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Fu Manchu, Valient Thorr, Truckfighters, 25 Mai 2007, VK, Bruxelles, Belgique

On le disait perdu, hors du coup, supplanté par toutes ces jeunes formations qui le pillent sans vergogne depuis des années et pourtant, vendredi, il a fait taire tous ses détracteurs en deux riffs trois mouvements.
Ladies and Gentlemen, The Fu is back ! Et au vu de la prestation délivrée, on se gardera désormais de les enterrer trop vite.
Même si aucun album ne nous avait filé le grand frisson depuis Eatin’ Dust, le petit dernier semblait amorcer une courbe rentrante vers ce que le groupe sait faire de mieux, mettant un terme à sa longue traversée du désert. Pour ceux qui douteraient encore du retour en grande forme des rois du fuzz, petit flashback sur une soirée explosive pas vraiment annoncée. Le rassemblement avec les tribus du Nord ayant prit un peu de retard, notre arrivée devant les portes du VK coïncida parfaitement avec la fin du set fort court de Truckfighters. De Valient Thorr, nous n’avons en vérité pas grand chose à dire. Et même si c’était le cas, çà ne vous intéresserait pas. Alors on va éviter de vous faire passer inutilement des heures sur le net et aborder directement la raison de notre présence en masse dans la charmante salle de la moins charmante Rue de l’école.

Pour ma part, du dernier concert de Fu Manchu que j’ai vu, je me souviens surtout de la coupe de cheveux ridicule de Scott Hill, de sa guitare transparente et d’une set-list à bailler d’ennui.
Lorsqu’il est monté sur scène vendredi, il avait toujours cette même guitare, ses cheveux étaient à nouveau plus longs et il a attaqué par Pigeon Toe, un peu mollement d’ailleurs. Mais c’était un signe encourageant. Et dès que Bob Balch a enchaîné sur l’intro de Laserblast !, les choses ont pris une tournure inattendue et même inespérée.
Nos Californiens ont semble-t-il enfin compris qu’ils ne connaîtront jamais les joies de la célébrité, qu’il ne sert à rien de vouloir forcer les portes des radios en se faisant passer pour les Beach Boys du Stoner et qu’il est pathétique de répondre aux critiques en sortant un album gauchement agressif. Alors ils ont repris les vieilles recettes, ont concocté une plaque plus digne de leur pedigree dont ils ont extrait seulement trois titres en live, disséminé au sein d’une set-list de rêve. Pour le reste, ils n’ont gardé que le meilleur, piochant de façon équilibrée dans leur discographie déjà longue, faisant l’impasse totale sur Start The Machine (qui ne contient que des daubes mais constitue quand même leur avant-dernier effort), écrémant les deux albums
«cheveux-dans-le-vent» pour n’en retenir que les titres les plus forts (Boogie Van, Hell on Wheels, California Crossing, un Weird Beard dédié à Truckfighters avec clin d’œil de Bob Balch à l’appui et King of the Road en apothéose), exhumant même des vieilleries comme Saturn III et Grendel, Snowman et se gardant Evil Eye et Mangoose pour la fin avant de conclure par la reprise de Godzilla en compagnie des membres de Truckfighters et de Valient Thorr aux chœurs. Soit 1h15 de concert sans rappel (mais personne n’en a demandé puisque de toute façon, tout était joué), des titres courts envoyés sans fioritures ni digressions, un Scott Hill un brin frimeur qui fait son show pendant que Balch se charge de tous les effets et que la paire Davis-Reeder fait boum-boum-tchak-tchak bien en rythme. Le tout pour un concert parfait qui se solde malgré tout par une côte fêlée. On n’en demandait pas tant, mais c’est exactement comme çà qu’on les aime.
On vous le disait, The Fu is back !

Jihem

Brant Bjork, 26 mai 2007, Usine, Geneve, Suisse

L’extrême coolitude californienne avait rendez-vous avec son public genevois et environnant en ce dimanche soir pluvieux de mai. Après avoir usé ses semelles et une partie de son énergie, l’équipe du Kab vit enfin se pointer le véhicule transalpin que les Bros utilisent pour leur tournée à dix-neuf heure passée. Pas franchement dérangé, Brant et ses compagnons ont vaqué à quelques occupations et désaltération en attendant que la journée avance encore un peu car, à l’image de leur musique et de leurs prestations scénique, ces lascars-là sont d’imminents spécialistes de la décontraction. Une fois dégourdi, le quatuor a débuté un soundcheck empreint de nonchalance en bavardant un moment avec les occupants des lieux. Quand bien même ces garçons sont charmants, surtout Alfredo, c’est avec un certain empressement qu’ils furent conviés à passer à table pour apprécier pleinement la traditionnelle hospitalité des lieux. Une fois n’est pas coutume, le public nombreux commençait à s’impatienter dehors alors que la pluie s’abattait de manière quasi apocalyptique sur le parvis de l’Usine et que le groupe entamait, enfin, son repas.
Sur le coup des dix heures, la salle ouvra grandes ses portes pour laisser entrer une foule plus qu’honorable et à laquelle nous ne sommes pas vraiment habitués à Genève pour ce type de festivité ; les mauvaises langues diront que le lundi de Pentecôte férié en Suisse puisque les gens d’ici ne sont pas solidaires avec leurs aînés, ainsi que la disco rock qui allait suivre n’y étaient pas étranger, mais ne les croyez pas : les gens ont franchement bien adhéré à la chose.
Résolument pas pressés de se rendre sur scène, Brant et ses Bros commencèrent à investir la scène à onze heure et demie passé sans qu’il n’y eût la moindre première partie pour faire patienter les rockeurs de tous poils qui patientaient au rez du bâtiment.
Après une petite sélection de titres choisis et fournis par Brant, les Bros prirent place en face de leur public et leur meneur arriva comme à l’accoutumé avec son flying case pour en extraire sa strato au look bien keupon.


C’est au moment où je vis le bassiste se recaler face à un de ses ampegs et où les premières mesures étaient distillées que je me suis rappelé leur venue précédente et l’ennui qui m’avait gagné à plusieurs reprises durant le set. J’ai immédiatement chassé de ma mémoire ces désagréables souvenirs et me suis concentré sur le son délivré par ces étasuniens. Très en place, ils nous ont gratifié d’un concert plus que correct au niveau timing, mais qui prit du temps à prendre son envol. Un peu chiants au bout de la première demi-heure et pas vraiment interactifs avec le public ni même démonstratifs, ils m’ont à nouveau donné cette impression désagréable de jammer pour eux et rien que pour eux. Le setlist ratissa très largement en extrayant le meilleur de ‘Somera Sol’, dont je suis assez fan, comme ‘Shrine Communications’, Love Is Revolution’, qui est mon préféré sur leur dernière livraison et ‘Oblivion’. Car si je ne suis pas vraiment convaincu par l’exercice scénique de cette formation, je lui reconnais bien plus qu’un talent certain pour ce qui est de nous pondre d’excellentes compositions psychédéliques gorgées du soleil californien avec une bonne grosse dose d’influences seventies et, à mon sens, le dernier effort est ce que l’ex-Kyuss nous a pondu de mieux depuis ‘Jalamanta’. Pour ce qui est de son prédécesseur, ‘Get Into It’ et son riff imparable, demeure un des tout grands moments de ce concert très homogène.
Si on peut reprocher à juste titre à cette formation de ne pas être des bêtes de scène, il faut leur reconnaître une excellente maîtrise de leur art et un amour de l’exercice scénique puisqu’ils se sont produits durant presque deux-heure pour clore après un changement de corde de guitare réalisée avec leur empressement habituel. Le point positif est assurément le type qui est derrière sa batterie, lequel demeure un incroyable technicien frappant juste et fort avec un air totalement dégagé ; le point négatif demeure le mec à la quatre-cordes qui tourne le dos au public du début à la fin du show et dont seul les doigts semblent se mouvoir.
Tout comme d’hab, je ressors avec cette impression que c’était la dernière fois que je me bougeais pour les voir et tout comme d’hab je sais que je ne pourrai pas résister à l’envie lors de leur prochain passage dans les environs.

Chris

Queens Of The Stone Age, 8 et 9 mai 2007, Paris, France

Il n’y a pas à dire : quand les Queens of the Stone Age débarquent en France, c’est devenu un mini évènement. 
Ainsi, la bande à Homme était à Paris les 8 et 9 mai pour un passage dans les studios d’une chaîne à péage bien connue pour sa programmation cinématographique chaque premier samedi du mois, suivi, le lendemain, d’un concert à l’Elysée-Montmartre (le 3ème de leur carrière), le tout pour la promotion de leur cinquième album à paraître mi-juin : Era Vulgaris. 
Nous voici donc, shinkibo et moi-même, au studio 104, afin d’assister à l’enregistrement du live de la semaine. Il est quasiment 20H30 lorsque le groupe débarque, devant un parterre en délire… d’une petite centaine de chanceux fans ayant obtenu des places pour cet évènement. Je me croirais presque revenu en 1999 au Divan du monde avec ce public aussi nombreux. Bref, le groupe entame les hostilités avec le ‘Sick, Sick, Sick’ qui sonorise le site officiel du groupe depuis un bon mois maintenant. Le principe de l’émission étant de promouvoir un album au moment de sa sortie en nous en faisant découvrir des extraits en « live », nous avons donc le droit à 7 titres de Era Vulgaris. Dans le désordre, le groupe nous joue le magnifique ‘Into the Hollow’, ‘3s & 7s’, ‘Turning on the screw’, ‘I’m a designer’, ‘Misfit Love’ et ‘Battery Acid’. Une chose est sûre, on est bien loin des titres du premier album de QOTSA, album qui respirait encore le cactus baigné de soleil désertique californien. Outre ces nouveaux morceaux, cet enregistrement était pour nous l’occasion de découvrir les deux « bizuths » de la grande famille QOTSA, j’ai nommé Michael Shuman à la basse et Dean Fertita aux claviers. Que dire ? Personnellement, Fertita a été complétement transparent pour moi, à tel point que je serai bien incapable de le reconnaître si je devais le croiser dans la rue. Quant à Michael Shuman, sa performance m’a laissé pour le moins perplexe. En le voyant se démener, headbanguer, et bouger dans tous les sens, je n’ai pu m’empêcher de penser à un certain Logan Mader, guitariste de la grande époque de Machine Head (pour les incultes), qui sautillait, tel un farfadet, dans tous les sens….. et absolument pas en rythme avec la musique. Le barbu chauve n’a donc toujours pas de remplaçant digne de ce nom. Mais revenons plutôt à la performance du groupe. Une fois les 7 nouveaux titres dans la boîte, Mister Homme, d’humeur plutôt guillerette, nous prévient : il est temps de passer à du « Old Stuff ». C’est parti donc pour un petit ‘I think i lost my headache’, suivi du brûlot ‘Mexicola’ (vive le cactus). Puis vient le tour des « requests », ou l’audience demande les titres de son choix. Mettez ça sur le compte d’une soudaine passion pour Yves Lecocq, la voix des Guignols de l’info, mais notre shinki national ira de sa petite imitation de Chris Barnes, époque Cannibal Corpse, pour réclamer ‘Go With the Flow’. Et le pire, c’est que ça marche !!!! Un problème technique survenu au début de l’enregistrement nous permettra d’entendre une deuxième fois ‘3s & 7s’, avant que le groupe, et un Joey Castillo cataclysmique vienne clôturer la soirée par le furieux ‘A Song For The Dead’. Au final, il est un peu plus de 22H00 lorsque nous quittons le studio 104, et on se dit que finalement, c’était plutôt bien comme mini concert (gratuit) et qu’on a hâte d’être au lendemain. 

Nous revoilà donc le 9 mai, à l’Elysée-Montmartre, pour un concert ‘grandeur nature’. Première constatation : on sera un peu plus d’une centaine aujourd’hui. D’ailleurs, je n’ai jamais vu autant de monde attendre devant l’Elysée, entre les heureux détenteurs d’un ticket, les vendeurs à la sauvette, et les amateurs venus tenter dénicher la bonne affaire au marché noir. On ne reviendra pas sur l’organisation foireuse de cette date, initialement prévue le 15 juin, et qui a finalement laissé pas mal de monde sur le carreau. Les portes ouvrent à 19H00, et il faudra attendre 21H00 avant que le groupe prenne d’assaut la scène de l’Elysée pour un set… d’1H07 montre en main. Il y a quand même de quoi être déçu par cette brièveté, et ce malgré quelques bons moments. On retiendra donc le vraiment excellent ‘Into the Hollow’, le très sexy et sexuel ‘Make it Wit Chu’, le génialissime ‘Regular John’ ainsi que le tonitruant ‘Feel Good Hit of the Summer’ et ses paroles revisitées pour l’occasion (« Everybody knows you dance like you fuck »). Pourtant, l’ensemble ne décolle pas vraiment. Michael Shuman, son jeu de scène et ses hurlements Oliveriens sur ‘Feel Good Hit of the Summer’ (« cocaïne ») ne colle pas au tableau, Fertita est toujours aussi invisible, et Joey est en bien moins grande forme que le veille (petite dédicace au passage à un célèbre batteur nordiste qui, je le sais, a énormément apprécié le nouveau kit de son homologue). Espérons que le groupe se rattrapera lors d’un prochain passage dans les mois à venir. 

Setlist – Live de la semaine – Canal + – mardi 8 mai : 

Sick Sick Sick 
3’s & 7’s 
Misfit Love 
Turning On The Screw 
I’m Designer 
Into The Hollow 
Battery Acid 
I Think I Lost My Headache 
Mexicola 
Go with the Flow 
3’s & 7’s 
The Lost Art of Keeping a Secret 
A Song for the Dead 

Setlist – Elysée Montmartre – mercredi 9 mai : 

Sick Sick Sick 
The Lost Art Of Keeping A Secret 
3’s And 7’s 
Regular John 
Misfit Love 
In My Head 
Make It With Chu 
Into The Hollow 
Little Sister 
Burn The Witch 
Battery Acid 
Tangled Up In Plaid 
Go With The Flow 
Feel Good Hit Of Summer 
A Song For The Dead 

Stonerpope

Roadburn 2007, 20 & 21 Avril 2007, 013, Tilburg, Hollande

Devenu depuis quelques années l’évènement incontournable du microcosme stoner européen, le Roadburn répartissait cette année, et ce pour la première fois de son histoire, sa programmation sur deux jours complets, preuve s’il en est que ce festival ne cesse de prendre de l’ampleur. Le programme et les bruits de couloirs annoncent d’ailleurs une formule en quatre jours pour l’année prochaine, ce qui devrait permettre à chacun de mieux profiter de la pléthore de groupes proposés à l’affiche. Les quelques 2200 chanceux venus de tous les coins d’Europe (on dénombrait cette année une dizaine de nationalités différentes parmi les membres du public) pour vénérer le riff sacré auront eu droit pour cette douzième édition à une sélection impressionnante de groupes « majeurs » et principalement américains complétée par un tas de formations de moindre envergure mais toutes aussi prêtes à en découdre pour marquer les esprits d’un public avide de découvertes. Qualité et éclectisme pourront une fois de plus définir une programmation offrant la possibilité à chacun de se faire son festival à la carte, avec tous les choix cornéliens et les flux croisés de fans assoiffés de bière et de décibels que cela suppose. Il n’y a pas de Chill Out Room au 013, seulement trois salles qui ne désemplissent presque jamais et un labyrinthe de couloirs offrants au festivalier l’opportunité de se restaurer, de compléter sa collection de vinyles, de discuter ou de se perdre. C’est d’ailleurs ce qui failli nous arriver malgré une préparation soigneuse et un timing parfait pour le concert de The Sword. Invités sur le tard à inaugurer cette grande communion qu’est le Roadburn, les meilleurs riffeurs du Texas n’ont pas vraiment amélioré leur communication depuis leur tournée avec Nebula mais ils remuent désormais un peu plus, ce qui pourrait créer l’illusion qu’ils sont devenus un bon groupe de scène. Même s’ils tronçonnent sévèrement, les membres de The Sword ressemblent toujours à une bande de gars sans histoires propulsés directement d’un petit bar d’Austin vers toutes les salles d’Europe sans avoir eu l’occasion de consulter le mode d’emploi au préalable. Reste bien évidemment la qualité des compos, ces enchaînements de riffs à faire headbanguer un paralytique, ce son de gratte plombé comme on l’aime et un batteur très rigide derrière ses fûts mais dont la frappe sèche placera d’emblée la barre très haute pour tous ceux qui lui succèderont sur les différentes scènes. Quelques nouvelles compos viennent enrichir une set list de laquelle ressortent les déjà classiques « Barael’s Blade » ou « Freya » et on se met à espérer que les tournées consécutives en première partie de Nebula et Clutch porteront bientôt leurs fruits et permettront aux membres de The Sword de gagner un peu d’assurance sur les planches.

On nous pardonnera de ne pas s’être trop attardés sur Orange Sunshine, les locaux de l’affiche déjà présent l’année dernière mais désormais invités à inaugurer la scène principale, dont on abandonnera rapidement le Hard Rock 70’s assez bien foutu pour aller jeter une oreille furtive sur Pharaoh Overlord. La Green Room n’est qu’à quelques brasses et la traversée du couloir qui sépare les deux salles se fait sans encombre. Les Finlandais, impassibles, répètent leurs riffs minimalistes inlassablement, hypnotisant un public encore frais. Sur le deuxième morceau, les trois guitaristes et le bassiste se mettent à tourner lentement sur eux-mêmes à des vitesses différentes, entamant des oscillations en suivant le crescendo de la musique. Impressionnant.

On se reprend un jus de fraises avant la retraversée du couloir pour le concert de Clutch qui devrait commencer dans cinq minutes (tous les concerts commenceront exactement à l’heure prévue, le Roadburn est une affaire qui roule). Les roadies s’affairent avec zèle mais sans énervement sur la scène de la grande salle, secondé par Eric Oblander, le chanteur de Five Horse Johnson venu checker lui-même son harmonica. Les amplis sont religieusement disposés et leur vue nous donne déjà le sourire aux lèvres. Les musicos montent sur scène et c’est un Neil Fannon en grande forme qui apparaît à son tour. L’orgue est bien présent mais se planque discrétos derrière le mur d’ampli vintage de 1er choix (à vendre sa mère!) du gratteux. Tout est parfaitement en place et le sens de la jam session est bien au rendez-vous. Ce groupe est maintenant tellement accompli et uni que l’homogénéité de leur musique peut d’ores et déjà être qualifiée de sublime et légendaire. Histoire de faire les fines bouches, on regrettera un peu les disparitions sur le côté de la scène de Neil Fallon lors des passages purement instrumentaux. Il faut dire que le bonhomme monopolise toute l’attention, Tim Sult et Dan Maines se la jouant profil bas pendant que JP Gaster bastonne allègrement, même si son jeu de scène reste très basique. Ce ne sont pas Oblander et Wino, venus faire des apparitions successives en fin de concert, qui parviendront à lui voler la vedette. Le choix des titres issus essentiellement des trois derniers albums pourrait prêter sujet à discussion, mais bon… là, ça s’appelle jouer les sales gosses nantis parce que le concert fut magnifique.

Blue Cheer… hum, sans doute la déception de ce festival. Ok, les morceaux sont très correctement exécutés et les vieux titres (je sais, ils sont tous vieux, mais certains sont vraiment TRES vieux) comme « Doctor Please » ou la reprise de « Summertimes Blues » parviennent à filer un début de frisson, mais nos papys nous apparaissent tellement poussifs, rouillés et mous du genou qu’on est en droit de penser qu’ils sont venus en bénéficiant de la carte Vermeille. Le perfecto de Dickie Peterson sent la naphtaline et s’en deviendrait presque pathétique lorsqu’il tente désespérément de retrouver la flamme, penché contre son ampli. Loin de nous l’idée de jouer les petits cons ulra-branchés, mais il est évident que leurs morceaux ont mal vieilli et la longue plage horaire qui leur est accordée (1h15) fait retomber le soufflé qui avait tellement bien pris avec les groupes précédents.

J’abandonne Blue Cheer et j’hésite entre la fin du concert de Sun Dial et celui de Siena Root qui va bientôt commencer. J’opte stratégiquement pour les Suédois, la Bat Cave étant probablement plus accessible. Siena Root est un des groupes les plus « abordables » de cette première journée et il est composé de deux vikings, d’une version baba cool de Buzzo et d’une chanteuse très éloignée des stéréotypes du métal féminin, tout ce beau monde étant rejoint à la moitié du set par un guitariste aux allures de Popeye affublés de dreadlocks lui tombant jusqu’au bas du dos. Bon groove, solos bluesy et batteur un rien cabotin, les titres vintage s’enchaînent, pas vraiment renversant d’originalité mais joués avec beaucoup de feeling. On oublie un instant le gigantisme du Roadburn, les performances hyper carrées exécutées sans communion avec le public depuis une scène inaccessible pour se laisser emporter par la voix chaleureuse de Sanya et les gentilles jams qui égrènent le concert. Le bassiste passe aux percus et le guitariste derrière le Hammond le temps d’un titre ambiance feu de camp au fond des bois et ce n’est pas sans regret que je quitte la salle pour subir le déluge Melvuisnesque une deuxième fois cette semaine (Les Melvins jouaient à l’Ancienne Belgique il y a trois jours) après le petit numéro de cracheur de feu du batteur qui surprendra tout le monde.

Big Business et The Melvins, deux groupes qui sonnent différemment mais qui comportent en leur sein les mêmes musicos dans un line-up un peu varié. Big Business comprend le grand et fort Jared Warren à la basse et au “chant” et son acolyte Coady Willis derrière les fûts. Sur quelques morceaux, Dale Crover, le batteur des Melvins, assure la noise guitar. Ce sont ensuite ces trois lascars que l’on retrouve dans les Melvins avec bien sûr le célèbre King Buzzo (et sa coupe à la Tahiti Bob) à la gratte et au micro et Crover derrière le deuxième kit symétriquement similaire à celui de Coady Willis. Attention! Les deux groupes sonnent très différemment. Si le set de Big Business relève plus de la mélopée enlevée par une section rythmique sans faille et les aboiements de Jared, les premières notes envoyées par King Buzzo lors de son apparition nous plongent directement dans l’univers bien particulier et personnel des Melvins. Mais revenons à Big Business, un duo basse-batterie nickel-chrome survolé par le chant très particulier (entre le cri, l’aboiement et l’exhortation à très haute voix) de Jared d’une stature très imposante même dans sa toge super kitsch à l’hawaïenne. Sur la majorité des titres, Dale Crover envoie le bois avec la six-cordes ou plutôt participe à la création des atmosphères typées du groupe. La set-list fait la part belle aux titres du petit nouveau, s’ouvrant sur un « Hands Up » très énervé ponctué de la seule intervention de la soirée à l’adresse du public. C’est évidement parfaitement en place et on comprend sans peine ce qui a poussé Buzzo à les incorporer à son groupe. Willis est monstrueux d’efficacité, Warren ne fait rien pour mettre de l’animation sur scène et reste planté derrière son micro, laissant à Crover le soin de torturer sa gratte dans tous les sens en brassant un peu d’air.
King Buzzo pointe sa truffe armé de sa sublime Les Paul noire (il avait son mi aigu ce soir-là) et Dale Crover va prendre place aux côtés de Willis pour « Another Fourth of July … Ruined » , une sorte de marche militaire déjantée qui donne un avant-goût de l’impact visuel et sonore des deux batteurs, sur lequel ils enchaînent sans temps mort « The Talking Horse », l’entité Big Business muant instantanément en la nouvelle incarnation des Melvins. Le set n’est plus une surprise, constitué de la majorité des titres de « (a) Senile Animal » et rehaussé d’extraits de l’ensemble de leur discographie avec une prédilection pour les titres rapides. Néanmoins, leur prestation est cette fois encore splendide et intense. On reste béat d’admiration devant le travail des deux batteurs parfaitement synchros et on n’ose pas imaginer le temps nécessaire passé en répet’ pour obtenir un tel résultat. Les deux stars de la soirée, ce sont bien eux, ces batteurs siamois qui assurent le show dans les moindres détails, à tel point qu’on en oublierait presque Buzzo s’il ne remuait pas sa crinière de temps à autre. On ne sait pas très bien comment ces mecs parviennent à tenir deux heures tous les soirs avec un set visiblement identique mais d’une précision et d’une intensité totalement bluffantes et l’ovation qu’ils recevront en fin de concert, se congratulant debout sur leurs sièges respectifs après la chansonnette mystérieuse poussée par Jared Warren, est amplement méritée. Ce soir, Tim Moss ne sera pas obligé d’aller coller des pains aux membres du public frustrés qu’il n’y ait pas de rappel, comme ce fut le cas à Bruxelles.

Il commence à y avoir du monde et le public maudit l’architecte qui a prévu des couloirs aussi étroits entre les trois différentes salles. Il est quand-même possible de se frayer un chemin vers la Bat Cave où se produit Rotor. Ce trio teuton joue dans la plus petite salle, ce qui ne fait que rajouter à l’atmosphère torride de leur musique instrumentale. La fuzz est maîtresse tout au long du set mais une observation attentive permet de découvrir un travail tout en finesse entre le crunch, la fuzz et la wah-wah pour la gratte. La section rythmique est impeccable et joue également avec des nuances très appréciables. Un petit tour par la Green Room pour voir les Danois de Causa Sui . Est-ce du a l’heure tardive et au fait d’avoir passé près de sept heures collés aux enceintes ? Toujours est-il que la sauce a du mal à prendre pour un groupe dont le premier album m’avait pourtant fait très forte impression. Le gratteux prend des allures de Jimi Hendrix au fur et à mesure des morceaux d’une longueur impressionnante en raison des soli exécutés dans une ambiance de jam psychédélique. Et après la précision de Buzzo & Co, on ne parvient jamais à accrocher à ces longs crescendos qui se terminent invariablement dans un déluge de notes et de fracas de cymbales. L’intro a elle-seule dure près de dix minutes et même si quelques passages plus soutenus parviendront à nous sortir de notre torpeur, les titres défilent sans laisser aucuns souvenirs impérissables. Le chanteur manque un peu de voix dans cet ensemble très intense mais assure malgré tout derrière ses belles lunettes et ses poses à la Morrisson.

Il est près de 1h30 lorsque nous quittons Tilburg en ayant raté près de la moitié des groupes à l’affiche et notamment tous les groupes à tendance psyché qui se sont succédés dans la Green Room, ce qui se répétera malheureusement le lendemain.

En croisant quelques tronches de déterré dès notre retour au 013 le samedi, on se dit que la décision pas très rock’n’roll de rentrer sur Bruxelles entre les deux jours de festival n’était pas une mauvaise idée. D’autant plus que si la veille certains concerts permettaient de se reposer les tympans (enfin, c’est très relatif), la programmation de ce samedi est très orientée lourd, voir lourd de chez lourd. C’est d’ailleurs Acid King qui ouvre les hostilités sur la scène principale, ce qui est un peu regrettable. Avec un show de 45 minutes en pleine après-midi sur une scène gigantesque, le trio de San Francisco n’aura pas vraiment l’occasion de délivrer une prestation inoubliable. Lori, malgré son talent indéniable n’est pas une bête de scène et on la sent un peu perdue au milieu de tout cet espace vide. Toujours flanquée de Rafa à la basse mais désormais accompagnée d’un nouveau batteur, elle enfilera les titres essentiellement issus du dernier album, qui commence à dater, sans grande conviction, s’adressant brièvement au public en fin de concert. En vieille routarde capable de s’adapter à toutes les situations, elle ne manquera néanmoins pas de balancer ses riffs poisseux et ses solos acides, servie par un son hyper puissant, tout en faisant passer toute la douleur du monde dans ses lamentations toujours aussi fascinantes. Dans une petite salle en fin de soirée, ce concert aurait été complètement différent et aurait même pu devenir un des grands moments du festival.

Dix minutes avant la fin du set, on bifurque rapidos vers ma salle où les Suisses de Monkey 3 doivent se produire. Petite rencontre avec Peter et Patrick de Buzzville Records qui accompagnent leurs poulains pour l’occasion. Le groupe nous offre un superbe concert fidèle à leur excellent petit dernier déjà dans les bacs. Le son de ce groupe est précis et puissant. Quand la disto s’enclenche et que la basse et la batterie embarquent aussi pour la grande descente, c’est le tour en rollercoaster garanti. Ca commence vraiment fort pour ce samedi et la température est proche d’une usine équipée de fours à chaud. La programmation est un peu casse-pieds car c’est encore dix minutes avant la fin du set que nous devons nous éclipser pour voir The Hidden Hand. Wino électrise la salle dès son entrée, même si fidèle à sa réputation d’icône qui ne s’est jamais pris le melon, il vient de faire le soundcheck de ses nombreuses guitares lui-même. Malgré la valse des batteurs, The Hidden Hand demeure une machine parfaitement huilée capable de délivrer des prestations scéniques tout à fait bluffantes. La précision rythmique de Bruce Falkinburg et Evan Tanner offre un écrin sur lequel Wino vient coucher son jeu flamboyant, si souvent imité mais rarement égalé. Toute la discographie est visitée, le groupe interprétant même « Welcome to Sunshine » issu du split avec Wolly Mammoth et délivrant une version cataclysmique de « The Crossing » sur laquelle Bruce se sort les tripes derrière le micro. Le Godfather of Doom y va bien sur de ses poses et grimaces mais on sent que tout çà n’est jamais calculé, la scène étant pour lui un exutoire lui permettant de vivre intensément sa musique. Cinquante minutes, c’est un peu court mais suffisant pour me rassurer sur la bonne forme d’un groupe que je reverrai pour un concert complet quelques jours plus tard.


Décidément, tout se joue entre la Main Stage et la Bat Cave puisque nous retournons fissa mater un peu Amenra. La petite salle est ultra-bondée et il devient donc très difficile de profiter pleinement du groupe et de se plonger dans sa musique. De bons échos sur les prestations passées d’Amenra ont été entendus. Malheureusement, cinq minutes depuis le fin fond de la salle ne permettront pas de se forger une opinion.. Red Sparowes a une démarche conceptuelle: ce groupe instrumental tente de donner sa vision d’horreur du Grand Bond en Avant de la Chine entre 1958 et 1961 qui fit 30 millions de mort par la famine et la persécution sous Mao Ze Dong. Agrémentés de projections sur ce thème à l’arrière-plan, Red Sparowes joue aussi sur les nuances et les montées en puissance. Bien que n’ayant pas pu écouter leurs albums attentivement avant le concert (avouons-le), leur set est très bien ficelé et évoque le chaos et la destruction de manière personnelle et sincère. Baignés dans une pénombre rougeâtre permanente, les trois guitaristes alignés sur scène, parmi lesquels on trouve notamment un membre d’Isis, tissent des motifs complexes qui culminent en explosions sonores et offrent paradoxalement un moment d’apaisement et d’introspection bienvenu avant d’entamer le reste de la soirée. Mal inspiré, je quitte la salle pour aller voir Orthodox dont les membres sont tous vêtus de bures les couvrant de la tête aux pieds et leur Doom ultra lent et répétitif me semble tout à fait stérile en comparaison de la richesse des textures de Red Sparowes.

Nos jambes doivent maintenant payer leur lourd tribut à la fatigue et l’atmosphère étouffante dans les couloirs du 013 n’améliore pas les choses. On s’impatiente à l’approche de la perf d’OM dès 20h, d’autant plus que les roadies nous mettent l’eau à la bouche en amenant des amplis de basse dantesques sur scène. OM grimpe sur scène avec cette touche lymphatique très typique de leur musique à la fois d’humeur lourde, sombre et lancinante. Les deux gaillards de feu Sleep ne pressent pas le pas et font monter la sauce tout en douceur. Pourquoi se presser alors que la prog nous accorde une heure complète? Ce qui pouvait être discutable pour Acid King devient une évidence pour Om, ils n’ont absolument rien à faire sur la grande scène. Hakius a installé sa batterie sur le côté gauche, ce qui laisse à Cisneros un espace démesuré qu’il se gardera bien d’arpenté. L’usage abusif de psychotropes semble avoir laissé des séquelles sur son organisme et il restera prostré derrière son micro pendant une heure, se traînant parfois devant la batterie d’où Hakius l’observe avec un air de psychopathe. Le regard perdu dans le vague, il psalmodie ses paroles mystiques aux allures de mantras (comment fait-il pour retenir des textes pareils avec la moitié des neurones visiblement cramés, c’est un mystère) pendant que ces doigts remuent sur le manche de sa Rickenbacker avec une économie de mouvement proche de la catatonie. C’est le degré zéro de la présence scénique même si on n’attendait pas grand chose de leur part à ce niveau-là et on s’emmerderait sec s’il n’y avait pas ces compos envoûtantes et hypnotiques aptes à nous propulser dans un univers parallèle. Les deux premiers morceaux sont visiblement issus des différents splits (j’avoue avoir beaucoup de mal à distinguer leurs compos malgré le fait qu’ils en aient très peu) et la deuxième partie du concert est constitué de l’intégralité de « Conference of the Birds », les infra basses ruinant complètement l’ambiance si particulière de « At Giza ». Sans gratte, les basses fréquences depuis la main stage prennent des allures de mini-secousses sismiques. C’est tellement fort que j’en ai le cœur qui se soulève à chaque coup de bong (pardon, de basse), au point que je me tire après 3/4h en leur compagnie, non pas que le set soit mauvais mais leur ingé son doit avoir les basses fréquences de son ouïe tellement niquées qu’il est obligé de pousser tout à stock pour percevoir les sons. Vraiment dommage…

Pas de quoi pleurer pour autant puisque je m’éloigne fissa de la lourdeur des brumes oppressantes d’OM pour rejoindre le vol majestueux dans l’éther cher à Pelican. Pas évident de se mettre dans le trip en ayant raté les vingt premières minutes mais lorsque les grattes font parler la disto, c’est le re coup de réacteur salvateur qui me propulsent dans les cieux si délectables de leur post-rock instrumental trituré dans des riffs cinglants, des arpèges à vous faire pleurer et des impros subtiles sans tomber dans les travers de la prise de tête façon Causa Sui. Une nouvelle fois, après leur prestation luxembourgeoise une semaine auparavant, Pelican remet le couvert tout en subtilité et en patate. Décidément, ces types à l’allure si sobre et si humble sont épatants! Au même moment, Stinking Lizaveta se charge de mettre le feu à la Bat Cave exceptionnellement peu engorgée en raison du concert simultané du phénomène Pelican dans le Green Room. Groupe atypique et inclassable, ce trio américain quasi-instrumental (le guitariste « chante » parfois dans le micro de sa gratte et fait quelques voix), actif depuis dix ans et admiré par Steve Albini qui a produit deux de ses albums, fait ce qu’il appelle du Doom-Jazz et que l’on décrira comme un mix d’une kyrielle de courants musicaux à priori inconciliables. Atypiques, ils le sont à plus d’un titre en raison de l’utilisation d’une contre-basse électrique et d’une batteuse qui doit taper dans la quarantaine bien tassée, ce qui ne l’empêche pas de développer un jeu hyper technique avec une énergie et une dextérité proprement ahurissante. Malgré la chaleur, la fatigue et les tympans en bouillie, ils parviennent à me donner un sursaut d’énergie grâce à leur enthousiasme délirant même si leur musique n’est pas toujours des plus abordable. Le guitariste est particulièrement explosif, enchaînant des riffs inventifs et des solos fouillés, ne tenant pas en place et filant sa gratte à un membre du public pour un solo qu’il terminera lui-même avec les dents. Quand à la batteuse, un seul mot me vient à l’esprit : respect. Pour peu, l’impact visuel de son jeu vaudrait bien celui du tandem Crover-Willis de la veille, ce qui n’est pas un mince compliment.

Pas le tant de glander, je me sauve comme un voleur dès la dernière note pour aller voir Neurosis. Il y a du pour et du contre dans leur démarche. Trop triste émo pour certains, trop durs et noisy pour d’autres. Rien à secouer, même si ce groupe n’entre pas parfaitement dans les lignes éditoriales des zines stoner, il demeure néanmoins une référence difficile à classer. Il y a un constat sidérant à faire dès les premières notes: la qualité du son. On en a mater des groupes sur la main stage mais aucun d’entre eux n’a sonné comme cela. Le son est d’une puissance et d’un mix hors norme qui vous envoie dans les cordes au moindre envoi de bois. Lorsque les grattes balancent le jus, c’est une déferlante de puissance qui envahit la salle avec une célérité décoiffante. Le set est parfaitement exécuté et, dans ce déluge de patate, maîtrise parfaitement l’art du spleen et de la détresse humaine. Le public est raide mais en redemande et l’organisateur doit penser que le coup est bien réussi:Neurosis a bien été tourbillonnant du début jusqu’à la fin.

Pour clôturer ces deux jours d’orgie musicale, rien de tel qu’un concert de Colour Haze dans une Green Room où seuls les plus vaillants auront le courage de s’entasser pendant près de deux heures. Impossible de juger de la qualité de leur prestation, le set semble assez similaire à celui de la dernière tournée mais je suis épuisé et la seule chose dont je me souvienne, c’est de l’inhabituelle énergie déployée par Philipp Rasthoffer généralement plus discret. Est-ce dû aux dix minutes de méditation qu’il a effectué sur scène avant le concert, au désir d’achever tout le monde ou est-ce simplement ma perception qui commence à me jouer des tours ? Peu importe, je ne rêve plus que de calme et de confort jusqu’à la 13ième édition du Roadburn pour laquelle on espère néanmoins une programmation plus légère.

Thib & Jihem

Clutch, The Sword, Witchcraft, 17 avril 2007, Le Charlatan, Gent, Belgique

Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps : j’ai bien failli me contenter d’un “sublime” pour vous résumer cette soirée du 17 avril. 

Le Charlatan ouvre ses portes à 21 heures tapantes. Après quelques vaines tergiversations au stand T-shirt pour savoir quel modèle choisir, nous pénétrons dans le bar alors que WITCHCRAFT a entamé son set depuis 5 bonnes minutes. Le groupe est en train d’asséner ‘Witchcraft’, devant une salle déjà bien remplie et déjà très réceptive à la rythmique de plomb et au headbanging permanent de Ola Henriksson. En tout cas, tout y est : pantalon pattes d’éph, chemises larges, on a vraiment l’impression d’avoir fait un bond 30 ans en arrière (pour notre plus grand plaisir). Etant donné le programme chargé et l’heure tardive du début du concert, le set ne durera malheureusement que 30 minutes, le temps pour Magnus et ses 3 comparses de nous offrir en avant-première un morceau à paraître sur le prochaine album du groupe et qui ne laisse augurer que du bien. Nous en reparlerons sûrement sur Desert-rock. 

Quelques 20 minutes plus tard, c’est au tour de The Sword d’investir la minuscule scène du Charlatan. La batterie de Trivett Wingo est installée sur le devant, laissant peu de place aux 3 autres membres du groupe. Le groupe va pourtant se démener et nous régaler avec un set intense de bout en bout. ‘Freya’, ‘Winter Wolve’s’ et j’en passe. Impossible de ne pas taper frénétiquement du pied et headbanguer sur la musique de The Sword. Et encore une fois, on est un peu déçu que le set ne dure que 30 minutes car on en aurait encore bien repris un peu tant c’était bon. 

Il faudra attendre 23H15 donc avant de voir enfin Clutch pointer le bout de son nez. Et là, que dire ? Que Clutch est fidèle à sa réputation scénique, que le groupe est encore meilleur en live que sur album, qu’il règne entre les 5 compères une alchimie incroyable. Bref, Clutch sera monstrueux durant 1H45, enchaînant les titres sans temps mort (juste un “Thank you” de temps en temps). Qui plus est, on a beau connaître les capacités exceptionnelles de Neil Fallon, on reste vraiment scotché par sa puissance et performance vocale. En vrac, on a le droit à ‘Pure Rock Fury’, ‘Burning Beard’ ou encore ‘The Devil & Me’. Croyez le ou non, mais JP Gaster martèle ses fûts comme un dératé, comme si sa vie en dépendait, créant sur scène de mini secousses sismiques faisant trembler le mur d’enceintes situé juste derrière Dan Maines. L’apport de Mick Shauer est indéniable, donnant ainsi à chacun des titres une dimension quasi religieuse. D’ailleurs, Neil Fallon est tellement habité et vit chaque morceau de façon si intense qu’il donne l’impression d’un prédicateur venu apporter la bonne parole à un public du Charlatan conquis à la cause de Clutch. Le temps passe, le groupe nous offre quelques jams impromptus et parfaitement maîtrisés, Gaster y va d’un solo de batterie absolument cataclysmique, et, cerise sur le gâteau, le groupe est rejoint par Eric Oblander (de Five Horse Johnson) et son harmonica pour un ‘Gravel Road’, et un ‘Electric Worry’ encore plus impressionnant que sur skeud, à tel point que la salle reprendra le “Bang Bang Bang Bang! Vamanos Vamanos” en c(h)oeur. 

Il est 1H00 du matin quand nous quittons le Charlatan, des images plein les yeux et de la bonne musique plein les oreilles. Tout ça pour seulement 11 euros ! 

Stonerpope

Pelican, 13 avril 2007, Out Of The Crowd Festival, Esch-sur-Alzette, Luxembourg

Nos amis luxembourgeois nous avaient réservé une surprise de taille pour la 4e édition de leur Out Of The Crowd Festival: Pelican. Pour les infos sur ce fest, merci de vous reporter à la news du 10/04/2007. 

J’arrive pour le set des Bruxellois de White Circle Crime Club et leur noisy pop triturée me rappelle des amours lointains. Pas mal de gens dans la salle, surtout pour voir les gloires locales de l’émo-rock, à savoir Eternal Tango. Pas mon truc mais il faut avouer que les set est très bien tenu. Ensuite, These Arms Are Snakes (US) monte sur scène pour foutre le feu dans une débauche post-blues déjantée que les fans de Jesus Lizard n’auraient pas reniée. 

Il est minuit 30 lorsque les aigles, pardon les PELICANs, entament leurs premières notes. La foule a déjà commencé à déserter les lieux, peut-être par excès de fatigue, d’alcool mais surtout, à mon avis, parce que ce genre de musique n’intéresse guère les locaux trop heureux de s’être lâchés sur Eternal Tango. Enfin, tant pis pour eux parce que la musique de haut vol était au rendez-vous. 

Les 4 musicos nous montrent d’emblée une superbe cohésion en faisant la part belle au petit dernier (The Fire In Our Throats Will Bekcon The Thaw sur Hydra Head Records). La sensibilité et les montées d’adrénaline nous assurent un décollage riche en émotions et c’est dans l’éther apprivoisé, que les lascars nous maintiennent en état de parfaite lévitation. J’ai plané grave ce soir-là bien qu’ayant fortement limité ma conso d’alcool. 

Pas besoin de se faire des signes, pas besoin de voix, leur post-rock instrumental est parfaitement maîtrisé avec des plans magnifiques à la limite de la dérision tellement ils sont simples mais ô combien subtils et calibrés. Les types entrent eux-mêmes peu à peu dans leur propre musique et commencent à se contorsionner et à vibrer pour atteindre un état de transe par moment. Pour sûr qu’ils prennent leur pied! 

On attend surtout des grattes d’apporter une palette des couleurs donnant toute la saveur et l’intensité au set. Mais à côté de cela, il faut apprécier le remarquable travail du bassiste et du batteur qui, outre le pilonnage et soutien parfaits qu’ils assurent, se montrent également des grands sensibles tout au long des variations. 

Peu de gens pour ce baptême de l’air hier soir mais quelle prestation!

Thib

Hulk, Les Anges, 14 mars 2007, Le Grand Mix, Tourcoing, France

Tiens donc, Hulk passe en première partie du plus grand groupe de rock n’roll du monde, j’ai nommé les Supersuckers, à seulement 10 minutes de chez moi. C’est une occasion à saisir. 
Car, au moment ou j’ai acheté ma place pour ce concert, Hulk était encore Hulk, et pas encore Les Anges. 
Le groupe investit donc la scène du Grand Mix vers 20H30, devant un parterre quasi désert en ce mercredi soir. Enfin, ce n’est pas le groupe qui investit la scène, c’est Sandra Hagenaar, transfuge de Fifty Foot Combo, qui vient se placer à la gauche du public devant son Hammond. Et là, un certain malaise s’installe en moi et je me demande quel est l’intérêt de taper des “poses” à faire pâlir d’envie un Dave Wyndorf. Après une intro pour le moins étonnante donc, durant laquelle Sandra, tel un chef d’orchestre, bat la mesure en cadence avec sa main, le reste des Anges, c’est à dire les 3 musiciens de Hulk, fait son entrée. Premières notes de guitare, et bang, deuxième malaise. Nos 3 messieurs sont placés carrément sur la droite, complètement à l’opposé de leur nouvelle partenaire de jeu, laissant ainsi un espace désertiquement béant au centre de la scène du Grand Mix. En matière d’intégration de nouveaux musiciens, on a connu mieux il me semble. Bref, Les Anges jouent, et on ne sait trop ou regarder. A Droite pour voir Hulk, asséner des riffs assassins et des rythmiques de plombs ? A Gauche, pour regarder plus qu’écouter les mimiques parfois à la limite du grotesque de miss Hagenaar ? Bref, le groupe a beau enchaîner les titres, dont le déjà célèbre “Boys, Boys, Boys” qui a fait connaître le combo via son myspace, la performance scénique me laisse indiscutablement perplexe. Le seul véritable moment appréciable viendra, pour moi, lorsque l’organiste quittera la scène le temps d’un morceau. Bref, la prochaine fois que je verrais les Anges en concert, je fermerai les yeux pour concentrer sur Herr Mayer et son petit côté Elvis, et sur les frappes de Don Giacomo. 

Stonerpope

Eagles of Death Metal, 28 janvier 2007, Lille, France, 31 janvier 2007, Bruxelles, Belgique

Ce qui frappe tout en tout premier lieu, lorsque le groupe investit la scène de l’Ancienne Belgique, c’est le peu d’espace occupé par le matériel. 3 amplis, le kit batterie, et la moitié de la scène complétement vide. On pourrait craindre que ce trop plein d’espace nuise à la prestation du groupe. Il n’en est rien car Jesse Hughes et son incontestable talent de showman font le reste, appuyé par un Dave Catching fidèle à lui-même, un Brian O’Connor et sa grande silhouette patibulaire et sombre, martelant sa basse tel un métronome, et un Gene Troutman absolument divin en ce mercredi frappant ses fûts comme si sa vie en dépendait.


Voir le groupe dans deux configurations différentes est aussi l’occasion de constater que le groupe ne dégage pas la même énergie suivant qu’il joue devant un parterre de 400 à 500 personnes, pas complétement receptives à une musique pourtant très catchy, et un chaudron de plus de 1500 personnes toutes acquises à sa cause.


Servis en plus par un son beaucoup plus audible, le set Bruxellois se révèle donc plus intense et riche en moments forts que la prestation Lilloise du dimanche précédent. Qu’y a t’il de mieux que le très célèbre “Boys Bad News” repris en choeur par une fosse en délire, qu’une version ‘devilesque’ de “Stuck in the middle with you”, l’hymne rendu célèbre pas le Reservoir Dogs de Tarantino et que cette fosse enragée bougeant frénétiquement au son des riffs de “Speaking in Tongues”. En bonus, en plus du très célèbre “Brown sugar” des non moins célèbres Rolling Stones, les chanceux qui auront fait le déplacement dans la capitale du plat pays auront droit à une reprise des Ramones (qui ne fut pas jouée à Lille malgré sa présence sur la setlist) et de The Damned.


Seuls petits bémols, les gimmicks sont devenus “répétitifs”. En gros, Jesse Hugues aime trois choses dans la vie: le rock’n’roll, les femmes et la Belgique. C’est en tout cas ce qu’il prétend à longueur de concert tout en remontant ses manches 2.000 fois sur la soirée . L’enchainement de ces deux dates nous a permis de voir que les ‘effets’ de scène de Jesse sont minutés comme du papier à musique et interviennent toujours au même moment du set. On est donc bien loin du côté spontané et irréfléchi qui faisait tout le charme des sets des Eagles Of Death Metal lorsqu’ils n’avaient encore qu’un succès plus que confidentiel.

Stonerpope, Jihem (Photos : Shinkibo)

Cabron, 22 décembre 2006, Sojo, Leuven, Belgique

Petit club sympa et cosy au fond d’une ruelle (merci à Jihem en tant que guide), SOJO est néanmoins une institution à Leuven où des groupes comme Brant Bjork & The Bros, Ufomammut et Orange Goblin ont déjà usé les planches de cette antre.

C’est Kings of Things to Come qui a le privilège d’ouvrir le feu et la lourde tâche de chauffer le public. Jihem et moi arrivons un peu tard pour pouvoir se faire une idée réelle de la prestation du groupe. Applaudissements de l’audience (pour le groupe hein, pas pour notre arrivée…).

Bien entendu, Patrick et Peter de Buzzville Records sont présents puisqu’il s’agit de la soirée promo du premier album officiel du quatuor CABRON produit par le label. Cette CD release party s’annonce bien excitante au vu de l’affluence dans la salle (à 2 EUR l’entrée, on allait pas se faire prier). Poignées de mains chaleureuses, échanges sympas, les binouzes arrivent, ambiance détendue, le décor est planté.

CABRON monte sur scène et la section rythmique entend bien confirmer dès les premières notes qu’ils ne sont pas là pour faire de la figuration. Les tempos sont excellemment bien tenus et les grattes n’ont plus qu’à se poser sur une fondation rythmique solide et précise. Le chanteur balance sa voix claire et perçante avec aisance.

Côté visuel, le bassiste nous gratifie d’un chapeau haut forme et arbore une allure de Frank Zappa dénudé. Les 2 gratteux nous la jouent plus stylée avec leurs pantalons à pli, chemises droites, cravates et shoes de maffieux façon Chicago dans les années 30. Le batteur ressemble … euh … à un mec derrière une batterie avec une baguette dans chaque main…

Vu qu’il s’agit de la promo live de l’album éponyme sorti le 11 décembre 2006, CABRON fait la part belle à tous les titres de cet opus. La patate est là dès le départ et les morceaux se succèdent tambour battant. Le single Your Lessons Learned envoie le bois et le public s’électrifie de plus en plus. Comme déjà écrit précédemment dans la chronique de l’album, CABRON n’a pas ce qu’on appelle un gros son hyper-saturé. Que du contraire, ils ont plutôt opté pour un son certes distortionné mais pas à outrance en laissant les aigus et les médiums s’exprimer pleinement. Le tout est typé par leurs amplis et guitares vintage.

Mais quelle belle dynamique! Un peu à la manière de QOTSA, ils savent agrémenter leurs riffs de petites subtilités qui pimentent les morceaux et leur donnent une personnalité réelle en évitant les mélodies figées et simplistes. On remarque une grande complicité entre les musicos qui nous livrent un set au poil et bien rock’n roll. Il est clair que ces mecs doivent se connaître et jouer ensemble depuis une belle paire d’années pour afficher une telle cohésion dans leurs jeux respectifs.

J’abandonne mes libations pour m’approcher de la scène. L’audience bouge. Les applaudissements et autres yeah!!! fusent entre les chansons. Les mecs ont l’air de bien se marrer sur scène. Ca fait vraiment plaisir de voir des musicos prendre leur pied et transmettre toute cette énergie positive.

Le set dure depuis plus ou moins 50 minutes lorsque Carbon enchaîne Parascending, la dernière plage de l’album looooooooooooooooooongue d’une dizaine de minutes. Le morceau est planant et exécuté avec une montée d’adrénaline sans faille. Fin du premier acte.

Il est clair qu’on ne va pas les laisser partir comme ça. Le public en veut encore et c’est, ô surprise, 2 demoiselles en maillot de gym qui montent sur scène pour nous filer un cours d’aérobic. J’avoue ne pas bien comprendre la mise en scène. Il faut dire que mes neurones se sont taillés avec la journée de boulot intense et les 200 bornes que j’ai dû me taper pour atteindre la salle. En fait, il s’agit de la fille du bassiste et de sa copine, la première fêtant son anniversaire le jour-même. Le papa bassiste est tout sourire et les gaillards installent sur la scène des tonneaux façon tambours du Bronx. Les demoiselles sortent les bois pour nous les envoyer pendant une très longue session atmosphérique rythmée, entre autres, par les martèlements féminins des fûts.

Enfin, le set se termine par 2 covers d’AC/DC exécutées avec, pour l’occasion, une voix criarde et aiguë à souhaits. On rigole un bon coup et on en profite pour remettre des tournées. Le concert se termine et nous quittons la salle, non sans avoir vu bien des gens se rendre jusqu’à l’étalage pour acquérir l’abum de CABRON et autres merchandising. Patrick et Peter peuvent être contents: le groupe est fin prêt pour défendre son petit dernier.

De notre côté, nous remontons dans nos caisses et terminons la soirée à grands coups d’Orval, breuvage ambré et brassé dans ma région, la Gaume (sud de la Belgique). Il est 4h30 du mat’ lorsque le K-O technique est prononcé.

Thib

Monkey3, Colour Haze, 9 décembre 2006, Sojo, Leuven, Belgique

C’est un Sojo plein à craquer qui accueille ce soir la fine fleur du stoner européen, deux groupes à l’identité bien marquée dont les dernières livraisons ne cessent de générer des louanges amplement méritées. Monkey3 vient de confirmer tout le bien qu’on pense d’eux avec un « 39 laps » tout chaud qui pourrait bien être un des rares albums récents capable de déloger de ma platine le « Tempel » de Colour Haze. L’affiche est alléchante, les aficionados alléchés et comme d’hab’ en cas de grande affluence, cette petite salle va pour quelques heures se transformer en sauna dans lequel les non-fumeurs vont déguster. 

Lorsque j’arrive dans l’enfer de Louvain, les Suisses ont commencé sans m’attendre. Je les excuse, j’ai quelques problèmes de mobilité en ce moment (j’en profite d’ailleurs pour remercier Waco et François pour leur dévouement). Boris en impose dans son marcel, immobile en bord de scène pendant que derrière lui çà s’agite un peu plus. Les projections sur la grosse caisse sont toujours du meilleur effet, ce qui compense un peu l’absence de light-show qui doit rendre les concerts de Monkey3 encore plus hypnotiques. Ce concert s’axe essentiellement sur les morceaux du nouvel album, incluant l’incontournable « Electric Mistress » de leur premier méfait (il devait y en avoir d’autres, je sais plus, un moment je me suis complètement laissé emporter), un titre très électrique justement, qui tranche avec le côté plus atmosphérique des nouvelles compos. Entendez par-là que la guitare, bien qu’omniprésente, ne monopolise pas tout l’espace sonore et la grosse disto vient vous exploser les tympans avec parcimonie pour conclure les montées en puissance, ce qui lui donne d’autant plus d’impact. La plupart du temps, elle tisse des ambiances éthérées soulignées par des synthés dosés à la perfection et entrecoupées de déflagrations sonores à vous faire tomber de votre chaise, ce qui à d’ailleurs faillit m’arriver plusieurs fois au cours de la soirée. La section basse-batterie fait honneur à la légendaire précision suisse, s’emballant à l’occasion mais souvent plus encline à vous lobotomiser par son aspect répétitif qui vire au tribal sur un titre comme « Last Moulinao ». Le son est dense, compacte, c’est un maelström organisé qui vous arrive en pleine tronche et vous happe pour ne plus vous lâcher. Avant d’arriver, je me demandais ce que c’était le psycostoner. Une fois dans la place, j’ai rapidement pigé. C’est un truc qui s’attaque au cortex plutôt qu’aux tripes (même si elles sont aussi mises à contributions, mais c’est peut-être l’effet des liquides ingurgités la veille), servi par des mecs qui parviennent à rendre la complexité des compos avec aisance et maîtrisent parfaitement leur son, bien qu’ils semblent être les premières victimes de l’effet produit par leur musique. Bien sur, il n’y a pas beaucoup de place pour l’improvisation dans un concert de Monkey3, ils jouent hyper-carré, ne dévient jamais de la partition et restituent fidèlement ce qu’ils ont gravé sur album. Ce qui n’empêche pas leurs concerts d’être une expérience unique et confirme leur statut d’électron libre dans la galaxie stoner. 

Colour Haze n’est plus à présenter. Enfin on l’espère pour vous. Le trio allemand revendique la place de leader de la scène heavy-psyché européenne et bien que ce genre d’auto proclamation puisse paraître prétentieux, on est bien forcé d’admettre que peu de groupes soient en position de revendiquer leur couronne. Ce titre, ils l’ont forgé à coup d’albums irréprochables qui les ont vu se dégager progressivement de leurs influences pour créer leur propre style directement identifiable. Mais ce titre, ils l’ont également gagné en arpentant l’Europe inlassablement depuis des années, délivrant au passage des prestations d’une qualité rarement mise en défaut et ce n’est pas celle de ce soir, avoisinant les 2 heures, qui fera mentir leur réputation. Colour Haze dispose désormais d’une impressionnante série de bons titres pour construire leur set et ils ne se priveront pas de revisiter les trois derniers albums pour ne délivrer au final que peu de titres du dernier chef d’œuvre en date. Colour Haze, c’est le power trio dans toute sa beauté, la complémentarité parfaite entre trois musiciens d’exceptions capables de livrer dans le même morceau des passages aériens, un groove obsessionnel et un mur de fuzz en ne se départissent jamais d’un aspect très mélodique séduisant. Après une courte intro, ils rentrent directement dans le vif du sujet avec « I Won’t Stop », un de leur titre les plus direct qui donnera le ton du concert plus placé sous le signe du heavy que du psyché. Stefan Koglek est très en forme et ses qualités de guitariste ne sont plus à démontrer, l’alternance de longues phrases mélodiques et de gros riffs libérateurs atteignant des sommets d’efficacité sur les nouveaux titres comme « Aquamaria » et « Tempel ». Mais celui qui m’impressionne le plus est Manfred Merwald, le batteur au jeu virevoltant exécuté avec une ahurissante débauche d’énergie, laissant le soin à Philipp Rasthoffer, le bassiste impassible, de cimenter l’ensemble par une rythmique rigoureuse. Pour ce mec, un concert se résume à un long solo dont est proscrit tout plan binaire et son endurance rudement mise à l’épreuve ne faiblit jamais. Pour preuve, cette accélération démentielle à la fin de « Peace, Brothers and Sisters !», morceau-fleuve de plus de 20 minutes comportant un clin d’œil au Beatles en incluant le refrain de « Hey Jude » reprit en cœur par un public chauffé à blanc. En guise de rappel, les Allemands nous offre une jam composée de reprises de « American Woman » de Bachman-Turner Overdrive et « Into the Sun » de Grandfunk Railroad exécutées en roue libre par un groupe qui a rapidement su se lâcher pour livrer une prestation parfaite. « Plazmakeks », exécuté en second rappel viendra clôturer une soirée qui aura rempli toutes ses promesses avant de nous rendre à la nuit froide et humide, des images et des sons pleins la tête. 

Jihem

Buzzfest 2006, 28 et 29 Octobre 2006, Opwijk, Belgique

Bien qu’il n’ait pas encore l’ampleur de ses grands frères européens, le Buzzfest fut cette année encore l’occasion de découvrir ou re-découvrir sur scène une série de groupes prometteurs aux côtés de quelques pointures dont la réputation n’est plus à faire.
Organisé par Buzzville, le label belge géré par deux véritables passionnés, cette deuxième édition s’étalait sur deux jours, proposant au total huit groupes de cinq nationalités différentes. Le professionnalisme et la volonté de ne pas brûler les étapes, deux notions qui semblent être à la base de la philosophie du label, auront permis à l’événement de se dérouler parfaitement et de récolter un beau succès.


Tout commence le samedi soir au Negasonic d’Alost, un petit club tout en longueur où se succéderont Casa Grande, Glowsun et Bible of the Devil. A notre arrivée il y a plus de musiciens que de spectateurs dans la salle mais les retardataires finiront par arriver avant le début des hostilités. Casa Grande se distingue en deux points : L’abscence de bassiste et une fille derrière le micro qui s’en sort bien face à l’avalanche de gros son balancé par les deux gratteux. La seule ambition du groupe semble être de faire headbanguer l’assistance sans discontinuer au son de leur gros Heavy-Rock sans fioritures et ils y arrivent aisément même si un peu plus de variation dans les tempos nous éviterais l’impression d’entendre le même morceau pendant tout le concert. On pointera quelques breaks sympas, des passages qui évoquent vaguement Acid King (surtout dans la façon de chanter) et une volonté de passer un bon moment sans trop se prendre au sérieux. Il existe malheureusement des milliers de groupes comme Casa Grande dont le seul but semble être de divertir leur bande de potes pendant le week-end. C’est un peu dommage car on sent qu’ils ont le potentiel pour proposer quelque chose de plus personnel plutôt que de nous resservir des riffs certes efficaces mais un peu quelconques. Et puis une basse, quand on fait ce genre de musique, c’est peut-être pas aussi futile que çà.


Le fait que Glowsun se retrouve à l’affiche ce soir n’est pas du au hasard. Le groupe continue sa progression en enchaînant des dates de plus en plus importantes avec pour seul support une démo 4 titres et une réputation live qui ne cesse de grandir. On ne va pas vous en remettre une couche sur les qualités des Lillois, dont la prestation ne pourrait être décrite qu’à grands coups de superlatifs (j’exagère à peine). L’enchaînement de « No ! », « Inside My Head » et « No Way » permettra à chacun de trouver ses marques pour attaquer la deuxième partie du concert, constituée des compos les plus récentes qui mélangent toujours aussi habilement passages atmosphériques et riffs rageurs. On pointera particulièrement « Need » pour sa rythmique tournante imparable et son petit côté Qotsa old school, une future bombe qu’on a hâte d’entendre graver sur une rondelle de plastique (ce qui d’ailleurs ne devrait pas tarder). Même si Johan a encore quelques difficultés avec l’anglais, on le sent de plus en plus libéré sur scène et l’énergie, voir la rage, qu’il déploie ne laissera pas le public insensible. Il suffira de quelques morceaux pour rallier une assistance qui en redemandera après un set forcément trop court et écourté pour des raisons de timing, ce qui fait sourire quand on sait qu’il y a quelques mois à peine, Glowsun peinait à tenir la scène plus de 45 minutes. L’expérience accumulée commence à payer et il y a fort à parier que 2007 sera une année essentielle pour le groupe.


Le concert de Bible of the Devil a déjà commencé lorsque nous rejoignons le Negasonic après une petite escapade. Ces américains ont été bercés au metal des 80’s qu’ils nous resservent avec une énergie débridée, un peu comme si Maiden s’était contenté de ne jouer que ses morceaux les plus rapides en laissant de côté les passages les plus complexes. On aura donc droit aux duels de guitares, aux solos mélodiques assez réussis et à une rythmique sans fioritures, le tout jouer à fond, un concept qu’il semble avoir adopter comme philosophie de vie à voir leurs tronches. Au final, Bible of the Devil nous offrira un concert sans surprises mais pas déplaisant, du genre qui permet de passer un bon moment mais dont on aura tout oublier deux jours plus tard.

Le lendemain, le festival se poursuit dans une autre salle, le Nijdrop d’Opwijk. En fait de salle, il s’agit plutôt d’un hangar faisant partie d’une usine désaffectée. Comparée au Negasonic, la scène est immense mais l’endroit ne rassure pas vraiment quant à ses qualités acoustiques, surtout lorsqu’on le voit en plein jour. Patrick, visiblement satisfait de la tournure des évènements bien qu’il garde quelques séquelles de la soirée précédente, nous conduit vers les loges pour rencontrer les groupes à l’affiche ce soir. A notre retour dans la salle, Kube vient d’entamer son set.

Un des techniciens a du s’assoupir sur la commande de la machine à fumée car pendant ¼ d’heure, personne ne sera capable de distinguer les musiciens sur scène. Ce qui ne nous empêche pas de les entendre, au contraire. J’ai toujours pensé qu’on assimilait la musique de Kube à du stoner par facilité parce qu’on ne savait pas très bien où les classer. Ce n’est pas le concert de ce soir qui me fera changer d’avis. S’appuyant sur une section basse-batterie irréprochable capable de balancer un groove fiévreux sur un morceau avant d’envoyer du bois sur le suivant, les compos balayent large au niveau des ambiances, ce qui est parfois déroutant. La tension qui se dégage des instrumentaux à tendance à retomber lorsque le groupe enchaîne sur des titres à la structure plus classique qui du coup perdent de leur impact. Ajoutez à cela des vocaux trahissant parfois des influences plus pop qui tranchent avec une instrumentation entièrement dédiée à l’électricité et on se retrouve avec une formule difficilement cernable par les non-initiés. Quoi qu’il en soit, Kube livrera une prestation énergique riche en très bons moments et techniquement impeccable.


De notre rencontre avec les membres de Royal Bubble Orchestra quelques heures avant qu’ils ne montent sur scène, il ressortait une évidence : Le groupe est une véritable fratrie au sein de laquelle chacun s’investit à 150% pour gagner en reconnaissance. Une fois sur les planches, cela se traduit par une belle cohésion, chacun trouvant à s’exprimer sans qu’aucuns musiciens ne prenne le dessus même si l’excellente présence scénique du chanteur ait tendance à attirer tous les regards. Soutenu par une rythmique bien rôdée, le guitariste enchaîne les gros riffs aux solos bien construits, lâchant du lest pour la reprise très personnelle de « Lullaby » pour mieux replomber l’ambiance sur les titres les plus heavy où le chant puissant et mélodique vient faire contrepoint. Malheureusement, on a parfois un peu de mal à comprendre où RBO veut en venir avec des titres qui font le grand écart entre une influence 70’s et un traitement un peu trop moderne. « Time to Despair » et son refrain quasiment neo-metal en représente le meilleur exemple et on ne peut s’empêcher d’y trouver un petit côté racoleur qui fait tâche au milieu du reste.


De 3Speed Automatic on ne savait presque rien. Auteur d’un album sorti en toute confidentialité sur Nasoni, le trio batave fait dans le heavy-rock très orienté guitares avec plein de wah wah, des solos partout et une grosse dose de frime. Le batteur assure le minimum syndical tandis que le chanteur, qui tient accessoirement la basse ne se départira pas de ses lunettes de soleil ringardes malgré un light show des plus pauvre et nous offrira un étalage de poses wok’n’woll à faire pâlir d’envie Dave Wyndorf. La recette est usée jusqu’à la corde, rythmique monolithique d’un autre âge, vocaux dopés à la testostérone et branleur de manche de première, le tout saupoudré de quelques passages vaguement psyché pour rompre la monotonie. C’est bien exécuté (aucun groupe ne déméritera d’ailleurs sur ce point) mais sans grand intérêt à l’exception de quelques breaks presque audacieux et riffs pas vraiment mémorables mais suffisamment entraînant pour secouer la tête en rythme dans un pur réflexe conditionné par une exposition prolongée à la musique binaire.


Quand Generous Maria débarque, on ne joue plus vraiment dans la même division. Le groupe vient de sortir son deuxième album qui se démarque des habituelles productions suédoises. Le genre de truc auquel on revient inlassablement et qui finit par squatter la platine sans qu’on s’en rende compte. Le concert commence en douceur avec « Lil’ Crisis of Mine », histoire de se chauffer avant de balancer quelques uppercuts tels que ‘The Chillin Effect » ou la reprise de « Precious & Grace », titres qui permettront au batteur d’étaler ses talents de cogneur qui en impressionneront plus d’un. Les autres assurent comme des pros sans trop se faire remarquer, laissant au chanteur le soin de faire son show, rôle qu’il assume parfaitement grâce à un charisme inné qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Robert P. Le grain séduisant de sa voix donne un côté bluesy à l’affaire tandis que les guitares s’entrelacent subtilement pour donner de l’épaisseur aux morceaux, lâchant au passage quelques solos qui font mouche sans jamais verser dans la démonstration. C’est peut-être ce qui séduit chez Generous Maria, la volonté d’éviter les gros riffs tape-à-l’œil pour privilégier la finesse, chacun développant des parties complexes qui se combinent parfaitement pour nous offrir un résultat homogène et accrocheur. Le seul regret viendra de la durée limitée du set qui se conclura malgré tout par deux nouveaux morceaux dont un « Black Stone » qui laisse présager du meilleur pour l’avenir.

Pour clôturer le festival, place au poids lourd de la soirée, les incontournables suédois de Dozer. Je n’ai jamais été totalement convaincu par leurs prestations scéniques privilégiant souvent un volume sonore quasiment insupportable aux dépend d’un manque de finesse. Mais en 2006, ces piliers de la scène européenne peuvent s’appuyer sur une série de tournées à travers le monde et sur un 4ième album qui, bien que ne révolutionnant pas leur style patenté, apporte néanmoins quelques innovations. C’est pourtant avec « Supersoul » tiré de leur premier album qu’ils ouvrent les hostilités et il n’en faudra pas plus pour admettre que Dozer est devenu un rouleau compresseur qui ravage tout sur son passage en évitant tout préliminaires. Le nouveau batteur, qui n’a pas encore 20 ans, a parfaitement assimilé ses parties et ne se privera pas de faire une démonstration de son talent tandis que de part et d’autre de la scène, Tommi ne tient pas en place pendant que Johan headbangue comme un dingue, plié en deux sur sa basse. La set-list très axée sur le petit dernier revisite brièvement l’ensemble de la discographie malgré un set d’une petite heure. Bien qu’on n’attende pas vraiment de longues digressions de la part de ce groupe, les deux guitaristes abandonneront la scène à la section rythmique sur la fin de « Freeloader », le temps d’un petit break basse-batterie du meilleur effet avant d’être rejoint par Tommi pour une impro chaotique bourrée de larsens de près de 10 minutes. La deuxième partie du concert sera marquée par une excellente version de « Big Sky Theory » et sa rythmique plombée associée à l’un des meilleurs riffs que le groupe ai pondu, auquel est enchaîné une version très carrée de « From Fire Fell » qui clôturera le set comme il a commencé. Un petit rappel introduit par Fredrik seul à la guitare et ce Buzzfest s’achève avec le sentiment que Dozer n’est pas prêt à se faire piquer son titre de Rois de Fuzz.

Jihem

Glowsun, Phased, 29 septembre 2006, Le Kab, Genève, Suisse

Comme vous l’aurez peut-être remarqué, on aime bien Glowsun chez Desert-Rock. Certains pourraient même nous reprocher un certain favoritisme par rapport à tous les combos stoner francophones émergeants et un manque criant d’objectivité dès que nous évoquons le trio lillois. La raison de ce traitement de faveur est très simple : à force de croiser les membres de Glowsun sur la toile ou dans des concerts se sont devenus des potes. Outre le fait que ce sont des garçons très sympathiques, ils s’en sortent plutôt bien instruments en main, ont sorti une excellente démo dans les crédits de laquelle ils ont eu le bon goût de mentionner mon nom, balancent méchamment la sauce en concert et pour parfaire le tout, s’y connaissent bien en bière. Un tas de bonnes raisons pour accepter l’invitation de les accompagner dans leur périple suisse, sans compter l’opportunité de visiter le Kab’ et d’y rencontrer son équipe. La veille du départ, je rejoins le QG des nordistes sans me perdre, un exploit. La soirée se passe à essayer de charger le matos de la façon la plus intelligente possible, douter des talents culinaires de Johan et écluser gentiment quelques Affligem avant d’aller se coucher à une heure raisonnable en regard de la journée qui nous attend le lendemain. Lorsque je suis réveillé par les chuchotements de deux petits monstres généralement beaucoup plus bruyants, Johan a déjà parcouru quelques centaines de kilomètres avec les instruments afin d’anticiper les problèmes de douane. Après avoir retrouvé par hasard le sac contenant les pédales d’effets de Ronan, le départ se fait sans précipitation malgré l’excitation ambiante. Fidèle à lui-même, Feeb bat le rythme sur tout ce qui lui tombe sous la main pendant que Ronan, imperturbable, avale les kilomètres sans manifester le moindre signe de fatigue. Entre deux siestes, j’alterne les rôles de DJ et de GPS humain. La pause déjeuner en bordure des vignes champenoises sera marquée par un manque cruel de moutarde et des nouvelles rassurantes de notre éclaireur. Le bitume continue à défiler de façon monotone jusqu’à notre arrivée dans le Jura.

La vue d’une montagne m’emplit toujours d’émerveillement et de sérénité et tout le monde semble ressentir des émotions similaires dans la voiture qui entame les premiers lacets au milieu d’un décor verdoyant. Pour la première fois depuis notre départ matinal, les membres de Glowsun oublient un peu le concert qui les attends ce soir. A la sortie d’un virage, le lac Leman, immense, s’offre à notre vue et nous indique que notre destination est proche. Après un passage de la frontière qui ne sera qu’une formalité, nous arrivons enfin à Genève.

Trouvez une adresse dans une grosse ville inconnue un vendredi en fin d’après-midi n’a rien d’aisé et ce n’est pas sans mal que nous atterrissons finalement devant L’Usine. Le bâtiment imposant abrite deux salles, un studio d’enregistrement, un disquaire, un coiffeur, des chambres et quelques bureaux. L’endroit tient du squat reconverti en haut lieu de la culture underground. Le Kab’, la salle dans laquelle aura lieu le concert, offre une belle capacité et le plafond technique rassure le photographe qui sommeille en moi. Pas grand chose à voir avec les salles minuscules et les scènes éclairées par trois projecteurs et demi auxquelles je suis habitué. Nous sommes très bien accueillis par le maître des lieux qui nous indique les loges pendant que tout le monde s’affaire à préparer l’endroit pour le concert de ce soir. La grande pièce qui sert de loge a été entièrement redécorée par la kyrielle de groupes qui sont passé dans ces murs, couverts de stickers et de graff’. Le professionnalisme de l’équipe rassure les membres de Glowsun et toutes les conditions sont réunies pour que le concert de ce soir soit une réussite. Je les abandonne en pleine discussion avec les autres musicos à l’affiche pour rejoindre Chris au bar. Sa sobriété est de notoriété publique mais c’est le meilleur endroit qu’il a trouvé pour préparer le repas de ce soir en compagnie d’un membre du forum qu’il me tardait de rencontrer. J’espérais une spécialité culinaire locale mais ce ne sera malheureusement pas le cas. Je me rattraperai plus tard en testant les différents breuvages proposés, persuadé d’y perdre largement au change. Il faut bien l’admettre, les Suisses ont encore quelques lacunes en matières de bières et bien que dans un souci d’éviter tout jugement rapide, j’aie largement approfondi l’enquête, mon avis reste très mitigé. Trêve de digressions ethylogiques, le but de ma venue demeurant l’envie de m’en foutre plein les oreilles. Le Festival Underground, dont c’est la 16ième édition, propose une programmation très éclectique incluant douze concerts répartis sur trois soirées. Outre Glowsun, on retrouve ce soir Vlkodlak (metal médiéval), Mephisto Systeme (Rock indus) et Phased (Stoner). On passera rapidement sur les prestations de Vlkodlak (sur papier çà à l’air drôle, sur scène çà l’est 5 minutes bien que ce ne soit certainement pas le but recherché) et de Mephisto Systeme (grosse débauche de matos, look de circonstance et reprise de Nine Inch Nails inévitable. Pas désagréable à regarder, surtout depuis la droite de la scène, face à la charmante bassiste), non pas qu’elles furent mauvaises mais parce qu’elles sont hors-sujet.
A quelques minutes de monter sur scène, la tension est à son paroxysme dans le camp des Lillois. L’envie d’en découdre et de laisser une bonne impression est manifeste, d’autant plus que le public présent ne connaît probablement pas le groupe. Après une longue intro tout en crescendo, c’est un Johan complètement libéré qui attaque le riff de « No Way ».

L’accumulation de dates récentes commence à produire son effet et la machine tourne de mieux en mieux. Cela se traduit par l’absence de temps morts et d’hésitations, particulièrement sur les morceaux plus anciens et les mieux rôdés. Bien sur, Glowsun ne peut pas encore s’appuyer sur une longue expérience scénique pour proposer des sets hyper-calés et les fautes ne sont pas complètement absente de leur prestation. Mais au-delà de ces quelques erreurs de jeunesse, c’est surtout l’énergie déployée et l’implication des musiciens dans leur musique que l’on retient. Et puis, la force de Glowsun demeure le fait de proposer des compos variées et de qualité, ce qui au final reste le plus important. Alors que leurs concerts s’appuyaient essentiellement sur les quatre morceaux de la demo il y a quelques mois, le set de ce soir s’est considérablement étoffé de nouvelles compos qui rassure complètement sur leur talent de composition. Proposant toujours une grande diversité d’ambiances, ces morceaux collaborent à la définition du style original de Glowsun s’appuyant sur l’alternance de passages psyché et de gros riffs jubilatoires, le tout soutenu par une section rythmique assurant un groove omniprésent. Cette alternance crée une tension croissante qui se conclut souvent dans un déluge de décibels offrant à Feeb l’occasion de cogner comme un bûcheron, ce qu’il semble particulièrement apprécié. Seul regret, les jams improvisées qui émaillaient les concerts précédents sont passées à la trappe à la faveur des nouvelles compos en raison du temps imparti au groupe. Mais on évitera de se plaindre, Glowsun vient de livrer la meilleure prestation à laquelle il m’aie été donné d’assister jusqu’à présent et les progrès engendrés en quelques mois n’augure que du bon pour l’avenir.


Il n’est pas loin de minuit quand Phased investit la scène du Kab. Pour être honnête, je n’ai jamais entendu parler de ce groupe auparavant. Depuis, j’ai largement rattrapé mon retard tant leur concert m’a séduit. Fraîchement signé sur Elektrohasch, les Suisses (à vrai dire, ils ne sont pas tous Suisses mais il est tard, on ne va pas s’attarder sur des détails) ont déjà sorti deux albums et quelques 7”, existent depuis près de 10 ans et ont changé mainte fois de line-up. Leur style, ils le définissent comme du Psychedelic Deathrock, tout un programme. D’entrée de jeu ils attaquent avec une série de morceaux toute guitare dehors. Imaginez Hawkwind qui aurait brûlé ses synthés, jouant avec une énergie plus rock’n’roll, voir carrément punk et lorgnant largement du côté du Doom. Dans la musique de Phased, on retrouve pleins d’éléments qu’on a déjà entendu ailleurs habilement mélangés pour obtenir un rendu assez unique. Ce mélange hétéroclite fonctionne à merveille, certains aspects prenant parfois le dessus, ce qui donne au set de Phased un certain relief et permet de surprendre l’auditeur. Ajoutez à cela une très bonne présence scénique et un son à la hauteur et vous obtenez une belle découverte qui mériterait amplement de s’exporter hors de ses frontières.


La soirée se terminera finalement a 4h00 du mat’ à disserter sur l’intégrité jamais mise en défaut de Ian Mc Kay, avant de tenter de s’endormir au son des basses qui résonnent depuis la salle située face à notre chambre où se tient une soirée Ragga. Merci pour tout à Glowsun et aux gens du Kab’, on remet çà quand vous voulez.

Jihem

Hermano, 15 juillet 2006, Rock Herk, Belgique

Tout amateur de rock belge un peu éclairé vous le dira, le Rock Herk demeure, après 23 ans d’existence, un des « petits » festivals les plus sympas de l’été. De par sa gratuité et son cadre agréable, évidemment, mais surtout grâce à une programmation pointue et toujours riche en découvertes. Au programme de cette édition et en faisant abstraction des scènes Punk/Hardcore et Electro, on trouvera cette fois The Gossip, Animal Collective, The Constantines, Mono, les fabuleux Bellrays et coincé entre tout çà en début d’après-midi, Hermano. Les organisateurs ont en effet réussi à convaincre le gang de Garcia de faire un détour par le parc Olmenhof avant de rejoindre Cologne où ils doivent jouer le soir-même. Quatre concerts en trois jours dont deux en Belgique, on ne comprend pas très bien la démarche mais on ne s’en plaindra pas.

Une évidence s’impose en discutant avec les amateurs de stoner présents en nombre limité : Pour beaucoup, John Garcia représente l’âme du gang de Palm Springs, même s’il n’en a jamais composé un seul morceau, et à ce titre il est considéré comme un demi-dieu, une icône que l’ont vient vénérer. Ce qui laisse de marbre une grande majorité du public pour lequel il demeure un illustre inconnu. On ne se bouscule donc pas devant la scène quelques minutes avant le concert, moment que choisi un Dave Angstrom trépignant d’impatience pour faire un dernier soundcheck, ce qui consiste pour lui à entamer un morceau de Maiden (« The Number of the Beast » si ma mémoire est bonne) avant de rejoindre les autres membres du groupe sur le côté de la scène.


Avec 45 petites minutes pour convaincre, Hermano attaque de front avec « Cowboys Suck » et le ton est donné. Privilégiant les morceaux plus directs du premier album, le groupe a concocté un set explosif, offrant à Angstrom l’occasion de se défouler sans compter. Il faut bien l’admettre, la véritable star, celui qui finit toujours par attirer tous les regards, c’est bien lui, aussi doué pour les riffs assassins que pour les grimaces. Epaulé, par une section rythmique efficace mais discrète, c’est lui qui transforme des morceaux parfois un peu mou du genou sur album en concentré d’adrénaline, insufflant une énergie communicative, à tel point qu’on en oublierait presque la présence d’Olli Smit de l’autre côté de la scène. Facétieux et jamais avare d’un bon mot, il se permettra même de lancer l’intro de « El Rodeo » avant d’interrompre la clameur qui monte du public en annonçant que John Garcia ne désire pas interpréter de morceaux de son ancien groupe … Whithesnake ! Garcia justement, parlons-en. Malgré un certain charisme et une interprétation irréprochable, il reste froid et distant, communiquant peu avec tous ceux qui ne sont là que pour lui. Est-ce parce qu’il n’a jamais vraiment digéré la fin prématurée de Kyuss où parce qu’il refuse d’endosser ce rôle d’icône qu’on s’obstine à lui coller, toujours est-il qu’il n’arborera pas l’ombre d’un sourire. Appuyé sur son pied de micro pendant la majorité du concert (probablement une réminiscence de l’époque Kyuss où cette position lui permettait de ne pas s’effondrer sur scène, ceux qui l’ont vu en ’95 comprendront), il se contentera d’assumer son rôle de chanteur avec professionnalisme, laissant le soin à Angstrom de faire le show pour cinq. Cela n’empêchera le groupe de délivrer des versions furieuses de « 5 to 5 », «Landetta » ou « Alone Jeffe », démontrant une fois de plus qu’Hermano est avant tout un groupe de scène capable de convaincre tous ceux qui restent perplexe face à leurs albums.

Retour vers la scène principale pour voir Mono après un petit détour par le parc et les échoppes, le temps de dégotter le split Om/Current 93. Les conditions ne sont pas vraiment optimales pour assister à un concert du quatuor instrumental japonais qu’on imagine mieux dans une petite salle sombre. Le groupe parviendra néanmoins à instaurer une ambiance propice à la méditation et la rêverie grâce à de longues plages répétitives gagnant progressivement en intensité. Les passages plus débridés (n’y voyez aucuns jeu de mot un peu facile) resteront rares et d’autant plus marquants, Mono proposant plutôt une sorte de post-rock apaisant basé sur des parties de guitares complexes et bourrées d’effets. Le jeu de scène réduit à sa plus simple expression, les musiciens jouant la plupart du temps assis, renforcera le côté hypnotique d’une musique qui sur papier n’a rien pour plaire à un public venu s’enfiler des bières au soleil mais qui au final en séduira plus d’un.

Pour conclure une journée placée sous le signe de l’éclectisme, The Bellrays délivreront une prestation fougueuse dirigée avec classe par une Lisa Kekaula éblouissante. Une grande dame et une grande voix, assurément.

Jihem

Roadburn 2006, 22 avril 2006, Tilburg, Hollande

L’année dernière, pour fêter ses 10 ans, le Roadburn Festival était passé à la vitesse supérieure, proposant une affiche de rêve propre à séduire autant les fans de revival 70’s que les amateurs de doom malsain. Cette édition fut un succès énorme, installant définitivement le Roadburn comme l’événement stoner européen incontournable. Pour relever le défi de faire aussi bien, si pas mieux, que lors de l’édition précédente, les organisateurs ont cette fois-ci joué la diversité en proposant une scène dédié au Space Rock, s’offrant le luxe de convier quelques pointures du genre, Hawkwind en tête. Premier résultat de cette initiative, le public nombreux (les deux jours sont complets depuis plusieurs semaines) se partage entre jeunes chevelus venus de l’Europe entière et quinquas pas toujours verts partageant un goût immodéré pour les psychotropes en tout genre. 

Désireux de ne pas sacrifier sa vocation première, offrir une affiche mêlant groupes confirmés et jeunes pousses prometteuses, le festival s’étale désormais sur deux jours, proposant au total pas moins de 20 prestations réparties sur trois scènes. Le vendredi est donc consacré à la découverte avec Spaceship Landing, End of Level Boss et les deux locaux de l’étape, Astrosoniq et Toner Low tandis que le samedi, outre les dinosaures de la scène Space Rock, c’est la crème de la scène européenne qui a été convié à deux exceptions près, Brant Bjork & The Bros (qui, bien qu’américain pur jus, passe la moitié de l’année à sillonner l’Europe) et Solace dont c’est la première date de ce côté-ci de l’océan. On notera également la présence prsque incongrue de Leaf Hound, reformé par son charismatique chanteur Peter French avec l’aide de jeunes zicos fascinés par l’unique album du groupe, le cultissime « Grower of Mushroom » paru en … 1971 ! Autre innovation, le partenariat avec Orange Factory chargé d’assurer la programmation de la plus petite scène aux allures de club comme on les aime tant. 

Malheureusement, victime de son succès croissant, le Roadburn Festival ne peut éviter les écueils inhérents à ce genre de manifestation. Circuler parmi 2.000 festivaliers dans le labyrinthe qu’est le 013 pour rejoindre des salles transformées en fournaises devient rapidement pénible. Atteindre un bar autour duquel sont agglutinées des hordes d’allemands braillards relève du défi et se coltiner la gastronomie hollandaise requière pas mal d’abnégation. On pourrait passer sur ces détails pratiques et insignifiants mais il reste un problème de taille, le chevauchement des concerts sur les trois scènes. Impossible d’assister intégralement à toutes les prestations, ce qui entraîne quelques choix cornéliens et quelques déceptions. Il faut donc se la jouer montre en main et se présenter à l’entrée des deux petites salles 15 minutes avant chaque concert pour avoir une chance de rentrer, à moins d’avoir envie de jouer des coudes pendant la moitié du set. Après quelques heures on se surprend même à regretter les petites salles à moitié vides auxquelles tout amateur de stoner est habitué. 

Mais reprenons les choses a leur début. Suite à l’annulation de Capricorns et aux problèmes de santé de Dave Wyndorf, c’est Witchcraft qui ouvre les hostilités à 16h00 tapantes (les horaires seront d’ailleurs tous respectés à quelques minutes près). Les Suédois proposeront pendant une heure un set sans surprises, piochant dans leurs deux albums des morceaux qui se suivent et se ressemblent. Le son et l’interprétation sont impeccables, à tel point qu’en fermant les yeux, on pourrait croire qu’il s’agit d’un cd diffusé à très haut volume par la sono. Mis à part le look de berger pyrénéen du chanteur, il ne se passe absolument rien au niveau visuel, les musiciens restant trop statiques pour soulever l’intérêt du public. On saluera néanmoins la prestation vocale convaincante à condition de supporter cette accumulation de clichés, fond de commerce d’un groupe qui tente de sonner plus proto-doom que Pentagram à ses débuts, ce qu’il réussit au demeurant très bien, mais lui offre une marge de progression très restreinte. 

Après un court détour par la scène principale où Spacehead semble enchaîner des titres linéaires très orientés guitares sur fond de projections psyché d’un autre âge, sorte d’archétype de la vision que je me fais du Space Rock, c’est le retour à la Green Room pour être certain de ne pas rater une miette du concert de Solace. Rob Hultz débarque à grandes enjambées, pur redneck dans toute sa splendeur, pour effectuer un soundcheck et on se régale déjà de ce son de basse énorme. L’actualité du groupe étant des plus mystérieuses (rumeurs de split en plein milieu de l’enregistrement du nouvel album), on n’est qu’à moitié étonné de constater qu’un petit mexicain trapu seconde Tommy Southard aux guitares. Après un long instrumental et quelques problèmes techniques, Jason rejoint le reste du groupe l’air hagard pour entamer un « Mad Dog » d’anthologie. Le son est énorme, les musicos parfaitement en place malgré le fait qu’ils n’aient plus joué ensemble depuis pas mal de temps. Pour rajouter un impact visuel et en raison de la taille réduite de la scène, ils jouent la plupart de temps à quatre de front, l’air conquérant. Et effectivement on est subjugué par cette puissance et cette efficacité, cet empilement de riffs rageurs, cette rythmique dévastatrice et les vocaux irréprochables d’un Jason qui s’enfilera Heineken sur Heineken (intitulé un morceau « King Alcohol » n’a rien d’anodin). Southard, visiblement heureux d’être là, s’en donne à cœur joie dans l’alternance de lead plombés et de solos ébouriffés sans jamais virer à la démonstration et c’est d’ailleurs ce qui séduit, l’impression que chacun se met au service du groupe malgré la présence de quelques egos qu’on suspecte sur-dimensionnés. La setlist pioche de façon équitable dans les deux albums mais offre également deux nouveaux morceaux qui apparaîtront peut-être un jour sur une hypothétique nouvelle sortie. En apothéose, Ben Ward vient donner de la voix sur « Forever My Queen », reprise de Pentagram décidément très à l’honneur aujourd’hui et après une petite heure, Solace peut quitter la scène avec le sentiment du devoir accompli, ayant délivré une prestation à la hauteur de nos attentes. 

Orange Sunshine doit avoir commencé son set depuis vingt minutes quand je parviens à reprendre mes esprits. Après une remontée à contre-courant et une tentative avortée de se frayer un chemin vers le centre de la salle, je fais demi-tour vers la Green Room. Difficile en effet d’accrocher à la prestation des bataves en débarquant en plein milieu du concert censé être un hommage à Randy Holden (qui fut entre autre guitariste de Blue Cheer pendant quelques mois) mais qui en réalité n’est qu’une jam basée sur deux accords. Etrange de la part d’un groupe qui a sorti un chouette petit album très vintage dont il ne sera visiblement pas du tout question ce soir. Malheureusement, avoir quitté la Green Room était une erreur stratégique et c’est depuis le couloir que me parvient l’écho du concert de Leaf Hound. Difficile de juger de la qualité du come back dans ces conditions et pour pallier cette frustration, je décide d’écouter l’appel de mon estomac en me rabattant sur le stand de nourriture qui n’offrira qu’une très maigre compensation. Décidé à ne pas faire deux fois la même erreur, j’investis la Bat Cave à temps pour ne rien rater de The Heads, prudente résolution au vu de la vitesse à laquelle la salle se remplit. 

Bientôt la suite ou comment se faire broyer les tympans, planer sans artifice, headbanger à se rompre le cou pour finir par tomber amoureux. 

Jihem

Brant Bjork, 21 avril 2006, Batofar, Paris, France

Moins d’un an après leur dernière visite dans ce beau village qu’est Paris, les quatre musiciens infatigables qui composent le désormais célèbre Brant Bjork And The Bros sont de retour pour une date unique en France.
La première chose que je me demande lorsque j’arrive devant cet endroit atypique et au combien charmant qu’est le batofar, c’est ce qui va bien pouvoir différencier ce show de la cinquantaine d’autres concerts qui composent cette tournée européenne interminable. Est-ce l’heure à laquelle tout cela commence et finit ?
Pour des raisons d’horaires à respecter, le groupe devra quitter la scène au plus tard pour 22 heures et commencera donc à jouer un peu avant 20h. Ce n’est pas vraiment dans les habitudes du combo de jouer si tôt et j’ai l’intime conviction que ce n’est pas vraiment pour plaire au groupe et que c’est bien sous la contrainte qu’il se plie à toute cette mascarade. Est-ce l’endroit ?
Assurément, car le Batofar est à mon avis une salle parfaite pour le groupe, tant par son atmosphère et son ambiance que par sa capacité réduite… Et il faut bien dire que malgré la réputation du guitariste vedette, la salle est loin d’être remplie. Je trouve d’un point de vue strictement personnel que c’est bien malheureux. Voilà un artiste qui fait une musique de qualité et dont les concerts sont à chaque instant de purs moments de bonheur, mais malgré tout, le public français reste pour sa majeur partie insensible à tout cela. Est-ce le fait de jouer seul ?
Toujours pour des questions d’horaires qui m’échappent un peu, le groupe jouera seul ce soir. A la place de Loading Data qui avait parfaitement officié la dernière fois il n’y aura personne. Là encore, c’est bien dommage car plus d’un groupe rêve d’ouvrir pour un groupe comme celui-ci. Toujours est il que le concert de ce soir sera une nouvelle fois un ravissement, un vrai moment de plaisir que beaucoup vont manquer sans même s’en rendre compte.

Comme à son habitude, le groupe entame le show par leur enchaînement Lazy Bones/Automatic Fantastic devenu incontournable et tellement efficace pour nous plonger directement dans cette ambiance si particulière que seul Mr Cool peut créer. Ces titres, déjà joués des centaines de fois sont ici légèrement modifiés en particulier pour une partie instrumentale agrémentée de quelques sons de guitares peu habituels mais au combien agréables. L’enchaînement avec ’73 est bluffant. Ce titre extrait du dernier album coule de source tant le lien avec l’esprit du premier album solo de Brant est évident. Et il ne faut pas attendre très longtemps pour voir un troisième album du groupe représenté avec un Gonna Make The Scene impeccable.

C’est sur le titre suivant que la réputation du groupe de savoir transformer un titre en musique obsessionnelle et envoûtante prendra véritablement tout son sens. En effet, la partie instrumentale sur The Ultimate Kickback se transforme en quasi-impro nous prouvant une nouvelle fois que Brant a bel et bien rangé ses baguettes au placard pour vivre pleinement sa nouvelle passion, la guitare. Il aime jouer de cet instrument et on lui pardonnera quelques maladresses tellement son envie de bien faire fait plaisir à voir. L’occasion une fois de plus de saluer le reste du groupe pour sa rythmique impeccable et infaillible en particulier lors des « échanges musicaux » entre Brant et Cortez dont le talent est de mieux en mieux exploité au sein du groupe.
Tout comme Automatic Fantastic, Low Desert Punk se voit agrémenté d’une nouvelle partie instrumentale qui ravit les habitués de cet incontournable titre de Jalamanta. L’ambiance générale est très bonne et Brant y va de ses quelques petites remarques et remerciements, certes convenus mais toujours les bienvenus.

C’est une surprise lorsque le groupe entame le titre Paradise On Earth extrait de leur dernier album. Je ne pensais jamais voir ce titre plus proche d’un « spoken word » que d’une véritable chanson interprétée un jour sur scène. Et ceux qui comme moi connaissent assez bien le répertoire du groupe auront certainement remarqué que les paroles de ce titre ont pour l’occasion totalement été modifiées et sont en partie improvisées.
On continue la (re)découverte de Saved By Magic avec le riff et la rythmique superbe de Gonna Make The Pony Trot qui s’enchaîne sur un titre de Ché, groupe éphémère mais très important dans la carrière de Brant Bjork. The Knife est un titre bougrement efficace et représente à mon avis parfaitement ce que l’on appelle le desert rock, essence même de cette musique qui porte nos rockeurs du soir.
Décidément on peut dire que l’évolution du set depuis la dernière fois que je les ai vu est flagrante car c’est au tour de I Miss My Chick de me surprendre par une partie instrumentale retravaillée. On a souvent comparé Brant Bjork avec Jimi Hendrix (pas forcément par les capacités à manier une six cordes entendons nous bien) et je n’ai jamais véritablement été d’accord avec ce rapprochement. Mais force est de constater que de voir jouer Brant avec sa guitare sur ce titre ne peut que prêter à confusion tant la gestuelle et même le son sont indéniablement proches de ce que pouvait faire le génie de Seattle. Ajoutons à cela l’interlude constitué d’une reprise de Cream (Sunshine Of Your Love) et on se retrouve directement plongé dans la fin de sixties en plein festival rock devant une foule de 400 000 personnes.


Pour ce remettre de toutes ces émotions, le groupe enchaîne alors avec un Sweet Maria’s Dreams relaxant et reposant. Titre inhabituel dans le répertoire live du groupe, je me demande si ce choix n’est pas lié à l’état physique de Mike Peffer. En effet, le bougre traîne la patte et se déplace avec une béquille, avouez que pour un batteur ça peut être gênant. Mais lorsque l’on dit que Mike se sacrifie pour sa musique et qu’on a parfois l’impression d’une souffrance lorsqu’on le regarde, je crois qu’on peut aujourd’hui prendre tout ça au premier degré. J’ai un profond respect pour ce batteur et je trouve son jeu admirable et je dois dire que ce n’est pas avec ce concert que l’on m’ôtera de l’idée que ce mec mérite sa place au panthéon des batteurs, au même titre que Brant Bjork d’ailleurs.
Repos de courte durée pour l’ami Mike puisque le très bien nommé Rock’n Rol’e le met à rude épreuve… et nous aussi !
Cela fait maintenant plus de 100 minutes que le concert a débuté et il nous reste encore un petit bout de chemin à faire ensemble ce soir. C’est sans plus tarder que Get Into It nous fait entrer dans la dernière ligne droite, l’ultime effort avant le couvre feu. Et c’est là que je me dis à quel point le dernier album du groupe est excellent. De plus en plus représenté lors des concerts, les titres qui le composent ont un potentiel scénique évident. En témoigne le titre instrumental Cool Abdul qui fait la part belle aux jams très fines et superbes.
Intimement persuadé que ce titre calme clôturerait la soirée comme Lazy Bones l’avait commencée quelques deux heures plutôt, je m’imaginais déjà au prochain show du groupe une quinzaine de jours après. Mais c’est sans compter sur notre quatuor boulimique de riffs et jams en tout genre. Après un petit mot de Brant Bjork sur l’obligation d’arrêter le concert pour des raisons d’horaires qui lui restent certainement encore en travers de la gorge, le groupe se lance pour un dernier titre d’anthologie. Un Adelante de tout beauté avec une partie instrumentale rehaussée par les paroles de Captain Lovestar, et ce n’est même pas un rêve, c’est bel et bien là, en train de se dérouler sous nos yeux et j’ai peine à y croire. Le final est ahurissant et le public assurément conquis par ce spectacle colossal. Et pendant ce temps là, Dylan faisait face à son ampli….

Shinkibo

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