HELLACOPTERS – octobre 2005

Même si ce quintet venu du froid n’est pas à proprement parler un groupe de stoner, il m’a paru intéressant de leur consacrer quelques lignes sur ce site car, et ce n’est pas eux qui vont le démentir, loin d’être une formation de stoner pur jus, ils touchent un public assez similaire et puisent leurs influences dans le même répertoire.

 

Rassembleurs en diable, ces cinq Suédois pratiquent un rock’n’roll sauvage qui se dit fortement influencé par les icônes rock des années soixante, mais qu’ils pratiquent de manière beaucoup plus déglinguée que leurs idoles. Les Hellacopters sortent ces jours le second single “I’m in the band” issu de leur récent album “Rock’n’roll is dead”. C’est à l’occasion de leur halte genevoise que je me suis entretenu avec Robert, l’homme qui malmène la batterie de la formation. Bienvenu au pays du punk’n’roll dont ces lascars sont les maîtres incontestés !

 

Vous venez juste de sortir le second simple extrait de votre nouvel opus, pourquoi s’être décidé pour “I’m in the band” ?

Nous avions eu quelques discussions à propos du deuxième titre que nous sortirions sous ce format ; j’ignore encore comment va se passer cette sortie, mais nous avons tourné la vidéo. Nous avons pas mal tourné l’été dernier pour des festivals et ce morceau a immédiatement été apprécié par le public. Notre idée était de nous focaliser sur le morceau “No angel to lay me away” comme premier single. Nous avons ensuite discuté avec notre maison de disque, avec qui nous entretenons de très bons rapports, et leur avons demandé quel titre ils mettraient eux en avant. Ils nous ont dit “Everything’s on tv”, nous avons dit que ce serait parfait. Cette fois nous y sommes allé avec ce morceau-là fort de l’impact qu’il avait eu l’été passé.

Vous avez sorti votre nouvel album pendant que vous tourniez dans les festivals estivaux. Comment le successeur de “By the grace of God” a-t-il été accueilli ?

Et bien certains morceaux comme notre nouveau single ont été particulièrement bien perçus, mais l’album en général a aussi reçu un très bon accueil. Le premier show que nous avons donné prenait place une semaine avant la sortie de l’album et tout le monde chantait et prenait du plaisir alors que les gens ne connaissaient pas les compositions.

 

Depuis votre album “High visibility”, Chips K. est votre producteur attitré. Sa participation ne s’arrête pas là puisqu’il prend part au processus en jouant ainsi qu’en assurant quelques parties vocales, est-il le sixième membre du groupe ?

Non pas vraiment un sixième membre comme ça, mais c’est quelqu’un d’important pour nous, il est avec nous pendant l’enregistrement, mais aussi pendant les répétitions qui le précèdent et il ne se contente pas d’écouter puisqu’il apporte des idées ou des modifications quant au format des morceaux. C’est son boulot de producteur en fait, c’est pour ça qu’il n’est pas vraiment le sixième membre.

Comment était-ce de jouer dans les grosses manifestations de l’été devant un public pas là exclusivement pour vous et surtout avant que le soleil ne soit couché ?

Je pense que le meilleur type de salle pour nous c’est un club comme celui dans lequel nous jouons ce soir car ça marche parfaitement comme ça. Personnellement j’aime aussi jouer dans ces festivals pendant qu’il fait jour car tu touches des gens qui ne te connaissent pas et qui, pour certains, n’ont même jamais entendu parler de ton groupe. Comme les gens sont en mouvement dans ces structures, ils s’arrêtent et peuvent apprécier ta musique. Le point positif c’est que tu peux toucher le public d’autres groupes présents.

Tu penses partager les mêmes choses avec une telle audience ?

Je vais aussi voir des groupes dans ces festivals, dans tous les styles, d’Iron Maiden à R.E.M. cet été. C’est toujours cool d’aller voir d’autres groupes.

A propos d’autres groupes, quels sont les groupes qui vous ont vraiment entraîné dans ce style ?

Les formations des années soixante et soixante-dix nous ont beaucoup influencées. Nous aimons ce style rétro même si nous ne sonnons pas comme elles. N’importe comment nous ne copions pas ces gens car nous jouons de la manière dont nous jouons et même en copiant un groupe, nous ne pourrions sonner exactement comme lui. Nous sommes nous-même depuis “Supershitty to the max” jusqu’à notre nouvel album même si ces deux albums sonnent différemment. Jouer de manière sauvage a toujours été notre truc, mais nous jouons mieux maintenant.

 

Vous avez été sur deux énormes labels indépendants soit Man’s Ruin et Sub Pop. Quelle est la grosse différence entre ces structures et votre maison de disque actuelle ?

Il faut savoir qu’aux Etats-Unis nous ne sommes pas sur Universal Music. Nous sommes chez eux en Europe. Cette major est très axée sur le profit et ils ne voient pas de potentiel financier en nous pour les USA. C’est la raison essentielle pour laquelle nous sommes sur de petits labels là-bas. Cependant nous devons attendre six mois car Universal Music ont une option sur notre album pour ce territoire. La dernière fois nous avions opté pour Liquor & Pocker, mais pour le moment nous attendons leur refus pour aller de l’avant.

Les grosses boîtes de l’industrie musicale sont en guerre avec certaines pratiques en vigueur sur le web. Quelle est votre approche de cette problématique ?

Cette dynamique ne peut pas être arrêtée. Les CDs vont mourir d’ici quelque temps, personnellement je n’aime pas beaucoup ce format, je lui préfère le vinyle. Les fans de musique vont se retourner vers ce format d’ici quelque temps. C’est plus le problème des compagnies musicales que celui des musiciens car aussi longtemps que les gens nous écoutent et viennent nous voir c’est bon pour nous.

Vous avez enregistré un nombre impressionnant de split album. Est-ce votre manière de partager vos goûts avec votre public ?

Certainement en ce qui concerne The Flaming Sideburns ou New Bomb Turks, c’est fun et ça permet de le faire sur des petits labels aussi. Nous pouvons reprendre chacun les titres des autres. Nous en avons fait plusieurs avec Gluecifer, The Flaming Sideburns et avec les Australiens de Powdermonkeys, mais ces objets sont en quantités limitées à chaque fois c’est pour ça que nous les avons regroupé sur deux compilations. D’autre part certains de ces morceaux sont excellents car nous ne fournissons pas moins d’effort pour eux que pour ceux qui se trouvent sur nos albums. Certains sont même meilleurs.

Pour certaines personnes, vous êtes liés à la scène stoner. Comment expliques-tu le trend actuel de ce style musical ?

Je sais que certains nous considèrent comme faisant partie de cette scène, mais je ne sais pas d’où cela provient quand bien même j’aime personnellement ce style musical. Je suis un gros fan de Kyuss et Monster Magnet, mais je ne nous considère pas du tout comme faisant partie de cette scène car nous sonnons différemment et jouons plus vite. Je pense néanmoins que nos influences sont identiques.

 

octobre 2005 par Chris.

STONEWALL NOISE ORCHESTRA – octobre 2005

On avait entendu quelques titres sans trop y croire, ce super groupe suédois renaissant des cendres des tristement disparus Demon Cleaner. Et puis ils ont déboulé, signés par les excellents Daredevil Records, avec “Vol. 1”, un album péchu et bien sous tous rapports, un de ces albums que l’on écoute en boucle avec le sourire; Pour nous en parler, petite discussion avec Snicken, leur gratteux.

 

Peux-tu pour commencer nous en dire un peu plus sur StoneWall Noise Orchestra, comment est né ce groupe, d’où vous venez…

Depuis la fin de Demon Cleaner, Jansson (ndlr : 2ème gratte) et moi avions en tête de recommencer quelque chose. Pillow (ndlr : batteur de SWNO) nous avait rejoint sur la dernière tournée de Demon Cleaner et avait vraiment assuré, il était donc partant avec nous. Jonas et Singe traînaient autour du groupe depuis plusieurs années, tu sais, on se connaissait bien, ils étaient toujours dans les parages : on est tous de vieux potes, on vient tous de cette superbe ville industrielle de Borlänge… Bref, tout s’est déroulé de manière très naturelle.

Beaucoup de nos visiteurs sont de gros fans de Demon Cleaner de Greenleaf, peux-tu nous dire où en sont vraiment ces deux groupes à l’heure actuelle ? Est-ce que c’est vraiment terminé ?

Greenleaf n’a jamais été qu’un projet, qui a pris vie le temps d’enregistrer quelques chansons, et surtout à chaque fois qu’on a eu du temps pour ça. Les mecs de Dozer sont assez occupés, donc tu imagines que c’est pas facile. On peut donc dire que c’est un projet en stand-by, pas vraiment mort, mais pas vraiment actif non plus ! Par contre, Demon Cleaner n’existe plus, ça c’est sûr. Martin se concentre à fond sur Dozer (ndlr : Martin est le boss du label Molten Universe, sur lequel est signé Dozer), et tous les autres on a nos propres projets qui vivent et évoluent. Mais bon, tu sais, il n’y a aucun drame là-derrière ! On est tous super bons potes et on passe encore de super moments tous ensemble à boire des bières dès que l’occasion se présente !

 

Du coup, comment est-ce que tu envisages SWNO vis à vis de ces autres expériences ? Un autre de vos projets, ou bel et bien un groupe à part entière ?

Sans hésitation, un vrai groupe. Mais c’est aussi un projet pour le fun ! En fait, on essaye autant que faire se peut de combiner les deux. On veut vraiment que ce groupe soit l’opposé d’un group prétentieux, on ne veut obéir à aucune règle, à aucune contrainte. Tant qu’on s’éclate à le faire, on continuera, tu peux me croire, c’est pas plus compliqué… et pour le moment, on adore ça !

Cool, parce que le titre de l’album, “Volume 1”, suppose qu’il sera suivi d’autres disques… Avez-vous déjà pensé aux suivants ?

Et bien, il y aura d’autres albums, ça c’est sûr, mais quand ? Ca je ne sais pas dire. On joue un peu avec quelques idées ces temps-ci, mais tout n’est que dans nos esprits pour le moment, rien n’est enregistré ou figé. C’est dur d’ailleurs d’y réfléchir, de dire ce qui sera différent dans notre prochain album. A mon avis, on se penchera dessus au moment venu, et on verra bien où ça nous mène, c’est certainement la manière la plus naturelle et honnête de faire. On n’a vraiment aucune stratégie !

Concentrons-nous sur l’existant alors, ce “Volume 1”, comment le décrirais-tu ?

Sacrément spontané ! On a squatté le studio d’un pote, on a branché nos instruments, essayé quelques trucs, jammé un peu et on a juste enregistré tout ça. La plupart des chansons ont été composées là-bas, directement dans le studio. Je pense que ce disque donne aux gens une bonne idée de ce que fait le groupe, c’est une bonne présentation de SWNO. Je pense qu’il est assez évident qu’on est influencés par le heavy-rock des années 70, je ne vais pas te faire l’offense de le cacher (hahaha), mais on essaye d’y ajouter notre touche personnelle. J’imagine que notre musique est le fruit de ce que l’on écoute depuis des années, je ne sais pas. On se voit de toute façon essentiellement comme un groupe live, je pense sincèrement que c’est sur scène que les chansons prennent vie.

J’aimerais revenir sur ce que tu disais, sur la musique que vous écoutez, sur vos influences pour cet album…

Déjà, je ne peux parler que pour moi-même. Je pense qu’on est influencé par ce qu’on écoute depuis l’enfance, ça fait donc un sacré paquet de trucs ! Tout ce qui me transporte dans la bonne direction, ça peut être un peu tous les genres, du vieux blues au punk rock, ou même les nouveaux groupes metal. Ca dépend franchement de l’humeur, mais ça peut aller des Beatles à Cream, des Pink Floyd à Mark Lanegan, de Brant Bjork à QOTSA, de Turbonegro aux Sex Pistols, de Monster Magnet à Tool… Tu vois, je peux continuer comme ça sans fin !! Hey, tu vois, par exemple, je viens de dégoter quelques vieux Hawkwind récemment, c’est un pur trip, tu peux me croire !

Que penses-tu du “stoner”, de l’étiquette elle-même, de la musique à laquelle on l’associe… Tu t’en sens proche ?

J’imagine que ça peut en partie être rapproché de notre musique, absolument, et ça ne me pose pas le moindre problème ! Le genre stoner est surtout comme un organisme d’amoureux de musique, quelque chose d’honnête, d’authentique, un truc qui doit à tout prix être maintenu en vie. Sans ce type de genres musicaux, la musique serait avalée toute crue par tous les clones de merde mainstream…

 

Quand j’ai rédigé la chronique de “Volume 1”, je me suis fait la réflexion que même si vous n’inventiez pas de nouveau genre musical, même si l’ensemble n’était pas d’une originalité révolutionnaire, l’album se distinguait quand même par la qualité des compos et l’honnêteté de l’ensemble. Est-ce que tu préfèrerais que les gens voient quelque chose de complètement nouveau dans votre musique ?

Non, pas du tout, c’est une excellente description, merci ! On sait très bien qu’on ne fait rien de très nouveau, mais si on peut simplement ajouter notre atmosphère propre, notre touche, un peu de notre état d’esprit à l’ensemble, on est satisfait. Et honnêtement, je pense qu’on y arrive. C’est vraiment le genre de musique que l’on adore, alors pourquoi se forcer à jouer autre chose, à contre coeur ?

SWNO est un groupe 100% suédois, et il reste un mystère avec les groupes suédois que je ne suis jamais arrivé à éclaircir. Il y a des dizaines de super groupes en provenance de ce pays, on ne peut le nier, et pourtant, à chaque fois que j’en rencontre un, ils me disent à quel point ce pays craint, qu’il n’y a pas de clubs où organiser des concerts, pas e labels pour signer les groupes, etc… Quelle est ta vision des choses ?

Et bien c’est exactement ça ! La suède est vraiment un pays ennuyeux, pour tout ça. Il y a plein de super groupes, mais la plupart du temps ils doivent partir à l’étranger pour jouer. Je trouve que les clubs ici n’ont pas assez e cran pour devenir des clubs 100% rock. Ils passent leurs trucs disco/mainstream, et ils se disent “hey, y’a plein de monde, quand on passe cette musique”. Et pourquoi, trouduc ? Parce que les gens n’ont aucun autre endroit où aller !! Bien entendu je ne parle pas de tous les clubs en Suéde, il y en a des très cools, mais il n’y en a qu’un sur 100 qui vaille la peine… Les meilleurs concerts que tu peux faire en Suéde, à mon avis, sont soit des shows privés, soit des concerts pour des clubs de bikers. J’adore les concerts à l’étranger, les gens qui y viennent sont vraiment à fond dans la musique, et tout est plus libéral.

Parle-nous des concerts ? Vous partez en tournée en Europe, c’est une expérience dont peu de groupes suédois peuvent se targuer, comment y êtes-vous parvenus ?

(il chantonne la chanson des Beatles) “I get by with a little help from my friends”… Sérieusement, on a beaucoup travaillé pour en arriver à ça, on a utilisé tous les contacts qu’on avait. Jochen, le boss de notre label Daredevil records, nous a énormément aidé, et plein d’autres fans de musique un peu partout nous ont donné un coup de main. Merci à tous !! On ne demande pas beaucoup d’argent pour jouer, tout ce que l’on demande c’est d’avoir un toit pour dormir et de l’essence dans notre van pour aller jusqu’à la prochaine salle de concert. Avec ça on est heureux ! Jouer live est ce que l’on aime le plus, la joie que ça te procure mérite tous les sacrifices que tu fais, tout le boulot qu’il y a derrière chaque concert. On s’est démerdé pour avoir un tourneur pro (Rock This Town), envers qui nous sommes aussi très reconnaissant. Ils nous font gagner beaucoup de temps.

Pour finir, que dirais-tu, en une phrase, pour convaincre quelqu’un de venir vous voir jouer ou d’acheter votre skeud ?

Venez au concert, tapez-vous une ou deux bières, et appréciez tout simplement ce moment autant que nous, parce que c’est ça qui nous botte ! Ensuite achetez l’album, rentrez chez vous et refaites exactement la même chose ! Et merde, ça fait 2 phrases, il faudra que tu mettes de virgules, OK ? hahaha.

 

octobre 2005 par Laurent.

DOZER – octobre 2005

Dozer est de retour ces jours-ci sur nos platines avec un album flambant neuf intitulé “Through the eyes of heathens”. Ce chef d’œuvre à la pochette ornée d’un trophée (vous n’apprendrez pas dans cette interview s’il s’agit d’un clin d’œil à la nourriture préférée de nos quatre hommes venus du froid, d’un hommage à une boisson alcoolisée à base de plantes ou d’une spéciale dédicace à tous les cocus de la planète et de ses environs) est certainement le meilleur album du groupe à ce jour malgré les disques déjà sortis sur le mythique label Man’s Ruin par qui le stoner – entre autres styles – a acquis ses lettres de noblesses. Dozer a fait le point sur son actualité par l’intermédiaire de son extraordinaire guitariste Tommi qui s’est dépensé sur toutes les scènes du monde pour que le groupe accède à son statut actuel, celui d’une des locomotives du stoner mondial.

 

Premièrement je tiens à vous féliciter pour le fantastique album que vous venez de pondre. Pensez-vous que le fait de l’avoir mis en boîte dans un endroit aussi martial qu’une base militaire désaffectée a contribué au son agressif de “Through the eyes of heathens” ?

Merci beaucoup ça fait du bien d’entendre ce genre de choses. Je suis content que tu aies apprécié ce nouvel album. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait ; c’est un peu comme la naissance d’un nouvel enfant, nous trépignons d’impatience pour le présenter à tout le monde ! J’ignore d’où vient ce son agressif c’est juste la manière dont tout ça sonne, nous avons uniquement tenté de capturer l’énergie brute que nous avons sur scène et je pense que nous avons bien réussi notre job. Avant de nous rendre en studio pour enregistrer nous avions débattu de la manière dont devait sonner cet album et avions conclu qu’il devait être le plus dur possible afin qu’il regorge d’énergie et nous botte le cul.

En le mettant en boîte dans une forteresse militaire vous désiriez challenger Metallica et l’interminable session qui donna le jour à “St.Anger” ?

Yeah ! Nous sommes là pour leur botter le cul ! Il faut qu’ils se méfient ! Je plaisante, nous avons enregistré au Seawolf studio surtout parce que nos potes finlandais de Sunride nous l’ont recommandé. Ils ont enregistré leur dernier album là-bas et nous avons apprécié le son. Wille nous a proposé un super deal sur le prix donc il n’y avait plus de question à se poser à ce sujet. Et le fait qu’il se trouve sur cette île dans la baie d’Helsinki c’était notre bonus !

Vous avez déjà joué certains morceaux sur scène lorsque vous avez ouvert pour Mastodon en début d’année. Est-ce pour vous une manière de tester vos titres ?

Effectivement, trois ou quatre morceaux ont été testés la plupart des soirs avec Mastodon. C’était pour nous une manière de voir comment le nouveau matériel passait en public. C’est parfois un vrai risque d’essayer de nouveaux morceaux sur scène, mais la plupart du temps, ces morceaux ont été appréciés par le public. En particuliers “Big sky theory” qui a été accueilli les bras ouverts. Ce qui est vraiment cool parce que c’est un de mes morceaux favoris sur le nouvel album.

Chips K. avait produit “Call it conspiracy” et vous avez fait le job sur le nouvel opus. Pourquoi avoir opté pour produire vous-même cet album ?

Nous avons parlé de retravailler avec Chips qui avait envie de faire un autre album avec nous, ce que nous désirions aussi, mais son agenda était tellement plein, et vu le budget que nous avions pour cet album nous ne pouvions pas payer un producteur. Plutôt que d’attendre plus longtemps d’avoir plus d’argent, nous avons décidé d’essayer de le faire nous-même. Chips est un grand producteur et nous espérons bien recollaborer une fois encore avec lui, mais je pense que nous avons fait un bon boulot en le faisant nous-même.

 

Le dernier morceau de cet album, “Big sky theory” est un ovni sur cet album par rapport à la majorité des titres qui sont dans votre style habituel. Qu’est-ce qui vous a poussé à composer cette chanson si longue dans un style progressif ?

Je suis content que tu me poses cette question car comme je te l’ai dit avant cette composition est une de mes favorites dans le répertoire de Dozer. La genèse de ce morceau a débuté, il y a un an et demi : Daniel et moi avons parlé d’écrire un morceau long pour le prochain album afin de faire quelque chose de moins typiquement assimilable à du Dozer. Toujours du Dozer, mais quelque chose de frais et nouveau pour nos oreilles ; pas dans le style couplet/refrain/couplet. Je suis arrivé avec l’idée de la mélodie chorus en répétition et les autres ont apprécié. Après il n’y a pas eu de problème pour mettre en place le reste du morceau un peu comme s’il s’était écrit lui-même. En résumé pour répondre à ta question nous essayons toujours d’apporter des idées nouvelles et excitantes ; quand nous avons composé ce morceau nous nous sommes vraiment sentis bien. Nous avions touché le jackpot ! Il n’y a pas de sentiment meilleur que celui d’écrire un bon morceau, un morceau qui va faire naître un énorme sourire sur ton visage quand tu le joues. Avoir cet énorme sourire voilà ce qui nous a poussé !

Troy Sanders de Mastodon apparaît sur “Until the man exists no more”, une tuerie, comment cette collaboration est-elle née ?

Sur la tournée que nous avons faite ensemble nous sommes tous devenus potes après ces nombreuses nuits de beuverie dans le bus nous avons parlé de cela et du fait que ce serait cool si Troy venait faire quelques apparitions sur notre album à venir, mais avons pensé que cela ne se ferait jamais parce qu’ils tournaient toujours et que nous enregistrions en Finlande. Nous pensions que ça resterait que des discussions d’ivrognes dans un bus. Quand nous sommes revenus chez nous, nous avons vu que Mastodon allait jouer à Helsinki en première partie d’Iron Maiden pendant que nous étions en session. Nous n’avons donc pas hésité une seconde pour demander à Troy s’il voulait venir en studio. Il s’est pointé une journée de juillet et a hurlé. Ce type sait vraiment ce qu’il fait ; sa partie vocale fini parfaitement ce morceau. Nous sommes vraiment fiers et honorés d’avoir ce gars comme guest sur notre album.

Comme la voix de Fredrik n’est pas dans le même registre, allez-vous jouer ce morceau sur scène ?

Nous allons le faire bien sûr et Fredrik chantera la partie de Troy, mais dans son style à lui. Cette composition est trop cool pour ne pas être jouée juste parce que le “guest vocalist” est absent… et puis nous espérons la faire un jour avec Troy ça la ferait vraiment !

 

La plupart des groupes évoluent dans un style plus calme avec les années. “Through the eyes of heathens” est le plus brut et le plus brutal des albums que vous ayez sortis. Qu’est-ce qui vous a mis dans cet état d’esprit ?

Je vois exactement de quoi tu parles ! La plupart des groupes ont ce problème, mais est-ce un problème ? C’est arrivé à une tapée de formations. Soundgarden, Metallica…ils ont tous été bien plus bruts et brutaux sur leurs premiers albums ; leurs derniers efforts sont les plus softs. Je me demande pourquoi ceci s’est il passé ? Peut-être que c’est cela que de vieillir et nous essayons d’éviter de vieillir. Tout ceci n’est en définitive que ce que tu veux faire ou pas, d’écrire la musique qui te fait aller mieux. Actuellement, le brut et le brutal sont ce que nous voulons faire donc nous le faisons… et nous ne voulons pas grandir !

“Through the eyes of heathens” sort sur Small Stone records, un label américain. Est-ce que tourner aux States sera plus facile pour vous ?

Je l’espère ! Nous avons tourné là-bas l’an passé et avons passé de bons moments. Il y a pas mal de monde dans cette scène donc bien sûr que nous espérons que ce deal nous portera aux USA pour une plus longue tournée. Nous voulons réellement y retourner et, à ce que j’ai entendu, nous y serons certainement pour une tournée l’an prochain !

Comment s’est fait ce deal ?

Nous faisions notre marché pour obtenir un deal d’un label. La plupart d’entre eux aimaient notre musique, mais n’avaient pas vraiment les tripes nécessaires pour sortir un disque de stoner parce qu’ils considèraient ce genre comme moribond. D’autres étaient d’accord si nous composions quelques nouveaux morceaux de plus dans le style de Queens Of The Stone Age de nous prendre sur un coup de cœur ! Qu’ils aillent au diable ! Nous ne changerons pas pour un label. Small Stone Records était une des structures qui nous appréciaient vraiment pour ce que nous sommes. Ils nous ont laissé les mains libres pour faire un album de Dozer et pas autre chose. Par conséquent la décision n’était pas trop difficile à prendre pour nous en ce qui concerne notre collaboration.

Martin, votre manager, m’a confié que si aucun label ne le sortait, il serait à nouveau sur Molten Universe. Quel est l’avantage de cette collaboration par rapport au fait de sortir votre production sur votre label ?

Nous étions effectivement parti pour le sortir sur Molten Universe si nous ne trouvions pas de label. Le gros avantage de cette situation c’est que Martin/Molten Universe peut consacrer tout son temps à manager le groupe, obtenir des interviews, travailler sur la tournée et tout ce genre de trucs. Nous sommes dans une situation gagnant-gagnant ave un bon label et un bon management.

Vous êtes très connu, mais n’êtes pas dans le bon créneau pour devenir rapidement riche. A partir d’un certain âge, le gouvernement suédois coupe le robinet aux jeunes groupes. Comme votre pays est vaste et peu peuplé, y a-il un risque de voir émigrer les vieilles formations de rock en Allemagne qui est la grande nation du rock ?

C’est correct pour ce qui est de l’aspect financier : nous ne faisons pas beaucoup d’argent, mais ne le faisons pas pour ça. Si j’avais voulu faire de l’argent, je jouerais dans un groupe de reprises dans les pubs suédois, ces formations se font bien plus de fric que nous. Nous, nous le faisons pour le plaisir. Nous essayons de voyager un maximum en tournée et ça, c’est cool. Aussi longtemps que nous y trouverons notre compte nous continuerons à le faire et comme nous avons une tapée de bière à l’œil et que la bière, c’est bon…Ceci dit, j’ignore si tous les vieux groupes vont aller en Allemagne, mais j’espère que non car nous avons besoin de bons groupes ici. Par contre si les groupes de reprises y vont ça ne va pas me gêner.

 

Maintenant que vous avez une autre structure que Molten Universe, aurons-nous la chance de voir ressortir les objets de collection que vous avez sorti sur Man’s Ruin et le split avec Unida ?

Nos deux premiers albums, sortis à l’époque sur Man’s Ruin, seront réédités par Molten Universe dans le futur. J’espère que ce ne sera pas dans trop longtemps car ils sont épuisés depuis un moment et les gens ne devraient pas avoir à les payer cher sur e-bay. Néanmoins nous devons sortir le nouvel album avant de nous consacrer aux anciens. Mais sois patient, je te promets qu’ils seront ressortis !

Il y a dix ans, vous étiez les premiers en Suède à vous lancer dans ce style fuzz. Maintenant beaucoup de formations ont suivi votre trace. Etes-vous en contact avec elles ?

Il y a beaucoup de bons groupes dans ce style par ici : Lowrider, Truckfighter, Astroqueen, Grand Magus… juste pour en nommer quelques-uns. Nous faisons des concerts avec eux ici en Suède, ce qui est agréable car ce sont de bons groupes. Longue vie au Fuzz !

Vous êtes considéré comme une référence dans la mouvance stoner. La dernière fois que nous avons causé, vous m’aviez déclaré pratiquer du heavy rock. Considérez-vous encore que vous ne faites pas du stoner et quels sont les groupes qui pratiquent ce style selon vous ?

Et bien nous sommes stoner rock, fuzz rock, heavy rock, hard rock… peu importe l’étiquette que l’on nous colle tant que les gens nous écoutent. Nous faisons ce que nous voulons, nous jouons ce que nous aimons et si les gens appellent ça du stoner ou du heavy rock peu importe. J’ignore réellement comment qualifier notre style… difficile… disons que nous faisons du Dozer !

Que pensez-vous du trend actuel de ce style ?

Le trend du stoner rock est en marche dans l’underground, il ne mourra jamais, mais ne sera jamais à la mode non plus. Bien entendu certains groupes sortiront du contexte et arriveront dans les charts, mais ce ne sera jamais la prochaine grande mode. Ce serait cool si ça arrivait parce qu’il y a beaucoup de bons groupes qui pourraient avoir plus de public.

Vous êtes considéré comme un très bon groupe de scène. Quand aurons-nous la chance d’avoir un live officiel de Dozer ?

Nous donnons toujours cent dix pourcent de nous-même sur scène parce que nous ne pouvons rien cacher. Tout donner nous fait nous sentir bien et ça se transmet au public. Nous sommes là pour offrir du bon temps à notre public. Nous n’avons pas réellement projeté d’album live maintenant, mais qui sait cela arrivera peut-être un jour…un double vinyle doré serait monstrueux ! Un peu comme “Alive” de Kiss.

Comment réagissez-vous quand vous trouvez vos morceaux en mp3 sur des sites de peer to peer ?

Je me fous des mp3 tant que les gens nous écoutent. Je pense que c’est un bon moyen de diffusion pour la musique de groupes inconnus qui cherchent d’abords à mettre leur musique à disposition du plus grand nombre. Si les gens, ensuite, apprécient cette musique, ils doivent venir aux concerts et acheter les productions ainsi que du marchandising. Ils doivent supporter leurs groupes favoris. Je sais que les gens, moi compris, téléchargent pour écouter les nouvelles productions de certains artistes. S’ils apprécient, ils doivent acheter l’album, mais je n’ai pas de problème avec la musique diffusée sur la toile.

Qu’allez-vous faire au retour de votre tournée européenne ?

Cette tournée prendra place en novembre et décembre sur le continent, après nous serons en Scandinavie pour une tournée au début de l’an prochain et une tournée aux States après. Nous espérons faire quelques festivals l’été prochain en Europe aussi. Nous allons nous consacrer essentiellement à Dozer comme d’habitude, mais il y aura aussi du temps pour nos projets parallèles. J’enregistrerai un album avec Peder de Lowrider l’an prochain, nous avons déjà fait quelques bonnes démos qui sonnent bien ; un des morceaux sera sur la compilation “Sucking the seventies vol. 2” qui sortira sur Small Stone Records en fin d’année. J’ignore quand cet album sortira, mais le temps nous le dira.

Une dernière question de la part de Shinkibo : désirais-tu être le père de l’enfant de Britney Spears ?

Très bonne question ! Je me la serai bien faite, mais j’ignore si j’aurais voulu être le père de son enfant.

octobre 2005 par Chris.

MASTODON – juin 2005

Alors, stoner, pas stoner ? Ouais, bof. ca vaut le coup de se prendre la tête ? Le fait est que Mastodon doit une bonne part de sa notoriété à une “fan base” très proche des fans de stoner. Plutôt que de chercher à savoir pourquoi, autant en profiter ! Par ailleurs, quand le groupe est aussi talentueux, et rencontre un si grand succès (avec son dernier album “Leviathan”), il faudrait être stupide pour leur tourner le dos ! Loin de nous cette idée donc, quand on a demandé à discuter un peu avec le groupe. C’est le batteur Brann Dailor qui se propose de répondre à nos questions, véritable leader du groupe, un musicien sympathique, passionné et intelligent. Rare !

 

Cela ne fait même pas un an que “Leviathan” est sorti, et pourtant il s’en est passé des choses dans le petit monde de Mastodon depuis ! Peux-tu nous dire quel est ton sentiment aujourd’hui sur cet album et le succès qu’il a rencontré ?

Je suis pleinement satisfait de l’album, je l’étais déjà lorsque nous l’avons enregistré, et je peux te dire que je l’adore toujours à l’heure qu’il est ! C’est un peu comme le “gravy” (ndlr : sorte de sauce bien américaine servie traditionnellement en accompagnement de viandes…), tout le monde semble aimer ça ! Hahaha ! Ben là c’est pareil : on dirait que tout le monde aime l’album, public et critiques, et ça fait forcément plaisir ! Ca me rend d’autant plus impatient d’entrer à nouveau en studio ! Je n’ai plus qu’une envie c’est de retourner enregistrer de nouveaux titres, faire quelque chose de neuf…

Et ça sera quand ?

Je pense qu’on rentrera en studio à la fin de l’année. On commencera probablement à composer à partir de septembre je pense.

Vous n’avez encore composé aucune chanson, à l’heure qu’il est ?

Si, en fait on a déjà des petits bouts de chanson, des riffs, des choses comme ça, mais il faut qu’on se retrouve tous autour de ça pour en faire de vraies chansons.

 

Donc tu n’as pas encore d’idée sur quelle sera l’orientation du nouvel album, quel son il aura ?

Non, pas vraiment. Tu vois, on va vraiment prendre les choses comme elles viennent, petit à petit, sans se prendre la tête : on a toujours fonctionné comme ça, on va pas changer maintenant ! On va simplement se retrouver tous ensemble, et on va partager des idées. “Hey, tu aimes ce riff ?” – “Ouais, il est génial !” – “Cool, on le garde, écrivons une chanson autour”. Quelque chose de très naturel. On se fout de savoir comment ça va marcher, ou à quel point ça va être bordélique… Si on aime, on le jouera, c’est pas plus compliqué.

Revenons quand même un peu sur “Leviathan” : comment expliques-tu le succès qu’il a rencontré ? Musicalement, il n’est pas beaucoup différent de “Remission”, et pourtant son succès est sans commune mesure… Est-ce dû au marketing, aux concerts… ?

Peut-être… Les tournées en grande part, tu as raison, je crois. On a été remarqué par plusieurs grands groupes, qui nous ont proposé de les accompagner en tournée, c’étaient d’excellentes opportunités ! Cela a été le cas de Slayer, Slipknot, des groupes comme ça… Ils nous ont emmenés en tournée et nous ont permis d’être exposés à des publics plus larges… Ca nous a beaucoup aidé.

 

Vous venez de signer avec un gros label, après Relapse : Warner Bros Records. Or, tu dois le savoir, pour les groupes “underground” comme vous, ce saut du petit label à la grosse major ne se passe pas toujours super bien : souvent, après un album ou deux, ils retrouvent les petits labels. Que penses-tu faire pour éviter ça ?

Rien, en fait ! Hahaha ! Non sérieusement, je pense qu’on va se comporter comme on l’a toujours fait jusqu’à aujourd’hui. On espère juste faire ce que l’on sait faire, mais à plus grande échelle avec eux. Je sais pas, quand on y pense, s’ils nous veulent c’est pour ce que l’on sait faire, finalement, non ? Donc il ne serait pas très judicieux de changer maintenant… Ils nous ont juste dit de ne plus nous brider au niveau des moyens, et je ne vois pas en quoi ça peut être mauvais, ils veulent que l’on “pense grand”… Et puis tu sais, tu imagines bien qu’on y a longuement réfléchi, et de toute façon, on dirait bien que l’on ne peut pas se tromper : c’est une décision qui ne peut pas nous nuire. Même si au final on se fait virer, on n’en a rien à faire, tu vois ce que je veux dire ? Mastodon aura toujours le dernier mot, Mastodon jouera toujours la musique qu’on aime, on jouera toujours live, et on s’éclatera toujours ! Ca n’a aucune importance pour faire ça d’être signé chez Relapse ou chez Warner ou chez n’importe qui, ça changera pas… On va continuer à faire ce que l’on sait faire, ce qui nous amuse, et changer de label c’est une étape positive : on passe au niveau supérieur. C’est fun !

J’ai entendu que vous aviez un DVD en prévision, tu peux m’en dire plus ?

Et bien il devrait sortir aux alentours de Noël, je pense, ou en tout cas c’est ce que Relapse souhaite faire… Pour des raisons évidentes… (ndlr : une fin de contrat délicate peut-être ?…) On va mettre plein de trucs dedans, en quelque sorte les coulisses du groupe, le but est de permettre aux gens de nous découvrir un peu mieux. Il y aura aussi quelques concerts cool que l’on a faits, ainsi que de vieilles vidéos, notamment des extraits d’événements spéciaux, mais aussi des bandes de nos anciens groupes, tu vois le genre, quand on était encore des adolescents boutonneux ! Hahaha. Bref, on y retrouvera un peu toute l’histoire de tous les membres du groupe. L’idée, c’est quand même d’y mettre le plus de trucs possibles, tout ce qu’on arrivera à faire rentrer dans un DVD ! Il faut que les fans aient l’impression d’en avoir pour leur argent.

 

Vous venez de décrocher une place sur l’affiche du prochain Ozzfest, or ce n’est pas la première fois qu’on vous sollicite. Pourquoi avoir accepté cette fois et pas avant ?

Disons simplement que quelques années plus tôt, nous n’étions pas à un niveau où notre label pouvait se permettre de nous faire faire cette tournée, parce que tu sais, les organisateurs du Ozzfest demandent pas mal d’argent pour pouvoir y participer… C’est comme ça, on le sait, et à cette époque on ne pouvait pas se le permettre, c’était une grosse somme d’argent. On ne voulait pas en plus avoir cette pression sur nos épaules, savoir quel investissement notre label faisait pour nous, ça ne nous semblait pas être une situation très confortable et saine. On a donc décidé de faire les choses plus naturellement : on a attendu, on a fait évoluer le groupe, qui a grandi jusqu’à atteindre un niveau de notoriété qui nous a permis d’y assister sans avoir à payer. Et c’est arrivé cette année, on a eu la chance d’être invités à jouer sur le Ozzfest sans que l’on ne nous demande de payer quoi que ce soit. Ca va être vraiment cool, Iron Maiden, Black Sabbath…

Entre le Festimad aujourd’hui et le Ozzfest bientôt, on dirait que vous prenez goût aux festivals…

Ouais, t’as vraiment une super énergie dans les festivals… Mais ça dépend de la manière dont ils sont organisés! Lorsque ce sont des festivals sérieux, avec des organisateurs professionnels, du bon matériel… là il n’y a aucun problème, c’est génial. Mais des fois c’est pas si génial, crois moi, ils ne sont pas vraiment organisés avec professionnalisme. On en a plein comme ça aux Etats-Unis : on prend un paquet de groupes, on les compresse tous pour les faire rentrer sur une petite affiche, et t’as un mec qui dit “j’organise un festival”. Alors ils se retrouvent dans son jardin, toi tu joues à 2h du mat, et au final tu n’es pas payé, bref, tu vois le genre… Ce n’est pas le cas du Ozzfest, c’est un bon festival, sérieux, ni du Festimad : ça c’est un vrai festival, en Europe vous savez y faire en festivals. Après, bon, tout n’est pas rose, il y a des inconvénients. On ne peut pas faire de soundcheck par exemple, mais bon, on a d’excellents techniciens, on leur fait confiance, et on l’a déjà fait auparavant, ça se passe bien. Et puis c’est une super opportunité d’être confronté à des publics plus larges, des gens qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent le groupe que de nom parfois, qui sont là pour voir les têtes d’affiche, bien sûr, mais aussi pour voir des groupes moins importants durant le reste de la journée. Une excellente opportunité de gagner des fans !

 

Tu préfères les festivals plutôt qu’être en tête d’affiche de votre propre concert ?

Etre en tête d’affiche c’est cool, tu sais, ce sont tes fans, ils sont venus pour te voir, tu sais qu’ils aiment ta musique, c’est vraiment génial, tu imagines… Vraiment fun, mais… il n’y a pas vraiment de challenge, tu vois ce que je veux dire ?

C’est plus confortable…

Absolument ! C’est plus confortable, donc au final on s’éclate, on peut se détendre et juste jouer, nous faire plaisir. Moi il faut juste que je sois un peu nerveux, je me sens bien quand je suis plus nerveux : en général je joue mieux, le concert est meilleur quand je suis nerveux ! Donc je n’ai pas vraiment de préférence, j’adore les deux !

Tu as vu l’affiche du Festimad ? Quels groupes as-tu l’intention de voir ?

Je veux voir les Hives, Turbonegro, nos potes de Dillinger Escape Plan bien sûr, je veux voir Slayer, encore une fois. Tu sais, on a tourné avec eux pendant trois mois, et je ne me lasse toujours pas de les voir, c’est un groupe incroyable, et je pense qu’ils n’ont jamais été meilleur qu’en ce moment, ils écrasent tout, ils sont vraiment super carrés et efficaces dans leur jeu. Et puis je suis batteur, et je trouve que Dave Lombardo est l’un des meilleurs batteurs du monde… Mais sinon, tous les groupes m’intéressent, vraiment, ils ont rassemblé une superbe affiche, franchement. Il me tarde vraiment de voir Marylin Manson, je l’ai jamais vu, il fait un sacré spectacle, ça doit être un sacré trip. Et puis on reste demain rien que pour voir les concerts !

T’as un sacré paquet de bon concerts demain !

Putain ouais ! Y aura Clutch, ils sont excellents. Et plein d’autres ! Tu vois, mec, c’est un super festival, ça va être super cool, je le sens ! Tu sors de la monotonie d’une tournée, où tu as un certain nombre de groupes à l’affiche, et tous les soirs tu vois les mêmes groupes. Là je vais aller me balader et je vais voir plein de groupes que je ne connais pas, ça ne peut pas être plus cool ! C’est bien aussi, les tournées, parce que tu te fais de vrais amis parmi les groupes avec qui tu partages l’affiche, mais au final, les festivals sont cools parce que tu vois des dizaines de groupes et tu rencontres des tonnes de musiciens.

juin 2005 par Laurent.

HERMANO – juin 2005

Les rencontres avec Dandy Brown sont toujours des moments privilégiés, le véritable leader de Hermano étant autant affable que sincère. Chaque interview réserve donc son lot de révélations et d’aveux courageux. Cette interview ne fait pas exception. Un bilan est le bienvenu après la sortie de “Dare I Say” et la tournée qui l’a suivi.

 

“Dare I Say” est sorti il y a plus de 6 mois, vous l’avez donc enregistré il y a environ un an aujourd’hui… Comment le vois-tu avec le recul ? je pense surtout à votre manière pour le moins originale de l’avoir enregistré (ndlr : tous les musiciens ont enregistré leurs parties séparément et échangeaient les fichiers par internet !)…

Pour être honnête, avec tous les albums sur lesquels j’ai travaillé, il y a toujours une période durant laquelle je ne l’écoute pas une seule fois. Là par exemple, cela doit bien faire 6 ou 4 mois que je n’ai pas écouté “Dare I Say”, donc ce n’est pas facile de répondre à ta question…

Durant l’enregistrement de chaque album, on écoute chaque chanson tant de fois qu’au bout du compte on est vraiment “usé”, il devient vital e prendre un peu de recul par rapport aux chansons, avant de pouvoir les écouter à nouveau. Et cela a été le cas pour toutes les sessions auxquelles j’ai participé. Quand on a eu enregistré “Only A Suggestion”, je crois que je n’ai pas réécouté les bandes pendant au moins 2 ans, et quand je l’ai finalement fait, j’avais une approche totalement “fraîche” de la musique… comme si elle était toute neuve.

Bien sûr, Hermano n’est pas un groupe comme les autres, comme tu le sais, et on ne pouvait pas faire autrement que d’enregistrer de différents endroits. Il faut vraiment que les gens gardent à l’esprit que Hermano est un groupe “indépendant”, sur un label indépendant, alors autant te dire qu’il n’y a pas de budget de 5 millions de dollars disponible pour les enregistrements. On ne peut tout simplement pas se permettre le luxe de des douzaines de voyages tous les week ends à travers le pays dans le but d’être tous dans le même studio pour composer, arranger et enregistrer. Notre approche pour “Dare I Say” a donc été pour le moins pragmatique pour parvenir à finaliser ce projet. Mais finalement, j’ai beau être particulièrement tatillon pour tout ce qui concerne la qualité de la production de mes disques, je pense qu’on a sorti quelque chose de plutôt incroyable, quand tu penses à la logistique mise en œuvre et au budget utilisé, et la manière dont on est parvenus à mener à bien ces sessions. Bien entendu, il y a des petits détails sur chaque album, quelles qu’aient été les circonstances dans lesquelles il a été enregistré, que je vais remarquer après coup en me disant que j’aurais bien aimé les changer. Je ne pense pas qu’il y ait un seul musicien au monde qui soit complètement satisfait de chaque seconde de chacun de ses disques…

 

Ca ressemble quand même à un sacré cauchemar, tu penses que le prochain album sera aussi enregistré ainsi ?

Et bien, d’une certaine manière, le prochain album est déjà enregistré ! Il s’agit d’un album live ! Nous l’avons enregistré à Den Bosch en Hollande, en décembre 2004, et il sonne super bien. Je suis vraiment très excité à l’idée de sortir ces enregistrements, parce que c’est vraiment du pur “live”, tu vois ce que je veux dire, pas d’over-dub, d’arrangement ou autres améliorations, on a simplement masterisé le tout pour augmenter le volume général. Au début, on avait simplement filmé plein de choses au cours de la tournée Angry American en novembre et décembre 2004, et puis on a décidé d’enregistrer notre dernier concert pour rajouter au DVD. Alors quand les mecs de notre label Suburban Records ainsi que notre management en Europe m’ont dit que la qualité des enregistrements étaient excellentes, au delà de leurs espérances, j’avoue que j’étais dubitatif… J’ai vraiment écouté des douzaines d’albums live de plein de groupes, et j’ai rarement été impressionné. Mais finalement, quand j’ai reçu le CDR de l’enregistrement, je peux t’assurer que j’ai eu un sourire béat sur le visage pendant plusieurs heures ensuite ! Ca m’a vraiment chamboulé, et je pense que ça fera le même effet sur tous ceux qui l’écouteront. Tous ceux qui connaissent Hermano savent que c’est vraiment seulement au cours des performances live que le groupe retrouve sa vraie identité. C’est quelque chose qui est apparent à travers ces enregistrements live. Il me tarde vraiment que ça sorte en septembre. Je me répète, mais comme tu vois, je suis vraiment excité par ce projet !

C’est vrai que j’ai eu la chance d’écouter cet enregistrement, je confirme qu’il est excellent. Ma question concernait plutôt l’album studio à venir, mais tu l’as habilement détournée pour faire de la promo éhontée !

Hahaha, je sais, désolé ! En ce qui concerne le prochain album studio, tout ce que je peux te dire c’est qu’on a déjà échangé pas mal de riffs ces derniers mois, et on a organisé nos emplois du temps pour enregistrer en décembre. Il y aura certes quelques fichiers sonores qui passeront via internet, ou autres DVD envoyés des uns aux autres, mais l’idée c’est quand même de rassembler tout le monde dans un studio pour enregistrer les chansons, cette fois. Ca répond mieux à ta question ?

Oui ! Mais tu pourrais pas nous en dire un peu plus ? Sur le line up par exemple, des invités ?

Le line up pour cet album sera à peu près le même qu’aujourd’hui, à une exception près : Mike Callahan (ndlr : le guitariste rythmique originel de Hermano, qui a joué sur “Only a Suggestion” puis a quitté le groupe lorsqu’il a pu rejoindre le groupe Earshot, aujourd’hui au bord du split si on en croît les rumeurs) fera à nouveau partie du groupe pour ces sessions. En fait, on a fait un concert il y a quatre mois environ avec Mike, et c’était une expérience incroyable de jouer à ses cotés à nouveau après une interruption de presque six ans ! On est tous très heureux de le voir rejoindre le groupe à nouveau, pas seulement parce que c’est un musicien et un compositeur hors pair, mais surtout parce que c’est génial de retrouver un copain.

Et en ce qui concerne les invités, et bien, je ne devrais pas vraiment mentionner qui que ce soit, mais je peux juste te dire qu’il y aura un certain nombre de surprises sur cet album, et il me tarde vraiment !

 

Bon, je te retrouve aujourd’hui au Festimad… Encore un festival en Europe… Comment expliques-tu le fait que tu joues autant de concerts en Europe et si peu finalement dans ton propre pays ?

Si tu demandes à n’importe quelle personne qui suit un peu l’évolution de la musique aux Etats-Unis, elle te dira forcément que pour les 10 dernières années environ l’état de la musique et l’appréciation qu’en a le public est déplorable. La sensibilité des gens et leur appréciation de toute musique un tant soit peu créative, imaginative et intègre a totalement disparu depuis au moins 10 ans. Je n’ai vraiment pas l’intention de manquer de respect tous les publics et les artistes aux Etats-Unis en disant ça, mais ce n’est un secret pour personne si je dis que tout ce qui ne rentre pas dans le moule du rock formaté, de la R&B aseptisée, ou de cette merde infâme qu’ils appellent “country moderne”, a bien du mal à rencontrer un minimum de succès public aux USA. Pour une raison que j’ignore, la plupart des gens qui achètent des disques et vont voir des concerts ne sont pas intéressés par le fait de découvrir quelque chose de frais et nouveau. C’est un peu comme si tout le monde voulait entendre les mêmes sons chez tous les groupes, et que les publics ont peur de prendre des risques en essayant d’écouter quoi que ce soit qui sorte de cette “formule magique”. Je trouve ça terriblement triste personnellement. On vient donc en Europe plus souvent qu’on ne joue aux USA tout simplement parce qu’il semble qu’il y ait ici un plus grand pourcentage de personnes qui sont prêtes à s’ouvrir l’esprit sur quelque chose de neuf, quelque chose de différent de ce que toutes les grosses maisons de disques leur font bouffer à longueur de journée. Ce n’est pas plus compliqué !

En plus, autant cette fois c’est encore un grand festival, autant la dernière tournée se déroulait dans des clubs plus confidentiels. Quelle configuration préfères-tu, festival ou clubs ?

Je m’en moque, mec ! J’aime juste jouer ! Peu importe où c’est.

Tu as vu l’affiche du Festimad j’imagine, quels groupes as-tu déjà vus et as-tu apprécié, et lesquels te tarde-t-il de voir aujourd’hui ?

Franchement, en arrivant, je peux te dire que plus de la moitié des groupes m’intéressaient beaucoup ! J’attends impatiemment Mondo Generator, je ne les ai encore jamais vus, je ne les raterai pas. Même chose pour Marylin Manson hier soir, j’ai trouvé qu’il proposait un spectacle très sympa, divertissant. Clutch est incroyable. Nightwish hier, c’était un peu too much, par contre… J’ai pas vraiment accroché. Pas trop à mon goût, tout simplement.

 

Une question qui me trotte depuis pas mal d’années : qu’est-ce qu’il y a de spécial entre Dandy et l’Espagne ? Tes deux projets principaux ont des noms espagnols (Hermano et Orquesta Del Desierto), tu as joué dans plusieurs gros festivals espagnols, tu y as fait plein de concerts, tu as un label espagnol pour Orquesta… Etrange ! Pure coïncidence ou passion cachée ?

Oh, je ne fais pas de mystère de mon amour pour l’Espagne, tu sais. J’ai été frappé il y a très longtemps par cette attirance envers l’Espagne, et on dirait que ça m’a suivi au cours des années. J’aimerais d’ailleurs parler la langue un peu plus que les quelques centaines de mots et expressions que je connaisse ! C’est vraiment un superbe pays, et je suis vraiment honoré du fait qu’ils aient montré à ce jour autant d’intérêt envers la musique que j’ai créée ces dernières années.

Avec les années, vu de l’extérieur, il apparaît que peu à peu Hermano et ODD paraissent de moins en moins “les projets de Dandy”, et de plus en plus des groupes à part entière. On remarque d’ailleurs que pour le second album de chaque projet, d’autres musiciens sont devenus les compositeurs principaux (Mike Riley et Mark Engel sur ODD, Dave Angstrom sur Hermano). Est-ce voulu ? Le ressens-tu ainsi toi aussi ?

Et bien ce que je peux te dire, c’est que les deux groupes sont devenus exactement ce que j’avais toujours souhaité (et prévu) qu’ils deviennent, depuis le commencement. Aux débuts des deux groupes, je n’avais qu’une vision, et un paquet de chansons pour démarrer. Mais une fois qu’ils se sont mis en place et ont commencé à évoluer, ça m’a paru évident qu’il fallait encourager les autres à contribuer plus, l’inverse aurait été stupide ! Je suis entouré par non seulement d’excellents musiciens, mais aussi d’excellents compositeurs ! Quoi qu’il advienne, en tout cas, je pense que la vision originale restera toujours attachée aux deux groupes, et que même si je ne contribue pas à la moindre chanson sur un disque, je pourrais toujours ressentir ma présence dans le groupe.

 

Dis-m’en plus sur le DVD sur lequel vous travaillez, auquel tu faisais allusion tout à l’heure…

Je pense qu’il sortira début 2006. Le mec qui a filmé le contenu s’est retrouvé avec 30 à 40 heures de bandes vidéos, et ça prend un certain temps de visionner et sélectionner tout ça ! Mais bon, je peux en imaginer la teneur, et je pense que ça ressemblera grosso modo à une sorte d’étude appliquée sur l’ivresse et la débauche… Enfin, en tout cas c’est ce dont je me souviens quand la caméra tournait !

A quoi peut-on s’attendre de la part d’Orquesta dans les mois qui viennent ?

Avec Orquesta on va enregistrer notre troisième album en août, et on a l’intention de le sortir avec Alone Records début 2006. Je crois qu’on a écrit nos meilleures chansons à ce jour, et tous les musiciens impliqués sont aussi excités que moi à l’idée de se retrouver dans le studio ! Je crois qu’avec la sortie de “Dos”, Orquesta s’est vraiment révélé en tant que groupe. Le prochain album marquera clairement un ancrage dans ce confort d’une part, et une progression dans ce sens.

Une question générale, maintenant : on se connaît depuis plusieurs années, et je me demandais si, connaissant ta passion pour la musique, tu souhaiterais aujourd’hui que ça soit ton métier à plein temps ? Etre capable d’en vivre, c’est bien, mais aimerais-tu perdre ton vrai métier et ta vie actuelle, plus “terre à terre” ?

Et bien, j’imagine que ça dépend de ce que tu entends par “en vivre”, finalement. Je peux simplement te dire que durant les 3-4 années passées, on a eu l’opportunité avec Hermano de s’engager et de tourner à temps plein, et dans ces conditions tu peux arriver à en vivre. D’un autre coté, je pense qu’il y a un lourd prix à payer pour vivre cette vie. La plus grande joie dans ma vie est la possibilité de voir mes enfants grandir. Donc à chaque fois qu’on a eu ces propositions, il y a toujours une forte hésitation, parce que ça signifie de longues périodes de temps durant lesquelles je manquerai des moments importants dans la croissance de mes enfants. Rien que ça, ça rend cette décision difficile… Une décision qui revient à envisager à quel point cette option est “lucrative”, de passer tant de temps sur la route. Bien sûr, je vais être totalement honnête avec toi, si on nous proposait une somme d’argent énorme, je serai obligé d’y voir aussi la possibilité de rendre la vie plus facile, généralement, et aussi de voir le champ des opportunités grandir concernant mes enfants et leur éducation, par exemple. Mais la question ne se pose pas, de toute façon : à l’heure actuelle, ce qu’on peut me proposer pour vivre de la musique correspond peu ou prou à mon salaire d’enseignant de lycée, et ce n’est donc pas une raison suffisante pour me faire rater ces moments passés avec mes enfants. Mais ne te méprends pas sur mes propos, j’adore jouer de la musique, mais dans la vie je pense qu’il y a certaines priorités qui doivent rester en haut de la liste ! Une chose est sûre, c’est que ma famille et son bien-être sont, et de loin, plus importants que la possibilité pour moi de jouer de la musique tous les soirs…

juin 2005 par Laurent.

BRANT BJORK – avril 2005

Brant Bjork, Globe-trotter infatigable, était à nouveau de passage en europe en ce mois d’avril 2005. Grand habitué des concerts organisés par Orange Factory, cette tournée était pour lui une nouvelle occasion de faire une halte en Belgique. Malheureusement le Sojo de Louvain ayant du fermer ses portes, le concert aura lieu finalement dans la petite ville de Zichem, dans une petite salle attenante à un bar; bar où nous retrouvons un Brant Bjork fidèle à lui même, détendu et souriant. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions, en particulier sur le nouvel album, mais aussi la possibilité de parler de deux choses qui lui tiennent à coeur: la scène et son label Dunarecords.Pendant ce temps, Vic du Monte joue au baby-foot derrière nous à grands renforts de cris et de jurons. Trempé de sueur, il n’a pas l’air de comprendre comment il peut perdre contre ce qui semble être un vieux pilier du bar dans lequel nous nous trouvons.

Comment se passe la tournée jusqu’à maintenant?

Très bien. Jusqu’à présent nous avons vécu des concerts fantastiques, ça commence à vraiment bien marcher et je pense que les gens apprécient les shows. Et avoir Vic du monte avec nous en première partie, c’est une fierté.

Lors du premier show de la tournée, le 8 avril, tu as du faire la quasi-totalité du concert sans guitare, que s’est-il passé?

Ma guitare était branchée avec des vieux câbles et un de mes câbles était naze visiblement et ça a déconné, c’était bien malheureux. (Brant nous confiait avant l’interview qu’ils ne font jamais de soundcheck, ceci expliquant peut-être cela)

Comment as-tu vécu ce show car pour le public c’était un peu spécial, différent de d’habitude ?

Tu sais, je prends ce qui vient…. La guitare ne fonctionne pas, elle ne fonctionne pas. Et je me suis dis que c’était une bonne opportunité au final de me concentrer sur le chant ou de… danser ! C’était cool, j’ai passé un très bon moment, des merdes arrivent parfois mais je fais avec.

… Jamais eu envie de faire des spoken words ?

C’est marrant que tu me dises ça, car sur le prochain album, il y a justement un “spoken words”, accompagné par un fond musical mais bel et bien dans l’esprit “spoken words”

A propos du nouvel album, j’ai remarqué que tu joues quelques nouveaux titres en concert sur cette tournée. Où en est ce prochain album?

Alors, le nouvel album s’appelle “saved by magic” et c’est un album de Brant Bjork and the Bros qui contiendra une vingtaine de titres. Une moitié que j’ai enregistré moi-même et l’autre moitié avec les Bros. On l’a enregistré à Rancho de la Luna, avec le même mec que pour Local Angel et Jalamanta : Tony Mason. Si je devais le décrire, je dirais qu’il est en quelque sorte rempli de “collines” et de “vallées” dans l’esprit. Que dire d’autre… y’en a pour environ 85 minutes et ce sera un double album qui devrait sortir en juin, peut être juillet.

Les Bros ont-ils pris part à la composition de cet album ?

Non, je dois dire que je continue à écrire toutes les musiques. Mais tu vois; Mike apporte bien évidemment ses parties de batterie, Cortez est capable de jouer ce qu’on veut sur demande et apporte son propre son, donc finalement, on arrange plus ou moins tout ça ensemble….

Tu sembles très lié aux autres Bros et d’ailleurs, en concert, vous jouez de façon très proche, pas vraiment face au publique, un peu comme si c’était une répet’. Est-ce volontaire?

Cela vient de l’intimité de notre musique, nous aimons rester proche les uns des autres, nous voir, nous voulons ressentir la musique, écouter la musique et une partie de ce que nous faisons consistent en notre propre amusement. En fait, ce sont les chansons qui créent ça. Il y a un temps où je veux avoir un contact, un regard avec le public et il y a un moment où je veux revenir à la base de notre musique, sur scène avec mon groupe. Etant donné qu’on aime faire des concerts assez longs, je ne veux pas passer toute la soirée à “jongler” pour le public, on essaye de les distraire bien sûr, mais je veux aussi que le public vienne vers nous. On va vers eux mais ils doivent venir vers nous aussi et je m’efforce de conserver cet équilibre.

Et ça t’arrive parfois “d’oublier” que tu es sur scène face à un public ?

Oui parfois, il y a des moments où on est tellement pris par ce qu’on fait….

Lors des jams par contre, tu as besoin de communiquer avec le groupe, par les regards…

Oui, ils nous arrivent assez souvent d’improviser et j’aime bien garder un œil sur tout le monde.

Toujours à propos des concerts, pourquoi ne joues-tu aucun morceau de Local Angel ?

C’est une question intéressante…

En fait, si tu considères le laps de temps entre l’enregistrement de Local Angel et sa sortie, il coïncide avec le moment où les Bros se sont formés et pour tout dire, nous avons été tellement occupés que je n’ai pas vraiment pris le temps de leur montrer tout ces morceaux et qu’au final, je n’ai tout simplement pas ressenti le besoin de jouer ces chansons. Je pense que je jouerai certaines de ces chansons à certains moments.

De plus, les chansons que nous jouons actuellement commencent vraiment à prendre corps, elles deviennent riches grâce à l’expérience accumulée en concert. Et finalement, tout doucement je préfère écrire des nouvelles chansons pour apporter de choses différentes au show plutôt que d’intégrer les titres de Local Angel…

Donc ce n’est pas parce que c’est trop personnel ?

Je pense qu’une partie peut l’être. Même si j’ai apporté mon travail solo au sein des Bros en concert, Local Angel est un album véritablement solo, un album vraiment personnel et intimiste.

Il m’arrive tout de même de jouer certaines chansons de Local Angel, notamment lors de shows acoustiques.

Tu tournes énormément depuis 2-3 ans. Tu t’ennuies quand tu restes à la maison ?

Ça dépend, quand je suis chez moi en fait tout dépend de ce dont j’ai besoin. Parfois j’ai besoin de me détendre et donc c’est bien d’être chez soi, mais parfois il faut que je m’occupe, que j’écrive, que j’enregistre, que je bosse sur d’autres projets. Tout ça pour dire que j’adore ce que je fais et donc ça ne me dérange pas d’être occupé et j’apprécie tout simplement le temps passé à faire toutes ces choses.

Tu vas revenir en juillet, qu’est qui te pousse à venir si souvent en Europe? N’as tu pas les mêmes opportunités de tourner aux USA?

J’aime bien jouer aux USA. J’adore les fans qui viennent nous voir et les gens qui nous soutiennent et qui aiment notre musique. Mais aux USA, l’enthousiasme est assez spécial… je pense que dans l’ensemble, le marché européen pour la musique est plus intéressant et même que la culture en général est mieux perçue. J’apprécie cet état de fait tout simplement, les gens semblent plus concernés, plus compréhensifs envers la musique et j’ai l’impression que la communauté de ceux qui aiment la musique, le rock en particulier, est vraiment singulière en Europe et je veux venir ici le plus souvent possible et y prend part.

Souvent les artistes américains qui viennent jouer en Europe ont tendance à dire que le public européen est plus agréable que le public américain et tu sembles confirmer cela en quelques sortes avec tes propos…

Parfois, la plupart du temps, oui… Je pense juste que plus de gens en Europe regardent la musique comme quelque chose d’important. La musique c’est ma vie, donc je veux être là où c’est aussi important. Aux Etats Unis, il y a un petit groupe de personne pour qui la musique est très importante dans leur vie, ils en ont besoin mais au-delà de cela, la plupart du temps, la musique est quelque chose qu’on exploite, avec lequel on doit faire du fric. Tu vois lorsque l’on va dans un club on n’est pas toujours accueilli comme on l’attendait, c’est un peu comme s’ils s’en moquent.

Tu veux dire par là que les gens vont à un concert comme s’ils allaient à une fête ou juste boire une bière avec des amis et qu’ils ne viennent pas pour la musique….

Parfois oui, mais la plupart de ceux qui viennent aux concerts encouragent les groupes, y’a plein de gens très bien, je les apprécie. Mais je pense qu’il y a ce que j’appellerais le facteur “respect” lorsque les gens viennent te voir. En Amérique, il faut que tu sois un artiste qui vend des disques partout dans le monde pour qu’on te prenne au sérieux. Tant que tu n’as pas gagné de l’argent et que tu n’es pas reconnu par les médias alors tu n’est juste qu’un gars qui essaye de trouver sa place dans la musique. Je n’aime pas ce style de point de vue vis à vis de la musique, je ne juge pas la musique par ce qu’elle a rapporté mais par rapport au contenu, au cœur et l’âme …… tu vois, je ne vendrai sûrement jamais des millions d’albums, ce n’est d’ailleurs pas mon but, ce n’est pas nécessaire pour moi, pour ma carrière et c’est pour cela que lorsque je viens en Europe je peux être le musicien que je suis, je n’ai pas besoin d’avoir cette “réputation”

Que ferais-tu justement si le groupe devenait très connu et que tu vendais des millions d’albums ?

Je serais riche….(sourire)

Je veux dire, quel est ton sentiment sur le succès ? Je pense par exemple que ce ne serait pas ton truc de jouer devant trop de personnes.

Je suis d’accord. Beaucoup de personnes pensent que je suis intéressé par le succès et tout le reste mais ça ne m’intéresse pas. Je sais où mes efforts et mon travail me mènent et je préfère être à un niveau où je peux voir les gens, les toucher et être plus intimistes avec ux, et comme je te l’ai dis plutôt, je n’ai pas besoin de vendre des millions de CDS. Tu vois, je ne m’attends pas à ce que des millions de gens apprécient ma musique. Et si c’est le cas, c’est cool, avec le temps, peut-être que beaucoup de monde aura eu l’occasion d’écouter ma musique mais je ne vais pas courir le monde pour que des millions de personnes achètent, écoutent et comprennent ma musique car je pense tout simplement que ça n’a pas de sens pour moi. Je fais ce que je fais car je pense que c’est que je dois être et ce que je veux être, c’est un processus naturel et je ne vais pas essayer de changer, je prends ce qui vient.

Tu as évoqué la scène européenne, comment t’es-tu par exemple retrouvé à jouer sur l’album de Hulk ?

Il me semble que Hulk avait fait la première partie de Fu Manchu, j’ai peut être tord mais il me semble. Et ils sont tout simplement excellents, j’ai toujours pensé que ce groupe est excellent. J’avais quelques contacts avec Jack le batteur, et ce depuis la première fois que nous sommes venu en Belgique. On est devenu amis et il est venu pour enregistrer à Joshua Tree, on a passé du temps ensemble, et c’est vraiment des chics types qui ont un super groupe.

Jack justement, m’a dit que vous viviez plus ou moins tous près de Joshua Tree et du Rancho de la Luna, et que lors de leur venue en studio, tu passais par-là et qu’ils ont profité de l’occasion pour te demander de jouer sur leur album.

Oui, c’est un peu comme ça qu’est le Rancho de la Luna, les groupes y viennent, ouvrent une porte, disent bonjour et prennent une guitare, c’est vraiment sympa.

Tu as déjà joué avec beaucoup de monde en fait, avec qui rêves-tu de jouer un jour ?

Je te répondrai Dave Wyndorf de Monster Magnet (Sourires entre shinkibo et moi, mine interrogative de Brant) … tu connais Dave Wyndorf ?

On sourit parce qu’on a eu une discussion sur Dave Wyndorf très récemment … en particulier sur son attitude sur scène, c’est un peu trop pour nous….

Oui, c’est un peu trop pour moi aussi, mais je connais Dave depuis 1991 et je pense qu’il mène sa vie de rock star avec un niveau d’entertainment qui éclipse un peu son talent musical, mais ce gars a écrit des chansons excellentes. Et donc j’aimerai bien travailler avec lui car je pense que peut être, en le ramenant aux bases, vers quelque chose de plus traditionnel, ça pourrait être vraiment amusant. Malgré tout ce qu’il a pu connaître et vivre, ça reste un super musicien.

Et lui as-tu déjà posé la question ?

Je pense qu’on en a déjà parlé il y a quelques années, mais je n’ai jamais abordé le sujet sur le fait d’écrire des choses ensemble.

Toujours concernant les collaborations, la dernière sortie sur ton label n’est pas un de tes disques, peux-tu nous expliquer ce qui t’a poussé à sortir l’album de Vic du Monte’s Idiot Prayer sur ton label?

Oui, c’est la première sortie d’un groupe. Vic du Monte est un très bon ami, on a quasiment grandi ensemble et on a monté un groupe qui est devenu ensuite Kyuss. Et c’est un groupe fantastique, très bon esprit. Ce n’est pas dans le même style que la plupart des groupes de rock que je connais. C’est plus frais, en même temps plus enragé, très ” classique ” et influencé par le punk des 70’s. Un super groupe avec de bonnes chansons, un bon groupe en concert. Alfredo Hernandez joue de la batterie avec eux. C’est génial.

On sait que ça n’a pas été facile pour lui de trouver un label et je pensais qu’éventuellement, comme ami, tu lui avais dis de venir chez Duna.

Oui, je suis allé chez lui pour une fête de Noël, Chris a fait un concert où il jouait son album et je lui ai dit, ” tu veux le sortir ton album ” et il m’a dit ” oui bien sur, j’adorerai sortir ce truc… ”

Vas-tu sortir d’autres groupes sur ce label ?

Oui, on va sortir d’autres choses sur Duna. On va sortir un album de Mario Lalli, il va faire un album solo. On a aussi évoqué le fait de sortir des vieux trucs de Yawning Man. On est aussi en pleine production et tournage d’un film en 8 et 16 mm. Ça sera une expérience visuelle sur cet endroit où on a grandit qu’est le désert de Californie. Et je vais aussi me servir de mes enregistrements sur mon 4 pistes, depuis Jalamanta, tout ce que j’ai enregistré, mes démos etc.… et je crois que je vais les utiliser ainsi que de nouvelles choses pour accompagner cette expérience visuelle qui sortira sur DVD.

Mais au final pas vraiment de groupe qui sortent de ton cercle d’amis… Si un groupe vient te voir et te dit ” écoutes ce qu’on fait et produis nous “

Ça dépend du groupe, cela devra être un groupe pour lequel ça aura un sens pour nous de sortir leur musique. …. On est vraiment encore très très petit et s’investir dans un groupe venant de l’extérieur, c’est quelque chose que je voudrais bien faire mais on doit être prudent avec ça, tu sais, ce n’est pas si simple. Je pense par exemple à ce groupe qu’on a vu l’autre jour, Orange Sunshine, au Roadburn festival. Ils sont géniaux, j’ai vraiment apprécié, et je voudrai bien par exemple sortir leur musique mais si ça se fait, tu ne sais pas du tout si ça peut marcher.

Et dans l’avenir, peut-on espérer te revoir un jour derrière une batterie ?

Oui bien sur, il m’arrive encore de jouer de la batterie parfois. Je me suis un peu retiré de la vie de batteur. J’ai joué de la batterie dans des supers groupes et je me sens privilégié pour ça, mais à ce point de ma carrière musicale, vis-à-vis de la musique que j’écris et chante, je ressens plus le besoin d’avoir une guitare avec moi, j’adore ça. La batterie c’est plus à la maison maintenant pour moi, lors des enregistrements.

Tu sembles toujours de bonne humeur et positif. Quel est ton secret?

Je pense que parfois c’est trop facile d’être négatif, de dormir et rester ” sombre “. Je sais que peut être parfois la vie n’est pas simple et que c’est en partie ma responsabilité de ne pas laisser les gens se décourager. Je travaille moi-même très dur, je suis comme tout le monde, j’ai des hauts et des bas, et je me bats pour toujours garder la tête haute. D’un autre côté, je fais ce que je veux, je suis très chanceux et je parcours le monde pour jouer ma musique…

avril 2005 par Jihem.

YAWNING MAN – mars 2005

Yawning Man est l’un des projets (groupes ?) les plus excitants de ces derniers mois. Composé de la fine fleur du “pur” stoner américain made in Palm Springs, le trio instrumental sort son “premier” album (“Rock Formations”, en réalité leur dernier album, composé de chansons récentes, alors qu’ils ont assez de vieux matériel inédit pour en sortir un double…) chez nos amis de Alone Records. Gary Arce, guitariste de la formation, nous en dit plus long sur ce mystérieux mais passionnant combo…

 

“Rock Formations” vient de sortir, comment décrirais-tu la musique que l’on peut y trouver, pour inciter nos lecteurs à se le procurer ?

Je dirai avant tout que c’est de la musique originale. Très “cinématique”, très atmosphérique en quelque sorte, très liée à des paysages, des ambiances… Une chose est sûre, ce n’est pas du “stoner rock” très classique !

Je distingue vraiment une certaine influence “latine” dans votre musique, or ce qui me paraît étrange, c’est que je n’ai pas senti cette culture (mexicaine ou hispanisante) lors de mes divers passages dans les environs de Palm Springs, je trouve donc cette influence étonnante, quand on voit à quel point Yawning Man est lié à cette région…

La ville de Palm Springs correspond plutôt à la partie “touristique” du désert, et les seuls mexicains que tu y trouveras, tu as raison, sont dans les cuisines des restaurants… Mais si tu vas au Sud de la ville, à peine 30 minutes de route plus loin, tu te trouveras à La Quinta, Indio, Coachella, et là tu trouveras plus de 75% de mexicains ! Je vis moi-même à La Quinta, à environ une heure de route de la frontière mexicaine. Et si tu entends cette influence latine, c’est bien parce qu’Alfredo et moi avons grandi dans cet environnement. Nos deux familles organisaient régulièrement des fêtes de “jardin” traditionnelles mexicaines, avec des mariachis et de la musique mexicaine (avec des groupes qui venaient jouer). C’est quelque chose qui est dans notre sang et dans notre tête depuis notre enfance… J’entends toujours, de temps en temps, de vieilles chansons traditionnelles mexicaines que j’écoutais chez mes grand-parents quand j’étais gosse. Et c’est la même chose pour Alfredo…

Tout s’explique… Mais au delà de cette influence “culturelle”, j’ai vraiment du mal à rapprocher votre musique d’autres groupes. De quels artistes te sens-tu le plus proche musicalement ?

L’une de nos grandes influences est le groupe Blind Idiot God, qui était sur SST Records (ndlr : label plutôt orienté punk, qui a sorti quelques albums très sympathiques, dont les premiers Fatso Jetson, The Sort Of Quartet, etc…). C’était aussi un groupe totalement instrumental. De la très, très belle musique, un peu décalée, très aérienne, quasiment onirique. Ils influencent notre musique depuis toujours.

 

Après quelques écoutes de votre album, on pense parfois à la B.O. d’un film, et je pense notamment à la superbe composition de Ry Cooder pour le film “Paris, Texas”. Penses-tu toi aussi que votre musique se prèterait probablement à une B.O. de film ?

Merci d’abord pour la comparaison avec Ry Cooder, c’est un incroyable musicien, et un pur “bad ass”. J’adore vraiment sa musique. En ce qui concerne les B.O. de film, ce n’est pas un exercice très facile… Des gens nous demandent régulièrement si nous avons déja composé des musiques pour des films – et la réponse est toujours “malheureusement non”. Mais si quelqu’un nous demandait si nous étions partant pour le faire, j’adorerais ça ! Je vais même te dire plus : j’adorerais ne faire que de la musique pour des films !

Quoi qu’on dise, Yawning Man sonne un peu comme Fatso Jetson, je trouve, surtout en ce qui concerne le son de guitare. Or ce qui est étrange finalement, c’est que Mario (Lalli, guitariste de Fatso Jetson) joue de la basse dans Yawning Man, or c’est toi qui joue de la guitare dans Yawning Man, pas lui. Cette similitude semble donc étonnante, comment l’expliques-tu ? Attribuerais-tu donc plutôt ces similitudes au fait que vous partagiez des influences musicales communes ?

C’est une question difficile… Yawning Man existe depuis bien plus longtemps que Fatso Jetson. Or j’ai toujours été le guitariste de Yawning Man. J’ai déja joué avec Fatso Jetson (ndlr : sur l’album “Flames for All”, sorti sur le label Man’s Ruin) et écrit des chansons avec eux. Effectivement, nous aimons tous les deux les mêmes styles de guitare, “surf”, latin… Mais qui sait ? Peut-être que l’on s’influence l’un et l’autre ? J’entends parfois des choses dans Fatso Jetson qui ressemblent beaucoup à mon style d’écriture, et je suis sûr et certain que Mario entend ici ou là dans les chansons de Yawning Man des plans que j’ai écrits et qui ressemblent à son style… C’est très naturel et très sain, je pense…

Mario et toi vous connaissez depuis longtemps, mais depuis quand jouez-vous ensemble ? On peut lire ici ou là que tu jouais de la guitare dans l’un de ses premiers groupes, Englenook, ou bien de la basse, aucune biographie n’est très claire là-dessus… Peux-tu nous éclairer sur vos débuts ?

Je n’ai jamais joué dans Englenook en fait ! Alfredo et moi avons commencé à jouer ensemble, seulement avec une guitare et une batterie, puis Mario nous a rejoint à la basse. Voici un peu comment cela s’est passé : nous habitions tous dans la même maison, et Alfredo et moi étions au chômage à l’époque, nous passions donc nos journées à boire des bières et à faire de la musique. Et quand Mario rentrait le soir du boulot, crevé, on le harcelait pour qu’il vienne jouer avec nous pour essayer toutes les super idées que nous avions eues dans la journée ! Au début il n’était pas trop partant, il avait Englenook, à l’époque, il n’était pas vraiment intéressé. Et puis un jour, il est rentré du travail et il a commencé à jouer avec nous à la basse. A partir de là tout s’est enchaîné naturellement et depuis ce jour nous n’avons plus jamais arrêté de jouer ensemble. Un peu plus tard, son cousin Larry nous a rejoint en tant que second guitariste. Et c’est comme cela qu’est né Yawning Man.

Revenons à ce que tu sous-entendais juste avant : on trouve ici ou là, dans les bios des autres groupes par exemple (Fatso Jetson, etc…) des informations contradictoires sur l’implication de chacun des membres du groupe, sur leurs activités, etc… C’est quand même étrange que rien ne soit plus clair sur vos parcours respectifs ! Par exemple, on peut lire un peu partout que tu as, par moments, quitté le groupe…

Je n’ai jamais quitté le groupe. Moi aussi j’ai lu sur internet ce genre de choses. Je ne sais pas d’où ça vient, je ne sais pas qui a propagé ce genre d’informations, mais c’est complètement faux, tu as raison. Alfredo et moi on a été choqués par certains des trucs que l’on dit dans nos biographies respectives ici ou là, ou dans des soi-disants historiques de nos groupes… Alfredo et moi avons tous les deux créé ce groupe, et j’en suis le principal compositeur. A partir de là c’est particulièrement décevant de lire ce genre de trucs. Mario et son cousin Larry ont parfois échangé leurs instruments, en concert, ça peut expliquer certaines de ces informations erronées, mais pas toutes…

 

Presque anecdotiquement, Yawning Man s’est en quelque sorte transformé en The Sort Of Quartet, alors que la musique n’est pas vraiment la même…

Non, je te confirme ! (hahaha) Les membres du groupe sont les mêmes, par contre, tu as raison.

Alors qu’en est-il aujourd’hui de Sort Of Quartet, est-ce terminé depuis que Yawning Man est “re-né” ?

“Re-né” ? C’est un drôle de terme, je trouve, surtout quand tu penses que Yawning Man ne s’est jamais vraiment rrêté ! Nous n’avons en tout cas jamais arrêté de jouer tous les trois sensemble, que ce soit sous l’étiquette “Yawning Man” ou bien tout autre groupe, ou projet… Mais c’est vrai que vu de l’extérieur, ça doit donner cette impression…

Pourquoi a-t-on selon toi ce sentiment, justement, que Yawning Man “re-vit” depuis récemment (la sortie d’un album de nouvelle musique, la sortie annoncée de vos vieux morceaux en 2005, une tournée européenne prévue…)… Pourquoi maintenant ?

Et bien ce n’est pas très compliqué : j’ai composé ces chansons, en les enregistrant sur un magnéto merdique, et je voulais vraiment les jouer avec des musiciens. J’ai donc appelé Mario et Alfredo. On a répété un petit peu, et on a foncé direct dans un studio pour enregistrer tout ça. Le fait que l’on ressorte maintenant ces enregistrements, je ne sais pas, c’est juste comme ça que ça s’est produit… On avait toutes ces vieilles bandes dans une armoire quelque part, et on trouvait vraiment que c’était trop bête de les voir vieillir là, alors on s’est dit qu’il faudrait vraiment se bouger les fesses pour les sortir ! Mais comme je te disais tout à l’heure, ce n’est pas comme si on avait arrêté de jouer ensemble entretemps et que tout d’un coup on souffle sur la poussière de nos instruments et qu’on essaye de rejouer nos vieux morceaux… On n’a jamais arrêté de jouer.

 

D’accord, mais vous jouiez sans aucune “trace” de votre musique (album ou autre…). Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant, quelque part, de ne voir votre premier album sortir que maintenant, après une si longue “carrière”?

Non, parce que nous avons tous été amenés à jouer avec d’autres groupes, et à enregistrer d’autres albums depuis le temps, que ce soit Fatso Jetson, QOTSA, Sort of Quartet, Oddio Gasser… Ce n’est pas comme si après Yawning Man on s’était tous arrêtés de vivre et de jouer pour faire tout autre chose : nous avons tous joué et enregistré d’autres choses. Et puis le mot “carrière” que tu as employé n’est vraiment pas approprié au monde musical : carrière, c’est comme quand tu as un métier, et travailler ça craint, je ne considère donc pas Yawning Man – ou n’importe quelle partie de notre musique, d’ailleurs- comme une “carrière”.

Pourquoi avez-vous choisi le label Alone Records pour sortir vos premiers albums ? Cela semble étrange, c’est un label européen, or vous êtes américains…

Alfredo connaissait Alone Records, et puis Miguel (ndlr : le président de Alone Records) avait vraiment l’air très cool et honnête. De plus, il aimait vraiment la musique du groupe, et il tenait à sortir ces disques. Après, le fait que ce soit un label européen ou américain, qu’est-ce qu’on en a à faire ? On se fiche d’où tu viens, tant que t’es un mec cool, c’est tout ce qui compte…

La première chose qui surprend sur “Rock Formations” c’est le fait qu’il n’y ait pas de chant… Est-ce un choix délibéré ou bien est-ce que ça s’est simplement présenté comme ça, au fil de votre évolution ?

Nous nous sommes orienté vers la musique instrumentale très tôt, en fait, c’était vraiment l’influence du label SST sur nous. On ne pense pas vraiment au chant dans notre musique. J’ai sincèrement l’impression que ça fonctionne très bien tout seul, sans chant.

Oui, je confirme, par contre une chose m’intrigue : comment choisissez-vous les titres de vos chansons ? Est-ce que c’est vraiment dépendant du contenu des chansons, ou bien est-ce des noms bidons que vous choisissez après une cuite entre potes ?…

En général on écrit la musique d’abord, et ensuite on trouve le titre. C’est souvent lié à quelque chose dans notre ville ou notre environnement, comme un nom de rue par exemple, ou le nom d’un canyon ou d’un massif rocheux des environs.

Parlons un peu de l’avenir à court terme pour le groupe. Une tournée Européenne est déja planifiée, mais avez vous des concerts prévus aux Etats-Unis aussi ?

Oui, avec un peu de chance, une semaine environ en Californie…

Et quels sont tes plans pour les mois prochains, après la tournée européenne ?

Nous allons nous concentrer sur l’écriture de nouvelles chansons, et j’espère que nous pourrons les enregistrer et les sortir rapidement ensuite !

 

mars 2005 par Laurent.

ZAMARRO – mars 2005

Le « stoner rock » est un créneau trop peu connu en Suisse, malheureusement. Il s’agit simplement de bon vieux rock qui peut prendre tout un tas de formes différentes mais qui fait appel à ses racines les plus basiques. C’est souvent un très gros son, de gros riffs et une bonne grosse claque dans ta gueule ! C’est bien cela que je me suis pris quand j’ai découvert “Lust In Translation”, le premier album des Suisses-allemand de Zamarro. Un album que j’écoute encore et encore. A vous de le découvrir…

 

Tout d’abord, pouvez-vous présenter Zamarro à nos lecteurs et raconter votre histoire?

Salut, nous sommes trois mecs de Bâle et nous jouons du rock dur, puissant et direct. Nous aimons beaucoup être en tournée, faire la fête et être baptisés, transpirer. Nous avons tous les trois déjà joué dans plusieurs groupes (avant Zamarro): Hellmute, Phased, Lunazone, Psylo, et d’autres encore. Mais maintenant nous sommes heureux avec notre bébé Zamarro.

Vous avez dû changer de nom, comment l’expliquez-vous?

C’est une sale histoire. On s’appelait Zorro auparavant. Quand nous sommes rentrés de notre tournée aux Etats-Unis, nous avons reçu une lettre d’une boîte appelée “Zorro Productions Inc” à Berkeley (Californie). Pour une questions de copyrights, nous devions soit changer de nom, soit payer des redevances (sur tout, même sur des cachets pour des concerts !). Nous avons donc décidé de ne plus être des bons gars (Zorro) mais de devenir des filous (“zamarro” en espagnol).

 

Concernant “Lust in Translation” sorti l’année dernière, comment le voyez-vous aujourd’hui?

Nous aimons toujours cet album. Jack Endino a fait un super boulot avec nous en studio. Notre grande passion (lust) pour le rock est traduite sur cet album

Que veut dire stoner rock pour vous? Pensez-vous que le stoner est la dernière aventure du rock?

Eclate-toi et rock’n’roll héhé ! C’est peut-être une aventure de plus, mais certainement pas la dernière.

Musicalement, quelles sont vos principales influences?

Probablement n’importe quel bon rock. Nous écoutons par exemple des groupes comme the Cult, AC/DC, Hellacopters, Dirty Power, Kyuss ou Iggy Pop.

 

Comment c’était de tourner avec Adam West l’année dernière ? Et parlez-nous du split-7”.

Wouah, c’était tellement génial de tourner avec ces mecs! Ils sont nos frères maintenant! Nous avons pu jouer dans des clubs immenses et rencontrer des tas d’autres potes du rock’n’roll. Nous voulons encore partir en tournée, nous voulons ressentir encore ces sensations! Nous avons fait un split-7” ensemble (sur No Balls Records, Allemagne), mais il était déja en rupture de stock avant la fin de la tournée.

Vous donnez énormément de concerts, c’est impressionnant. Quel est, à votre avis, le secret de tourner autant?

Jouer en concert est ce qu’il y a de plus important pour un groupe de rock. Mais il faut le vouloir, investir beaucoup de temps, et péter un câble de temps en temps. Dès que tu commences à tourner, tu deviens accro.

La qualité des groupes suisses n’est plus à prouver. Pourquoi pensez-vous que ce soit si difficile de percer pour eux? Ils n’ont pas à rougir face aux groupes étrangers, musicalement parlant.

On a tellement de possibilités en Suisse. Pourquoi perdre du temps pour un truc qui ne te fera sûrement jamais gagner d’argent? Dans d’autres pays, ils s’engagent à fond, ils n’ont pas peur d’y perdre au change – c’est une grande différence. Et peut-être cela a-t-il à voir avec le marché de la musique qui est petit en Suisse.

Que connaissez-vous de la scène rock romande?

Il y a des groupes vraiment excellents comme Favez, Houston Swing Engine, Monkey 3, Kruger, etc.

Est-ce difficile pour un groupe suisse-allemand d’être connu en Romandie?

Oui, c’est difficile. La Romandie est très influencée par le marché musical français (qui est très différent du marché allemand). Tant que ton album n’est pas sorti sur un label français et soutenu au niveau de la promotion, c’est vraiment difficile d’entrer sur ce marché. Mais chaque fois que nous avons joué en Romandie c’était génial. Il y a un bon public rock’n’roll!

 

Quels sont vos plans pour 2005? Vous avez déjà des idées pour un nouvel album ou vous allez continuer à donner des concerts?

Nous sommes en train d’écrire de nouveaux morceaux, en octobre nous retournons à Seattle. Nous entrons en studio avec Jack Endino qui va produire notre deuxième album également. Mais nous allons aussi continuer à jouer live parce que c’est très important pour nous de voir les nouveaux titres en live.

Quand donnerez-vous des concerts dans notre région?

Dès que des promoteurs nous feront jouer ! Avec un peu d’espoir nous aurons beaucoup d’appels après cette interview!

Quels albums recommanderiez-vous pour apprendre à connaître le stoner?

Kyuss “Blues for the red sun”, Fu Manchu “King of the road”, Lowrider “Ode to lo“, Unida (The never released album).

Quels sont les derniers albums de stoner que vous avez découverts et qui valent la peine ?

Clutch “Blast Tyrant“, Hermano “Dare I say“. Mais attention, nous nous voyons plus comme un groupe de rock que comme un groupe de stoner!

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Venez nous voir! Achetez nos albums! Rendez-nous riches!

mars 2005 par David Margraf.

ATOMIC BITCHWAX – mars 2005

A l’aube d’une tournée européenne qui passera par chez vous en compagnie des suisses Mean, nous avosn pris la température auprès du trio stoner reicain, par l’intermédiaire du bassiste Chris Kosnik (qui officie aussi chez Black Nasa…). Assez méconnus dans nos contrées, ces rockers-là distillent un rock’n’roll fougueux et planant dans la plus pure tradition stoner. Ils seront de retour dans les bacs avec leur quatrième (troisième ?) album en mai prochain, “3”.

 

Votre prochain album sort dans deux mois. Que pouvez-vous me dire à propos de cette production ?

Et bien le nouvel album sera intitulé “3”. Finn Ryan y assurera les guitares ainsi que la voix. Les parties chantées seront plus importantes que sur nos deux premiers albums. Nous considérons qu’il s’agit de notre troisième album car “Spit Blood” était plutôt un EP avec des reprises et d’anciens morceaux inédits.

Vos deux premières productions sont sur le label Tee Pee et la dernière sur Meteorcity. Quelqu’un m’a dit que Tee Pee n’étaient pas corrects [ndlr : voir interview Orquesta Del Desierto 2003…], est-ce pour cette raison que vous avez quitté ce label ?

Ouais, Tee Pee nous doit une tapée d’argent. Depuis lors nous avons de bonnes relations avec Meteorcity qui nous ont toujours payé.

Sur quel label sera sorti “3” et qui le distribuera en Europe ?

Meteorcity sort cet album aux States en mai et nous pensons qu’un label anglais se chargera du job en Europe.

Pourquoi avoir choisi le même studio que celui dans lequel vous avez enregistré votre premier album il y a dix ans ?

Nous enregistrons là-bas depuis une dizaine d’années maintenant et un bon nombre de bons disques ont été faits dans cet endroit comme Solace, Core, Burnt By The Sun, Human Remains, Dillinger Escape Plan et même Skid Row à l’époque.

Est-ce une manière pour vous de retrouver vos racines ou la fragilité des premières expériences ?

C’est plus une histoire de confort. Nous connaissons vraiment bien l’équipe et ils nous ont bien poussé pour faire des disques solides.

 

Vous étiez en Europe à la fin de l’an passé pour une tournée. Vous n’aviez rien de neuf à promouvoir sur cette tournée comment cela s’est-il passé ?

Nous étions surpris de voir combien de personnes nous ont acheté nos vieux CDs. Nous avons vendu le solde de ces productions. Nous espérons avoir la même rupture de stock cette année.

Vous avez fait votre dernière tournée aux USA l’été passé. Quelle est la principale différence entre une tournée aux States et une tournée en Europe ?

Les Européens vont à un concert de rock une soirée et vont danser en club la soirée d’après. Une ségrégation plus importante existe aux USA. Nous aimons l’Europe parce que le but est de passer un bon moment peu importe qui joue ou passe des disques.

N’est-il pas difficile d’être un Américain en Europe avec la politique extérieure actuelle de votre gouvernement ?

Non, la plupart des groupes de rock américains sont contre le gouvernement. Les gens en Europe nous disent toujours à quel point ils sont désolés pour la tragédie du onze septembre et la merde que ça a été.

Vous allez tourner chez nous sous peu. A quoi devons-nous nous attendre pour cette tournée qui coïncidera avec la sortie du nouvel album ?

C’est la seconde tournée avec Finn dans le groupe et nous allons faire beaucoup plus de nouvelles choses cette fois parce que nous avons écrit la plupart des nouveaux morceaux du CD depuis notre dernière venue.

Qu’est-ce que Finn a apporté au groupe en tant que nouveau membre ?

La possibilité de tourner et il chante mieux que notre ancien chanteur qui se concentre sur son instrument désormais.

 

Votre “corporate image” n’a jamais changé. L’artwork de vos disques laisse toujours une place importante aux filles nues. N’avez-vous pas eut de soucis avec les mouvements féministes à cause de cette image un peu macho ?

Héhéhé, en fait nous avons plutôt reçu des photos de filles voulant être sur la prochaine couverture…

Votre dernier EP amélioré commençait par une reprise d’un groupe australien éminemment connu. N’est-ce pas réducteur de débuter un album de la sorte ?

Et bien comme il s’agissait juste d’un EP ce n’était pas du très sérieux. C’était juste amusant d’enregistrer “Dirty Deeds…”. Comme nous mettions ce morceau avec des anciens morceaux et des demos l’ordre n’avait pas vraiment d’importance à nos yeux .

“Spit Blood” est sorti il y a trois ans. Qu’avez-vous fait depuis ?

Chris Kosnik a sorti deux albums en 2003 et 2004 avec son groupe Black Nasa dont un chez Tee Pee et un chez Meteorcity. L’an passé Atomic Bitchwax a tourné en Europe et les deux groupes étaient du voyage.

 

J’ai lu tout un échange dernièrement à propos du lien entre la fumette et l’écoute de stoner. Quel est ton conseil pour se plonger dans cette musique ?

Nous fumons tous, mais je ne pense pas que cela importe beaucoup si tu fumes ou pas quand tu écoutes cette musique.

Je vous qualifie comme un groupe stoner. Quel est ton sentiment par rapport à la “mode” stoner actuelle ?

Nous avons débuté avant d’entendre ce terme. Je pense que les gens devaient juste pouvoir classer cette musique dans une catégorie précise. Nous ne sommes ni grunge ni metal alors l’étiquette stoner est née. Je pense que nous sommes juste un groupe de rock.

Comment qualifieriez-vous votre style musical pour un non-initié ?

Comme nous l’avons dit c’est du rock. Il y en a beaucoup comme ça, mais celui-ci c’est le nôtre !

mars 2005 par Chris.

HONCHO – février 2005

Honcho a sorti en ce début 2005 une véritable bombe, sous la forme de leur nouvel album “Burning in Water, Drowning In Fire”. Si bien que nous avons insisté pour nous entretenir avec Steinar, le furieux bassiste du groupe norvégien, pour en savoir plus sur cet album et prendre des nouvelles du groupe ! Grand bien nous en a pris, le bonhomme se révèle sympathique, passionné, et passionnant !

 

Peux-tu nous rappeler ce qui s’est passé dans la vie de Honcho depuis la sortie de “Corporate Rock”, votre album précédent ?

Steinar : On a fait plusieurs concerts après la sortie de “Corporate…”. Et puis on a subi un ou deux changements de line up : notre guitariste Jørgen Berggraf a laissé sa place à Rino Bambino, et notre chanteur Trond Skog a été remplacé par Lars “Eikind” Sætheren. Notre nouvel album, “Burning in water, drowning in fire” est dans les bacs à l’heure où je te parle, et nous encourageons vivement tout le monde à se le procurer, je pense qu’il montre vraiment l’évolution du “son Honcho”. Nous avons d’ailleurs fait un concert ici à Olso, dans la salle légendaire appelée “Last Train”, c’était plein comme un oeuf, le show était génial.

Quel accueil a été réservé à “Corporate Rock” ?

Les critiques ont été excellentes, nous n’avons vraiment pas à nous plaindre. Et puis, je ne pense pas, avec le recul, que nous aurions dû (ou que nous aurions pu !) faire quoi que ce soit différemment pour “Corporate…”, il reflète vraiment le groupe tel qu’il était à l’époque. Faire un album, c’est un peu comme faire un album photo. C’était un lieu et un instant, c’était tel quel…

Même si j’ai adoré “Corporate Rock” à sa sortie, on a vraiment l’impression que “Burning…” est encore plus abouti. Qu’est-ce qui différencie franchement ces deux albums selon toi ?

Nous avons beaucoup changé, le groupe s’est beaucoup développé, que ce soit en tant que groupe, d’ailleurs, mais aussi en tant qu’individus. Je pense donc que “Burning…” est un pas en avant plutôt naturel.

Sur “Burning…” on s’est vraiment surtout concentrés sur le son et les compositions : disons que l’on pensait tous que c’était deux points sur lesquels on pouvait faire mieux que sur “Corporate”, et je pense qu’on y est arrivés…

Disons que l’on ne s’est pas simplement dit “faisons un disque de hard rock”, on a essayé de composer un album plus “complexe”, dans le sens où on ne s’est surtout pas bridés, on y a mis toute la musique que nous avions “à l’intérieur”, sans tenir compte du genre musical. L’une des principales autres différences est l’ajout de parties plus mélodiques et “atmosphériques”, ainsi que tous les claviers présents sur l’album. Nous sommes de vrais fans des orgues Hammonds et Wurlitzers des années 60 ou 70, et Lars a vraiment assuré à ce niveau !

 

Le nouvel album sonne beaucoup moins “metal” dans un sens, beaucoup plus “blues”, et pourtant ça ne le rend pas moins efficace, le son n’est pas moins puissant pour autant. Etait-ce l’effet escompté ?

L’ambiance, le feeling blues existe toujours quelque part, bien caché, dans les fondements de la musique rock. En le laissant jaillir un tout petit peu, je crois qu’on est arrivés à un album beaucoup plus complexe et mature. Regarde tous les grands groupes : Zeppelin, Hendrix, Free, Cream, en fait c’est toujours du hard blues-rock ! Le Blues est la mère dont le rock n’est que la progéniture… C’est finalement plus un album de retour aux sources pour nous, un peu comme si on essayait d’atteindre le Saint Graal…

J’ai été particulièrement impressionné par la dimension “épique” de certaines compositions du dernier album, certainement propices à des envolées live intéressantes ! Est-ce que justement vous avez gardé en tête les contraintes du “live” lors de la composition de vos morceaux ?

Le développement des chansons et le style, le son eux-mêmes, sont venus naturellement. Tout ce qu’on fait, c’est prendre nos guitares et taper le boeuf autour de quelques riffs… c’est tout ! Bien entendu, ça peut paraître un peu téméraire de se lancer dans des compositions un peu trop “épiques”, après tout on ne peut pas vraiment se targuer d’évoluer dans le même genre musical que Pink Floyd, par exemple ! Mais ça marche pas trop mal, que ce soit de notre point de vue, mais aussi, apparemment, pour les personnes qui ont écouté l’album. Honcho est en grande partie un groupe live, et nous construisons donc nos chansons en fonction de la manière dont elles sonneront live.

Quelles sont les principales influences du groupe ? On discerne des tendances bluesy, comme on le disait tout à l’heure, mais aussi, du fait de la voix de Lars, des sonorités proches de Soundgarden ou Alice In Chains par moment…

C’est vraiment une question à laquelle il est difficile de répondre, car il y a plein de bons groupes… En plus de ça, on peut dire que la diversité est de mise parmi les goûts de tous les membres du groupe ! Mais je peux quand même, sans trop prendre de risque, dire que le rock des années 70, ainsi que le prog rock, occupent une place à part dans nos coeurs. Nous sommes de grands fans de Free, Cream, Zeppelin, King Crimson, Sabbath, mais nous écoutons aussi beaucoup de jazz, de soul music. Ceci explique peut-être que ce qui sort de cet album est particulièrement varié. On adore aussi les vieux bluesmen, comme Howlin’ Wolf, Muddy Waters…

En ce qui concerne la voix de Lars, et bien… elle est ce qu’elle est ! On ne peut pas lui demander de chanter différemment, simplement parce qu’il sonne de la même manière qu’un groupe de Seattle ! De mon point de vue, Chris Cornell fait partie des 5 plus grands chanteurs de rock de tous les temps, alors inutile de se prendre la tête : pour nous c’est vraiment un grand compliment.

 

A propos des changements de line-ups… Pourquoi sont partis Trond et Jørgen ?

Trond et Jørgen sont partis pour des raisons personnelles, mais aussi musicales. Je ne pense pas que je devrais détailler plus que cela ces raisons, je suis désolé. Rino et Lars se sont vraiment beaucoup impliqués dans le groupe, et ont apporté des aspects frais et nouveaux au son de Honcho. Ce sont pare ailleurs de très bons musiciens, et on est vraiment heureux de les compter parmi nous !

OK, parle-nous un peu d’eux, dans ce cas.

Lars nous a rejoint par pur hasard… ou presque ! Lars se faisait quelque peu discret sur la scène musicale de Oslo, depuis quelques mois, mais notre ancien manager s’est débrouillé pour lui mettre le grapin dessus, et l’a convaincu de rejoindre Honcho. Selon moi, Lars est le meilleur chanteur en scandinavie pour ce genre musical, inutile de te dire à quel point on est heureux de l’avoir dans le groupe ! Mais Rino a rejoint le groupe avant Lars. C’est en réalité notre ancien chanteur, Trond, qui nous a mis en contact avec Rino. Il a fait un super boulot sur les leads, c’est un super musicien, avec beaucoup de doigté, mais aussi doté d’excellentes oreilles !

Je crois savoir que vous étiez sur le point d’enregistrer un clip pour une chanson de “Burning…”, mais l’enregistrement a semble-t-il été stoppé… Que s’est-il passé ?

Et bien, il y avait un mec qui allait faire une vidéo pour la chanson “Some Say”. Mais du jour au lendemain, il nous a dit qu’il ne pouvait plus le faire… alors Rino et moi on s’est remonté les manches et on a pris le relais, tout seuls ! C’est une vidéo plutôt du genre “le groupe joue dans le studio”, on a beaucoup filmé dans notre local de répétition, avec la caméra autour de nous, comme en live. Ca sera certainement très cool, en fait ! Et puis on a déja prévu d’enregistrer un deuxième clip, pour la chanson “Messenger Messiah”. Mais cette fois nous le ferons faire par un professionnel.

Quels sonts vos plans pour l’avenir ?

On a déja fait quelques concerts en Norvège, juste après la sortie de l’album, et on aimerait vraiment faire une tournée en Europe cette année. Peut-être qu’avec un peu de chance on pourra jouer dans quelques festivals cet été, par exemple, ça serait cool. On compose toujours de nouveaux morceaux pour le prochain album, mais rien n’est prévu à l’heure actuelle là-dessus : pas de date de sortie ni rien, rien ne presse. Je peux juste te dire que “Burning…” ne sera pas notre dernier disque !

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février 2005 par Laurent.
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