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Earthless + Maidavale + Little Jimi – 13/05/2022 – Bordeaux (Krakatoa / Mérignac)

Oserait-on parler de “retour à la normale” ? Toujours est-il qu’avec le retour aux affaires des Make It Sabbathy depuis quelques semaines (en mode “low profile” pour le moment) et le Sidéral Fest la semaine dernière, on observe un frémissement côté concerts à Bordeaux.

On rentre dans le toujours sympathique Krakatoa au son de Little Jimi, première partie locale ajoutée au déjà sémillant plateau proposé ce soir. Le trio bordelais a fait du chemin ces dernières années, et ils ne sont pas impressionnés sur cette grande scène. La salle est en configuration “réduite” (des rideaux sur le côté rapprochent le public de la scène, et le balcon est fermé) ce qui laisse quand même une belle capacité dispo, correctement remplie ce soir. Le set est solide, et les deux guitaristes (oui, pas de bassiste au sein du groupe), l’un droitier, l’autre gaucher, se partagent les plans de gratte avec énergie. Même si l’on est habitué avec le groupe, on regrette toujours qu’il n’y ait pas plus de “nerfs” dans certaines de leurs compos pour emballer un peu la machine, qui ronronne sur des titres mid-tempo heavy. Les goûts et les couleurs… Au bout d’une demi-heure, les titres les plus nerveux sont dégainés pour finir d’emballer le concert, à l’image de leur conclusion sur leur emblématique première chanson sortie sur disque, “Jimi” : le lancement est calme et posé, mais le poids du titre se découvre sur sa fin. Un bon set, bien exécuté, très pro… Avec un soupçon de folie et d’énergie supplémentaire, on serait aux anges !

Les suédoises de Maidavale partagent la scène avec Earthless sur leur tournée européenne, une superbe opportunité, mais pas volée, au regard du nombre de concerts qu’elles ont dans les jambes et de leur réputation scénique. Elles le prouvent déjà avec une mise en place express, pour un lancement de set où quelques secondes suffisent pour être mis dans le bain avec le bien nommé “Trance”, issu de leur dernier album (qui commence à dater…). A noter d’ailleurs que quasiment toute la set list s’appuie sur des chansons du dernier LP – signe qu’il est urgent de rentrer en studio mesdames ! Seul un titre ne nous rappelle pas de souvenir, peut-être un inédit ? En tout cas on ne compte pas sur leur frontwoman, Matilda, pour nous en dire plus, les échanges “vocaux” avec le public étant rares. Globalement, on y est habitués, les musiciennes sont concentrées sur leur jeu, avec assez peu d’interactions entre elles et avec le public. Mais l’effet est là : la rythmique portée par une grosse ligne de basse lancinante en fond et la frappe limite percus de Johanna Hansson (quel son de grosse caisse !) génèrent à elles seules une sorte de transe hypnotique. Sur cette base, Sofia Ström balance des lignes de guitare et Matilda s’empare aléatoirement d’une guitare, du micro, de maracas, tambourin, clavier… L’ensemble génère une sorte de trip de 45 minutes quasi-ininterrompu, aux frontières entre space rock, musiques tribales, et toutes les variantes du psych rock. Toujours très efficace auprès d’un public conquis, ondulant au rythme de la musique du premier rang jusqu’au fond de la salle.

C’est au tour des maîtres de la soirée, Earthless, de prendre place sur la grande scène… littéralement : comme on y est habitué avec le trio de San Diego, chacun prend sa place et n’en bougera pas de tout le concert, le plus marquant étant comme toujours Mike Eginton, qui se cale sur le côté du kit de Mario Rubalcaba et n’en bougera plus, sans le moindre regard adressé au public… Quant au maître de cérémonie Isaiah Mitchell, même s’il est un tout petit peu plus mobile, sa position pour 90% du concert est la même : un pied sur sa pédale wah-wah, la barre de vibrato sous le petit doigt, le gars décharge des caisses de soli non stop dans la même configuration ! A ce titre, rien ne ressemble à un concert d’Earthless qu’un autre concert d’Earthless… Penchons-nous sur la set list pour chercher l’originalité – et pour le coup, on est servis : le groupe donne un premier indice en se lançant dans l’interprétation de “Night Parade of One Hundred Demons (part I)” pendant les 20 premières minutes du set… Puis le “(part 2” du même morceau, qu’il étire en long et en large (comme si l’original manquait de soli !). Quand il annonce “Death to the Red Sun”, le constat est clair : le groupe s’est lancé dans l’interprétation intégrale de son dernier album. Courageux ! Même si ce n’est pas inédit chez Earthless, les gars se jettent à l’eau, et assument à 100% leur dernière sortie. Du coup le public a moins de repères (aucun “classique” ne sera joué) mais il est venu pour voir Earthless faire du Earthless, et il est servi : avec un duo rythmique toujours inébranlable, tous les regards se focalisent sur Mitchell, virtuose de l’improvisation, qui, en réalité, déroule un solo pendant plus d’une heure non stop, retombant toujours sur ses pattes sur chaque séquence rythmique amenée sur un plateau d’argent par ses deux potes en fond de scène. Toujours aussi épatant. Une fois l’interprétation de son album effectuée, le groupe sort sous les acclamations mais revient assez vite pour proposer en rappel un vent de fraîcheur : une reprise du groupe japonais Speed, Glue & Shinki, “Stoned Out of My Mind”, un titre vraiment sympa pour une conclusion relax.

Au final, le groupe nous aura proposé un set de quasiment 1h30, ce qui devient un format atypique de nos jours pour un live. Tout le monde repart avec une sérieuse dose de jam… et le sourire ! Généreux, efficace, talentueux… Earthless continue de tracer sa route, un peu seul sur son piédestal… Chapeau.

YOB + Spirit Adrift – 03/05/2022 – Lille (Aeronef)

Ce n’est pas moins de 26 dates qui composent la tournée européenne des ricains de Yob. Et parmi ces dates, je vous en place une en Belgique, deux en Suisse et quatre en France ! Il faut dire que depuis leur première venue dans notre pays il y a maintenant plus d’une décennie, Yob a toujours su venir faire un tour par chez nous et les murs des Combustibles et Glazart s’en souviennent encore. Lille, Rouen, Paris et Lyon, même si ce n’est pas le tour de l’hexagone, c’est déjà bien réparti pour contenter un maximum de monde. Et la date Lilloise aura fait pas mal d’heureux puisque l’Aeronef (dans sa « petite » configuration) annonce complet. Cela nous met donc la jauge à plus de 500 personnes. Et le vieux de la vieille que je suis (car du groupe d’amis qui m’accompagnait, je dois le dire, j’étais le doyen) ne peut que se réjouir et s’étonner de ça. Que de chemin parcouru depuis qu’en France, même une tête de gondole avait du mal à remplir une salle de 200 fans. Un groupe comme Yob peut maintenant remplir une jauge de plusieurs centaines en province et comme vous le savez, Yob ce n’est pas le plus accessible des groupes de la scène.
Donc déjà, un énorme merci au groupe, au tourneur et à la salle qui avec un tarif d’environ 9 € (5 € abonné et étudiant !!) rendent les choses bien plus accessibles.

Sur la presque totalité des dates de la tournée, c’est Spirit Adrift qui accompagne pour ouvrir. Je ne suis pas un fan de ce groupe mais ma foi en ouverture, je prends. C’était assez carré, bien interprété et assez énergique. La setlist est brodée principalement autour des trois derniers albums et du dernier EP en date Forge Your Future. L’accueil du public, sans être débordant, est assez enthousiaste. Projet monté autour de Nate Garrett, c’est clairement lui qui mène la barque et il est aidé de trois compagnons fort talentueux. Space Adrift nous offre donc un bon show solide et sérieux.

Travis Foster n’ayant pas pu faire le déplacement en Europe, c’est Dave French (du groupe Brothers Of The Sonic Cloth) qui le remplace à la batterie et accompagne donc Aaron Rieseberg (basse) et Mike Scheidt (chant, guitare) sur cette tournée. Sur les sept titres que le groupe jouera ce soir, quatre sont extraits de Atma, album qui date de 2011 mais qui a vu l’année dernière une (excellente et fortement conseillée) version entièrement remixée sortir. On y ajoute un titre de The Unreal Never Lied et deux de The Great Cessation et le compte y est, aucun titre des deux derniers albums donc. Pour moi cela n’a pas grande importance puisque Yob fait partie de ces groupes qui peuvent piocher ce qu’il veut dans les albums qu’il veut, j’y trouverai toujours mon bonheur.

C’est donc après avoir rodé un peu les instruments que le groupe se lance dans un immédiatement dantesque “Prepare the Ground”. Puissant, parfaitement équilibré, le son est énorme. Il faut parfois de longues minutes avant de rentrer dans le moule d’une sonorité Doom comme celle-ci. C’est une écriture particulière et qui n’est pas accessible sans une certaine préparation. Mais le groupe est devant des connaisseurs, pas besoin de commencer avec de l’abordable. C’est instantanément dans le vif du sujet que l’on se retrouve. “Atma” enfonce le clou immédiatement après avec son riff de guitare sorti d’outre-tombe. Mike Scheidt attire à lui les regards, son jeu est transcendant et son chant hypnotique. Le public est attentif, captivé et fasciné. Les interprétations proposées sont assez fidèles aux versions studio mais avec cette puissance du live inégalable chez soi.

Le groupe enchaine alors “The Lie that is Sin”, “Upon the Sight of the Other Shore”, “Adrift in the Ocean” et “Burning the Altar” avec la même réussite. Chaque titre pourtant assez long, je ne vois pas le temps passer. Le groupe m’emmène où il veut, je suis complétement absorbé par leur performance. Pour le dernier titre, “Grasping Air”, Mike Scheidt se fait accompagner de Levy Seynaeve (ex-Amenra et actuel Wiegedood entre autres) au chant. La Belgique n’étant qu’à quelques kilomètres, l’ami Levy s’invite donc à la fête (et vu le flamand entendu dans le public, il n’est pas le seul).

Le concert se termine sous des applaudissements généreux et amplement mérités. Cette soirée Doom à Lille est une franche réussite et j’espère que cela encouragera Yob à revenir et d’autres groupes à venir rassasier les fans. Contrairement à leur habitude, le groupe préfère prendre des précautions (Covid oblige) et ne pas venir rencontrer les fans à l’issue du concert. Enfin, ça c’est ce que de Mike Scheidt dira un peu avant la fin du concert. Mais ces personnes sont bien trop sympathiques et au final, le public Lillois a l’occasion de prendre quelques photos avec les membres et de faire signer quelques petites choses.
Très bon état d’esprit, très bon son, très bonne performance, on ne peut que souhaiter que chaque concert de leur tournée soit à l’égal de cette soirée.

Sidéral Festival (Mars Red Sky, Giöbia, …) – 05/05/2022 – Bordeaux (Vivres de l’Art)

Après une édition 2019 ambitieuse et haute en couleurs (Radio Moscow, Temples, Electric Moon, Slift, etc…) le COVID a eu raison du dynamisme de l’orga et a coupé les jambes des éditions suivantes, pourtant prometteuses… C’est donc avec un grand plaisir que l’on retrouve la même équipe redonner vie à cet événement du rock psyche sous toutes ses formes, toujours à Bordeaux, et avec cette année un lever de rideau dans une autre salle, les Vivres de l’Art, en bord de Garonne.

 


GUADAL TEJAZ

On rejoint donc ce haut lieu de la culture bordelais (une belle salle de concert, bien décorée, une cour extérieure pleine de structures fun et sculptures métalliques et autres…) dans une ambiance propice au chill absolu (coucher de soleil, DJ set crépusculaire, météo tee shirt / short, sourires…). On empoigne une blonde (une bière, esprits mal tournés !) et on rejoint la belle scène alors que Guadal Tejaz crache ses premiers décibels. On se laisse rapidement emporter par le groove des rennais, qui mêlent une énergie garage limite punk avec une base rythmique lancinante qui confère une tonalité psyche incontestable à l’ensemble. Scéniquement, on s’ennuie pas non plus, avec le guitariste et le bassiste s’échangeant occasionnellement leurs instruments, le batteur se calant derrière un pupitre pour lancer des séquences électroniques plutôt que frapper ses futs, et un frontman déjanté. Original et séduisant.

 


GIÖBIA

Même si l’on connaît un peu plus le quatuor nord-transalpin, la perspective de les revoir sur scène nous ravit tout autant. Il ne faut pas longtemps pour plonger tête baissée dans le piège de leur psych rock hypnotique et se laisser emporter par les plans hypnotiques développés par le groupe. Beaucoup de fumigènes, des lights discrets, et un ensemble musical soutenu par une base rythmique lancinante aux confins du kraut rock, ce sont les secrets des meilleurs passages de ce concert. Le groupe s’appuie sur des extraits de la plupart de ses disques (assez équitablement couvrant un large pan de sa discographie) et parvient assez souvent à nous emmener très loin, de véritables moments de grâce où le public, sourire aux lèvres, se laisse volontiers emporter… Quelques passages inégaux (quelques leads un peu dissonants, des fins de morceaux un peu brutales, des passages moins efficaces…) laissent miroiter une petite marge de progrès pour le groupe, mais ce set fut une pure réussite, et un nouveau signe que Giöbia est un groupe avec lequel il faut désormais compter dans la scène de pur psych rock.

 


MARS RED SKY

S’il est un groupe qui n’a pas chômé pendant la crise COVID et a tout fait pour continuer à défendre sur scène son dernier album, c’est bien le trio bordelais Mars Red Sky. Actif sur la plupart des scènes françaises et européennes depuis plusieurs mois, le groupe apparaît donc rodé et solide dès ses premiers accords. Le fait de jouer “à la maison” donne aux régionaux de l’étape (et au public) de grands sourires dès l’ouverture du set avec le classique “The Light Beyond”. Il faut dire qu’avec 4 albums désormais sous le bras, le groupe peut effectivement se targuer de sélectionner bon nombre de “classiques” (et se permettre même d’en zapper certains) pour composer ses set lists, ce qu’il ne manque pas de faire ce soir. Pour autant, le groupe a un dernier (bon) album à défendre, et le fait avec efficacité, en y consacrant presque la moitié de sa set list (mention spéciale aux très efficaces “Collector” ou “Crazy Hearth”). Pour autant c’est avec ses plus anciens titres que le trio cartonne le plus, avec en particulier un “Strong Reflection” absolument dévastateur, propice à un enthousiasme étonnant du côté du public (on y observera plusieurs slams). Pour autant, musicalement, tout passe crème, mené par des zicos sûrs de leur fait, en maîtrise : en sus de la base rythmique (et mélodique) colossale, rigoureuse et carrée, Julien délivre non seulement des leads inspirées mais aussi des lignes vocales sans la moindre fausseté. Le public, nombreux, ne s’y trompe pas et goutte chaque note de guitare avec ravissement, jusqu’au bout du set, qui se termine par un mérité torrent d’applaudissements.

 

 

Plus d’une heure plus tard on quitte donc la salle rasséréné, souriant, avec le sentiment que l’on aurait eu bien tort de rater cet événement et en particulier cette affiche. Merci au Sidéral Fest !

Bongzilla + Atomic Trip – 421 /22 – Nantes (Le Michelet)

 

Très honnêtement l’affiche de ce jeudi avait de quoi ravir les amateurs de doom, de sludge et de Nicolas le Jardinier. Le Michelet qui entame sa dernière ligne droite avant de déposer les armes ne s’en laisse pas conter et avait organisé avec Black Flag Production une petite sauterie avec Atomic Trip et Bongzilla

 

Atomic Trip

Bien que la déception soit réelle de ne trouver aucun jeu de mot tripier dans le nom de Lyonnais d’Atomic Trip, l’envie est grande de se retrouver au cœur de leur usine à riffs. Dès l’entrée de la salle les tenants de billetterie insistent sur le besoin de porter des bouchons d’oreilles, “ça va jouer fort”. Le trio est posé devant un mur d’ampli qui confirme la promesse dès les premiers riffs. Dans cet assemblage comprenant deux gratteux et un batteur, c’est clairement ce dernier qui porte le groupe. Les variations qu’il impose, l’amplification de ses frappes ont un effet dévastateur. Chaque coup de pédale fait avancer la grosse caisse de dix centimètres, à tel point qu’entre chaque morceaux le batteur doit reculer sa machine à blasts.

Atomic Trip

Côté cordes, si l’ensemble est ravageur de puissance il ne manque pas de contrepoints tout en finesse et mélancolie. Leur son accordé six pied sous terre ne fait pas que vivre l’explosion de fin du monde promise, il donne à entrevoir ce qu’il reste après cette dernière, la désolation. Le public qui était déjà convaincu avant même de retrouver Atomic Trip est emporté par chacune des longues compositions du groupe qui test devant nous celles qui constitueront leur prochain album. Vivement que la bête soit sortie!

 

Nous sommes un jour après le 420 mais Bongzilla ne semble pas être du genre à faire cas des dates anniversaires, le trio s’installe et Mike “Muleboy”, qui tient la basse pour la formation après avoir été guitariste à ses débuts, partagent un pipeau à fumée avec Mike “Magma” le batteur. Attendez…mais ce n’est pas…un pipeau…que fait la police? Visiblement elle est restée loin et ce sera très bien ainsi pour que nous puissions profiter des trois américains qui œuvre au milieu d’une scène nue dans une atmosphère de squat en cours de déménagement.

Bongzilla

Pour s’échauffer le groupe ouvre avec quelques riffs de blues tout en finesse, tout du moins jusqu’à ce que Mike prenne le micro et que les premiers accords destructeurs viennent accompagner sa voix sludge passée au papier de verre. La machine s’élance, progressivement elle vient examiner les rangs de l’assemblée massée dans cette petite salle qui affiche complet du haut de sa jauge à 140 personnes. Entre chaque titre qui puisent dans la discographie du monstre vert, les gars se font pasteurs et haranguent la foule pour réclamer ou promouvoir quelque mystérieuse médecine appelée tantôt weed, tantôt pot ou d’autres noms réservés aux initiés.

Bongzilla

Passé cet habituel folklore, il faut saluer que le groupe soit venu comme le précédent avec son batteur qui joue d’astuces et de malice. Chacune des frappes de sa cymbale crash annonçant un nouveau tour plein de dextérité. Pendant ce temps, le bien nommé Jeff Spanky assène des fessées à base de six cordes suivant les préceptes sleepesques qui auront conduit nombre d’entre nous en ces lieux ce soir.

Pour résumer le moment, malgré un dernier album en dessous des attentes du public, Bongzilla arrive toujours à fracasser les crânes et à réduire les cervelles échauffées de son public en bouillie tout en jonglant habilement sur un savoir-faire étonnamment jazzy. Usant de ponts devenus viaducs, de variations habiles et de détachement, les Haschischins font briller leur musique d’une finesse que l’on pourrait rater si l’on n’y prêtait pas attention.

 

Cette soirée pouvait sonner comme une soirée d’adieu de plus au Michelet qui confirme qu’il aura été un des grands lieux de la musique DIY en sachant accueillir en son sein des formations talentueuses en particulier en ce qui concerne le stoner doom. Ouvrez les portes, laissez la fumée monter vers le ciel.

Ripple Fest – 18-19/03/22 – Nantes (Le Michelet)

 

Petit retour sur la première édition Française du Ripple Fest. La maison de bon goût Ripple Music a en effet posé cette année ses valises à Nantes au Michelet, dans les jours suivant l’annonce de la fermeture prochaine du lieu emblématique de la culture metal en général et des sons désertiques en particulier dans cette ville.

Pour démarrer ces deux jours Electric Jaguar Baby va user de tous les subterfuges pour chauffer la salle qui se remplit tranquillement. L’élévation de la qualité de leur set sur la durée est annonciatrice de la soirée. La succession prise par Tremor Ama amène dans la salle autant de bonheur Sexy que de blasts ravageurs le tout accompagné d’une présence scénique savamment travaillée.

Appalooza assène son énergie en suiveurs de leurs confrères. Bien comme à la maison ils lustrent les planches d’un lieu qu’ils maîtrisent autant que leur musique. Los Disidentes Del Sucio Motel viennent parachever cette soirée. Ils étaient attendus et le public ne se privait pas de le montrer. Le groupe offre aux murs du Michelet un débordement de notes suaves teintées de la poussière du désert. Le public fervent en redemande mais il est déjà l’heure de clore la soirée.

Tremor Ama

 

Arrivé en retard pour Birds of Nazca je ne profite que du fond de la salle et des dernières notes de ce duo qui envoie le bois en région Nantaise avec régularité et adoptant à chaque fois de nouveaux fidèles. Les nuques sont chaudes cela se voit mais sans doute pas assez pour prendre de plein fouet la locomotive Stonebirds. Leur sauvagerie tellurique est ce soir de la plus haute volée après une trop longue absence des salles de concerts. Ils laissent derrière eux les cendres de la scène dans laquelle Kabbalah va dessiner les arabesques envoûtantes de son doom occulte et aux vocales impressionnantes. Les comparses vont préparer agréablement le terrain à leurs successeurs, les classieux et quasi classiques Fire Down Below. Ces derniers électrisent le public qui a eu le temps de s’échauffer de tous points de vue. Les effets de l’alcool et du plaisir partagé de se retrouver dans la fosse trouvent une résonance plaisante dans le set électrique des Belges.

Fire Down Below

 

C’est enfin l’heure de rendre hommage à l’ange déchu, The Necromancers est visiblement et comme à chaque fois le groupe le plus attendu. Son line-up qui a encore évolué renverse la salle au figuré et soulève le parquet au propre. Les âmes s’échauffent et Satan s’empare de quelques âmes affaiblies pour en faire des bêtes furieuses dans le pit. A jurer que si le Michelet avait fermé ce soir, une heure de set supplémentaire aurait suffi à le rayer de la carte pour de bon.

Weedpecker + Baron Crâne – 31/03/22 – Nantes (Le Michelet)

C’est avec une certaine amertume désormais que l’on se dirige vers le Michelet. La célèbre salle nantaise a annoncé sa fermeture définitive le 30 avril prochain, pour des raisons médicales concernant des deux fondateurs. Une tragique décision qui va assurément laisser des dizaines d’amateurs de distorsions orphelins. Toutefois, il n’existe guère de fauve plus féroce que celui qui sent la fin venir. Et forte de son expérience dans le domaine, la scène nantaise nous propose ce jeudi 31 mars une nouvelle occasion de secouer la nuque au milieu des effluves de bière et de sueur électrique.

Baron Crâne

Comme le témoigne ce cliché atroce pris du fond de la salle, le cul collé contre la table de mixage, le premier groupe accueille un public en nombre et motivé. Les Nantais sont venus profiter de l’énergie dispensée par un trio d’énergumènes, nommés Léo, Léo (!) et Olivier, originaire de Paris et officiant sous une bannière intitulée Baron Crâne. Ensemble, ils proposent un stoner instrumental aux origines diverses, mais au groove certain. Phrasés de guitare progressifs, ligne de basse jazzy, et rythmique entêtante, ils naviguent entre un rock psychédélique maîtrisé et animé de cette frénésie organique propre à la sacrosainte composition guitare-basse-batterie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mixture prend. Les têtes s’agitent, les sourires s’échangent, et devant ce groupe affichant un plaisir si évident, on ne peut que communier ensemble. Pour le final, Léo nous invite à nous rapprocher encore plus les uns des autres, d’oublier les insécurités et angoisses du monde extérieur, pour simplement profiter encore un peu de ces instants suspendus. Et d’un riff planant, il clôture la messe.

Weedpecker

Le temps d’attraper une pinte au comptoir, on se retrouve déjà à remonter les marches pour l’arrivée du second groupe. A peine les Polonais de Weedpecker s’installent que déjà une vingtaine d’affamés du riff s’amassent devant les retours pour recevoir leur dose de saturation. Et sans autre forme de procès, l’équipe de Varsovie ouvre le bal avec « Molecule » ; valeur sûre extraite de sa pièce maitresse sortie en janvier 2018 : III. Piste qui s’enchaîne à merveille avec « Liquid Fire » et qui laisse pleinement apprécier le stoner psychédélique du quintet. La séduction s’opère de suite, le groove charme, les guitares envoutent de leurs mélopées oniriques, ponctuées par un discret clavier qui teinte l’atmosphère en arrière-plan. Instrument qui n’a d’ailleurs pas l’air de suffire à son musicien tant celui-ci se perd en air-guitare et en agitation de tous les membres de son corps. En comparaison de ce satyre déchaîné, les quatre autres gaillards paraissent presque calmes. Et pourtant l’énergie est là. Après deux morceaux issus de leur dernier album, on repart sur III avec « Embrace » qui reçoit un formidable accueil. Pas de là à provoquer des pogos, mais on sent tout de même graduellement monter la température. La scène parait à peine assez grande pour les cinq bonshommes qui commencent à gagner en frénésie. La section rythmique est d’une solidité minérale, avec un batteur au charbon et un bassiste, la barbe taillée d’un guidon magnifique, qui tricote copieusement sur sa quatre-cordes. Entre ces deux-là, les deux gratteux glissent leurs phrasés tantôt empruntés à la lourdeur du doom, tantôt aussi fragiles que le tissu d’un rêve, le tout agrémenté de ce chant éthéré si caractéristique du groupe. On aurait pu le souhaiter plus fort. Mais le son, et à fortiori le mixage, étant ce qu’ils sont dans ce type de salle, on aurait tort de se plaindre du rendu final, qui se révèle plus que satisfaisant.

Weedpecker

Après un rappel qui aurait tout aussi bien pu durer vingt minutes tant les premiers rangs en redemandent, Weedpecker achève son set avec le sourire, dégoulinant de sueur sous les projecteurs rouges. Une nuit de semaine printanière certes frappée par une vague de froid, mais qui nous apparaît bien douce, grâce à une programmation de l’équipe du Michelet qui aura une fois encore su nous réchauffer le cœur ; et nous plongera doucement dans la mélancolie de tous ces moments passés à sauter ensemble. Merci.

Westill V (Monkey3 + 1000Mods + Goatfather, …) – 21/11/2021 – Vallet (Le Champilambart)

 

 

Vallet est une commune située à moins de 10 bornes de Clisson, ville emblématique du Hellfest (donc de le la Valley, scène stoner du festival) et à moins de 25 de Nantes (qui est en passe de revendiquer le titre de ville stoner psychédélique la plus active de France) Pour la cinquième année se tient ici un festival connu des initiés de la scène, le Westill, qui comme beaucoup aura reporté son organisation de 2020 sur cette année.. Ce rassemblement a le chic pour mettre les petits plats dans les grands; outre une salle d’une taille impressionnante et une orga d’une vingtaine de personnes, le Westill propose un plateau ambitieux avec une affiche qui invite Supertzar, Wallack, Veuve, Goatfather, Monkey3 et 1000Mods, excusez-nous du peu et on oubliera vite que Duskwood et Samavayo ont dû annuler leur venue. Dès lors entrons vite dans la salle Le Champilambart pour découvrir un accueil autour du merch des groupes, et divers artistes graphistes ou disquaires. Une fois passé ce centre névralgique, on entre dans une salle d’une belle taille et on se retrouve face à une scène pouvant accueillir les moins ridicules des groupes du circuit. Il est 16h30, c’est l’heure d’attaquer les hostilités.

 

 

Supertzar

La salle est encore vide quand Supertzar attaque son set, lla file d’attente à l’entrée est encore encombrée, sans doute à cause d’une succession de contrôles COVID, sécurité et billets qui débouche sur l’achat des jetons de consommation. Tant pis, l’heure c’est l’heure et Supertzar ne va pas se laisser démonter. Le trio envoie de la buche ou résonne les classiques du genre, leur stoner doom se teinte de heavy et fait la part belle aux soli aussi agressifs que démonstratifs. Cette touche d’originalité est mise en valeur par une scénographie au poil. Il faut dire qu’une belle console tout juste dépoussière  trône au fond de la salle et que les spots au-dessus de la scène sont légion. Quel régal de pouvoir assister à un set de découverte du groupe dans de telles conditions d’autant que le son sonne net et en place malgré un an d’arrêt de l’ingé son. Autant vous dire que le set passe à une allure folle.

 

 

Wallack

A peine le temps de retrouver les camarades de concerts qui étaient coincés dans la file, que déboule Wallack. Ce Quintette à clavier vient de Poitier et la richesse de leur musique offre une expérience originale. Si le son mérite une correction en début de set à cause d’une basse qui écrase tout, c’est très vite le retour à la normale. Le public peut alors profiter pleinement des nappes brumeuses d’un synthé couplé à une basse linéaire et enveloppante. Le titre “Anxiety” lorsqu’il est annoncé fait bruisser la satisfaction, il semblerait que le groupe soit déjà attendu malgré un parcours nanti de seulement deux albums. Le mélange des genres proposé par Wallack se veut immersif et complexe quitte à parfois dérouter l’auditeur. Mais c’est bien cette originalité qui leur vaudra ce soir un juste succès.

 

 

Veuve

Pour prendre la suite, c’est un groupe Italien avec un nom bien français qui entre en scène, Veuve. Le trio sonne immédiatement bien installé dans le genre stoner. Alors attention, pas le stoner qui tache, on joue là tout en subtilité et en riffs enjôleurs. L’approche fait penser parfois à celle de Valley of The Sun et si l’accueil n’est pas fou de prime abord on sent tout de même dans la fosse la présence d’une certaine fan base. Les riffs déboulent, s’enchainent et tournent sous un show light de qualité. C’est alors que se produit un de ces instants propres aux lives de qualité, la foule adoube le groupe en resserrant les rangs et se massant au devant de la scène. Veuve a pris ses vitamines et secoue la fosse. Le concert joue la progression tout du long et personne ne sortira de ce set en ayant quelque chose à redire sur réussite de la prestation.

 

 

 

Monkey3

A présent il est temps de quitter toute objectivité et tout esprit critique en vous racontant le set de Monkey3 . Les grappes de fans s’accrochent à la scène, quitte à prendre en pleine gueule les fumigènes  (le bruit court que ce seraient même eux qui auraient inventé la e-cigarette et le brouillard), le temps est venu d’honorer les transcendants Vaudois. D’ailleurs que dire de leur prestation ? Elle étreint l’assemblée, il ne faut pas long à la majorité des auditeurs ici présents pour entrer dans le set. Et à écouter les murmures qui se faufilent dans la salle on comprend facilement qu’ils ont été un élément décisif pour prendre son billet pour le festival. Le quartet déroule sa set list avec talent, il est impressionnant de voir des musiciens jouer autant de notes aussi lentement, c’est un paradoxe, ils submergent massivement l’assistance avec une placidité incroyable qui n’exclut pas les blasts soniques pour autant. L’émotion dans la fosse est bien réelle, des larmes d’émotion coulent. Monkey3 nous aura offert un moment de grâce et de communion que l’on aurait accepté de voir s’étendre sur des heures. Revenez vite nous bénir s’il vous plait.

 

 

1000Mods

Malgré tout il faut passer à la suite et ce sont les non moins attendus 1000Mods qui après des balances qui semblent interminables prennent le relais. Et quel relais ! Une profonde déception envahit la fosse. Le son est puissant, la batterie assène ses coups avec une généreuse violence, mais pas un brin de voix ne filtre, ou presque malgré le titre magistral qu’est “Above179” et qui ouvre ce set. Très vite l’envie de bouger dans la salle devient une nécessité et si en navigant vers la console on retrouve une agréable qualité de son, on sent bien qu’une gratte va chercher trop de décibel et que la batterie écrase tout sur son passage. Il ressort de tout cela que certains dont je fais partie se sentent exclus du show et en viennent vite à le considérer comme poussif, sans supplément d’âme. Quel dommage car 1000Mods sait être une belle claque live et ils auront d’ailleurs l’occasion de le prouver sur le dernier tiers du set. La foule se sépare en deux, la batterie et la gratte font monter la pression. Les combattants se font face et enfin c’est le pogo et les auditeurs s’agitent dans la fosse. C’est à la force du poignet que 1000Mods clôture sur “Vidage” et réconcilie ainsi tous ceux présents devant la scène.

 

 

Goatfather

Les Lyonnais de Goatfather vont se charger de boucler la soirée. Le choix parait incongru, en effet, après les deux mastodontes qui se sont succédé il paraît étonnant de voir débouler ces quatre stonerheads au parcours plus confidentiel, pourtant ils vont prouver qu’ils sont à leur place sur ce créneau. La salle a beau être fortement clairsemée à cette heure tardive (il est minuit) cela n’empêche pas Goatfather de délivrer une prestation qualitative et granuleuse. Leur musique s’accorde d’ailleurs parfaitement avec l’heure de passage et l’alcoolémie qui en résulte. On est face à un groupe festif et qui met le pied au plancher sans s’encombrer de délicatesse, fini la dégustation de rigolos muscadets, on attaque le pot de cote qui pique et on s’empiffre d’une musique légère comme un tablier de sapeur. Le titre “Hipster Fister” pose là l’état d’esprit. Les riffs et les hurlements prennent la salle par les parties et du fond de la salle on voit émerger quelques zombies assoiffés de bagarre. Il ne faut plus longtemps pour que les pogos s’enchaînent et que les stagedivers apparaissent. Voilà un groupe qui finalement aura trouvé sa place dans une brèche inattendue où le besoin de se défouler était encore bien présent au final.

 

 

Le Westill se termine donc dans la sueur et les acouphènes et les lumières trop vite rallumées n’auront pas laissé le temps d’un rappel au dernier groupe. Espérant sans doute chasser rapidement l’assemblée, l’organisation fait le choix d’une bande son hip hop foutraque… fatale erreur, les quelques vaillants spectateurs toujours présents s’empressent de sauter partout et de danser pour marquer le terrain. La soirée finit de s’éterniser autour de quelques verres et les derniers présents se promettent déjà d’être là l’an prochain et nous comptons bien en être!!

Red Sun Atacama + Stone From The Sky (release Party) – 04/11/21 – Nantes (Le Michelet)

 

Cela fait un an que Red Sun Atacama est passé par là. Nous assistions alors à leur set en sachant qu’il n’y en aurait sans doute pas d’autre avant longtemps. Au final les revoilà, prêts à défendre leur futur album dans une double release party où Stone From The Sky vient également défendre un album prêt à sortir le jour suivant, Songs From The Deepwater. Ça sent la fête et la bonne humeur d’autant que les deux “jeunes” formations sont de connivence.

 

Red Sun Atacama

Red Sun Atacama à la joie d’ouvrir (Une fois de plus) pour une salle déjà pleine, ce soir le Michelet aura attiré la fine fleur des stonerheads avides de sonorités bûcheronnes. Ils vont être servis. Les parisiens sont excités au possible, Vincent va d’ailleurs venir prendre la pause sur les caissons posés devant la scène et exhiber son jeu de gratte au public. Il domine l’assemblée de sa taille et de son promontoire offre son énergie à l’assemblée. La fête est complète et ce malgré quelques soucis du côté du Micro de Clèm qui a du mal à se faire entendre avant de se faire totalement couper la chique. Heureusement pour lui, le ronflement de sa basse électrise l’auditeur et personne ne tiendra rigueur à la console ou au micro d’avoir par instant masqué sa voix, d’autant que les deux tiers du set finissent par lui rendre sa voix qui délivre enfin le chant du nouvel album. Il passe le banc d’essai avec brio d’ailleurs cet album. Les compositions semblent valoir leur pesant d’or et risquent fort de se placer encore au-dessus de l’excellent Licancabur sorti en 2018. Là où l’on pouvait noter que la basse était parfois trop avant, il y a des chances pour que le trio se soit rééquilibré autour d’une batterie qui joue le rock, celui qui plonge ses racines profondes dans le blues et mais déchaîne aussi une fureur abrasive comme le sable d’une tempête du désert. Vivement que l’opus nous tombe entre les esgourdes, tel est l’avis unanime de la fosse qui ne se dissout après un rappel sur “Red Queen”, seul morceau issu du premier album.

 

 

Stone From The Sky

Stone From The Sky vient peu après une fois de plus offrir ses sonorités au Michelet . Le choix de Crumble Fight de les avoir programmé en tête d’affiche est déconcertant de prime abord, leur musique à une tendance affirmée à virer vers le post rock et on frémit à l’idée que leur set puisse être moins énergique que celui de leurs camarades parisiens. Fort heureusement il n’en est rien! SFTS est une mécanique savante capable de sortir les mélodies les plus sensibles et d’en faire un rouleau compresseur sur scène, c’est d’ailleurs exactement ce qui se passe ce soir. Il suffit de voir Dimitri sauter partout avec sa basse ou Florent s’agiter méthodiquement derrière sa gratte. Les amateurs du trio constatent au centre que ce n’est plus Dylan qui écrase les fûts mais Simon, nouveau batteur du groupe qui n’a rien à envier à son prédécesseur. Une frappe brutale et maîtrisée qui sèche les peaux à chaque coup et blast la fosse sans peine. Les compos jouées par le groupe sont un mélange des anciennes et des nouvelles et en ce qui concerne ces dernières il est clair que le virage dans lequel se trouvait le groupe lors de ces précédents albums est fini, la route est taillée vers des horizons plus post hardcore. Stone From The Sky sera pour nos pages désormais un de ces groupes border line stylistiquement mais qui méritent qu’on s’y arrête. L’écriture est toujours aussi fine et les atmosphères toujours aussi prenantes. Leur musique est violente comme une mécanique monstrueuse et pourtant organique et minérale à la fois. L’ensemble est lumineux et emporte une fois le de plus le public très loin, preuve en est que deux (vrais) rappels suffisent à calmer la soif de l’auditoire qui n’aura plus d’autre choix que d’envahir le merch pour rapporter à la maison un bout de cette soirée qui restera longtemps dans les mémoires.

WEST OCTOBER SESSIONS (Dirt Circle + Birds of Nazca + Walnut Grove DC+ Deadly Vipers) – 09/10/2021 – Nantes (La scène Michelet)

 

Il fallait arriver tôt ce soir au Michelet pour profiter des copains, de la bière et des burgers amoureusement préparés par l’asso West Stoner Sessions. Ces organisateurs de concerts ne courent pas après les affiches, en effet il se limitent à 2-3 concerts l’an et un festival sur deux-trois jours l’été venu. Cette année, consécutivement à la période de doutes dont nous sortons suite au confinement, c’est une reprise en douceur décalée à l’automne et renommée West October Sessions qui nous attends. Pour autant le plateau n’est pas ridicule, Dirt Circle, Birds of Nazca, Walnut Grove DC et Deadly Vipers. Les néerlandais de Komatsu auraient dû jouer la tête d’affiche mais suite à une annulation de dernière minute celle-ci est décalée d’un rang, ce qui n’a rien de dramatique, nous le verrons.

 

Dirt Circle

Dirt Circle pourrait paraître un choix léger pour cette soirée aux revendications stoner affirmées. En effet, le set du quintette nantais respire le grunge et suinte le punk à papa, pour témoins d’ailleurs une reprise de “I Wanna Be Your Dog” des Stooges en plein milieu du set qui consciencieusement met l’assemblée en bouche. Il faut dire que les gars chauffent la salle comme il faut et leur prestation énergique et maîtrisé va venir combler les oreilles avides de stoner et mettre en jambe l’assemblée avec un titre particulièrement vif, “Enemies”, où le chanteur pose sa gratte pour prendre d’assaut l’espace de la scène et marteler physiquement la musique pour clôturer le set sur un efficace “The Sky”.

 

Birds of Nazca

Birds of nazca est aussi un groupe des bords de Loire qui n’a pas eu beaucoup de route à faire pour venir remplacer au pied levé le groupe qui a fait faux bond au West Stoner Sessions. Le duo peut s’enorgueillir de s’être fait remarquer dans l’efficace concept des Smoky Van Sessions. Leur Stoner posé sans surplus technique est d’une efficacité redoutable. Le duo guitare batterie ne tarde pas à emporter l’auditoire malgré quelques problèmes de sangle défectueuse côté guitare. Passé ce cours de bricolage et avec l’aide d’une console son aux petits soins, Guillaume et Romuald transforment le set en façonnage de poutres et soulèvent les planches du devant de la fosse avec des basses dantesques pour un groupe qui n’a qu’un guitariste pour servir les cordes. Côté batterie, sous des dehors paisibles les enchaînements de cavalcades se multiplient et l’ensemble finit par glisser vers un flirt post métal après l’invocation shamanique du titre “Symposium”. Le tour de force du duo est bel et bien de servir du riff puissant et fédérateur, tenu en une poignée de notes sur une frappe parfois quasi binaire. Un groupe, indéniablement à suivre.

 

Walnut Grove DC

La soirée ayant définitivement pris le tournant de la puissance assumée et du déchaînement d’amplis, c’est au tour de Walnut Grove DC d’enchainer les brûlots joués vite et fort. Balls to the wall comme on dit dans l’aéronautique anglo-saxonne. Bigrement poseurs les trois rochelais sentent le jack, le pneu brûlé et la poubelle, c’est un peu le son qui sort de la caravane au fond du bayou. Le groupe s’appuie sur la voix du chanteur, elle décape l’assemblée et les instrumentistes viennent passer le gras par-dessus les rayures. L’ensemble tient beaucoup grâce au duo basse batterie et à un travail côté console qui ajuste les instruments du côté gras de la force. Le public quant à lui sent la connivence, la salle s’est densément peuplée et pour se frayer un chemin jusqu’au pied de la scène il faut affronter quelques tenaces fans qui défendent chèrement leurs positions. Ça commence à sentir la sueur et même si on est loin du déchaînement frénétique il faut bien avouer que Walnut Grove DC donne satisfaction à son auditoire.

 

Deadly Vipers

Ça sent encore la gomme brûlée lorsque Deadly Vipers monte sur scène. Il leur aura fallu faire quelques bornes depuis Perpignan pour venir s’offrir au public du Michelet ce soir. De bornes faites pour s’offrir mais aussi pour parler réchauffement climatique car une fois de plus le quartette démontre que le sud de la France doit être un véritable désert, source d’inspiration d’un son comme on les aime. Malgré une voix un tout petit peu en retrait au niveau de la console, force est de constater qu’il n’y a pas devant nous un artiste en dessous de l’autre. Leur maîtrise du son et de la technique emporte progressivement une salle trop vide pour un tel niveau de qualité. Rudy, le batteur, carré et puissant égraine les chapelets d’astuces pendant que le son de basse de Thomas se fait hors norme et redonne la guitare de David quand ce n’est pas l’inverse. Si à force de saillies vocales Fred commence à transpirer sévère sur scène, le public n’est pas en reste, ça commence à sentir dans la fosse, les corps bougent et révèlent la condition animale à laquelle nous appartenons entièrement à présent. La soirée se termine en apothéose au son des anciennes et nouvelles compositions d’un Deadly Vipers qui redoutable d’efficacité provoque un pogo défouloir qui viendra clôturer le set.

Une fois redescendus au rez-de-chaussée et sur terre il est l’heure de prendre encore quelques verres entre amis, de contempler sur les visages fatigués mais heureux du travail accompli par les West Stoner Sessions et quatre groupes de qualité. On aurait aimé que la soirée fut un weekend entier, on aurait aimé en recevoir encore et que cela ne s’arrête jamais mais il faut une fin à tout et apprendre à se satisfaire de la saine fatigue dispensée par une orga aux petits oignons dans le parfait écrin du Michelet.

VOLCANO SESSIONS Vol.6 (Little Jimi, Mars Red Sky, Wormsand, Djiin…)- 20 & 21/08/2021 – Volcan de Montpeloux (63)

 

Tout bon fan de stoner de France a déjà entendu parler des Volcano Sessions. Pour notre part nous vous en avons déjà vanté les mérites dans le passé. L’événement est un festival à jauge réduite qui se tient dans le Puy de Dôme sous l’égide de l’association Black Owl depuis 2015. Si à l’origine le festival se tenait en divers lieux, il a la chance d’avoir pu se maintenir ces dernières années dans l’écrin du cratère du volcan de Montpeloux. Le site est à lui seul la promesse de nuits chaudes et vaporeuses pour lesquelles nous avons pris la route avec au ventre la joie due à la perspective de revenir à la vie dans un festival attendu, tant pour des questions sanitaires que pour le privilège de faire partie du peu d’élus accédant au sésame.

 


JOUR 1

 

RED CLOUD

Au programme de cette session est sorti du cratère Red Cloud qui, après de très longues balances, va mettre en valeur la perfection du son qui remplira nos esgourdes durant tout le week-end. Le Groove enjôleur du tout jeune groupe parisien porte à merveille la voix puissante et sensuelle de la chanteuse qui se fera un plaisir de blaster l’auditoire entre deux riffs joyeusement pêchus.

 

LITTLE JIMI

A demi rempli de breuvage magique et houblonné pour quelques dérisoires écus, nous venons admirer Little Jimi qui se charge de venir faire bouillir l’eau de cratère avec son album planant sorti le jour même et chroniqué ici même. Ils passent le test du live avec talent, investissant l’espace de leurs mélodies mi psyché mi épiques qui n’oublieront jamais de faire valoir la puissance de leur son. Bien souvent au cours du weekend leur nom reviendra sur les lèvres tant ils ont séduit et surpris par la finesse de leur dernière production qui se détache habilement du travail de leur premier EP.

 

Les volcans d’Auvergne recèlent bien des secrets et parmi ceux-ci le saint Nectaire et le Pâté aux patates ne sont pas des moindres. Vous l’aurez compris, les Volcano c’est aussi du terroir qui te graisse les entrailles et te fait éructer de plaisir à chaque instant, mais c’est encore Flaux qui en parlait le mieux dans sa chronique de la quatrième édition. Après un arrêt roboratif il est donc temps de redescendre dans le cratère d’où émanent déjà de biens beaux accords.

 

MARS RED SKY

C’est avec professionnalisme et humour que les Mars Red Sky prennent leur tour sur les planches surplombant le lac. A l’aise, ils posent ici leurs compositions en habitués du lieu. Autant vous dire que les blasts doomesques des Bordelais ont encore fait mouche. L’alchimie d’un chant accouché dans la douleur puis le transport provoqué par celui-ci lorsqu’il est repris en duo, la puissance de la section rythmique associée aux riffs les plus psych font exploser les couleurs d’une éruption visuelle et sonore. Une musique qui à la lourdeur du basalte volant sous la pression des gaz libérés.

 

ASHINOA

Pour clôturer ce premier jour, c’est Ashinoa qui vient finir d’abreuver de son jam de l’espace la petite troupe présente. Claviers à fond, ils provoquent un glissement de terrain et les corps sont emportés au pied de la scène. L’intense bordel, le magma foisonnant de leur musique happent les âmes embrumées par les fumerolles et l’alcool. Les corps quant à eux répondent volontiers aux notes rebondissantes et presque électroniques de ces lyonnais. Une parfaite fin de journée pleine de joie et de danses.

 


JOUR 2

 

Le rythme des Volcano fait aussi son charme. Après une nuit presque sans agitation, il est temps de reprendre des forces avec du carburant pour se mettre en condition et de se taper quelques activités ludiques (un vrai camping estival, frisbee et pétanque sont de mise). Il n’est pas encore 13 heures lorsque le son monte du milieu du campement où s’est mise en place une jam session. Les artistes programmés comme ceux venus en festivaliers se passent les instruments et le micro. Le soleil tape fort et beaucoup préfèrent jouir des morceaux improvisés à l’ombre d’une tonnelle ou d’un bosquet ; un moment parfait de mollesse et de détente.

 

SUPER CANDY

Il est presque 17 heures lorsque Super Candy ouvre la journée. Le groupe porte bien son nom et tient sa place. Le bonbon un peu musclé dévoile son esprit au travers d’un power trio jam. Le chant est principalement tenu par le batteur et ses cris allument la mèche de cette journée qui sent le soufre à plein nez. Un groupe qui a été parfaitement programmé pour introduire avec son stoner amical ce second jour de fête et baliser le terrain pour ce qui va suivre.

 

WORMSAND

Le sol tremble, les balances sont en cours ou le volcan se réveille, on ne sait pas trop. Sous un soleil bien lourd Wormsand va venir mettre fin à 18 millions d’années de sommeil et réveiller le volcan. Le visage plein de rage, les membres crispés, chaque musicien du groupe envoie voler à destination du public un bout de doom surpuissant. Un set d’une violence défouloir où le trio occupe l’espace en crachant sa gestuelle outrancière, libérant sa rage à tout va. Un set qui passe comme une nuée ardente et laisse les spectateurs séchés sur place.

 

MAD FOXES

Les Nantais de Mad Foxes saisissent le relais sur les cendres encore fumantes du précédent set. Leur prestation fait la part belle au grunge et Post-Punk. Leurs sonorités tranchent un peu avec les groupes précédents, ni tout à fait psych ni doom, même pas complétement stoner, le trio va devoir se donner à fond. Sans aller immédiatement vers une musique survitaminée. Les morceaux sont à peine contenus et accumulent pourtant leur énergie tout au long du set. La tension gronde sous la roche lorsque le trio arrive à la fin de son concert et finit par la cracher de leurs entrailles devant un public ravi bien que clairsemé.

 

DJIIN

La nuit tombe sur Djiin et rend son set encore plus hypnotique et éthéré. La druidique chanteuse et harpiste du groupe contribue pour beaucoup à cet esprit, c’est d’un cri du fond des âges qu’elle libère la puissance tellurique de ses camarades instrumentistes. Le quartet joue à fond la carte des 70’s et gagne à sa cause en un rien de temps un public dont bon nombre de pupilles se sont grand ouvertes pour savourer cette nuit à hiboux. Sous une quasi pleine lune Djiin nous a offert une partie de son nouvel album pas encore sorti et annonce un patchwork musical de qualité à paraître dans les mois à venir.

 

MOONDRAG

Le temps d’éponger les premières agapes de la journée avec force charcuterie et autres délices à croûte fleurie et c’est Moundrag qui servira de plat de résistance. Ce duo mi décalé mi sérieux a le sens de la mise en scène. Avec seulement un clavier et une batterie, il fait rugir les notes comme un ensemble bien plus complet. Authentiques et investis les deux compères vont cependant recevoir l’aide du guitariste de Djiin et de la bassiste de Cachemira pour former pour quelques temps un groupe d’opportunité qui ira encore plus haut dans les tours et agglomérer au pied de la scène les oiseaux de nuit en quête d’émanations psychédéliques.

 

CACHEMIRA

Alors que les derniers verres de vin chaud s’épuisent et que la fumée se fait dense au sein du cratère, c’est Cachemira qui va avoir la responsabilité de clôturer ces deux incroyables jours de fête. Les Espagnols jouent une musique qui n’est pas sans rappeler Radio Moscow. C’est une fois de plus un véritable voyage au travers du temps qui s’opère. On se laisse porter sur les eaux du volcan, bouillantes de tant de bonnes ondes. L’assistance encourage, crie et réclame ne s’y trompant pas. L’échange avec le groupe est entier, ce dernier allant jusqu’à réclamer au public son assistance pour s’enjailler comme il se doit. La proximité qui fait la spécificité de ce festival apparaît bien plus clairement alors que la journée se termine.

 

Comme pour tout festival réussi c’est le cœur gros qu’il faut quitter les amis et la grâce de l’instant. Cette année encore les volcans d’Auvergne auront inscrit en leur sein une légende de plus avec cette sixième édition des Volcano Sessions.

Merci à Alexandre pour son coup de main photographique.

 

MARS RED SKY en Streaming Room [Live Stream] – 19/03/2021

Le regard d’un photographe sur la captation

Bourg-en-Bresse (dit Bourk-en-Bresse), préfecture de l’Ain et capitale de la Bresse, réputé pour ses fameux poulets et son monastère royal sacré par Stéphane Bern fut le théâtre d’un évènement unique en ce mois de février, une captation des Mars Red Sky en vue d’une diffusion ce 19 Mars.

La Tannerie, la scène des musiques actuelles de la ville, dirigée par Gilles Garrigos qui avait initialement programmé nos amis Bordelais sur leur grande scène en Mars, leur ont offert cette opportunité. Étant proche de la Bresse et aimant cette belle salle qui fit vibrer la musique dans mon cœur dès l’adolescence dans le premier département français (01), je n’ai pu résister à demander une accréditation (comme dans des temps anciens) pour immortaliser cette événement Fuzzien dès l’annonce de la date.

C’est donc fébrile que ce samedi 27 février, je me rends dans l’un des cinémas de la ville et l’une de ses salles de 150 places après un lavage des mains au gel hydroalcoolique et arborant mon masque de circonstance. A 18h15, les Mars Red Sky rentrent en scène, les équipes techniques de la Tannerie et de David Barrault de l’Imaginerie pour la captation donnent le clap de départ du concert. En professionnel, je me plonge dans la musique et le spectacle. Je recherche activement les meilleurs angles sans déranger les équipes de la captation tout en esquissant quelques Head bangs plus ou moins discrets. Et autant vous dire que l’exercice dans une salle de cinéma est étonnamment moins évident que dans une fosse…

Ce fut compliqué de saisir toute la subtilité de l’œuvre du groupe. Non pas que je n’ai pas apprécié, mais la particularité de ce contexte fut que nous n’avions que le son des amplis, de la batterie et la voix uniquement dans les retours, pour des raisons techniques propres à la captation et au lieu. Le groupe a joué le jeu et comme à leur habitude, pour mon troisième concert d’eux en tant que photographe, l’énergie et la communication scénique furent bien présentes et me transportèrent jusqu’au fond de mon objectif. Ils ravirent nos oreilles avec des morceaux de leur dernier opus The Task Eternal, comme le marquant “Recast”, tout en y ajoutant des morceaux de leurs précédents albums.

Après 55 min, il est temps d’applaudir pour la dizaine de personnes présentes dans la salle (techniciens compris) et un vieux réflexe pavlovien ne peut m’empêcher de lever mon plus beau Horn Sign.

 

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L’heure de la diffusion a sonné ce vendredi 19 Mars 2021. Depuis la captation, les acteurs de la culture se mobilisent partout en France et la Tannerie est occupée depuis une semaine. Il me parut évident de me joindre à eux pour assister à la diffusion sur écran géant avec un très bon son. Nous étions quelques personnes à tenir le lieu pour la nuit et à profiter de cette diffusion dans le bar de la salle, lieu de rendez-vous de la mobilisation. Un grand plaisir de voir la grande qualité de la captation et de la performance des Mars Red Sky, entouré de personnes découvrant pour certains le stoner rock par la même occasion. La sensation, lors de la captation, que le groupe avait, comme à son habitude, livré un set irréprochable fut confirmée. Ce moment fut un des moments forts de la soirée nous rappelant pourquoi nous étions réunis ce soir-là : pour que la culture continue à nous faire vibrer dans des conditions normales !

Finissons par saluer les nombreuses initiatives des acteurs culturels de l’Ain qui depuis le printemps 2020 travaillent à se réinventer avec les captations nombreuses de la Tannerie mais aussi des concerts dans les jardins du département durant l’été, à jauge très limitée avec la scène locale…. Chapeau aux amis Aindinois de la Tannerie, 98 Décibels et les K-potes entre autres d’être toujours là en ces temps obscures et de nous rappeler que la culture est plus qu’essentielle.

 

Nicolas Bevernage aka Oofzos

 


 

 

STÖNER – Live in the Mojave Desert [Live Stream] – 13/10/2020

Même si c’est ici la troisième chronique, petit rappel du concept qui se cache derrière cette prestation de Stöner.
COVID oblige (punaise, deuxième phrase et déjà ce truc qui apparait !), Ryan Jones, faute d’avoir sa rasade annuelle avec le festival Stoned & Dusted, décide d’organiser une série de cinq concerts avec une thématique commune, le désert et pas de spectateur. Le concept ne s’arrête pas là puisque le bougre va nous sortir tout cela sous forme de galettes aux gouts CDs, vinyles (plusieurs parfums prévus) et DVD.
On remue les contacts, on cherche des bons groupes têtes de gondole (Earthless & Nebula), on invite aussi des groupes moins mainstream (Spirit Mother & Mountain Tamer) et on se réserve une belle petite exclue pour le final avec Stöner.
Oui car la série de cinq concerts se termine en beauté avec ce groupe dont le nom est quand même sacrément culotté, et qui n’est autre que le nouveau projet de Brant Bjork, Nick Oliveri et Ryan Güt.

Joli coup donc pour Ryan Jones puisque le groupe qui nous tease depuis des mois n’a encore rien sorti ni fait de tournée (forcément avec le CO…. ta gueule !!).
Contrairement aux précédents concerts diffusés, la première partie est un peu décevante. Tranquillement installé en mode VIP devant son écran, les 30 premières minutes nous montrent des extraits des 4 précédents streaming. C’est certes sympa pour attendre mais ça reste de l’autopromo.
Les 40 minutes suivantes nous offrent des extraits de deux concerts, l’un de Brant (2004) et l’autre de Mondo Generator (2005). Là encore c’est un peu chiche comme contenu car il s’agit de vidéo amateurs (qu’au passage tous les traders de bootlegs doivent posséder et qui sont disponibles sur youtube).
Pas d’interview. C’est bien dommage car il y avait matière à poser un max de questions sur ce projet et c’est très certainement une belle occasion loupée.

Bref, de toutes façons, on n’est pas là pour ça, ce qu’on veut c’est du live !
Ici, le chroniqueur que je suis sait que le job ne va pas être facile. Chroniquer un concert qui n’en est pas vraiment un, assis devant l’écran d’ordi pour le « direct » et devant la télé pour une rediff, avec un groupe dont je ne connais pas le moindre titre ! Impossible donc de savoir si les titres ont été correctement exécutés (si ça se trouve c’est bourré de fausses notes !) et ce sont surtout mes impressions que je vais donner.
Et honnêtement, mettant de côté toute l’affection que je peux avoir pour Brant et Nick pour essayer d’être le plus objectif possible, les impressions sont très bonnes, excellentes même.

Musicalement, on penche plus du côté de Brant que de Mondo Generator mais le second influençant inévitablement le premier, on est sur du haut niveau. On retrouve tout un tas de plans faciles à la gratte mais ça marche. Les riffs comme Brant peut en écrire des dizaines fonctionnent encore et toujours. C’est plus fort que moi, j’headbangue en mode automatique incontrôlable. Parfois la balance penche plus fortement côté Nick (l’excellent “Evil Never Dies” qu’il chante d’ailleurs) et parfois on se retrouve à mi-chemin entre les deux références inévitables.
On attendra la sortie de l’album pour se pencher plus en détails sur tout cela mais c’est clair, l’album est entré sur ma wishlist directement.
Si en plus l’album à venir nous sort un son comme celui de cette captation, on sera sur une belle pépite. Déjà constaté sur les précédents streaming, le travail technique est admirable. Le son est parfaitement équilibré, ce qui permet d’apprécier chaque instrument. L’image est sublime. Couleurs chaudes qui transcendent le lieu. Car oui, pour reprendre ce qui a été dit dans les précédentes chroniques, l’endroit est le quatrième membre du groupe. Membre qu’on espère tous temporaire car on aimerait bien retourner dans une bonne salle de concert mais on se prend tous à rêver d’y être.

Caméraman au sol et drones dans les airs, énormément de plans vous feront rêver. C’est tout simplement beau. Le montage est à la cool et on a pleinement le temps d’apprécier ce qu’on voit.
Le drone en particulier est très bien utilisé. Les visuels des paysages bien sur mais aussi des plans par-dessus (notamment la batterie) sont parfaitement placés. Des plans fixes ou en mouvement, la réalisation est splendide.
Bref, la musique est très bonne, le son est parfait et visuellement c’est hyper beau.

La série de Live in the Mojave Desert se termine en apothéose et restera comme un des projets les plus aboutis qui ont été initiés depuis que la nature a décidé qu’on devait rester chez nous !

 

NEBULA – Live in the Mojave Desert [Live Stream] – 06/02/2021

Deux semaines après la petite claque (oui oui, on ne s’y attendait pas) du live stream de Earthless, c’est au tour de Nebula, autre gloire de la sphère stoner, de nous proposer son set dans le désert de Mojave.

L’effet de surprise en moins, donc, on se cale quand même devant notre écran dans notre confortable fauteuil (oui, ça fait toujours le même pincement au cœur de se dire que c’est désormais comme ça qu’on regarde les concerts) à l’heure dite du concert. Comme pour Earthless, on est gentiment pris en charge par une sorte de DJ set virtuel où s’enchaînent des morceaux de stoner, doom, psych rock, space rock… le tout sur des visuels animés psychédéliques du meilleur ton.

 

 

Juste après, c’est Ryan Jones, initiateur du projet, qui nous accueille pour une interview très sympa avec le groupe. Les gars sont détendus, l’interview se tient plusieurs mois après l’enregistrement du concert (d’où l’anecdote toute mimi : Eddie a un petit bébé de 2 mois sur les genoux, qui est en fait son fils, né juste après le concert…). Après l’interview, la prod nous propose quelques vidéos live de bon aloi, dont deux vieilles vidéos de Nebula de 2004 et 2006, mais aussi Lo-Pan, etc… Cool pour un bonus !

 

 

Le concert commence donc réellement au bout d’1h après la “prise d’antenne” (avec un petit générique et quelques plans aériens de la prod : tous ces éléments désynchronisés nous rappellent donc que ce n’est pas une captation en direct, mais un enregistrement effectué il y a plusieurs mois, en octobre 2020, ayant bénéficié d’un montage vidéo significatif depuis). Le premier titre joue la sécurité : le classique “To the Center”, étiré dans tous les sens et chargés de jams et soli un peu partout, nous rappelle de quoi est fait Nebula en live – de l’imprévisible… la vie quoi ! Le titre est capté dans une ambiance un peu irréelle, entre chien et loup, sous un soleil crépusculaire aux couleurs un peu fantasmatiques.

 

 

Le récent “Man’s Best Friend” (un des nombreux extraits de leur dernier album Holy Shit ! joués sur ce concert) vient enchaîner, le groupe rentrant progressivement dans la torpeur d’une nuit naissante. Nuit qui s’assombrit encore lorsque le trio dégaine une autre pépite, “Giant”, son riff classieux étant servi par une énorme rythmique de basse. Encore une fois, les interprétations ne sont jamais très orthodoxes, le groupe injectant un segment de “Clearlight” à la fin du morceau.

 

 

La suite du set se déroule de nuit, avec un light show assez simple, constitué de spots fixes sur le groupe. L’occasion de se concentrer réellement sur les trois musiciens – et de penser que l’on a probablement sous les yeux le meilleur line-up du groupe : Eddie Glass et son jeu de guitare aussi organique que lunaire, Tom Davies et ses lignes de basse infaillibles (proposant rythmiques robustes et mélodies cruciales dans l’équilibre du groupe, permettant à Glass de se perdre dans des leads débridées en retombant toujours sur ses pattes) et Mike Amster, batteur depuis la reformation du groupe, infaillible frappeur, alliant puissance et feeling.

 

 

Nebula enchaîne encore quelques titres dans cette atmosphère, dont un inédit a priori appelé “Highwire” (un nouvel album est en cours d’écriture, apprendra-t-on lors d’une des interviews du groupe proposées autour du concert), un titre qui trouvera sa place dans la frange la plus heavy des compos du groupe. L’occasion aussi (tandis que l’on essaye de déguster chaque note de ce nouveau morceau) de louer encore une fois la qualité de cette prise de son : la captation est irréprochable, claire et puissante à la fois, proposant à chaque instrument une place de premier plan.

 

 

Après encore quelques morceaux (toujours bien choisis, reconnaissons la qualité de la set list) et une autre interview un peu WTF (Eddie porte un masque de singe…), on retrouve nos gaillards cette fois dans une configuration assez similaire à celle de Earthless, à savoir toujours une captation de nuit mais avec un light show psyche somptueux sur les massifs rocheux avoisinants. L’occasion de déguster l’hypnotique et lancinant “Let’s Get Lost” enchaîné à “Messiah”.

 

 

La fin du set voit encore largement le très bon Holy Shit ! mis à l’honneur (“It’s all Over”, “Witching Hour”…) avec néanmoins une petite gourmandise : “Perfect Rapture”, publié il y a un moment sur un split obscur distribué au lance-pierre à l’époque.

Le concert se clôture après une bonne heure et dix minutes de set, avec en bonus, en guise d’au revoir, un petit instrumental d’Eddie à la guitare acoustique capté sous le soleil… ambiance…

 

 

On ressort donc de cette seconde expérience “Live in the Mojave Desert” aussi satisfait qu’après le set de Earthless, mais l’effet de surprise en moins. Reste alors ce constat du travail bien fait, d’une captation qui fait honneur à la fois au groupe et à la musique que l’on aime.

EARTHLESS – Live in the Mojave Desert [Live Stream] – 23/01/2021

Le voilà enfin, le premier acte de cette série “Live at the Mojave Desert”, abondamment teasé depuis plusieurs semaines. Pour rappel, dégouté d’avoir annulé son festoche Stoned & Dusted, Ryan Jones a décidé de se lancer dans un “projet COVID” un peu spécial, en proposant à cinq groupes de faire chacun un concert dans un coin reculé du désert (il s’est pour celà appuyé sur son expérience récente avec Yawning Man), lançant pour l’occasion son label afin de sortir ensuite chaque concert en disque. Et le projet commence donc ce samedi soir, avec la diffusion du set de Earthless.

Contexte COVID oblige, la diffusion de ce premier concert suit un petit protocole auquel on est désormais habitué : rendez-vous à une heure fixe devant son écran pour le début des hostilités, on est priés de préparer sa bière avant (ou le pop corn ?). A l’heure dite, on est accueilli par une longue séquence “d’ambiance”, avec une playlist de titres sympas sur fond de visuels psyché animés, de quoi descendre gentiment le premier verre sans trop d’action…

Un peu plus loin, le trio de production se livre à une petite “auto-interview” pour contextualiser un peu le projet, très cool, ça sent la passion et ça fait plaisir. C’est enfin Isaiah Mitchell qui se retrouve interviewé ensuite, encore un moment sympa. Tout ceci est bien évidemment enregistré de même que, on vous le rappelle, le concert : posé sur bandes il y a quelques semaines, cette approche de concerts “live” avec horaire de RDV fixe notamment paraît un peu étrange dans ce contexte, mais pas gênant : pour tout dire, on se raccroche volontiers à tout ce qui nous fait nous rappeler des “vrais” concerts, ces derniers temps !

Au bout d’une heure finalement, le concert commence, et on est chaud ! Ça tombe bien, car l’ambiance est bien celle du sable chaud : l’après-midi dans le désert de Mojave, les plans sont impressionnants et délectables. On y voit en particulier plusieurs plans montrant la production nécessaire à cet événement (camions, une vingtaine de techniciens, drones, caméras partout…). Musicalement, le groupe se lance dans un “Violence at the Red Sea” plutôt classique (comprendre : 20 min tranquille), qui fait parfaitement le job de nous rappeler les composantes clés de Earthless en live : Rubalcaba et Eginton tiennent la baraque avec une rythmique et une base mélodique virtuose, tandis que Mitchell, fusionnant avec sa Wah-wah, essaime ses leads et éructe des soli space rock d’une fluidité confondante.

Après une petite séquence / intermède avec une interview un peu informelle des musiciens, on retourne dans le désert… mais en pleine nuit cette fois ! L’ambiance est toute autre, et visuellement aussi, avec notamment des plans un peu plus resserrés. Le trio entame un autre de ses classiques, “Sonic Prayer”, s’appuyant sur une intro à rallonge toute en montée en puissance (permet de bien apprécier le talent de Mario Rubalcaba et son approche parfois “tribale” de la batterie), pour aboutir à ce riff qu’on connaît bien. Cette ambiance nocturne permet aussi de voir apparaître le quatrième homme du concert : un light show remarquable, qui finit d’occuper l’espace (et il y en a, de l’espace !) autour du groupe : spots puissants aux tonalités évolutives, et surtout projections psyche sur l’énorme bloc rocheux voisin, l’effet est saisissant.

On est bien chaud quand, après déjà 45 min de set, le groupe nous sort une petite pépite, dégottant de son sac à raretés le vieux “Lost in the Cold Sun” ! Et il ne le fait pas en mode glandeur, puis qu’il en propose une version de rien moins que quarante bonnes minutes ! Quintessence du jam rock, le titre déroule sans provoquer l’ennui, toujours bien accompagné par les effets visuels toujours aussi pertinents. On notera aussi l’usage ponctuel d’effets vidéos divers (superpositions, ralentis, effets “miroir”, etc…) qui apportent encore un peu de valeur ajoutée à cette production (qui n’en manquait pas, déjà servie par une très grande variété de plans et cadrages divers, fixes ou mobiles). Le titre, plutôt lent, nous emmène gentiment dans la nuit naissante (chez nous), avant que l’on ne se fasse cueillir par un gros coup d’accélérateur surprise, pour nous replonger sur sa longue conclusion dans une douce langueur space rock…

Et puis tout s’arrête, de manière un peu abrupte finalement, après une heure et demie d’un live de grande qualité. Pour “redescendre” un peu (même si on peut présumer que vous êtes restés à la bière tout du long…), la suite de l’interview des trois producteurs nous apporte quelques infos complémentaires sur le projet et les prochains événements de la série…

A chaud après le concert, difficile de dire qu’on n’a pas kiffé : admettons-le, c’est probablement le meilleur concert de Earthless que vous verrez en vidéo, que ce soit pour le lieu du concert ou sa production visuelle. Quant au son, on n’en a pas parlé, il a été de bout en bout absolument remarquable, puissant et clair, sans faille (sauf pour les interviews, où il était trop faible – ce qui n’a pas posé grand problème, on n’était pas là pour ça…). Reste la réflexion, posée à tors et à travers ces derniers mois du “concert sur internet” : est-ce que l’on peut substituer de vrais concerts avec des live streams ? Bien sûr que non, et c’est bien là que les responsables du projet ont bien vu : en proposant un concept bien spécifique, sorte d’hybride entre le bon vieux DVD live et le concert en direct, le tout s’appuyant sur les principes du stream “en différé”, avec une production de grande qualité, ils amènent sur un plateau d’argent de quoi faire patienter le fan de stoner échaudé par la situation sanitaire du moment. Une belle réussite.

PARADISE LOST – At The Mill [Live Stream] – 05/11/2020

En ces temps faméliques pour tous gourmands de la chose live, la résistance s’organise sur le net, les groupes proposant de plus en plus de concerts en live via des plateformes de streaming. Le procédé fait débat et divise les fans. « Pourquoi payer pour une vidéo » se disent ceux qui ont le Youtube facile, « rien ne vaut l’incomparable sensation d’un vrai concert » argue le sensé. Oui. Oui mais cela fait désormais 8 mois que les salles se sont tues, et le spectacle vivant avec elles. Foutu virus. Alors lorsque Paradise Lost a annoncé proposer un Stream exclusif « At The Mill », un night club de Bradford, via la plateforme digitale Stageit, il nous a semblé important d’en être, pour voir un peu quelles sensations cela procure, de faire un concert sur son canapé.

21h, le casque sur les oreilles, le jogging Black Sabbath sous le plaid, une bière à la main et les copains sur Messenger, le concert peut démarrer.

Tout de noir vêtu, le visage fermé (les membres de Paradise Lost ne sont pas sur scène les plus joviaux mais pour le coup le stress est palpable), Nick Holmes et ses comparses ouvrent avec « Widow », premier extrait d’Icon. Le son est excellent, la résolution vidéo aussi (il est possible de la baisser pour s’adapter à votre débit). Le chat de la plateforme déborde de messages, l’opération semble être un succès. Seul Waltteri Väyrynen (ci désigné « le batteur », hors de question de réécrire une seconde fois son nom) voit son poste de travail adapté, puisqu’il joue derrière un plexiglass. Le son énorme, ample du groupe fait la part belle à la basse de Steve Edmondson, qui emplit l’espace sonore d’un son rond, un poil fuzzé. Le groupe propose ce soir 3 extraits d’Obsidian, joués lives pour la première fois (« Fall From Grace », « Ghosts » et « Darker Thoughs », les trois pépites de l’album) au milieu de titres plus attendus. C’est d’ailleurs là un peu le reproche à faire à ce concert : la set list est très classique, et courte, 50 minutes pour un ticket classique (10 dollars) et 1h20 pour le ticket VIP (15 dollars, suivi d’une session interview certes intéressante mais que l’on aurait aisément remplacée par « Hallowed Land » et « The Longest Winter »). L’absence de communication entre les morceaux aussi est dommageable (“mais pour parler à qui ?” me diriez vous, lorsque l’on ne peut avoir aucun retours du public ?), rendant ce concert certes excellent dans sa réalisation mais un peu sans âme, l’ajout de bandes enregistrées allant aussi un peu dans ce sens. Mais quels morceaux cependant ! « Faith Divides Us », « As I Die » et même le très dansant « So Much is Lost » issu de Host font à coup sûr chanter dans de nombreux salons d’à travers le monde.

Au final un excellent moment, sensation amplifié par l’effet de manque, malgré une ambiance un peu étrange et une set list convenue. De quoi se laisser tenter pour un autre Stream, en attendant que la vie, la vraie puisse un jour reprendre.

 

SET LIST

    • Widow
    • Fall From Grace
    • Blood And Chaos
    • Faith Divides Us
    • Gothic
    • Shadowkings
    • One Second
    • Ghost
    • The Enemy
    • As I Die
    • Requiem
    • No Hope In Sight
    • Embers Fire
    • Beneath Broken Earth
    • So Much is Lost
    • Darker Throughts
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