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RIVAL SONS (+ The Sheepdogs) – 25/02/2019 – Lyon (Transbordeur)

Dire que nous étions tout chose à l’idée de retrouver notre quintet classic-rock chéri bibi est un euphémisme. Leur classe, leur savoir-faire, leur je-ne-sais-quoi dans la science du riff participent évidemment à l’aura que portent fièrement les américains sur leur couvre-chef. Nous voici donc un lundi soir à nous agglutiner au Transbordeur, et quand je dis « agglutiner » il ne s’agit pas d’une figure de style mais bel et bien d’une réalité, le concert du soir affichant un « sold-out » bien tassé pour ne pas dire « un peu trop vendu ».

Un lundi soir donc, ouvert par The Sheepdogs un combo encore plus canadien que la plus canadienne de tes copines. Un rock somme toute classique, voire très classique mais néanmoins efficace pour qui aime le propre, les influences country et l’interprétation au cordeau. Pas de quoi me transcender néanmoins d’autant que la salle est déjà bien chargée niveau affluence. Pas de soucis, un cornet de bière et une pinte de frites auront raison de mon impatience.

On se fraie un chemin la panse pleine et le gosier alerte histoire de s’octroyer une place avantageuse afin de suivre les élucubrations scéniques des fils rivaux.

Le chien de la dernière pochette apparait en fond, les battements de son cœur ne cessant d’accélérer jusqu’à l’arrivée du groupe sur scène. Et là, y a pas à discuter cent sept ans. Le son est bon, les zicos sont en place, on se dit que ça va être Toutatis en culotte de velours ce concert. Les gonzes placent intelligemment leurs titres les plus fédérateurs rapidement, le public est chaud, y a plus qu’à se laisser porter par la voix incroyable de Jay Buchanan et le son de gratte si particulier du groupe. Oui mais voilà, dès ces fameux « Electric Man » et « Pressure and Time » on comprend que les épices sont absentes, que le potage risque d’être fade sur la durée. Et cette impression se confirme, les nombreux morceaux mid-tempo du dernier album Feral Roots n’aidant pas à relever l’ensemble. Les musiciens semblent, de plus, dans une exécution binaire de leur show plutôt que dans l’interprétation. Les mêmes postures, les mêmes interactions reviennent régulièrement. On est franchement déçu de la place accordée scéniquement à la section rythmique et au clavier. Les mecs ne sont jamais mis en avant, l’essentiel de l’attention étant focalisée sur le binôme chant/guitare. Pourtant tudieu que ça tricote entre les trois du fond, et leur performance mériterait un placement plus en adéquation avec leur talent. L’unité de groupe en prend donc un sérieux coup. Et c’est toute une déception qui nous empare. On parcourt donc le set sans jamais être soulevé, ni emporté. Le groupe arrive même à faire trop dans l’emphase sur certains morceaux pourtant bien écrits.

Reste que le public a l’air conquis et c’est tant mieux pour le groupe. On aurait tout de même aimé plus de sincérité et de rock dans cette prestation, plus de transpiration que d’attitude.  Allez savoir, nous sommes peut-être tombés sur le mauvais soir et peut-être aura-t’on l’occasion de se payer cette grande tranche de classe qu’on attendait au Hellfest ? Wait and see.

 

MONSTER MAGNET – 02/02/19 – Magny le Hongre (File7)

Monster Magnet te signe une date unique lors de sa tournée Mindfucker et ne trouve pas mieux qu’une salle perdue au fin fond du 77, voilà en substance ce qui pouvait s’entendre de-ci-de-là chez les aficionados du Desert Rock en région Parisienne. Malgré qu’il soit toujours difficile pour ce public de se déplacer outre le périph’ même pour une date comme celle-ci, il n’empêche que la salle était presque pleine. Une salle toute dévouée à nos monstres magnétiques car la première partie tenue par Puppy n’avait pas grand-chose à voir avec le style qui nous occupe et on ne peut pas dire qu’un podcast live de Troll In The Sky soit suffisant pour remplir une salle malgré leurs connaissances encyclopédiques, leurs barbes soyeuses et leur mauvais goût naturel (Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous déconseille de cliquer sur ce lien)

La salle s’échauffe doucement avant l’entrée de Monster Magnet, un Best of de Black Sabbath tournant en fond sonore permet à bon nombre d’entre nous de s’échauffer les cordes vocales. Un parfum d’encens flotte dans l’air et résonnent les premières notes de “Dope to Infinity”  alors que les cinq acolytes prennent possession de la scène.

D’emblée la soirée promet d‘être une grosse claque. Une toile de cinéma tendue en fond avec un imprimé du Bull God tout en pots d’échappement crachant des flammes plante le décor. L’enchaînement sur “Rocket Freak” dès le second titre ne laisse pas la salle souffler, Dave Wyndorf se montre hyper communicatif et alpague le public en véritable Story Teller et encourage ses fans à monter en pression. La voix est calibrée sur une très très grosse reverb. Phyl Caivano qui a dû inspirer le look autant de Philippe Manœuvre que de Paul personne assure le set impeccablement derrière ses Rayban et finira par faire tousser les asthmatiques du premier rang remontant sur scène pour le rappel la clope au bec sur “CNN War Theme”. Pantella quant à lui se ferait presque oublier derrière ses fûts si ce n’était quelques frappes ravageuse qui emportent le pit dans plus d’une joyeuse bousculade

Le File 7 est une salle digne de ce nom et a vu passer bien d’autres noms clinquants du Metal et du Rock. Le Light show ne prônant pas le monochrome rouge ou bleu y est brillant de qualité et met en avant le jeu de scène des artistes. Les projections sur l’écran de cinéma restent discrètes, avec leurs scènes de vieux films que l’on a tôt fait d’oublier tant la puissance scénique de Monster Margnet est unique.

Le public quant à lui est enthousiaste sans être excessif, bien qu’au fil de l’eau les nuques se laissent aller et que le pit s’anime, comme sur “The Hammer Comes Down” et même sur l’hymne absolu qu’est “Spacelord”. Ce dernier titre est repris par bon nombre d’entre nous. A noter d’ailleurs les excuses de Wyndorf presque gêné de nous faire chanter des Mother Fucker en veux-tu en voilà!

La soirée passe à une vitesse folle et le rappel s’étire sur trois morceaux, “CNN War Theme”, “Dinosaur Vacuum” et un final sur “Powertrip” qui finit de vider l’énergie des premiers rangs…enfin vider, c’est un bien grand mot car on en aurait bien repris pour quelques demi-heures tant le set était jouissif. Un concert qui sentait le Sexe, la drogue et le Rock’n’Roll et ce n’était pas qu’un poncif du genre !

Set List:

Dope To Infinity

Rocket Freak

Crop Circle

Radiation Day

Melt

Look To Your Orb For The War

Ego Living Planet

When The Hammer Comes Down

Negasonic Teenage Warhead

Spacelord

Rappel : 

CNN War Theme

Dinosaur

Vacuum

Powertrip

 

JOHN GARCIA and The Band Of Gold (+ Dead Quiet) – 23/01/2019 (Paris – Trabendo) & 24/01/2019 (Bordeaux – Krakatoa)

Après des mois éloigné de la scène et un album qui a tardé à sortir dans les bacs, John Garcia est de retour en tournée en Europe avec son Band Of Gold pour pas moins de 26 dates. On a choisi de le capter “à froid”, dès ses premiers concerts, à Paris et à Bordeaux, pour le lancement de sa tournée européenne. Les salles choisies sont d’assez grosse capacité : le Trabendo à Paris et le Krakatoa à Bordeaux, deux belles salles de concert, qui ne seront malheureusement pas complètement remplies sur ces deux dates.

C’est les Canadiens de Dead Quiet qui ouvrent les hostilités sur toute la tournée européenne. « Pourquoi ? » est la question qui revient le plus dans les rangs du public. Pas de proximité musicale, géographique, de label, ou autre avec le père Garcia… Étrange. Pour autant, le combo de Vancouver n’est pas inintéressant et apporte une introduction sympathique à cette soirée. Le groupe évolue dans un genre musical très hybride, piochant dans des genres plus ou moins proches pour composer au final une mixture assez sympa : on est d’abord surpris par les nappes d’orgue très Jon Lord-esques qui accompagnent les premiers morceaux, enchaînées à quelques cavalcades guitaristiques dignes d’un heavy metal des plus old school. On est ensuite désarçonnés quand commencent à se greffer les lignes vocales écorchées du charismatique et jovial frontman du groupe. Puis tous les repères finissent par s’envoler quand se font jour les premiers gros assauts de guitare, où quelques riffs bien francs du colliers et autres attaques de leads bien nerveuses viennent mettre tout le monde d’accord. Un sacré bordel ! Mais le tout est bien maîtrisé et exécuté, et la bonne humeur générale et la bonne communication du chanteur-guitariste participent à faire de ces 45 minutes un bon moment.

Dead Quiet


Accompagné par ses trois acolytes recrutés en plein désert, le père Garcia avait à cœur de présenter son nouvel album au public. Avant de monter sur scène, il laisse la place à ses trois musiciens pour envoyer les premières notes de “Space Vato”, l’instrumental qui fait également office d’intro de son dernier album, John Garcia And The Band Of Gold. Le groupe enchaîne ensuite avec deux autres extraits du disque, dont le single “Jim’s Whiskers”, qui fait bien le job.

Même s’il fait plusieurs fois allusion à un décalage horaire difficile, Garcia est de bonne humeur et communique pas mal avec le public. Du côté des musiciens, les mecs font le job pour accompagner Mister Garcia de la meilleure des manières. Les riffs de basse made in Kyuss sont assurés à la perfection, la batterie casse la baraque et la guitare, malgré un son un peu brouillon, assure comme il se doit. Concernant leur prestation scénique en revanche, on était déjà habitué avec cette formation à une certaine austérité, et on n’est pas trop surpris, en particulier par Ehren Groban qui ne lève pas ses yeux une seule fois de son manche pendant tout le set. Mais le public – qui aurait pu être un peu plus nombreux sur chacune des deux dates – est déjà bien chaud, et ce n’est que le début.

Le public est en extase lorsque le riff de “Gardenia” retentit comme le démarrage d’un bulldozer. Plusieurs standards de Kyuss sont joués (“Conan Troutman”, “One Inch Man”…) et on commence à se demander si le Band Of Gold a l’intention de nous jouer d’autres de ses titres… C’est chose faite avec le fameux “Chicken Delight” (“Mon morceau préféré”, s’exclame le chanteur) puis “My Everything” (a priori jouée live pour la première fois à ses dires) où John Garcia nous prouve une nouvelle fois qu’il n’a rien perdu de sa superbe, tant au niveau de ses prouesses vocales que de sa prestance scénique.

“Lilliana”, qui suit, passe moins bien l’épreuve du live, avec quelques passages et arrangements un peu flottants, mais “Don’t Even Think About it” juste après ne tarde pas à relever le niveau (l’applaudimètre ne trompe pas). Les zicos profitent d’un nouveau moment à eux avec le très court “Molten Universe” avant que le maestro ne vienne remettre quelques pièces dans la machine avec encore une alternance de titres de son dernier album et de Kyuss.

Un rappel de quelques minutes et le quatuor remonte sur les planches pour finir par une doublette Kyuss de bon aloi, qui met le public en ébullition. Pour conclure, Garcia ose proposer un de ses nouveaux titres, même si c’est le plus Kyuss-ien, à savoir “Cheyletiella”. Carton plein, le public adhère et le groupe quitte la scène sous les applaudissements. Au final, la set list de ces deux dates (et sans doute de la tournée à venir) aura mixé audace et valeurs sûres, avec de gros pans de la carrière du chanteur passés sous silence (et notamment son premier disque solo, dont aucun titre n’a été joué !). Toujours serein, le prince du désert avait à cœur de bien démarrer cette série de 25 dates à travers le vieux continent. Et l’exercice est brillamment réussi, même si le spectre de Kyuss plane encore beaucoup au-dessus de sa tête.

TO)))M & Laurent

(Photos : Laurent / Bordeaux)

UNCLE ACID & THE DEADBEATS (+ L.A Witch) – 09/12/2018 – Paris (La Maroquinerie)

C’était une date attendue que celle de ce dimanche soir, Uncle Acid revenait de la perfide Albion pour se rappeler au bon souvenir du peuple Parisien ce qui n’était pas arrivé depuis deux ans! Rendez- vous fut donc pris à la Maroquinerie, salle emblématique du XXe arrondissement, toute en sous sol et en queue au bar. Une belle étuve qu’il est toujours bon de venir retrouver.

L.A Witch

Les hostilités débutent vers 19H devant un public éparse. Le trio de L.A Witch ouvre une demie heure plus tôt que ce qui avait été prévu de longue date et beaucoup n’avaient pas mis à jour leur agendas. De fait il est aisé de se déplacer dans la fosse et de venir découvrir de près les trois sorcières de Los Angeles (Comme leur nom l’indique, ca ne s’invente pas!). Le set que vient délivrer le groupe est assez semblable à la version studio et c’est une prestation maîtrisée au millimètre qui se joue ce soir. Le public est attentif et l’accueil plutôt chaleureux. Pour autant il faut bien reconnaître qu’en ouverture d’un groupe tel qu’Uncle Acid & The Deadbeats que leur garage Rock un rien West Coast semble un peu terne. Il faut cependant rendre hommage aux riffs de basse de Irita Pai qui viennent dimensionner les morceaux. On s’arrête bien souvent sur l’agréable surprise qu’est la tessiture de voix  de Sade Sanchez qui offre nombre de modulations intéressantes. Du côté de la mise en scène, les Dames ne bénéficient que d’un light show famélique sur fond projeté statique et psychédélique. Pour autant l’effet n’est pas des plus vilains et on remerciera les balances d’une qualité certaine et assez propre à La Maroquinerie.En bref, les riffs tournent parfois en boucle sur un fond rythmique assez entendu mais dont l’efficacité envahi la salle et bien que l’on ne soit pas dans le summum de l’originalité la trentaine de minutes du set suffit à conquérir une bonne partie du maigre public présent.

 

Uncle Acid & The Deadbeats

Après une courte pause, le temps des balances arrive pour Uncle Acid et ses Deadbeats. Entrée plus qu’épaulée par un staff mettant en place un cahier avec les paroles ou éclairant les marches qui descendent sur la scène pour éviter une chute malencontreuse. Déjà le public montre son enthousiasme hurlant pour certains le nom de Kevin Starrs qui entonne d’emblée un “I See Through You” plaintif et rassembleur. Malgré cette ferveur autour de l’emblématique leader de la formation, la mise en scène ne promet pas de le placer au centre de la scène autrement que de part son positionnement. En effet, les spots mettent le groupe majoritairement en contre jour et en particulier Kevin. Une fois de plus la balance est parfaite pour ce qui est de la fosse, peut-être un peu plus discutable du fond de la salle, mais à cause de la configuration de cette dernière avec son amphithéâtre et sa coursive arrière moins bien positionnée par rapport aux enceintes. En interview Kevin Starrs nous avait parlé de l’écran derrière le groupe (voir notre interview de ce mois-ci) et en effet la projection qui s’y déroule ajoute un très bel effet scénique. Images psychédéliques, bains de sang proches des effets d’une lampes à lave. Un très bel écrin pour livrer la musique des Deadbeats.

Du côté de la musique justement, le mix entre les titres des albums est agréablement distribué. Bien que la tournée soit la promotion de Wasteland, celui-ci n’est pas surreprésenté dans la setlist qui se répartie équitablement entre tous les albums . Pour ce qui est de l’interprétation des anciens titres, les nouveaux musiciens assurent comme s’il avaient toujours été aux côtés de Uncle Acid. Le bassiste en particulier assure un jeu scénique intense et rassasie le public d’harmonies intégrées dans l’ensemble des compositions. Si le second guitariste reste plus en retrait, semblant rechercher une concentration maximum, son jeu où les ruptures de temps son nombreuses montre qu’il à toute sa place dans le groupe. Enfin le batteur fait l’objet de toutes les attentions lorsque les trois guitaristes se tournent vers lui dans une communion musicale impeccable. La prestation live est parfaite, intégrant dans les morceaux des perles de jeu improvisés du coté de la guitare de Kevin Starrs.

Le public entre doucement dans le son et c’est le break à la moitié de “Shockwave City” qui fait basculer les fans dans la liesse. Enfin la fosse s’anime, poussant jusqu’au pogo et les titre suivants avec entre autre “Crystal Spiders” “Pusher Man” ou Blood Runner”ne font qu’augmenter la joie de la foule qui désormais à complètement rempli la salle. Il faut dire que les guitares sont ultra raccord, le jeu subtilement technique garde une puissance mélodique certaine et les riffs majeurs de Uncle Acid ainsi que les breaks incendiaires prennent toute leur valeur en live. La Maroquinerie est devenue une véritable étuve alors que sonne le rappel, mais quel rappel! Trois titres “Melody Lane”, “Evil Love” et une clôture sur “No Return” après 1h30 d’un set dont tout le monde ressort en nage et le sourire jusqu’aux oreilles.

2h de concert au total cela semble court sur le papier et nombreux auront été ceux à se plaindre à l’ouverture des portes (Dont moi même) qu’un troisième groupe n’ait pas été à l’affiche. Pourtant alors que nous quittons la salle, les échanges sont animés, tout le monde s’est mis d’accord pour dire combien il attendait ce concert et combien il n’était pas déçu d’avoir pu y assister. Voilà donc une soirée qu’il aurait été dommage de manquer, il n’y a plus qu’à attendre la saison des festivals pour revoir ce groupe magistral qu’est Uncle Acid & The Deadbeats.

BELZEBONG + The NECROMANCERS (+ Hell in Town) – 28/10/2018 – Bordeaux (Void)

On y est ! Les bacchanales organisées par les Make It Sabbathy pour leur 50ème se clôturent ce soir avec ce concert avec cette 3ème (ou 4ème selon comment on compte) soirée. On craignait une affluence famélique (les bordelais ont été bien servis en concerts ces dernières semaines) et la surprise est plutôt bonne de voir que les gens de bon goût ont fait le déplacement.

Comme souvent avec les concerts Make It Sabbathy (et c’est fort louable), c’est à un groupe local que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités. Hell in Town existe depuis quelques années et revient en réalité aux affaires après un long break, avec un nouveau line-up. Il semble tenir le bon bout de ce côté là, car les zicos tiennent bien la route. L’ensemble est d’ailleurs très solide et l’on se laisse vite embarquer par ce gros sludge sudiste (de subtils relents down-esques se font sentir ici ou là), lourd mais jamais trop bourrin. L’ensemble est chaleureux et bien interprété, et les vocaux de Matt, doté d’un bon timbre de gueulard, siéent à ravir au groupe. Seule étrangeté, ces soli super techniques un peu systématiques qui déboulent sur presque chaque titre, parfaitement interprétés (très bon guitariste lead), mais un peu abscons dans le contexte musical choisi par le groupe… Mais c’est un détail, et le set défile et se termine sur un très bon feeling.

 

Un changement de plateau rapide et c’est aux Necromancers de se frotter à un public qui devient de plus en plus nombreux. Avec un nouvel album sous le bras, et une intro sur “Join the Dead Ones”, on a vite cru que l’on aurait droit à un best of de ce dernier. Mais dès “Salem Girl part I” qui suit, on est agréablement surpris : le groupe ne néglige pas son premier album, et le concert sera en réalité composé d’une alternance d’extraits de leurs deux productions. Déjà que le quatuor traîne une réputation de solide groupe live, autant vous dire qu’ainsi armés d’une set list “best of”, ils mettent toutes les chances de leur côté. Reste à valider l’interprétation et l’énergie scénique, et là encore, on n’est pas déçus : la troupe est en forme, et se stranscende sur scène, comme à chaque fois qu’on les a vus, avec derrière un Tom toujours impeccable au chant (ce chant rocailleux reste un bel atout pour le groupe) un groupe qui se donne à fond. Dès lors les temps forts sont légion, et les trois quarts d’heure de set défilent et donnent la banane : un “Salem Girl” costaud, un “Erzebeth” épique et qui n’ennuie jamais sur la longueur, un “Secular Lord” catchy, le rapide “Grand Orbiter”… Le public monte en pression au fil des morceaux et quand le set se termine sur le très bon “Black Marble House”, on peut sans peine affirmer qu’ils en auraient bien repris un peu…

 

Place maintenant aux très attendus doomeux de Belzebong. Le quatuor vient de sortir en douce un troisième album (complètement autoproduit, le groupe a toujours tracé sa route un peu en bordure des sentiers battus) que l’on va pour une fois découvrir en live avant le disque. Un album dans lequel ils ont toute confiance en tous les cas, puisqu’ils en joueront les trois quarts (3 des 4 titres, dit autrement) ce soir. Il sera difficile de dire si ce dernier se distingue en live après cette soirée où les titres s’enchaînent dans la même masse musicale informe où les riffs lancinants succèdent à des riffs encore plus lancinants. Dès les premiers accords du lourd classique “Bong Thrower”, nos trois lascars en front de scène jouent bas et dur, headbangant en mode synchro alignés sur le devant de la scène. Et cela se répètera ainsi sur une grasse heure environ, avec quelques soli haineux pour lever un peu le nez du guidon, au grand contentement des amateurs éclairés. Il faut dire que Belzebong, aussi rare sur scène que sur disque, est devenu l’un des meilleurs groupes du genre, bien appuyé sur un genre codé qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts, avec cette distance et ce second degré qui les rend attachants et fun (une large moitié de leur set list parle de plaisirs enfumés). On est contents de se taper “Acid Funeral”, “Goat Smokin’ Blues” et autres tartines doom fumantes, entre autres, et on voit passer entre la scène et le public quelques grosses cigarettes fumantes un peu bizarres, qui semblent satisfaire notre quatuor… Que demande le peuple ? Dans les volutes et le headbang, le set défile sans accro et, encore une fois, c’est avec un mélange de satisfaction et un peu de frustration (encoooore) qu’on voit les polonais quitter la scène.

 

Encore une bonne soirée passée grâce aux Make It Sabbathy, on espère à l’issue de cet anniversaire pouvoir venir pour encore 50 nouvelles dates : un second anniversaire de cette tenue ne serait pas de refus ! En attendant, bravo pour ce plateau, qui aura intelligemment proposé sur plusieurs dates en Europe et en France deux groupes solides et différents, qui savent fédérer un public de connaisseurs.

Dürnt Fest 2018 (Stonebirds, Spaceslug, Deadly Vipers, Red Scalp, Decasia….) – 02/11/2018 (Voisin le Bretonneux) & 03/11/2018 (Rambouillet)

 

Un weekend de pont, des copains motivés, une envie de Fuzz dans les veines, il n’en fallait pas plus à l’association Frénésique adjointe de Met’assos pour programmer une seconde édition du Dürnt Fest cette année. Le format est un peu particulier,admettons le, deux soirées avec quatre groupes à chaque fois, sur deux lieux distants de 25 kilomètres, on est plus proche de ce qui ressemble à un regroupement de concerts que d’un festival. Cependant, l’affiche avait de quoi faire envie et c’est avec plaisir que j’ai pris la route pour cette contrée idyllique aux portes de Paris, les Yvelines.

 


Jour 1

 

DÜRNT FEST 2018 – Salle de la Tour – Voisin Le Bretonneux

La salle de la Tour à Voisin le Bretonneux est un centre culturel qui tire son nom de son architecture (Incroyable hein!), j’arrive donc sur une place où siège une tourelle nantie de douves et où l’aménagement de l’espace propose salle d’enregistrement, salle de concert, lieu d’expo etc… une fois dans la place le premier constat est de retrouver des habitués des salles les plus lointaines avec des Lillois, Corréziens et autres Angevins, visiblement l’affiche n’a pas attiré que votre serviteur.

 

ELECTRIC RETRO SPECTRUM

Electric Retro Spectrum, trio de Montreuil qui se dépeint comme un groupe aux objectifs mal définis ouvre le bal avec brillo. Le garage rock du Power Trio est servi par une voix féminine hyper bluesy à la limite de l’enharmonie. Une atmosphère lascive et basse qui vire au grunge sans s’encombrer de trop de cohérence. Ils marquent l’ouverture des deux jours avec une énergie scénique toute juvénile et un jeu de scène mobile sous un light show déconcertant tant il est fourni pour ce type de salle. Electric Retro Spectrum c’est une guitare, une basse et une batterie qui auraient eu toute leur place dans une scène de “Une nuit en enfer” au hasard, l’entrée dans le bar. Je l’ai dit, certains passages manquent de cohérence et la construction est abrupte, mais cela fait toute l’énergie du groupe qui vit sa musique avec passion et la partage sans compromis. Au registre des bonnes surprises, la complémentarité du chant de la bassiste et du guitariste qui ferait presque regretter de n’avoir pas un chœur à écouter. Le son frôle parfois la Surf Music et le batteur mets toute son énergie au feeling jazz sur certains intermèdes ce qui ne déplait en rien au public. La soupe est servie pour Décasia qui remplace Domadora qui a dut annuler sa venue

 

 

DECASIA

D’entrée de jeu le trio Heavy Psych Parisianno-Nantais démontre toute sa maîtrise du set, déroulant sans accroc des titres avec une exécution proche du studio. Bien évidemment quand on ouvre pour des groupes comme Stoned Jesus, et quand on arrive à se faire programmer plus d’une vingtaine de fois dans l’année, il aura fallu faire ses preuves et garder le rythme. Malgré un groupe plutôt jeune et n’ayant qu’un LP à son actif, le public ne sera pas déçu ce soir. Sans doute la voix semble en retrait dans ce patchwork de riffs psych à la sauce Jam. Mais cette capacité qu’a Decasia à passer d’un standard teutonique façon My Sleeping Karma à un rock pêchu voir corrosif fait montre d’une cohésion forte servie par des balances sans faille. Les lignes de basse soutiennent l’ensemble avec régularité plus que par virtuosité et ce n’est pas là une critique car faire le job passe pour moi avant la démonstration d’agitation du manche. C’est avec plaisir que nous recevons un titre de rappel en Jam, morceau qui a le plus de tripes grâce à sa spontanéité. Mais voilà, le set se termine déjà, près d’une heure se sera écoulée sans que NOUS ne nous en rendions compte.

 

 

Après un arrêt aux abreuvoirs qui servent quelques curiosités houblonnées locales et quelques échanges avec les connaissances de l’autre bout de la France il est temps de retourner dans l’obscurité de la salle pour recevoir les polonais de Spaceslug.

 

SPACESLUG

Je ne vous cacherai pas que j’attendais avec impatience de voir le show des Spaceslug qui ont sorti cet été un excellent Eye The Tide que j’ai eu le plaisir de chroniquer. Caractérisé par des passages atmosphériques prenants et une puissance indéniable Spaceslug fait monter la pression dans la salle. La Scène polonaise ces dernier temps délivre toute sa puissance et nous aurons l’occasion de revenir là dessus au cours du weekend. L’application et la maîtrise du groupe agissent comme un rouleau compresseur sonore qui s’appuie sur ses précédents albums plus que sur le dernier en date dont on ne pourra entendre que “Words Like Stones” et “Obsolith”. La voix Sludge de Bartosz offre un esprit de rage qui sert un jeu hyper puissant. Les pistes réalisées en studio sont quasi réinterprétées ici. Le tempo s’accélère et la structure dérive. Indéniablement l’esprit post du dernier album est abandonné sauf en de rares occasions ce qui est surtout dut au chant une fois de plus. Jeu Ultra inspiré, passages surprenants, clairement Spaceslug livre LE set de la soirée tout en puissance et en interludes subtiles. Dommage que ce premier jour ne se clôture pas sur ces limaces de l’espace.

 

 

EYES FRONT NORTH

Le groupe parisien officie dans un genre Atmo Post teinté de Black Métal. Leur album sorti en 2016 From shape to name avait été plutôt bien accueilli par la critique et on aura pu les écouter de-ci de-là au fil de leurs tournées. Ce soir Eyes Front North aura la charge de clôturer la soirée. Quitte à paraître ingrat, j’avoue mon herméticité à ce qui est livré sur scène. Il y a chez ces gars là une belle énergie, une volonté d’en foutre plein les oreilles et il serait injuste de le reprocher. Mais j’ai peu goûté les transitions et une batterie qui m’a paru fade, en clair une entrée en matière pas très convaincante. J’ai le sentiment qu’un esprit Death surgit parfois, tel un monstre marin dont on ne voit que l’échine et si les influences se multiplient, sans doute par goût pour le Post-Metal. Les atmosphères se succèdent et se mélangent cependant force est de constater que le public y trouve largement son compte, la recette aura donc convaincu la “foule” présente et c’est bien là l’essentiel.

 

 


 

Jour 2

DÜRNT FEST 2018 – L’Usine à Chapeaux – Rambouillet

Changement de décor, nous arrivons ce soir à Rambouillet, ville bourgeoise de confins du 78, sera-t-elle prête à recevoir la vague qui s’apprête à déferler? vous le saurez…tout de suite… L’événement  est prévu à l’Usine à Chapeau, une salle de concert bien connue des habitant du cru pour sa programmation éclectique et parfois pas piquée des vers. Nous pénétrons dans l’enceinte et découvrons une salle bien agencée, disposant d’un balcon qui pourra servir tant à faire les emplettes au merch qu’à ponctuellement aller admirer les sets. C’est parfait.

 

HUMAN TOYS

C’est Human Toys qui à la lourde charge d’ouvrir la soirée. Je ne resterai qu’évasif sur le sujet, puisque ce duo aux accents de punk mâtiné de Surf Music, si ce n’est parfois de Rockab’ ne correspond pas trop à notre ligne éditoriale. Cependant si vous aimez les boîtes à rythmes, le theremin, les corsets et les colliers pour chiens, ce groupe à la forte énergie visuelle bricole quelque chose qui ne devrait pas vous déplaire. Pour les autres, ne vous en faites pas, la suite ne devrait pas vous déplaire et le public même si venu peu nombreux s’est étoffé par rapport à la soirée passée.

 

DEADLY VIPERS

Deadly Vipers semble très attendu du public, les perpignagais vont d’ailleurs en combler une grande partie. Nous avions goûté leur album l’an passé et la patate Desert Rock de nos fuzzonautes remet la soirée dans les clous d’une musique plutôt très dans nos cordes. Le jeu de scène est assumé, parfois un rien poseur du côté du chanteur Fred, mais c’est toujours bien intentionné. La qualité du set tient à quelques trouvailles de qualité et le public ne s’y trompe pas. Puis à bien y regarder on sent clairement que Kyuss est passé par là. Ce bandana…on dirait Brant Bjork en culottes courtes! mais putain, non il n’y a pas que ça, il y a aussi les riffs et l’esprit. Alors d’un coup je me dis, devrais-je hurler au plagiat? devrais-je m’insurger lorsque les notes de “Gardenia” semblent résonner? Que néni! surtout pas, ça prend le corps comme il faut et emporte l’esprit vers nos terres de désert, tout comme on aime. La salle commence à transpirer et le jeu de scène fait mouche. Il suffit de voir les sourires sur nos trognes assoiffées en sortie de set.

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RED SCALP

Second groupe fort attendu ce soir, Red Scalp va galvaniser le public. Ce groupe de Polonais (Tiens donc!) est là pour offrir sa touche Bluesy et son jeu de grattes ravageur. Si ce combo de guitares, basse, clavier, toms et sax emprunte des chemins aventureux sur le papier, il réalisent un Stoner savoureux et riche qui sort de l’ordinaire. La force vocale des chanteurs qui prennent le micro en alternance ou en chœur font ressortir une richesse rare en la matière. Quant au Saxophone alto qui vient s’intégrer, on pourrait craindre le pire, mais il n’en est rien, il ajoute une touche pop presque surannée mais sans fausse note. On y retrouve des classiques du genre Stoner avec cette dose de personnalisation qui fait le sel de Red Scalp. La salle alors ne se contente plus d’agiter la tête mais danse carrément pour plus de la moitié de ses participants. Cette danse devient réellement transe puis Pogo lorsque les toms joués aux mailloches entrent en scène et libèrent l’esprit tribal qui fait la renommée du groupe. Red Scalp ne porte pas son nom pour rien et on serait bien resté encore un peu avec eux!

 

 

STONEBIRDS

Voilà l’achèvement de ces deux soirées bien remplies qui monte sur scène, Stonebirds s’apprête à livrer son talent aux auditeurs. Le jeu immédiatement montre à quel point le set est maîtrisé, une prestation quasi identique à celle du studio qui rend l’acte de scène encore plus jouissif. Le jeu de basse en tapping ultra technique (Basse six cordes fretless, voyez vous ça!), la puissance des chants prennent aux tripes, la guitare fait naviguer d’un sens à l’autre et la batterie assène les coups tantôt avec puissance, tantôt avec un doigté extraordinaire. Le charisme des trois bretons fait qu’avec un minimum d’effort le public rentre majoritairement dans le set…jusqu’à ce qu’une coupure de courant pirate la montée de “Scarifice” et il faudra bien 5 minutes pour remettre tout en ordre de marche. Mais après ce temps infini, la musique reprend, hors les cases, surprenante comme certains de ces groupes actuels ( je pense en particulier à un Lumberjack Feedback ou un NNRA) auquels il est bien insuffisant d’accoler le terme Doom. Le trio nous gratifie d’un set basé sur sont album Time avec “Only Time” Ou “Shutter’ et même un morceau inédit. Chez Stonebirds, le cri et le growl se mêlent comme le vent qui rugit sur la lande et le Mont Saint Michel de Brasparts à l’automne. La force émotionnelle des compositions est de terre, de sel et d’eau, se livrant à la mélancolie comme le regard qui se porte au loin sur l’amertume d’un Brennilis au milieu de cette terre de début du monde que l’homme moderne n’aurait pas dû toucher et où pourtant il peut se sentir en paix avec lui même. Stonebirds, c’est tout ça, la rage de vivre, la mélancolie et pour final, l’amour comme Fañch l’annonce sur “Animals” avant que le set ne se clôture bien trop vite à mon goût.

 

Il est l’heure pour l’association Frénésique de clôturer le bal. Un discours de remerciement qui nous va droit au cœur et l’on ressort avec de beaux souvenirs, preuve que ce festival était une réussite. Il n’aura manqué qu’un public bien trop absent, à croire que le weekend de pont ainsi que la sédentarité des curieux parisiens aura eu raison d’une jauge possible pourtant fort raisonnable. Alors j’espère que ces lignes vous auront convaincues que vous avez manqué quelque chose et qu’une prochaine année saura vous accueillir plus nombreux.

NAXATRAS – 31/10/2018 (Bordeaux, avec Sbonk et Tunks) & 1/11/2018 (Paris, avec Mr. Bison et Spaceslug)

Double chronique pour rendre honneur à Naxatras qui a honoré la francophonie de rien moins que 4 dates dans sa dernière tournée et a fait le bonheur de quelques festivaliers en plus ces dernières semaines…

 

BORDEAUX – 31/10/2018 (Void)

L’ambiance est aux festivités ce soir : non seulement les Make It Sabbathy sont toujours en pleines festivités (pour rappel, ils fêtent leur 50ème avec rien moins que… 4 soirées concerts, dont celle de ce soir est la troisième) mais en plus c’est Halloween ! Quoi que l’on pense de cette fête à large vocation mercantile, c’est toujours sympa de croiser des gens déguisés partout en ville et… dans la salle !! Un bel esprit, que l’on retrouvera toute la soirée.

 

Une soirée qui commence d’ailleurs fort bien avec les locaux de Tunks. Le trio pratique un stoner 100% instrumental, et ses chansons n’ont pas de titre mais… des numéros ! Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, on va pas vous la faire, l’ombre de Karma To Burn plane  sur la petite scène du Void pendant les 45 min du concert… Mais ça fonctionne bien, et le public kiffe. Un public déjà bien nombreux d’ailleurs, ce qui fait plaisir à voir. Plutôt taiseux, les zicos regardent par ailleurs plus leur instrument que le public, ce qui rend la scénographie peu emballante… mais en même temps on n’est pas venus voir les petits rats de l’opéra, et côté riffs, on est plutôt servis. C’est d’ailleurs quand il y en a moins que la tension baisse un peu, témoin ce mid tempo poussif et laborieux, trop long, qui ne déchaîne pas les foules. C’est vraiment quand il rentre dans le lard que le trio remporte les suffrages, à travers ses titres courts et nerveux. Un peu plus “d’aisance” scénique, un peu plus de puissance et de gras dans le son de guitare, et un peu plus d’homogénéité dans les compos, et ce serait parfait !

Tunks

 

C’est au tour de Sbonk de monter sur scène, un autre trio 100% instrumental (vous le sentez pointer du nez, le concept de la soirée ?…). Sauf que là, on est plutôt dans l’erreur de casting. On aurait dû le voir venir : il y a forcément quelque chose de louche à attendre de musiciens qui jouent avec leurs instruments au niveau du nombril. Bingo ! Le groupe évolue dans une sorte de rock expérimental où se mêlent des effluves jazz et funk, mais jamais le moindre soupçon de gras ne se répand de ces amplis malheureusement… On pense à Zappa, à Ron Thal dans son début de carrière, à Freak Kitchen parfois… On ne pourra pas dire que le groupe est mauvais, loin s’en faut, musicalement c’est solide. Mais pour le stoner head exigeant, ce n’était pas très enthousiasmant. Notons que le public apprécie toutefois (ils ont pas mal de potes dans l’assemblée par ailleurs).

Sbonk

 

Changement complet de matos sur la scène (oui, même la batterie) en à peine 20 minutes, et c’est donc au dernier trio instrumental de la soirée de monter sur scène. Et pas des moindres : Naxatras est très attendu, et le Void est désormais blindé, un phénomène aussi rare qu’appréciable, surtout pour récompenser la qualité de ce jeune groupe méritant. L’entame n’est pas des plus dynamiques en revanche, le public ne bouge pas trop, ambiance “culminant” (!) avec le sympa mais un peu plombant blues de “Downer”. Mais c’est avec un “On the Sliver Line” au groove désarmant que les choses commencent à prendre leur envol, pour ne plus jamais se reposer ensuite ! John Delias à la guitare a peut-être la prestance scénique d’un renard empaillé (bien aidé par un light show toujours aussi remarquable au Void, qui lui permet de se cacher à l’ombre du faible filet de lumière rouge qui éclaire vaguement le bout de ses baskets), il produit un jeu de gratte emballant et fait plus que le job. Il est bien aidé par un duo rythmique remarquable, dont se distingue le jeune John Vagenas, bassiste souriant et efficace, dressant un tapis de basse dense et mélodique. Notons que ses vocaux sont tout aussi pertinents. Le set déroule ainsi, devant un public conquis, souriant et dense, dans une ambiance torride. Le heavy psyche du trio cartonne ce soir, ça fait chaud au cœur ! Les titres défilent pendant une heure, où des riffs costauds se voient nappés de heavy rock psyche ou de space rock avec toujours une belle efficacité. Au bout d’une heure le groupe salue et quitte la scène dans une ambiance de fou ! Évidemment le public en sueur et extatique crie à gorges déployées le patronyme du trio grec pour un rappel qui apparaît logique et… rien ! Ils ne reviendront pas ! Une heure et puis s’en va. Leur set fut généreux dans sa densité mais trop court pour le public présent, chauffé à blanc… Mais on retiendra l’intensité de ce concert plus que le reste.

Naxatras

Laurent

 


PARIS – 01/11/2018 (Glazart)

À peine démaquillé de l’Halloween de la veille que l’on succombe déjà en ce jeudi premier novembre à l’appel du riff. Pour cette 31e programmation dans la capitale, Below The Sun nous propose ce coup-ci rien moins que Mr. Bison, Spaceslug et Naxatras. Et si ce cocktail se veut un tantinet plus planant que dévastateur, il ne laissera pas pour autant la fosse du Glazart indemne.

Mr. Bison

Une fois n’est pas coutume, le Glazart abandonne sa ponctualité chirurgicale et ouvre l’accès à sa scène vingt minutes après le supposé début des hostilités. Les gars de Mr. Bison se présentent sous les projecteurs dans le même temps et s’équipent pour déchaîner leur heavy rock aux ascendances psyché blues dans une salle encore bien trop fraîche. Quelques pépins techniques au niveau d’une des grattes retarderont encore un peu le départ, mais bientôt on prend enfin notre vague de riffs. Pas besoin de basse ici, deux guitares et un octaver garantiront le lourd groove plein de fuzz des Italiens et feront hocher les têtes et s’agiter les hanches. La symbiose se voit renforcée par un batteur d’une rare énergie pour qui distribuer des breaks à tarbasse semble constituer une seconde nature. En dépit des quelques larsens qui retarderont le départ d’un titre et l’exécution d’un solo, la team des Matteo nous sert une prestation impeccable et pleine de bonne humeur. La foule s’avère encore éparse en ce début de soirée, mais elle manifeste sans difficulté tout le bien que lui inspire le groupe. Petit bémol concernant les voix cependant. Il est tout bonnement impossible de les entendre au-devant de la scène. Encore une fois, il faudra reculer de quelques rangs pour pouvoir en apprécier la tonalité. Et sachant que les trois membres de Mr. Bison disposent d’un micro, on aurait tort de s’en priver.

Spaceslug

Des musiciens qui chantent, Spaceslug en dispose également. Les membres originaires de Wroclaw en Pologne disposent chacun d’un micro, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’en seront servis. Après une longue préparation, ils nous emportent dans leur musique cosmique grâce à la belle « Proton Lander » issue de leur première production de 2016 : Lemanis. Entre psyché planant et gros stoner bien burné, on navigue. On se sent glisser dans les différents univers invoqués par le groupe. Puis, durant le refrain de « Living The Eternal Now », le guitariste Bartosz Janik demande à ce qu’on diminue le volume de son micro. Les réglages ne le satisfont à priori pas et il n’attend pas la fin du morceau pour manifester son désir de perfection. Il répétera sa requête entre chaque chanson ; ajoutant au passage quelques « check, one, two, check » qui auront pour effet d’agacer les plus impatients de la foule. Plus tard, c’est le batteur qui s’y met : « I beg you, more vocals in my monitor, please ». Hélas, il semblerait que la régie soit elle aussi partie en weekend prolongé, car rien n’y fait. Ces problèmes de son expliqueront aussi sans doute pourquoi la voix du bassiste sonne si faux tout le long du concert. Le malheureux ne doit sans doute pas s’entendre, du moins espérons-le. Malgré ces péripéties, le set s’avère loin d’être catastrophique et côté fosse ça bouge bien. On verra même quelques pogos naître vers la fin et finir de chauffer cette salle à présent brûlante.

Naxatras

Et ils sont nombreux les fidèles à venir acclamer les maîtres de cérémonie. Aussi humbles qu’à leur habitude, les membres de Naxatras montent sur scène et saluent ce public aux oreilles avides. Puis les portes du multivers psychédélique s’ouvrent et le voyage commence. Une itinérance portée tant par la mélodie vaporeuse d’une guitare spectrale faisant office de prophétesse que par la rythmique onirique dépeignant la toile de fond. D’un côté Kostas percute, toujours avec finesse, délicatesse et précision ; de l’autre John Vagenas vient broder son canevas hypnotique avec méthode. Les titres s’enchaînent comme un chapelet de perles appartenant à un ensemble bien plus grand, plus noble. « Sun is Burning », « On the Silver Line » puis « Waves » qui déclenchera une certaine ferveur dans la fosse… Très vite on s’aperçoit que l’exécution des morceaux relève de la perfection et rend un hommage saisissant aux versions studio. Et puis tant qu’à faire, autant servir ça avec un franc sourire rayonnant de sympathie. « I Am the Beyonder » vient finalement achever de convaincre les fidèles que le rock psyché ne connait ni frontières ni temporalité. Il est éternel, plein de puissance, de bienveillance et surtout magnifique.

L’atmosphère colorée finit par se déliter et la bulle éclate sans un bruit. On revient alors à la réalité avec un sentiment de mélancolie. Mais aussi de gratitude. Encore une fois, le bal orchestré par Below The Sun nous a permis d’effectuer de jolies danses.

 

Alex

STONED JESUS + Somali Yacht Club – 28/10/2018 – Bordeaux (Void)

Voilà une info qui fait plaisir : ce soir, les Make It Sabbathy jouent à (presque) guichet fermé ! Rarement avait-on vu le Void aussi rempli effectivement, et la notoriété de Stoned Jesus n’y est manifestement pas étrangère.

Mais pour l’heure c’est à leurs partenaires de tournée (et concitoyens ukrainiens) d’ouvrir les débats (c’est Elephant Tree accompagnait Stoned Jesus sur le premier segment de leur tournée quelques semaines plus tôt). Somali Yacht Club monte donc sur scène pile à l’heure prévue et se lance dans une intro… molle. Pas vraiment emballés par le début de ce « Religion of Man », on revoit progressivement notre position quand sur la fin le morceau prend une tournure plus épique. Et dès lors les chevaux sont lâchés et le reste du set est juste délicieux. Le trio enchaîne ensuite plusieurs titres de son précédent opus, The Sun, dont on retiendra surtout un « Loom » dense à souhait, même si assez classique dans sa forme, ou encore la deuxième section de ce « Up in the Sky » quand le titre s’emballe. Mez distille quelques vocaux discrets et juste nécessaires, mais c’est à travers sa 6-cordes qu’il fait le taf, jumelée à un rack d’effets bien fourni, qu’il manipule généreusement pour apporter quelques artifices à son son, sans jamais trop en faire. Comme dans tout trio de stoner dans la veine psyche, c’est la base rythmique qui fait la différence, et à ce petit jeu Lesyk à la batterie et Artur à la basse ne sont pas venus faire de la figuration. Ce dernier en particulier renforce la rythmique et développe des plans mélodiques tout-confort qui permettent à Mez de distiller des leads impeccables. La communication avec le public est bon enfant, la convivialité et la bonne humeur sont de mise, et quand le groupe nous quitte au bout de trois quarts d’heure sur les dernières notes de « Vero », on se dit qu’on n’aurait pas craché sur un peu de rab’.

 

Après un changement de plateau exécuté à la vitesse de la lumière et un line-check éclair, vingt minutes plus tard à peine c’est aux très attendus Stoned Jesus de fouler les planches. Igor, frontman naturel du trio, arbore pour la peine un tee-shirt sur lequel il a gribouillé au marqueur noir « Merci Bordeaux ». Toujours sympa ! Soudainement moins souriant, il fait signe à quelques individus au premier rang qu’il préfèrerait qu’ils ne fument pas sous son nez – probablement une position entendable de la part d’un chanteur en milieu de tournée souhaitant protéger sa voix… mais un peu vain quand il est dans un club au volume rikiki complètement enfumé du 1er au dernier rang ! (imaginez un fumoir, portes fermées, sans aucune circulation d’air… Amis du tabagisme passif, bonjour !). Voilà en tout cas qui ne participera pas à la cordialité de la soirée… Musicalement, le trio donne rapidement le ton de la soirée à travers une set list dont la plupart des titres sont issus de son dernier effort, Pilgrims. Un choix audacieux et assumé pour un groupe apparemment persuadé que les réserves entendues ici ou là sur son disque – assurément pas un disque facile – devraient être balayées par la déclinaison live de ses titres. On comprend cela dès le début, avec un « Feel » déjà un peu malsain sur album, qui prend sur scène une tournure très intéressante, une fois passée cette première moitié un peu mièvre. Il en ira de même plus loin avec ce « Distant Light » froid et inconfortable sur disque qui prend plus de puissance sur scène. Le groupe épure ses titres pour le live, retire les intros et autres artifices de production, et ça fonctionne bien. Un peu plus tard, Igor vient sur le devant de la scène et, gratuitement, shoote dans les 2 gobelets posés au bord en faisant signe au premier rang que, en gros, c’est « sa scène » (il avait déjà poussé par terre en arrivant une bouteille en verre pourtant posée dans un coin quasi inaccessible…). Les gars qui ont récupéré leur veste posée par terre imbibées avec le contenu des bières ont dû être contents…

Au milieu des titres de Pilgrims, le trio ressort quand même son classique « Black Woods », comme d’habitude un peu ralenti en live, ce qui lui donne des relents de vieux doom sabbathiens tout à fait bienvenus. Un peu plus loin dans le set, le groupe se rassemble autour de son batteur pour entamer une intro travaillée (toute en saccades et silences pesants) pour son excellent « Water Me ». Sauf qu’une poignée d’abrutis dans le public se met à gueuler à chaque interruption, ruinant l’effet escompté. Ceux-ci se font délicatement réprimander par un encore plus gueulard « mais ferme ta putain de race », témoin d’une tension très atypique dans le public, tangible depuis le début de ce set, mais très difficile à décrire. Heureusement le groupe est pro et finit ce titre exigeant avec sérieux et efficacité. Igor reprend un peu son souffle en annonçant « that was the tough one, let’s play the easy one », signe que le très attendu « I’m The Mountain » pointe le bout du nez. Le succès de ce titre ampoulé ayant toujours laissé votre serviteur dubitatif, je m’abstiendrai d’en commenter l’interprétation, par ailleurs solide. mais c’est sur ce « Apathy » parfaitement amené (super intro toute en progression partant d’une ligne de basse groovy, et portée ensuite par un jeu de guitare discret mais punchy d’Igor, et des lignes vocales entêtantes bien vues, d’un Igor qui a dû voir Danko Jones en live interpréter “Mountain”…) que Stoned Jesus met tout le monde d’accord… juste avant de quitter la scène ! Au bout d’une bonne heure néanmoins, ça n’aurait pas été ridicule, mais deux minutes suffisent pourtant pour voir le groupe revenir sur scène avec le sourire et dégainer un nerveux et groovy « Excited ». Pour finir sur une bonne touche, Igor sort de ses gonds et vient taper sur les mains de quelqu’un qui roulait sa clope sous son nez au deuxième rang, le tout assorti d’un regard noir… D’un côté Igor n’a jamais exprimé au micro son souhait de limiter la « fumette » dans la salle, d’un autre côté le jeune « brimé » à l’instant avait bien vu ses voisins se faire rappeler à l’ordre en début de concert… Torts partagés donc, mais bon, ambiance… Probablement imperceptible depuis le fond de la salle, qui déguste le classique « Here Come the Robots » en clôture d’un set généreux (plus d’1h20).

On gardera donc au final un souvenir plutôt mitigé de ce concert, musicalement exempt du moindre reproche (c’est déjà pas mal) mais à l’ambiance… étrange. Est-ce le fait du groupe ? Pas uniquement. Du public ? Aussi. De la salle ? Un peu aussi (fumée, visibilité, exigüité qui ne semble pas ravir Igor…). Comme quoi, un concert, ce n’est jamais une équation simple à résoudre…

 

[Note : nous sommes désolés pour la qualité déplorable des photos proposées, les groupes ce soir ayant, comme d’habitude au Void, joué dans la plus sinistre pénombre, vaguement éclairés par deux spots respectivement rouge et verdâtre, statiques, orientés sur leurs pieds…]

YOB (+ Wiegedood) – 25/10/2018 – Bordeaux (Rocher de Palmer)

Première date au Rocher de Palmer pour votre serviteur, alléché par l’excellente réputation de la salle. En arrivant, le sourire : le parking est plein et grouille de public. C’est donc un peu éberlué (la notoriété de Yob s’est développée… mais à ce point ?!) que l’on s’approche du guichet… pour mieux comprendre la situation : en fait le Rocher de Palmer est un complexe de plusieurs salles, dans lesquelles jouent ce soir, en plus de Yob, un trio de joueurs de luth oriental dans une salle, et un artiste syrien dans une autre ! Autant vous dire que pour éviter tout risque cardiaque il vaut mieux ne pas se tromper de porte dans les méandres du complexe… Quoi qu’il en soit, ce choix de salle plus grande qu’à l’habitude (pour l’orga Make it Sabbathy) se justifie aussi par une affluence significative attendue pour la venue du trio américain, ce qui est une très bonne nouvelle (au pifomètre, 300 à 400 personnes remplissent plutôt bien la salle).

Mais pour commencer, c’est Wiegedood qui monte sur scène. Le groupe de black metal lié au mouvement des Church of Ra (AmenRa, Kingdom, Oathbreaker…) est composé d’un trio de membres de… Oathbreaker justement, dont certains traînent leurs guêtres dans d’autres formations du cru (à l’image de Levy Seynaeve, ici guitariste, bassiste de AmenRa). Le CV est riche et prometteur, voyons si la promesse sur scène est tenue. Niveau puissance, pas de soucis, c’est du lourd. Évoluant dans une sorte de black metal / darkened doom, le trio (2 guitares, 1 batterie) assène une heure de set relativement monolithique : ses titres déboulent sans grande surprise, avec quasiment à chaque fois une petite intro ambient et l’instant d’après un déluge de guitares gorgées de blast beats. Le travail guitaristique est intéressant (des leads subtils viennent apporter un peu de lumière dans des assauts de riffs brutaux en harmonie) et quelques jaillissements vocaux viennent finri le tableau de temps en temps. Le tout est noyé de très fatigantes lights stroboscopiques – à tel point qu’on se prend à s’inquiéter pour le lighteux, potentiellement pris d’une crise de spasmes incontrolables ou d’épilepsie (rassurez-vous, il n’en est rien, il va très bien). De manière assez surprenante, Wim Sreppoc le batteur n’apparaît pas en forme optimale, ses séquences de blast beat terminent inévitablement à contre-temps : il ne tient pas le rythme quasi-chirurgical nécessaire à ce genre musical… Il faut dire que les séquences de plusieurs minutes sont légion, et le gars a l’air fatigué. Quoi qu’il en soit, la prestation du trio flamand défile sans déplaisir mais sans non plus déchaîner les foules.

 

Il faut dire que tout le monde est là pour Yob, et quand le groupe de Mike Scheidt foule les planches pour un rapide sound check, l’atmosphère s’électrise déjà un peu. C’est sans effet particulier que le groupe, une fois validée sa mise en son, engage (sans surprise) les premières notes de « Ablaze », qui introduit aussi son nouvel album, Our Raw Heart. Un bon choix, le titre étant probablement l’un des meilleurs de l’album, ou en tous les cas l’un des plus emblématiques de la musique du groupe. Le son est impeccable, puissant mais jamais brouillon, ce qui confirme la bonne réputation de la salle à l’excellente acoustique. Comme sur album, c’est « The Screen » qui prend la suite. Ce morceau surprenant mais finalement assez décevant sur disque ne se transcende pas plus en live, où l’on aurait pourtant pu lui accorder le bénéfice du doute. Ses dix minutes s’avèrent donc un moment plutôt laborieux où le public se cherche un peu entre headbanging spasmodique et ondulations apathiques. Peu de choses se passent au-delà de l’exercice de style. C’est avec l’enchaînement des classiques “Ball of Molten Lead” / “The Lie that is Sin” que les choses commencent à prendre leur essor, avec une mise en tension plus tangible.

Toujours très isolés les uns des autres sur une grande scène (Scheidt est 95% du temps bloqué derrière son pedal board, comme d’habitude orienté vers l’autre côté de la scène et non pas le public), les musiciens interagissent rarement directement, mais l’osmose est tangible : c’est carré. Rieseberg est un bassiste très intéressant (sa mise en son est très appréciable ce soir), qui peut alterner les séquences introspectives les plus profondes et les élans les plus furieux une minute plus tard. Quant à Travis Foster, le bonhomme frappe comme une mule mais avec une efficacité technique remarquable ; complètement immergé dans son set, il est impeccable tout du long et l’air de rien tient plus d’une fois les fondations de l’édifice, même si les regards sont tournés vers Mike Scheidt. Car du côté du public, tout le monde mange dans la main du frontman, qui, il faut le dire, le lui rend bien en se défonçant sur scène : chant puissant, leads cinglants (une poignée de superbes soli notamment), Scheidt est complètement dans son set. Les « good vibes » s’échangent de part et d’autres : beaucoup de monde connaît les chansons (d’autant plus vrai pour les titres du nouvel album) et les sourires pendant et après le concert ne trompent pas – le public était acquis d’avance.

Pour mieux voir ce dernier notamment, Scheidt demande plus de lumière pour introduire le morceau titre de l’album “Our Raw Heart”, avant lequel, la gorge visiblement serrée, il souhaite remercier de manière générale les gens (comprendre : le public) qui ont aidé le groupe (comprendre : lui) pendant des moments difficiles (comprendre : pendant sa maladie). Ce mid tempo un peu boursoufflé sur album gagne un peu en prestance sur scène mais n’est pas non plus l’hymne espéré. Levy de Wiegedood monte ensuite sur scène pour apporter quelques vocalises douces et suaves au bon vieux “Grasping Air”.

Le set se termine sur un autre vieux standard Yob-ien “Breathing from the Shallows” et très vite l’on se fait la remarque que Yob n’a pas joué son classique “Marrow” (pour info ils la rejoueront dès le lendemain et sur quelques dates suivantes). Sacrément couillu de leur part, ce titre faisant la quasi-unanimité parmi les fans du groupe, il aurait été un succès facile en live. Un choix éminemment respectable donc, d’un groupe qui ne l’est pas moins. La prestation de ce soir l’a démontré : sans être pour autant la formation quasi-mythique (mystique ?) que certains voudraient qu’il soit, Yob est toujours un excellent groupe de sludge / doom, l’un des meilleurs, toujours pertinent après tant d’années. Ses prestations restent irréprochables, même si l’on garde un souvenir ému de sa tournée européenne précédente à l’époque de Clearing the Path to Ascend, qui reste le mètre étalon de son aura scénique.

ENSLAVED + HIGH ON FIRE (+ Krakow) – 16/10/2018 – Paris (La Machine du Moulin Rouge)

 

Affiche hétéroclite à Paris en ce doux mardi d’octobre avec la venue d’Enslaved et High On Fire, embarqués sur une tournée commune. La Machine, salle située à coté du (dans le ?) Moulin Rouge, est un endroit peu fréquenté par les concerts stoned, et cela faisait bien 9 ans que votre serviteur n’y avait pas mis les pieds. C’est pourtant une salle de très belle facture bien qu’ayant par le passé subi des soucis de tenue d’horaires (ah ce fameux concert de Supersuckers et Nashville Pussy commençant après 23h) qui semblent aujourd’hui avoir été réglés. On se souvient aussi du premier et seul concert de Nebula, en première partie d’un Monster Magnet avec Dave obèse, en 2008, une drôle de période et un sacré souvenir dans une salle qui s’appelait encore la Loco.

Si chez Desert Rock, Matt Pike, pour son travail au sein d’High On Fire et Sleep, est considéré comme un Dieu (sumérien) vivant, dans le vrai monde, celui du dehors, cela va sans dire que la notoriété d’Enslaved dépasse largement celle du grand Pike. Ainsi l’ordre naturel des choses aurait été de voir les Norvégiens en haut de l’affiche. Oui mais voilà qu’une nécessité de retour au plus vite fera switcher la place des groupes et High On Fire d’headliner la date du soir.

Mais avant tout cela un mot sur Krakow, petits protégés d’Enslaved et eux aussi embarqués sur la tournée. Également originaires de Bergen le groupe avait déjà posé ses amplis à Glazart en 2012 (et au Nouveau Casino en 2011) et délivre toujours, 6 ans plus tard, un post rock planant, dont les inflexions sombres et mélancoliques ont de quoi plaire aux amateurs de black metal les plus ouverts. La demi heure qui leur est allouée est plus que mise à profit et le groupe fait des émules auprès du public de l’assistance, certes clairsemé (il est 19h lorsque le groupe termine) mais enthousiaste.

Un concert en « support band » mais avec un temps de set inchangé pour Enslaved, qui, de toute façon, joue la même set-list sur toute la tournée. Le groupe pioche en grande partie dans son nouvel album E, avec trois extraits joués puis remonte doucement le long fleuve de sa discographie. RIITIIR (« Roots Of The Mountain », en ouverture de set), puis Ruun (« Ruun »), Below The Light (« Havenless », titre dont l’introduction en chant traditionnel norvégien aura été repris à gorges déployées) et deux titres particulièrement attendus : « Isöders Dronning » qui fermait l’album Frost (1994) et jamais interprété en France jusque là et bien sûr « Allfadr Odinn » vieux titres datant de 1992 (et paru sur Yggdrasill). Un bon gros set bien solide pour ces routiers du black metal (mais pas que).

Lorsque les lumières s’éteignent certains vikings sont déjà loin et l’audience d’High On Fire est bien moins compacte. Pourtant le moins que l’on puisse dire c’est que le public parisien présent (dont énormément de têtes connues des Stoned Gatherings bien sûr) est là pour donner de l’énergie. Le trio d’Oakland a beau jouer un set attendu (le même sur toute la tournée, se concentrant sur des albums plutôt récents, occultant d’incontournables tels que « Bagdad », « Devolution » ou « Blessed Black Wings »), le résultat met tout de même la fosse en fusion. Matt Pike, amaigri, lance « fertile Green » d’un laconique « ce titre parle de drogue » et revoilà les slams à tout va devant ses pieds (la scène de la Loco est particulièrement haute, à hauteur de dents pour les premiers rangs, certains l’auront appris à leurs dépends) mais c’est bien sûr, et comme à chaque fois « Snakes For The Divine » qui obtiendra l’adhésion inconditionnelle d’une foule trop heureuse pour ne pas tout donner, même et surtout lorsque s’enchaine « Electric Messiah », nouveau hit qui ne va pas quitter de sitôt les set lists du trio. Le silence se fait après 1h15 de show et nous autres fiers guerriers quittons un Moulin Rouge, certes, mais du sang de nos ennemis. High On Fire ne déçoit jamais.

 

Set List Enslaved

  • Roots Of The Mountain
  • Ruun
  • Storm Son
  • The River’s Mouth
  • Isöders Dronning
  • Sacred Horse
  • Havenless
  • Allfadr Odinn

 

Set List High On Fire

  • Sons Of Thunder
  • The Black Plot
  • Carcosa
  • Fertile Green
  • Rumors Of War
  • Slave The Hive
  • Steps of The Zigourat
  • Spewn From The Earth
  • Fury Whip
  • Snakes For The Divine
  • Electric Messiah

 

Merci à Garmonbozia pour la bagarre.

DESERTFEST Belgium – Jour 3 (Amenra, Elder, Acid King, Naxatras, My Sleeping Karma,…) – 14/10/2018 – Trix (Anvers / Belgique)

CHILD

Malheureusement ce sont les dernières notes de Timestone qui s’échappent du bar/Vulture lorsque nous pénétrons dans la salle et, plus haut, là haut, tout là haut à la Canyon stage, les australiens de Child égrènent quant à eux leurs premières (“notes”, pour ceux qui ont trouvé, à raison, cette phrase trop longue et alambiquée dans le seul espoir de faire un effet de style dont on se serait, finalement, bien passé). Attention à vos bas-ventre messieurs-dames, la musique du trio, chaude, sablonneuse et hendrixienne parle directement aux hormones. Qu’ils soient extraits de Bluesside (« Blue Side Of Collar ») ou de leur dernier EP en date (« Going Down Swinging »), les titres du trio (allitération en « tr », bravo !) feraient fondre du beurre sur le nombril des plus frigides. Un grand moment de sexe habillé en somme.

 

 

ANCESTORS

Plus aérien, Ancestors, fraichement reformé, ouvre la scène principale et amène son esprit psychédélique et un son floydien sur un festival qui a gentiment la gueule de bois. Au milieu de quelques extraits de Suspended In Reflections, leur superbe nouvel album, les californiens emmènent l’assistance dans le cosmos le temps de « The Trial », extrait de l’indispensable Off Sound Mind et toujours aussi magistrale en live. Un très grand moment de bonheur.

 

 

MY SLEEPING KARMA

Tandis qu’Heads fait la sensation sur la Vulture, My Sleeping Karma remplit à ras bord la scène principale. Un set énorme, comme à l’accoutumée et une folie atteinte sur « Ephedra » toujours de loin leur meilleure cartouche live. Patrons.

 

 

SOFY MAJOR

Seul groupe français de l’affiche, les Clermontois de Sofy Major proposent leur post-trucs aux inflexions doomy et mettent l’accent sur le versant le plus psychédélique de leur univers, remportant un joli succès d’estime du parterre attentif (à défaut d’être massif) de la petite scène.

 

 

ACID KING

La mise sur Orbite du début de soirée sera signée Acid King, au set classique pour quiconque suit la formation régulièrement. Mais la haute teneur en psychédélisme de leur Stoner primitif transporte toujours autant. Lori S., seule rescapée du groupe originel, chante juste (ce n’est pas toujours le cas) et le son, déjà puissant en début de set, sera écrasant comme il faut après « Silent Circle » et le changement de tête d’ampli du bassiste, la première ayant simplement grillé. Malgré le(s) problème(s) technique(s), Acid King a encore et toujours l’étincelle. Respect.

 

 

EAGLE TWIN

S’ensuit alors la plus grosse course de ce festival, avec Eagle Twin tout d’abord. En effet le duo de Salt Lake City fait à deux plus de bruit qu’un troupeau de cerf et, puisqu’on parle de bois, les baguettes de Tyler Smith volent dans tous les sens, se brisent, s’échappent et le chaos ambiant donne au set des allures de leçon. La petite salle est plaine (autre figure de style, jouant sur l’orthographe des mots afin de filer la métaphore du grand ouest, rapport à Salt Lake City…) et exulte dans un seule et unique brame de joie sauvage (oui y a bien le jeu de mot que vous imaginez avoir compris).

 

 

THE SKULL

Vient alors le temps pour The Skull de bénir le festival de sa présence. Tee Shirt Black Sabbath, américains en surpoids et chapeau en cuir, rien à dire, rien à faire, on est dans le vieux doom à papa. D’ailleurs dans la salle l’entrée semble avoir été interdite aux moins de 30 ans, surement occupés à une séance d’onanisme pré-Amen Ra devant le superMERCHé du groupe belge. Eric Wagner, tel un messie cheap bénit la foule (il se partage d’ailleurs avec le bassiste d’Enslaved la palme du meilleur sosie du père noël sur le festival) et tandis que le batteur s’amuse comme un fou (mord ses baguettes, tape sur les lights, se met debout à toute occasion etc), le reste du groupe riffe bas et régale les vieux de l’assistance avec les meilleures banderilles de ses deux excellents albums. Morceau de choix, bien sûr, avec « The Tempter », de Trouble, tronçonnée en fin de set alors que le temps qui leur était imparti était largement dépassé.

 

 

ELDER

A peine les dernières notes jouées, nous voilà qui fonçons voir Elder, dans une Desert Stage bondée. L’ajout d’un guitariste en live donne encore plus d’amplitude à ce groupe d’insupportables gamins au talent incontestable. La doublette en entrée « Dead Roots Stirring » / « Sanctuary » changerait le plomb en or pour peu qu’il en soit le désir d’Elder, au rock philosophale. La set list se concentre bien sûr sur Reflections of a Floating World, opus de référence et dernier en date pour ce groupe que rien ne semble pouvoir arrêter. Du talent, du vrai.

 

 

NAXATRAS

Peu intéressé par Jozef Van Wissem, principalement par aversion des noms à particule, nous préférons bien sûr Naxatras et son stoner psychédélique aussi classique que classieux. Le trio grec nous fait fermer les yeux (il n’y a pas grand chose à voir sur scène, cela reste très statique) et nous transporte dès les premières notes de “Pulsar 4000” (un sacré beau titre). Toujours plus notre style qu’Amen-ra dont nous goûtons peu à l’esprit, disons, rocailleux.

 

 

THE WELL

Plutôt qu’Amen-ra, nous nous rabattons sur The Well, enchantant la Vulture Stage avec son rétro rock de hippie. Rare en Europe, et ne bénéficiant pas (encore) du succès que l’on était en droit de leur prédire, le groupe fait plus que son boulot et fait dodeliner les têtes encore sur les épaules à cette heure du troisième et dernier jour de fest.

 

 

WHORES.

Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Whores est définitivement le plus punk (avez vous remarqué cette figure de redondance stylistique sur les trois jours de fin de fest ?). Aussi teigneux qu’urgent, le set de Christian Lembach et sa bande met une belle bagarre dans le Canyon et tandis que la guitare de ce dernier finit sa course dans le public, chacun peut repartir, épuisé mais ravi, fallait t’il que l’on s’aime et qu’on aime la vie (oui ce sont des paroles d’Aznavour, et oui elle ne veulent pas dire grand chose).

 

 

En mélangeant valeurs sûres de la scène (Crowbar, Orange Goblin, Yob,High On Fire ou My Sleeping Karma), aux concerts millimétrés, et jeunes pousses qui feront les décibels de demain (Messa, Eagle Twin, Blood Of The Sun, Naxatras), le moins que l’on puisse dire c’est que le Desertfest ne nous l’a pas fait à l’Anvers.

 

 

Iro22

Photos fournies par @desertfest_belgium (Instagram)/@desertfestbelgium (Facebook)

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DESERTFEST Belgium – Jour 2 (High On Fire, Yob, Crowbar, Dopethrone, Enslaved…) – 13/10/2018 – Trix (Anvers / Belgique)

Difficile de savoir si l’on doit réellement se réjouir d’une si belle et chaude journée mi octobre à Anvers, ou si cela participe d’un inéluctable réchauffement climatique, reste que le soleil, superbe et fier lèche les peaux trop blanches des festivaliers devant le Trix ou au Beer Garden.

 

 

DOMKRAFT

Mais les plus malins (ou les plus sujets aux coups de soleils) sont bien devant Domkraft, trio suédois dont Flood, son album à paraître, est plutôt attendu. Massé et attentif,  le public est vite emporté par les élans cosmiques du groupe qui aura assurément marqué encore quelques bons points.

 

 

EARTH SHIP

De bonnes vibrations qui grimperont jusqu’au Canyon où Earth Ship prend les commandes de nos sens. La sensation Berlinoise dont la carrière semble aller sur de bons rails depuis leur création en 2011 est retournée chez Pelagic Records (après une infidélité d’un album avec Napalm Records) et voit le nombre de ses suiveurs augmenter concert après concert et rien n’est plus mérité. Leur prestation de ce début d’après midi ne fera pas mentir la statistique et le public présent ne s’y trompe pas.

 

 

BLACK MOTH

Ambiance plus aérienne sur la main stage avec Black Moth, quintet anglais que le troisième album, Anatomical Venus, a propulsé dans de nouvelles sphères. Pas étonnant alors que 8 des 10 titres interprétés en soit extraits, pour un show honnête sans folie toutefois. A noter la participation de Jake, chanteur de Grave Lines sur un morceau.

 

 

WYATT E.

Un rapide détour par la Canyon Stage permettra de s’enchanter devant Wyatt E., trio doom israélo-belge plongeant leurs préoccupations électriques et orientalisantes dans des tempi lancinants.

 

 

CROWBAR

Une transe de laquelle nous nous extirpons vite malheureusement, pour de viles et basses raisons puisque Crowbar nous attend sur la Desert Stage. On a beau avoir vu les quatre lascars de la Nouvelle Orleans mille fois, dont 300 lors de leur éternelle tournée pour « The Serpent Only Lies » (oui le backdrop indiquait encore que c’est sous cette bannière que Crowbar revient en Europe), c’est toujours un coupable plaisir. Les meilleurs titres y passent, la fosse ne s’y trompe par et donne de la nuque sur « All I Hate (I Gave) » ou « I Am The Storm » mais ce sont bien sûr « … And Suffer As One » et « Planets Collide » qui décrocheront de nombreuses bouches et rayeront quelques cordes vocales. Un concert de patron.

 

 

SONIC WOLVES

La course toujours, nous faisant entrapercevoir Sonic Wolves sur la petite scène. L’attrait principal de cette jeune formation est bien sûr la présence de Vita, batteur d’Ufomammut derrière les fûts. Nous dirons poliment que le groupe est encore jeune…

 

 

THE OSCILLATION

Nous repartons à l’escalade du Canyon (entendre par là que ces foutus escaliers pèsent lourd au bout d’un moment) pour The Oscillation, combo londonien qui aura su attirer dans ses filets les plus psychédéliques d’entre nous. Entre krautrock et inflexions progressives, froid comme a su l’être la musique UK fin 80, les quatre garçons envoûtent…

 

 

ENSLAVED

Mais il est vite temps pour nous autres intrépides guerriers d’aller voguer vers des cieux plus menaçants. Par le pouvoir de la rune ancestrale, c’est que Enslaved semble avoir décidé de montrer au Desertfest ce qu’est un show. Poses de rock stars, effets de fumée et lumières stroboscopiques (et un p’tit riff de « Symptom Of The Universe » pour bien montrer qu’ils se réclament des patrons), certains spectateurs ont même juré avoir vu un drakkar leur voguer sur la tronche. Jouant ni plus ni moins que la set list de la tournée (avec nouveau et très vieux morceaux), le groupe touchera au magique sur « Havenless » et ses vocaux guerriers. L’un des grands moments du fest.

 

 

WIEGEDOOD

Quelle idée de rater Swedish Death Candy, dont tout le festival a dit du bien après coup, pour grimper observer Wiegedood dont le post black lascif atmo doom machin n’apporte rien de bien nouveau… Pourtant la salle est plutôt pleine et les gens semblent nager dans une mélancolie certaine. Je m’éclipse poliment pour ne pas gâcher leur mood et part me positionner pour Yob.

 

 

YOB

Dire que le trio est attendu est un euphémisme. Rarement le désert n’aura compté autant d’habitants au mètre carré. Mike Scheidt, survivant, se lance à cœur perdu dans l’exploration de Our Raw Heart, opus post traumatisme et lance « Ablaze », lancinante complainte riche en décibels. Et que dire du riff de « The Screen », assené juste derrière. Heavy comme rarement (quoiqu’un peu long en live), ce titre transporte l’audience dans un univers parallèle dont ni « The Ball Of Molten Lead », ni « The Lie That is Sin », classiques absolues et attendus ne permettra un retour. Yob termine son set avec « Our Raw Heart », remplaçant visiblement « Marrow » dans les émotions que cette chanson tend à véhiculer. Un très gros set par un très grand groupe.

 

 

MESSA

La suite aussi touchera au sublime : sur la petite scène du bar, pleine à craquer, les italiens de Messa entrent en scène. A ce niveau d’attente, je pense que l’on peut clairement parler de sensation. Si Sara, la chanteuse, semble impressionnée et tremblotante lorsqu’elle monte sur scène, elle n’en est que plus touchante. Et cette voix… Lorsque s’ouvre sa bouche, l’audience en entier part vers d’autres rivages. Les meilleurs titres de Feast For Water sont joués, Belfry n’est pas pour autant oublié pour finalement 50 minutes de sublime, qui se finiront en ovation. Voilà un groupe que l’on va vite retrouver un peu partout.

 

 

HIGH ON FIRE

Pas le temps (malheureusement) de rester devant Yuri Gagarin dont la réputation en matière de space stoner psychédélique n’est plus à faire puisque Matt Pike et High On Fire investissent la scène principale. Malgré un son écrasant (une spécialité pour HoF désormais), le trio déroule sa set-list, qui s’articule pas mal autour de l’excellent Electric Messiah (trois extraits), puis le meilleur de chaque album récent. Si l’on peut regretter l’absence de titre de la période 1999 – 2005 (à l’exception de « Sons Of Thunder », ouvrant le set), quel plaisir de gigoter sur « Fury Whip » et bien sûr « Snakes For The Divine », titre favori à l’applaudimètre. High On Fire a encore et toujours assis le festival.

 

 

DOPETHRONE

Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Dopethrone est définitivement le plus crust. Le trio quebequois prévient dès le début de l’escarmouche : « on va faire la fête ce soir. Pour demain prévoyez un jour de congé ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que les promesses sont tenues. Ça riffe dru, ça donne du Tabarnak comme d’autre donnent des baffes et si la justesse est souvent sur le fil, la pesanteur reprend toujours le dessus. Et que dire de la seconde partie de set, où Dopethrone se la joue quatuor avec l’addition de Julie, proche du groupe que les habitués connaissent déjà bien. Ses vocaux de l’enfer viennent rajouter du gras à moudre au moulin québécois avec, comme toujours, en point d’orgue « Scum Fuck Blues », qui, si la déchéance était un pays, en serait l’hymne national.

 

 

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DESERTFEST Belgium – Jour 1 (Orange Goblin, Wo Fat, Sasquatch, Dead Meadow…) – 12/10/2018 – Trix (Anvers / Belgique)

Dernier né des trois Desertfest, celui d’Anvers a pour lui de se dérouler à ce moment de l’année où le manque de musique se fait sentir. Les décibels de l’été se font lointains, le Fall of Summer ne tient pas son rang cette année et la perspective de 6 mois sans courir de salles en salles pour capter bières et watts plombés n’était pas une option pour l’équipe de Desert Rock. Alors les uns se sont rabattus sur le Up in Smoke, les autres sur le Keep It Low. Voici donc notre retour du troisième évènement stone de la rentrée.

Le Desert Fest Anvers est aujourd’hui pour beaucoup un lieu familier. Pratique, avec ses trois salles dans un minuscule périmètre et son beer garden juxtaposé, le Trix propose de belles prestations et les organisateurs ont l’intelligence de ne pas trop remplir la jauge, faisant du festival un lieu où il fait bon circuler (coucou le Roadburn, je parle de toi). Et circuler n’est pas du tout un problème sur les premières heures du vendredi, bien sûr le temps que chacun arrive et récupère son sésame.

 

 

GODDOG

C’est en amateur du plus sulfureux des palindromes (dont Behemoth a fait une chanson à scandale) que Goddog ouvre le bal sur la Vulture Stage (le bar, petit mais cool, une sorte de Klub pour les plus parisiens d’entre vous). Les quatre belges font dans le stoner classique, celui qui chante sur des riffs sous-accordés et le fait plutôt agréablement, avec des refrains qui tapent et qui font taper des mains. Pas moins mais pas plus non plus.

 

 

DEAD QUIET

S’en suit Dead Quiet sur la Canyon Stage (Canyon car en hauteur, on en reparlera), quintet canadien, avec un membre d’Anciients qui flotte encore dedans. Dead Quiet est un groupe aux influences qui ratissent large. Un peu heavy, pas mal doom, vachement post, il y a là à boire et à manger mais pas autant que dans le Beer Garden, endroit où nous nous rendons en vitesse…

 

 

LUCIFER

Nous filons ensuite rapidement à la Desert Stage (grosse scène = nom du festival. Aussi simple que ça) en vitesse pour Lucifer. Emmené par Johanna « The Oath » Sardonis et Nicke « Entombed/The Hellacopters » Andersson, le groupe souscrit à pleines mains à la vague rétro rock qui sévit en ce moment. Johanna d’ailleurs est littéralement habillée comme Ozzy millésime 74. Sans grand génie, le trio, qui a bien su capter l’ère du temps sur son second album, réchauffe les cœurs et échauffe les esprits. A grand renfort de cover des Rolling Stones et de Paul Stanley, toute la panoplie est de sortie pour faire passer un moment réjouissant à ceux qui se sont prêté au jeu.

 

 

ADMIRAL SIR CLOUDESLEY SHOVELL

Pas le temps de tergiverser d’ailleurs car immédiatement après Admiral Sir Cloudesley Shovell prend d’assaut la Canyon Stage. Rodé aux bars londoniens, en passe de devenir une valeur sûre du hard rock décomplexé, le groupe enflamme les planches. Moustaches, cuir et patchs de sorties, les Shovells ne trahissent aucune de leurs intentions et infligent la première grosse claque du festival, avec – détail important – un sac plastique attaché au pied de micro tout le long du set.

 

 

DEAD MEADOW

Un saut à la prestation de Dead Meadow servira à nous rappeler pourquoi le groupe, malgré d’évidentes qualités, n’a jamais totalement retenu notre attention. Le monde massé devant la scène confirmera que ce n’est pas l’avis de la majorité.

 

 

SASQUATCH

Pour Sasquatch en revanche c’est une autre affaire. Les américains, pas des plus réguliers de ce côté-ci de l’Atlantique, délivrent une prestation plus que notable. Boogie en diable, gros son et riffs qui frappent dur, le groupe fait plus que plaisir.

 

 

BLOOD OF THE SUN

Même constat pour Blood Of The Sun au bar. Les 5 loustics, dont Henry Vasquez de Vitus derrière les fûts, donnent dans le heavy rock à la ricaine, avec du Mogg pour groover le tout. Plus que rare en Europe, le groupe se concentre essentiellement sur Blood’s Thicker Than Love, leur dernier effort en date et le set passe comme une frette à la poste. Ce fut un bonheur messieurs.

 

 

ORANGE GOBLIN

Pendant ce temps la foule est amassée devant Orange Goblin qui, en bons fonctionnaires du stoner rock délivrent un set au poil de barbe. En gentil géant Ben Ward harangue la foule qui le lui rend bien.  Petit pas de danse et promotion permanente des bienfaits du heavy metal d’un coté, Wall of Death et slams à tout va de l’autre, la communion est totale sur « Scorpionica » et « Red Tide Rising » en final, et chacun repart les bras pleins de bleus mais la mine réjouit. Orange Goblin, toujours garanti sur fractures.

 

 

WO FAT

Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Wo Fat est définitivement le plus bayou. Désormais bien identifiés au sein de la scène, Kent et ses acolytes envoient 5 titres dans l’ordre de parution : les deux tubes de Black Code (2012), un de The Conjuring (2014) puis deux de leur dernier en date, le délicieux Midnight Cometh (2016). Ils sont venus, ils ont bu et ont botté des culs.

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KEEP IT LOW Festival, Jour 2 (Elder, Wo Fat, Lowrider, The Well, Sasquatch…) – 20/10/2018 – Munich (Allemagne)

Nouvelle journée ensoleillée sur Munich ! La météo idéale pour aller s’enfermer de longues heures dans l’obscurité de salles emplies de fumigène et de vapeurs éthyliques. On attaque cette fois-ci un peu avant 16 h et pour presque le double de groupes par rapport à la veille. Et pas des moindres. Pour l’occasion, le Feierwerk met à disposition sa troisième salle : l’Orange H. Mais une fois n’est pas coutume, c’est vers l’Hansa 39 que l’on se précipite pour l’ouverture.

 


SUPERSOUL

Le premier groupe nous vient de Grèce et s’appelle Supersoul. Tandis que nos oreilles bourdonnent encore des excès de la veille, le trio entreprend de nous décrasser tout ça à grands coups de riff catchy et de séquences ma foi très rock’n’roll (parfois même un peu Poprock). Sans transcender ce genre vu sous toutes les coutures ni lui apporter davantage que ce qu’il a déjà à offrir, ils lui font cependant honneur. La voix évoque par moment celle d’Alex Turner des Artic Monkey, notamment durant les balades proposées par le groupe et surtout à cause des effets caractéristiques de ce type de rock accrochés au micro. L’énergie en revanche s’avère un tantinet plus entraînante. En dépit de la lourde tâche de monter sur scène en plein milieu de l’après-midi, les Athéniens ne se laissent pas abattre. Au contraire, ils se défendent bec et ongle contre la langueur qui semble avoir écrasé l’audience comme une chape de plomb. À grand renfort de sauts dans tous les sens pour le bassiste, de soli exécutés genoux au sol pour le guitariste et de breaks percutants pour le dernier larron, Supersoul nous réveille. Après les presque trop courtes quarante-cinq minutes dont ils disposent, on a enfin les pendules à l’heure. Aucun risque de prendre un claquage pour ce qui va suivre.

 


DUNE PILOT

Et tant mieux parce que c’est parti pour bouffer du sable ! Lorsque l’on entre dans l’Orange H, Dune Pilot joue déjà depuis plusieurs minutes. Tel un vieux moteur chromé au carburateur brûlant, le groupe crache un désert rock énergique doté de puissants riffs bien fuzzés. Les influences de Kyuss, Slo burn et autre Unida se captent sans mal pour ce quatuor originaire de Munich ; mais pas que, si l’on juge par le T-shirt karma to Burn porté par Chris le guitariste. Là-dessus s’installe la voix d’Andris, puissante sans s’efforcer d’aller dans les hauteurs. Elle évoque par moment les manières de Phil Anselmo, donnant une patte assez particulière à Dune Pilot. Une sorte de Pantera du désert. Quoi qu’il en soit, les fidèles sont venus nombreux assister au show, et il faudra batailler pour se frayer un chemin au travers de cette foule compacte et agitée dans l’espoir de prendre une photo décente (plutôt ratée au bout du compte…).

 


SOMALI YACHT CLUB

Loin de la fureur des dunes parcourues de gros véhicules motorisés, petit détour en Ukraine avec un groupe à la subtilité n’ayant d’égal que son habileté. Pour ces compositeurs de talent appréciant s’affranchir des standards, difficile d’œuvrer correctement avec à peine quarante-cinq minutes de set disponibles. Les contraintes étant ce qu’elles sont, c’est donc armé de seulement cinq titres qu’ils montent sur scène. Pour autant, rien ne semble entamer leur légèreté et leur bonne humeur. Alors qu’il exécute des phrasés de guitares tous plus mélodiques les uns que les autres, Mez affiche des mimiques amusantes. Derrière sa batterie, Lesyk chante les paroles dans son coin à mesure qu’il pose sa rythmique hypnotique. La musique flotte aux oreilles comme un doux rêve, on s’y sent bien. « Sightwaster » et « Loom » issues du premier album finissent d’installer l’ambiance et viennent même arracher des cris de joie à un public déjà conquis. Puis on glisse doucement vers The Sea avec la longue « Vero » (non pas celle-là, l’autre). Envoûtante et captivante composition de presque douze minutes confirmant toute la dextérité du trio pour invoquer des atmosphères planantes à la richesse indéniable. C’est finalement sur un retour à The Sun avec « Up In The Sky » qu’ils clôtureront ce remarquable live. Une prestation qui retranscrit à merveille toute la mesure et l’équilibre enregistrés en studio. Un grand coup de cœur.

 


HIGH FIGHTER

Changement d’ambiance avec High Fighter. On peut d’ores et déjà oublier le côté doucereux et onirique du précédent show au profil d’une essence un tantinet plus violente. Ici ce sera des burnes et de scream. Armés de Gibson SG, les deux guitaristes balancent des riffs acérés et pleins de fougue tandis que la section rythmique bombarde. Là-dessus la frontwoman Mona Miluski cale un chant puissant et saturé n’ayant rien à envier à celui d’une scène de trashmétal. Le quintet en provenance d’Hamburg se dit d’ailleurs producteur d’heavy stoner Bluescore. J’ai trouvé le heavy, le stoner et le core, mais je cherche encore le blues. Hélas, ils font face à une fosse poreuse, témoin d’un effectif bien faible de la salle. Il faudra d’ailleurs incriminer l’influence des deux autres shows qui chevauchent ce créneau plutôt qu’un quelconque manque de talent. Leur envie de casser des bouches aurait pu se transmettre et littéralement emporter le pit, or les trop peu nombreux spectateurs ne paraissent pas réceptifs à cette énergie destructrice. Comme souvent ils se contentent de hochements de tête et de quelques acclamations entre chaque titre.

 


SASQUATCH

Nous les avions appréciés deux jours plus tôt dans la capitale, et voilà que le trio californien revient déjà nous combler les esgourdes de son stoner rock bien musclé. Et s’ils avaient une petite forme lors de la précédente représentation, c’est avec une franche bonne mine et la passion qui convient qu’ils débutent ici leur set. Fidèle à lui-même, Craig Riggs débouchonne la sacrosainte bouteille de jack et s’en enfile une goulée avant d’en proposer à ses comparses. Puis, il fait un sort à son kit de batterie. À peine les premiers morceaux s’achèvent que ses baguettes sont en charpie. Au commencement de « The Message », déjà deux gisent au sol. Par ailleurs, ce bûcheron sait aussi donner de la voix et ne s’en prive guère sur « Bringing Me Down ». Morceau du dernier album très représenté durant cette tournée du groupe (plus de la moitié des titres). On remarque en comparaison que celle de Keith manque un peu de volume. Sans doute s’agit-il d’un réglage de l’ingé son, car le guitariste et vocaliste principal ne manque pas de mordant. À chacun de ses solos, il vient se coller aux animaux de la fosse, et lorsqu’il chante, il défend chaque lyric avec la hargne d’une mère ours pour ses petits. Dans l’ensemble, la prestation est impeccable. Énergie formidable, gros accueil de la part du public qui gonfle la salle plus que de rigueur et même quelques bousculades au premier rang, c’est dire ! Le set s’achève par un changement dans le running order des morceaux qui invite Craig à de nouvelles pitreries. Cette bonne humeur est communicative. Puis c’est déjà le rappel. Un titre qui en appelle aux premiers amours du groupe : la belle et non moins téméraire « Chemical lady » qui finira de mettre tout le monde d’accord.

 


LOWRIDER

Niveau agitation, le prochain concert promet d’en déclencher. Et ils sont très très nombreux à venir s’amasser devant la scène de Lowrider. La salle manque d’exploser tant elle est pleine. D’un côté, il s’agit de leur premier passage à Munich et faut croire que beaucoup désirent cocher la case Lowrider de leur catalogue des groupes de prestiges vus en live. Et croyez-moi ça coche. Le stoner rock des terres arides concocté par le quatuor sait convaincre. Depuis toutes ces années à poncer la même galette et malgré leur longue absence sur scène, les Suédois savent toujours invoquer cette passion et cette ardeur qui rend leur musique si entraînante. La fuzz traverse les murs, fait grésiller les cerveaux déjà brassés par d’incessants hochements de crâne. La lourdeur du groove donne le sentiment de chevaucher un énorme bison en pleine Death Valley. Et ça fait du bien. Par ailleurs, ces quatre gaillards ne feignent pas la sympathie. En plus des sourires échangés des deux côtés, Peder fait régulièrement de petites interventions afin de réduire la distance scène fosse à néant. Il nous informe qu’ils reprennent de vieux titres écrits lorsqu’aucun d’entre eux n’arborait de poil au menton. Puis à un autre moment, il vient serrer la main d’un petit bonhomme posé sur la gauche de la scène. Vous vous souvenez cette ouverture dont je vous ai parlé plus tôt servant à observer les groupes de côté ? Beh voilà, celle-là. En sommes, talentueux, sympas, jeunes et beaux, on ne saurait leur demander davantage que de continuer dans cette voie-là. Ne vous inquiétez pas, les gars, il ne nous décevra pas ce nouvel album. Finissez-le, Bon Dieu !

 


WO FAT

Ça y est, les gros bestiaux viennent occuper la scène. J’ai beau les avoir vu deux jours plus tôt, j’en ai encore les jambes qui tremblent. Faut dire qu’encaisser la lourdeur des riffs de Wo Fat, la lourdeur de ce groove en fonte, ça use les rotules. Et surtout les cervicales. « The Conjuring » se lance et déjà la fosse s’agite. Elle l’ignore encore, mais elle va consciencieusement se faire péter la nuque pendant pas moins d’une heure de live. Elle se fait piétiner par le mammouth aux poils grisonnant et toujours en redemande. « Read The Omens », « The Black Code », pour la dernière date de cette tournée européenne, les Américains sortent toute l’artillerie. Un set offert dans la bonne humeur et reçu avec une joie non dissimulée. Je m’étonne encore de n’avoir constaté un chaos total au milieu de ce pit. Assister à tous ses concerts sans observer la pagaille méritée a quelque chose de frustrant. Un peu comme s’agacer le poignet sur une mayonnaise qui refuserait catégoriquement de monter. Par chance, le trio de Wo Fat ne s’en formalise guère et continue d’offrir le meilleur de sa substance.

 


THE PICTUREBOOKS

Quelle belle découverte que ce duo allemand en provenance de Gütersloh. The Picturebooks appartient à ces trop rares duos composés de ce qui fait l’essence du rock bluesy. Une sorte de Left Lane Cruiser sans le bottleneck et avec une batterie qui tape plus fort. Monsieur Philipp Mirtschink est la définition de que j’appellerais un mulet. Percutant, incisif et furieusement en place. Avant même de débuter les hostilités, son kit parle pour lui. Lorsque tu te ramènes sur scène avec des grosses caisses retournées en guise de tom basse et zéro cymbale, tu sais que c’est pas pour interpréter une reprise de « Seven Nation Army ». Ce blues collant qui sent la Louisiane emporte la foule qui ne cesse de manifester sa joie. Tantôt elle lève les bras, claque des mains, tantôt elle brandit le doigt du milieu sous requête de Fynn. Votre serviteur avoue ne point jouir de grandes connaissances de la langue germanique, mais il parvient à capter un « Fucksgiving ». Ce qui, après réflexion, n’est ni un mot Allemand ni un quelconque soulèvement contre la fête américaine du 4ème jeudi du mois, mais bien le titre d’une de leur chanson : « Zero Fucks Given ». Un titre qui résumera finalement à merveille cette heure de show. Au bout du compte, c’est une ambiance assez festive qui s’empare du lieu et apporte une chaleur nouvelle au festival. Qu’on soit né de ce côté-ci de la frontière ou en dehors, on se sent comme à la maison.

 


THE WELL

Détour par l’Orange H pour assister au set de The Well dont on entend le plus grand bien ces temps-ci. Pour preuve, pas moins d’une dizaine d’énergumènes jouent des coudes au premier rang pour filmer, prendre des photos et streamer le live sur les réseaux. Le tout pour une heure et quinze minutes d’un rock au groove langoureux et de riffs fiévreux en compagnie du trio made in Austin. Sur scène, ça se rapproche davantage du rock’n’roll que sur les galettes, où les ascendances Sabbathiennes et blues sont plus perceptibles. En revanche, on gagne en dynamisme, même s’il ne transparaît guère par le jeu scénique des Texans. Ces derniers concentrent leur énergie sur leurs instruments, sans en faire des caisses. Ici il s’agit de frapper juste, de jouer vrai. Ian Graham glisse sur sa dix cordes avec l’assurance du professionnel, le batteur Jason Sullivan exécute ses séquences sans excès de zèle ni remplissage abusif ; tandis que leur partenaire, l’envoûtante Lisa Alley pose sa voix pleine d’effets à la manière d’une prêtresse électrique. Le groupe séduit, la foule transpire. Et tout le monde se félicite de cet échange.

 


ELDER

Nous y voilà, les maîtres de cérémonie du samedi. Ceux qui, tandis qu’encore deux lives se tiennent dans les salles voisines, voient déjà leur fosse se remplir à grand rythme. Les balances commencent à peine que la moitié de la salle est déjà pleine. Faut dire qu’assister à un show d’Elder relève toujours de la félicité. Leur heavy prog très psychédélique et composé avec brio sait déchaîner les passions. Et d’ailleurs, surprise, après « Sanctuary », lorsque le fameux « Compendium » et son groove si dévastateur déferle sur les fidèles, le chaos s’invite enfin à la partie. La tension contenue jusque-là explose la soupape de sécurité tant chérie des festivaliers et les premiers pogos éclatent. C’est le bordel, mais un bordel sale. Les premiers rangs sont tellement bousculés qu’ils parviennent à déplacer les retours. Qu’à cela ne tienne, Jack Donovan les replace d’une pression du pied. Au milieu du pit, ça bouge presque trop, des lunettes se perdent puis se retrouvent, un mec monte sur scène pour un slam, deux types trop bourrés manque de se taper dessus, bref une belle pagaille. À croire que tout le Keep It Low est venu se finir dans ce merdier. L’agitation étire les lèvres des musiciens en un sourire satisfait et les invite à donner encore plus du leur. Les patrons exécutent leurs titres sans rien mettre à côté. Une presta exemplaire, impeccable, à l’image du sound system. Pas de « Blind » en guise de rappel ce coup-ci malheureusement, mais la non moins génialissime « The Falling Veil » issue de cette pépite d’album qu’est Reflection of a Floating World. Puis la fin survient, comme toujours trop tôt, trop brutalement.

On ressort alors de là comblé, hébété, les bras chargés des produits du merch et les oreilles d’acouphènes. Le Keep it Low a transformé l’essai et se grave désormais parmi la liste des festivals incontournables de l’automne. Ne le manquez plus.

KEEP IT LOW Festival, Jour 1 (Colour Haze, Acid King, The Devil And The Almighty Blues, Child…) – 19/10/2018 – Munich (Allemagne)

Loin des écrasants effectifs des Up In Smoke Festival et autre DesertFest, on s’envole cette fois-ci en direction de l’Allemagne pour un rassemblement encore très méconnu de ce côté de la frontière. Prônant la proximité avec les artistes et l’accessibilité, le Keep It Low festival, que l’on doit notamment à Sound Of Liberation, ouvrait ses portes les 19 et 20 octobre 2018 pour sa sixième édition. Ici, impossible de perdre vos potes bien longtemps parmi les quelque 1000 détenteurs d’un billet (800 pour le vendredi). C’est partagé entre trois scènes, quatre bars et pas moins d’une vingtaine de groupes que vous risquez de passer l’un des meilleurs weekends de votre misérable existence.

 


SUNDOG

Pour ce début de festival, on se dirige donc vers la petite salle Hansa 39, celle avec le meilleur son et une ouverture sur la gauche de la scène permettant d’observer les artistes depuis le côté. Un atout majeur et fort appréciable lors des grosses influences de la journée. La tâche d’ouvrir les hostilités revient à Sundog ; quatuor originaire de Munich qui, s’il profite du confort de jouer chez lui, doit aussi essuyer le premier sang. À 18 h, les fidèles sont encore trop peu nombreux à venir assister au rock stoner bien catchy des Allemands. Pourtant, ces derniers défendent leur beefsteak avec une franche bonne humeur et sans se départir de leurs sourires. Les riffs marquent plus par leur efficacité que par la richesse de leur écriture, cependant l’énergie reste indéniable. Les nuques s’assouplissent et chacun crie bien fort son assentiment après chaque morceau. En définitive, on se félicite de s’être fait secouer par ce groupe et de commencer ces deux jours sous les meilleurs auspices.

 


ANANDA MIDA

Direction le Kranhalle, la seconde salle dotée d’une scène plus large et d’une hauteur au plafond bien supérieure à la précédente. À l’heure de l’apéro, ce sont les Italiens d’Ananda Mida qui servent la boisson. Une liqueur ensoleillée pleine d’un son rétro distillé dans les meilleures raffineries des années 70. Formé par le batteur Max Ear et le guitariste Matteo Pablo Scolaro, le groupe révise à plusieurs reprises son line-up depuis 2015, jouant tantôt à trois tantôt jusqu’à six membres en même temps. Il semblerait que la composition actuelle comprenant cinq musiciens fasse sacrément bien le taf. Même si parfois batteur et bassiste s’éclipsent, offrant à leurs trois copains tout le loisir de combler nos oreilles avides d’une douce balade. En dehors de ces quelques passages veloutés, les guitares composent avec une grâce qui évoque sans mal celle de ce cher David Gilmour, tandis que de son côté, le chant emprunte davantage à Robert Plant. Une sensation renforcée par le look rétro du frontman ainsi que par ses manières exacerbées. À mesure que les titres s’enchaînent, la bonne humeur méditerranéenne vient envahir la salle allemande de sa suave chaleur psychédélique et attire de plus en plus de convives à venir s’en repaître.

 


FARFLUNG

Changement radical d’atmosphère avec l’arrivée de Farflung. Le psychédélisme demeure, mais revêt ici son habit incrusté d’étoiles colorées et de nébuleuses pleines de mystère. Au volant de ce vaisseau lancé à vive allure dans l’immensité du cosmos, le capitaine Tommy Grenas officie, habillé de son manteau de marin et pianotant sur son tableau de bord afin de maintenir le cap. Derrière dans la salle des machines, ces quatre lieutenants se chargent de propulser l’engin à grand renfort de riff planant et de multiples effets sonores dignes des plus nobles œuvres de science-fiction. Le space rock des Américains se déploie avec lenteur et sans réels échanges avec le public. Chacun étant trop absorbé par sa tâche pour daigner lâcher un sourire, voire même ouvrir les paupières. La prestation pourrait sembler pesante, en partie à cause des épais murs de son qui balayent la salle à rythme régulier, voire aussi quelque peu morne par moment, néanmoins la recette fonctionne. L’envoûtement se transmet à l’assemblée de plus en plus dense de l’Hansa 39 et asservit totalement les fidèles. Une prouesse facilitée par l’habile jeu de lumière déployé qui nous caresse telles les flatteries d’une sirène céleste et éthérée (il est surtout dépourvu de ce maudit rouge qui fait tant le malheur des photographes amateurs). Quarante-cinq minutes de set plus tard, on ressort hébété, comme d’un rêve dont le sens nous échappe au réveil et dont on ne gardera que le goût d’un univers aussi insaisissable que fascinant.

 


CHILD

Petit détour par la case sandwich falafel vegan avec sauce qui tache avant d’attaquer le plat de résistance. J’ai nommé Child. L’endroit promet d’être rapidement blindé et comme c’est parfois le cas au Keep it Low, il faut attendre que les assoiffés ou ceux qui perdant le combat contre leur vessie quittent la salle pour espérer pouvoir y entrer. Par chance, votre serviteur se fraye sans mal un chemin au travers de cet amas de barbus et assiste avec une joie non feinte au superbe set des Australiens. De là, il peut apprécier le hard rock bluesy constellé de plan psyché et armé d’un méchant groove du trio. Autant en studio c’est déjà du lourd, autant sur scène leur musique prend une tout autre ampleur. Tant par ses riffs fuzzés et ses mélodies que par son chant de bluesman, Mathias Northway nous enveloppe dans une gangue de velours dans laquelle on pourrait se contenter de s’abandonner. Toutefois, l’énergie libérée par Danny Smith et surtout par ce bucheron de Michael Lowe contraint à davantage de dynamisme. Ce batteur met une telle puissance dans son jeu qu’il vient sublimer la musique, lui conférant une intensité saisissante. C’est un véritable pète-nuque dont même le petit souci d’ampli basse ne pourra amoindrir la violence. L’équipe des cheveux longs défend ses anciens titres comme les nouveaux et nous promet par cette performance que les années à venir comporteront elles aussi leur lot de trésors.

 


THE DEVIL AND THE ALMIGHTY BLUES

Autant les chanteurs de Farflung et d’Ananda Mida occupaient une place centrale lors de leur set, autant concernant The Devil and the Almighty Blues, Arnt Andersen ne peut être plus humble. Dès le début du set des Norvégiens, il est dissimulé derrière son gratteux, bras croisés, une bière à la main et absorbé par la musique. Les néophytes pourraient même s’interroger un instant sur la présence de cet homme en retrait pendant les quelques minutes où les musiciens commencent à jouer. Puis, une fois le climat de blues ténébreux installé, Arnt s’avance et s’empare du micro. La symbiose atteint alors son apogée, avec une cohésion parfaite au sein du groupe. On se retrouve emporté dans ce blues lancinant, un blues redneck avec éclaboussure de bière et godasses crottées de boue. L’atmosphère est lourde, et pas uniquement à cause de la masse compacte qui s’agglutine au-devant de la scène. Sur « Tired Old Dog », on sent presque le démon nous chatouiller les entrailles à mesure qu’on hoche la tête. L’humeur chaleureuse du groupe finit de convaincre la foule, à la fin de chaque morceau c’est une ovation. Toujours aussi cool, Arnt remplit même le verre d’un type en première ligne qui a le malheur de le brandir vide devant lui. Puis, il retourne se réfugier devant l’ampli guitare pour savourer au mieux les compositions de ses copains. Le quintet achèvera sa prestation par l’incontournable « The Ghost of Charlie Barracuda » avant de se retirer avec la satisfaction d’avoir mis la barre très haut.

 


ACID KING

Il faudra se dépêcher de rallier la scène suivante pour éviter la cohue. Il faut croire qu’Acid King est attendu de pied ferme. Ça tombe bien, parce que l’équipe de Lori arrive justement armée d’un doom monstrueux, dont même les petits larsens un peu sales survenant de manière sporadique sur « Laser Headlights » ne parviendront à nous détourner de sa lourdeur. Par chance, les nuques sont depuis plusieurs heures assouplies avec un soin particulier. Cette musique tellurique, sinistre et aiguisée à la masse, inonde la salle pendant plus d’une heure quinze de set. Des compositions qui, si elles s’avèrent guidées par la frontwoman au chant torturé et puissant, restent portées par une solide base rythmique. Le bassiste Rafael Martinez, également batteur de Black Cobra, sait en effet comment opérer avec Bil Bowman pour confectionner la matière si brute et infaillible du style. En définitive, la barque déjà bien agitée du festival chavire durant ce live. Et pourtant, les éléments du pit ne se départissent guère de leur timidité. Nous l’avions déjà constaté l’année précédente, mais au Keep It Low il est particulièrement difficile de provoquer des pogos ou des slams. Qu’il s’agisse de l’effectif réduit des participants ou bien de cette ambiance intimiste propre à conserver une certaine mesure, l’agitation se limite à des hochements de tête. Pas grave. Finalement, le doom n’en requiert pas davantage.

 


COLOUR HAZE

Pour cette fin de première journée, il revient à Colour Haze de clôturer le bal. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les Allemands n’en sont guère à leur coup d’essai. En six éditions de Keep It Low, ils n’ont quasiment jamais manqué une occasion de se placer en tête d’affiche. Seule l’année 2014 fait défaut à leur palmarès et restera comme une ombre ricanante sur ce surprenant tableau. En même temps, le groupe est lui aussi originaire de Munich et a sans doute participé, avec notamment la fondation du label Elektrohash Records par Stefan Koglek, à l’émancipation de la scène stoner de la ville. Ils se présentent donc sous les projecteurs comme les parrains de cette manifestation, attendus, mais surtout chaleureusement accueillis par un public qui sait depuis le temps apprécier leur simplicité et leur naturel. Alors qu’il pourrait s’en passer, Stefan nous salue même dans la langue de Shakespeare. Et dans cette petite salle à l’ambiance familiale, dont la qualité absolument irréprochable du son dispenserait presque du port des boules quies, ils démarrent. Un set qui dépassera les deux heures. Les morceaux de douze minutes s’enchaînent, glissent frénétiquement vers le jam session en apparence incontrôlable, mais parfaitement maîtrisée. Les riffs déroulent comme un cheval au galop qui nous transporte tantôt vers les cieux intangibles du psychédélisme, tantôt dans une course frénétique au cœur de la tempête de sable désertique. Leur talent d’improvisation est tel que lorsque la basse de Philip refuse de coopérer pendant presque quinze minutes, les autres gaillards tiennent la baraque. Je parie même que certains ne se seront rendu compte de rien. Renforçant le côté intimiste du concert, ou par courtoisie pour ceux ne faisant pas face à la scène peut-être, le véloce Manfred Merwald a fait pivoter sa batterie d’un quart de tour ; pile en direction de l’ouverture gauche. De cette manière, même les retardataires peuvent se sentir intégrés à cet interminable show.

 

C’est finalement peu de temps avant 1 h que l’on retourne sur le plancher des vaches afin de filer se rafraîchir les esgourdes ; entre autres choses. Cette première journée s’achève sur la superbe prestation de Colour Haze et nous laisse avec la perspective d’un lendemain encore plus prometteur.

 

[A SUIVRE…]

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