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Deux facteurs nous mettent en joie en arrivant au Z7 cet après-midi : 1/ la météo est plus favorable qu’hier (où un crachin occasionnel était parfois un peu ennuyeux) et 2/ sur le papier, le programme du jour s’annonce énorme. C’est donc avec un enthousiasme certain (et une certaine envie) qu’on aborde cette troisième et dernière journée…
LORD KESSELI & THE DRUMS
Ce groupe au sobriquet pour le moins énigmatique prend la scène en début d’après-midi, tandis que les festivaliers, usés par deux grosses journées dans les jambes, se réunissent petit à petit, qui avec un café, qui avec une première bière en mode “réveil”, le tout baignant dans une atmosphère d’encens, qui brûle depuis un bon moment avant le set. L’ambiance est d’autant plus étrange que la musique développée par le duo (oui, le patronyme n’était pas trompeur) est pour le moins atypique : une base très électro, des nappes et des beats lancés par le batteur, le visage caché derrière son rideau de dreadlocks… Dominik Kesseli, le Lord du titre, se présente en costume quasi-cérémonial, maquillé et accessoirisé, et déroule ses titres au jeu de guitare minimaliste, avec occasionnellement quelques fulgurances saturées plutôt rares. On aura du mal à s’emballer franchement pour cette prestation, mais on retiendra une introduction soft plutôt bienvenue avant la montée en tension.
STEAK
Une montée en tension qui se dessine très vite sur la main stage, avec les anglais de Steak. Armés d’un super light show et d’un son impeccable, les quatre musiciens font très vite la démonstration de leur efficacité et de leur solidité : chacun connaît bien son rôle et fait le job, la section rythmique est impeccable, Reece mène les débats côté guitaristique (riffs et leads), et Kippa, frontman tout en humilité, finit de dessiner le caractère sonore de l’ensemble. Un ensemble qui reste bien ancré dans un stoner assez traditionnel, de bonne facture, dont finalement assez peu de représentants sont actifs sur la scène musicale aujourd’hui. Le groupe nos gratifie assez tôt dans le set de son classique “Liquid Gold” et de quelques autres compos efficaces. Bref, un très bon concert, qui nous interroge sur la place du groupe dans la journée, finalement assez tôt… Ça laisse augurer de beaux morceaux pour les concerts suivants !
LO-PAN
Puisqu’on parle de beaux morceaux, et sans jeu de mot foireux, les gaillards de Lo-Pan montent sur la side stage… Mâchoires serrées, mise en place immédiate, les ricains ne sont pas venus là pour louvoyer. Ça commence par le super-catchy groove de basse de “Sage”, et ça ne s’arrête plus pendant trois quarts d’heure. Ce ne sera d’ailleurs pas le seul extrait du dernier album du groupe, dans lequel ils piocheront l’essentiel du set du jour – pas de motif de plainte à l’horizon, il est excellent (et il rend bien en live). Les fans les plus anciens regretteront néanmoins que la pourtant qualitative discographie du groupe ne soit pas mieux représentée… Mais abandonnons immédiatement toute perspective de déception, Lo-Pan sur scène c’est une machine à l’efficacité remarquable : un bassiste solide et nerveux, un batteur hargneux et puissant, un guitariste taciturne mais redoutable, et bien sûr l’imposant Jeff Martin, vocaliste au registre atypique, aussi mélodique que puissant. On était habitués à le retrouver plus discret, parfois en fond de scène sur tout le concert, on le retrouve aujourd’hui aux côtés de ses collègues, assuré, à l’aise dans la communication avec le public et dans son rôle désormais assumé de frontman. Du coup le kif est total, et le concert se termine trop tôt à notre goût, on en aurait bien repris un peu…
ELEPHANT TREE
Elephant Tree sur la mainstage c’est une des garanties sans risque de l’affiche du jour. Raison pour laquelle le public est présent en masse pour accueillir les anglais, qui, à leur habitude, montent sur scène avec le sourire, ça fait toujours plaisir. Les gars semblent heureux d’être là, ça se voit, et ce sera le cas pendant les 45 minutes qui viennent. Ils blaguent avec le public, embarquent leurs nombreux potes en coulisses dans leur délire (les gars de Steak montent tous sur scène à un moment pour leur apporter des shots à chacun, Igor de Stoned Jesus vient chanter sur le dernier titre…). Et musicalement, car l’essentiel est bien là, c’est évidemment redoutable d’efficacité, l’exécution est parfaite et ça part dans tous les sens : rythmiques groovy, riffs nerveux, mid-tempo ou rapides, plans heavy… Elephant Tree marie subtilité et lourdeur, comme sur cette excellente version de “Surma”, qui finit de ravir un public en joie. Il nous tarde d’entendre le nouvel album, désormais imminent…
24/7 DIVA HEAVEN
On était plutôt dubitatifs initialement de constater la présence d’un groupe de punk rock aussi haut sur une affiche d’un festival qui fait la part belle au stoner rock et ses multiples déviances. Directe émanation du mouvement Riot grrrl, le trio berlinois déboule sur la side stage à l’heure de l’apéro, bien décidées à en découdre. Et finalement, la pilule passe étrangement bien. Nous ne revendiquerons aucune expertise sur le genre musical pratiqué que nous nous abstiendrons donc de commenter, mais l’énergie déployée semble contenter le public (même si en toute logique la fosse n’est pas la plus tassée du week end) et, plus que tout, offre une parenthèse et un peu d’air frais à cette affiche dense en grosses formations stoner.
NEBULA
…et s’il fallait un énième groupe aujourd’hui pour appuyer ce postulat, Nebula débarque sur scène, tout auréolé de son statut de pionnier du genre musical qui nous intéresse. Après une parenthèse de plusieurs années qui ressemblait fort à un split, Eddie Glass et Tom Davies étaient revenus motivés et en grande forme montrer que Nebula avait encore des choses à dire et de sérieux arguments à défendre. Le premier constat à l’arrivée sur scène du trio c’est : “Mais où est Tom Davies ?”. En effet, un grand bassiste à la longue tignasse brune frisée occupe le côté gauche de la scène en lieu et place de l’emblématique musicien à l’éternelle Gibson Firebird. Point de malaise a priori, ni de signe avant-coureur de retour des mauvais travers de Nebula : simplement, le bassiste est bloqué à Los Angeles pour des besoins administratifs (pas ce que vous croyez…), et Ranch, leur technicien guitare, le remplace sur cette tournée. On se dit alors que le concert risque d’être un peu boiteux, sans l’un de ses piliers, mais maître Glass – ayant par ailleurs retrouvé ses oripeaux traditionnels et ses cheveux bruns – est bien déterminé à nous rassurer. Et il s’y emploie avec fougue et un argument inattaquable : une set list en béton armé, s’appuyant sur une discographie pour le moins solide ! D’ailleurs, même si le frontman balance quelques bons titres du dernier album Holy Shit, il va taper bien loin dans ses vieilles compos pour dégainer des petites perles, à commencer par son intro sur le classique spacy/heavy “To the Center”, mais aussi des titres comme le terrible “Giant”, “Freedom” ou encore l’agressif “Fall of Icarus”. Quel pied ! Glass virevolte, écrase sa wah wah, parle au public… Bref, il est en forme, et Nebula se repositionne comme sérieux challenger aux meilleurs groupes du genre… en activité ! Superbe surprise.
GREENLEAF
Dire que l’on n’a pas vu Greenleaf sur scène depuis longtemps serait mentir. Il serait aussi abusif de dire qu’on ne sait pas à quoi s’attendre : à coup sûr, les suédois (et un peu allemand pour leur bassiste Hans) vont débouler sur scène comme des furies, Tommi va faire voler sa casquette au premier de ses furieux headbang, Arvid va arpenter la scène de long en large avec sa démarche bien particulière et haranguer le public à foison, le groupe jouera une majorité de chansons de ses derniers albums, etc… La recette est connue… mais elle marche à chaque fois ! Et aujourd’hui ne fera pas exception, le public massé devant la side stage a la banane et est ravi, il faut dire qu’il en a pour son argent. Les hits sont là, et l’énergie est aussi au rendez-vous. Petit couac au démarrage néanmoins, avec Hans qui casse sa corde de basse : le contexte est immédiatement mis à profit par Arvid qui s’engage dans un a capella blues-soul en interaction avec le public pour passer le temps. Parfaitement adapté, bien vu, particulièrement dans la continuité enchaîné avec le très soul “Sweet is the Sound”. Pour le reste, la set list tape uniquement dans les trois derniers disques, encore une fois sans aucune surprise, mais propose ce qui est désormais du 100% tube de haute efficacité. Tout le monde était content, et on n’en attendait pas moins.
CHURCH OF MISERY
Un peu plus rares sur les planches (même si finalement assez actifs depuis leur dernier album) les japonais de Church of Misery se retrouvent bombardés bien haut sur l’affiche du jour, ce qui n’est pas pour nous déplaire. De même, le line up nous revient identique aux dernières (remarquables) interventions du quatuor, ce qui est plutôt une perspective sympa lors de l’arrivée sur les planches du groupe (Mikami étant susceptible de changer son line-up assez radicalement quand bon lui chante). On a très vite la confirmation de la bonne tenue du set en prenant un “El Padrino” en pleine poire dès l’entame de match. Enchaîné à “I, Motherfucker” puis “Brother Bishop”, une autre information se dessine : ce soir, c’est un best-of que nous sert le groupe, rarement enclin malheureusement, il est vrai, à aller chercher quelques vieilles pépites oubliées au fond de sa foisonnante et excitante discographie. Autre constante avec le groupe : ils terminent leur set 5 minutes plus tôt que prévu, gâchant donc le potentiel de nous lâcher un toujours bienvenu “Murderfreak Blues”, “Badlands” ou autre joyeuseté… Mais on va pas bouder notre plaisir, comme à son habitude le groupe est en grande forme, avec toujours Mikami (la basse sous les genoux et en pattes d’eph’) qui vient au contact du 1er rang assez souvent et un vocaliste/frontman que l’on a connu plus excité, mais qui fait largement sa part du boulot – en particulier en usant plus souvent de son thérémine, notamment sur le final de “Killfornia” en clôture de set. Bref, du bon, du très bon même, et encore un concert de très haut vol dans cette journée qui finit par être étourdissante.
LOWRIDER
Ah, là, voilà un groupe pour lequel on ne pourra pas avancer qu’il est très présent sur les routes : Lowrider, hormis un break discographique qui se compte en décennies (ce qui va beaucoup changer dans les prochains mois….), n’est pas vraiment suractif sur scène depuis sa “réactivation” il y a quelques années. Chacune de ses prestations est donc un événement en soi… il ne faut pas nous pousser beaucoup pour nous retrouver au premier rang (où on est fort serré, on n’est pas les seuls à se languir des suédois semble-t-il). Le quartette engage les hostilités sur une série de classiques, “Caravan” et “Dust Settlin'”, on est en terrain connu, mais ô combien attendu… Puis rapidement, le concert bifurque, mais pas dans le mauvais sens du terme : Lowrider a désormais un paquet de nouveaux titres dans sa besace, posés sur bandes d’enregistrement, et est bien décidé à les partager (ou les tester ?). Du coup, ils les mélangent aux anciens titres, l’opportunité donc d’entendre des titres qui seront dans leur mini-album “Postwax” à venir ans quelques semaines et… d’autres ! On vous en dit pas plus. Quoi qu’il en soit, on a droit à ré-entendre “Into The Wild” (déja joué il y a 2 ans sur la même scène – cadeau : https://youtu.be/zREKvi_4Rcg) et une poignée d’autres (qu’il est difficile d’évaluer en première écoute, soyons honnête, en tout cas ça semble solide mais perfectible en live – on garde en mémoire une intro un peu bancale…), alternés avec quelques vieilles cartouches (“Convoy” bien sûr, “Lameneshma” chanté par Ola, mais aussi des titres plus rares comme “Ol’ Mule Pepe”). Le tout défile du coup bien trop vite… mais pas que pour nous, étant donné que le groupe vient bouffer son créneau horaire en dépassant d’une généreuse dizaine de minutes ! Régisseur magnanime, fin de fest en prévision, public en joie… Ça ne dérange personne ! Trop-plein de générosité : à un moment, ça déborde…
STONED JESUS
On va commencer en mode graveleux : pour être headliner d’une affiche de ce niveau, il faut en avoir une sacrée paire, reconnaissons-le. Sans pression apparente, Igor et ses deux compères montent sur la main stage sans effet de manche et lancent direct le vieux “Red Wine” qui donne le départ à ce qui ressemble fort à une set-list “assurance tous risques” avec tous les plus grands classiques du groupe, et seulement 2 ou 3 du dernier album… Mais n’est-ce pas justement ce que l’on attend d’un headliner, ou bien ce qu’un headliner “doit” proposer à un public forcément plus large que le sien pour lui présenter toutes les facettes du groupe ? Peut-être, toujours est-il que l’on n’a pas vraiment de surprise. Sur scène, après quelques minutes pour se chauffer, on retrouve le trio que l’on connaît, à l’aise sur les planches et avec leurs instruments, avec Igor toujours solide, à la manœuvre, et Serhiy à la basse (désormais dreadlocké) loin de se laisser effacer, dans son style bien particulier, rarement pratiqué dans ce genre musical. Ça joue bien, les titres défilent et, à 15 minutes de la fin, surprise !, l’intro nonchalante du boursoufflé, roboratif et rebattu “I’m the Mountain” (qui, à la grande surprise de votre serviteur, continue de contenter les foules…). Il faut bien en passer par là… et c’est donc après ce titre fleuve que le groupe salue le public et quitte la scène. Comme Lowrider, et sans impact vu qu’ils sont le dernier groupe à jouer, ils remontent sur scène après avoir dépassé leur horaire pour un (toujours pas très original mais efficace) “Here Come the Robots”, vivifiante outro à un set qui ne se sera exposé à aucune critique : solide, sérieux, pro.
Soyons lucides : autant la veille fut la journée des découvertes, des révélations et des bonnes surprises, autant aujourd’hui fut la journée des valeurs sûres, et le constat factuel est que ce qui s’annonçait comme une journée énorme sur le papier a tenu qualitativement toutes ses promesses. Il a manqué le petit grain de folie qui aurait pu faire bifurquer l’un ou l’autre de ces sets, mais chaque groupe fut présent au rendez-vous, voire au delà des attentes dans certains cas. Et quand une scène musicale dispose d’autant de richesses et de potentiel scénique, et qu’ils trouvent des orgas aussi compétentes pour les rassembler dans des conditions aussi sympas, on peut se dire qu’on risque de revenir à Bâle (et ailleurs) encore plusieurs années sans risque de s’y ennuyer !
Oui vous lisez bien, le titre de cette chronique dit “Jour 2″… “Mais il est passé où, le jour 1 ??” vous demandez-vous, légitimement (et probablement au bord de la panique)… Pour des basses questions logistiques, votre serviteur ne put rallier la belle région bâloise pour le 1er jour du festival cette année, première fois où l’organisation a choisi de passer le format de deux jours traditionnellement à trois jours ! Pas un drame : on pourra assister à deux pleines journées de festival quand même… et quelles journées, vous allez voir !
E-L-R
On regagne donc le Z7 alors que le complexe se remplit déjà. Les copains nous racontent les concerts de la veille (aucune prestation décevante apparemment, y’avait du haut niveau…) et la journée commence avec E-L-R sur la scène latérale. Une scène latérale désormais partie intégrante du dispositif, d’une très grosse capacité (quasiment autant que la scène principale intérieure), à l’extérieur mais protégée par un barnum géant, et à la sonorisation impeccable. Les trois membres du groupe qui prennent la scène dans un décor un peu floral vont vite nous en apporter la confirmation. Les deux musiciens qui empoignent leurs instruments sur le devant de la scène se dotent d’une mine taciturne qui fait probablement partie du “package” musical pratiqué, le trio déroulant une sorte de doom metal atmosphérique se frottant au dark/post metal par moments. Le tout n’est pas sans intérêt, et peut rappeler par moments des groupes comme Subrosa (R.I.P.), la part pseudo-symphonique en moins (même si E-L-R recourt à quelques bandes et samples pour apporter un peu plus de densité que celle produite par leurs seuls instruments). Le chant est rare et l’atmosphère lourde prime, à l’image de l’attitude scénique des protagonistes, sans un sourire et quasiment sans une parole à destination de leur public. Ils quittent la scène là aussi sans l’ombre d’une quelconque célébration (un sourire, un “coucou”, un salut de la main, un cœur avec les doigts… rien !) au bout de quarante minutes qui auront finalement pas mal convaincu un public qui a fait une belle découverte.
NO MUTE
On avait déjà vu No Mute dans ce même festival en 2014, on les retrouve un peu comme on les avait laissés, avec néanmoins un second album sous le bras. Est-ce que ça justifie une place sur la main stage ? Comme on le verra au fil du week-end, il n’y a pas vraiment de “hiérarchie” entre les deux scènes, la scène latérale ayant une contenance presque équivalente… Toujours est-il que les suisses, que l’on voit peu tourner (ou faire quoi que ce soit d’ailleurs) se démènent avec leur heavy rock énervé, devant un public assez épars, et plus poli qu’excité pour tout dire. Mais sur scène ça joue avec sérieux et énergie, le chanteur crie beaucoup, le guitariste est enragé… Ils ne ménagent pas leur peine, et c’est tout à leur honneur, mais ça ne suffit pas à faire entrer ce concert dans la postérité.
HATHORS
Dans la série des groupes suisses “on est un peu obligé, on est en Suisse quand même”, voici maintenant Hathors. Le trio de Winterthur laissera une impression modérée sur le public encore un peu vasouillard. Leur heavy rock vaguement indé / grunge trouve difficilement sa place sur cette affiche, et même si leur énergie et leurs gros riffs font le job, associés à une interprétation solide, on ne tient pas encore le concert du jour…
THE GREAT MACHINE
Vous avez dit “concert du jour” ? Là on tient peut-être un bon challenger. On avait vu le trio israélien mettre le feu sur le toit du bateau du Desertfest Berlin, on s’attendait donc à prendre une claque. Ce ne fut donc pas une surprise : claque il y eut ! Les bonhommes déboulent sur scène remontés à bloc : perpétuellement en mouvements, les gars sont taillés pour la scène. Leur jeu n’en pâtit jamais, ça joue et ça joue bien (on a rarement droit à pareil jeu de basse dans les groupes stoner). les gars montent sur les retours, les amplis (spéciale dédicace à Aviran qui saute depuis le dessus de sa tête d’ampli… et se casse la gueule ! Mais finit de jouer…). Leur stoner énervé fait penser à l’enfant étrange de Kyuss et System of a Down, ce qui ne les empêche pas de développer des ambiances plus psyche par moment… Comme on n’en avait pas eu assez de leurs frasques, les gars décident de délocaliser leurs instruments dans la fosse (avec un mini kit de batterie ouais!) et vont jouer le dernier titre dans le public, avec Aviran qui se fait porter sur la grosse caisse, slamme, etc… Un gros, très gros moment de ce festival.
SAMAVAYO
Pas de surprise à l’horizon cette fois : on sait déjà en regagnant la seconde scène que Samavayo est un groupe discret mais solide. Confirmation au bout de quelques instants, tandis que le frontman, Behrang, fait montre de son talent et de la classe de son jeu. Les compos, nerveuses, dépotent (même si les mid-tempo sont aussi au rendez-vous), issus d’une disco plus dense qu’on ne le penserait. Stoner, heavy, prog, le tout se mélange sans jamais se perdre en route. Sur scène, c’est du velours : ça joue carré, c’est pro, rien à redire. Seul facteur relou : les gars communiquent beaucoup avec le public… en allemand ! Les nombreux spectateurs italiens, francophones, anglophones… apprécient ! Évidemment ils finissent par leur incontournable hit “Rollin'”, avec un segment dédié pour faire participer et chanter le public. Impeccable !
THE DEVIL AND THE ALMIGHTY BLUES
Encore une fois, pas de surprise prévue : on sait qu’on va se faire plaisir. Sur la main stage, avec des lights soignés, un son énorme, le heavy blues suave des norvégiens tape dans le mille. S’appuyant sur des assauts de guitare de toute beauté, Arnt Andersen hypnotise un public prêt à lui manger dans la main. Loin de l’attitude de frontman, le chanteur (en toge…) recule en fond de scène dès que ses lignes de chant sont terminées, pour mieux mettre en avant ses collègues. Des collègues guitaristes en particulier dont le jeu classieux rappelle les plans les plus chaleureux de Graveyard par exemple. “Root to Root” et “Salt the Earth” remportent tous les suffrages, mais c’est ce vibrant “The Ghosts of Charlie Barracuda” à la fin qui fout la chair de poule, introduit par un Andersen qui gueule le refrain en intro sans micro à destination du public… Pfiou… Superbe.
THE MACHINE
Toujours un plaisir de retrouver le trop rare trio hollandais, qui investit humblement la side stage et se lance dans un set costaud et maîtrisé. Calme et puissance. La structure power trio donne dans ce genre musical une assise parfaitement indiquée, permettant en particulier de mettre en exergue le talent de David Eering, dans les vocaux mais surtout dans son jeu de guitare, pêchu dans les riffs et incisif dans les soli ! Car derrière ça bastonne, le son de basse est énorme et la caisse claire de Davy Boogaard est redoutable. On a d’ailleurs l’opportunité de toucher du doigt cette bonne dynamique rythmique tandis que Eering doit régler un problème technique pendant quelques minutes et que le duo déroule un groove impeccable sur toute la durée. Les bonhommes terminent par “Faceshift”, le morceau titre de leur très bon dernier album sorti l’an dernier, en apothéose avec un final de plusieurs minutes en forme de déluge de soli fuzzé et de wah-wah a gogo. Orgiaque ! Encore une belle démonstration.
MANTAR
Décidément, le line-up de cette seconde journée de festival flaire bon la valeur sûre, le groupe qu’on prend toujours le même plaisir à revoir live, en sachant à l’avance qu’on va se faire bouffer cru. C’est le cas de Mantar, on sait qu’on va prendre une tarte, mais on accourt dans les premiers rangs à chaque fois. Et on peut le dire désormais, la machine est bien huilée, un peu plus à chaque fois. Les claques s’enchaînent, “Cross the Cross”, “Spit”, “Into the Golden Abyss”, etc, etc… Rien à dire. On trouvera peut-être Hanno moins loquace et interactif avec le public qu’on n’avait pu le voir au Hellfest cette année par exemple, mais on est tatillon… L’essentiel est là, à savoir une série d’assauts sans fioritures, des riffs les uns par dessus les autres… Hanno écrase son pédalier 150 fois pendant le set tandis que Erinc, en forme, explose ses futs pendant une heure, une créneau généreux pour que le duo s’exprime. Un duo qui devient trio pendant quelques instants d’ailleurs, quand Hanno invite un pote vocaliste beugler avec lui ! Une affaire qui roule.
DOPELORD
Un long trajet et quelques aléas ont créé quelques sueurs froides en coulisse quant à la présence de Dopelord sur les planches… Deux pauvres minutes après l’heure prévue, les quatre barbus polonais sont prêts à lâcher les chevaux. Et au final, personne ne se serait aperçu de rien si Piotr Zin (immédiatement disqualifié pour un pantalon à rayures violet aux limites de l’acceptable) n’arrêtait pas de s’excuser durant tout le concert ! (devant un public qui ne comprend pas trop, le set ayant commencé quasiment à l’heure) Mais très vite le non-événement est oublié et les heavy-doomeux lancent leur set sur un bon rythme, et en particulier dès le très apprécié classique “Addicted to Black Magick”, véritable carton qui met le public dans d’excellentes conditions. Pour le reste, leur musique flaire bon le vieux Sabbath Noir dès qu’ils accélèrent un peu le rythme (le tee shirt “Sabbath Worship” de Zin n’est pas là pour rien) avant de se pencher sur des plans doom plus classiques ici ou là. Le tout est apprécié comme il se doit et le public headbangue en rythme. Les problèmes techniques de Paweł Mioduchowski sur la fin (pas de son) ne viendront pas empiéter la bonne humeur du public, qui a bien kiffé… et nous aussi !
AMENRA
Incontestés headliner de la soirée, Amenra monte sur scène dans la pénombre. Van Eeckhout est le seul musicien actif en début, dos au public (on est habitués) à genoux, un spot sur lui, à taper avec une baguette sur un instrument métallique, en rythme, pour constituer l’intro bien connue de “Boden”. Le titre prend son envol, et le light show du concert se dessine, à travers la projection sur l’entièreté du backdrop, light show qui la plupart du temps constitue l’unique apport de lumière sur la scène (complété parfois par quelques stroboscopes ou spots blancs qui développent l’ambiance hypnotique voulue par le quintette)… Van Eeckhout attire les regards malgré, on le répète, son habitude de jouer dos au public – une habitude qu’il mettra à mal plusieurs fois en venant gueuler sur les premiers rangs ! Pour le reste, on appréciera la set list qui pioche dans la majorité des albums du groupe, mais la journée fut lourde et exigeante, et votre serviteur manquera la fin de ce set, en outre de la part d’un groupe qui sort un peu de nos références musicales…
Sur la papier, cette journée était solide de bout en bout, et à ce titre, elle a répondu aux attentes, voire même les a dépassées à travers quelques groupes “surprise”, mais aussi des groupes attendus qui ont su se transcender sur scène. Cette journée fut bien meilleure qu’on n’aurait pu le penser initialement, et quand on jette un œil au line-up du lendemain, on se dit qu’on a intérêt de prendre des forces, car il y a du lourd…
[A SUIVRE…]
J’ai senti le besoin d’ajouter une longue introduction à ce qu’est pour moi un concert de Sleep. Il est bien évident que la plupart des lecteurs n’en ont pas grand-chose à faire donc soyez sympa, pour aller directement dans le dur, sautez le premier paragraphe !
Un concert de Sleep n’est pas un concert classique. Jamais. Déjà parce que l’immense majorité des fans de Sleep le sont devenus lors d’une longue période d’inactivité du groupe, plus précisément après un split qui paraissait définitif. Toute la décennie 2000, celle des tergiversations autour de la commercialisation de Jerusalem/Dopesmoker, était une décennie durant laquelle Sleep live n’était pas une option. Juste un rêve enfumé. High On Fire et OM, le feu et l’eau, ça oui. Mais pas Sleep. Jusqu’à Mai 2009. L’ATP annonce alors deux lives de Sleep et soudain l’espoir nait. Quelques concerts épars, quelques invitations prestigieuses permettent de voir Sleep live dans des lieux importants. Pour moi, comme pour beaucoup de Français, le coup d’envoi à lieu à la Vilette Sonique, Grande Halle, avec les Melvins. Un concert dingue, s’ouvrant et se fermant avec « Dopesmoker », avec 4 titres emblématiques (et un long moment d’hommage à Iommi) au milieu. Définitif. Le genre de concert où l’on souhaite presque égoïstement la dissolution du groupe par la suite, afin de pouvoir dire, des décennies après « il y en a eu peu, j’y étais et c’était parfait ». Mais la musique live c’est le partage et il en faut pour tout le monde. Ce qui était rare l’est de moins en moins et Sleep joue au Roadburn (2012 / un concert beaucoup trop fort, avec plus d’amplis que jamais et une grande émotion), au Hellfest (2013 : un grand live) et dans de nombreux autres endroits notables. Et puis, sans rien dire, le groupe publie un nouvel album. Un grand, un gigantesque album (The Sciences), puis un live (At Third Man Records, 4 vinyles, pressés immédiatement après le live, une grande, grande pièce de collection à la qualité sonore inestimable) et Sleep de jouer un peu partout. De partir en tournée. Les voilà qui remplissent le Trabendo l’année passée, pour un concert finalement un poil poussif, combinant les désavantages de la fraicheur (premier concert de la tournée) et de la fatigue (Pike revenait d’une longue tournée avec High On Fire), drôle de mélange. Mais Sleep, insatiable continue sa (re)conquête de l’espace, sa carrière sans faute, passant juste du statut de légende à celui de groupe légendaire. Sans perdre en prestige, ce statut ramène juste le trio dans une réalité physique dans laquelle nous ne l’avions jamais vu évoluer, nous autre qui ne pouvions, début 2000 que les imaginer flottant dans un infini cosmos.
Ce n’est jamais neutre en émotion que l’amateur de musiques lourdes se rend au Bataclan. Devant le 50 boulevard Voltaire on croise ce que Paris compte de préoccupés de la fuzz et de yuppies habitués de la salle et rompus par le côté happening des choses.
Nous étions quelques centaines curieux d’entendre Pharaoh Overlord, qui affiche déjà pas loin de 20 ans d’expérimentations sonores, les ayant emmené aux confins du psychédélisme à fuzz (2001/2005) à autre chose de plus électronique ces dernières années. Un rapide coup d’oreille à leur discographie permet d’imaginer qu’en ouvrant pour Sleep le 08 mai 2012 à Helsinki, le duo finlandais (trio à l’époque) jouait une tout autre mixture que ce soir. Car Pharaoh Overlord en 2019 est plus proche de Perturbator que de Grails (avec qui ils ont partagé un split en 2012) désormais. Et ces mots n’ont pas vocation à faire office de compliment pour quiconque a repéré mes obsessions musicales. Reste que le public semble enchanté, que les morceaux sont efficaces et que tout le monde prend du bon temps, sauf votre vieux con de chroniqueur, qui ne goute que très peu au nombre invraisemblable de bandes enregistrées (jusqu’à des lignes de chant !!), à la grosse caisse électronique et à l’aspect dansant de la chose, moi qui était venu entendre « Mangrove » et qui me retrouve devant un clone de Steve Jobs et son compère imitant un gorille tandis que joue derrière une bande électro.
Bref je suis ronchon mais cela ne dure que très peu de temps puisque bien vite résonne la transcription radio des premiers pas de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la lune, annonciatrice de l’entrée des cosmonautes du riff sur scène. La salle est plutôt bien garnie (même si les balcons sont fermés et les cotés très praticables) lorsque Pike, Cisneros et Roeder lancent « Marijuanaut’s Theme ». Et à ce moment, un constat, rejoignant mon introduction, est à faire : dois-je juger la prestation de Sleep à l’aune de c’est qu’est un concert, ou à l’aune de ce qu’est un concert de Sleep ?
Car bien sûr les morceaux sont incroyables, bien sûr l’aspect monolithique de la chose est saisissant, mais le son est trop faible (trop normal quoi) et le tempo trop rapide (trop normal quoi). Cisneros se permet de dire bonjour et merci (normal quoi) et cet aspect bon enfant et normatif incite le public à danser, voire par deux fois à monter sur scène (hérésie, absurdité que Pike règlera d’un coup d’œil insistant aux Roadies qui vireront les deux malotrues poliment mais prestement) là où l’habitué de Sleep attendait un décollage (de tympans et dans l’espace). Le concert était prenant, « Sonic Titan », toujours anthologique, fera bouger les nuques avec une frénésie rampante, et que dire des longues jams, éthérés, spaciales, Floydiennes, incorporées au milieu de « Leagues Beneath » et « The Botanist ». Des moments sublimes. « Giza Butler » sera, il ne pouvait en être autrement, un chouette moment de basse, avant de nous rouler dessus avec autorité et bien sûr le final « Dragonaut » sera propice à ce que le son soit enfin un poil écrasant et que la fosse puisse rendre l’influ en énergie brute. Mais Sleep a été et doit être plus que ça. Sleep ne sied pas à une tournée, ne sied pas à une salle, à des normes (sonores ou d’us et coutume de concert), Sleep ne sied pas à une foule cosmopolite, pensant avoir affaire à un concert comme un autre, un live de Sleep devrait toujours être un évènement, quelque chose sur la brèche, perdant en maitrise ce qu’il gagne en puissance. Et ce ne fût pas le cas ce soir. Ce fut un grand concert avec applaudissements, jets de médiators et set list à photographier, ce fut un live avec un son règlementé à 105db, comme la loi l’exige (et des pointes à 128 ça reste Sleep), avec un public s’autorisant à passer la barrière symbolique de la scène, les anneaux de Saturne, avec des invectives vocales (on a craint le « à poil » à plusieurs instants), avec des bonnets Sleep vert à 20 euros et des selfies dans la fosse.
Seul les ingénieurs de la NASA auront la compétence pour définir si cette ambivalence dans le ressenti du chroniqueur vient du fait que Sleep n’est pas un groupe comme les autres ou si votre dévoué est devenu un sacré vieux con.
Tentative de réponse au Desert Fest Anvers dans quelques jours…
Ah, le mois d’octobre ! Ses innombrables tournées, ses festivals tous les weekends, ses semaines constellées de dates toutes plus appétissantes les unes que les autres. C’est un véritable pain béni pour les amateurs du genre. Le sésame du jour nous emmène au Gibus de Paris. Un événement à l’estampille Below The Sun qui propose un trio prometteur : d’un côté les deux groupes britanniques Elephant Tree et Steak, coutumier des scènes parisiennes, de l’autre les Américains de Lo-Pan qui inaugurent ici leur premier show dans la capitale.
Elephant Tree
À son habitude, Elephant Tree monte sur scène de bonne humeur et bien déterminé à la partager. Armés d’un doom puissant et de ses deux voix si complémentaires, les Londoniens déchaînent leurs envoûtants murs de sons. Le parterre de convives demeure un tantinet épars en ce début de soirée, laissant encore ces quelques mètres carrés de no man’s land entre la scène et le public. Un timide espace qui disparaitra à l’orée de « Dawn », « Wither » et d’un couple de nouveaux titres dont « Wasted ». Enfin, plus si nouveau que ça si l’on considère l’avoir déjà entendu à l’occasion de leur précédente tournée, il y a exactement un an de cela. Tout comme ce charmant John Slattery, accompagnant désormais le trio au synthé, à la guitare et prêtant même parfois sa voix. Il est ce coup-ci officiellement introduit par ses comparses, qui en profitent pour le taquiner sur ses origines irlandaises lorsqu’il admet ne pas raffoler du whisky offert par le serveur du Gibus. Au-delà des sourires échangés et vannes qui mettent tout le monde à l’aise, l’équipe de Sam et Jack ne plaisante plus quand elle prend les instruments. Le flot des riffs lourdement groovy et des mélodies hypnotiques font s’agiter les têtes et transportent l’audience dans un monde à part ; sur « Apothic Blues » on s’approche presque d’un hymne rituel sur son final désormais caractéristique. Le tout offrant une prestation de sept morceaux qui ne soulèveront qu’une seule interrogation : à quand ce nouvel album que l’on nous promet depuis si longtemps ?
Steak
Le temps d’un Picon et d’un tour sur le merch, Steak s’installe déjà. Plus réservés que leurs prédécesseurs, il ne faut surtout pas commettre l’erreur de les sous-estimer. Grosse batterie, riffs avec la dose de fuzz qui bouscule, voix musclée, le tout donnant naissance à un desert-rock stellaire plein d’une redoutable énergie. Mais au cas où on voudrait à l’inverse les prendre trop au sérieux, n’oublions pas que leur setlist reste écrite sur des assiettes en carton décorées d’une jolie collection de zobs. N’oublions pas non plus l’absence de quatrième corde sur la basse de Cam qui n’apprécie de toute évidence guère s’encombrer du superflu. Le sort voudra d’ailleurs que sa pédale d’effet s’arrête de fonctionner après le premier morceau et le forcera à se brancher directement à l’ampli. En dépit d’une foule qui mériterait d’afficher un peu plus de mobilité, les têtes s’agitent et les bras se lèvent. Notamment en face de titres dévastateurs comme « Living Like A Rat » ou « Coke Dick ».
Lo-Pan
Pour le clou du spectacle, c’est au tour de l’équipe des crânes rasés en provenance de Colombus Ohio de prendre empire sur scène. Et le projet n’est ni plus ni moins que de présenter leur dernière production en date ; le fameux Subtle façonné chez Aqualamb Record. Ça commence par le groovy « Sage », puis les fondamentaux s’enchaînent : « Old News », « Savage Heart », « A thousand Miles » ou encore la sulfureuse « Ascension Day ». Pourtant, pour leur premier concert à Paris, c’est une audience timide qui les accueille. De par un manque d’agitation, l’absence de pogos dans des moments où les Parisiens ont l’habitude de se jeter les uns sur les autres, mais aussi de par la porosité croissante de la fosse. D’un rapide coup d’œil, on constate qu’il s’y trouve moins de monde que pour les deux groupes précédents. C’est fort dommage, car les absents n’auront jamais eu si tort que ce soir. La performance scénique de Lo-Pan met à l’honneur la qualité de composition du studio. Leur heavy rock burné à souhait nous régale. La basse ronronnante d’un Skot Thompson en semi-grand écart, les yeux exorbités, les Paiste de Bartz au supplice sous le tabassage de rigueur qu’elles subissent, les riffs acérés de Chris qui, rappelons-le, sort tout juste de l’hôpital avec un bandage au pouce. Sans oublier le chant de Jeff Martin qui donne son empreinte au groupe. Précis, mesuré et, disons-le, excellent. Attention toutefois à ne pas rester trop près de la scène sous peine de manquer du volume nécessaire pour l’apprécier. En plus d’être balaise sous les projecteurs, les gars de Lo-Pan affichent des sourires et partagent leur reconnaissance de pouvoir jouer ici, le tout teinté d’une certaine humilité somme toute assez touchante. Le set s’achève presque trop tôt (22h30), avec ce désir coutumier de vouloir toujours un dernier morceau de plus. La marque d’un show de qualité.
Lo-Pan
Le visage de nouveau au frais à l’extérieur du Gibus, on se dit qu’on a quand même de la chance. La saison des tournées bat son plein, et comme à chaque fois, les copains de Below The Sun savent nous dégoter les combos aux petits oignons qui transforment un vendredi soir classique en une sacrée expérience musicale.
Ce soir, c’est soirée métal à la Cartonnerie, la seule « vraie » salle de concert de la belle endormie, la cité des sacres, Reims (une grande salle évènementielle de plus de 8000 places est actuellement en construction à quelques centaines de mètres de là, ouverture prévue dans 2 ans si tout va bien). Quelques bars musicaux (comme le Dropkick bar, le Floyd ou l’Appart’ café) proposent souvent des concerts de notre genre de prédilection (Mars red sky est notamment passé fin mars et Valley of the sun déboule ce dimanche) mais rien de bien folichon à se mettre sous la dent. Bref, les habitués de la Cartonnerie ont donc été étonnés de voir la tournée de Monolord passer dans la Marne, plus habituée aux Flâneries musicales (du classique!) ou un festival de Jazz (soupir…). Pourtant, seulement une petite centaine de personnes ont daigné faire le déplacement, dommage car le concert de ce soir méritait une plus grande audience, l’album « No Comfort » recevant d’excellentes critiques depuis sa sortie et mon petit doigt me dit qu’il sera en bonne position dans les classements de fin d’année des meilleurs albums de 2019. Après tout, les absents ont toujours tort, tant pis pour eux, cela ne nous empêchera pas de passer une bonne soirée !
La Cartonnerie possède 2 salles de concert : la plus grande, au deuxième étage, peut accueillir pas loin de 1000 personnes mais ce soir, ce sera dans la plus petite salle située au premier étage que les festivités vont se dérouler. Canapés aux coussins rouge vif taillés dans des cuves en zinc, assises design taillées dans la ferraille, bar attenant à la salle, ambiance intimiste aux lumières tamisées… un régal ! Et en plus, le son est réglé aux petits oignons… Bon allez, c’est pas le tout mais on est là pour prendre une cargaison de bûches dans la tronche, voici un trio de chevelus qui s’avance…
Firebreather
Forts de leur excellent album « Under a Blood Moon » paru quelques jours plus tôt, les suédois de Firebreather investissent la scène et invitent immédiatement les timides barbus éparpillés aux quatre coins de la salle à se rapprocher de la scène, ce qu’ils font avec gourmandise dès les premières mesures de « Closed Gate », première mandale qui met tout le monde d’accord : Firebreather ne fera aucun compromis ce soir et va envoyer du lourd, du très lourd ! « Our Souls They Burn » continue sur la lancée avec un son à déniaiser une nonne… Matthias Nööjd hurle comme un damné dans son pauvre micro qui n’en demandait pas tant et la salle succombe et se laisse aller à un festival de headbanging rythmé par les coups de boutoir du batteur Frederik Käll, en très grande forme. « Dancing Flames », le titre d’ouverture de « Under a Blood Moon », est envoyé à nos visages avec toute la délicatesse que le genre réclame, c’est-à-dire sans aucune clémence pour nos pauvres esgourdes mais putain, quelle énergie ! « The Siren », quatrième et dernier extrait de cet album (qui, décidément, mérite qu’on s’y intéresse…), finira d’achever les derniers courageux qui feront une véritable ovation au trio, ravi d’un tel accueil.
Monolord
Une heure avant leur concert, j’ai pu rencontrer Esben, Mika et Thomas pendant une vingtaine de minutes (une interview que vous pourrez lire ici dans quelques jours, d’ailleurs…) et j’ai trouvé les gars un peu fatigués. Forcément, je me suis dit bêtement que cela allait se ressentir sur scène… Monumentale erreur ! Dès les premières secondes de « Where Death Meets The Sea » (tiré de l’album « Rust »), l’auditoire est mis au parfum : la distribution de bûches aura bien lieu, pour le plus grand plaisir de tous (après tout, c’est pour çà qu’on est venus, non?). La lumière minimale et la sublime toile tendue sont un bonheur pour les yeux (un peu moins pour les photos…). « Lord Of Suffering » enchaîne sans temps mort et l’instrumental « Audhumbla » (extrait du premier opus « Empress Rising ») est balancé avec une puissance de dingue avant que l’orgue funéraire de « Rust » ne fasse faire hurler le public qui va littéralement se déchaîner (on notera quelques cervicales en miette et plusieurs kilos de cheveux tombés au sol).
Euh, au fait les gars, vous n’avez pas un nouvel album qui vient de sortir ? Vous comptez jouer quelques titres de « No Comfort », quand même ? Le riff pachydermique de « The Bastard’s Son » résonne alors et nous rassure immédiatement. Bonne nouvelle : les nouvelles bombes de Monolord réussissent parfaitement le test du live. Le sublime « Larvae » suivra, ainsi que « The Last Leaf » (quelle claque celui-ci en live ! Quel son ! Quelle puissance dans la gratte de Thomas ! Quelle… ok, vous avez compris…) qui conclue la soirée en beauté. Hein, quoi, vous dites ? Il ne manque pas quelque chose ? Une babiole du nom de « Empress Rising » ? Evidemment, c’est sur un « Empress Rising » de furieux (pléonasme) qui voit Monolord achever la foule (Thomas en descendra même au milieu de la fosse pour un final dantesque) qui en aurait bien repris une louche que s’achève ce concert d’exception. Placé au premier rang avec mon pote et nos enfants respectifs (eh oui, il faut bien les éduquer dès le plus jeune âge !), ma fille de 10 ans et le fils de mon pote se verront remettre un médiator de Thomas et une baguette d’Esben (baguette qui a bien souffert, croyez-moi!) sous les bravos du public qui apprécie le geste (et qui va nous jalouser jusqu’à la sortie!).
Venus rencontrer le public après le concert, les musiciens des 2 groupes saluent tout le monde, discutent avec le sourire, signent les vinyles fraichement acquis au merch (ils se sont d’ailleurs fait dévaliser…), tapent dans les mains des enfants en nous disant à quel point c’est génial de voir des gosses au premier rang d’un concert comme celui-ci… Bref, un pur bonheur de pouvoir assister (et faire assister à nos enfants) à un concert comme celui-ci ! Merci à Firebreather, merci à Monolord (pour leur accueil chaleureux pendant l’interview et pour leur prestation) et merci également à la Cartonnerie d’avoir osé les programmer car le public rémois est réputé difficile et froid mais ce soir, tout le monde à fait mentir les vieilles réputations tenaces…
Une semaine à peine avant la sortie du très attendu “The Task Eternal”, leur nouvel album, Mars Red Sky a invité une poignée de potes pour fêter ça, et proposer quelques titres en exclu.
L’ambiance est cool, la chaleur de la journée se prolonge dans la cour de Rock & Chanson, la dynamique asso qui gère cette petite salle dans l’agglo bordelaise. Le bar fait le plein, la plupart des gens se connaissent et déconnent, on retrouve un petit stand de merch improvisé… Le houblon coule et les sourires sont au rendez-vous. L’heure du concert arrivant, la salle se remplit tranquillement, avant que le trio des régionaux de l’étape monte sur la petite scène. L’Antirouille est la salle parfaite pour cette petite sauterie : de petite capacité, elle offre pourtant des conditions scéniques impeccables (son, lights, projections…) à un petit public de happy few.
Histoire de donner le ton, le trio lâche tout de suite une paire de nouveaux titres, le très catchy “Reacts” et le heavy “Collector”, que tout le monde connaît bien maintenant puisque déjà dévoilé depuis juin dernier. Les gars sont concentrés, mais ça paye : l’interprétation est impeccable, un sans-fautes. Et quand bien même, eut-ce été le cas, Jimmy nous rappelle avec le sourire “on vous a tous invités pour que vous n’attendiez pas de retour sur investissement, donc on a le droit de faire des pains”… Ils se détendent d’ailleurs assez vite et chaque lancement de nouvelle chanson est propice à une petite blague où une série de remerciements chaleureux et autres clins d’œil entre potes…
S’ensuit un petit passage autour de l’album “Apex III”, mais pour mieux revenir au nouveau disque avec encore une salve d’inédits. Ne boudons pas notre plaisir, nous sommes aussi là pour ça ! Et là encore, on est assez bluffés, pour deux principales raisons. La première est que les morceaux passent super bien en live, très proches des versions album, et même parfois déjà adaptés au live (oui, l’album tourne sur nos platines depuis quelques semaines, veinards que l’on est, donc on peut comparer). L’autre, c’est que ces nouveaux titres passent parfaitement bien et s’intègrent à la perfection aux plus anciens – pour tout dire, à la fin de chaque nouveau morceau on se dit qu’on tient un titre qu’on pourra retrouver longtemps et souvent sur les set lists de référence du groupe. Il y a à chaque fois ce côté entêtant et efficace devenu la compétence clé du combo girondin. Même le complexe “Hollow King”, quasi prog parfois, avec ses rythmiques barrées et son final aérien et apocalyptique (!), passe l’épreuve. Ce morceau éprouve d’ailleurs nos trois gaillards, pas mécontents de souffler un peu à l’issue de cette série en revenant en terrain connu, à savoir le classique “The Light Beyond” (qui se termine avec la reprise de la conclusion de “Apex III”, avec la ligne de chant poignante de Julien Pras… frissons garantis).
Un Julien Pras en tout point parfait ce soir, très en voix notamment (ses lignes de chant sont toujours justes, atteignant des notes improbables avec une apparente facilité) et toujours efficace sur ses parties de guitare, manipulant ses pédales d’effet comme un virtuose. Ses compères ne sont en outre pas en retrait, assurant la colossale rythmique et la base mélodique, éléments ô combien emblématiques du son du groupe. Rien de mieux pour illustrer cette parfaite alchimie qu’un titre instrumental, et ils nos dégotent à cet effet le lancinant “Arcadia”, un titre rarement joué live, sur lequel ils semblent bien prendre leur pied. Enfin, rien de très déstabilisant pour la conclusion du set, avec “Marble Sky” et “Strong Reflection”, très attendus.
Les musiciens posent leurs instruments avec le sourire et se joignent à nouveau au public pour aller profiter de la fin de soirée dans la salle et dans la cour, relax. On vient l’air de rien de se taper un set de 1h30 sans s’ennuyer une seule seconde (à force de les voir en festival ou en première partie, on avait oublié ce que ça faisait un vrai set de Mars Red Sky, sur la longueur !). Confiants dans la qualité et le potentiel live des nouveaux titres (ils ont quand même joué 6 des 8 titres de leur nouveau disque ce soir !), on est pour le moins enthousiastes à la perspective de les retrouver sur scène dans les prochains mois. Il nous tarde déjà !
Merci Mars Red Sky pour l’invitation, on a passé une somptueuse soirée…
Si vous étiez sur Paris hier soir, vous aviez le choix: aller voir PSG – Real Madrid au Parc des Princes pour la modique somme de 3 SMIC ou alors vous pouviez vous rendre au Supersonic, à quelques encablures de la place de la Bastille, pour assister à 3 concerts totalement gratuits! Le Supersonic est une petite salle qui peut contenir environ 200 personnes (voire un peu plus si on tasse bien) avec 2 bars, un au rez-de-chaussée et un autre à l’étage, accessible par 2 escaliers en métal de chaque côté de la salle. L’ambiance façon loft industriel est exceptionnelle: des poutres en métal, des inscriptions phosphorescentes au bar, un balcon qui surplombe la scène et une scène visible depuis l’extérieur grâce à une immense baie vitrée qui permet aux retardataires et aux recalés du soir de profiter malgré tout de l’image.
Qilin
C’est aux régionaux de l’étape que revient le plaisir d’ouvrir la soirée. Les parisiens connaissent à peu près la moitié des personnes présentes et l’autre moitié va instantanément devenir pote avec eux tant leur stoner instrumental est addictif. D’entrée, on est surpris de les voir évoluer en trio, le guitariste Frédéric manquant à l’appel (il sera excusé par ses camarades). Dès les premières mesures, on découvre un son rugueux et puissant et la paire Cold Pine Highway – Labyrinth, qui ouvre dans cet ordre leur EP paru en 2017, retourne une salle déjà largement acquise à sa cause. Sun strokes the wall continue de faire chavirer l’assistance et leur set se conclue par Lucid dreams et Head of Medusa, non sans avoir chaleureusement remercié le public et l’orga. Vivement l’album promis dans quelques mois par les gars!
Dirty raven
Après Qilin, voici venir les rémois de Dirty raven. Eux aussi sont en préparation d’un premier album et ils ont fait spécialement le déplacement depuis la ville des sacres pour l’occasion. U.F.O. se charge d’installer l’ambiance. Hypocrisy, tiré de Rust for blue, leur dernier EP en date, confirme ce qu’on pouvait penser dès les premières notes: les corbacs sont en forme et le public, réceptif, leur fait bien comprendre en headbangant en cadence. Desert of champagne accélère le rythme, tout comme le rugueux Hell on heels qui voit Bernard et sa guitare composer avec quelques problèmes de son. L’énergie déployée par le groupe fait passer la pilule et le public peut se délecter de Rockabilly girl et d’Open your doors et son riff pachydermique. Leur set se termine par un Brainwashing qui finit de convaincre les spectateurs: malgré ces regrettables problèmes de sono, les corbeaux ont assuré et le public les applaudira chaleureusement. Contrat amplement rempli.
Valley of the sun
Il est plus de 22h30 quand s’approche le groupe star de la soirée: les américains de Valley of the sun. Il n’y a plus un centimètre carré de libre devant la scène (ni dans la salle d’ailleurs), le public est agglutiné comme des sardines en boîte (il est quasiment impossible de se déplacer ni d’emprunter les escaliers) et les quelques malheureux qui attendent dehors n’auront que leurs yeux pour pleurer car ils vont rater un set dantesque lancé par un Old gods aux petits oignons. La troupe de Ryan Ferrier est en grande forme et Hearts aflame (tiré de The saying of the seers) va faire dévisser plus d’une cervicale. Le son est terrible (dans le bon sens du terme) et on sent bien que Valley of the sun maitrise son sujet. A l’américaine, quoi! All we are voit le public dévaster le pit et les premiers rangs souffrent pour repousser les attaques continues (certains se risqueront même au slam, assez dangereux vu le peu de hauteur sous plafond). Means the same ne va pas calmer les ardeurs d’une salle chauffée à blanc et la foule se balance d’avant en arrière comme un seul homme. Ceux qui sont au pied de la scène manquent de se la manger, Ryan Ferrier a failli se retrouver avec son micro planté dans l’oeil et la bagarre fait rage pour tenir debout. Vision impressionnante que cette fosse qui se lâche complètement dans ce espace plus qu’exigu. Le très attendu (enfin, surtout par votre serviteur…) Centaur rodeo, extrait de la galette Electric talons of the thunderhawk, ne calmera pas les ardeurs d’une assistance totalement en transe (un slammeur finira même balancé sur scène, un autre escaladera le balcon…) et tout le monde est happé par Valley of the sun. Mais la fin approche, Into the abyss et Riding the dunes finissent d’achever les plus courageux avant que les américains ne gratifient le public d’un titre supplémentaire en rappel. Les applaudissements sont nourris, les musiciens tapent dans les mains et saluent chaque personne qui vient leur dire tout le bien qu’ils pensent d’eux et les vinyles d’Old gods s’arrachent comme des petits pains. Et la foule quitte la salle, hagarde et vidée par ce qu’elle vient de vivre, une expérience à nulle autre pareille: celle d’un groupe qui aime la musique, qui aime le rock, qui aime partager sa passion et, surtout, qui la vit à fond. Merci encore, messieurs…
Voilà, il est temps pour chacun de regagner son foyer, de retourner à sa vie et de dire un grand merci à Below the sun pour ce genre de soirée qui nous fait aimer la musique live, qui nous fait sortir de notre torpeur quotidienne et qui nous fait vivre des moments de grâce et de bonheur. A la prochaine!
(Attention la phrase qui suit est la plus longue jamais écrite par l’auteur, ce dernier n’ayant pas les qualités littéraires suffisantes pour l’aérer avec une ponctuation adéquate. Merci de prendre un peu d’élan avant de la lire).
De retour de vacances, beaux frais et halés pour certains, encore gris du labeur estival pour d’autre, parfois de retour de quelques festivals (OM en Suisse au Palp festival, tout juste revenus du Metal Mean ou du Motocultor) pour les plus chanceux, la faune parisienne (et un peu plus), s’est donnée rendez-vous pour la plus boueuse des dates de l’année, le plateau sludge XXL qui sillonne l’Europe : EyeHateGod et Dopethrone, de nouveaux réunis à Paris un an après avoir livré une guérilla urbaine légendaire rue Jean Pierre Timbaud. (C’est bon respirez, allez y). Mais c’est tout d’abord à Putrefaction of Rotting Corpes (dit P.O.R.C. pour d’évidentes raisons charcutières) d’ouvrir les hostilités. Et « hostile » n’est pas un vain maux : P.O.R.C. se présente tee shirt de Canibal Corpse saillant sur fond d’extrait de Snatch (si si la recette porcine pour se débarrasser de quasiment un corps humain entier, sauf les dents, inoubliable) et délivre un grind/death putride, lourdingue, sludgy qui frappe sourdement et lacère les vicaires. Le public présent est en plein trip(es) et applaudît chaleureusement l’opération. Bravo.
Dopethrone vient ensuite et l’on sent immédiatement que Vincent Houde, guitariste et vocaliste du groupe n’est pas dans son assiette (de poutine, Canada oblige). Pâle comme tout, ce dernier n’a pourtant rien perdu de son plaisir à attaquer ses cordes de guitares et le sludge du groupe roule sur les crânes dans la fosse. Il est heureusement soutenu dans sa tâche de brailleur par l’impressionnante Julie, désormais intégrée au groupe, dont le visage entièrement tatoué a de quoi sidérer le chaland. Cette dernière s’époumone et happe l’assistance, vocifère ses souffrances tandis que le groupe la supporte à grand coup de boue. Le public, hétéroclite (une belle proportion de femmes, des gens de tous les genres, de toutes les couleurs, un golgoth et même un fauteuil roulant pour organiser le pogo) a du répondant et le concert revêt de jolis pourtours de folie furieuses sur « Scum Fuck Blues », l’hymne du groupe, chanté à trois voix avec l’apport de Sam Kun, chanteur de Welcome X (et mon pote aussi hein, et mon pote il crie plutôt bien dans le micro quand on lui en met un sous le nez). Le public semble comblé même si les habitués du groupe savent que les canadiens sont capables de faire bien plus anarchique lorsque le groupe est en pleine possession de ses moyens.
EyeHateGod prend la suite à 22h passée et n’est pas venu pour faire de quartiers. Le groupe reprend possession d’une salle, Glazart, qu’ils avaient atomisé en 2015 lors d’un concert épique, joué tard (car arrivé tard sur les lieux) dans une ambiance plus punk que jamais. Passé à une seule guitare depuis le départ l’an passé de Brian Patton, le gang sait qu’il peut se reposer sur Jimmy Bower (amaigri, en belle forme, s’étant peint avec malice des croix inversés au stylo sur les joues) et le set du groupe sera heavy comme jamais. Hardcore même. En 2015 le groupe avait livré une prestation pleine de hargne et de violence, sur le fil du rasoir, en 2018 le set dans la rue pour la défaite de la musique était l’expression musicale du chaos et il était impossible que le concert de ce soir ait la même portée extra musicale. EyeHateGod a donc opté pour un groove du bayou et une maitrise de tous les instants. Que ce soit lors des imparables moments de gloire que sont « New Orleans In The New Vietnam » ou « Sister Fucker » (introduit par Mike Williams de la meilleure des façons : « This is a song about fucking his sister »), ou le nouveau titre dévoilé lors du set, les morceaux du quatuor font mouche et le public devient complètement dingue à mesure que les riffs s’enchainent.
Une fois le set terminé, chacun récupère ses affaires (« quelqu’un aurait vu mon portefeuille ? », lance un jeune homme avec son tee shirt Napalm Death, « quelqu’un aurait vu mes dents ? », surenchérit un mec hilare) et boit une dernière bière, se remémorant les venues du groupe dans la capitale sans jamais avoir le souvenir d’avoir été déçu. La marque des grands.
Encore une tournée “discrète” de la part du passionnant quartette de Caroline du Nord, qui aligne une dizaine de dates un peu chaotiques, à l’arrache, avec une promo a minima. Et au milieu de cette tournée, une date pour le moins surprenante : un pub à Hossegor, une ville plus connue comme spot de surfers que comme ville à l’activité live significative… On ne pouvait décemment pas rater ça.
C’est donc après une légitime après-midi à la plage que l’on se pointe sur place dans une sorte de zone commerciale sur le haut de la ville, dans les pins, cernés par les magasins d’usines de toutes les marques de surfwear imaginables… Au milieu, L’Ile du Malt, un pub / bar à bières déjà bien blindé en fin d’après-midi, alors que trône à côté de sa terrasse cet énigmatique petit barnum (estampillé aux couleurs d’une marque de surf bien connue…).
La soirée commence avec les punk rockers locaux des Dead Krazukies. Le combo, qui ne manque ni de bonne humeur ni d’énergie, aligne ses compos pendant un peu moins d’une heure devant un public qui compte une bonne part de leurs potes ! Le son, crachant d’une paire de petits haut-parleurs et des amplis en façade, est étonnamment bon vu le contexte : les groupes jouent quand même en plein air, sur l’équivalent d’un petit parking ! Le punk rock mélodique du groupe d’Hossegor, bien emmené par une frontwoman très à l’aise (un peu en difficulté néanmoins sur la fin – la faute aux fêtes de Bayonne la semaine précédente semble-t-il…) fait bien le job de chauffer le public, et même si ce n’est pas notre genre musical de prédilection, on passe un bon moment.
The Dead Krazukies
La nuit se couche et les musiciens d’ASG se sont affairés à mettre en place leur équipement (eux-mêmes hein, on est pas bégueule chez ASG) avant de lâcher, direct – à froid – les premiers accords de “Mourning of the Earth” (un extrait d’un split avec Black Tusk), pêchu à souhait. Le groupe est très, très bien en place, comme on les a toujours connus : Andy Ellis est à fond sur sa basse, Jonah Citty est concentré sur ses lead, Scott Key martyrise ses futs sans répit… Une belle machine en œuvre sous nos yeux. Quant à Jason Shi, comme d’hab, le frêle frontman mène la barque avec énergie, efficacité et talent : son chant est impeccable, ses plans de guitare saignants et implacables… Tout est là, et avec cette touche de sympathie en plus qui finit de convaincre un public qui, bière à la main, n’en peut plus de sourire et de headbanguer. Un public un peu atypique d’ailleurs, composé d’une poignée de fans du groupe, d’une part de rockers ou de metalleux avertis, et d’une grosse rasade de surfers et de curieux ! Mais ça fonctionne !
La set list est efficace, intègre et respectueuse : à peine deux extraits du dernier album, le reste étant constitué d’extraits de Blood Drive et surtout du vieux mais sublime Win Us Over (pas moins de cinq extraits !). C’est d’ailleurs avec “Right Death Before”, enchaîné avec “Avalanche” et “Blood Drive” (quel triplé de haut vol), que le concert prend un réel virage et décolle : là, tout le monde est à fond dedans, et le public mange dans la main des américains. A partir de là, c’est cartouche sur cartouche, et tout est dans la cible : “Gallop Song”, le reposant “Day’s Work”, puis une furieuse version de “Dream Song”, qui voit les premiers rangs commencer à se frotter les uns sur les autres et entamer un mosh un peu boiteux qui ne s’interrompra plus.
Une dernière série de titres viendra finir de mettre le feu, avec un “Horse Whipper” rajouté un peu à l’arrache (était-ce prévu ? On s’en fout…) pour finir de botter les derniers culs et filer les derniers sourires.
Bon esprit, communication, headbanging, bonnes bières, ambiance amicale et familiale, super météo estivale, décibels, saturation, fuzz… On a passé une sacrément bonne soirée. Et on a eu la confirmation, encore et encore, qu’ASG est un groupe d’exception, de grand talent, qui mérite depuis longtemps un succès qui lui fait toujours défaut. Il serait temps que ça change…
C’est à Kowloon Walled City que revient l’honneur d’assurer la première partie sur la tournée de ce plateau fort qualitatif. Un honneur qui est sans doute arrivé assez “naturellement”, le groupe étant signé sur le label de Neurosis (Neurot records) et en provenance de la même ville nord-californienne que leurs glorieux ainés… Des fois les choses se font facilement… Quoi qu’il en soit le groupe ne nous transcende pas vraiment : leur post-rock est un peu trop tendre, et la voix du chanteur ne plaira pas à tout le monde… Bref, on ne tarde pas à rejoindre le bar pour choper sa première bière (une demi-heure d’attente, lourd).
Qu’il est frustrant de constamment voir Yob en opening act à Paris ces derniers temps, nous obligeant par là même à nous contenter de 45 minutes de show. Pourtant ce soir, c’est peu dire que le groupe est attendu (et acclamé) et la furie qu’il déverse sur la mythiques salle parisienne avec « Ball Of Molten Lead » en ouverture de set ne calmera pas les (h)ardeurs. Classiquement « The Lie That Is A Sin » prend la relève et le Bataclan flotte dans les airs suffoquant du doom éthéré du trio. Mais, comme toujours sur cette tournée, l’obsession du groupe à enchaîner uniquement « Our Raw Heart », voulue comme la « Marrow » post near death expérience de Scheidt, fera retomber l’ambiance. Hélas, trois fois hélas, pourquoi articuler son set autour de cette chanson quand on a autant de riffs dans sa besace ? Oui, pour panser les blessures, c’est évident, c’est bien à cela que sert un album comme celui qu’a publié Yob. Reste que le finalement très Neusorien « Breathing Frol The Shallows » ne suffira pas à relever ce set un peu frustrant. Vivement le retour de Yob à Paris pour 1h30 de concert, une fois le chapitre Our Raw Heart refermé.
Neurosis, incontestables maîtres de la soirée, prennent place comme à leur habitude, en mode taciturnes, sans dire bonjour ni regarder le public (c’est un peu leur marque de fabrique). Ils ouvrent leur set sur “A Sun That Never Sets”, un classique et un de leurs meilleurs titres ; ça joue la sécurité. Et ce sera sans doute le leitmotiv de la soirée : le quintette nord-californien déroule un set en mode pilotage automatique, composé d’une large poignée de ses plus grands hits, sans vraiment de surprise (pour info, ils joueront la même set list sur quasiment toutes les dates de la tournée – pas de jaloux !). Par ailleurs, c’est dans la section la moins brutale de sa riche discographie que Neurosis ira piocher ce soir, avec beaucoup de passages atmosphériques / acoustiques, un peu comme s’ils étaient fatigués de faire les bourrins de service. La part belle a été faite au dernier album, Fires Within Fires, dont ils ont joué 3 morceaux (sachant que l’album n’en a que 5), le reste tapant dans leurs 5 ou 6 disques majeurs.
Le concert en tout cas ravit un Bataclan généreusement rempli pour l’occasion, avec des musiciens comme d’habitude ultra impliqués dans leur live, qui donnent beaucoup de leurs personnes. Le public est réceptif et apprécie ce set taillé sur mesure pour satisfaire le plus grand monde. Et l’on restera donc sur ce ressenti d’un concert ultra efficace, carré, mais aussi avec trop peu de surprises (même si certains titres comme “To the Wind”, pas joué depuis une bonne dizaine d’années, ont bien fonctionné) et, pour les puristes, trop peu de morceaux issus des plus vieilles années (dont les glorieux Through Silver & Blood, Times of Grace, etc…). Une fort bonne soirée, sans être exceptionnelle.
Caïn / Iro22
L’été arrive (fort !) et la déprime post-festoches bat son plein alors que s’annoncent 2 ou 3 mois assez pauvres en concerts. Ce petit événement un peu étrange apparaît donc parfaitement indiqué pour occuper une portion de notre soirée. Portion seulement car votre serviteur manque du courage nécessaire pour affronter la température caniculaire du début d’après-midi et ne rejoint le lieu du concert que sur la fin du set des psych rockers portugais de Stone Dead. Les derniers titres sont finalement assez emballants, et on regrette un peu de ne pas avoir pu être là plus tôt : même si scéniquement ça n’est pas Dillinger Escape Plan, loin s’en faut, musicalement ça remue pas mal, c’est énergique, bien foutu… et ça nous donne envie de les revoir !
L’intermède nous permet de prendre la mesure du dispositif proposé par l’Astrodøme, une asso bordelaise très dynamique qui secoue le monde du psyche sous toutes ses formes musicales. Ils sont pour ce soir associés à la ville pour programmer une soirée psych rock pour célébrer les 50 ans de Woodstock… Bon, le prétexte est un peu fallacieux, mais toute occasion est bonne à prendre pour monter un plateau de ce calibre ! Car ce sont pas moins de 4 groupes qui se passent le relais ce soir sur cette scène posée sur les prestigieux quais de la capitale Girondine, à quelques mètres de la paisible Garonne. La température (qui est encore bien installée au dessus de 30° tandis que la nuit commence pourtant déjà à tomber) rend l’ambiance bien particulière autour de la scène, avec des centaines de personnes posées dans l’herbe, à pique-niquer, boire et festoyer en famille ou entre amis. Et donc, au milieu, cette petite scène d’où jaillissent des nappes de décibels planants et électrisés en bord du fleuve.
Sans le moindre cérémonial, les trois musiciens de Yawning Man montent sur scène et s’engagent sur le sentier sinueux du jam rock désertique qu’ils ont pratiqué depuis deux décennies bien tassées. Le groupe semble avoir oublié sa carrière avant 2017, piochant essentiellement dans ses deux dernières productions pour composer sa set list. Pour votre serviteur, qui a peu écouté les récentes productions du groupe, c’est regrettable ; mais soyons honnêtes, pour le public, cela importe peu ! En effet, le public est constitué d’un poignée de vrais amateurs du groupe, inclus dans une petite quantité d’amateurs de rock et rock psyche venus pour la soirée, et surtout de plusieurs dizaines de visiteurs, passants, curieux, etc… qui prennent un certain plaisir à venir à découvrir le groupe.
Le set se poursuit sans accro… malheureusement ? En effet, on peut toujours reprocher au groupe, ce qui a toujours été le cas, son comportement scénique apathique, les rares regards adressés au public par Gary Arce, le manque de communication du groupe… Mario Lalli fait certes preuve d’un peu plus de vigueur, mais ce n’est quand même pas Fatso Jetson, et il reste en phase avec Arce sur la passivité scénographique. Mais ça a toujours été ainsi, donc inutile d’accabler le trio pour cela. Le set est interprété avec un certain talent pour le genre pratiqué, on n’en attendait pas moins.
Le groupe quitte la scène après un peu moins d’une heure de set, sous les applaudissements souriants d’un public encore un peu cotonneux, pris dans la torpeur estivale et encore sous l’effet vaguement hypnotique du set…
Encore une fois, faute avouée étant, espérons-le, à moitié pardonnée, votre serviteur n’attendra pas le set suivant et se gardera donc bien de donner son avis sur la prestation pourtant prometteuse des brésiliens de Boogarins ; mais connaissant l’inspiration dont fait généralement preuve l’Astrodøme dans ses progs, on pense que ça devait être super ! On essaiera d’être plus rigoureux la prochaine fois !
Ce fut en tout cas une bien belle soirée, un peu surréaliste niveau ambiance, dont on se souviendra longtemps…
Les braises du Hellfest refroidissent tout juste, le Rock In Bourlon s’achève à peine, et dans la capitale, on décide que le show doit continuer. Et quoi de mieux qu’un anniversaire pour cela ? Dans le cadre d’une tournée célébrant les 25 ans de Deliverance, mais surtout de gros hardrock bien musclés, l’équipe de Corrosion of Conformity fait un crochet par le Glazart. Invité par Garmonbozia et Below The Sun, et accompagné pour l’occasion de Desert Storm et de Witchfinder, CoC se prépare à hausser encore un peu plus le mercure d’un lundi caniculaire.
Witchfinder
En ce jour de fournaise, il est pénible d’imaginer s’enfermer dans l’étuve qu’est le Glazart ; plafond bas, ventilation quasiment inexistante, projecteurs… Autant d’arguments qui en invitent beaucoup à demeurer à l’extérieur en attendant le passage des Américains. Et c’est bien dommage, car Witchfinder démarre les hostilités avec un set pas dégueu du tout. Après un bref salut, le sympathique trio de Clermont-Ferrand propulse dans nos oreilles un puissant et lourd doom qui ne met pas trente secondes à faire s’agiter les têtes. Alors que la rythmique hypnotique officie son travail de sape, la voix aérienne de Clément nous guide vers de célestes horizons. Un chant qui, dans son style, ne sera pas sans rappeler celui de Dorthia Cottrell (Windhand) ou de Lori S. (Acid King), avec quand même quelques accents plus vénères comme en témoigne la fin de « Sexual Intercourse » ou « Sorry ». Question set list, le trio annonce d’entrée que pour son troisième passage à Paris il compte jouer l’intégralité du dernier album Hazy Rites, moins un titre. Ce qu’ils défendront honorablement, en dépit de quelques écueils comme, par exemple, la perte d’une baguette durant le second morceau. Le public s’avère encore très épars en ce début de soirée, pourtant les présents semblent apprécier tant l’énergie bienveillante et le sourire de Witchfinder que la puissance de son sludge pachydermique.
Desert Storm
Place au quintette d’Oxford pour la seconde manche. Et à en juger par la Paiste Rude 24 pouces à la cloche colossale qu’Elliot installe à sa droite, on sent que ça ne va pas tailler dans la dentelle. Les gaillards se positionnent, et sans autre forme de procès, débutent sur « Journey’s End ». Au-delà des vagues de sons crachés par les amplis et qui balayent la foule, on constate que Desert Storm sait allier métal bien lourd et parfois sacrément bourrin à du sludge plus incantatoire en se parant d’accent par moment très blues. Les riffs sont accrocheurs, la section rythmique plus incisive et percutante que la précédente – comme en témoigne « The Brawl » –, et le chant investi. On se demande même si la veine gonflée du cou de Matt ne va pas finir par lui exploser le visage tant la puissance de son chant pousse son système vasculaire dans ses retranchements. Les rares moments d’accalmie comme ceux provoqués par « Kingdom of Horns » présentent comme seul avantage d’apaiser les humeurs pour mieux les déchainer ensuite. Hélas, si les badauds s’agitant devant la scène brûlante font entendre leurs voix, encore beaucoup manquent à l’appel et poursuivent leurs échanges à l’extérieur. Inutile de jouir d’un grand esprit de déduction pour comprendre que le véritable enjeu de la soirée pour ces derniers, c’est le quatuor de Caroline du Nord.
Corrosion of Conformity
Sans surprise donc, lorsque la formation de Raleigh monte sur scène, le Glazart se révèle (enfin) rempli. Reed Mullin manque à l’appel et c’est à Jon Green que revient une nouvelle fois la charge de battre les futs. Ce public fait d’ailleurs montre d’une ferveur touchante. Outre ses T-shirts, casquettes et même parfois tatouages à l’effigie du groupe, il hurle comme avant un rappel. Le groupe de Mike Dean n’attend pas davantage et amorce les réjouissances par « Seven Days » pour un set dominé en grande majorité par les titres de Deliverance (sans blague). Puis le Heavy Metal bien burné de Corrosion of Conformity fait son travail et comme souvent, la frénésie l’emporte. Dès le milieu de « Senor Limpio » la fosse s’agite en plusieurs endroits. Des vagues nerveuses se forment, déchainant les passions et compliquant le travail des photographes du premier rang. Ces derniers, résignés à abandonner le terrain aux excités qui les bousculent, sonnent en vitesse la retraite vers un arrière plus sauf et aussi plus frais. Car les premiers rangs s’apparentent désormais à un sauna dans lequel la sueur et la bière remplacent la vapeur d’eau. « It’s hotter than fucking Louisiana », comme le précise Keenan. Tout ça avant de relancer un autre riff destructeur sur une guitare poncée jusqu’à la moelle dont il tire encore une fougue des premiers âges. Bien que le plafond du Glazart soit proche, cela n’empêche pas certains d’effectuer des slams sur « Albatros », avant de s’écraser à nouveau dans la masse grouillante. « 13 Angels » offrira une trêve à toute cette folie avant que l’incontournable « Vote with a bullet » revienne frapper la fourmilière. « Who’s got the fire » clôturera le set et ouvrira le rappel à « Clean my wounds » pour un final à l’image de toute cette prestation : ardent.
Corrosion of Conformity
Encore une programmation de qualité pour les collectifs Parisiens. Même si l’on aurait souhaité une meilleure salle afin d’apprécier plus encore Corrosion of Conformity. Toutefois, outre sa sonorisation passable, ses angles morts sévissant sur le chant et sa capacité d’accueil limitée, le Glazart remplira le contrat et offrira à chacun le souvenir d’un lundi soir réussi.
Dernière journée (la déprime post-festival commence déjà, c’est vous dire si on est bien !) et première constatation dès le réveil : le soleil a effectivement bien tapé car les épaules et le dos ont pris quelques coups de soleil et comme on n’avait rien senti au coucher, la température étant descendue en dessous de 10 degrés après 22h (merci la forêt autour du site…), on va essayer de protéger nos vieilles carcasses… par contre, tant pis pour nos oreilles, elles vont en prendre plein la tronche aujourd’hui !
SPACE VENTURA
Le troisième et dernier jour du fest commence comme le précédent, sur la « wake and bake stage » avec Space ventura, le petit dernier de la programmation qui remplace alors Duel, resté bloqué à l’aéroport à cause d’un passeport périmé (…). Comme la veille, l’assistance est encore clairsemée mais le soleil est déjà, lui, bien debout (cette journée sera la plus chaude du fest). Les californiens déroulent leur heavy rock furibard pas follement original mais Space ventura restera une sympathique découverte.
HIGH FIGHTER
C’est couillu de programmer High Fighter à une heure si matinale ! Mona Miluski et sa troupe vont se charger de réveiller ceux qui comatent déjà au soleil avec 40 minutes d’un sludgecore exécuté avec toute la fougue et la hargne que le genre réclame. Quand même, du sludgecore à 13h, çà pique un peu!
THE FIERCE AND THE DEAD
Dès les premières secondes, on sait d’emblée qu’on va s’ennuyer devant The Fierce and the Dead. Certes, on ne dit pas “j’aime pas” tant qu’on n’a pas goûté… Mais les dégaines de courtiers en assurance des 4 anglais auguraient du pire. Et ce fut le cas… Musicalement, c’est d’une platitude extrême et le frontman multiplie les moments de solitude à chaque fois qu’il s’adresse au public. Les regards des festivaliers en disaient long sur leur prestation… L’erreur de casting de cette édition (on en a même oublié de faire des photos, c’est vous dire !)
ELECTRIC WHANAU
Slomatics étant resté bloqué (tout comme Duel) à l’aéroport de Londres pour des raisons administratives (décidément, vivement le Brexit…), les organisateurs ont dû trouver un remplaçant à la hâte pour combler la plage horaire. Komet Lulu et Sula Bassana d’Electric moon trainent dans les parages (on découvre donc à quoi ils ressemblent à la lumière!), Craig Williamson (qui délaisse sa basse pour la batterie) et Matt Cole-Baker d’Arc of ascent ne jouent que dans 2 heures et le colosse Bill de Bushfire (qui arpente le site depuis jeudi) peine à écouler le LP du live de son groupe enregistré ici-même l’an dernier ? Allez, banco, tout ce beau monde investit la scène (sous le nom d’Electric Whanau) et se lance dans une jam totalement improvisée de près de 45 minutes qui va mettre les festivaliers en transe. Unique, éphémère et absolument grandiose.
OUTSIDEINSIDE
Avec un nom de groupe emprunté à celui d’un album de Blue cheer, on pouvait s’attendre à un stoner bien gras et bien lourd. Eh bien, pas du tout! Rien à voir avec le prehistoner de Blue cheer, on a plutôt affaire ici à un rock seventies au fort accent californien (alors que le groupe vient de Pittsburgh). Encore un groupe qui démontre que, parfois, une prestation live rend bien mieux qu’un album studio…
ARC OF ASCENT
Premier groupe Néo-zélandais à se produire sur la scène du Freak valley, Arc of Ascent bénéficie d’une aura importante après de nombreux retours positifs suite à des prestations remarquées aux quatre coins du globe. Venu avec un dernier opus, Realms of the Metaphysical, paru en 2017, le groupe bénéficie de la présence magnétique du bassiste et chanteur Craig Williamson qui attire tous les regards avec sa magnifique Rickenbacker bicolore qu’il maltraite et caresse pendant une heure. Pourtant, dès qu’il s’adresse au public, il semble impressionné, timide et visiblement ravi d’être en Allemagne. Le son est dantesque (chaque coup donné à sa basse par Williamson vous fait descendre les chaussettes) et la prestation du groupe l’une des meilleures du festival. Toutes éditions confondues…
VINTAGE CARAVAN
Place maintenant à la formation que beaucoup de festivaliers attendent (les places aux barrières sont chères). Les trois islandais de Vintage Caravan prennent alors place sur scène et c’est un doux euphémisme de dire qu’ils vont se l’accaparer, y mettre le feu, la retourner et ne laisser que de la poussière derrière eux. Avec une setlist aux petits oignons couvrant toute leur jeune carrière (“Babylon”, “Innerverse” dans une version absolument sublime d’émotion, “Reset”, “On the run”…), nos trois amis venus du froid se donnent à fond et le public suit et se lâche complètement. Au fil du temps, leurs prestations sont de plus en plus maîtrisées et Vintage Caravan est devenu une valeur sûre et incontournable. Triomphe total.
MONOLORD
Que dire de Monolord qui n’ait déjà été dit ? Quiconque ayant déjà assisté à l’un de leurs concerts vous le dira (nous les premiers) : Monolord est un monstre scénique qui foutrait le feu à n’importe quelle sono… Déjà, en arrivant sur le site, une silhouette interpelle: c’est celle de Mika Häkki qui porte une magnifique djellaba crème (çà change du noir, me direz-vous…). Cet accoutrement rendrait ridicule n’importe quel musicien mais on ne se moque pas de Monolord (et puis, il n’a pas une sacrée dégaine le Mika avec çà sur le dos?). Bref, Monolord a fait du Monolord : un son à vous déchausser les dents et une communion totale avec ses fans qui seront ravis de découvrir un nouveau titre intitulé “The Bastard’s Son”, premier extrait du prochain album du groupe qui paraîtra en septembre. “Rust” et “Empress Rising” (dans une tellurique version de près de 15 minutes) sont bien évidemment de la partie et le show s’achève sur la destruction pure et simple de la guitare de Thomas Jäger qu’il fracasse avec gourmandise sur le sol. Les dieux du doom ont encore frappé.
MINAMI DEUTSCH
Tout droit venu du Japon, le quatuor Minami Deutsch nous offre avec brio leur meilleur stoner psychédélique. Après une arrivée toute en retenue sur scène (les musiciens semblent visiblement impressionnés par les lieux et par l’affluence), ils vont se lancer dans une démonstration envoûtante et débordante d’énergie faisant la part belle au jeu de batterie et aux envolées guitaristiques. Difficile d’enchaîner après Monolord ? Pari relevé avec succès pour notre combo asiatique. Un show qui ne laissera pas indemne ceux qui ont eu la chance d’y assister.
WOLFMOTHER
Incroyable groupe, incroyable énergie et… incroyable chevelure (pardon, on s’égare…). Les australiens de Wolfmother étaient sans aucun doute les plus attendus du jour, et c’est un doux euphémisme quand on voit l’accueil qu’ils ont reçu. La tête d’affiche du jour attire une myriade de spectateurs et le moindre centimètre carré de pelouse et de bitume est exploité. De sa voix singulière, Andrew Stockdale galvanise la foule et commémore le quinzième anniversaire de leur premier album. Leur rock qui fleure bon les années 70 électrise le public pendant près de 90 minutes d’un show qui va balayer toutes la carrière du groupe (l’explosif “Woman”, “White Unicorn” qui verra le public faire tourner un énorme ballon en forme de licorne…) et on aura même droit à un nouveau titre, intitulé “Spanish Rose”. Le groupe clôture cette formidable prestation avec, bien évidemment, un “Joker and the Thief” qui va retourner l’assistance. Un show digne du statut de Wolfmother.
GOD IS AN ASTRONAUT
Après Russian Circles l’an dernier, l’édition 2019 du Freak valley propose de clôturer en beauté avec du stoner instrumental et cette fois-ci, ce sont les irlandais de God is an Astronaut qui ont la lourde tâche de conclure cette journée dantesque. Le post-rock planant et surpuissant du quintet fait son petit effet aux festivaliers qui se sont donné la peine de rester (la foule s’est considérablement réduite après le show de Wolfmother). Il est vrai que sur album, God is an Astronaut peut laisser de marbre mais certainement pas en live. Le jeu de lumières aidant, l’ambiance est posée, les riffs tonitruants tabassent et les mélodies oniriques des claviers nous emmènent loin, très loin. Le sublime “Helios Erebus” conclut ce show efficace, sophistiqué et d’une grande classe.
Comme à l’accoutumée, le cru 2019 du Freak Valley festival a tenu toutes ses promesses : une ambiance extraordinaire, des volées de grosses bûches, du blues-rock seventies en passant par du doom caverneux ou encore des voyages intersidéraux, tout y était… Pour ne rien gâcher, la majorité des musiciens restent accessibles et chaleureux (tout le monde navigue dans les allées au milieu des festivaliers, vous pouvez taper la discute avec les Monolord en attendant votre burger ou tailler une bavette avec les Minami Deutsch autour d’une bière) et la météo est restée clémente (pas de gros orage comme l’an dernier par exemple…). Une chose est sûre : vivement la prochaine édition !!!
Letthereberock51 / Xav
Après une bonne nuit de sommeil (bonne idée que d’avoir réservé un logement avec un lit digne de ce nom qui permet d’atténuer les douleurs articulaires liées à notre grand âge…), nous revenons sur les lieux aux alentours de 11h30. Le site est presque désert, seuls quelques courageux ont réussi à s’extirper de leur tente pour… s’avachir de plus belle sur les quelques transats, canapés et fauteuils mis à disposition. Il fait déjà chaud et la température va monter encore d’un cran car voilà les premiers zicos qui prennent place pour entamer cette journée…
LACERTILIA
La deuxième journée du festival débute sur la minuscule « wake and bake stage », cachée au fond du site au milieu de banquettes de récup et de sièges en palettes. Une scène très intime (les plus près peuvent poser leur bière sur la scène) que les anglais de Lacertilia vont se charger d’animer devant un parterre de courageux proche de la cinquantaine d’âmes tout au plus (il n’est alors que midi). Le groupe en profite pour rôder les nouveaux titres d’un futur album dont la sortie est prévue dans quelques semaines. Le public clairsemé mais réceptif saluera la prestation convaincante pour une heure si matinale (pour un festivalier, j’entends…).
PRETTY LIGHTNING
Seconde et dernière prestation de la journée sur cette minuscule scène, le duo Pretty Lightning rappelle des formations comme King of the North ou encore Royal Blood, en moins puissant malgré tout. Seul petit bémol, le chanteur-guitariste n’est pas très démonstratif (c’est peu de le dire…) et on sent qu’il a passé une mauvaise nuit (il tirera une gueule de 6 pieds de long toute la journée au merch). Une belle découverte malgré tout.
DEAD LORD
Retour sur la scène principale pour l’un des groupes les plus attendus du jour (il suffit de voir le nombre de festivaliers qui ont daigné quitter leur tente pour assister au concert : les suédois de Dead Lord, forts de l’excellent In Ignorance We Trust paru en 2017, débutent leur set avec “Don’t give a damn”, le single de l’album Heads Hield High. Et pendant 40 minutes, on assiste à une véritable démonstration de heavy rock à l’ancienne avec panoplie complète : solis déchaînés, poses photogéniques, look seventies… La filiation avec Thin Lizzy a été maintes fois évoquée et cela saute aux yeux sur scène. Énorme succès à l’applaudimètre, grand moment de communion avec le public et une valeur sûre pour les années à venir.
GREAT ELECTRIC QUEST
Depuis la veille, les américains de Great Electric Quest font le show aussi bien dans les travées du fest qu’au merch et on pouvait donc s’attendre à une prestation aussi déjantée qu’eux. Le résultat va s’avérer mitigé. Certes, ils savent investir une scène « à l’américaine » (décorum, gros son, fringues… tout y est) mais on ne peut s’empêcher de penser que claquer un solo de batterie de près de 5 minutes au beau milieu du deuxième titre (!!!) quand on ne joue que 40 petites minutes fait retomber la mayonnaise qui montait pourtant bien. Restera malgré tout le souvenir ému d’une reprise survoltée de “Highway Star” de Deep purple qui leur vaudra une salve d’applaudissements nourris.
PRISTINE
Après écoute de plusieurs titres quelques jours avant le festival, nous n’avions déjà pas accroché au southern blues des norvégiens de Pristine. Et sur scène, malgré tous les efforts de la charismatique Heidi Solheim, nous restons également stoïques. Mais le public semble apprécier, tant mieux pour lui et nous préférons lever le camp et laisser la place aux amateurs…
RAKETKANON
Les belges de Raketkanon ont été programmés en remplacement de It’s Not Night It’s Space il y a quelques semaines. A notre grand regret car Raketkanon restera pour nous une énigme. C’est de notoriété publique que les allemands sont friands d’expérimentation sonore mais là, on atteint un sommet pour un festival rock : des synthés d’un autre âge, des bidouillages sonores insupportables et un chant hurlé au travers d’un vocoder (WTF?!?!?!) nous font fuir dès le deuxième titre. Ne nous attendez pas les gars, on reviendra plus tard…
TUBER
Un festival sans un représentant de la bien-aimée scène grecque n’est pas un bon festival. Et quand les invités se nomment Tuber, l’une des valeurs sûres du rock psychédélique instrumental, c’est l’assurance d’un grand moment. Le son est surpuissant et la fosse, surchauffée par un soleil de plomb qui a tapé fort toute l’après-midi, se laisse aller au moment où le groupe entame son fameux “Desert Overcrowded”… Seul petit reproche à faire, mais ce n’est pas de la faute du groupe : on aurait préféré un horaire plus tardif qui aurait permis une meilleure immersion…
KING BUFFALO
Il est 19h15 quand Tuber cède sa place au trio New-yorkais de King Buffalo qui démarre son set avec le formidable “Longing to be the Mountain”, tiré de leur dernier album éponyme. Le son est sensationnel et l’immersion est totale. Il faut dire que les américains savent jouer et on perçoit immédiatement entre eux une communion et un plaisir communicatif à être sur scène. Et ils vont retourner l’assistance avec leur désormais mythique “Orion” qui va mettre tout le monde d’accord. Vous l’aurez compris, King Buffalo était dans un grand soir et ce set trop court restera dans nos mémoires comme l’un des grands moments de cette édition.
A PLACE TO BURY STRANGERS
Pour les mêmes raisons que Pristine, nous sommes restés totalement hermétiques au trio A Place to Bury Strangers, pourtant très attendu du public au vu du nombre de festivaliers qui migrent vers la scène quelques minutes avant le début de leur set. Reste que même vu de loin, l’énergie employée par le groupe reste impressionnante, au point que le guitariste en brisera en deux sa guitare…
YOB
Un célèbre adage veut que si on n’a pas vu Yob avant l’âge de 50 ans, on a raté sa vie. Il est vrai que la bande de Mike Scheidt traîne derrière elle une sacrée réputation de retourneur de fosse avec leur sludge surpuissant. Dès le soundcheck, on se dit qu’on va en prendre plein la tronche et ce sera effectivement le cas. La fosse heandbangue comme un seul homme, le son est gras comme les frites mayonnaise servies par le food-truck de l’allée centrale et tout le monde prend son pied, sur scène comme dans le public. Après 1h15 éreintantes, Yob disparaît, Mike Scheidt brandit sa guitare en signe de remerciement et chacun retourne à sa vie, exsangue. Impressionnant, c’est le mot.
CORROSION OF CONFORMITY
L’annonce de la venue de Corrosion of conformity, qui plus est pour un show spécial célébrant les 25 ans de leur masterpiece Deliverance, était l’une des grosses signatures du fest. Dès l’intro balançant “La Grange” de ZZ Top sous des lumières d’un vert blafard, on sent la foule bruisser d’impatience et elle fera une ovation au groupe dès son arrivée sur scène. On remarque d’emblée que le batteur Reed Mullin est absent, son genou le faisant toujours souffrir. Les gars sont charismatiques à souhait avec leurs tronches burinées par plus de 35 ans de scène et ils font preuve d’une maîtrise époustouflante. La bande de Peeper Keenan a mis tout le monde d’accord, comme c’était à prévoir…
[A SUIVRE…]
Letthereberock51 / Xav
Cette année encore, c’est du côté de Netphen, à quelques kilomètres de Cologne, que se déroulait l’un des festivals les plus cools de la galaxie: le Freak Valley festival accueillait près de 3000 amoureux de stoner, de doom, de rock psychédélique et j’en passe pour une édition qui aura, une fois encore, tenu toutes ses promesses…
VALLEY OF THE SUN
C’est Valley of the sun qui se charge d’ouvrir les hostilités. Fort d’un nouvel opus, Old Gods, sorti il y a quelques semaines (sans doute l’une des meilleures choses qui soit arrivé au heavy rock cette année), les américains nous gratifient de 45 minutes d’un set aux petits oignons. Puisant largement dans ce dernier album, le quatuor attire les spectateurs dès les premières notes et offre une entrée en matière fracassante à cette cuvée 2019. Même la pluie qui s’invite à la fête ne viendra pas entacher cette prestation impressionnante de maîtrise (mention spéciale à Casey Beagle qui cogne comme un ours sur ses fûts) qui sera saluée comme il se doit par le public.
STONEFIELD
Difficile d’enchaîner après Valley of the sun, d’autant que la pluie s’intensifie. Mais les 4 sœurs de Stonefield s’attèlent à cette tâche avec brio en offrant un retro rock particulièrement savoureux qui s’inspire des meilleures sonorités des seventies. Du coup, les dieux font preuve de clémence, la pluie cesse (et ne reviendra plus durant 3 jours) et les australiennes peuvent recevoir l’ovation qu’elles méritent.
SPACESLUG
Que peut-on bien raconter après avoir pris un camion chargé de troncs d’arbres dans la tronche ? En général, pas grand-chose (soit on perd ses dents, soit on rejoint les enfers, les options sont relativement réduites). Alors, pour éviter ces désagréments, il existe une alternative moins violente (quoique…): assister à un set de Spaceslug. Le trio polonais, qui vient de sortir coup sur coup 3 albums en 3 ans (dont le dernier, l’excellent Eye the tide, qui se doit d’être de toutes les playlists actuelles), n’est certes pas le roi de la communication avec le public mais question communion, la limace de l’espace sait y faire (et il se raconte qu’ils ont également mis l’ambiance au camping du fest pendant 3 jours…). Leur doom psychédélique envoûte, fait se dandiner comme un seul homme et dévisse de nombreuses cervicales… La première grosse bûche du festival.
JOHN FAIRHURST BAND
Après avoir assisté à une grosse prise de bec entre des photographes pourtant accrédités et un agent de sécurité un poil zélé qui refuse l’accès au stagepit (les accès VIP, backstage et stagepit étant identiques avec des pass différents, l’agent s’y perdait un peu), c’est seulement après une quinzaine de minutes de palabres sans fin et l’intervention des responsables du fest que nous pouvons enfin accéder au pied de la scène. Pendant ce temps, John Fairhurst et ses musiciens, qui défendent un nouvel album paru en avril dernier, déroule ses titres catchy, groovy et parfois même rockabilly. Le bonhomme sait se mettre une fosse dans la poche et offre un très bon moment au public.
DEWOLFF
Après la défection malheureuse de The Obsessed qui a annulé sa tournée européenne 3 jours auparavant (pour des raisons « indépendantes de la volonté du groupe » sans plus d’explications), le festival a réussi à booker un remplaçant au pied levé, et force est de constater qu’ils ne se sont pas foutus des festivaliers car c’est ni plus ni moins que Dewolff qui se présente sur scène en lieu et place de la bande à Wino. Pattes d’eph, chemises à jabots et cheveux longs sont de mise pour plus d’une heure d’un retro rock seventies électrisant à souhait. Les 3 néerlandais sont des habitués des scènes européennes et cela se voit tant ils s’améliorent au fil de prestations toujours plus maîtrisées. Après le show, ils vont gérer eux-mêmes leur merch et quand on voit à quelle vitesse ils vont écouler leur dernier double EP live, on se dit que les festivaliers ont grandement apprécié leur prestation. Tout comme nous, d’ailleurs…
BRANT BJORK
Il est 22h15 quand Dieu se présente sur scène. Les photographes sont fébriles, la foule piaffe d’impatience et les organisateurs ne sont pas peu fiers d’annoncer l’arrivée de Brant Bjork. Nous ne ferons pas l’affront de présenter le bonhomme aux habitués du site mais pour les autres, Brant Bjork est l’ancien batteur de Kyuss, le responsable des meilleurs albums de Fu Manchu et l’un des piliers les plus respectés du genre. Délaissant un temps sa Sky valley pour la Freak valley, il va dérouler un set magistral pendant 1h15, bien entouré par un backing-band faisant preuve d’une aisance et d’un professionnalisme qui laisse pantois. Et heureux aussi… Et un énorme big-up personnel à Bubba Dupree, son guitariste, qui lui a fait dédicacer mon affiche fraîchement acquise au merch (car oui, on ne rencontre pas Dieu si facilement…). Bubba, reçois ma reconnaissance éternelle.
ELECTRIC MOON
Au moment où Electric moon s’avance sur la scène et commence son set, 2 options s’offrent à vous : soit vous restez stoïque à essayer de comprendre pourquoi les 3 musiciens passent le plus clair de leur temps dans la pénombre en tournant le dos au public à vous balancer pendant de longues minutes les mêmes accords, soit vous vous abandonnez à un long voyage cosmique au cours duquel votre esprit quitte votre corps, un corps dont vous ne devenez soudain plus maître et qui décide de communier avec d’autres de la même espèce afin de former une sorte de vague humaine qui déferle sans cesse d’avant en arrière au fil des battements de la musique. Inutile d’indiquer que pour l’une des 2 options, l’abus de substances plus ou moins licites est fortement préconisé…
[A SUIVRE…]
Letthereberock51 & Xav
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