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Monster Magnet, Nebula, 29 novembre 2008, Rockstar Live, Bilbao, Espagne

Quelle saloperie cette salle : soi-disant une bonne idée, elle est planquée dans un recoin en haut d’un immense complexe commercial en banlieue de Bilbao, centre commercial qui, un samedi soir, se révèle un enfer pour 4 roues ! Bref, une bonne heure perdue, ça commence mal ! J’arrive donc après le début du set de Nebula. Les boules, toutes oreilles dehors, j’en fais mon deuil et profite de ce qu’il reste, à savoir quand même une bonne demi-heure de concert. Et Nebula en live, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Pourtant le jeu de scène du combo se résume à quelques mouvements seulement : quelques balancements pour Tom Davies, les yeux généralement fermés cachés derrière ses cheveux, penché sur sa basse. Quant à Eddie Glass, il n’est pas non plus le frontman le plus locace et déchaîné. Malgré ça, la musique hypnotique du combo fait immédiatement mouche : les riffs pointus de Glass, et la basse vrombissante de Davies font superbement ménage, parfois réveillés par un solo de guitare aérien, le tout bien balancé par la batterie emplie de groove de Rob Oswald. Le régisseur, sans doute hypnotisé par le space-rock du combo, n’y va pas de main morte sur la fumée, qui emplit la scène régulièrement, masquant presque totalement le groupe (à l’image du public d’ailleurs : en Espagne il est toujours autorisé de fumer dans des lieux publics, et les cigarettes qui font rire sont de sortie), mais ceci participe à l’ambiance générale (et force à se concentrer sur la musique !).
Excellent set des californiens, donc, encore une fois impeccables. A revoir vite en tête d’affiche !


A propos de tête d’affiche, Monster Magnet déboule sur scène et, le choc ! Dave Wyndorf, l’arrogant, le fringant chanteur (et occasionnellement guitariste) leader du combo, a pris quelques dizaines de kilos. On l’a toujours connu filiforme, torse nu sous de prétentieuses vestes à manches courtes, pantalons en cuir moulants, etc. Le voir ainsi bouffi par les médocs donne une impression étrange, limite malsaine. Mais ce sentiment est vite remplacé par un respect retrouvé pour le musicien, qui finalement se concentre et se donne à 100% sur son chant et sa gratte, incarnant les hymnes de MM avec probablement plus de conviction que depuis plusieurs années : l’arrogance crasse qui pouvait en offusquer certains a laissé la place à une humilité et une envie bien plus saines, l’occasion enfin de se pencher sur la musique du groupe d’abord, et sur son leader ensuite !


Dont acte, et la set list proposée ce soir parle d’elle-même : un démarrage bien space avec “Dopes To Infinity”, puis les deux premiers titres de “Powertrip”, avant que tous les albums y passent, aléatoirement, composant une set list superbe. Etonnant, la dernière merveilleuse rondelle de MM, “4-Way Diablo”, est complètement exclue ! Un choix étrange pour un groupe en promo… Le rappel lui-même pioche dans toutes les périodes du groupe et se termine par un “Spine Of God” définitif (dans tous les sens du terme). Une set list venue de nulle part, dont le manque de “ligne directrice” permet de faire le lien avec toutes les périodes de Monster Magnet, apportant une cohérence insoupçonnée à une carrière placée sous le signe du space rock.

Scéniquement, Monster Magnet assure toujours autant : le discret Ed Mundell balance des soli hallucinants dans son coin, peinard, tandis que Jim Baglino enchaîne les poses rock clichées dont il a le secret (ce qui ne l’empêche pas de dresser une chape de basse bien plombée), porté par un Bob Pantella toujours parfait derrière ses fûts. Le revenant Phil Cavaino, dans son coin, aligne un sourire vicieux, limite carnassier. Et Wyndorf, donc, engoncé dans plusieurs tee shirts, pulls, vestes, a toujours une voix magique, et porte désormais pendant quasiment tout le set sa guitare, dont il use uniquement pour soutenir ses 2 collègues six-cordistes (qui n’en ont pas besoin, finalement). Le chanteur se concentre sur son chant, justement, et limite au strict minimum les speechs démagos entre les morceaux ou les poses de frontman arrogant les-cheveux-portés-par-le-ventilateur. Un excellent point, qui permet à tout le monde de ne se focaliser que sur le groupe au global, et non plus “Wyndorf et ses sbires”.

On quitte ce concert avec le sourire, et la conviction que Monster Magnet ressort grandi du récent drame rencontré par son leader (inutile de vous rappeler la récente overdose de Dave Wyndorf) : humilité et passion de la musique leur permettent de se recentrer sur l’essentiel. Ceci leur permet de re-créer deux liens qui pouvaient jusqu’ici les pénaliser ou les exposer à la critique : le lien entre toutes les périodes de leur carrière, qui voit ici une cohérence retrouvée, de manière presque bluffante, mais aussi le lien entre le groupe et tous les publics, leurs fans, toujours aussi fidèles, mais aussi les fans de stoner au sens large, qui commençaient à se lasser de l’attitude et des frasques de Dave Wyndorf. Fini tout ça, un Monster Magnet nouveau est en train de naître.

Laurent

Hermano, Rescue Rangers, Diablo Blvd, 6 novembre 2008, Het Depot, Leuven, Belgique

Je trouve facilement la salle pour ma première fois dans cette antre et l’appel de la bière se fait vite sentir. La serveuse est jolie et souriante et, surtout, elle sait tirer la bière au fût correctement. “Bonne entrée en matière”, je me dis. Direction la salle et là, je m’aperçois que c’est en fait une salle de théâtre avec des fauteuils. Fort heureusement, il y a une fosse (aux ours) suffisamment spacieuse pour y accueillir du peuple et se rapprocher du groupe. 

Diablo Blvd monte sur scène et les premières notes (surtout le chant) révèlent un mauvais goût certain même si l’ensemble est bien exécuté au niveau technique. On se retrouve avec des plans limite Bon Jovi et j’en profite pour me tirer et refaire le plein. On ne va pas s’attarder sur ce groupe qui n’avait rien à faire à l’affiche. 

Je tire une moue dubitative mais me rassure en me disant que le groupe suivant (eh oui, 3 groupes ce soir, il faut donc patienter!) est un trio made in France du nom de Rescue Rangers qui nous vient de Marseille. Le chanteur est sympathique et affable. Il prend d’ailleurs le soin de s’exprimer en anglais (avec une petite French touch). Après tout, on est en territoire flamand. Les morceaux s’enchaînent et je dois dire que les 3 musiciens me font très bonne impression. Surtout, on voit bien que ça leur fait plaisir d’être là en ouverture d’Hermano et de jouer sur scène. Un bon mélange de plan carréments in-your-face avec des breaks atmosphériques, le tout soutenu par une section rythmique indéfectible (bravo au batteur en passant), me laisse dans un état de bonheur à l’idée de ce qui nous attend. Jusqu’à présent, le son était ok, soit dit en passant. 

Les dieux du stade montent sur scène (Dave Engstrom le premier en faisant le clown comme d’hab) et c’est Monsieur John Garcia qui se fait gentiment attendre mais pas longtemps. Ca démarre sur les chapeaux de roue avec Cowboys Suck et Hermano fait tout de suite sentir qu’ils ont pris possession des lieux et que ça va envoyer le bois grave. Bon démarrage, me direz-vous. 

C’est ici que les choses se gâtent déjà: le son est pourri. Les morceaux défilent, Dave fait toujours autant l’andouille, mais rien n’y fait. Le son est de pire en pire. Ok, on peut comprendre qu’il faut parfois 3 à 4 chansons pour trouver les bons réglages mais, ici, ce fine-tuning n’est pas arrivé. Les regards fusent vers la donzelle qui s’occupe toute seule de la table de mix et celle-ci ne daigne pas relever la tête, sans doute consciente (quoique…) de la boucherie qu’elle est en train de produire. Le groupe doit remarquer que quelque chose cloche dans le public, j’en veux pour preuve la question de Dave (qui avait perdu le sourire): “Is the sound ok?” Non, il ne l’est pas… 

Et le spectacle continue… la voix de Garcia ressemble à celle d’un ado en pleine mue, le son des grattes est doublement saturé (disto de l’ampli + micros pour la prise de son défectueux = mélasse) et la section rythmique, connue pour sa précision et sa percussion, peine à se démarquer du reste. On est très loin de la prestation du VK (Bruxelles) en novembre 2007… Comprenez-moi: les musiciens ont vraiment donné et leur technique n’est pas à remettre en question. Mais le sabotage sonore dont ils ont fait les frais est une pilule amère à avaler pour le public qui s’est déplacé en masse pour l’occase. 

Le rappel se fait en 3 morceaux (dont 2 reprises de Kyuss) et je ne suis même pas foutu de reconnaître l’intro de Green Machine (2e morceau sur l’album Blues For The Red Sun de Kyuss, 1992) tant le son de la gratte est brouillon (une sorte de fuzz indigeste et sans dynamique). J’ai vraiment les boules et c’est tout dépité que je regagne mon véhicule pour me taper les 180 km du retour. Je fais quand même un petit détour par le bar et les tronches des gens me confirment mon sentiment. Je recommande un dernier verre à ma serveuse préférée, histoire de ne pas avoir complètement perdu mon temps ce soir. Vraiment un beau sourire…

Thib

Year Long Disaster, Scarlett, Dexter Jones Circus Orchestra, 13 avril 2008, Sojo, Louvain, Belgique

Toujours sympa de se retrouver dans ce petit club du Sojo dont les planches ont déjà été foulées par des pointures comme Solace, Orange Goblin, Mastodon, Bant Bjork, Ed Mundell de Monster Magnet… Après le repas dominical (ça tombait un dimanche) et une sieste bien méritée, on se retrouve tous comme prévu pour 19h et, dans la salle, on voit de nombreuses têtes ô combien reconnaissables puisque ce sont toujours les mêmes abonnés des concerts organisés par l’assoce Orange Factory qui s’y retrouvent. On va d’ailleurs en profiter pour féliciter Sara et Benny au passage. Scarlett a l’honneur (ou le désavantage, c’est selon) d’ouvrir le feu. Leur psyché stoner instrumental se révèle d’entrée de jeu de très bonne composition. 5 musicos (dont un claviériste) s’entendent très bien au niveau musical. J’apprends que l’un d’entre eux joue aussi dans Hypnos 69 mais ce ne peut pas être Steve Houtmeyer (guitariste/chanteur d’Hypnos 69) puisque l’on aperçoit vite sa silhouette, sa longue chevelure et ses favoris jusqu’aux épaules dans le public. Le groupe nous délivre une bonne prestation tout au long du set et reçoit à juste titre l’approbation du public via des applaudissements que l’on peut deviner sincères. Vient ensuite le tour de Dexter Jones Circus Orchestra et ses musiciens à la fratte de gipsy. On plonge tout de suite dans une ambiance digne de Woodstock et il ne manque plus que les symboles peace & love et les enfants déguisés en angelots sur la scène pour parfaire le tout, les vapeurs de dame Marie-Jeanne étant déjà répandues dans certains endroits de la salle…

Si le groupe, au départ, donne un peu l’impression d’être mollasson, il faut en tout cas reconnaître que la sauce prend de mieux en mieux au fil des chansons qui gagnent en intensité et en électricité. En effet, pour les 3 derniers morceaux, c’est Steve Houtmeyer qui rejoint DJCO sur scène pour tenir le poste de lead guitariste. Il nous délivrera d’ailleurs quelques magnifiques soli qui nous prouvent bien que ce type possède une touche personnelle remarquable. Le public est chaud et il ne reste plus qu’à foutre le feu pour Year Long Disaster. C’est d’ailleurs ce que le trio va s’empresser de faire dès les premiers accords. Ils trouvent leurs marques sans problèmes et la machine carrée californienne n’a plus qu’à lâcher les chevaux.

Daniel Davies – fils de Ray Davies des Kinks soit dit en passant – se révèle être un très bon guitariste et un excellent chanteur, le tout emballé dans des postures 100% rock. Sa voix haute et un peu criarde ne récoltera peut-être pas les suffrages de tout le monde mais elle colle parfaitement à la musique. La section rythmique (Rich Mullins à la basse et désormais Brad Hargraves derrière les fûts, soit les 2/3 des défunts Karma to Burn !) assure grave et pilonne sec dans des constructions bien carrées. Ca bastonne dur et pourtant, on en redemande. Le public se retrouve pris dans un feu croisé et c’est tout le Sojo qui s’enflamme. Les pompiers n’ont pas encore pointé le bout de leur nez et notre équipe de 3 tueurs continue son travail sans la moindre faille. Un sacré bordel bien agencé ce putain de groupe! Leur concert est à la hauteur de la grande qualité de l’album (voir la chronique dans la section ad hoc).

Les mecs arrivent à maintenir une tension de malades tout au long du set et sortent sous les applaudissements et hurlements du public pour revenir 3 minutes plus tard achever le grand incendie. On se plaît à les regarder exécuter 3 autres morceaux et puis le mecs se tirent, l’air satisfait de la zone qu’ils ont mise. Pas trop le temps de refaire le concert au bar puisqu’il y a encore de la route à tailler pour le retour et il faut bosser le lendemain. Un petit détour quand même via le disquaire ambulant posté près de l’entrée, histoire de dégoter l’une ou l’autre rareté, et puis vamos. Mes oreilles ont sifflé tout au long des 180 bornes pour regagner la maison mais quel grand concert!

Thib

Down, 3 avril 2008, Ancienne Belgique, Bruxelles, Belgique

Se garer à proximité de l’Ancienne Belgique n’est jamais chose aisée, et ce jeudi 3 avril ne déroge pas à la règle, nous empêchant malheureusement d’arriver en temps et en heure pour assister à la projection du film d’intro sur le combo culte qu’est Down. Pas de quoi entamer notre bonne humeur en tout cas, tant l’impatience de voir le combo live pour la première fois est grande.

A 20H30 pétantes, le concert démarre sur les chapeaux de roues avec Temptation’s Wings. Le ton est déjà donné : le groupe est carré, le son nickel, le public ultra-réceptif et on comprend fort vite que l’on va passer un super moment….Le gang de la Nouvelle-Orléans est là pour jouer et se faire plaisir. Ce qui fait plaisir aussi, c’est de retrouver un Phil Anselmo sobre et affûté, à l’opposé de la prestation qu’il avait pu donner 7 ans plus tôt avec Pantera dans cette même salle. Peu de temps morts viendront, au final, ponctuer le set. La première harangue de Phil interviendra d’ailleurs seulement après 5 ou 6 titres. Info ou intox, il annonce que le concert de l’Ancienne Belgique est enregistré. Il n’en fallait pas plus pour donner davantage de pêche aux quelques heureux chanceux présents ce soir. 

Car plus qu’une simple prestation, c’est à une véritable démonstration de savoir-faire à laquelle nous assistons ce soir. Il suffit d’un titre comme Learn from this mistake pour comprendre à quel point il règne entre ces 5 là une alchimie parfaite. Anselmo, Brown, Bower, Keenan et Windstein sont là pour le même amour de la musique, pas pour tirer la couverture à soi. Et le résultat sur scène est tout simplement impressionnant, plus même qu’a pu l’être Pantera jadis (Phil dédiera d’ailleurs le titre Lifer à son ancien compère Dimebag). Les titres s’enchaînent (New-Orleans is a Dying Whore, Lysergik Funeral Procession, Three Suns and One Star, N.O.D., Lies, On March the Saints…) dans la moiteur de l’Ancienne Belgique et le temps semble suspendu….En somme, notre « dépucelage scénique » Down-esque tient déjà toute ses promesses. C’est sans compter sur la dernière demie-heure….. 

…car la fin du set est proprement hallucinante. Le combo quitte la scène sur un Eyes of the South endiablé, dont l’intro a été modifiée et consiste en un duel de soli entre Pepper et Kurt. A ce moment précis, celà fait déjà 1H35 que le groupe joue. Le temps pour le public de réclamer un rappel, et voilà que la musique d’intro du deuxième album retentit dans la salle. Le groupe va revenir donc………….pour 4 titres supplémentaires. Ca commence ‘gentillement’ par un Ghosts Along the Mississippi magistral, mais le meilleur reste à venir. Phil s’en va parler à Pepper et Kurt et nos 2 lascars entament alors l’hymne Stone the Crow. L’interprétation est au-dessus de tout, le public reprend le refrain en choeur et nombre d’entre nous pense que le concert touche à sa fin. Et pourtant…..une lumière pourpre et tamisée vient irradier la scène, Phil allume une cigarette, et, tel un messie, stoïque devant son pied de micro, entame le magnifique Jail. Le mimétisme entre le visuel du premier album et Phil est particulièrement troublant, tout comme le silence qui envahit la salle. Il se passe un truc durant les quelques minutes de ce titre de toute beauté, c’est certain, et rien que pour cet instant de magie pure, le déplacement valait le coup. Emotion et frissons garantis. Et alors que tout le monde, encore sous le coup de cette « claque », reste béat d’admiration, Down assène en guise de final un Bury me in smoke assassin dont le tempo lourd et ralenti à l’extrême viendra sonner la fin de la messe. 

Il est 22H35, les lumières se rallument, et Phil de rester immobile et muet sur scène, pendant au moins deux minutes….

Jihem / Stonerpope

Hermano, Loading Data, 8 novembre 2007, Nouveau Casino, Paris, France

Jeudi soir, direction la Capitale pour un concert LOADING DATA/HERMANO. 
Première constation, les dieux du rock sont avec nous ce soir, car trouver une place, à Paris, devant une station de métro, en pleine heure de pointe, c’est pas donné à tout le monde. 

Bref, à peine arrivés au nouveau casino, juste le temps de prendre une bière (au passage, 4€, il y a de l’abus – heureusement que je n’ai pas payé les tournées) que Loading Data prend la scène d’assaut. Première constation : quel putain de son ! Ca promet une excellente soirée. Le trio joue à domicile et profite d’une salle archi-comble et très réceptive pour enchainer les titres sans vraiment de temps mort. La machine est rodée, le set est carré, et finalement, on ne voit pas le temps passer. On retiendra du set “Voodoo” (nous sommes comme une grande famille ce soir) ou encore le décalé “Do it on the Beach”. Mention spéciale à “Circus Blues” qui le fait grave en live. Bref, que dire mis à part que ‘Rodeo Ghettoblaster’ est sorti… 

vers 21H00, c’est au tour d’Hermano de monter sur scène pour Une grosse heure de pur bohneur. Dès les 3 premiers morceaux, le ton est donné : le combo piochera allégrement dans ses 3 galettes pour offrir un set varié. “Left side bleeding”, “Senor Moreno’s Plan” et “Cowboys suck” ouvrent donc le bal, rien que ça. Le groupe se rappelle au bon souvenir de son dernier passage à Paris, “on the boat”, fin 2004, devant 3 pelés et un tondu, et semble satisfait de jouer cette fois-ci devant une salle remplie à ras bord (au delà de la capacité maximale ?). Dandy Brown est ultra souriant, Dave Angstrom toujours aussi barré, et John Garcia assure au micro. Servi par l’énorme son du casino, c’est Chris Leathers qui sera le plus impressionnant ce soir: ça tape fort, ça tape bien, à tel point que le sol de la salle parisienne en tremble encore. Le groupe enchaine donc les morceaux pour notre plus grand bohneur. En vrac, on a le droit aux nouveaux “Kentucky” et “Exam room”, sur lequel le public a vraiment réagi, mais aussi aux classiques “5 to 5”, “Angry American” ou encore “The Bottle”. Après un petit délire de Angstrom sur Krokus et Tesla, le groupe nous offrira un poignant “My Boy”. Bref, autant dire que c’est le sourire aux lèvres, et ce malgré la pluie, que cette soirée du 8 novembre s’est achevée. 

PS : Les gars qui braillent pendant le concert : “Alors, tu la fais ta reprise de Kyuss ???”, c’est casse-caramels….

Stonerpope

Buzzfest 2007, 1, 2 et 3 novembre 2007, Opwijk et Rossignol, Belgique

On l’a déjà dit ailleurs, Buzzville est un petit label qui se construit patiemment en évitant soigneusement le brulage d’étapes. Pas de signatures à tour de bras, pas de moyens énormes alloués aux groupes, pas de responsabilités diluées, les deux têtes pensantes de cette structure font tout eux-mêmes et prennent des décisions murement réfléchies en tirant les enseignements de leurs expériences. Et si cela s’applique particulièrement à l’enrichissement de leur catalogue, c’est également vrai lorsqu’il s’agit d’organiser leur festival qui fêtait cette année son troisième anniversaire. Alors que le succès de l’édition précédente reposait presque uniquement sur les épaules de Dozer, la programmation de ce Buzzfest 2007 faisait la part belle aux groupes du label en proposant les deux poids lourds que sont Cabron et Monkey3 mais également Deville et Cortez, deux combos fraichement signés venus faire les présentations. A cette affiche déjà alléchante s’ajoutaient une poignée de groupes belges, dont Hypnos 69 de retour au pays après une tournée européenne bien remplie et Brant Bjork, l’infatigable Euro-trotter flanqué de ses Bros largement remaniés. Toujours répartie sur deux jours, l’édition de cette année avait également la particularité de se dédoubler, l’association On The Gaume Again prenant en charge l’organisation du festival au Sud de la Belgique et offrant pour l’occasion l’opportunité aux fous que nous sommes d’assister deux jours de suite à la même série de concerts. De cette initiative très symbolique, on retiendra malheureusement que les francophones, fidèles à leur réputation, auront préféré s’abstenir de venir en masse alors qu’on leur proposait une affiche de qualité dans une salle certes paumée au fin fond de la Gaume profonde mais parfaitement adaptée à l’évènement. Malgré ce manque d’affluence, également observé au Nord dans une moindre mesure, aucune formation n’aura déméritée, quelle que soit sa place sur l’affiche ou le temps qui lui fut imparti, nous offrant au final neuf prestations dans autant de styles différents dont la qualité oscilla entre le très bon et l’excellent. Ce genre d’évènement offre généralement l’opportunité de découvrir des groupes dont on ne sait rien ou presque et en la matière, ce Buzzfest fut particulièrement riche en révélations et bonnes surprises, tant au cours de la première soirée placée sous le signe de l’éclectisme que lors de la soirée principale qui vit défiler les « gros » noms de l’affiche. Coincés sur la minuscule scène du Nijdrop toujours aussi mal agencée, The Whocares s’acquitta aisément du rôle ingrat de mettre le feu aux poudres grâce à leur speed rock décomplexé fleurant la bonne humeur. Sans aucune prétention de vouloir renouveler un style très codifié, les quatre jeunes de Blitzen délivreront un set énergique et parfait pour s’échauffer les cervicales. On regrettera uniquement l’absence de la reprise de Turbonegro jouée lors du line-check qui aurait clôturé le concert en beauté, ce dont ne se privera pas Set The Tone en réussissant à se réapproprier Paranoid après avoir balancé ce qui restera le show le plus brutal et le plus lourd du festival. On peut ne pas aimer leur stoner/sludge/doom inspiré de la scène NOLA mais force est de constater que ces mecs ne font pas dans la facilité et savent tenir une scène. De leur compos où se catapultent des ambiances doomesques, des passages ultra heavy et un goût prononcé pour le riff bien saignant, on retiendra leur aptitude à se forger un style propre et homogène sur lequel plane malgré tout l’ombre des différents groupes d’Anselmo. Les Liégeois passeront le relais à Deville et même si leur mur du son n’aura pas idéalement préparé le terrain aux Suédois, le trio (ont-ils perdu un guitariste pendant le voyage ?) fraichement signé sur Buzzville parviendra à séduire grâce à un stoner classique mais très efficace rehaussé par la qualité des vocaux, de quoi se rassurer sur le fait que la Suède reste un vivier de combos à découvrir.


Cap sur Opwijk le lendemain pour une affiche pleine de promesses, même si la programmation est à double tranchant. Tous ceux qui ont déjà vu Cabron, Hypnos 69 ou Brant Bjork sur scène savent qu’ils délivrent généralement d’excellentes prestations, mais quel amateur de stoner belge, et a fortiori flamand, n’a pas encore vu chacun de ces groupes au moins trois fois ces deux dernières années ? La remarque vaut d’ailleurs également pour Monkey3 qui vient régulièrement déposer ses étuis à guitares sur nos scènes, seul ou bien accompagné. Le pari était donc osé et fut finalement à moitié gagné, ce qui permit à chacun de profiter pleinement des concerts sans être bousculé ou arrosé de bière et avec en prime, la chance de découvrir en avant-première exclusive Cortez, la dernière trouvaille de Buzzville venue en direct de son Massachusetts natal pour conquérir la Belgique avant de s’attaquer au reste du monde. Suite au désistement de Sideburn pour d’obscures raisons financières, c’est à Solenoid que revient l’honneur de fendre les premiers le rideau de fumée qui couvre la scène. Solenoid se fout de ce qui est tendance, se fout des 70’s et se fout du fait que le public reste à trois mètres de la scène. Solenoid aime le hard-rock, la bière et l’humour potache, un mélange qui a fait ses preuves et qui leur réussit plutôt bien. On les suspecte d’avoir monté ce projet pour s’amuser et rendre hommage à leur héros de la N.W.O.B.H.M. à grand renforts de riffs métalliques, de rythmiques carrées et de solos épiques. Quitte à se faire plaisir, ils incluent également quelques influences punks old-school de ci de-là et se prendront même pour Slayer le temps d’un morceau. Comme ils sont bon musicos, on rentre facilement dans leur délire et on se souvient avec nostalgie de l’époque lointaine où l’on considérait Iron Maiden et Motorhead comme les meilleurs groupes du monde. Solenoid n’aura pas délivré la prestation la plus marquante de la soirée mais aura fait beaucoup plus que de la figuration et il n’est pas sur qu’on y aie perdu au change par rapport à Sideburn.


Place ensuite au grand point d’interrogation de la soirée, Cortez. Jamais vu, jamais entendu mais immédiatement adopté. Dans la droite lignée de Roadsaw ou Sixty Watt Shaman, les bostoniens nous balanceront une grosse demi-heure de heavy-rock comme seul les américains savent le faire. Grosse patate, bon groove, refrains accrocheurs et excellente présence scénique, tous les éléments sont réunis pour convaincre un public qui n’hésitera pas très longtemps avant de quitter sa position d’observateur. Visiblement très peu affecté par le jet-lag, les ricains donneront tout ce qu’ils ont au cours de ces deux soirées et au-delà de la qualité des compos et des gesticulations d’un chanteur un rien cabotin mais fort sympathique, on retiendra surtout la cohésion d’un groupe avide de partager le plaisir qu’il a d’être sur scène.


Les membres de Cabron, eux, n’ont plus rien à prouver face à un public qui les connait bien et même si les deux prestations furent irréprochables, on regrettera un peu qu’ils aient délivré deux jours de suite un set en tout point identique et sans grande surprise. Mêmes morceaux joués dans le même ordre, même gimmicks aux mêmes moments et même reprise de AC/DC toujours aussi efficace en final. Cela n’enlève rien à la qualité des compos et à leur talent de musiciens aguerris, la section rythmique époustouflante de précision constituant un écrin sur lequel viennent se poser les grattes incisives, mais là où l’aspect hyper pro basé sur une solide expérience de la scène peut faire mouche devant un nouveau public, on regrettera la prise de risque minimum lors de ces deux concerts donnés quasiment en roue libre.


Tout l’inverse de Hypnos 69, de retour au pays après une tournée européenne bien remplie qui leur a visiblement permis de trouver leur marque pour délivrer deux concerts forts différents mais tout aussi excitant. Le premier soir, devant un parterre d’habitués, ils axeront tout le set sur leur ambitieux petit dernier, The Eclectic Measure tandis qu’au Sud, face à un public potentiellement néophyte, ils visiteront l’ensemble de leur répertoire (sans oublier les incontournables reprises de King Crimson ou des Beatles) avec le même brio. Et même si leurs concerts durent généralement plus de deux heures, les 40 minutes allouées suffiront à nous convaincre que dans de bonnes conditions, le quatuor est capable de délivrer des prestations d’une précision et d’une efficacité inouïe. Pour avoir assisté à l’un des premiers concerts de la tournée deux mois auparavant et qui, avouons-le, n’était pas exempt de petites imperfections, je peux vous assurer que la poignée de dates accumulées depuis leurs auront permis de retrouver leurs marques et de glisser sur les difficultés à reproduire la complexité de leurs compos récentes comme s’ils les jouaient depuis des années. Cette maîtrise technique irréprochable ne serait rien sans leur capacité à transmettre des émotions variées, en partie grâce à des solos de guitares qui devraient réconcilier tous ceux qui sont un peu fâchés avec cet exercice de style. Et çà, à n’en pas douter, c’est la marque des grands.


Tous ceux qui ont eu la chance de voir Monkey3 sur scène vous parleront certainement des projections fascinantes et du light-show savamment étudié (même si de l’aveu des membres du groupe, nous n’auront eu droit ici qu’a une version allégée). Mais si l’impact de ces deux éléments est loin d’être négligeable, les Suisses s’y entendent pour vous lobotomiser les neurones en moins de temps qu’il ne faut pour le dire à coup de morceaux répétitifs qui se suffisent à eux-mêmes, exécutés avec une puissance qui redéfinit les limites de ce qui est heavy. Avec eux, un concert n’est plus simplement un enchainement de titres bien exécutés qui viennent flatter votre sens auditif mais cela devient une véritable expérience physique dont on ressort parfois sérieusement secoué. Le plus curieux est qu’au-delà de la complicité très perceptible entre les musiciens, ceux-ci donnent l’impression de s’amuser franchement sur scène alors qu’on les imaginerait plutôt hyper-concentrés. Peut-être d’ailleurs est-ce du aux airs ahuris du public qui leurs fait face.


Pour clôturer les festivités, place à Brant Bjork & The Bros dans une formule inédite. On savait déjà que Alfredo Hernandez, le pote de toujours, remplaçait Mike Peffer derrière les fûts, on découvre désormais que le quatuor s’est mué en trio. Exit Cortez (le guitariste, pas le groupe), Mr Cool, qui d’ailleurs ne semble pas être aussi cool que çà, assure seul les parties de guitares. Paradoxalement, Brant semble se fondre un peu plus dans le décor avec cette configuration, à tel point qu’à certains moments, on aurait presque envie de rebaptiser le groupe « Alfredo & The Bros ». Pas qu’il soit devenu particulièrement exubérant, loin de là, mais sa frappe sèche et métronomique crée l’ossature des morceaux sur lequel viennent se poser les lignes de basse groovy et les riffs à la cool. Il est d’ailleurs assez éloquent de constater que quand Brant ne chante pas, il se tourne vers son batteur pour poser sur lui un regard admiratif, tandis que Dylan Roche a cessé de fixer sa tête d’ampli et amorce désormais un quart de tour vers la droite. Alors qu’auparavant, le groupe nous gratifiait régulièrement de concerts marathon avec versions rallongées de la moitié des titres, ils iront cette fois à l’essentiel, puisant dans l’ensemble du catalogue pour nous servir des compos expurgées des digressions habituelles, Brant s’y entendant pour distiller le même petit riff funky à toutes les sauces. Ce qui fera dire à l’un des musiciens présent à l’affiche (et dont on taira évidemment le nom) que « Brant Bjork, faut arrêter de dire que c’est bien, il joue le même morceau pendant 1h30 et c’est pas parce que c’est un ancien membre de Kyuss que çà change quelque chose ». Sans aller jusque là, il faut bien admettre que le bonhomme a trouvé une recette qui fonctionne et a parfois tendance à en abuser, même s’il semble avoir récemment changé d’orientation.

Jihem

Fu Manchu, 30 octobre 2007, Trabendo, Paris, France

Après avoir ignoré l’hexagone lors de leur précédente tournée, l’un des groupes phares de la scène dite « stoner » débarque enfin en France. Fu Manchu est donc dans la capitale ce soir pour satisfaire leurs fans français… ou plutôt le peu de fans qui auront fait le déplacement car la première constatation est flagrante, le Trabendo est à peine rempli à moitié. La salle choisie était elle trop grande, me fais-je encore des illusions sur le potentiel de ce groupe ? Peu importe car moi j’y suis et je vais me régaler tout comme ceux présents ce soir. 
Dans le souci d’épargner le groupe et de ne pas trop m’étaler en méchancetés, je ne dirai que quelques mots sur la première partie de ce soir. The G.O.D.S…. déjà faut oser un nom pareil (The Gentlemen of Distorded Sound), mais faut aussi oser les tenues de scène à mi-chemin entre Village People et Zucherro. Enfin, bon, pour paraphraser le fameux générique d’Arnold et Willy, « C’est vrai Faut de tout, tu sais… Faut de tout, c’est vrai… Faut de tout pour faire un monde ». 
Musicalement ce n’est pas particulièrement mauvais, c’est juste que ça n’a rien à voir avec les Fu. 

Bref, c’est avec une patience très polie que le public attend la tête d’affiche qui débarque sur scène avec un Eatin Dust/Evil Eye de folie. Le public, sans doute refroidi par la première partie, a beaucoup de mal à rentrer dans le show et le début du concert me laisse craindre une soirée complètement ratée. Loin d’être découragé, Scott Hill et sa bande enchaînent les titres avec un professionnalisme exemplaire et la sauce va finalement prendre assez rapidement pour finir avec des slams, du stage diving et autre hurluberlu montant sur scène. Dur pur Rock’n’roll. 
Le groupe pioche largement dans leur dernier opus mais n’oublie pas pour autant leurs vieilles galettes (et leurs vieux fans !). Avec autant d’albums et 1h20 de concert, bien sûr certains incontournables passent désormais à la trappe mais lorsque l’on regarde la setlist on se dit que, quand même, ce groupe a de quoi satisfaire les plus exigeants, dommage qu’ils ne soient pas venus. 
Scott Hill semble apprécier l’énergie du public et après plusieurs tentatives, il répond enfin aux demandes en jouant un « Mongoose » non prévu sur la setlist. Ca ne ment pas ce genre de détail, si le groupe joue les « request », c’est que c’est tout bon de leur côté. La soirée est donc réussie. 
L’enchaînement King Of The Road et une version hallucinante de Saturn III clôt le concert. Le public, alors complètement déchainé en réclame davantage et on aura le plaisir de voir les Fu revenir sur scène pour un rappel de toute beauté. Hell On Wheels et Godzilla terminent la soirée de bien belle façon. Certains fans auront bien mérité une bonne nuit de repos après avoir dépensé autant d’énergie alors que d’autres, déjà au lit depuis longtemps, auront loupé un chouette concert. 
Espérons que le Trabendo à demi rempli ne découragera pas le groupe de revenir lors de leur prochaine tournée que j’espère assez rapide. 

Setlist : 
Eatin Dust 
Evil Eye 
Regal Begal 
Written In Stone 
Hung Out to Dry 
California Crossing 
Over The Edge 
We Must Obey 
Grendel, Snowman 
Anodizer 
Hogwash 
Knew It All Along 
Mongoose 
King of the Road 
Saturn III 
———— 
Hell on Wheels 
Godzilla 

Shinkibo

Year Long Disaster, 3 juillet 2007, The Roxy, Los Angeles, USA

Une affiche à 4 groupes, entrée gratuite, dans le mythique Roxy sur Sunset Blvd, incluant la “sensation” Year Long Disaster… Autant dire que ma soirée a été vite libérée de tout engagement, et que 5 minutes avant l’ouverture j’étais devant les portes (échaudé par le “ratage” de Sasquatch quelques jours plus tôt en ouverture de Nebula).
L’honneur de chauffer la salle est revenu à Tokyo Smog, groupe japonais installé à Los Angeles, dont le rockabilly-punkisant tendance indé fonctionne pas mal, bien aidé par une guitariste bien charismatique. Pas un mauvais moment, pour accompagner le long sirotage d’une bière à $7 (certes l’entrée était gratuite, mais quand même !).
La tension monte très nettement (et le public se densifie et se rapproche de la scène) tandis que Year Long Disaster est annoncé par le DJ, qui ouvre le célèbre rideau devant nos trois fiers à bras. Tout de suite, Rich Mullins se pare d’un sourire jusqu’aux oreilles, prend sa pose fétiche, qu’il ne quittera presque plus de tout le concert : bien en appui cramponné sur ses jambes grandes écartées, le bonhomme semble avoir bien compris que le son d’une basse est fait pour faire vibrer les planches de la scène, et il fait donc tout pour rapprocher son instrument du sol. Effet garanti, et résultat au rendez-vous : son son de basse nous bastonnera sévère pendant une heure de déluge sonique.

Décidément, à deux semaines d’écart, j’aurais vu sur scène le légendaire binôme rythmique de Karma To Burn, et le constat est là : ces gars-là s’étaient trouvés, en leur temps, car des musicos avec un tel feeling, il n’y en a pas des centaines. Mais ce soir, c’est Daniel Davies qui focalise l’attention. Grand échalas avec une guitare en bandoullière, le bonhomme ressemble de loin à une grande allumette : une longue tige très fine, sur laquelle repose une tête bien ronde (cheveux longs frisés). Mais dès lors qu’il se rapproche du micro, ses mouvements deviennent habités, impulsés par des nerfs à fleur de peau. Se reposant sur le jeu sans faille de Mullins, Davies aligne les soli comme un enfant thaïlandais enfile les lacets des baskets Nike : avec une aisance naturelle remarquable, propre aux plus grands guitaristes. YLD pousse le potentiel du jeu en trio dans ses derniers retranchements, avec une basse qui empiète souvent sur les plate bandes mélodiques du guitariste, et avec un gratteux qui fusionne avec son instrument, tant et si bien que son usage en rythmique et en solo, alterné avec le chant, se déroule avec une fluidité impeccable.


Musicalement, YLD a trouvé la recette magique, tout simplement. Là où Wolmother se vautre sans vergogne dans un trip revival tout à fait jouissif (et honorable dans la démarche), YLD pousse la démarche plus loin : non contents de piocher comme des goujats dans les stocks de riffs velus non utilisés dans les années 70, le trio californien y ajoute de copieuses rasades de blues, d’influs sudistes (sans doute en droite lignée de la planète Mullins), et le tout groove avec une arrogance qui laisse sans voix. C’est simple, lorsque l’on ne se surprend pas à headbanguer comme à sa prime jeunesse, c’est que l’on est en train de taper du pied avec le sourire aux lèvres, en train de se dire “bordel, personne n’a pensé à jouer ce riff jusqu’à aujourd’hui, c’est fou !”, tant l’évidence d’un break ici, d’une ligne de basse là, s’impose. Imparable, la musique de YLD est imparable, universelle. Leur jeu déborde de groove, et ferait se dodeliner un gamin de 4 ans comme un cinquantenaire ragaillardi. Je suis bien incapable de nommer le moindre titre qu’ils ont joué, mais j’ai à la fois été soufflé par la variété des genres abordés, et la cohérence bluffante de l’ensemble. Un set d’une heure aussi dense, maîtrisé, de la part d’un groupe qui pour le moment n’a qu’une démo 2 titres sous le bras, ça force l’admiration.

Peu de groupes à ce jour m’ont fait cette impression : voir trois personnes sur scène, et se faire la réflexion que ces gars sont nés pour jouer ensemble et faire jouir les tympans de dizaines de milliers (millions) de simples amateurs de musique. Allez sur leur site, et lisez leur bio, vous verrez qu’en plus de revenir de loin individuellement, le duo Mullins/Davies est aussi le fruit d’une catharsis musicale… S’il y a une justice sur cette planète, ce groupe doit devenir énorme.

PS : pour l’anecdote, YLD est suivi par deux groupes ce soir, mais il m’a été impossible de rester plus de 5 minutes (le groupe suivant n’était ni mauvais ni inintéressant, ils étaient juste tellement en dessous.).

Laurent

Nebula, 18 juin 2007, The Echo, Los Angeles, USA

Le relativement inutile groupe américain Burning Brides célèbre la sortie de son médiocre dernier album en occupant la scène de cette petite salle de concert de Los Angeles tous les lundi de ce mois de juin. Cet événement aurait tôt fait de passer aux oubliettes si le groupe, pour une raison inexplicable, n’avait pas invité Nebula à ouvrir pour eux ! Et il ne s’agissait pas d’un concert de Nebula parmi tant d’autres. Véritable “warm up gig” pour la tournée européenne à venir, ce concert, historique pour le groupe, était le premier avec Rob Oswald derrière la batterie, ni plus ni moins que le batteur de (feu)Karma To Burn ! excusez du peu.
Cumulant malchance, organisation déplorable et embouteillages dans Los Angeles, nous raterons Sasquatch. Une fois avalés mes organes génitaux, je sirote une bière de dépit devant les minables pré-adolescents de Black Fur, sortes d’ersatz mal digérés de Nirvana indie-post-rock-emo sans intérêt.

Nebula investit donc la scène, balance quelques riffs bluesy qui feront office de soundcheck du pauvre, et rentre dans le vif du sujet avec “Sun creature”, modeste face B (trouvable sur quelques EPs de Nebula) qui remplit bien son office de mise en bouche. Plus étonnant, ils enchaînent avec l’encore-plus-rare “Bardo Airways”, assez cool aussi. On passe ensuite vers le plus connu “Instant Gravitation” puis première (et unique) intrusion dans le petit dernier (Appolo), avec “Lightbringer”. S’ensuivent des extraits de chacun de leurs albums, et autres EPs.
Le groupe est à l’aise, et on a beau guetter le moindre pain de Rob, peine perdue, le bonhomme bastonne gentiment, avec application, et sans faute. Une bonne recrue, manifestement ! Sinon, évidemment, Eddie Glass focalise l’attention du public, alignant riffs et soli habités, le tout derrière des poses de guitar hero improbables. De son côté, Tom Davies assure discrètement mais gaillardement derrière la basse, et finalement, le trio s’y entend dès lors que la moindre opportunité d’impro se présente. L’ambiance est si bonne et le groupe tellement en phase, qu’après une rapide concertation, ils balancent une reprise de Led Zep (ma mémoire me joue des tours, je crois que c’était “How Many More Times” ou “Dazed & Confused”) pas piquée des vers au milieu d’une set list qui n’avait pas prévu cette “intrusion”.


Néanmoins, même s’il est troisième sur l’affiche, Nebula n’est pas en tête d’affiche, et le concert reste concis (une bonne heure quand même), rien ne dépasse. Du coup, certains morceaux ne prennent pas vraiment totalement leur envol, et les impros, rares mais bel et bien là, auraient gagné en intensité à “prendre leur temps”. Au final, la set list a vraiment brillé par sa variété et son originalité, mais le concert ne s’est pas totalement emballé. La musique était bonne, les zicos parfaits, les chansons impeccables, mais la “magie” n’était pas totalement au rendez-vous. On en attendait peut-être un peu trop ? Une putain de bonne soirée quand même !

Laurent

Fu Manchu, Valient Thorr, Truckfighters, 25 Mai 2007, VK, Bruxelles, Belgique

On le disait perdu, hors du coup, supplanté par toutes ces jeunes formations qui le pillent sans vergogne depuis des années et pourtant, vendredi, il a fait taire tous ses détracteurs en deux riffs trois mouvements.
Ladies and Gentlemen, The Fu is back ! Et au vu de la prestation délivrée, on se gardera désormais de les enterrer trop vite.
Même si aucun album ne nous avait filé le grand frisson depuis Eatin’ Dust, le petit dernier semblait amorcer une courbe rentrante vers ce que le groupe sait faire de mieux, mettant un terme à sa longue traversée du désert. Pour ceux qui douteraient encore du retour en grande forme des rois du fuzz, petit flashback sur une soirée explosive pas vraiment annoncée. Le rassemblement avec les tribus du Nord ayant prit un peu de retard, notre arrivée devant les portes du VK coïncida parfaitement avec la fin du set fort court de Truckfighters. De Valient Thorr, nous n’avons en vérité pas grand chose à dire. Et même si c’était le cas, çà ne vous intéresserait pas. Alors on va éviter de vous faire passer inutilement des heures sur le net et aborder directement la raison de notre présence en masse dans la charmante salle de la moins charmante Rue de l’école.

Pour ma part, du dernier concert de Fu Manchu que j’ai vu, je me souviens surtout de la coupe de cheveux ridicule de Scott Hill, de sa guitare transparente et d’une set-list à bailler d’ennui.
Lorsqu’il est monté sur scène vendredi, il avait toujours cette même guitare, ses cheveux étaient à nouveau plus longs et il a attaqué par Pigeon Toe, un peu mollement d’ailleurs. Mais c’était un signe encourageant. Et dès que Bob Balch a enchaîné sur l’intro de Laserblast !, les choses ont pris une tournure inattendue et même inespérée.
Nos Californiens ont semble-t-il enfin compris qu’ils ne connaîtront jamais les joies de la célébrité, qu’il ne sert à rien de vouloir forcer les portes des radios en se faisant passer pour les Beach Boys du Stoner et qu’il est pathétique de répondre aux critiques en sortant un album gauchement agressif. Alors ils ont repris les vieilles recettes, ont concocté une plaque plus digne de leur pedigree dont ils ont extrait seulement trois titres en live, disséminé au sein d’une set-list de rêve. Pour le reste, ils n’ont gardé que le meilleur, piochant de façon équilibrée dans leur discographie déjà longue, faisant l’impasse totale sur Start The Machine (qui ne contient que des daubes mais constitue quand même leur avant-dernier effort), écrémant les deux albums
«cheveux-dans-le-vent» pour n’en retenir que les titres les plus forts (Boogie Van, Hell on Wheels, California Crossing, un Weird Beard dédié à Truckfighters avec clin d’œil de Bob Balch à l’appui et King of the Road en apothéose), exhumant même des vieilleries comme Saturn III et Grendel, Snowman et se gardant Evil Eye et Mangoose pour la fin avant de conclure par la reprise de Godzilla en compagnie des membres de Truckfighters et de Valient Thorr aux chœurs. Soit 1h15 de concert sans rappel (mais personne n’en a demandé puisque de toute façon, tout était joué), des titres courts envoyés sans fioritures ni digressions, un Scott Hill un brin frimeur qui fait son show pendant que Balch se charge de tous les effets et que la paire Davis-Reeder fait boum-boum-tchak-tchak bien en rythme. Le tout pour un concert parfait qui se solde malgré tout par une côte fêlée. On n’en demandait pas tant, mais c’est exactement comme çà qu’on les aime.
On vous le disait, The Fu is back !

Jihem

Brant Bjork, 26 mai 2007, Usine, Geneve, Suisse

L’extrême coolitude californienne avait rendez-vous avec son public genevois et environnant en ce dimanche soir pluvieux de mai. Après avoir usé ses semelles et une partie de son énergie, l’équipe du Kab vit enfin se pointer le véhicule transalpin que les Bros utilisent pour leur tournée à dix-neuf heure passée. Pas franchement dérangé, Brant et ses compagnons ont vaqué à quelques occupations et désaltération en attendant que la journée avance encore un peu car, à l’image de leur musique et de leurs prestations scénique, ces lascars-là sont d’imminents spécialistes de la décontraction. Une fois dégourdi, le quatuor a débuté un soundcheck empreint de nonchalance en bavardant un moment avec les occupants des lieux. Quand bien même ces garçons sont charmants, surtout Alfredo, c’est avec un certain empressement qu’ils furent conviés à passer à table pour apprécier pleinement la traditionnelle hospitalité des lieux. Une fois n’est pas coutume, le public nombreux commençait à s’impatienter dehors alors que la pluie s’abattait de manière quasi apocalyptique sur le parvis de l’Usine et que le groupe entamait, enfin, son repas.
Sur le coup des dix heures, la salle ouvra grandes ses portes pour laisser entrer une foule plus qu’honorable et à laquelle nous ne sommes pas vraiment habitués à Genève pour ce type de festivité ; les mauvaises langues diront que le lundi de Pentecôte férié en Suisse puisque les gens d’ici ne sont pas solidaires avec leurs aînés, ainsi que la disco rock qui allait suivre n’y étaient pas étranger, mais ne les croyez pas : les gens ont franchement bien adhéré à la chose.
Résolument pas pressés de se rendre sur scène, Brant et ses Bros commencèrent à investir la scène à onze heure et demie passé sans qu’il n’y eût la moindre première partie pour faire patienter les rockeurs de tous poils qui patientaient au rez du bâtiment.
Après une petite sélection de titres choisis et fournis par Brant, les Bros prirent place en face de leur public et leur meneur arriva comme à l’accoutumé avec son flying case pour en extraire sa strato au look bien keupon.


C’est au moment où je vis le bassiste se recaler face à un de ses ampegs et où les premières mesures étaient distillées que je me suis rappelé leur venue précédente et l’ennui qui m’avait gagné à plusieurs reprises durant le set. J’ai immédiatement chassé de ma mémoire ces désagréables souvenirs et me suis concentré sur le son délivré par ces étasuniens. Très en place, ils nous ont gratifié d’un concert plus que correct au niveau timing, mais qui prit du temps à prendre son envol. Un peu chiants au bout de la première demi-heure et pas vraiment interactifs avec le public ni même démonstratifs, ils m’ont à nouveau donné cette impression désagréable de jammer pour eux et rien que pour eux. Le setlist ratissa très largement en extrayant le meilleur de ‘Somera Sol’, dont je suis assez fan, comme ‘Shrine Communications’, Love Is Revolution’, qui est mon préféré sur leur dernière livraison et ‘Oblivion’. Car si je ne suis pas vraiment convaincu par l’exercice scénique de cette formation, je lui reconnais bien plus qu’un talent certain pour ce qui est de nous pondre d’excellentes compositions psychédéliques gorgées du soleil californien avec une bonne grosse dose d’influences seventies et, à mon sens, le dernier effort est ce que l’ex-Kyuss nous a pondu de mieux depuis ‘Jalamanta’. Pour ce qui est de son prédécesseur, ‘Get Into It’ et son riff imparable, demeure un des tout grands moments de ce concert très homogène.
Si on peut reprocher à juste titre à cette formation de ne pas être des bêtes de scène, il faut leur reconnaître une excellente maîtrise de leur art et un amour de l’exercice scénique puisqu’ils se sont produits durant presque deux-heure pour clore après un changement de corde de guitare réalisée avec leur empressement habituel. Le point positif est assurément le type qui est derrière sa batterie, lequel demeure un incroyable technicien frappant juste et fort avec un air totalement dégagé ; le point négatif demeure le mec à la quatre-cordes qui tourne le dos au public du début à la fin du show et dont seul les doigts semblent se mouvoir.
Tout comme d’hab, je ressors avec cette impression que c’était la dernière fois que je me bougeais pour les voir et tout comme d’hab je sais que je ne pourrai pas résister à l’envie lors de leur prochain passage dans les environs.

Chris

Queens Of The Stone Age, 8 et 9 mai 2007, Paris, France

Il n’y a pas à dire : quand les Queens of the Stone Age débarquent en France, c’est devenu un mini évènement. 
Ainsi, la bande à Homme était à Paris les 8 et 9 mai pour un passage dans les studios d’une chaîne à péage bien connue pour sa programmation cinématographique chaque premier samedi du mois, suivi, le lendemain, d’un concert à l’Elysée-Montmartre (le 3ème de leur carrière), le tout pour la promotion de leur cinquième album à paraître mi-juin : Era Vulgaris. 
Nous voici donc, shinkibo et moi-même, au studio 104, afin d’assister à l’enregistrement du live de la semaine. Il est quasiment 20H30 lorsque le groupe débarque, devant un parterre en délire… d’une petite centaine de chanceux fans ayant obtenu des places pour cet évènement. Je me croirais presque revenu en 1999 au Divan du monde avec ce public aussi nombreux. Bref, le groupe entame les hostilités avec le ‘Sick, Sick, Sick’ qui sonorise le site officiel du groupe depuis un bon mois maintenant. Le principe de l’émission étant de promouvoir un album au moment de sa sortie en nous en faisant découvrir des extraits en « live », nous avons donc le droit à 7 titres de Era Vulgaris. Dans le désordre, le groupe nous joue le magnifique ‘Into the Hollow’, ‘3s & 7s’, ‘Turning on the screw’, ‘I’m a designer’, ‘Misfit Love’ et ‘Battery Acid’. Une chose est sûre, on est bien loin des titres du premier album de QOTSA, album qui respirait encore le cactus baigné de soleil désertique californien. Outre ces nouveaux morceaux, cet enregistrement était pour nous l’occasion de découvrir les deux « bizuths » de la grande famille QOTSA, j’ai nommé Michael Shuman à la basse et Dean Fertita aux claviers. Que dire ? Personnellement, Fertita a été complétement transparent pour moi, à tel point que je serai bien incapable de le reconnaître si je devais le croiser dans la rue. Quant à Michael Shuman, sa performance m’a laissé pour le moins perplexe. En le voyant se démener, headbanguer, et bouger dans tous les sens, je n’ai pu m’empêcher de penser à un certain Logan Mader, guitariste de la grande époque de Machine Head (pour les incultes), qui sautillait, tel un farfadet, dans tous les sens….. et absolument pas en rythme avec la musique. Le barbu chauve n’a donc toujours pas de remplaçant digne de ce nom. Mais revenons plutôt à la performance du groupe. Une fois les 7 nouveaux titres dans la boîte, Mister Homme, d’humeur plutôt guillerette, nous prévient : il est temps de passer à du « Old Stuff ». C’est parti donc pour un petit ‘I think i lost my headache’, suivi du brûlot ‘Mexicola’ (vive le cactus). Puis vient le tour des « requests », ou l’audience demande les titres de son choix. Mettez ça sur le compte d’une soudaine passion pour Yves Lecocq, la voix des Guignols de l’info, mais notre shinki national ira de sa petite imitation de Chris Barnes, époque Cannibal Corpse, pour réclamer ‘Go With the Flow’. Et le pire, c’est que ça marche !!!! Un problème technique survenu au début de l’enregistrement nous permettra d’entendre une deuxième fois ‘3s & 7s’, avant que le groupe, et un Joey Castillo cataclysmique vienne clôturer la soirée par le furieux ‘A Song For The Dead’. Au final, il est un peu plus de 22H00 lorsque nous quittons le studio 104, et on se dit que finalement, c’était plutôt bien comme mini concert (gratuit) et qu’on a hâte d’être au lendemain. 

Nous revoilà donc le 9 mai, à l’Elysée-Montmartre, pour un concert ‘grandeur nature’. Première constatation : on sera un peu plus d’une centaine aujourd’hui. D’ailleurs, je n’ai jamais vu autant de monde attendre devant l’Elysée, entre les heureux détenteurs d’un ticket, les vendeurs à la sauvette, et les amateurs venus tenter dénicher la bonne affaire au marché noir. On ne reviendra pas sur l’organisation foireuse de cette date, initialement prévue le 15 juin, et qui a finalement laissé pas mal de monde sur le carreau. Les portes ouvrent à 19H00, et il faudra attendre 21H00 avant que le groupe prenne d’assaut la scène de l’Elysée pour un set… d’1H07 montre en main. Il y a quand même de quoi être déçu par cette brièveté, et ce malgré quelques bons moments. On retiendra donc le vraiment excellent ‘Into the Hollow’, le très sexy et sexuel ‘Make it Wit Chu’, le génialissime ‘Regular John’ ainsi que le tonitruant ‘Feel Good Hit of the Summer’ et ses paroles revisitées pour l’occasion (« Everybody knows you dance like you fuck »). Pourtant, l’ensemble ne décolle pas vraiment. Michael Shuman, son jeu de scène et ses hurlements Oliveriens sur ‘Feel Good Hit of the Summer’ (« cocaïne ») ne colle pas au tableau, Fertita est toujours aussi invisible, et Joey est en bien moins grande forme que le veille (petite dédicace au passage à un célèbre batteur nordiste qui, je le sais, a énormément apprécié le nouveau kit de son homologue). Espérons que le groupe se rattrapera lors d’un prochain passage dans les mois à venir. 

Setlist – Live de la semaine – Canal + – mardi 8 mai : 

Sick Sick Sick 
3’s & 7’s 
Misfit Love 
Turning On The Screw 
I’m Designer 
Into The Hollow 
Battery Acid 
I Think I Lost My Headache 
Mexicola 
Go with the Flow 
3’s & 7’s 
The Lost Art of Keeping a Secret 
A Song for the Dead 

Setlist – Elysée Montmartre – mercredi 9 mai : 

Sick Sick Sick 
The Lost Art Of Keeping A Secret 
3’s And 7’s 
Regular John 
Misfit Love 
In My Head 
Make It With Chu 
Into The Hollow 
Little Sister 
Burn The Witch 
Battery Acid 
Tangled Up In Plaid 
Go With The Flow 
Feel Good Hit Of Summer 
A Song For The Dead 

Stonerpope

Roadburn 2007, 20 & 21 Avril 2007, 013, Tilburg, Hollande

Devenu depuis quelques années l’évènement incontournable du microcosme stoner européen, le Roadburn répartissait cette année, et ce pour la première fois de son histoire, sa programmation sur deux jours complets, preuve s’il en est que ce festival ne cesse de prendre de l’ampleur. Le programme et les bruits de couloirs annoncent d’ailleurs une formule en quatre jours pour l’année prochaine, ce qui devrait permettre à chacun de mieux profiter de la pléthore de groupes proposés à l’affiche. Les quelques 2200 chanceux venus de tous les coins d’Europe (on dénombrait cette année une dizaine de nationalités différentes parmi les membres du public) pour vénérer le riff sacré auront eu droit pour cette douzième édition à une sélection impressionnante de groupes « majeurs » et principalement américains complétée par un tas de formations de moindre envergure mais toutes aussi prêtes à en découdre pour marquer les esprits d’un public avide de découvertes. Qualité et éclectisme pourront une fois de plus définir une programmation offrant la possibilité à chacun de se faire son festival à la carte, avec tous les choix cornéliens et les flux croisés de fans assoiffés de bière et de décibels que cela suppose. Il n’y a pas de Chill Out Room au 013, seulement trois salles qui ne désemplissent presque jamais et un labyrinthe de couloirs offrants au festivalier l’opportunité de se restaurer, de compléter sa collection de vinyles, de discuter ou de se perdre. C’est d’ailleurs ce qui failli nous arriver malgré une préparation soigneuse et un timing parfait pour le concert de The Sword. Invités sur le tard à inaugurer cette grande communion qu’est le Roadburn, les meilleurs riffeurs du Texas n’ont pas vraiment amélioré leur communication depuis leur tournée avec Nebula mais ils remuent désormais un peu plus, ce qui pourrait créer l’illusion qu’ils sont devenus un bon groupe de scène. Même s’ils tronçonnent sévèrement, les membres de The Sword ressemblent toujours à une bande de gars sans histoires propulsés directement d’un petit bar d’Austin vers toutes les salles d’Europe sans avoir eu l’occasion de consulter le mode d’emploi au préalable. Reste bien évidemment la qualité des compos, ces enchaînements de riffs à faire headbanguer un paralytique, ce son de gratte plombé comme on l’aime et un batteur très rigide derrière ses fûts mais dont la frappe sèche placera d’emblée la barre très haute pour tous ceux qui lui succèderont sur les différentes scènes. Quelques nouvelles compos viennent enrichir une set list de laquelle ressortent les déjà classiques « Barael’s Blade » ou « Freya » et on se met à espérer que les tournées consécutives en première partie de Nebula et Clutch porteront bientôt leurs fruits et permettront aux membres de The Sword de gagner un peu d’assurance sur les planches.

On nous pardonnera de ne pas s’être trop attardés sur Orange Sunshine, les locaux de l’affiche déjà présent l’année dernière mais désormais invités à inaugurer la scène principale, dont on abandonnera rapidement le Hard Rock 70’s assez bien foutu pour aller jeter une oreille furtive sur Pharaoh Overlord. La Green Room n’est qu’à quelques brasses et la traversée du couloir qui sépare les deux salles se fait sans encombre. Les Finlandais, impassibles, répètent leurs riffs minimalistes inlassablement, hypnotisant un public encore frais. Sur le deuxième morceau, les trois guitaristes et le bassiste se mettent à tourner lentement sur eux-mêmes à des vitesses différentes, entamant des oscillations en suivant le crescendo de la musique. Impressionnant.

On se reprend un jus de fraises avant la retraversée du couloir pour le concert de Clutch qui devrait commencer dans cinq minutes (tous les concerts commenceront exactement à l’heure prévue, le Roadburn est une affaire qui roule). Les roadies s’affairent avec zèle mais sans énervement sur la scène de la grande salle, secondé par Eric Oblander, le chanteur de Five Horse Johnson venu checker lui-même son harmonica. Les amplis sont religieusement disposés et leur vue nous donne déjà le sourire aux lèvres. Les musicos montent sur scène et c’est un Neil Fannon en grande forme qui apparaît à son tour. L’orgue est bien présent mais se planque discrétos derrière le mur d’ampli vintage de 1er choix (à vendre sa mère!) du gratteux. Tout est parfaitement en place et le sens de la jam session est bien au rendez-vous. Ce groupe est maintenant tellement accompli et uni que l’homogénéité de leur musique peut d’ores et déjà être qualifiée de sublime et légendaire. Histoire de faire les fines bouches, on regrettera un peu les disparitions sur le côté de la scène de Neil Fallon lors des passages purement instrumentaux. Il faut dire que le bonhomme monopolise toute l’attention, Tim Sult et Dan Maines se la jouant profil bas pendant que JP Gaster bastonne allègrement, même si son jeu de scène reste très basique. Ce ne sont pas Oblander et Wino, venus faire des apparitions successives en fin de concert, qui parviendront à lui voler la vedette. Le choix des titres issus essentiellement des trois derniers albums pourrait prêter sujet à discussion, mais bon… là, ça s’appelle jouer les sales gosses nantis parce que le concert fut magnifique.

Blue Cheer… hum, sans doute la déception de ce festival. Ok, les morceaux sont très correctement exécutés et les vieux titres (je sais, ils sont tous vieux, mais certains sont vraiment TRES vieux) comme « Doctor Please » ou la reprise de « Summertimes Blues » parviennent à filer un début de frisson, mais nos papys nous apparaissent tellement poussifs, rouillés et mous du genou qu’on est en droit de penser qu’ils sont venus en bénéficiant de la carte Vermeille. Le perfecto de Dickie Peterson sent la naphtaline et s’en deviendrait presque pathétique lorsqu’il tente désespérément de retrouver la flamme, penché contre son ampli. Loin de nous l’idée de jouer les petits cons ulra-branchés, mais il est évident que leurs morceaux ont mal vieilli et la longue plage horaire qui leur est accordée (1h15) fait retomber le soufflé qui avait tellement bien pris avec les groupes précédents.

J’abandonne Blue Cheer et j’hésite entre la fin du concert de Sun Dial et celui de Siena Root qui va bientôt commencer. J’opte stratégiquement pour les Suédois, la Bat Cave étant probablement plus accessible. Siena Root est un des groupes les plus « abordables » de cette première journée et il est composé de deux vikings, d’une version baba cool de Buzzo et d’une chanteuse très éloignée des stéréotypes du métal féminin, tout ce beau monde étant rejoint à la moitié du set par un guitariste aux allures de Popeye affublés de dreadlocks lui tombant jusqu’au bas du dos. Bon groove, solos bluesy et batteur un rien cabotin, les titres vintage s’enchaînent, pas vraiment renversant d’originalité mais joués avec beaucoup de feeling. On oublie un instant le gigantisme du Roadburn, les performances hyper carrées exécutées sans communion avec le public depuis une scène inaccessible pour se laisser emporter par la voix chaleureuse de Sanya et les gentilles jams qui égrènent le concert. Le bassiste passe aux percus et le guitariste derrière le Hammond le temps d’un titre ambiance feu de camp au fond des bois et ce n’est pas sans regret que je quitte la salle pour subir le déluge Melvuisnesque une deuxième fois cette semaine (Les Melvins jouaient à l’Ancienne Belgique il y a trois jours) après le petit numéro de cracheur de feu du batteur qui surprendra tout le monde.

Big Business et The Melvins, deux groupes qui sonnent différemment mais qui comportent en leur sein les mêmes musicos dans un line-up un peu varié. Big Business comprend le grand et fort Jared Warren à la basse et au “chant” et son acolyte Coady Willis derrière les fûts. Sur quelques morceaux, Dale Crover, le batteur des Melvins, assure la noise guitar. Ce sont ensuite ces trois lascars que l’on retrouve dans les Melvins avec bien sûr le célèbre King Buzzo (et sa coupe à la Tahiti Bob) à la gratte et au micro et Crover derrière le deuxième kit symétriquement similaire à celui de Coady Willis. Attention! Les deux groupes sonnent très différemment. Si le set de Big Business relève plus de la mélopée enlevée par une section rythmique sans faille et les aboiements de Jared, les premières notes envoyées par King Buzzo lors de son apparition nous plongent directement dans l’univers bien particulier et personnel des Melvins. Mais revenons à Big Business, un duo basse-batterie nickel-chrome survolé par le chant très particulier (entre le cri, l’aboiement et l’exhortation à très haute voix) de Jared d’une stature très imposante même dans sa toge super kitsch à l’hawaïenne. Sur la majorité des titres, Dale Crover envoie le bois avec la six-cordes ou plutôt participe à la création des atmosphères typées du groupe. La set-list fait la part belle aux titres du petit nouveau, s’ouvrant sur un « Hands Up » très énervé ponctué de la seule intervention de la soirée à l’adresse du public. C’est évidement parfaitement en place et on comprend sans peine ce qui a poussé Buzzo à les incorporer à son groupe. Willis est monstrueux d’efficacité, Warren ne fait rien pour mettre de l’animation sur scène et reste planté derrière son micro, laissant à Crover le soin de torturer sa gratte dans tous les sens en brassant un peu d’air.
King Buzzo pointe sa truffe armé de sa sublime Les Paul noire (il avait son mi aigu ce soir-là) et Dale Crover va prendre place aux côtés de Willis pour « Another Fourth of July … Ruined » , une sorte de marche militaire déjantée qui donne un avant-goût de l’impact visuel et sonore des deux batteurs, sur lequel ils enchaînent sans temps mort « The Talking Horse », l’entité Big Business muant instantanément en la nouvelle incarnation des Melvins. Le set n’est plus une surprise, constitué de la majorité des titres de « (a) Senile Animal » et rehaussé d’extraits de l’ensemble de leur discographie avec une prédilection pour les titres rapides. Néanmoins, leur prestation est cette fois encore splendide et intense. On reste béat d’admiration devant le travail des deux batteurs parfaitement synchros et on n’ose pas imaginer le temps nécessaire passé en répet’ pour obtenir un tel résultat. Les deux stars de la soirée, ce sont bien eux, ces batteurs siamois qui assurent le show dans les moindres détails, à tel point qu’on en oublierait presque Buzzo s’il ne remuait pas sa crinière de temps à autre. On ne sait pas très bien comment ces mecs parviennent à tenir deux heures tous les soirs avec un set visiblement identique mais d’une précision et d’une intensité totalement bluffantes et l’ovation qu’ils recevront en fin de concert, se congratulant debout sur leurs sièges respectifs après la chansonnette mystérieuse poussée par Jared Warren, est amplement méritée. Ce soir, Tim Moss ne sera pas obligé d’aller coller des pains aux membres du public frustrés qu’il n’y ait pas de rappel, comme ce fut le cas à Bruxelles.

Il commence à y avoir du monde et le public maudit l’architecte qui a prévu des couloirs aussi étroits entre les trois différentes salles. Il est quand-même possible de se frayer un chemin vers la Bat Cave où se produit Rotor. Ce trio teuton joue dans la plus petite salle, ce qui ne fait que rajouter à l’atmosphère torride de leur musique instrumentale. La fuzz est maîtresse tout au long du set mais une observation attentive permet de découvrir un travail tout en finesse entre le crunch, la fuzz et la wah-wah pour la gratte. La section rythmique est impeccable et joue également avec des nuances très appréciables. Un petit tour par la Green Room pour voir les Danois de Causa Sui . Est-ce du a l’heure tardive et au fait d’avoir passé près de sept heures collés aux enceintes ? Toujours est-il que la sauce a du mal à prendre pour un groupe dont le premier album m’avait pourtant fait très forte impression. Le gratteux prend des allures de Jimi Hendrix au fur et à mesure des morceaux d’une longueur impressionnante en raison des soli exécutés dans une ambiance de jam psychédélique. Et après la précision de Buzzo & Co, on ne parvient jamais à accrocher à ces longs crescendos qui se terminent invariablement dans un déluge de notes et de fracas de cymbales. L’intro a elle-seule dure près de dix minutes et même si quelques passages plus soutenus parviendront à nous sortir de notre torpeur, les titres défilent sans laisser aucuns souvenirs impérissables. Le chanteur manque un peu de voix dans cet ensemble très intense mais assure malgré tout derrière ses belles lunettes et ses poses à la Morrisson.

Il est près de 1h30 lorsque nous quittons Tilburg en ayant raté près de la moitié des groupes à l’affiche et notamment tous les groupes à tendance psyché qui se sont succédés dans la Green Room, ce qui se répétera malheureusement le lendemain.

En croisant quelques tronches de déterré dès notre retour au 013 le samedi, on se dit que la décision pas très rock’n’roll de rentrer sur Bruxelles entre les deux jours de festival n’était pas une mauvaise idée. D’autant plus que si la veille certains concerts permettaient de se reposer les tympans (enfin, c’est très relatif), la programmation de ce samedi est très orientée lourd, voir lourd de chez lourd. C’est d’ailleurs Acid King qui ouvre les hostilités sur la scène principale, ce qui est un peu regrettable. Avec un show de 45 minutes en pleine après-midi sur une scène gigantesque, le trio de San Francisco n’aura pas vraiment l’occasion de délivrer une prestation inoubliable. Lori, malgré son talent indéniable n’est pas une bête de scène et on la sent un peu perdue au milieu de tout cet espace vide. Toujours flanquée de Rafa à la basse mais désormais accompagnée d’un nouveau batteur, elle enfilera les titres essentiellement issus du dernier album, qui commence à dater, sans grande conviction, s’adressant brièvement au public en fin de concert. En vieille routarde capable de s’adapter à toutes les situations, elle ne manquera néanmoins pas de balancer ses riffs poisseux et ses solos acides, servie par un son hyper puissant, tout en faisant passer toute la douleur du monde dans ses lamentations toujours aussi fascinantes. Dans une petite salle en fin de soirée, ce concert aurait été complètement différent et aurait même pu devenir un des grands moments du festival.

Dix minutes avant la fin du set, on bifurque rapidos vers ma salle où les Suisses de Monkey 3 doivent se produire. Petite rencontre avec Peter et Patrick de Buzzville Records qui accompagnent leurs poulains pour l’occasion. Le groupe nous offre un superbe concert fidèle à leur excellent petit dernier déjà dans les bacs. Le son de ce groupe est précis et puissant. Quand la disto s’enclenche et que la basse et la batterie embarquent aussi pour la grande descente, c’est le tour en rollercoaster garanti. Ca commence vraiment fort pour ce samedi et la température est proche d’une usine équipée de fours à chaud. La programmation est un peu casse-pieds car c’est encore dix minutes avant la fin du set que nous devons nous éclipser pour voir The Hidden Hand. Wino électrise la salle dès son entrée, même si fidèle à sa réputation d’icône qui ne s’est jamais pris le melon, il vient de faire le soundcheck de ses nombreuses guitares lui-même. Malgré la valse des batteurs, The Hidden Hand demeure une machine parfaitement huilée capable de délivrer des prestations scéniques tout à fait bluffantes. La précision rythmique de Bruce Falkinburg et Evan Tanner offre un écrin sur lequel Wino vient coucher son jeu flamboyant, si souvent imité mais rarement égalé. Toute la discographie est visitée, le groupe interprétant même « Welcome to Sunshine » issu du split avec Wolly Mammoth et délivrant une version cataclysmique de « The Crossing » sur laquelle Bruce se sort les tripes derrière le micro. Le Godfather of Doom y va bien sur de ses poses et grimaces mais on sent que tout çà n’est jamais calculé, la scène étant pour lui un exutoire lui permettant de vivre intensément sa musique. Cinquante minutes, c’est un peu court mais suffisant pour me rassurer sur la bonne forme d’un groupe que je reverrai pour un concert complet quelques jours plus tard.


Décidément, tout se joue entre la Main Stage et la Bat Cave puisque nous retournons fissa mater un peu Amenra. La petite salle est ultra-bondée et il devient donc très difficile de profiter pleinement du groupe et de se plonger dans sa musique. De bons échos sur les prestations passées d’Amenra ont été entendus. Malheureusement, cinq minutes depuis le fin fond de la salle ne permettront pas de se forger une opinion.. Red Sparowes a une démarche conceptuelle: ce groupe instrumental tente de donner sa vision d’horreur du Grand Bond en Avant de la Chine entre 1958 et 1961 qui fit 30 millions de mort par la famine et la persécution sous Mao Ze Dong. Agrémentés de projections sur ce thème à l’arrière-plan, Red Sparowes joue aussi sur les nuances et les montées en puissance. Bien que n’ayant pas pu écouter leurs albums attentivement avant le concert (avouons-le), leur set est très bien ficelé et évoque le chaos et la destruction de manière personnelle et sincère. Baignés dans une pénombre rougeâtre permanente, les trois guitaristes alignés sur scène, parmi lesquels on trouve notamment un membre d’Isis, tissent des motifs complexes qui culminent en explosions sonores et offrent paradoxalement un moment d’apaisement et d’introspection bienvenu avant d’entamer le reste de la soirée. Mal inspiré, je quitte la salle pour aller voir Orthodox dont les membres sont tous vêtus de bures les couvrant de la tête aux pieds et leur Doom ultra lent et répétitif me semble tout à fait stérile en comparaison de la richesse des textures de Red Sparowes.

Nos jambes doivent maintenant payer leur lourd tribut à la fatigue et l’atmosphère étouffante dans les couloirs du 013 n’améliore pas les choses. On s’impatiente à l’approche de la perf d’OM dès 20h, d’autant plus que les roadies nous mettent l’eau à la bouche en amenant des amplis de basse dantesques sur scène. OM grimpe sur scène avec cette touche lymphatique très typique de leur musique à la fois d’humeur lourde, sombre et lancinante. Les deux gaillards de feu Sleep ne pressent pas le pas et font monter la sauce tout en douceur. Pourquoi se presser alors que la prog nous accorde une heure complète? Ce qui pouvait être discutable pour Acid King devient une évidence pour Om, ils n’ont absolument rien à faire sur la grande scène. Hakius a installé sa batterie sur le côté gauche, ce qui laisse à Cisneros un espace démesuré qu’il se gardera bien d’arpenté. L’usage abusif de psychotropes semble avoir laissé des séquelles sur son organisme et il restera prostré derrière son micro pendant une heure, se traînant parfois devant la batterie d’où Hakius l’observe avec un air de psychopathe. Le regard perdu dans le vague, il psalmodie ses paroles mystiques aux allures de mantras (comment fait-il pour retenir des textes pareils avec la moitié des neurones visiblement cramés, c’est un mystère) pendant que ces doigts remuent sur le manche de sa Rickenbacker avec une économie de mouvement proche de la catatonie. C’est le degré zéro de la présence scénique même si on n’attendait pas grand chose de leur part à ce niveau-là et on s’emmerderait sec s’il n’y avait pas ces compos envoûtantes et hypnotiques aptes à nous propulser dans un univers parallèle. Les deux premiers morceaux sont visiblement issus des différents splits (j’avoue avoir beaucoup de mal à distinguer leurs compos malgré le fait qu’ils en aient très peu) et la deuxième partie du concert est constitué de l’intégralité de « Conference of the Birds », les infra basses ruinant complètement l’ambiance si particulière de « At Giza ». Sans gratte, les basses fréquences depuis la main stage prennent des allures de mini-secousses sismiques. C’est tellement fort que j’en ai le cœur qui se soulève à chaque coup de bong (pardon, de basse), au point que je me tire après 3/4h en leur compagnie, non pas que le set soit mauvais mais leur ingé son doit avoir les basses fréquences de son ouïe tellement niquées qu’il est obligé de pousser tout à stock pour percevoir les sons. Vraiment dommage…

Pas de quoi pleurer pour autant puisque je m’éloigne fissa de la lourdeur des brumes oppressantes d’OM pour rejoindre le vol majestueux dans l’éther cher à Pelican. Pas évident de se mettre dans le trip en ayant raté les vingt premières minutes mais lorsque les grattes font parler la disto, c’est le re coup de réacteur salvateur qui me propulsent dans les cieux si délectables de leur post-rock instrumental trituré dans des riffs cinglants, des arpèges à vous faire pleurer et des impros subtiles sans tomber dans les travers de la prise de tête façon Causa Sui. Une nouvelle fois, après leur prestation luxembourgeoise une semaine auparavant, Pelican remet le couvert tout en subtilité et en patate. Décidément, ces types à l’allure si sobre et si humble sont épatants! Au même moment, Stinking Lizaveta se charge de mettre le feu à la Bat Cave exceptionnellement peu engorgée en raison du concert simultané du phénomène Pelican dans le Green Room. Groupe atypique et inclassable, ce trio américain quasi-instrumental (le guitariste « chante » parfois dans le micro de sa gratte et fait quelques voix), actif depuis dix ans et admiré par Steve Albini qui a produit deux de ses albums, fait ce qu’il appelle du Doom-Jazz et que l’on décrira comme un mix d’une kyrielle de courants musicaux à priori inconciliables. Atypiques, ils le sont à plus d’un titre en raison de l’utilisation d’une contre-basse électrique et d’une batteuse qui doit taper dans la quarantaine bien tassée, ce qui ne l’empêche pas de développer un jeu hyper technique avec une énergie et une dextérité proprement ahurissante. Malgré la chaleur, la fatigue et les tympans en bouillie, ils parviennent à me donner un sursaut d’énergie grâce à leur enthousiasme délirant même si leur musique n’est pas toujours des plus abordable. Le guitariste est particulièrement explosif, enchaînant des riffs inventifs et des solos fouillés, ne tenant pas en place et filant sa gratte à un membre du public pour un solo qu’il terminera lui-même avec les dents. Quand à la batteuse, un seul mot me vient à l’esprit : respect. Pour peu, l’impact visuel de son jeu vaudrait bien celui du tandem Crover-Willis de la veille, ce qui n’est pas un mince compliment.

Pas le tant de glander, je me sauve comme un voleur dès la dernière note pour aller voir Neurosis. Il y a du pour et du contre dans leur démarche. Trop triste émo pour certains, trop durs et noisy pour d’autres. Rien à secouer, même si ce groupe n’entre pas parfaitement dans les lignes éditoriales des zines stoner, il demeure néanmoins une référence difficile à classer. Il y a un constat sidérant à faire dès les premières notes: la qualité du son. On en a mater des groupes sur la main stage mais aucun d’entre eux n’a sonné comme cela. Le son est d’une puissance et d’un mix hors norme qui vous envoie dans les cordes au moindre envoi de bois. Lorsque les grattes balancent le jus, c’est une déferlante de puissance qui envahit la salle avec une célérité décoiffante. Le set est parfaitement exécuté et, dans ce déluge de patate, maîtrise parfaitement l’art du spleen et de la détresse humaine. Le public est raide mais en redemande et l’organisateur doit penser que le coup est bien réussi:Neurosis a bien été tourbillonnant du début jusqu’à la fin.

Pour clôturer ces deux jours d’orgie musicale, rien de tel qu’un concert de Colour Haze dans une Green Room où seuls les plus vaillants auront le courage de s’entasser pendant près de deux heures. Impossible de juger de la qualité de leur prestation, le set semble assez similaire à celui de la dernière tournée mais je suis épuisé et la seule chose dont je me souvienne, c’est de l’inhabituelle énergie déployée par Philipp Rasthoffer généralement plus discret. Est-ce dû aux dix minutes de méditation qu’il a effectué sur scène avant le concert, au désir d’achever tout le monde ou est-ce simplement ma perception qui commence à me jouer des tours ? Peu importe, je ne rêve plus que de calme et de confort jusqu’à la 13ième édition du Roadburn pour laquelle on espère néanmoins une programmation plus légère.

Thib & Jihem

Clutch, The Sword, Witchcraft, 17 avril 2007, Le Charlatan, Gent, Belgique

Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps : j’ai bien failli me contenter d’un “sublime” pour vous résumer cette soirée du 17 avril. 

Le Charlatan ouvre ses portes à 21 heures tapantes. Après quelques vaines tergiversations au stand T-shirt pour savoir quel modèle choisir, nous pénétrons dans le bar alors que WITCHCRAFT a entamé son set depuis 5 bonnes minutes. Le groupe est en train d’asséner ‘Witchcraft’, devant une salle déjà bien remplie et déjà très réceptive à la rythmique de plomb et au headbanging permanent de Ola Henriksson. En tout cas, tout y est : pantalon pattes d’éph, chemises larges, on a vraiment l’impression d’avoir fait un bond 30 ans en arrière (pour notre plus grand plaisir). Etant donné le programme chargé et l’heure tardive du début du concert, le set ne durera malheureusement que 30 minutes, le temps pour Magnus et ses 3 comparses de nous offrir en avant-première un morceau à paraître sur le prochaine album du groupe et qui ne laisse augurer que du bien. Nous en reparlerons sûrement sur Desert-rock. 

Quelques 20 minutes plus tard, c’est au tour de The Sword d’investir la minuscule scène du Charlatan. La batterie de Trivett Wingo est installée sur le devant, laissant peu de place aux 3 autres membres du groupe. Le groupe va pourtant se démener et nous régaler avec un set intense de bout en bout. ‘Freya’, ‘Winter Wolve’s’ et j’en passe. Impossible de ne pas taper frénétiquement du pied et headbanguer sur la musique de The Sword. Et encore une fois, on est un peu déçu que le set ne dure que 30 minutes car on en aurait encore bien repris un peu tant c’était bon. 

Il faudra attendre 23H15 donc avant de voir enfin Clutch pointer le bout de son nez. Et là, que dire ? Que Clutch est fidèle à sa réputation scénique, que le groupe est encore meilleur en live que sur album, qu’il règne entre les 5 compères une alchimie incroyable. Bref, Clutch sera monstrueux durant 1H45, enchaînant les titres sans temps mort (juste un “Thank you” de temps en temps). Qui plus est, on a beau connaître les capacités exceptionnelles de Neil Fallon, on reste vraiment scotché par sa puissance et performance vocale. En vrac, on a le droit à ‘Pure Rock Fury’, ‘Burning Beard’ ou encore ‘The Devil & Me’. Croyez le ou non, mais JP Gaster martèle ses fûts comme un dératé, comme si sa vie en dépendait, créant sur scène de mini secousses sismiques faisant trembler le mur d’enceintes situé juste derrière Dan Maines. L’apport de Mick Shauer est indéniable, donnant ainsi à chacun des titres une dimension quasi religieuse. D’ailleurs, Neil Fallon est tellement habité et vit chaque morceau de façon si intense qu’il donne l’impression d’un prédicateur venu apporter la bonne parole à un public du Charlatan conquis à la cause de Clutch. Le temps passe, le groupe nous offre quelques jams impromptus et parfaitement maîtrisés, Gaster y va d’un solo de batterie absolument cataclysmique, et, cerise sur le gâteau, le groupe est rejoint par Eric Oblander (de Five Horse Johnson) et son harmonica pour un ‘Gravel Road’, et un ‘Electric Worry’ encore plus impressionnant que sur skeud, à tel point que la salle reprendra le “Bang Bang Bang Bang! Vamanos Vamanos” en c(h)oeur. 

Il est 1H00 du matin quand nous quittons le Charlatan, des images plein les yeux et de la bonne musique plein les oreilles. Tout ça pour seulement 11 euros ! 

Stonerpope

Pelican, 13 avril 2007, Out Of The Crowd Festival, Esch-sur-Alzette, Luxembourg

Nos amis luxembourgeois nous avaient réservé une surprise de taille pour la 4e édition de leur Out Of The Crowd Festival: Pelican. Pour les infos sur ce fest, merci de vous reporter à la news du 10/04/2007. 

J’arrive pour le set des Bruxellois de White Circle Crime Club et leur noisy pop triturée me rappelle des amours lointains. Pas mal de gens dans la salle, surtout pour voir les gloires locales de l’émo-rock, à savoir Eternal Tango. Pas mon truc mais il faut avouer que les set est très bien tenu. Ensuite, These Arms Are Snakes (US) monte sur scène pour foutre le feu dans une débauche post-blues déjantée que les fans de Jesus Lizard n’auraient pas reniée. 

Il est minuit 30 lorsque les aigles, pardon les PELICANs, entament leurs premières notes. La foule a déjà commencé à déserter les lieux, peut-être par excès de fatigue, d’alcool mais surtout, à mon avis, parce que ce genre de musique n’intéresse guère les locaux trop heureux de s’être lâchés sur Eternal Tango. Enfin, tant pis pour eux parce que la musique de haut vol était au rendez-vous. 

Les 4 musicos nous montrent d’emblée une superbe cohésion en faisant la part belle au petit dernier (The Fire In Our Throats Will Bekcon The Thaw sur Hydra Head Records). La sensibilité et les montées d’adrénaline nous assurent un décollage riche en émotions et c’est dans l’éther apprivoisé, que les lascars nous maintiennent en état de parfaite lévitation. J’ai plané grave ce soir-là bien qu’ayant fortement limité ma conso d’alcool. 

Pas besoin de se faire des signes, pas besoin de voix, leur post-rock instrumental est parfaitement maîtrisé avec des plans magnifiques à la limite de la dérision tellement ils sont simples mais ô combien subtils et calibrés. Les types entrent eux-mêmes peu à peu dans leur propre musique et commencent à se contorsionner et à vibrer pour atteindre un état de transe par moment. Pour sûr qu’ils prennent leur pied! 

On attend surtout des grattes d’apporter une palette des couleurs donnant toute la saveur et l’intensité au set. Mais à côté de cela, il faut apprécier le remarquable travail du bassiste et du batteur qui, outre le pilonnage et soutien parfaits qu’ils assurent, se montrent également des grands sensibles tout au long des variations. 

Peu de gens pour ce baptême de l’air hier soir mais quelle prestation!

Thib

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