Torche – Songs For Singles

Torche - Songs For Singles

Mini-chronique pour mini-album. On n’a pas l’habitude de chroniquer les EP, mais la dernière livraison de Torche, malgré ses 22 modestes minutes au compteur, pour 8 chansons, est considéré comme un réel album. Reprenant les hostilités exactement où « Meanderthal » les avait arrêtées, le furieux power trio ne peut pas se permettre, sur une si courte durée, la moindre incartade. Ils attaquent donc direct là où ça fait mal avec le heavy et catchy « UFO ». Rien de révolutionnaire, leur genre et leur son ont peu évolué depuis 2 ans, même si leur musique reste assez variée : on passe du brulôt rapide et heavy 100% typique du groupe (« Lay low », 50 secondes au garrot, « Cast into unknown » ou « Hideaway ») jusqu’au doom presque gothique (« Face the wall »), avec un toujours un son rondouillard et acéré, ainsi qu’une rythmique groovy en diable.

Bref, parlons peu mais parlons bien : si comme moi vous adorez ce groupe et parvenez à mettre la main sur cette galette à un prix correct, foncez, c’est la parfaite suite à Meanderthal. Si en revanche vous ne connaissez pas le groupe, on peut penser que le découvrir avec cet album peut laisser sur sa faim, voire provoquer un effet contre-productif : une collection si resserrée de mandales alignées bout à bout, de manière un peu « déstructurée » peut apparaître un peu indigeste au newbie. Ca reste de la très bonne came.

Ojm – Volcano

OJM – Volcano

Ca commence à faire un bout de temps que la formation italienne se rappelle régulièrement à notre bon souvenir en propageant son stoner psychédélique. S’entourant des grands noms du stoner étasunien, le trio avait bossé avec Brant ‘Mister Cool’ Bjork pour sa plaque précédente. Aujourd’hui c’est avec Dave Catching qu’OJM a collaboré. Monsieur Earthlings ? s’est collé au mixage et au mastering de la chose – avec Edmund Moncef – au studio The Hacienda dans la Cité des Anges ; il a aussi posé des lignes de synthé sur quatre des dix titres composant ce skeud.
Une collaboration ne fait pas un disque et il ne faut pas minorer le talent des Italiens et mettre au crédit de la grosse pointure du stoner rock originel les qualités de cette galette. OJM nous a prouvé depuis belle lurette qu’ils appartenaient au renouveau européen de la branche apaisée du genre ici adulé.
Ce ‘Volcano’, à l’artwork soigné comme à l’accoutumé avec cette formation, affiche une durée totale de trente-cinq minutes et les petits futés qui ont lu cette chronique depuis le début en déduiront que nous tapons ici dans le concis. Outre l’hypnotique ‘Oceans Hearts’ qui explose les sept minutes, les plages ont presque un timing fm compatible. Puisque nous en sommes aux considérations quant à ce titre, lâchons-nous : il s’agit d’une pépite du genre abordée en mid tempo avec des vocaux scandés sur un fond jouissif de rock psychédélique soutenu par des lignes de hammond lequel se termine en jam orgasmique du meilleur cru. L’antithèse de ce titre est le bien nommé ‘Disorder’ qui tape dans le punk’n’roll de derrière les fagots durant à peine deux petites minutes : un régal du genre dont les aficionados des formations nordiques ayant donné ses lettres de noblesse au genre ne pourront que se délecter.
Ces deux extrêmes ne sont pas représentatifs d’une plaque de stoner rock très traditionnel dont ‘Venu God’, ‘I’ll Be Long’ et ‘Wolf’ sont incontestablement les meilleurs représentants. Ces titres d’une apparente simplicité ont un groove diablement efficace. Il n’est pas étonnant que le groupe ait opté pour un de ces titres, en l’occurrence ‘Venus God’ pour propager son rock sur la toile en vidéo. Les transalpins n’en sont pas à leur coup d’essai et ils sont visiblement bien partis pour rester au top du stoner européen. C’est en tout cas tout le bien que je leur souhaite car un skeud de cette qualité, ça ne se pond pas par hasard.

Mars Red Sky – Mars Red Sky

Mars Red Sky - Mars Red Sky

Commençons par vite éluder ce débat de dompteurs hédonistes de diptères : est-ce que Mars Red Sky fait du stoner ? Je préfère renvoyer ceux qui ont du temps à perdre sur ce genre de questions à leurs premiers Acid King, Dead Meadows, Cathedral ou mille autres encore. L’on peut noter une chose en revanche : MRS ne ressemble à aucun groupe en particulier, et cette originalité pour un groupe français fait l’une de ses forces.

Les premières écoutes suffisent à comprendre très vite en quoi MRS sort du lot : des rythmiques lentes, lourdes, avec une basse évidemment trop saturée, qui trace sa route sans demander son reste. Les montées en régime (uniquement lorsque vraiment nécessaires !) sont bien amenées par un batteur sobre et impeccable ; tout est bien en place. Parfois, une fulgurance de guitare émane de cet épais maelstrom sonore, qui par un humble solo, qui par une partie de lead. La barque instrumentale, qui occupe 80% de la plage sonore disponible sur cette roborative galette (40 minutes au garrot, juste ce qu’il faut), vogue ainsi de plage en plage, sans éclat, mais avec une maîtrise constante, un signe de maturité évident. Lorsque interviennent les vocaux de Julien, clairement MRS se distingue encore plus de la masse : son chant aigu et aérien apporte un nouveau relief à la musique du groupe. Enfin, le paysage musical du groupe est complet, offrant un visage encore plus planant.

Les 7 longs titres de la galette sont parfaitement complémentaires, proposant au global plusieurs facettes d’un album ne manquant (paradoxalement ?) jamais de cohérence, du doom le plus pachydermique (« Strong reflection », « Falls ») au très 70’s « Curse », en passant par le très heavy « Way to Rome » (impeccable paire de riffs fondateurs). Pour compléter un tableau d’ores et déjà remarquable, le trio n’hésite pas à se plonger avec le torride « Saddle point » dans la torpeur sablonneuse de plaines désertiques parfaitement retranscrites.

In fine, le premier véritable album de Mars Red Sky affirme leur identité de groupe majeur dans la scène française, fin prêt pour faire valoir ce rôle sur une scène internationale qui n’attend plus qu’eux. Album fortement recommandable.

Spiritu/Village of Dead Roads – Human Failures

Spiritu/Village of Dead Roads - Human Failures

Aux balbutiements du stoner, Meteorcity fut un des premiers labels spécialisés qui réussit à se forger une solide réputation en sortant simultanément deux objets cultes, les splits Unida/Dozer et Nebula/Lowrider, ce dernier étant illustrée par Arik Roper pour le plaisir de nos yeux ébahis. Huit ans plus tard, il remet çà avec le même concept, deux groupes pratiquants des styles différents et proposant chacun quatre morceaux. Niveau pochette, çà rigole moins avec des photos des camps de Birkenau et Breendonck. Une fois le cd enfourné, on commence même à un peu tirer la grimace.

Spiritu, groupe dans lequel chante Jadd, boss de Meteorcity, avait sorti un album sympa en 2002. Pas renversant mais sympa. Première constatation à l’écoute de « The Ten of Seven Bell » qui ouvre l’album, Jadd en fait des tonnes pendant que les autres balancent gentiment la sauce. C’est pas qu’il chante mal le Jadd, il est même plutôt doué. Mais il faudrait qu’il range sa collection de vinyles métal des années ’80. D’autant plus que çà ne colle pas vraiment avec le gros son de gratte abrasif qui donne une petite touche doom à l’ensemble. Parlons-en du son de gratte. Tellement épais qu’on en arrive à ne plus distinguer les riffs, au demeurant pas très inspirés. Sur « Latitude », il étouffe tellement les autres instruments qu’on distingue à peine les roulements de double grosse caisse. On tend vaguement l’oreille lorsque déboule le riff tournant entendu mille fois de « Throwback », morceau franchement stoner alors que jusque là on avait un peu de mal à définir le style pratiqué par Spiritu. A une époque où les groupes de stoner originaux fleurissent aux quatre coins de la planète, Spiritu ne se démarque pas du lot, manquant d’imagination et privilégiant la puissance au détriment de la qualité des compos.

Village of Dead Roads, voilà un patronyme qui laisse peu de doutes sur la teneur musicale des quatre titres proposés par ce combo de Pennsylvanie dont c’est la première sortie. Et effectivement, dès les premières notes de « Descendants of the Dendrites », on est soufflé par la lourdeur du propos. Riffs maouss costauds, rythmiques à se péter les cervicales et vocaux furieux, la recette est connue mais fonctionne particulièrement bien ici. VoDR évolue quelque part entre le doom et le heavy et l’on se retrouve vite perdu au jeu des références tant elles sont nombreuses. On pourrait citer pêle-mêle Crowbar, Yob, Isis, Abdullah ou Solace sans vraiment faire le tour de la question. La qualité principale de ces compos (enregistrées live en une seule prise selon les notes de pochettes !) repose sur leur richesse et leur variété. Plutôt que de laminer comme des malades, ces quatre-là laissent leurs longs morceaux se développer, lèvent le pied pour quelques passages plus aériens, placent des accélérations jubilatoires et alternent voix claires et agressives. Les passages plus lents ne sont souvent prétexte qu’à donner plus d’impacts aux gros riffs qui déboulent derrière et à ce titre, « Divine Mistake » qui clôt l’album fait office de pièce maîtresse, véritable ode à la lourdeur qui condense en onze minutes presque toutes les facettes du groupe et nous laisse sur les genoux bien qu’on en redemande. D’ailleurs, si ces quatre morceaux ne vous suffisent pas, allez faire un tour sur leur page MySpace qui propose trois morceaux non-présents sur ce split, donnant une idée des capacités d’un combo dont on attend un album complet avec impatience.

Ojm – Under The Thunder

Ojm – Under The Thunder

Poursuivant la ligne qu’il s’est fixée lors de sa création il y a une dizaine d’année, le groupe italien revient sur nos platines avec son quatrième long format sous les bras. Enregistré par Andreas Venetis au Red House Recording de Senigallia, près d’Ancona, les onze titres présents sur cette plaque ont été produits par le bassiste d’une formation qui a marqué à jamais la musique du groupe : MC5’s. Michael Davis, que l’on retrouve aussi sur certains backings, a bien soigné le côté groovy et distordu des compositions de cette formation qui oscille entre le garage rock des années soixante, le psychédélisme des seventies et le fuzz de Fu Manchu.
Partant dans tous les sens à la première écoute, cette production explore de fait plusieurs facettes du stoner en évitant soigneusement les redites. On passe de titres rapides, menés pieds au plancher, à l’image du survitaminé ‘Im Not An American’ asséné à grand renfort de riffs overdrivés à des plages plus planantes comme ‘Starshine’ qui frise les dix-minutes et ‘Brant B’ qui me rappelle furieusement les titres d’un Américain fortement imprégné des années septante.
N’ayant plus rien à prouver musicalement, les transalpins se laissent aller dans ce qu’ils maîtrisent le mieux pour notre plus grand plaisir. Certains titres comme ‘Dirty Nights’ ou ‘Stoned Love’ et sa ligne de batterie entêtante sont d’excellentes surprises.

Headcharger – The End Starts Here

Headcharger - The End Starts Here

Troisième album des normands de Headcharger, ce « The End Starts Here » s’avère être, en ce début 2010, une sorte de mètre étalon en matière de rock qui tâche ‘made in France’, qu’il sera bien difficile de surclasser.Un son énorme, des rythmiques qui, pour certaines, fleurent bon la Louisiane chère à Down, des vocaux oscillant entre hargne fédératrice et chant beaucoup plus posé (là encore à la manière d’un Down), voilà comment décrire la nouvelle livraison du quintette caennais.Parmi les 14 titres (excusez du peu !), on retiendra les riffs et refrains ultra-accrocheurs de ‘Without a Nation’, ou encore le solo tout droit sorti des seventies de ‘The Gambler’. Magnifique aussi le changement d’ambiance créé, à la moitié de la galette par l’enchainement du ‘Harvey Keitel’s syndrome’, digne héritier d’un Alice in Chains époque Dirt, de ‘Would You’ et son air d’harmonica que n’aurait pas renié un Clutch et du ‘Thousand Tides’ résolument NYC Hardcore dans l’âme avec des guitares tranchantes et un chant « in your face ». Après cet interlude, Headcharger remet la gomme avec des titres groovy et graisseux à souhait, avant de venir clôturer cet excellent opus avec un ‘Something, Someone’ tout en finesse pour un atterrissage en douceur.L’album n’est certes pas le plus original qui soit, mais est suffisamment couillu et diablement bien écrit pour que l’auditeur se le passe en boucle en tapant frénétiquement du pied.Une belle surprise en tout cas, fleurtant avec les frontières du stoner, que je conseille aux amateurs de rock’n’roll.

Switchblade – Switchblade

Switchblade – Switchblade

Amis du gros lourd bonjour ! La formation suédoise a choisi le 9 du 9 de l’année 9 pour débouler sur nos platines avec un cinquième album. Cette cinquième plaque est, comme la précédente, un album éponyme : ça va être simple pour nos amis les disquaires !
Composée de trois titres sobrement intitulés PART I, PART II et forcément PART III, cette galette pour fous furieux est une véritable ode à l’apocalypse. Les rythmiques s’égrainent de manière lancinante avec une lourdeur de malade mental qui ferait passer certaines formations de doom pour les boys band du câble ! Les guitares suivent la même voie à grands renforts d’effets où compresseurs, distorsions et overdrive font bon ménage. Les vociférations, nous ne parlerons pas de chants car ce qualificatif serait de la publicité mensongère que les ligues de consommateurs se plairaient à attaquer en justice pour satisfaire leurs égos démesurés, font l’objet du même traitement que les grattes et elles se situent dans la plus pure tradition du mathcore et du death pur jus !
Vous l’aurez compris, cette galette n’est pas le genre de trucs à faire tourner sur votre autoradio avec votre nouvelle conquête pour vous lancer dans une folle étreinte romantique sur fond de couché de soleil hollywoodien : c’est lourd, hargneux et furieux ! C’est donc une production qui va ravir les amateurs de plans burnés et hallucinés qui prennent leur pied en se passant des trucs tordus avec le volume et les basses à coin alors que le commun des mortel aurait plutôt tendance à prendre ses jambes à son cou !
Sur le plan musical, car c’est bien de cela dont il s’agit, Switchblade nous propose quarante minutes d’ambiance lugubre sans réel tempo qui me rappellent agréablement à la fois Earth, Mouth Of Architect et Boris à écouter sans modération aucune !

Mustasch – Above All

Mustasch - Above All

Le titre de Mustasch paru courant 2000 sur compilation Underdogma Rds « Judge not » m’avait fait une très, très forte impression. S’en est suivi un excellent MCD « The true sound of the new west » en 2001. Leur premier album, dont il est question ici, bien que paru fin 2002 n’est arrivé que très récemment à mes oreilles. Bien que disposant d’un contrat avec une major, les disques de ces suédois ne sont pas distribués en France. En Allemagne si. Evidemment ! Il va donc falloir être un peu entreprenant pour mettre la main sur ce disque. Mais si tant est que vous soyez un stoner addict, vos efforts seront pleinement récompensés. Car il s’agit d’un disque excellent. Tout y est. Gros son, groove et compos haut de gamme. Aucune révolution, mais une réappropriation particulièrement brillante du patrimoine sabbatho-zeppelinien avec un clin d’œil par ci, en direction de Janis Joplin et un clin d’œil par là, en direction de l’école NWOBHM. Comme s’ils avaient retenu le meilleur pour le restituer sous la forme d’un assemblage riche et contrasté. Le tout exécuté avec un entrain communicatif qui conduit à ressortir son « air guitar » de l’étui et à prendre la pose dans son salon. Emmené par un chanteur à la voix de tête, évoluant dans un registre proche de Ian Astbury ou de Pete Stahl, Mustach prend position dans le peloton de tête de l’élite stoner.

Dozer – Madre De Dios

Dozer - Madre De Dios

OK, pas la peine de se défiler, de chercher à éviter les étiquettes : sur ce coup c’est du pur stoner. Tout y est : les murs de grattes bien crasseuses mixées bien en avant, ce culte du riff suprême qui emprunte largement aux bons vieux Sabbath, le chant qui, bien que sous-mixé, se fraie un passage conséquent dans la masse sonore, une basse vrombissante qui enrobe une rythmique copieusement charpentée, etc. Et surtout, du groove à revendre, des gimmicks accrocheurs et réussis par packs de douze, et au final une pure machine à headbanger frénétiquement. Impossible d’écouter ce disque sans jouer de la batterie imaginaire, de taper du pied comme un malade en suivant le rythme, ou en jouant de la ‘air guitar’ comme un cinglé en espérant que personne ne nous verra ! Comment résister à ce massif ‘Let the shit roll’ d’intro, ‘Full circle’ et ses passages instrumentaux superbement inspirés ou encore ce ‘Octanoid’ groovy en diable ? Ben oui, parce que l’air de rien, Dozer est probablement aujourd’hui déjà devenu l’un des combos ultimes de pur stoner ‘contemporain’ – avec des groupes comme Lowrider ou Goatsnake – , et, toujours l’air de rien, ils se placent là comme nouvelles références du genre, tout simplement. Bref, si vous n’y connaissez rien en stoner, et que vous lancer dans les bibliques Kyuss ou autres ne vous tente pas pour le moment, ce disque peut se révéler être un excellent choix pour mettre le premier doigt dans l’engrenage stoner-rock. Mais attention ! Vous vous ferez bientôt manger le bras !

Sabians (The) – Beauty For Ashes

Sabians (The) - Beauty For Ashes

Mystérieux groupe que The Sabians. L’album commence par une musique ambiante aux sonorités orientales, puis prend très vite un penchant heavy doom fort plaisant. Et comment pouvait-il en être autrement pour un groupe rassemblant en son sein deux anciens membres des légendaires Sleep ? Sans s’appesantir sur l’héritage de leur ancien groupe, The Sabians va de l’avant et ratisse large : du très heavy au très atmosphérique, The Sabians sait groover quand il le faut, sait faire ‘tourner’ et virevolter un riff comme Sleep savait si bien le faire en son temps, le tout mâtiné d’une grande variété d’ambiances et d’atmosphères pesantes. Les morceaux sont longs et bien construits, la musique est efficace, les sonorités et la production sont fouillées, et les musiciens talentueux (mention spéciale au chanteur). Que demande le peuple ?

7 Weeks – All Channels Off

7 Weeks – All Channels Off

Après une démo et un premier ep, tous deux chroniqués sur ce site, la formation de Limoges est de retour dans les bacs avec un son premier réel long format. Cette nouvelle plaque dopée aux anabolisants aligne dix titres de toute beauté qui se succèdent avec cohérence sans verser dans le redondant qui guette toujours au coin du bois.
Le quatuor du centre de l’hexagone m’avait laissé une agréable impression avec ces deux sorties de deux-mille sept et c’est avec plaisir que je les retrouve deux ans plus tard dans un registre assez similaire avec la maturité en plus. Déboulant sur les chapeaux de roue avec le titre éponyme, ces lascars annoncent la couleur d’entrée de jeu avec un titre carré aux rythmiques martelées avec force. Les gros riffs saturés dans la plus pure tradition fuzz se radinent rapidement suivis par la ligne de chant qui me rappelle agréablement Queens Of The Stone Age. Ce titre est une excellente entrée en matière que la suite de cette galette va confirmer.
Les influences de la bande à Dave Grohl ont cédé le pas à celle de la bande à Josh Homme et seules subsistent les six minutes de ‘Whisper (And Dig The Ground)’ dans ce trend-là. Pour le reste de cet album le quatuor a opté pour un style fuzzy sans fioritures avec des titres congrus qui sont exécutés en moins de quatre minutes (voir en à peine plus de trois pour les plus rapides d’entre eux). Les addictes à QOTSA peuvent se ruer sur ce cd régional qui propose deux missiles imparables : ‘Dust And Rust’ et ‘Crash’ que je me plais à passer en boucle : du tout grand art avec un grand A.
Le travail de Shanka (No One Is Innocent) et Bastien Burger (Blackstrobe) au Studio Destruction Inc fait ressortir le talent du groupe avec une production à la fois terriblement pugnace et épurée. Les chants ne prennent que rarement l’ascendant sur les guitares (‘Deadloss’ étant l’exception à la règle) alors que la basse et la batterie sont mixées bien en avant pour assurer un rendu terriblement heavy qui éclipse les influences alternatives de 7 Weeks.
Cette agréable lourdeur est à son apogée sur ‘Submarine’ qui poutre furieusement sur un tempo ralenti dans la pure tradition des poulains de l’écurie Small Stone (Halfway To Gone par exemple). Merci les gars pour ce skeud de stoner français dans la plus grande tradition US !

Fatso Jetson – Archaic Volumes

Fatso Jetson - Archaic Volumes

Après 8 ans d’abstinence auditive, nos oreilles peuvent enfin se délecter du successeur du fameux « Cruel & Delicious ». Car oui, Fatso Jetson est de retour avec cet « Archaic Volumes » absolument splendide.Bon, on ne va pas vous la faire : la musique du gang des cousins Lalli est souvent très complexe, ce qui peut la rendre imperméable à certains auditeurs. Et ce nouvel opus ne déroge pas à la règle, notamment en donnant plus d’espace à Vince Meghrouni pour s’exprimer avec son saxo diabolique et son harmonica.Ceux qui n’ont jamais accroché à un album de ces vétérans de la scène stoner peuvent donc passer leur chemin directement.Quant aux autres, ils vont se délecter, re-délecter et re-re-délecter d’un Jet Black Boogie, titre d’ouverture finement ciselé à coups de guitares affûtées et d’harmonica bien bluesy. Ils vont également frôler l’orgasme grâce au torturé et ébouriffant Here Lies Boomer’s Panic, un instrumental durant lequel guitare et saxo font une course effreinée sur des rythmes aux relents de punk façon Black Flag.Et que dire du bizarrement très groovy Golden Age of Cell Block Slang qui a lui seul peut résumer l’esprit Fatso : génialissime.Bref, nos 4 Jetsons nous livrent une fois de plus un skeud d’excellente facture, riche d’influences, et qui fera aisément patienter les puristes pour les 8 prochaines années à venir…enfin, on espère quand même moins….

Saturnia – Muzak

Saturnia - Muzak

Après avoir proposé à tous les amateurs de heavy teinté de psychédélisme une série d’albums hautement recommandables, Elektrohasch s’offre une petite digression et Stefan Koglek en profite pour se faire plaisir en sortant ce quatrième album de Saturnia qui, autant l’annoncer d’entrée de jeu, ne contient aucun élément susceptible de rassasier l’amateur de gros son qui sommeille en vous. Vous ne trouverez ici aucune basse vrombissante, aucun martèlement de fûts et même pas la moindre trace d’une guitare saturée.

Conçu à la base comme un projet incluant diverses disciplines artistiques (littérature, design, peinture, photographie, …), Saturnia est devenu au fil des années le groupe d’un seul homme, Luis Simões, multi-instrumentiste portugais tout autant influencé par la scène progressive psychédélique des 70’s que par la culture Rave des 90’s qui vit l’éclosion de la Drum&Bass et de la Jungle. Même si cet album n’a pas vraiment sa place sur ces pages, ne fuyez pas à l’évocation de ces courants musicaux, Saturnia ne fait pas non plus de la musique diffusable dans les boîtes d’Ibiza. L’écoute de ces dix titres évoque plutôt ce qu’aurait fait le Floyd s’il s’était formé au début de ce siècle après un voyage en Inde avec Massive Attack en boucle dans le walkman (je ne pense pas que les ipods étaient très répandus à l’époque).

Muzak (aah ce titre, il fallait oser …) est le résultat d’un travail de deux ans et demi passés à superposer et enchevêtrer des couches de guitares en tous genres, des claviers vintage et des effets variés en s’appuyant sur des rythmiques empruntées au Trip Hop, le tout réhaussé par l’utilisation quasiment obligatoire mais néanmoins judicieuse d’instruments exotiques. Par dessus ce mélange très riche duquel aucun instrument ne ressort particulièrement, Luis Simões déclame plus souvent qu’il ne chante des textes imagés mais dont la signification demeure impénétrable. La recette fonctionne à merveille sur la première moitié de l’album qui voit s’enchaîner une série de titres à l’identité très forte structurés autour d’une rythmique tribale et forcément répétitive qui mêle séquenceurs et percussions orientales. La plus belle réussite de l’album reste à mon sens Mindrama qui parvient à faire le pont entre les styles musicaux précités et laisse présager du meilleur pour la suite. La suite, c’est Nik Turner (le leader de Hawkwind) qui fait une apparition quasiment anecdotique à la flûte sur Organza, titre qui précède Kite, le résultat d’une collaboration improbable entre Gainsbourg pour le dépouillement de la mélodie et Thom Yorke pour le traitement sonore. Ce titre, qui se démarque par sa légèreté, n’est qu’une parenthèse avant que Infinite Chord ne nous replonge dans un état méditatif, aidé en cela par les « Om » qui parsèment le morceau afin de nous permettre d’ouvrir nos shakras. Et si jusque là notre homme parvenait à habilement équilibrer les ambiances éthérées, les mélodies facilement mémorisables et les rythmiques accrocheuses, la fin de l’album montre quelques signes d’essoufflement, les morceaux s’enchaînant sans jamais parvenir à retenir l’attention. Ce qui n’est pas très grave étant donné qu’à ce moment-là, vous devriez théoriquement déjà être en lévitation, l’esprit totalement libéré des contingences du monde physique, insensibles aux phénomènes qui vous entourent et qui ne sont d’ailleurs qu’illusions.

Floor – Dove

Floor - Dove

Voici un disque qui aura mis exactement 10 ans à être publié. Et on se demande bien pour quelles raisons. Dire que ce disque est génial de bout en bout, serait un peu rapide. Dire que certains des titres qui le composent sont proprement géniaux me semble plus tenable. Sept titres donc, dont deux sont dispensables. Il en reste cinq, qui oscillent entre 1’45 et 18’02. Le programme reste incontestablement roboratif. Ça démarre très fort. Feedback de la mort, chant hystérique, riffs d’une efficacité redoutable. On a envie de se dévisser la tête illico ! Imaginez un mixte entre Nirvana (période « Bleach »), Fudge Tunnel (période « Hate songs »), Melvins (période « Lysol ») et Eyehategod (période « Take as needed »). Vous voyez les dégâts. Et tout cela sans bassiste. Simplement deux guitaristes et un batteur. Ces mecs étaient en avance et nous arrivent en retard et sont en quelque sorte toujours en avance. Car des synthèses de ce type là sont très rares, il faut bien le reconnaître. Sans compter que des groupes qui mixent leurs guitares autant dans le rouge (je pense notamment au titre qui donne son nom à l’album), de manière aussi crade, ne sont rien moins que des héros à mes yeux. Ça bave de tous les côtés et c’est bon ! Ça dure longtemps et c’est bon ! Ça résiste aux normes et c’est bon ! Dommage que ce groupe ait disparu de la circulation. Il lui revient néanmoins une place de choix dans le patrimoine du doom rock et du sludge.

Fu Manchu – Daredevil

Fu Manchu - Daredevil

L’intro de « Trapeze Freak », premier titre de ce nouveau Fu Manchu est terrible. Un son de guitare reconnaissable parmi mille et un riff enchanteur vient vous cueillir à froid et vous transporte immédiatement dans une contrée inconnue mais bizarrement attirante. Il faut dire que la patte Fu Manchu est bien rodée maintenant et ce second album ne devrait que confirmer tout le bien que l’on pense de ce groupe, en tout cas on l’espère !
Brad Davis vient de remplacer Mark Abshire à la basse mais l’alchimie est bien là, d’autant que la base de Fu Manchu reste ces deux guitares maniées de main de maître par Eddie Glass et Scott Hill ; et de ce côté on est servi et pas qu’un peu.
Certes comme pour le premier album du groupe on ne peut pas vraiment crier au génie mais on est tout de même forcé de constater qu’on s’en rapproche et de très près. Ce qu’il manque à cet album, c’est peut être un son un peu plus clean et qui le rendrait plus accessible. Mais d’un autre côté, ce son parfois lourd et nasillard ne fait il pas partie intégrante de ce qu’on appelle le stoner à la Fu Manchu ? En fait, je ne sais même pas si ça existe le « stoner à la Fu Manchu » et je serai bien incappable d’en définir les bases. Mais lorsque l’on écoute ce « Daredevil » on se rend bien compte que c’est différent de tout le reste de la production rock.
Bref, un bon album mais on sent bien que les Fu’s en ont encore sous la pédale et qu’il ferait bien de tout lâcher sous peine de gâcher un potentiel énorme.

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