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Poussés par l’envie de (re)voir Queens Of The Stone Age dans l’ambiance feutrée d’une petite salle, c’est plein d’espoir que shinkibo et moi partons tailler la route en ce samedi caniculaire. 3H30 plus tard (et 3 kilos en moins chacun), nous nous garons moins de 500 mètres de l’Atelier. Il est 18 heures lorsque nous arrivons devant la salle, soit 2 heures avant l’ouverture des portes. Heureusement que l’incessant ballet des musiciens nous occupe. L’occasion nous est ainsi donnée de discuter avec Jesse ‘The Devil’ Hughes qui ira de sa petite dédicace toute en finesse sur nos tickets (‘I Love You Too Much’ & ‘I Love You Too Hard’ – quel taré ce gars).
A 20H00 pétantes, la sécurité commence à laisser les gens pénétrer dans la salle. Première surprise, l’Atelier que l’on croyait petit est en fait minuscule. Ca sent déjà la soirée exceptionnelle. Sachant que shinkibo est devenu accroc au Coca depuis le concert de Yawning Man une semaine auparavant, nous nous dirigeons vers le bar histoire de redescendre en température car il fait dans la salle une chaleur à crever. Une fois notre verre terminé, je m’installe au balcon, juste au dessus de la console, pour ne plus y bouger de la soirée.
Quelques minutes plus tard, The Eagles Of Death Metal montent sur scène pour nous offrir la quasi-totalité de leur Peace, Love, Death Metal. Le public (qui, détail qui a son importance, est à grande majorité allemand) répond sur chacun des titres du groupe. Entrecoupant son set pour dédicacer ses titres aux « Ladies » présentes dans la salle, Jesse Hughes est en super forme. Il faut dire que ‘The Devil’ est dans son élément puisqu’il fait plus chaud qu’en enfer, et ce malgré la poignée de ventilateurs positionnés sur la scène. Le groupe enchaîne les morceaux les uns après les autres (‘Flames Go Higher’, ‘Kiss The Devil’, ‘Bad Dream Mama’). La deuxième vedette de la soirée est sans conteste Samantha qui assure derrière les fûts et qui renforce l’image ‘sexy’ du groupe (la présence du vieux briscard Dave Catching sur scène en passerait presque inaperçu). Ajoutons aussi la présence d’un bassiste qui apporte avec son jeu solide une plus value indéniable aux titres du groupes. Portés par un public en folie, The Eagles Of Death Metal nous offrent alors un véritable morceau de bravoure : l’enchaînement sans temps mort de ‘So Easy’ et du légendaire ‘Stuck In The Middle With You’. Juste le temps de réchauffer les ‘Ladies’ présentes dans la salle et le groupe entame une dernière ligne droite et joue les morceaux les plus connus de son premier album. Ainsi, nous avons le droit aux fameux ‘Speaking in Tongues’, ‘I Only Want You’ et ‘Whorehoppin (Shit, Goddamn) en guise d’adieu. Bref, la prestation de Jesse et ses sbires fût mémorable.
Toujours perché sur mon balcon, la pause entre les deux groupes me permet d’assister à une scène hallucinante, qui a elle seule résume parfaitement l’état d’esprit de tout le monde ce soir. Un spectateur propose à Jesse Hughes de faire un échange de maillot, un peu comme cela se pratique à la fin des matchs de football. ‘The Devil’ accepte le T-shirt bleu ciel du fan et ce dernier repars avec le T-shirt jaune de son idole. Incroyable.
Juste le temps de me remettre de cet scène hallucinante et voilà les Queens Of The Stone Age qui débarquent sous les applaudissements d’une foule déjà toute acquise à leur cause, mais aussi de Dave Catching et Jesse Hughes restés sur le côté de la scène. Depuis février, Dan Druff a disparu, laissant sa place à Alain Johannes, et Natasha Schneider a intégré le line-up de tournée au clavier. Le groupe entame un set de 1H45 avec rien de moins que ‘Go With The Flow’ (chanson chère à mon cœur), ‘Feel Good Hit Of The Summer’ et ‘The Lost Art Of Keeping A Secret’. Et c’est sur ce titre que l’on comprend que la soirée va être tout simplement magique. En effet, c’est accompagné par la totalité de la salle (un grand merci aux spectateurs allemands) que Josh chante. Du balcon, ces chœurs donne une dimension supplémentaire à la prestation du groupe tant l’osmose est parfaite. A mesure que les morceaux s’enchaînent, cette impression se renforce, notamment lorsque la fosse réagit sur la totalité de ‘If Only’ et de ‘Avon’ avant, chose plutôt étonnante, de reprendre à l’unisson l’improbable ‘The Sky is Fallin’’. Bref, le public présent ce soir est un public de connaisseurs, fans de la première heure, et personne ne va s’en plaindre.
Il faudra attendre 8 titres de ce show singulier pour pouvoir goûter à un morceau de Lullabies To Paralyze (Le groupe jouera au final 7 titres de leur nouvel album). Comme le veut le rituel, Troy et Alain échangent leurs instrument pour un ‘Little Sister’ endiablé. Ensuite, c’est Josh himself qui prendra la 4 cordes sur ‘Burn The Witch’. Joey Castillo aura également droit à son moment de gloire grâce aux sœurs jumelles ‘A Song For The Dead’ et ‘A Song For The Deaf’, et leurs féroces parties de batterie. Le show est tellement intense que l’on ne remarque même pas l’absence de Lanegan sur un titre comme ‘Long Slow Goodbye’. Bref, un pur moment de bonheur.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Et les choses ont failli mal finir ce samedi soir à l’Atelier quand un énergumène a eu la bonne idée de jeter un carton à bière en plein sur la tronche de Alain Johannes pendant ‘No One Knows’. Le pauvre en a même perdu sa cigarette. Enervé par l’incident, Josh s’est imposé en patron, demandant à la foule de pointer du doigt le « Dickhead » qui avait agit de la sorte. Une fois l’individu repéré, Josh lui explique qu’il pourrait très bien descendre de scène et lui casser la gueule, mais qu’il n’en fera rien. Il préfère terminer la soirée sur une bonne note avec « ses amis » du public. Résultat, le semeur de trouble finira le concert devant la scène, escorté par un molosse de la sécurité, histoire que tout le monde le repère bien et qu’il se paye la honte de sa vie. Josh reprendra alors ‘No One Knows’, a capella s’il vous plaît, là où le groupe s’était arrêté. INOUBLIABLE.
Et lorsque les lumières se rallument, il est déjà minuit. Le temps passe décidément trop vite. Qu’à cela ne tienne, le concert fût exceptionnel et valait largement le déplacement. Espérons que l’on puisse revoir un jour les Queens Of The Stone Age dans une telle intimité.
Set-list
Go With The Flow
Feel Good Hit Of The Summer
The Lost Art Of Keeping A Secret
If Only
Avon
Sky is Fallin’
Leg Of Lamb
Broken Box
Monsters in The Parasol
In My Head
Little Sister
Burn The Witch
Long Slow Goodbye
Tangled Up In Plaid
A Song For The Deaf
A Song For The Dead
Encore Break
I Never Came
No One Knows
Stonerpope
Il aura fallu attendre quelques années avant de voir débarquer Yawning Man en Europe et c’est donc avec une certaine impatience que j’attendais ce concert. D’autant plus que j’avais vraiment hâte de voir ce que cela donne sur scène, de voir ce qu’un groupe 100% instrumental peut créer comme atmosphère. Comme si l’attente n’était pas assez longue, il m’aura fallu quelques heures pour rejoindre la salle puisqu’une nouvelle fois, j’ai quitté Bruxelles par le mauvais côté. C’est donc avec un certain soulagement que j’aperçois Jihem qui m’attend sur le parking devant la salle. En fait, j’ai une nouvelle fois paniqué pour rien puisque les portes ne sont pas encore ouvertes et que l’ouverture est prévu pour 20h45, soit 45 minutes de plus que prévu. L’occasion pour nous de boire un verre et de redescendre en température après une journée bien éprouvante de ce côté. Un bon verre de coca bien frais en écoutant Yawning Man faire ses réglages, que demandait de mieux?
L’heure tourne tout doucement et quelque chose me dit que la soirée ne fait que commencer. Tout cela se confirme lorsque l’on voir Alfredo Hernandez s’installer en terrasse pour lui aussi profiter d’une boisson bien fraîche. L’ambiance est détendue au possible et Alfredo se prête volontier au jeu des photos et autographes. La thématique de la soirée sera donc : on prend son temps. 21h45. On dirait bien que la première partie va commencer son set, qui a dit qu’il était temps? Majestic Scene investit donc la scène du Den Hemel devant une foule des plus clairsemée.
Ce groupe hollandais ne me laissera certainement pas un souvenir impérissable mais aura au moins eu le mérite de me divertir en attendant le trio américain. Ils sont ici pour défendre leur cinquième album et ne se font pas prier pour cela. Ils enchaînent les titres qui comportent presque tous de longues parties instrumentales. Somme toute, à la fin de leur prestation je me suis dis que ça vaudrait peut être le coup de voir ce que ça donne sur cd et c’est bien là le principal pour une première partie. Il est temps pour Gary Arce et ses deux compères de monter sur scène à l’heure où les concerts parisiens se terminent. La salle n’est pas aussi remplie que ce qu’elle avait pu l’être deux mois auparavant pour Brant Bjork mais il y a tout de même assez de fans de rock pour ne pas avoir l’impression d’être seul. D’ailleurs, se sentir seul, c’est bien l’impression que m’a donné Gary face à son micro à le voir bredouiller quelques mots entre les chansons de façon aussi maladroite et timide.
Musicalement, on est très proche et en même temps assez éloigné de ce que l’on trouve sur le premier album du groupe. Tout d’abord, le son de guitare reconnaissable parmi cent est ici parfaitement reproduit non sans ajouter une petite dose de puissance fort bien venue. Ensuite, les chansons se retrouvent ici agrémentées de longs passages à la limite de l’improvisation. J’avais des craintes de trouver un set instrumental un peu répétitif mais ces longs jams contribueront pour beaucoup à dissiper cela.
Gary Arce est visiblement le maître à bord et c’est bien lui qui dirige tout ce beau monde. La communication avec les restes du trio lors des longs jams est constante; Alfredo Hernandez et Billy Cordell assurent une partie rythmique impeccable alors que Gary se lance dans de longues envolées planantes. Visiblement sous le charme, le public adopte une attitude très attentive à la limite de la fascination, à croire que la timidité apparente de Gary est contagieuse.
Le point culminant de ce show sera sans nul doute la montée sur scène du chanteur-guitariste de Hypnos 69 pour accompagner Gary à la guitare. On a du mal à croire que l’on a en face de nous une improvisation tellement le jeu de Steve s’accorde avec celui de Yawning Man et on sourit encore lorsque l’on repense à ce que nous disait Gary avant le titre, “on va voir ce que ça donnera, peut être que ça n’ira pas….”. Le groupe quitte la scène quelques minutes après sous des applaudissements au combien mérités.
“On vous fait encore un titre…heu….c’est un jam….heu…..faut dire que toutes nos chansons sont des jams”. Voila la phrase la plus longue de la soirée, prononcée juste avant d’entamer un superbe rappel qui clôturera ce concert d’un peu plus d’une heure.
Il est presque minuit lorsque Yawning Man quitte la scène cette fois ci de façon définitive, en tout cas pour aujourd’hui.
La soirée se termine comme elle a commencé, un verre de coca en terrasse.
shinkibo
Il y a un paquet de groupes à l’affiche aujourd’hui, dont une dizaine de groupes qui vont défiler à partir de 14h sous la tente (de l’autre coté du site par rapport aux scènes principales), et il va bien falloir faire des choix : sur la grande scène vont évoluer d’affilée un incroyable échantillon de ce que la scène stoner compte de plus intéressant à l’heure actuelle. Un paquet de concerts qui vont s’enchaîner sans la moindre minute de répit, dès le milieu d’après-midi, jusqu’à tard dans la nuit ! En gros, l’orientation de la journée va être claire : ne pas arriver trop tôt (canicule, fatigue
), et s’organiser pour voir le plus de concerts possibles tout en prenant de bonnes photos. Croyez-moi, c’est plus facile à dire qu’à faire. Sitôt arrivés, on va direct à la zone presse retrouver Hermano, pour interviewer Dandy Brown (qui était aussi là la veille, et qui partira le soir même pour les Etats-Unis). Du coup, ben on rate sur scène les thrashers de Hamlet (gloires nationales en Espagne !) et le début de The Eighties Matchbox B-Line Disaster (pas génial !). Les choses sérieuses commencent avec Five Horse Johnson à 17h30 : c’est le début d’une série frénétique de concerts, sans répit. On le savait déjà, FHJ assure grave sur disque (voir nos chroniques CD), il nous restait à voir ce que ça donne en concert. Et bien ça marche bien ! Bon, certes, Brad (guitare) et Steve (basse) ne sont pas des bêtes de scène, mais ils assurent ! Jean-Paul Gaster, le batteur de Clutch, assure l’intérim avec la touche de feeling qui participe à la grandeur de Clutch, et en plus, que demande le peuple, il s’éclate ! Le hard-rock-sudiste-stoner-boogie de trio (à la recherche d’un nouveau batteur) semble lui convenir, et il assure avec brio la quatrième roue de la Mustang. Le maître de cérémonie, c’est quand même Eric, le chanteur. Au bout de 30 secondes, il est déjà rouge et dégouline de sueur : la canicule madrilène ne doit pas convenir à la carrure de l’animal. Mais il ne le montre pas, sa voix rocailleuse et puissante est sans faille tout au long du concert, qui fait la part belle aux morceaux de “Last Men On Earth”, avec quelques inédits et oldies. Un concert impeccable, et une somptueuse introduction à ce qui nous attend : du feeling par caisses entières !
5 secondes après que la dernière gratte de FHJ soit posée, on entend les premières suaves vocalises de Nick Oliveri qui balance l’intro de “Six Shooter”. Et là, agréable surprise. Je m’étais toujours imaginé Mondo Generator comme un patchwork de musiciens faisant figuration derrière Oliveri, mais cette époque est révolue : désormais trio, le duo gratte-batterie de Winnebago Deal se démène sur scène comme deux beaux diables, comme si c’était leur groupe, finalement ! Résultat, ben musicalement ça assure ! L’homogénéité est là. Première surprise, donc. Deuxième surprise, le concert est bon, voire excellent, et les compos, un peu sous-estimées sur disque, ont une seconde vie en concert. Certes, le grand bassiste hurleur pioche allègrement dans le répertoire des Queens, mais bon
On lui en aurait voulu de faire autrement, finalement, tant certains morceaux de QOTSA sont liés à la personnalité d’Oliveri. Troisième surprise, et pas la pire : on sent une véritable électricité dans l’air en voyant la silhouette ténébreuse d’un très ancien partenaire d’Oliveri monter sur scène pour le rejoindre. C’est ni plus ni moins que John Garcia, qui était avec Nick dans Kyuss en 1992 ! Plus de douze ans plus tard, un duo mythique foule donc les planches et se lance dans un “Allen’s Wrench” plus historique qu’autre chose, finalement : je ne sais pas si on écoute vraiment la musique et la qualité d’interprétation, dans ces moments-là. Magique.
Comment mieux revenir sur le plancher des vaches que par un bon concert de Clutch ? Franchement, l’enchaînement est un vrai délice
Dès les premiers accords, on se laisse bercer et entraîner dans les griffes du trio instrumental, et Neil Fallon, avec une assurance sans faille, surenchérit avec des vocaux toujours chaleureux et percutants. Il se fait plaisir, et ça se voit : il hurle, il sautille, il va voir ses collègues, il arpente la scène, il est vraiment le centre d’attraction du groupe et il assume avec classe et talent. Parce que oui, il ne faut pas vraiment demander à Dan et Tim d’assurer le spectacle : chacun dans son coin joue ses parties avec une aisance et une concentration troublantes. Ces mecs là ont le groove au bout des doigts, et ils le laissent glisser sur les cordes de leurs instruments sans que l’on ne puisse déceler la moindre difficulté dans l’exécution. Remarquable. Mais au delà de ces performances musicales, ce qui scotche en premier à chaque concert de Clutch, c’est le GROOOVE (oui, en majuscules). La paire Dan/Jean-Paul balance des lignes rythmiques somptueuses, rondes et ventripotantes, chaleureuses, sur lesquelles les autres peuvent s’éclater ce qu’ils font sans retenue. La gratte de Tim est le parfait pendant mélodique à ce duo magique, et il n’est pas rare de voir Neil se mettre en retrait sur le coté de la scène, non pas pour regarder avec satisfaction plusieurs dizaines de milliers de personnes sautiller avec le sourire aux lèvres (ça doit valoir le coup d’oeil, vu de là-haut), mais bel et bien pour regarder ses 3 potes balancer le GROOOVE à coté de lui
Même lui, qui les a vus des centaines de fois jouer ensemble, ne se lasse pas de voir la magie opérer. Il n’est pas le seul, d’ailleurs, puisque la totalité de System Of A Down est sur le bord de la scène en train de hocher la tête avec le sourire, et de chanter les chansons par coeur !
A noter la participation discrète du désormais claviériste à plein temps, presque dissimulé derrière le mur d’amplis, et qui rajoute des “nappes” mélodiques absolument délectables sur tous les morceaux. On se demande même comment les chansons pouvaient exister avant qu’il n’y ajoute sa touche. Idem pour un second guitariste, intervenant à mi-concert pour épauler le groupe. Que dire de la set list sinon ? Une poignée de morceaux de Blast Tyrant, quelques uns de Pure Rock Fury, quelques uns plus vieux, d’autres inédits issus de leur prochain album
Le tout constitue un concert remarquable, ponctué d’impros à tomber par terre (le solo de batterie !!!), et qui se clôture comme sur toute la tournée en cours (sur laquelle ils partagent l’affiche avec Five Horse Johnson) par un morceau avec Eric de FHJ à l’harmonica : ça GROOOVE plus que ne peut en supporter un être humain normalement constitué
Un concert parfait en tous points.
Encore un enchaînement de luxe : c’est Hermano qui prend la suite de Clutch, et le combo est en forme ! Etonnant, presque, pour un groupe qui n’a pas joué ensemble depuis des mois, et qui se retrouve pour un seul et unique show aujourd’hui à Madrid (pas de tournée en cours, ni en prévision). La performance n’en est que plus appréciable, et la puissance de ce show sera manifestement à mettre uniquement au crédit d’une entente parfaite entre les musiciens. Chris Leathers a bien pris ses marques, et assure à la batterie. Idem pour Dandy qui balance des lignes de basse impeccables, taillées pour le hard rock de la meilleure facture. Du pain béni pour tout musicien. Dans cette situation confortable, le duo guitaristique ne peut qu’exceller ce qu’il fait. Le second guitariste, Olly (le même que sur la dernière tournée européenne), assure gentiment ses parties mais se retrouve largement sous-mixé, ce qui tend inévitablement à mettre en avant la performance du second (premier ?) leader de Hermano sur scène : Dave Angstrom. Angstrom est taillé pour la musique, né pour la scène, avec une gratte dans les mains. Il délivre non seulement impeccablement toutes ses parties (rythmiques, soli), mais balance SANS ARRET des petits licks de guitare, des petites intros “clins d’il”, des impros souriantes ou surprenantes
Bref, on ne s’ennuie jamais ! Outre les clichés guitaristiques (joue de la gratte avec les dents, etc
) dont il s’acquitte avec talent et sincérité, on se délecte des diverses facéties du jeune homme : il crache son verre d’eau sur la tête de Garcia en pleine pose “hard rocker à genou devant son public”, ou encore, quand Garcia demande au public où sont les joints dont il sent l’odeur, il hurle dans le micro “Ne l’écoutez pas, les gosses : la drogue c’est mal ! Enfin, pour ceux qui ont quelque chose de plus sérieux, retrouvez-moi après le concert dans la loge 24, au fond sur votre gauche”
On peut le regarder grimacer et évoluer sur scène pendant le concert entier, on ne se lasse pas. Objectivement, néanmoins, force est de reconnaître que les yeux sont surtout dirigés vers John Garcia. Un John Garcia à la forme remarquable (il a perdu du poids le bougre, il a fière allure !), vocalement au top, qui ne manque pas une note, aussi aigue ou difficile soit elle ! Du grand Garcia, peut-être pas le frontman le plus exubérant et flamboyant du monde, mais chargé à bloc de charisme et de talent.
On croyait avoir tout vu en voyant le père Garcia rejoindre Mondo Generator sur scène tout à l’heure
Et ben non, retour d’ascenseur : c’est Oliveri qui rejoint Hermano sur son terrain à la fin du concert
Et la sincérité du geste, ainsi que l’émotion engendrée, sont palpables. On s’enlace, on partage son micro, on se sourit
Le public n’existe plus, sur scène les musiciens se regardent, essayent quand même de jouer et chanter en même temps (ce qu’ils arrivent à faire de fort belle manière, je vous rassure
). Le groupe “bredouille” le début de “Wrench” (sur lequel Nick ne sait pas vraiment où et quand chanter), puis surtout “Green Machine”, un morceau que Hermano joue à quasiment tous ses concerts. Les musiciens sont donc bien rodés, et Nick alterne le chant avec Garcia (quand Garcia lui fait signe de se lancer pour le couplet suivant
). Encore une fois, c’est bien la sincérité de la démarche qui touche le plus. C’est avec une petite boule dans la gorge qu’on voit les musiciens saluer le public et quitter la scène
Quelle baffe !
Encore une bonne claque en prévision alors que Fu Manchu monte sur scène, allume les amplis et balance la sauce ! A première vue, ils sont pas venus là pour déconner. Ca bastonne sévère. “Hell on wheels”, “California Crossing”, “Eatin Dust”
Les morceaux s’enchaînent, et le groupe se défonce, sautant dans tous les sens, beuglant derrière le micro
Et pourtant je ne sais pas, je ne suis pas conquis. Ce n’est pas le Fu Manchu dont je suis tombé amoureux il y a 10 ans. Je n’ai rien contre l’évolution, je ne suis pas un passéiste forcené, au contraire. Mais que reste-t-il des rois du fuzz et du “skate-stoner” californien ? Une sorte de “skate-rock” efficace mais sans grand relief. Sans son aura “historique”, quel serait vraiment le succès de Fu Manchu aujourd’hui ? Difficile à dire ! Les dernières productions du Fu m’ont laissé de marbre, sans émotion. Un peu comme ce concert, de bonne facture, mais
sans rien de spécial.
Et c’est au milieu (au début en fait !) du concert de Fu Manchu que la catastrophe arriva. Au bout d’un moment, le vent se soulève franchement, amenant avec lui des bourrasques de poussière dures à supporter (difficile de respirer !). Alors que l’on se réfugie vers la tente VIP sur le coté de la scène (un luxe que n’ont pas les autres spectateurs), le groupe s’interrompt soudain. On découvrira plus tard qu’un bout de la scène d’à coté (pas celle où jouait le groupe) a cédé sous les assauts du vent. En attendant, les bourrasques ne faiblissent pas, et les gens se pressent sous cette tente, refuge inespéré des plus aguerris. Et ça dure plusieurs heures, ainsi, sans infos ! Au bout d’un moment, enfin, une fois la nuit bien tombée, le vent s’est calmé et permet de sortir de la tente pour contempler un triste spectacle : un site amorphe, un public toujours un peu agité, mais un silence pesant, des spectateurs qui se font la courte échelle pour escalader et envahir petit à petit les “tribunes VIP”, la scène étant simplement ponctuée de bribes sonores émanant de la distante scène couverte (une aubaine pour les petits groupes qui évoluaient aujourd’hui sur cette scène : ils ont eu plus de public qu’ils n’auraient pu en rêver !). Les 2 scènes principales sont dans le noir. Tout d’un coup surgit sous les sifflets une personne sur la grande scène, apparemment quelqu’un de l’organisation : mon espagnol n’est pas terrible, mais je comprends qu’il fait allusion à des problèmes techniques, et demande au public de garder patience. Alors qu’il se retire de scène après ce message, la caméra sur pied articulé qui filmait les concerts filme le public, vu du dessus, et l’image effroyable est retransmise sur les écrans géants : on voit alors des milliers de personne se presser contre les barrières de sécurité devant la scène
Et ce mouvement de quelques milliers de personnes fait froid dans le dos, quand on pense à ce qu’il pourrait donner, épaulé des quelques dizaines de milliers de personnes présentes, usées par 2 jours de festival physiquement éreintants, passablement énervées. A l’heure qu’il est, Incubus aurait déjà du terminer son concert et System Of A Down était censé monter sur scène. Devant l’absence absolue du moindre mouvement sur l’une ou l’autre des scènes, on prend la décision de quitter le site avant de voir le public s’énerver vraiment : on est là pour s’éclater, or là il n’y a plus de plaisir
Et on a bien fait se partir ! Les stands de bouffe, de merchandising, les bars, tout a été saccagé par les spectateurs en colère quelques heures après notre départ. Incubus a joué, presque 5 heures après l’interruption, et System Of A Down a quand même assuré son concert, au beau milieu de la nuit. Un concert que l’on peut imaginer anecdotique vu le contexte
Notre départ ressemblait donc bien à une bonne décision. Une journée chargée d’émotion et de moments épiques (voire historiques !), qui finit sur une teinte étrange. Mais ça ne gâche en rien la qualité de ces 2 jours, certainement l’une des plus grandes densités de groupes stoner remarquables proposés en quelques heures. Un grand moment et une expérience inoubliable !
Laurent
Saletés d’espagnols, ils ont vraiment un problème avec la signalisation… Après s’être tapé plusieurs centaines de bornes en voiture pour rejoindre Madrid, on passe bien 1h30 sur les 10 derniers kilomètres, à tourner en rond autour du Festimad, et surtout autour de notre hôtel dans les parages (ben oui, c’est fini l’âge où on campait ou qu’on dormait dans les voitures après les concerts, on est devenus des vieux cons !). Du coup, il est 14h et on commence à avoir la pression : le planning semblait peinard, et je commence à flipper… Ben ouais, l’interview avec Mastodon est prévue à 15h30… On se pose à l’hôtel, préparatifs (appareil photo, magnétophone…) et direct vers le festival. On tourne un moment en rond pour trouver le parking “azul” (en fait c’est toutes les rues d’une zone industrielle entière qui sont le parking !), et la cabine qui distribue les accréditations (très pro !). Enfin on rentre sur le site, on traverse le camping (spectaculaire) sous la canicule, et là, voyant l’heure avancer, on demande la “zona prensa” à tous les organisateurs qu’on voit. Résultat : on se fait balader sur tout le site du festival, on passe par des entrées détournées, etc… Mais finalement on trouve, on se dirige haletants vers la fameuse zone presse, et à 15h29 environ, je tombe sur les mecs de Mastodon qui discutent dehors, peinards ! Ouf ! Enfin, le lieu est mal choisi (l’entrée des backstage, debout sur le bitûme, 45°C sans ombre), mais on taille le bout de gras (Brann, le batteur : “Une interview ? Que veux-tu savoir ? Alors en ce qui me concerne j’ai eu une enfance plutôt heureuse, ma couleur préférée est le bleu, j’aime les pancakes, la bière, à une époque je rasais le torse des mecs, un passe-temps comme un autre”…). On se dirige finalement vers la vraie zone presse, plus loin encore (15 minutes de marche depuis le lieu des concerts !), une immense salle climatisée, un bonheur dont on déguste chaque seconde… Au bout d’un moment on vient nous chercher pour aller interviewer “proprement” – devienez qui ! – Brann Dailor, le même batteur de Mastodon qui déconnait avec nous il y a un moment. Le bonhomme se révèle sympathique, pas immensément affable, mais intéressant.
On voit encore quelques zicos défiler (Dillinger Escape Plan, Wednesday 13, Caliban, les Hives…), et on prend la difficile décision de quitter cet espace de confort absolu pour rejoindre l’aride site du Festimad.
Le nouveau site du Festimad n’a pas la “verdoyance” du précédent : c’est une immense pleine terreuse, sèche, où chaque mouvement de foule ou soubresaut venteux soulève un nuage de poussière suffocant… Un vrai bonheur ! Dillinger Escape Plan déboule sur scène, et ne fait pas dans la demi-mesure : de gros bourrins ! Les ricains jouent une sorte de hardcore très élaboré, très technique (genre Sick Of It All rencontre Meshuggah), mais aussi très violent. Carton plein auprès du public, donc, au cours de cette 1ère journée dont l’affiche n’est franchement pas portée sur la musique de chambre. Pas mon trip musical, mais le public adore.
Les Hives enchaînent immédiatement, grâce à l’excellente configuration de la scène : 2 scènes de même taille sont positionnés l’une à coté de l’autre : le public voit sans bouger les groupes alterner sur une scène puis l’autre, sans pause. Les Hives évoluent dans un autre genre, mais font un carton au moins équivalent : plus bon-enfant, leur musique dépote franchement en concert, et le groupe se donne à chaque fois sans compter. Chaque musicien se fait remarquer à sa façon : leurs attitudes scéniques sont franchement originales et complémentaires (et, chose remarquable, correspondent à leur véritable attitude dans la vie, comme nous avons pu le constater en coulisse). Un concert remarquable, encore un à leur tableau de chasse.
Un petit détour ensuite par le chapiteau pour aller jeter une oreille aux vieilles trognes de Sick Of It All. Les vétérans (et leaders ?) de la scène hardcore new yorkaise ont blindé la tente de
pogotteurs, si bien qu’il est difficile de s’avancer suffisamment pour jeter un oeil à la scène ! Tout au plus distingue-t-on les frangins Koller sauter dans tous les sens sur scène en enchaînant les classiques “old school”, comme ils le répètent à loisir. Objectivement, ça marche. Les parages de ce carnage sonore étant peu propices aux discussions existencielles, nous partons nous sustenter au doux son de Turbonegro… Un véritable bain de jouvence ! Les vieilles gloires du punk rock scandinave ont toujours fière allure, et on reconnaît ces bons vieux classiques (“The Age Of Pamparius”, “I Got Erection”…) avec le sourire. Tout cela n’a pas pris une ride, et le père Hank a toujours la pêche ! Ah, nostalgie, quand tu nous tiens… Le moment est venu de faire son choix : en simultané démarrent Nightwish sur la grande scène et Mastodon sous le chapiteau… hahaha… Je me retrouve donc devant les 4 furieux américains
qui ne font pas dans la demie mesure. Jouant juste avant leurs idoles de Slayer, Mastodon n’est pas pour autant décidé à déclarer forfait : ils se battent jusqu’au bout et parviennent à bien entamer les tympans et les corps de l’auditoire. Le headbanging fait fureur, et le pit s’anime (un signe qui ne trompe pas : les nuages de poussière s’élèvent du milieu du public !), tandis que les zicos alignent les titres exécutés de manière magistrale. Soli à gogo, poses rock n’roll en veux-tu en voilà, festival technique de Brann derrière les fûts, grimaces et hurlements de Troy derrière le micro (et la basse)… Il y a des concerts dont on ne ressort pas indemne ! Féroce.
Le crépuscule descend alors que l’on a juste le temps de rejoindre la grande scène pour assister aux premières déflagrations sonores de Slayer. On peut aimer ou pas le thrash des californiens, on peut être (ou avoir été) fan, ou bien même détester le groupe, il est IMPOSSIBLE de ne pas ressentir le rouleau compresseur que constitue Slayer en live. Une machine à tuer, une mécanique parfaitement huilée, réglée au micron pour laminer les cages à miel et ramener les cerveaux à des fonctionnements exclusivement reptiliens. Caché derrière ses fûts (impressionnant set de batterie), Lombardo bastonne comme personne. Ce mec est fait pour jouer dans Slayer, même s’il s’amuse par ailleurs avec d’autre groupe, il est taillé pour ça. Tom Araya sourit entre les morceaux, présente les chansons à venir de manière plutôt laconique, mais assure impeccablement ses parties de basse et de chant. Quant aux 2 furieux du manche, de part et d’autre de la scène, pas l’ombre d’un sourire : ça fronce le sourcil, et ça aligne les accords à la perfection. Les soli fusent de part et d’autre, et ça fout toujours le frisson de se retrouver à 50 cm du gros pitbull Kerry King en train de coller un solo dans les aigus au milieu d’une furie de grattes thrash par le père Hanneman. Hallucinant.
Alors que toute la journée avait été placée sous le signe de l’organisation et de la ponctualité, il fallait évidemment que le révérend Marylin Manson se fasse remarquer, et pointe en retard d’une bonne demi-heure. Ayant déja vu l’animal une bonne demi-douzaine de fois en concert, j’ai pas une folle envie de jouer son jeu, et on décide de se casser avant de voir ses derniers caprices… Il est déja plus d’1h du mat, et la journée de demain s’annonce démentielle (Hermano, Clutch, Mondo Generator,…), on va donc aller reprendre des forces ! [A SUIVRE…]
Laurent
Beaucoup de choses se sont passées depuis que Nick Oliveri a quitté Queens of the stone age, y compris deux changements de line up pour Mondo Generator. On commence vraiment à se poser des questions sur l’avenir du groupe et même sur l’avenir musical de ce formidable bassiste au caractère bien trempé qu’est Nick. Pour commencer, parlons un peu de cette tournée européenne improvisée au dernier moment après que le groupe ait décidé de ne pas assurer la première partie de Turbonegro sur la tournée. Les raisons de ce changement restent obscures mais c’est bel et bien Mondo Generator que nous aurons ce soir en tête d’affiche, accompagné pour cette date uniquement d’Amplifier, groupe anglais très prometteur.
Des anglais il y en a deux autres ce soir, Ben Perrier et Ben Thomas, soit 100% du groupe Winnebago Deal qui forment ici le reste de Mondo Generator. Nick et les « bens » ont déjà eu l’occasion de jouer ensemble lors d’un concert du duo anglais et on savait l’entente entre les trois hommes au beau fixe, mais de là à littéralement fusionner…
J’avais eu l’occasion de discuter avec Ben (lequel hein ?) il y a quelques semaines et il m’avait dit qu’il commençait à répéter avec Ben (l’autre !) environ vingt cinq titres du répertoire deMondo Generator (et Queens of the stone age). Moi je veux bien les gars, mais vous êtes en tournée actuellement avec High on Fire et Brant Bjork, vous faites ça quand ?
Toujours est il que ce 23 mai, je suis ravi de rencontrer à nouveau Ben (allez, je vous le dit, je parle de Ben Thomas…le batteur ! suivez un peu !) en ce milieu d’après midi dans les rues bruxelloises. Au fil de la discussion il me dit qu’ils ont bien avancés sur les répétitions et qu’ils prévoient même de jouer une vingtaine de titres ce soir. Il me dit aussi que le show de la veille c’est bien passé. Je veux bien le croire, mais j’attendrai ce soir pour avoir un avis tranché sur la question quant à savoir si deux gars peuvent apprendre vingt cinq titres en quelques jours tout en étant en tournée à travers l’Europe !
Je ne vous l’ai pas encore dis, mais j’adore Nick, je suis fan deWinnebago Deal depuis leur premier EP et le premier album d’Amplifier est pour moi le disque de l’année 2004, rien que ça ! C’est donc le premier que j’arrive devant la salle tel une groupie désirant voir ces idoles de plus prés. Rejoins quelques minutes plus tard par notre très sympathique « confrère » de Psycotic S.T, François Becquart, qui nous écrira aussi une superbe chronique sur ce show j’en suis sûr. Finalement, à l’ouverture des portes, c’est sur les doigts d’une main d’un boucher maladroit que l’on compte les fans présent puisque nous somme quatre à nous précipiter dans la salle tel un adolescent boutonneux qui se précipite en kiosque pour acheter le calendrier FHM en décembre. Forcément bien placés, nous voyons la salle se remplir très lentement pour finalement atteindre la petite centaine lors de la venue de Mondo Generator sur scène.
Mais avant cela, ce sont les anglais d’Amplifier qui montent sur scène pour tenter de convaincre la « foule » du bonheur que peut apporter l’écoute de leur musique. Très perplexe avant le début du show sur l’équipement utilisé par le groupe, je vais finir le show totalement bluffé et hypnotisé par tant de talent. Le bassiste et le guitariste ont à leur pied une collection impressionnante de pédales d’effets divers et variés qui doit bien atteindre la quinzaine chacun ! Il faut dire qu’Amplifier produit une musique particulièrement recherchée et qu’ils ne sont pas avars d’effet en tout genre, mais de là à reproduire tout cela en concert, je demande à voir. Et justement, je vais voir et en prendre plein les oreilles avec un set de 7 titres pour 45 minutes d’une énorme puissance.
Le show démarre avec le long passage instrumental de « Motorhead » et le ton est donné avec un son puisant et brut. Bien que l’interprétation soit plus épurée qu’en studio, le groupe, et en particulier le guitariste, ne cesse de jouer avec le son et je commence à comprendre le pourquoi de ce nombre de pédales ce trouvant à leurs pieds. Car il faut bien dire que le guitariste, non seulement chante, joue de la guitare, mais joue aussi de la pédale à effet avec ces pieds et ce fut impressionnant de le voir taper sur ces pédales au rythme d’un batteur de punk. Les titres de leur premier album s’enchaînent et le groupe nous offrent là une prestation exemplaire et particulièrement convaincante. Le set se termine sur une interprétation hallucinante de « Airborne » qui me laissera sans voix.
Après la demi heure de pose réglementaire, Nick, Ben et Ben arrive sur scène pour entamer un set qui confirmera tout le bien que je pense des ces trois rockeurs. La vingtaine de titres annoncés par le batteur sont bien inscrits sur la set list et le tout sera interprété en un petit peu plus d’une heure. Rock’n’roll !!
Le groupe démarre très fort en enchaînant Six shooter, Here we come, Fuck yeah i’m free et Jr. high love sans même reprendre son souffle. Le ton est donné, amateur de pop guimauve s’abstenir. Alors que beaucoup d’entre nous ont les yeux rivés surNick Oliveri, mon regard se porte la plupart du temps sur les deux Ben qui ont une nouvelle fois confirmé tout le bien que je pense d’eux. Les parties de batteries et de guitares sont interprétées à la perfection. Je ne vous parle pas là d’une perfection que l’on atteint au bout de millier d’heures de répétition mais bien de celle que nous recherchons tous, nous les amateurs de rock. Le son noisy, l’attitude, la gestuelle, la dépense d’énergie non calculée, tout y est. La façon de jouer très pure de Ben Perrier nous fait redécouvrir des titres, notamment ceux deQueens of the stone age (7 en tout ce soir). Epurés de tout effets, cette façon de jouer me fait percevoir ces titres d’une nouvelle manière tout en me confirmant l’énorme potentiel de ces chansons. Nick Oliveri quant à lui est encore et toujours fidèle à lui-même, le regard droit, l’air rageur, criant dans son micro et tapant sur sa basse comme jamais. Fort peu interactif avec le public, l’ami Nick va à l’essentiel ; griller un maximum de tympans, les miens s’en souviennent encore, mais surtout utiliser sa musique comme un exutoire pour se décharger de toutes ces rancoeurs et frustrations ou comme un catalyseur pour atteindre cet état d’exaltation tant recherché.
Le concert se termine avec un Millionnaire ahurissant et la seule chose à dire au final, c’est « gimme some more ! »
Ayant vu Mondo Generator dans sa formation que beaucoup considéraient comme une « dream team » (Alfredo Hernandez,Molly Mc Guire, et Dave Catching), j’affirme sans hésitation que Nick à trouver en Winnebago Deal, les partenaires idéaux pour ce groupe maudit. Il ne reste plus qu’à espérer que l’aventure se pérennise et que les trois loustics nous enregistrent une galette qui sera à coup sur un chef d’œuvre punk !
set list:
Six shooter
Here we come
F.Y.I.F
Jr high love
So high, so low
Do the head right
Shwanette
Quick and to the pointless
All the way down
Ode to clarissa
I want you to die
Gonna leave you
4 corners
There she goes
Autopilot
Open up and bleed
13th Floor (tension head)
Simple exploding man
Wake up screaming
Millionaire
Shinkibo
Moins d’un an après sa venue précédente, Atomic Bitchwax est de retour en Europe. Pour rappel, le groupe avait jeté l’éponge en 2003 suite au départ de Ed Mundell qui avait préféré se concentrer uniquement sur sa carrière au sein de Monster Magnet.
Suite à leur collaboration avec Finn Ryan (guitariste/chanteur de Cöre, groupe trop éphémère de la prolifique scène du New Jersey), Chris Kosnik et Keith Ackerman avait profité de la tournée de Black Nasa (dans lequel ils officient tous deux) pour reformer Atomic Bitchwax. Les 3 nouveaux compères avaient sillonné les Etats Unis et l’Europe sans aucun nouveau matériel à promouvoir mais pour le plus grand bonheur des fans trop tôt orphelins.
L’alchimie fonctionnant à merveille, ils décidèrent de rapidement concrétiser cette nouvelle association par l’enregistrement d’un 3ième album avant de repartir à l’assaut des clubs. Soucieux de soutenir la scène locale, Orange Factory a confié la première partie à The Killbots, originaire du Limbourg voisin. Bien que la base de leur musique soit un heavy rock à la Nebula avec une voix plus agressive, ce groupe n’hésite pas à aborder d’autres styles très variés, passant du Boogie au Stoner classique (si çà existe) tout en ne rechignant pas sur une intro funky ou un break doomesque. Bien que la majorité des morceaux soient construits à partir d’un riff souvent efficace, les Killbots expérimentent en développant pleins d’idées au sein d’un même morceau. Parfois même un peu trop, les enchaînements un peu légers donnant l’impression de collages pas toujours réussis. Mais leur expérience scénique (ils ont du écumer toutes les petites salles de Flandre) gomme ces quelques imperfections qui font finalement le charme des groupes amateurs. Ils semblent très sincères, n’en rajoutant pas des tonnes pour impressionner le public et on arrête rapidement d’analyser pour se laisser séduire par leur prestation.
La première fois que j’ai vu Atomic Bitchwax, j’ai pris une claque monumentale. Le genre de concert dont on ressort titubant, conscient qu’on vient d’assister à quelque chose d’unique et éphémère. Un moment presque mystique pendant lequel on entre en communion totale avec la musique, une expérience rare et inoubliable. Ce soir là tout était parfait : le groupe, le son, l’ambiance, la salle,
Chris, Keith et Ed m’avaient emmené très loin avant de me laisser confus mais heureux. Il y avait bien sûr leur virtuosité légendaire, leur enthousiasme, cette façon particulière qu’a Mundell de vous en foutre plein les oreilles tout en restant très modeste. Mais il y avait plus. Il y avait cette chose indicible qui fait toute la différence entre un bon concert et un moment d’anthologie. Il y avait la magie.
Ce sont les souvenirs qui me reviennent à l’esprit quand Chris Kosnik investit la scène en arborant un t-shirt collector de Mötley Crüe. Après une courte intro instrumentale, ABW nous balance directement « Hey Alright », bombe speedée et irrésistible. Keith Ackerman, fidèle à lui-même, frappe dans tous les sens. Ce batteur est aussi agréable à écouter qu’à voir tant son jeu est virevoltant. Avec Kosnik, il forme probablement une des meilleures sections rythmiques du moment et les 10 années passées à jouer ensemble dans un tas de projets a créé une symbiose entre eux qui reste pour moi un des attraits principaux du groupe.
Finn Ryan n’est pas en reste et semble beaucoup plus à l’aise que l’année passée. Son jeu sonne un peu plus brouillon que celui de Mundell mais l’acoustique assez moyenne de la salle contribue probablement à cette impression. Il enchaîne néanmoins solos et rythmiques avec aisance et s’en sort bien dans le rôle ingrat de faire oublier le grand Ed.
La set list est composée pour moitié de nouveaux morceaux dont la majorité est chantée par Ryan. Certains sonnent comme du ABW pur jus (Dark Chi, The Destroyer,
) mais d’autres, comme «You Can’t Win » ou «You Oughta Know » déçoivent un peu. On a l’impression que le groupe nous offre une version édulcorée de sa musique, les structures étant beaucoup plus classiques et les mélodies vocales prédominantes. Ils manquent ces petits breaks qu’on retrouve dans les anciens morceaux et pendant lesquels on a parfois l’impression que les 3 musiciens jouent en solo en même temps. Les réactions du public sont d’ailleurs beaucoup plus chaleureuses sur les classiques que sont « The Cloning Chamber », « Stork Theme » ou « Shitkicker » et on en vient à attendre les vieux morceaux, ce qui n’est jamais de bonne augure. Malgré cette légère déception, The Atomic Bitchwax reste un groupe dont les prestations scéniques sont largement au-dessus de la moyenne. Leur technique impressionnante reste toujours aux service des morceaux et ne tourne jamais à la démonstration gratuite et ils prennent énormément de plaisir sur scène. Kosnik introduit d’ailleurs « Birth to the Earth » en annonçant qu’il adore jouer ce morceau et son enthousiasme est très communicatif.
Après un bon vieux « Forty-Five » joué en rappel, le groupe reviendra une deuxième fois pour satisfaire un public les réclamant pendant plus de 10 minutes.
Malgré un nouvel album un peu en dessous de mes attentes, ABW nous a prouvé ce soir qu’il restait un groupe incontournable en concert. Avec ou sans Mundell.
Jihem
Samedi 16 avril 2005. Cette date restera marquée d’une pierre blanche pour tous les amateurs belges de stoner. C’est aujourd’hui qu’a lieu ce qui risque bien d’être le dernier concert au Sojo. Depuis cinq ans, l’association Orange Factory organise ses « Stoner Sessions » dans ce club mythique. Grâce au dynamisme d’une dizaine de bénévoles entièrement dévoués à la cause d’une musique encore sous estimée, nous avons pu assister aux concerts de la crème des groupes stoner. Dozer, Karma to Burn, Atomic Bitchwax, Earthlings?, Nebula, Hypnos 69, Hidden Hand, Los Natas, Brant Bjork, Colour Haze, The Heads, … La liste des groupes qui ont foulé les planches du Sojo est interminable.
Malgré des débuts difficiles, l’endroit s’est rapidement forgé une excellente réputation grâce à son charme désuet et à la qualité de l’organisation. On venait de loin pour se serrer dans ces quelques mètres carrés sombres et toujours enfumés.
Mais suite aux plaintes de quelques voisins grincheux, Orange Factory s’est vu interdire l’exploitation de la salle pour l’organisation de concert. C’est donc avec un goût amer dans la bouche que le public franchit une dernière fois les portes du lieu.
A l’affiche ce soir, Ed Mundell, guitariste de Monster Magnet et ex-membre de The Atomic Bitchwax. Seul avec sa guitare acoustique. Pour la petite histoire, Ed n’est pas en tournée mais il se trouve qu’il réside pour quelques semaines dans la région. Il a donc accepté de venir jouer au pied levé dès que la triste nouvelle a été annoncée.
Pendant qu’il discute tranquillement au bar en sirotant un verre de vin, la salle se remplit. Tous les habitués sont là, évidemment. Personne ne voudrait rater ce dernier rendez-vous, surtout avec un hôte de cette qualité.
Sur scène, un tabouret et un micro mais aussi une batterie et deux amplis. Pour un concert solo acoustique, çà fait beaucoup. On nous prépare forcément quelque chose.
Vers 21h00, Ed quitte le bar et parcourt les 3 bons mètres qui le séparent de l’estrade pour empoigner sa guitare. Sur un ton timide, il annonce qu’il va interpréter quelques morceaux uniquement instrumentaux et que si certains ont des souhaits particuliers, les demandes sont les bienvenues. Il entame son set par un morceau de son cru et l’assistance l’écoute dans un silence quasi religieux. Dans ces conditions de jeu, il est impossible de masquer les erreurs sous des tonnes d’effets mais Ed fait preuve d’une dextérité à dégoûter tous les guitaristes présents. Ils enchaînent avec deux morceaux basés sur des riffs de Monster Magnet qu’il adapte pour en faire des démonstrations de tout ce qu’il est possible de jouer avec une simple guitare acoustique. Le concept peut sembler rébarbatif mais ce surdoué nous offre une musique d’une richesse inouïe qui ne laisse personne indifférent.
Après une gorgée de vin rouge, il introduit « The Formula » en nous révélant qu’à la base, The Atomic Bitchwax était un groupe acoustique dont la musique ressemblait à ce qui va suivre. On n’en doute pas un instant.
Nous avons droit à deux morceaux supplémentaires avant qu’il ne s’inquiète de l’heure. Il est au courant de la situation et ne voudrait pas provoquer de problèmes en jouant après 22h00. Il n’est que 21h30, ce qui lui laisse le temps de jouer un dernier morceau avant de nous promettre une petite surprise. Il attaque alors une version incroyable de « Nod Scene » qui rend hommage au talent de composition de Dave Wyndorf. Le public réagit comme s’il s’agissait d’une version électrique de cet incontournable, certains se laissant même aller au headbanging.
Le temps de déposer sa guitare, il est rejoint par les membres de Hypnos 69 pour une deuxième partie de soirée qui promet d’être beaucoup plus électrique.
La dernière prestation de ce fleuron du stoner belge m’avait laissé dubitative. Le groupe s’est adjoint les services d’un saxophoniste et propose maintenant un rock orienté guitare truffé de passages expérimentaux plus jazzy. Tout cela est un peu décevant face à la débauche de riffs auxquels ils nous avaient habitués.
Mais ce soir, malgré la présence du saxo, c’est bien de rock’n’roll qu’il s’agit. Plutôt que de revisiter leurs répertoires respectifs, Ed Mundell et ses comparses d’une soirée se lancent dans une jam musclée faisant la part belle aux duels de guitares. Le public se déchaîne, conscient d’assister à un moment unique et éphémère. Ed dirige l’ensemble, lançant le thème principal avant de laisser les mecs d’Hypnos 69 improviser. Ils se connaissent depuis quelques jours et on à l’impression qu’ils jouent ensemble depuis des années. Le batteur s’adapte sans problèmes aux changements de rythmes pendant que le bassiste, d’une régularité sans failles, donne une base solide au morceau, permettant aux autres de partir dans des délires sans fin.
Après deux jams de près de 20 minutes, les musiciens quittent la scène devant une assistance hystérique. Si ce soir un voisin porte plainte pour nuisances sonores, ce sera probablement autant à cause de la clameur du public que du concert en lui-même.
Faisant fi de l’heure tardive et du risque de voir débarquer la police (qui risque d’être très mal reçue), le groupe remonte sur scène pour un dernier morceau sur lequel Ed et Steve se déchaînent, alternants riffs bien gras et solos bluesy. La complicité est totale, la machine tourne parfaitement et l’on voudrait que cela ne s’arrête jamais. Il est 22h45 quand les héros de la soirée finissent par déposer les armes. Même si chacun sait que ces murs ne résonneront plus de cette musique avant longtemps, ce sont bien des sourires qui illuminent la face des fidèles présents ce soir. On ne pouvait rêver mieux pour un dernier concert.
Merci Orange Factory.
Jihem
Anvers, le bout du monde, 50 bornes, au moins 1 heure de route, les travaux en ville, les sens uniques partout, un véritable enfer ! Après bien des errements, je trouve par pure chance une place à 200 mètres de la salle. La salle, c’est vite dit !
C’est dans la cave du Drempel, un « pool-bar » comme disent mes amis flamands, que la jeune association « Smoke Catapult » organise ce soir son premier concert. Pour ce baptême du feu, nous aurons droit aux inséparables El Thule et Truckfighters, une équipe qui gagne. Maximus, les régionaux de l’étape se sont ajoutés à l’affiche en dernière minute.
Les 6 euros réclamés à l’entrée vous donnent immédiatement droit à une descente à tâtons le long d’un escalier sombre et glissant. Ensuite, il faut se diriger à l’ouïe vers la partie de la cave où à lieu le concert en évitant soigneusement tous les murs qui pourraient surgir sur votre passage. Un véritable enfer que je vous disais ! Maximus vient d’entamer son set. Après 2 morceaux, je commence à distinguer les musiciens et je me rends compte que je suis à côté de Wouter, l’organisateur de cette cérémonie dédiée au Fuzz cosmique. Ce n’est pas le light-show qui risque de ruiner son budget ! Par contre, le son est très correct.
Maximus pratique un rock assez groovy et mid-tempo dont le pilier est le bassiste/chanteur au jeu quasiment funky. Les compos recèlent de bonnes idées malgré des riffs un peu trop basiques et un batteur qui assure le minimum syndical. L’ensemble se laisse écouter sans être vraiment transcendant et le groupe y gagnerait à se dégotter un gratteux un peu plus inspiré. Place aux italiens de El Thule pour ce qui allait s’avérer être la bonne surprise de la soirée. Je n’avais que très moyennement apprécié leur album aux relents punk et je m’attendais à un concert composé d’une série de titres courts et expédiés. Ce ne fut pas du tout le cas.
Après une présentation prononcée avec un accent ne laissant aucun doute sur son origine, le minuscule guitariste attaque directement dans le vif du sujet. C’est d’énergie qu’il s’agit ce soir. Batterie sèche et rapide, basse ronflante et guitare saturée juste à point, je me dis que finalement, El Thule çà risque de le faire.
La recette du groupe est de mélanger différents styles (punk, heavy et rock garage) sans que l’un d’eux ne prennent le dessus, laissant de la place à chaque instrument. Pendant que le bassiste, pieds nus, ondule légèrement en rythme, le guitariste ne tient pas en place et termine la majorité des morceaux plié en deux, sa guitare touchant presque le sol. L’expérience accumulée aux cours des tournées récentes leur permet de se libérer complètement et de faire évoluer chaque titre vers une jam hypnotique. Ces jams, durant lesquelles ils ralentissent souvent le tempo, donnent une nouvelle dimension à leur musique qui devient de ce fait beaucoup plus riche qu’on ne l’imaginait. Pour le dernier morceau, ils inversent la donne avec une intro presque doom avant d’accélérer progressivement vers un final des plus chaotique.
Depuis, j’ai réécouté l’album et je n’ai pas changé d’avis. C’est définitivement sur scène que El Thule prend toute sa valeur. Il faudra un jour se pencher sérieusement sur la question suédoise. Depuis les balbutiements du stoner, ce pays a engendré un nombre incalculable de combos amoureux du gros son et du fuzz. Nombre d’entre eux ne sont que de pâles copies de Kyuss sans grand intérêt mais les nouveaux venus de Truckfighters sont à ranger dans le haut du panier. Leur album s’inscrit dans la lignée des meilleures productions de Dozer ou Astroqueen, bourré qu’il est de riffs accrocheurs agrémentés d’idées parfois audacieuses.
Reste à voir s’ils confirment tout le bien qu’on pense d’eux sur scène. Ils ouvrent avec l’irrésistible « Desert Cruiser » dont l’interprétation perd en finesse ce qu’elle gagne en puissance. Plutôt que de tenter de restituer fidèlement les détails de leur musique, Truckfighters opte pour un mur de son énooorme et très compact. Les quelques breaks plus calmes ne sont que prétextes à remettre la sauce de plus belle.
Après deux morceaux, le chanteur demande au public de s’approcher et ce sont les 50 personnes composant le public qui font un pas en avant. Visiblement enchanté par cette réaction, le groupe attaque « 6 takt-snabbt » (un nouveau morceau ?) avec une énergie incroyable, Dango descendant dans le public pendant un de ses solos.
Après ce début de concert très intense, TF nous donne l’occasion de reprendre notre souffle en développant des passages instrumentaux plus cool, le batteur allant jusqu’à quitter son poste pendant « New Woman » pour un passage des plus planant. Etant donné la durée des morceaux qui flirtent régulièrement avec les 10 minutes, nous n’aurons droit qu’a 6 titres et un rappel exécuté pied au plancher. Cela permettra néanmoins au groupe de faire la démonstration de toutes ses qualités, le concert étant finalement beaucoup moins linéaire que ce que les débuts laissaient présager.
Il ne reste plus qu’à souhaiter que Smoke Catapult (www.smoke-catapult.tk) nous offre d’autres soirées aussi réussies que celle-ci.
jihem
Dans le cadre de l’exposition d’affiches consacrée à Firehouse, le Kab de l’Usine proposait deux soirées rock. La première fut consacrée au collectif Artmode qui ne touche pas vraiment le petit monde du stoner si ce n’est que le vocaliste des Belges de Cowboy & Aliens participe au prochain album. La seconde quant à elle prévoyait Winnebago Deal et High On Fire.
Le duo anglais, qui a fraîchement rejoint Mondo Generator pour pousser la chansonnette avec Nick, n’a pas jugé utile de venir jusqu’à Genève. J’y crois à peine : ces types-là étaient prévus pour la tournée et hop ! Disparu de la circulation ! Les Ricains se pointent donc seuls ce mardi soir à Genève ; ce fût d’ailleurs le cas aussi le soir précédent. Bref passons sur ce sujet qui eut tout de même le doux don de m’énerver vu que c’étaient bien eux qui avaient motivé mon déplacement dans le sacro-saint temple genevois du rock. J’avais déjà vu High On Fire sur scène accompagné de Mastodon il n’y a pas si longtemps et en toute franchise j’avais pas passé une soirée désagréable, mais n’aurais pas bougé juste pour ces trois lascars.
Le trio ravageur qui du coup était seul pour animer la soirée débarqua sur scène en toute grande forme sur le coup des 10 :30 pour nous livrer un show des plus agressifs. Comme à l’accoutumé avec eux, la poésie n’était pas à l’honneur. Des batteries ravageuses, une basse épileptique, des riffs assourdissants et des vociférations d’aliénés, ce concert ne fut que débauche de bruits. Les vu-mètres dans le rouge en permanence (merci les tympans) j’avais pas jugé utile de me protéger) le show très redondant nous permit d’admirer la maestria du chef de meute à la gratte et de ses deux acolytes à la rythmique. Un truc que j’avais jamais vu sur scène se passa ce soir-là : une corde cassa sur la basse et, pendant que son détenteur procédait au changement avec ses ustensiles, les deux derniers complices poursuivirent le show sans même se donner la peine d’attendre que l’instrument ne vrombisse à nouveau. Accros à la rapidité de leur set, pendant lequel un nombre restreint de paroles furent échangées avec le public, le tapage peu mis en valeur par une sonorisation inspirée par les artilleurs de La Somme livra tout de même quelques moments de pure furie sonique assez plaisante à l’instar de ‘Speed Wolf’ tiré de ‘Surrounded By Thieves’.
Même s’il ne restera pas dans les anales de l’histoire du rock, ce concert me rabibocha avec ce groupe car le mélange d’énergie, de spontanéité et de dextérité dont font preuve ses membres est assez sensationnel sur scène.
Chris
Il est 20h45 lorsque Chris Cockrell et sa bande se décident enfin à monter sur cette petite scène du Den Hemel.
Personne ne sait ni ne comprend ce qui peut bien se passer dans la tête de cet individu, mais nous voilà en face d’un homme maquillé au marqueur avec une fausse balafre sur le cou qui,
peut être est ce une coutume dans le désert, nous balance des poignées entières de mini mars… La foule n’a d’autre réflexe que de s’écarter et l’effet comique est indéniablement raté.
L’après midi ayant été particulièrement arrosée, notre loustic n’a pas encore entamé sa première chanson qu’il réclame déjà une bière. Ce sera d’ailleurs le leitmotiv de sa soirée. Le concert en lui même est légèrement plus agréable que celui deux semaines auparavant au Hof Ter Lo d’Anvers. En effet, le son est déjà bien meilleur et la salle, pas forcément plus remplie, n’en reste pas moins plus dense de part sa taille réduite.
Les titres de leur seul et unique album s’enchaînent alors et le tout est assez convaincant car débordant d’énergie, surtout pour Chris je vous l’accorde.
Quoique le guitariste n’est pas en reste à se dandiner dans tout les sens avec sa Gibson plus grande que lui nous assenant quelques soli de guitare bien léchés.
Le bassiste, bien plus discret, assure sa partie sans sourciller, se contentant de temps à autres de quelques cris dans le micro. Les cris dans le micro, c’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’on entend du claviériste qui manque de puissance et c’est bien dommage. Le batteur quant à lui, est comme à son habitude, calme mais bougrement efficace. Il faut dire aussi que ce n’est autre que Alfredo Hernandez (qotsa, kyuss, ché, mondo generator, Yawning man etc…)
Au final, pour un album de 11 titres en 28 minutes, le groupe joue 11 titres en une bonne demi heure, le compte y est! La tournée européenne de Brant Bjork se déroule à merveille jusque maintenant et la fin de soirée qui nous attend ne sera pas là pour dire le contraire. Comme toujours, les Bros montent sur scène discrètement et s’installent tranquillement. Les premières notes de guitare retentissent et on constate d’entrée que la qualité du son est exceptionnelle. Les réglages sur la guitare de Brant lui donne un son d’une puissance inouïe qui sera pour beaucoup dans la réussite de ce concert. Car il faut le dire, ce concert de Brant Bjork and the Bros est une réussite totale, une soirée rock’n roll de rêve.
On peut reprocher à Brant de ne pas avoir fait évoluer énormément sa set list depuis ses dernières années mais les temps changent et on aura le droit à pas moins de quatre nouveaux titres durant ce concert. On retiendra en particulier Seventy Three ou Making the Pony Trot extrait du prochain album des Bros et qui nous laissent présager d’excellentes choses pour ce nouvel opus.
Comme à l’accoutumée, certains titres sont agrémentés de longs passages instrumentaux d’une qualité indéniable et on aura même le droit à une version de I miss my chick entrecoupé d’une reprise de Sunshine Of Your Love de Cream d’anthologie. Que dire aussi de ce Rock ‘n role d’une rare intensité? Un titre joué d’admirable façon vous laissant sur le cul, y’a pas d’autre mot!
Chaque chanson est ici interprétée par un groupe de musiciens dont l’accord n’est plus à démontrer, l’entente est parfaite.
Au bout d’1h40 de spectacle, les Bros se retirent, mais chacun dans la salle sait bien que ce n’est que pour une petite coupure le temps de reprendre son souffle. “Vous en voulez encore? on a encore le temps pour une petite heure”, voilà ce que l’on nous demande avant que les Bros ne reviennent sur scène. La suite du show n’est qu’une interminable apothéose, Alfredo Hernandez venant même donner un coup de main pour un titre qui restera gravé dans nos mémoires. La Concert s’achève sur un hypnotique Keep your cool très rarement joué en concert.
Bref, vous l’aurez sans aucun doute compris, ce concert fut un modèle du genre. Brant Bjork connaît le secret, la “magic potion”, en bon alchimiste il vous transforme des chansons de 3 minutes en jams de 20 minutes et en véritable orfèvre il peaufine tout cela pour nous donner l’impression que c’est naturel; mais au final, ne serait-ce pas tout simplement naturel? Le talent quoi!
Pour conclure, il ne manquait qu’une seule chose à cette soirée, la présence dans la salle de ces quelques fous qui pensent que Brant et sa bande sont “statiques”, “répétitifs” ou que sais je encore. Peut être auront-ils l’occasion de se reprendre en juillet pour la nouvelle tournée européenne de ce voyageur infatigable qu’est Mr cool.
Shinkibo
Affiche alléchante pour ce concert qui prend place la veille du Roadburn Festival. Tous les groupes (excepté Winnebago Deal) se retrouveront le lendemain à Tilburg et face à la renommée de l’événement, on peut se demander si le choix de la date est vraiment opportun.
Le seul avantage de ce concert est que les groupes se relayeront sur la même scène, ce qui évitera au public de devoir faire des choix cornéliens. Le début des hostilités est prévu pour 20h00, ce qui laisse le temps à certains de chercher la salle pendant 2 heures en visitant Anvers, qui est une très belle ville au demeurant. En attendant l’ouverture des portes, nous patientons au bar entourés d’une petite trentaine de personnes pendant que les stands de merchandising se mettent lentement en place. Dans la salle, Winnebago Deal fait un dernier ( ?) soundcheck, ce qui ne leur prendra pas beaucoup de temps (forcément, quand il n’y a que deux musiciens, c’est assez simple).
Les portes s’ouvrent finalement dans l’indifférence quasi générale et ce n’est que quand les premiers accords retentissent que le public daigne se déplacer. Shinkibo doit être le seul à se précipiter afin d’être bien placé pour ne rien rater d’un de ses groupes fétiches. Cela s’avère inutile car à l’image du groupe, le public est composé de deux personnes. La salle, bien que coupée par une tenture noire (les préventes n’ont pas du être terrible) semble démesurée et nous nous rendons au pied de la scène sans être obligé de jouer des coudes.
Visiblement, Winnebago Deal se fout bien de jouer devant une assistance plus que clairsemée. Ils enchaînent leurs morceaux hyper-énergique sans répit, comme s’ils voulaient profiter un maximum des 30 minutes qui leurs sont allouées. Le son est honnête et même un peu faible pour une salle de cette taille. Le guitariste/chanteur ne tient pas en place et son attitude scénique ressemble un peu à celle de Cobain, comme quelqu’un me le fera remarquer un peu plus tard. Il semble en tout cas très habité par sa musique et monopolise tous les regards pendant que le batteur assure une rythmique survitaminée sans avoir l’air de se forcer.
Les Ben’s sont rejoints par un mec venu faire quelques accords de synthé sur un morceau, ce qui semble un peu curieux et déplacé au milieu de ce déluge de guitares distordues. A la fin du concert, Michael Peffer (batteur de Brant Bjork) se pointe à côté de nous pour apprécier la débauche d’énergie du duo.
Bien que je ne sois pas un grand fan du Punk/Hard Core fuzzy de Winnebago Deal, force est de constater que ces mecs sont de furieuses bêtes de scène. Le genre de groupe à voir plutôt qu’à écouter peinard dans son salon. Après un rapide détour par le bar, on se retrouve à nouveau devant la scène pour Vic du Monte’s Idiot Prayer. Petite déception, leurs costards sont moins classe que sur les photos. Par contre, c’est Alfredo Hernandez qu’on retrouve derrière les fûts. Visiblement, ils n’ont pas eu le temps de lui trouver un costume à sa taille et il fait un peu tache avec son éternel short et sa casquette retournée.
Ils ouvrent avec « Dead Airline Ticket » et c’est la catastrophe. Chris Cockrell à beau sembler s’époumoner, sa voix est totalement inaudible ! Rajoutez à cela le bruit de la basse (j’ai bien dit « bruit » et pas « son ») et tous les éléments sont réunis pour décevoir les attentes que j’avais mises dans ce concert. Les titres s’enchaînent dans le même ordre que celui de l’album sans que l’incapable (pour rester poli) derrière la console ne se soucie une seule seconde de rectifier le tir. Bien que les musiciens ne soient plus très jeunes, çà bouge bien sur scène, particulièrement le deuxième guitariste qui réussira à débrancher sa guitare en plein solo à force de sautiller dans tous les sens ! Chris nous la joue bien rock’n’roll avec ses déhanchements et sa façon de partir à l’assaut du micro.
Sur certains morceaux, le groupe ne semble pas très bien en place mais ils viennent presque de descendre de l’avion et c’est le premier concert de la tournée. Le concert se termine avec « Connely 7 » et « Teen Baby » et je suis déjà impatient de les revoir dans de meilleures conditions. Alabama Thunderpussy prend possession de la scène après les 20 minutes réglementaires entre chaque concert. La salle commence à se remplir, la majorité des piliers de comptoir ayant visiblement décidés de nous rejoindre. Même si ces mecs ne viennent pas d’Alabama, ils ont bien un look de rednecks du Midwest. Mention spéciale au batteur colossal avec ces deux longues tresses et ses bras de bûcherons recouverts de tatouages.
J’avais découvert ce groupe avec l’album « Constellation », album qui proposait un Southern Rock matiné de heavy des plus jouissifs. Malheureusement, depuis « Staring at the Divine », le groupe a un peu perdu son côté rural pour nous proposer un heavy de qualité mais beaucoup plus commun. L’autre problème avec ce groupe est le changement incessant de personnel depuis quelques années et notamment le remplacement du chanteur, Johnny Trockmorton (dont le timbre directement identifiable contribuait à l’essence du groupe), par un hurleur quelconque.
Dès les premières notes, je suis frappé par la puissance du son de guitare d’Erik Larson. Il domine tout, rendant le deuxième guitariste inaudible sans parler de la basse. Seul le batteur s’en sort honorablement, mais il faut dire qu’il frappe comme une brute épaisse. Même si on ne perd pas grand chose à ne pas entendre le chanteur, le fait de le voir dépenser autant d’énergie dans le vide semble un peu ridicule. Je décide donc de reculer du bord de scène pour me poster près de la table de mixage. Et là, je commence à comprendre. Visiblement, le volume des amplis sur scène est plus haut que celui du système de sonorisation de la salle. C’est donc celui qui monte le plus ses potards qui l’emporte. Le crétin (fini les politesses) qui officie en tant qu’ingénieur du son est à portée de baffes mais je me retiens.
ATP joue un set axé essentiellement sur les deux derniers albums. C’est très puissant et dynamique, basé sur des riffs parfois très efficaces mais aucun morceau ne sort vraiment du lot. Même si le chanteur a une voix parfois irritante, il faut admettre qu’il alterne très bien les passages hurlés et ceux plus calmes. Il a aussi le mérite de beaucoup communiquer avec le public qui se réveille lentement.
Le concert se termine par « R.R.C.C. » dédié à la « working class » qui constitue probablement la base des fans du groupe et on se dit que ce groupe est définitivement a classé dans le rayon metal. Avec High on Fire, les choses deviennent sérieuses. Pour les avoir vu il y a quelques années, je sais que ce groupe ne fait aucune concession en concert. Si vous n’accrochez pas sur album, mieux vaut les éviter lorsqu’ils passeront près de chez vous. En effet, la puissance des compos est décuplée en live, flirtant toujours avec le metal extrême sans jamais y sombrer tout à fait.
Ils ouvrent avec « Devilution » et on comprend très vite qu’on va avoir droit à une bonne heure de pure agression sonore. Matt Pike, un pied sur son retour, déverse toute sa haine soutenu par une section rythmique des plus efficace. Cette fois-ci, c’est le son de la guitare qui laisse à désirer, beaucoup plus faible que le reste. Matt ira d’ailleurs plusieurs fois s’en inquiéter chez le technicien qui se trouve sur le côté de la scène.
La plupart des morceaux du dernier album y passent, entrecoupés des classiques que sont « Eyes & Teeth » ou « Hung, Drawn and Quartered ». Seul « Fame » sera tiré du premier album. C’est en concert qu’on se rend vraiment compte de l’importance de la batterie dans le son de High on Fire. Des Kensel est la pierre angulaire du groupe, assénant des rythmiques monstrueuses en privilégiant la puissance à la vitesse, bien soutenu par un Joe Preston toujours très carré (en tant qu’ex-Melvins, on peut lui faire confiance sur ce sujet). Pendant que les deux autres abattent un boulot énorme, Pike peut s’éclater en plaquant ses riffs d’une façon très agressive comme si la scène était un exutoire pour toutes ses frustrations. Le résultat de cette combinaison donne un show intense et hypnotique qui ne faiblit jamais.
Le concert se termine par « Speedwolf » et dès que les lumières se rallument, je suis frappé par la manière affable avec laquelle Pike répond aux encouragements de quelques fans pendant que Preston esquisse un petit pas de danse sur le morceau reggae diffusé par la sono. Comme quoi on peut faire partie d’un des groupes les plus agressifs du moment et ne pas se sentir obligé d’en rajouter des couches.
Après cette tuerie, je me réjouis à l’idée que le concert de Brant Bjork sera plus reposant pour les oreilles et la nuque. Il est presque minuit quand Brant Bjork & The Bros. commencent à installer leur matériel. Alors que pour les groupes précédents, le batteur se trouvait sur une estrade, Mike Peffer préfère monter sa batterie sur la scène elle-même de façon à être plus proche des autres musiciens. Même dans une salle énorme, ils parviennent à nous faire croire qu’on est dans un club en occupant seulement la moitié de la scène.
Comme d’habitude, le concert commence doucement avec « Lazy Bones » avant que Brant ne lâche le riff libérateur d’ « Automatic Fantastic ». Le groupe hyper-rodé par les tournées incessantes assure sans problèmes pendant que le sieur Bjork nous la joue décontracté avec son look qui me rappelle irrémédiablement celui de Cheech & Chong.
Ils poursuivent avec un nouveau morceau mais Brant s’agite brusquement à cause d’un problème de guitare. Pour une fois, la tête à claques au fond de la salle ne semble pas être responsable. Après avoir changé de jack et fait quelques réglages, le problème persiste et le groupe termine le morceau tant bien que mal. Tout le monde s’active afin de trouver une solution mais Brant ne semble pas satisfait. Matt Pike débarque avec son pré-ampli sous le bras mais rien n’y fait, la soirée sera définitivement marquée par les problèmes de son.
Après cinq bonnes minutes, Brant capitule et annonce qu’il ne jouera pas de guitare ce soir. On est un peu perplexe mais il vaut mieux çà qu’une annulation pure et simple.
Ce qui s’annonçait comme un concert un peu bancal deviendra rapidement un moment unique. Cortez reprend toutes les parties de guitare avec brio, Mike Peffer nous déballe son jeu toujours aussi démonstratif et Dylan fait groover l’ensemble de façon métronomique.
Brant profite des circonstances pour associer le geste à la parole en mimant quasiment les paroles des chansons. On a d’ailleurs l’impression qu’il raconte une histoire plus qu’il ne chante, sa gestuelle évoquant parfois du breakdance au ralenti agrémenté de mimiques irrésistibles. Il profite des passages instrumentaux pour attraper les bières et les joints qui lui sont tendus de toute part sans que cela ne semble réellement l’affecté.
Les classiques que sont « I Miss My Chick » ou « Rock-n-Rol’e » comportent leur lot de passages improvisés qui ravissent le publique. La complicité des musiciens est totale et on finit par oublier l’absence d’une guitare. Les morceaux s’enchaînent sans qu’on s’en rende vraiment compte, l’ensemble donnant l’impression de n’être qu’une longue jam. Brant profite de la présentation d’un nouveau morceau pour annoncer que le nouvel album s’intitulera « Saved by Magic » et qu’il sortira en juillet.
L’intérêt de voir ce groupe sur scène réside en partie dans le fait que chaque concert est unique et différent et que les morceaux ne sont jamais présentés dans une version fidèle. Celui-ci ne dérogera pas à la règle, bien au contraire.
Jihem
(Photos : shinkibo)
La foule des grands soirs était présente au RKC pour cet événement musical à mi-chemin entre le metal pur et dur et le stoner ;vu les t-shirts de groupe orienté très bourrin c’est surtout la tête d’affiche qui fit bouger tout ce monde.
Extol, que je ne connaissais absolument pas, ouvrirent les hostilités avec un metal mi-black mi-psychédélique qui me laissa ma foi plutôt froid. Certaines parties, trop courtes, me firent penser à Converge et l’énergie développée par le groupe à ce moment gagnait en intérêt… pour retomber platement dans les plans bateaux qui perdurèrent tout le long du set des chevelus.
Dozer, qui à eux seuls justifiaient ma présence en ces lieux, débarquèrent en excellente forme pour nous livrer, comme à leur habitude, un concert du meilleur tonneau. N’ayant rien de particuliers à vendre puisque le successeur de “Call It Conspiracy” n’est toujours pas sorti, le quatuor suédois se contenta de nous faire découvrir quelques nouvelles compos, du meilleur niveau, et interpréta avec brio ses morceaux les plus prestigieux. Tommi était ce soir-là dans d’excellentes dispositions et prouva une fois de plus que son jeu de guitare frise la virtuosité. Comme le public n’était pas venu voir Dozer, les amateurs comme moi eurent la chance de pouvoir assister sans être dérangé dans leur headbanging à ce show dont les moments les plus intenses demeurent “Rising” et “Supersoul”. Vivement la prochaine fois.
Mastodon, qui est sold out sur une bonne partie de la tournée, monta sur scène en toute fin de soirée pour clôturer cette cérémonie dédiée au Dieu Rock’n’roll. Toujours égal à eux-mêmes, cette bande d’allumés joua à fond des titres tirés de l’ensemble de leur discographie sans pour autant me convaincre. Très (trop) en place, leur set manque un peu d’âme à mon sens tant la mécanique semble désormais huilée. Plus rien ne paraît être spontané dans cette logorrhée sonique et ce ne fut qu’en toute fin de concert, qui malgré l’annulation de la date du lendemain à Milan ne dura pas bien longtemps, qu’un peu d’enthousiasme me gagna pour une excellente reprise des Melvins et “Hail To Fire” tiré de leur premier EP qui ponctua le show.
Chris
Malgré le froid et la neige, le Trabendo est plein à craquer pour le 3ème concert de la tournée européenne du groupe de Josh Homme. Contrairement au concert hollandais quelques jours auparavant, le feeling est bien meilleur car on a réellement l’impression que l’on va assister à un concert intimiste, le Trabendo étant beaucoup plus petit que le Paradiso d’Amsterdam.
C’est à quatre que les Queens Of The Stone Age montent sur scène et ouvrent le bal avec “Someone’s in the Wolf”. A peine ce titre terminé que Josh y va de son petit mot d’humour : ” Nous allons jouer quelques nouveaux titres ce soir. Si vous ne les avez jamais entendus, faites semblant que si et tapez dans vos mains. Si vous les avez déjà entendus, faites comme si ce n’était pas le cas “. Le groupe semble bien plus à l’aise qu’à Amsterdam la semaine précédente (notamment le nouveau bassiste Dan Druff) et la soirée promet d’être exceptionnelle. Malheureusement, on comprend très vite que Josh souffre d’une bronchite ce qui l’handicape énormément. Se souvenant certainement d’avoir déjà annulé des dates françaises par le passé (Paris et Strasbourg en 2002), notre grand rouquin a certainement voulu maintenir ce concert au Trabendo. Pour cause de maladie donc, certains refrains seront ‘zappés’ (“Tangled up in Plaid”, “No One Knows”) et pas moins de 7 titres inscrits sur la tracklist (qui en comporte tout de même 24) ne seront pas joués.
Mais ce que le show va perdre en durée, il va le récupérer en singularité. Tout d’abord, chose plutôt rare, le groupe va jouer pas moins de 5 extraits de leur album éponyme, pour le plus grand plaisir des fans de la première heure, dont un excellent “You Would Know” et une version hallucinante de “Regular John” rallongée avec des passages empruntés, dixit Josh, à la bande originale du film Crossroads (Ce qui vaudra au public d’assister à un échange plutôt sympathique entre Troy et Josh).
Ensuite, une fois n’est pas coutume, c’est dans un silence quasi religieux que Mark Lanegan entonnera le célèbre passage ‘The Blind Can Go Get Fucked …’ de “A Song For The Deaf” permettant au titre de gagner en intensité. Certainement un des grands moments de ce concert.
Au final, un concert beaucoup plus chaleureux que celui d’Amsterdam, tout en étant plus court. Certains seront peut-être légèrement frustré d’avoir assisté à un concert qu’ils espéraient plus long mais dans l’ensemble les fans semblent satisfaits. Ceux d’entre nous qui ont voulu prolonger le plaisir en restant quelques instant devant le Trabendo auront même la chance de voir sortir les membres du groupes pour une petite séance de photo/dédicace improvisée. Une très bonne soirée parisienne !
Set-list
Someone’s in the Wolf
If Only
Medication
Mexicola
No One Knows
Tangled Up in Plaid
Leg Of Lamb
Little Sister
Monsters in the Parasol
Burn The Witch
In My Head
A Song For The Dead
A Song For The Deaf
You Would Know
Avon
Precious And Grace
Regular John
shinkibo & stonerpope
Et oui, nous étions parmi les quelques veinards ayant réussi à obtenir des places pour ce 2ème concert de la mini-tournée de Queens Of The Stone Age.
A 21H30 précise (quel timing), le groupe ouvre le feu avec “A Song for the Dead” et sa petite sœur, “A Song for the Deaf”, déclenchant un début d’hystérie collective dans la fosse du Paradiso. C’est bien sous la forme d’un quintette que Queens Of The Stone Age a pris possession de la scène car contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou ailleurs, le grand Mark Lanegan est bel et bien là (et le restera pendant 10 titres, jouant du clavier face à Troy lorsqu’il n’est pas au micro), toujours aussi captivant.
Il règne pourtant comme un certain malaise. Le groupe n’a pas l’air particulièrement ravi d’être sur scène. Quant à Dan Druff, il semble perdu, cherchant sans cesse Troy du regard. Mais bon, ce n’est que son troisième concert avec QOTSA, donc on ne peut pas lui en vouloir outre mesure.
Mais revenons plutôt aux titres distillés par le groupe. Les nouveaux titres semblent vraiment taillés pour la scène. On pense ici surtout à “Burn The Witch” et à l’exceptionnel “Long Slow Goodbye”. De plus, on a le droit à quelques légères réorchestrations sur des titres comme “Monsters in the parasol” ou “First it giveth”. Non, finalement, pas grand-chose à dire du côté de l’interprétation, c’était nickel ; disons juste que l’on s’attendait à une ambiance beaucoup plus chaleureuse, après tout, nous étions censé assisté à un concert quasi privé pour célébrer la sortie du nouveau LP. On regrettera aussi une fin de concert un peu abrupte, avec juste un titre, “No one knows”, en guise de rappel.
Le résultat de tout cela, c’est un excellent moment passé avec les Queens, mais auquel il ne vaut mieux pas repenser sinon, on lui trouve quelques défauts.
Set-list
A Song For The Dead
A Song For The Deaf
First it Giveth
Burn The Witch
Someone’s in The Wolf
Hangin’ Tree
Long Slow Goodbye
If Only
Medication
Precious and Grace
Mexicola
Leg Of Lamb
Little Sister
Monsters in the Parasol
Avon
Go With the Flow
No one Knows
shinkibo & stonerpope
Environ 150 personnes ont bravé le froid et ont fait le déplacement ce samedi soir pour voir Hermano jouer dans ce minuscule café concert proche de la frontière Hollandaise.
A peine le temps de prendre une petite bière que Spoiler, le quatuor hollandais nourri à la musique des seventies monte sur scène. Pekke, Sydney, Arjen et Wobbe jouent quasiment à domicile et n’ont pas de mal à conquérir le public déjà nombreux. Des 8 titres joués par le groupe, on retiendra en particulier le fameux “Dirty black shades” et le cataclysmique “Electrifying”, reprise de la B.O. de Grease (‘You’re the one that i want. Ooooh, oooh, ooooh’).
2 pintes et une demi-heure plus tard, Hermano arrive sur scène. Tandis que Dave hurle dans son micro ‘Look at me, look at me, look at me, i’m the angry American’, John Garcia fait son entrée sous un tonnerre d’applaudissements. Et c’est parti pour une grosse heure et demie de musique. La quasi-totalité des titres de Hermano y passe : le vibrant “5 to 5”, le brutal “Cowboys suck”, ou encore l’aérien “Life”. Ce n’est que la deuxième date de cette tournée européenne et le groupe est déjà au meilleur de sa forme. Servis par un son énorme, Dave et Dandy se donnent à 200% et le jeu de Chris est tout simplement impressionnant (guerre en Irak oblige, on pourrait presque parler ici de frappes ‘chirurgicales’). Quant à John, force est de constater que malgré le temps qui passe, il n’a rien perdu de sa voix toujours aussi envoûtante. Après un vibrant hommage à son ex-compère de Kyuss (“Brother Bjork”) et un poignant témoignage d’amour envers son fils et sa femme (“My boy”), John fait venir sur scène une charmante demoiselle (dont j’ai oublié le nom) du staff d’Hermano pour une version endiablée de “Let’s get it on”.
Seul petit bémol, un spectateur éméché et défoncé au premier rang ne cesse de multiplier les gestes ‘déplacés’ envers John (on lui propose un pétard, une barrette de shit, on lui tient la main, on tire sur son T-shirt). Bref, du grand n’importe quoi. A mesure que la soirée avance, et malgré les blagues de Dave sensées détendre l’atmosphère, on sent John de plus en plus énervé par cet énergumène. Heureusement, en grand professionnel qu’il est, Sieur Garcia assurera jusqu’au bout. Après un énorme “Quite fucked” (chanson que John nous dit écouter le soir, pour se relaxer après une dure journée de labeur), le groupe remonte sur scène pour un rappel d’anthologie. A peine le temps de se remettre de “Senor Moreno’s plan” que Dave et Dandy entament les premières notes d’un “Green Machine” apocalyptique. La foule s’enflamme et le pogo qui s’ensuit nous ferait presque croire que l’on assiste à un concert de Slayer. Il est presque 23 heures quand John lance une dernière pique à son nouvel ami en demandant à tous les spectateurs de faire attention sur la route et de rentrer sains et saufs.
La leçon à tirer de cette soirée est que, contrairement à l’alcool ou à la drogue, la musique de Hermano est à consommer sans modération.
Set-list
Angry American
The Bottle
5 to 5
Life
Cowboys Suck
My Boy
Alone Jeffe
Let’s Get It On
Brother Bjork
Is This OK?
Quite Fucked
Manager’s Special
Senor Moreno’s Plan
Green Machine
Stonerpope
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