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Je ne préfère pas m’attarder sur le fait que j’ai raté le set de 7 Weeks. Coller l’unique groupe français vaguement assimilé stoner sur le premier créneau horaire de tout le festival, reconnu sinistré par avance (arrivée des festivaliers, parkings, bracelets, campings, etc…) n’a pas été selon moi faire un grand honneur à la bouillonnante scène musicale française. Conséquence directe : je ne connais même personne qui ait pu les voir… Passons.
Du coup, le premier groupe intéressant de ma première journée aura été BISON B.C.. Les potes de Black Cobra ont été les bénéficiaires collatéraux de l’annulation sournoise de High On Fire, et se retrouvent ajoutés en catimini à l’affiche. Ben on va pas s’en plaindre ! Parce que ce qu’on a sous les yeux (et dans les cages à miel) est bien sympathique ! Les quatre gaillards prennent la scène en lançant une longue intro instrumentale, avant que les deux gratteux Dan et James ne nous fassent goûter l’un et l’autre de leurs suaves vocalises, plus proches d’un porc égorgé que de Chantal Goya. Fort regrettable, le groupe ne s’est quasiment jamais présenté au public ! Alors que la plupart des festivaliers se baladaient avec un running order où ils ne figuraient pas encore, ils auraient gagné à faire connaître leur nom ! Néanmoins, Bison cartonne bien, et la scène initialement à deux tiers pleine gagne quelques spectateurs en cours de route (les esprits chagrins mettront ça sur le dos d’une violente averse qui aura incité les personnes aux alentours à se réfugier sous l’accueillante tente…). Pour ma part je mettrai ça au profit de l’énergie du combo, qui balance ses morceaux bien heavy en pleine face d’un public agréablement surpris. Bon set, qui se termine par un cassage de basse en règle par Masa Anzai, qui offre les restes de son instrument à un public qui n’en demandait pas tant. Bien bien.
Je passe par la tente plus “extrême” (Altar / Temple) pour aller jeter un œil aux doomeux HOODED MENACE. Noyés par un épais nuage de fumée, les zicos ultra statiques jouent baignés d’une lumière rouge et blanche, occasionnellement animés d’un déplacement musculaire (un spasme ?). Leur doom ultra lent porté par les vocaux death gutturaux de Lasse me laisse finalement assez froid. Assez ridiculement affublés des capuches de leurs… sweat-capuches (“hooded”… quelle honte…), les finlandais m’en touchent une sans bouger l’autre et je quitte la tente au bout de trois morceaux.
BLACK COBRA prend la suite sous la tente “Valley”, et pour rien au monde on ne raterait les nord californiens, toujours de bons clients. Scéniquement toutefois, le duo n’a jamais cassé trois pattes à un canard unijambiste. Faut dire qu’assurer un set avec juste deux instruments ne permet pas vraiment de faire ce qu’on veut sur scène, mais le groupe devrait quand même faire un effort pour communiquer un peu plus avec le public. Factuellement, on se retrouve comme d’hab avec un Jason Landrian planté derrière son micro, toujours invisible derrière son mètre-cube de cheveux, et un Rafa Martinez perché sur son kit de batterie surélevé, invisible du public, caché derrière des masses de toms et de cymbales. Un peu chiant, il est vrai… Cela n’empêche pas Landrian de cracher ses vocaux avec sa voix bien caractéristique d’écorché vif, même si la musique du duo est finalement largement instrumentale. La tente est bien remplie, signe que la réputation du combo, qui arpente l’Europe ces dernières semaines, commence à prendre. Les bonhommes déroulent leur set de gros sludge métallisé sur le créneau qui leur est imparti, et bouffent même cinq minutes de l’horloge en terminant par une petite furie de morceau qui achève le public toujours présent. Si le groupe à l’avenir parvient à plus communiquer une part de son énergie via son attitude scénique, il pourra gravir une marche importante derrière laquelle il stagne quand même depuis quelques années. Bon set néanmoins.
Rien de très excitant sur les autres scènes, on reste donc sous la Valley pour se préparer au set de BLACK BREATH, que l’on m’avait vendu comme une belle brochette de bourrins. Marchandise bien décrite en effet. Déjà en voyant les bonhommes monter sur scène, on se dit qu’ils ne sont pas là pour un défilé de mode : un chevelu maigrichon avec son tee-shirt débardeur moulant, un chanteur en survet-pyjama, un bassiste doté d’une tignasse rousse que l’on croirait animée d’une vie propre… On va se concentrer sur la zique, OK ? C’est bourrin, en effet, c’est très speed (ce qui nous change un peu de ce début de journée) et c’est en fait pas très excitant. Un peu déçu, je ne tiens que la moitié du set, et en profite pour aller voir ce qui se passe sur les autres scènes, notamment Deez Nuts, groupe de hard core dont on m’avait vanté l’originalité, et qui débite pourtant un classique NYxHC légèrement rappé. Bof.
On reviendra sous la Valley un moment plus tard pour PALLBEARER, un groupe plus connu en nos contrées musicales, sans pour autant être encore une valeur sûre : en effet, le groupe est encore jeune, et les américains n’ont pas effectué des tonnes de tournées en nos contrées. Mais pour l’heure, on ne boude pas notre plaisir : la musique du quatuor est sympa, une sorte de stoner assez heavy tendace doom, plutôt traditionnel. Malheureusement, le quatuor représente un profil moins excitant pour le visiteur lambda, et la tente est à moitié pleine seulement. De même, les présents apprécient, mais ne font pas non plus montre d’une frénésie remarquable : ça headbangue gentiment au son des riffs pachydermiques, mais pas plus. On n’attendait pas autre chose de ce groupe signé chez Profound Lore, un label qui accueille quelques références du doom traditionnel “à l’américaine” dont Pallbearer se revendique. Un bon concert au final, auquel une pointe d’excitation aurait rendu service.
Toujours d’affilée sous la Valley, les américains de BLACK PYRAMID sont officiellement là pour clôturer le trio des “black de la Valley” (Black Cobra, Black Breath et…). Le groupe ne s’emballe pas outre mesure de cet honneur et ils dégainent assez vite quelques cartouches qui capteront un public rapidement conquis (bon remplissage de la tente), qui ne cache pas son plaisir. Le trio évolue dans un stoner classique fortement teinté de doom, aux racines blues très présentes. Les titres sont variés, on ne s’ennuie pas, et les bonhommes savent jouer, même si ce ne sont pas des ressorts sur pattes en terme de jeu scénique… On a aussi l’occasion de voir Darryl Shepard (Milligram, Hackman…) sur scène, le bonhomme ayant intégré le groupe en tant que chanteur / gratteux l’an dernier, en remplacement de Andy Beresky. Ben ça le fait ! Le gars assure bien, ses soli impeccablement crasseux et ses vocaux légèrement dégueulasses (mais finalement bien maîtrisés) apportant tout le relief nécessité par la musique couillue du trio. Ca joue bien, ça sait faire tourner un riff, et les compos sont au niveau (on reconnaîtra quelques titres comme leur “classique” “Mercy’s Bane” qui fera bien headbanguer les premiers rangs). Darryl pètera une corde sur la fin du set, qu’il changera à l’arrache pendant que les deux autres font tourner un groove basse/batterie bien sympa, le tout avant de décocher un percutant “Bleed Out” (issus de leur dernier album) qui mettra tout le monde d’accord. Première très bonne surprise de ce festival !
Le temps d’aller se sustenter et c’est déjà l’heure de la tête d’affiche stoner de la soirée, et pas des moindres, car les légendaires SLEEP viennent faire trembler la Valley… En commençant par “Holy Mountain” (alors que “Sonic Titan” était prévu en ouverture) et en enchaînant sur “Dragonaut”, le trio annonce la couleur d’un set orienté lourdeur absolue. Comme on l’imaginait, Sleep oublie complètement l’existence de leur premier album, et construit sa set list autour de Holy Mountain et de Dopesmoker. Enfin, je pense qu’ils pourraient pisser sur leurs grattes pendant une demi-heure, on serait contents quand même, donc on ne va pas bouder notre plaisir ! Plaisir d’ailleurs qui apparaît largement partagé par Matt Pike ! Le bonhomme, torse nu, arbore un beer belly arrogant sur lequel il peut confortablement poser sa gratte (c’est plus sympa pour jouer de la poser à plat). Entre quelques taf tirées sur sa clope électronique, un sourire inamovible orne son visage sur la quasi-totalité du set, il fait plaisir à voir. On n’en dira pas tant de Cisneros, un peu plus “intériorisé”, la faute sans doute à quelques problèmes techniques (ou alors c’est juste un vaste chieur). Enfin, il serait stupide de se pencher sur ces préoccupations bassement terrestres alors que Sleep continue sa démonstration nocturne. Le trio joue bien, c’est tout ce qui compte : le son est bon (quelques passages un peu “flottants” au début ont été corrigés), les zicos retranscrivent bien les albums, les basses sont rondes et ronflantes comme on l’espérait, la voix de Cisneros est impeccable… Moi qui n’avais jamais vu Sleep sur scène, ce qui surprend le plus c’est la cohérence musicale sans faille de leur musique : leur modeste discographie constitue un ensemble massif dans lequel on peut piocher des titres un peu au hasard pour une set list réussie. Dont acte avec des titres comme “Aquarian” ou “From beyond”, par exemple… Dur dur aussi de construire un set sur la durée précise impartie quand la plupart des morceaux dure entre cinq et dix minutes… On présumera donc que le groupe s’est un peu laissé aller quand il entame le dernier segment du colossal “Jerusalem” alors que l’heure officielle de la fin de son set est déjà passée… Les gaziers ont peut être aussi légèrement ralenti le tempo pachydermique de leurs compos pour faire traîner le set ? Toujours est-il qu’on ne crache pas sur ce petit quart d’heure complémentaire. Excellent set.
Pour finir la soirée (ouais, on s’est levés tôt et on est plus tout jeunes), on va jeter une oreille distraite sur NEUROSIS. En toute franchise, depuis mon premier concert de ce groupe il y a 15 ou 20 ans, je n’ai jamais été emballé par sa musique, que j’ai toujours trouvée un peu stérile. L’énergie du groupe n’y est pour rien, il suffit de voir Scott Kelly (qui a pris une bonne dizaine de kilos depuis la dernière fois que je l’ai vu) ou Steve Von Till ce soir, ils sont bien dedans. Mais j’ai du mal à trouver quelque chose de chaleureux et séduisant dans cette musique. Au bout de trois titres qui me semblent encore identiques, je décide d’aller me pieuter tranquillement.
[A suivre…]
Photos : Laurent
Laurent
Deux jours après une date épique en format “petit festival”, la perspective de revoir Clutch cette fois en tête d’affiche sur sa tournée était séduisante. Et tant pis pour les quelques centaines de kilomètres supplémentaires consentis, rien n’arrête le rock’n’roll !! Arrivés au Krakatoa (une salle de l’agglomération de Bordeaux très sympa et de capacité conséquente – 1200 personnes au garrot), le taux de remplissage est pour le moins honorable (on dira plus de ¾ de la salle pleine), pour un groupe qui est en train de se créer une notoriété encore difficile à mesurer dans le pays. La soirée s’annonce sous les meilleurs auspices !
La première partie est assurée par les inconnus Mexican Morrissey. Le duo français, implanté à quelques encablures du lieu de concert de ce soir, éveille pour le moins la curiosité : un duo guitare (+ chant) et batterie, ça détonne. Les rythmiques saccadées défilent, et on a du mal à rattacher le groupe à une tendance musicale claire : post-rock par moments, on entend des influences punk ou hardcore ici ou là, avec des reflets pop, hard rock, etc… Sympa au début, mais honnêtement très répétitif passé le quatrième titre… Même si le duo est carré et joue bien (il nous informera que c’est seulement son troisième concert), quand on connaît la panoplie musicale infinie de la tête d’affiche de ce soir, on a un peu de mal à accrocher. Mais le combo est prometteur, et on se doit de féliciter l’organisateur de permettre ainsi à des groupes locaux de faire connaître leur musique au plus grand nombre.
Quand Clutch monte sur scène dans la pénombre, le public ne met pas trop longtemps à quitter le bar pour remplir copieusement la salle. Le quartette dégaine une triplette issue de sa dernière galette pour entamer les hostilités : “Earth Rocker”, “Mr Freedom” et “DC Sound attack”. Une approche un peu moins violente que deux jours plus tôt à Bilbao, mais qui met quand même les pendules à l’heure. Et la suite est à l’avenant : avec un sens de la modulation qui laisse pantois, Clutch oriente la tonalité de son concert vers quelque chose de furieusement rock, mais plus nuancé, plus groovy peut-être. “Profits of doom” prépare un peu à cette perspective, ainsi que “The Regulator” un peu plus loin, qui se retrouvent à nuancer un peu un passage composé, quand même, de “The mob goes wild”, “Book, saddle & go”, ou encore le féroce “Unto the breach” par exemple.
Le public, “à la bordelaise”, ne se laisse jamais complètement aller : ça slamme un peu ici ou là, ça sautille, ça sourit, ça headbangue un peu, l’ambiance est bonne, le plaisir est palpable… mais ça n’est jamais l’explosion que susciterait un concert de cette qualité devant un public moins “coincé” (désolé pour les bordelais, le mot est lâché). Illustration concrète : deux jours plus tôt, devant un public incandescent, “Crucial velocity” voyait un Neil cracher ses tripes dans son micro avec une violence rare, tandis qu’aujourd’hui, le même titre le voit faire preuve d’une férocité plus… “mesurée”. Influence indirecte d’une set list moins bourrine ? Groupe fatigué ? Alchimie avec le public plus difficile à trouver ? On pourrait se perdre en conjectures stériles, cantonnons-nous à profiter de ce set de superbe facture. Le groupe d’ailleurs, globalement, ne remet pas en cause ses habitudes scéniques : seuls Neil et Jean-Paul attirent les regards, l’un par sa dynamique de frontman désormais pleinement assumée, l’autre dans sa démonstration perpétuelle derrière les fûts. Tim et Dan, à peine effleurés par les lights, restent généralement dans l’ombre à regarder leurs instruments, concentrés, mais jamais froids ni désabusés : ils sont “dedans”, à leur manière.
La set list continue à dérouler dans ce soucis de variété constant : on a droit par exemple au classique “Big News (I)”, “Promoter (…)”, puis le superbe “Gone cold” en version acoustique ce soir aussi, toujours impeccable. La fin de set est une montée en puissance que l’on croit irrémédiable, avec “Crucial velocity”, donc, “Cyborg Bette” et… “Cypress grove” ! Encore un extrait du superbe Blast Tyrant, le cinquième de ce soir ! Une vraie preuve d’amour pour cet album au groove imparable. La conclusion de ce soir, tout aussi imparable, sera constituée du désormais inébranlable “Electric Worry”, associé ce soir en rappel à “The wolf man…”. Oui, un seul rappel ! Mais bon, après quinze titres de cette trempe, on n’est vraiment pas d’humeur à se plaindre, on a pris une jolie gifle, et on reprend la route avec le sourire aux lèvres !
Laurent
Deux ans après une première édition plutôt “sludge / doom”, on a ouvert grand les yeux quand on a appris que le Kristonfest n’était pas mort, et encore mieux qu’il proposait une affiche aussi mortelle ! Quatre groupes de cette trempe, à 1h30 de la frontière française, il faudrait être stupide pour manquer ça. L’annulation de Karma To Burn (un problème d’organisation les a fait annuler leur première semaine de tournée européenne), quelques jours avant le mini-festival, n’a apparemment pas refroidi les ardeurs du public espagnol (et français, la proximité de la frontière n’étant pas étrangère à la forte représentation francophone ce soir), tant le public est déjà bien présent dès l’ouverture des portes.
A l’heure exacte prévue, le trio scandinave de TRUCKFIGHTERS foule les planches et tourne tous les potards des grattes, ce qui suffit à déloger les centaines de personnes accoudées aux immenses bars pour se rapprocher de la scène. De manière très traditionnelle mais toujours aussi efficace, le combo entame son set par “Desert Cruiser”, son grand classique. Effet garanti. Il faut comprendre pour mieux appréhender ce concert que le public du Sud de l’Europe (Sud de la France, Espagne, etc…) n’est pas vraiment coutumier de Truckfighters, le groupe n’ayant pas beaucoup mis les pieds dans ces contrées, contrairement aux régions plus nordiques, qui ont déjà été déflorées par notre fier trio suédois. Lorsque pendant ce déferlement de fuzz, le public voit Dango effectuer son premier saut de cabri, les yeux s’écarquillent forcément : il y a un monde entre la lourdeur sonore du groupe et son énergie scénique, et les premiers rangs ne tardent pas à le constater. En enquillant avec le superbe “Monte Gargano”, Truckfighters clôture son sans-faute introductif. Derrière l’exubérance de Dango, Ozo se la donne sans retenue, et n’hésite pas à jouer son rôle de second frontman en venant occasionnellement haranguer le public, sans jamais négliger ni ses vocaux ni ses lignes de basse essentielles. Le groupe joue deux titres qui me paraîtront “étrangers”, dont l’un au moins est annoncé comme nouveau (rappel : leur nouvel album est supposé sortir en 2013). Difficile après une écoute de se projeter sur la qualité de l’album après cette simple écoute, mais on peut dire sans problème qu’il s’intègre impeccablement à la set list de ce soir. Le groupe finit son long set (l’un des seuls bénéfices de l’annulation de KTB !) par une série de titres issus surtout de son premier album avant de conclure sur l’impeccable “Chameleon”. Même si le public de ce soir est connaisseur, gageons que le groupe s’est fait quelques fans dans la salle !
Quand les anglais de ORANGE GOBLIN montent sur scène, on réalise très vite qu’après avoir sorti son énorme dernier album “Eulogy for the Damned”, le quatuor a pris une dimension inédite. En introduisant son concert comme il a introduit son album, par “Red Tide Rising”, les britons font comprendre qu’ils ont la situation sous contrôle : ils prennent le public par la gorge et ne pensent pas le lâcher pendant presque 1h30. Même si la quantité de postures et de mimiques “bestiales” de l’immense Ben Ward sont limitées, le bonhomme ne manque pas d’énergie pour enfoncer le moindre de ses morceaux au fond de la gorge d’un public en joie qui n’en demandait pas tant. Ses collègues sont certes moins “extravagants”, ça ne les empêche pas de débiter les rondins sans interruption et sans faux pas durant toute la soirée. Manifestement le groupe est bien conscient du pouvoir percussif de son dernier rejeton, étant donné qu’ils en jouent la moitié ce soir, à chaque fois avec une efficacité indéniable. Seul le superbe “The Fog” se trouve peut-être à mon goût un peu amoindri dans l’exercice – probablement au regard de sa qualité sur album. La qualité du son au Santana 27 est généralement au rendez-vous, ce qui est le cas pour OG, même s’ils ont choisi d’opter pour un mix lourd, crasseux, voire un peu foutraque parfois… Ca fait partie du charme de ce beau bébé ! Le reste du set est composé de titres pris dans tous leurs albums sans exception, avec des ponctions plus rares dans leurs plus vieux classiques (“Time traveling…” ou “Frequencies…”), constat logique au regard de l’évolution musicale du combo, désormais plus rentre-dedans que space rock ! Ca n’empêchera pas un beau succès de l’éponyme “Time travelling blues” (durant lequel Ben Ward descendra de scène pour aller à la rencontre directe du public ). On notera aussi l’incorporation dans le set du très bon “Made of rats”, qui sur album accueillait des vocaux de John Garcia. Après une dédicace bien sentie pour Jeff Hanneman, le quartette quitte la scène après la paire de classiques que l’on attendait : “Quincy the pig boy” et surtout le toujours impeccable “Scorpionica”. Une grosse mandale !
A peine le temps de se faire couler une bière au bar pour se remettre de nos émotions, les techos s’affairent sur la scène, et les balances sont rapides… Si bien que le public est pris par surprise : tout est prêt dix minutes avant l’horaire normal, CLUTCH ne va pas se faire prier pour grappiller quelques minutes supplémentaires sur scène. C’est un peu le rush pour le public qui remplit en quelques minutes toute la salle principale (une salle de taille assez imposante). Ce flux d’excitation rend ce début de set complètement électrique. Le choix du groupe de commencer par le plus furieux extrait de “Earth Rocker”, en l’occurrence le terrible “Crucial Velocity”, aura terrassé les premiers rangs en moins de deux minutes. Il faut voir le père Neal complètement déchaîné, les veines du cou prêtes à éclater, serrant le poing à se le faire saigner lorsqu’il éructe le refrain de ce brûlot ! Les quatre titres suivants ne laisseront pas une seule seconde de répit au public, en transe : “Cyborg Bette”, “Mr Freedom”, “Book, Saddle & Go” et le dévastateur “The Mob Goes Wild” feront de sévères dégâts et laisseront quelques flaques de bave au sol… Faut dire que les américains sont malins : dans le cadre d’un festival de cette tenue, avec une teneur en testostérone au taquet, il fallait taper fort, et ce dès le début. Pari gagné, à ce stade. La suite ne s’éloigne pas trop d’un best of de la carrière du groupe (disons la dernière décennie, les titres les plus anciens joués ce soir datant de “Robot Hive…”), dont on retiendra particulièrement un très bon “Mice & Gods” et “The Regulator” toujours efficace. Sur la fin du set, les techniciens amènent deux guitares acoustiques pour Neil et Tim et l’on voit Jean-Paul se saisir de ses balais de batterie, signe que les choses vont se calmer pour quelques minutes. Les lumières s’effacent alors progressivement alors que Jean-Paul amène progressivement le somptueux “Gone cold”, parfaitement servi par un groupe en osmose, un public hypnotisé, et des lumières subtiles. La grande classe. Mais la parenthèse est vite oubliée avec le heavy/groovy “The face” puis le furieux “Electric worry” qui finira de mettre le public sur les genoux. Même si le groupe se retire de la scène, personne n’est dupe : impossible en toute décence de laisser le public dans cet état sans un rappel. Et là, phénomène assez incroyable, le groupe dégaine deux cartouches étonnantes, en l’occurrence “Oh, Isabella” et “The wolf man…”. Etonnantes car lorsque l’on fait le compte… le groupe aura joué ce soir l’intégralité de “Earth Rocker” sur scène ! Spectaculaire performance pour un set impeccable, dont n’ont pas été oubliés la plupart des classiques, et qui aura prouvé, si le doute était encore permis, quel excellent album est “Earth Rocker”, dont la retranscription scénique ne souffre d’aucune faiblesse.
Quelle belle soirée que ce Kristonfest en tout cas, on espère que l’organisation n’attendra pas deux ans pour remettre ça !
Laurent
Camden Town was « the place to be » en ce samedi 27 avril. Camden Town, ses punks à chien, ses punks à crête, ses punks agés, ses punks torses-nus, anvahi par une horde de barbus en jeans venus se dégourdir les oreille et écluser de la cervoise pour ce 2ème jour du Desert-Fest. Et quelle journée : House of Broken Promises, Lowrider, Dozer, Unida, Ufomammut…..
Direction l’Electric Ballroom donc, salle ou se produisent la quasi-totalité de ces groupes. Il est 15H00 lorsque Turbowolf, premier groupe de la journée prend la scène d’assaut. Bon, pour la faire courte, la voix nasillarde et l’orgue Bontempi : c’est pas mon truc ! Difficile d’accrocher donc, d’autant que le son est assez pourri et beaucoup trop fort. Concert à oublier pour moi donc, en allant chercher une bière au bar.
A peine, revenu à ma place, ô surprise, je tombe sur 2 compatriotes fort sympathiques qui ont fait le déplacement pour le week-end. Bref, le temps passe plus vite en papotant si bien qu’on est surpris lorsque House of Broken Promises monte (déjà) sur la scène. Seay se plaint gentimment d’avoir raté Turbowolf (sarcasme ?) car le groupe arrive à l’instant de l’aéroport, et c’est parti pour un concert ultra-solide. Première constatation : Joe Mora qui remplace Eddie Plascencia à la basse et au chant s’adapte parfaitement au style de HOBP. Le groupe enflamme l’Electric Ballroom (qui s’est bizarrement partiellement vidé après Turbowolf) avec les morceaux de leur unique album Using The Useless. ‘Physco Plex’, ‘Buried Away’, ‘Blister’ : tout y passe, ou presque. Rythmiquement ultra-solide, HOBP enfoncera définitivement le clou à l’occasion d’un ‘Obey The Snake’ de haute volée, repris en choeur par l’audience, et sur lequel les air-guitaristes les plus fous vont se déchaîner. Seay et Mora communi(qu)ent incroyablement avec le public avant d’annoncer le dernier morceau du set, l’inévitable ‘The Hurt (Paid my dues)’. Un grand moment.
Juste le temps de se rassasier au bar avec mes nouveaux amis gaulois, que voilà le moment attendu par nombre des présents dans la salle : le set de Lowrider, groupe légendaire, qui a accouché d’un unique album en 2000 avant de splitter. Cheveux courts et riffs toujours aussi tranchants, les 4 suédois attaquent avec ‘Upon The Dune’. Bergstrand, Hellquist, Stalfors et Eriksson (qui a exhumé de sa garde-robe la fameuse « puffy shirt » chère à Jerry Seinfeld) reprennent les choses exactement là où ils les avaient laissées il y a plus de 10 ans maintenant. ‘Caravan’, ‘Flat Earth’, ‘Ol’ Mule Pepe’….le groupe enchaine et le public se déchaine. Ca joue toujours aussi fort dans l’Electric Ballroom, mais l’acoustique semble avoir gagné en qualité depuis le passage de Turbowolf. Tout bénéf donc pour nos suédois à l’entame de ‘Texas’ (le premier morceau qu’on a écrit, racontera Bergstrand : à l’époque on avait 18 ans et aujourd’hui on en a 19 !). La fin du set fera la part belle au split avec Nebula (‘Lameneshma’ et ‘Shivaree’) avant un ultime morceau de pure folie, le fameux ‘Ode to Io’ à la fin duquel Bergstrand prendra une photo de la foule et annoncera gaiement qu’il n’attendra pas 10 ans pour recommencer ! Rendez-vous est pris….
Au tour de Dozer, autre poids lourd ancestral du stoner made in sweden, de se pointer devant une salle qui est maintenant quasiment pleine à craquer. C’est avec ‘The Hills have Eyes’ que le combo entame son set et se met d’entrée l’assemblée dans la poche. Nos 4 lascars ont l’intelligence de balayer l’intégralité de leur carrière durant le concertt. Ainsi, ‘The Flood’, ‘Rising’, et autre ‘Days of Future Past’ se cotoient et déchainent les plus fervents des headbangers présents à l’Electric en ce début de soirée. Holappa (qui fait la pub de son autre groupe en portant un T-shirt Greenleaf) se démène comme un beau diable et assène ses riffs avec une précision chirurgicale. Mais c’est le binôme rythmique Rockner/Mârthans qui va asseoir le show lorsqu’ils se retrouveront seuls sur scène, après un ‘Headed for The Sun’ d’anthologie, pour une jam session assez incroyable. Proprement hallucinant. Après le retour des 2 gratteux, et au bout d’une heure intense, c’est avec le tonitruant ‘Supersoul’ que le set de Dozer se terminera en apothéose. Un concert mémorable.
Pas vraiment le temps de se remettre de nos émotions car, a peine réhydratés, Arthur Seay, son neveu Owen et Mike Cancino font leur apparition et se lancent dans un Flower Girl instrumental, morceau qui va servir d’introduction avant l’arrivée de Môssieur John Garcia….bref, le ton est donné et on pourrait débattre longtemps sur l’attitude de diva et de trou du (_i_) de l’ex-chanteur de Kyuss (chose que nous ne ferons pas). Groupe légendaire si il en est, Unida est avant tout une histoire de riffs. Et Arthur Seay est une véritable usine à riffs (ainsi qu’un communiquant hors-pair). Secondé par un Cancino toujours aussi impressionnant derrière ses fûts, mais aussi par son neveu Owen à la basse (à peine 20 piges et déjà un doigté absolument incroyable), Arthur Seay assure comme une bête, tout en finesse et en grimaces. ‘Red’, ‘Vince Fontaine’, ‘Last Day’, ‘Thorn’, ‘Nervous’, ‘Human Tornado’, le set d’Unida, véritable déluge de tubes et de décibels, prend une allure de best-of. Garcia, cerise sur le gâteau, est au mieux de sa voix et finit de transformer l’Electric Ballroom en véritable temple du stoner en ce samedi. Après les avoir raté en 1999 (ah, les joies de rester coincé sur le parking du Dynamo en attendant les navettes qui mène au site alors qu’Unida se produit), je prend enfin ma dose live de musique made in Indio….et force est d’avouer que l’attente valait vraiment le coup. Au bout d’une grosse heure, le groupe quitte la scène avant de revenir pour clore cette journée à l’Electric Ballroom avec les imparables ‘Dawrf it’ et ‘Black Woman’. Garcia, sortira de scène avant la fin du morceau (sans avoir prononcé le moindre mot à l’attention du public durant l’intégralité du set) et laissera à ses compères le soin de terminer de manière instrumentale cet excellent gig commencé de manière instrumentale. Quelle claque !
Les lumières se rallument, l’Electric Ballroom se vide, et je prends vite la direction de l’Underworld, à quelques mètres de là, pour assister au final d’Ufomammut. Je m’engouffre donc dans cette caverne qu’est l’Underworld et ne profiterait que de 10 petites minutes de fureur sonore. Le son est d’une qualité exceptionnelle, le groupe joue très fort, c’est lourd, très lourd, ultra-lourd. Ufomammut n’est pas réputé pour faire dans la dentelle, la poignée de spectateurs présents dans l’ambiance suffocante de l’Underworld ne diront pas le contraire. 10 petites minutes de fureur sonore donc, de headbanging intensif, et malheureusement c’est déjà fini……quel dommage !
Dommage également de rater Elvis et Brann (un grand merci pour l’après-midi et les bières), mes amis Gaulois, pour s’en jeter une dernière avant de lever le camp et de clore une journée qui restera gravée dans ma mémoire. Le Desert-Fest est vraiment une belle réussite.
stonerpope
[Aurelio Deville, qui a peint une fresque spéciale Desertfest pendant deux jours]
La traditionnelle visite culturelle du matin achevée, nous pointons à nouveau nos groins du côté de l’Astra pour la dernière journée de ce festival qui aura tenu toutes ses promesses jusque là. Les points de restauration rapide étant légion dans le Kreuzberg, le binôme de desert-rock.com est en pleine forme pour attaquer la dernière pièce du triptyque désertique de Berlin millésime 2013. Le temps est maussade, mais le public désormais coutumier des lieux se pointe assez tôt pour profiter un maximum de cet ultime acte qui va ravir les fans de Black Sabbath.
[1000 MODS]
On débute une nouvelle fois par la scène du Foyer avec une formation du Vieux-Continent car c’est aux Grecs de 1000 MODS qu’il revient l’insigne honneur d’ouvrir cette soirée. Les instruments à cordes en bout de course de la strap, le quatuor annonce d’entrée de jeu la couleur en assénant un premier titre de heavy rock bien gras et bien inspiré par la bande à Iommi. Le public hoche du chef, les titres se succèdent de manière cohérente sans taper dans le redondant et on se surprend rapidement à sourire béatement car cette formation est énorme sur scène. L’atmosphère intimiste de la salle pavanée de manière psychédélique apporte ce petit quelque chose qui transforme un show ordinaire en un set dont on va se rappeler. 1000 Mods s’inscrit très clairement dans cette seconde catégorie. Si sur disque le groupe tire sur le fuzz bien heavy, sur scène le heavy prend rapidement le dessus sur le fuzz sans toutefois se situer dans un registre bourrin de chez bourrin. Nous ne saurions que vous conseiller d’aller constater de visu ce que propose cette formation lorsqu’ils se radineront du côté de chez vous car c’est assurément, pour nous, la découverte de cette édition !
[Alunah]
On était assez impatient de découvrir ALUNAH, ce jeune groupe de Birmingham qui a fait grand bruit de la récente sortie de son second album en vinyle chez Napalm Records. Leur mise en place sur la même scène que 1000 Mods se fait tranquillement puis, à l’heure prévue, les lumières s’éteignent et les premiers accords lugubres vrombissent. A noter que le quatuor compte une femme guitariste / chanteuse, une particularité qui les rapproche de leurs cousins californiens d’Acid King, avec lesquels ils partagent aussi un goût affirmé pour les riffs heavy et les tempo lents. Même si les vocaux féminins distinguent Alunah des groupes de doom “habituels”, le quatuor met aussi en avant ses lignes de guitare lead et des compos finalement assez catchy. Scéniquement, en revanche, pas de flamboyance particulière, mais répétons-le : le genre ne s’y prête pas forcément non plus. Après un 1000 Mods furieux, cette parenthèse doom est plutôt bien vue, et le public adhère bien.
[Free Fall]
Changement de ton lorsque l’on se rapproche de la main stage pour assister au set de FREE FALL, un groupe signé chez Nuclear Blast. Quand le quatuor suédois foule la scène, on n’est pas très impressionné. Mais lorsqu’ils lancent leur premier titre, on se dit qu’on est partis pour se prendre une grosse claque : gros riff rock’n’roll tendance garage, rythmique frénétique… après un concert de doom, ça décoiffe ! Sur la même lignée, le titre suivant voit le groupe se déchaîner derrière un autre brûlot rageur : même si le bassiste Jan Martens est plutôt calme, ce n’est pas le cas de Mattias Bärjed, à la gratte, qui saute dans tous les sens ! Quant à Kim Fransson, le chanteur, il assure son rôle de frontman sans équivoque, et ses vocaux sont efficaces, avec un petit air de Bon Scott ici ou là pas désagréable. Alors qu’on sent le concert parti sur un rythme que n’auraient pas renié les Hellacopters, le troisième titre voit le groupe ralentir le tempo… ce qu’il fait aussi sur les titres suivants. En fait, les suédois ont tiré leurs deux cartouches les plus virulentes en début de set, un choix assez étrange car incidemment le reste du concert paraît quelque peu linéaire. On découvre alors la vraie nature musicale du groupe, afficionado assumé de classic rock, des combos de hard rock des années 70 voire début 80. Un bon concert au final, même si jusqu’au bout on s’est senti un peu “déçus” par rapport à la promesse initiale.
[Gentleman’s Pistols]
Retour dans l’antre intimiste pour une seconde formation britannique : GENTLEMAN’S PISTOLS. Les résidents de Rise Above nous ont d’abord fait sourire – et nous n’étions pas les seuls – avec leurs looks improbables, mais lorsque James Atkinson – le frontman de l’équipe – envoie le bois, ça fait nettement moins les malins dans le public. La formation de Leeds incarne à merveille la spécificité du rock’n’roll anglais : ce sont des bêtes de scène qui jouent à donf ! Le choix de la setlist est très orienté vers les morceaux qui dépotent. Les plans doom voire les presque balades sont restés au vestiaire au profit d’un show électrique de pur kickass rock ! “Living in sin again”, tiré de leur dernier opus “At her majesty’s pleasure” demeurant emblématique de la puissance du combo : tout le monde accroche au groove des potaches en marcel et nous sommes dépités lorsque le dernier morceau achève un des shows les plus véloces de la journée. Sis entre le roi du désert et le classic rock de Free Fall, l’énergie des Gentleman’s Pistols aura été la bouffée d’énergie de la journée. On plie rapidement bagages pour aller rejoindre la Main stage où va enfin prendre place un acte qui aura nourri bien des interrogations au sein de la petite communauté du stoner.
[Fatso Jetson]
Honnêtement, on ne savait pas trop à quoi s’attendre quand on a vu que Fatso Jetson partageait un créneau horaire complet sur la main stage – même s’il s’agit d’un créneau rallongé (1h20 en tout), le mystère est à son comble. En voyant FATSO JETSON au complet monter sur scène, l’enthousiasme nous gagne : il aurait été facile de jouer la facilité “logistique” et de demander par exemple à Gary Arce de tenir la seconde gratte ou à Alfredo Hernandez de se mettre derrière les fûts. Mais non, c’est bien le “real deal” : la famille Lalli (Mario of course, Dino son fils à la seconde gratte et Larry à la basse) avec Tony Tornay à la batterie. Quand le lancinant instrumental “Tutta Dorma” prend forme en introduction, le concert commence bien, et a priori ça ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin, puisque le frénétique “Salt chunk Mary’s” prend la suite. Très vite, Mario se laisse emporter, faisant voler ses lunettes et son chapeau ; il est dans son trip. A son habitude, Larry est plus statique, presque introspectif, ne bougeant quasiment pas de son coin de la scène, tandis que le jeune Dino Von Lalli ne se laisse pas impressionner et assure le taf (pas facile sur une musique aussi barge). A l’image de ses albums, Fatso alterne les ambiances et les genres musicaux en un simple claquement de doigts, passant de l’insidieuse balade “Light yourself on fire” au furieux instrumental “Nightmares are essential”, jusqu’au complètement barré “New age android”, prétexte à des joutes guitaristiques improbables entre deux générations de Lalli. En concluant son set par le terrible “The untimely death of the keyboard player” (issu de leur unique album chez Man’s Ruin, “Flames for all”), le quatuor termine une prestation reposant largement sur la première partie de sa carrière (je ne crois pas avoir noté de titres issus de leur pourtant excellent dernier album, “Archaic Volumes”), une sorte de mini best-of dont on aurait aimé qu’il se prolonge encore pour quelques morceaux !
[Yawning Man]
Mario demande alors au public de patienter quelques minutes pour permettre aux musiciens d’intervertir les instruments pour préparer l’arrivée de YAWNING MAN. Là encore, première satisfaction, il s’agit bien du line-up d’origine du combo, avec bien sûr Gary Arce à la gratte et Alfredo Hernandez à la batterie. On n’a jamais été particulièrement emballé jusqu’ici par les prestations live un peu anémiques du trio, et lorsque le groupe se lance dans un premier titre, sans cérémonial, on prend bien quelques minutes à comprendre que le set a commencé… tant on croirait assister à un soundcheck foireux ! Gary Arce se regarde jouer, trifouille ses pédales d’effets, ses câbles, demande au public en pleine chanson si on l’entend (ben non)… Bref, autant dire que les deux premières chansons ne servent pas à grand-chose… Le son s’améliore un peu par la suite, permettant de reconnaître quelques morceaux entendus sur le récent “Nomadic Pursuits” ou le plus ancien “Rock formations” : on notera surtout le groovy “Stoney Lonesome” de ce dernier, ou “Perpetual Oyster” choisi pour conclure le concert. Rien en tout cas qui ne nous emballera outre mesure, l’attitude scénique du groupe (avec un Gary Arce complètement centré sur lui-même) s’avérant souvent ennuyeuse. Yawning Man c’est le groupe qu’on adorerait aimer, mais dont la routine musicale et scénique nous rappellent immanquablement le premier mot de son patronyme…
[My Sleeping Karma]
On voyait les gars de MY SLEEPING KARMA qui avaient le sourire aux lèvres tout l’après-midi en prévision de ce concert, on les sentait trépigner, ce qui nous donnait encore plus envie de les voir. Et pourtant, l’erreur de casting saute aux yeux dès les premiers accords : MSK aurait dû jouer sur la Main stage ! La notoriété du groupe, a fortiori sur ses terres germaniques, a été sous-estimée : il faut voir en effet le public qui essaye de se frayer un chemin par tous les coins de la petite salle Foyer pour assister au concert, la chaleur est étouffante et le public hypnotisé ! Faut dire que la musique du groupe se prête bien à ça : leurs compos instrumentales tissent pendant 50 minutes une trame musicale psychédélique, aérienne, voire étourdissante lorsqu’on se retrouve emporté par ces “vagues” de foule qui suivaient le rythme des chansons… Dès les premières minutes et le riff complètement infectieux de “Pachyclada”, la communion entre le groupe et son public est palpable. Elle se traduit en premier lieu par le sourire que l’on trouve sur les visages de Matte (basse) et Seppi (guitare), le duo de frontmen du combo, tandis que Steffen est plus concentré derrière sa batterie, tout comme Norman derrière son clavier. Il faut dire que chaque musicien a un rôle crucial dans la musique du groupe, qui ne peut supporter la moindre approximation. Illustration immédiate avec l’ancien (2006) “23 Enigma” un titre épique enchaînant passages atmosphériques et fulgurances heavy rageuses. MSK enchaîne un nouvel aller-retour nouveau-ancien, avec le superbe “Ephedra” (issu de “Soma”) puis “Glow 11” (issu de leur premier album). “Tamas” et son final épique ouvrent la voie à un superbe final encore en l’honneur de leur dernière production via l’aérien et oppressant “Psilocybe”. On souffle… Je ne sais pas si My Sleeping Karma a gagné des fans ce soir (car au vu de l’affluence, on se demande si tout le monde n’était pas déjà fan avant…), mais il a en tout cas rendu plusieurs centaines de rockers heureux.
[Kadavar]
L’heure est venue pour nous de redescendre de notre lévitation pour rejoindre une fois encore la scène la plus importante afin d’enchaîner avec une autre formation germanique : KADAVAR. Le trio désormais composé d’un tiers de sang français démarre en douceur un set de rock’n’roll seventies dont le côté vintage capte immédiatement l’auditeur. Les élégants velus à la taille impressionnante demeurent assez statiques durant leur show comme n’importe quel personne de grande taille peinant à occuper le territoire de sa propre personne ; comme ils sont les trois dans le même cas et que ces mecs ne sont pas des débutants, le triangle parvient rapidement à occuper l’espace visuel vu que du côté du son le public est immédiatement rentré dedans, chauffé qu’il était par la prestation de My Sleeping Karma. L’essentiel du show proposé par Wolf, Tiger et Mammut sera consacré à la première production du trio et les titres issus de leur deuxième album – “Abra Kadavar ” – s’immiscent à dose homéopathique dans le setlist. La précision teutonique s’avère des plus efficaces et le diable s’empare rapidement de nous lorsque l’hypnotique “Black Sun” vrombit. Les titres s’enchaînant et malgré des lights très statiques, les mecs aux surnoms digne d’un groupe de black metal nous entraînent faire un tour dans leur univers psychédélique durant une heure d’extase. Complétement scotchés par la musique nous oublions carrément de noter l’ordre des titres de ce concert durant lequel nous croyons avoir entendu le doublé gagnant “Creature of the demon” ainsi que “Goddess of dawn”. Il est certain que cette tête d’affiche de la soirée aura tenu toutes ses promesses et que lorsque les lumières s’éteignirent nous ne fûmes pas les seuls à redemander une grosse ration de rock vintage trépidant ; malheureusement en vain puisque déjà les premiers riffs fusaient de la Foyer stage où d’autres protagonistes inattendus avaient pris place.
[Troubled Horse]
L’annulation de Witchcraft (moins de 48 heures avant le festival) a un peu chamboulé la programmation de cette dernière journée. Bénéfice collatéral de la journée : TROUBLED HORSE se voit ajouté à l’affiche, en position enviable en milieu de soirée, sur la petite scène. Ce groupe suédois qui va sur ses dix ans d’âge n’est en fait pas si étranger au “cas” Witchcraft : trois de ses membres originels ont créé Troubled Horse (dont deux présents ce soir, y compris Ola, qui est toujours bassiste de Witchcraft), et c’est Simon Solomon, le gratteux de Witchcraft, qui officie ce soir à ce poste. Vous suivez toujours ? La filiation s’arrête-t-elle là ou bien risque-t-on d’avoir un tribute band du pauvre ou autre triste ersatz de Witchcraft ? C’est bien la question que se pose une part du public (leur notoriété n’égalant pas celle de leurs aînés, pas mal de curieux sont présents devant la petite scène). Agréable surprise sur ce point : même si elle garde cette fibre rétro, ces influences 70’s immanquables, la musique du groupe est plus directe, plus pêchue, plus rock n roll au final. Moins “sérieuse”, tout simplement. Ces gars sont là pour le fun, ce qui transparaît jusque dans l’attitude de Martin Heppin, le massif frontman / vocaliste. Et au fil de l’eau, l’énergie communicante du quatuor fait mouche, et le public commence à sourire, à pogoter, etc… Carton plein ! C’est toujours quand on n’attend pas grand-chose que l’on a les meilleures surprises ! C’est le cas ici, et ce concert de Troubled Horse restera un excellent souvenir de ce Desertfest.
[Orchid]
Retour aux choses sérieuses sur la Main stage où, en raison de l’annulation de Witchcraft, nous bénéficions d’un show rallongé des stars montantes que sont ORCHID. Nous serions même tentés de déclarer que c’est tant mieux ! Les nouveaux poulains de Nuclear Blast n’avaient pas attendu la reconnaissance du public de ce festival pour se tailler une part de choix dans le cœur des aficionados de ce style et c’est en terrain conquis que débarque le quatuor étasunien que les esprits chagrins taxent de sous-Black Sabbath. Osant nettement plus que leurs camarades de label Kadavar en ce qui concerne l’insertion de nouvelles compositions dans leur setlist, Orchid a le culot de ceux à qui tout sourit ou presque. L’opportunité de toucher encore plus de gens vu leur position de tête d’affiche de la soirée gagnée au détriment des absents suédois sera loin d’être galvaudée bêtement. Le quatuor de baba hards se fait plaisir en nous en donnant. Ca attaque sérieusement de manière très heavy sur la grande scène durant une bonne heure et quart et le paranoïdien “Silent one” nous trottera dans la tête bien des heures après, alors que nous nous échinions à faire rentrer les t-shirts et les galettes acquises aux stands de merch dans nos petites valises. Les titres interprétés par le groupe ce soir-là sont issus de la totalité de la disco du groupe et nous avons été entraînés dans ce show tirant sur le doom par “Capricorn”, “Black funeral”, “Eyes behind the wall”, “Wizard of war” et quelques autres compositions aux tempi ralentis et aux riffs ravageurs. Nous avons aussi pu assister à un truc d’un autre temps : un chanteur à veste à franges jouant du maracas ! En tous cas cette soirée très orientée vers les héritiers du son des maîtres du sabbath aura tenu ses promesses jusqu’au bout et ce concert clôt avec grande classe cette deuxième édition du Desertfest de la capitale allemande. Si certains sont sceptiques quant à l’idée d’avoir dans leur discothèque le nouvel opus des comebackeux de Black Sabbath, ils peuvent sans hésiter se tourner vers Orchid qui incarne la relève de ce style entre doom à la sauce de l’Oncle Sam et hard rock daté : un must que nous conseillons sans retenue aucune.
Après avoir cogné nos gobelets en plastique avec les différents protagonistes de cet événement, nous nous en retournons vers notre piaule, histoire de tout empaqueter pour nous envoler tôt le lendemain matin vers nos domiciles respectifs. Nous quittons donc l’after en plein milieu soit à une heure très avancée de la nuit. Sur le chemin du retour nous tirons notre premier bilan de cette édition que nous confirmerons à plusieurs reprises par la suite : ce festival est absolument génial et nous encourageons quiconque n’a pas les oreilles bouchées à bouger son cul l’an prochain pour une troisième édition !
[Photos : Chris & Laurent]
Chris & Laurent
En arrivant en début d’après-midi – après une première matinée dédiée au tourisme – sur le site, on détecte un subtil vent de panique au niveau de l’orga, dû au fait que le batteur de Danava, cet imbécile, s’est trompé d’avion et a atterri en Belgique (de mémoire). Même si ses collègues, bien présents, n’ont pas l’air de paniquer, la prod du Desertfest chamboule toute sa timetable pour leur arranger un passage en fin de soirée (au cœur de la nuit en fait), ce qui fait l’aubaine des premiers groupes de la journée, qui se retrouvent à partager le créneau initialement prévu. Qui part à la chasse…
[Lecherous Gaze]
Du coup, la mise en place de LECHEROUS GAZE se fait plus tranquillement, ils ont tout leur temps pour préparer la petite scène Foyer. Au bout de quelques instants les trois zicos s’emparent de leurs instruments devant une salle encore vide (le public se détend généralement au Biergarten en attendant les premiers accords), et décochent leurs premiers accords bien bourrins. Le public commence à rentrer tranquillement et sent tout de suite que le combo d’Oakland ne fait pas vraiment dans la musique d’ambiance introspective. Sentiment confirmé lorsque Zaryan Zaidi, leur nouveau vocaliste, monte sur scène revêtant une sorte de cagoule/masque avec une paire de lunettes en dessous : on ne verra donc jamais son visage, ce qui, associé à sa posture mi-zombiesque / mi-simiesque, ajoute à l’aspect un peu glauque du concept. Car oui, la musique de Lecherous Gaze est crade, un peu sale comme la banlieue d’Oakland dont ils viennent, une sorte de rock’n’roll sous speed, une sorte de MC5 modernisé, en tout cas bien déjanté. Ca déboîte bien, et le public adore.
[Witch Mountain]
Profitant des aléas inhérents à l’organisation d’un festival avec des vrais rockers, WITCH MOUNTAIN profite de l’aubaine en prenant d’assaut la Main Stage pour un show plus long qu’initialement prévu. Tant mieux, le groupe a de la bouteille et c’est sans problème qu’il va meubler tout le temps mis à sa disposition pour déployer son doom estampillé US empreint des mélopées, voire des grognements de sa frontwoman. C’est pas parce que nous avons quitté la zone d’Oakland que nous arrivons au pays des Bisounours : Portland n’est pas le Jardin d’Eden non plus et leur style vicieux va faire mouche auprès d’un public incrédule quand il est confronté à Uta : un petit bout de nana en qui un ogre sommeille ! Tapant dans le pileux et le gras, à l’image de son bassiste Neal, le quatuor de l’Oregon remporte quasi d’entrée de jeu l’adhésion du public qui se montre très réceptif à leur style bien barré qui se déploie de manière lancinante dans la plus pure tradition du doom abordable d’Outre-atlantique. Les gros déluges sonores et les envolées susurrées se succèdent sans lasser et ça cogne juste et bien. Le titre “Shelter”, tiré de “Cauldron of the wild” leur dernier opus en date, résume parfaitement l’étendue de ce que ces gens-là proposent et c’est aussi un des morceaux qui a le mieux passé sur scène, avec Nate le métronome en chef qui imprime le rythme comme une bête de scène derrière sa batterie !
[Oddjobmen]
On change de décorum pour ODDJOBMEN qui est un all-star-band d’activistes teutons issus de Sissies, Rotor, Gods Of Blitz et encore d’autres combos obscurs. Sur le papier, nous ne savions pas à quoi nous attendre et des fois c’est assez agréable de se confronter à un groupe telles de jeunes pucelles. Rapidement en place sur la petite scène, les quatre rockeurs germaniques affûtent leurs armes quelques minutes puis balancent un son entre Hellacopters et Queens Of The Stone Age avec quelques gimmicks garage : c’est pas la grosse révolution dans la place, mais ça poutre bien et c’est toujours très efficaces sur scène ! De l’original et de la reprise, des morceaux brefs balancés pieds au plancher et un public ravi par ce déferlement d’énergie bien sentie. On apprécie et on se prépare pour les choses sérieuses à venir…
[Blues Pills]
Quand vient l’heure de rejoindre la main stage où doit se produireBLUES PILLS, de manière assez surprenante, la salle est bien remplie. Etonnant vue la notoriété encore modeste du combo de l’Iowa… Enfin, lorsque Elin Larsson monte sur scène, on comprend que cet afflux de testostérones au premier rang est suscité par différents niveaux de curiosité… La jolie blonde est attendue au tournant ! Les titres de blues rock de Blues Pills sont carrés, ça joue bien, sans éclat, mais efficace. Le groupe américain est en réalité multiculturel, puisque sa chanteuse est suédoise, son guitariste français, et sa section rythmique américaine pure souche. Une section rythmique robuste d’ailleurs, sur laquelle le tout jeune guitariste frenchie Dorian Sorriaux aligne occasionnellement des soli assez vertigineux. L’attention porte néanmoins largement sur la frontwoman, qui fait montre d’une gamme vocale assez pointue au vu de son petit gabarit. Son timbre est assez puissant et subtilement rocailleux, parfaitement adapté à la musique du groupe – même si ce n’est pas Janis Joplin, n’exagérons rien… Au bout d’une petite demi-heure, le set du combo paraît toutefois un peu longuet, un peu répétitif peut-être dans ses mid-tempo un peu systématiques. Faut dire que la tonalité du concert, plutôt bluesy et fluette manque un peu d’énergie au milieu de cette journée bien pêchue… Sur la fin du concert, on se dirige donc vers la sortie pour le concert à venir, qui s’annonce un peu plus énervé…
[House Of Broken Promises]
En effet, au même moment, le trio de HOUSE OF BROKEN PROMISES termine la préparation de la petite scène Foyer, et fignole son soundcheck à grands coups de riffs surpuissants, commençant à alerter le public de Blues Pills, qui se rapproche insidieusement… Les bonhommes sont chauds comme la braise, ils attendent impatiemment de pouvoir commencer, et à la minute ou le dernier accord résonne sur la main stage, ild s’emparent de leurs instruments et entament leur set par “Blister”, qui introduit aussi leur délicieux premier album. Un titre qui mélange shredding à la Black Label Society et gros riff bien heavy – efficacité optimale pour une introduction énorme. En engageant le mid-tempo poisseux “Physco Plex”, le trio ne joue pas la facilité, mais démontre une maîtrise sans faille. Portés par des vocaux bien grassouillets mais bien catchy du nouveau bassiste Joe Mora, les morceaux défilent ainsi sans pitié et terrassent littéralement un public qui avait manqué de s’endormir pendant l’heure précédente (notez le talent des programmateurs du festival). Mora se la donne, superbement à l’aise dans le remplacement de Plascencia à la fois dans son jeu de basse impeccable ou ses vocaux (environ 2/3 des chansons), et Cancino ne tient pas en place derrière son kit de batterie, il harangue le public sans arrêt. Mais le frontman du combo est évidemment le barbu Arthur Seay, déchaîné sur les quelques mètres carrés de la petite scène : il enchaîne poses de guitar hero, sauts de cabri, grimaces… Quand en milieu de set le trio s’engage sur l’imparable “Obey the snake” et son riff presque AC/DC-ien, l’affaire est déjà gagnée depuis un moment, et ce qui suit est juste un sprint final pour caser le maximum de brûlots sur le créneau de 45 minutes qui leur est alloué. Pour conclure, le trio se lance dans une reprise du “The Stroke” du vieux classic rocker Billy Squier, et on sent qu’ils en ont encore sous la pédale. Mais le public en a eu pour son argent, et pour la santé de tous il faut savoir dire stop… Une jolie claque.
[Lowrider]
On gagne ensuite la Main stage avec une certaine appréhension. Pour beaucoup d’entre nous, le “Ode To Lo” de LOWRIDER a été un album majeur des débuts du stoner lors de sa sortie en 2000, un album trop hâtivement considéré comme du sous-Kyuss et qui, plusieurs années plus tard, est devenu l’album référentiel qu’il méritait depuis le début. Sauf que le groupe s’était séparé depuis une décennie… L’annonce de son retour sur les planches à l’occasion de ce Desertfest fut clairement l’un des principaux motifs de notre venue en ces murs, pour voir de quoi sont encore capables nos quatre suédois… Première surprise : ils ne sont pas si vieux qu’on le pensait ! On avait oublié que les lascars étaient à peine âgés d’une vingtaine d’années lorsqu’ils ont pondu cette petite bombe. Même si les cheveux ont raccourci, les bonhommes ont l’air en forme. Et lorsque, très logiquement, le combo entame “Caravan”, le fracassant titre introductif de “Ode To Lo”, la boucle est bouclée et la magie peut opérer. Le public se retrouve noyé sous une chape de fuzz plombée et ne se relèvera pas de l’heure de concert. En enchaînant “Dust settlin'” et le virevoltant “Flat Earth” le groupe gagne la confiance du public, qui n’a plus de doute quant à la capacité de Lowrider à se réapproprier son passé. Tandis que le bassiste / chanteur Peder Bergstrand, tout sourire, semble s’éclater le plus, ses copains gratteux sont plus concentrés sur leur jeu (compréhensible après tant d’années d’inactivité). Disposant d’une discographie restreinte, au milieu de son set le groupe décide de se reposer un peu sur son fabuleux split (plus Kyuss-ien, lui) avec Nebula en déterrant trois titres sur quatre (“Lameneshma”, “The Gnome, the Serpent, the Sun” et “Shivaree”), et même à un titre sorti sur une vieille compil’ Meteorcity (“Ol’ Mule Pepe”). Ces morceaux qui n’ont pas pris une ride restent moins connus, mais semblent tout aussi appréciés. La fin du concert s’appuie sur une belle doublette composée de l’irrésistible “Convoy” et du définitif “Ode To Lo”. Cette rasade de pur stoner, cette démesure de fuzz, est clairement une bouffée d’air frais dans le paysage musical actuel. Même s’il n’avait pas l’assurance scénique de ces groupes qui ont arpenté les scènes depuis des années, Lowrider a prouvé avec ce concert de reformation toute sa pertinence musicale en 2013… et les années futures, on l’espère !
[Naam]
On repart en transhumance vers le Foyer pour se payer une bonne tranche de NAAM juste après en avoir pris plein la gueule avec la première reformation à se produire ce deuxième soir. La formation de la Grosse Pomme n’est pas encore montée sur scène que déjà l’espace congru devant la petite scène est pris d’assaut par les inconditionnels du quatuor hypnotique. La salle frise la saturation comme ce fut le cas presque deux heures auparavant avec HOBP. Le synthé se fait clair et, dans la pénombre, les sorciers de Naam ensorcellent les corps qui ondulent dans une atmosphère propice à toutes les addictions. Les vocaux collent aux riffs et à la rythmique avec une lourdeur incroyablement bien foutue qui donne à cette prestation à peine éclairée un rendu proche de la coulée de lave : jubilatoire. A peine le temps de regarder sa montre pour s’apercevoir qu’il est presque Dozer et hop direction la Main stage.
[Dozer]
Deuxième tête d’affiche suédoise à s’être reformée pour l’occasion ou presque, DOZER débarque sur scène pile à Dozer [On espère que vous appréciez le comique de répétition…]. Très excités, nous assistons à un show très traditionnel livré par le quatuor de Borlänge. C’est un peu comme si ces garçons n’avaient jamais cessé de tourner ensemble à quelques détails près. Il faut dire que ça faisait un bout de temps que nous n’avions pas eu le plaisir de les voir se produire sur scène étant donné que le groupe était en hiatus afin que ses membres se consacrent à d’autres projets (comme s’il y avait autre chose que le musique en ce bas monde…). Tommi se produit régulièrement avec son autre groupe – Greenleaf – mais pas de Dozer à l’horizon depuis un bout de temps. Nous n’étions visiblement pas les seuls à attendre ce come-back vu l’accueil qui fut réservé par le public à ce groupe énorme qui n’a jamais eu le succès mérité du temps de son activité régulière. Qu’importe, c’est avec leur décontraction habituelle que Fredrik, Tommi, Johan et Olle investissent les lieux pour un concert aussi bref qu’efficace. En une heure, les Suédois nous gratifient de plusieurs standards de leur répertoire : “Rising” et “Supersoul” sont toujours redoutables sur scène même si Frederik peine parfois sur certains refrains catchy : l’intensité est présente et putain le bien que ça fait ! Placé devant un dilemme existentiel, Dozer a pioché dans l’intégralité de sa discographie pour offrir un show de toute grande classe et certains titres dont “Until man exists no more” ont fait les frais de cette sélection ciblée en fonction du timing serré du format festival. Qu’importe, en balançant un “Big sky theory” de toute beauté, le groupe a totalement rempli sa mission et le riff répétitif de ce morceau énorme a tourné dans la tête des aficionados bien des heures après que le groupe eût quitté la scène de l’Astra. Espérons que maintenant qu’ils sont décrassés, ils reprennent goût à cet exercice qui leur va plutôt bien et qui pourrait s’avérer plus payant que par le passé vu le regain d’intérêt actuel autour du heavy rock.
[Cough]
Après la pêche de Dozer, et après tant d’émotions sur cette seconde journée, on regagne la petite scène Foyer un peu sur les genoux, avouons-le. Quand les américains de COUGH lancent leur premier accord de gratte, on comprend qu’il va falloir changer d’état d’esprit très vite. Cough, c’est du doom pur jus. En gros, un riff de Cough, c’est 3 accords différents, joués chacun 5 ou 6 fois d’affilée avant de passer au suivant. Le tout dans un tempo apathique, bien sûr, et baignant dans un cloaque sonore dont émergent occasionnellement les vocaux hantés de leur bassiste Parker Chandler. Est-ce cliché ? Oui, un peu. Est-ce que c’est nul pour autant ? Non, au contraire, ça marche bien. Dans le genre, on peut même dire que le combo, signé chez Relapse, fait référence. Scéniquement, le bât blesse un peu en revanche : portés par des lights monochromes statiques, noyés dans une fumée permanente, le groupe se contente en gros de hocher penaudement de la tête au rythme de leurs titres… faut dire qu’à ce tempo, on peut pas prétendre à un furieux headbanging ! Le public, tassé contre la petite scène, se laisse emporter par vagues sur les rythmes des chansons du groupe. Bref, même si son positionnement apparaît quelque peu atypique sur cette journée, Cough assure bien et s’en sort avec les honneurs dans des circonstances pas évidentes.
[Unida]
La tête d’affiche de ce second soir revient à UNIDA, et quiconque a assisté à la première minute de leur set comprend pourquoi : l’électricité crépite littéralement dans l’air lorsque le trio instrumental monte sur scène, dégaine quelques riffs introductifs, puis s’engage sur l’intro du groovy “Wet pussycat”, permettant au maître Garcia de faire son entrée. Avec un mid-tempo, le quatuor californien a mis tout le public dans sa poche. Le tempo ne décolle pas vraiment avec les titres suivants, tous issus de l’album “maudit” de Unida (album jamais sorti officiellement, rappelons-le, mais dont tout le monde connaît les titres par cœur, ça saute aux yeux – ou aux oreilles – ce soir !) : “Thorn”, “Summer”, “Stray” s’enchaînent et montrent qu’il ne suffit pas d’appuyer sur l’accélérateur pour plaire au public. Scéniquement, Garcia, comme à son habitude, est plutôt introspectif, il assure le minimum vital, ni plus, ni moins. Arthur Seay est plus sobre dans le contexte Unida que dans son combo HOBP vu quelques heures plus tôt, il assure ses leads et ses rythmiques avec l’attitude qu’on lui connaît, mais plus discret néanmoins. Quant à son neveu Owen au look improbable à la basse, on voit qu’il n’a pas eu son poste simplement par piston : il assure bien ! Un peu introverti au début, il se lâche un peu plus scéniquement sur la fin, rien de transcendant néanmoins. Quant à Mike Cancino, toujours coincé derrière sa batterie, il se démène comme un cinglé, et tente sans arrêt de communiquer (difficilement vu sa position) avec le public. A l’image de Lowrider plus tôt sur cette même scène, Unida n’a pas le luxe de disposer d’une discographie énorme, ils vont donc chercher ici ou là un peu de variété dans leur set list, à l’image de ce “Red” issu de leur cultissime split avec Dozer, ou ce “Nervous” issu de leur première production chez Man’s Ruin. Le milieu de leur set est ensuite à nouveau composé de titres issus de leur plus récent album, avec notamment un coup d’accélérateur donné avec “Puppet man” (ou “Coffee song” pour les puristes) et le furieux “M.F.N.O.”, judicieusement séparés par le chaloupé “Last day”. Le rappel est constitué des pêchus et expéditifs “Dwarf it” et “Black woman”. Garcia salue et applaudit le public avant de quitter la scène discrètement. Il peut être fier du travail accompli : c’est fait, et bien fait.
[Belzebong]
C’est presque encore en érection, que les mordus du stoner quittent la grande salle pour réinvestir le foyer et ses ambiances minimalistes. Le premier groupe a jouer après les têtes d’affiche estBELZEBONG. Malgré l’heure tardive – il est allégrement plus d’une heure trente du matin – et le nombre de titre entendus, le public est encore présent pour ces Polonais bien déjantés qui nous ramènent encore une fois sur des rivages bien glauques et lancinants. On est dans le genre un peu stoner rock bien heavy et beaucoup doom : c’est furibard et lent à souhait. Les nuques semblent engourdies dans un headbanging et ça ne pogote plus devant la petite scène. La noirceur s’est emparée de la salle pour un set instrumental massif et carrément ravageur. Entre ces mecs et Blues Pills il y a un océan et pourtant personne ne semble choqué de voir ces deux formations se produire le même jour dans le même festival, qu’on pourrait considérer à tort comme plutôt sectaire en ce qui concerne son ouverture musicale. Nous croisons encore devant la scène d’autres ravagés du bulbe qui se la sont donné autant pour ce set furieux que pour ceux interprétés par les artistes plus psychédéliques de la soirée.
[Danava]
Nous allons ensuite nous balader au merch, taper la conversation avec quelques artistes (car le Desertfest ce n’est pas que deux scènes, mais aussi des espaces dédiés à des graphistes et à des réalisateurs) puis retourner fumer (ou pas, car 50 % seulement de l’équipe Desert-Rock est fumeuse) et on revient du côté de la petite scène. Nous y constatons avec joie que le type qui s’est gouré lors de son achat de billet d’avion est désormais dans la place, et que le soundcheck / change over / linecheck touche à sa fin. Ses camarades sont aussi là et ils ont l’air en forme malgré le nombre d’heures enquillées sur les lieux pour un show initialement prévu dans l’après-midi et qui prend place du côté de deux heures trente du mat ! Jan, le DJ qui anime les aftershows, a du coup été déplacé dans le Theatre Bizarre car c’est au tour de DANAVA de finalement se produire sur la plus petite des deux scènes. Cette seconde formation originaire de Portland à jouer ce jour-là ramène un peu de vigueur après le doom entendu précédemment. Artistes à la dégaine et au look improbable de hardrockers eighties, les mecs de Danava véhiculent une image assez conforme au style musical dans lequel ils s’illustrent : un bon gros rock daté bien heavy et redoutable sur scène même au petit matin. Le public – qui s’est quand même un peu réduit depuis la fin de Unida – réserve un accueil chaleureux à Danava qui clôt de belle manière cette deuxième journée (nuit ?) berlinoise. Nous rangeons nos appareils, nous tapons une belle tranche de rigolade en voyant les corps enchevêtrés et endormis dans l’antichambre de l’Astra et regagnons notre hôtel pour une nuit bien méritée, après avoir assisté à la journée la plus importante en ce qui concerne le nombre de concerts proposés d’affilée lors de ce festival.
Photos : Chris & Laurent
Chris & Laurent
Deux de vos chroniqueurs s’étaient filé rendez-vous pour l’édition 2013 du Desertfest de Berlin. Ce second volet, du festival dédié au Dieu stoner et à ses saints, proposait une affiche qui envoyait le bois et il aurait été criminel de ne pas s’y rendre. Outre de la musique, nous avons aussi rencontré des organisateurs aussi sympathiques qu’efficaces, un public génial au sein duquel on entendait souvent parler français et une ambiance bon enfant fort conviviale. Après s’être attrapé dans un des aéroports de la capitale allemande, nous avons rapidement rejoint l’ouest berlinois dans l’ex-secteur étasunien.
En arrivant dans les parages de l’Astra, on comprend petit à petit que l’ambiance de ce Desertfest s’annonce excellente. Situé en bordure du Kreuzberg, quartier jeune et branché de Berlin et ex-haut lieu des mouvements alternatifs teutons, il se côtoie aux abords de la salle une mixité de cultures assez ahurissante. Le lieu du festival est planté au milieu d’une ancienne zone industrielle en friche qui est taguée jusqu’au moindre centimètre carré. En rentrant dans les lieux encore vides en début d’après-midi (le festival ouvre ses portes dans quelques heures), le potentiel de cette structure est évident, et tout a été prévu par l’orga pour ravir les fans de stoner qui commencent à s’amasser gentiment devant les portes, en cette radieuse journée berlinoise…
[Satellite Beaver]
Après avoir échangé avec le staff du festival et s’être baladé un moment du côté de l’East Side Gallery qui est à un jet de pierre de l’Astra, c’est muni de nos kits de rockporters que nous nous sommes repointés dans le périmètre du festival pour SATELLITE BEAVER qui avait l’honneur d’ouvrir ce festival. C’est en voisins que ces Polonais ont fait le déplacement et c’est sur la petite Foyer Stage qu’ils ont envoyé la poudre devant un public quelque peu clairsemé en cette fin d’après-midi. Pratiquant un style bien bourrin, le quatuor entraîne cependant rapidement le public à secouer sa nuque. Il faut dire que les gros lourds qui étaient déjà présents nattendaient que les premiers accords pour hocher du chef emmené dans leur folle danse par des musiciens visiblement présents pour se faire plaisir. Le style DIY de la petite scène allait comme un gant à ce combo actif dans un registre qui se laisse parfois aller à quelques plans fuzz dans leurs compos bien sludge. Même si le soleil brillait encore sur Berlin à l’heure à laquelle le groupe s’est produit, c’est bien à lui que nous devions la température tropicale qui régnait dans la salle durant un set suintant la testostérone que le frontman, Szymon, finit torse nu en vociférant dans son micro.
[Samsara Blues Experiment]
Après presque trois quarts d’heure de gros son, il était temps de se diriger vers la grande scène Main Stage pour le premier concert qui y était donné. Il est nécessaire ici de préciser que ce festival offre la possibilité de voir l’intégralité des shows en programmant les groupes sur ses deux scènes sans que jamais ceux-ci se télescopent et en laissant aux spectateurs le loisir de tirer sur une clope, un joint ou de se tirer une bière entre les deux espaces dédiés à la musique qui ne sont distants que de quelques dizaines de mètres. Il revenait aux Allemands aux longs cheveux deSAMSARA BLUES EXPERIMENT l’honneur d’offrir la première prestation sur la grosse scène. Loin de pratiquer un chauvinisme à deux balles, l’organisation a avant tout visé l’efficience et nous regretterons deux jours plus tard le fait que My Sleeping Karma ne se produise pas dans ce même espace. Le quatuor berlinois qui jouait à la maison avant de se rendre au Desertfest londonien, nous livra un concert dans la lignée de ses prestations habituelles. Un gros voyage cosmique empreint du psychédélisme de Pink Floyd et le public a immédiatement été réceptif au set aérien des allemands. Si nous avions déploré par le passé le côté statique des shows de SBE, il faut bien avouer que désormais Christian (guitare et chant) et Richard (basse) s’ingénient à faire juste ce qu’il faut de show pour contrebalancer la rigidité de l’impressionnant Hans à la seconde gratte et la disparition régulière de Thomas derrière ses fûts. Cette première incursion en terres tripées avec juste ce qu’il faut de couilles pour ne pas verser dans les plans de hippies – “Into The Black” étant la meilleure illustration de cette bicéphalie – a convaincu une bonne partie du public ainsi que nous-mêmes qui nous tirions le sourire aux lèvres assister au prochain concert.
[The Shrine]
On change de ton assez vite quand THE SHRINE se pointe sur la scène du Foyer. Les californiens ont laissé leur skate au vestiaire et déboulent sur scène pour en découdre ! Après les volutes plutôt psyché de Samsara Blues Experiment, le choc est violent : le trio de furieux enclenche pied au plancher et leur mélange de stoner punk au son bien gras met un peu de temps à conquérir un public qui n’était clairement pas dans cet état d’esprit musical quelques minutes plus tôt. Mais petit à petit, les riffs rèches dégainés avec hargne par Josh Landau gagnent tout le public qui se retrouve massé près de la petite scène, où l’atmosphère devient suffocante. Le chanteur/guitariste déjanté, au look de hard rocker 80’s (veste à patch sans manche, Flying V old school…) ne se ménage pas et beugle ses couplets comme un furieux. Au croisement de Black Sabbath, des Ramones, des très anciens Suicidal Tendencies (pour l’esprit punk hardcore mêlé aux shreds de furieux), ou encore de Valient Thorr, The Shrine a de quoi plaire à beaucoup de monde ! Cet esprit garage débridé finit par emporter l’adhésion d’un public qui aura trouvé ici un défouloir bienvenu en fin d’après-midi…
[Victor Griffin’s In-Graved]
Une clope, un truc pour étancher la soif et nous revoici du côté de la Main Stage pour la première tête d’affiche véritable de ce festival : VICTOR GRIFFIN’S IN-GRAVED ! Nous avions apprécié les premières aventures solo de l’ex-contributeur de Pentagram et Place Of Skulls, et c’est avec pas mal d’impatience que nous attendions de considérer de visu ce que donnait ce nouveau projet sur lequel nous ne nous étions pas encore penché avec le sérieux nécessaire (nous ne sommes pas des gens sérieux). Première bonne surprise : nous croisons Guy Pinhas, le frenchie omniprésent dans le monde stoner (Acid King, Goatsnake, Thorr’s Hammer, etc…), qui s’apprête à nous balancer un bon gros son de quatre-cordes. Même si ce nouveau projet n’est pas ce que nous qualifierons comme étant du stoner pur sucre, le public adhère rapidement au style déployé par le bonhomme et par son band. Les lignes de keyboards donnent une patine très appréciable aux compositions très hard rock que Victor Griffin et ses acolytes ont envoyé sur scène. Si certaines compositions présentes sur le premier opus sorti fraient dangereusement avec le rock fm, il n’a pas été question durant ce set berlinois de mièvreries, mais bel et bien de bon gros rock bien lourd comme il faut. L’affluence en fin de journée – ouais plutôt au cœur de la nuit en fait – sur le stand merch où Victor vendait sa came nous fit remarquer que nous ne fument pas les seuls a être emballés par ce nouveau projet qui fait parler la poudre. La deuxième surprise du concert a résidé dans la monté sur scène de Ron Holzner (Trouble, Place of Skull, Debris, Inc.,…)– qui est aussi présent sur le disque par ailleurs – pour un titre. Beau boulot que cette prestation dont le point d’orgue fut “Love song for the dying” une sorte de power ballad sur disque et un gros déluge bien bourrin sur scène.
[Dÿse]
Changement de paradigme avec DŸSE qui investit le Foyer quelques minutes après l’orgasmique prestation de Victor Griffin. Ces deux lascars œuvrent dans un registre pas très éloigné de celui des Cyborgs. C’est un gros fourre-tout sonique quelque part entre le garage rock et le heavy. Les Teutons s’illustrant entre les deux grosses pointures de ce premier jour à l’heure où le public avait envie de prendre des munitions pour Pentagram, de pisser ou de croquer un moreau, ce ne fût pas l’émeute devant la scène pour leur show qui contrastait assez avec le reste de l’affiche de ce festival. Bref nous avons assisté à un concert pas franchement mal foutu, mais qui ne nous marqua pas spécialement en regard de ce à quoi nous avons assisté durant ces trois jours de jouissance pour nos oreilles.
[Pentagram]
Place à la tête d’affiche incontestable de cette première journée du DesertFest, avec PENTAGRAM qui monte sur scène de manière quasi-cérémonieuse. On constate d’abord l’absence annoncée du vétéran Victor Griffin, qui s’est détaché du ‘Ram depuis quelques mois pour se concentrer sur sa carrière solo (voir chronique plus haut), remplacé par un petit jeune, Matt Goldborough. L’instru de “Day of reckoning” commence, et le maître de cérémonie Bobby Liebling monte sur scène de manière théâtrale, pour lancer un “Forever my queen” assez réussi. Dire que le bonhomme est très en voix serait un peu abusif : à 60 balais, tenir la scène comme il le fait tient déjà de l’exploit… Et puis Pentagram n’a jamais été connu pour la performance vocale de Leibling, mais plutôt pour sa prestance, son charisme et ses vocaux hantés. Et pour ça, on en a pour notre argent ! Maquillé, le cheveu gris hirsute, doté d’une chemise d’un ancien temps, il fait le job sans problème. Difficile d’en juger sur les derniers titres (nous avons noté au minimum 2 morceaux issus de leur “Last Rites” de 2011 – “Turning to night” et “Treat me right”), mais sur les grands classiques du groupe, on a beau noter le vocaliste un peu à la peine pour tenir les notes les plus longues, il n’en démérite pas pour autant : sourires, grimaces maléfiques, danses improbables… Le show est au rendez-vous et le public s’éclate, le sourire jusqu’aux oreilles. Le petit nouveau assure bien à la gratte, sachant qu’il n’a que 2 ou 3 concerts maxi dans les pattes, nous n’avons pas noté de pain… Avec si peu d’expérience, on ne le comparera pas au père Griffin, mais il fait le job, tout comme ses collègues à la rythmique, qui se la donnent bien. Lorsqu’au rappel Leibling s’engage dans le plutôt rare “Be forewarned”, le public est plutôt déstabilisé, mais la doublette de classiques “Sign of the wolf” et “When the screams come” termine ce concert de haute volée.
[Lonely Kamel]
Le sourire aux lèvres, le public s’engage vers la scène Foyer pour un dernier set pour la soirée, celui de LONELY KAMEL. Les norvégiens avaient annulé leur participation au Desertfest de l’an dernier en dernière minute, pour cause de maladie, et ils montent sur scène en cette fin de soirée en sachant qu’ils ont une revanche à prendre. Dotés d’une expérience scénique remarquable, le quatuor scandinave à la pilosité faciale affirmée envoie effectivement le bois. Avec une sorte de stoner psyche bien puissant, nappé de hard rock 70’s un peu bluesy parfois, le combo maîtrise son set à la perfection. Alors que le bassiste Stian n’est pas le plus expansif, à l’image de Thomas qui doit en plus assurer les vocaux, Lukas, lui, se la joue guitar hero et se lâche bien sur le côté droit de la petite scène. Le tout est tour à tour nerveux et enlevé, les passages plus planants succèdent aux riffs bien péchus. Le chant de Thomas, profond sans jamais sonner trop guttural, apporte un relief important aux morceaux. Au final, le set déchire bien, et nous pensons que si la fatigue cumulée de la journée ne nous avait pas pris en traître, on aurait encore plus apprécié. Un groupe à revoir au plus tôt sur scène, et en tout cas une excellente clôture pour cette journée qui a tenu toutes ses promesses.
Photos : Chris & Laurent
Chris & Laurent
Incertain jusqu’à la dernière minute, je me suis finalement dit que cette dernière date de la tournée « Stoner Rise », réunissant 3 des groupes préférés de Desert-Rock, méritait probablement les quelques centaines de kilomètres qui séparait mes cages à miel de leurs amplis ronflant…
Après quelques heures de route, je suis satisfait d’arriver à l’heure pile prévue pour l’ouverture des portes… pour découvrir Loading Data déjà sur les planches ! « Ca a commencé il y a un gros quart d’heure », me dit le mec à l’entrée… Tu parles ouais ! Les boules… Me reste une poignée de titres pour me mettre dans l’ambiance, pas idéal ! En tout cas, le groupe est déjà en sueur et le public semble apprécier. Un public pas énorme malheureusement (moitié de la salle remplie, dirais-je), sans doute dû à ce démarrage anticipé ! Il m’a semblé arriver sur un titre de leur précédent album (« Circus Me » je crois, en mettrais pas ma main au feu, vu comme j’étais énervé…), un nouveau titre bien sympa (ayant acheté l’album le jour même, je le connaissais pas encore, donc désolé pour la set list bancale !), un autre titre ancien (« Alarm me »), un ou deux morceaux bien cools qui m’étaient inconnus… Bref, du tout bon ! Lo bien sûr se la joue à fond : on peut pas lui enlever ça, il est pas là pour faire de la figuration, et sa voix profonde, grââââve sert à la perfection la musique si particulière du combo. Ses collègues assurent aussi velu : Julien est probablement le plus calme, avec son look de dandy cool à peine moins guindé que Troy Van Leeuwen, il assure bien, tout comme Louise à la basse, qui pourrait se satisfaire de se la jouer cool, jolie et branchée en retrait au fond de la scène, mais qui pourtant se la donne à fond comme les autres ! Bref, même si mon expérience fut tronquée, j’ai vraiment trouvé Loading Data super carré et assez efficace ce soir, j’ai été agréablement surpris. Et quand Lo invite tous les autres groupes à le rejoindre sur scène sur l’un de leurs titres les plus cools, le fameux « Do it on the beach », on commence à comprendre que cette soirée ne va pas être comme les autres… Reuno et Julien (respectivement chanteurs de Mudweiser et 7 Weeks) ne se font pas prier pour venir onduler derrière les micros et hurler les chœurs, vite rejoints par Jay, le bassiste de Mudweiser.
Pour éviter l’inexorable couvre-feu, les groupes doivent non seulement jouer des sets plutôt courts (50 min approx par groupe) mais aussi débarrasser la scène au plus vite pour les copains. Si bien que j’ai à peine le temps de serrer quelques paluches que déjà les lumières s’éteignent pour laisser place à Mudweiser. Et je n’étais pas au bout de mes surprises. Déjà, l’ambiance a changé : le public s’est retrouvé tassé, la salle remplie quasiment (mais d’où sortent-ils tous tout d’un coup ??), et s’est bien massé sur le devant de la scène (y compris la viande soule, premier choix of course). On a pris 10 degrés d’un seul coup. Et sur scène, pareil : autant j’aime bien Mudweiser sur album, autant sur scène, c’est carrément un autre niveau. L’énergie dispensée est assez incroyable, il y a une connexion avec le public dont peu de groupes peuvent se targuer. A l’évidence, 80% de cette connexion tient sur l’éminente sympathie générée par Reuno (hurleur chez Lofofora pour ceux qui suivent pas au fond de la classe) : ce mec apparaît sympathique, jovial, blagueur, charismatique… Pas une once de prétention, en plus, et par ailleurs une paire de cordes vocales en béton armé qui assurent le job mieux que quiconque. Le furieux Jay à la basse virevolte lui aussi dans tous les sens, et se pose là pour montrer que Mudweiser n’est pas que le groupe de « Reuno de Lofo ». La moiteur qui émane des amplis pleins de sludge, associée aux corps en sueur qui se massent contre la scène rendent l’ambiance torride comme une nuit d’été en Louisiane ! Dans l’ambiance un peu enivrante, il m’a même semblé que le groupe commençait par 3 ou 4 titres du nouvel album… en réalité les premiers, dans l’ordre de l’album ! Pourquoi s’emmerder à tout mettre dans le désordre après tout ! Après un court passage par leur premier méfait (« Missing in action ») « Witch song » fut un bon exemple d’un bon titre sur album, qui devient un gros titre sur scène… Bref, super set, super ambiance, rien à dire.
Même rapidité pour préparer la scène pour 7 Weeks qui a la lourde tâche de clore la soirée. Ni une ni deux, le groupe prend la scène, et en entamant par l’un de ses titres les plus directs, « Acid Rain », le quatuor donne le ton : ils sont pas là pour nous conter bluette ! Pied au plancher, ils passent au plus heavy « Carnivora », plus chiadé aussi niveau son, et ça marche aussi. Même si le look classos de Manu Costa au synthé détonne un peu par rapport aux rockers pouilleux qui ont défilé sur scène toute la soirée, l’apport de claviers sur certains titres s’avère efficace pour retranscrire certaines sonorités qui désormais font partie du son de 7 Weeks. Par ailleurs, le bonhomme n’hésite pas à prendre la basse de Julien lorsque ce dernier s’empare d’une seconde guitare pour épauler Florian, l’autre impeccable bretteur du groupe. Boosté par une mise en son pêchue (et laissant peu de place à la subtilité, ce qui aujourd’hui n’est pas un mal), les vocaux hargneux de Julien fonctionnent impeccablement en live. Bien confiant dans la qualité mastoc de son dernier album, le groupe compose l’essentiel de son set d’extraits de ce dernier, ce qui fonctionne bien, à l’image des efficaces « Diary – Day 7 » ou encore « Let me drown ». Plus impressionnant encore, cette impression d’une belle machine live, un groupe d’une efficacité remarquable, carré au plus haut point… Quand sur la fin le groupe invite tous ses potes des 3 groupes sur « Loaded » (extrait de « All Channels off »), c’est jouissif : le titre reste même étonnamment écoutable et reconnaissable, quand on considère que sur cette scène de 10m² environ évoluent tout simplement TOUS les musiciens de la soirée (je ne crois pas en avoir oublié), qui au micro, qui à la basse, qui au tambourin, les autres à danser comme des fous et à s’embrasser sur scène, avec un Florian en slip…
Manifestement, tout le monde est méga heureux d’être là, et toute la soirée ils n’ont eu de cesse de répéter leur tristesse de voir cette tournée s’arrêter ! A en voir l’émotion sur ce final et tout au long du set, et en ayant été témoin de la qualité de ces trois prestations, je n’ai aucun mal à imaginer les bonnes soirées passées par tous les groupes impliqués. Félicitations à eux.
Laurent
Encore une fois, dans cette région où il ne fait pas bon être rocker, c’est le Celtic Pub, à Tarbes, qui sauve l’honneur, en proposant une double affiche de haut niveau.
Notons que l’audace paye, ce soir : le petit bar est blindé lorsque j’entre sous les déflagrations sonores de Whisky & Weed. Le groupe de locaux n’est manifestement pas venu seul, et il semblerait qu’une bonne part de l’affluent public soit composé de potes à eux… Ca ne fait qu’ajouter à la bonne ambiance qui règne dans le sympathique bar ce soir. Dans tous les cas, la musique du combo prête à la bonne humeur tout simplement. Pendant presque une heure, le groupe enquille ses titres de manière assez robuste. Son stoner rock somme toute assez classique fait mouche, c’est carré, c’est plaisant, ça fonctionne bien.
En toute franchise, le groupe gagnerait à affirmer un peu plus son identité, car les influences sont assez pointues. Lorsqu’au milieu du set on entend un morceau largement inspiré du « Odyssey » de Kyuss, on est presque mal à l’aise (c’est peut-être un hommage ou une réinterprétation ?). Même si la musique du groupe se place dans une tendance plus rock’n’roll, on aimerait qu’il force encore un peu le trait au niveau des compos. Mais au final pas grand-chose de négatif à mettre au crédit de ce groupe vraiment sympa, pas trop prétentieux, qui assure un concert bien fun.
Après quelques dates « sudistes » (Espagne et Sud Ouest de la France), Mars Red Sky a eu la bonne idée de poser ses amplis en terre bigourdane sur le trajet du retour chez eux. Le groupe a acquis ces derniers mois / années une expérience scénique importante, foulant les planches de festivals prestigieux, de salles importantes, et de clubs divers un peu partout en Europe. Lorsque Julien commence à faire ronronner ses pédales d’effet et que Jimmy commence à lentement faire vrombir sa basse, une douce torpeur envahit le Celtic. Cette intro instrumentale permet au groupe de récupérer l’attention d’un auditoire toujours bien fourni, et de poser la première brique d’un set massif, fluide et varié à la fois. Même si le groupe ne dispose pas d’un temps de jeu énorme (couvre-feu !) il met à profit cette petite heure de décibels pour roder quelques nouveaux titres (probablement de ceux qui figureront dans leur prochain EP). Difficile, noyés au milieu d’un set très ambiancé, de jauger déjà de leur potentiel « infectieux » sur vinyl, mais le feeling est excellent, et il me tarde déjà de les ré-entendre plus posément. Le trio n’oublie pas pour autant d’injecter quelques uns de ses classiques, et notamment les superbes « Curse » et « Strong Reflection », hantés par les vocaux aériens de Julien.
Derrière le duo de cordes, Matgaz martèle ses fûts avec force et légèreté à la fois, dans une sobriété de jeu qui dissimule à peine la technique impressionnante et la subtilité du bonhomme. Concentrés sur leurs instruments, Mars Red Sky tisse une trame musicale envoûtante, maîtrisée, dans un style affirmé. Si bien que le set déroule sans heurts et surtout sans que l’on ne voie le temps passer. Une petite parenthèse de plaisir musical.
Bravo encore le Celtic pour avoir pu proposer une affiche stoner de si bonne qualité.
Laurent
Notre gallerie photos.
La dernière fois que j’avais vu The Sword en concert, c’était en ouverture de Metallica au Palais des Sports d’Anvers en 2009. Il était donc temps que notre quatuor américain ne revienne en Europe pour une vraie tournée digne de ce nom. Il faut dire que les bougres avaient bien tenté l’expérience il y a quelques mois mais le départ soudain de leur batteur avait on s’en doute, compromis les plans du groupe.
Un nouveau batteur, un nouvel album, un nouveau label, me voici donc à peu de choses près 4 ans plus tard, toujours dans la ville d’Anvers pour m’en prendre plein les oreilles. Toujours à Anvers oui, mais nous sommes bien loin du Palais des Sports et c’est tant mieux ! Non, ce soir, c’est le Trix, modeste salle, à mi-chemin entre grand bar et petite salle qui nous accueille. La capacité annoncée ? 432 personnes maxi. Le concert n’est pourtant pas affiché complet même si j’ai un peu de mal à le croire, la salle étant très bien remplie.
Elle l’est déjà lorsque le premier groupe de la soirée entame son set. Your Highness, des locaux, nous délivrent un rock bien pêchu, apparenté stoner et parfaitement dans le ton pour la soirée.
Après cette entame ma foi sympathique, voici le tour de Lonely Kamel. Groupe que j’apprécie particulièrement sur cd, voici la chance de les voir sur scène. Je dis bien la chance car il est fort à parier que ce groupe ne sillonnera pas les routes françaises très souvent, et n’ayant pas eu la chance de les voir lors de la tournée Up in Smoke, je ne boude pas mon plaisir. Oui je précise routes françaises car comme chacun l’aura déjà compris, la tournée de The Sword évite soigneusement l’hexagone.
Le groupe entame sur l’énergique Evil Man, extrait du dernier album qui représentera à lui seul cinq des huit titres joués ce soir. Mes premières impressions sont excellentes et cet avis ne changera pas tout au long du set. Leurs albums studio souffrant peut-être d’un polissage trop fort, d’un son pas assez brut à mon gout, l’interprétation live ajoute cette petite dose d’authenticité qui finit d’achever les sceptiques. Le groupe alterne entre passages énergiques et plus planants. L’enchainement Grim Reefer, Ragnarökr, Stick With Your Plan vaut à lui seul les heures de route effectuées. Tomas nous précise que c’est la première fois qu’il joue Ragnarökr, et bien vous le maîtrisez déjà pleinement ce titre les gars. Spacerider, le seul représentant du premier album vient clore le set du quatuor norvégien de bien belle façon. Excellente prestation, j’en redemande.
Après la petite pause réglementaire, c’est au tour de The Sword de prendre possession de la scène pour un set d’une heure vingt dense, complet et parfaitement maîtrisé. C’est avec le premier titre de leur dernier effort studio que le groupe se lance. Tout de suite, j’en prends plein les oreilles. Le son est bon même si j’aurai aimé voir la basse un peu plus présente. Et premier constat assez positif, John chante très correctement. Attention, je n’ai pas dit qu’il chantait bien, mais l’un dans l’autre, il s’en sort honnêtement. Car il ne faut pas se le cacher, pour lui, le chant en studio c’est une chose, en live, ce n’est pas toujours une réussite. Peut être suis-je aussi indulgent du fait de les voir enfin après une attente et une frustration bien trop longue. Le groupe enchaîne directement avec le cultissime Freya, je tourne la tête et regarde derrière moi, ça headbangue de partout dans la salle. Excellent morceau pour voir si le groupe est en forme, une intro réussie aux petits oignons, une rythmique imparable, le premier solo pile comme il faut, du tout bon !
Vient ensuite Hammer of Heaven, titre parfois méconnu des fans car ne figurant sur aucun des quatre albums. On tourne dans le lourd au tempo lent, un bon choix pour surprendre l’audience sans la dérouter.
Parfaitement lancé dans la bataille, le groupe déroule son set sans le moindre accro. Les trois premiers albums sont représentés chacun par trois titres, le dernier album est lui bien sur le plus défendu avec six titres. L’ensemble est très homogène et le groupe est vraiment en pleine maîtrise de son sujet. Certains regretteront éventuellement un manque de surprise et de prise de risque, ce qui n’est pas faux, mais en même temps, ce n’est pas le genre de groupe que l’on peut voir souvent en Europe pour le moment donc ne faisons pas les blasés, profitons. C’est une position que j’applique à la lettre et donc forcément je me régale. Et je ne suis pas le seul visiblement puisque j’ai beau me retourner régulièrement pour jeter un oeil sur le public et ça headbangue toujours autant.
J’espère aussi que la prestation aura fini de convaincre ceux qui ne trouvent pas le dernier album excellent. L’intro de Cloak of Feathers et son pur riff ne peut qu’aller dans ce sens. Le tout enchainé avec un Arcane Montane monstrueux, suivi de l’excellent Dying Earth pour l’adhésion totale des plus réticents.
A titre strictement personnel, j’aurai vraiment aimé avec un enchainement Iron Swan/Eyes of the Stormwitch, mais ni l’un ni l’autre ne sera joué. A la place le groupe m’offre Arrows in the Dark/Night City… hum… Ok, je prends.
Après avoir commencé par l’ouverture du dernier album, le groupe termine avant le rappel habituel avec le dernier titre de ce même album, Apocryphon. Les coups de batteries sont autant de claques qu’on se prend, c’est puissant. Le groupe peut sortir de scène avec le sentiment du devoir accompli.
Bien entendu le public en redemande et le traditionnel rappel est là pour nous offrir un petit bonus.
Et quel bonus ! Le groupe se paye le luxe de se garder pour finir un enchaînement Barael’s Blade/Winter’s Wolves. Pour le premier des deux titres, John est tellement dans son trip durant l’intro qu’il en oublie le micro pour chanter.
Je me retourne une dernière fois pour voir le public, ça n’headbangue plus, ça fait du crowdsurfing, l’ambiance est bonne. Forcément avec un groupe comme celui-ci, défendant avec conviction et talent des titres aussi excellents.
The Sword, c’est quand vous voulez, j’en serai.
Setlist Lonely Kamel
Evil Man
A Tale of a Madman
Rotten Seed
Grim Reefer
Ragnarökr
Stick With Your Plan
Roadtrip with Lucifer
Spacerider
Setlist The Sword
Veil of Isis
Freya
Hammer of Heaven
Tres Brujas
How Heavy This Axe
Cloak of Feathers
Arcane Montane
Dying Earth
Maiden, Mother & Crone
To Take the Black
Seven Sisters
Arrows in the Dark
Night City
Apocryphon
————
Barael’s Blade
Winter’s Wolves
Shinkibo
Il est clair que la notoriété de Truckfighters dans nos contrées les plus occidentales de l’Europe n’est pas à la hauteur de leur réputation scénique, ni de leur production discographique. A ceci, au moins une explication : le groupe n’avait, jusqu’à cette année, pas joué plus de 4 fois de notre côté de la frontière (et encore, uniquement dans des villes plutôt à l’est). Jamais le groupe n’avait même été jusqu’en Espagne par exemple. Remonté comme des coucous, et auréolés d’une notoriété qui les a mis en confiance, le groupe a jeté ses amplis dans une petite camionnette, et a pris la route, bien décidé à aller faire exploser neurones et tympans un peu partout en Europe ! Dans ce contexte, avec une furieuse envie d’en découdre, le groupe aura même ajouté un peu à l’arrache cette date à Toulouse, initialement non prévue dans sa tournée. Annonce tardive, peu de promo, groupe pas encore très renommé, tout laissait à penser que l’affluence serait catastrophique. Quel soulagement dès lors d’arriver devant la salle en constatant une petite file d’attente ! Mieux encore, une fois rentrés, l’affluence dans la salle est plus que satisfaisante, et ce alors que le premier groupe n’a pas encore branché ses guitares.
Le premier groupe est Slurm. Comme son patronyme un peu crasseux le laisse penser, le quintette évolue dans un gros sludge bien gras, pas d’ambiguïté. Plus précisément, Slurm se rapproche très (trop ?) largement de Down, et la voix du chanteur rappelle énormément celle d’Anselmo, sur pas mal de passages. De fait, la musique du groupe a un peu de mal à se détacher de ce lourd héritage, et lorsque ici ou là ils se lâchent un peu et développent des passages un peu plus variés, atmosphériques par exemple, on sent que le potentiel est là.
Wonderbar prend la suite, et leur pourtant assez longue balance ne leur aura pas permis de mettre tout sous contrôle : le trio enquille les problèmes techniques qui polluent un peu leur début de set, mais pas leur bonne humeur. Le groupe évolue dans un style assez éloigné du stoner, une sorte de mélange de Helmet, de Prong, de Cult Of Luna. Ça part un peu dans tous les sens ! Du coup, on ne s’ennuie pas trop durant leur set, même si au final on cherche un peu la ligne directrice globale.
Il est temps pour Truckfighters de monter sur scène. Et alors que retentissent les premiers accords de « Desert Cruiser » et son gros riff fuzzé, on comprend qu’on va probablement prendre une grosse claque. Ozo à la basse tient bien la baraque, il assure non seulement des vocaux puissants mais aussi des grosses lignes de basse, rondes, saturées et percutantes juste comme il faut. Mais comme d’hab, les yeux s’orientent inévitablement vers Dango et sa gratte : comme possédé, le guitariste à l’allure improbable (un bonhomme un peu dégingandé, grand et mince, torse nu en shorts et une paire de tennis toutes pourries) saute dans tous les sens tel un pois sauteur, écrase son immense rack de pédales d’effets à toutes occasions, virevolte, harangue le public. Un beau duo en effet ! La set list est impeccable, le groupe enchaînant sur le très catchy « Traffic » puis « Last Curfew », des titres comportant des passages plus calmes, bien retranscrits en live, à l’image de l’épique « Chameleon » qui fait son apparition un peu plus tard. Pas difficile dans une discographie à la cohérence implacable de faire ses courses. Du coup, le groupe se permet même le luxe de faire une incartade dans ses productions plus « rares » (« Helium 28 » issu d’un split album avec Firestone).
Le public, pour beaucoup constitué de curieux, et pour partie de vrais amateurs, comprend peu à peu qu’il a devant lui une véritable machine de guerre scénique. L’alchimie entre les 3 bonhommes est palpable, et les titres s’enchaînent sans temps mort, sans laisser au public le temps de respirer ou comprendre ce qui se passe. Dango est littéralement déchaîné en fin de set, riffe comme un damné et aligne ses soli possédés comme si sa vie en dépendait, notamment sur le somptueux « Monte Gargano », particulièrement propice à l’exercice.
Au final, le set aura duré environ 1h30, et le groupe ne se sera éclipsé que quelques minutes reprendre sa respiration avant de dégainer sa dernière paire de cartouches pour un rappel que le public, sachant la fin proche, déguste jusqu’à la lie. Gros son, bonne ambiance, bons musiciens, rasades de fuzz, tous les ingrédients étaient réunis ce soir pour une superbe soirée.
Laurent
La tendance est là, il ne s’agit pas d’une mode, ni d’un revival : à n’en pas douter, le Glazart est ce soir le lieu de rassemblement hippie parisien. Tapis d’orient, bâtons d’encens, lampe à lave projetée sur la grosse caisse de la batterie et sur écran géant… j’aperçois même un t-shirt “Don’t worry, be hippie” ! Les quatre groupes présents (dont deux français et un suisse), avec chacun une identité propre, ont quelque chose en commun : la même intensité sonore et visuelle, au point de générer l’attraction de certains phénomènes atmosphériques, telle la tempête tropicale Nadine qui fera des siennes sur la scène durant toute la soirée. Quatre groupes aux qualités musicales indéniables, mais aussi et surtout des qualités humaines, ayant tous manifestement l’envie de partager avec le public des instants véritablement exceptionnels. Quel que soit le talent de ceux qui les composent et quelle que soit la manière dont ils l’expriment, les groupes présents dégagent quelque chose de beau, de grand et de fort ; ils ne sont pas non plus dénués d’une certaine noblesse, et ce n’est pas un hasard car dans ce temple où est célébrée ce soir une messe nocturne, véritable black sabbath, ils attestent tous à leur manière de l’héritage et de la continuité des Seventies ; et ce quelque chose a un nom : ça s’appelle le rock n’roll.
Grandloom démarre les hostilités dès 19h00 alors que les infos sur Facebook annonçaient 19h30, et l’intégralité du public n’est donc pas encore arrivée. Mais peu importe pour les allemands de jouer devant 200 ou 2000 personnes : Le groupe se donne à fond avec une intensité peu commune, et un son ENORME, enchaînant les titres sans laisser aucun répit. Une fois l’intégralité de leur album lancée sur les chapeaux de roue, ils ne s’arrêteront qu’une demi-heure plus tard, imposant un set carré et sobre, de l’énergie pure portée par des lignes de basse totalement déjantées (“Larry Fairy”), des riffs furieux (“Swamp”) et psychédéliques (“Paula’s Voodoo Groove”). Une prestation qui confirme le statut de Grandloom comme l’un des plus grands groupes stoner du moment.
Abrahma prend la suite et c’est une grosse claque ! Le public continue d’affluer, l’ambiance n’est plus la même : dès les premiers accords, c’est le feu aux poudres. On se demandait ce que valait Abrahma sur scène, après la parution de leur premier album (vendu 10 Euros sur place), et bien tous ceux qui étaient là ce soir ont saisi la différence : Abrahma est un groupe qui prend toute sa dimension en LIVE, ça ne fait pas l’ombre d’un doute. De l’aveu même du guitariste (Nicolas Heller), le groupe n’a pas forcément eu le temps de trouver exactement LE son (pourtant déjà énorme !) lors de l’enregistrement de l’album, le live offrant l’occasion de forger mieux encore l’identité musicale d’Abrahma. Ce soir, le son est plus aérien, plus ample, moins “dark” que sur l’album, et du coup, les compos paraissent plus subtiles et gagnent en intensité. La puissance qui se dégage du disque est encore amplifiée sur scène, où la voix de Seb Bismuth, plus psychédélique, est lancée comme une incantation, en communion avec le public. La présence charismatique du chanteur-guitariste fait son effet, immédiat et sans concession : le public réagit au quart de tour et se lâche. La complicité entre les musiciens et le contact avec la salle sont vraiment forts, le plaisir ressenti est partagé, et le groupe en est manifestement satisfait. L’album dans son intégralité ne sera pas joué ce soir, les 71 minutes qu’il contient débordant allègrement le planning prévu par les organisateurs. Abrahma est un groupe à l’avenir prometteur dont on va entendre parler, c’est certain.
Glowsun n’est pas encore apparu que déjà l’atmosphère qui s’installe indique clairement que l’on ne va pas avoir à faire à un groupe ordinaire. Tapis oriental, bâtons d’encens au bord de la scène… Ambiance feutrée qui donne le ton pour la suite. On pourrait supposer qu’il s’agit là de simples artifices destinés à donner une certaine image orientée peace and love, alors qu’il s’agit d’un rituel qui est tout sauf désuet ou anodin : il est même émouvant, quelque part, il participe à la fête – car il s’agit bien d’une fête – avec le public, véritable filiation avec Led Zeppelin et les Seventies. Ce n’est pas de la nostalgie mal placée, ni l’apologie d’un “Âge d’Or” qui serait de retour, mais une continuité, qui s’inscrit dans l’Histoire du rock et pour certains, même, dans la Légende. Glowsun est certainement l’un des groupes français capable d’y entrer. Et puis le show démarre : la guitare semble vivante et lancer des cris venus du fin fond de l’espace ou de je ne sais quelle dimension, mais ce qui est certain, c’est que ça vient de sacrément loin ! La qualité du son est extraordinaire, Johan Jaccob s’en délecte, nous l’offre, nous la fait partager, s’en amuse avec son complice Ronan Chiron, impressionnant à la basse. Dès les premières mesures, le groupe génère une ambiance totalement irréelle et hallucinée, qui s’amplifie avec l’enchaînement d’autres compos certainement parmi les plus fortes de la soirée. Mais le spectacle n’a pas encore commencé : c’est quand l’atmosphère planante et les chants électriques deviennent tempête, puis orage, que le chanteur se lâche : le show est astronomique ! Comme ses acolytes, Johan Jaccob se donne à fond, fait corps avec son instrument et la musique et il s’éclate, en accomplissant ce que l’on pourrait qualifier une sorte de danse chamanique vraiment impressionnante.
D’autres personnes arrivent encore, certaines sont même munies de sacs à dos : on vient de loin pour voir Monkey 3 ! Dommage tout de même d’avoir raté l’occasion de voir les groupes précédents… Les fans sont venus en masse pour leur groupe favori. Là, plus question de tapis ni d’encens : à part le chapeau que porte Picasso, le bassiste, les rituels ont cédés la place aux plages rythmiques psychédéliques et aux sons électroniques distillés par le synthé, participant pour beaucoup à l’ambiance si particulière de Monkey3. Le seul artifice de la soirée est de taille : la sono est soudainement poussée à fond, au point que les sons graves fassent “drum n’ bass”, et rendent l’écoute finalement insupportable, même du fin fond de la salle (je ne porte jamais de bouchons dans les oreilles, par principe), ce qui incite un certain nombre de personnes à sortir fumer une cigarette ou respirer un peu d’air frais, d’autant que la salle est surchauffée. Les fans des Monkey3 se sont déplacés, mais pas seulement : une armada de photographes fait également son apparition, servant de couverture médiatique singulièrement incomparable avec celle des autres groupes. Tout comme le niveau sonore artificiellement augmenté, cela participe à la volonté manifeste de démontrer que Monkey 3 est un groupe “au-dessus du lot”, alors que techniquement et musicalement, il me semble que d’une part, la comparaison n’a pas lieu d’être, chaque groupe ayant en effet démontré ce soir une identité bien distincte, avec ses propres caractéristiques, et que de toute manière, au-delà de toute comparaison, il est injuste qu’un groupe, quel qu’il soit, bénéficie des faveurs de l’organisateur avec de tels procédés (passer en dernier, boostage en règle de la sono, déferlement de photographes). Bref, une attitude pour un groupe manifestement (auto ?)proclamé “star” au détriment des autres excellents groupes de la soirée, au moins aussi bons. Sans cette surenchère exagérée de puissance sonore, la reprise de “One of These Days”, de Pink Floyd, aurait pourtant valu à elle seule le déplacement.
Brad Burroughs
Un samedi soir sur la terre vaudoise pour les amateurs du genre psychédélique et instrumental : le Up In Smoke Vol.IV faisait escale le temps d’une soirée à l’Amalgame d’Yverdon et de ses bains. Cette ville sans grand intérêt a acquis ses lettres de noblesse dans le circuit rock’n’roll en abritant cet été la date suisse du fameux Sonisphere et quelle rigolade de voir des metalleux se balader avec des shirts de Metallica black album revival avec le Yverdon-les-Bains qui dépasse – et de loin – les autres noms d’étapes. Mais revenons à nos blancs moutons : la version quatre de la tournée organisée par nos potes de Sound Of Liberation avait débuté la veille dans la partie germanique de la Suisse. C’est donc une petite journée de car que se sont tapés les acteurs de ce tour pour rejoindre le pays d’origine – ou presque – de Monkey 3.
Ah ouais, j’ai été vraiment étonné lorsque les amis de Glowsun ont posté sur les réseaux sociaux une photo du véhicule qui sera le leur durant ces seize dates : un vrai car de tournée pour pointure des circuits rock’n’roll ; exit le van roots où s’amoncellent les corps, les instruments, le backline et les t-shirt puants : on voyage désormais dans un vrai car de rockstar ! Du coup quand je me suis pointé devant l’Amalgame déjà plongé dans l’obscurité je n’ai pas rebroussé chemin en pensant m’être gouré de soirée et j’ai pris place naturellement dans le parking faisant face au club qui, à l’heure de l’ouverture des portes, comportait encore plusieurs places libres… J’étais dans le juste : j’étais à un show stoner et à son habituel public clairsemé. Bon, il y avait quand-même déjà plus de monde que la dernière fois que j’y ai vu Karma To Burn lors d’une de ses – nombreuses – tournées européennes de post comeback.
Petit tour du propriétaire, poignées de main, causette avec des membres de notre forum, largage de quelque argent au stand merch qui recelait de mille-et-un trucs d’enfer genre le DVD du Roadburn de Monkey 3, les vinyles colorés de Glowsun et Monkey3, les affiches de Johan – à prononcer à la française s.v.p. – puis clopes sur le parvis et rentrée dans la salle pour tous – c’est-à-dire pour plus de monde que lors de mon arrivée car ça a commencé à affluer durant les civilités – afin d’assister au début du set des germains de la soirée.
Grandloom ouvre timidement cette petite sauterie stoner. Le trio instrumental de Gottbus ne semble pas faire très attention à son public et on se croirait presque en répétition. Le charisme de la formation n’est pas franchement bluffant en ce qui concerne sa présence scénique, mais force est de constater que les titres se succédant, le bassiste initiant quelques headbanging et les énormes riffs font mouche : le public adhère et se trémousse. Tout le monde semble ravi et je suis frappé par les similitudes physiques, scéniques et musicales que le guitariste a avec son homologue et compatriote Chris de Samsara Blues Experiment. Ne connaissant pas cette bande de teutons, je n’ai aucun repère pour apprécier l’interprétation des titres joués ce soir-là. Néanmoins, j’adhère bien au truc plus orienté planant que rentre-dedans. Les morceaux plutôt généreux s’enchaînent avec brio et le public reste un peu sur sa faim lorsque le groupe se défait de ses instruments à la fin d’un morceaux signalant ainsi la fin de leur set d’une manière très nonchalante.
On sort s’aérer les poumons – ou s’humecter le gosier pour certaines et certains – et retaper un brin de causette le temps pour Glowsun de se mettre en place, et c’est après un changement éclair que le trio nordiste se lance à son tour. Le rituel usuel débute avec l’indispensable bâton d’encens allumé par Fabrice qui donne le top départ de la prestation. De leur album ‘The Sundering’, seuls ‘The End’ et ‘Virus’ seront interprétés durant leur concert à l’Amalgame : le groupe se lâche avec des nouveaux, et remarquables, titres selon mes souvenirs. On attaque dans la nouveauté avec ‘Death’s Face’ qui ouvre aussi le flambant neuf ‘Eternal Season’. A la portée du public, le moins que l’on puisse dire c’est que les nouvelles compositions des désormais résidents de Napalm Records font tout leur effet sur scène de par leur aspect à la fois massif et hypnotisant : nul besoin de s’être tapé la discographie complète de ces lascars pour rentrer dans leur univers. En plus, la cohérence dans le choix du tiercé à l’affiche pour cette version d’Up In Smoke joue en faveur des lillos qui évoluent dans un registre pas très éloigné de celui pratiqué par la formation qui les suivra sur scène avec les parties vocales en plus.
Le set jouissif de nos potes survole avec parcimonie l’opus précédent avant de nous livrer une brochette de nouvelles compos foutrement bien ficelées. Fabrice envoie le gros bois derrière ses fûts, Johan tape des soli impeccables et limite ses parties chantées au strict minimum, Ronan livre un show de grande classe en faisant vrombir sa quatre-cordes avec brio, le public a la banane et ça commence à se décoincer un brin parmi les romands d’ordinaire si statiques : un bon concert pour un groupe que je n’avais plus revu depuis des lustres ; en fait depuis bien avant la sortie de son premier vrai long format… ça nous rajeunit pas tout ça…
Encore sous le coup de l’émotion on reprend le traditionnel bar, clope, tchatche à l’air libre et on rejoint la salle où une échelle trône désormais sur scène. Ah la technique reste la technique ; alors que les projections sur la batterie hexagonale s’étaient déroulées sans anicroche, la projection combinée grosse caisse et backdrop n’a pas l’air de fonctionner pour le groupe originaire d’une trentaine de kilomètres plus au sud. On s’affaire, on discute, on change de câble, on tchatche (et je ressors me faire un mégot) puis enfin on se met d’accord : Monkey 3 n’aura pas sa traditionnelle projection sur la batterie. Ce n’est pas bien grave, le groupe a de la bouteille et, même sans cet artifice, il va tenir la scène et entraîner son public dans un gros set psychédélique dont il est coutumier.
Les Suisses ayant opté pour la solution tout confort en tournée, ils ont emmené dans leurs bagages leur ingé-son afin de pouvoir transcrire sur scène l’énorme paire de couilles qu’a ‘Beyond The Black Sky’. Cet expert en son hard a profité de la mi-temps entre les deux tournées de Gojira qu’il assure pour pouvoir faire bénéficier à Monkey 3 d’un son terrible ! Le choix de cet apport se ressent sur le rendu fantastique que le quatuor déploie sur scène.
Niveau titres, on évolue dans un registre des plus classiques et il n’y a pas eu de grosse surprise, mais une efficacité redoutable. D’après ce dont je me souviens, je pense pouvoir affirmer que ‘Camhell’, ‘Electric Mistress’, ‘One Zero Zero One’, ‘Black Maiden’ et ‘Jack’ ont été interprétés, mais ayant pleinement profité de ce show jouissif, je n’ai pas opté pour noircir des pages avec les titres enchaînés. Show jouissif j’ai noté ? Hé ouais, ils ont de nouveau mis un boulet d’enfer et ceux qui ne l’étaient pas avant sont sortis évangélisés par ces apôtres du psychédélisme. Une prestation parfaite livrée par un Picasso toujours au poil avec son stetson et son jeu parfait, un Walter métronomique à la batterie, un dB clopant frénétiquement en balançant ses nappes synthétiques et un Boris qu’on reconnaît à peine sans son marcel, mais qui est toujours aussi précis dans ses plans à la fois planants et incisifs.
Pour couronner cette énorme soirée de folie, Monkey 3 a envoyé son ‘Once Upon The Time In The West’ orgasmique lequel a été le point d’orgue d’une sauterie parfaite durant laquelle deux des formations majeurs de la scène francophone ont confirmé sur les planches la toute grande forme de celle-ci. La présence de ces garçons sur une structure confirmée n’est en tous cas pas un hasard et c’est quand vous voulez que vous repointez vos flying cases ensemble par vers chez nous ! Chris
Un peu naïfs sur le coup, on pensait qu’en arrivant à l’heure prévue, on pourrait voir tous les groupes… Grave erreur qui nous a fait rater la première-première partie qui a fini son set avant l’heure de début prévue, Marple Chariot, dont je ne vous dirai donc rien. Allez, une prochaine fois peut-être.
Arrivés devant la petite salle du centre ville de Bordeaux, le monde à l’extérieur annonce un concert sold out. C’est le moins qu’on puisse dire ! En effet, une fois devant la porte, impossible de rentrer, même si on a sa place ou son invit qui nous attend ! La contenance de la salle est atteinte, les règles de sécurité empêchent de faire rentrer le moindre individu supplémentaire ! Par le truchement de mecs pas très frais qui sortent de la salle (sans comprendre qu’ils ne pourraient pas re-rentrer), on parvient donc à rentrer… L’impression qu’on avait depuis l’extérieur se confirme à l’intérieur : la petite salle est blindée plus que de raison ! Juste le temps de descendre une petite mousse après ces émotions, et on descend dans le ventre de la bête… Les toulousains de Drawers bastonnent déjà depuis quelques minutes quand on met le pied dans la fournaise. Car oui, comment qualifier autrement ce sous-sol ras du plafond dans lequel 2/3 des mètres cubes disponibles sont consacrés à des corps humains en sueur… Le petit espace réservé à l’air est en fait un mélange de vapeur de sueur, d’odeurs de bière, de fumée (et oui, la clope est autorisée / tolérée…)… mais en tout cas pas d’air frais ! On prend donc sa dernière respiration en ouvrant la porte, et on reste en apnée pendant plus de 2 heures ! Prenant notre courage à deux mains, on se faufile au milieu de la foule pour gagner le coin de la scène, qu’on ne quittera plus jusqu’à la fin de Red Fang. Drawers, donc. Manifestement, le combo est venu avec quelques copains, ou en tout cas grands amateurs, qui apprécient leur set puissant. Faut dire que l’ambiance littéralement poisseuse convient à ravir au quintette de furieux qui se défonce sur les 3 m² de scène. Leur stoner-metal furieusement sludge mais assez technique fonctionne bien, le groupe est à sa place sur l’affiche et profite de cette opportunité pour se faire connaître, si possible en éclatant quelques crânes au passage. Réussi ! A revoir néanmoins dans une ambiance où on passe plus de temps à écouter la musique qu’à s’essorer le front ou à essayer de trouver un filet d’air frais pour survivre 15 minutes supplémentaires…
Parce que oui, quand Red Fang monte tranquillement sur scène, la température ambiante relève plus de l’incubateur que de la simple salle de concert. Quant à l’humidité ambiante, elle s’approche des 100%, et les murs s’en souviennent : ils suintent au moins autant que n’importe qui dans la salle, à grosses gouttes ! D’ailleurs, quand Aaron monte sur scène avec ses petites lunettes de premier de la classe complètement embuées, il commence par demander « il y a quelqu’un ici ? Non parce que moi je vois personne à travers mes lunettes ». Le groupe entame son set dans cette ambiance bouillante et perturbante, et monte en tension très vite. Le public, au diapason, n’a d’autre choix que d’évoluer comme un seul être, au rythme des riffs de la paire impeccable de bretteurs, appliqués mais carrés en diable. La première partie du set (dont la set list m’apparaît avec le recul quelque peu confuse – je pense que mes neurones ont dû disjoncter par 2 ou 3 fois durant ce set, ayant atteint depuis belle lurette la température maxi de sécurité) est largement dédiée à « Murder The Mountains », leur dernier disque. C’est de bonne guerre, et vue la qualité du brûlot, on ne va pas se plaindre. Les musiciens sont un peu à la peine, avec des amplis qui déconnent, des micros vacillants, des faux contacts, des lumières qui sautent… Manifestement, humidité ambiante et électronique ne font pas bon ménage.
Sans faiblir, les bonhommes commencent à dégainer les meilleurs titres de leur premier album éponyme. La satisfaction éprouvée face à la contemplation de ce public en fusion fait manifestement oublier à Aaron Beam et ses collègues la rudesse physique exigée par leur prestation : les sourires sont nombreux sur leurs visages, tandis que les bouteilles d’eau et les serviettes éponges défilent. Une petite heure plus tard, le groupe quitte la scène quelques minutes, histoire de récupérer quelques volutes d’air en coulisse, avant de revenir décocher l’ultime salve. Encore une fois, set list un peu nébuleuse, toujours est-il qu’après 2 ou 3 titres joués les dents serrées et le sourire hargneux au bord des lèvres, le groupe n’en peut plus et quitte la scène, avec le sentiment du devoir accompli. Et avec panache, je vous prie ! On les retrouvera quelques minutes plus tard assis sur le trottoir à essayer d’avaler quelques bouffées d’air frais… Une soirée en tous points mémorable.
Laurent
C’est avec une excitation non dissimulée que nous retournons dans la région d’Erfurt pour le grandissant festival underground allemand. Ce concurrent direct au Roadburn de Tilburg et au nouveau venu DesertFest ne va pas flancher devant l’exercice et prouver une nouvelle fois que le heavy underground aurait pu naître à Erfurt, au moins dans l’esprit.
Jeudi
Arrivés sous un ciel menaçant et des prévisions qui l’étaient encore plus, c’est sous un ciel relativement clément que le camping s’installe et qu’on récupère les pass. Les festivités commencent tard cette fois, on a le temps de faire le tour du site (toujours aussi petit, ceci dit), de remarquer la nouvelle scène d’appoint, toute petite, et du coup de regretter l’absence des places assises qui se trouvaient là l’année précédente. En gros, si tu veux une place au sec, il va falloir te battre ou rester debout tout le weekend.
A 20 heures pétantes, Bushfire (de Darmstadt, à côté de chez moi) commencent à jouer. Une ouverture de festival à couper le souffle, la voix et les riffs rameutent un public solide à une vitesse fulgurante. Bushfire, c’est une sorte de Clutch venu d’un hypothétique désert allemand qui aurait hébergé une scène musicale telle que celle de Palm Desert, dans leurs rêves les plus fous. Le décor est planté et je ne peux pas m’empêcher de penser que ça aura aidé à ce que la pluie nous foute la paix. Un grand rayon de soleil perce et on a pu voir des grands sourires sur les tronches de nombreuses personnes qui se sont peut-être dit que les dieux du Rock’n’roll auront écouté leurs prières. Enfin en tout cas c’est ce que m’a dit mon collègue Vincenzo. Bushfire finira avec Useless In So ManyWays, de façon à ce qu’on en oublie pas une miette.
Pas facile pour Cojones d’enchaîner, mais malgré le jeu de scène un poil maladroit sans guitare entre les mains, le frontman du groupe croate va emmener son groupe dans ses derniers retranchements et propulser des chansons comme Superskunk dans les anales du festival. Je commence à remarquer à quel point le son de la scène est bon, c’est clair, agréable.
La soirée bien entamée atteint un stade bizarre avec la performance de Dampfmaschine, groupe allemand qui mélange sans soucis Rammstein à Turbonegro. Un gros son limite indus le tout dans un esprit décalé autant dans le jeu de scène que dans les paroles. Ne sachant pas trop quoi en penser au début, on se laisse avoir par l’ambiance, tout simplement un excellent groupe de scène.
Finish de la grande scène avec The FlyingEyes, groupe psyché de Baltimore, souvent remarqué pour la ressemblance du chanteur avec Jim Morrison, vocalement. Puisant dans le répertoire de leurs 2 EPs sortis à ce jour, le groupe n’aura aucun mal à faire planer un public déjà bien là-haut, les assaultsfuzz nous gardant néanmoins bien sur terre pour qui a le headbang facile.
Alors que les techniciens débarrassent la grande scène pour la nuit, la populace du site se dirige vers la tente pour apercevoir le groupe italien The Cyborgs. Apercevoir est ici important car le duo guitare/batterie est affublé de masques de soudeur, leur donnant un style steam punk assez unique. Musicalement, on trouvera un hard blues sans concession, parfois alambiqué et torturé, mais plutôt efficace voir même dansant. Je ne peux trouver aucune critique à faire à cette première journée, c’était vraiment parfait…
The FlyingEyes
Vendredi
Un peu de tourisme nous ramènera sur le site du festival avec un peu de retard, mais à en entendre ce qui se passait sur la scène, c’était sans grand regret… King Kronos, qui jouait à ce moment-là, m’aurait plutôt fait fuir ; l’amateurisme à des limites.
S’en suivent les méfaits de Stonehead, groupe doom allemand bien métal mais sans réelle identité ni présence scénique, tout cela est un peu trop simple.
Kadavar fait parait-il sensation en ce moment, on lit pas mal de bonnes choses à leur sujet. Malheureusement, les berlinois sont un petit peu stériles sur scène, ça va me forcer à creuser le sujet parce que sur ce coup-là, je n’ai aucune louange à formuler.
Ah, Brain Police ! Malheureusement c’est un peu la même histoire, je trouve leur rock très cheesy par moment, téléphoné, sans personnalité ni originalité. Disons que sans rien d’autre à se mettre sous la dent, ça pourrait passer.
C’est sans compter que la concurrence est rude, Red Fang, le groupe le plus hype du moment, écume les salles de concert et festivals européens sans relâche depuis la sortie de Murder the Mountains, et distribue des tubes par paquets de douze. Par contre les concerts se suivent et se ressemblent tous, faute à un groupe très statique sur scène… N’allez pas les voir trop souvent, ça pourrait vous jouer des tours.
Red Fang
Tito & Tarantula, heavy, doom, stoner, je cherche encore. Mais d’une certaine manière, leur place est sur cette scène, ça ne fait aucun doute. Bande son préférée des amateurs de Robert Rodriguez, Tarantino et consors, le groupe de Tito Larriva fait souffler un vent chaud, la maestria du groupe sur scène est impressionnante. La nouvelle guitariste blonde par contre, plante verte qui ne jouait que quatre accords m’agacera au plus haut point. Un peu déçu de ce coté là, mais le final sur La Bamba m’aura fait oublier tout ça pendant un instant ! Juste avant ça, Tito fera monter sur scène des dizaines de spectateurs pour danser sur AfterDark, leur faire jouer de la guitare, chanter, une routine pour le groupe de ce que j’en sais, mais qui a eu l’air un peu débordé ce coup-ci.
Changement d’ambiance radical quand St Vitus monte sur scène. Voilà en face de nous un groupe qui impressionne pendant qu’ils accordent leur guitare, règlent leur matériel, ajustent la hauteur de leur micro. J’avais une légère et étrange sensation de peur dans le pit photo, alors que le groupe s’apprêtait à commencer. Disons que la musique de St Vitus n’est pas du genre à égayer un clown triste, et ça n’ira pas en s’améliorant. Prenant aux tripes, voir ces types abimés par la vie et pas forcément meilleurs potes laisse une tension palpable sur scène, alors que les riffs et la diction de Wino finiront de m’enterrer six pieds sous terre. Born Too Late, oui, il semblerait. Mais voilà une reformation qui fait plaisir. Sur le final, Dave Chandler avouera aimer martyriser son public et fera monter le premier rang sur les gros baffles au pied de la scène, ambiance concert hardcore. La sécu est dépassée, le groupe aussi, mais c’était formidable.
St Vitus
Beehoover se chargeront de clore la soirée, duo batterie/basse au gros son et structures complexes, assez captivant mais aussi éprouvant par moment. Lassant sur la fin, le groupe m’aura néanmoins amené vers le stand de Elvis’ Dead, illustrateur français présent pendant tout le weekend. Son poster exclusif pour le festival est vraiment superbe, je repars avec et encourage les lecteurs à jeter un œil sur son travail.
Samedi
Grosse journée qui commence. Orobouros l’entame sans trembler. Le groupe américain relativement inconnu fera bonne impression.
Wight, deuxième groupe de Darmstadt du weekend, est aussi un bon groupe de doom à l’ancienne. Célébrant la sortie de leur nouvel album, ils n’auront néanmoins pas de chance avec le temps. Grosse pluie qui en fera fuir plus d’un, moi y compris, on devra se contenter d’échos lointains. Ceux qui sont restés ont trouvé ça bien !
Le ciel s’éclaircit juste après leur set, comme si Arenna avait apporté leur soleil espagnol avec eux. Un bon set de stoner plutôt classique plus tard, tout le monde en ressort motivé pour la suite.
Sigiriya ne fera néanmoins pas forte impression, pour être honnête je n’en ai aucun souvenir. Pas marquant, désolé messieurs…
Rotor, par contre, aura sur se faire remarquer. Est-ce leur son, leurs couacs dans la joie et la bonne humeur, Mario Lalli visiblement très intéressé sur le côté de la scène ? Je ne sais pas, mais le tout était inratable. Drehmoment version ultra longue, c’est le même riff pendant 8 ou 10 minutes, mais qu’est-ce que c’est bon. Je noterais juste les 2 chanteurs un peu bidons qui se sont succédés sur scène, à revoir…
Mario Lalli donc, qui rejoindra son cousin, son fils, et leur batteur pendant une heure de FatsoJetsoneries dont ils ont le secret. Pas grand-chose à dire, hormis un set efficace, bluesy à souhait, une certaine ferveur dans le public et des légendes finalement vues de mes propres yeux.
Fatso Jetson
Weedeater reviennent, et comme à leur habitude rameutent les foules. Mais moi, je n’adhère toujours pas. Une sorte d’allergie aux sons de porcs égorgés que le chanteur produit par moment, je me lasse après 2 chansons. Musicalement ça marche, ah si seulement c’était un groupe instrumental… Enfin, aussi objectivement que possible, c’était un bon show, le public en aura témoigné.
J’attendais pas mal Baby Woodrose et c’était un bon concert, mais je les préfère dans une petite salle, là où leur potentiel se révèle réellement. Leur énergie se disperse pas mal en open air, c’est assez flagrant. Il manquait donc un petit quelque chose pour que ce soit génial.
Encore un groupe qui m’impressionne pas mal, Crowbar. Riff sur riff, la bande à Kirk assomme l’assemblée qui en redemande. Simplement excellent. Je continue à penser qu’il pourrait parler à son pote Phil Anselmo, histoire qu’on se fasse Down l’année prochaine, je suis volontaire.
Les gens chargés de la prog à Stoned From The Underground ne sont pas dupes. Un groupe comme Orange Goblin pour finir en beauté, c’est mission accomplie d’avance. Le groupe jouera un set incroyablement énergique, un concert dans les règles de l’art qui ne laissera pas grand monde indifférent. Avec une bonne poignée de titres du dernier album taillé pour la scène, comme Acid Trial et Red Tide Rising, le groupe s’installe toujours plus dans le hall of fame du heavystoner. Un retour aux sources avec Scorpionica pour terminer, groove sans fin, son impeccable, Ben Ward gigantesque et impérial, le groupe laisse le public dans un champ de bataille.
Orange Goblin
Sous la tente, Neume sera un peu toomuch pour moi, malgré leurs qualités techniques certaines.
Franchement crevés, on suivra le groupe suisse Pyuss depuis la tente, qui reprend du… Kyuss. Oui bon, on a déjà un super groupe de covers de Kyuss, il s’appelle… (Seul commentaire, le son : absolument 100% fidèle, c’est impressionnant)
Nous voilà au dimanche matin, arpentant les vestiges du festival à la recherche d’un café. Le site est dévasté par la boue, les détritus, mais tout le monde a le sourire, c’était encore une fois génial et à l’année prochaine.
Jeudi
Bushfire 20:00 – 20:45
Cojones 21:00 – 21:45
Dampfmaschine 22:00 – 22:45
The Flying Eyes 23:00 – 00:00
The Cyborgs 00:30 – 01:30 *
Vendredi
King Kronos 16:00 – 16:40
Stonehead 17:00 – 17:40
Kadavar 18:00 – 18:40
BrainPolice 19:00 – 19:45
Red Fang 20:10 – 21:00
Tito & Tarantula 21:30 – 22:45
St. Vitus 23:15 – 00:45
Beehoover 01:00 – 02:00 *
Samedi
Orobourus 13:00 – 13:40
Wight 14:00 – 14:40
Arenna 15:00 – 15:40
Sigiriya 16:00 – 16:40
Rotor 17:00 – 17:40
Fatso Jetson 18:00 – 18:40
Weedeater 19:00 – 19:45
Baby Woodrose 20:15 – 21:15
Crowbar 21:35 – 22:45
Orange Goblin 23:15 – 00:45
Neume 01:00 – 01:45 *
Pyuss 02:15 – 03:30 *
* sous la tente
Retrouvez l’ensemble des photos à l’adresse suivante : lien.
Mathieu Springinsfeld
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