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J’avoue qu’à première vue, ça fait drôle… En se pointant devant ce petit entrepôt dans une petite zone industrielle en banlieue de Bayonne, on se demande si on ne s’est pas trompés… Ce n’est qu’en rentrant dans le “lieu” que l’on comprend… et il y a de quoi halluciner ! Ce petit entrepôt, donc, contient en réalité une grande rampe “half pipe” de skate board, avec des stickers, écriteaux, posters… “Volcom” (désolé pour la pub !). Et à l’une des extrémités de cette rampe, perché à 3m du sol, un petit plateau sur lequel repose un kit de batterie, et des amplis de part et d’autre ! C’est donc là que va se produire ce soir Karma To Burn !

Petit à petit, le “public” arrive : il s’agit en fait de tous les skaters du coin, qui débarquent avec leur planche, alléchés par une promesse toute simple qui courrait en même temps que l’annonce du concert : “skate, entrée gratuite et bière gratuite”. Et pendant des heures, ils usent la rampe dans tous les sens, se relaient sans arrêt… Au bout d’un moment, le premier “groupe” monte sur la mini-scène, sans même prendre la peine de se présenter… en même temps, il n’y a pas de micro !! Le groupe évolue dans une configuration exactement similaire à K2B (instru guitare/basse/batterie) et même si leurs titres sont un petit peu plus répétitifs que les maîtres, les riffs proposés sont d’un fort bon niveau ! A noter que les membres du groupe enchaînaient les tricks sur le half pipe 5 minutes avant de grimper sur la “scène”…

Une demi-heure plus tard, nos trois américains prennent place eux-mêmes sur cette minuscule plateforme… Rich Mullins, qui me confiait avec le sourire juste avant le concert qu’il n’en revenait pas de ce plan, et n’avait “jamais vu ça”, se retrouve dans un coin, coincé entre le kit de batterie de Rob, un énorme ampli basse et les seuls spots de lumière de la salle, en plein dans sa face… Idem pour ses collègues, qui n’en mènent pas large, à 20cm du “vide”… Mais pas d’hésitation ou de soundcheck trop élaboré (ne rêvez pas : dans une si petite configuration, les amplis sont à peine repris, 95% du son sort direct des amplis du groupe), Will décoche les premiers riffs et nous rentre dans le lard, direct. Le son, de manière surprenante, est très correct. Et le groupe, un sourire étrange au bord des rêves, se marre quand même.

La scène est peu propice aux débordements (pour rappel : un pas en avant = direct à l’hosto), et les lumières (au nombre de 4 ampoules colorées alternant successivement…) n’apportent pas une dimension scénographique très évoluée. Par ailleurs, rappelons-le, le public est surtout venu pour faire du skate et boire des bières en écoutant du hard rock… Pas vraiment un public de puristes ! Mais ça n’empêche pas le trio de se donner à fond dès les premiers accords, comme s’ils jouaient devant 20 000 personnes, et d’assurer un set impeccable, exempt du moindre pain. Ils enquillent les titres pour majorité issus de leurs deux derniers albums, et le public, qui n’est pas spécialiste, mord bien. Ceci prouve qu’il y a bien quelque chose d’universel dans un instrumental bien construit…

Evidemment, il est un peu surréaliste de regarder un concert de l’un de ses groupes préférés avec des skaters qui enchaînent les flips sous leur nez, avec son lot de péripéties (genre la fille qui regardait bêtement le concert du bord du pipe et qui s’est mangé un skate board en pleine poire : direct les pompiers…). Mais au final, c’est une expérience qui restera gravée un bon moment dans ma mémoire… et probablement celle du groupe !
Laurent
C’est le sprint final, et aujourd’hui, ya du matos à l’affiche ! Dès 11 heures du matin (indécent !!), les southern-metalleux de Backstone Cherry montent sur scène. Quelle pêche ! Ces mecs là assurent le show, leur joie d’être là est authentique et plus que tout, ils jouent fort, bien, et toujours avec plaisir ! Rien de transcendant en terme de genre (hard rock sudiste teinté de stoner gentil), mais un super concert. Un groupe sympa sur disque, et à voir sur scène.

S’ensuivent les risibles Adagio (des français qui s’adressent en anglais à un public français ??), et un revival “metal français 80’s” qui s’est avéré, à ma grande surprise, carrément pas ridicule, incarné par ADX et Satan Jokers. Pas mal du tout.
Volbeat prend la suite, super groupe de hard rock “trans-genre” (multi-influences si vous préférez), respirant le plaisir d’être là et de jouer (décidément un point commun des premiers groupes de cette journée). Un peu hors sujet ici, mais excellent, à voir en concert à tout prix. Il faut attendre 2 heures avant de s’immiscer dans la tente “Terrorizer” où Ufomammut commence à faire vrombir les amplis. Le doom psychédélique du trio transalpin démarre calmement et atteint très vite une vitesse de croisière totalement hypnotique : rythme lancinant, gratte lourde mais aérienne, vocaux “filtrés” hantés, bref, ze trip, excellent… Quand tout d’un coup, le son devient un peu trop léger pour être honnête : Urlo se retourne vers son ampli basse pour comprendre, et y voit un grand dadais avec une petite caméra, qui se faisait plaisir à tournoyer autour du groupe comme un imbécile depuis 5 minutes, et qui s’est pris les pieds dans les cables !! Dépité, le groupe et les techniciens entament un long moment de recherche de la panne, de changement de têtes d’ampli, etc… le tout larvé de regards noirs de Urlo, et d’un Poia qui fait de son mieux pour maintenir l’intérêt du public à coups de riffs pachydermiques et d’accords qui trainent en longueur. Mais le son revient, et les mammouths ritals reprennent le droit chemin de nos tympans ravagés, pour cloturer leur set de moins de 3/4 d’heures, bien amputé de 10 minutes… Dommage, un délice.

Une heure plus tard sous la même tente, c’est les anglais de Orange Goblin qui débarquent, et le rythme n’est pas le même ! Le groupe déroule son gros stoner graisseux et détonne un peu par rapport au trip limite hallucinatoire de ses prédécesseurs. Le massif Ben Ward débarque sur scène et la bouffe littéralement ! L’image d’un ogre immense nous traverse l’esprit : il arpente les planches de long en large, va brailler au plus près du public dès que possible (en s’appuyant sur les photographes ou les mecs de la sécurité au passage !), gueule, harangue les fans… Un monstre de scène ! Il faut dire que l’animal a profité à fond de sa journée (et de la précédente, a minima), car on le voyait partout dans les recoins du festival, voir des concerts, depuis la scène, dans le public, etc… Le concert se déroule sans encombre, au grand ravissement des spectateurs, qui en ont pour leur argent. Niveau set list, n’ayant pas eu l’opportunité d’écouter la dernière galette du Goblin j’imagine que les titres que je ne connaissais pas en étaient issus, soit 2 ou 3 titres au minimum, le reste étant pris dans l’ensemble de la carrière du combo. Un très bon moment de concert, grâce à un groupe taillé pour la scène !

Après un petit tour respectivement par Napalm Death (énooorme succès, un pit en folie) et Queensrÿche (nettement plus calme…), le seul et unique choix cornélien de tout le festival se présente à moi : simultanément, à la minute près, jouent 2 de mes groupes préférés, Mastodon et Cathedral… Alors que j’avais prévu de voir un peu des deux, à commencer par Mastodon (de façon à pouvoir photographier les premiers morceaux) puis Cathedral, une décision étrange de Mastodon me fit inverser mon choix : le groupe demande aux photographes du festival (dont bibi) de photographier non pas les 3 premiers titres, comme à l’accoutumée, mais… les 3 derniers ! Il ne m’en fallait pas plus pour courir voir Cathedral, et assister au début du concert.
Les anglais s’affranchissent de toute théatralité que l’on pourrait (à tort) penser attachée à leur genre présumé : un doom assez élaboré, très teinté hard rock 60’s/70’s. Comme tout bon groupe de rock, les zicos débarquent et tombent les premiers accords quelques instants avant que n’arrive le maître de cérémonie, mister Lee Dorrian himself. Encore une fois, pas de fausse prétention ou de posture cérémoniale ici : loin du mythe, le chanteur est là pour chanter et assurer le show, et bien décidé à y prendre un plaisir certain ! Les sourires, grimaces et clins d’oeil ne trompent pas : il y parvient avec un certain succès. Le son est impeccable (notons-le : c’est une constante sur tout le festival, et c’est tout à fait remarquable !) et les musiciens excellents, Dorrian sait s’entourer (surtout le jeune mais percutant Leo Smee à la basse, excellent). J’assiste ainsi aux 4 premiers morceaux, et doit me résoudre, conscience professionnelle oblige (je sais, j’en fais des tonnes, sortez les violons…), à courir à la main stage 2…

En effet, il me reste un peu de temps pour capter la seconde moitié du set de Mastodon. Même si le quatuor n’a pas autant de “bouteille” que les vétérans londoniens, le professionnalisme qu’ils ont acquis en quelques années est simplement bluffant. Que de chemin parcouru pour retrouver nos gaillards aussi imposants sur une scène… La grande force du combo est sa musicalité : finalement bien résumé par son ridicule sobriquet, la musique de Mastodon est énooorme, à la fois fine comme la frappe chirurgicale de Dailor ou les soli de Bill Kelliher, mais aussi massive comme les claquements de basse de Troy Sanders ou les riffs pachydermiques de Brent Hinds. Mastodon est une grosse machine complètement inarrétable, qui nous fait inévitablement penser au raz de marée que constitue un concert de Slayer : même si vous n’aimez pas, vous vous faites écraser. Ce concert ne fait pas exception, ils terrassent tout sur leur passage. Et même si les titres vaguement inspirés stoner du début ont été délaissés depuis quelques années, les nouveaux morceux limites progressifs du combo s’avèrent bien plus efficaces qu’on aurait pu l’imaginer en concert. Une belle claque.

Après le set imparable de Suicidal Tendencies (encore une fois dévastateur, le groupe laisse le public débarquer sur scène sur “Pledge your allegiance” à la fin du set, tout bonnement hallucinant), il est temps de partir sous la tente Terrorizer pour finir de se faire labourer les tympans par les britanniques Electric Wizard. Dans un larsen ambiant de 10 minutes, le groupe monte sur scène dans le noir et… reste dans le noir ! Quelques modestes spots basse tension bleutés ou rougeâtres apparaissent parfois loin au fond de la scène, mais l’ambiance reste super sombre (un régal pour les photographes… Grr). Cette montée en puissance musicale qui fait office de lancement au concert applique un effet remarquable de “pénétration” dans l’univers du quatuor : on rentre “de force” dans le doom des anglais, pris de manière irréversible dans les mélopées ennivrantes de ces nappes de grattes sous-accordées et de basse vrombissante, le tout joué à deux à l’heure. Sortons du cliché quelques instants : le groupe sait appuyer sur la pédale d’accélérateur occasionnellement, pour sortir le public de sa moite torpeur notamment. Mais plus généralement, les morceaux s’enchaînent sans pause, par des transitions habiles qui maintiennent une tension ambiante délectable. Jus Oborn use occasionnellement du micro pour hurler quelques vocaux bien sentis, mais plus généralement c’est au fond de la scène que les zicos se concentrent sur leurs instruments pour en faire sortie des notes abyssales et techniques. Un trip d’une heure absolument remarquable, dont on a du mal à sortir…

Pour se détendre un peu et se réveiller avant de quitter le festival, on va voir les agités de Hatebreed (qui ont un peu de mal avec leur hardcore très carré et professionnel à être aussi efficaces que les vétérans de Suicidal) et Manowar. Je me réserve de commentaires sur ces derniers, je sais que c’est le trip de certains ! Les goûts et les couleurs… Il est temps de dire au revoir au site de Clisson, à l’organisation impeccable de ce festival (pas une minute de retard sur le moindre concert en 3 jours et une centaine de sets !!!), à son public bon-enfant, à son ambiance ouverte et accueillante (la quantité de genres musicaux abordés !!)… et surtout à sa palanquée de concerts impeccables, avec des groupes sélectionnés dans le haut du panier pour tous les genres. Et en ce qui nous concerne, une affiche pour fans de stoner absolument inratable. S’ils assurent autant l’an prochain, on y sera !!! Merci le Hellfest !
Laurent
2ème jour au Hellfest, la journée de la veille fut rude, et malgré un réveil difficile, j’arrive sur le site bercé par le doux son du death metal au fond des bois… De quoi me réveiller un peu en rejoignant la tente “Rock Hard” où la journée doit commencer sous les meilleurs auspices avec Grand Magus. JB débarque sur scène, tout de noir vêtu (pantalon moulant, bottes et t-shirt Bathory, un pur metalleux !) et le crâne rasé (j’avoue avoir été surpris, moi qui ne l’avait pas vu depuis longtemps !). Equipé de sa Flying V, le bonhomme prend une toute autre dimension qu’en tant que “modeste” vocaliste de Spiritual Beggars : non seulement il confirme ses talents de chanteur hors pair (quelle voix…), mais ses riffs de guitare, bien ciselés, sont exécutés à la perfection… mais ce n’est pas tout, Janne n’hésite pas à se lancer dans quelques solo franchement impeccables. Quel musicien impressionnant… Il faut dire que sa tâche de leader est facilitée par la rythmique impeccable de Fox et Sebastian, à l’aise mais rigoureux, “à la suédoise”. Musicalement, un peu à l’image de l’évolution de Spiritual Beggars (pour un peu on pourrait dire que c’est JB qui en est la cause ?) le stoner/metal old school des débuts est devenu plus proche du metal traditionnel bien charpenté : c’est très bien fait, vraiment sympa à écouter, mais c’est quand même un peu comme un amour de jeunesse que l’on revoit 20 ans après… On est toujours un peu déçu… Mais dans l’absolu, ça reste un super groupe, dynamique, et un excellent concert, surtout !

S’ensuivent quelques heures un peu laborieuses, où les concerts sympa (Koritni, les rigolos Mad Sin) alternaient avec les plus laborieux (je m’abstiens de critiquer des groupes dont le genre ne me convient pas…). Tout ça pour arriver probablement au point d’orgue de la journée, avec la présence à l’affiche de Clutch. A noter que les ricains ont atterri là un peu par hasard, en remplacement des vieux électro-indus de KMFDM (rien à voir musicalement, mais on s’en fout…). Le malheur des uns… Bref, le désormais quatuor (contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, leur claviériste n’a pas fait de vieux os) monte sur scène et décoche très vite ses premiers accords. Première surprise : malgré une scène énorme (la main stage 2), le groupe a installé son matos tout près du bord : ils sacrifient ainsi une bonne partie de la scène, mais ont préféré privilégier la proximité du public, en configuration “club”. Une configuration inédite durant tout le festival ! CHapeau !
Seconde surprise : le public réagit, et réagit même très bien ! Etonnant au vu de la trop faible notoriété du groupe dans nos contrées ! Gageons que ce type de performance va changer la donne… En effet, Clutch aujourd’hui est impérial. Niveau scénique, ne nous leurrons pas, rien ne change : Dan Maines et Tim Sult, aussi géniaux soient-ils respectivement, ne sont pas là pour faire les clowns. Concentrés, rigoureux, à peine décrochent-ils un sourire de temps en temps, probablement débordés par un frisson musical… Jean-Paul Gaster, l’un des plus incroyables batteurs de sa génération, gesticule derrière son set et grimace en continu. Mais c’est bien Neil Fallon qui assure le show. Dès qu’il commence à chanter, il devient totalement habité, gesticule, saute, court… Les 3 derniers albums du groupe sont les principaux pourvoyeurs de titres de ce set de 45 minutes, sans gras, direct à l’essentiel. Superbe performance.

La suite de la journée défile au son des thrashers (Soulfly, Gojira, Machine Head, Sacred Reich) assez convainquants, mais aussi des cultes Misfits, un peu hors sujets ici, mais qui font remonter une grosse nostalgie… Allez, fini pour la seconde journée, un peu de sommeil pour préparer un final en apothéose : l’affiche de demain est simplement spectaculaire… (A suivre)
Laurent
Comment aurais-je pu rater pareil événement ? Karma To Burn, Down, Clutch, Electric Wizard, Eyehategod, Cathedral, Pentagram, Mastodon, Ufomammut, Orange Goblin, Saint Vitus… tous en concert dans le même festival… sur 3 jours d’affilée… en France !!! Difficile à croire, et pourtant le Hellfest l’a fait. Et n’importe quel amateur de metal y aurait trouvé quelques dizaines d’autres groupes super intéressants pour finir de rendre cette affiche probablement l’une des plus alléchantes des festivals de cet été en Europe. Ni une ni deux, voici un compte-rendu 100% subjectif et 100% orienté tendance “stoner”… Le 1er jour, il n’y a pas encore foule quand les premiers combo montent sur scène. Les frenchies de Watertank balancent leur gros heavy stoner technique dans la tente “Terrorizer” avec une belle efficacité, mais le public n’est pas très nombreux pour en profiter. Les heureux présents découvrent 4 jeunes gaillards pas timides, qui assurent un show plus qu’honnête : efficace, bien exécuté, et qui donne envie d’en connaître plus. A réserver à la branche la plus “metal” d’entre nous stoner-addicts toutefois… Le groupe remplit en tout cas bien son office de nous préparer les cages à miel pour l’un des concerts que j’attends le plus de tout le week end : Karma To Burn ! A midi pile (pas l’horaire idéal pour une grosse dose de stoner), le trio monte sur scène et commence à asséner ses premiers accords. Inutile de vous détailler la set list du concert, à moins que vous ne souhaitiez connaître les numéros gagnants du loto (pour rappel : toutes les chansons de K2B portent des titres sous forme de… numéros). Le fait est que Will décoche les riffs les plus remarquables du week end, sans faillir, et ce pendant presque 3/4 d’heures. Rob et Rich apportent la touche de southern groove qui donne au groupe sa spécificité. Le public commence à affluer, mais ce concert en début de journée aurait pu être magique devant quelques milliers de personnes de plus, même si les présents étaient à fond dedans. Excellent.

Après une petite pause relax avec notamment les Backyard Babies, un public de die-hards se masse devant la main stage 2 pour l’arrivée des cultissimes Eyehategod. D’ailleurs, un détail ne trompe pas : les musiciens d’autres groupes occupent totalement les côtés de la scène, à l’image de Phil Anselmo (Down), qui n’arrêtera pas de headbanguer de tout le concert, de venir sur scène pour saluer les zicos, et même prendre la gratte à son pote Jim Bower sur un titre complet ! Musicalement, les je-m’en-foutistes de la Nouvelle Orléans enquillent les titres les plus massifs de la journée : des tempos lents, lourds, servis par des riffs de gratte accordés 3 tons trop bas et une basse ronflante… Pachydermique, mais diantrement efficace. Le succès rencontré auprès du public dépasse la vague réputation “culte” du groupe, un excellent concert.
Une heure plus tard, on nous annonce une pause imprévue, et probablement la plus mauvaise nouvelle du festival : Pentagram a dû annuler son concert ! Dégouté… L’heure peut donc être passée à noyer sa tristesse dans l’alcool… Dont acte. Sans conviction, je me traîne jusqu’à la tente Terrorizer pour assister au show d’un groupe dont on m’a vaguement parlé : Torche. Et quelle claque ! Evoluant dans une sorte de sludge metallisé très carré et très technique, le trio se révèle, en plus de musiciens vraiment accomplis, un grand groupe de scène : non seulement ils sont à fond dedans, mais l’interaction avec le public va au delà de l’excellente musique qu’ils proposent. Encore une fois, voilà 3/4 d’heure de baston sonore qui m’ont donné le sourire. La découverte de la journée !

S’enchaînent ensuite les prestations un peu moins stoner de Kylesa (gros succès public) et Entombed (idem, un pit de folie), qui ne font que préparer les oreilles pour l’un des shows les plus attendus du public : Down, sur la main stage n°2. Le groupe monte sur scène avec une envie d’en découdre évidente, ce qui fait chaud au coeur (Down peut à d’autres occasions paraître “en roue libre”…). Le co-leadership du groupe est assuré par Pepper Keenan, qui se donne à fond, et évidemment Phil Anselmo : ce dernier, frontman efficace, ne prend pas vraiment le pas sur ses co-équipiers, et l’impression de “vrai groupe” qui se dégage de ce fait participe vraiment à l’efficacité de cette machine bien huilée. Même si Rex et le père Windstein restent un peu en retrait, tout le monde abat sa part avec envie, à l’image de Jimmy Bower, qui martèle ses fûts avec fougue alors qu’il enquillait les riffs quelques heures plus tôt à peine avec ses collègues de Eyehategod. Les morceaux des 3 albums du groupe défilent (pas assez de “Nola” à mon goût…). Impeccable.

Les concerts de Anthrax (bien péchu… pas mal ce nouveau chanteur, même si ça me fait mal de le dire !) et de Heaven & Hell (horaire probablement trop tardif pour les papis : on ne peut pas vraiment dire qu’ils avaient une pêche et une bonne humeur comunicatives…) viennent compléter la soirée pour mieux nous préparer aux berceuses de… St Vitus ! Le légendaire quatuor de doomsters menés par Wino Weinrich, reformé officiellement depuis quelques années (et ravivé à l’occasion de quelques événements ici ou là) surprend rapidement par sa fougue et sa bonne humeur ! Même si les musiciens ne sont pas non plus des boute-en trains, ils sont non seulement heureux d’être là (les sourires entre eux ne trompent pas) et ont sacrément la pêche : il faut voir le sieur Chandler, bandana “70’s” autour de la tignasse, sauter et tournoyer sans cesse, et Wino se balancer derrière son micro en grimaçant pendant une heure ! Un Wino impeccable, soit dit en passant, qui se cantonne ici au chant, et nous rappelle avec sa voix chaude pourquoi il a acquis ce statut culte parmi le petit monde des stoner-fans… Excellent show, qui nous permet de passer une heure avec le sourire, avant de se gauffrer les gros mégalos de Mötley Crüe (prestation calamiteuse, courte et sans passion, pas à la hauteur d’une tête d’affiche de festival).

Allez, on va récupérer quelques heures pour mieux se préparer à la seconde journée, qui s’annonce riche en bons concerts ! A suivre…
Laurent
Belle chance pour le quatuor ricain The Sword : assurer la première partie de Metallica est une opportunité que peu de groupes peuvent se permettre de décliner ! On notera que Metallica a d’ailleurs derrière lui une tradition de choisir ses groupes de première partie avec un certain « nez » pour le talent (citons notamment Kyuss ou Monster Magnet, pour ce qui nous intéresse le plus). The Sword a donc été choisi pour ouvrir pour les vétérans hard rockers sur la plus grande part de leur tournée européenne, accompagnés des furieux Machine Head, ce qui nous a donné une furieuse envie d’aller voir comment ils s’en sont sortis
On se retrouve donc dans Bercy à l’ouverture des portes, et on découvre cette scène impressionnante : un grand rectangle noir, larvé d’amplis divers et variés, et surplombé par un ensemble de rampes en forme de cercueils (qui supportent une part des éclairages de Metallica : malheureusement, ces structures ne seront pas utilisées pour les premières parties). La scène est plantée au centre de la salle, le public étant réparti tout autour. Malheureusement, la scène est préparée pour tous les groupes consécutifs : les amplis et les kits de batterie sont amoncelés partout, et rendent la scène un peu brouillon. Pire encore, le kit de batterie de Trivett Wingo est planquée derrière celle de Lars, sur un côté de la scène (et donc caché de plus de la moitié du public).

L’heure est vite venue pour The Sword de monter sur scène
Un peu trop vite venue, l’heure, d’ailleurs ! Le groupe entame ses premiers accords vers 18h45, soit 15 minutes avant l’heure annoncée d’ouverture des portes ! Pas cool
Premier choc : le son est
pourri ! Bercy n’a jamais été réputé pour son acoustique irréprochable (euphémisme), mais là, un certain sommet est atteint. Une sorte de bouillie sonore emplit Bercy, si bien qu’il faut bien à chaque fois un couplet et un refrain pour reconnaître un morceau
Même si le son s’avère plus acceptable devant la scène, depuis les gradins, c’est une horreur. Encore une fois, pas cool. Les musiciens évoluent comme ils peuvent pour occuper tous les coins de cette scène : l’effet est sympa mais ils sont un peu perdus
surtout parce qu’on le les voit pas ! On ne peut pas dire que le groupe bénéficie d’un festival de lumières : quelques spots rougeoyants ou bleus baignent vaguement la scène, mais globalement les musiciens évoluent dans une atmosphère sombre et nébuleuse peu amène. Comble du ridicule : à quelques centimètres d’un musicien, non seulement on le voit à peine arriver, mais il faut quelques secondes pour le reconnaître ! Quel dommage

Musicalement, c’est direct et droit à l’essentiel, comme la musique du groupe : un hard rock teinté de metal, baignant dans les 70’s et 80’s (pas étonnant que le groupe ait été repéré par Lars Ulrich himself, grand fan de cette période), gorgé de riffs et de soli bien rentre-dedans. Ca joue bien, et même si le son est un peu criard, les soli de Kyle Shutt rendent bien, et le chant de JD Cronise percute. Le public, qui n’est pas au complet (voir l’horaire de début, honteux), est dans tous les cas un peu amorphe, faute notamment à la bouillie sonore et la pénombre ambiante qui se présentent sous ses yeux : le quatuor n’est vraiment pas sous son meilleur jour. Une chance manquée
A noter que le dernier des deux concerts parisiens verra Lars Ulrich monter sur scène derrière les fûts sur l’un des classiques de The Sword, « Freya » : belle marque de reconnaissance pour les texans !
Laurent
Parcourir 140 bornes sous une pluie battante pour retrouver toujours les mêmes têtes d’allumés au fond d’une antre qui ressemble plus à une caverne infâme qu’à une salle de concerts peut relever de l’idiotie de prime abord. La démarche en valait néanmoins la chandelle au vu de l’affiche alléchante de la soirée : les Suédois de Dozer avec, comme support acts, les locaux de Ramon Zarate et les Hollandais de Tank 86, ces derniers remplaçants au pied levé les Islandais de Brain Police (dommage…). L’endroit n’a pas changé et on y reconnait le côté do it yourself si chaleureux qui caractérise la sympathique salle liégeoise de La Zone. Ca s’annonce bien.
Pas le temps de prendre une binouze que Ramon Zarate envoie le bois sans détours. C’est carré, précis et, pour pimenter la sauce, les grooves sont aussi au rendez-vous. Leur prestation scénique, avec la lourde tâche d’entamer les hostilités et de chauffer la salle, est très convaincante. On a même le grand plaisir de découvrir 2 ou 3 nouveaux morceaux ne figurant pas sur leur 1e plaque autoprod (voir rubrique ad hoc dans nos colonnes). On note au passage la volonté du groupe de se détacher des structures plus évidentes des premières compos et d’évoluer vers un côté plus instru et plus élaboré, ce qui est très positif pour l’avenir du groupe et apprécié par le public. La voix d’Ivan est rocailleuse et flaire bon le vieux whisky et les matins brumeux, ce qui colle parfaitement à l’ensemble. Les grattes détonent et la section rythmique est très bien en place. Une affaire qui tourne, un groupe à suivre.
C’est qu’ils m’ont donné soif, les bougres ! On se jette tous sur le bar et les 2 pauvres serveurs passent un mauvais quart d’heure. Autant passer commande pour 3 arrosages en même temps. Tank 86 prend vite possession de la scène. Si leur prestation n’a pas de défauts particuliers, leur musique n’a rien de prenant non plus. Ca ne décolle pas et, l’image du soufflé qui retombe, se profile dans mon esprit, surtout que le groupe tire en longueur et ne parvient pas vraiment à faire décoller l’ambiance. Ok, les musicos maîtrisent ce qu’ils font mais la critique est plutôt à formuler dans les suites d’accords, tonalités et tempos très similaires qui tendent à donner une image homogène certes, mais néanmoins monotone.
Dozer est en place et les attentes du public (en tout cas, les miennes et celles de mes potes) sont énormes. Leur dernier album Beyond Colossal est sorti en novembre dernier et il s’agit de le défendre avec verve. Le premier morceau me file les boules tant les musicos abordent le set en douceur. On n’est pas habitué à ce genre d’approche de leur part. Et puis l’intro du second me rassure : le martèlement hypnotique du titre From Fire Fell – tiré de leur avant-dernier album Through The Eyes of Heathens – et le punch foudroyant de ce morceau remettent l’église au milieu du village. La mayonnaise commence à prendre et je peux me détendre. Ca flingue bien de tous les côtés et le son est bon malgré la configuration de la salle (pardon, la cave).
Le chanteur (Fredrik Nordin) s’en donne à cœur joie et on voit que les gars passent un bon moment avec le public. La voix emprunte ça et là quelques effets très intéressants (notamment un mélange de flanger, phaser, chorus et vibrato) mais non abusifs. Un petit coup de chapeau à ce niveau, ce qui prouve bien que le groupe cherche à évoluer en se démarquant des suiveurs. Pfiou ! On sent quand même qu’il y a une putain de bouteille dans le travail de ces mecs ! C’est impressionnant de voir qu’en trois accords, ça sonne Dozer et rien d’autre. Les types se connaissent maintenant depuis 1995 et, outre le remplacement du batteur il y a 3 ans, le line-up doit avoir des centaines, voire des milliers d’heures de jams interminables derrière lui, sans parler de l’expérience scénique.
Et le spectacle continue : on pêche quelques tubes dans les anciens répertoires, histoire que les aficionados gardent leurs marques. Les nouveaux morceaux passent aussi très bien et reçoivent un très bon accueil du public qui chauffe grave, surtout devant la scène. Pour info, la scène de la Zone est quasiment à la même hauteur que le public. Elle est légèrement rehaussée d’une marche qui donnera du fil à retordre ou plutôt du plâtre à essuyer à tout performer un peu plus grand que l’homme moyen, le plafond de la cave n’étant pas très haut. Qu’importe la taille et le look, du moment que le son et l’accueil sont bons, les groupes sont là pour foutre le zone. Le set se terminent par de longs breaks atmosphériques que Dozer réservent pour ses performances live. Quelques chansons en rappel pour un public au bord de la déshydratation et puis la messe est dite : une excellente prestation.
Le bar est de nouveau pris d’assaut et on peut constater que la leçon a été rapidement apprise puisque 2 personnes viennent renforcer le staff du bar. On refait le monde, on compte bien ne pas en rester là et la soirée se termine dans les vapeurs éthyliques de la nuit. Je ne vous en dis pas plus. Buona notte.
Thib
Quelle saloperie cette salle : soi-disant une bonne idée, elle est planquée dans un recoin en haut d’un immense complexe commercial en banlieue de Bilbao, centre commercial qui, un samedi soir, se révèle un enfer pour 4 roues ! Bref, une bonne heure perdue, ça commence mal ! J’arrive donc après le début du set de Nebula. Les boules, toutes oreilles dehors, j’en fais mon deuil et profite de ce qu’il reste, à savoir quand même une bonne demi-heure de concert. Et Nebula en live, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Pourtant le jeu de scène du combo se résume à quelques mouvements seulement : quelques balancements pour Tom Davies, les yeux généralement fermés cachés derrière ses cheveux, penché sur sa basse. Quant à Eddie Glass, il n’est pas non plus le frontman le plus locace et déchaîné. Malgré ça, la musique hypnotique du combo fait immédiatement mouche : les riffs pointus de Glass, et la basse vrombissante de Davies font superbement ménage, parfois réveillés par un solo de guitare aérien, le tout bien balancé par la batterie emplie de groove de Rob Oswald. Le régisseur, sans doute hypnotisé par le space-rock du combo, n’y va pas de main morte sur la fumée, qui emplit la scène régulièrement, masquant presque totalement le groupe (à l’image du public d’ailleurs : en Espagne il est toujours autorisé de fumer dans des lieux publics, et les cigarettes qui font rire sont de sortie), mais ceci participe à l’ambiance générale (et force à se concentrer sur la musique !).
Excellent set des californiens, donc, encore une fois impeccables. A revoir vite en tête d’affiche !

A propos de tête d’affiche, Monster Magnet déboule sur scène et, le choc ! Dave Wyndorf, l’arrogant, le fringant chanteur (et occasionnellement guitariste) leader du combo, a pris quelques dizaines de kilos. On l’a toujours connu filiforme, torse nu sous de prétentieuses vestes à manches courtes, pantalons en cuir moulants, etc. Le voir ainsi bouffi par les médocs donne une impression étrange, limite malsaine. Mais ce sentiment est vite remplacé par un respect retrouvé pour le musicien, qui finalement se concentre et se donne à 100% sur son chant et sa gratte, incarnant les hymnes de MM avec probablement plus de conviction que depuis plusieurs années : l’arrogance crasse qui pouvait en offusquer certains a laissé la place à une humilité et une envie bien plus saines, l’occasion enfin de se pencher sur la musique du groupe d’abord, et sur son leader ensuite !

Dont acte, et la set list proposée ce soir parle d’elle-même : un démarrage bien space avec “Dopes To Infinity”, puis les deux premiers titres de “Powertrip”, avant que tous les albums y passent, aléatoirement, composant une set list superbe. Etonnant, la dernière merveilleuse rondelle de MM, “4-Way Diablo”, est complètement exclue ! Un choix étrange pour un groupe en promo
Le rappel lui-même pioche dans toutes les périodes du groupe et se termine par un “Spine Of God” définitif (dans tous les sens du terme). Une set list venue de nulle part, dont le manque de “ligne directrice” permet de faire le lien avec toutes les périodes de Monster Magnet, apportant une cohérence insoupçonnée à une carrière placée sous le signe du space rock.

Scéniquement, Monster Magnet assure toujours autant : le discret Ed Mundell balance des soli hallucinants dans son coin, peinard, tandis que Jim Baglino enchaîne les poses rock clichées dont il a le secret (ce qui ne l’empêche pas de dresser une chape de basse bien plombée), porté par un Bob Pantella toujours parfait derrière ses fûts. Le revenant Phil Cavaino, dans son coin, aligne un sourire vicieux, limite carnassier. Et Wyndorf, donc, engoncé dans plusieurs tee shirts, pulls, vestes, a toujours une voix magique, et porte désormais pendant quasiment tout le set sa guitare, dont il use uniquement pour soutenir ses 2 collègues six-cordistes (qui n’en ont pas besoin, finalement). Le chanteur se concentre sur son chant, justement, et limite au strict minimum les speechs démagos entre les morceaux ou les poses de frontman arrogant les-cheveux-portés-par-le-ventilateur. Un excellent point, qui permet à tout le monde de ne se focaliser que sur le groupe au global, et non plus “Wyndorf et ses sbires”.

On quitte ce concert avec le sourire, et la conviction que Monster Magnet ressort grandi du récent drame rencontré par son leader (inutile de vous rappeler la récente overdose de Dave Wyndorf) : humilité et passion de la musique leur permettent de se recentrer sur l’essentiel. Ceci leur permet de re-créer deux liens qui pouvaient jusqu’ici les pénaliser ou les exposer à la critique : le lien entre toutes les périodes de leur carrière, qui voit ici une cohérence retrouvée, de manière presque bluffante, mais aussi le lien entre le groupe et tous les publics, leurs fans, toujours aussi fidèles, mais aussi les fans de stoner au sens large, qui commençaient à se lasser de l’attitude et des frasques de Dave Wyndorf. Fini tout ça, un Monster Magnet nouveau est en train de naître.
Laurent
Je trouve facilement la salle pour ma première fois dans cette antre et l’appel de la bière se fait vite sentir. La serveuse est jolie et souriante et, surtout, elle sait tirer la bière au fût correctement. “Bonne entrée en matière”, je me dis. Direction la salle et là, je m’aperçois que c’est en fait une salle de théâtre avec des fauteuils. Fort heureusement, il y a une fosse (aux ours) suffisamment spacieuse pour y accueillir du peuple et se rapprocher du groupe.
Diablo Blvd monte sur scène et les premières notes (surtout le chant) révèlent un mauvais goût certain même si l’ensemble est bien exécuté au niveau technique. On se retrouve avec des plans limite Bon Jovi et j’en profite pour me tirer et refaire le plein. On ne va pas s’attarder sur ce groupe qui n’avait rien à faire à l’affiche.
Je tire une moue dubitative mais me rassure en me disant que le groupe suivant (eh oui, 3 groupes ce soir, il faut donc patienter!) est un trio made in France du nom de Rescue Rangers qui nous vient de Marseille. Le chanteur est sympathique et affable. Il prend d’ailleurs le soin de s’exprimer en anglais (avec une petite French touch). Après tout, on est en territoire flamand. Les morceaux s’enchaînent et je dois dire que les 3 musiciens me font très bonne impression. Surtout, on voit bien que ça leur fait plaisir d’être là en ouverture d’Hermano et de jouer sur scène. Un bon mélange de plan carréments in-your-face avec des breaks atmosphériques, le tout soutenu par une section rythmique indéfectible (bravo au batteur en passant), me laisse dans un état de bonheur à l’idée de ce qui nous attend. Jusqu’à présent, le son était ok, soit dit en passant.
Les dieux du stade montent sur scène (Dave Engstrom le premier en faisant le clown comme d’hab) et c’est Monsieur John Garcia qui se fait gentiment attendre mais pas longtemps. Ca démarre sur les chapeaux de roue avec Cowboys Suck et Hermano fait tout de suite sentir qu’ils ont pris possession des lieux et que ça va envoyer le bois grave. Bon démarrage, me direz-vous.
C’est ici que les choses se gâtent déjà: le son est pourri. Les morceaux défilent, Dave fait toujours autant l’andouille, mais rien n’y fait. Le son est de pire en pire. Ok, on peut comprendre qu’il faut parfois 3 à 4 chansons pour trouver les bons réglages mais, ici, ce fine-tuning n’est pas arrivé. Les regards fusent vers la donzelle qui s’occupe toute seule de la table de mix et celle-ci ne daigne pas relever la tête, sans doute consciente (quoique…) de la boucherie qu’elle est en train de produire. Le groupe doit remarquer que quelque chose cloche dans le public, j’en veux pour preuve la question de Dave (qui avait perdu le sourire): “Is the sound ok?” Non, il ne l’est pas…
Et le spectacle continue… la voix de Garcia ressemble à celle d’un ado en pleine mue, le son des grattes est doublement saturé (disto de l’ampli + micros pour la prise de son défectueux = mélasse) et la section rythmique, connue pour sa précision et sa percussion, peine à se démarquer du reste. On est très loin de la prestation du VK (Bruxelles) en novembre 2007… Comprenez-moi: les musiciens ont vraiment donné et leur technique n’est pas à remettre en question. Mais le sabotage sonore dont ils ont fait les frais est une pilule amère à avaler pour le public qui s’est déplacé en masse pour l’occase.
Le rappel se fait en 3 morceaux (dont 2 reprises de Kyuss) et je ne suis même pas foutu de reconnaître l’intro de Green Machine (2e morceau sur l’album Blues For The Red Sun de Kyuss, 1992) tant le son de la gratte est brouillon (une sorte de fuzz indigeste et sans dynamique). J’ai vraiment les boules et c’est tout dépité que je regagne mon véhicule pour me taper les 180 km du retour. Je fais quand même un petit détour par le bar et les tronches des gens me confirment mon sentiment. Je recommande un dernier verre à ma serveuse préférée, histoire de ne pas avoir complètement perdu mon temps ce soir. Vraiment un beau sourire…
Thib
Toujours sympa de se retrouver dans ce petit club du Sojo dont les planches ont déjà été foulées par des pointures comme Solace, Orange Goblin, Mastodon, Bant Bjork, Ed Mundell de Monster Magnet… Après le repas dominical (ça tombait un dimanche) et une sieste bien méritée, on se retrouve tous comme prévu pour 19h et, dans la salle, on voit de nombreuses têtes ô combien reconnaissables puisque ce sont toujours les mêmes abonnés des concerts organisés par l’assoce Orange Factory qui s’y retrouvent. On va d’ailleurs en profiter pour féliciter Sara et Benny au passage. Scarlett a l’honneur (ou le désavantage, c’est selon) d’ouvrir le feu. Leur psyché stoner instrumental se révèle d’entrée de jeu de très bonne composition. 5 musicos (dont un claviériste) s’entendent très bien au niveau musical. J’apprends que l’un d’entre eux joue aussi dans Hypnos 69 mais ce ne peut pas être Steve Houtmeyer (guitariste/chanteur d’Hypnos 69) puisque l’on aperçoit vite sa silhouette, sa longue chevelure et ses favoris jusqu’aux épaules dans le public. Le groupe nous délivre une bonne prestation tout au long du set et reçoit à juste titre l’approbation du public via des applaudissements que l’on peut deviner sincères. Vient ensuite le tour de Dexter Jones Circus Orchestra et ses musiciens à la fratte de gipsy. On plonge tout de suite dans une ambiance digne de Woodstock et il ne manque plus que les symboles peace & love et les enfants déguisés en angelots sur la scène pour parfaire le tout, les vapeurs de dame Marie-Jeanne étant déjà répandues dans certains endroits de la salle…

Si le groupe, au départ, donne un peu l’impression d’être mollasson, il faut en tout cas reconnaître que la sauce prend de mieux en mieux au fil des chansons qui gagnent en intensité et en électricité. En effet, pour les 3 derniers morceaux, c’est Steve Houtmeyer qui rejoint DJCO sur scène pour tenir le poste de lead guitariste. Il nous délivrera d’ailleurs quelques magnifiques soli qui nous prouvent bien que ce type possède une touche personnelle remarquable. Le public est chaud et il ne reste plus qu’à foutre le feu pour Year Long Disaster. C’est d’ailleurs ce que le trio va s’empresser de faire dès les premiers accords. Ils trouvent leurs marques sans problèmes et la machine carrée californienne n’a plus qu’à lâcher les chevaux.

Daniel Davies – fils de Ray Davies des Kinks soit dit en passant – se révèle être un très bon guitariste et un excellent chanteur, le tout emballé dans des postures 100% rock. Sa voix haute et un peu criarde ne récoltera peut-être pas les suffrages de tout le monde mais elle colle parfaitement à la musique. La section rythmique (Rich Mullins à la basse et désormais Brad Hargraves derrière les fûts, soit les 2/3 des défunts Karma to Burn !) assure grave et pilonne sec dans des constructions bien carrées. Ca bastonne dur et pourtant, on en redemande. Le public se retrouve pris dans un feu croisé et c’est tout le Sojo qui s’enflamme. Les pompiers n’ont pas encore pointé le bout de leur nez et notre équipe de 3 tueurs continue son travail sans la moindre faille. Un sacré bordel bien agencé ce putain de groupe! Leur concert est à la hauteur de la grande qualité de l’album (voir la chronique dans la section ad hoc).

Les mecs arrivent à maintenir une tension de malades tout au long du set et sortent sous les applaudissements et hurlements du public pour revenir 3 minutes plus tard achever le grand incendie. On se plaît à les regarder exécuter 3 autres morceaux et puis le mecs se tirent, l’air satisfait de la zone qu’ils ont mise. Pas trop le temps de refaire le concert au bar puisqu’il y a encore de la route à tailler pour le retour et il faut bosser le lendemain. Un petit détour quand même via le disquaire ambulant posté près de l’entrée, histoire de dégoter l’une ou l’autre rareté, et puis vamos. Mes oreilles ont sifflé tout au long des 180 bornes pour regagner la maison mais quel grand concert!
Thib
Se garer à proximité de l’Ancienne Belgique n’est jamais chose aisée, et ce jeudi 3 avril ne déroge pas à la règle, nous empêchant malheureusement d’arriver en temps et en heure pour assister à la projection du film d’intro sur le combo culte qu’est Down. Pas de quoi entamer notre bonne humeur en tout cas, tant l’impatience de voir le combo live pour la première fois est grande.
A 20H30 pétantes, le concert démarre sur les chapeaux de roues avec Temptation’s Wings. Le ton est déjà donné : le groupe est carré, le son nickel, le public ultra-réceptif et on comprend fort vite que l’on va passer un super moment….Le gang de la Nouvelle-Orléans est là pour jouer et se faire plaisir. Ce qui fait plaisir aussi, c’est de retrouver un Phil Anselmo sobre et affûté, à l’opposé de la prestation qu’il avait pu donner 7 ans plus tôt avec Pantera dans cette même salle. Peu de temps morts viendront, au final, ponctuer le set. La première harangue de Phil interviendra d’ailleurs seulement après 5 ou 6 titres. Info ou intox, il annonce que le concert de l’Ancienne Belgique est enregistré. Il n’en fallait pas plus pour donner davantage de pêche aux quelques heureux chanceux présents ce soir.
Car plus qu’une simple prestation, c’est à une véritable démonstration de savoir-faire à laquelle nous assistons ce soir. Il suffit d’un titre comme Learn from this mistake pour comprendre à quel point il règne entre ces 5 là une alchimie parfaite. Anselmo, Brown, Bower, Keenan et Windstein sont là pour le même amour de la musique, pas pour tirer la couverture à soi. Et le résultat sur scène est tout simplement impressionnant, plus même qu’a pu l’être Pantera jadis (Phil dédiera d’ailleurs le titre Lifer à son ancien compère Dimebag). Les titres s’enchaînent (New-Orleans is a Dying Whore, Lysergik Funeral Procession, Three Suns and One Star, N.O.D., Lies, On March the Saints…) dans la moiteur de l’Ancienne Belgique et le temps semble suspendu….En somme, notre « dépucelage scénique » Down-esque tient déjà toute ses promesses. C’est sans compter sur la dernière demie-heure…..
…car la fin du set est proprement hallucinante. Le combo quitte la scène sur un Eyes of the South endiablé, dont l’intro a été modifiée et consiste en un duel de soli entre Pepper et Kurt. A ce moment précis, celà fait déjà 1H35 que le groupe joue. Le temps pour le public de réclamer un rappel, et voilà que la musique d’intro du deuxième album retentit dans la salle. Le groupe va revenir donc………….pour 4 titres supplémentaires. Ca commence ‘gentillement’ par un Ghosts Along the Mississippi magistral, mais le meilleur reste à venir. Phil s’en va parler à Pepper et Kurt et nos 2 lascars entament alors l’hymne Stone the Crow. L’interprétation est au-dessus de tout, le public reprend le refrain en choeur et nombre d’entre nous pense que le concert touche à sa fin. Et pourtant…..une lumière pourpre et tamisée vient irradier la scène, Phil allume une cigarette, et, tel un messie, stoïque devant son pied de micro, entame le magnifique Jail. Le mimétisme entre le visuel du premier album et Phil est particulièrement troublant, tout comme le silence qui envahit la salle. Il se passe un truc durant les quelques minutes de ce titre de toute beauté, c’est certain, et rien que pour cet instant de magie pure, le déplacement valait le coup. Emotion et frissons garantis. Et alors que tout le monde, encore sous le coup de cette « claque », reste béat d’admiration, Down assène en guise de final un Bury me in smoke assassin dont le tempo lourd et ralenti à l’extrême viendra sonner la fin de la messe.
Il est 22H35, les lumières se rallument, et Phil de rester immobile et muet sur scène, pendant au moins deux minutes….
Jihem / Stonerpope
Jeudi soir, direction la Capitale pour un concert LOADING DATA/HERMANO.
Première constation, les dieux du rock sont avec nous ce soir, car trouver une place, à Paris, devant une station de métro, en pleine heure de pointe, c’est pas donné à tout le monde.
Bref, à peine arrivés au nouveau casino, juste le temps de prendre une bière (au passage, 4€, il y a de l’abus – heureusement que je n’ai pas payé les tournées) que Loading Data prend la scène d’assaut. Première constation : quel putain de son ! Ca promet une excellente soirée. Le trio joue à domicile et profite d’une salle archi-comble et très réceptive pour enchainer les titres sans vraiment de temps mort. La machine est rodée, le set est carré, et finalement, on ne voit pas le temps passer. On retiendra du set “Voodoo” (nous sommes comme une grande famille ce soir) ou encore le décalé “Do it on the Beach”. Mention spéciale à “Circus Blues” qui le fait grave en live. Bref, que dire mis à part que ‘Rodeo Ghettoblaster’ est sorti…
vers 21H00, c’est au tour d’Hermano de monter sur scène pour Une grosse heure de pur bohneur. Dès les 3 premiers morceaux, le ton est donné : le combo piochera allégrement dans ses 3 galettes pour offrir un set varié. “Left side bleeding”, “Senor Moreno’s Plan” et “Cowboys suck” ouvrent donc le bal, rien que ça. Le groupe se rappelle au bon souvenir de son dernier passage à Paris, “on the boat”, fin 2004, devant 3 pelés et un tondu, et semble satisfait de jouer cette fois-ci devant une salle remplie à ras bord (au delà de la capacité maximale ?). Dandy Brown est ultra souriant, Dave Angstrom toujours aussi barré, et John Garcia assure au micro. Servi par l’énorme son du casino, c’est Chris Leathers qui sera le plus impressionnant ce soir: ça tape fort, ça tape bien, à tel point que le sol de la salle parisienne en tremble encore. Le groupe enchaine donc les morceaux pour notre plus grand bohneur. En vrac, on a le droit aux nouveaux “Kentucky” et “Exam room”, sur lequel le public a vraiment réagi, mais aussi aux classiques “5 to 5”, “Angry American” ou encore “The Bottle”. Après un petit délire de Angstrom sur Krokus et Tesla, le groupe nous offrira un poignant “My Boy”. Bref, autant dire que c’est le sourire aux lèvres, et ce malgré la pluie, que cette soirée du 8 novembre s’est achevée.
PS : Les gars qui braillent pendant le concert : “Alors, tu la fais ta reprise de Kyuss ???”, c’est casse-caramels….
Stonerpope
On l’a déjà dit ailleurs, Buzzville est un petit label qui se construit patiemment en évitant soigneusement le brulage d’étapes. Pas de signatures à tour de bras, pas de moyens énormes alloués aux groupes, pas de responsabilités diluées, les deux têtes pensantes de cette structure font tout eux-mêmes et prennent des décisions murement réfléchies en tirant les enseignements de leurs expériences. Et si cela s’applique particulièrement à l’enrichissement de leur catalogue, c’est également vrai lorsqu’il s’agit d’organiser leur festival qui fêtait cette année son troisième anniversaire. Alors que le succès de l’édition précédente reposait presque uniquement sur les épaules de Dozer, la programmation de ce Buzzfest 2007 faisait la part belle aux groupes du label en proposant les deux poids lourds que sont Cabron et Monkey3 mais également Deville et Cortez, deux combos fraichement signés venus faire les présentations. A cette affiche déjà alléchante s’ajoutaient une poignée de groupes belges, dont Hypnos 69 de retour au pays après une tournée européenne bien remplie et Brant Bjork, l’infatigable Euro-trotter flanqué de ses Bros largement remaniés. Toujours répartie sur deux jours, l’édition de cette année avait également la particularité de se dédoubler, l’association On The Gaume Again prenant en charge l’organisation du festival au Sud de la Belgique et offrant pour l’occasion l’opportunité aux fous que nous sommes d’assister deux jours de suite à la même série de concerts. De cette initiative très symbolique, on retiendra malheureusement que les francophones, fidèles à leur réputation, auront préféré s’abstenir de venir en masse alors qu’on leur proposait une affiche de qualité dans une salle certes paumée au fin fond de la Gaume profonde mais parfaitement adaptée à l’évènement. Malgré ce manque d’affluence, également observé au Nord dans une moindre mesure, aucune formation n’aura déméritée, quelle que soit sa place sur l’affiche ou le temps qui lui fut imparti, nous offrant au final neuf prestations dans autant de styles différents dont la qualité oscilla entre le très bon et l’excellent. Ce genre d’évènement offre généralement l’opportunité de découvrir des groupes dont on ne sait rien ou presque et en la matière, ce Buzzfest fut particulièrement riche en révélations et bonnes surprises, tant au cours de la première soirée placée sous le signe de l’éclectisme que lors de la soirée principale qui vit défiler les « gros » noms de l’affiche. Coincés sur la minuscule scène du Nijdrop toujours aussi mal agencée, The Whocares s’acquitta aisément du rôle ingrat de mettre le feu aux poudres grâce à leur speed rock décomplexé fleurant la bonne humeur. Sans aucune prétention de vouloir renouveler un style très codifié, les quatre jeunes de Blitzen délivreront un set énergique et parfait pour s’échauffer les cervicales. On regrettera uniquement l’absence de la reprise de Turbonegro jouée lors du line-check qui aurait clôturé le concert en beauté, ce dont ne se privera pas Set The Tone en réussissant à se réapproprier Paranoid après avoir balancé ce qui restera le show le plus brutal et le plus lourd du festival. On peut ne pas aimer leur stoner/sludge/doom inspiré de la scène NOLA mais force est de constater que ces mecs ne font pas dans la facilité et savent tenir une scène. De leur compos où se catapultent des ambiances doomesques, des passages ultra heavy et un goût prononcé pour le riff bien saignant, on retiendra leur aptitude à se forger un style propre et homogène sur lequel plane malgré tout l’ombre des différents groupes d’Anselmo. Les Liégeois passeront le relais à Deville et même si leur mur du son n’aura pas idéalement préparé le terrain aux Suédois, le trio (ont-ils perdu un guitariste pendant le voyage ?) fraichement signé sur Buzzville parviendra à séduire grâce à un stoner classique mais très efficace rehaussé par la qualité des vocaux, de quoi se rassurer sur le fait que la Suède reste un vivier de combos à découvrir.

Cap sur Opwijk le lendemain pour une affiche pleine de promesses, même si la programmation est à double tranchant. Tous ceux qui ont déjà vu Cabron, Hypnos 69 ou Brant Bjork sur scène savent qu’ils délivrent généralement d’excellentes prestations, mais quel amateur de stoner belge, et a fortiori flamand, n’a pas encore vu chacun de ces groupes au moins trois fois ces deux dernières années ? La remarque vaut d’ailleurs également pour Monkey3 qui vient régulièrement déposer ses étuis à guitares sur nos scènes, seul ou bien accompagné. Le pari était donc osé et fut finalement à moitié gagné, ce qui permit à chacun de profiter pleinement des concerts sans être bousculé ou arrosé de bière et avec en prime, la chance de découvrir en avant-première exclusive Cortez, la dernière trouvaille de Buzzville venue en direct de son Massachusetts natal pour conquérir la Belgique avant de s’attaquer au reste du monde. Suite au désistement de Sideburn pour d’obscures raisons financières, c’est à Solenoid que revient l’honneur de fendre les premiers le rideau de fumée qui couvre la scène. Solenoid se fout de ce qui est tendance, se fout des 70’s et se fout du fait que le public reste à trois mètres de la scène. Solenoid aime le hard-rock, la bière et l’humour potache, un mélange qui a fait ses preuves et qui leur réussit plutôt bien. On les suspecte d’avoir monté ce projet pour s’amuser et rendre hommage à leur héros de la N.W.O.B.H.M. à grand renforts de riffs métalliques, de rythmiques carrées et de solos épiques. Quitte à se faire plaisir, ils incluent également quelques influences punks old-school de ci de-là et se prendront même pour Slayer le temps d’un morceau. Comme ils sont bon musicos, on rentre facilement dans leur délire et on se souvient avec nostalgie de l’époque lointaine où l’on considérait Iron Maiden et Motorhead comme les meilleurs groupes du monde. Solenoid n’aura pas délivré la prestation la plus marquante de la soirée mais aura fait beaucoup plus que de la figuration et il n’est pas sur qu’on y aie perdu au change par rapport à Sideburn.

Place ensuite au grand point d’interrogation de la soirée, Cortez. Jamais vu, jamais entendu mais immédiatement adopté. Dans la droite lignée de Roadsaw ou Sixty Watt Shaman, les bostoniens nous balanceront une grosse demi-heure de heavy-rock comme seul les américains savent le faire. Grosse patate, bon groove, refrains accrocheurs et excellente présence scénique, tous les éléments sont réunis pour convaincre un public qui n’hésitera pas très longtemps avant de quitter sa position d’observateur. Visiblement très peu affecté par le jet-lag, les ricains donneront tout ce qu’ils ont au cours de ces deux soirées et au-delà de la qualité des compos et des gesticulations d’un chanteur un rien cabotin mais fort sympathique, on retiendra surtout la cohésion d’un groupe avide de partager le plaisir qu’il a d’être sur scène.

Les membres de Cabron, eux, n’ont plus rien à prouver face à un public qui les connait bien et même si les deux prestations furent irréprochables, on regrettera un peu qu’ils aient délivré deux jours de suite un set en tout point identique et sans grande surprise. Mêmes morceaux joués dans le même ordre, même gimmicks aux mêmes moments et même reprise de AC/DC toujours aussi efficace en final. Cela n’enlève rien à la qualité des compos et à leur talent de musiciens aguerris, la section rythmique époustouflante de précision constituant un écrin sur lequel viennent se poser les grattes incisives, mais là où l’aspect hyper pro basé sur une solide expérience de la scène peut faire mouche devant un nouveau public, on regrettera la prise de risque minimum lors de ces deux concerts donnés quasiment en roue libre.

Tout l’inverse de Hypnos 69, de retour au pays après une tournée européenne bien remplie qui leur a visiblement permis de trouver leur marque pour délivrer deux concerts forts différents mais tout aussi excitant. Le premier soir, devant un parterre d’habitués, ils axeront tout le set sur leur ambitieux petit dernier, The Eclectic Measure tandis qu’au Sud, face à un public potentiellement néophyte, ils visiteront l’ensemble de leur répertoire (sans oublier les incontournables reprises de King Crimson ou des Beatles) avec le même brio. Et même si leurs concerts durent généralement plus de deux heures, les 40 minutes allouées suffiront à nous convaincre que dans de bonnes conditions, le quatuor est capable de délivrer des prestations d’une précision et d’une efficacité inouïe. Pour avoir assisté à l’un des premiers concerts de la tournée deux mois auparavant et qui, avouons-le, n’était pas exempt de petites imperfections, je peux vous assurer que la poignée de dates accumulées depuis leurs auront permis de retrouver leurs marques et de glisser sur les difficultés à reproduire la complexité de leurs compos récentes comme s’ils les jouaient depuis des années. Cette maîtrise technique irréprochable ne serait rien sans leur capacité à transmettre des émotions variées, en partie grâce à des solos de guitares qui devraient réconcilier tous ceux qui sont un peu fâchés avec cet exercice de style. Et çà, à n’en pas douter, c’est la marque des grands.

Tous ceux qui ont eu la chance de voir Monkey3 sur scène vous parleront certainement des projections fascinantes et du light-show savamment étudié (même si de l’aveu des membres du groupe, nous n’auront eu droit ici qu’a une version allégée). Mais si l’impact de ces deux éléments est loin d’être négligeable, les Suisses s’y entendent pour vous lobotomiser les neurones en moins de temps qu’il ne faut pour le dire à coup de morceaux répétitifs qui se suffisent à eux-mêmes, exécutés avec une puissance qui redéfinit les limites de ce qui est heavy. Avec eux, un concert n’est plus simplement un enchainement de titres bien exécutés qui viennent flatter votre sens auditif mais cela devient une véritable expérience physique dont on ressort parfois sérieusement secoué. Le plus curieux est qu’au-delà de la complicité très perceptible entre les musiciens, ceux-ci donnent l’impression de s’amuser franchement sur scène alors qu’on les imaginerait plutôt hyper-concentrés. Peut-être d’ailleurs est-ce du aux airs ahuris du public qui leurs fait face.

Pour clôturer les festivités, place à Brant Bjork & The Bros dans une formule inédite. On savait déjà que Alfredo Hernandez, le pote de toujours, remplaçait Mike Peffer derrière les fûts, on découvre désormais que le quatuor s’est mué en trio. Exit Cortez (le guitariste, pas le groupe), Mr Cool, qui d’ailleurs ne semble pas être aussi cool que çà, assure seul les parties de guitares. Paradoxalement, Brant semble se fondre un peu plus dans le décor avec cette configuration, à tel point qu’à certains moments, on aurait presque envie de rebaptiser le groupe « Alfredo & The Bros ». Pas qu’il soit devenu particulièrement exubérant, loin de là, mais sa frappe sèche et métronomique crée l’ossature des morceaux sur lequel viennent se poser les lignes de basse groovy et les riffs à la cool. Il est d’ailleurs assez éloquent de constater que quand Brant ne chante pas, il se tourne vers son batteur pour poser sur lui un regard admiratif, tandis que Dylan Roche a cessé de fixer sa tête d’ampli et amorce désormais un quart de tour vers la droite. Alors qu’auparavant, le groupe nous gratifiait régulièrement de concerts marathon avec versions rallongées de la moitié des titres, ils iront cette fois à l’essentiel, puisant dans l’ensemble du catalogue pour nous servir des compos expurgées des digressions habituelles, Brant s’y entendant pour distiller le même petit riff funky à toutes les sauces. Ce qui fera dire à l’un des musiciens présent à l’affiche (et dont on taira évidemment le nom) que « Brant Bjork, faut arrêter de dire que c’est bien, il joue le même morceau pendant 1h30 et c’est pas parce que c’est un ancien membre de Kyuss que çà change quelque chose ». Sans aller jusque là, il faut bien admettre que le bonhomme a trouvé une recette qui fonctionne et a parfois tendance à en abuser, même s’il semble avoir récemment changé d’orientation.

Jihem
Après avoir ignoré l’hexagone lors de leur précédente tournée, l’un des groupes phares de la scène dite « stoner » débarque enfin en France. Fu Manchu est donc dans la capitale ce soir pour satisfaire leurs fans français… ou plutôt le peu de fans qui auront fait le déplacement car la première constatation est flagrante, le Trabendo est à peine rempli à moitié. La salle choisie était elle trop grande, me fais-je encore des illusions sur le potentiel de ce groupe ? Peu importe car moi j’y suis et je vais me régaler tout comme ceux présents ce soir.
Dans le souci d’épargner le groupe et de ne pas trop m’étaler en méchancetés, je ne dirai que quelques mots sur la première partie de ce soir. The G.O.D.S…. déjà faut oser un nom pareil (The Gentlemen of Distorded Sound), mais faut aussi oser les tenues de scène à mi-chemin entre Village People et Zucherro. Enfin, bon, pour paraphraser le fameux générique d’Arnold et Willy, « C’est vrai Faut de tout, tu sais… Faut de tout, c’est vrai… Faut de tout pour faire un monde ».
Musicalement ce n’est pas particulièrement mauvais, c’est juste que ça n’a rien à voir avec les Fu.
Bref, c’est avec une patience très polie que le public attend la tête d’affiche qui débarque sur scène avec un Eatin Dust/Evil Eye de folie. Le public, sans doute refroidi par la première partie, a beaucoup de mal à rentrer dans le show et le début du concert me laisse craindre une soirée complètement ratée. Loin d’être découragé, Scott Hill et sa bande enchaînent les titres avec un professionnalisme exemplaire et la sauce va finalement prendre assez rapidement pour finir avec des slams, du stage diving et autre hurluberlu montant sur scène. Dur pur Rock’n’roll.
Le groupe pioche largement dans leur dernier opus mais n’oublie pas pour autant leurs vieilles galettes (et leurs vieux fans !). Avec autant d’albums et 1h20 de concert, bien sûr certains incontournables passent désormais à la trappe mais lorsque l’on regarde la setlist on se dit que, quand même, ce groupe a de quoi satisfaire les plus exigeants, dommage qu’ils ne soient pas venus.
Scott Hill semble apprécier l’énergie du public et après plusieurs tentatives, il répond enfin aux demandes en jouant un « Mongoose » non prévu sur la setlist. Ca ne ment pas ce genre de détail, si le groupe joue les « request », c’est que c’est tout bon de leur côté. La soirée est donc réussie.
L’enchaînement King Of The Road et une version hallucinante de Saturn III clôt le concert. Le public, alors complètement déchainé en réclame davantage et on aura le plaisir de voir les Fu revenir sur scène pour un rappel de toute beauté. Hell On Wheels et Godzilla terminent la soirée de bien belle façon. Certains fans auront bien mérité une bonne nuit de repos après avoir dépensé autant d’énergie alors que d’autres, déjà au lit depuis longtemps, auront loupé un chouette concert.
Espérons que le Trabendo à demi rempli ne découragera pas le groupe de revenir lors de leur prochaine tournée que j’espère assez rapide.
Setlist :
Eatin Dust
Evil Eye
Regal Begal
Written In Stone
Hung Out to Dry
California Crossing
Over The Edge
We Must Obey
Grendel, Snowman
Anodizer
Hogwash
Knew It All Along
Mongoose
King of the Road
Saturn III
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Hell on Wheels
Godzilla
Shinkibo
Une affiche à 4 groupes, entrée gratuite, dans le mythique Roxy sur Sunset Blvd, incluant la “sensation” Year Long Disaster… Autant dire que ma soirée a été vite libérée de tout engagement, et que 5 minutes avant l’ouverture j’étais devant les portes (échaudé par le “ratage” de Sasquatch quelques jours plus tôt en ouverture de Nebula).
L’honneur de chauffer la salle est revenu à Tokyo Smog, groupe japonais installé à Los Angeles, dont le rockabilly-punkisant tendance indé fonctionne pas mal, bien aidé par une guitariste bien charismatique. Pas un mauvais moment, pour accompagner le long sirotage d’une bière à $7 (certes l’entrée était gratuite, mais quand même !).
La tension monte très nettement (et le public se densifie et se rapproche de la scène) tandis que Year Long Disaster est annoncé par le DJ, qui ouvre le célèbre rideau devant nos trois fiers à bras. Tout de suite, Rich Mullins se pare d’un sourire jusqu’aux oreilles, prend sa pose fétiche, qu’il ne quittera presque plus de tout le concert : bien en appui cramponné sur ses jambes grandes écartées, le bonhomme semble avoir bien compris que le son d’une basse est fait pour faire vibrer les planches de la scène, et il fait donc tout pour rapprocher son instrument du sol. Effet garanti, et résultat au rendez-vous : son son de basse nous bastonnera sévère pendant une heure de déluge sonique.

Décidément, à deux semaines d’écart, j’aurais vu sur scène le légendaire binôme rythmique de Karma To Burn, et le constat est là : ces gars-là s’étaient trouvés, en leur temps, car des musicos avec un tel feeling, il n’y en a pas des centaines. Mais ce soir, c’est Daniel Davies qui focalise l’attention. Grand échalas avec une guitare en bandoullière, le bonhomme ressemble de loin à une grande allumette : une longue tige très fine, sur laquelle repose une tête bien ronde (cheveux longs frisés). Mais dès lors qu’il se rapproche du micro, ses mouvements deviennent habités, impulsés par des nerfs à fleur de peau. Se reposant sur le jeu sans faille de Mullins, Davies aligne les soli comme un enfant thaïlandais enfile les lacets des baskets Nike : avec une aisance naturelle remarquable, propre aux plus grands guitaristes. YLD pousse le potentiel du jeu en trio dans ses derniers retranchements, avec une basse qui empiète souvent sur les plate bandes mélodiques du guitariste, et avec un gratteux qui fusionne avec son instrument, tant et si bien que son usage en rythmique et en solo, alterné avec le chant, se déroule avec une fluidité impeccable.

Musicalement, YLD a trouvé la recette magique, tout simplement. Là où Wolmother se vautre sans vergogne dans un trip revival tout à fait jouissif (et honorable dans la démarche), YLD pousse la démarche plus loin : non contents de piocher comme des goujats dans les stocks de riffs velus non utilisés dans les années 70, le trio californien y ajoute de copieuses rasades de blues, d’influs sudistes (sans doute en droite lignée de la planète Mullins), et le tout groove avec une arrogance qui laisse sans voix. C’est simple, lorsque l’on ne se surprend pas à headbanguer comme à sa prime jeunesse, c’est que l’on est en train de taper du pied avec le sourire aux lèvres, en train de se dire “bordel, personne n’a pensé à jouer ce riff jusqu’à aujourd’hui, c’est fou !”, tant l’évidence d’un break ici, d’une ligne de basse là, s’impose. Imparable, la musique de YLD est imparable, universelle. Leur jeu déborde de groove, et ferait se dodeliner un gamin de 4 ans comme un cinquantenaire ragaillardi. Je suis bien incapable de nommer le moindre titre qu’ils ont joué, mais j’ai à la fois été soufflé par la variété des genres abordés, et la cohérence bluffante de l’ensemble. Un set d’une heure aussi dense, maîtrisé, de la part d’un groupe qui pour le moment n’a qu’une démo 2 titres sous le bras, ça force l’admiration.

Peu de groupes à ce jour m’ont fait cette impression : voir trois personnes sur scène, et se faire la réflexion que ces gars sont nés pour jouer ensemble et faire jouir les tympans de dizaines de milliers (millions) de simples amateurs de musique. Allez sur leur site, et lisez leur bio, vous verrez qu’en plus de revenir de loin individuellement, le duo Mullins/Davies est aussi le fruit d’une catharsis musicale
S’il y a une justice sur cette planète, ce groupe doit devenir énorme.
PS : pour l’anecdote, YLD est suivi par deux groupes ce soir, mais il m’a été impossible de rester plus de 5 minutes (le groupe suivant n’était ni mauvais ni inintéressant, ils étaient juste tellement en dessous.).
Laurent
Le relativement inutile groupe américain Burning Brides célèbre la sortie de son médiocre dernier album en occupant la scène de cette petite salle de concert de Los Angeles tous les lundi de ce mois de juin. Cet événement aurait tôt fait de passer aux oubliettes si le groupe, pour une raison inexplicable, n’avait pas invité Nebula à ouvrir pour eux ! Et il ne s’agissait pas d’un concert de Nebula parmi tant d’autres. Véritable “warm up gig” pour la tournée européenne à venir, ce concert, historique pour le groupe, était le premier avec Rob Oswald derrière la batterie, ni plus ni moins que le batteur de (feu)Karma To Burn ! excusez du peu.
Cumulant malchance, organisation déplorable et embouteillages dans Los Angeles, nous raterons Sasquatch. Une fois avalés mes organes génitaux, je sirote une bière de dépit devant les minables pré-adolescents de Black Fur, sortes d’ersatz mal digérés de Nirvana indie-post-rock-emo sans intérêt.

Nebula investit donc la scène, balance quelques riffs bluesy qui feront office de soundcheck du pauvre, et rentre dans le vif du sujet avec “Sun creature”, modeste face B (trouvable sur quelques EPs de Nebula) qui remplit bien son office de mise en bouche. Plus étonnant, ils enchaînent avec l’encore-plus-rare “Bardo Airways”, assez cool aussi. On passe ensuite vers le plus connu “Instant Gravitation” puis première (et unique) intrusion dans le petit dernier (Appolo), avec “Lightbringer”. S’ensuivent des extraits de chacun de leurs albums, et autres EPs.
Le groupe est à l’aise, et on a beau guetter le moindre pain de Rob, peine perdue, le bonhomme bastonne gentiment, avec application, et sans faute. Une bonne recrue, manifestement ! Sinon, évidemment, Eddie Glass focalise l’attention du public, alignant riffs et soli habités, le tout derrière des poses de guitar hero improbables. De son côté, Tom Davies assure discrètement mais gaillardement derrière la basse, et finalement, le trio s’y entend dès lors que la moindre opportunité d’impro se présente. L’ambiance est si bonne et le groupe tellement en phase, qu’après une rapide concertation, ils balancent une reprise de Led Zep (ma mémoire me joue des tours, je crois que c’était “How Many More Times” ou “Dazed & Confused”) pas piquée des vers au milieu d’une set list qui n’avait pas prévu cette “intrusion”.

Néanmoins, même s’il est troisième sur l’affiche, Nebula n’est pas en tête d’affiche, et le concert reste concis (une bonne heure quand même), rien ne dépasse. Du coup, certains morceaux ne prennent pas vraiment totalement leur envol, et les impros, rares mais bel et bien là, auraient gagné en intensité à “prendre leur temps”. Au final, la set list a vraiment brillé par sa variété et son originalité, mais le concert ne s’est pas totalement emballé. La musique était bonne, les zicos parfaits, les chansons impeccables, mais la “magie” n’était pas totalement au rendez-vous. On en attendait peut-être un peu trop ? Une putain de bonne soirée quand même !
Laurent
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