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Hulk, Les Anges, 14 mars 2007, Le Grand Mix, Tourcoing, France

Tiens donc, Hulk passe en première partie du plus grand groupe de rock n’roll du monde, j’ai nommé les Supersuckers, à seulement 10 minutes de chez moi. C’est une occasion à saisir. 
Car, au moment ou j’ai acheté ma place pour ce concert, Hulk était encore Hulk, et pas encore Les Anges. 
Le groupe investit donc la scène du Grand Mix vers 20H30, devant un parterre quasi désert en ce mercredi soir. Enfin, ce n’est pas le groupe qui investit la scène, c’est Sandra Hagenaar, transfuge de Fifty Foot Combo, qui vient se placer à la gauche du public devant son Hammond. Et là, un certain malaise s’installe en moi et je me demande quel est l’intérêt de taper des “poses” à faire pâlir d’envie un Dave Wyndorf. Après une intro pour le moins étonnante donc, durant laquelle Sandra, tel un chef d’orchestre, bat la mesure en cadence avec sa main, le reste des Anges, c’est à dire les 3 musiciens de Hulk, fait son entrée. Premières notes de guitare, et bang, deuxième malaise. Nos 3 messieurs sont placés carrément sur la droite, complètement à l’opposé de leur nouvelle partenaire de jeu, laissant ainsi un espace désertiquement béant au centre de la scène du Grand Mix. En matière d’intégration de nouveaux musiciens, on a connu mieux il me semble. Bref, Les Anges jouent, et on ne sait trop ou regarder. A Droite pour voir Hulk, asséner des riffs assassins et des rythmiques de plombs ? A Gauche, pour regarder plus qu’écouter les mimiques parfois à la limite du grotesque de miss Hagenaar ? Bref, le groupe a beau enchaîner les titres, dont le déjà célèbre “Boys, Boys, Boys” qui a fait connaître le combo via son myspace, la performance scénique me laisse indiscutablement perplexe. Le seul véritable moment appréciable viendra, pour moi, lorsque l’organiste quittera la scène le temps d’un morceau. Bref, la prochaine fois que je verrais les Anges en concert, je fermerai les yeux pour concentrer sur Herr Mayer et son petit côté Elvis, et sur les frappes de Don Giacomo. 

Stonerpope

Eagles of Death Metal, 28 janvier 2007, Lille, France, 31 janvier 2007, Bruxelles, Belgique

Ce qui frappe tout en tout premier lieu, lorsque le groupe investit la scène de l’Ancienne Belgique, c’est le peu d’espace occupé par le matériel. 3 amplis, le kit batterie, et la moitié de la scène complétement vide. On pourrait craindre que ce trop plein d’espace nuise à la prestation du groupe. Il n’en est rien car Jesse Hughes et son incontestable talent de showman font le reste, appuyé par un Dave Catching fidèle à lui-même, un Brian O’Connor et sa grande silhouette patibulaire et sombre, martelant sa basse tel un métronome, et un Gene Troutman absolument divin en ce mercredi frappant ses fûts comme si sa vie en dépendait.


Voir le groupe dans deux configurations différentes est aussi l’occasion de constater que le groupe ne dégage pas la même énergie suivant qu’il joue devant un parterre de 400 à 500 personnes, pas complétement receptives à une musique pourtant très catchy, et un chaudron de plus de 1500 personnes toutes acquises à sa cause.


Servis en plus par un son beaucoup plus audible, le set Bruxellois se révèle donc plus intense et riche en moments forts que la prestation Lilloise du dimanche précédent. Qu’y a t’il de mieux que le très célèbre “Boys Bad News” repris en choeur par une fosse en délire, qu’une version ‘devilesque’ de “Stuck in the middle with you”, l’hymne rendu célèbre pas le Reservoir Dogs de Tarantino et que cette fosse enragée bougeant frénétiquement au son des riffs de “Speaking in Tongues”. En bonus, en plus du très célèbre “Brown sugar” des non moins célèbres Rolling Stones, les chanceux qui auront fait le déplacement dans la capitale du plat pays auront droit à une reprise des Ramones (qui ne fut pas jouée à Lille malgré sa présence sur la setlist) et de The Damned.


Seuls petits bémols, les gimmicks sont devenus “répétitifs”. En gros, Jesse Hugues aime trois choses dans la vie: le rock’n’roll, les femmes et la Belgique. C’est en tout cas ce qu’il prétend à longueur de concert tout en remontant ses manches 2.000 fois sur la soirée . L’enchainement de ces deux dates nous a permis de voir que les ‘effets’ de scène de Jesse sont minutés comme du papier à musique et interviennent toujours au même moment du set. On est donc bien loin du côté spontané et irréfléchi qui faisait tout le charme des sets des Eagles Of Death Metal lorsqu’ils n’avaient encore qu’un succès plus que confidentiel.

Stonerpope, Jihem (Photos : Shinkibo)

Cabron, 22 décembre 2006, Sojo, Leuven, Belgique

Petit club sympa et cosy au fond d’une ruelle (merci à Jihem en tant que guide), SOJO est néanmoins une institution à Leuven où des groupes comme Brant Bjork & The Bros, Ufomammut et Orange Goblin ont déjà usé les planches de cette antre.

C’est Kings of Things to Come qui a le privilège d’ouvrir le feu et la lourde tâche de chauffer le public. Jihem et moi arrivons un peu tard pour pouvoir se faire une idée réelle de la prestation du groupe. Applaudissements de l’audience (pour le groupe hein, pas pour notre arrivée…).

Bien entendu, Patrick et Peter de Buzzville Records sont présents puisqu’il s’agit de la soirée promo du premier album officiel du quatuor CABRON produit par le label. Cette CD release party s’annonce bien excitante au vu de l’affluence dans la salle (à 2 EUR l’entrée, on allait pas se faire prier). Poignées de mains chaleureuses, échanges sympas, les binouzes arrivent, ambiance détendue, le décor est planté.

CABRON monte sur scène et la section rythmique entend bien confirmer dès les premières notes qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration. Les tempos sont excellemment bien tenus et les grattes n’ont plus qu’à se poser sur une fondation rythmique solide et précise. Le chanteur balance sa voix claire et perçante avec aisance.

Côté visuel, le bassiste nous gratifie d’un chapeau haut forme et arbore une allure de Frank Zappa dénudé. Les 2 gratteux nous la jouent plus stylée avec leurs pantalons à pli, chemises droites, cravates et shoes de maffieux façon Chicago dans les années 30. Le batteur ressemble … euh … à un mec derrière une batterie avec une baguette dans chaque main…

Vu qu’il s’agit de la promo live de l’album éponyme sorti le 11 décembre 2006, CABRON fait la part belle à tous les titres de cet opus. La patate est là dès le départ et les morceaux se succèdent tambour battant. Le single Your Lessons Learned envoie le bois et le public s’électrifie de plus en plus. Comme déjà écrit précédemment dans la chronique de l’album, CABRON n’a pas ce qu’on appelle un gros son hyper-saturé. Que du contraire, ils ont plutôt opté pour un son certes distortionné mais pas à outrance en laissant les aigus et les médiums s’exprimer pleinement. Le tout est typé par leurs amplis et guitares vintage.

Mais quelle belle dynamique! Un peu à la manière de QOTSA, ils savent agrémenter leurs riffs de petites subtilités qui pimentent les morceaux et leur donnent une personnalité réelle en évitant les mélodies figées et simplistes. On remarque une grande complicité entre les musicos qui nous livrent un set au poil et bien rock’n roll. Il est clair que ces mecs doivent se connaître et jouer ensemble depuis une belle paire d’années pour afficher une telle cohésion dans leurs jeux respectifs.

J’abandonne mes libations pour m’approcher de la scène. L’audience bouge. Les applaudissements et autres yeah!!! fusent entre les chansons. Les mecs ont l’air de bien se marrer sur scène. Ca fait vraiment plaisir de voir des musicos prendre leur pied et transmettre toute cette énergie positive.

Le set dure depuis plus ou moins 50 minutes lorsque Carbon enchaîne Parascending, la dernière plage de l’album looooooooooooooooooongue d’une dizaine de minutes. Le morceau est planant et exécuté avec une montée d’adrénaline sans faille. Fin du premier acte.

Il est clair qu’on ne va pas les laisser partir comme ça. Le public en veut encore et c’est, ô surprise, 2 demoiselles en maillot de gym qui montent sur scène pour nous filer un cours d’aérobic. J’avoue ne pas bien comprendre la mise en scène. Il faut dire que mes neurones se sont taillés avec la journée de boulot intense et les 200 bornes que j’ai dû me taper pour atteindre la salle. En fait, il s’agit de la fille du bassiste et de sa copine, la première fêtant son anniversaire le jour-même. Le papa bassiste est tout sourire et les gaillards installent sur la scène des tonneaux façon tambours du Bronx. Les demoiselles sortent les bois pour nous les envoyer pendant une très longue session atmosphérique rythmée, entre autres, par les martèlements féminins des fûts.

Enfin, le set se termine par 2 covers d’AC/DC exécutées avec, pour l’occasion, une voix criarde et aiguë à souhaits. On rigole un bon coup et on en profite pour remettre des tournées. Le concert se termine et nous quittons la salle, non sans avoir vu bien des gens se rendre jusqu’à l’étalage pour acquérir l’abum de CABRON et autres merchandising. Patrick et Peter peuvent être contents: le groupe est fin prêt pour défendre son petit dernier.

De notre côté, nous remontons dans nos caisses et terminons la soirée à grands coups d’Orval, breuvage ambré et brassé dans ma région, la Gaume (sud de la Belgique). Il est 4h30 du mat’ lorsque le K-O technique est prononcé.

Thib

Monkey3, Colour Haze, 9 décembre 2006, Sojo, Leuven, Belgique

C’est un Sojo plein à craquer qui accueille ce soir la fine fleur du stoner européen, deux groupes à l’identité bien marquée dont les dernières livraisons ne cessent de générer des louanges amplement méritées. Monkey3 vient de confirmer tout le bien qu’on pense d’eux avec un « 39 laps » tout chaud qui pourrait bien être un des rares albums récents capable de déloger de ma platine le « Tempel » de Colour Haze. L’affiche est alléchante, les aficionados alléchés et comme d’hab’ en cas de grande affluence, cette petite salle va pour quelques heures se transformer en sauna dans lequel les non-fumeurs vont déguster. 

Lorsque j’arrive dans l’enfer de Louvain, les Suisses ont commencé sans m’attendre. Je les excuse, j’ai quelques problèmes de mobilité en ce moment (j’en profite d’ailleurs pour remercier Waco et François pour leur dévouement). Boris en impose dans son marcel, immobile en bord de scène pendant que derrière lui çà s’agite un peu plus. Les projections sur la grosse caisse sont toujours du meilleur effet, ce qui compense un peu l’absence de light-show qui doit rendre les concerts de Monkey3 encore plus hypnotiques. Ce concert s’axe essentiellement sur les morceaux du nouvel album, incluant l’incontournable « Electric Mistress » de leur premier méfait (il devait y en avoir d’autres, je sais plus, un moment je me suis complètement laissé emporter), un titre très électrique justement, qui tranche avec le côté plus atmosphérique des nouvelles compos. Entendez par-là que la guitare, bien qu’omniprésente, ne monopolise pas tout l’espace sonore et la grosse disto vient vous exploser les tympans avec parcimonie pour conclure les montées en puissance, ce qui lui donne d’autant plus d’impact. La plupart du temps, elle tisse des ambiances éthérées soulignées par des synthés dosés à la perfection et entrecoupées de déflagrations sonores à vous faire tomber de votre chaise, ce qui à d’ailleurs faillit m’arriver plusieurs fois au cours de la soirée. La section basse-batterie fait honneur à la légendaire précision suisse, s’emballant à l’occasion mais souvent plus encline à vous lobotomiser par son aspect répétitif qui vire au tribal sur un titre comme « Last Moulinao ». Le son est dense, compacte, c’est un maelström organisé qui vous arrive en pleine tronche et vous happe pour ne plus vous lâcher. Avant d’arriver, je me demandais ce que c’était le psycostoner. Une fois dans la place, j’ai rapidement pigé. C’est un truc qui s’attaque au cortex plutôt qu’aux tripes (même si elles sont aussi mises à contributions, mais c’est peut-être l’effet des liquides ingurgités la veille), servi par des mecs qui parviennent à rendre la complexité des compos avec aisance et maîtrisent parfaitement leur son, bien qu’ils semblent être les premières victimes de l’effet produit par leur musique. Bien sur, il n’y a pas beaucoup de place pour l’improvisation dans un concert de Monkey3, ils jouent hyper-carré, ne dévient jamais de la partition et restituent fidèlement ce qu’ils ont gravé sur album. Ce qui n’empêche pas leurs concerts d’être une expérience unique et confirme leur statut d’électron libre dans la galaxie stoner. 

Colour Haze n’est plus à présenter. Enfin on l’espère pour vous. Le trio allemand revendique la place de leader de la scène heavy-psyché européenne et bien que ce genre d’auto proclamation puisse paraître prétentieux, on est bien forcé d’admettre que peu de groupes soient en position de revendiquer leur couronne. Ce titre, ils l’ont forgé à coup d’albums irréprochables qui les ont vu se dégager progressivement de leurs influences pour créer leur propre style directement identifiable. Mais ce titre, ils l’ont également gagné en arpentant l’Europe inlassablement depuis des années, délivrant au passage des prestations d’une qualité rarement mise en défaut et ce n’est pas celle de ce soir, avoisinant les 2 heures, qui fera mentir leur réputation. Colour Haze dispose désormais d’une impressionnante série de bons titres pour construire leur set et ils ne se priveront pas de revisiter les trois derniers albums pour ne délivrer au final que peu de titres du dernier chef d’œuvre en date. Colour Haze, c’est le power trio dans toute sa beauté, la complémentarité parfaite entre trois musiciens d’exceptions capables de livrer dans le même morceau des passages aériens, un groove obsessionnel et un mur de fuzz en ne se départissent jamais d’un aspect très mélodique séduisant. Après une courte intro, ils rentrent directement dans le vif du sujet avec « I Won’t Stop », un de leur titre les plus direct qui donnera le ton du concert plus placé sous le signe du heavy que du psyché. Stefan Koglek est très en forme et ses qualités de guitariste ne sont plus à démontrer, l’alternance de longues phrases mélodiques et de gros riffs libérateurs atteignant des sommets d’efficacité sur les nouveaux titres comme « Aquamaria » et « Tempel ». Mais celui qui m’impressionne le plus est Manfred Merwald, le batteur au jeu virevoltant exécuté avec une ahurissante débauche d’énergie, laissant le soin à Philipp Rasthoffer, le bassiste impassible, de cimenter l’ensemble par une rythmique rigoureuse. Pour ce mec, un concert se résume à un long solo dont est proscrit tout plan binaire et son endurance rudement mise à l’épreuve ne faiblit jamais. Pour preuve, cette accélération démentielle à la fin de « Peace, Brothers and Sisters !», morceau-fleuve de plus de 20 minutes comportant un clin d’œil au Beatles en incluant le refrain de « Hey Jude » reprit en cœur par un public chauffé à blanc. En guise de rappel, les Allemands nous offre une jam composée de reprises de « American Woman » de Bachman-Turner Overdrive et « Into the Sun » de Grandfunk Railroad exécutées en roue libre par un groupe qui a rapidement su se lâcher pour livrer une prestation parfaite. « Plazmakeks », exécuté en second rappel viendra clôturer une soirée qui aura rempli toutes ses promesses avant de nous rendre à la nuit froide et humide, des images et des sons pleins la tête. 

Jihem

Buzzfest 2006, 28 et 29 Octobre 2006, Opwijk, Belgique

Bien qu’il n’ait pas encore l’ampleur de ses grands frères européens, le Buzzfest fut cette année encore l’occasion de découvrir ou re-découvrir sur scène une série de groupes prometteurs aux côtés de quelques pointures dont la réputation n’est plus à faire.
Organisé par Buzzville, le label belge géré par deux véritables passionnés, cette deuxième édition s’étalait sur deux jours, proposant au total huit groupes de cinq nationalités différentes. Le professionnalisme et la volonté de ne pas brûler les étapes, deux notions qui semblent être à la base de la philosophie du label, auront permis à l’événement de se dérouler parfaitement et de récolter un beau succès.


Tout commence le samedi soir au Negasonic d’Alost, un petit club tout en longueur où se succéderont Casa Grande, Glowsun et Bible of the Devil. A notre arrivée il y a plus de musiciens que de spectateurs dans la salle mais les retardataires finiront par arriver avant le début des hostilités. Casa Grande se distingue en deux points : L’abscence de bassiste et une fille derrière le micro qui s’en sort bien face à l’avalanche de gros son balancé par les deux gratteux. La seule ambition du groupe semble être de faire headbanguer l’assistance sans discontinuer au son de leur gros Heavy-Rock sans fioritures et ils y arrivent aisément même si un peu plus de variation dans les tempos nous éviterais l’impression d’entendre le même morceau pendant tout le concert. On pointera quelques breaks sympas, des passages qui évoquent vaguement Acid King (surtout dans la façon de chanter) et une volonté de passer un bon moment sans trop se prendre au sérieux. Il existe malheureusement des milliers de groupes comme Casa Grande dont le seul but semble être de divertir leur bande de potes pendant le week-end. C’est un peu dommage car on sent qu’ils ont le potentiel pour proposer quelque chose de plus personnel plutôt que de nous resservir des riffs certes efficaces mais un peu quelconques. Et puis une basse, quand on fait ce genre de musique, c’est peut-être pas aussi futile que çà.


Le fait que Glowsun se retrouve à l’affiche ce soir n’est pas du au hasard. Le groupe continue sa progression en enchaînant des dates de plus en plus importantes avec pour seul support une démo 4 titres et une réputation live qui ne cesse de grandir. On ne va pas vous en remettre une couche sur les qualités des Lillois, dont la prestation ne pourrait être décrite qu’à grands coups de superlatifs (j’exagère à peine). L’enchaînement de « No ! », « Inside My Head » et « No Way » permettra à chacun de trouver ses marques pour attaquer la deuxième partie du concert, constituée des compos les plus récentes qui mélangent toujours aussi habilement passages atmosphériques et riffs rageurs. On pointera particulièrement « Need » pour sa rythmique tournante imparable et son petit côté Qotsa old school, une future bombe qu’on a hâte d’entendre graver sur une rondelle de plastique (ce qui d’ailleurs ne devrait pas tarder). Même si Johan a encore quelques difficultés avec l’anglais, on le sent de plus en plus libéré sur scène et l’énergie, voir la rage, qu’il déploie ne laissera pas le public insensible. Il suffira de quelques morceaux pour rallier une assistance qui en redemandera après un set forcément trop court et écourté pour des raisons de timing, ce qui fait sourire quand on sait qu’il y a quelques mois à peine, Glowsun peinait à tenir la scène plus de 45 minutes. L’expérience accumulée commence à payer et il y a fort à parier que 2007 sera une année essentielle pour le groupe.


Le concert de Bible of the Devil a déjà commencé lorsque nous rejoignons le Negasonic après une petite escapade. Ces américains ont été bercés au metal des 80’s qu’ils nous resservent avec une énergie débridée, un peu comme si Maiden s’était contenté de ne jouer que ses morceaux les plus rapides en laissant de côté les passages les plus complexes. On aura donc droit aux duels de guitares, aux solos mélodiques assez réussis et à une rythmique sans fioritures, le tout jouer à fond, un concept qu’il semble avoir adopter comme philosophie de vie à voir leurs tronches. Au final, Bible of the Devil nous offrira un concert sans surprises mais pas déplaisant, du genre qui permet de passer un bon moment mais dont on aura tout oublier deux jours plus tard.

Le lendemain, le festival se poursuit dans une autre salle, le Nijdrop d’Opwijk. En fait de salle, il s’agit plutôt d’un hangar faisant partie d’une usine désaffectée. Comparée au Negasonic, la scène est immense mais l’endroit ne rassure pas vraiment quant à ses qualités acoustiques, surtout lorsqu’on le voit en plein jour. Patrick, visiblement satisfait de la tournure des évènements bien qu’il garde quelques séquelles de la soirée précédente, nous conduit vers les loges pour rencontrer les groupes à l’affiche ce soir. A notre retour dans la salle, Kube vient d’entamer son set.

Un des techniciens a du s’assoupir sur la commande de la machine à fumée car pendant ¼ d’heure, personne ne sera capable de distinguer les musiciens sur scène. Ce qui ne nous empêche pas de les entendre, au contraire. J’ai toujours pensé qu’on assimilait la musique de Kube à du stoner par facilité parce qu’on ne savait pas très bien où les classer. Ce n’est pas le concert de ce soir qui me fera changer d’avis. S’appuyant sur une section basse-batterie irréprochable capable de balancer un groove fiévreux sur un morceau avant d’envoyer du bois sur le suivant, les compos balayent large au niveau des ambiances, ce qui est parfois déroutant. La tension qui se dégage des instrumentaux à tendance à retomber lorsque le groupe enchaîne sur des titres à la structure plus classique qui du coup perdent de leur impact. Ajoutez à cela des vocaux trahissant parfois des influences plus pop qui tranchent avec une instrumentation entièrement dédiée à l’électricité et on se retrouve avec une formule difficilement cernable par les non-initiés. Quoi qu’il en soit, Kube livrera une prestation énergique riche en très bons moments et techniquement impeccable.


De notre rencontre avec les membres de Royal Bubble Orchestra quelques heures avant qu’ils ne montent sur scène, il ressortait une évidence : Le groupe est une véritable fratrie au sein de laquelle chacun s’investit à 150% pour gagner en reconnaissance. Une fois sur les planches, cela se traduit par une belle cohésion, chacun trouvant à s’exprimer sans qu’aucuns musiciens ne prenne le dessus même si l’excellente présence scénique du chanteur ait tendance à attirer tous les regards. Soutenu par une rythmique bien rôdée, le guitariste enchaîne les gros riffs aux solos bien construits, lâchant du lest pour la reprise très personnelle de « Lullaby » pour mieux replomber l’ambiance sur les titres les plus heavy où le chant puissant et mélodique vient faire contrepoint. Malheureusement, on a parfois un peu de mal à comprendre où RBO veut en venir avec des titres qui font le grand écart entre une influence 70’s et un traitement un peu trop moderne. « Time to Despair » et son refrain quasiment neo-metal en représente le meilleur exemple et on ne peut s’empêcher d’y trouver un petit côté racoleur qui fait tâche au milieu du reste.


De 3Speed Automatic on ne savait presque rien. Auteur d’un album sorti en toute confidentialité sur Nasoni, le trio batave fait dans le heavy-rock très orienté guitares avec plein de wah wah, des solos partout et une grosse dose de frime. Le batteur assure le minimum syndical tandis que le chanteur, qui tient accessoirement la basse ne se départira pas de ses lunettes de soleil ringardes malgré un light show des plus pauvre et nous offrira un étalage de poses wok’n’woll à faire pâlir d’envie Dave Wyndorf. La recette est usée jusqu’à la corde, rythmique monolithique d’un autre âge, vocaux dopés à la testostérone et branleur de manche de première, le tout saupoudré de quelques passages vaguement psyché pour rompre la monotonie. C’est bien exécuté (aucun groupe ne déméritera d’ailleurs sur ce point) mais sans grand intérêt à l’exception de quelques breaks presque audacieux et riffs pas vraiment mémorables mais suffisamment entraînant pour secouer la tête en rythme dans un pur réflexe conditionné par une exposition prolongée à la musique binaire.


Quand Generous Maria débarque, on ne joue plus vraiment dans la même division. Le groupe vient de sortir son deuxième album qui se démarque des habituelles productions suédoises. Le genre de truc auquel on revient inlassablement et qui finit par squatter la platine sans qu’on s’en rende compte. Le concert commence en douceur avec « Lil’ Crisis of Mine », histoire de se chauffer avant de balancer quelques uppercuts tels que ‘The Chillin Effect » ou la reprise de « Precious & Grace », titres qui permettront au batteur d’étaler ses talents de cogneur qui en impressionneront plus d’un. Les autres assurent comme des pros sans trop se faire remarquer, laissant au chanteur le soin de faire son show, rôle qu’il assume parfaitement grâce à un charisme inné qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Robert P. Le grain séduisant de sa voix donne un côté bluesy à l’affaire tandis que les guitares s’entrelacent subtilement pour donner de l’épaisseur aux morceaux, lâchant au passage quelques solos qui font mouche sans jamais verser dans la démonstration. C’est peut-être ce qui séduit chez Generous Maria, la volonté d’éviter les gros riffs tape-à-l’œil pour privilégier la finesse, chacun développant des parties complexes qui se combinent parfaitement pour nous offrir un résultat homogène et accrocheur. Le seul regret viendra de la durée limitée du set qui se conclura malgré tout par deux nouveaux morceaux dont un « Black Stone » qui laisse présager du meilleur pour l’avenir.

Pour clôturer le festival, place au poids lourd de la soirée, les incontournables suédois de Dozer. Je n’ai jamais été totalement convaincu par leurs prestations scéniques privilégiant souvent un volume sonore quasiment insupportable aux dépend d’un manque de finesse. Mais en 2006, ces piliers de la scène européenne peuvent s’appuyer sur une série de tournées à travers le monde et sur un 4ième album qui, bien que ne révolutionnant pas leur style patenté, apporte néanmoins quelques innovations. C’est pourtant avec « Supersoul » tiré de leur premier album qu’ils ouvrent les hostilités et il n’en faudra pas plus pour admettre que Dozer est devenu un rouleau compresseur qui ravage tout sur son passage en évitant tout préliminaires. Le nouveau batteur, qui n’a pas encore 20 ans, a parfaitement assimilé ses parties et ne se privera pas de faire une démonstration de son talent tandis que de part et d’autre de la scène, Tommi ne tient pas en place pendant que Johan headbangue comme un dingue, plié en deux sur sa basse. La set-list très axée sur le petit dernier revisite brièvement l’ensemble de la discographie malgré un set d’une petite heure. Bien qu’on n’attende pas vraiment de longues digressions de la part de ce groupe, les deux guitaristes abandonneront la scène à la section rythmique sur la fin de « Freeloader », le temps d’un petit break basse-batterie du meilleur effet avant d’être rejoint par Tommi pour une impro chaotique bourrée de larsens de près de 10 minutes. La deuxième partie du concert sera marquée par une excellente version de « Big Sky Theory » et sa rythmique plombée associée à l’un des meilleurs riffs que le groupe ai pondu, auquel est enchaîné une version très carrée de « From Fire Fell » qui clôturera le set comme il a commencé. Un petit rappel introduit par Fredrik seul à la guitare et ce Buzzfest s’achève avec le sentiment que Dozer n’est pas prêt à se faire piquer son titre de Rois de Fuzz.

Jihem

Glowsun, Phased, 29 septembre 2006, Le Kab, Genève, Suisse

Comme vous l’aurez peut-être remarqué, on aime bien Glowsun chez Desert-Rock. Certains pourraient même nous reprocher un certain favoritisme par rapport à tous les combos stoner francophones émergeants et un manque criant d’objectivité dès que nous évoquons le trio lillois. La raison de ce traitement de faveur est très simple : à force de croiser les membres de Glowsun sur la toile ou dans des concerts se sont devenus des potes. Outre le fait que ce sont des garçons très sympathiques, ils s’en sortent plutôt bien instruments en main, ont sorti une excellente démo dans les crédits de laquelle ils ont eu le bon goût de mentionner mon nom, balancent méchamment la sauce en concert et pour parfaire le tout, s’y connaissent bien en bière. Un tas de bonnes raisons pour accepter l’invitation de les accompagner dans leur périple suisse, sans compter l’opportunité de visiter le Kab’ et d’y rencontrer son équipe. La veille du départ, je rejoins le QG des nordistes sans me perdre, un exploit. La soirée se passe à essayer de charger le matos de la façon la plus intelligente possible, douter des talents culinaires de Johan et écluser gentiment quelques Affligem avant d’aller se coucher à une heure raisonnable en regard de la journée qui nous attend le lendemain. Lorsque je suis réveillé par les chuchotements de deux petits monstres généralement beaucoup plus bruyants, Johan a déjà parcouru quelques centaines de kilomètres avec les instruments afin d’anticiper les problèmes de douane. Après avoir retrouvé par hasard le sac contenant les pédales d’effets de Ronan, le départ se fait sans précipitation malgré l’excitation ambiante. Fidèle à lui-même, Feeb bat le rythme sur tout ce qui lui tombe sous la main pendant que Ronan, imperturbable, avale les kilomètres sans manifester le moindre signe de fatigue. Entre deux siestes, j’alterne les rôles de DJ et de GPS humain. La pause déjeuner en bordure des vignes champenoises sera marquée par un manque cruel de moutarde et des nouvelles rassurantes de notre éclaireur. Le bitume continue à défiler de façon monotone jusqu’à notre arrivée dans le Jura.

La vue d’une montagne m’emplit toujours d’émerveillement et de sérénité et tout le monde semble ressentir des émotions similaires dans la voiture qui entame les premiers lacets au milieu d’un décor verdoyant. Pour la première fois depuis notre départ matinal, les membres de Glowsun oublient un peu le concert qui les attends ce soir. A la sortie d’un virage, le lac Leman, immense, s’offre à notre vue et nous indique que notre destination est proche. Après un passage de la frontière qui ne sera qu’une formalité, nous arrivons enfin à Genève.

Trouvez une adresse dans une grosse ville inconnue un vendredi en fin d’après-midi n’a rien d’aisé et ce n’est pas sans mal que nous atterrissons finalement devant L’Usine. Le bâtiment imposant abrite deux salles, un studio d’enregistrement, un disquaire, un coiffeur, des chambres et quelques bureaux. L’endroit tient du squat reconverti en haut lieu de la culture underground. Le Kab’, la salle dans laquelle aura lieu le concert, offre une belle capacité et le plafond technique rassure le photographe qui sommeille en moi. Pas grand chose à voir avec les salles minuscules et les scènes éclairées par trois projecteurs et demi auxquelles je suis habitué. Nous sommes très bien accueillis par le maître des lieux qui nous indique les loges pendant que tout le monde s’affaire à préparer l’endroit pour le concert de ce soir. La grande pièce qui sert de loge a été entièrement redécorée par la kyrielle de groupes qui sont passé dans ces murs, couverts de stickers et de graff’. Le professionnalisme de l’équipe rassure les membres de Glowsun et toutes les conditions sont réunies pour que le concert de ce soir soit une réussite. Je les abandonne en pleine discussion avec les autres musicos à l’affiche pour rejoindre Chris au bar. Sa sobriété est de notoriété publique mais c’est le meilleur endroit qu’il a trouvé pour préparer le repas de ce soir en compagnie d’un membre du forum qu’il me tardait de rencontrer. J’espérais une spécialité culinaire locale mais ce ne sera malheureusement pas le cas. Je me rattraperai plus tard en testant les différents breuvages proposés, persuadé d’y perdre largement au change. Il faut bien l’admettre, les Suisses ont encore quelques lacunes en matières de bières et bien que dans un souci d’éviter tout jugement rapide, j’aie largement approfondi l’enquête, mon avis reste très mitigé. Trêve de digressions ethylogiques, le but de ma venue demeurant l’envie de m’en foutre plein les oreilles. Le Festival Underground, dont c’est la 16ième édition, propose une programmation très éclectique incluant douze concerts répartis sur trois soirées. Outre Glowsun, on retrouve ce soir Vlkodlak (metal médiéval), Mephisto Systeme (Rock indus) et Phased (Stoner). On passera rapidement sur les prestations de Vlkodlak (sur papier çà à l’air drôle, sur scène çà l’est 5 minutes bien que ce ne soit certainement pas le but recherché) et de Mephisto Systeme (grosse débauche de matos, look de circonstance et reprise de Nine Inch Nails inévitable. Pas désagréable à regarder, surtout depuis la droite de la scène, face à la charmante bassiste), non pas qu’elles furent mauvaises mais parce qu’elles sont hors-sujet.
A quelques minutes de monter sur scène, la tension est à son paroxysme dans le camp des Lillois. L’envie d’en découdre et de laisser une bonne impression est manifeste, d’autant plus que le public présent ne connaît probablement pas le groupe. Après une longue intro tout en crescendo, c’est un Johan complètement libéré qui attaque le riff de « No Way ».

L’accumulation de dates récentes commence à produire son effet et la machine tourne de mieux en mieux. Cela se traduit par l’absence de temps morts et d’hésitations, particulièrement sur les morceaux plus anciens et les mieux rôdés. Bien sur, Glowsun ne peut pas encore s’appuyer sur une longue expérience scénique pour proposer des sets hyper-calés et les fautes ne sont pas complètement absente de leur prestation. Mais au-delà de ces quelques erreurs de jeunesse, c’est surtout l’énergie déployée et l’implication des musiciens dans leur musique que l’on retient. Et puis, la force de Glowsun demeure le fait de proposer des compos variées et de qualité, ce qui au final reste le plus important. Alors que leurs concerts s’appuyaient essentiellement sur les quatre morceaux de la demo il y a quelques mois, le set de ce soir s’est considérablement étoffé de nouvelles compos qui rassure complètement sur leur talent de composition. Proposant toujours une grande diversité d’ambiances, ces morceaux collaborent à la définition du style original de Glowsun s’appuyant sur l’alternance de passages psyché et de gros riffs jubilatoires, le tout soutenu par une section rythmique assurant un groove omniprésent. Cette alternance crée une tension croissante qui se conclut souvent dans un déluge de décibels offrant à Feeb l’occasion de cogner comme un bûcheron, ce qu’il semble particulièrement apprécié. Seul regret, les jams improvisées qui émaillaient les concerts précédents sont passées à la trappe à la faveur des nouvelles compos en raison du temps imparti au groupe. Mais on évitera de se plaindre, Glowsun vient de livrer la meilleure prestation à laquelle il m’aie été donné d’assister jusqu’à présent et les progrès engendrés en quelques mois n’augure que du bon pour l’avenir.


Il n’est pas loin de minuit quand Phased investit la scène du Kab. Pour être honnête, je n’ai jamais entendu parler de ce groupe auparavant. Depuis, j’ai largement rattrapé mon retard tant leur concert m’a séduit. Fraîchement signé sur Elektrohasch, les Suisses (à vrai dire, ils ne sont pas tous Suisses mais il est tard, on ne va pas s’attarder sur des détails) ont déjà sorti deux albums et quelques 7”, existent depuis près de 10 ans et ont changé mainte fois de line-up. Leur style, ils le définissent comme du Psychedelic Deathrock, tout un programme. D’entrée de jeu ils attaquent avec une série de morceaux toute guitare dehors. Imaginez Hawkwind qui aurait brûlé ses synthés, jouant avec une énergie plus rock’n’roll, voir carrément punk et lorgnant largement du côté du Doom. Dans la musique de Phased, on retrouve pleins d’éléments qu’on a déjà entendu ailleurs habilement mélangés pour obtenir un rendu assez unique. Ce mélange hétéroclite fonctionne à merveille, certains aspects prenant parfois le dessus, ce qui donne au set de Phased un certain relief et permet de surprendre l’auditeur. Ajoutez à cela une très bonne présence scénique et un son à la hauteur et vous obtenez une belle découverte qui mériterait amplement de s’exporter hors de ses frontières.


La soirée se terminera finalement a 4h00 du mat’ à disserter sur l’intégrité jamais mise en défaut de Ian Mc Kay, avant de tenter de s’endormir au son des basses qui résonnent depuis la salle située face à notre chambre où se tient une soirée Ragga. Merci pour tout à Glowsun et aux gens du Kab’, on remet çà quand vous voulez.

Jihem

Hermano, 15 juillet 2006, Rock Herk, Belgique

Tout amateur de rock belge un peu éclairé vous le dira, le Rock Herk demeure, après 23 ans d’existence, un des « petits » festivals les plus sympas de l’été. De par sa gratuité et son cadre agréable, évidemment, mais surtout grâce à une programmation pointue et toujours riche en découvertes. Au programme de cette édition et en faisant abstraction des scènes Punk/Hardcore et Electro, on trouvera cette fois The Gossip, Animal Collective, The Constantines, Mono, les fabuleux Bellrays et coincé entre tout çà en début d’après-midi, Hermano. Les organisateurs ont en effet réussi à convaincre le gang de Garcia de faire un détour par le parc Olmenhof avant de rejoindre Cologne où ils doivent jouer le soir-même. Quatre concerts en trois jours dont deux en Belgique, on ne comprend pas très bien la démarche mais on ne s’en plaindra pas.

Une évidence s’impose en discutant avec les amateurs de stoner présents en nombre limité : Pour beaucoup, John Garcia représente l’âme du gang de Palm Springs, même s’il n’en a jamais composé un seul morceau, et à ce titre il est considéré comme un demi-dieu, une icône que l’ont vient vénérer. Ce qui laisse de marbre une grande majorité du public pour lequel il demeure un illustre inconnu. On ne se bouscule donc pas devant la scène quelques minutes avant le concert, moment que choisi un Dave Angstrom trépignant d’impatience pour faire un dernier soundcheck, ce qui consiste pour lui à entamer un morceau de Maiden (« The Number of the Beast » si ma mémoire est bonne) avant de rejoindre les autres membres du groupe sur le côté de la scène.


Avec 45 petites minutes pour convaincre, Hermano attaque de front avec « Cowboys Suck » et le ton est donné. Privilégiant les morceaux plus directs du premier album, le groupe a concocté un set explosif, offrant à Angstrom l’occasion de se défouler sans compter. Il faut bien l’admettre, la véritable star, celui qui finit toujours par attirer tous les regards, c’est bien lui, aussi doué pour les riffs assassins que pour les grimaces. Epaulé, par une section rythmique efficace mais discrète, c’est lui qui transforme des morceaux parfois un peu mou du genou sur album en concentré d’adrénaline, insufflant une énergie communicative, à tel point qu’on en oublierait presque la présence d’Olli Smit de l’autre côté de la scène. Facétieux et jamais avare d’un bon mot, il se permettra même de lancer l’intro de « El Rodeo » avant d’interrompre la clameur qui monte du public en annonçant que John Garcia ne désire pas interpréter de morceaux de son ancien groupe … Whithesnake ! Garcia justement, parlons-en. Malgré un certain charisme et une interprétation irréprochable, il reste froid et distant, communiquant peu avec tous ceux qui ne sont là que pour lui. Est-ce parce qu’il n’a jamais vraiment digéré la fin prématurée de Kyuss où parce qu’il refuse d’endosser ce rôle d’icône qu’on s’obstine à lui coller, toujours est-il qu’il n’arborera pas l’ombre d’un sourire. Appuyé sur son pied de micro pendant la majorité du concert (probablement une réminiscence de l’époque Kyuss où cette position lui permettait de ne pas s’effondrer sur scène, ceux qui l’ont vu en ’95 comprendront), il se contentera d’assumer son rôle de chanteur avec professionnalisme, laissant le soin à Angstrom de faire le show pour cinq. Cela n’empêchera le groupe de délivrer des versions furieuses de « 5 to 5 », «Landetta » ou « Alone Jeffe », démontrant une fois de plus qu’Hermano est avant tout un groupe de scène capable de convaincre tous ceux qui restent perplexe face à leurs albums.

Retour vers la scène principale pour voir Mono après un petit détour par le parc et les échoppes, le temps de dégotter le split Om/Current 93. Les conditions ne sont pas vraiment optimales pour assister à un concert du quatuor instrumental japonais qu’on imagine mieux dans une petite salle sombre. Le groupe parviendra néanmoins à instaurer une ambiance propice à la méditation et la rêverie grâce à de longues plages répétitives gagnant progressivement en intensité. Les passages plus débridés (n’y voyez aucuns jeu de mot un peu facile) resteront rares et d’autant plus marquants, Mono proposant plutôt une sorte de post-rock apaisant basé sur des parties de guitares complexes et bourrées d’effets. Le jeu de scène réduit à sa plus simple expression, les musiciens jouant la plupart du temps assis, renforcera le côté hypnotique d’une musique qui sur papier n’a rien pour plaire à un public venu s’enfiler des bières au soleil mais qui au final en séduira plus d’un.

Pour conclure une journée placée sous le signe de l’éclectisme, The Bellrays délivreront une prestation fougueuse dirigée avec classe par une Lisa Kekaula éblouissante. Une grande dame et une grande voix, assurément.

Jihem

Roadburn 2006, 22 avril 2006, Tilburg, Hollande

L’année dernière, pour fêter ses 10 ans, le Roadburn Festival était passé à la vitesse supérieure, proposant une affiche de rêve propre à séduire autant les fans de revival 70’s que les amateurs de doom malsain. Cette édition fut un succès énorme, installant définitivement le Roadburn comme l’événement stoner européen incontournable. Pour relever le défi de faire aussi bien, si pas mieux, que lors de l’édition précédente, les organisateurs ont cette fois-ci joué la diversité en proposant une scène dédié au Space Rock, s’offrant le luxe de convier quelques pointures du genre, Hawkwind en tête. Premier résultat de cette initiative, le public nombreux (les deux jours sont complets depuis plusieurs semaines) se partage entre jeunes chevelus venus de l’Europe entière et quinquas pas toujours verts partageant un goût immodéré pour les psychotropes en tout genre. 

Désireux de ne pas sacrifier sa vocation première, offrir une affiche mêlant groupes confirmés et jeunes pousses prometteuses, le festival s’étale désormais sur deux jours, proposant au total pas moins de 20 prestations réparties sur trois scènes. Le vendredi est donc consacré à la découverte avec Spaceship Landing, End of Level Boss et les deux locaux de l’étape, Astrosoniq et Toner Low tandis que le samedi, outre les dinosaures de la scène Space Rock, c’est la crème de la scène européenne qui a été convié à deux exceptions près, Brant Bjork & The Bros (qui, bien qu’américain pur jus, passe la moitié de l’année à sillonner l’Europe) et Solace dont c’est la première date de ce côté-ci de l’océan. On notera également la présence prsque incongrue de Leaf Hound, reformé par son charismatique chanteur Peter French avec l’aide de jeunes zicos fascinés par l’unique album du groupe, le cultissime « Grower of Mushroom » paru en … 1971 ! Autre innovation, le partenariat avec Orange Factory chargé d’assurer la programmation de la plus petite scène aux allures de club comme on les aime tant. 

Malheureusement, victime de son succès croissant, le Roadburn Festival ne peut éviter les écueils inhérents à ce genre de manifestation. Circuler parmi 2.000 festivaliers dans le labyrinthe qu’est le 013 pour rejoindre des salles transformées en fournaises devient rapidement pénible. Atteindre un bar autour duquel sont agglutinées des hordes d’allemands braillards relève du défi et se coltiner la gastronomie hollandaise requière pas mal d’abnégation. On pourrait passer sur ces détails pratiques et insignifiants mais il reste un problème de taille, le chevauchement des concerts sur les trois scènes. Impossible d’assister intégralement à toutes les prestations, ce qui entraîne quelques choix cornéliens et quelques déceptions. Il faut donc se la jouer montre en main et se présenter à l’entrée des deux petites salles 15 minutes avant chaque concert pour avoir une chance de rentrer, à moins d’avoir envie de jouer des coudes pendant la moitié du set. Après quelques heures on se surprend même à regretter les petites salles à moitié vides auxquelles tout amateur de stoner est habitué. 

Mais reprenons les choses a leur début. Suite à l’annulation de Capricorns et aux problèmes de santé de Dave Wyndorf, c’est Witchcraft qui ouvre les hostilités à 16h00 tapantes (les horaires seront d’ailleurs tous respectés à quelques minutes près). Les Suédois proposeront pendant une heure un set sans surprises, piochant dans leurs deux albums des morceaux qui se suivent et se ressemblent. Le son et l’interprétation sont impeccables, à tel point qu’en fermant les yeux, on pourrait croire qu’il s’agit d’un cd diffusé à très haut volume par la sono. Mis à part le look de berger pyrénéen du chanteur, il ne se passe absolument rien au niveau visuel, les musiciens restant trop statiques pour soulever l’intérêt du public. On saluera néanmoins la prestation vocale convaincante à condition de supporter cette accumulation de clichés, fond de commerce d’un groupe qui tente de sonner plus proto-doom que Pentagram à ses débuts, ce qu’il réussit au demeurant très bien, mais lui offre une marge de progression très restreinte. 

Après un court détour par la scène principale où Spacehead semble enchaîner des titres linéaires très orientés guitares sur fond de projections psyché d’un autre âge, sorte d’archétype de la vision que je me fais du Space Rock, c’est le retour à la Green Room pour être certain de ne pas rater une miette du concert de Solace. Rob Hultz débarque à grandes enjambées, pur redneck dans toute sa splendeur, pour effectuer un soundcheck et on se régale déjà de ce son de basse énorme. L’actualité du groupe étant des plus mystérieuses (rumeurs de split en plein milieu de l’enregistrement du nouvel album), on n’est qu’à moitié étonné de constater qu’un petit mexicain trapu seconde Tommy Southard aux guitares. Après un long instrumental et quelques problèmes techniques, Jason rejoint le reste du groupe l’air hagard pour entamer un « Mad Dog » d’anthologie. Le son est énorme, les musicos parfaitement en place malgré le fait qu’ils n’aient plus joué ensemble depuis pas mal de temps. Pour rajouter un impact visuel et en raison de la taille réduite de la scène, ils jouent la plupart de temps à quatre de front, l’air conquérant. Et effectivement on est subjugué par cette puissance et cette efficacité, cet empilement de riffs rageurs, cette rythmique dévastatrice et les vocaux irréprochables d’un Jason qui s’enfilera Heineken sur Heineken (intitulé un morceau « King Alcohol » n’a rien d’anodin). Southard, visiblement heureux d’être là, s’en donne à cœur joie dans l’alternance de lead plombés et de solos ébouriffés sans jamais virer à la démonstration et c’est d’ailleurs ce qui séduit, l’impression que chacun se met au service du groupe malgré la présence de quelques egos qu’on suspecte sur-dimensionnés. La setlist pioche de façon équitable dans les deux albums mais offre également deux nouveaux morceaux qui apparaîtront peut-être un jour sur une hypothétique nouvelle sortie. En apothéose, Ben Ward vient donner de la voix sur « Forever My Queen », reprise de Pentagram décidément très à l’honneur aujourd’hui et après une petite heure, Solace peut quitter la scène avec le sentiment du devoir accompli, ayant délivré une prestation à la hauteur de nos attentes. 

Orange Sunshine doit avoir commencé son set depuis vingt minutes quand je parviens à reprendre mes esprits. Après une remontée à contre-courant et une tentative avortée de se frayer un chemin vers le centre de la salle, je fais demi-tour vers la Green Room. Difficile en effet d’accrocher à la prestation des bataves en débarquant en plein milieu du concert censé être un hommage à Randy Holden (qui fut entre autre guitariste de Blue Cheer pendant quelques mois) mais qui en réalité n’est qu’une jam basée sur deux accords. Etrange de la part d’un groupe qui a sorti un chouette petit album très vintage dont il ne sera visiblement pas du tout question ce soir. Malheureusement, avoir quitté la Green Room était une erreur stratégique et c’est depuis le couloir que me parvient l’écho du concert de Leaf Hound. Difficile de juger de la qualité du come back dans ces conditions et pour pallier cette frustration, je décide d’écouter l’appel de mon estomac en me rabattant sur le stand de nourriture qui n’offrira qu’une très maigre compensation. Décidé à ne pas faire deux fois la même erreur, j’investis la Bat Cave à temps pour ne rien rater de The Heads, prudente résolution au vu de la vitesse à laquelle la salle se remplit. 

Bientôt la suite ou comment se faire broyer les tympans, planer sans artifice, headbanger à se rompre le cou pour finir par tomber amoureux. 

Jihem

Brant Bjork, 21 avril 2006, Batofar, Paris, France

Moins d’un an après leur dernière visite dans ce beau village qu’est Paris, les quatre musiciens infatigables qui composent le désormais célèbre Brant Bjork And The Bros sont de retour pour une date unique en France.
La première chose que je me demande lorsque j’arrive devant cet endroit atypique et au combien charmant qu’est le batofar, c’est ce qui va bien pouvoir différencier ce show de la cinquantaine d’autres concerts qui composent cette tournée européenne interminable. Est-ce l’heure à laquelle tout cela commence et finit ?
Pour des raisons d’horaires à respecter, le groupe devra quitter la scène au plus tard pour 22 heures et commencera donc à jouer un peu avant 20h. Ce n’est pas vraiment dans les habitudes du combo de jouer si tôt et j’ai l’intime conviction que ce n’est pas vraiment pour plaire au groupe et que c’est bien sous la contrainte qu’il se plie à toute cette mascarade. Est-ce l’endroit ?
Assurément, car le Batofar est à mon avis une salle parfaite pour le groupe, tant par son atmosphère et son ambiance que par sa capacité réduite… Et il faut bien dire que malgré la réputation du guitariste vedette, la salle est loin d’être remplie. Je trouve d’un point de vue strictement personnel que c’est bien malheureux. Voilà un artiste qui fait une musique de qualité et dont les concerts sont à chaque instant de purs moments de bonheur, mais malgré tout, le public français reste pour sa majeur partie insensible à tout cela. Est-ce le fait de jouer seul ?
Toujours pour des questions d’horaires qui m’échappent un peu, le groupe jouera seul ce soir. A la place de Loading Data qui avait parfaitement officié la dernière fois il n’y aura personne. Là encore, c’est bien dommage car plus d’un groupe rêve d’ouvrir pour un groupe comme celui-ci. Toujours est il que le concert de ce soir sera une nouvelle fois un ravissement, un vrai moment de plaisir que beaucoup vont manquer sans même s’en rendre compte.

Comme à son habitude, le groupe entame le show par leur enchaînement Lazy Bones/Automatic Fantastic devenu incontournable et tellement efficace pour nous plonger directement dans cette ambiance si particulière que seul Mr Cool peut créer. Ces titres, déjà joués des centaines de fois sont ici légèrement modifiés en particulier pour une partie instrumentale agrémentée de quelques sons de guitares peu habituels mais au combien agréables. L’enchaînement avec ’73 est bluffant. Ce titre extrait du dernier album coule de source tant le lien avec l’esprit du premier album solo de Brant est évident. Et il ne faut pas attendre très longtemps pour voir un troisième album du groupe représenté avec un Gonna Make The Scene impeccable.

C’est sur le titre suivant que la réputation du groupe de savoir transformer un titre en musique obsessionnelle et envoûtante prendra véritablement tout son sens. En effet, la partie instrumentale sur The Ultimate Kickback se transforme en quasi-impro nous prouvant une nouvelle fois que Brant a bel et bien rangé ses baguettes au placard pour vivre pleinement sa nouvelle passion, la guitare. Il aime jouer de cet instrument et on lui pardonnera quelques maladresses tellement son envie de bien faire fait plaisir à voir. L’occasion une fois de plus de saluer le reste du groupe pour sa rythmique impeccable et infaillible en particulier lors des « échanges musicaux » entre Brant et Cortez dont le talent est de mieux en mieux exploité au sein du groupe.
Tout comme Automatic Fantastic, Low Desert Punk se voit agrémenté d’une nouvelle partie instrumentale qui ravit les habitués de cet incontournable titre de Jalamanta. L’ambiance générale est très bonne et Brant y va de ses quelques petites remarques et remerciements, certes convenus mais toujours les bienvenus.

C’est une surprise lorsque le groupe entame le titre Paradise On Earth extrait de leur dernier album. Je ne pensais jamais voir ce titre plus proche d’un « spoken word » que d’une véritable chanson interprétée un jour sur scène. Et ceux qui comme moi connaissent assez bien le répertoire du groupe auront certainement remarqué que les paroles de ce titre ont pour l’occasion totalement été modifiées et sont en partie improvisées.
On continue la (re)découverte de Saved By Magic avec le riff et la rythmique superbe de Gonna Make The Pony Trot qui s’enchaîne sur un titre de Ché, groupe éphémère mais très important dans la carrière de Brant Bjork. The Knife est un titre bougrement efficace et représente à mon avis parfaitement ce que l’on appelle le desert rock, essence même de cette musique qui porte nos rockeurs du soir.
Décidément on peut dire que l’évolution du set depuis la dernière fois que je les ai vu est flagrante car c’est au tour de I Miss My Chick de me surprendre par une partie instrumentale retravaillée. On a souvent comparé Brant Bjork avec Jimi Hendrix (pas forcément par les capacités à manier une six cordes entendons nous bien) et je n’ai jamais véritablement été d’accord avec ce rapprochement. Mais force est de constater que de voir jouer Brant avec sa guitare sur ce titre ne peut que prêter à confusion tant la gestuelle et même le son sont indéniablement proches de ce que pouvait faire le génie de Seattle. Ajoutons à cela l’interlude constitué d’une reprise de Cream (Sunshine Of Your Love) et on se retrouve directement plongé dans la fin de sixties en plein festival rock devant une foule de 400 000 personnes.


Pour ce remettre de toutes ces émotions, le groupe enchaîne alors avec un Sweet Maria’s Dreams relaxant et reposant. Titre inhabituel dans le répertoire live du groupe, je me demande si ce choix n’est pas lié à l’état physique de Mike Peffer. En effet, le bougre traîne la patte et se déplace avec une béquille, avouez que pour un batteur ça peut être gênant. Mais lorsque l’on dit que Mike se sacrifie pour sa musique et qu’on a parfois l’impression d’une souffrance lorsqu’on le regarde, je crois qu’on peut aujourd’hui prendre tout ça au premier degré. J’ai un profond respect pour ce batteur et je trouve son jeu admirable et je dois dire que ce n’est pas avec ce concert que l’on m’ôtera de l’idée que ce mec mérite sa place au panthéon des batteurs, au même titre que Brant Bjork d’ailleurs.
Repos de courte durée pour l’ami Mike puisque le très bien nommé Rock’n Rol’e le met à rude épreuve… et nous aussi !
Cela fait maintenant plus de 100 minutes que le concert a débuté et il nous reste encore un petit bout de chemin à faire ensemble ce soir. C’est sans plus tarder que Get Into It nous fait entrer dans la dernière ligne droite, l’ultime effort avant le couvre feu. Et c’est là que je me dis à quel point le dernier album du groupe est excellent. De plus en plus représenté lors des concerts, les titres qui le composent ont un potentiel scénique évident. En témoigne le titre instrumental Cool Abdul qui fait la part belle aux jams très fines et superbes.
Intimement persuadé que ce titre calme clôturerait la soirée comme Lazy Bones l’avait commencée quelques deux heures plutôt, je m’imaginais déjà au prochain show du groupe une quinzaine de jours après. Mais c’est sans compter sur notre quatuor boulimique de riffs et jams en tout genre. Après un petit mot de Brant Bjork sur l’obligation d’arrêter le concert pour des raisons d’horaires qui lui restent certainement encore en travers de la gorge, le groupe se lance pour un dernier titre d’anthologie. Un Adelante de tout beauté avec une partie instrumentale rehaussée par les paroles de Captain Lovestar, et ce n’est même pas un rêve, c’est bel et bien là, en train de se dérouler sous nos yeux et j’ai peine à y croire. Le final est ahurissant et le public assurément conquis par ce spectacle colossal. Et pendant ce temps là, Dylan faisait face à son ampli….

Shinkibo

Glowsun, Kings of Things to Come, 14 avril 2006, Den Drempel, Anvers, Belgique

Glowsun à Anvers, ce n’était pas gagné d’avance. Cà a même failli ne pas se faire. Initialement prévu en compagnie de Gas Giant, le concert était encore incertain à quelques jours de ce que beaucoup considérait comme un événement. Le désistement abusif de nos amis teutons (qui leurs valu par ailleurs de se faire virer illico de Elektrohasch) provoqua un moment l’effroi et le doute, et sans la motivation et la détermination de chacun, le trio du Nord ne serait jamais parti se perdre dans le dédale anversois. C’est finalement Kings of Things to Come qui complétera l’affiche de ce soir au pied levé, tout étant en place pour que Glowsun puisse faire exploser son talent à la face d’un public encore clairsemé. Cà manque seulement d’un peu de lumière, mea culpa. 
Le groupe ouvre en douceur avec un long morceau répétitif aux relents psyché qui gagne lentement en intensité. Johan se laisse aller au feeling, brodant autour d’un thème sans jamais trop s’en éloigner. Parfaite mise en bouche qui a l’avantage de ne pas confronter l’assistance a un déluge de notes et de décibels. Le public appâté, il ne reste plus qu’à le ferrer, objectif parfaitement atteint en embrayant avec un « No Way » sur l’intro duquel Fabrice cogne déjà comme si sa vie en dépendait. Et c’est bien là ce qui séduit chez Glowsun, chaque note est jouée avec la même passion par les trois musiciens, il ne s’agit pas seulement de livrer une interprétation correcte, il s’agit de prendre son pied, de se laisser emporter par les morceaux. Ce genre d’attitude est peut-être le propre de tout jeune groupe pour lequel chaque date est importante, mais peu parviennent à avoir une telle présence scénique avec si peu d’expérience. Voir Glowsun sur scène, c’est déjà un bonheur. Après, il y a évidemment leur musique qui brasse probablement un tas d’influences mais qui reste unique, une alchimie entre la section rythmique qui adorent en découdre sérieusement mais lève le pied quand il s’agit de laisser la guitare partir dans des expérimentations contrôlées. Chaque instrument apporte sa pierre à l’édifice, pas de ligne de basse linéaire ou de rythmique binaire mais plutôt un foisonnement d’idées permanent, des morceaux pleins de surprises alternant les passages vaporeux aux riffs efficaces. On ne s’ennuie jamais pendant un concert de Glowsun. On a bien sur droit à l’intégralité de « Lost Love » dont la qualité n’est plus à démontrer. « Inside My Head » synthétise parfaitement les différentes facettes de la musique de Glowsun, une dose de groove, une dose de bidouillages et un gros riff qui déboule pour mettre tout le monde d’accord. Le cas typique du morceau jamais totalement achevé, permettant une marge de progression infinie, laissant la place à l’improvisation. Ce constat est d’ailleurs valable pour l’ensemble du répertoire. Bien que les structures soient relativement complexes, aucun morceau n’est figé, tous sont susceptibles d’être modifiés, rallongés, faisant de chaque concert un moment unique. Les nouvelles compos rassurent complètement quant à la bonne santé créative du groupe, un morceau se distinguant particulièrement par sa rythmique excitante et sa mélodie immédiate. Après une petite heure, le concert se clôt par une improvisation basée sur un riff arabisant du meilleur effet, laissant le parterre séduit et le groupe heureux. 
J’éviterai de me prononcer sur la prestation de Kings of Things to Come suivie distraitement depuis le bar. Leur rock alternatif vaguement stoner, très mélodique et parfaitement exécuté mérite qu’on s’y attarde mais paraissait un peu fade après le passage de ceux qui, on l’espère, contribueront à donner ses lettres de noblesse au stoner français. 

Jihem

Titty Twister, Josiah, Colour Haze, 29 septembre 2005, Den Hemel, Zichem, Belgique

C’est à Titty Twister, jeune groupe local, qu’il revient l’honneur d’ouvrir cette nouvelle saison de concerts organisés par Orange Factory. Derrière cet affriolant patronyme se cache un combo qui propose une musique à la croisée du stoner et du heavy, notamment sur quelques titres plus rapides, très axée sur des riffs bien carrés agrémentée de solos bluesy délivrés à grand renfort de wah-wah. C’est bien foutu sans être très original mais quelques compos plus audacieuses sortent du lot et laissent augurer d’une belle marge de progression pour un groupe qui vient de sortir une première demo 9 titres. 
Malgré son aspect frêle, le chanteur délivre une prestation toute en puissance et en justesse et s’impose comme un des atouts du groupe. On regrette un peu que l’un des deux guitaristes prennent le dessus, relayant l’autre à n’être audible que sur quelques intros et breaks et confinant le bassiste à un rôle de figuration. Le manque d’expérience des planches se sent dans leur façon très rigide de jouer et de terminer les morceaux de façon assez brutale. A tel point que lorsque l’un des musiciens se plante un peu, c’est tout le groupe qui s’arrête pour reprendre depuis le début. Mais ces petites erreurs de jeunesse devraient s’estomper rapidement et leur permettre d’un peu plus se lâcher en concert. 

Quand il s’agit de se lâcher, Josiah n’a de leçons à recevoir de personne. Pas qu’ils soient particulièrement prolixes ou qu’ils commencent à sauter dans tous les sens, mais ils font partie des groupes pour qui le passage en studio n’est qu’un prétexte pour aller suer sur le plus grand nombre de scènes possibles. Ces mecs jouent avant tout pour eux-mêmes, pour le plaisir de faire vibrer l’air qui les entoure, pour sentir l’électricité courir le long de leur échine. Il y a la formule d’abord, le trio, la meilleure façon de créer une alchimie particulière, de laisser à chacun suffisamment de place pour s’exprimer. Et c’est bien ce qui se passe ici, pas de leader, seulement trois mecs qui dialoguent, se complètent, se stimulent réciproquement. Et puis il y a cette énergie, cette façon de faire exploser les compos. Josiah se définit comme un groupe mid-atlantic. Entendez par-là qu’on retrouve chez eux une touche anglaise apposée à une musique typiquement américaine. Si cela est peut-être vrai sur leurs albums, ils franchissent allègrement l’océan dès qu’ils montent sur scène. Tout est beaucoup plus cru, plus agressif, plus in-your-face, plus ricain en somme. Disparues les effluves 70’s des guitares au son un peu trop propre, ici çà bave de partout et on se délecte de cette orgie de fuzz. Mat Bethancourt se colle aux vocaux parce qu’il le faut bien mais c’est secondaire. Son truc, c’est de faire rugir sa Gibson, de balancer des riffs qui visent les tripes et vous donnent envie de jouer de l’air guitar avec une moue de sale morveux. On songe d’ailleurs à Eddie Glass dans la façon d’alterner rythmiques et soli, de partir dans ses délires pour toujours retomber sur ses pattes. Evidemment, les deux autres ne sont pas en reste, le batteur sachant rester carré quand c’est nécessaire pour mieux se défouler l’instant suivant pendant que le bassiste (qui ressemble étrangement à Nick Oliveri avec des cheveux) fait groover tout çà pépère, gardant le cap pendant que ses acolytes se laissent emporter par leur enthousiasme. Seule déception, l’impression que ce concert était trop court. Court mais intense, c’est déjà pas mal. 

Colour Haze s’offre le luxe d’une petite tournée européenne sans aucun album à promouvoir. Simplement pour se faire plaisir et visiter quelques pays un peu délaissés sur les tournées précédentes dixit Stefan Koglek. Le retour en studio n’est prévu que pour avril 2006. Nos amis germains, qui l’air de rien commencent à faire partie des « vieux » groupes de la scène européenne, peuvent donc se permettre de revisiter l’ensemble de leur discographie déjà bien remplie, ce qui nous donnera l’occasion de constater l’évolution du groupe. Et de se rendre compte à quel point Colour Haze a progressivement délaissé l’aspect heavy des débuts pour privilégier l’aspect psychédélique grâce à de longs morceaux qui ressemblent à des jams truffés de passages très aériens. 
Début de concert tout en douceur, lent décollage avant un crescendo qui culmine par une débauche d’énergie avant de nous faire redescendre pour atterrir calmement. Tout le concert sera à cette image, offrant à l’auditeur un voyage en montagnes russes, suscitant une myriade d’émotions diverses, faisant headbanger le public pour l’emmener dans une douce rêverie l’instant d’après. Le seul fil conducteur pourrait être le jeu de guitare de Stefan, ce son et cette touche unique, directement identifiable et qui permet de différencier Colour Haze de tous les groupes évoluant dans le même registre. On songe vaguement à Josh Homme pour ces suites de notes courtes et saccadées, ces bribes de mélodies jouées en boucle qui au final donnent l’impression que chaque morceau n’est qu’un long solo. Ceci est particulièrement vrai pour les morceaux récents, le groupe intercallants parfois des vieux morceaux à la structure plus conventionnelle (ne me demandez pas les titres, çà fait longtemps que j’ai abandonné l’idée de mémoriser ces détails futiles), entendez par-là un bon gros riff, des couplets, un refrain et des vocaux beaucoup plus présents. Car c’est également un des traits marquant de l’évolution de ce groupe, les vocaux tendent à se faire de plus en plus discret et lancinant, Stefan préférant voyager, les yeux fermés, pour se laisser emporter par sa musique plutôt que de rester planté derrière son micro. Le bassiste au look anodin ne laisse transparaître aucune émotion, il reste confiné dans son coin de scène droit comme un I, ses maître-mots semblant être discrétion et efficacité. L’antithèse du batteur qui virevolte au-dessus de ses toms sur les passages les plus soutenus, à tel point qu’on craint parfois qu’il ne tombe de son siège tant il se démène. Ajoutez à cela des projections fascinantes et continuellement changeantes (pas les cinq même séquences passées en boucle) et vous obtenez au final une très belle occasion de déconnecter des turpitudes du quotidien pendant près de deux heures. 

jihem

Pilotos, Cabron, 18 septembre 2005, Den Drempel, Antwerpen, Belgique

Second concert pour la jeune association Smoke Catapult. La particularité du concert de ce soir est d’avoir mis à l’affiche deux groupes n’ayant sorti aucun album sur un label. On pourrait ergoter sur les productions DIY de Pilotos mais le résultat est le même. Deux groupes non distribués qui jouent un dimanche soir dans un café, le tout organisé par une association qui n’a pas vraiment les moyens de s’offrir une promo digne de ce nom, çà risque de ne pas attirer grand monde. Et effectivement, l’assistance est relativement clairsemée … 

Alors que le début des hostilités est prévu pour 19h00, on nous annonce qu’il y aura du retard car les membres de Pilotos se sont perdu, fait coutumier à tous ceux qui ne connaissent pas Anvers, moi-même y compris. 
Alors que Cabron a déjà installé tout son matériel et patiente tranquillement, les membres de Pilotos (deux chiliens et deux suédois, mélange atypique mais efficace) débarquent avec une heure de retard. Pour une raison qui m’échappe, c’est eux qui joueront les premiers, ce qui nous vaut un démontage et remontage de matos effectué sans stress. Finalement, un des deux guitaristes monte sur scène vers 21h00 et rappelle gentiment aux trois autres qu’ils ne sont pas là pour découvrir les bières belges mais bien pour faire un concert. 
Sans l’ombre d’une balance ou d’un réglage quelconque, Pilotos entame son set par deux morceaux plutôt rentre-dedans aux riffs déjà entendus mille fois mais toujours efficaces. Et c’est bien ce qui caractérise ce groupe, la simplicité et l’efficacité. Pas de fioritures, pas d’intros pompeuses, de passages hypnotiques ou de solos démonstratifs, seulement une suite de morceaux à la rythmique bien enlevée soutenus par un son grassouillet comme on l’aime mais jamais noyé sous le fuzz (il n’y a que deux suédois dans le groupe). Le tempo ralentit pour un ou deux morceaux laissant effleurer une légère touche de Blues même si c’est en lâchant de gros riffs que Pilotos semble prendre le plus de plaisir à jouer. Le chanteur principal ( le batteur assurera les vocaux sur un titre) semble très à l’aise et réchauffe l’atmosphère, lançant un « Viva Chile ! » entre deux morceaux ou faisant le rapprochement entre la Duvel qu’il vient de déguster au bar et le morceau suivant intitulé « De Devil ». Après une demi-heure, les musiciens déposent leurs instruments avant de les reprendre immédiatement sous l’insistance du public pour délivrer trois titres supplémentaires. Un des atouts du groupe est l’énorme capital sympathie qu’il dégage et même si ce concert ne restera pas comme un souvenir impérissable, il a permit à chacun de passer un moment agréable. Quand on connaît le montant ridicule du cachet demandé (qui permet à peine de rembourser les frais de déplacement), on se dit que ces gars-là sont uniquement venus pour prendre du bon temps et en donner, saine attitude qui mérite quelques encouragements. 

Même si Cabron est un groupe récent, les membres de ce groupe sont loin d’être des débutants. Les trois frangins Reynders (le premier qui leurs trouve un air de famille gagne un carambar) jouent ensemble dans divers combos depuis 20 ans et avec Alejandro Garrido ils ont dégotté le chanteur idéal pour leur nouveau projet. Avec un line-up comme celui-là, inutile de dire que la mise en place est parfaite. Ces mecs jouent ensemble depuis toujours et çà se sent. 
Cabron a l’art de délivrer des compos immédiates, sur vitaminées mais toujours très mélodiques, aspect renforcé par les vocaux d’Alejandro, certainement un des atouts majeurs du groupe. On imagine d’ailleurs très bien que cette alchimie devrait leur permettre de sortir rapidement de l’underground pour aller séduire les programmateurs radio éclairés et les décideurs de majors (les boss de Buzzville Records sont dans la salle mais il y a fort à parier que le passage sur cet excellent label belge n’est qu’une étape pour le groupe). 
Mais trêve de conjonctures hasardeuses, revenons au concert. 
La set-list de ce soir mêle de nouveaux titres dont la qualité laisse présager du meilleur pour l’album à venir avec des morceaux de leur demo. « Your Lessons learned » ou « Backlash » sont parfaitement exécutés avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Cabron ne s’appuie que sur la qualité de ses compos pour séduire le public. Pas besoin de poses rock’n’roll, la musique se suffit à elle-même et c’est le sourire en coin qu’ils balancent ce qui risque de devenir des classiques. La section rythmique fait traîner l’intro de l’instrumental « Parascending » avec une régularité métronomique avant l’explosion des guitares et on se dit que le bassiste, qui ne paye pas de mine avec son haut-de-forme et sa barbe hirsute, connaît son boulot. Les morceaux sont truffés de petits breaks avec une seule guitare ou une ligne de basse, petites respirations qui permettent au groupe de refoutre la patate avec une synchro parfaite. Que dire des deux reprises d’AC/DC (« Riff Raff » et « Sin City ») que le groupe réussit à s’approprier tout en restant fidèle aux originaux, Alejandro allant jusqu’à chanter avec une voix qui évoque clairement Bon Scott. Le show se clôture avec un excellent long morceau qui ressemble à une jam toute en tension et qui finit par nous convaincre du potentiel de Cabron dont on attend l’album avec impatience. 

Jihem

Azkena Rock Festival 2005, 2eme jour, 3 septembre 2005, Vitoria-Gasteiz, Espagne

Nous voici revenus en milieu d’après-midi pour une nouvelle journée de joyeusetés musicales. Le temps est toujours chaud et ensoleillé, et l’ambiance toujours bonne : vraiment, ce festival nous aura encore marqué par sa bonne tenue, son ambiance conviviale, jusque chez les spectateurs, loin de l’image de “viande saoule” que l’on retrouve trop souvent dans les festivals européens. Bref, la journée commence gentiment par un combo espagnol, Hash, qui comme son nom l’indique un peu, se positionne franchement sur le créneau hard rock psychédélique 70’s. Rien de flamboyant toutefois, c’est sympathique, mais ça casse pas 3 pattes à un canard. Surtout que Brant Bjork & the Bros se profile maintenant sur la grande scène. Le premier morceau est joué sans début ni fin, les musiciens réglant quelques problèmes techniques au cours d’une jam de plusieurs minutes. Tout ceci rentré dans l’ordre, Brant Bjork s’en excuse auprès du public et enchaîne sur plusieurs morceaux, issus de quasiment tous ses albums (il m’a même semblé reconnaître un peu de “Ché” avec des vocaux.). Et puis finalement, les morceaux défilent sans véritable début ni fin, comme des jams interminables. Pas ennuyeux, mais totalement déstructurés. On entend un riff ici, un bout de chanson d’Hendrix là, quelques paroles que l’on dirait improvisées encore là. Le tout compose un bon concert, finalement. Le quatuor joue bien, le batteur se la donne comme si sa vie en dépendait, un peu à l’exact opposé de ce bassiste ridicule qui ne nous aura montré que son dos de tout le concert, collé à 20 cm de son ampli basse. Sinon, je comprends désormais les critiques récurrentes sur la soi-disant apathie scénique du groupe : c’est vrai qu’hormis Bjork qui parfois se rapproche du micro pour adresser la parole au public, il ne se passe pas grand chose sur scène. Maintenant, bon, on n’attend pas forcément non plus une chorégraphie grand-guignolesque, mais c’est vrai, en terme de présence sur scène c’est un peu léger. Il n’empêche, musicalement, c’est très bon. Un concert un peu court et pas assez intime sans doute pour apprécier totalement la musique du combo.


Petite curiosité perso, je me dirige vers la seconde scène pour enfin voir ce que Electric Six a dans le ventre : des années que j’entends parler de ce groupe très underground, sans vraiment les écouter. Et bien je regrette d’avoir perdu tout ce temps ! L’air de rien, ce groupe peu connu du grand public a tout pour captiver une audience un peu réceptive (et ce fut mon cas) : une bonne humeur, un jeu efficace, un frontman attachant, et une chiée de compos bien ficelées ! Musicalement, c’est du rock électrique (?!?), un peu comme si les Hives abandonnaient leurs influences punkoïdes pour les troquer contre des nappes de synthés et loops sympathiques. En gros, ben c’est pas du stoner pour deux sous, c’est clair, mais c’est du vrai rock, joyeux, bien foutu, et entraînant. Un constat en guise de conclusion : ça donne envie d’acheter leurs albums !

Autre curiosité, sur la grande scène :Juliette & The Licks, c’est à dire 4 musiciens de rock et Juliette Lewis (oui l’actrice ! Celle de Kalifornia ou le remake de Les Nerfs à Vif !), vont tout faire pour convaincre un public de leur authenticité. Car oui, ce n’est pas facile d’abattre un cliché si profondément enfoui. Vous savez, ces actrices qui se mettent à la chanson “parce que finalement c’est leur vraie passion” (et accessoirement, la remarque qui suit est généralement “y’a que dans ce pays que ça choque tout le monde, aux USA tout le monde trouve ça normal !”, c’est ça ouais…), ça court les rues. Et bien là, on ressort bluffé. Bluffé parce qu’à défaut d’être révolutionnaires, Juliette & The Licks est un groupe authentique, et Juliette Lewis est une authentique rockeuse, au moins aussi dégénérée que les plus grandes performeuses du genre. C’est d’ailleurs elle qui attire tous les regards, elle assume d’ailleurs franchement son rôle de front(wo)man, et fait tout ce qu’il faut pour maintenir un niveau d’attention constant. Après, musicalement, on aime ou pas : c’est du gros rock indé bien barré, et c’est pas mal fait, les musiciens se la donnent, et Juliette est déchaînée. Bref, un sacré spectacle, et pas un mauvais souvenir musical… Pas mal du tout !

Encore une fois, en lisant la bio de Beasts Of Bourbon, on a un peu la bave aux lèvres : influences intéressantes, parcours discret mais exemplaire… Au bout de quelques morceaux on comprend que tout ceci n’est pas volé. Il y a d’ailleurs quelque chose de propre à tous les groupes de rock australiens, quelque chose d’un peu imperceptible, une sorte de négligence pas vraiment nonchalante, un dynamisme un peu naïf, un rock innocent et désintéressé, juste intuitif, en tout cas une authenticité qui fait plaisir à voir. Quelque chose que l’on retrouve chez leurs collègues de Rollerball par exemple. Les musiciens du groupe sont pourtant atypiques, avec 2 guitaristes qui ne paraissent pas être de la dernière fraîcheur notamment. Mais le chanteur, frontman hors pair, assure grave. Encore une fois avec une fraîche authenticité, le bonhomme se pointe avec un vieux tee-shirt trop usé et trop petit, et au gré des chansons, prend confiance, pour terminer en haranguant copieusement la foule (sans faire gaffe il crache même directement dans le public… quand on vous parle de naïveté !!!), se roulant par terre, jetant ses chaussures en l’air… Très rafraîchissant ! Et leur musique, un gros hard rock bien poisseux et heavy, est bien sympathique, ce qui ne gâche rien. Le groupe se fend par ailleurs d’une repris fidèle mais agréable du “Ride On” de leurs célèbres collègues australiens AC/DC. Très bon.


Les choses prennent un tour un peu plus anecdotique ensuite, avec Television, un groupe de pop-rock vieillissant sans grand intérêt. Bad Religion enchaîne et clôt la seconde scène pour la soirée, avec un set certes un peu rébarbatif (c’est quand même toujours du punk, même s’il est très mélodique), mais dynamique et finalement sympathique. The Pogues enfin propose pendant quasiment 2 heures des titres folk irlandais efficaces, et ça cartonne auprès d’un public décidément très ouvert musicalement. On notera parmi les musiciens un petit vieux guitariste (au bas mot une soixantaine de piges) qui virevolte autour de sa gratte comme un jeune fou ! A mourir de rire ! A noter aussi le pathétique Shane Mc Gowan, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, alcoolique au milieu d’un groupe de vieux… Il est loin le groupe aux relents punk des années 80 ! On aura profité de ce long break (3 groupes un peu moins intéressants) pour aller se nourrir et taper la discute avec notre pote Miguel de Alone Records ! Ca y est, le moment des Queens est arrivé. C’est donc à QOTSA de monter sur scène, et dès que l’on voit les roadies monter les quelques instruments caractéristiques, du groupe, on est rassurés : avec l’annulation quelques jours plus tôt, on pouvait craindre de ne pas trouver le groupe à l’affiche du festival. On pousse un soupir de soulagement. Second soupir de soulagement au bout de trois minutes de concert : le déhanchement de Josh Homme nous rassure sur l’état de santé du bonhomme à la jambe blessée. Sorte d’Elvis du 3ème millénaire, Homme a un jeu de jambes tout à fait improbable mais viscéral, tout à fait communicatif en tout cas. Et le bonhomme est à la fête ce soir, l’humeur est au beau fixe ! Le concert commence par Feel Good Hit Of The Summer, et tout s’enchaîne très vite pour près de 2 heures. Désormais seul leader à bord du bateau depuis le départ de Nick, c’est un Josh débridé qui mène son groupe, et s’affirme comme vrai frontman décomplexé. Il plaisante, reste sur le devant de la scène tout le temps, faisant une confiance aveugle à son groupe. Et il a bien raison, car derrière, comme dirait un copain musicien, “ça tricote”. On ne parlera pas de Joey, qui l’air de rien s’affirme à chaque fois comme un batteur d’exception, remarquable de puissance et de feeling, un véritable métronome, ni de Troy, qui sans fioriture assure comme un chef à la gratte, la slide, la basse (oui, les musiciens échangent leurs instruments de temps en temps, l’air de rien, bluffant !). On retrouve en plus un faux inconnu en tant que bassiste, avec Alain Johannes (on va pas faire long sur les présentations, c’est le guitariste-bassiste qui officie sur la plupart des titres de “Lullabies”, qui joue sur pas mal de Desert Sessions, etc…), et une claviériste de luxe avec son épouse Natasha Shneider (qui assure aussi quelques backing vocals bien sentis). Au niveau des titres, rien de révolutionnaire, si ce n’est un petit “You can’t quit me baby” que je n’avais pas entendu depuis longtemps, et joué “comme à la grande époque”, à savoir dans une version à rallonge où cette poignée de musiciens se sont fait plaisir à enchaîner breaks, soli, impros, sur la même longueur d’onde. Génial. Pour le reste, les classiques sont passés en revue, et tous les albums sont abordés, ce qui est remarquable pour un groupe qui a suivi un si profond changement musical. Autre passage mémorable, même si prévisible : la montée sur scène de Chris Goss, pour interpréter une chanson écrite au sujet de “l’anus de Chris Goss” (humour toujours…), “Monsters in the parasol”. Bref, un concert parfait, pas le meilleur concert des Queens que j’aie vu, mais clairement dans le peloton de tête !


Harassés par cette journée, il ne reste plus que Monster Magnet pour nous tenir éveillés. En voyant les roadies monter les plateformes sur la scène, on sait à l’avance à quoi on aura affaire : des clichés rock’n’roll par poignées, des soli, des poses de rockers, des guitaristes avec le pied contre le retour. Bref, du grand spectacle totalement assumé, comme nous en a toujours offert la bande à Dave Wyndorf. Le père Wyndorf mène toujours son groupe à la baguette, et il occupe la scène avec aplomb, même si Jim Baglino ne rechigne pas à monter de temps en temps sur les plateformes lui aussi pour faire profiter le public de ses plans de basse (Ed Mundell est plus discret, mais assure dans son coin). Bref, Monster Magnet on aime, parce que musicalement ça tient la route (belle performance sur les titres issus du dernier album, qui ressortent très bien en live), et qu’en concert c’est forcément démesuré : chaque solo prend une dimension de fin du monde, et chaque mimique des musiciens transpire le RAWK. Jouissif, dans ce sens, et un excellent groupe de fin de festival !


On se retire donc sur la pointe des pieds (comme on est des malins, on part avant la fin de Monster Magnet pour ne pas quitter le site avec les quelques dizaines de milliers d’autres spectateurs !), le sourire aux lèvres, avec décidément l’impression d’avoir encore assisté à un festival super bien organisé, très sympathique, au public de bonne tenue et ouvert d’esprit musicalement (voir la variété de genres musicaux abordés !). Deux excellentes journées se terminent donc ainsi, des images plein les yeux et des décibels plein les oreilles !

Laurent

Azkena Rock Festival 2005, 1er jour, 2 septembre 2005, Vitoria-Gasteiz, Espagne

Retour sur le site du Azkena Festival deux ans après une première visite bien agréable (Hermano, voir chronique sur le site), on redécouvre un site qui n’a pas changé d’un pouce : quelques espaces vert, une grande esplanade bitumée, des bars partout, un marché avec plein de disquaires, et 2 scènes face à face, sur lesquels vont s’enchaîner les concerts pendant 2 jours (on ne comptera pas les petits concerts d’ouverture de la veille). On arrive sur place une bonne heure après l’ouverture des portes, les 2 premiers groupes ne paraissant pas vraiment très intéressants… On arrive donc au moment où Rose Hill Drive s’emploie déja à réveiller les premiers festivaliers (les espagnols ne sont pas du genre pressés, et on voit encore beaucoup de monde rentrer dans l’enceinte du festival 5 à 6 heures après le début !). Ce jeune trio se révèle être la première révélation / bonne surprise du jour. Le hard-blues-heavy-70’s du trio fait mouche, et on se prend à se dandiner ou taper du pied, le sourire aux lèvres, au son de la gratte bien poisseuse du groupe. Les excellentes reprises de Sabbath (“Fairies wear boots”) et de Led Zep pour conclure (“Immigrant song”) nous confortent sur les influences du groupe, et nous donnent envie d’en découvrir plus ! On traverse alors rapidement le site pour ne pas manquer une note de Masters Of Reality qui enchaîne sur la grande scène. Et quelle performance ! Il s’agit du seul et unique concert de MOR en 2005, on n’allait pas rater ça ! C’est aussi le premier concert de Chris Goss depuis sa convalescence de début 2005 (et rassurez-vous, le bonhomme ne paraît vraiment pas diminué !). Etonnamment, donc (le quatuor ne bénéficiant pas d’une série de concerts pour se “roder”), MOR joue impeccablement : pas un pain, pas une approximation. Parce que la bande à Goss se traîne une réputation de “groupe à albums” (sans doute dû au fait que ses disques sont pleins de chansons remarquables…), on a tendance à oublier quel excellent groupe de scène c’est… Ils nous le rappellent ici, évidemment dirigés de main de maître par un Goss leader né, impeccable tant au chant qu’à la guitare, mais aussi plus discrètement par John Leamy à la batterie, co-leader de longue date. Bonne performance également de Dave Catching (le monde est petit…) qui tient la deuxième guitare. Alors qu’on distingue un grand chauve observer le concert depuis le bord de la scène, Chris le fait appeler et demande au public de souhaiter la bienvenue à son pote Nick. Nick Oliveri rentre donc sur scène presque timidement, humblement en tout cas, un peu mal à l’aise, comme on l’a vu cette même année fouler les planches avec John Garcia pendant le concert de Hermano à Madrid. Ils se lancent ensemble dans un “Time to burn” impeccable et rentre-dedans à souhait. Nick se retire alors et le groupe se lance dans une interprétation remarquable de “She got me (when she got her dress on)”, un vrai plaisir. S’ajoute à ça un nouveau titre, inspiré selon Goss des cérémonies de remises d’Awards musicaux quelconques, appelé “Hit shit” (orthographe approximative), excellent, basé sur un riff qui, comme pour 90% des titres de MOR, nous fait se poser la question : “mais pourquoi personne n’a pensé à composer ce riff avant ?”. Bref, un sans faute.


Déjà rassasiés, on va jeter un oeil à ce groupe qui, sur le papier, nous paraissait intéressant, Drive By Truckers. En pratique, rien de transcendant pour ce groupe de gros hard rock un peu trop propre pour déchaîner les foules. Non, vraiment, rien de mauvais là-dedans, mais après MOR, ça paraît bien fade. Qui plus est, être coincé sur l’affiche entre MOR et Gov’t Mule n’était pas un cadeau ! Car oui, c’est Gov’t Mule qui foule maintenant les planches de la grande scène. Le mythique trio (devenu duo suite au décès de leur légendaire bassiste Allen Woody, puis quatuor aujourd’hui?!?) est une véritable machine à enchaîner les concerts… mais rarement au delà de l’Amérique du Nord ! Les rater en concert serait donc une erreur. Gov’t Mule est un peu le groupe culte de référence en matière de blues rock tendance sudiste, Warren Haynes n’étant autre qu’un dissident des Allman Brothers. Et ce statut de groupe culte n’est franchement pas usurpé, on s’en aperçoit dès les premières notes de guitare et les premières lignes de chant de Haynes : la voix profonde et chaleureuse du patibulaire guitariste donne la chair de poule, tandis que ses soli inspirés sont d’une efficacité impressionnante. Ce bonhomme est un génie. Les morceaux s’enchaînent ainsi et l’on est comme sur un nuage, les notes de musique tombant du ciel comme par magie sur des improvisations pendant des minutes entières, où le groupe se fait plaisir et s’entend parfaitement. Ce qui paraît un cliché pour plein de groupes apparaît ici comme une évidence : c’est vraiment en concert que la musique de la Mule prend vie. Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont sorti plus d’albums live dans leur discographie que d’albums studio ! Une claque.

On quitte Gov’t Mule pour retrouver les sympathiques Wilco. Autre groupe culte s’il en est, Wilco est un combo pop-rock-folk ricain réputé pour ses compos efficaces et ses paroles enlevées et drôles. Mais en concert, sans connaître les-dites chansons, après un tel enchaînement de groupes remarquables, ça paraît un peu plat. Ca joue bien, on voit que les musiciens savent tenir une scène, l’ambiance est bonne, le groupe est de bonne humeur. Que de bonnes choses, mais on n’est pas au même niveau musical, tout simplement. C’est en tout cas le sentiment tout à fait subjectif qui se dégage de ce concert. Très sympathique, mais sans relief. Les mythiques punk de Social Distortion embrayent le pas, et le combo de Mike Ness n’y va pas par quatre chemins. Ce n’est pas le punk rock le plus extrême du monde, mais ça reste du punk, ça lasse, c’est rébarbatif. Au bout d’une heure, on a du mal à distinguer les chansons, et le moment est bien choisi pour aller se sustenter dans l’herbe à la belle étoile. Deep Purple prend la suite, et les vieux hard-rockers ont encore la pèche. Mais bon, je vais pas vous la faire, quand on les voit de près, ça fait quand même un peu pitié. Ian Paice est le plus marqué physiquement (même s’il joue toujours bien), Ian Gillian et Rogey Glover arrivent derrière, et même s’ils assurent (Gillian, quelle voix !!), le sentiment général reste mitigé. Le petit jeune Steve Morse tient quand même la baraque, il assure comme personne à la gratte, mais les quatre autres sont moins fringants. Bref, au bout de 3-4 morceaux, on apprécie moyennement : les morceaux sont très bien exécutés, mais on se pose inévitablement la question : à partir de quel âge un musicien est-il ridicule sur scène ? Je ne trouve pas qu’ils l’aient été, entre nous, mais il y avait quand même quelque chose d’un peu malsain… Too old to rock.

Du coup, la journée ayant été bien remplie, et étant donné que j’apprécie très peu les Dwarves (ni leurs frasques, ni encore moins leur musique), on décide de se casser avant la fin de Deep Purple. Excellent bilan de cette première journée !

Laurent

Festival Rock En Seine 2005, 1er jour, 25 Août 2005, Paris, France

Rock En Seine, 3ème édition. Il parait qu’il faut 5 ans pour qu’un festival ne fasse ces preuves et ne se pérennise, alors que pouvions nous attendre de ce festival qui souffle là sa troisième bougie ?
La liste des groupes invités pour ces deux jours de fête est très variée et je m’attarderai bien entendu sur la performance de Queens Of The Stone Age qui nous intéresse le plus, mais je me dois aussi de vous parler du festival dans son ensemble car, n’ayons pas peur des mots, le Rock En Seine, édition 2005, est un grand cru, un très grand millésime.
Qu’est ce qui peut pousser des organisateurs à choisir le jeudi et le vendredi pour un festival plutôt qu’un week-end ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais une chose est sûre, la fréquentation du festival n’en a pas souffert le moins du monde. Le début des hostilités était fixé vers 15h00 le jeudi, mais, problème de transport oblige, je suis arrivé vers 15h30. Je décide donc d’aller directement voir la performance de Michael Franti accompagné de son groupe, Spearhead. Michael lutte contre toutes les formes d’injustice au travers de sa musique et ce depuis des années déjà. Il n’a pourtant rien perdu de sa verve et il nous offrira là une prestation particulièrement énergique. La preuve ? Une foule qui reste malgré une bonne pluie torrentielle comme on les craint lors d’un festival (heureusement, ce sera beau temps pour tout le reste). A peine fini, on se dirige vers la seconde scène pour allez se renseigner sur le potentiel britpop annoncé de Athlete. Et bien force est de constater que les quatre membres du combo anglais se défendent méchamment. Vous allez me dire, la britpop, on aime ou on déteste. Et bien quelque soit son camp, on pourra tout de même reconnaître à ce groupe son réel potentiel scénique, en particulier le talent indéniable, dans son registre, d’un chanteur qui n’a rien a envier au premier dandy anglais venu. Retour sur la grande scène pour subir Fort Minor, projet personnel de Mike Shinoda, plus connu pour l’instant par ces activités de MC au sein de Linkin’ Park. J’ai trouvé le tout un peu brouillon, voir bruyant. Forcément, on ne peut pas tout aimer lors d’un festival, surtout lorsque celui si est aussi éclectique. Et c’est là une des grandes forces du Rock En Seine, nous proposer tout un panel de styles différents, ce qui permet à tous d’y trouver son compte. Pour preuve de la variété, on passe d’un MC américain à un groupe espagnol du nom de The Sunday Drivers. Réussir à captiver son auditoire lorsque celui-ci ne vous connaît que très peu n’est pas chose aisée. Mais le combo espagnol sait y faire et nous délivrera une prestation très plaisante et convaincante. Un petit tour sur la troisième scène pour se laisser attraper par les frenchies de Hushpuppies et nous voilà déjà presque arrivés à l’heure fatidique des Queens ! Inutile de le nier, cette performance des Queens Of The Stone Age est pour moi le principal intérêt de ce festival et je trépigne comme le premier fan venu a l’idée de revoir mon groupe favori (pour la cinquième fois cette année). On se dirige donc vers la grande scène, et on se faufile dans une foule déjà bien compacte. Le mélange entre les fans des Pixies qui squattent là depuis au moins un mois pour être le mieux placés possible et les fans de Qotsa, visiblement nombreux à en noter par les t-shirts arborés fièrement, est assez cocasse à voir. Les fans des Pixies se font entendre lorsque sur les deux écrans géants placés de part et d’autre de la scène, une publicité pour le DVD à venir passe, mais c’est à l’unisson que tout le monde se concentre sur la scène lorsque retentissent les premières notes de la musique d’intro des Qotsa (Who’s afraid of the big bad wolf). Josh arrive sur scène avec une béquille puisque le bougre souffre encore du genou, vieille blessure qui ne cesse de le faire souffrir chroniquement. Pas une seule note n’a été jouée et c’est déjà l’ovation. Comment le public a pu deviner que ce soir encore les reines de l’âge de pierre allaient nous offrir une prestation solide, jouissive et non dénuée de surprises ?
« Bonsoir, mademoiselle et messieurs, nous sommes Queens Of The Stone Age », en français dans le texte s’il vous plaît, et voilà que Go With The Flow entame un set de pure folie !
Josh est dans une forme époustouflante et on dirait qu’il y met tout son coeur comme si c’était son dernier show (c’est à peu de chose près la vérité puisque le groupe devra écourter l’un des ses shows suivant et en annuler un autre pour cause d’épuisement de Josh). Le groupe enchaîne ensuite avec Medication, The Lost Art of Keeping a Secret et First It Giveth ; du classique certes mais du bougrement efficace je vous le dis ! Je m’en voudrai de ne pas évoquer la qualité du son qui est à la fois puissante et bien dosée (ce qui est d’ailleurs valable pour la totalité du festival !) mais j’en parle juste maintenant car on juge mieux de la qualité de ce genre de chose sur des chansons que l’on connaît par coeur et que l’on a déjà entendu des milliers de fois, et là pour le coup, c’est du solide, du très bon boulot.
Regular John, dans se version live admirable, sera le seul représentant du premier album du groupe. Certes, cela peut laisser certains vieux fans sur leur faim mais pas moi car je savais que le groupe nous réservait une ou deux surprises dont il a le secret pour la suite du show. En effet, peu avant le show j’avais croisé Hutch (le technicien son du groupe) et lui avait demandé si le groupe comptait jouer « Fun Machine », affaire à suivre.
Mais finalement les surprises commencent légèrement plus tôt que prévu puisque le groupe nous offre une interprétation live de I Wanna Make It Wit Chu (Desert Sessions 9 & 10) qui laissera une bonne partie de l’auditoire perplexe. Peu importe, on regonfle les accus du public en leur offrant un single du dernier album à savoir Little Sister, succès assuré. Le public dans la poche, la bande de loustics en remet une couche en nous balançant le titre explosif, toujours extrait des Desert Sessions, Covered in Punk’s Blood. D’un point de vue strictement personnel je suis aux anges, mon combo préféré est en train de faire ses preuves devant plusieurs milliers de personnes et c’est très largement convaincant !
A croire que la machine est bien rodée, ils enchaînent titres « rares » et single puisque c’est leur dernier single en date qui poursuit le show. Quoique la transition est habile puisque In My Head est après tout un titre issu des Desert Sessions lui aussi. Mais que dire de la rareté qui suit. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, le titre The Fun Machine Took a Shit and Died devait à la base figurer sur Lullabies To Paralyze, mais pour diverses raisons cela ne se fera pas. Ce titre a donc fait couler beaucoup d’encre pour finalement être interprété pour la première fois en concert trois jours avant notre show ! J’avais croisé les doigts pour que ce titre figure sur la set-list et ce fût une réelle joie de découvrir cette chanson en concert.
Mais le groupe n’en oublie pas pour autant qu’après tout il est là pour faire la promotion de son dernier album et ce sont trois titres de ce dernier qui se succèdent alors. Burn the Witch, I Never Came et Tangled Up in Plaid. A noter une version de I Never Came absolument ahurissante avec un Josh sans guitare plus provocateur que jamais, un pur régal!
Pourquoi faut il que le groupe ne puisse jouer qu’un peu plus d’une heure ? Pourquoi faut il que cela finisse si vite ? Je le sais. Oui, je le sais bien que Song for the Dead et No One Knows vont clôturer les débats alors plutôt que de m’apitoyer sur mon sort de fan basique je décide de profiter de chaque instant car je sais que j’ai là du grand et du bon Qotsa !
La claque que j’attendais, non pas pour moi mais pour ceux qui assistaient à leur premier concert des Queens, était bien là, bien puissante, bien marquante. Le groupe quitte la scène sous des applaudissements plus que mérités. Contrat rempli. Dur dur pour les Pixies de succéder à tout cela me direz-vous… et bien pas forcément. Faut dire aussi que les Pixies sont pas les premiers venus, ce ne sont pas des débutants qui peuvent être impressionnés aussi facilement, surtout qu’ils non sûrement rien vu au show des Queens. Vous savez, les Pixies, malgré les quelques années de pause, ça reste un groupe parfaitement rodé et huilé. La prestation du groupe est très solide, pas grand-chose à redire. Vous me direz, c’est encore plus simple lorsque les trois quarts de l’auditoire sont tout acquis à votre cause (encore heureux lorsqu’on est tête d’affiche !). Le groupe enchaîne les titres à bon rythme et nous offre un show bien rempli, c’est peu de le dire. Enfin voilà quoi, superbe journée, des concerts d’excellente facture et une organisation en béton !
Plus qu’une heure et demi de trajet en métro et bus m’attendent maintenant. On remet ça demain ? Je veux mon neveu !

Shinkibo

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