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C’est à Kowloon Walled City que revient l’honneur d’assurer la première partie sur la tournée de ce plateau fort qualitatif. Un honneur qui est sans doute arrivé assez “naturellement”, le groupe étant signé sur le label de Neurosis (Neurot records) et en provenance de la même ville nord-californienne que leurs glorieux ainés… Des fois les choses se font facilement… Quoi qu’il en soit le groupe ne nous transcende pas vraiment : leur post-rock est un peu trop tendre, et la voix du chanteur ne plaira pas à tout le monde… Bref, on ne tarde pas à rejoindre le bar pour choper sa première bière (une demi-heure d’attente, lourd).
Qu’il est frustrant de constamment voir Yob en opening act à Paris ces derniers temps, nous obligeant par là même à nous contenter de 45 minutes de show. Pourtant ce soir, c’est peu dire que le groupe est attendu (et acclamé) et la furie qu’il déverse sur la mythiques salle parisienne avec « Ball Of Molten Lead » en ouverture de set ne calmera pas les (h)ardeurs. Classiquement « The Lie That Is A Sin » prend la relève et le Bataclan flotte dans les airs suffoquant du doom éthéré du trio. Mais, comme toujours sur cette tournée, l’obsession du groupe à enchaîner uniquement « Our Raw Heart », voulue comme la « Marrow » post near death expérience de Scheidt, fera retomber l’ambiance. Hélas, trois fois hélas, pourquoi articuler son set autour de cette chanson quand on a autant de riffs dans sa besace ? Oui, pour panser les blessures, c’est évident, c’est bien à cela que sert un album comme celui qu’a publié Yob. Reste que le finalement très Neusorien « Breathing Frol The Shallows » ne suffira pas à relever ce set un peu frustrant. Vivement le retour de Yob à Paris pour 1h30 de concert, une fois le chapitre Our Raw Heart refermé.
Neurosis, incontestables maîtres de la soirée, prennent place comme à leur habitude, en mode taciturnes, sans dire bonjour ni regarder le public (c’est un peu leur marque de fabrique). Ils ouvrent leur set sur “A Sun That Never Sets”, un classique et un de leurs meilleurs titres ; ça joue la sécurité. Et ce sera sans doute le leitmotiv de la soirée : le quintette nord-californien déroule un set en mode pilotage automatique, composé d’une large poignée de ses plus grands hits, sans vraiment de surprise (pour info, ils joueront la même set list sur quasiment toutes les dates de la tournée – pas de jaloux !). Par ailleurs, c’est dans la section la moins brutale de sa riche discographie que Neurosis ira piocher ce soir, avec beaucoup de passages atmosphériques / acoustiques, un peu comme s’ils étaient fatigués de faire les bourrins de service. La part belle a été faite au dernier album, Fires Within Fires, dont ils ont joué 3 morceaux (sachant que l’album n’en a que 5), le reste tapant dans leurs 5 ou 6 disques majeurs.
Le concert en tout cas ravit un Bataclan généreusement rempli pour l’occasion, avec des musiciens comme d’habitude ultra impliqués dans leur live, qui donnent beaucoup de leurs personnes. Le public est réceptif et apprécie ce set taillé sur mesure pour satisfaire le plus grand monde. Et l’on restera donc sur ce ressenti d’un concert ultra efficace, carré, mais aussi avec trop peu de surprises (même si certains titres comme “To the Wind”, pas joué depuis une bonne dizaine d’années, ont bien fonctionné) et, pour les puristes, trop peu de morceaux issus des plus vieilles années (dont les glorieux Through Silver & Blood, Times of Grace, etc…). Une fort bonne soirée, sans être exceptionnelle.
L’été arrive (fort !) et la déprime post-festoches bat son plein alors que s’annoncent 2 ou 3 mois assez pauvres en concerts. Ce petit événement un peu étrange apparaît donc parfaitement indiqué pour occuper une portion de notre soirée. Portion seulement car votre serviteur manque du courage nécessaire pour affronter la température caniculaire du début d’après-midi et ne rejoint le lieu du concert que sur la fin du set des psych rockers portugais de Stone Dead. Les derniers titres sont finalement assez emballants, et on regrette un peu de ne pas avoir pu être là plus tôt : même si scéniquement ça n’est pas Dillinger Escape Plan, loin s’en faut, musicalement ça remue pas mal, c’est énergique, bien foutu… et ça nous donne envie de les revoir !
L’intermède nous permet de prendre la mesure du dispositif proposé par l’Astrodøme, une asso bordelaise très dynamique qui secoue le monde du psyche sous toutes ses formes musicales. Ils sont pour ce soir associés à la ville pour programmer une soirée psych rock pour célébrer les 50 ans de Woodstock… Bon, le prétexte est un peu fallacieux, mais toute occasion est bonne à prendre pour monter un plateau de ce calibre ! Car ce sont pas moins de 4 groupes qui se passent le relais ce soir sur cette scène posée sur les prestigieux quais de la capitale Girondine, à quelques mètres de la paisible Garonne. La température (qui est encore bien installée au dessus de 30° tandis que la nuit commence pourtant déjà à tomber) rend l’ambiance bien particulière autour de la scène, avec des centaines de personnes posées dans l’herbe, à pique-niquer, boire et festoyer en famille ou entre amis. Et donc, au milieu, cette petite scène d’où jaillissent des nappes de décibels planants et électrisés en bord du fleuve.
Sans le moindre cérémonial, les trois musiciens de Yawning Man montent sur scène et s’engagent sur le sentier sinueux du jam rock désertique qu’ils ont pratiqué depuis deux décennies bien tassées. Le groupe semble avoir oublié sa carrière avant 2017, piochant essentiellement dans ses deux dernières productions pour composer sa set list. Pour votre serviteur, qui a peu écouté les récentes productions du groupe, c’est regrettable ; mais soyons honnêtes, pour le public, cela importe peu ! En effet, le public est constitué d’un poignée de vrais amateurs du groupe, inclus dans une petite quantité d’amateurs de rock et rock psyche venus pour la soirée, et surtout de plusieurs dizaines de visiteurs, passants, curieux, etc… qui prennent un certain plaisir à venir à découvrir le groupe.
Le set se poursuit sans accro… malheureusement ? En effet, on peut toujours reprocher au groupe, ce qui a toujours été le cas, son comportement scénique apathique, les rares regards adressés au public par Gary Arce, le manque de communication du groupe… Mario Lalli fait certes preuve d’un peu plus de vigueur, mais ce n’est quand même pas Fatso Jetson, et il reste en phase avec Arce sur la passivité scénographique. Mais ça a toujours été ainsi, donc inutile d’accabler le trio pour cela. Le set est interprété avec un certain talent pour le genre pratiqué, on n’en attendait pas moins.
Le groupe quitte la scène après un peu moins d’une heure de set, sous les applaudissements souriants d’un public encore un peu cotonneux, pris dans la torpeur estivale et encore sous l’effet vaguement hypnotique du set…
Encore une fois, faute avouée étant, espérons-le, à moitié pardonnée, votre serviteur n’attendra pas le set suivant et se gardera donc bien de donner son avis sur la prestation pourtant prometteuse des brésiliens de Boogarins ; mais connaissant l’inspiration dont fait généralement preuve l’Astrodøme dans ses progs, on pense que ça devait être super ! On essaiera d’être plus rigoureux la prochaine fois !
Ce fut en tout cas une bien belle soirée, un peu surréaliste niveau ambiance, dont on se souviendra longtemps…
Les braises du Hellfest refroidissent tout juste, le Rock In Bourlon s’achève à peine, et dans la capitale, on décide que le show doit continuer. Et quoi de mieux qu’un anniversaire pour cela ? Dans le cadre d’une tournée célébrant les 25 ans de Deliverance, mais surtout de gros hardrock bien musclés, l’équipe de Corrosion of Conformity fait un crochet par le Glazart. Invité par Garmonbozia et Below The Sun, et accompagné pour l’occasion de Desert Storm et de Witchfinder, CoC se prépare à hausser encore un peu plus le mercure d’un lundi caniculaire.
Witchfinder
En ce jour de fournaise, il est pénible d’imaginer s’enfermer dans l’étuve qu’est le Glazart ; plafond bas, ventilation quasiment inexistante, projecteurs… Autant d’arguments qui en invitent beaucoup à demeurer à l’extérieur en attendant le passage des Américains. Et c’est bien dommage, car Witchfinder démarre les hostilités avec un set pas dégueu du tout. Après un bref salut, le sympathique trio de Clermont-Ferrand propulse dans nos oreilles un puissant et lourd doom qui ne met pas trente secondes à faire s’agiter les têtes. Alors que la rythmique hypnotique officie son travail de sape, la voix aérienne de Clément nous guide vers de célestes horizons. Un chant qui, dans son style, ne sera pas sans rappeler celui de Dorthia Cottrell (Windhand) ou de Lori S. (Acid King), avec quand même quelques accents plus vénères comme en témoigne la fin de « Sexual Intercourse » ou « Sorry ». Question set list, le trio annonce d’entrée que pour son troisième passage à Paris il compte jouer l’intégralité du dernier album Hazy Rites, moins un titre. Ce qu’ils défendront honorablement, en dépit de quelques écueils comme, par exemple, la perte d’une baguette durant le second morceau. Le public s’avère encore très épars en ce début de soirée, pourtant les présents semblent apprécier tant l’énergie bienveillante et le sourire de Witchfinder que la puissance de son sludge pachydermique.
Desert Storm
Place au quintette d’Oxford pour la seconde manche. Et à en juger par la Paiste Rude 24 pouces à la cloche colossale qu’Elliot installe à sa droite, on sent que ça ne va pas tailler dans la dentelle. Les gaillards se positionnent, et sans autre forme de procès, débutent sur « Journey’s End ». Au-delà des vagues de sons crachés par les amplis et qui balayent la foule, on constate que Desert Storm sait allier métal bien lourd et parfois sacrément bourrin à du sludge plus incantatoire en se parant d’accent par moment très blues. Les riffs sont accrocheurs, la section rythmique plus incisive et percutante que la précédente – comme en témoigne « The Brawl » –, et le chant investi. On se demande même si la veine gonflée du cou de Matt ne va pas finir par lui exploser le visage tant la puissance de son chant pousse son système vasculaire dans ses retranchements. Les rares moments d’accalmie comme ceux provoqués par « Kingdom of Horns » présentent comme seul avantage d’apaiser les humeurs pour mieux les déchainer ensuite. Hélas, si les badauds s’agitant devant la scène brûlante font entendre leurs voix, encore beaucoup manquent à l’appel et poursuivent leurs échanges à l’extérieur. Inutile de jouir d’un grand esprit de déduction pour comprendre que le véritable enjeu de la soirée pour ces derniers, c’est le quatuor de Caroline du Nord.
Corrosion of Conformity
Sans surprise donc, lorsque la formation de Raleigh monte sur scène, le Glazart se révèle (enfin) rempli. Reed Mullin manque à l’appel et c’est à Jon Green que revient une nouvelle fois la charge de battre les futs. Ce public fait d’ailleurs montre d’une ferveur touchante. Outre ses T-shirts, casquettes et même parfois tatouages à l’effigie du groupe, il hurle comme avant un rappel. Le groupe de Mike Dean n’attend pas davantage et amorce les réjouissances par « Seven Days » pour un set dominé en grande majorité par les titres de Deliverance (sans blague). Puis le Heavy Metal bien burné de Corrosion of Conformity fait son travail et comme souvent, la frénésie l’emporte. Dès le milieu de « Senor Limpio » la fosse s’agite en plusieurs endroits. Des vagues nerveuses se forment, déchainant les passions et compliquant le travail des photographes du premier rang. Ces derniers, résignés à abandonner le terrain aux excités qui les bousculent, sonnent en vitesse la retraite vers un arrière plus sauf et aussi plus frais. Car les premiers rangs s’apparentent désormais à un sauna dans lequel la sueur et la bière remplacent la vapeur d’eau. « It’s hotter than fucking Louisiana », comme le précise Keenan. Tout ça avant de relancer un autre riff destructeur sur une guitare poncée jusqu’à la moelle dont il tire encore une fougue des premiers âges. Bien que le plafond du Glazart soit proche, cela n’empêche pas certains d’effectuer des slams sur « Albatros », avant de s’écraser à nouveau dans la masse grouillante. « 13 Angels » offrira une trêve à toute cette folie avant que l’incontournable « Vote with a bullet » revienne frapper la fourmilière. « Who’s got the fire » clôturera le set et ouvrira le rappel à « Clean my wounds » pour un final à l’image de toute cette prestation : ardent.
Corrosion of Conformity
Encore une programmation de qualité pour les collectifs Parisiens. Même si l’on aurait souhaité une meilleure salle afin d’apprécier plus encore Corrosion of Conformity. Toutefois, outre sa sonorisation passable, ses angles morts sévissant sur le chant et sa capacité d’accueil limitée, le Glazart remplira le contrat et offrira à chacun le souvenir d’un lundi soir réussi.
Dernière journée (la déprime post-festival commence déjà, c’est vous dire si on est bien !) et première constatation dès le réveil : le soleil a effectivement bien tapé car les épaules et le dos ont pris quelques coups de soleil et comme on n’avait rien senti au coucher, la température étant descendue en dessous de 10 degrés après 22h (merci la forêt autour du site…), on va essayer de protéger nos vieilles carcasses… par contre, tant pis pour nos oreilles, elles vont en prendre plein la tronche aujourd’hui !
SPACE VENTURA
Le troisième et dernier jour du fest commence comme le précédent, sur la « wake and bake stage » avec Space ventura, le petit dernier de la programmation qui remplace alors Duel, resté bloqué à l’aéroport à cause d’un passeport périmé (…). Comme la veille, l’assistance est encore clairsemée mais le soleil est déjà, lui, bien debout (cette journée sera la plus chaude du fest). Les californiens déroulent leur heavy rock furibard pas follement original mais Space ventura restera une sympathique découverte.
HIGH FIGHTER
C’est couillu de programmer High Fighter à une heure si matinale ! Mona Miluski et sa troupe vont se charger de réveiller ceux qui comatent déjà au soleil avec 40 minutes d’un sludgecore exécuté avec toute la fougue et la hargne que le genre réclame. Quand même, du sludgecore à 13h, çà pique un peu!
THE FIERCE AND THE DEAD
Dès les premières secondes, on sait d’emblée qu’on va s’ennuyer devant The Fierce and the Dead. Certes, on ne dit pas “j’aime pas” tant qu’on n’a pas goûté… Mais les dégaines de courtiers en assurance des 4 anglais auguraient du pire. Et ce fut le cas… Musicalement, c’est d’une platitude extrême et le frontman multiplie les moments de solitude à chaque fois qu’il s’adresse au public. Les regards des festivaliers en disaient long sur leur prestation… L’erreur de casting de cette édition (on en a même oublié de faire des photos, c’est vous dire !)
ELECTRIC WHANAU
Slomatics étant resté bloqué (tout comme Duel) à l’aéroport de Londres pour des raisons administratives (décidément, vivement le Brexit…), les organisateurs ont dû trouver un remplaçant à la hâte pour combler la plage horaire. Komet Lulu et Sula Bassana d’Electric moon trainent dans les parages (on découvre donc à quoi ils ressemblent à la lumière!), Craig Williamson (qui délaisse sa basse pour la batterie) et Matt Cole-Baker d’Arc of ascent ne jouent que dans 2 heures et le colosse Bill de Bushfire (qui arpente le site depuis jeudi) peine à écouler le LP du live de son groupe enregistré ici-même l’an dernier ? Allez, banco, tout ce beau monde investit la scène (sous le nom d’Electric Whanau) et se lance dans une jam totalement improvisée de près de 45 minutes qui va mettre les festivaliers en transe. Unique, éphémère et absolument grandiose.
OUTSIDEINSIDE
Avec un nom de groupe emprunté à celui d’un album de Blue cheer, on pouvait s’attendre à un stoner bien gras et bien lourd. Eh bien, pas du tout! Rien à voir avec le prehistoner de Blue cheer, on a plutôt affaire ici à un rock seventies au fort accent californien (alors que le groupe vient de Pittsburgh). Encore un groupe qui démontre que, parfois, une prestation live rend bien mieux qu’un album studio…
ARC OF ASCENT
Premier groupe Néo-zélandais à se produire sur la scène du Freak valley, Arc of Ascent bénéficie d’une aura importante après de nombreux retours positifs suite à des prestations remarquées aux quatre coins du globe. Venu avec un dernier opus, Realms of the Metaphysical, paru en 2017, le groupe bénéficie de la présence magnétique du bassiste et chanteur Craig Williamson qui attire tous les regards avec sa magnifique Rickenbacker bicolore qu’il maltraite et caresse pendant une heure. Pourtant, dès qu’il s’adresse au public, il semble impressionné, timide et visiblement ravi d’être en Allemagne. Le son est dantesque (chaque coup donné à sa basse par Williamson vous fait descendre les chaussettes) et la prestation du groupe l’une des meilleures du festival. Toutes éditions confondues…
VINTAGE CARAVAN
Place maintenant à la formation que beaucoup de festivaliers attendent (les places aux barrières sont chères). Les trois islandais de Vintage Caravan prennent alors place sur scène et c’est un doux euphémisme de dire qu’ils vont se l’accaparer, y mettre le feu, la retourner et ne laisser que de la poussière derrière eux. Avec une setlist aux petits oignons couvrant toute leur jeune carrière (“Babylon”, “Innerverse” dans une version absolument sublime d’émotion, “Reset”, “On the run”…), nos trois amis venus du froid se donnent à fond et le public suit et se lâche complètement. Au fil du temps, leurs prestations sont de plus en plus maîtrisées et Vintage Caravan est devenu une valeur sûre et incontournable. Triomphe total.
MONOLORD
Que dire de Monolord qui n’ait déjà été dit ? Quiconque ayant déjà assisté à l’un de leurs concerts vous le dira (nous les premiers) : Monolord est un monstre scénique qui foutrait le feu à n’importe quelle sono… Déjà, en arrivant sur le site, une silhouette interpelle: c’est celle de Mika Häkki qui porte une magnifique djellaba crème (çà change du noir, me direz-vous…). Cet accoutrement rendrait ridicule n’importe quel musicien mais on ne se moque pas de Monolord (et puis, il n’a pas une sacrée dégaine le Mika avec çà sur le dos?). Bref, Monolord a fait du Monolord : un son à vous déchausser les dents et une communion totale avec ses fans qui seront ravis de découvrir un nouveau titre intitulé “The Bastard’s Son”, premier extrait du prochain album du groupe qui paraîtra en septembre. “Rust” et “Empress Rising” (dans une tellurique version de près de 15 minutes) sont bien évidemment de la partie et le show s’achève sur la destruction pure et simple de la guitare de Thomas Jäger qu’il fracasse avec gourmandise sur le sol. Les dieux du doom ont encore frappé.
MINAMI DEUTSCH
Tout droit venu du Japon, le quatuor Minami Deutsch nous offre avec brio leur meilleur stoner psychédélique. Après une arrivée toute en retenue sur scène (les musiciens semblent visiblement impressionnés par les lieux et par l’affluence), ils vont se lancer dans une démonstration envoûtante et débordante d’énergie faisant la part belle au jeu de batterie et aux envolées guitaristiques. Difficile d’enchaîner après Monolord ? Pari relevé avec succès pour notre combo asiatique. Un show qui ne laissera pas indemne ceux qui ont eu la chance d’y assister.
WOLFMOTHER
Incroyable groupe, incroyable énergie et… incroyable chevelure (pardon, on s’égare…). Les australiens de Wolfmother étaient sans aucun doute les plus attendus du jour, et c’est un doux euphémisme quand on voit l’accueil qu’ils ont reçu. La tête d’affiche du jour attire une myriade de spectateurs et le moindre centimètre carré de pelouse et de bitume est exploité. De sa voix singulière, Andrew Stockdale galvanise la foule et commémore le quinzième anniversaire de leur premier album. Leur rock qui fleure bon les années 70 électrise le public pendant près de 90 minutes d’un show qui va balayer toutes la carrière du groupe (l’explosif “Woman”, “White Unicorn” qui verra le public faire tourner un énorme ballon en forme de licorne…) et on aura même droit à un nouveau titre, intitulé “Spanish Rose”. Le groupe clôture cette formidable prestation avec, bien évidemment, un “Joker and the Thief” qui va retourner l’assistance. Un show digne du statut de Wolfmother.
GOD IS AN ASTRONAUT
Après Russian Circles l’an dernier, l’édition 2019 du Freak valley propose de clôturer en beauté avec du stoner instrumental et cette fois-ci, ce sont les irlandais de God is an Astronaut qui ont la lourde tâche de conclure cette journée dantesque. Le post-rock planant et surpuissant du quintet fait son petit effet aux festivaliers qui se sont donné la peine de rester (la foule s’est considérablement réduite après le show de Wolfmother). Il est vrai que sur album, God is an Astronaut peut laisser de marbre mais certainement pas en live. Le jeu de lumières aidant, l’ambiance est posée, les riffs tonitruants tabassent et les mélodies oniriques des claviers nous emmènent loin, très loin. Le sublime “Helios Erebus” conclut ce show efficace, sophistiqué et d’une grande classe.
Comme à l’accoutumée, le cru 2019 du Freak Valley festival a tenu toutes ses promesses : une ambiance extraordinaire, des volées de grosses bûches, du blues-rock seventies en passant par du doom caverneux ou encore des voyages intersidéraux, tout y était… Pour ne rien gâcher, la majorité des musiciens restent accessibles et chaleureux (tout le monde navigue dans les allées au milieu des festivaliers, vous pouvez taper la discute avec les Monolord en attendant votre burger ou tailler une bavette avec les Minami Deutsch autour d’une bière) et la météo est restée clémente (pas de gros orage comme l’an dernier par exemple…). Une chose est sûre : vivement la prochaine édition !!!
Après une bonne nuit de sommeil (bonne idée que d’avoir réservé un logement avec un lit digne de ce nom qui permet d’atténuer les douleurs articulaires liées à notre grand âge…), nous revenons sur les lieux aux alentours de 11h30. Le site est presque désert, seuls quelques courageux ont réussi à s’extirper de leur tente pour… s’avachir de plus belle sur les quelques transats, canapés et fauteuils mis à disposition. Il fait déjà chaud et la température va monter encore d’un cran car voilà les premiers zicos qui prennent place pour entamer cette journée…
LACERTILIA
La deuxième journée du festival débute sur la minuscule « wake and bake stage », cachée au fond du site au milieu de banquettes de récup et de sièges en palettes. Une scène très intime (les plus près peuvent poser leur bière sur la scène) que les anglais de Lacertilia vont se charger d’animer devant un parterre de courageux proche de la cinquantaine d’âmes tout au plus (il n’est alors que midi). Le groupe en profite pour rôder les nouveaux titres d’un futur album dont la sortie est prévue dans quelques semaines. Le public clairsemé mais réceptif saluera la prestation convaincante pour une heure si matinale (pour un festivalier, j’entends…).
PRETTY LIGHTNING
Seconde et dernière prestation de la journée sur cette minuscule scène, le duo Pretty Lightning rappelle des formations comme King of the North ou encore Royal Blood, en moins puissant malgré tout. Seul petit bémol, le chanteur-guitariste n’est pas très démonstratif (c’est peu de le dire…) et on sent qu’il a passé une mauvaise nuit (il tirera une gueule de 6 pieds de long toute la journée au merch). Une belle découverte malgré tout.
DEAD LORD
Retour sur la scène principale pour l’un des groupes les plus attendus du jour (il suffit de voir le nombre de festivaliers qui ont daigné quitter leur tente pour assister au concert : les suédois de Dead Lord, forts de l’excellent In Ignorance We Trust paru en 2017, débutent leur set avec “Don’t give a damn”, le single de l’album Heads Hield High. Et pendant 40 minutes, on assiste à une véritable démonstration de heavy rock à l’ancienne avec panoplie complète : solis déchaînés, poses photogéniques, look seventies… La filiation avec Thin Lizzy a été maintes fois évoquée et cela saute aux yeux sur scène. Énorme succès à l’applaudimètre, grand moment de communion avec le public et une valeur sûre pour les années à venir.
GREAT ELECTRIC QUEST
Depuis la veille, les américains de Great Electric Quest font le show aussi bien dans les travées du fest qu’au merch et on pouvait donc s’attendre à une prestation aussi déjantée qu’eux. Le résultat va s’avérer mitigé. Certes, ils savent investir une scène « à l’américaine » (décorum, gros son, fringues… tout y est) mais on ne peut s’empêcher de penser que claquer un solo de batterie de près de 5 minutes au beau milieu du deuxième titre (!!!) quand on ne joue que 40 petites minutes fait retomber la mayonnaise qui montait pourtant bien. Restera malgré tout le souvenir ému d’une reprise survoltée de “Highway Star” de Deep purple qui leur vaudra une salve d’applaudissements nourris.
PRISTINE
Après écoute de plusieurs titres quelques jours avant le festival, nous n’avions déjà pas accroché au southern blues des norvégiens de Pristine. Et sur scène, malgré tous les efforts de la charismatique Heidi Solheim, nous restons également stoïques. Mais le public semble apprécier, tant mieux pour lui et nous préférons lever le camp et laisser la place aux amateurs…
RAKETKANON
Les belges de Raketkanon ont été programmés en remplacement de It’s Not Night It’s Space il y a quelques semaines. A notre grand regret car Raketkanon restera pour nous une énigme. C’est de notoriété publique que les allemands sont friands d’expérimentation sonore mais là, on atteint un sommet pour un festival rock : des synthés d’un autre âge, des bidouillages sonores insupportables et un chant hurlé au travers d’un vocoder (WTF?!?!?!) nous font fuir dès le deuxième titre. Ne nous attendez pas les gars, on reviendra plus tard…
TUBER
Un festival sans un représentant de la bien-aimée scène grecque n’est pas un bon festival. Et quand les invités se nomment Tuber, l’une des valeurs sûres du rock psychédélique instrumental, c’est l’assurance d’un grand moment. Le son est surpuissant et la fosse, surchauffée par un soleil de plomb qui a tapé fort toute l’après-midi, se laisse aller au moment où le groupe entame son fameux “Desert Overcrowded”… Seul petit reproche à faire, mais ce n’est pas de la faute du groupe : on aurait préféré un horaire plus tardif qui aurait permis une meilleure immersion…
KING BUFFALO
Il est 19h15 quand Tuber cède sa place au trio New-yorkais de King Buffalo qui démarre son set avec le formidable “Longing to be the Mountain”, tiré de leur dernier album éponyme. Le son est sensationnel et l’immersion est totale. Il faut dire que les américains savent jouer et on perçoit immédiatement entre eux une communion et un plaisir communicatif à être sur scène. Et ils vont retourner l’assistance avec leur désormais mythique “Orion” qui va mettre tout le monde d’accord. Vous l’aurez compris, King Buffalo était dans un grand soir et ce set trop court restera dans nos mémoires comme l’un des grands moments de cette édition.
A PLACE TO BURY STRANGERS
Pour les mêmes raisons que Pristine, nous sommes restés totalement hermétiques au trio A Place to Bury Strangers, pourtant très attendu du public au vu du nombre de festivaliers qui migrent vers la scène quelques minutes avant le début de leur set. Reste que même vu de loin, l’énergie employée par le groupe reste impressionnante, au point que le guitariste en brisera en deux sa guitare…
YOB
Un célèbre adage veut que si on n’a pas vu Yob avant l’âge de 50 ans, on a raté sa vie. Il est vrai que la bande de Mike Scheidt traîne derrière elle une sacrée réputation de retourneur de fosse avec leur sludge surpuissant. Dès le soundcheck, on se dit qu’on va en prendre plein la tronche et ce sera effectivement le cas. La fosse heandbangue comme un seul homme, le son est gras comme les frites mayonnaise servies par le food-truck de l’allée centrale et tout le monde prend son pied, sur scène comme dans le public. Après 1h15 éreintantes, Yob disparaît, Mike Scheidt brandit sa guitare en signe de remerciement et chacun retourne à sa vie, exsangue. Impressionnant, c’est le mot.
CORROSION OF CONFORMITY
L’annonce de la venue de Corrosion of conformity, qui plus est pour un show spécial célébrant les 25 ans de leur masterpiece Deliverance, était l’une des grosses signatures du fest. Dès l’intro balançant “La Grange” de ZZ Top sous des lumières d’un vert blafard, on sent la foule bruisser d’impatience et elle fera une ovation au groupe dès son arrivée sur scène. On remarque d’emblée que le batteur Reed Mullin est absent, son genou le faisant toujours souffrir. Les gars sont charismatiques à souhait avec leurs tronches burinées par plus de 35 ans de scène et ils font preuve d’une maîtrise époustouflante. La bande de Peeper Keenan a mis tout le monde d’accord, comme c’était à prévoir…
Cette année encore, c’est du côté de Netphen, à quelques kilomètres de Cologne, que se déroulait l’un des festivals les plus cools de la galaxie: le Freak Valley festival accueillait près de 3000 amoureux de stoner, de doom, de rock psychédélique et j’en passe pour une édition qui aura, une fois encore, tenu toutes ses promesses…
VALLEY OF THE SUN
C’est Valley of the sun qui se charge d’ouvrir les hostilités. Fort d’un nouvel opus, Old Gods, sorti il y a quelques semaines (sans doute l’une des meilleures choses qui soit arrivé au heavy rock cette année), les américains nous gratifient de 45 minutes d’un set aux petits oignons. Puisant largement dans ce dernier album, le quatuor attire les spectateurs dès les premières notes et offre une entrée en matière fracassante à cette cuvée 2019. Même la pluie qui s’invite à la fête ne viendra pas entacher cette prestation impressionnante de maîtrise (mention spéciale à Casey Beagle qui cogne comme un ours sur ses fûts) qui sera saluée comme il se doit par le public.
STONEFIELD
Difficile d’enchaîner après Valley of the sun, d’autant que la pluie s’intensifie. Mais les 4 sœurs de Stonefield s’attèlent à cette tâche avec brio en offrant un retro rock particulièrement savoureux qui s’inspire des meilleures sonorités des seventies. Du coup, les dieux font preuve de clémence, la pluie cesse (et ne reviendra plus durant 3 jours) et les australiennes peuvent recevoir l’ovation qu’elles méritent.
SPACESLUG
Que peut-on bien raconter après avoir pris un camion chargé de troncs d’arbres dans la tronche ? En général, pas grand-chose (soit on perd ses dents, soit on rejoint les enfers, les options sont relativement réduites). Alors, pour éviter ces désagréments, il existe une alternative moins violente (quoique…): assister à un set de Spaceslug. Le trio polonais, qui vient de sortir coup sur coup 3 albums en 3 ans (dont le dernier, l’excellent Eye the tide, qui se doit d’être de toutes les playlists actuelles), n’est certes pas le roi de la communication avec le public mais question communion, la limace de l’espace sait y faire (et il se raconte qu’ils ont également mis l’ambiance au camping du fest pendant 3 jours…). Leur doom psychédélique envoûte, fait se dandiner comme un seul homme et dévisse de nombreuses cervicales… La première grosse bûche du festival.
JOHN FAIRHURST BAND
Après avoir assisté à une grosse prise de bec entre des photographes pourtant accrédités et un agent de sécurité un poil zélé qui refuse l’accès au stagepit (les accès VIP, backstage et stagepit étant identiques avec des pass différents, l’agent s’y perdait un peu), c’est seulement après une quinzaine de minutes de palabres sans fin et l’intervention des responsables du fest que nous pouvons enfin accéder au pied de la scène. Pendant ce temps, John Fairhurst et ses musiciens, qui défendent un nouvel album paru en avril dernier, déroule ses titres catchy, groovy et parfois même rockabilly. Le bonhomme sait se mettre une fosse dans la poche et offre un très bon moment au public.
DEWOLFF
Après la défection malheureuse de The Obsessed qui a annulé sa tournée européenne 3 jours auparavant (pour des raisons « indépendantes de la volonté du groupe » sans plus d’explications), le festival a réussi à booker un remplaçant au pied levé, et force est de constater qu’ils ne se sont pas foutus des festivaliers car c’est ni plus ni moins que Dewolff qui se présente sur scène en lieu et place de la bande à Wino. Pattes d’eph, chemises à jabots et cheveux longs sont de mise pour plus d’une heure d’un retro rock seventies électrisant à souhait. Les 3 néerlandais sont des habitués des scènes européennes et cela se voit tant ils s’améliorent au fil de prestations toujours plus maîtrisées. Après le show, ils vont gérer eux-mêmes leur merch et quand on voit à quelle vitesse ils vont écouler leur dernier double EP live, on se dit que les festivaliers ont grandement apprécié leur prestation. Tout comme nous, d’ailleurs…
BRANT BJORK
Il est 22h15 quand Dieu se présente sur scène. Les photographes sont fébriles, la foule piaffe d’impatience et les organisateurs ne sont pas peu fiers d’annoncer l’arrivée de Brant Bjork. Nous ne ferons pas l’affront de présenter le bonhomme aux habitués du site mais pour les autres, Brant Bjork est l’ancien batteur de Kyuss, le responsable des meilleurs albums de Fu Manchu et l’un des piliers les plus respectés du genre. Délaissant un temps sa Sky valley pour la Freak valley, il va dérouler un set magistral pendant 1h15, bien entouré par un backing-band faisant preuve d’une aisance et d’un professionnalisme qui laisse pantois. Et heureux aussi… Et un énorme big-up personnel à Bubba Dupree, son guitariste, qui lui a fait dédicacer mon affiche fraîchement acquise au merch (car oui, on ne rencontre pas Dieu si facilement…). Bubba, reçois ma reconnaissance éternelle.
ELECTRIC MOON
Au moment où Electric moon s’avance sur la scène et commence son set, 2 options s’offrent à vous : soit vous restez stoïque à essayer de comprendre pourquoi les 3 musiciens passent le plus clair de leur temps dans la pénombre en tournant le dos au public à vous balancer pendant de longues minutes les mêmes accords, soit vous vous abandonnez à un long voyage cosmique au cours duquel votre esprit quitte votre corps, un corps dont vous ne devenez soudain plus maître et qui décide de communier avec d’autres de la même espèce afin de former une sorte de vague humaine qui déferle sans cesse d’avant en arrière au fil des battements de la musique. Inutile d’indiquer que pour l’une des 2 options, l’abus de substances plus ou moins licites est fortement préconisé…
On a beau être un peu sur les rotules (vous moquez pas, on n’est plus tout jeunes) on est quand même passablement excités à la perspective de cette troisième et dernière journée. Le fait majeur de ce dimanche est pourtant plutôt déprimant, avec l’annulation de The Obsessed quelques jours avant, un groupe qu’on attendait de pied ferme… Heureusement la liste des groupes à ne pas rater aujourd’hui est longue comme le bras, et l’ennui n’est pas au programme…
*** Notre video-report : le jour 3 du Hellfest en quelques minutes avec entre autres des extraits live de tous les concerts ! ***
DDENT
Les choses commencent tôt pour les mélomanes puisque les parisiens de Ddent, quatuor post metal instrumental dont le nom est sur toutes les lèvres depuis quelques mois, investit la Valley à 10h30. Le public ne s’y est pas trompé et montre son enthousiasme dès les premières notes d’«Arzel». D’abord visiblement tendus (c’est une première grosse scène pour le groupe), les musiciens prennent vite confiance et en quatre titres (deux de Toro leur dernier album en date et deux du précédent) leur set prend des allures de majesté et donne le la pour la dernière journée. Ddent est incomparablement plus envoutant en live que sur album (c’est dire).
GOLD
Malheureusement la tente ne s’est pas plus remplie alors que Gold investit la scène. Plutôt circonspect par la version sur disque du groupe, votre serviteur est pour le moins intrigué de voir à quoi ressemble le groupe en live. Musicalement, pas de surprise, Gold évolue dans un spectre mêlant dark, goth, post rock gentillet, rappelle les vieilles sueurs new wave ou emo… On peut aimer le groupe, et sa qualité n’est pas en cause, mais la question de sa place au Hellfest reste posée… Quoi qu’il en soit, le peu d’engouement démontré par le maigre public présent n’entame pas l’énergie des musiciens (nombreux, eux, avec rien moins que trois guitaristes…) qui sont parfaitement à l’aise. Mais c’est Milena Eva qui monopolise l’attention, théâtralisant son chant, jouant de ses tenues vestimentaires élaborées (carton jaune stylistique, par ailleurs) – autre détail symptomatique d’un certain décalage…
BRUTUS
Soyons honnêtes : on a eu un petit frisson en découvrant le nom de “Brutus” à l’affiche du Hellfest, il y a quelques mois… Frisson vite disparu quand nous avons constaté que ce n’était pas la formation norvégienne de vintage rock que nous aimions tant (et qui a perdu récemment son super vocaliste) mais un trio belge, qui finalement sur le papier s’avère loin d’être inintéressant. Ce sentiment se confirme assez vite en réalité, devant la prestation live de cette formation fort atypique, que l’on a été voir dans cette contrée reculée et sauvage qu’est la Warzone. On y retrouve un guitariste (mode concentré, option taciturne), un bassiste (mode pois sauteur, option souriant), et une batteuse… chanteuse ! Postée sur le côté droit de la scène, contre le bord, Stefanie, la jeune marteleuse de futs, concentre inévitablement l’attention. Il faut dire que la demoiselle officie au micro avec puissance, efficacité et même grâce parfois… tout en frappant comme une mule ! Côté maîtrise instrumentale, elle assure, et côté souffle, on ne vous en parle même pas. Une vraie performance. Le tout alimente un gros rock saturé qui emprunte au post, au noise, au punk… Mais ça fonctionne, les compos passent bien sur scène, et s’avèrent assez variées pour maintenir le public (plutôt nombreux, même si la Warzone n’est pas blindée) attentif et souriant pendant la demi-heure de set. On retiendra quand même un remarquable “War”, classique en puissance issu du dernier album, qui devrait figurer dans toutes leurs set list pour les prochaines décennies tant il est efficace et accrocheur. Très bon concert.
MESSA
Voici venu un autre chouchou des spécialistes du doom éthéré. Avec ses airs jazzy (Bohren & Der Club Of Gore jazzy) et la sensibilité vocale de Sara, sa chanteuse, Messa a tout d’une future valeur sûre. D’ailleurs tout le monde se l’arrache. C’est que les italiens ont fait sensation en l’espace de deux albums, mêlant doom et sonorité jazz, et après les DesertFest et le Roadburn, les voici au Hellfest, étape supplémentaire avant de se retrouver partout. En quatre titres (deux de chaque album aussi, décidément !), Marco, guitariste/clavériste/tête pensante, et sa clique emportent une adhésion sans faille sous la Valley. Le public est sous le charme (de Sara pour les uns, de la musique pour la plupart des autres) et en redemande. Nul doute que les nouveaux convertis, nombreux, continueront à faire grossir les rangs des amateurs du groupe.
YOB
Mais que fait Yob si bas sur l’affiche ? Le trio, sûrement l’un des tous meilleurs groupes live dans sa catégorie, se retrouve à jouer à l’heure de la digestion pour seulement 40 minutes. Dommage. Première bonne nouvelle : Mike Scheidt semble remis de ses problèmes de santé. Ainsi remplumé, le génial guitariste et insaisissable vocaliste ouvre le set avec « Quantum Mystic » et avale d’un coup d’un seul toute l’audience. « Unmask The Spectre » suit, comme un fil rouge dans l’émotion, et tandis que le son – énorme et cristallin – enveloppe les spectateurs, Yob enchaîne sur la violente « The Screen », et son riff rappelant Morbid Angel, joué à l’infini. La Valley est déchainée, tiraillée entre joie et tristesse, dans un spleen absolu. « Breathing From The Shallows » finira par faire redescendre la pression, comme un atterrissage en douceur. Yob a encore fait plier le festival. A quand un headline de Valley, de nuit, avec des projections dans tous les sens ?
CLUTCH
C’est sous un soleil de plomb à cramer les cactus que nous traversons les pelouses qui nous séparent de la Main Stage où doit se produire Clutch. A notre arrivée une heure avant le début du set, les premiers rangs sont déjà compacts. Gasp… Le moment venu les notes d’une bande son made in Maceo Parker retentissent, des cris résonnent, les musiciens montent en scène… c’est l’heure! La passion redouble alors que les yeux rougis, un T-shirt Funkadelic sur les épaules, Neil Fallon fait son apparition. On aurait pu craindre que le groupe soit un peu léger encore pour affronter un tel créneau sur la main stage, mais c’était sans compter sur les bollocks des Ricains qui déroulent impeccablement “Ghoul Wrangler” puis “H.B is in Control”, ne reprenant leur souffle que pour annoncer “The Mob Goes Wild”. Le public reprend en choeur les paroles de “Vision Quest”. A ce moment du concert, nous avons pu comptabiliser 60 slammers à la minutes (10 selon les autorités). Ça pogote dans tous les sens, les pichets de bière volent. Fallon, grandiose de charisme, entraîne le public, JP Gaster frappe ses futs plus fort que le soleil nos crânes. “Noble Savage” voilà ce qu’est Clutch et il le fait savoir du haut de son promontoire pour nous jeter ensuite “The Face” et “Willie Nelson” aux oreilles. Obligés de quitter la cohue, nous prenons du recul. La foule est compacte jusqu’aux consoles et tout le monde chante “A Quick Death in Texas”. Les organisateurs ne s’y sont pas trompés en programmant Clutch à cet endroit. “Electric Worry” déboule, efficace comme un coup de pelle. Les monstres ne se couchent avant que ne soient offerts en pâture à la fosse “X-Ray Vision” et “Firebirds”. Mais soudain tout s’arrête net, 5 minutes avant la fin prévue du set. Les festivaliers se regardent un peu éberlués. Que s’est-il passé ? Tout le monde en voulait encore et soyons francs, 5 minutes supplémentaires n’auraient pas suffi à contenter l’hystérie collective. Allez Hellfest envoie-nous ces p’tits gars-là au firmament lors d’une prochaine programmation. Un spot en début de soirée sur une Main Stage de fou, ils ne méritent que ça.
ÅRABROT
Quelle drôle d’idée que de programmer Arabrot en même temps que Clutch s’évertuant à trouver ses marques sur la Mainstage devant un océan de monde ? Les norvégiens, remplaçants de luxe sur la Valley (ils ont été appelés pour remplacer Emma Ruth Rundle suite à son annulation) jouent devant un public peu dense, mais pas ridicule néanmoins. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils semblent stressés. Les morceaux sont tronçonnés, que ce soit les extraits de The Gospel (un indispensable de toutes discothèques) ou du dernier et très recommandable album. « Sinnerman » leur reprise de Nina Simone sera finalement le meilleur moment d’un set malheureusement en demi teinte d’un groupe pourtant habituellement excellent. Dommage.
WIEGEDOOD
Après les étrangetés proposées par Årabrot sur la scène de La Valley, nous sortons à nouveau de notre confortable environnement pour rallier une autre tente et c’est tant mieux car ça cogne dehors. En vrai ça cogne fort aussi à la Temple, mais au moins nous sommes à l’ombre. Le batteur du combo belge envoie la grosse purée derrière ses fûts, son blast beat servant de piste d’atterrissage aux deux six-cordes. Pas de basse dans cette formation ; une machine rythmique trépidante (qui ravira les inconditionnels de l’art bourrin et fera froncer les sourcils des mélomanes avertis friands de haute technicité). Nous avons apprécié ce set entre doom et black hyper pugnace. Les vociférations du guitariste à la capillarité absente ont sublimé ces 50 minutes de sauvageries pour ravagés du bulbe (que nous savons aussi être) et ont fait le lien avec le final de nos pérégrinations lors de l’épisode 13 du festival qui a été clôturé, coté Valley, par Amenra ; ces derniers ayant des influences et du personnel communs. La fameuse école belge se porte à merveille et c’est tant mieux pour nos gueules ! Lorsque les amplis flanqués des logos des flamands ont été éteints, quelques minutes nous ont été nécessaires pour récupérer nos esprits perdus dans les scenarii glauques interprétés par ces redoutables esthètes de la violence (leurs clips sont terribles même si le propos n’est pas toujours compréhensible pour vos serviteurs qui ne maîtrisent pas la langue de ces lascars).
ACID KING
Le roi du doom psych à connotation plombée fait son entrée sur scène. Immédiatement, la lourdeur infinie de Acid King fait son office sur les notes de leur traditionnelle intro “Blaze In”. Sa musique cadre parfaitement avec l’atmosphère du jour. Le bassiste Rafael Martinez (batteur de Black Cobra), est appliqué et agile, il donne tout alors que Lori transpire sur sa gratte. Il est attendu le moment où elle tendra le cou vers son micro. Elle s’en approche, on retient son souffle. Et les notes libérées emportent le Doom du trio vers des sphères bien plus élevées, la preuve en est donnée avec « Infinite Skies ». Cet Acid King là, celui du live, s’écoute comme un Doom en fermant les yeux, « Laser Headlights » offre de se laisser porter mais le sujet est tout autre. Lorsque les futs de Bill Bowman déversent leurs frappes on en jouit pleinement même si les effets les plus denses ne durent que quelques instants. La Valley est idéale à cette heure du jour. Elle honore le groupe de la présence de nombreux festivaliers. Pour autant le lieu est encore respirable, on peut garder son espace pour planer ou s’asseoir, mort de fatigue, et alors supporter l’assaut des infra basses qui, telles une myriade de serpents obèses, parcourent le sol alors que le groupe fait vibrer « Free ». Les videos qui ornent l’arrière de la scène parlent de paysages de montagne ou de fonds marins, s’entremêlant avec des images d’archives. Quel dommage que l’heure offre encore trop de lumière du jour et ne permette pas de jouir totalement du montage. Une ambiance d’herbe a nigaud envahit la scène comme la pelouse et contraste avec les aigus de la voix de Lori dans les nappes de lourdeur des instruments qui jouent très bas.
MARS RED SKY
L’annonce fut faite quelques jours avant le Hellfest (et a UN PEU séché nos larmes suite à l’annonce du retrait de The Obsessed) d’un concert exceptionnel de Mars Red Sky pour préparer la sortie de son nouvel album. Le concert est planifié à l’heure de l’apéritif (et accessoirement de Phil Anselmo… pas grave !) sur la petite Hell Stage, la scène qui trône au milieu du Hell Square, la zone d’entrée / accueil du festival, qui héberge quelques groupes atypiques ou événements funs dans le week end. Le mot est bien passé en tout cas puisqu’un public plutôt bien fourni se masse déjà alors que les trois musiciens ne sont pas encore sur scène à l’heure du début annoncé. Très vite on comprend que le set se déroule dans une ambiance cool et sans stress, illustré par le déluge de vannes parfois approximatives débitées par Jimmy durant le concert… Sourires, bonne humeur et beaux décibels toutefois, puisque le groupe propose presque une heure d’un set solide et efficace, comme ils nous y ont toujours habitué. Comme prévu le trio propose quelques incursions dans son prochain disque (dont le titre “Collector” déjà écoutable sur diverses plateformes) mais aussi certains de ses classiques à l’efficacité jamais mise à défaut (“Hovering Satellites”, “Strong Reflection”…). Un fort bon moment pour se préparer à la fin du fest !
PHIL H. ANSELMO & The Illegals
La famille Hellfest a ré-invité vieux tonton un peu bourrin avec lequel il s’était fâché : le Phil H Anselmo qui est venu avec sa nouvelle compagne, The Illegals. La météo a décidé d’importer la Louisiane pour l’occasion, une atmosphère moite digne du bayou tombe près de la scène et la famille n’a pas sorti l’argenterie, accueillant tonton dans le petit salon de la Valley. Il est venu le vieux tonton, et il a beaucoup causé. Il est un autre homme, il l’affirme. Il a voulu le montrer avec « Choosing mental illness ». Mais les enfants lui ont demandé de refaire ses vieilles pitreries. Il s’en est donné à cœur joie et tout le monde s’est bien amusé. Tonton Phil H Anselmo & The Illegals ont fait un set hommage à Pantera, mettant le feu à la fosse avec entre autre « Yesterday Don’t Mean Shit » et surtout les très attendus « Fucking Hostile », « Walk » ou « Hellbound ». Tout le monde était très heureux de retrouver Tonton Philou, il a reçu plein de cadeaux faits des mains potelées des festivaliers et je crois bien qu’il est rentré chez lui très heureux d’être devenu un autre homme sans pour autant oublier celui qu’il avait été.
The YOUNG GODS
Entre mouillage de petite culotte et dépit, la rédaction était partagée lorsque l’organisation a annoncé le trio suisse. Pas la moinde trace de stoner voire de rock tout court dans le riche patrimoine des jeunes dieux helvétiques (qui sont des personnages très rock’n’roll). Accorder une heure pleine à ce monument de la musique contemporaine, n’est pas un luxe et leur présence pas discutée, mais franchement clôturer le festival sous la Valley en avance (l’horaire ayant été revu suite à la défection de The Obsessed) avec un set electro et psyché c’était pas vouloir rameuter la foule. C’est donc exactement ce qui s’est passé : le trio suisse a déroulé son set hyper soigné devant un public peu nombreux. C’est con, mais encensé par ses pairs ainsi que par la critique, les Gods n’ont jamais eu un succès populaire à la hauteur de leur talent (à part dans leur pays natal où ils fédèrent plusieurs générations de fans notamment en raison d’une longévité impressionnante… putain plus de trente ans !). L’occasion de balancer les furieux titres des débuts était belle pour ces vieux punks, mais que nenni : c’est un majestueux show electro brillamment mis en scène qui a été déployé avec une forte présence du nouvel album très apaisé. “Envoyé” aura rabiboché les groupies historiques de Franz et de sa bande qui ont mis un terme à 3 journées très riches musicalement dans une Valley qui s’ouvre à d’autres genres musicaux et dans un festival qui voit notre genre se déployer sur d’autres scènes !
Bonus: SLAYER
Ils étaient venus pour dire adieu, ils nous laisseront finalement pourrir en enfer. Avec une scénographie incroyable, toute de flamme et d’acier, les quatre bouchers enchainent leurs meilleurs titres sans pinailler, sans discuter, ni même sourire et mettent à genoux les 70 000 personnes, laissés sans défense, tremblants de bonheur, comme rossés par la brute du lycée. Le meilleur concert du festival. [ndlr : l’ensemble de la rédaction de Desert-Rock ne cautionne pas forcément ce postulat 🙂 ]
Que dire de cette édition 2019 du Hellfest ? On s’attendait à une affiche contrastée et parfois iconoclaste, mêlant grosses bombes, valeurs sûres, et incertitudes… Au final, on a retrouvé en haut de notre classement la plupart de ceux qu’on imaginait, et on pourra se targuer d’avoir assisté à quelques excellents concerts qui sortaient un peu du prisme de Desert-Rock. C’est aussi l’année où on aura vu le plus de concerts, avec des groupes “amis” qui nous ont amenés à sortir de la Valley plusieurs fois (hérésie). Bref, une excellente édition encore une fois, qui met la barre toujours haut pour les années à venir… Nous on y sera !
Retour sur le site du Hellfest pour une seconde journée qui s’annonce moins chargée que la précédente mais loin d’être sans intérêt. Le soleil tape dur dès qu’il monte dans le ciel et c’est avec appréhension que nous nous dirigeons vers la Valley pour entamer ce jour. La tente qui héberge la scène sera-t-elle aussi remplie que le jour précédent à cause des températures trop élevées ? Allons, hardis les mecs ! On s’en fout, on est là pour gouter au collectif et en prendre autant plein les oreilles !
*** Notre video-report : le jour 2 du Hellfest en quelques minutes avec entre autres des extraits live de tous les concerts ! ***
COILGUNS
Début de deuxième jour pimenté avec Coilguns et son mélange de Post-Core, Sludge aux influences brutales. Ça décrasse les cages à miel et réveille en un rien de temps. Alors oui c’est brutal, mais le quartet Suisse n’aura pas manqué d’attention pour son public en commençant avec une distribution de croissants. On sent bien que pour eux, c’est la chance de leur vie d’être convié sur une scène si reconnue et le chanteur Louis d’expliquer : “on joue devant des personnes différentes dans des petites salles toute l’année et si j’ai bien compris ici c’est toutes ces mêmes personnes réunies…”. Sauts sur scène, roulades épileptiques, ce dernier va jusqu’à finir un morceau en slammant jusqu’au milieu de la fosse. Si le style n’est pas toujours des plus Desert-Rock-compatible cette ouverture prédit une journée riche en émotions comme l’annoncent les câlins faits au public et le jet de CD dans la fosse en fin de set. Un samedi en enfer commence.
FIEND
Sous une Valley à la jauge revenue à la normale, on se fraye encore une place sans trop se bousculer. Fiend – qui assure rien moins que la première partie de Tool sur sa tournée européenne – vient en bon professionnel, sans effet de manche, asséner un mid tempo Doom à souhait. Le quartet ouvre sur le titre des plus à propos « Morning Star » et illustre la difficulté de classer la programmation du jour. Heitham Al-Sayed le chanteur guitariste, sous ses airs de bon père de famille, conjugue son chant avec une formation d’assassins brutaux qui feraient mine de n’y pas toucher, et poursuit avec « St Helen’s ». En bons Serial Killers, les gars ne sont pas démonstratifs mais ils sont d’une précision redoutable. La touche de brutalité du groupe revient toujours aux tours de chant du bassiste Nicolas qui épanche ses hurlements rageux au micro, en complément de l’avalanche de coups de Renaud derrière ses fûts. La décontraction apparente de ce dernier donne d’ailleurs l’impression d’un jeu presque swing dans l’attitude. De l’énergie mais aussi une forme particulière de beauté transparaît dans la musique de Fiend. Le sous-accordage des grattes offre une belle profondeur de son et pourtant un aspect Heavy dans les aigus. Ce set bien trop court se termine sur “Vessels” et on se prend à penser qu’il est incompréhensible que la Valley n’ait pas été plus chargée. Alors que les festivaliers se dispersent nous espérons qu’ils iront porter le nom de Fiend bien au-delà des frontières du Hellfest.
WILL HAVEN
Placé très tôt sur l’affiche du jour, le collectif étasunien attaque son set alors que le soleil cogne aussi fort que son batteur qui évolue casquette à l’envers vissée sur la tête. Ça s’agite dans la fosse par mimétisme avec le groupe qui se démène sur scène à l’image de son clavier headbangant tel un diablotin de la fête de l’enfer. Le set énergique – et pas redondant pour un kopeck – de WHVN (pour les intimes) aura blasté durant les trente minutes de jeu accordée à la formation américaine qui, malgré son allure de bande de profs de géo, s’avère une sensation scénique efficace. Les hurlements du frontman ainsi que l’héritage d’entertainer-né de nos amis d’outre-Atlantique ont mis un beau boulet dans une Valley dont la programmation du jour s’approchait plus du Roadburn que de la tradition du lieu.
DOOL
Rendez-vous en terres moins connues puisque c’est à La Temple que la formation hollandaise se produisait. Ça aurait pu être pire : on aurait pu être sous le soleil ! Le spectre musical couvert par le groupe s’approche nettement plus de notre ligne rédactionnelle que celui pratiqué précédemment à La Valley par Will Haven. Le quintette envoie du bois d’entrée de jeu avec “ The Alpha” et la tente, bien pleine, écoute religieusement les bataves dérouler devant les croix inversées du lieu. Les plans aériens sont entrecoupés par des attaques punchy bien senties. La frontwoman de la bande, Ryanne, est exceptionnelle : elle capte l’auditeur en variant de chants type mélopées (ah la Hollande…) à des envolées lyriques la faisant passer pour la version féminine du gars derrière le micro de Type-O-Negative. Cette prestation fleurant bon le doom et le psychédélisme d’autrefois a contribué à agrémenter notre seconde journée en Loire-Atlantique.
MANTAR
Les amateurs de Hambourgeois cuits saignants sont nombreux à être venus le pantalon baissé pour venir se faire fesser par Mantar. Il suffit de regarder le Pit pour s’en convaincre alors que débute le carnage sur “The Age of Absurd” puis “Taurus”. Ceci n’est qu’une mise en bouche, les flammes de l’enfer chauffent les culs, et plus d’un va se mettre à tourner dans le Pit sous le commandement de Hanno. L’attitude change et le jeu de scène du groupe qui occupait cette place il y a quelques trois ans a bien évolué. Le chanteur hurleur accroché à son micro prend désormais la pose de face et s’adresse au public, il clame “We are Manowar and we are late” tournant en dérision les headliners qui ont décommandé leur concert. Les mimiques gagnent en agressivité, “Spit”, “Into the Golden Abyss’, “Cross the cross” s’enchaînent. Tout le monde prend sa Mantarte dans la gueule. Ceux qui ont regretté une accalmie sur leur dernier album auront été rassurés dès les premières notes de “Seek + Forget” qui met tout le monde d’accord dans une bagarre générale. Pogo, Circle Pit, le public s’est totalement abandonné et se laisse dominer par le duo alors que s’ensuit “Teeth of the Sea”. En sueur, nos deux allemands maîtres es-Sludge concluent la séance sur l’essentiel “Era Borealis” qui clôture le set de façon très logique. C’est une belle leçon de domination que Mantar nous a offert là et nous ne serions pas loin de dire qu’il s’agit du concert de la journée si ce n’est celui du weekend.
SUMAC
On se lèche les babines de voir SUMAC sur les planches, le groupe étant pour le moins rare sur les scènes européennes, et a fortiori françaises. Ce petit événement en soi réjouit mollement une Valley qui décidément aujourd’hui peine à faire le plein. Gageons que les fans de post-rock auront préféré aller se faire cramer sous le soleil incandescent devant la main stage (!)… Les présents sont en revanche bien motivés à la perspective de voir le père Turner éructer et faire rugir sa six-cordes. Pour qui n’a pas vu le frontman depuis longtemps, imaginez-vous une sorte de post-gourou énervé à la pilosité grisonnante débridée, growlant comme un damné et headbanguant comme un dératé sur ses morceaux complètement déstructurés. En gros. Le bonhomme lance calmement le récent “Attis’ Blade” en intro puis déroule son set de 40 minutes avec rage et tension, emmenant son post-metal nerveux sur des terrains noise parfois. L’énergie déployée convainc un public plutôt conciliant mais un peu apathique (il fait chauuuuud… et on vient de se cogner Mantar !).
DEADLAND RITUAL
Il semble parfois bon de sortir respirer l’air loin de la Valley, histoire de voir à quoi le monde ressemble hors du sanctuaire. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ce monde là ne va pas chez le coiffeur. Il n’y a qu’à voir Deadland Ritual, trio de stars 70’s/80’s (le batteur des Guns, le guitariste de Billy Idol et le Saint Esprit du doom – Geezer Butler himself) accompagné du chanteur d’Apocalyptica. Un groupe bigarré au rendu on ne peut plus cliché, versant dans le heavy rock hollywoodien à tendance « rencontre en cure de désintox ». Entre quelques extraits de leur album, les trois poseurs et le bassiste le plus génial de la création reprennent quelques classiques, dont 3 Sabbath avec plus ou MOINS de réussite. C’est finalement « Neon Nights » de la période Dio qui passe le mieux. Mais il passera toujours moins bien que l’empressement avec lequel nous avons passé notre chemin. Sûr que leurs anecdotes de vieux routards du rock valent plus que leur musique surannée 90.
EAGLES OF DEATH METAL
La perspective de rester devant les main stage après ce gênant set de Deadland Ritual, d’affronter encore le soleil (alors que l’accueillante et ombragée Valley nous tend les bras), tout cela pour aller assister au milieu de plusieurs milliers de personnes au concert des Eagles of Death Metal, ne nous paraît plus une aussi bonne idée, tout d’un coup… Pourtant, le groupe est lié à tant de musiciens ou de musiques de la scène desert rock, qu’il était difficile de faire l’impasse (et soyons honnêtes : la disgrâce de son frontman et ses propos lamentables suite au drame du Bataclan l’ont fait tomber très bas dans notre estime). Intègre et dévoué, votre serviteur s’en est donc allé affronter les éléments avec abnégation. Un peu rikiki sous un logo colossal en fond de scène (les main stages proposent des écrans énormes faisant office de backdrop vituels derrière les groupes), nos quatre lascars (Jesse Hughes et qui-que-soient ses trois mercenaires du jour) déroulent avec enthousiasme un set rythmé (évidemment) et sans grosse surprise. Le public de la main stage semble gentiment kiffer cette musique d’apéritif sans prise de tête, d’où émergent évidemment “I Only Want You” en intro, un groovy “Cherry Cola” ou une suave reprise de Bowie (“Moonage Daydream”, que le groupe reprend souvent en live, sans grosse valeur ajoutée malheureusement). Hop, sitôt passé, sitôt oublié (si ce n’était ce satané coup de soleil).
CAVE IN
Figure historique d’un genre quelque peu daté qui a évolué naguère dans le giron de la galaxie Isis, la gang du Massachusetts se radine pour l’apéro, mais nombreux sont les festivaliers à tirer leurs binouzes ailleurs. Visiblement le show est assez proche que celui que déploya Unsane en ces lieux il y a quelques années. Les avis du public divergent : certains se cassent alors que d’autres entament les pas de danse de la tribu des bourrins. Les assauts, pourtant énergiques, de ces vétérans laisseront une sensation étrange dans les esprits de vos dépêchés sur place. Ce n’était pourtant pas inintéressant ; le groupe y a mis beaucoup du sien en investissant bien le bords de scène, mais soyons clair : nous n’y avons pas trouvé notre compte.
CANDLEMASS
Une nouvelle bouffée d’air frais en dehors des volutes enfumées de la Valley pour l’Altar (ta gueule à la récré) avec les rois du doom Candlemass, en plein renouveau de notoriété depuis qu’ils ont été brossés dans le sens du poil de barbe par Ghost. Johan Långvist, chanteur originel (mais éphémère) est de retour, et malgré son look à vendre des bateaux de plaisance, le bonhomme a gardé de superbes restes. Affuté et en voix (même s’il ne va bien sûr plus chercher les aigus d’antan), Långvist prend l’audience en main et si la set list n’offre aucune surprise (elle est sensiblement là même que sur toutes leurs dates récentes, format festival), l’exécution parfaite et la jovialité ambiante font de ce concert un moment généreux dont on sort ravi. Et puis brailler « Bewitched », « Demon’s Gate » ou « Solitude » entre copains reste une activité qui réjouirait quiconque de normalement (dé)construit.
The OCEAN
Les Allemands sont idéalement placés avant deux énormes performances dans la Valley, qui retrouve une fréquentation honorable en ce début de soirée. Baignée par des lights rouge et dans un épais rideau de fumée, la formation originaire de Berlin envoie du lourd (et dégoûte quelques photographes au passage). Le chanteur – originaire de Suisse romande donc parfaitement francophone – s’investit à fond dans son show et ça fonctionne bien auprès du public. Le frontman joue avec l’ambiance scénique en apparaissant et disparaissant alors que ses compagnons déroulent avec maestria, leurs silhouettes se découpant dans les lights. C’est la grande classe à la germanique pour les metalleux amateurs de sensations fortes. Le hurleur, très investi dans son rôle de meneur de revue, étale son talent vocal des plus intéressants, mais, en excès de confiance, il manque de justesse le vol plané depuis la scène. En parfaite cohérence avec l’affiche du jour, The Ocean à été d’une efficacité redoutable avec son exécution musicale parfaite dans un registre hautement technique.
ENVY
Le sextet Japonais de Envy a cette particularité de n’avoir que des textes dans sa langue maternelle. Alors même si dans le Screamo on n’entend pas toujours tout, il faut bien avouer que la langue se prête parfaitement tant aux passages criards qu’aux longs moments atmosphériques pur post rock. Les nippons ont réuni sous la Valley la fine fleur des fans de post metal à en juger par la livrée des festivaliers présents. Ils leurs offrent une musique chargée d’émotions et de force. Les mouchoirs sont de sortie et beaucoup de festivaliers laissent couler leurs larmes, emportés par la profondeur émotionnelle de la musique offerte cette année, bien plus prégnante que lors de leur dernier passage. L’Attitude sur scène de Envy est énergique et sans exubérance ne sombrant jamais dans le plaintif et apportant justement sa touche Screamo toujours juste à temps après des passages de chant où l’interprète discute presque avec son public, gestuelle aérienne et habitée à l’appui. Avouons-le, Envy n’est pas de notre bord mais il mérite la palme d’interprétation dans la catégorie Post, et en tous les cas le prix du concert-surprise du week-end, l’un des meilleurs et des plus impressionnants sous la Valley.
CULT OF LUNA
C’est une suite logique à Envy, que les Suédois de Cult of Luna ; la filiation est nette, la puissance en plus. Il y a clairement des choses plus profondes dans le style proposé par Cult of Luna et l’effet de hype autour de ce groupe nous semble moyennement justifiable ; un groupe hermétique, dans la veine de ce que fait actuellement un Moth Gatherer (qui équilibre sans doute mieux ses compos). Shoegaze évolué ? Post bidule ? Nous laisserons les experts en parler mieux que nous. Cependant l’attraction pour le groupe est réelle, plus on s’enfonce dans la fosse plus l’atmosphère semble prenante. Les festivaliers s’immergent totalement dans l’univers du groupe sous des spots à virer épileptique. Alors que pour clôturer cette seconde journée nous reprenons les sentiers qui mènent hors de l’enfer il est impossible de ne pas constater que Cult of Luna a marqué les esprits et les cœurs. Bravo les gars, votre scène vous est acquise !
BONUS : KISS
S’il est un groupe qui aura laissé son empreinte sur la journée du samedi, c’est bien le bisou, venu en faire un, un dernier pour la route, baveux et collant(s). Dans leurs costumes spatiaux à paillettes, les grand-mères du hard rock font le show comme toujours (3 solo de batteries, record du festival) et déploient 65 000 gorges sur « I Was Made For Loving You » que même tes parents (voire grand-parents) connaissent par cœur. Une dinguerie que ce concert.
Ce samedi se termine avec la sensation d’une nouvelle journée bien chargée et d’une mission accomplie au service de nos lecteurs (vous en serez seuls juges). Une fois de plus nous aurons eu beaucoup de concerts à digérer et des souvenirs à inscrire dans nos mémoires en telle quantité qu’il est improbable que tout puisse y rester gravé. Mais nous sommes avides et la hâte de se retrouver au dimanche est déjà bien présente car ce dernier jour s’annonce prometteur de belles surprises scéniques et de d’intenses moments musicaux.
Comme chaque année pour le solstice d’été, la charmante bourgade de Loire-Atlantique revoyait converger vers elle une horde bruyante (et pas toujours très distinguée) de fans de metal au sens très large. La programmation des 6 scènes du festival avait follement excité la planète rock ces derniers mois et le moment était – enfin – venu d’aller se frotter à la version 14 du Hellfest. La configuration de notre scène de prédilection, la fameuse Valley, n’a guère évolué depuis l’an passé tout comme la configuration générale du fest. Nous avions quitté les lieux sous les assauts d’Amenra en 2018 et la programmation de ce groupe (pas franchement stoner) donnait un avant-goût de la nouvelle coloration musicale qu’allait un peu prendre notre scène de prédilection cette année. L’ouverture d’esprit déjà amorcée à doses homéopathiques par le passé allait prendre de l’ampleur… et ce n’est pas l’annulation de dernière minute de Manowar qui allait nous gâcher notre fest !
*** Notre video-report : le jour 1 du Hellfest en quelques minutes avec entre autres des extraits live de tous les concerts ! ***
The NECROMANCERS
Quoi de mieux pour commencer ce Hellfest qu’un groupe invoquant Satan à presque chacun de ses morceaux ? Les français qui ont parcouru le vieux continent en long et en large ces derniers mois trouvent logiquement leur place sous la Valley, et montrent très vite les vertus de cette expérience live – sur scène, c’est du solide ! Ouvrant sur leur classique “Salem Girl” sous une tente presque comble (fait notable s’il en est, car il n’est que 10h30) The Necromancers ont tôt fait de galvaniser la foule : malgré un son parfois un peu mal balancé il n’y aura aucune défection dans les rangs, bien au contraire. Musicalement, le quatuor emprunte au doom et sort du lot avec son goût d’entre-deux avec des sonorités très Stoner et d’autres plus Southern voire Hard Rock. La voix rocailleuse de Tom porte le majestueux “Erzebeth” sur presque un quart d’heure, avant que le groupe ne termine par son autre morceau emblématique, “Black Marble House”, en version heavy bien rodée sur la route, pour le plus grand plaisir du public (qui compte pas mal de fans qui chantent les paroles). Un set solide, efficace, et maîtrisé de bout en bout.
VALLEY OF THE SUN
Le Quartet de Cincinnati vient faire pleuvoir le feu sur scène d’entrée de jeu. C’est une attaque en règle qui fout des gifles aux festivaliers. On aurait pu craindre une certaine mollesse des gars au vu des compos du dernier album Old Gods mais il n’en est rien. Le guitariste Casey Beagle larsen à mort, le gars n’est pas venu pour enfiler des perles, pas moins d’ailleurs que ses coreligionnaires. Leur jeu est plein d’un bonheur dansant qui va bientôt mettre tout le monde d’accord. En effet « Old Gods» est le baril de poudre qui enflamme la fosse. Valley Of The Sun tape allègrement dans sa discographie reprenant son « Centaur Rodeo» des débuts et clôturant sur « Riding The Dunes». Chaque morceau est taillé pour la scène et même lorsque les titres sont plus lents, leur maturité séduit totalement la foule ici amassée. La Valley est presque comble et ce n’est pas qu’à cause du soleil qui tape déjà dur dehors. Ce Hellfest décidément aura tôt fait de nous mettre dans le bain. Si Valley of the Sun ne sera pas pour nous LE groupe à voir ce jour, il sera néanmoins très bien placé dans la liste de ceux qui auront marqué ce Fest. Bravo messieurs, beau travail, on espère vous voir plus souvent de par nos contrées.
RADIO MOSCOW
Sous une tente qui ne désemplit pas et qui dégueule de monde, l’entrée en scène des très attendus Radio Moscow se fait sous les vivats de la foule qui prend de plein fouet ”New Beginning” et ne va pas avoir le temps de souffler en enchaînant entre autres “So Alone» et “I Just Don’t Know”, qui déverse des ondes 70’s impeccables. Lunettes de soleil et veste en daim, Parker Griggs nous offre un joli flashback. Le gars est sidérant de maturité et son jeu ainsi que sa voix ne trahissent rien de ses quelques trente piges et des poussières, un véritable routard du Heavy Psych. Pour le morceau à l’intro la plus bluesy “250 Miles/Brain Cycles” le public se met immédiatement à taper dans ses mains pour accompagner le storytelling de Parker qui lance ses notes aiguës à la Clapton sur fond de ronron de basse. La vague enfle et finit par submerger le public – sans doute le meilleur moment de ce set au Hellfest où le public se met à bouger jusqu’au fond du chapiteau. Comme à l’accoutumée le trio livre un set fort en énergie où la gratte déverse son flot de croches impossible à compter. La basse n’est pas en reste, même si un poil d’amplification supplémentaire n’aurait rien gâché (les balances sur la batterie et la basse sont un peu légères sur le set…). Difficile dès lors de ne pas considérer Radio Moscow comme un groupe pour guitariste. Les 40 minutes du set sont un format idéal pour ce spectacle, ne laissant pas le temps de s’en lasser. On ne regrettera presque rien après cette prestation si ce n’est le manque de place dans la fosse…
CONAN
Pas la première fois qu’on voit les doomsters anglais ; on ne s’attendait pas à une scénographie très extravagante… Les trois patibulaires musiciens prennent donc place et enquillent leurs titres sans chichis, en commençant par le replet “Prosper on the Path”, un beau bébé un peu criard issu de leur dernière galette. Les grand britons y adjoignent un autre nouveau titre, “Eye to Eye to Eye” qui passe plutôt bien, avant d’engager le puissant classique “Throne of Fire”. Niveau compos, peu de groupes de doom peuvent se targuer de projectiles si efficaces. Mais aujourd’hui, quelque chose sonne un peu faux – littéralement. La mise en son pose soucis ; c’est trop aigu, ça manque de basse, la guitare de Jon Davis manque de nerfs… Pour le chant de Davis, idem : nasillard, surnageant dans le mix, il distrait l’oreille des esthètes du doom qui prévoyaient déjà de se craquer la nuque pendant quarante minutes. Ce “Throne of Fire”, habituellement garni d’un monceau de gras et de quelques tranches de bitume chaud, se trouve donc aujourd’hui proposé en format régime diététique, ce qui nous met la puce à l’oreille… Un peu plus loin le vieux “Total Conquest” se trouve un peu entaché du même mal… Volonté du groupe ? Problème conjoncturel ? Toujours est-il que ce set de Conan, sans être mauvais, est un peu passé à côté.
MY SLEEPING KARMA
Une vague d’amour s’apprête à souffler sur l’enfer, My Sleeping Karma entre en scène et c’est après le câlin collectif d’usage que les Allemands entament « Prithvi» et « Enigma 23». Comment échapper dès lors à leur atmosphère si enveloppante ? On sent bien qu’il ne va rien se passer qui sorte de l’ordinaire du côté de la set list, mais qu’importe : les gars communiquent leur bonheur d’être là avec leurs instruments entre les pattes. Leur joie de revenir honorer une si grande scène est visible et le public a répondu à l’appel. Matte le bassiste communique beaucoup avec le public, le remerciant avec chaleur entre « Ephedra» et « Vayu». Ce même public vit pleinement le set et acclame le groupe comme s’il était un prophète du psychédélisme aux influences hindouistes. La montée mystique s’accorde tout à fait avec le titre « Psilocybe». Comment aurait-il pu en être autrement ? Le seul accroc à toute cette tendresse ne réside que dans la colère du bassiste qui perd son Jack en plein morceau ne s’en apercevant qu’à la fin du titre. Du côté des fûts Steffen est une machine de guerre qui donne toute sa dimension metal au groupe. Le ressenti est physique autant que spirituel : au pied de la scène basse et batterie forment une onde de choc et les mélodies portées par le clavier de Norman plongent les festivaliers en transe. Le set livré au festival de l’enfer est à la fois chtonien et aérien. Les échanges basse / guitare tout du long se font avec espièglerie les deux acolytes se provoquant de mimiques et de grimaces amusées. Quel bonheur de voir tant de gratitude dans le public et sur scène alors que résonnent encore les derniers accords de « Hymn 72». Merci les gars pour ce beau moment…
ALL THEM WITCHES
Musicalement, All Them Witches n’est pas le groupe le plus puissant du jour, loin s’en faut, le trio américain se reposant de moins en moins ces dernières années sur la fée saturation… Pour autant, le groupe a arpenté tant de routes, partagé tant de scènes de concerts et de festivals avec des groupes associés à la Valley qu’il paraît logique de les retrouver aujourd’hui ici. Mieux encore : à l’heure de l’apéritif, et après un début de journée déjà éprouvant, une prestation plus cool et groovy s’annonce parfaitement appropriée. Sans extravagance, et avec le sourire (enfin en ce qui concerne C.M. Parks, les autres étant plutôt du genre taciturnes), ils prennent la scène et lancent leur intro sur le bon vieux “Funeral for a Great Drunken Bird”. Il ne faut pas longtemps pour constater que côté set list le groupe est là pour convaincre le plus grand nombre et non pas pour prendre des risques : ils se reposent sur leurs plus gros classiques (les efficaces “Alabaster”, “3-5-7”, “Blood & Sand (…)”…) aux interprétations sans faille pour séduire un public qui, pour beaucoup, n’a encore jamais croisé sa route. Même si deux ou trois extraits du récent (et plus calme) ATW sont joués, ce sont les plus vieux titres qui remportent la timbale. On notera en particulier un très bon “When God Comes Back” qui permet évidemment à Parks de valoriser le timbre parfois très soul de ses vocaux, et à Robby Staebler de se faire plaisir avec sa frappe de mule et son regard carnassier. Un set un peu convenu (mode festival), mais de haut niveau.
GRAVEYARD
Depuis 2013 Graveyard n’avait pas foulé les planches du Hellfest. Une série de rendez-vous manqués, un split… Toujours est-il que dans l’intervalle, le groupe s’est reconstruit, s’est densifié et affirmé aussi, et c’est une formation d’une toute autre dimension qui se présente à nous sur un solennel et fiévreux “Walk On”. L’interprétation sans faille et incarnée du quatuor emporte bien vite un public consentant, en particulier évidemment Joakim Nilsson, avec son timbre de voix toujours aux limites de la rupture (même lorsqu’il est un peu limite, son énergie et sa puissance emportent l’ensemble, à l’image d’un très bel enchaînement “Hisingen Blues” / “Uncomfortably Numb”). Mais le blond frontman ne laisse pas que des miettes à ses collègues, à l’image du chaleureux “Bird of Paradise” efficacement chanté par le bassiste Truls Mörck. Notons par ailleurs le jeu de basse impeccable de ce dernier, en particulier quand il lâche son médiator pour des parties interprétées toutes en feeling. Même si la set list au final s’avère assez convenue et sans surprise, difficile de cracher dans la soupe, les torpilles qui s’enchaînent ayant fait des dizaines de fois la preuve de leur efficacité, à l’image de ce final bluesy et épique sur une énième interprétation de “The Siren”.
KVELERTAK
Ce n’est ni à la Valley – ni même à la Warzone où ils avaient joué il y a quelques années pour le plus grand bonheur de certains membres de l’équipe – que nous retrouvons les bourrins norvégiens. C’est notre penchant malsain pour la musique qui écrase sa chatte ainsi que notre curiosité – toute aussi malsaine – relative à la présence d’un nouveau hurleur qui nous ont propulsés sous la tente de l’Altar en ce vendredi. Autant dire que le contraste avec le style seventies pratiqué simultanément à la Valley par Graveyard était saisissant. Les scandinaves ont foutu un boulet énorme dans l’antre des amateurs de death metal qui se sont montré follement réceptifs aux assauts mené par ce groupe aussi difficile à caser dans un style particulier que talentueux. Débutée avec une grosse intro sur « Åpenbaring », le show de ces adeptes de sensations fortes a vu s’enchaîner les hits redoutables que la formation venue du froid a mitonné au fil des années, en mettant un accent fort sur Meir qui demeure un album que toute personne respectable se doit de posséder. Après avoir infligé aux spectateurs une version incendiaire de « Nekroskop», accompagnée par un circle pit du plus bel effet devant les crash barrières, Kvelertak a marqué une pause (qui permit à ses nombreux membres d’échanger en toute décontraction) en raison d’un problème de son au niveau de la batterie. Les standards des trois albums officiels ont été interprétés sans réelle surprise et les festivaliers présents ont apprécié ce show désormais plus sobre que par le passé (certains artifices scéniques ont disparu avec le départ de l’ancien vocaliste) et surtout plus plaisant que les premières parties pour Metallica jouées sur un coin de scène rikiki dans des stades devant un public pas vraiment venu là pour eux. C’est convaincu par la pertinence du nouveau vocaliste ainsi que par une prestation au niveau escompté que nous quittons cette scène pour aller nous réfugier dans la Valley afin d’attendre le début du show de l’oncle acide.
UNCLE ACID & the Deadbeats
Ouvrant sur « I see through you», Uncle Acid déchaîne le public malgré une balance de la voix qui sonne un peu comme dans un hall de gare vide. Le groupe semble avoir plus de cohésion que d’habitude. L’énergie se fait sa place dans le public, le bassiste surexcité s’oppose à un guitariste neurasthénique et résume peut être assez bien la musique du groupe sur « Death’s Door ». Uncle Acid déclenche les premiers crowd surfing de la journée, il était temps ! Même si l’agitation qui nait dans la foule est sans doute plus liée à la notoriété qu’à la puissance du set, on ne peut pas nier qu’il se passe toujours quelque chose avec cette bête-là. Incroyable que Kevin Starrs, qui se rend aussi anonyme par son attitude et son accoutrement, déchaîne tant de passion au-delà de sa musique elle-même. Comme toujours, il a enfilé son costume de marionnettiste, cagoule mise à part, et en jouant perpétuellement à contre-jour, ne trahit pas sa notoriété. Alors que les premières notes de « Shokwave City» résonnent, la température monte encore d’un cran dans la fosse pour mieux s’opposer à la fraîcheur vespérale naissante. La section rythmique fait des merveilles et la basse me sort régulièrement de la torpeur pleine d’énergie où je me laisse porter. Le point d’orgue intervient sur « Pusher Man» avant de que les Anglais ne plient les gaules sur « No Return ». Heureusement plus d’une heure nous sépare du prochain set sous la Valley et nous allons pouvoir reprendre nos forces pour le final de ce premier jour qui n’est pas des moindres.
FU MANCHU
Le petit groupe qui va clôturer cette première journée n’en est pas à ses débuts. Dès leur arrivée c’est un début d’avalanche de slammers dans ce public qui prend « Evil Eye » en pleine tronche – et ce n’est pas près de se calmer, avec l’enchaînement de « Eatin’ Dust» et « Clone of The Universe». Les festivaliers reprennent en cœur « California Crossing» puis « Boogie Van». Fu Manchu est en terrain conquis, qui mieux qu’eux d’ailleurs pour remplir la Valley de riffs et lui rendre son sable et sa sueur. Les Californiens avec « Red Line» donnent un cours magistral de Coolitude. Scott Hill derrière sa six-cordes en résine transparente joue le poseur, main sur la taille quand il lâche l’instrument, mais n’est jamais bégueule. Le visage tendu au ciel, l’inspiration et la maîtrise viennent des cieux. Le concert est un feu de la saint Jean qui fête dignement ce premier jour de l’été et cette nuit de fête de la musique. Indubitablement, Fu Manchu c’est de la maestria à tous les plans, Scott Reeder derrière ses futs jongle avec ses baguettes. Et même si Scott Hill semble avoir du mal à reprendre son souffle (il fait le tour des amplis bouche grande ouverte l’air un peu hagard comme privé d’oxygène), beaucoup n’y verront rien, hébétés par « Coyote Duster», « Hell on Wheels» ou encore « Mangoose». Est-ce la cause de notre ressenti d’assister à un set un peu mou au vu de l’historique du groupe ? Qu’importe, personne n’osera réclamer plus à ces rois de la scène qui après « Dimension Sihfter» et « Laserbl’ast!« vont foutre une branlée au public avec son magique « King of the Road». Techniciens impeccables les gars nous souhaitent bonne nuit avec « Saturn III» dont le vaisseau va nous transporter au-delà du système solaire, jusqu’au lendemain matin tout du moins.
Comme d’habitude les festivaliers vont quitter le festival sur les rotules, et les fans de Stoner en auront eu pour leurs yeux et leurs mirettes aujourd’hui. Cela n’empêchera sans doute pas un bon nombre d’entre eux d’aller prolonger la fête de la musique sur le site du festival ou au camping en traversant les allées poussiéreuses encore chaudes de la journée en trainant les pieds.
En prévision d’un petit festival parisien encore relativement confidentiel, était organisé ce soir une Warm Up pour le Saturday Mud Fever qui se tiendra au mois d’octobre et embarquera, on le sait déjà, Monolord. En attendant, ce soir, le triptyque Almost Famous, Fuzzoraptors et Fauchage Collectif avait réuni sur scène Fiend, Wyatt E. et The Lumberjack Feedback. Le top était donné à l’Espace B, salle récemment rouverte après une fermeture administrative qui lui a permis de se doter d’une sortie de secours (Coté salle rien de nouveau donc).
Fiend
On retrouve l’arrière Salle du bar, poisseuse et peinte de noir, où rien n’a changé pour accueillir Fiend. Bien que leur premier opus ait plus de 10 ans et que le quatuor ait offert depuis des galettes pépites sur le papier et au vu du running order, il ne sont pas l’attraction majeure ce soir. Il n’en reste pas moins à mon sens le groupe qui aurait dû pousser les parisiens à se ruer sur cette date plutôt que de n’attirer qu’une grosse cinquantaine de personnes.
Qu’importe, ravis d’attaquer les gars ouvrent le bal et immédiatement le son fait des siennes, Heitam est privé d’amplification et son chant ne porte qu’au premier rang. Le problème est vite réglé et rien ne semble les déstabiliser ni pouvoir les arrêter. Le set livré par Fiend est sans effet de manche et fait rentrer le Doom dans la grande confrérie Metal tant les influences sont diverses. Le chant de Heitam couplé aux hurlements du bassiste Nicolas fait vibrer la petite salle d’une invocation démoniaque du fond des âges et prépare le terrain aux groupes suivants.
Il aura fallu l’assistance des organisateurs pour comprendre le choix du running order, Fiend est un groupe talentueux et capable de retourner une salle, son antériorité sur la scène en aurait fait logiquement le second groupe de la soirée (Si ce n’est la tête d’affiche). Mais rajouté après le booking il auront finalement fait office de chauffeurs de salle. Personne ne s’en plaint au demeurant car ils embrassent pleinement la fonction et servent avec leur musique un esprit underground sur cette scène au son mal préparé et au show light minimaliste.
Côté Set List, elle s’axe quasi exclusivement sur le dernier album, Seeress. Néanmoins ces inclassables musiciens nous offrent un retour sur les précédents albums avec le titre “The Widow” et même un “St. Helen’s” de leurs débuts.
Wyatt E.
Une brève pause nous transporte alors vers des contrées plus orientales, le trio Wyatt E. investi la scène vêtue de Burqas qui ne laisse qu’impudiquement dépasser les mains des musiciens (Une plainte à d’ailleurs été déposée à ce sujet auprès du Tribunal Islamique et le procureur requiert la lapidation). Passé l’effet de surprise, les trois compères emplissent la salle de sonorités profondes et basses qui présentent l’avantage de n’avoir pas de chant à proposer. Leur route est psychédélique et promène l’auditoire sur des dunes torturées à grands renforts de sonorités électroniques. La crainte qu’il ne puisse pas combler un vide qu’aurait laissé Fiend semble disparaître, tout du moins, il ne se fait pas de creux au sein du public.
J’avoue ne goûter que moyennement le set qui me semble manquer de relief. Impression toute personnelle, je l’avoue. Le public semble me donner tort et se laisse surprendre dans une nuit saharienne peuplée de Djinns dévoreurs d’âmes. L’orchestration est une réussite qui envoûte la fosse pour en faire un amas de marionnette désarticulées dont je contemple le soubresaut des corps depuis le fond de la salle où me parvient le grondement des percussions africaines. Une fois Wyatt E. retiré, l’avis semble unanime, le set était planant et porteur. J’en regretterais presque d’avoir été laissé sur le bord de la route mais votre serviteur va s’accrocher à ses convictions et survivre.
The Lumberjack Feedback
Tout à mes réflexions, je me console devant le montage du double kit de batterie de The Lumberjack Feedback. Une fois le tout assemblé à grand renfort de vaseline pour imbriquer ce Tetris sur une scène aussi petite, les cinq lillois prennent leur tour avec force applaudissement de la salle pas encore au complet. The Lumberjack Feedback se livre à un set parfaitement calibré et fait oublier les défauts de sonorisation du début de soirée. Les batteurs faux jumeaux suivent le même phrasé et se livrent tout en même temps à un jeu détaché et complémentaire.
La Set List met en avant des morceaux qui sur scène prennent toute leur ampleur, notamment avec “Blackened Visions”, “New Order II” ou encore “Kill! Kill! Kill! Die! Die! Die!”. Ce dernier titre emporte la fosse tel un raz de marée. La température grimpe malgré la maigre assistance du soir. Il est plaisant de voir le jeu dans lequel s’immerge totalement le bassiste ainsi que Nicolas et Virgile derrière les fûts et l’impact de celui-ci sur la fosse.
Le set clôture avec “Kobe” comme une fuite, une élévation où le jeu se fait plus vivant encore et où chaque musicien s’oublie. Chaque prestation du groupe à laquelle j’ai pu assister est un réel bonheur et ne laisse pas une seule seconde la possibilité de se désamarrer de la scène, la prestation de ce soir ne fait pas exception à la règle. Même dans une arrière salle exigüe et quasi anonyme la magie opère pour ce groupe aux définitions floues dans la musique duquel se mêlent Doom, Sludge et Post-Metal.
Le temps vient de libérer la place, après une bière et un peu de merch’, je prends la température auprès de quelques acolytes. Il est clair qu’il n’aura pas fallu moins de trois associations pour proposer une soirée à l’envergure plus que respectable et promettant un événement de qualité pour la Saturday Mud Fever de cette année, nous resterons donc tous à l’écoute pour capter les premiers ajouts à cette date.
Pas le temps de respirer dans la capitale. À peine sorti du concert de la veille mettant à l’honneur The Devil and the Almighty Blues ainsi que Colour Haze, on se rend à la Maroquinerie pour une nouvelle session de rock psychédélique signée Below The Sun avec deux bestiaux du genre que sont Mars Red Sky et Earthless. Un mélange qui sur le papier promet d’augmenter sérieusement la température du sous-sol.
Mars Red Sky
Au vu des ponts et des extensions de vacances qui cisaillent en ce moment les semaines, on aurait pu s’attendre à une audience éparse. Pourtant en ce mardi soir, pas loin d’un quart d’heure avant l’allumage des amplis, la Maroquinerie compte déjà un sacré effectif. Mars Red Sky s’équipe du matos avec une franche bonne humeur et démarre son set par un nouveau morceau intitulé « Reacts », de quoi attiser la curiosité de ce public grandissant. Et lorsqu’ils enchaînent sur la lourde « Apex 3 », la salle conçue comme un entonnoir dirigé vers la scène n’a déjà plus d’espace à offrir. Coiffé de son éternelle casquette, Julien tire ses lyrics comme des flèches aériennes au travers de l’épais voile soulevé par les instruments. On peine d’ailleurs à l’entendre au début. Ici, pour ceux qui en doutaient encore, c’est Jimmy le frontman. Entre chaque morceau et tandis que les mécaniques de guitares réajustent les accordages, c’est lui qui papote avec la foule. Aussi bien pour blaguer, éconduire poliment les ardeurs de certains allumés du premier rang, ou annoncer la sortie d’un nouvel album. Une galette attendue pour septembre dont le groupe nous gratifiera de quelques savoureux extraits. Qu’il s’agisse de récentes productions ou d’incontournables comme « Strong reflection », le heavy psché planant à souhait de Mars Red Sky nous emporte toujours autant dans leur univers ; un monde de colosse taillé dans le marbre, de mélodies envoutantes et de créatures éthérées. Une expérience qui, si elle n’agitera que peu la foule de la Maroquinerie, aura au moins le mérite de l’avoir subjugué.
Earthless
Question agitation, il revient au client suivant d’en déchaîner tous les aspects. Après une rapide et efficace désinstallation/réinstallation du stuff par le staff, Earthless débarque. Devant un parterre de fidèles venu en nombres, le trio de San Diego débute sa fiévreuse entreprise par « Black Heaven », titre éponyme du dernier album en date. À partir de là, les fauves sont lâchés. Le lourd groove musclé frappe de plein fouet la fosse qui explose. Les pogo surviennent si vite qu’on oublierait presque l’harmonie bienveillante qui l’animait quelques instants plus tôt. Et déjà, il parait compliqué de conserver sa place au premier rang. Certains photographes rangeront leurs engins sous la chemise pour éviter les jets de bière, tandis que les plus avisés se retireront carrément vers des hauteurs plus apaisées. Car en face, la tornade Earthless exécute une danse électrique, déchaînant ses phrasés endiablés à un public de plus en plus possédé. On comprend soudain pourquoi les retours ont été avancés vers les musiciens juste avant. Isaiah fait étalage de sa virtuosité sur une six cordes poncée jusqu’à la moelle, enchaînant les séquences mélodiques et des soli tous plus frénétiques les uns que les autres, tandis que son pote Mario Rubalcaba martyrise une superbe Ludwig sans sourciller. Un véritable métronome à la puissance n’ayant d’égal que sa précision, et qui tient la baraque comme la barre d’un navire en prise avec la colère de l’océan. L’ouragan californien s’intensifie, on en perd le décompte des morceaux, des arrangements, trop ensorcelé par les trois furies et leur brûlante magie. Et même lorsque l’intro de « Gifted by the wind » semble laisser le souffler redescendre, ce n’est que pour mieux relancer la machine par la suite. Seul Mike, dissimulé derrière les volutes de fumée, parait un tantinet plus en retrait que ses potes. Même s’il suffit de tendre l’oreille dans la bonne direction pour comprendre que sa basse n’en mène pas large non plus.
Earthless
Les slams aussi s’enchaînent, s’accumulent, se heurtent. La bière est renversée, les t-shirts sont retirés. Au cœur de cette tempête, un circle pit se dessine même, ainsi que les multiples sourires enfantins de ceux qui le composent et qui s’apprêtent à l’honorer. Le rappel survient bien trop tôt, au grand dam d’une fosse qui manifeste toute sa frustration. Toutefois, les Américains ne s’absentent guère longtemps et reviennent au galop avec « Volt rush ». Un morceau qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Et comme cela ne suffit évidemment pas, le groupe enchaîne par une superbe reprise de « Communication Breakdown ». Puis tout s’arrête. Un affront qui ne trouvera aucune tolérance, mais bien des cris, presque des appels à l’aide. Devant tant de ferveur, le trio réintègre la scène pour un second rappel, plus authentique, celui-ci. Plus touchant aussi. Et après Led Zep, ce sera Hendrix à l’honneur avec une reprise de « Purple Haze » en guise de clôture.
Earthless
Finalement que faut-il pour réaliser un bon concert ? Une salle au son impeccable, une solide VMC et de jolies lumières ? Deux groupes armés de Fuzz, d’énergie psychédélique et d’une bonne humeur à partager ? Beaucoup de frénésie, de bière et un jour fériée le lendemain ? Ou peut-être est-ce tout cela à la fois ? Quelle qu’elle soit, la recette se révèle maitrisée par Below the Sun qui nous régale encore une fois de l’une de ses superbes soirées. Vivement la prochaine.
Alex
Bordeaux (salle des fêtes du grand Parc) | 08/05/2019
Suite aux échos de pure folie de la date parisienne de la veille, impossible de rater la venue à Bordeaux de Earthless. Les Make It Sabbathy ne faisant rien à moitié, ils ont investi la très belle salle des fêtes du Grand Parc, et ont convié à la fête deux autres groupes.
On commence par les locaux de Libido Fuzz, trio psych-rock local plein d’énergie, qui trouve là la parfaite affiche pour faire étalage de son art. Un art bien maîtrisé, le groupe en ayant maintenant bien sous la pédale après plusieurs années de route et d’exercice. Du coup le set déroule dans la bonne humeur et un public qui apprécie : alternance de plans planants et d’autres plus lourds et puissants viennent armer des morceaux riches et bien construits, qui laissent toujours un peu d’espace pour des soli bien space. La communication avec le public est quasi-absente, ce qui est dommage pour un groupe local…
C’est au tour de We Hunt Buffalo, en tournée en ce moment, qui voit les planètes s’aligner et ce somptueux plateau lui ouvrir ses portes ! La tension monte très vite d’un niveau avec le trio canadien : parfaitement rodé, le groupe enquille quelques belles ogives de stoner ma foi assez classique, correspondant exactement à ce que souhaite le public, particulièrement enthousiaste ! On peut reprocher au groupe son manque d’originalité, mais force est de reconnaître que ce qu’il fait, il le fait bien : spécialisé dans les gros riffs bien gras, le groupe de Colombie Britannique s’appuie sur une section rythmique impeccable, et en particulier un Cliff Thiessen à la basse qui semble monté sur ressorts ! Sourriant, dynamique, sur-excité, le chevelu bassiste fait le show et s’attire immédiatement la sympathie. Ryan Forsythe ets plus austère, mais anime les débats avec conviction à la six-cordes et au micro. Le tout enrobé encore une fois de lights superbes et d’un son impeccable font que le concert aura largement séduit le public.
Place aux maîtres de la soirée, qui ont traîné dans la salle toute la soirée (faisant quelques emplettes vinyles auprès de l’exposant installé dans la salle, et venant voir chaque groupe précédent, avec intérêt). La salle est très correctement remplie quand le trio foule la scène. Évidemment après une jolie claque en festival le week-end précédent (voir notre chronique du Desertfest Berlin) et les échos de la veille à Paris, on est excités comme des puces ! Ils commencent par tuer le game avec une jam autour de “Uluru Rock” qui commence un peu décousue et qu’ils finissent par faire tourner un bon quart d’heure, largement passé par Mitchell le pied sur la Wah-wah et la tête dans les étoiles. Ensuite, la voie est toute tracée, et les désormais classiques que sont “Electric Flame” et “Gifted by the Wind” s’enchaînent devant un public conquis… mais plutôt calme. Genre béat ondulant, pas vraiment des frénétiques du pit. Un très sympa “Cherry Red” (une reprise des Groundhogs qui figure souvent sur leurs set lists) arrive tandis que l’on se dirige vers l’heure de concert et… au revoir ! Le groupe quitte les planches, pour revenir bien sûr quelques instants pour une autre reprise, le “Communication Breakdown” de qui vous savez, en mode bien nerveux, et puis c’est tout ! Le groupe quitte cette fois définitivement la scène, devant un public satisfait… Pour notre part on reste un peu stoïques, constatant avec circonspection qu’il manquait ce soir un élément pour que la magie prenne vraiment… Mais la soirée fut néanmoins bien belle.
La date s’annonçait bien WTF à la base : mixer le power hard rock garage fuzzé bien déjanté de The Shrine au post-metal instrumental plutôt introspectif de Ddent… Mais pourquoi pas ? C’est pas le manque d’audace qui étouffera l’orga Make It Sabbathy… Mais quelques jours avant, les américains annulent… La date fut maintenue (avec l’ajout d’un groupe en première partie), c’est courageux…
Quand CouRtney & the Wolves se décide à lancer les hostilités, la salle de concert est remplie de… votre serviteur ! Passé le doux plaisir du début de concert particulier, les premiers riffs font quand même venir quelques valeureux curieux, extirpés du bar par le doux son des décibels lancés dans la salle du sous-sol. Le combo, moins jeune que l’âge de ses musiciens ne pourrait le laisser penser, déroule un noise rock largement grungy plutôt agréable. L’humeur est bonne sur scène (avec un mix second degré/cynisme un peu sur le fil quand même, avec des allusions goguenardes genre “vous êtes venus écouter du doom ?”) et le maigre public apprécie en particulier certains plans bien costauds. Bref, un peu hors sujet, mais pas mal dans son genre.
CouRtney & the Wolves
Place à Carcohl maintenant : on ne connaissait pas le quintette bordelais. On est d’abord surpris de retrouver planté sur le côté gauche le guitariste de l’ancien groupe de stoner bordelais Oyabun. Puis la surprise vient ensuite du genre musical pratiqué : le doom très old school du groupe n’est pas vraiment ce à quoi on est habitués de la part des “jeunes” groupes (même si la moyenne d’âge des zicos est plus élevée que leurs prédécesseurs). Du coup, intrigués, on se concentre et ce qu’on entend est pas mal du tout ! Ça joue bien, avec conviction, le chanteur Sébastien assure bien (quelques montées dans les aigus étonnantes font hausser les sourcils, mais c’est plutôt maitrisé) et les autres zicos, plus ou moins à l’aise avec le (petit) espace scénique du Void, sont solides. Malheureusement le genre musical pratiqué est bien loin de la vision “moderne” plutôt portée par Ddent (aucun jugement qualitatif de la part de votre serviteur) et une part du public ne reste pas jusqu’au bout, goûtant peu ce sens du riff épique et ces envolées de soli typiques du genre… Audacieux et de bonne qualité.
Carcolh
L’heure est venue pour les très attendus Ddent de monter sur les planches. Le soundcheck se finit bien vite et la bande son d’intro s’installe un petit moment, en particulier le temps que Louis finisse ses triturages (accordages et compagnie). Puis les premiers accords sont lâchés et la montée se fait progressive à partir de là. Les morceaux s’installent et s’enchaînent, les ambiances varient, les couches instrumentales se superposent… L’ambiance est dense et prenante ! L’ensemble du concert se fait en mode plutôt introspectif, la musique se prêtant assez peu aux échanges de type “salut Bordeaux, faites du bruit ! Allez, je veux voir un circle pit pour le prochain morceau !”. Du coup, les zicos sont concentrés et regardent plus leurs instruments ou leurs pédaliers que le public ; concentration et efficacité. Heureusement les morceaux sont bien immersifs et assez variés pour que l’on ne s’ennuie pas une seconde, malgré une scénographie très limitée (et pourtant le double spot fixe rouge du Void aura bien aidé à mettre le paquet niveau spectacle !! Quelle calamité…). Les musiciens s’entendent bien et tout est en place : la section rythmique Marc / Nico tient l’ensemble, Vinz envoie des riffs et Louis construit les nappes sonores qui viennent enrichir et compléter le tout. C’était le dernier set des frenchies avant leur passage au Hellfest, et ils ont confirmé leur solidité et leur efficacité, on n’est pas inquiets pour eux !
Encore soufflés par deux premières journées de grande classe, on aborde le dernier jour du Desertfest allemand dans une perspective plus cool. L’affiche est plus audacieuse, avec des groupes aux limites du stoner originel, d’autres groupes moins connus à découvrir… mais toujours quelques combos de référence incontournables qui nous font déjà saliver. Ça devrait le faire !
Avant la chronique, voici notre video report express avec des extraits de tous les concerts :
SWEDISH DEATH CANDY
La journée commence par Swedish Death Candy, quartette en droite provenance de… Londres ! Logique… Même constat qu’hier : l’assistance est malheureusement encore clairsemée en ce début de festival, les deux premiers jours ont marqué les corps et les esprits et le remplissage de l’Arena s’en ressent sur les premiers groupes de l’affiche. Les présents auront eu raison en tous les cas : SDC déroule un set d’excellente facture, mené par des musiciens solides et énergiques. Mais l’intention ne suffit pas, et c’est musicalement que le groupe marque avant tout, piochant dans différentes tendances musicales pour proposer au final une musique hybride, diversifiée, faite de plans carrés et nerveux et de passages plus déliés et propices aux séquences plus ambiancées voire planantes. Le groupe nous propose même de l’inédit (à venir sur son nouvel album) et finissent leur set en apothéose sur un déluge de jam psyche très cool. Très bonne impression pour ce groupe à suivre de près.
STONEFIELD
Encore un groupe « all female » ce week-end, c’est très bien ! Mais notre intégrité est sans failles : la discrimination positive a ses limites, et on a bien l’intention de se montrer juges impartiaux de la prestation des jeunes Stonefield. Les dames entrent donc sur scène toutes vêtues de sortes de vieux tailleurs années 70, et entament un set qui s’annonce plutôt enthousiasmant a priori. Comme on s’y attendait, point de sludge core ou de brutal death en magasin, mais plutôt un heavy rock vintage qui s’avère de très bonne facture. Le clavier apporte un réel plus, en particulier sur des passages instru où le kraut rock n’est jamais très loin… Les musiciennes s’entendent bien sur scène mais communiquent peu avec le public, et restent relativement statiques sur scène, dans leur trip. Le chant est globalement partagé entre Amy à la batterie et occasionnellement Sarah (claviers), leurs deux collègues prenant volontiers part aux chœurs. Agréable.
WORSHIPPER
Nous nous dirigeons à l’air libre alors que Stonefield termine à l’intérieur pour la première des trois performances prenant place sur le bateau de cette – déjà –journée de clôture. Les premiers à s’élancer sur cette scène seront les gars de Boston qui assurent la première partie sur la tournée européenne de The Skull, lesquels se produiront quelques heures plus tard en Main Stage. Leur heavy rock vintage passe plutôt bien l’épreuve du live même dans les conditions particulières de cette petite estrade extérieure. Nous n’allons pas nous voiler la face : il n’y avait pas grand monde autour de la scène pour assister à la performance de la formation US qui sortira sa prochaine production (« Light In The Wire ») un mois après ce show. L’opus à venir est cependant déjà présent sur le setlist avec « Visions From Beyond », « Nobody Else », « It All Comes Back » et « Coming Through ». Pour le reste, le quatuor piochera deux titres du long-format « Shadow Hymns » disponible depuis trois ans. Pas des plus pugnaces, ce concert ne sera pas notre coup de cœur de la journée, mais il a eu le mérite d’animer un peu les festivaliers demeurés loin des concerts – à l’extérieur – accusant les excès des jours passés (les rockers c’est plus ce que c’était).
BLACK TUSK
Les bourrins de l’assistance sont aux avant-postes pour la sensation forte de Savannah ! Ces gens-là le savent : ça va blaster avec ces furieux qui sont un peu la déclinaison teigneuse de Red Fang, et on va se faire botter le cul. Tant mieux car après les prestations précédentes un poil psychédéliques, il était nécessaire de balancer du lourd pour réveiller les morts-vivants qui hantaient les travées du festoche. Même si ces Étasuniens ne pratiquent clairement pas du stoner rock, nous n’allons pas bouder le plaisir qui fut le nôtre à se taper cette débauche de violence. Nous n’allons pas bouder non plus le plaisir qu’une partie de l’équipe prit à aller se jeter dans le pogo concis afin de profiter à fond de cet envoi de bois entre deux prises de notes et deux prises de vues. Nous ne fûmes point les seuls à goûter au plaisir de nous taper Black Tusk à Berlin, même s’il faut avouer que tous les spectateurs n’étaient pas là pour ce bulldozer qui a tout écrasé sur son passage en envoyant du très lourd : « Bring Me Darkness », « Closed Eye », « Born Of Strife » ou « Vulture’s Eye ». Malgré le scepticisme ambiant, cette prestation hyper burnée était au poil grâce à une tenue de scène maîtrisée avec un talent fou et une sono au rendu très net. Un de vos envoyés spéciaux qualifiera ce concert de la performance de la journée car, même si réduite à quarante-cinq minutes selon le programme, l’énergie déployée pas la formation de Géorgie a pesé plus lourd que pas mal d’autres formations passées et à venir en cette dernière soirée. Nous noterons que pas mal de festivaliers ayant trop festoyé depuis le Warm Up, ou depuis le premier jour, finiront par louper ce set afin de se soigner car ce groupe infernal a commencé à envoyer du bois à l’heure du thé.
BLACKWATER HOLYLIGHT
Le sacrilège de la journée sera l’œuvre de l’organisation qui a dû anticiper l’horaire de début du show de la formation entièrement féminine : bien sûr que ça a rameuté du poil devant la scène, mais nous avons abandonné la Flying V qui bastonnait dans la pénombre pour nous voir éblouis au-dehors par l’astre céleste et enveloppé par des mélopées déployées sur des plans planants et ça nous a fait quand-même bizarre sur le coup. Bref, les Ricaines de Portland nous livreront un show bien conçu qui lorgne dans le rétroviseur question influences et a été plutôt très facile d’accès. Les nanas de l’Oregon étaient contentes d’être présentes et le signifièrent au parterre qui hochait du chef sur le quai. Certes appréciable, la prestation ne nous transcendera pas pour autant et comme nous avions du taf à fournir à l’intérieur : nous les délaisserons pour rejoindre l’antre des photographes qui s’était bien garnie (à croire que certains confrères avaient aussi exagéré les jours précédents, mais vous nous connaissez : de notre côté nous avons été pro jusqu’au bout des ongles).
ELECTRIC CITIZEN
On savait exactement à quoi s’attendre avec un concert d’Electric Citizen : le quatuor de Cincinnati allait vraisemblablement encore une fois nous proposer un set dont la scénographie tournerait autour de leur frontwoman, Laura Dolan, excentrique et charismatique vocaliste, aujourd’hui toute de cuir noir vêtue (on aura du mal à réfréner les références sado maso de nos très dévergondés collègues gratte-papier !). Du coup, on n’a pas été déçus ! Autant la miss fait le show et capte tous les regards (elle évolue sur toute la surface de la scène, harangue le public, danse, se jette au sol, implore, se contorsionne… un spectacle à elle seule !), autant derrière, les zicos ont beau lever le pied côté entertainment, ça envoie du lourd, et en particulier du côté du batteur Nate Wagner, qui frappe ses futs comme une grosse mule. Le heavy rock très vintage du groupe, en droite provenance des 60s bien tassées, fait le job. La petite surprise est de retrouver un cinquième élément ajouté au line up du groupe que l’on a toujours connu quatuor : ce soir une claviériste occupe le côté droit de la scène. En pure franchise, dire qu’elle fut décisive dans la scénographie ou même dans le spectre sonore serait assez loin de la vérité… mais peut-être que le groupe lui trouvera une place plus cohérente à l’avenir, à suivre…
The GREAT MACHINE
Rebelote : on se tire à la fin du set indoor pour retrouver un vrai groupe à l’air libre qui lui aussi voit son horaire de passage être anticipé. Il est important ici de souligner que les formations qui auront joué le dimanche sur le Boat auraient tout autant pu se produire sur la Main Stage vu le style pratiqué, la petite renommée dans notre galaxie ainsi que leur haute maîtrise : The Great Machine ne dérogeant pas à cette règle, ils allaient nous faire plaisir pour le dernier show dans ce lieu en foutant un boulet énorme. Le trio israélien fait clairement partie des découvertes de cet événement et il vaut son pesant de cacahuètes sur disque aussi. Comme Nick Oliveri avant eux, se sentant désolidarisé du public, le gratteux et le guitariste vont aller se coller aux barrières du pont supérieur pour augmenter la proximité avec les nombreux festivaliers qui s’agitaient un peu plus que d’habitude à leurs pieds (le batteur était plus emmerdé pour se bouger à l’avant de la scène). La veste improbable du guitariste (maquillé pour l’occasion) et la tenue de scène énergique de ces énergumènes contribua fortement à la frustration qui fut la nôtre au moment de les délaisser pour aller rejoindre la pénombre ambiante à l’intérieur où nos faciès paraissaient moins marqués (comme en boîte et c’est plus facile pour pécho selon les spécialistes dont nous ne faisons pas partie). Nous constaterons à cette occasion que la buvette intérieure à quelques pas de la Main Stage n’ouvrirait pas de la soirée et ce fait est probablement à mettre en relation avec la fréquentation inférieure de jour en jour depuis le coup d’envoi des festivités (le 1er jour ayant joué à guichets fermés).
The SKULL
Trouble c’est un peu comme un couple divorcé dont nous, autres, fans du groupe, serions les enfants : les familles se sont recomposées (avec des musiciens différents autour des fondateurs) et l’on n’aura plus jamais exactement le Trouble d’époque. The Skull a pour lui un argument qui à la fois force le respect et génère une légitime frustration : il se détache progressivement de Trouble, et le set d’aujourd’hui ne fait pas exception. Avec seulement deux albums au compteur, le quintette américain remplit néanmoins 90% de sa set list de ses propres compos… autant pour les fans de Trouble ! En l’occurrence, c’est son dernier rejeton “The Endless Road Turns Dark” qui se taille la part du lion avec cinq extraits ; pas pour nous déplaire, on a bien aimé le disque, et des titres comme “Ravenswood” et son riff ravageur ou encore le morceau titre de l’album (qui paraît accéléré en version live) passent bien l’épreuve du live. Mais les titres issus de l’album précédent ne s’en sortent pas mal, avec un “For Those Which are Asleep” costaud, et un “Send Judas Down” assez cool, aux limites de l’étrange quand Eric Wagner quitte la scène sur le break instru au milieu du morceau de manière assez peu théâtrale, laissant ses musiciens improviser une jam sympa mais un peu décousue, avant de remonter sur scène clôturer le titre quelques minutes plus tard. Symptomatique de Wagner, vocaliste mythique au timbre toujours aussi chaleureux mais au comportement scénique toujours un peu décalé… Heureusement à ses côtés c’est du solide, et les zicos font le spectacle (en plus d’assurer techniquement). Les transis du doom band culte retrouveront comme d’habitude une unique reprise en fin de set, et ce soir c’est au somptueux “The Tempter” qu’incombe cet honneur, gros kif, mais trop court… Mais on ne boudera pas notre plaisir après ce set classieux et efficace.
LONG DISTANCE CALLING
Les Teutons étaient attendus par certains agités (qui auraient mieux fait de se rader tôt pour mater Black Tusk) afin de foutre un peu de violence dans la place. S’ils en ont foutu c’est du côté des photographes en alternant subtilement le rouge (c’est dégueu pour tirer des clichés potables) et le bleu (c’est vomitif question rendu de photos). Ils délivrèrent un show assez apaisé dans le registre post-ce-que-vous-voulez. Ce n’est clairement pas typé stoner musicalement parlant, mais c’est clairement les mêmes bipèdes qui écoutent ce genre de formation même si LDC n’arrive pas au niveau de combos comme Cult Of Luna en live ! Le batteur, placé au centre sous leur étendard, a agi tel le métronome tout au long d’une performance plus abordable que prévu qui vit le combo de Münster déballer sa technicité une heure durant dans la capitale allemande. Très pointue, et moins offensive qu’espéré, la prestation de haut vol de Long Distance Calling était sublimée par des lights qui détouraient les musiciens affairés sur leurs instruments ; la bizarrerie résidant, comme bien souvent avec ce type de fanfare, dans la présence de nappes synthétiques et l’absence de clavier sur scène. Concert hors sujet, mais concert de bonne facture avec le chef d’œuvre « Black Paper Planes » qui demeure envoûtant 10 piges après sa sortie et son contemporain fort sympathique « Sundown Highway » tous deux issus de « Avoid The Light ».
WOVENHAND
Le meneur de revue du quatuor, franchement pas stoner (c’est la journée décidément), s’est radiné sur scène vêtu tel qu’il est représenté sur « Star treatment » et, malgré tout le respect que nous avons pour le visuel de cet album, sur scène ça faisait un peu Karl Lagerfeld de superette. Ce n’est pas le point le plus saillant de ce show, mais ça place un peu le contexte après presque trois jours de festival. Les quidams présents dans la salle attendaient soit un gros délire psychédélique soit une grosse mandale dans la gueule afin de chercher leurs ratiches dans l’obscurité pour les sortir de leur torpeur. Ils ont eu un show étrange : ni hard, ni franchement mou du genou, ni carrément chiant, ni hyper envoûtant ; ils ont eu Wovenhand version 2019 qui n’a ni le verni mélancolique intimiste des albums sortis alors que le nom du groupe s’écrivait en deux mots, ni le charme désespéré ainsi qu’envoûtant de « Puur ». C’est dommage car certains attendaient beaucoup de cette performance et nous avons eu la sensation qu’ils ne demeuraient dans la salle que pour assister au show de Om qui allait mettre un point final à cette édition. Les marchands animant le marché couvert adossé à la salle avaient, pour leur part, plié bagage et ceux qui n’avaient pas effectué leurs emplettes (sauf les t-shirts du fest qui de toutes manières n’étaient pas arrivés à temps pour être commercialisés durant l’événement) allaient le regretter : l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt !
OM
L’Arena remplie comme un œuf pour ce concert de clôture frémit d’une tension assez étrange avant le set de Om, dernière tête d’affiche du week-end. Quand la seconde moitié fondatrice du Sleep matriciel monte sur scène, le temps s’arrête un peu, reconnaissons-le. Une petite intro amène rapidement à rentrer dans le très théâtral “Gethsemane” issu du dernier album du trio. La scène est baignée dans un bleu froid et statique (aucun mouvement de lumière pendant l’heure et demie de set… et on ne peut pas dire que ce soient les musiciens qui vont animer la scénographie ce soir !) ; pleine concentration sur la musique donc… en particulier pour Cisneros himself ! Dire que le grand gourou occulte est un introverti est un euphémisme : il joue dans son coin, ferme les yeux 90% du temps (le reste du temps il regarde son pédalier, ses collègues, presque jamais son instrument), ne communique jamais avec le public… Les autres musiciens assurent : même si la richesse du clavier n’est pas honorée par un mix un peu trop porté sur la basse, les instrumentistes sont doués (mais discrets eux aussi), en particulier Emil Amos, en démonstration derrière ses fûts alliant diversité du jeu, puissance, subtilité… Malheureusement pour les puristes, l’essentiel du set est basé sur les deux dernières productions de Om – rien de dramatique tant ces opus sont bons et surtout tant les morceaux sont cohérents sur un set qui développe une ambiance bien particulière, entre détente et immersion musicale, dont les influences orientales émergent souvent (comme sur le doublon “Cremation Ghat I & II”).
De manière très habile, la tonalité du set change sur la fin : avec un “Meditation is the practice of death” plus proche des débuts du groupe, Cisneros opte pour un son de basse plus saturé et cinglant, qui se confirme sur le puissant “Thebes”, pour aboutir en conclusion au seul extrait de “Pilgrimage”, “Bhima’s Theme”, conclusion assez habituelle des sets de Om, une sorte d’apothéose, qui voit notamment sur son final Amos dérouiller son kit jusqu’à renverser sa caisse claire en plein jeu ! Pour autant, le public est moins nombreux sur la fin, une partie ayant probablement eu du mal à tenir cette durée d’un set aussi calme après trois jours de fatigue, et ayant préféré aller boire quelques dernières bières dans le très agréable Biergarten en ce début de nuit… Cisneros quitte la scène comme il est arrivé, sans un mot, clôturant un peu abruptement ces trois jours de débauche musicale…
A l’heure des bilans, tandis que nous marchons dans la nuit berlinoise après avoir salué une dernière fois les multiples nouveaux et anciens amis avec qui nous avons passé ces trois jours, les souvenirs marquants sont nombreux… et les déceptions rares, voire inexistantes ! La salle est désormais parfaitement adaptée aux charges de décibels propres à notre genre musical de prédilection, le public est très nombreux mais trouve sa place dans les multiples espaces aménagés à l’intérieur ou à l’extérieur… Les très craints “overlap” (quand un groupe joue en même temps qu’un autre) furent finalement très limités, et pas trop frustrants : on a pu tout voir, sans stress, sans sacrifice ! Le public, satisfait, est comme toujours à Berlin cool et détendu, l’ambiance est au sourire et au partage… Plus que tout, l’affiche était riche à la fois en groupes de référence et en découvertes… Que demander de plus ? Il est vraisemblable que l’on s’y retrouvera l’an prochain…
C’est excités comme des petites puces que l’on revient aujourd’hui à l’Arena : hier nous avons pu vérifier que les promesses de l’orga avaient été tenues, en particulier du côté de la sonorisation de l’événement – et accessoirement on s’est tapés un paquet de super concerts. Or l’affiche d’aujourd’hui est au moins aussi bonne que celle du 1er jour, ce qui promet à vos serviteurs-chroniqueurs de l’extrême une journée riche et bien rythmée – probablement plus chargée en taurine qu’en houblon… Tous les moyens sont bons !
Avant la chronique, voici notre video report express avec des extraits de tous les concerts :
MIRROR QUEEN
Afin d’éviter certains chevauchements, les shows auraient pu commencer un peu plus tôt en ce deuxième jour de festival et premier jour du week-end, mais il n’en fût rien. C’est donc à 15 heures que le gang de New York a envoyé du son sur la Main Stage profitant ainsi de l’acoustique que nous vous avons déjà tant vantée. Avec un frontman aux allures de Brian May, un bassiste qui joue avec le pied sur le retour et un guitariste soliste muni d’une Flying V, ces souverains du riff appartiennent très clairement à la catégorie de formations ayant le potentiel de rassembler les bourrins, les hippies et les autres tribus de festivaliers pour lesquels le son vintage n’est pas rédhibitoire. C’est con parce qu’à part les acharnés (dont nous sommes), le public est plutôt clairsemé au moment où les Ricains envoient un set qui n’est pas sans nous rappeler agréablement ces bons vieux Black Sabbath. Cette performance a tout de suite placé la barre assez haute pour ce samedi soir qui s’annonçait fiévreux en débutant avec « Poignard » issu de « Verdigris » sorti il y a quelques années sur Tee Pee Records, qui n’est pas la boîte la plus inintéressantes pour propager du bon son.
R.I.P.
Il est encore sans doute un peu tôt pour certains car le public n’est pas encore au complet dans l’enceinte du fest : la journée d’hier a décidément laissé des traces et les corps furent probablement difficiles à bouger en cette heure avancée de… euh… l’après-midi. Ça n’empêche pas plusieurs centaines de personnes de se masser dans la cour du Biergarten de l’Arena pour assister au set très attendu des américains, sur le pont du Hoppetosse. Dès le soundcheck, l’ambiance n’est pas à la prise de tête, avec des essais micro et batterie sur “Enter Sandman”, une chanson de White Zombie… On aurait certes apprécié de voir le groupe en configuration plus traditionnelle type “club” (lights, grosse sono, etc…) mais l’expérience de voir l’un de nos groupes favoris dans ce contexte barré nous met en joie. Fuzz, le frontman du groupe, monte sur scène avec une cagoule blanches et une véritable faux en guise de pied de micro – un objet fort contondant qui a dû rendre dubitatif le chargé de bagages à l’aéroport de Berlin… Les gaillards rentrent dans leur set avec une belle énergie et leur proto-doom old school fait mouche très vite – si l’on en juge par les mines béates du public. Fuzz mène la danse, toujours sur la corde entre 1er degré ironique et second degré, est à fond dans son trip, comme lorsqu’il introduit “Brave the Grave” avec un “Quelle belle journée, tandis que le soleil brille… et que vous contemplez un cadavre déchiqueté…”. Les meilleurs titres du quintette défilent et provoquent d’aimables headbang dans l’assistance en bas du Hoppetosse : “Black Leather”, un gros “Tremble”, “Smoke and Lightning” en final… N’en jetez plus ! Court, mais gros gros set de R.I.P.
LUCIDVOX
Séance découverte sur la main stage avec Lucidvox, un quintette 100% féminin (à noter : les musiciennes étaient très bien représentées sur cette édition du Desertfest), russe, qui ne joue hors de son pays que pour la deuxième fois aujourd’hui ! Dire que ça se voit serait aussi faux que malhonnête : même si le soundcheck semble un peu lent (d’où un démarrage en retard)dès que le set commence la mise en place s’avère bien carrée musicalement. En revanche, côté aisance scénique, tout est plutôt timide. Le niveau d’anglais juste correct d’Alina, la chanteuse/clavier/percussionniste, ainsi qu’une timidité apparente, n’aident pas. Musicalement, on est dans un psych-rock pas déagréable, qui baigne le public dans une torpeur ouatée pas désagréable, avec quelques passages plus costauds et bien trippants. Pas le concert du siècle, mais une petite découverte sympathique d’un groupe à surveiller.
ZIG ZAGS
Nous quittons le monde enchanteur de la mélopée et les quatre donzelles pour aller se prendre une branlée par un trio de couillus qui envoie du gros bois à l’extérieur. Ces diablotins originaires de la Cité des Anges pratiquent un rock des plus énergiques fortement influencé par la musique qui a pris son essor à quelques centaines de miles au nord de leur mégapole dans la fameuse Bay Area. Le thrash d’antan de Metallica constitue une des influences majeures de ces agités qui déroulent un set sorti du passé alors qu’une partie du public lui fait front allongée dans le confort cosy de la terrasse surplombant les tables des bars. Si tout le monde n’est pas adepte de ce genre de rock très hard alliant l’urgence des faux-frangins Ramones et la puissance du bombardier de Lemmy, nous observons les nuques bouger sur le quai, le temps de rallier l’obscurité abritant la scène principale afin d’assister à l’unique performance qui verra un héros vêtu d’une cape monter sur les planches.
HÄLLAS
Encore un groupe très attendu aujourd’hui, car trop rare en live, les suédois de Hällas prennent la scène d’assaut avec toute l’excentricité que l’on n’osait imaginer : collants, pattes d’eph’, maquillage, capes (oui, capes !), maquillage… La totale. Reste au groupe à démontrer qu’il n’est pas que decorum et effets de manche… ce qu’il fait, haut la main. Le quintette tient impeccablement la scène et ses titres font un carton auprès d’un public conquis dès les premières notes de l’intro sur le sautillant “Astral Seer”. Évidemment c’est son dernier opus qui est mis en valeur ce soir, avec des titres comme “Repentance” ou “The Golden City of Semyra” qui font bien vite monter la température. Les plans un peu grandiloquents sur disque passent parfaitement l’épreuve de la scène, avec des arrangements bienvenus, des rythmiques adaptées (voir l’excellent “Star Riders” un peu accéléré et encore plus chargé en groove que l’original)… Le chant de Tommy Alexandersson, impeccable de bout en bout, est l’un des points distinctifs de la musique du groupe scandinave, et apporte au heavy rock vintage du groupe ce petit plus qui le rend si intéressant. Les cavalcades de guitares, les claviers… tout est en place et les 45 minutes défilent sans que l’on ne voit passer le temps…
The SHRINE
Le trio qui a récemment embauché celle qui fut l’une des plus belles femmes de la planète rock à moustache se radine devant la foule sans avoir pioncé (selon leur frontman Josh Landau) depuis leur performance londonienne : ça promet ! Nous avions déjà assisté à quelques performances de la bande originaire de Californie et étions assez excité à l’idée de voir Corey Parks envoyer du lourd à la basse avec ces deux camarades de jeu qui lui arrivent sous les aisselles. Question débauche sur scène, The Shrine et leur nouvelle recrue sont clairement très très forts ! A l’issue de ce set mémorable – qui vit la bassiste jouer contre le public massé à la barrière, et son leader se balancer dans le public lors d’un titre – notre seule déception sera de constater les ravages que la dame du groupe s’était infligé (la vie est dure). Inarrêtable sur scène malgré le manque de sommeil, les Étasuniens ont explosé leur temps de jeu pour le plus grand plaisir de ses inconditionnels à fond dans ce show d’excellente facture. Landau, avec ses airs de petit loubard des années quatre-vingt, est un performer hors-pairs et ses acolytes déploient une rythmique imparable ; l’exercice est clairement réussi et même les compos récentes comme « Destroyers » passent impeccablement l’examen du live, malgré le créneau horaire particulièrement haut sur l’affiche durant lequel The Shrine a dû envoyer devant le backdrop à son effigie. Une mention spéciale pour ce trio qui a su occuper tout l’espace physique à sa disposition afin de nous en foutre plein les mirettes.
NAXATRAS
Le retard pris depuis le début de l’après-midi ne dérape pas, mais ne se rattrape pas non plus. On assiste donc à la fin du soundcheck du trio grec pendant de longues minutes avant que le concert ne commence… et pour un début raté, on fait difficilement plus mal : John Vagenas demande à arrêter le titre au bout de 30 secondes ! Malgré un soundcheck à rallonge, sa basse n’est même pas accordée ! Le concert recommence donc, et l’on se rend compte que côté énergie, il est difficile de suivre The Shrine qui a bien chamboulé le public. L’intro pourtant assez dynamique du set ne suffit pas à renverser l’ambiance. Il faudra, comme souvent avec eux, que le groupe lance son classique “On the Silver Line” pour commencer à se mettre le public dans la poche – et à partir de là, il joue sur du velours. Sans surprise, John Delias reste statique sur quasiment tout le set, regardant alternativement ses collègues, son pédalier ou son instrument, mais ne s’adresse jamais au public. Heureusement, l’autre John, Vagenas, est de plus en plus à l’aise dans son rôle de chanteur / frontman et contribue un peu plus à l’interaction avec le public. Mais c’est la musique qui remporte le pompon, et de ce côté, le trio de Thessalonique ne manque pas de répondant. Même si ce n’est pas le concert le plus marquant du groupe, que l’on a beaucoup vu l’an dernier notamment, il reste l’un des meilleurs dans son genre, et ce set impeccable en est une nouvelle fois l’illustration.
GREENLEAF
Greenleaf à l’affiche d’un événement de ce type, c’est le niveau zéro de la prise de risque. Fondée alors que Dozer était encore en activité, cette formation insère les riffs imparables du quatuor des temps anciens venu de Borlänge à des compositions de heavy rock plutôt très abordables. Composé de zicos fort rompus à l’exercice scénique pour un line-up désormais bien stabilisé, le groupe mène, depuis la deuxième décennie de ce millénaire, une carrière exemplaire qui les voit se produire un peu partout sur le globe pour le plus grand bonheur de ses – très – nombreux inconditionnels. Nous sommes fans, les Allemands sont fans et toute la population présente à ce festival est définitivement fan. L’exercice semble gagné d’avance devant un parterre conquis, mais quid de l’exécution ? Ca débute très fort avec « Sweet Is The Sound » issu du petit dernier « Hear The Rivers » qui est un brûlot impeccable propice à l’étalage des hautes compétences de Tommi, à la guitare (qui arbore fièrement un t-shirt de ses compatriotes de The Hellacopters), des prouesses vocales d’Arvid (une bête de scène) ainsi que de la robustesse de la section rythmique (Hans à la basse et Sebastian à la batterie). Même si nous avons assisté par le passé à moults shows de Greenleaf, nous ne bouderons pas notre plaisir durant l’heure que le quatuor avait à disposition pour nous enchanter. Extrayant le meilleur de ses productions récentes avec les tueries live que sont « Ocean Deep » (sur « Trails And Passes »), « Pilgrims » (sur « Rise Above The Meadow ») ou « Oh My Bones » (sur le petit dernier), Greenleaf a conquis Berlin idéalement placé à l’heure du journal du soir, après nous avoir fait le coup de “vous-en-voulez-une-autre ?” grâce à une exécution sans faille et un sens de la mélodie admirablement retranscrit en live. Décidément cette deuxième journée se situe à un très haut niveau !
NICK OLIVERI
Un peu comme Wino la veille, la perspective de voir Nick Oliveri en extérieur, en acoustique, à la tombée de la nuit, sur le pont du Hoppetosse, s’annonce comme l’un des points d’orgue de la journée. On se pose donc tranquille dans le Biergarten pour voir le grand barbu enchaîner seul sur scène des morceaux issus des différents pans de sa carrière ou de ses groupes préférés, le tout arrangé… à sa sauce ! Chansons raccourcies, accélérées, chant souvent beuglé… on est habitués ! On voit ainsi défiler des morceaux de Kyuss (“Green Machine”, comme hier avec Mondo Generator), beaucoup de QOTSA (“Gonna Leave You”, “Another Love Song”, “(…) Millionaire”, “Auto Pilot”, et une version de “Feel Good Hit of the Summer” où il laisse le public chanter le refrain…), des reprises (“Bloody Hammer” de Roky Erickson qu’il reprend souvent, “Back to Dungaree High” des Turbonegro, “Endless Vacation” des Ramones…), mais aussi des compos (“Invisible like the sky”, mais aussi de l’inédit…). Un peu désorienté par le manque de public à proximité immédiate, il demande aux spectateurs venus le voir de près en haut sur le pont de s’assoir sur le banc devant lui pour la fin du concert, créant une ambiance un peu plus “cosy” – si l’on peut dire… Le gaillard posera sa guitare pour un final de quelques secondes qui consistera à hurler une version complètement déjantée de “Six Shooter” de QOTSA en guise de au revoir ! Ne faisant décidément rien comme les autres, Olivieri aujourd’hui a encore remporté quelques suffrages…
KIKAGAKU MOYO
Nous voulons bien concéder que c’est un peu honteux pour des types comme nous (qui nous pensions omniscients jusqu’à ce jour de mai), mais nous n’étions pas très au fait de l’art pratiqué par le groupe nippon et pas mauvais du tout. Leur placement sur l’affiche annonçait un peu la couleur et en grands amateurs de jeux de société que nous sommes, nous nous réjouissons à l’idée de les voir rentrer dans le dictionnaire afin de pouvoir briller au Scrabble. Alors que Nick Oliveri termine son set acoustique à l’air libre, nous nous pressons à l’heure pour capter quelques clichés, mais malheureusement le show ne démarre pas rapidement (ça nous permet de discuter un peu avec nos homologues et de constater qu’avec les années, cette manifestation ratisse de plus en plus large question couverture presse). Le retard de 10 minutes accumulé depuis quelques groupes déjà n’est toujours pas résorbé et, pire encore, il va augmenter avec la formation de Tokyo, active depuis quelques années déjà puisqu’elle va débuter avec une vingtaine de minutes de décalage avec le running order, après un dernier soundcheck peu énergique (ils avaient un sushi de son). Les réglages effectués, c’est groupés à l’avant de la scène (sympa le pit photo du coup) un peu comme des babas cools autour d’un feu de camp (la cithare soulignant l’aspect Woodstock revival de ce set), qu’ils envoient un set brillant et magnifiquement mis en valeur par un son nickel ainsi que des lights donnant au public un rendu de clapotis marins. La foule a ondulé d’un bout à l’autre de la salle et du début à la fin du set en parfaite osmose avec les musiciens plutôt orientés sur l’instrumental, avec ça où là des incursions de voix. Au final, les Japonais ont fait partie des groupes qui ont compté lors de cette édition avec leur style très planant lorgnant vers le psychédélique : les gens avec qui nous avons pu échanger par la suite en reparleront avec des étoiles plein les yeux.
FU MANCHU
Dire que l’ambiance est électrique lors de la montée sur scène de Fu Manchu est loin de la vérité. Venus exprès de Californie pour les 2 concerts des Desertfest, le groupe est très attendu ce soir. Pile à l’heure (en bon professionnels, ils ont rattrapé le retard cumulé cet après-midi) , le quatuor monte sur scène et ressort symboliquement une bonne vieille pépite au riff imparable, “Squash that Fly”, sous les meilleurs augures. Scott Hill est déchaîné, headbanguant à la moindre. Et le reste défile ensuite, comme une démonstration. Les hits sont là et bien là (des versions énormes de “Evil Eye”, “Mongoose”, “King of the Road”… on ne peut pas toutes les citer !) et quelques raretés sont déterrées à l’image du punky “I Can’t Hear You” ou du vieux “Push Button Magic”. Complètement étranger au principe de démarche promotionnelle, Fu Manchu ne fait même pas l’effort de sur-représenter sa dernière production (pas plus de un ou deux extraits de “Clone of the Universe”) ni même la récente réédition de son “Eatin’ Dust” (deux pauvres extraits seulement). Ils sont là pour foutre le feu, pas pour vendre des disques ! Les californiens sont à l’aise sur scène, Scott Hill occupe tout l’espace qui lui est laissé disponible et abat à la chaîne les gros riffs que l’on attend tous, tandis que Bob Balch dispense ses lead et soli avec classe et talent. Et côté rythmique, vous connaissez la musique… Le set est massif, la set list est impeccable (des classiques, des titres plus rares, une alternance de titres plus ou moins nerveux,… il y en a pour tout le monde), l’interprétation est sans faille… Franchement, on sort de ce set non pas surpris (on les a vus ces dernières années, on ne s’attendait pas vraiment à être déçus) mais avec la confirmation que Fu Manchu est devenu un gros groupe de scène, d’une efficacité imparable. Ce soir encore, ils étaient au top.
L’affiche de cette seconde journée était énorme, et elle a tenu toutes ses promesses. On finit heureux, mais sur les rotules. Il va falloir choper quelques heures de sommeil pour pouvoir être d’attaque pour la dernière journée… Il est temps de rejoindre notre spartiate demeure temporaire, des étoiles plein les yeux et le sourire au bord des lèvres…
Après une première année dans la nouvelle configuration de la Fête allemande du désert, il nous tardait de retrouver l’Arena de Berlin pour goûter à nouveau aux différents ingrédients qui constituent la redoutable formule féérique de cet événement : une organisation efficace, un public magique et des groupes géniaux. Les esprits chagrins avaient formulé plusieurs reproches sur l’édition 2018, en particulier concernant la sonorisation – point faible récurrent du week-end, liée à cette salle de concert immense. Les promoteurs nous avaient promis des merveilles pour ce millésime 2019, nous ne nous sommes pas faits prier pour aller vérifier tout celà sur place…
Avant la chronique, voici notre video report express avec des extraits de tous les concerts :
THE DEVIL & THE ALMIGHTY BLUES
On rentre donc pour la première fois dans la salle pour constater qu’il n’y a plus désormais de seconde scène annexe, mais bel et bien une “salle dans la salle”, énorme. Ce fameux dispositif censé améliorer le son des concerts nous inquiétait, or il s’avère parfaitement incorporé dans l’Arena, y proposant un espace dédié aux concerts, qui laisse largement la place à installer à côté le market, le merch officiel, une zone de food trucks, une zone pour les gamers, tatouages, etc… Tout ce qu’il faut ! Quoi qu’il en soit, l’honneur d’en essuyer les plâtres en revient à The Devil & The Almighty Blues. Le quintette norvégien a largement intensifié son activité scénique ces derniers mois, notamment en support d’un nouveau disque qui nous a beaucoup plu. Tandis que l’on retrouve généralement en ouverture des festivals des groupes de moindre importance pour un démarrage progressif, le Desertfest lâche les cheveaux dès le début. Quelques secondes suffisent à valider le dispositif de sonorisation : le son (et ça ne se démentira pas de tout le week end) est ample, puissant et précis. Et on n’est pas les seuls à en prendre plein la poire : dès les premières minutes, la salle apparaît déjà presque remplie ! Plusieurs milliers de stoner-heads se sont donné rendez-vous aujourd’hui (la journée du festival qui aura compté la plus importante affluence). Revenons à nos scandinaves, qui déroulent un set solide, exécuté à la perfection par des musiciens en parfaite osmose. Leur heavy blues, puissant, mélodique et inspiré, convainc les aficionados autant que ceux qui ne les connaissaient pas. On se prend encore une fois à espérer que parfois ils appuient un peu sur l’accélérateur, mais cette profusion de mid-tempos chaleureux (ce Andersen a une voix à donner le frisson) nous ravit.
MONDO GENERATOR
L’ex tout plein de formations qui ont marqué l’histoire de notre style de prédilection, voire même par-delà ses frontières, se radine sur scène avec deux acolytes pour envoyer sa mixture épicée à base de hurlements et rythmiques tapageuses : on en aura pour notre pognon. Le guitariste Mike Pygmie, déjà observé sur scène avec le père Garcia, connaîtra quelques difficultés en début de set, mais le meneur de revue ayant de la bouteille, de blanc il n’y eut point et il faut le souligner car certaines formations allaient peiner à combler le vide entre leurs titres durant ces trois jours ! Nick a déroulé sur la Main Stage tel un vrai pro en n’omettant pas d’aller piocher un “Green Machine” de vous savez, interprété avec de grosses couilles dans un esprit proche de l’urgence punk qui sied si bien au répertoire de Mondo Generator (qui ne renie pas ses origines en se pointant affublé d’un shirt de Negative Approach et balance des titres genre « All System Go » pied au plancher). Les projections interlopes siéront par ailleurs merveilleusement à ce show hargneux. Les petites fouines que nous sommes seront finalement déçues de ce final sur le titre de Kyuss, car nous avions bien lu (en parcourant le setlist trainant entre un pied de micro et un pédalier) que “Millionaire” clôturerait le set, mais le public, qui n’avait pas cette information, ne partagera au final pas notre frustration. Un réel plaisir pour les oreilles de recroiser la route de ce mythe de la scène et de se taper des titres du calibre de « The Last Train » en live. Même s’il arrivait tôt dans la journée, ce set rentre-dedans allait rompre un peu avec la couleur psychédélique de ce premier jour.
WINO
Le temps est venu de remettre le nez dehors pour assister au premier concert sur le Hoppetosse, le bateau à quai sur le bord du biergarten. On découvre alors le dispositif, pour le moins atypique : les artistes sont installés sur le pont supérieur, en plein air, avec une petite zone sur le reste du pont, à côté de la scène, pour le public, mais surtout l’entièreté du beergarten au pied du bateau comme public ! Plusieurs centaines de personnes assises pour manger leur repas, boire une bière à la cool ou simplement assister au concert en contrebas. La configuration est étrange car distante depuis le quai, mais techniquement la qualité de la sono était au niveau des attentes. Surréaliste… Et sur le bateau, donc, seul sur la scène avec sa guitare acoustique, Wino. En débardeur malgré une température plutôt fraîche (la vague de froid sur l’Europe n’a pas épargné Berlin, même si la pluie fut globalement absente durant tout le week-end), le charismatique frontman de tant de formations adorées de vos serviteurs enchaîne les chansons, sans chichi, avec le sourire, comme s’il était sur la petit scène du bar du coin. Côté compos, il tape largement dans son répertoire acoustique, en particulier issu de “Adrift”, et y glisse quelques reprises ou titres co-écrits avec Conny Ochs. On se laisse prendre assez facilement, on pense à des vieux Dylan avec une voix chaude et profonde, sur des titres généralement sombres et mélancoliques (mention spéciale au poignant “Song at the Bottom of the Bottle”). Classe.
MONKEY3
Le quatuor helvétique, qui devait jouer à Londres le lendemain, ne fera finalement que ce Desertfest-là en raison de manutentionnaires aéroportuaires peu précautionneux qui eurent raison de leurs instruments (la gueule du clavier post-voyage ne vendra pas du rêve) et priva ainsi le public anglais d’une prestation majeure. Tant pis pour ceux qui avaient préféré la perfide Albion car nous avons eu droit à une performance magistrale ! Chauds-patate, les Suisses ont sorti l’incroyable “Sphere” (que l’on devrait logiquement retrouver dans les tops de l’année à plusieurs reprises lorsque chaque média, voire internaute éclairé, listera ses coups de cœur) puis tourné par ici, malheureusement sans leur co-headliner Samsara Blues Experiment qui avait dû déclarer forfait en raison de problèmes de santé, avant de tourner encore le temps de quelques dates avec les vétérans de Colour Haze. Ayant 50 minutes à dispo, ces vieux briscards rompus à l’exercice scénique ont opté pour une formule concise : 5 titres dont 2 hits et 3 extraits de leur récente sortie, dont le complexe « Mass » (sans le guest notoire présent sur l’album), mais avec la manière. Ce set, soutenu par le travail de leurs techniciens au son, aux projections psychédéliques, à l’envoi de vapeur et aux lights ainsi que le son impeccable de la sono, fera partie des meilleurs moments de cette manifestation. C’était puissant et aérien comme le quatuor sait si bien se comporter et le public rejoindra nos avis en déclarant les jours suivants que le show de Monkey 3 avait constitué un des meilleurs moments de cette édition. Nous avons pu remarquer que le public s’était massé jusqu’au fond de la vaste salle pour assister à ce show qui nous permit d’appréhender sur scène « Spirals », « Prism » ainsi que « Mass » en plus de leur hit intergalactique « Through The Desert » ! Qu’ils soient ici remerciés de cette prestation et de leur légendaire sympathie.
24/7 DIVA HEAVEN
La fraîche triplette féminine originaire d’Allemagne a miraculeusement fait fuir les nuages avec son style débridé. Ces – très – charmantes dames ont pratiqué leur punk vintage lorgnant sur le garage avec fureur et haute maîtrise (elles impressionnaient aussi quelques quidams pour des raisons étrangère à leur son). Pas fins connaisseurs de leur art (elles comptent seulement une production brève au compteur), nous eûmes plaisir à les écouter, malheureusement pas bien longtemps vus nos impératifs de vrais professionnels qui nous poussaient aussi à assister au show qu’Earthless déployait en Main Stage (ça ne s’improvise pas ça ma p’tite dame !). Mais un large public continuera à siroter leurs binouzes dans la bonne ambiance à l’extérieur en prêtant une oreille plus au moins attentive au son plutôt bon, mais pas franchement orienté stoner, déployé sur le bateau.
EARTHLESS
Earthless avec Monkey 3 et Colour Haze le même soir, c’est clairement une journée de rêve pour les amateurs de plans hypnotiques, et cela constitue tout aussi clairement l’une des raisons pour lesquelles ce premier jour de festival était sold out, donc le plus blindé du week-end (vos envoyés spéciaux ont bien galéré d’entrée pour rallier les différents spots de cette fête du riff). Le public était donc bien entassé dans la salle (même si certains ont assisté plus longtemps que nous à la prestation jouée en extérieur) et le combo a envoyé un set ripoliné sur « Uluru Rock » interprété avec brio. Flanqués sur les côtés de leur batteur, en avant sur la scène avec son kit simple, le guitariste et le bassiste ont déployé de profil. Cette configuration, habituelle pour la formation californienne, est aussi éprouvée et qu’efficace, mais, même avec des lights correctes, le rendu visuel était en deçà de ce que les Suisses avaient proposé quelques heures plus tôt. Le groupe casse la monotonie instrumentale du set par quelques titres chantés efficaces, dont un “Electric Flame” qui commence avec un micro inaudible… mais aussi un excellent “Gifted by the Wind” en conclusion. Le son était soigné aux petits oignons (on s’y est très vite habitué en fait), mais, au final, le set de bonne facture des Ricains ne tenait pas la comparaison avec d’autres performances déjà observées par le passé où nous les avions connus plus généreux scéniquement.
WITCH
Quel pied de retrouver l’un des groupes les plus rares de la scène, et pour cause : initié par le mythique gratteux de Dinosaur Jr., J. Mascis, avec son pote David Sweetapple, le quartette qui compte des musiciens d’autres combos, vivote depuis un peu plus de 10 ans au fil des rares disponibilités laissées par leurs groupes respectifs. Mais les planètes étaient alignées en ce mois de mai 2019 et Witch débarque en Europe pour une poignée de dates. Point important : un warm-up gig secret (groupes inconnus jusqu’au jour J) était organisé la veille du Desertfest, et le headliner de la soirée était… Witch ! Ce que nous en ont dit nos amis qui y ont assisté (vos serviteurs sont arrivés à Berlin le jour du festival…) nous a mis l’eau à la bouche. Et il ne faut pas longtemps pour réaliser que nos souhaits vont être réalisés : malgré finalement une expérience scénique limitée, le groupe est en place, solide. Le CV cumulé de chaque musicien suffit à l’expliquer : sur scène, ça déroule. Le groupe ce soir nous propose un best of de ses deux albums à moitié-moitié, pour une heure de concert qui défile sans temps mort. Le heavy doom hors du temps du groupe trouve son public dans une assistance massée et heureuse. On retiendra une interprétation endiablée de “Rip Van Winkle”, le nerveux “Mutated” et une clôture de toute beauté sur le somptueux “Seer”. Impeccable.
ALL THEM WITCHES
Le trio américain monte sur scène sur fond de « War Pigs » en headbanguant gentiment avec le sourire. En prenant son instrument et en contemplant l’Arena pleine à craquer, Charles Michael Parks Jr fait part de sa surprise « Wow, vous êtes nombreux »… Car oui, le groupe est très attendu ; l’ascension de All Them Witches ces dernières années a porté ses fruits, et l’on retrouve le (désormais) trio dans la partie haute de nombreux festivals. Pendant une grosse heure et quart, ils vont s’employer, par le menu, à justifier de cette notoriété. Après une intro sur le vieux « Funeral for a Drunken Bird », le groupe commence à montrer un visage live séduisant, avec par exemple « 3-5-7 » et son final enthousiasmant, ou un peu plus tard le virevoltant « When God Comes Back ». Le combo est carré, c’est le moins que l’on puisse dire, et ne pâtit pas franchement du départ de son claviériste : tout est là et bien là en format trio. Robby Staebler à la batterie frappe comme une mule, le regard hargneux, quasiment « habité » et même semblant pris de spasmes sur les derniers titres, on le croirait en transe ; impressionnant. Les soli de Mc Leod sont limpides, inspirés et efficaces. Niveau mise en place, le groupe est juste hallucinant, et l’efficacité est au rendez-vous. Côté set list, le focus est mis sur le dernier opus ATW, bien sûr, et le set s’en retrouve moins nerveux, avec des moments un peu « plats » ici ou là, admettons-le. Le petit sentiment de folie et de relief des productions précédentes manque un peu parfois. Mais le show déroule sans jamais le moindre ennui, et on ne peut que reconnaître la qualité musicale de ce groupe, malgré une set list mélangeant valeurs sûres et morceaux un peu moins intéressants.
COLOUR HAZE
La formation allemande, que nous aurons bientôt vue dans toutes les manifestations dédiées à la gloire des Dieux du Stoner, prendra place avec une dizaine de minutes de retard pour clôturer une première journée déjà mémorable (une de celles dont on se souviendra). Pas franchement époustouflants visuellement, ces allemands ont pour eux une maîtrise énorme de leur art qui confine à la perfection ; en bref c’est le batteur perpendiculaire au public à côté du clavier et les deux autres mecs sur les bords qui ont balancé leurs titres sans investir la scène de manière outrancière. On a toujours un peu l’impression qu’on va s’emmerder quand ils débarquent sur scène (après un souci lors du soundcheck) avec leurs dégaines de profs de musique et on a toujours le sourire aux lèvres quand on ressort d’un de leurs shows. C’est un peu ça la recette magique des munichois au final : une interprétation généreuse et hautement maîtrisée qui finit par nous habiter quand bien même sans les animations en fond de scène on aurait pu se faire carrément chier, vue l’habitation scénique dont ces musiciens font preuve lors de leurs représentations. Le public a goûté à ce show voluptueux qui l’emmena au milieu de la nuit (avec du temps bonus pour un rappel mémorable).
Notre nuit à nous allait bientôt nous apporter un peu de repos après nous être plié à l’habituel vidage de cartes mémoires, montage d’un live report vidéo, consolidation de nos notes respectives et bataille de polochon pour savoir qui allait pouvoir squatter le plus de prises électriques pour charger son matos… A demain !