Unida – Coping With The Urban Coyote

Unida - Coping With The Urban Coyote

Si il y a un groupe qui mérite de prendre la place laissée vacante par Kyuss, c’est bien Unida. Quelques mois après nous avoir titillé les tympans avec les 4 titres du split EP The Best of Wayne-Gro (en compagnie de Dozer), John Garcia et sa bande nous reviennent avec ce premier album intitulé Coping with the Urban Coyote. Et il faut bien avouer que Unida maîtrise le sujet comme personne.De son ancien combo, Garcia a gardé l’atmosphère oppressante et à laisser de côté l’aspect plus « expérimental » qui a pu en rebuter certains. Le résultat : un disque sur lequel les fans de rock pur et dur peuvent se jeter les yeux fermés.En vrac, on appréciera l’urgence et la rage d’un ‘Dwarf It’, la perfection d’un ‘Human Tornado’ ou encore la volupté d’un ‘You Wish’. On se laissera bercer par le ronron de la basse de Dave Dinsmore et les riffs assassins de Arthur Seay. Et surtout, on se laissera guider par la voix du maître John Garcia à travers ces 8 perles de heavy-rock bien comme on les aime.Bref, on en viendrait presque à se réjouir du split de Kyuss (qui a engendré avec Unida et Queens of the Stone Age deux groupes exceptionnels) tant ce disque, enregistré en seulement 10 jours, est un régal pour les oreilles.Bon, c’est pas tout ça, mais je vais aller retourner headbangé sur ‘Thorn’.

Cathedral – The Garden Of Unearthly Delights

Cathedral - The Garden Of Unearthly Delights

Il semblerait que les ex-gloires du doom européen aient trouvé refuges auprès du major métallique teuton Nuclear Blast car après Candlemass c’est les Anglais de Cathedral qui y sortent leur dernier effort. Débutant sur une intro glauque, cette production attaque d’entrée par un morceau que n’importe quel groupe de metal aurait pu sortir. La troisième plage, intitulée ‘North Berwick Witch Trials’, renoue un peu avec le style doom du groupe tout en lorgnant dangereusement vers la vierge de fer. Il faut attendre le quatrième morceau ‘Upon Azrael’s Wings’ pour s’immerger pleinement dans ce que nous pouvons attendre de ce groupe : du bon gros son dégoulinant de lourdeur sur un tempo lancinant. ‘Corpsecycle’ est du Cathedral tel que nous l’attendons et il précède une petite mélodie de deux minutes annonçant le dévastateur ‘Oro The Manslayer’ qui fait mouche avec ces gros plans de basse métronomique. ‘Beneath A Funeral Sun’ précède le mastodonte ‘The Garden’ qui s’étale tel une fresque aux multiples parties sur plus de vingt-six minutes ! Vingt-six minutes en compagnie d’un Cathedral jouant à deux à l’heure avant un petit retour après un long blanc pour nous dire au revoir et à la prochaine fois. Les amateurs trouveront leur compte avec cette nouvelle aventure dans l’impressionnante carrière de ce groupe que l’on a connu mieux inspiré.

Acrimony – Tumuli Shroomaroom

Acrimony - Tumuli Shroomaroom

Je me dévoue encore pour combler les manques INADMISSIBLES concernant les classiques du rock heavy et plombé que l’on honore dans ces pages. En même temps, j’ai été embauché plus ou moins pour ça, alors pourquoi bouder son plaisir ?

Acrimony est l’une des pierres emblématiques du doom (et du stoner) anglo-saxon avec leurs copains de Cathedral et Electric Wizard. Le trio gagnant. Ne cherchez pas, y’a pas eu mieux depuis. Encore un disque qui a fini par devenir un Saint Graal des internautes, les chanceux exaspérant les pauvres qui continuaient à lui courir après sur la toile alors que je suis sûr qu’un nombre incalculable croupit encore dans des vieux bacs des derniers disquaires d’occasions qui luttent dans nos petites villes de France et de Navarre. Puissent-ils trouver un jour un acquéreur qui saura les chérir à leur juste valeur. En attendant, Toreno de LeafHound a poursuivi sa démarche honorable de passionné et après avoir réédité les somptueux albums des Blood Farmers (dont il faudra que je vous parle prochainement) et autres tombeaux monumentaux du doom (Revelation, Iron Man, Acid King), a décidé qu’il était Perceval et nous a offert une réédition de ce mythique Tumuli Shroomaroom.

S’étant plongé dans le mutisme après la mort d’un des musiciens il y a quelques années (il semblerait qu’ils aient recommencé à jouer ensemble dixit Lee Dorrian dans le Decibel spécial Stoner), les Gallois n’étaient rien de moins que les Sleep, voir les Kyuss européens.Eh ouais, parfois il faut oser prendre parti, au trou l’objectivité, on parle de musique.
Friands de drogues (vous avez lu leur nom, ceux de leurs albums, je vous épargnerai ceux de leurs morceaux), avec un discours un brin écolo, voir celtique (vivi), le groupe jouait sans complexe. Un son monstrueux (encore pire (dans le bon sens du terme) avec le remaster), mastodontique, qui servait des riffs on ne peut plus accrocheurs, puant le metal sabbathien, le whisky, les champignons et la mousse des vertes prairies d’Angletterre, entrecoupées d’accalmies acoustiques fraîches et sautillantes. Acrimony était sans doute le groupe qui se prenait le moins au sérieux du trio cité précédemment et pourtant sûrement un groupe dont l’empreinte sur le rock burné n’a toujours pas pu être recouverte. Il faut dire qu’en plus de compos ultra bien ficelées, où l’épais grain sonore se répandait en volutes acides et lysergiques, sa particularité était son chanteur, Dorian (avec un ‘r’ cette fois), possédant un organe juvénile bondissant et complètement décalé et rendait le tout voyageur et hypnotique. Après tout comment aurait sonné Kyuss sans John Garcia ?

Bien que je pense qu’il n’est plus nécessaire d’en faire la promotion, tant cet album est entré dans le panthéon du stoner, s’il existait encore quelques-uns uns d’entre vous qui ne le possèderaient pas voir n’en connaitraient même pas l’existence, n’attendez aucune pitié de ma part. Avec un doigt frondeur, je vous montrerais du doigt et ricanerais du fameux rire narquois de Nelson : ‘HA ! HA !’.
Faut pas déconner quand même.
(j’vous mets la pochette de la réédition, elle est plus jolie)

Obiat – Eye Tree Pi

Obiat - Eye Tree Pi

Groupe cosmopolite aux origines hétéroclites (Pologne, Hongrie, Angleterre,…), Obiat est un groupe qui, après quelques premières écoutes peu passionnantes, se révèle bien plus intéressant qu’il n’y apparaît.

La musique du quatuor ne peut s’apparenter à aucun groupe en particulier, ou tout du moins à aucun groupe unique : on entend aléatoirement du Hawkwind, du Sabbath, du sHEAVY aussi pour la transition old school / new school, voire du Cathedral circa 1995. Ben ouais, y’a un peu de tout ça dans Obiat, et plus encore, si bien que l’on ne s’ennuie jamais : riffs stoner pur jus, passages über-heavy à la pelle, chant aérien subtilement nasillard (!!), le tout porté par des passages lents et planants juste comme il faut. La prod’ de Chris Fielding et du toujours efficace Billy Anderson permet à toutes les facettes du groupe de trouver une place sonore et instrumentale parfaitement adaptée : au-delà de la simple prod’ « au service du groupe », Obiat se repose sur cet improbable duo (l’un aux manettes, l’autre au mix) pour parfaitement incarner les innombrables ambiances du groupe (voir la subtilité de l’instrumental « Passive attack » ou du presque-dernier titre « House of forgotten sins »). Il fallait bien un travail de cette trempe pour rendre justice au talent et à l’ambition de ce quatuor décidément hors norme.

Disque de stoner, mais pas seulement, « Eye Tree Pi » devrait contenter les amateurs de montagnes russes musicales, de chansons accrocheuses et de compos audacieuses.

Compilation – Burn The Street Vol. 4

Compilation - Burn The Street Vol. 4

Bon, voyons voir ce que nous réserve Daredevil Records avec le volume 4 de leur célèbre compil “Burn The Street”…

Ca attaque fort avec une valeur sûre : Entombed, et un extrait bien lourdingue de leur dernier skeud. Bon ! S’ensuit un inédit des excellents El caco, très bon…
Ca enchaîne avec un autre inédit, provenant du groupe chouchou du label Meteorcity (et pour cause…), Spiritu. Ca donne une bonne idée d’où en est le groupe, dont le 1er album nous avait bien plu, et dont le line-up ne se stabilise toujours pas… On attend la suite, mais ce morceau est bien sympa.

Mastodon prend la suite avec “Blood and thunder”, un extrait de “Leviathan” : brutal, classieux… Du Mastodon, quoi.
Dans une veine moins classieuse, aussi brutale mais plus “graisseuse” (chacun son truc), Rite ne fait pas dans le léger non plus. Ca déboîte sec, avec une chanson de leur dernier album.

Alors là, ça commence à être un peu dur… au sens propre du terme d’ailleurs ! Nine prend la relève, et l’orientation musicale prend un tour heavy-thrash, qui peut plaire à certains, mais qu’on n’attendait pas sur telle compilation… Mouaip.
Un inédit de House Of Aquarius ensuite, bien sympa, aérien, lent, heavy, presque doomesque par moments… A noter quelques percus surprenantes sur la fin, mais plutôt bienvenues ! Fallait oser, vu le genre ! Très bon titre !

The Mighty Nimbus déboule ensuite, et même chose que Nine, le chanteur crache ses tripes dans le micro, les choeurs sont gutturaux… Bourrin.
Un extrait de Alabama Thunderpussy issu de leur dernier album devrait être une bonne nouvelle, sauf que je reprochais justement à ce dernier album son chant trop brutal… Dans l’absolu, ça reste du ATP, et un excellent titre, mais quand même, je sais pas si je deviens une fiotte avec le temps, mais cette compil commence un peu à m’écorcher les tympans…

Dove, ensuite, redonne une orientation plus “stoner” à l’ensemble, pour un morceau moyen, ultra -répétitif, au chant sous-mixé sous un riff énorme mais bien trop répétitif.
Ceci est suivi de Mother Misery, un groupe qui paraît bien sympathique, mais pas trop original avec leur hard tendance stoner sans flamboyance…

Et on revient à une mauvaise orientation avec Nine Days To No One, évoluant dans une sorte de gros heavy violent tendance neo-emo-indie brutal plombé (ouais, vous voyez bien le genre…), tant et si bien qu’on se demande ce qu’ils foutent là !
Final Benson paraît presque gentillet avec leur gros rock plombé, à la Lamont, ça balance pas mal, ça joue bien, et le morceau est bien foutu, sympa.

Allez, c’est reparti pour un tour avec les vocalistes abyssaux ou traumatisés, genre illustré ici par Couldron (morceau médiocre).Histoire de ne pas trop s’habituer, on trouve une sorte de clone de Tool (déja, groupe suspect) avec Third Kind. La copie semble tellement appuyée que j’ai du mal à apprécier la qualité de la chanson en soit. J’aime pas les copieurs.

Au bout d’une minute de chanson, j’ai l’impression que le chanteur de Strain a déja vômi au moins 4 ou 5 organes vitaux. M’inquiétant pour sa santé, je passe à la plage suivante.
Mendozza, donc, un peu plus sympathique, mais sans rien de très exceptionnel, vraiment.

On Parole fait remonter le niveau alors qu’on arrive gentiment à la fin du disque : le morceau, évoluant dans une sorte de stoner bien rapide et presque punk-rockesque, désarçonne et arrache quelques tapages de pieds : bon signe.
La compil se termine par un extrait bien heavy du dernier album de Solace, excellent.

Voilà, plein de hauts et plein de bas sur cette compil vraiment moins homogène et intéressante que le volet précédent. Petite déception, donc, mais on sait déja que le 5 reprend les choses en main de fort belle manière… Un petit passage à vide, on dira.

Spiritual Beggars – Live Fire !

Spiritual Beggars - Live Fire !

Un DVD digne de ce nom est bien ce qui manquait à la carrière par ailleurs irréprochable des Spiritual Beggars. On pourrait même se dire qu’ils en ont mis du temps, en constatant que le concert sur lequel repose littéralement ce DVD (et ses bonus) date de 2003 ! Qu’est-ce qui peut bien justifier ces 3 années ?!? Même si le concert a été filmé sur la tournée consécutive à l’un de leurs meilleurs albums (“On Fire”), j’avoue ne pas comprendre pourquoi ils ont ainsi traîné.

Il est temps d’enfourner le disque, donc (accompagné d’un zoli poster, pour info). On est un peu déçus à la vue des premières images : les bandes vidéo, le “manque” de grain du film, donnent étrangement une impression “amateur” à l’ensemble. Le filmage est très correct néanmoins (bon, c’est un peu énervant de retrouver un caméraman sur scène à côté des musiciens tout le temps, ils auraient pu le dissimuler un peu), mais le montage ne reflète pas lui non plus un professionnalisme remarquable : les effets vidéo un peu foireux (sur-saturation des images, noir et blanc ou bichromie de temps en temps, sans réelle justification, flous hasardeux, ralentis énervants) ne rendent pas hommage à la puissance live du groupe. Le son, quant à lui, est irréprochable : le mixage 5.1 est très honnête, et on profite clairement de tous les instruments. Personnellement je trouve qu’il manque “quelque chose” à l’incarnation live des Beggars, sous la forme d’un second guitariste pour être précis, qui appuierait franchement les riffs magnifiquement ciselés du groupe lorsque le père Amott se lance dans l’un de ces soli dont il a le secret. Mais c’est un détail, faut pas déconner.

Légère frustration encore : même si les plus grands “hits” des Beggars sont passés en revue, la part belle étant naturellement faite à “On Fire”, le show, constitué de 11 titres, dure un peu moins d’une heure ! Autant on en a pour son argent, autant on n’aurait pas craché sur quelques titres supplémentaires, pourquoi pas issus d’une autre concert ?…

Parlons des bonus : même si la liste est gargantuesque, au final, la vraie “matière” est constituée de trois vidéos : un petit reportage sympa sur les voyages à travers le monde du groupe en 2003 (live, promo, …), puis deux interviews, l’une de Mike Amott, et l’une de JB, qui débarquait à l’époque en tant que nouveau chanteur. Ces deux interviews, apparemment filmées dans un placard éclairé d’une lampe de poche aux piles usagées, sont assez sympathiques, mais pas non plus des interviews “en profondeur” comme pourraient les apprécier un fan pur et dur du groupe : on n’y apprend pas grand chose finalement, mais l’honnêteté du groupe réjouit toujours. Le reste des bonus est constitué d’une bio, une disco, des photos.

Bref, finalement, ce DVD fait honneur à la carrière du groupe, il est bien rempli, on en a largement pour son argent. Néanmoins, quelques frustrations (filmage et durée du concert, exhaustivité des bonus) et l’ancienneté stupide de son contenu le rendent tout à fait perfectible. Mais le plaisir est bien là finalement, et ce DVD tout à fait recommandable fait honneur à ce groupe honnête et modeste.

Zamarro – Lustintranslation

Zamarro - Lustintranslation

J’avais été très agréablement surpris, il y a quelques années lorsque j’avais procédé à l’acquisition d’un ep stoner tendance desert rock mitonné par ce trio helvétique (que je vous rassure tout de suite il n’est pas question ici de chauvinisme tant la partie francophone de notre montagneux pays n’a rien à voir avec la majorité germanophone). Comme à l’époque ce groupe se nommait différemment et que pour de basses raisons légales ils ont dû modifier leur patronyme (pour connaître l’ancien il y a un truc : vous prenez le nouveau vous remplacez la deuxième lettre par un o, vous virez ensuite toutes les lettres jusqu’au r et ne gardez que les trois dernières ; c’est vu), j’avais un peu zappé cette nouvelle production sortie en 2003.Le cavalier masqué n’est plus, mais l’esprit demeure sur cette production mise en boîte à Seattle. Onze morceaux se bousculent en un peu plus d’une demi-heure de rock pur jus fortement mâtiné de l’influence des groupes venus de la région de Palm Spring et piquant ça et là des plans assez proche du triumvirat rock’n’roll de Scandinavie composé des Hellacopters, Gluecifer et Backyard Babies. Rythmiques carrées, basse ronronnante riffs incisifs et rapides avec chants limpides posés dessus ; le groupe fait dans le terriblement simple, mais ô combien efficace. Seul morceau dérogeant au style du disque : ‘Zagreb’ sorte de ballade hard fm que n’auraient pas reniée certains acteurs des eighties.Même si quelques petites pointes d’orgue oldshcool n’auraient pas fait tache sur cette production, on est devant un produit d’excellente qualité que je ne saurai que trop vous recommander que ce soit pour ses plans rock’n’roll furibard comme ‘Behind The Moon’ ou ses pépites proche de la bande à Josh Homme comme ‘Faith’.

Yawning Man – Live at W2

Yawning Man - Live at W2

Ce DVD est en fait disponible dans une réédition du premier album du groupe. Cette édition est limitée à 500 exemplaires dans le monde.

Il aura fallu attendre pas mal de temps avant que Yawning Man ne se décide à sortir son premier album. Il en aura fallu beaucoup moins avant de voir arriver leur premier album live sous la forme d’un DVD accompagné d’une réédition de Rock Formation.
Appât du gain me direz vous après des années de vaches maigres ? Sûrement pas, car ce dit DVD n’est limité qu’à 500 exemplaires dans le monde. Y’a pas à dire, ce groupe atypique ne cesse de nous surprendre avec sa façon de faire hors du commun et parfois même ncompréhensible. Toujours est il que si vous avez la chance de pouvoir vous procurer cet objet et que vous avez un tant soit peu apprécié le premier album, je ne peux que trop vous conseiller de ne pas hésiter une seule seconde.
Filmé en Hollande au tout début de la tournée européenne du groupe, les douze titres qui composent ce DVD vous permettront de (re)découvrir ce que le groupe est capable de faire.
On peut s’attendre à ce que la performance filmée d’un trio instrumental soit quelque peu ennuyante mais il n’en est rien. Les changements de plan alternent entre plan fixe et plan en mouvement est rend l’ensemble assez dynamique et très agréable. Certains effets sur l’image contribuent aussi à cela avec notamment un effet assez bien choisi qui donne parfois l’impression de voir une veille vidéo d’archive des années 60, ce genre d’images légèrement granuleuses donnant au tout un certain caché, une sorte d’authenticité brute. Bref, une réalisation à la fois discrète et efficace, toute à l’image du trio.
La performance en elle-même est assez bonne. On voit bien que c’est le début de la tournée et Gary Arce a parfois quelques ratés. Billy Cordell est quant à lui particulièrement efficace et est capable de vous tenir une rythmique durant des heures. Que dire d’Alfredo Hernandez si ce n’est qu’une fois de plus, il est impressionnant de maîtrise et de décontraction, un vrai régal.
A noter que l’on trouve en bonus une interview du groupe d’une bonne dizaine de minutes où il est très intéressant de voir combien Gary Arce peut être à l’aise un micro à la main alors que ce même objet semble le terroriser sur scène.
Au final, un DVD qui ne s’encombre pas du superflu et qui nous donne ici l’essentiel, un bon concert servi par une bonne réalisation.

Sleep – Sleep’s Holy Mountain

Sleep - Sleep s Holy Mountain

En 1993, on comptait les groupes de stoner sur les doigts d’une main, alors les crossover stoner/doom, pensez donc, ça n’était même pas venu à l’esprit (quoique je m’interroge sur le fait de réfléchir avant de composer le moindre morceau de musique) des musiciens des genres incriminés, hormis peut-être Cathedral qui sortait cette année-là son ‘Ethereal Mirror’ dont la participation à la création du style devait être bien involontaire.

Le quatuor de San Jose n’avait jamais caché que son but était de succéder à Black Sabbath, allant jusqu’à remercier les musiciens anglais dans les très courts remerciements de son premier album, ‘Volume One’ ou plagier la pochette du «’Volume 4′ sur celle de son 7 pouces ‘Volume 2’ (vous avez saisi là, je pense).

Soit disant enregistré comme démo par le chantre de la musique lourde Billy Anderson et publié tel quel par Earache, l’album Sleep’s Holy Mountain résume parfaitement l’esprit qui animaient Matt Pike, Chris Hakius et Al Cisneros. Complètement drogués, inspirés par leur fumette et l’heroic fantasy, ils nous livrent un rock à pattes d’eph métallique et complètement débridé, d’influences 70’s évidentes, outre Black Sabbath, comme leurs compatriotes californiens Blue Cheer et autres combos psychés (comment ne pas se mouiller héhé). La production a beau avoir faibli avec les années, grâce aux amplis Matamp utilisés (le groupe profite même de l’inner sleeve pour publier une annonce ‘recherche ampli Orange’), au grain et au terrible son immédiatement reconnaissable, leur son qui allait s’amplifier avec les années (monolithique ‘Dopesmoker’) reste l’une de leurs marques de fabrique et indiquait la voie à suivre.

Pièce maîtresse avec son successeur, ‘Sleep’s Holy Mountain’ nous livre les clés du groove ‘sleep-ien’, entre déhanchements sabbathiens, dérives psychédéliques hallucinées et propagande pro-marijuana. A vouloir être le Sabb’ à la place du Sabb’, ces gars se sont imposés comme un autre modèle du genre ; fort, très fort.

Psychopunch VST – The Pleasure Kill

Psychopunch VST - The Pleasure Kill

Les initiales VST c’est pour Västeras qui comme vous le savez pertinemment se trouve en Suède et comme d’habitude nous nous trouvons devant un produit d’excellente facture (quand bien même il est frustrant de constater que quel que soit leur style de rock les groupes suédois réussissent dans l’ensemble bien mieux que leurs homologues du reste du continent européen). Psychopunch ne fait pas dans la dentelle. Ils n’utilisent pas de synthétiseurs, ils font dans le rock rapide et efficace qui sent la bière et la sueur. Les rythmiques sont simples mais (très) efficaces, le son des guitares est bien grailleux, les refrains sont repris en chœur dans la plus pure tradition punk et la voix rappelle par moments celle d’Alice Cooper. Pour vous faire une idée de l’efficacité de la musique de ces quatre garçons venus du froid jetez donc une oreille sur « Resinstate Me » qui est une petite perle du genre. Ce groupe ravira les fans de groupe comme les Backyards Babies, les Turbo A.C.’s, les Ramones, Motorhead etc…

Deville – Come Heavy Sleep

Deville - Come Heavy Sleep

Enfin de rudes gaillards du grand nord qui se distancent du son made in Sweden en évitant soigneusement la sempiternelle combinaison d’une big muff avec un compresseur! Deville cultive un son bien à lui en conservant la touche visqueuse et profonde qui sied tant à notre genre préféré tout en faisant montre d’une superbe dynamique très appréciable dans les passages les plus enlevés.

On navigue dans des eaux certes fraîchement contemporaines mais on ne peut s’empêcher de remonter à la source pour y découvrir les germes du splendide Siamese Dream des Smashing Pumpkins ou encore les senteurs des derniers albums de Soundgarden. Que l’on se rassure: cet album a parfaitement sa place en nos colonnes et tient la route de bout en bout. Si vous considérez les albums de référence que je viens de citer, oubliez toute l’agitation médiatique et les conneries invraisemblables que l’on a pu débiter sur ces groupes qui ont marqué les 90’s.

Des riffs simples mais plein de groove, des notes sombres et profondes, une basse aux lignes solides avec çà et là des relents bluesy, une batterie sans esbrouffe aux tempos parfaitement maîtrisés et, en surplomb, une voix légèrement rocailleuse qui laisse volontiers traîner la note pour accentuer le côté heavy des morceaux, le tout dans un mix de toute première qualité. Faites tourner cela à stock sur une sono avec des enceintes corrects et vous comprendrez immédiatement: l’onde de choc est très perceptible, dans le bon sens du terme.

Le côté profond et ravageur prend tout son sens dès la 3e plage (morceau éponyme “Come Heavy Sleep”) ou la dominance du ré grave se laisse séduire par le chromatisme du fa et du mi. Mais le côté relevé peut ressurgir après une plage instrumentale lorsque, dès l’intro de la 5e chanson (“Deserter”), la parfaite maîtrise du contre-temps se pratique via les 6 cordes dans un tempo volontairement accéléré pour l’occasion.

Le groupe s’en donne à cœur joie tout au long de l’album et peut sortir des sentiers battus de leurs morceaux plus traditionnels en se lançant dans de longs passages instrumentaux où l’on peut se perdre dans la brume épaisse des atmosphères pesantes. Mais ici, point d’ennui ni de bâillements, chaque note à sa place et une place pour chaque note. C’est magnifique d’entendre comment les chansons défilent de manière homogène et pensée avec, comme file conducteur, une très grande simplicité dans les compositions.

Si la 2e gratte souligne la tonique à l’octave ou à la quinte pour accentuer le côté lancinant, elle peut aussi verser dans l’un ou l’autre solo, éventuellement agrémenté de wah-wah, dans un canevas qui refuse toute forme de virtuosité mais qui, au contraire, dénote par son processus humble et réfléchi. Pour une toute première plaque de longue durée, Deville marque un grand coup d’entrée de jeu. Une très belle plaque!

Orquesta Del Desierto – Orquesta Del Desierto

Orquesta Del Desierto - Orquesta Del Desierto

Le moins que l’on puisse dire c’est que rien ne nous préparait à ça. Dès les premiers accords il est clair que ce que l’on va entendre n’a rien à voir avec les groupes des membres impliqués dans ce projet (en vrac, Fatso Jetson, Ché, Goatsnake, Kyuss). Parce que si Orquesta Del Desierto, sur le papier, a de faux airs de ‘all-star band’ du stoner rock, concrètement c’est une autre paire de manches. Dès le début, ‘Shadow Stealing’ donne le ton : une intro de batterie signée Alfredo Hernandez (du grand art) teintée de quelques percus bien senties, puis un riff étrange, une sorte de petit lick de guitare entêtant qui porte le morceau de bout en bout, soutenu de quelques guitares acoustiques du plus bel effet (littéralement), juste avant que Pete Stahl – l’un des plus grands vocalistes de sa génération – ne fasse montre de son timbre chaleureux et puissant. Puis, toujours sur le même rythme endiablé, s’enchaînent breaks bien sentis, solo de guitare électrique cristallin et limpide, solo de la section cuivres (!!), etc… Et de bout en bout, c’est ça : du jamais entendu, du ‘vrai’ inédit (pas de celui qu’on vous vend comme révolutionnaire tous les deux mois), du bon, du très bon. Et le tout fleure bon le sable chaud ; l’ambiance monte à la tête très vite, et l’on est vite enivré, submergé par l’émotion pure. Parce qu’oui, à coté il y a les très beaux ‘Waiting For That Star To Fall’ ou ‘Alicia’s Song’. Mais ils côtoient les joyeux (festifs !) ‘Make Fun’ ou ‘Scorned Liver’, sans parler de quelques OVNIs, tel ‘Smooth Slim’ et son riff de guitare étrange et obsédant. Et on se laisse baigner par ces nappes de guitares acoustiques, titiller les sens par ces percussions et ces cuivres, et bercer par cette voix tour à tour chaleureuse, enjouée ou émouvante. Non seulement vous n’avez JAMAIS entendu quelque chose ressemblant à cette musique, mais en plus c’est superbe. Un chef-d’œuvre intemporel en quelque sorte.

Suplecs – Mad Oak Redoux

Suplecs - Mad Oak Redoux

Je crois que ça fait bien 8-10 ans que je n’avais pas entendu de disque des Suplecs. Pourtant le groupe louisiannais m’avait laissé un excellent souvenir, notamment après les avoir vus plusieurs fois en live, en tournée avec Dixie Witch et Alabama Thunderpussy sur quelques dates en début de cette décennie. La mort de Man’s Ruin (leur label de l’époque), des sorties discrètes et des tournées sortant assez peu du territoire US n’ont pas aidé pour « garder le contact ».
br>Le choc musical n’en est que plus brutal ! J’avais le souvenir d’un groupe de gros hard stoner bien crade, aux rythmes lourds et aux rythmiques poisseuses, et je retrouve un groupe plus mûr, aux compos finement ciselées, au son presque propre, scandale ! Musicalement, le groupe a décuplé ses ambitions et ses prétentions, évoluant à cheval entre une quantité de genres musicaux dont ils tirent une synthèse réussie. On aborde ainsi le gros heavy qui tâche (avec refrains beuglés inside) sur « Stand Alone », le hardcore-metal old school (tendance Biohazard) sur « Fema Man », le punk rock sur « Once again », le heavy mélodique avec le super-catchy « World’s on fire ». Le tout est porté par une production propre, limpide, presque trop clean pour être honnête parfois. Heureusement, des passages plus poisseux viennent contrebalancer ce sentiment trop hâtif, à l’image du « presque » instrumental « 2×4 », qui suinte bon le bayou, ou encore le grassouillet « In your shadow », tour à tour sludgy et aérien (??). Dans le même esprit, le groupe conclut sa galette par l’incommensurablement glaireux « Switchblade » : lent, pataud, gras et sale, ce titre sur-heavy ravira n’importe quel amateur de la scène sludge estampillée NOLA.

Bref, vous l’aurez compris, difficile de vendre le dernier disque des Suplecs sur une promesse facile, autour d’un genre bien défini : devenu musicalement adulte, le groupe n’hésite pas à mélanger à son vieux sludge des débuts des influs variées et largement digérées. Les titres sont variés, superbement écrits, et l’on ne s’ennuie pas une minute. En revanche, le pur stoner-addict ne jugera pas l’investissement rentable s’il n’a pas un esprit ouvert. Pour ma part, je recommande chaudement.

Zatokrev – Bury The Ashes

Zatokrev - Bury The Ashes

L’aventure à la fois barrée et tourmentée que le groupe a initiée il y a déjà six années continue. Le trio originaire de la partie Suisse de la ville de Bâle n’a en rien modifié sa composition originelle avec Silvio derrière les fûts, Fredy aux guitares et vociférations ainsi que Marco à la quatre cordes et aux samples.
La discographie de cette formation avait débuté avec la sortie d’une autoproduction sobrement intitulée ‘Demo’ qui fut remarquée par la presse spécialisée et divers médias indépendants. Un premier long format, ‘Zatokrev’, suivi rapidement chez Division Records et bénéficia d’une distribution chez Earache outre-atlantique. Sur le plan des live, même si son style est parfois difficilement accessible au grand nombre, Zatokrev a accompagné un nombre impressionnant de formations bruyantes sur scène depuis ses débuts en deux-mille-deux dans des styles assez variés quoique toujours orienté vers le metal.
Ils reviennent ces jours sur une nouvelle structure indépendante qui a vu le jour à Bâle et qui s’est donné pour mission d’apporter son support aux formations métalliques underground talentueuses : Czar Of Crickets. Ce nouvel effort est à l’image de sa pochette – une réussite graphique au passage – l’univers sonore est d’une extrême noirceur, d’une froideur profonde et d’une lourdeur oppressante. Flirtant avec le doom, le metal barré, le post-hardcore furieux et des plans bien planants un peu comme Cult Of Luna ou Rosetta le fait, Zatokrev nous livre-là un tout bon cd dans un registre qui tend à se développer ces derniers temps au grand dam de certains.
‘Trial’ est à mon sens le meilleur des six morceaux qui composent l’album. Il est d’une longueur acceptable pour ce type de musique en frôlant le quart-d’heure et élève le débat au-dessus des premiers brefs morceaux de cette production qui flirtent avec les univers musicaux de Mastodon ou High On Fire. Pour clore ce troisième chapitre de leur existence, le trio a opté pour deux longues plages très ambient avec leurs nappes synthétiques dont je ne suis pas très fan.

ZOE – Dirty Little Sister

Zoe – Dirty Little Sister

Comme j’avais affectionné la première production de ce groupe du Nord de la France, je n’ai pas boudé mon plaisir lorsque le groupe m’a annoncé l’imminente sortie de leur second opus. Lorsque mon facteur a bien voulu balancé cette plaque dans ma boîte aux lettres, j’ai enfin pu faire plus amples connaissances avec le successeur de ‘Make It Burning’ et avant même de me faire ramoner les cages à miels à grands coups de riffs overdrivés, il a fallu passer par le step analyse de l’emballage.
Les Nordistes n’y sont pas allé avec le dos de cuillère en confiant le packaging de leur nouvelle galette à Cap’tain Nico. L’amateur de bédés que je suis a été séduit d’entrée de jeu par le style comic rock’n’roll de la chose. Rappelant les bons vieux pop ups (qui ont eu été quelque chose de graphique et magique avant d’être des nuisibles sur internet) d’entant avec un découpage soigné et même trois pièces mobiles à découper soi-même, l’écrin du nouvel Zoe vaut son pesant d’or ! Le seul bémol à émettre au niveau de la jaquette réside dans le mode de fermeture que l’illustrateur du quatuor a dû trouvé dans les mémoires du Marquis de Sade. Je crains que le tentacule du poulpe qui sert d’ouverture ne tienne pas sur la longueur et c’est un peu dommage pour un skeud qui n’est pas voué à rester enfermé dans son emballage. Quoiqu’il en soit, Zoe décroche la palme avec sa pochette qui dépote !
Question dépotage, il n’y a pas que le graphiste qui tienne la route car nos lascars ont mis a profit ces trois dernières années pour muscler encore leur style et cet opus envoie le bois dès les premières mesures et maintien la pression durant les quarante-sept minutes que dure ce disque. Le travail effectué en studio entre novembre deux-mille huit et mars deux-mille neuf fait fi des fioritures et de la surproduction. Ça balance le bois dans la plus pure tradition sauvage du rock’n’roll et le rendu a une putain de patate qui sonne bien live sans toutefois taper dans les plans brouillons.
Ce style, proche de l’urgence, met bien en avant les rythmiques couillues et les guitares saturées qui prennent un peu le pas sur les parties vocales sans les éclipser fort heureusement. En optant pour une approche aussi rentre-dedans le groupe ce rapproche cette fois plus de Motörhead que de Queens Of The Stone Age avec des brûlots comme ‘On The Other Side Of The Tracks’ ou ‘Wanker For Life’ qui ouvre les hostilités avec une batterie surdopée ! Si tous les titres sont dans le format standard des formations pratiquant ce stoner traditionnel, ‘Many Roots For One Tree’ va s’égarer au delà des sept minutes dans un style qui me rappelle certains longs titres de Dozer voir de Down.
Avec ‘The Little White Car Rescue Plan’ les français se rapprochent des légendaires formations scandinaves que sont Gluecifer ou les Hellacopters : c’est speedé, distordu, pugnace et concis. On navigue à la limite des eaux où naguère voguaient jadis les défunts Ramones. Pour changer un peu de registre, le groupe tape dans le style Small Stone avec ‘Halfway To Something Else’ qui blaste terriblement à grands coups de basse : on frise le bonheur ! Passer sous silence ‘Fat City’ serait criminel, puisqu’il s’agit de mon titre préféré sur la deuxième livraison de Zoe. Désertant le registre ultra-speedé, cette pièce cartonne sur un tempo qui paraît presque ralenti si on le compare avec les autres compos au sommaire de ce nouvel album. Si le compteur ne s’affole pas, une puissance se dégage de ce titre balancé sur une rythmique plombée qui sert de couche de fonds à des vocaux éraillés et des guitares qui tapent solo sur solo dans la plus grande tradition du heavy rock puisant ses racines dans le blues qu’AC/DC s’est mis à malmené il y a belle lurette. La pointe de clavier qui vient agrémenté le tout lorsque le morceau touche à son terme ne fait qu’enrichir encore ce titre. Chapeau bas !
Après sa première réussite, Zoe confirme son statut de grosse pointure du stoner hexagonal !

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