Nebula – Heavy Psych

Nebula - Heavy Psych

Cela fait plus de deux ans que l’on attend le successeur d’Apollo, dernier album en date de Nebula. Et voilà que le groupe nous sort un simple EP de 6 titres pour nous faire attendre. Ca sent un peu l’arnaque moi je pense, où plutôt je pensais. Avec Heavy Psych, le groupe explore de nouveaux espaces et ce à la limite de l’expérience sous psychotrope, à se demander si le titre n’est pas en rapport avec cela. Tout en reconnaissant la patte Nebula, on ne peut s’empêcher de penser en écoutant ce mini album que le groupe a voulu tenter des choses, aller encore plus loin dans le planant. Les rythmiques de guitares s’envolent littéralement vers des niveaux rarement atteints et c’est peu dire lorsque l’on connait Eddie Glass. Et le mieux dans tout ça c’est que ça sonne bien et même très bien. Si vous avez les chakras ouverts juste comme il faut, vous allez vous retrouvez transporté par un son planant, prenant, trippant. Le travail de production sert admirablement des compositions de très bonne facture et on regrette juste que ce ne soit pas un peu plus long. Avec quelques titres de plus, on tenait là l’album de l’année.
Avec Heavy Psych, Nebula nous met l’eau à la bouche et ne fait que redoubler notre attente du prochain album.

Down – Diary Of A Mad Band

Down - Diary Of A Mad Band

Phil Anselmo avait pour ainsi dire « vendu la mèche » en 2006 lors de la tournée européenne du gang de la Nouvelle-Orléans en répétant que les gigs étaient enregistrés pour une sortie future. Rebelote lors de la tournée 2008…..et pourtant, toujours rien à l’horizon. Il faudra attendre 2010 pour enfin tenir dans les mains ce « Diary of a Mad Band ».Et Dieu sait que si il y a bien un groupe dont la puissance de feu scénique méritait un témoignage à jamais gravé sur un CD (à défaut du marbre), c’est incontestablement Down. Et quel témoignage mes enfants !Enregistrés sur la tournée européenne 2006 du combo, les 17 titres de ce double CD suffisent amplement aux fans pour se replonger dans l’ambiance brumeuse des salles ayant accueilli le groupe……et suffiront aux autres pour prendre une claque magistrale. Car force est d’avouer que le groupe vient d’accoucher d’un live qui va figurer au panthéon des albums « en public », au même titre qu’un « If You Want Blood » de AC/DC. Ce carnet de route, car c’est bien ainsi qu’il se présente finalement (les enregistrements proviennent de 15 dates différentes), balaie la quasi intégralité des deux premiers opus du groupe. Rien que du lourd donc, entre le suintant Rehab, le tonitruant Lifer, ou encore l’envoûtant Learn From This Mistake. Ca fait du bien là où ça passe. Les titres défilent à toute allure (comme Kate Moss pour Gucci ou la Légion étrangère sur les Champs-Elysées par un 14 juillet ensoleillé) au rythme des hurlements d’Anselmo, des riffs assassins de la paire Keenan/Windstein, de la patte groovy de Rex Brown et des frappes de mule de Jimmy Bower. Et quand après 13 morceaux on se prend à penser que nos oreilles ne se sont pas encore délectées des hymnes que sont Jail, Eyes of The South, Stone The Crow et Bury Me in Smoke, on se fait une idée bien précise de ce qu’est l’apocalypse selon Down. Quel final, quel final……à en avoir la chair de poule.Et qu’obtient-on si l’on ajoute l’image à ce déluge sonore jouissif me demanderez-vous ? La réponse est simple : un DVD monstrueux, de près de 2H00, suivant le groupe aux 4 coins du vieux continent. Les 17 titres sont exactement les mêmes que sur le double CD (mais la piste audio est issue pour certains d’enregistrements différents). Et malgré le fait que les images illustrant chaque morceau proviennent de concerts différents (le tout entrecoupé de minis « tranches de vie » on the road : Phil dans un canapé, Kirk sur les toilettes….), on se laisse volontiers prendre au jeu, d’autant que Down est une véritable « bête » de scène. Bref, un DVD à l’ambiance très mâle, qu’il fait bon regarder la nuit dans une hutte au fond des bois. Seul petit bémol : un Bury me in Smoke version Download festival en guise de final….qui rend quand même moins bien qu’un Bury me in Smoke joué dans l’intimité d’une petite salle obscure et moite.

Hotel Wrecking City Traders – Somer Wantok

Hotel Wrecking City Traders – Somer Wantok

La structure bicéphale des antipodes se rappelle à notre bon souvenir avec un seven inch à l’artwork de toute grande classe ! Les amateurs de vinyles oldschool vont adorer ce quarante-cinq tours à la pochette bien épaisse ornée d’une photo bien travaillée et de lettrages dorés. Cette pièce vaut son pesant de cacahuètes.
Question son, on est dans la galaxie du microsillon et le fuzz du duo de Melbourne attaque foutrement dans les basses. Les voisins vont adorer les gros riffs barrés de Toby et les martellements pachydermiques de Ben. Concise, vu le format pour lequel le groupe a opté, cette plaque noire est composée de deux titres : ‘Somer’ et ‘Wantok’.
Assez similaires dans leurs conceptions, les deux plages instrumentales sont la suite logique des précédentes productions d’Hotel Wrecking City Traders : un riff de gratte bien saturée et pas trop rapide commence à tourner puis une batterie plombée embraye. Ensuite, les deux collègues jamment autour de la structure de base dans un registre à la fois fuzzy et bien burné.
Binaire à la première écoute, le style des Australiens et d’une efficacité redoutable et j’ai un petit faible pour ‘Somer’ dont le tempo est un peu plus rapide que celui de l’autre face. J’avais flashé lorsque ce groupe m’avait envoyé sa première autoprod et je me réjouis de la suite de ses aventures discographiques qui me rappellent à la fois Om et Monkey 3.

Asva – Futurists Against The Ocean

Asva - Futurists Against The Ocean

Steven O’Malley et Anderson n’ont pas la main mise absolue sur la lourdeur. En effet, des éléments dissidents de Burning Witch, anciens compères, passés traîtres, de David Hasselhoff ont décidé de leur montrer que celui-ci n’était pas le seul à avoir créer ce renouveau « drone » basé sur l’utilisation abusive d’une amplification vintage répondant au mystérieux nom de « sunn ».

Pour cela, Dahlquist et B.R.A.D., le percussionniste albinos, se sont acoquinés à d’autres malades de l’expérimentation sonique, dont un certain Spruance, que beaucoup doivent connaître (Mr Bungle). Le résultat, pour peu que l’on soit réceptif à cette musique d’ambiance, est proprement hallucinant. Car là où Sunn, après avoir rendu hommage à Earth et son fameux « Earth2 », a cherché à se renouveler par l’exploitation du chant sous toutes ses facettes, (économisant à ASVA d’en faire de même), ceux-ci se sont orientés vers l’ajout d’instruments à la connotation plus ésotérique, comme l’orgue Hammond, qui acquiert ici une image sombre de culte païen dans les catacombes en hommage à Pazuzu. Ajoutez à cela des carillons chinois (je suis sur qu’il existe un nom pour un instrument de ce type mais j’ai la flemme de le chercher) ainsi que ce jeu avec la disto pure des amplis et vous obtiendrez une visualisation proche de ce propose ASVA.
Les deux premiers morceaux sont du drone pur, tendu, malsain, très proche de celui des Grimmrobe démos, auquel vient s’ajouter le fameux orgue, qui transforme ce qui aurait pu être un exemple typique du sujet à débat : « drone : génie ou fumisterie ? » en un cérémonial pompeux et magistral, à la limite du péplum, avec ces coups de tambour battant la mesure, dans un avènement progressif digne d’un sacrifice.La réelle surprise à l’écoute de ce disque se produit sur la seconde partie du troisième morceau, lorsque daigne enfin entrer la maîtresse de cérémonie, Jessica Kenney. Car oui, ASVA s’est aussi décidé à employer des voix. Mais très loin de Barbara Hendricks, Kenney enflamme la vision occulte du drone d’ASVA, lui conférant encore plus de symbolique. Ses vocaux sont l’œuvre d’une âme possédée : aigus, puissance ravageuse, ses lignes de chant prouvent que le drone peut être chanté et s’en retrouver sublimé.

Lourd, insidieux, païen, occulte, sacré, mystique, biblique, dois-je vraiment continuer à vous énumérer la liste des sentiments ressentis à l’écoute contemplative d’ASVA pour que vous saisissiez la portée d’un drone enfin renouvelé ? Je ne le pense pas.

(chronique jamais parue écrite en 2005 pour un fanzine belge, je me suis dit, après l’avoir retrouvée que ce serait bête de ne pas s’en servir.)

Viaje A 800 – Diablo Roto De…

Viaje A 800 - Diablo Roto De…

L’Espagne serait-elle en train de devenir la nouvelle Mecque du stoner rock ? Après la scène italienne dont on attend des nouvelles, la péninsule ibérique fait fort, très fort. Viaje A 800 ouvre son album en plaçant la barre très haut avec ‘Roto blues’, proto-stoner doom blues d’excellente facture. Ralenti, dépouillé jusqu’à l’os, le titre se jette après onze minutes et quelques breaks d’une tension insoutenable dans un océan de fuzz. Puis retour à un tempo doom avec ‘Solo’. Ce disque est d’autant plus remarquable que le chant est en espagnol. Une langue parfaitement appropriée au sujet. A l’opposé de certains groupes de doom qui ne délivrent que des monolithes de charbon anthracites suintant la dépression, ce disque, s’il fallait le rapprocher d’une couleur, est rouge flammé. Très chaud donc. Brûlant même. De nature à rallier les stoner addicts les moins sensibles au doom. C’est ce qu’illustre l’artwork du CD. Une combinaison entre la torride et moite activité sexuelle en réunion et l’obscure perversion du Malin. En tous les cas, ce disque présente un caractère réellement excitant. Jouissif même. Innovant certainement, puisqu’il propose d’accompagner un long morceau de dix minutes, ‘Vuelo Inferno/After en marte’, par du saxophone, ce qui n’est pas commun. Suit une blues song réellement réjouissante avant que le disque ne finisse par ‘Valiums’. Titre qui résume parfaitement le voyage vers lequel nous entraîne le morceau. Viaje A 800 est simplement un groupe jubilatoire.

Clutch – Robot Hive / Exodus

Clutch - Robot Hive / Exodus

Alors que quatre ans séparaient « Pure Rock Fury » de « Blast Tyrant » sorti l’année passée, Clutch nous revient déjà avec une galette bien remplie au titre énigmatique. Actif depuis bientôt 15 ans, ce groupe s’est progressivement imposé comme une référence dont la renommée dépasse largement le petit monde du stoner. Grâce à un line-up inchangé depuis leurs débuts, ces quatre musiciens hors-pair originaires du Maryland ont réussi à développer leur propre style unique et incomparable qui culmine aujourd’hui avec ce septième album studio.La première chose qui marque à la vue de ce « Robot Hive / Exodus », c’est le soin apporté à la réalisation de l’artwork, travail entamé depuis l’album précédent. A une époque où beaucoup se contentent de télécharger les albums, ce détail a son importance. Et pour ne rien gâcher, le ramage se rapporte ici au plumage. Clutch enfile ses morceaux tous plus groovy les uns que les autres sans temps mort, ne laissant aucun répit à l’auditeur. Bien que la base soit toujours heavy, cet album élargit un peu plus le champ des influences, incluant des éléments funk, soul, boogie ou blues dans une série de titres mid-tempo bourrés d’arrangements qui n’alourdissent jamais le morceau. Tim Sult est passé maître dans l’art de faire tourner les riffs pendant que Jean-Paul Gaster déballent tout son savoir-faire derrière les fûts, s’interdisant toute monotonie. Ce gars est l’incarnation de l’anti-binaire, la garantie de ne jamais s’emmerder avec une batterie pataude et il forme avec Dan Maines une des sections rythmiques les plus solide et intéressante qu’il m’aie été donné d’entendre. Il ne reste plus à Neil Fallon qu’à poser sa voix immédiatement identifiable, à la fois puissante et mélodique, pour nous balancer des refrains hyper-mémorisables. Histoire de faire groover tout çà un peu plus, Clutch s’est adjoint les services de Mick Schauer, nouveau membre à part entière et chargé de faire résonner son Hammond sur la majorité des morceaux. Loin de le cantiner à un second rôle, il est toujours utilisé à bon escient et enrichit les compos, se permettant même quelques solos du plus bel effet.Impossible de sortir un morceau du lot, tous sont excellents et si jusqu’à présent le heavy était traditionnellement associé au headbanging le poing levé, Clutch démontre qu’il peut également rimer avec les déhanchements du bassin, debout au milieu du salon. Seule la reprise fidèle mais personnelle du classique « Who’s Been Talking ? » d’Howlin’ Wolf offerte en fin d’album vous permettra de souffler et de reprendre vos esprits.Si vous connaissez déjà Clutch, foncez dès maintenant chez votre disquaire. Dans le cas contraire, il est grand temps de rattraper votre retard.

Compilation (Underdogma Records) – Judge Not…

Compilation (Underdogma Records) - Judge Not...

Et une de plus, une. Double cette fois-ci, et qui nous vient d’Amérique. Cette propension à la compile que connaît le « stoner rock » actuellement est manifestement le signe d’un débordement de vitalité d’une scène qui, depuis les glorieuses early seventies, n’a jamais été aussi vivace. On ne s’en plaindra pas ! Tout cela est remarquable. Donc pas moins de 28 groupes, quelquefois déjà connus (7 en ce qui me concerne), souvent inconnus (donc 21), quelquefois à chier, souvent alléchants. Comment parler de 28 groupes sans en faire trois pages ? En faisant des catégories pardi. J’en propose cinq. Les groupes « Oh my God », les « waouh », les « yeah », les « allright» et les « hum, hum ». Concision maximum. On commence vite fait par les « hum, hum ». The Quill la musique est plutôt pas mal, mais le chant lyrique à la Dickinson, pur jus années 80 gâche tout. Smoke in Sunshine avec des voix féminines à la con hurlées est chiant à mourir. Basta ! Les « allright » maintenant. Le délire électro psyché de Doubleneck, Astroqueen, Satellite Circle, Bozeman’s Simplex n’offrent rien de particulièrement intéressant. Pas plus que The Mushroom River Band, l’autre groupe de Spice des Spiritual Beggars qui ne fait rien d’autre que du clochard spirituel et Solarized, grosse déception de l’étape qui m’avait pourtant emballé sur son album. Out. Les « yeah » se composent de Volume et leur heavy rock, de Plaster qui fait du Ozzy déjanté, de Pale Divine qui se la joue Black Sabbath, de Solace, toujours bien, de Puny Human qui donne dans le Kyuss, la voie arrachée en plus, de Bonwater 666 qui, sur un très court morceau se la donne Hammerhead et de Half Man, un peu en dessous de leur fabuleux disque du fait de la voix trafiquée sur un heavy blues. Les « waouh » reviennent à Calamus d’un gras incommensurable. A Zerocharisma découverts sur une autre superbe compile : « The Mob’s New Plan », qui se pointent avec un titre dans la veine de leur dernier MCD oscillant entre Kyuss et Hellacopters. A Traumatic, kyussien en diable mais avec un petit truc metal en plus, vraiment excellent. A Syrup, groupe de sauvages. A Raging Slab qui propose un blues rock avec une sorte de Lemmy au chant et le vrai Dale Crover aux drums. A Buzzard et à son rock’n’roll finement hâché. Au tour des « Oh my God ». The Men Of Porn tout d’abord. La baffe totale. Un son monstrueux. Une violence sourde et contenue. Ça dégueule de hargne. Twin Earth ensuite. Superbe titre long et envoûtant, au rythme tantôt soutenu, tantôt plus aérien. Imparable. Leur meilleur titre à ce jour, n’en déplaise à certains. Mustach. Les plus heavy de tous. Hypra doom à la Sabbath au début et puis ça s’emballe, ça hurle, ça vocifère et puis ça se remet à écraser. Enorme. Gammera nous assène une sorte de groove à la Kyuss sacrément heavy. C’est enlevé, c’est léché, c’est beau. Et pour faire digérer tout ça : du blues. Du blues rock assez jouissif avec Taildragger, plus heavy avec Ironboss qui à certainement beaucoup écouté Mule et qui le lui rend bien en plus corrosif encore. Et on fini avec Five Horse Johnson, qui se pose là avec son blues rural de première classe. Du blues au doom en passant par le heavy et le hard rock, cette compile au prix modique (110 frs) est un must. En plus de celle-ci, l’acquisition des autres compiles chroniquées dans ces pages fera de vous un incollable de l’actualité du fabuleux monde du stoner rock.

Dixie Witch – Into The Sun

Dixie Witch - Into The Sun

Et dire qu’il existe des groupes comme ça et que personne ne les connaît, quel gâchis ! Ce trio texan écume un par un tous les bars des USA, convertit tous ceux qui les voient à leur cause, ont enregistré un album brillant, et pourtant aucune pub, pas de distribution européenne (jetez-vous sur internet, www.brainticket.com), rien pour les aider à répandre leur bonne parole de par le monde, pour disséminer ces effluves de souffre mélangées à cette poussière sèche des déserts yankees, le tout teintant leur heavy rock chaleureux et heavy ! Catalogués ‘stoner rock’ par les plus fainéants, Dixie Witch est tellement plus que ça ! Surdoués de l’impro qui tue et du jam qui fait mouche, les Witch nous assènent des nappes de guitares aériennes et inspirées, des soli subtils mais brillants, le tout charpenté comme il se doit par un excellent bassiste qui a fait ses gammes au doux son de l’éléphantesque basse de Scott Reeder (Kyuss, Unida). Le plus impressionnant est sans nul doute ce batteur incroyable, empruntant parfois au jazz pour les passages les plus enlevés, au jeu varié et fin, sans jamais se défaire de cette frappe de mule qui ajoute en puissance à des passages instrumentaux hypnotiques et heavy ; cela ne l’empêche pas de chanter sur la quasi-totalité des chansons, absolument incroyable pour un batteur de cette trempe et au jeu aussi complexe. Bref, si jamais vous cherchez une musique originale, heavy, bien jouée, ambiancée, chaleureuse, mélodique et subtile, ce n’est pas ailleurs qu’il faut chercher.

Comets On Fire – Blue Cathedral

Comets On Fire - Blue Cathedral

Il est particulièrement plaisant de voir que le fameux label Sub Pop renoue avec ce qui a fait son succès. Car Comets On Fire est un groupe qui vous renvoie illico à la fin des années 80. Epoque Green River, Mudhoney, Thee Hypnotics et tutti quanti. Période bénie, gorgée de fuzz, de rage électrique et de transpiration. On ne se ménageait pas en ces temps là ! On en avait bien plus que pour son argent ! L’énergie débordait de toute part. Le chaos était d’inspiration psychédélique. Mais toujours traversé par le punk rock et par le hard rock. Sans aucune réserve. Les combinaisons les plus audacieuses restaient fluides. Et dans ce réjouissant foutoir on pouvait aussi bien croiser les Stooges que Hawkwind, Pink Floyd, Led Zeppelin, Neil Young ou encore Blue Cheer. C’est en cela que Comets On Fire est aussi jouissif. Ses excès sonores sont à célébrer. Mais aussi et surtout, il faut rendre hommage à la multiplicité de références que ce groupe parvient à mobiliser avec une intelligence remarquable. Comets On Fire ravira assurément les fans du early Monster Magnet, de Dead Meadow ou encore de On Trial. Comme on disait dans le temps : si vous ne pouvez pas vous payer ce disque, volez-le !

Raging Slab – The Dealer

Raging Slab - The Dealer

Et voilà la nouvelle galette du groupe de Greg Strzempka qui déboule, comme d’hab’ dans l’indifférence générale. Album après album, les ‘pas-si-sudistes’ alignent les réussites, évoluent sans jamais se dépareiller de leur gros rock bien gras. Toujours très influencés par le boogie rock sudiste, ils s’en démarquent par ce chant très caractéristique et cette slide guitar toujours présente. Ils enchaînent donc les titres (seize au total quand même, on en a pour notre argent !) sans se prendre la tête, toutes guitares en avant, incorporant un peu partout ces instrumentaux géniaux dont ils ont le secret, cette basse grondante et toujours ce chant à fleur de peau, bien mis en avant dans le mix (on se demande d’ailleurs ce qui est mis ‘en retrait’ dans le mix, tant le son est énorme !). Bon, inutile de lister les bonnes chansons, l’album en regorge, de tous les genres, du plus heavy à la ballade, du plus rapide aux passages limites folk, sans jamais perdre son identité, et en visant juste à chaque fois. Tous sont réussis et on ne s’ennuie pas un instant.

Yawning Man – Pot Head

Yawning Man - Pot Head

J’ai bien aimé le LP de Yawning Man sorti en 2005. Original, bien barré, bien joué, doté d’un son sympa et chiadé, et de compos fort bien foutues. La sortie d’un EP aussi rapidement s’annonçait donc comme une bonne nouvelle.

Pour info, Mario Lalli ne joue pas sur cet EP, remplacé par leur bassiste “live” Billy Cordell. C’est moins “fun”, et ça devient du coup (au moins dans les esprits, on se voilait peut-être un peu la face auparavant) le groupe solo de Gary Arce. Enfin bon, ça joue pas mal,on va pas se plaindre.

Conceptuellement, en tout cas, rien ne change, sauf que c’est que 4 chansons : les chansons sont uniquement instrumentales, le son de gratte est toujours aussi “surf music meets stoner rock”, parfois un peu chargées en écho, mais en tout cas toujours original.

Les compos sont sympa, mais s’affirment un peu plus “introspectives” que sur “Rock Formations”. Alors si on lit la bio, on y parle de Pink Floyd, faut pas charrier non plus. Néanmoins, ça flirte un peu avec le prog, et je ne trouve pas le résultat plus heureux pour autant. A mon sens, une musique uniquement instrumentale se doit d’être plus “charpentée”, de remplacer le manque de chanteur par un émerveillement de tous les instants : c’est ce qu’avait bien compris Karma To Burn, par exemple, et c’est là que s’égare un peu Yawning Man sur cet EP. Voir “Manolete” par exemple, un morceau un peu longuet qui se regarde un peu le nombril, et qui au final n’a rien qui permette de le garder en tête (il manque ZE riff).

Alors au global, cet EP est quand même très agréable, et il est intéressant de le distinguer de l’album “Rock Formations” pour ses velléités plus “expérimentales”, même si les bases de la musique du trio californien sont les mêmes.

Cable – Northern Failures

Cable – Northern Failures

Entre sludge, hardcore et metal, Cable sortait en plein mois d’août deux-mille-un son second et ultime effort chez Hydra Head avant de rejoindre l’écurie Dark Reign. Aussi sombre que son artwork, cette production dopée aux amphétamines ne laisse aucun repis à son auditeur ; elle enchaîne les coups de blast de bout en bout tout au long, ou presque, des onze plages la composant. Assez proche d’Unsane pour le rendu final, ce groupe ayant pas mal évolué tout au long de sa carrière, proposait un album noisy et distordu avec ça et là quelques incursions de guitares acoustiques (mais n’allez pas espérer trouver une ballade sentimentale pour autant). Trois titres se détachent nettement du magma sonore mitonné par le trio du Connecticut pour la première année du nouveau millénaire. D’abords ‘Climb The Cactus’ avec ses touches aériennes, puis le concis ‘The City Dump’ bien rentre-dedans et enfin, mon préféré, ‘Can’t You See’ qui apparaît comme une bouffée d’air frais au terme d’un album oppressant. Construite de manière très efficace, cette ultime plage tortueuse devient rapidement entêtante en tournant sans cesse autours d’une mélodie toute simple appuyée par des cœurs tranchant nettement avec les vociférations poussées sur la plupart des titres de cette sortie ; les touches discrètes de claviers et de cordes apportent une dimension agréable aussi. Tout ça pour dire que j’ai retrouvé ce disque coincé sous un meuble en faisant de l’ordre dans le local qu’occupe une partie des Suisses actifs sur ce site.

Blackstone – Blackstone

Blackstone - Blackstone

Ca alors, c’est pas commun : un groupe français qui se revendique ‘stoner’, ça court pas les rues ! Alors évidemment, on ne sait pas à quoi s’attendre avant d’écouter Blackstone pour la première fois, ce nouveau projet initié par Marc Varez, plus connu sous nos contrées comme le batteur de Vulcain (rien à voir musicalement avec ce qui nous est proposé ici). Quel soulagement une fois les premières notes passées. Allez, ne gardons pas le suspense plus longtemps, c’est un excellent disque de stoner, et un superbe disque tout court. Tout commence merveilleusement avec la combinaison ‘Are You Ready’/’I Love Her’, deux morceaux hyper heavy, s’appuyant sur des riffs énormes. Au bout de deux ou trois chansons, on commence en fait à comprendre le fondement de tout ça : de par leur position de précurseurs du stoner en France, ils ont fait le meilleur des choix dans leur approche de la musique, c’est-à-dire qu’ils ont choisi de repartir aux bases du stoner, aux racines du genre même, c’est à dire avant tout aux premiers Black Sabbath, mais aussi, et ce n’est pas du tout à négliger, aux vrais précurseurs du genre tels que Masters Of Reality. On retrouve donc des relents du groupe de Chris Goss sur certains morceaux, et ce n’est pas pour nous déplaire ! On tombe aussi parfois sur des morceaux aux influences blues prononcées (je ne parle pas du ghost track, tendance country !). Le morceau titre ‘Blackstone’ n’est pas sans rappeler le Danzig des débuts (!), tout comme ‘Erotic Theater’, c’est dire la variété de genres musicaux et d’influences brassés sur ce disque. Et le plus fort c’est que le tout reste excellent, brillant à plus d’un titre. Complètement décomplexé, le groupe se lance dans des passages audacieux de claviers, d’harmonica, de voies orientales (influences orientales très prononcées sur plusieurs morceaux, encore une expérimentation inédite plus que réussie !), etc, le tout s’incorporant magnifiquement aux chansons, et servi avec efficacité par une production énorme. Les musiciens, d’illustres inconnus jusqu’ici, sont excellents, sans parler de ce très bon chanteur, Ian Kent, à la voix tour à tour chaude et rocailleuse, bluesy ou heavy. Bref, inutile de tergiverser, il s’agit d’un disque à se procurer immédiatement. Ne le faites pas pour le mauvais prétexte qu’il faut ‘soutenir les groupes français’, mais simplement parce qu’il s’agit d’un des tous meilleurs albums du genre, tout simplement, tous pays confondus.

Los Natas – Nuevo Orden De La Libertad

Los Natas - Nuevo Orden De La Libertad

Il y a quelque chose de rassurant à écouter un disque de Los Natas. Contre vents et marées, contre influences et tendances musicales, Los Natas suit sa voie, évolue tranquillement, et s’enfonce dans son sentier de stoner traditionnel fuzzé, sans demander son avis à personne. Plaire, faire de la musique pour le plus grand monde, ils s’en foutent comme du dernier groupe d’emo-core en couverture de tous les mags de rock. Par exemple, pourquoi essayer de rendre ses paroles compréhensibles par le plus grand monde ? Autant chanter direct en espagnol, on va pas s’emmerder. Pareil pour l’enregistrement : on pourrait mandater un producteur “hype”, mettre des harmonicas et de l’écho ici ou là, mais finalement, on va juste brancher nos instruments et enregistrer chez nous, en Argentine, avec notre pote producteur argentin (et non, pas de Billy Anderson à l’horizon). On met tout dans les compos chez Los Natas, on enregistre à l’instinct, pour mieux servir l’urgence des compos.

Et le trio s’y entend dès que l’on parle de compos : probablement l’un de leurs albums les plus efficaces et structurés, “Nuevo Orden…” propose 10 titres massifs, différents, soignés et finement exécutés (si tant est que “finement” puisse être employé pour définir un son de gratte aussi glaireux…). Les écoutes successives de cet album gravent les mélodies bien profond dans les cerveaux, si bien que l’on se prend à chantonner les morceaux (en “yaourt” espagnol, s’il vous plaît !) en hochant la tête, habités que l’on est… Une atmosphère quasi mystique émane de ces compos. Même les instrus, envoutants, acoustiques, pas trop longs, sont agréables et s’immiscent parfaitement pour mieux lier ces chansons entre elles (voir le majestueux “Dos horses”, au piano et guitare sèche, qui clôt l’album).

Comme d’hab, cet album devrait trouver sa place dans la discothèque de l’amateur de stoner “traditionnel” de tout poil, pour peu qu’il aime passer ses tympans dans une onctueuse rape à fromage et se faire ratatiner le cervelet sans trop comprendre ce qui se passe. Un disque pour nous autres, quoi.

Nebula – To The Center

Nebula - To The Center

Réussissant enfin à se démarquer de l’empreinte du FU (dont ils restent les membres fondateurs avec Scott Hill), nos trois gaillards sont parvenus, à la force du poignet, à se forger un créneau très personnel. Ces enfants du hard rock ont réussi à ciseler un hybride revisitant avec bonheur les pages les plus excitantes du rock’n’roll. Fin des années 60, début des 70’s tout d’abord : où la lourdeur du SAB côtoie le psychédélisme de HAWKWIND qui lui même renvoie aux arpèges et aux relâchements orientaux de LED ZEP. Puis de la première moitié des 70’s avec une touche glam lorgnant du côté des NEW YORK DOLLS. Sans oublier le côté punk et sauvage renvoyant au MC5 et aux STOOGES dont ils reprennent d’ailleurs I need somebody avec Mark Arm au chant. La présence de ce dernier, comme celle de Jack Endino à la production n’est d’ailleurs pas fortuite puisqu’ils font partie de ces acteurs qui, au début des 90’s, ont réintroduit le rock sale, abrasif et hargneux dans le grand cirque rock’n’roll. Depuis Seattle, Sub Pop a alors donné l’impulsion d’un mouvement aussi fulgurant qu’éphémère : le grunge, dont le succès pris rapidement la forme d’une pierre tombale. Et voilà que contre toute attente, Nebula en fait subitement rejaillir une source d’eau pure. De là à dire qu’au final Nebula nous a pondu un disque de grunge serait aller un peu vite. Dire qu’il ne s’en est pas inspiré serait mentir. En tout cas, dites à Francis Fukuyama que la fin de l’Histoire du rock’n’roll n’est pas pour demain.

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