sabbath. Lorsque les anglais montent sur scène, la tente est donc pleine, signe que l’intérêt et la curiosité du public pour ce groupe au sobriquet rigolo est grande (et signe aussi que la pluie qui rince le site de Clisson incite à la convivialité sous la tente…). Même si les musiciens sont bien dedans, la musique du groupe ne se prête pas non plus aux postures enjouées ou aux sauts de cabris : la musique du quatuor de Cambridge est plutôt lente, d’obédience doom mélodique à forte connotation psyche, servie par des chœurs lancinants parfaitement appropriés. Niveau set list, les fans du dernier album “Mind control” (excellent) sont ravis puisque plus de la moitié du set lui est consacrée ! On notera en particulier les très efficaces “Valley of the dolls” ou encore “Poison apple”, qui confirment la bonne conversion en live de ces compos à la fois classiques et ultra-référencées sur album, mais aussi plutôt atypiques, dont le groupe a le secret. Les titres défilent ainsi sous la coolitude tranquille toute british de ces rejetons de la terriblement perfide Albion, et même si K.R. Starrs, en leader incontesté, attire tous les regards (chant, soli, leads incisives), les deux autres bretteurs font tourner la baraque et assurent leur part de chœurs. Le set se termine par le sublime “Over and over again” (quel riff !) qui met tout le monde d’accord : le succès du groupe n’est pas volé, et ils l’ont prouvé aujourd’hui avec un set de haute volée.

Jusqu’à quelques jours du festival, WITCHCRAFT était toujours incertain : ayant été contraints d’annuler (pour motif de maladie…) une partie de sa tournée européenne ces derniers mois (souvenez-vous, le Desertfest…), les suédois ont laissé planer un doute sournois sur la tenue de cette date, et ce n’est que lorsque l’on les voit enfin fouler les planches de la Valley que l’on est complètement rassurés. Le groupe s’est doté d’un atypique, simpliste mais bienvenu rideau rouge en fond de scène, qui les distingue du coup “graphiquement” des 58 autres groupes qui défilent sur la même scène – bien vu. A noter aussi la présence de leur batteur Oscar Johansson sur le côté droit de la scène, et non pas au fond comme on en a l’habitude. Concernant la set list, le groupe fait confiance de manière assez insolente à son dernier album qui a vu son explosion récente (ou plutôt la confirmation de sa notoriété croissante), “Legend” : il ne m’a semblé compter qu’une seule incartade hors de cet excellent album, via “No Angel or Demon” issu de leur premier opus. Tout le reste a priori était extrait de leur dernière offrande ! Un bon coup de promo, et en tous les cas un choix payant dans l’absolu, puisque leur set fut en tout point excellent. On notera en particulier “It’s not because of you”, larvé de solos multiples jouissifs. Scéniquement déjà, Witchcraft se distingue d’abord par la présence hantée de Magnus Pelander au micro, qui se dodeline maladroitement de manière arythmique, mais qui peut se reposer sur son organe vocal si particulier et charismatique. A ses côtés, ça joue très bien, et à sa droite surtout, le duo Henriksson (basse) et Solomon (guitare) se la donnent à 100%, en particulier ce dernier, qui enchaîne les soli avec une énergie qu’il fait bon prendre en pleine face. Se reposant sur des compos efficaces (et qui apparaissent moins linéaires que sur album) et sur une attitude scénique impeccable, le set de Witchcraft fonctionne bien auprès d’une Valley remplie jusqu’à la gueule.

Au pas de course on rejoint la main stage pour aller choper le set de DOWN dont on rate les premiers accords (faut dire que ces enflures ont commencé cinq minutes plus tôt…). Quand dès le second titre le groupe nous colle un extrait de son dernier (correct mais pas exceptionnel) E.P., on commence à craindre une set list toute pourrie. Heureusement la suite va nous donner tort, avec une large proportion de morceaux issus du premier album (“Lifer”, toujours dédicacé à Dimebag Darrel, “Hail the leaf”, etc…), à peine deux du second, et aucun du troisième ! Miam ! Les gars ont la pêche (on ne pourra jamais reprocher au groupe son manque d’envie sur scène), et on est content de voir que Patrick Bruders (Crowbar), qui a repris la basse après le départ de Rex, s’en tire avec les honneurs. Anselmo est en voix (d’outre tombe – faut l’entendre grommeler avec sa voix caverneuse entre les titres…) et le fait savoir. Les deux gratteux ne sont pas en reste, avec un Pepper Keenan – et son T-shirt The Obsessed – qui manifestement assume avec autorité une sorte de leadership instrumental légitime. Comme on y est habitués aussi avec Down, le bord de scène est complètement blindé de curieux, musiciens, famille, amis, strip teaseuses, etc… Niveau son, le vent qui tournoie devant la main stage gâche un peu la fête, mais au final, ça sonne quand même pas mal (on regrette un peu notre petit confort douillet de la Valley…). En décidant d’enquiller en clôture les trois bombes que sont “Losing all”, “Stone the crow” et “Bury me in smoke”, le groupe est sûr de son effet et sait qu’il met la barre très haut. Les traditions étant ce qu’elles sont, avec un concert de Down en festival on a forcément l’éclatage de micro du sieur Anselmo sur son front, et la conclusion bordélique : on y voit défiler Jason Newsted, Matt Pike, et autres zicos non identifiés, et au final ça donne toujours ce sentiment d’ambiance festive, de générosité et de partage qui rendent chaque concert de Down attachant. Quand en plus il se pare d’une set list de ce niveau, on ne peut que ressortir de là conquis.

Passés les derniers accords, on court rejoindre la Valley pour le set très attendu de KARMA TO BURN, qui joue devant une tente pleine à craquer. Quelques jours avant cette date, on a cru que le groupe ferait lui aussi partie de la longue liste des annulations dont a été victime le Hellfest cette année, puisque les quelques dates précédent ce concert ont été annulées. Heureusement, le groupe monte sur scène à l’heure et… sonne bizarre. De là où on se trouve (cachés derrière les amplis sans vue directe de la scène), on soupçonne un problème de sono que l’on espère voir résoudre au plus vite. Sauf qu’en prenant un peu de recul pour avoir une vue complète de la scène, on comprend mieux le phénomène : il manque Rich Mullins à la basse ! Will Mecum et Evan Devine (le batteur qui a remplacé Rob Oswald, parti avec perte et fracas il y a plus d’un an maintenant) tiennent seuls la scène, et enquillent les riffs, en essayant d’occuper le plus de strates sonores possibles. Sentant bien qu’il manque quelque chose, Will, un peu imbibé par ailleurs, se lâche complètement, et son comportement scénique contraste avec ce à quoi l’on était habitué : le bonhomme bouge sur scène, va à la rencontre du public, joue en interaction avec Devine, et parle au micro (miracle !). Précisons que le gars est d’une lourdeur assez remarquable et ses réparties frisent la maladresse un peu pathétique ( “Donnez moi un ‘hey’ !!”). Mais au final on n’est pas venus pour qu’il nous compte fleurette, on va donc se pencher sur la musique du “duo”. Niveau set list, ils tentent pas le diable et optent pour les classiques : ça commence par “19”, qui marche pas trop mal, mais déjà sur “36” le manque de la basse galopante et ronflante de Mullins se fait sentir. Mecum envoie du steak, pas de soucis, il bastonne, et Devine l’aide bien en enrobant le tout de force cymbales et autres artifices soniques. Mais même s’ils font illusion sur 80% des passages musicaux, certains breaks ou certains soli ne passent pas, tout simplement. Que dire de “8” et ses passages harmonisés soutenus par la mélodie de basse de Mullins ? Il ne vaut plus que pour son couplet / riff remarquable, il est vrai. Et ça déroule comme ça tout du long, dans un contraste perpétuel : un public qui s’éclate complètement (faut voir le nombre de slammers et les headbangers frénétiques des premiers rangs) et un malaise musical tangible. Quel étrange set…
[Même si l’on ne peut pas donner l’ensemble des informations expliquant l’absence de Mullins sur cette tournée européenne, disons simplement à ce stade qu’il y a eu un problème –réel – d’organisation de son vol vers l’Europe, sachant qu’il vit à plusieurs milliers de kilomètres de ses collègues et que donc son avion était différent].
Après avoir noyé ce petit malaise dans une paire de Jack Daniel’s bien sentis, on retrouve la Valley un peu plus tard pour un set qui s’annonce bien plus réjouissant, avec (encore !) RED FANG. On est d’ailleurs pas les seuls à les attendre, tant on a du mal à se frayer un chemin dans le public pour se rapprocher de la scène. Ces derniers mois et années, les ricains ont arpenté tout ce qui ressemblait à une scène en France et ailleurs et… ça se sent ! Niveau efficacité ils sont juste au top niveau : se reposant sur un package de compos complètement imparables, les bonhommes sont tous de bonne humeur, dynamique, énervés… ils ont une réputation à défendre et ils se la jouent pas en roue libre ! Aaron Beam, au centre de la formation, attire les regards et l’attention par son seul charisme (on peut pas dire que ça soit par son look de premier de la classe), sans jamais priver ses collègues de leur part de “lumière”. L’entité Red Fang est bien huilée, chacun y a sa place, et c’est désormais devenu une véritable machine de guerre. On parlait des compos, faut voir que Red Fang ne manque pas de hits désormais, essentiellement issus de “Murder the Mountains” : “Malverde” et son riff écrasant, le très catchy et heavy “Wires”, ou le virulent “Hank is dead” voient les slammers débridés se lâcher complètement. Evidemment, le classique “Prehistoric doc” et son riff de deux notes conclut les hostilités avec la fureur qui caractérise ce set. Il est maintenant urgent que les gaziers enquillent sur un nouvel album pour transformer l’essai et passer à l’étape supérieure, ce qu’ils ont le potentiel de faire.

Sur ce, on file avaler un sain sandwich pour essayer en même temps de capter quelques notes de CONVERGE (j’en sors déçu par la débauche d’énergie un peu stérile de Jacob Bannon qui se démène mais ne parvient pas à faire exploser le public de la Warzone) puis de ZZ TOP (à peine plus d’une petite heure de concert pour cette tête d’affiche, et une set list qui, sous ce format réduit, accorde une place étonnamment réduite aux hits du groupe). On se dirige ensuite à nouveau vers notre “maison d’accueil”, la Valley, pour aller capter ce que l’on peut appeler l’anomalie de cette programmation. On n’est d’ailleurs pas les seuls à être quelque peu déstabilisés : la tente est à moitié vide pour assister à ce set de MANILLA ROAD ! Malaise tangible, quand on sait qu’en plus de ça le samedi est la journée qui compte le plus de monde sur les trois jours de festival, et que la concurrence sur le site sur ce créneau horaire est juste médiocre… On accorde le bénéfice du doute au groupe, et on se rapproche (sans problème, donc) des premiers rangs. Evoluant dans une sorte de vieux metal vaguement progressif et doté de quelques relents doom “vieille école”, le combo américain joue bien, et le groupe sait bien tenir la scène. Mark “The Shark” Shelton est (et ça se voit…) le seul membre fondateur du groupe restant, les autres étant sensiblement plus jeunes, à l’image de son vocaliste Bryan Patrick, son ancien tour manager. Shelton a beau ne plus être tout jeune, il tricote toujours pas mal sur sa Warlock old school, et baragouine quelques mots de français. Est-ce que ça rend le concert intéressant ? Pour moi, au bout de quatre ou cinq chansons, la messe est dite. Clairement, on n’est pas au niveau de ce que l’on a pu voir quelques heures auparavant sur la même scène. Le fait qu’un groupe existe toujours après plus de trente ans ne suffit pas à le rendre “culte”… et encore mois à le rendre intéressant ! Triste et décevant.

On finit notre soirée par une incartade sous la tente bicéphale “extrême”, puisque les doom métalleux old school de CANDLEMASS se produisent entre deux groupes de black metal sous la tente Altar. C’est avant tout l’occasion de jauger le nouveau (énième !) vocaliste du groupe, le petit jeune suédois Mats Levén (Y. Malmsteen, Krux…). Ce dernier se défend bien, son organe étant bien adapté au répertoire classique du groupe. Les autres musiciens, malgré leur génération d’écart, se défendent bien, à commencer par le fondateur Leif Edling ou encore le guitariste Lars Johansson, tous les deux assurant le show en bons vétérans rodés à la scène qu’ils sont. Même si je suis moins familier du répertoire récent du groupe, je suis toujours content de réentendre des titres comme “Bewitched” ou “At the Gallows end”, catchy et remportant leur petit succès. Lorsque le quatuor termine sur le classique “Solitude”, il clôture un set honorable, efficace, mais manquant un peu de relief et d’éclat. Mettons à leur profit le fait d’avoir “tenu” un public conséquent alors que KISS joue à quelques centaines de mètres à peine…
J’essaye ensuite d’éviter la Valley où jouent Cult Of Luna (pas ma came, désolé) pour rentrer penaudement vers une nuit de sommeil afin de recharger les batteries pour la journée du dimanche, qui s’annonce haute en couleurs…
[A suivre…]
Photos : Laurent (sauf Down : Ian Arné / Noise Culture)
Laurent
Je ne préfère pas m’attarder sur le fait que j’ai raté le set de 7 Weeks. Coller l’unique groupe français vaguement assimilé stoner sur le premier créneau horaire de tout le festival, reconnu sinistré par avance (arrivée des festivaliers, parkings, bracelets, campings, etc…) n’a pas été selon moi faire un grand honneur à la bouillonnante scène musicale française. Conséquence directe : je ne connais même personne qui ait pu les voir… Passons.
Du coup, le premier groupe intéressant de ma première journée aura été BISON B.C.. Les potes de Black Cobra ont été les bénéficiaires collatéraux de l’annulation sournoise de High On Fire, et se retrouvent ajoutés en catimini à l’affiche. Ben on va pas s’en plaindre ! Parce que ce qu’on a sous les yeux (et dans les cages à miel) est bien sympathique ! Les quatre gaillards prennent la scène en lançant une longue intro instrumentale, avant que les deux gratteux Dan et James ne nous fassent goûter l’un et l’autre de leurs suaves vocalises, plus proches d’un porc égorgé que de Chantal Goya. Fort regrettable, le groupe ne s’est quasiment jamais présenté au public ! Alors que la plupart des festivaliers se baladaient avec un running order où ils ne figuraient pas encore, ils auraient gagné à faire connaître leur nom ! Néanmoins, Bison cartonne bien, et la scène initialement à deux tiers pleine gagne quelques spectateurs en cours de route (les esprits chagrins mettront ça sur le dos d’une violente averse qui aura incité les personnes aux alentours à se réfugier sous l’accueillante tente…). Pour ma part je mettrai ça au profit de l’énergie du combo, qui balance ses morceaux bien heavy en pleine face d’un public agréablement surpris. Bon set, qui se termine par un cassage de basse en règle par Masa Anzai, qui offre les restes de son instrument à un public qui n’en demandait pas tant. Bien bien.

Je passe par la tente plus “extrême” (Altar / Temple) pour aller jeter un œil aux doomeux HOODED MENACE. Noyés par un épais nuage de fumée, les zicos ultra statiques jouent baignés d’une lumière rouge et blanche, occasionnellement animés d’un déplacement musculaire (un spasme ?). Leur doom ultra lent porté par les vocaux death gutturaux de Lasse me laisse finalement assez froid. Assez ridiculement affublés des capuches de leurs… sweat-capuches (“hooded”… quelle honte…), les finlandais m’en touchent une sans bouger l’autre et je quitte la tente au bout de trois morceaux.
BLACK COBRA prend la suite sous la tente “Valley”, et pour rien au monde on ne raterait les nord californiens, toujours de bons clients. Scéniquement toutefois, le duo n’a jamais cassé trois pattes à un canard unijambiste. Faut dire qu’assurer un set avec juste deux instruments ne permet pas vraiment de faire ce qu’on veut sur scène, mais le groupe devrait quand même faire un effort pour communiquer un peu plus avec le public. Factuellement, on se retrouve comme d’hab avec un Jason Landrian planté derrière son micro, toujours invisible derrière son mètre-cube de cheveux, et un Rafa Martinez perché sur son kit de batterie surélevé, invisible du public, caché derrière des masses de toms et de cymbales. Un peu chiant, il est vrai… Cela n’empêche pas Landrian de cracher ses vocaux avec sa voix bien caractéristique d’écorché vif, même si la musique du duo est finalement largement instrumentale. La tente est bien remplie, signe que la réputation du combo, qui arpente l’Europe ces dernières semaines, commence à prendre. Les bonhommes déroulent leur set de gros sludge métallisé sur le créneau qui leur est imparti, et bouffent même cinq minutes de l’horloge en terminant par une petite furie de morceau qui achève le public toujours présent. Si le groupe à l’avenir parvient à plus communiquer une part de son énergie via son attitude scénique, il pourra gravir une marche importante derrière laquelle il stagne quand même depuis quelques années. Bon set néanmoins.

Rien de très excitant sur les autres scènes, on reste donc sous la Valley pour se préparer au set de BLACK BREATH, que l’on m’avait vendu comme une belle brochette de bourrins. Marchandise bien décrite en effet. Déjà en voyant les bonhommes monter sur scène, on se dit qu’ils ne sont pas là pour un défilé de mode : un chevelu maigrichon avec son tee-shirt débardeur moulant, un chanteur en survet-pyjama, un bassiste doté d’une tignasse rousse que l’on croirait animée d’une vie propre… On va se concentrer sur la zique, OK ? C’est bourrin, en effet, c’est très speed (ce qui nous change un peu de ce début de journée) et c’est en fait pas très excitant. Un peu déçu, je ne tiens que la moitié du set, et en profite pour aller voir ce qui se passe sur les autres scènes, notamment Deez Nuts, groupe de hard core dont on m’avait vanté l’originalité, et qui débite pourtant un classique NYxHC légèrement rappé. Bof.
On reviendra sous la Valley un moment plus tard pour PALLBEARER, un groupe plus connu en nos contrées musicales, sans pour autant être encore une valeur sûre : en effet, le groupe est encore jeune, et les américains n’ont pas effectué des tonnes de tournées en nos contrées. Mais pour l’heure, on ne boude pas notre plaisir : la musique du quatuor est sympa, une sorte de stoner assez heavy tendace doom, plutôt traditionnel. Malheureusement, le quatuor représente un profil moins excitant pour le visiteur lambda, et la tente est à moitié pleine seulement. De même, les présents apprécient, mais ne font pas non plus montre d’une frénésie remarquable : ça headbangue gentiment au son des riffs pachydermiques, mais pas plus. On n’attendait pas autre chose de ce groupe signé chez Profound Lore, un label qui accueille quelques références du doom traditionnel “à l’américaine” dont Pallbearer se revendique. Un bon concert au final, auquel une pointe d’excitation aurait rendu service.
Toujours d’affilée sous la Valley, les américains de BLACK PYRAMID sont officiellement là pour clôturer le trio des “black de la Valley” (Black Cobra, Black Breath et…). Le groupe ne s’emballe pas outre mesure de cet honneur et ils dégainent assez vite quelques cartouches qui capteront un public rapidement conquis (bon remplissage de la tente), qui ne cache pas son plaisir. Le trio évolue dans un stoner classique fortement teinté de doom, aux racines blues très présentes. Les titres sont variés, on ne s’ennuie pas, et les bonhommes savent jouer, même si ce ne sont pas des ressorts sur pattes en terme de jeu scénique… On a aussi l’occasion de voir Darryl Shepard (Milligram, Hackman…) sur scène, le bonhomme ayant intégré le groupe en tant que chanteur / gratteux l’an dernier, en remplacement de Andy Beresky. Ben ça le fait ! Le gars assure bien, ses soli impeccablement crasseux et ses vocaux légèrement dégueulasses (mais finalement bien maîtrisés) apportant tout le relief nécessité par la musique couillue du trio. Ca joue bien, ça sait faire tourner un riff, et les compos sont au niveau (on reconnaîtra quelques titres comme leur “classique” “Mercy’s Bane” qui fera bien headbanguer les premiers rangs). Darryl pètera une corde sur la fin du set, qu’il changera à l’arrache pendant que les deux autres font tourner un groove basse/batterie bien sympa, le tout avant de décocher un percutant “Bleed Out” (issus de leur dernier album) qui mettra tout le monde d’accord. Première très bonne surprise de ce festival !

Le temps d’aller se sustenter et c’est déjà l’heure de la tête d’affiche stoner de la soirée, et pas des moindres, car les légendaires SLEEP viennent faire trembler la Valley… En commençant par “Holy Mountain” (alors que “Sonic Titan” était prévu en ouverture) et en enchaînant sur “Dragonaut”, le trio annonce la couleur d’un set orienté lourdeur absolue. Comme on l’imaginait, Sleep oublie complètement l’existence de leur premier album, et construit sa set list autour de Holy Mountain et de Dopesmoker. Enfin, je pense qu’ils pourraient pisser sur leurs grattes pendant une demi-heure, on serait contents quand même, donc on ne va pas bouder notre plaisir ! Plaisir d’ailleurs qui apparaît largement partagé par Matt Pike ! Le bonhomme, torse nu, arbore un beer belly arrogant sur lequel il peut confortablement poser sa gratte (c’est plus sympa pour jouer de la poser à plat). Entre quelques taf tirées sur sa clope électronique, un sourire inamovible orne son visage sur la quasi-totalité du set, il fait plaisir à voir. On n’en dira pas tant de Cisneros, un peu plus “intériorisé”, la faute sans doute à quelques problèmes techniques (ou alors c’est juste un vaste chieur). Enfin, il serait stupide de se pencher sur ces préoccupations bassement terrestres alors que Sleep continue sa démonstration nocturne. Le trio joue bien, c’est tout ce qui compte : le son est bon (quelques passages un peu “flottants” au début ont été corrigés), les zicos retranscrivent bien les albums, les basses sont rondes et ronflantes comme on l’espérait, la voix de Cisneros est impeccable… Moi qui n’avais jamais vu Sleep sur scène, ce qui surprend le plus c’est la cohérence musicale sans faille de leur musique : leur modeste discographie constitue un ensemble massif dans lequel on peut piocher des titres un peu au hasard pour une set list réussie. Dont acte avec des titres comme “Aquarian” ou “From beyond”, par exemple… Dur dur aussi de construire un set sur la durée précise impartie quand la plupart des morceaux dure entre cinq et dix minutes… On présumera donc que le groupe s’est un peu laissé aller quand il entame le dernier segment du colossal “Jerusalem” alors que l’heure officielle de la fin de son set est déjà passée… Les gaziers ont peut être aussi légèrement ralenti le tempo pachydermique de leurs compos pour faire traîner le set ? Toujours est-il qu’on ne crache pas sur ce petit quart d’heure complémentaire. Excellent set.

Pour finir la soirée (ouais, on s’est levés tôt et on est plus tout jeunes), on va jeter une oreille distraite sur NEUROSIS. En toute franchise, depuis mon premier concert de ce groupe il y a 15 ou 20 ans, je n’ai jamais été emballé par sa musique, que j’ai toujours trouvée un peu stérile. L’énergie du groupe n’y est pour rien, il suffit de voir Scott Kelly (qui a pris une bonne dizaine de kilos depuis la dernière fois que je l’ai vu) ou Steve Von Till ce soir, ils sont bien dedans. Mais j’ai du mal à trouver quelque chose de chaleureux et séduisant dans cette musique. Au bout de trois titres qui me semblent encore identiques, je décide d’aller me pieuter tranquillement.
[A suivre…]
Photos : Laurent
Laurent
Deux jours après une date épique en format “petit festival”, la perspective de revoir Clutch cette fois en tête d’affiche sur sa tournée était séduisante. Et tant pis pour les quelques centaines de kilomètres supplémentaires consentis, rien n’arrête le rock’n’roll !! Arrivés au Krakatoa (une salle de l’agglomération de Bordeaux très sympa et de capacité conséquente – 1200 personnes au garrot), le taux de remplissage est pour le moins honorable (on dira plus de ¾ de la salle pleine), pour un groupe qui est en train de se créer une notoriété encore difficile à mesurer dans le pays. La soirée s’annonce sous les meilleurs auspices !
La première partie est assurée par les inconnus Mexican Morrissey. Le duo français, implanté à quelques encablures du lieu de concert de ce soir, éveille pour le moins la curiosité : un duo guitare (+ chant) et batterie, ça détonne. Les rythmiques saccadées défilent, et on a du mal à rattacher le groupe à une tendance musicale claire : post-rock par moments, on entend des influences punk ou hardcore ici ou là, avec des reflets pop, hard rock, etc… Sympa au début, mais honnêtement très répétitif passé le quatrième titre… Même si le duo est carré et joue bien (il nous informera que c’est seulement son troisième concert), quand on connaît la panoplie musicale infinie de la tête d’affiche de ce soir, on a un peu de mal à accrocher. Mais le combo est prometteur, et on se doit de féliciter l’organisateur de permettre ainsi à des groupes locaux de faire connaître leur musique au plus grand nombre.

Quand Clutch monte sur scène dans la pénombre, le public ne met pas trop longtemps à quitter le bar pour remplir copieusement la salle. Le quartette dégaine une triplette issue de sa dernière galette pour entamer les hostilités : “Earth Rocker”, “Mr Freedom” et “DC Sound attack”. Une approche un peu moins violente que deux jours plus tôt à Bilbao, mais qui met quand même les pendules à l’heure. Et la suite est à l’avenant : avec un sens de la modulation qui laisse pantois, Clutch oriente la tonalité de son concert vers quelque chose de furieusement rock, mais plus nuancé, plus groovy peut-être. “Profits of doom” prépare un peu à cette perspective, ainsi que “The Regulator” un peu plus loin, qui se retrouvent à nuancer un peu un passage composé, quand même, de “The mob goes wild”, “Book, saddle & go”, ou encore le féroce “Unto the breach” par exemple.
Le public, “à la bordelaise”, ne se laisse jamais complètement aller : ça slamme un peu ici ou là, ça sautille, ça sourit, ça headbangue un peu, l’ambiance est bonne, le plaisir est palpable… mais ça n’est jamais l’explosion que susciterait un concert de cette qualité devant un public moins “coincé” (désolé pour les bordelais, le mot est lâché). Illustration concrète : deux jours plus tôt, devant un public incandescent, “Crucial velocity” voyait un Neil cracher ses tripes dans son micro avec une violence rare, tandis qu’aujourd’hui, le même titre le voit faire preuve d’une férocité plus… “mesurée”. Influence indirecte d’une set list moins bourrine ? Groupe fatigué ? Alchimie avec le public plus difficile à trouver ? On pourrait se perdre en conjectures stériles, cantonnons-nous à profiter de ce set de superbe facture. Le groupe d’ailleurs, globalement, ne remet pas en cause ses habitudes scéniques : seuls Neil et Jean-Paul attirent les regards, l’un par sa dynamique de frontman désormais pleinement assumée, l’autre dans sa démonstration perpétuelle derrière les fûts. Tim et Dan, à peine effleurés par les lights, restent généralement dans l’ombre à regarder leurs instruments, concentrés, mais jamais froids ni désabusés : ils sont “dedans”, à leur manière.

La set list continue à dérouler dans ce soucis de variété constant : on a droit par exemple au classique “Big News (I)”, “Promoter (…)”, puis le superbe “Gone cold” en version acoustique ce soir aussi, toujours impeccable. La fin de set est une montée en puissance que l’on croit irrémédiable, avec “Crucial velocity”, donc, “Cyborg Bette” et… “Cypress grove” ! Encore un extrait du superbe Blast Tyrant, le cinquième de ce soir ! Une vraie preuve d’amour pour cet album au groove imparable. La conclusion de ce soir, tout aussi imparable, sera constituée du désormais inébranlable “Electric Worry”, associé ce soir en rappel à “The wolf man…”. Oui, un seul rappel ! Mais bon, après quinze titres de cette trempe, on n’est vraiment pas d’humeur à se plaindre, on a pris une jolie gifle, et on reprend la route avec le sourire aux lèvres !
Laurent
Deux ans après une première édition plutôt “sludge / doom”, on a ouvert grand les yeux quand on a appris que le Kristonfest n’était pas mort, et encore mieux qu’il proposait une affiche aussi mortelle ! Quatre groupes de cette trempe, à 1h30 de la frontière française, il faudrait être stupide pour manquer ça. L’annulation de Karma To Burn (un problème d’organisation les a fait annuler leur première semaine de tournée européenne), quelques jours avant le mini-festival, n’a apparemment pas refroidi les ardeurs du public espagnol (et français, la proximité de la frontière n’étant pas étrangère à la forte représentation francophone ce soir), tant le public est déjà bien présent dès l’ouverture des portes.
A l’heure exacte prévue, le trio scandinave de TRUCKFIGHTERS foule les planches et tourne tous les potards des grattes, ce qui suffit à déloger les centaines de personnes accoudées aux immenses bars pour se rapprocher de la scène. De manière très traditionnelle mais toujours aussi efficace, le combo entame son set par “Desert Cruiser”, son grand classique. Effet garanti. Il faut comprendre pour mieux appréhender ce concert que le public du Sud de l’Europe (Sud de la France, Espagne, etc…) n’est pas vraiment coutumier de Truckfighters, le groupe n’ayant pas beaucoup mis les pieds dans ces contrées, contrairement aux régions plus nordiques, qui ont déjà été déflorées par notre fier trio suédois. Lorsque pendant ce déferlement de fuzz, le public voit Dango effectuer son premier saut de cabri, les yeux s’écarquillent forcément : il y a un monde entre la lourdeur sonore du groupe et son énergie scénique, et les premiers rangs ne tardent pas à le constater. En enquillant avec le superbe “Monte Gargano”, Truckfighters clôture son sans-faute introductif. Derrière l’exubérance de Dango, Ozo se la donne sans retenue, et n’hésite pas à jouer son rôle de second frontman en venant occasionnellement haranguer le public, sans jamais négliger ni ses vocaux ni ses lignes de basse essentielles. Le groupe joue deux titres qui me paraîtront “étrangers”, dont l’un au moins est annoncé comme nouveau (rappel : leur nouvel album est supposé sortir en 2013). Difficile après une écoute de se projeter sur la qualité de l’album après cette simple écoute, mais on peut dire sans problème qu’il s’intègre impeccablement à la set list de ce soir. Le groupe finit son long set (l’un des seuls bénéfices de l’annulation de KTB !) par une série de titres issus surtout de son premier album avant de conclure sur l’impeccable “Chameleon”. Même si le public de ce soir est connaisseur, gageons que le groupe s’est fait quelques fans dans la salle !

Quand les anglais de ORANGE GOBLIN montent sur scène, on réalise très vite qu’après avoir sorti son énorme dernier album “Eulogy for the Damned”, le quatuor a pris une dimension inédite. En introduisant son concert comme il a introduit son album, par “Red Tide Rising”, les britons font comprendre qu’ils ont la situation sous contrôle : ils prennent le public par la gorge et ne pensent pas le lâcher pendant presque 1h30. Même si la quantité de postures et de mimiques “bestiales” de l’immense Ben Ward sont limitées, le bonhomme ne manque pas d’énergie pour enfoncer le moindre de ses morceaux au fond de la gorge d’un public en joie qui n’en demandait pas tant. Ses collègues sont certes moins “extravagants”, ça ne les empêche pas de débiter les rondins sans interruption et sans faux pas durant toute la soirée. Manifestement le groupe est bien conscient du pouvoir percussif de son dernier rejeton, étant donné qu’ils en jouent la moitié ce soir, à chaque fois avec une efficacité indéniable. Seul le superbe “The Fog” se trouve peut-être à mon goût un peu amoindri dans l’exercice – probablement au regard de sa qualité sur album. La qualité du son au Santana 27 est généralement au rendez-vous, ce qui est le cas pour OG, même s’ils ont choisi d’opter pour un mix lourd, crasseux, voire un peu foutraque parfois… Ca fait partie du charme de ce beau bébé ! Le reste du set est composé de titres pris dans tous leurs albums sans exception, avec des ponctions plus rares dans leurs plus vieux classiques (“Time traveling…” ou “Frequencies…”), constat logique au regard de l’évolution musicale du combo, désormais plus rentre-dedans que space rock ! Ca n’empêchera pas un beau succès de l’éponyme “Time travelling blues” (durant lequel Ben Ward descendra de scène pour aller à la rencontre directe du public ). On notera aussi l’incorporation dans le set du très bon “Made of rats”, qui sur album accueillait des vocaux de John Garcia. Après une dédicace bien sentie pour Jeff Hanneman, le quartette quitte la scène après la paire de classiques que l’on attendait : “Quincy the pig boy” et surtout le toujours impeccable “Scorpionica”. Une grosse mandale !

A peine le temps de se faire couler une bière au bar pour se remettre de nos émotions, les techos s’affairent sur la scène, et les balances sont rapides… Si bien que le public est pris par surprise : tout est prêt dix minutes avant l’horaire normal, CLUTCH ne va pas se faire prier pour grappiller quelques minutes supplémentaires sur scène. C’est un peu le rush pour le public qui remplit en quelques minutes toute la salle principale (une salle de taille assez imposante). Ce flux d’excitation rend ce début de set complètement électrique. Le choix du groupe de commencer par le plus furieux extrait de “Earth Rocker”, en l’occurrence le terrible “Crucial Velocity”, aura terrassé les premiers rangs en moins de deux minutes. Il faut voir le père Neal complètement déchaîné, les veines du cou prêtes à éclater, serrant le poing à se le faire saigner lorsqu’il éructe le refrain de ce brûlot ! Les quatre titres suivants ne laisseront pas une seule seconde de répit au public, en transe : “Cyborg Bette”, “Mr Freedom”, “Book, Saddle & Go” et le dévastateur “The Mob Goes Wild” feront de sévères dégâts et laisseront quelques flaques de bave au sol… Faut dire que les américains sont malins : dans le cadre d’un festival de cette tenue, avec une teneur en testostérone au taquet, il fallait taper fort, et ce dès le début. Pari gagné, à ce stade. La suite ne s’éloigne pas trop d’un best of de la carrière du groupe (disons la dernière décennie, les titres les plus anciens joués ce soir datant de “Robot Hive…”), dont on retiendra particulièrement un très bon “Mice & Gods” et “The Regulator” toujours efficace. Sur la fin du set, les techniciens amènent deux guitares acoustiques pour Neil et Tim et l’on voit Jean-Paul se saisir de ses balais de batterie, signe que les choses vont se calmer pour quelques minutes. Les lumières s’effacent alors progressivement alors que Jean-Paul amène progressivement le somptueux “Gone cold”, parfaitement servi par un groupe en osmose, un public hypnotisé, et des lumières subtiles. La grande classe. Mais la parenthèse est vite oubliée avec le heavy/groovy “The face” puis le furieux “Electric worry” qui finira de mettre le public sur les genoux. Même si le groupe se retire de la scène, personne n’est dupe : impossible en toute décence de laisser le public dans cet état sans un rappel. Et là, phénomène assez incroyable, le groupe dégaine deux cartouches étonnantes, en l’occurrence “Oh, Isabella” et “The wolf man…”. Etonnantes car lorsque l’on fait le compte… le groupe aura joué ce soir l’intégralité de “Earth Rocker” sur scène ! Spectaculaire performance pour un set impeccable, dont n’ont pas été oubliés la plupart des classiques, et qui aura prouvé, si le doute était encore permis, quel excellent album est “Earth Rocker”, dont la retranscription scénique ne souffre d’aucune faiblesse.
Quelle belle soirée que ce Kristonfest en tout cas, on espère que l’organisation n’attendra pas deux ans pour remettre ça !
Laurent
Camden Town was « the place to be » en ce samedi 27 avril. Camden Town, ses punks à chien, ses punks à crête, ses punks agés, ses punks torses-nus, anvahi par une horde de barbus en jeans venus se dégourdir les oreille et écluser de la cervoise pour ce 2ème jour du Desert-Fest. Et quelle journée : House of Broken Promises, Lowrider, Dozer, Unida, Ufomammut…..
Direction l’Electric Ballroom donc, salle ou se produisent la quasi-totalité de ces groupes. Il est 15H00 lorsque Turbowolf, premier groupe de la journée prend la scène d’assaut. Bon, pour la faire courte, la voix nasillarde et l’orgue Bontempi : c’est pas mon truc ! Difficile d’accrocher donc, d’autant que le son est assez pourri et beaucoup trop fort. Concert à oublier pour moi donc, en allant chercher une bière au bar.
A peine, revenu à ma place, ô surprise, je tombe sur 2 compatriotes fort sympathiques qui ont fait le déplacement pour le week-end. Bref, le temps passe plus vite en papotant si bien qu’on est surpris lorsque House of Broken Promises monte (déjà) sur la scène. Seay se plaint gentimment d’avoir raté Turbowolf (sarcasme ?) car le groupe arrive à l’instant de l’aéroport, et c’est parti pour un concert ultra-solide. Première constatation : Joe Mora qui remplace Eddie Plascencia à la basse et au chant s’adapte parfaitement au style de HOBP. Le groupe enflamme l’Electric Ballroom (qui s’est bizarrement partiellement vidé après Turbowolf) avec les morceaux de leur unique album Using The Useless. ‘Physco Plex’, ‘Buried Away’, ‘Blister’ : tout y passe, ou presque. Rythmiquement ultra-solide, HOBP enfoncera définitivement le clou à l’occasion d’un ‘Obey The Snake’ de haute volée, repris en choeur par l’audience, et sur lequel les air-guitaristes les plus fous vont se déchaîner. Seay et Mora communi(qu)ent incroyablement avec le public avant d’annoncer le dernier morceau du set, l’inévitable ‘The Hurt (Paid my dues)’. Un grand moment.
Juste le temps de se rassasier au bar avec mes nouveaux amis gaulois, que voilà le moment attendu par nombre des présents dans la salle : le set de Lowrider, groupe légendaire, qui a accouché d’un unique album en 2000 avant de splitter. Cheveux courts et riffs toujours aussi tranchants, les 4 suédois attaquent avec ‘Upon The Dune’. Bergstrand, Hellquist, Stalfors et Eriksson (qui a exhumé de sa garde-robe la fameuse « puffy shirt » chère à Jerry Seinfeld) reprennent les choses exactement là où ils les avaient laissées il y a plus de 10 ans maintenant. ‘Caravan’, ‘Flat Earth’, ‘Ol’ Mule Pepe’….le groupe enchaine et le public se déchaine. Ca joue toujours aussi fort dans l’Electric Ballroom, mais l’acoustique semble avoir gagné en qualité depuis le passage de Turbowolf. Tout bénéf donc pour nos suédois à l’entame de ‘Texas’ (le premier morceau qu’on a écrit, racontera Bergstrand : à l’époque on avait 18 ans et aujourd’hui on en a 19 !). La fin du set fera la part belle au split avec Nebula (‘Lameneshma’ et ‘Shivaree’) avant un ultime morceau de pure folie, le fameux ‘Ode to Io’ à la fin duquel Bergstrand prendra une photo de la foule et annoncera gaiement qu’il n’attendra pas 10 ans pour recommencer ! Rendez-vous est pris….
Au tour de Dozer, autre poids lourd ancestral du stoner made in sweden, de se pointer devant une salle qui est maintenant quasiment pleine à craquer. C’est avec ‘The Hills have Eyes’ que le combo entame son set et se met d’entrée l’assemblée dans la poche. Nos 4 lascars ont l’intelligence de balayer l’intégralité de leur carrière durant le concertt. Ainsi, ‘The Flood’, ‘Rising’, et autre ‘Days of Future Past’ se cotoient et déchainent les plus fervents des headbangers présents à l’Electric en ce début de soirée. Holappa (qui fait la pub de son autre groupe en portant un T-shirt Greenleaf) se démène comme un beau diable et assène ses riffs avec une précision chirurgicale. Mais c’est le binôme rythmique Rockner/Mârthans qui va asseoir le show lorsqu’ils se retrouveront seuls sur scène, après un ‘Headed for The Sun’ d’anthologie, pour une jam session assez incroyable. Proprement hallucinant. Après le retour des 2 gratteux, et au bout d’une heure intense, c’est avec le tonitruant ‘Supersoul’ que le set de Dozer se terminera en apothéose. Un concert mémorable.
Pas vraiment le temps de se remettre de nos émotions car, a peine réhydratés, Arthur Seay, son neveu Owen et Mike Cancino font leur apparition et se lancent dans un Flower Girl instrumental, morceau qui va servir d’introduction avant l’arrivée de Môssieur John Garcia….bref, le ton est donné et on pourrait débattre longtemps sur l’attitude de diva et de trou du (_i_) de l’ex-chanteur de Kyuss (chose que nous ne ferons pas). Groupe légendaire si il en est, Unida est avant tout une histoire de riffs. Et Arthur Seay est une véritable usine à riffs (ainsi qu’un communiquant hors-pair). Secondé par un Cancino toujours aussi impressionnant derrière ses fûts, mais aussi par son neveu Owen à la basse (à peine 20 piges et déjà un doigté absolument incroyable), Arthur Seay assure comme une bête, tout en finesse et en grimaces. ‘Red’, ‘Vince Fontaine’, ‘Last Day’, ‘Thorn’, ‘Nervous’, ‘Human Tornado’, le set d’Unida, véritable déluge de tubes et de décibels, prend une allure de best-of. Garcia, cerise sur le gâteau, est au mieux de sa voix et finit de transformer l’Electric Ballroom en véritable temple du stoner en ce samedi. Après les avoir raté en 1999 (ah, les joies de rester coincé sur le parking du Dynamo en attendant les navettes qui mène au site alors qu’Unida se produit), je prend enfin ma dose live de musique made in Indio….et force est d’avouer que l’attente valait vraiment le coup. Au bout d’une grosse heure, le groupe quitte la scène avant de revenir pour clore cette journée à l’Electric Ballroom avec les imparables ‘Dawrf it’ et ‘Black Woman’. Garcia, sortira de scène avant la fin du morceau (sans avoir prononcé le moindre mot à l’attention du public durant l’intégralité du set) et laissera à ses compères le soin de terminer de manière instrumentale cet excellent gig commencé de manière instrumentale. Quelle claque !
Les lumières se rallument, l’Electric Ballroom se vide, et je prends vite la direction de l’Underworld, à quelques mètres de là, pour assister au final d’Ufomammut. Je m’engouffre donc dans cette caverne qu’est l’Underworld et ne profiterait que de 10 petites minutes de fureur sonore. Le son est d’une qualité exceptionnelle, le groupe joue très fort, c’est lourd, très lourd, ultra-lourd. Ufomammut n’est pas réputé pour faire dans la dentelle, la poignée de spectateurs présents dans l’ambiance suffocante de l’Underworld ne diront pas le contraire. 10 petites minutes de fureur sonore donc, de headbanging intensif, et malheureusement c’est déjà fini……quel dommage !
Dommage également de rater Elvis et Brann (un grand merci pour l’après-midi et les bières), mes amis Gaulois, pour s’en jeter une dernière avant de lever le camp et de clore une journée qui restera gravée dans ma mémoire. Le Desert-Fest est vraiment une belle réussite.
stonerpope

[Aurelio Deville, qui a peint une fresque spéciale Desertfest pendant deux jours]
La traditionnelle visite culturelle du matin achevée, nous pointons à nouveau nos groins du côté de l’Astra pour la dernière journée de ce festival qui aura tenu toutes ses promesses jusque là. Les points de restauration rapide étant légion dans le Kreuzberg, le binôme de desert-rock.com est en pleine forme pour attaquer la dernière pièce du triptyque désertique de Berlin millésime 2013. Le temps est maussade, mais le public désormais coutumier des lieux se pointe assez tôt pour profiter un maximum de cet ultime acte qui va ravir les fans de Black Sabbath.
[1000 MODS]
On débute une nouvelle fois par la scène du Foyer avec une formation du Vieux-Continent car c’est aux Grecs de 1000 MODS qu’il revient l’insigne honneur d’ouvrir cette soirée. Les instruments à cordes en bout de course de la strap, le quatuor annonce d’entrée de jeu la couleur en assénant un premier titre de heavy rock bien gras et bien inspiré par la bande à Iommi. Le public hoche du chef, les titres se succèdent de manière cohérente sans taper dans le redondant et on se surprend rapidement à sourire béatement car cette formation est énorme sur scène. L’atmosphère intimiste de la salle pavanée de manière psychédélique apporte ce petit quelque chose qui transforme un show ordinaire en un set dont on va se rappeler. 1000 Mods s’inscrit très clairement dans cette seconde catégorie. Si sur disque le groupe tire sur le fuzz bien heavy, sur scène le heavy prend rapidement le dessus sur le fuzz sans toutefois se situer dans un registre bourrin de chez bourrin. Nous ne saurions que vous conseiller d’aller constater de visu ce que propose cette formation lorsqu’ils se radineront du côté de chez vous car c’est assurément, pour nous, la découverte de cette édition !

[Alunah]
On était assez impatient de découvrir ALUNAH, ce jeune groupe de Birmingham qui a fait grand bruit de la récente sortie de son second album en vinyle chez Napalm Records. Leur mise en place sur la même scène que 1000 Mods se fait tranquillement puis, à l’heure prévue, les lumières s’éteignent et les premiers accords lugubres vrombissent. A noter que le quatuor compte une femme guitariste / chanteuse, une particularité qui les rapproche de leurs cousins californiens d’Acid King, avec lesquels ils partagent aussi un goût affirmé pour les riffs heavy et les tempo lents. Même si les vocaux féminins distinguent Alunah des groupes de doom “habituels”, le quatuor met aussi en avant ses lignes de guitare lead et des compos finalement assez catchy. Scéniquement, en revanche, pas de flamboyance particulière, mais répétons-le : le genre ne s’y prête pas forcément non plus. Après un 1000 Mods furieux, cette parenthèse doom est plutôt bien vue, et le public adhère bien.
[Free Fall]
Changement de ton lorsque l’on se rapproche de la main stage pour assister au set de FREE FALL, un groupe signé chez Nuclear Blast. Quand le quatuor suédois foule la scène, on n’est pas très impressionné. Mais lorsqu’ils lancent leur premier titre, on se dit qu’on est partis pour se prendre une grosse claque : gros riff rock’n’roll tendance garage, rythmique frénétique… après un concert de doom, ça décoiffe ! Sur la même lignée, le titre suivant voit le groupe se déchaîner derrière un autre brûlot rageur : même si le bassiste Jan Martens est plutôt calme, ce n’est pas le cas de Mattias Bärjed, à la gratte, qui saute dans tous les sens ! Quant à Kim Fransson, le chanteur, il assure son rôle de frontman sans équivoque, et ses vocaux sont efficaces, avec un petit air de Bon Scott ici ou là pas désagréable. Alors qu’on sent le concert parti sur un rythme que n’auraient pas renié les Hellacopters, le troisième titre voit le groupe ralentir le tempo… ce qu’il fait aussi sur les titres suivants. En fait, les suédois ont tiré leurs deux cartouches les plus virulentes en début de set, un choix assez étrange car incidemment le reste du concert paraît quelque peu linéaire. On découvre alors la vraie nature musicale du groupe, afficionado assumé de classic rock, des combos de hard rock des années 70 voire début 80. Un bon concert au final, même si jusqu’au bout on s’est senti un peu “déçus” par rapport à la promesse initiale.

[Gentleman’s Pistols]
Retour dans l’antre intimiste pour une seconde formation britannique : GENTLEMAN’S PISTOLS. Les résidents de Rise Above nous ont d’abord fait sourire – et nous n’étions pas les seuls – avec leurs looks improbables, mais lorsque James Atkinson – le frontman de l’équipe – envoie le bois, ça fait nettement moins les malins dans le public. La formation de Leeds incarne à merveille la spécificité du rock’n’roll anglais : ce sont des bêtes de scène qui jouent à donf ! Le choix de la setlist est très orienté vers les morceaux qui dépotent. Les plans doom voire les presque balades sont restés au vestiaire au profit d’un show électrique de pur kickass rock ! “Living in sin again”, tiré de leur dernier opus “At her majesty’s pleasure” demeurant emblématique de la puissance du combo : tout le monde accroche au groove des potaches en marcel et nous sommes dépités lorsque le dernier morceau achève un des shows les plus véloces de la journée. Sis entre le roi du désert et le classic rock de Free Fall, l’énergie des Gentleman’s Pistols aura été la bouffée d’énergie de la journée. On plie rapidement bagages pour aller rejoindre la Main stage où va enfin prendre place un acte qui aura nourri bien des interrogations au sein de la petite communauté du stoner.

[Fatso Jetson]
Honnêtement, on ne savait pas trop à quoi s’attendre quand on a vu que Fatso Jetson partageait un créneau horaire complet sur la main stage – même s’il s’agit d’un créneau rallongé (1h20 en tout), le mystère est à son comble. En voyant FATSO JETSON au complet monter sur scène, l’enthousiasme nous gagne : il aurait été facile de jouer la facilité “logistique” et de demander par exemple à Gary Arce de tenir la seconde gratte ou à Alfredo Hernandez de se mettre derrière les fûts. Mais non, c’est bien le “real deal” : la famille Lalli (Mario of course, Dino son fils à la seconde gratte et Larry à la basse) avec Tony Tornay à la batterie. Quand le lancinant instrumental “Tutta Dorma” prend forme en introduction, le concert commence bien, et a priori ça ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin, puisque le frénétique “Salt chunk Mary’s” prend la suite. Très vite, Mario se laisse emporter, faisant voler ses lunettes et son chapeau ; il est dans son trip. A son habitude, Larry est plus statique, presque introspectif, ne bougeant quasiment pas de son coin de la scène, tandis que le jeune Dino Von Lalli ne se laisse pas impressionner et assure le taf (pas facile sur une musique aussi barge). A l’image de ses albums, Fatso alterne les ambiances et les genres musicaux en un simple claquement de doigts, passant de l’insidieuse balade “Light yourself on fire” au furieux instrumental “Nightmares are essential”, jusqu’au complètement barré “New age android”, prétexte à des joutes guitaristiques improbables entre deux générations de Lalli. En concluant son set par le terrible “The untimely death of the keyboard player” (issu de leur unique album chez Man’s Ruin, “Flames for all”), le quatuor termine une prestation reposant largement sur la première partie de sa carrière (je ne crois pas avoir noté de titres issus de leur pourtant excellent dernier album, “Archaic Volumes”), une sorte de mini best-of dont on aurait aimé qu’il se prolonge encore pour quelques morceaux !

[Yawning Man]
Mario demande alors au public de patienter quelques minutes pour permettre aux musiciens d’intervertir les instruments pour préparer l’arrivée de YAWNING MAN. Là encore, première satisfaction, il s’agit bien du line-up d’origine du combo, avec bien sûr Gary Arce à la gratte et Alfredo Hernandez à la batterie. On n’a jamais été particulièrement emballé jusqu’ici par les prestations live un peu anémiques du trio, et lorsque le groupe se lance dans un premier titre, sans cérémonial, on prend bien quelques minutes à comprendre que le set a commencé… tant on croirait assister à un soundcheck foireux ! Gary Arce se regarde jouer, trifouille ses pédales d’effets, ses câbles, demande au public en pleine chanson si on l’entend (ben non)… Bref, autant dire que les deux premières chansons ne servent pas à grand-chose… Le son s’améliore un peu par la suite, permettant de reconnaître quelques morceaux entendus sur le récent “Nomadic Pursuits” ou le plus ancien “Rock formations” : on notera surtout le groovy “Stoney Lonesome” de ce dernier, ou “Perpetual Oyster” choisi pour conclure le concert. Rien en tout cas qui ne nous emballera outre mesure, l’attitude scénique du groupe (avec un Gary Arce complètement centré sur lui-même) s’avérant souvent ennuyeuse. Yawning Man c’est le groupe qu’on adorerait aimer, mais dont la routine musicale et scénique nous rappellent immanquablement le premier mot de son patronyme…

[My Sleeping Karma]
On voyait les gars de MY SLEEPING KARMA qui avaient le sourire aux lèvres tout l’après-midi en prévision de ce concert, on les sentait trépigner, ce qui nous donnait encore plus envie de les voir. Et pourtant, l’erreur de casting saute aux yeux dès les premiers accords : MSK aurait dû jouer sur la Main stage ! La notoriété du groupe, a fortiori sur ses terres germaniques, a été sous-estimée : il faut voir en effet le public qui essaye de se frayer un chemin par tous les coins de la petite salle Foyer pour assister au concert, la chaleur est étouffante et le public hypnotisé ! Faut dire que la musique du groupe se prête bien à ça : leurs compos instrumentales tissent pendant 50 minutes une trame musicale psychédélique, aérienne, voire étourdissante lorsqu’on se retrouve emporté par ces “vagues” de foule qui suivaient le rythme des chansons… Dès les premières minutes et le riff complètement infectieux de “Pachyclada”, la communion entre le groupe et son public est palpable. Elle se traduit en premier lieu par le sourire que l’on trouve sur les visages de Matte (basse) et Seppi (guitare), le duo de frontmen du combo, tandis que Steffen est plus concentré derrière sa batterie, tout comme Norman derrière son clavier. Il faut dire que chaque musicien a un rôle crucial dans la musique du groupe, qui ne peut supporter la moindre approximation. Illustration immédiate avec l’ancien (2006) “23 Enigma” un titre épique enchaînant passages atmosphériques et fulgurances heavy rageuses. MSK enchaîne un nouvel aller-retour nouveau-ancien, avec le superbe “Ephedra” (issu de “Soma”) puis “Glow 11” (issu de leur premier album). “Tamas” et son final épique ouvrent la voie à un superbe final encore en l’honneur de leur dernière production via l’aérien et oppressant “Psilocybe”. On souffle… Je ne sais pas si My Sleeping Karma a gagné des fans ce soir (car au vu de l’affluence, on se demande si tout le monde n’était pas déjà fan avant…), mais il a en tout cas rendu plusieurs centaines de rockers heureux.

[Kadavar]
L’heure est venue pour nous de redescendre de notre lévitation pour rejoindre une fois encore la scène la plus importante afin d’enchaîner avec une autre formation germanique : KADAVAR. Le trio désormais composé d’un tiers de sang français démarre en douceur un set de rock’n’roll seventies dont le côté vintage capte immédiatement l’auditeur. Les élégants velus à la taille impressionnante demeurent assez statiques durant leur show comme n’importe quel personne de grande taille peinant à occuper le territoire de sa propre personne ; comme ils sont les trois dans le même cas et que ces mecs ne sont pas des débutants, le triangle parvient rapidement à occuper l’espace visuel vu que du côté du son le public est immédiatement rentré dedans, chauffé qu’il était par la prestation de My Sleeping Karma. L’essentiel du show proposé par Wolf, Tiger et Mammut sera consacré à la première production du trio et les titres issus de leur deuxième album – “Abra Kadavar ” – s’immiscent à dose homéopathique dans le setlist. La précision teutonique s’avère des plus efficaces et le diable s’empare rapidement de nous lorsque l’hypnotique “Black Sun” vrombit. Les titres s’enchaînant et malgré des lights très statiques, les mecs aux surnoms digne d’un groupe de black metal nous entraînent faire un tour dans leur univers psychédélique durant une heure d’extase. Complétement scotchés par la musique nous oublions carrément de noter l’ordre des titres de ce concert durant lequel nous croyons avoir entendu le doublé gagnant “Creature of the demon” ainsi que “Goddess of dawn”. Il est certain que cette tête d’affiche de la soirée aura tenu toutes ses promesses et que lorsque les lumières s’éteignirent nous ne fûmes pas les seuls à redemander une grosse ration de rock vintage trépidant ; malheureusement en vain puisque déjà les premiers riffs fusaient de la Foyer stage où d’autres protagonistes inattendus avaient pris place.

[Troubled Horse]
L’annulation de Witchcraft (moins de 48 heures avant le festival) a un peu chamboulé la programmation de cette dernière journée. Bénéfice collatéral de la journée : TROUBLED HORSE se voit ajouté à l’affiche, en position enviable en milieu de soirée, sur la petite scène. Ce groupe suédois qui va sur ses dix ans d’âge n’est en fait pas si étranger au “cas” Witchcraft : trois de ses membres originels ont créé Troubled Horse (dont deux présents ce soir, y compris Ola, qui est toujours bassiste de Witchcraft), et c’est Simon Solomon, le gratteux de Witchcraft, qui officie ce soir à ce poste. Vous suivez toujours ? La filiation s’arrête-t-elle là ou bien risque-t-on d’avoir un tribute band du pauvre ou autre triste ersatz de Witchcraft ? C’est bien la question que se pose une part du public (leur notoriété n’égalant pas celle de leurs aînés, pas mal de curieux sont présents devant la petite scène). Agréable surprise sur ce point : même si elle garde cette fibre rétro, ces influences 70’s immanquables, la musique du groupe est plus directe, plus pêchue, plus rock n roll au final. Moins “sérieuse”, tout simplement. Ces gars sont là pour le fun, ce qui transparaît jusque dans l’attitude de Martin Heppin, le massif frontman / vocaliste. Et au fil de l’eau, l’énergie communicante du quatuor fait mouche, et le public commence à sourire, à pogoter, etc… Carton plein ! C’est toujours quand on n’attend pas grand-chose que l’on a les meilleures surprises ! C’est le cas ici, et ce concert de Troubled Horse restera un excellent souvenir de ce Desertfest.

[Orchid]
Retour aux choses sérieuses sur la Main stage où, en raison de l’annulation de Witchcraft, nous bénéficions d’un show rallongé des stars montantes que sont ORCHID. Nous serions même tentés de déclarer que c’est tant mieux ! Les nouveaux poulains de Nuclear Blast n’avaient pas attendu la reconnaissance du public de ce festival pour se tailler une part de choix dans le cœur des aficionados de ce style et c’est en terrain conquis que débarque le quatuor étasunien que les esprits chagrins taxent de sous-Black Sabbath. Osant nettement plus que leurs camarades de label Kadavar en ce qui concerne l’insertion de nouvelles compositions dans leur setlist, Orchid a le culot de ceux à qui tout sourit ou presque. L’opportunité de toucher encore plus de gens vu leur position de tête d’affiche de la soirée gagnée au détriment des absents suédois sera loin d’être galvaudée bêtement. Le quatuor de baba hards se fait plaisir en nous en donnant. Ca attaque sérieusement de manière très heavy sur la grande scène durant une bonne heure et quart et le paranoïdien “Silent one” nous trottera dans la tête bien des heures après, alors que nous nous échinions à faire rentrer les t-shirts et les galettes acquises aux stands de merch dans nos petites valises. Les titres interprétés par le groupe ce soir-là sont issus de la totalité de la disco du groupe et nous avons été entraînés dans ce show tirant sur le doom par “Capricorn”, “Black funeral”, “Eyes behind the wall”, “Wizard of war” et quelques autres compositions aux tempi ralentis et aux riffs ravageurs. Nous avons aussi pu assister à un truc d’un autre temps : un chanteur à veste à franges jouant du maracas ! En tous cas cette soirée très orientée vers les héritiers du son des maîtres du sabbath aura tenu ses promesses jusqu’au bout et ce concert clôt avec grande classe cette deuxième édition du Desertfest de la capitale allemande. Si certains sont sceptiques quant à l’idée d’avoir dans leur discothèque le nouvel opus des comebackeux de Black Sabbath, ils peuvent sans hésiter se tourner vers Orchid qui incarne la relève de ce style entre doom à la sauce de l’Oncle Sam et hard rock daté : un must que nous conseillons sans retenue aucune.

Après avoir cogné nos gobelets en plastique avec les différents protagonistes de cet événement, nous nous en retournons vers notre piaule, histoire de tout empaqueter pour nous envoler tôt le lendemain matin vers nos domiciles respectifs. Nous quittons donc l’after en plein milieu soit à une heure très avancée de la nuit. Sur le chemin du retour nous tirons notre premier bilan de cette édition que nous confirmerons à plusieurs reprises par la suite : ce festival est absolument génial et nous encourageons quiconque n’a pas les oreilles bouchées à bouger son cul l’an prochain pour une troisième édition !
[Photos : Chris & Laurent]
Chris & Laurent

En arrivant en début d’après-midi – après une première matinée dédiée au tourisme – sur le site, on détecte un subtil vent de panique au niveau de l’orga, dû au fait que le batteur de Danava, cet imbécile, s’est trompé d’avion et a atterri en Belgique (de mémoire). Même si ses collègues, bien présents, n’ont pas l’air de paniquer, la prod du Desertfest chamboule toute sa timetable pour leur arranger un passage en fin de soirée (au cœur de la nuit en fait), ce qui fait l’aubaine des premiers groupes de la journée, qui se retrouvent à partager le créneau initialement prévu. Qui part à la chasse…

[Lecherous Gaze]
Du coup, la mise en place de LECHEROUS GAZE se fait plus tranquillement, ils ont tout leur temps pour préparer la petite scène Foyer. Au bout de quelques instants les trois zicos s’emparent de leurs instruments devant une salle encore vide (le public se détend généralement au Biergarten en attendant les premiers accords), et décochent leurs premiers accords bien bourrins. Le public commence à rentrer tranquillement et sent tout de suite que le combo d’Oakland ne fait pas vraiment dans la musique d’ambiance introspective. Sentiment confirmé lorsque Zaryan Zaidi, leur nouveau vocaliste, monte sur scène revêtant une sorte de cagoule/masque avec une paire de lunettes en dessous : on ne verra donc jamais son visage, ce qui, associé à sa posture mi-zombiesque / mi-simiesque, ajoute à l’aspect un peu glauque du concept. Car oui, la musique de Lecherous Gaze est crade, un peu sale comme la banlieue d’Oakland dont ils viennent, une sorte de rock’n’roll sous speed, une sorte de MC5 modernisé, en tout cas bien déjanté. Ca déboîte bien, et le public adore.

[Witch Mountain]
Profitant des aléas inhérents à l’organisation d’un festival avec des vrais rockers, WITCH MOUNTAIN profite de l’aubaine en prenant d’assaut la Main Stage pour un show plus long qu’initialement prévu. Tant mieux, le groupe a de la bouteille et c’est sans problème qu’il va meubler tout le temps mis à sa disposition pour déployer son doom estampillé US empreint des mélopées, voire des grognements de sa frontwoman. C’est pas parce que nous avons quitté la zone d’Oakland que nous arrivons au pays des Bisounours : Portland n’est pas le Jardin d’Eden non plus et leur style vicieux va faire mouche auprès d’un public incrédule quand il est confronté à Uta : un petit bout de nana en qui un ogre sommeille ! Tapant dans le pileux et le gras, à l’image de son bassiste Neal, le quatuor de l’Oregon remporte quasi d’entrée de jeu l’adhésion du public qui se montre très réceptif à leur style bien barré qui se déploie de manière lancinante dans la plus pure tradition du doom abordable d’Outre-atlantique. Les gros déluges sonores et les envolées susurrées se succèdent sans lasser et ça cogne juste et bien. Le titre “Shelter”, tiré de “Cauldron of the wild” leur dernier opus en date, résume parfaitement l’étendue de ce que ces gens-là proposent et c’est aussi un des morceaux qui a le mieux passé sur scène, avec Nate le métronome en chef qui imprime le rythme comme une bête de scène derrière sa batterie !

[Oddjobmen]
On change de décorum pour ODDJOBMEN qui est un all-star-band d’activistes teutons issus de Sissies, Rotor, Gods Of Blitz et encore d’autres combos obscurs. Sur le papier, nous ne savions pas à quoi nous attendre et des fois c’est assez agréable de se confronter à un groupe telles de jeunes pucelles. Rapidement en place sur la petite scène, les quatre rockeurs germaniques affûtent leurs armes quelques minutes puis balancent un son entre Hellacopters et Queens Of The Stone Age avec quelques gimmicks garage : c’est pas la grosse révolution dans la place, mais ça poutre bien et c’est toujours très efficaces sur scène ! De l’original et de la reprise, des morceaux brefs balancés pieds au plancher et un public ravi par ce déferlement d’énergie bien sentie. On apprécie et on se prépare pour les choses sérieuses à venir…

[Blues Pills]
Quand vient l’heure de rejoindre la main stage où doit se produireBLUES PILLS, de manière assez surprenante, la salle est bien remplie. Etonnant vue la notoriété encore modeste du combo de l’Iowa… Enfin, lorsque Elin Larsson monte sur scène, on comprend que cet afflux de testostérones au premier rang est suscité par différents niveaux de curiosité… La jolie blonde est attendue au tournant ! Les titres de blues rock de Blues Pills sont carrés, ça joue bien, sans éclat, mais efficace. Le groupe américain est en réalité multiculturel, puisque sa chanteuse est suédoise, son guitariste français, et sa section rythmique américaine pure souche. Une section rythmique robuste d’ailleurs, sur laquelle le tout jeune guitariste frenchie Dorian Sorriaux aligne occasionnellement des soli assez vertigineux. L’attention porte néanmoins largement sur la frontwoman, qui fait montre d’une gamme vocale assez pointue au vu de son petit gabarit. Son timbre est assez puissant et subtilement rocailleux, parfaitement adapté à la musique du groupe – même si ce n’est pas Janis Joplin, n’exagérons rien… Au bout d’une petite demi-heure, le set du combo paraît toutefois un peu longuet, un peu répétitif peut-être dans ses mid-tempo un peu systématiques. Faut dire que la tonalité du concert, plutôt bluesy et fluette manque un peu d’énergie au milieu de cette journée bien pêchue… Sur la fin du concert, on se dirige donc vers la sortie pour le concert à venir, qui s’annonce un peu plus énervé…

[House Of Broken Promises]
En effet, au même moment, le trio de HOUSE OF BROKEN PROMISES termine la préparation de la petite scène Foyer, et fignole son soundcheck à grands coups de riffs surpuissants, commençant à alerter le public de Blues Pills, qui se rapproche insidieusement… Les bonhommes sont chauds comme la braise, ils attendent impatiemment de pouvoir commencer, et à la minute ou le dernier accord résonne sur la main stage, ild s’emparent de leurs instruments et entament leur set par “Blister”, qui introduit aussi leur délicieux premier album. Un titre qui mélange shredding à la Black Label Society et gros riff bien heavy – efficacité optimale pour une introduction énorme. En engageant le mid-tempo poisseux “Physco Plex”, le trio ne joue pas la facilité, mais démontre une maîtrise sans faille. Portés par des vocaux bien grassouillets mais bien catchy du nouveau bassiste Joe Mora, les morceaux défilent ainsi sans pitié et terrassent littéralement un public qui avait manqué de s’endormir pendant l’heure précédente (notez le talent des programmateurs du festival). Mora se la donne, superbement à l’aise dans le remplacement de Plascencia à la fois dans son jeu de basse impeccable ou ses vocaux (environ 2/3 des chansons), et Cancino ne tient pas en place derrière son kit de batterie, il harangue le public sans arrêt. Mais le frontman du combo est évidemment le barbu Arthur Seay, déchaîné sur les quelques mètres carrés de la petite scène : il enchaîne poses de guitar hero, sauts de cabri, grimaces… Quand en milieu de set le trio s’engage sur l’imparable “Obey the snake” et son riff presque AC/DC-ien, l’affaire est déjà gagnée depuis un moment, et ce qui suit est juste un sprint final pour caser le maximum de brûlots sur le créneau de 45 minutes qui leur est alloué. Pour conclure, le trio se lance dans une reprise du “The Stroke” du vieux classic rocker Billy Squier, et on sent qu’ils en ont encore sous la pédale. Mais le public en a eu pour son argent, et pour la santé de tous il faut savoir dire stop… Une jolie claque.

[Lowrider]
On gagne ensuite la Main stage avec une certaine appréhension. Pour beaucoup d’entre nous, le “Ode To Lo” de LOWRIDER a été un album majeur des débuts du stoner lors de sa sortie en 2000, un album trop hâtivement considéré comme du sous-Kyuss et qui, plusieurs années plus tard, est devenu l’album référentiel qu’il méritait depuis le début. Sauf que le groupe s’était séparé depuis une décennie… L’annonce de son retour sur les planches à l’occasion de ce Desertfest fut clairement l’un des principaux motifs de notre venue en ces murs, pour voir de quoi sont encore capables nos quatre suédois… Première surprise : ils ne sont pas si vieux qu’on le pensait ! On avait oublié que les lascars étaient à peine âgés d’une vingtaine d’années lorsqu’ils ont pondu cette petite bombe. Même si les cheveux ont raccourci, les bonhommes ont l’air en forme. Et lorsque, très logiquement, le combo entame “Caravan”, le fracassant titre introductif de “Ode To Lo”, la boucle est bouclée et la magie peut opérer. Le public se retrouve noyé sous une chape de fuzz plombée et ne se relèvera pas de l’heure de concert. En enchaînant “Dust settlin'” et le virevoltant “Flat Earth” le groupe gagne la confiance du public, qui n’a plus de doute quant à la capacité de Lowrider à se réapproprier son passé. Tandis que le bassiste / chanteur Peder Bergstrand, tout sourire, semble s’éclater le plus, ses copains gratteux sont plus concentrés sur leur jeu (compréhensible après tant d’années d’inactivité). Disposant d’une discographie restreinte, au milieu de son set le groupe décide de se reposer un peu sur son fabuleux split (plus Kyuss-ien, lui) avec Nebula en déterrant trois titres sur quatre (“Lameneshma”, “The Gnome, the Serpent, the Sun” et “Shivaree”), et même à un titre sorti sur une vieille compil’ Meteorcity (“Ol’ Mule Pepe”). Ces morceaux qui n’ont pas pris une ride restent moins connus, mais semblent tout aussi appréciés. La fin du concert s’appuie sur une belle doublette composée de l’irrésistible “Convoy” et du définitif “Ode To Lo”. Cette rasade de pur stoner, cette démesure de fuzz, est clairement une bouffée d’air frais dans le paysage musical actuel. Même s’il n’avait pas l’assurance scénique de ces groupes qui ont arpenté les scènes depuis des années, Lowrider a prouvé avec ce concert de reformation toute sa pertinence musicale en 2013… et les années futures, on l’espère !

[Naam]
On repart en transhumance vers le Foyer pour se payer une bonne tranche de NAAM juste après en avoir pris plein la gueule avec la première reformation à se produire ce deuxième soir. La formation de la Grosse Pomme n’est pas encore montée sur scène que déjà l’espace congru devant la petite scène est pris d’assaut par les inconditionnels du quatuor hypnotique. La salle frise la saturation comme ce fut le cas presque deux heures auparavant avec HOBP. Le synthé se fait clair et, dans la pénombre, les sorciers de Naam ensorcellent les corps qui ondulent dans une atmosphère propice à toutes les addictions. Les vocaux collent aux riffs et à la rythmique avec une lourdeur incroyablement bien foutue qui donne à cette prestation à peine éclairée un rendu proche de la coulée de lave : jubilatoire. A peine le temps de regarder sa montre pour s’apercevoir qu’il est presque Dozer et hop direction la Main stage.

[Dozer]
Deuxième tête d’affiche suédoise à s’être reformée pour l’occasion ou presque, DOZER débarque sur scène pile à Dozer [On espère que vous appréciez le comique de répétition…]. Très excités, nous assistons à un show très traditionnel livré par le quatuor de Borlänge. C’est un peu comme si ces garçons n’avaient jamais cessé de tourner ensemble à quelques détails près. Il faut dire que ça faisait un bout de temps que nous n’avions pas eu le plaisir de les voir se produire sur scène étant donné que le groupe était en hiatus afin que ses membres se consacrent à d’autres projets (comme s’il y avait autre chose que le musique en ce bas monde…). Tommi se produit régulièrement avec son autre groupe – Greenleaf – mais pas de Dozer à l’horizon depuis un bout de temps. Nous n’étions visiblement pas les seuls à attendre ce come-back vu l’accueil qui fut réservé par le public à ce groupe énorme qui n’a jamais eu le succès mérité du temps de son activité régulière. Qu’importe, c’est avec leur décontraction habituelle que Fredrik, Tommi, Johan et Olle investissent les lieux pour un concert aussi bref qu’efficace. En une heure, les Suédois nous gratifient de plusieurs standards de leur répertoire : “Rising” et “Supersoul” sont toujours redoutables sur scène même si Frederik peine parfois sur certains refrains catchy : l’intensité est présente et putain le bien que ça fait ! Placé devant un dilemme existentiel, Dozer a pioché dans l’intégralité de sa discographie pour offrir un show de toute grande classe et certains titres dont “Until man exists no more” ont fait les frais de cette sélection ciblée en fonction du timing serré du format festival. Qu’importe, en balançant un “Big sky theory” de toute beauté, le groupe a totalement rempli sa mission et le riff répétitif de ce morceau énorme a tourné dans la tête des aficionados bien des heures après que le groupe eût quitté la scène de l’Astra. Espérons que maintenant qu’ils sont décrassés, ils reprennent goût à cet exercice qui leur va plutôt bien et qui pourrait s’avérer plus payant que par le passé vu le regain d’intérêt actuel autour du heavy rock.

[Cough]
Après la pêche de Dozer, et après tant d’émotions sur cette seconde journée, on regagne la petite scène Foyer un peu sur les genoux, avouons-le. Quand les américains de COUGH lancent leur premier accord de gratte, on comprend qu’il va falloir changer d’état d’esprit très vite. Cough, c’est du doom pur jus. En gros, un riff de Cough, c’est 3 accords différents, joués chacun 5 ou 6 fois d’affilée avant de passer au suivant. Le tout dans un tempo apathique, bien sûr, et baignant dans un cloaque sonore dont émergent occasionnellement les vocaux hantés de leur bassiste Parker Chandler. Est-ce cliché ? Oui, un peu. Est-ce que c’est nul pour autant ? Non, au contraire, ça marche bien. Dans le genre, on peut même dire que le combo, signé chez Relapse, fait référence. Scéniquement, le bât blesse un peu en revanche : portés par des lights monochromes statiques, noyés dans une fumée permanente, le groupe se contente en gros de hocher penaudement de la tête au rythme de leurs titres… faut dire qu’à ce tempo, on peut pas prétendre à un furieux headbanging ! Le public, tassé contre la petite scène, se laisse emporter par vagues sur les rythmes des chansons du groupe. Bref, même si son positionnement apparaît quelque peu atypique sur cette journée, Cough assure bien et s’en sort avec les honneurs dans des circonstances pas évidentes.

[Unida]
La tête d’affiche de ce second soir revient à UNIDA, et quiconque a assisté à la première minute de leur set comprend pourquoi : l’électricité crépite littéralement dans l’air lorsque le trio instrumental monte sur scène, dégaine quelques riffs introductifs, puis s’engage sur l’intro du groovy “Wet pussycat”, permettant au maître Garcia de faire son entrée. Avec un mid-tempo, le quatuor californien a mis tout le public dans sa poche. Le tempo ne décolle pas vraiment avec les titres suivants, tous issus de l’album “maudit” de Unida (album jamais sorti officiellement, rappelons-le, mais dont tout le monde connaît les titres par cœur, ça saute aux yeux – ou aux oreilles – ce soir !) : “Thorn”, “Summer”, “Stray” s’enchaînent et montrent qu’il ne suffit pas d’appuyer sur l’accélérateur pour plaire au public. Scéniquement, Garcia, comme à son habitude, est plutôt introspectif, il assure le minimum vital, ni plus, ni moins. Arthur Seay est plus sobre dans le contexte Unida que dans son combo HOBP vu quelques heures plus tôt, il assure ses leads et ses rythmiques avec l’attitude qu’on lui connaît, mais plus discret néanmoins. Quant à son neveu Owen au look improbable à la basse, on voit qu’il n’a pas eu son poste simplement par piston : il assure bien ! Un peu introverti au début, il se lâche un peu plus scéniquement sur la fin, rien de transcendant néanmoins. Quant à Mike Cancino, toujours coincé derrière sa batterie, il se démène comme un cinglé, et tente sans arrêt de communiquer (difficilement vu sa position) avec le public. A l’image de Lowrider plus tôt sur cette même scène, Unida n’a pas le luxe de disposer d’une discographie énorme, ils vont donc chercher ici ou là un peu de variété dans leur set list, à l’image de ce “Red” issu de leur cultissime split avec Dozer, ou ce “Nervous” issu de leur première production chez Man’s Ruin. Le milieu de leur set est ensuite à nouveau composé de titres issus de leur plus récent album, avec notamment un coup d’accélérateur donné avec “Puppet man” (ou “Coffee song” pour les puristes) et le furieux “M.F.N.O.”, judicieusement séparés par le chaloupé “Last day”. Le rappel est constitué des pêchus et expéditifs “Dwarf it” et “Black woman”. Garcia salue et applaudit le public avant de quitter la scène discrètement. Il peut être fier du travail accompli : c’est fait, et bien fait.

[Belzebong]
C’est presque encore en érection, que les mordus du stoner quittent la grande salle pour réinvestir le foyer et ses ambiances minimalistes. Le premier groupe a jouer après les têtes d’affiche estBELZEBONG. Malgré l’heure tardive – il est allégrement plus d’une heure trente du matin – et le nombre de titre entendus, le public est encore présent pour ces Polonais bien déjantés qui nous ramènent encore une fois sur des rivages bien glauques et lancinants. On est dans le genre un peu stoner rock bien heavy et beaucoup doom : c’est furibard et lent à souhait. Les nuques semblent engourdies dans un headbanging et ça ne pogote plus devant la petite scène. La noirceur s’est emparée de la salle pour un set instrumental massif et carrément ravageur. Entre ces mecs et Blues Pills il y a un océan et pourtant personne ne semble choqué de voir ces deux formations se produire le même jour dans le même festival, qu’on pourrait considérer à tort comme plutôt sectaire en ce qui concerne son ouverture musicale. Nous croisons encore devant la scène d’autres ravagés du bulbe qui se la sont donné autant pour ce set furieux que pour ceux interprétés par les artistes plus psychédéliques de la soirée.

[Danava]
Nous allons ensuite nous balader au merch, taper la conversation avec quelques artistes (car le Desertfest ce n’est pas que deux scènes, mais aussi des espaces dédiés à des graphistes et à des réalisateurs) puis retourner fumer (ou pas, car 50 % seulement de l’équipe Desert-Rock est fumeuse) et on revient du côté de la petite scène. Nous y constatons avec joie que le type qui s’est gouré lors de son achat de billet d’avion est désormais dans la place, et que le soundcheck / change over / linecheck touche à sa fin. Ses camarades sont aussi là et ils ont l’air en forme malgré le nombre d’heures enquillées sur les lieux pour un show initialement prévu dans l’après-midi et qui prend place du côté de deux heures trente du mat ! Jan, le DJ qui anime les aftershows, a du coup été déplacé dans le Theatre Bizarre car c’est au tour de DANAVA de finalement se produire sur la plus petite des deux scènes. Cette seconde formation originaire de Portland à jouer ce jour-là ramène un peu de vigueur après le doom entendu précédemment. Artistes à la dégaine et au look improbable de hardrockers eighties, les mecs de Danava véhiculent une image assez conforme au style musical dans lequel ils s’illustrent : un bon gros rock daté bien heavy et redoutable sur scène même au petit matin. Le public – qui s’est quand même un peu réduit depuis la fin de Unida – réserve un accueil chaleureux à Danava qui clôt de belle manière cette deuxième journée (nuit ?) berlinoise. Nous rangeons nos appareils, nous tapons une belle tranche de rigolade en voyant les corps enchevêtrés et endormis dans l’antichambre de l’Astra et regagnons notre hôtel pour une nuit bien méritée, après avoir assisté à la journée la plus importante en ce qui concerne le nombre de concerts proposés d’affilée lors de ce festival.

Photos : Chris & Laurent
Chris & Laurent
Deux de vos chroniqueurs s’étaient filé rendez-vous pour l’édition 2013 du Desertfest de Berlin. Ce second volet, du festival dédié au Dieu stoner et à ses saints, proposait une affiche qui envoyait le bois et il aurait été criminel de ne pas s’y rendre. Outre de la musique, nous avons aussi rencontré des organisateurs aussi sympathiques qu’efficaces, un public génial au sein duquel on entendait souvent parler français et une ambiance bon enfant fort conviviale. Après s’être attrapé dans un des aéroports de la capitale allemande, nous avons rapidement rejoint l’ouest berlinois dans l’ex-secteur étasunien.
En arrivant dans les parages de l’Astra, on comprend petit à petit que l’ambiance de ce Desertfest s’annonce excellente. Situé en bordure du Kreuzberg, quartier jeune et branché de Berlin et ex-haut lieu des mouvements alternatifs teutons, il se côtoie aux abords de la salle une mixité de cultures assez ahurissante. Le lieu du festival est planté au milieu d’une ancienne zone industrielle en friche qui est taguée jusqu’au moindre centimètre carré. En rentrant dans les lieux encore vides en début d’après-midi (le festival ouvre ses portes dans quelques heures), le potentiel de cette structure est évident, et tout a été prévu par l’orga pour ravir les fans de stoner qui commencent à s’amasser gentiment devant les portes, en cette radieuse journée berlinoise…

[Satellite Beaver]
Après avoir échangé avec le staff du festival et s’être baladé un moment du côté de l’East Side Gallery qui est à un jet de pierre de l’Astra, c’est muni de nos kits de rockporters que nous nous sommes repointés dans le périmètre du festival pour SATELLITE BEAVER qui avait l’honneur d’ouvrir ce festival. C’est en voisins que ces Polonais ont fait le déplacement et c’est sur la petite Foyer Stage qu’ils ont envoyé la poudre devant un public quelque peu clairsemé en cette fin d’après-midi. Pratiquant un style bien bourrin, le quatuor entraîne cependant rapidement le public à secouer sa nuque. Il faut dire que les gros lourds qui étaient déjà présents nattendaient que les premiers accords pour hocher du chef emmené dans leur folle danse par des musiciens visiblement présents pour se faire plaisir. Le style DIY de la petite scène allait comme un gant à ce combo actif dans un registre qui se laisse parfois aller à quelques plans fuzz dans leurs compos bien sludge. Même si le soleil brillait encore sur Berlin à l’heure à laquelle le groupe s’est produit, c’est bien à lui que nous devions la température tropicale qui régnait dans la salle durant un set suintant la testostérone que le frontman, Szymon, finit torse nu en vociférant dans son micro.

[Samsara Blues Experiment]
Après presque trois quarts d’heure de gros son, il était temps de se diriger vers la grande scène Main Stage pour le premier concert qui y était donné. Il est nécessaire ici de préciser que ce festival offre la possibilité de voir l’intégralité des shows en programmant les groupes sur ses deux scènes sans que jamais ceux-ci se télescopent et en laissant aux spectateurs le loisir de tirer sur une clope, un joint ou de se tirer une bière entre les deux espaces dédiés à la musique qui ne sont distants que de quelques dizaines de mètres. Il revenait aux Allemands aux longs cheveux deSAMSARA BLUES EXPERIMENT l’honneur d’offrir la première prestation sur la grosse scène. Loin de pratiquer un chauvinisme à deux balles, l’organisation a avant tout visé l’efficience et nous regretterons deux jours plus tard le fait que My Sleeping Karma ne se produise pas dans ce même espace. Le quatuor berlinois qui jouait à la maison avant de se rendre au Desertfest londonien, nous livra un concert dans la lignée de ses prestations habituelles. Un gros voyage cosmique empreint du psychédélisme de Pink Floyd et le public a immédiatement été réceptif au set aérien des allemands. Si nous avions déploré par le passé le côté statique des shows de SBE, il faut bien avouer que désormais Christian (guitare et chant) et Richard (basse) s’ingénient à faire juste ce qu’il faut de show pour contrebalancer la rigidité de l’impressionnant Hans à la seconde gratte et la disparition régulière de Thomas derrière ses fûts. Cette première incursion en terres tripées avec juste ce qu’il faut de couilles pour ne pas verser dans les plans de hippies – “Into The Black” étant la meilleure illustration de cette bicéphalie – a convaincu une bonne partie du public ainsi que nous-mêmes qui nous tirions le sourire aux lèvres assister au prochain concert.

[The Shrine]
On change de ton assez vite quand THE SHRINE se pointe sur la scène du Foyer. Les californiens ont laissé leur skate au vestiaire et déboulent sur scène pour en découdre ! Après les volutes plutôt psyché de Samsara Blues Experiment, le choc est violent : le trio de furieux enclenche pied au plancher et leur mélange de stoner punk au son bien gras met un peu de temps à conquérir un public qui n’était clairement pas dans cet état d’esprit musical quelques minutes plus tôt. Mais petit à petit, les riffs rèches dégainés avec hargne par Josh Landau gagnent tout le public qui se retrouve massé près de la petite scène, où l’atmosphère devient suffocante. Le chanteur/guitariste déjanté, au look de hard rocker 80’s (veste à patch sans manche, Flying V old school…) ne se ménage pas et beugle ses couplets comme un furieux. Au croisement de Black Sabbath, des Ramones, des très anciens Suicidal Tendencies (pour l’esprit punk hardcore mêlé aux shreds de furieux), ou encore de Valient Thorr, The Shrine a de quoi plaire à beaucoup de monde ! Cet esprit garage débridé finit par emporter l’adhésion d’un public qui aura trouvé ici un défouloir bienvenu en fin d’après-midi…

[Victor Griffin’s In-Graved]
Une clope, un truc pour étancher la soif et nous revoici du côté de la Main Stage pour la première tête d’affiche véritable de ce festival : VICTOR GRIFFIN’S IN-GRAVED ! Nous avions apprécié les premières aventures solo de l’ex-contributeur de Pentagram et Place Of Skulls, et c’est avec pas mal d’impatience que nous attendions de considérer de visu ce que donnait ce nouveau projet sur lequel nous ne nous étions pas encore penché avec le sérieux nécessaire (nous ne sommes pas des gens sérieux). Première bonne surprise : nous croisons Guy Pinhas, le frenchie omniprésent dans le monde stoner (Acid King, Goatsnake, Thorr’s Hammer, etc…), qui s’apprête à nous balancer un bon gros son de quatre-cordes. Même si ce nouveau projet n’est pas ce que nous qualifierons comme étant du stoner pur sucre, le public adhère rapidement au style déployé par le bonhomme et par son band. Les lignes de keyboards donnent une patine très appréciable aux compositions très hard rock que Victor Griffin et ses acolytes ont envoyé sur scène. Si certaines compositions présentes sur le premier opus sorti fraient dangereusement avec le rock fm, il n’a pas été question durant ce set berlinois de mièvreries, mais bel et bien de bon gros rock bien lourd comme il faut. L’affluence en fin de journée – ouais plutôt au cœur de la nuit en fait – sur le stand merch où Victor vendait sa came nous fit remarquer que nous ne fument pas les seuls a être emballés par ce nouveau projet qui fait parler la poudre. La deuxième surprise du concert a résidé dans la monté sur scène de Ron Holzner (Trouble, Place of Skull, Debris, Inc.,…)– qui est aussi présent sur le disque par ailleurs – pour un titre. Beau boulot que cette prestation dont le point d’orgue fut “Love song for the dying” une sorte de power ballad sur disque et un gros déluge bien bourrin sur scène.

[Dÿse]
Changement de paradigme avec DŸSE qui investit le Foyer quelques minutes après l’orgasmique prestation de Victor Griffin. Ces deux lascars œuvrent dans un registre pas très éloigné de celui des Cyborgs. C’est un gros fourre-tout sonique quelque part entre le garage rock et le heavy. Les Teutons s’illustrant entre les deux grosses pointures de ce premier jour à l’heure où le public avait envie de prendre des munitions pour Pentagram, de pisser ou de croquer un moreau, ce ne fût pas l’émeute devant la scène pour leur show qui contrastait assez avec le reste de l’affiche de ce festival. Bref nous avons assisté à un concert pas franchement mal foutu, mais qui ne nous marqua pas spécialement en regard de ce à quoi nous avons assisté durant ces trois jours de jouissance pour nos oreilles.

[Pentagram]
Place à la tête d’affiche incontestable de cette première journée du DesertFest, avec PENTAGRAM qui monte sur scène de manière quasi-cérémonieuse. On constate d’abord l’absence annoncée du vétéran Victor Griffin, qui s’est détaché du ‘Ram depuis quelques mois pour se concentrer sur sa carrière solo (voir chronique plus haut), remplacé par un petit jeune, Matt Goldborough. L’instru de “Day of reckoning” commence, et le maître de cérémonie Bobby Liebling monte sur scène de manière théâtrale, pour lancer un “Forever my queen” assez réussi. Dire que le bonhomme est très en voix serait un peu abusif : à 60 balais, tenir la scène comme il le fait tient déjà de l’exploit… Et puis Pentagram n’a jamais été connu pour la performance vocale de Leibling, mais plutôt pour sa prestance, son charisme et ses vocaux hantés. Et pour ça, on en a pour notre argent ! Maquillé, le cheveu gris hirsute, doté d’une chemise d’un ancien temps, il fait le job sans problème. Difficile d’en juger sur les derniers titres (nous avons noté au minimum 2 morceaux issus de leur “Last Rites” de 2011 – “Turning to night” et “Treat me right”), mais sur les grands classiques du groupe, on a beau noter le vocaliste un peu à la peine pour tenir les notes les plus longues, il n’en démérite pas pour autant : sourires, grimaces maléfiques, danses improbables… Le show est au rendez-vous et le public s’éclate, le sourire jusqu’aux oreilles. Le petit nouveau assure bien à la gratte, sachant qu’il n’a que 2 ou 3 concerts maxi dans les pattes, nous n’avons pas noté de pain… Avec si peu d’expérience, on ne le comparera pas au père Griffin, mais il fait le job, tout comme ses collègues à la rythmique, qui se la donnent bien. Lorsqu’au rappel Leibling s’engage dans le plutôt rare “Be forewarned”, le public est plutôt déstabilisé, mais la doublette de classiques “Sign of the wolf” et “When the screams come” termine ce concert de haute volée.

[Lonely Kamel]
Le sourire aux lèvres, le public s’engage vers la scène Foyer pour un dernier set pour la soirée, celui de LONELY KAMEL. Les norvégiens avaient annulé leur participation au Desertfest de l’an dernier en dernière minute, pour cause de maladie, et ils montent sur scène en cette fin de soirée en sachant qu’ils ont une revanche à prendre. Dotés d’une expérience scénique remarquable, le quatuor scandinave à la pilosité faciale affirmée envoie effectivement le bois. Avec une sorte de stoner psyche bien puissant, nappé de hard rock 70’s un peu bluesy parfois, le combo maîtrise son set à la perfection. Alors que le bassiste Stian n’est pas le plus expansif, à l’image de Thomas qui doit en plus assurer les vocaux, Lukas, lui, se la joue guitar hero et se lâche bien sur le côté droit de la petite scène. Le tout est tour à tour nerveux et enlevé, les passages plus planants succèdent aux riffs bien péchus. Le chant de Thomas, profond sans jamais sonner trop guttural, apporte un relief important aux morceaux. Au final, le set déchire bien, et nous pensons que si la fatigue cumulée de la journée ne nous avait pas pris en traître, on aurait encore plus apprécié. Un groupe à revoir au plus tôt sur scène, et en tout cas une excellente clôture pour cette journée qui a tenu toutes ses promesses.

Photos : Chris & Laurent
Chris & Laurent
Incertain jusqu’à la dernière minute, je me suis finalement dit que cette dernière date de la tournée « Stoner Rise », réunissant 3 des groupes préférés de Desert-Rock, méritait probablement les quelques centaines de kilomètres qui séparait mes cages à miel de leurs amplis ronflant…
Après quelques heures de route, je suis satisfait d’arriver à l’heure pile prévue pour l’ouverture des portes… pour découvrir Loading Data déjà sur les planches ! « Ca a commencé il y a un gros quart d’heure », me dit le mec à l’entrée… Tu parles ouais ! Les boules… Me reste une poignée de titres pour me mettre dans l’ambiance, pas idéal ! En tout cas, le groupe est déjà en sueur et le public semble apprécier. Un public pas énorme malheureusement (moitié de la salle remplie, dirais-je), sans doute dû à ce démarrage anticipé ! Il m’a semblé arriver sur un titre de leur précédent album (« Circus Me » je crois, en mettrais pas ma main au feu, vu comme j’étais énervé…), un nouveau titre bien sympa (ayant acheté l’album le jour même, je le connaissais pas encore, donc désolé pour la set list bancale !), un autre titre ancien (« Alarm me »), un ou deux morceaux bien cools qui m’étaient inconnus… Bref, du tout bon ! Lo bien sûr se la joue à fond : on peut pas lui enlever ça, il est pas là pour faire de la figuration, et sa voix profonde, grââââve sert à la perfection la musique si particulière du combo. Ses collègues assurent aussi velu : Julien est probablement le plus calme, avec son look de dandy cool à peine moins guindé que Troy Van Leeuwen, il assure bien, tout comme Louise à la basse, qui pourrait se satisfaire de se la jouer cool, jolie et branchée en retrait au fond de la scène, mais qui pourtant se la donne à fond comme les autres ! Bref, même si mon expérience fut tronquée, j’ai vraiment trouvé Loading Data super carré et assez efficace ce soir, j’ai été agréablement surpris. Et quand Lo invite tous les autres groupes à le rejoindre sur scène sur l’un de leurs titres les plus cools, le fameux « Do it on the beach », on commence à comprendre que cette soirée ne va pas être comme les autres… Reuno et Julien (respectivement chanteurs de Mudweiser et 7 Weeks) ne se font pas prier pour venir onduler derrière les micros et hurler les chœurs, vite rejoints par Jay, le bassiste de Mudweiser.

Pour éviter l’inexorable couvre-feu, les groupes doivent non seulement jouer des sets plutôt courts (50 min approx par groupe) mais aussi débarrasser la scène au plus vite pour les copains. Si bien que j’ai à peine le temps de serrer quelques paluches que déjà les lumières s’éteignent pour laisser place à Mudweiser. Et je n’étais pas au bout de mes surprises. Déjà, l’ambiance a changé : le public s’est retrouvé tassé, la salle remplie quasiment (mais d’où sortent-ils tous tout d’un coup ??), et s’est bien massé sur le devant de la scène (y compris la viande soule, premier choix of course). On a pris 10 degrés d’un seul coup. Et sur scène, pareil : autant j’aime bien Mudweiser sur album, autant sur scène, c’est carrément un autre niveau. L’énergie dispensée est assez incroyable, il y a une connexion avec le public dont peu de groupes peuvent se targuer. A l’évidence, 80% de cette connexion tient sur l’éminente sympathie générée par Reuno (hurleur chez Lofofora pour ceux qui suivent pas au fond de la classe) : ce mec apparaît sympathique, jovial, blagueur, charismatique… Pas une once de prétention, en plus, et par ailleurs une paire de cordes vocales en béton armé qui assurent le job mieux que quiconque. Le furieux Jay à la basse virevolte lui aussi dans tous les sens, et se pose là pour montrer que Mudweiser n’est pas que le groupe de « Reuno de Lofo ». La moiteur qui émane des amplis pleins de sludge, associée aux corps en sueur qui se massent contre la scène rendent l’ambiance torride comme une nuit d’été en Louisiane ! Dans l’ambiance un peu enivrante, il m’a même semblé que le groupe commençait par 3 ou 4 titres du nouvel album… en réalité les premiers, dans l’ordre de l’album ! Pourquoi s’emmerder à tout mettre dans le désordre après tout ! Après un court passage par leur premier méfait (« Missing in action ») « Witch song » fut un bon exemple d’un bon titre sur album, qui devient un gros titre sur scène… Bref, super set, super ambiance, rien à dire.

Même rapidité pour préparer la scène pour 7 Weeks qui a la lourde tâche de clore la soirée. Ni une ni deux, le groupe prend la scène, et en entamant par l’un de ses titres les plus directs, « Acid Rain », le quatuor donne le ton : ils sont pas là pour nous conter bluette ! Pied au plancher, ils passent au plus heavy « Carnivora », plus chiadé aussi niveau son, et ça marche aussi. Même si le look classos de Manu Costa au synthé détonne un peu par rapport aux rockers pouilleux qui ont défilé sur scène toute la soirée, l’apport de claviers sur certains titres s’avère efficace pour retranscrire certaines sonorités qui désormais font partie du son de 7 Weeks. Par ailleurs, le bonhomme n’hésite pas à prendre la basse de Julien lorsque ce dernier s’empare d’une seconde guitare pour épauler Florian, l’autre impeccable bretteur du groupe. Boosté par une mise en son pêchue (et laissant peu de place à la subtilité, ce qui aujourd’hui n’est pas un mal), les vocaux hargneux de Julien fonctionnent impeccablement en live. Bien confiant dans la qualité mastoc de son dernier album, le groupe compose l’essentiel de son set d’extraits de ce dernier, ce qui fonctionne bien, à l’image des efficaces « Diary – Day 7 » ou encore « Let me drown ». Plus impressionnant encore, cette impression d’une belle machine live, un groupe d’une efficacité remarquable, carré au plus haut point… Quand sur la fin le groupe invite tous ses potes des 3 groupes sur « Loaded » (extrait de « All Channels off »), c’est jouissif : le titre reste même étonnamment écoutable et reconnaissable, quand on considère que sur cette scène de 10m² environ évoluent tout simplement TOUS les musiciens de la soirée (je ne crois pas en avoir oublié), qui au micro, qui à la basse, qui au tambourin, les autres à danser comme des fous et à s’embrasser sur scène, avec un Florian en slip…

Manifestement, tout le monde est méga heureux d’être là, et toute la soirée ils n’ont eu de cesse de répéter leur tristesse de voir cette tournée s’arrêter ! A en voir l’émotion sur ce final et tout au long du set, et en ayant été témoin de la qualité de ces trois prestations, je n’ai aucun mal à imaginer les bonnes soirées passées par tous les groupes impliqués. Félicitations à eux.
Laurent
Encore une fois, dans cette région où il ne fait pas bon être rocker, c’est le Celtic Pub, à Tarbes, qui sauve l’honneur, en proposant une double affiche de haut niveau.
Notons que l’audace paye, ce soir : le petit bar est blindé lorsque j’entre sous les déflagrations sonores de Whisky & Weed. Le groupe de locaux n’est manifestement pas venu seul, et il semblerait qu’une bonne part de l’affluent public soit composé de potes à eux… Ca ne fait qu’ajouter à la bonne ambiance qui règne dans le sympathique bar ce soir. Dans tous les cas, la musique du combo prête à la bonne humeur tout simplement. Pendant presque une heure, le groupe enquille ses titres de manière assez robuste. Son stoner rock somme toute assez classique fait mouche, c’est carré, c’est plaisant, ça fonctionne bien.

En toute franchise, le groupe gagnerait à affirmer un peu plus son identité, car les influences sont assez pointues. Lorsqu’au milieu du set on entend un morceau largement inspiré du « Odyssey » de Kyuss, on est presque mal à l’aise (c’est peut-être un hommage ou une réinterprétation ?). Même si la musique du groupe se place dans une tendance plus rock’n’roll, on aimerait qu’il force encore un peu le trait au niveau des compos. Mais au final pas grand-chose de négatif à mettre au crédit de ce groupe vraiment sympa, pas trop prétentieux, qui assure un concert bien fun.
Après quelques dates « sudistes » (Espagne et Sud Ouest de la France), Mars Red Sky a eu la bonne idée de poser ses amplis en terre bigourdane sur le trajet du retour chez eux. Le groupe a acquis ces derniers mois / années une expérience scénique importante, foulant les planches de festivals prestigieux, de salles importantes, et de clubs divers un peu partout en Europe. Lorsque Julien commence à faire ronronner ses pédales d’effet et que Jimmy commence à lentement faire vrombir sa basse, une douce torpeur envahit le Celtic. Cette intro instrumentale permet au groupe de récupérer l’attention d’un auditoire toujours bien fourni, et de poser la première brique d’un set massif, fluide et varié à la fois. Même si le groupe ne dispose pas d’un temps de jeu énorme (couvre-feu !) il met à profit cette petite heure de décibels pour roder quelques nouveaux titres (probablement de ceux qui figureront dans leur prochain EP). Difficile, noyés au milieu d’un set très ambiancé, de jauger déjà de leur potentiel « infectieux » sur vinyl, mais le feeling est excellent, et il me tarde déjà de les ré-entendre plus posément. Le trio n’oublie pas pour autant d’injecter quelques uns de ses classiques, et notamment les superbes « Curse » et « Strong Reflection », hantés par les vocaux aériens de Julien.

Derrière le duo de cordes, Matgaz martèle ses fûts avec force et légèreté à la fois, dans une sobriété de jeu qui dissimule à peine la technique impressionnante et la subtilité du bonhomme. Concentrés sur leurs instruments, Mars Red Sky tisse une trame musicale envoûtante, maîtrisée, dans un style affirmé. Si bien que le set déroule sans heurts et surtout sans que l’on ne voie le temps passer. Une petite parenthèse de plaisir musical.
Bravo encore le Celtic pour avoir pu proposer une affiche stoner de si bonne qualité.
Laurent
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