The Atomic Bitchwax – Boxriff

The Atomic Bitchwax - Boxriff

On ne donnait pas cher de la peau de The Atomic Bitchwax après la défection d’Ed Mundell, véritable faire-valoir du trio du New Jersey au sein duquel il pouvait enfin laisser exploser son jeu incendiaire loin du dictat autoritaire du père Dave, son maître à penser au sein de Monster Magnet. Les deux premiers albums atteignaient un tel niveau d’excellence qu’on imaginait mal comment remplacer un rouage aussi essentiel sans briser la magie qui unissait ces trois musiciens d’exception. Le groupe jeta d’ailleurs l’éponge quelques temps après avoir recruté Finn Ryan dans le rôle ingrat de celui censé faire oublier le grand Ed, avant de revenir sur sa décision pour finalement sortir 3, un album de qualité mais qui n’arrivait que rarement à retrouver l’intensité de ces prédécesseurs. The Atomic Bitchwax s’embarqua alors dans une série de tournées qui permirent à Finn de progressivement trouver ses marques pour s’imposer comme un guitariste moins démonstratif mais tout aussi talentueux.
Boxriff arrive à point pour étayer le constat que tous ceux qui ont eu la chance de voir le groupe sur scène ont déjà fait : The Atomic Bitchwax en concert, c’est l’explosion de neurones assurée, on en ressort désorienté mais heureux, épuisé mais avide de se replonger dans ce torrent de rythmiques millimetrées et de guitare qui défouraille dans tous les sens. Et comme ces mecs sont aussi généreux que doués, ils ont agrémenté ce live enregistré à Seattle en 2005 d’une version Dvd du concert ainsi que de quatre titres studio enregistrés par Jack Endino, dont une nouvelle version de Kiss The Sun déjà présent sur le premier album et qui est en fait une reprise de Cöre, l’ancien groupe de Finn Ryan. Les trois autres titres s’inscrivent dans la lignée de 3 et son aspect plus mélodique, surtout en raison des vocaux à présent partagés entre Kosnik et Ryan.
Alors que la sortie d’un album live relève souvent de l’opération marketing destinée à combler un trou ou à masquer un manque d’inspiration, The Atomic Bitchwax a décidé de surtout faire plaisir à ses fans en sortant un matériel brut, un concert entier capté dans un petit club, qui parvient à rendre l’intensité de leurs prestations, fait rare dans ce genre d’exercice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une fois la courte intro bluesy passée, çà décoiffe sec grâce à un enchaînement de titres qui sont loin d’être une douce entrée en matière. Hey Alright, probablement leur morceau le plus sauvage, fait suite à un Force Field expédié avec rage sur lequel la section rythmique s’impose d’emblée comme l’un des éléments clés de l’impact du groupe. Ackerman et Kosnik, qui sont inséparables depuis une dizaine d’années, forment un duo basse batterie époustouflant pas prêts du tout à laisser trop de place à un guitariste, aussi bon soit-il. Celui-ci ne manque pas de faire des étincelles et apporte sa touche personnelle plus jazzy aux solos mais il n’apparaît que comme l’une des composantes du son des Bitchwax chez qui chaque instrument tient une place prépondérante. Avec un choix de titres issus pour la moitié du premier album, la set-list n’offre aucuns temps mort excepté lors de la reprise discutable de Maybe I’m A Leo et se conclut admirablement par Birth to the Earth et Shit Kicker exécuté pied au plancher, comme tous les autres titres d’ailleurs.
Le dvd uniquement constitué du même concert filmé avec trois caméras n’apporte pas grand chose et est même un peu fastidieux à se farcir d’une traite. En cause, l’éclairage fixe dans une dominante rouge-rosée qui à la longue donne envie de gerber et des tentatives de montage rythmé pas toujours réussies. Cela ressemble plus à un bootleg de qualité qu’à autre chose mais étant donné qu’il est offert avec l’album, on évitera de faire la fine bouche.

Solace – Further

Solace - Further

Le gang, formé de 5 épicuriens du gros son, vient du New Jersey (USA) et semble avoir un faible pour la bière, le whisky et les filles faciles à la poitrine opulente. Ce sera tout pour le cliché (et la faiblesse) qui s’arrête à cette remarque purement futile. Parce que, ici, il est bien question de première qualité.

On revient 7 ans en arrière mais c’est pour une excellente raison: cet album de Solace peut d’entrée de jeu revêtir tous les qualificatifs nécessaires à l’éloge de cette plaque. Le son est énorme et le mix de première qualité. La chaleur et la profondeur sonores de tous les instruments sont phénoménales.

Le chanteur nous gratifie aussi d’une voix pas vraiment claire mais jamais totalement hurlée non plus, une sorte de croisement hybride original pour exprimer sa rage avec éloquence sans avoir à beugler comme un veau à l’instar de nombreux hurleurs.

Prenons un des morceaux pour décrire l’excellence de cet album: Whistle Pig (4e plage). Le riff d’entrée vous plante tout de suite le décor entre groove 100% stoner et envoi de bois chaleureux. La patate est directement au rendez-vous et l’uppercut est imparable. La voix se place intelligemment entre les effluves de wah-wah qui apportent tantôt la petite note subtile de couleur tantôt le signal de départ d’un nouvel envoi. Les soli (oui oui au pluriel) font la part belle à un combat entre 2 grattes s’exprimant en même temps sans pour autant recopier les descentes de l’autre. La section rythmique combine groove et débardage le tout dans un torrent de cymbales jouissif.

Si on devait transposer la composition de ce morceau dans un autre domaine, je parlerais volontiers de la découverte d’un diamant à l’état brut au fond d’une mine et sa taille finement ciselée pour obtenir un joyau aux multiples carats au final.

J’ai écouté ce skeud une bonne quinzaine de fois avant de rédiger cette chronique. Si cette dernière s’avère dithyrambique, la raison est que je n’y ai trouvé aucun défaut à travers toutes ces écoutes. Cette plaque est criante de vérité et de crédibilité. Je n’hésiterai pas à la recommander en tant que pièce de choix à quiconque souhaite aborder l’écoute de notre genre musical préféré.

Generous Maria – Electricism

Generous Maria - Electricism

Le premier album de Generous Maria m’avait surpris par sa maturité, à une époque où le “stoner-metal” scandinave détonnait et générait des dizaines de nouveaux groupes par an : malgré un niveau de qualité remarquable chez tous ces jeunes combos (et beaucoup de plaisir auditif !), peu se démarquaient du lot. Generous Maria faisait partie de ceux-là, proposant plus de richesse dans leur son, plus d’originalité dans leurs compos, le tout allié à une maîtrise instrumentale sans tâche.

Et bien on prend les mêmes et on recommence. A savoir que cet album dépote tout autant que “Command of the new rock”. Il n’est pas parfait, certaines compos restant en dessous de l’ensemble (le super-heavy “The chilling effect” en intro, ou “It’s called love”, ne sont pas les plus intéressants), mais certains titres ont cette marque imparable de “groove” chaleureux qui fait hocher la tête, “Sheer violence” ou le très rock “Out of my head” en tête. La variété des chansons est bien présente, alternant de titres comme “All wrong alright”, qui aurait pu figurer il y a 5 ans sur un album des Hellacopters, ou la très mélodique “She’s got plans for me”. A noter une sympathique reprise du superbement heavy et boogie-esque “Precious and Grace” de ZZ Top, bien connue des fans de QOTSA pour être l’une de leurs reprises live de prédilection.

Le tout reste servi généreusement par un quartette instrumental sans faille : le riff est velu et généreux, la basse ronfle et sautille comme il faut, tandis que la batterie maintient un rythme tour à tour heavy, frénétique, tempéré. Le chant de Göran, le cinquième homme, se distingue encore une fois comme la touche “à part” de ce groupe : tout autant excellent dans l’exécution que ses collègues, il bénéificie d’un timbre rocailleux et chaleureux qui fait toute la différence.

Au final, donc, “Electricism” est un excellent album, bien ancré dans la mouvance de heavy scandinave à fortes rasades stoner que nous connaissons bien ici, mais figurant largement dans le peloton de tête.

Gutbucket – Gutbucket

Gutbucket - Gutbucket

Actifs depuis déjà neuf ans, le quatuor teuton sort en ce mois de mars deux-mille-sept sa troisième production. Cet album éponyme mitonné par la bande basée entre Hambourg et Kiel va droit à l’essentiel sans prendre d’inutiles détours, mais avec assez de classe quand-même sans frapper comme des mules au bide plein de bière, de la blonde pas de l’Orval,  à longueur de morceau. D’abords quelque peu sur la défensive en voyant la pochette rougeoyante du combo germanique je me suis vite rendu à l’évidence que ceux-ci pratiquaient autre chose que du rock à moustache pieds au plancher.
Plutôt facile d’accès, cette plaque rock’n’rollienne en diable aligne une poignée de titres d’environ trois minutes dans un registre entre le fuzz et le punk’n’roll : ‘Your Finger’, ‘Show’, ‘Burn The Radio’…D’autres plages sont dans la veine des Hellacopters époque post ‘High Visibility’ tel que le groovisant ‘Engine Burning’ exécuté dans la zone rouge de bout en bout.
Deux titres sortent nettement du lot dans un style sévèrement burné : ‘Ink Sukka’ dont la ligne de basse terriblement efficace vrombit du début et la fin qui me rappelle agréablement The Glasspack et ‘You Never’ qui est assez proche avec toutefois un tempo nettement plus lent qui lui donne un rendu bien brut un peu comme un blues couillu exécuté à grands coups de disto ainsi que de compressor.

Black Pyramid – Black Pyramid

Black Pyramid - Black Pyramid

Thib’ ne s’était pas trompé à l’époque de la rédaction de la critique du 7 éponyme de Black Pyramid: un label burné sortant le premier disque d’un groupe encore plus burné.
Je ne vais pas y aller par quatre chemin pour mon retour dans ces colonnes. Ce disque est une tuerie surpuissante et ceux qui avaient apprécié la démo et donc le premier vinyle du trio vont adorer, car la quasi intégralité des titres présents se retrouvent ici en guise de salve d’ouverture, excepté le magique et poétique morceau Caravan (qui en rappelle un autre du même nom de qui vous savez, oui oui). Les grincheux dire « ouiii… c’est nul de faire figurer une énième fois ces titres aussi excellent soient-ils sur ce disque », Oui mais non! On s’en fout ! Au moins on sait qu’ils butent et on peut tout écouter d’une traite sans être obligé de se lever et de changer de support, surtout pour les allergiques au vinyl (faut le faire à l’heure actuelle, tout nous y pousse et Jelle d’Electric Earth ne fait pas les choses à moitié, ses sorties LP sont succulentes de professionnalisme). Bref, les rabats-joies, vous savez quel doigt de main j’adresse à votre intention, sinon, un dessin est plus explicite parfois que les mots: nlm… (pardon)

Pour en revenir à nos moutons, on retrouve avec joie les composantes du son et de l’énergie Black Pyramid: gros son sabbathien, riffs du même tonneau: mid-tempo, basiques, headbangatoires et grosse voix qui oscille entre le nasillard et l’éraillement façon Matt Pike. On repense donc sans soucis à High on Fire ou surtout Sleep (toujours). Après la première partie en ouverture qui débute sur les chapeaux de roues (la nuque va en prendre un coup, soyez prévenus) on est surpris par l’ajustement des morceaux, le trio s’étant amusé à se prendre pour le Sabb’, glissant entre deux cavalcades heavyheavy et riffue des interludes aussi mystérieux que sombres ou embrumés.rumés. Le dernier étonnement qui a failli se transformer en gloussement plus que moqueur je dois l’avouer lors des premières écoute, c’est ce dernier morceau où le chanteur s’essaie au chant clair sur l’intro de celui-ci, avec un succès plus que mitigé. C’est bancal et non avenu. L’impression d’entendre du sous-Cathedral avec un Lee Dorrian plus éméché que jamais (c’est dire) traverse l’esprit mais les riffs hargneux ramène bien vite l’auditeur à la réalité de choses désormais immuables: ce premier album de Black Pyramid tranche dans le vif (et le gras) et laisse sa marque saignante sur nos enceintes.

À l’heure où Sleep se reforme pour le fric sans Chris Hakius (blasphème!), avec un Al Cisneros qui s’est coupé les cheveux (blasphème!) et un Matt Pike dont le second groupe est désormais en pilote automatique (blasph… ah non, ça on le savait depuis Blessed Black Wings), il faut savoir se montrer reconnaissant. Black Pyramid est l’un de ces nouveaux groupes qui parviennent à s’extirper de la masse grouillant sans intérêt qui pollue les myspaces (un malheureux moyen de découvertes musicales devenu hélas incontournable) et nos esgourdes à la recherche de sensations non pas nouvelles (on est quand même sur un site qui s’intéresse au rock sabbathien (pour faire court)) mais tout du moins rafraichissantes et à ce petit jeu, le trio réussit parfaitement à rendre hommage à ses ancêtres.

Turn on, tune in, drop doom !

That’s All Folks ! – Psyche as one of the fine arts

That s All Folks ! - Psyche as one of the fine arts

Si son premier album (1999) rendait compte d’un immense potentiel qui le positionnait comme un outsider sérieux dans le monde du stoner rock, le second effort de ce groupe italien signe une œuvre particulièrement aboutie, qui le hisse dorénavant dans le peloton de tête de ce genre musical. La coloration psychédélique de ce disque, tout en nuances, le distingue très nettement de la majorité des autres groupes en activité. L’utilisation qu’il fait d’un patrimoine musical de plus de trente-cinq ans, tout en parvenant à cultiver sa propre identité, témoigne d’une finesse remarquable. Les modulations vocales démontrent une aptitude à la mélodie imparable. La rythmique est redoutable d’efficacité. Les solos de guitare sont aussi tranchants que lumineux. That’s All Folks ! évolue dans un style qui lui est propre, à l’instar d’un Motorpsycho ou d’un Dead Meadow. Ce qui n’est pas peu dire si on situe la comparaison au niveau du talent. Ce qui est dramatique si on la ramène à leur niveau de popularité. Ce groupe est tout simplement excellent. N’attendez pas qu’il disparaisse pour le découvrir. That’s All Folks ! as one of the finest rock bands.

Rise And Shine – Roadflower

Rise And Shine - Roadflower

Après avoir pondu « Flower power metal », voici que ces suédois accouchent de « Roadflower ». 100 % de leurs albums évoquent les fleurs. Je suis bien en peine d’en identifier la famille sur le premier album. Les choses sont plus claires sur cette seconde livraison : les fleurs de pissenlit. Photographiées sur une route sillonnant les bois. Le ciel est gris, nous sommes probablement en Suède. Vous voyez le cadre. Est-ce là la plus belle fleur de Suède ? Est-ce la seule plante vivace qui pousse en ces contrées reculées et hostiles ? La vraie question est probablement de savoir s’il y a réellement de quoi s’extasier devant cette plante herbacée d’un quelconquisme affligeant ? Vu d’ici, où nous avons des champs entiers qui dès le mois d’avril se couvrent de jaune, la réponse est non. Donc dès le premier abord, ce groupe nous inflige un esthétisme à trois sous du plus mauvais goût. Et le disque n’arrange rien. C’est le chant surtout qui me hérisse les poils. Un chant féminin très affecté, empreint d’un lyrisme suranné qui rappelle les pires chanteurs des années 80. Du Bruce Dickinson en version féminine mixé bien devant. Bien que la musique me soit moins douloureuse, les vocalises rendent immédiatement le tout affreusement pénible à mes oreilles sensibles. Impossible d’aller au bout du disque sans zapper. The Quill, sur la compile « Underdogma » m’a fait le même effet. Totalement insupportable. Si le heavy rock dans ce qu’il avait de meilleur réapparaît actuellement, cela ne pouvait pas être sans que le plus mauvais réapparaisse également. La vie est injuste des fois.

Terra Firma – Harms Way

Terra Firma - Harms Way

Tiens, sur les pas de Spiritual Beggars et autres Lowrider, excusez du peu, voici débouler encore un groupe de la scène scandinave, ayant opté pour une musique ‘stoner rock’ (c’est tellement rare que les groupes s’en revendiquent, profitons-en). Né sur les cendres de plusieurs groupes, de doom notamment, aujourd’hui défunts, leur musique est pourtant très accessible, libérée de toute tendance doom trop appuyée. Ainsi, l’album commence par un sympathique instrumental, ‘Freebassing’, enchaîné à un ‘Groundman’ méga-heavy, qui s’appuie sur un riff énauuurme. Voilà qui s’annonce sous les meilleurs auspices ! On retrouve ensuite des morceaux du même acabit, comme ce ‘Dust parade’ groovy en diable ou ce ‘Sway’ limite jazzy ! De Cathedral, ils ont ce sens du riff heavy et cette culture seventies/eighties en droite lignée du grand Sabbath noir, et pourtant très moderne, ne vous méprenez pas, tandis que de ces groupes scandinaves géniaux, ils ont le sens de la mélodie et de la compo qui fait mouche, cette efficacité que l’on retrouve dans la multitude de groupes scandinaves qui brillent dans tous les genres musicaux. Le son est excellent, les passages instrumentaux et autres solos sont superbes, et les vocaux accrocheurs à souhait. Franchement, que dire d’autre ? Vous n’entendrez certainement pas beaucoup parler de ce disque, et pourtant il est excellent, jetez-y une oreille, il le mérite largement.

Ironboss – Guns Don’t Kill People… Ironboss Does

Ironboss - Guns Dont Kill People... Ironboss Does

« Guns don’t kill people, Ironboss does » est un enregistrement live express pour ces ricains très inspirés par les tout-puissants AC/DC, Blackfoot et les trop méconnus et génialissimes Mule. L’idée est a priori excellente. Ce groupe est vraiment très bon. Energie. Rhythm’n’blues. Sueur. Triptyque ravageur s’il en est. Sauf que, cette saloperie de kick de grosse caisse au son abominable vient irrémédiablement gâcher mon plaisir. Mais c’est un live merde ! Ok, ok ! Mais un son de grosse caisse aussi pourri que celui-ci, devrait être interdit par le FBI. Aussi sec, aussi peu profond, aussi triste qu’un k-way sans pluie. Comme si le batteur avait oublié de retirer sa grosse caisse de son flight en plastique super résistant. Dommage.

Tia Carrera – The Quintessential

Tia Carrera - The Quintessential

Le E.P. précédent de Tia Carrera m’avait fait découvrir cet excellent et excitant trio texan : en 3 titres à rallonge, le stoner instrumental du combo se déclinait en jams interminables, inextricables aussi, les riffs se fondaient dans une orgie musicale naïve et basée sur l’impro. Rafraîchissant et enthousiasmant. C’est donc avec ravissement que j’ai déballé et enfourné cette galette, cette fois un album complet, sorti chez les désormais incontournables Small Stone, qui viennent de les signer.

Premières écoutes : sympa, ça ramène des souvenirs. Au fil des écoutes successives, on apprécie certains soli, on sourit au son de tel groove basse/batterie impeccable… C’est bien cool tout ça, mais… Il manque quelque chose. Certes, le charme de la découverte est rompu, on doit donc s’astreindre à une profonde objectivité. Mais le problème majeur n’est pas là : alors que sur un mini-album de 3 titres on avait le sentiment de “surprendre” un combo de furieux zicos en plein jam (on rentre par la porte entr-ouverte du local de répèt’, on écoute 3 titres en fermant les yeux et on les quitte comme si de rien n’était), ici, le groupe a clairement le cul entre deux chaises : sur 5 titres qui tirent énormément en longueur [baillements…], le groupe a du mal à installer du neuf. Le groupe est probablement l’un des meilleurs jam bands de la place, mais la déclinaison vinylique d’un jam band se frotte ici à ses limites conceptuelles : on se demande sans arrêt si le groupe a fait plus d’une prise de ses titres ! Témoins l’intro hasardeuse de “The unnamed wholeness” (20 minutes au compteur quand même, un beau bébé) ou la fin ridiculement abrupte de “New Orleans” (qui de fait ressemble clairement à une chute de studio). A noter en revanche une bonne surprise avec l’apport d’un chant aérien sur “Hazy winter” apporte une vraie bouffée d’air frais pour conclure cet album.

Sans ambigüité, cet album ravira les fans de jams et de soli à rallonges : l’osmose musicale de ces trois enfumés est en tout point remarquable, et le produit sonore de leur partouze fait du bien. En revanche, il est très difficile de trouver dans ce disque la structure, la ligne directrice qui fait la différence entre en album et une succession d’enregistrements. Un excellent disque à écouter en fond sonore, mais un peu ennuyeux à écouter attentivement, sobre…

ASG – Win Us Over

ASG - Win Us Over

Y’a des fois comme ça, où un disque tombe comme par hasard dans votre platine, vous avez jamais entendu le groupe, vous écoutez par acquis de conscience, en se disant que dans une heure environ ce disque finira sa vie sur votre étagère à vieilleries… C’est la perspective enthousiasmante qui attendait ASG. L’artwork de Malleus aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais non, même pas : je me suis quand même mangé une sacrée baffe.

Déjà, le quatuor américain en est à son 4ème album, bizarre d’être complètement passé à côté jusqu’ici ! Le présent disque n’est pas tout neuf, il est sorti il y a plus d’un an… Le retard est bien vite rattrapé avec le très metal titre d’intro, “Right Before Death”, qui n’est pas sans rappeler la rage guitaristique maîtrisée d’un Disengage (tiens y’sont passés où eux, bordel ?). Sentiment appuyé par “Dream song” et “Low end insight”, qui se démarquent par un travail vocal assez impressionnant (chant clair et puissant, hurlements impeccables, chœurs…) et parfois des relents de rock indé pas trop mal venus (entendez par là : qui ne font pas ombrage au superbe mur de grattes), le tout pour produire des titre épiques et presque progressifs. En tout cas ultra catchy, et déjà la mâchoire commence à tomber. Je suis un peu plus réservé sur le mielleux “Coffee depression sunshine”, sur lequel le chant trop mou de Jason Shi ne fait pas des merveilles (l’acoustique “A number to murder two”, tempo lent lui aussi, s’en sort un peu mieux). Mais globalement, la tendance générale de l’album se situe plutôt dans l’envoyage de rondins en règle : orientation confirmée par le furieux “Gallop song” (dont le tempo a probablement suggéré le titre), porté par un refrain “hymne” signe d’un groupe à la maturité avérée, ou encore “Palm Springs” (sur lequel vient gueuler Blag Dahlia des Dwarves) ou le morceau titre, une nouvelle occasion pour Shi de montrer la puissance bluffante de son organe vocal. Notons que la prod impeccable de Matt Hyde, un fidèle du groupe, apporte un environnement sonore tout à fait propice aux vocaux du bonhomme.

Bon bref, on va pas vous la faire, ce disque est une excellente surprise, pour tous ceux qui aiment leur stoner pêchu, moderne et bien orienté “metal”. Signe qui ne trompe pas : après une dizaine d’écoutes, je me suis déjà commandé leurs albums précédents.

Karma To Burn – Wild Wonderful Purgatory

Karma To Burn - Wild Wonderful Purgatory

Après un premier album retentissant, les KTB nous reviennent sans chanteur avec un album qui flaire l’arnaque. Le premier morceau est fantastique. Un riff à couper le souffle qui tourne et qui tourne encore entre les oreilles. De la seconde à la huitième plage, l’ennui nous guette comme un dimanche de pluie passé à écosser des petits pois. Une instrumentation plus basique que le premier album, nettement moins variée du point de vue de la recherche sonore, nous laisse quelque peu sur notre faim. Curieusement, l’étincelle attendue ne nous parvient que sur les quatre titres qui clôturent l’album. Sauf qu’il s’agit, maquillés sous un autre nom, de quatre morceaux qui figuraient déjà sur l’album précédent. Ce n’est réellement qu’à ce moment là que l’album décolle véritablement. Mais bon, c’est un peu cher pour des morceaux que l’on connaissait déjà. Non ?

Solarized – Neanderthal Speedway

Solarized - Neanderthal Speedway

Tout est dit dans le titre. Ces néandertaliens à poils longs viennent avec cet album, de renforcer le revêtement de la chaussée de l’autoroute qu’avaient en leur temps ouvert MONSTER MAGNET. Du New Jersey vers l’infini intergalactique, Solarized est une capsule orbitale aux sièges capitonnés de cuir brun dont le système de suspension est redevable de la technologie la plus aboutie du fleuron de notre industrie automobile nationale : la regrettée DS. Confortable et nerveuse à la fois, la navette menée par cette équipe de routiers du cosmos nous offre, à genou sur l’accélérateur, une croisière entre un monde terrestre chargé de rock’n’roll débordant d’électricité et un monde onirique plus céleste. L’habitacle étant particulièrement spacieux, l’agence de travaux publics pour touristes ayant affrété le formidable engin dont il est question ici, a réussi à embarquer les tâcherons Tim Cronin et Ed Mundell de MONSTER MAGNET sur quelques stations afin d’en optimiser la prestation. On est ravi. Cela fait maintenant plus de quinze jours qu’il est mon taxi préféré. Un disque qui roulevoleglisse !

Orange Goblin – The Big Black

Orange Goblin - The Big Black

The big black, troisième opus des anglais d’Orange Goblin va t’il répondre à notre attente? Voila la question qu’on se pose lorsque l’on met ce disque dans la platine pour la première fois. Après deux albums remarqués et remarquables d’ailleurs, on est en droit d’attendre au moins aussi bien, et on espère même plus!
A son habitude, Ben Ward et sa bande explore tout un tas de styles allant du Doom au rock en passant par le heavy blues et que sais-je encore. Et c’est au travers de dix titres que le groupe nous offre cette balade sans aucun temps mort. “Scorpionica” ouvre de façon magistral cet album qui, je ne l’ai pas encore dit, s’avère être excellent. Ensuite tout s’enchaîne, les riffs, les soli de guitares et le chant très typé nous captivent et ne relâchent leur étreinte que lors d’un court instant pour nous faire planer sur un titre comme “cozmo bozo”. Une fois son souffle repris, on repart pour une salve de bien lourd avec 248 Kg (le jeu de mot était trop tentant). Et on se laisse de nouveau emporter sur un rythme effrayant avec Turbo-effalunt (elephant) pour ne redescendre qu’à la fin sur le magistral “the big black”….
Finalement, Orange Goblin, c’est un peu comme les montagnes russes, sauf que ça ne rend pas malade, au contraire, plutôt que la terreur dans les yeux, c’est le sourire aux lèvres et un hochement de tête frénétique que ça vous laissera.

Acid King / Mystick Krewe Of Clearlight – Split CD

Acid King / Mystick Krewe Of Clearlight - Split CD

Encore une idée de génie de la part de Man’s Ruin : sortir un de ces split-CDs qui ont fait la réputation du label, proposant toujours une sélection des nouveaux groupes de son catalogue et/ou de ses valeurs montantes. C’est un peu des deux que l’on retrouve sur celui-ci. Acid King, dont c’est la première sortie en CD, est le groupe monté par Lori S., guitariste et chanteuse de son état. Et c’est du stoner pur jus ! La guitare est super heavy, ça joue très grave, le tempo est lourd, le rythme envoûtant. Décrit comme ça, on pourrait croire que l’on se fait chier à écouter ces quatre titres, et pourtant, quel pied ! La guitare est plombée, la voix de Lori S. est ensorcelante, et peut apparaître ‘lointaine’ par moment (mixée un peu en retrait volontairement, effet réussi), mais surtout, les chansons sont cool et bien foutues. On attendra toutefois de voir si les Acid King sauront développer leur musique sur un album entier sans trop se répéter. Les deux titres suivants sont deux chefs d’œuvre du Mystick Krewe Of Clearlight, un véritable bonheur. De plus, pour les allergiques à l’instrumental (ou les plus frileux), ces deux morceaux proposent un chanteur invité, et pas n’importe qui, puisque c’est ni plus ni moins que le mythique Wino (The Obsessed, St Vitus, Spirit Caravan) qui s’en charge, avec le talent qu’on lui connaît. Excellente mise en bouche que ce split CD.

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