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En passant sur les bords de Seine on découvre que le Batofar est de nouveau à flot, mais là n’est pas le sujet car le lieu que nous allons investir ce soir se trouve à quelques encablures de là, il s’agit du Petit Bain. Une Péniche dans la cale de laquelle se pressent nombre de soirées et où il n’est pas rare d’entendre résonner rythmes et sonorités Desert Rock. L’affiche en lettre blanche annonce rien de moins que The Devil & The Almighty Blues ouvrant pour Colour Haze grâce aux efforts de l’asso Garmonbozia. Vous l’aurez compris, notre visite en ce début de soirée n’est clairement pas due au hasard.
 The Devil And The Almighty Blues
La salle est encore très accessible alors qu’un negro spiritual, joué sur bande, annonce l’extinction des lumières et l’entrée sur scène de The Devil & The Almighty Blues. C’est l’œil hagard et les traits tirés que le quintet prend possession des planches, bière à la main. On sent que le trajet depuis les Desertfest Berlin et Londres n’a pas dû être de tout repos.
Lorsque le chanteur Arnt monte en scène je suis surpris de voir que celui-ci porte une Djellaba noire, il y a du changement, les gars se mettent à la mise en scène, mais attention, pas poseur pour un sou, ni lui ni aucun des membres du groupe. Les premières notes sont crachées par une amplification qui d’office laisse la part belle à Kim, le bassiste. Une part un peu trop belle d’ailleurs à mon goût. face à la scène le son en est trop saturé et ne permet pas de jouir pleinement de chacun des instruments, l’ensemble paraît plus brouillon qu’à l’accoutumée.
Cependant que l’on aille pas se tromper sur l’accueil du public est assez intense et on voit bien une fois de plus que The Devil And the Almighty Blues a su se forger ses lettres de noblesse. Il faut reconnaître qu’il est souvent difficile pour un groupe de satisfaire aux conditions qu’offrent le petit bain. La salle est exiguë et il s’agit d’une cale de bateau. Le plafond s’abaisse largement sur le fond de la salle et écrase totalement le son. Ici avec la puissance mise sur les basses autant vous avouer qu’une fois près du bar au fond, c’est une bouillie sonore qui filtre mais pas un blues du Delta cuisiné au Jalapen dont curieusement on jouira mieux sur les côtés de la scène.
Du point de vue du jeu il y a eu du changement aussi. Là où la dernière fois je vous avais parlé de cohésion entre les membres du groupe, cette fois ci, les gars semblent emprunter des voies parallèles, chacun jouant pour soi. Mais ces routes finissent toujours par infléchir et se rejoindre pour une explosion de pur blues rock du bayou, comme sur “Time Ruins Everything”.
Le set se clôture avec le traditionnel “ The Ghosts of Charlie Barracuda” introduit par le chant de Arnt qui ne s’encombre pas de son micro pour se faire et invite le public à scander en chœur “Here be ghosts, here be dragons”. Ce dernier s’exécute sans se faire prier et alors que la musique reprend en intensité, le public finit totalement de s’abandonner à ce Blues du Diable qui aura fait voyager le public parisien pendant une bonne heure.
 Colour Haze
Assister à un set de Colour Haze c’est un peu comme rentrer dans ses pantoufles. Stefan le chanteur monte sur scène sans chaussures, Philipp dans son costard de laine derrière sa basse te laisse te demander qui de la veste ou du bassiste porte l’autre? Néanmoins grosse évolution pour moi tout comme pour tous ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de les voir depuis un certain temps, voilà bien plus d’an que le trio s’est fait quartet en s’adjoignant les services d’un clavier. Sa présence marque souvent une envolée purement psychédélique pour ces 25 ans de Colour Haze. Le Batteur installé de profil (Classique du genre chez Colour Haze) fait montre d’une extraordinaire souplesse pour quelqu’un d’aussi crispé son jeu fluide me donne à penser que si parfois on a l’impression que les trois autres servent de faire valoir au guitariste Stefan, en fait c’est bien Manfred qui porte le set avec sa batterie et ses frappes follement efficaces
Petit à petit la brume colorée par les projecteurs envahit la salle, l’utilisation de machine à fumée ne remplaçant cependant pas une projection psychédélique qui faisait le sel d’un jeu de scène aussi planant. Du côté des titres le quartet nous gratifie d’une présentation assez timide du dernier album tout juste enregistré mais c’est bel et bien une tournée d’anniversaire et le répertoire est mis à contribution dans toute sa largeur. Ceux-ci font voyager dans le temps, le clavier apporte cette touche supplémentaire venue de la belle époque du psyché et on navigue de Santana à Led zep en passant par Emerson Lake and Palmer.
Contrairement à leurs prédécesseurs, le son est calibré au poil et se joue de l’architecture de la salle en évoluant mieux jusqu’au fond de cette dernière. Le groupe allie transe et violence par instant mais la majeure partie du set est placée sous de planant hospices et même si j’y prend un certain plaisir il faut bien avouer que Colour Haze doit s’apprécier bien mieux avec dans les veines un peu plus que du sang.
Néanmoins le public est conquis et reconnaissant il se fait bruyant entre les morceaux et montre tant d’envie que le set s’étende encore qu’il fait remonter le groupe sur scène pour un véritable rappel durant lequel il se déchaîne dans une transe de headbang et de slam. Je mentirais donc en prêchant que ce groupe ne s’écouterait que sur un tapis de mousse ou moins bucoliquement dans de profonds sofas pour jouir pleinement de sa musique. Pourtant, je vous assure que l’envie ne m’a pas manqué passé une certaine ligne temporelle du set qui aura tout de même vécu 1h45.
Il est enfin l’heure de reprendre la route pour tout le monde. Le sourire inscrit sur toutes les lèvres, les mèches de cheveux collés aux fronts par la sueur dans cet air frais printanier ne mentent pas, Garmonbozia nous a offert une belle soirée et les groupes présent ont donné ce qu’on attendait d’eux.

Venus fêter leurs 40 ans de carrière sur une longue tournée européenne, censée initialement correspondre avec la publication de leur nouvel album – le 8ème -, Saint Vitus a pris d’assaut la péniche Petit Bain en plein week-end pascal. Ce que la capitale compte de doomsters s’était donc donné rendez-vous, les plus jeunes pour voir Dopelord (« c’est Saint Vitus ou Pentagram ? Je les confonds toujours » ou « je crois que l’on dit Saint Vitu, sans prononcer le S » sont des phrases qui ont été prononcées en ma présence), les plus vi-… les plus sages pour Saint Vitus. 40 ans de carrière cabossée, émaillée de lose et de séparations déchirantes, que le quatuor imaginait surement fêter avec Wino avant que ce dernier ne se fasse toper avec de la drogue plein les poches en Scandinavie. Si son interdiction de séjour en Europe est levée, permettant à ce dernier de tourner en ce moment même avec The Obsessed, Vitus a quant à lui repris Scott Reagers, leur chanteur originel, et fait revivre le frisson du groupe de mauvais garçons qu’ils étaient au milieu des années 80. Toujours avec Henry Vasquez (Blood Of The Sun) à la batterie et avec Pat Bruders (Crowbar et mille autres groupes) à la basse, pour encadrer l’indéboulonnable papi Chandler, crinière blanche et allure de druide thrash, l’incarnation du groupe sur les quatre dernières décennies.
Dopelord était attendu, c’est un fait, les polonais étant de cette mouvance de stoner de synthèse dont les titres finissent toujours par vous sauter aux oreilles par association musicale sur Deezer ou Youtube. L’histoire ne précise pas si le groupe s’est nommé comme cela grâce à l’aide d’un générateur aléatoire de nom de groupe stoner, comme il y en a des dizaines sur la toile (Dope Goat Sun Smoke Wizard Lord, par pitié arrêtez et appelez-vous différemment). Leur musique, elle, a clairement été générée en suivant attentivement la recette d’Electric Wizard, délayée par Monolord et saupoudrée de Windhand. Un mélange digeste certes mais il va sans dire que la faim de riff revient en un instant.
Et c’est tant mieux car des riffs, Saint Vitus n’en manquent pas, et les leurs, ils ne les doivent à personne. Même des décennies après, ils ne sont pas beaucoup à en avoir voulu. Pourtant la recette est parfaite. Les quatre papys font de la réminiscence (de nostalgie) et brossent en une heure trente leur drôle de carrière. Enfin pas vraiment en vérité puisqu’à l’exception d’un titre incontournable, tous les autres viennent d’albums sur lesquels a chanté Reagers. C’est même 5 extraits de leur effort à sortir qui seront joués ce soir. Il se murmure d’ailleurs que Season Of Mist s’attendait à un album plus doom, plus Wino finalement, alors que les extraits joués ce soir indiquent clairement que les racines punk hardcore de la formation sont de retour (les quatre premières sorties du groupe portent le sigle SST records). Il n’y a qu’à voir les remous dans la fosse tout du long du set pour s’en assurer.

Car c’est un sacré concert que va nous livrer la bande. Devant une audience acquise, dès le lancinant « Dark World », Vitus déroule son set, accélère constamment le tempo (la fosse devient folle sur l’intro de « Bloodshed ») et multiplie les moments mémorables, des grosses intros à la basse du brutal Bruders jusqu’à l’incontournable entrechoquement de bouteilles en ouverture de « Burial At Sea » en passant bien sûr par les invectives constantes de Dave Chandler dont chaque solo est acclamé comme il se doit. L’un des moments mémorables reste lorsque Reagers propose à la fosse de faire un circle pit, qui s’écroule presque instantanément (quelle idée de faire se secouer si vivement des fumeurs de weed aussi…). Sans répit le groupe déroule et revient, présenté par Henry Vasquez, transformé en maître de cérémonie, pour un rappel mordant, composé bien sûr de « Born Too Late », le seul morceau originellement chanté par Wino joué ce soir, puis « Hallow’s Victim » et « Useless », énième banderille de punk hardcore qui clôture leur album à paraître (ce qui est une grosse preuve de confiance en leur album à venir que de finir de la sorte). Le temps pour Reagers de remercier leur fournisseur de bière (qui n’était autre ce soir que Headbang Brewery, brasserie bio, locale et metal, montée par des membres des Stoned Gatherings) et les lumières se rallument sur une fosse hébétée.
A la sortie de ce concert épique, de loin le meilleur de Vitus qu’il m’ait été donné de voir, le premier ami croisé me dit « C’était pas terrible, trop speed. Je préfère avec Wino ». Pffff. Monde de merde.
Set List :
- Dark World
- White Magic / Black Magic
- Remains
- Hour Glass
- War Is Your Destiny
- One Mind
- A Prelude To…
- Bloodshed
- 12 years In The Tomb
- Burial At Sea
- Saint Vitus
- Born Too Late
- Hallows Victim
- Useless

En ce week-end de Roadburn le doom ne se pratiquait pas qu’à Tilburg (où il se pratique de moins en moins d’ailleurs ou sous des formes mutantes) mais aussi en Belgique, à Bomal (et pas Durbuy, mais bon c’est à côté on va pas chipoter), où un petit festival s’accroche à flan de roche et de rivière depuis désormais 23 éditions. Un festival doté d’un esprit d’Astérix (franco-belge quoi), coincé à quelques semaines et quelques encablures de gros festivals estivaux. Un festival qui se tient pour moitié dans un gymnase (incroyablement rétro) et sur la pelouse attenante en faisant une sorte de semi plein air. Le Durbuy est l’incarnation du festival familial par excellence. Dans ses bons (enfants friendly, taille humaine, jovialité certaine, proximité des artistes) et mauvais côtés (minimum au niveau des stands, organisation à géométrie variable, speaker qui annonce les groupes avec la verve d’un GO du Club Med). Mais surtout le Durbuy festival a une grande spécificité, qui n’appartient qu’à lui : son livret. Ce petit bijou, entre des dizaines de publicités, est une anthologie de tout ce qu’il ne faut pas faire, se plaignant ouvertement de la concurrence déloyale des grands festivals, justifiant la présence pour la seconde fois d’affilée d’Ultra Vomit en tête d’affiche par un « on s’en fout on fait ce qu’on veut », décrivant les groupes qui passent au festival par des « pas sa meilleure période » ou « en perte de vitesse », bref un bijou d’absence de réalités promotionnelles. Là où le bât blesse dans cette bible noire c’est en matière d’approximation. Mais nous y reviendrons.
Venu principalement pour la triplette Doom Saint Vitus/Paradise Lost/Candlemass, votre serviteur aurait pourquoi pas profité de Vintage Caravan un peu plus tôt dans la journée si la neige (!!!!!!) tombant abondamment dans les Ardennes Belges, à 20 minutes du festival, ne l’avait pas obligé à acheter en urgence de quoi survivre aux températures. Qu’à cela ne tienne je serai à l’heure pour Saint Vitus qui, à 17h15, prendra place sur la scène du gymnase (le… Hall Le Sassin). Si le livret du festival annonce sans complexe la venue de le « légende Wino », c’est bien sûr l’autre Scott, Reagers, qui se présente pour fêter dignement les 40 ans de carrière du groupe (enfin parce que Wino s’est fait lourder pour une sombre histoire de drogue surtout). L’occasion de voir le set s’axer sur les premiers albums de la formation, Vitus ouvrant par « Dark World » puis « White Magic/Black Magic » pour le plus grand bonheur de la petite dizaine de connaisseurs et les grosses centaines de curieux devant la scène. Dave Chandler est en forme, quoi que flinguant pas mal l’équilibre sonore du début de set avec sa guitare bien trop forte (sur scène et dans le mix). Un souci qui se réglera avant que le groupe balance « War Is Your Destiny ». Les membres du groupe se font vieux, et leurs 40 ans de carrière sont des plus chaotiques, mais ils compensent la lose qui leur a toujours collé à la peau par une bonne humeur communicative, comme lorsque Reagers et Chandler s’éclatent à voir voler des préservatifs gonflés dans le public. « Thanks For Remembering Us » lancera Reagers avant que Vitus n’envoie deux nouveaux titres, le classic doom (et néanmoins excellent) « Bloodshed » puis « 12 years in The Tomb » avant de dérouler les hits, dont « Born Too Late », évidemment. Fait notable, c’est Patrick Bruders, bassiste de Down, ex Crowbar et Goatwhore, qui tient la quatre cordes dans Vitus désormais, comme quoi il y en avait des légendes à présenter dans le livret…
 Saint Vitus
Ne nous attardons pas sur les groupes non doom, même s’il est agréable de voir Tyr se produire devant le stand Sea Sheppard sans aucun heurts (je vous renvoie à la grosse polémique autour de la tournée française du groupe), pour se réjouir du set de Paradise Lost, toujours dans le Hall Le Sassin, plus tard dans la soirée. Passons sur le point livret (qui se contente de citer ouvertement un article trouvé sur Radio Metal) pour se concentrer sur l’énorme set best of proposé par les anglais, dans un gymnase plein à craquer. Le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe est la vraie tête d’affiche du festival. Tout ce que le coin compte de metalleux est devant la scène, reprenant à gorge déployée les hits « One Second » ou « As I Die ». Sans temps morts (mais un peu en pilote automatique), les anglais déroulent et piochent bien sûr (et heureusement) dans le meilleur de « Medusa ». Nick Holmes, toujours facétieux, présente « Faith Divides Us, Death Unites Us » comme un morceau de death metal old school et use de son flegme pour maintenir la chaleur tout du long du set. Le groupe laissera finalement le public en transe après une grosse heure de show.
Les plus courageux (une petite centaine ?) se retrouvent dehors, sous moins trois degrés (oui moins trois putain de degrés) pour la première sortie de Candlemass en festival avec Johan Längquist, son… premier et dernier chanteur en date. Un évènement donc, d’autant plus que le livret du festival annonce que le groupe va jouer Doomicus Epicus Metallicus en intégralité. Il n’en sera bien évidemment rien et les puristes le savent dès que résonne l’introduction « Marche Funèbre » de Chopin, qui ouvre le disque Nightfall. Les suédois montent sur scène frigorifiés et balancent « The Well Of Souls » (extrait de pas-du-tout Epicus Doomicus Metallicus) en soufflant du givre. La basse de Leif Edling s’enrhume et ne semble pas vouloir marcher, ce qui rend fou cette figure historique du doom que de récurrents problèmes de santé éloignent trop souvent de la scène. Heureusement tout rentre dans l’ordre et le groupe délivre l’un des shows les plus magistraux qu’il m’ait été donné de voir de la part de la formation de Stockholm (et oui j’étais de l’incroyable concert anniversaire au Roadburn 2011 où Epicus a été joué en intégralité pour de vrai). « Mirror Mirror » (extrait lui aussi de pas-du-tout Epicus Doomicus Metallicus) est un moment énorme, et après quelques traits d’esprit (« j’aime la Belgique vous avez même une bière à mon nom » dira par exemple « Leffe » Edling) et leur single Iommiesque du dernier album (qui ne s’appelle pas Epicus… bref vous avez compris), le groupe balance un « Bewitched » ensorcelant puis enfin livre quelques extraits d’Epicus Doomicus Metallicus (« A Sorcerer’s Pledge », « Demon’s Gate », « Solitude »), pour le plus grand bonheur de tous. Une heure quinze de show malgré les éléments et un souvenir impérissable pour ceux qui ont mis le nez dehors. Pas la force de rester voir Ultra Vomit qui pourtant, soyons honnête, déchaine les passions sur la scène du (Hall Le) Sassin ; nous préférons partir sur ce souvenir formidable d’un Candlemass généreux comme jamais.
 Candlemass
Merci quand même Durbuy et l’année prochaine ; si tu veux, je veux bien l’écrire moi, ton livret. Ça sera moins drôle mais au moins y aura plus de pubs que d’approximations.
PS : Ne cherchez pas le parking VIP, il n’existe pas. Pas que ce soit grave, mais j’avais quand même payé 30 euros de plus pour ça…

Après un hiver relativement calme de ce côté de la sphère musicale, Garmonbozia Inc. lance la fusée de détresse en ce lundi 1er avril avec une programmation loin d’une quelconque farce. En dépit de l’absence de Samsara Blues Experiment, qui se devait initialement d’officier le gros de la soirée, les fidèles sont nombreux à converger sous le pont du Petit Bain. Monkey3 prend en conséquence sa place de droit en tête d’affiche et ramène pour l’occasion le quatuor poitevin de The Necromancers et le duo survolté de Power For Pigeons pour assurer la chauffe.
 Powder For Pigeons
Pour les avoir découverts dans cette même salle plus d’un an auparavant, c’est avec une joie teintée d’impatience que je me précipite vers Powder For Pigeons. Face scène, ma bière me rafraichissant les doigts et le gosier, je comprends que les retrouvailles avec la formation australo-germanique ne vont pas décevoir. Riffs gras, voix haute et saturée ainsi qu’une solide batterie tenant admirablement la baraque. Le tout bercé par un groove aussi crado que communicatif. Un duo qui claque. Mais là où Meg White se contentait d’assurer le minimum syndical et abandonnait le terrain de jeu à Jack White, Meike ne reste pas un instant en retrait face à Rhys. Les deux jouent d’ailleurs côte à côte, sans cesse tournés l’un vers l’autre, à se jeter des regards complices et à synchroniser leurs phrasés. Cette osmose musicale et scénique vient transcender leur composition devant une audience grandissante. La péniche vibre alors au rythme de ce stoner punk avec du fuzz plein les narines. Pour un 19h30 à Petit Bain, la fosse s’avère déjà bien remplie, même si les têtes encore accablées par les affres du travail peinent à s’agiter. « Early Grave » et « Ghost of You » viennent quand même arracher des vivats au public qui sortira prendre l’air avec une certaine excitation.
 The Necromancers
Niveau énergie, le relai se transmet sans heurt au second bestiau de la soirée. Sous une lumière glissant du rouge infernal au violet occulte, avec une projection de vitraux donnant l’illusion d’un lieu de culte, The Necromancers prêche son obscure parole. Un exercice au goût de réminiscence pour les Français ayant partagé pas mal de dates avec Monkey3 lors de leur précédente tournée. Cette fois-ci, en revanche, ils reviennent armés d’un second album, et d’une occasion supplémentaire de secouer les foules. Et qu’ils s’agissent des pièces de Servants of the Salem Girl ou des titres d’Of Blood and Wine, l’agitation s’invite bel et bien. Au premier rang, les photographes planquent leurs objectifs à deux mille balles sous leurs bras et dirigent un œil menaçant vers l’arrière. Car à tout instant, un riff un peu vénère peut surgir et emporter la fosse des possédés dans la frénésie. Des énergumènes quand même assez bienveillants pour nous inviter à protéger nos bières lorsqu’ils nous voient débarquer comme des fleurs après le passage au stand. Côté scène, l’exécution impeccable du groupe trahit à nouveau leur aisance dans cette discipline. A l’instar de Benjamin le batteur qui, tout en mêlant désinvolture et précision de jeu, connecte régulièrement avec nous par ses mimiques et sourires. Difficile de savoir lesquels de nous s’amusent le plus. C’est finalement serré au coude à coude et non sans une certaine frustration que l’on voit le set s’achever ; les quatre bonshommes abandonnant de vains appels à « un dernier morceau » se perdent dans le brouhaha général.
 Monkey3
Moins d’une demi-heure plus tard, le brouhaha se dissipe. Une décoration cérémonieuse habille la scène tandis qu’une projection dévoilant les merveilles du cosmos illumine le mur. Et chacun se prépare au spectacle. Monkey3 se présente devant son public, traversant les volutes de fumée émises par les vapoteuses de Boris et dB ; calme, serein. Tout comme leur musique. De là, toute l’effervescence des headbangers se substitue à une écoute beaucoup plus religieuse. Les pogos ne demeurent que comme un odieux souvenir tranchant avec l’introspection spirituelle induite pas la musique. Le tout sublimé par la propreté sonore du petit bain, qui permet d’apprécier au mieux les mélodies enivrantes, la déferlante des riffs et tous les effets sonores lâchés par le clavier. « Prism » en dispensera son content, tout comme « Mass », toutes deux issues de Sphere, dernier album dont le motif habille d’ailleurs la scène de part en part. Dans l’ensemble, qu’il s’agisse d’intangibles lieux interstellaires, des « traversées du désert », ou de francs solos de shredder, les compositions des Suisses mettent tout le monde au diapason. Celui d’un heavy psyché spatial maîtrisé et touchant. Une musique envoûtante qui conduit inévitablement à un long rappel sur la belle Icarus. Une pièce où personne n’hésitera un instant à se brûler les ailes.
 Monkey3
D’aucuns déploreront sans doute l’absence de Samsara ce soir, à juste titre et sans un pincement au cœur tant l’expérience s’est révélée bonne par le passé. En revanche, personne ne daignera regretter un seul instant ces arrangements de dernières minutes. Les énergies de trois mondes bien distincts se sont croisées, mêlées et transformées, dans le seul but de rendre notre voyage plus palpitant. Et c’est avec les souvenirs savoureux de ces univers que nous repartons.
Initié l’an dernier sous l’impulsion de l’asso Astrodøme (activistes du rock psychédélique de toutes tendances, basés à Bordeaux), le Sidéral Psych Fest prend de l’ampleur cette année : sur 3 jours (enfin 2 jours 1/2) et avec une affiche mêlant audace et valeurs sûres du genre, le festival apparaît clairement comme un rendez-vous incontournable. Nous n’avons malheureusement pas pu prendre part aux festivités les deux premiers jours (avec entre autres Maidavale), mais cette journée finale ne nous échappera pas !
SOLAR CORONA
Malheureusement, malgré tous nos efforts, nous manquerons une bonne partie du premier set de la journée. En arrivant dans la salle, en tout cas, on est directement mis dans l’ambiance, tandis que les portugais de Solar Corona sont en plein milieu d’une jam cosmique enlevée, qui semble emballer un public pas encore très nombreux, mais ravi. Dommage de ne pas avoir vu tout le set, ce court passage nous aura donné envie… Une autre fois, à ne pas rater !
 Solar Corona
SLIFT
A peine le temps de siroter un premier breuvage dans les coursives et la petite cour de la salle (le soleil radieux ajoute au bon feeling de la journée !) et il est déjà temps de regagner la salle pour assister au set de Slift : le trio toulousain propose une entame pleine d’énergie qui met immédiatement le public dans leur poche. Leur rock psyche nerveux a tout pour séduire un public assez large, ce qui est le cas de l’assistance aujourd’hui, provenant de toutes les obédiences du rock au sens large. Les premières compos ne s’éternisent pas, le set tourne bien et les riffs fusent. Le chant, rare et chargé d’effet, ajoute à cet esprit vaguement space rock, tandis que la formule trio fait le job comme on s’y attend, avec d’innombrables envolées de guitare lead s’appuyant sur une base rythmique solide (et en particulier un jeu de basse solide et mélodique). La deuxième partie du set laisse un peu plus de place aux sections instrumentales, sans jamais toutefois laisser court aux jams débridées sans queue ni tête. Les gaillards n’ont rien inventé, mais ils le font avec talent et conviction. Un très bon set !
 Slift
NEW CANDYS
Après encore une courte pause (à peine le temps de vaquer entre tous les stands de merch et autres joyeusetés) les premiers accords de guitare des New Candys nous ramènent dans la sombre mais belle salle de concert de ce sympathique complexe du Grand Parc. On y retrouve 4 ténébreux Dandys, 4 bruns taciturnes, jeans slims, blousons en cuir. Manifestement en directe provenance de Manchest… Ah non, on me souffle à l’oreille que les gars sont vénitiens ! Pourtant leur musique penchant lourdement vers des penchants dark vaguement psyche nous enfonçait a priori plutôt en direction des lointaines et industrielles provinces grand-brittones, manifestement une influence prégnante dans tous les cas. Leur rock classieux, s’autorisant quelques jams vaguement space rock (ces leads chargées d’effets y sont pour beaucoup) semblent contenter une bonne part d’un public souriant et ondulant gaiement. Ça manque un peu d’énergie et de relief pour convaincre totalement, mais c’est solide et efficace.
 New Candys
ELECTRIC MOON
Petit passage au food truck et repas au clair de lune vite fait, et il est déjà temps d’aller jeter une oreille à Electric Moon. Les sets du trio allemand sont rares, et celui de ce soir est attendu. Loin de profiter de leur aura ou de l’attente autour d’eux pour « cérémonialiser » l’événement, le groupe improvise l’intro la plus foutraque imaginable, en lançant son set d’affilée avec un sound check rapide, lumières de la salle encore allumées, autour de trois blagounettes à l’attention du public. Puis le set monte en tension pendant de longues minutes, ce qui ne surprendra personne au vu du genre pratiqué : Electric Moon fait désormais référence dans le pur space rock, en piochant ici ou là chez Hawkwind et autres ténors, et en y injectant des jams sans fin et quelques plans lancinants dérivés du krautrock plus proche de leurs racines culturelles « géographiques ». Sans compromission, leur premier titre propose donc une ascension d’une bonne trentaine de minutes, menant progressivement à une sorte de maelstrom space rock fuzzé assez jouissif, une fois l’immersion opérée. Souriants mais très statiques sur scène (quasiment tournés les uns vers les autres non stop) les trois teutons développent leur propos pendant un peu moins d’une heure avec une réelle maîtrise de leur sujet. Ils appuient ce soir encore un peu plus leur statut de référence du genre.
 Electric Moon
RADIO MOSCOW
Changement de ton, d’ambiance… et changement de niveau ! La salle est blindée dès l’arrivée sur scène de Radio Moscow : mais où était donc tout ce monde durant les concerts précédents !? L’attente est donc décuplée, et le combo de Parker Griggs ne s’en laisse pas intimider. Ils rentrent assez vite dans le vif du sujet avec en guise de première salve un “New Beginning” qui met tout le monde d’accord.
Sur scène, le groupe n’a jamais été outrancier et ce soir ne déroge pas à la règle : Meier à la basse est concentré et sérieux (sans être fermé pour autant) à l’image de son confrère Paul Marrone derrière les fûts. Quant à Griggs, il est souriant, communique un peu avec le public, mais sans jamais être exubérant. Il fait le job, mais laisse surtout parler son talent remarquable : son jeu de guitare, hommage perpétuel aux parrains du blues, est précis, nerveux et puissant. Ses soli sont vertigineux et ses riffs remarquablement catchy (un point que l’on néglige trop souvent dans la discographie de Radio Moscow). Quant à ses vocaux, là aussi quel atout pour le groupe : sa voix chaude et burinée, son timbre subtilement rocailleux, étonnant pour un chanteur finalement encore si jeune (on trouve généralement plutôt cette caractéristique chez les vieux chanteurs aux cordes vocales usées par les flux houblonnés), apportent une singularité qui participe à distinguer le trio de la masse de groupes qui évoluent dans des sphères musicales proches.
 Radio Moscow
Côté set list, la bande à Griggs contente tout le monde : en tapant dans tous ses disques, le groupe est sûr de faire mouche. De fait, le riche répertoire du trio recèle désormais d’un certain nombre de perles lui permettant de varier les styles, passant des bons mid-tempo bluesy fiévreux (“Broke Down”, une version torride de “Deep Blue Sea” étirée en longueur pour y coller quelques soli onctueux…) aux morceaux de heavy rock plus nerveux (“Rancho Tehama Airport” ou “No Time” en mode boogie rock, le classique “Death of a Queen”…).
Le public ce soir en tout cas est tout dévoué à célébrer le groupe, dansant, headbanguant, stage-divant (au grand dam de la sécu, qui manifestement n’avait pas prévu ce type de comportement ce soir !) ou slammant. L’énergie est palpable tout du long, jusqu’au final sur un “No Good Woman” propice à une section solo/jam toujours aussi impeccable à la fin. Le groupe quitte la scène sous un déluge de cris et d’applaudissements. Vraiment la tête et les épaules au-dessus du reste aujourd’hui.
 Radio Moscow
ZOMBIE ZOMBIE
La soirée se termine dans une ambiance plus cool avec le trio de Zombie Zombie. Les français très portés sur l’aspect électro se répartissent un aréopage d’instruments plus ou moins atypiques (claviers, pédales d’effets, percus étranges, etc.) pour développer une ambiance électro psyche lancinante à fort pouvoir immersif. Le public n’est en revanche pas très dense dans la salle : beaucoup sont partis après Radio Moscow ou déambulent dans les allées de la salle, voire en terrasse dehors pour refaire le monde (ou débrieffer du concert précédent….). Du coup le set de Zombie Zombie fait parfaitement le job d’ambiancer les derniers belligérants, plus ou moins fatigués voire imbibés. Parfait pour la descente.
 Zombie Zombie
Les ambitions de l’orga à la tête de ce Sidéral Bordeaux Psych fest ont été récompensées par une soirée (sans parler des jours précédents) qui aura tenu toutes ses promesses. On sait d’ores et déjà qu’une édition se tiendra en 2020… il nous tarde déjà !
On retrouve avec plaisir cette belle salle qu’est le Rocher de Palmer, ou plutôt ce beau complexe avec plusieurs salles, où ce soir Sunn O))) occupe la plus grande, la 1200 (qui porte le nom de sa capacité d’accueil, pratique…). Il n’y aura pas 1200 personnes ce soir, mais le remplissage de la salle est très correct, la salle étant à deux tiers remplie environ.
Ce n’est pas encore le cas lorsque le trio France monte sur scène. Le batteur pose sa rythmique, un beat assez classique, sur lequel très vite se cale une basse minimaliste. La base rythmique, sommaire, ainsi posée, c’est avec une sorte de vieille vielle à roue que le troisième larron vient apporter ce qui peut s’apparenter à un instrument lead. Produisant un flux ininterrompu de sonorités aux limites de la dissonance, répétitives, telles des jérémiades tour à tour mélancoliques ou énervées, il apporte l’élément différenciant du trio. Car France (en provenance de la mégalopole Roanne, haut patronnage du rock français) produit un drone plutôt efficace et classique, décliné à l’extrême : le beat de batterie de ne flêchit pas pendant 45 minutes (ou en tout cas pas de manière perceptible), la basse roborative reste sur un apport mélodique limité à 1 ou 2 notes différentes (pour schématiser), le tout soutenant, imperturbablement, les stridences de la vielle du troisième larron. France a le mérite de proposer un drone dénué de machines, une sorte de version “analogue” de ce genre musical, complètement joué à la main. Le résultat apporte juste assez de lancinance groovy pour amener à une gentille trance, et l’intérêt du public est globalement maintenu sur la durée, ce qui en soit est une belle performance. Pas inintéressant…

Mais le public est venu pour Sunn O))), aucune ambiguïté. Tee-shirts, discussions, tout nous ramène à l’événement du jour : le choc de retrouver le mythique duo, tellement rare sur scène, en France, et en particulier à Bordeaux. Après une dizaine de minutes de machines à fumées qui crachent leurs volutes en silence, le groupe investit la scène comme toujours, en robes de bure, les uns derrière les autres, chacun se plaçant, dans la pénombre et la fumée, à leur instrument. Anderson (“stage right guitarist”) prend vite son rôle de lead, et évolue jusqu’au centre de la vaste scène mise à disposition du duo-quintette (3 musiciens accompagnent nos deux compères sur cette tournée). Étonnamment mobile, le 6-cordiste attire de fait les regards du public, d’autant plus que ses collègues sont complètement statiques, et perdus dans des nappes dense de fumées, à l’image de SOMA (“stage left guitarist”) bien calé à son poste, coincé entre ses retours et son clavier d’effets. C’est pourtant ce dernier qui mène la bataille ; perdu dans ses volutes, il organise les différents mouvements, maintient la cohérence de l’ensemble, et plus généralement tient la barre du navire.

Musicalement, dire que l’on est surpris serait aussi mensonger que stupide ; Sunn O))) fait du Sunn O))). Et ce soir, il le fait bien. La principale surprise tient à la teneur de la déflagration : moins pire qu’à l’habitude ! On a connu des sets d’une heure durant lesquels on sentait plusieurs de nos organes vibrer à des fréquences clairement anormales, nos jambes faiblir sous le coup, le front plisser sous l’effort que nos petits tympans ne pouvaient pas assimiler seuls. Sur sa totalité, ce soir, le concert est moins physique. Musiciens calmés ? Limitations sonores plus fermes ? Un peu des deux sans doute, mais une bonne part d’intention quand même.
Difficile de parler de set list avec un concert de Sunn O))). On capte des mouvements ici ou là qui nous ramènent ponctuellement à leur forme initiale, sur disque : il me semblera au fil du set entendre un peu de Black One, un peu de Flight of the Behemoth, quelques volutes du nouveau Life Metal (en particulier avec le déjà classique “Novae” dont plusieurs bribes sont disséquées ce soir, emmenées par des nappes de Moog qui se rapprochent de l’orgue emphatique de la version du disque)… mais rien n’est moins sûr ! 🙂 Puis dès que la situation devient trop stable, la paire de six-cordistes s’entend pour organiser la lente progression vers une nouvelle séquence, à travers un ou deux riffs vaguement dissonants, qui ouvrent un nouvel univers. Le public (un aréopage constitué de trve métalleux, jeunes et moins jeunes, étudiants, hipsters, …) sourit, globalement hébété et hypnotisé, certains ondulent gentiment, les yeux fermés… Le potentiel hypnotique du set joue à plein.
Le dernier tiers du concert est probablement le plus intéressant, introduit par une séquence calme (son clair, larmes de trombone, crissements de cordes, reverb a gogo…) avec quelques montées en tension écrasantes qui nous rappellent les sets les plus puissants du groupe. Ainsi amené, avec méthode, l’effet est décuplé et plusieurs fois on reste ébahi par le raz de marée. C’est aussi sur cette séquence que la basse se fait le plus entendre, ainsi que des apports instrumentaux plus décisifs et variés : le Moog de Tos prend une place de lead à plusieurs occasions, et le cinquième musicien joue du trombone à coulisse pour des apports stridents du meilleur effet. Le final au bout d’une heure et demie de set est étouffant et époustouflant.
On a même droit à un rappel d’une petite demi-heure, séquence de pur drone déstructurée, où le Moog est mis en avant, toujours sous la houlette d’un SOMA qui balance ses plans heavy à un public trop heureux de prendre une dernière rasade pour la route.
Sunn O))) est en très grande forme, et, sans parler de transformation, son évolution semble aller dans un sens particulièrement intéressant.

Dire que nous étions tout chose à l’idée de retrouver notre quintet classic-rock chéri bibi est un euphémisme. Leur classe, leur savoir-faire, leur je-ne-sais-quoi dans la science du riff participent évidemment à l’aura que portent fièrement les américains sur leur couvre-chef. Nous voici donc un lundi soir à nous agglutiner au Transbordeur, et quand je dis « agglutiner » il ne s’agit pas d’une figure de style mais bel et bien d’une réalité, le concert du soir affichant un « sold-out » bien tassé pour ne pas dire « un peu trop vendu ».
Un lundi soir donc, ouvert par The Sheepdogs un combo encore plus canadien que la plus canadienne de tes copines. Un rock somme toute classique, voire très classique mais néanmoins efficace pour qui aime le propre, les influences country et l’interprétation au cordeau. Pas de quoi me transcender néanmoins d’autant que la salle est déjà bien chargée niveau affluence. Pas de soucis, un cornet de bière et une pinte de frites auront raison de mon impatience.
On se fraie un chemin la panse pleine et le gosier alerte histoire de s’octroyer une place avantageuse afin de suivre les élucubrations scéniques des fils rivaux.
Le chien de la dernière pochette apparait en fond, les battements de son cœur ne cessant d’accélérer jusqu’à l’arrivée du groupe sur scène. Et là, y a pas à discuter cent sept ans. Le son est bon, les zicos sont en place, on se dit que ça va être Toutatis en culotte de velours ce concert. Les gonzes placent intelligemment leurs titres les plus fédérateurs rapidement, le public est chaud, y a plus qu’à se laisser porter par la voix incroyable de Jay Buchanan et le son de gratte si particulier du groupe. Oui mais voilà, dès ces fameux « Electric Man » et « Pressure and Time » on comprend que les épices sont absentes, que le potage risque d’être fade sur la durée. Et cette impression se confirme, les nombreux morceaux mid-tempo du dernier album Feral Roots n’aidant pas à relever l’ensemble. Les musiciens semblent, de plus, dans une exécution binaire de leur show plutôt que dans l’interprétation. Les mêmes postures, les mêmes interactions reviennent régulièrement. On est franchement déçu de la place accordée scéniquement à la section rythmique et au clavier. Les mecs ne sont jamais mis en avant, l’essentiel de l’attention étant focalisée sur le binôme chant/guitare. Pourtant tudieu que ça tricote entre les trois du fond, et leur performance mériterait un placement plus en adéquation avec leur talent. L’unité de groupe en prend donc un sérieux coup. Et c’est toute une déception qui nous empare. On parcourt donc le set sans jamais être soulevé, ni emporté. Le groupe arrive même à faire trop dans l’emphase sur certains morceaux pourtant bien écrits.
Reste que le public a l’air conquis et c’est tant mieux pour le groupe. On aurait tout de même aimé plus de sincérité et de rock dans cette prestation, plus de transpiration que d’attitude. Allez savoir, nous sommes peut-être tombés sur le mauvais soir et peut-être aura-t’on l’occasion de se payer cette grande tranche de classe qu’on attendait au Hellfest ? Wait and see.


Monster Magnet te signe une date unique lors de sa tournée Mindfucker et ne trouve pas mieux qu’une salle perdue au fin fond du 77, voilà en substance ce qui pouvait s’entendre de-ci-de-là chez les aficionados du Desert Rock en région Parisienne. Malgré qu’il soit toujours difficile pour ce public de se déplacer outre le périph’ même pour une date comme celle-ci, il n’empêche que la salle était presque pleine. Une salle toute dévouée à nos monstres magnétiques car la première partie tenue par Puppy n’avait pas grand-chose à voir avec le style qui nous occupe et on ne peut pas dire qu’un podcast live de Troll In The Sky soit suffisant pour remplir une salle malgré leurs connaissances encyclopédiques, leurs barbes soyeuses et leur mauvais goût naturel (Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous déconseille de cliquer sur ce lien)
La salle s’échauffe doucement avant l’entrée de Monster Magnet, un Best of de Black Sabbath tournant en fond sonore permet à bon nombre d’entre nous de s’échauffer les cordes vocales. Un parfum d’encens flotte dans l’air et résonnent les premières notes de “Dope to Infinity” alors que les cinq acolytes prennent possession de la scène.
D’emblée la soirée promet d‘être une grosse claque. Une toile de cinéma tendue en fond avec un imprimé du Bull God tout en pots d’échappement crachant des flammes plante le décor. L’enchaînement sur “Rocket Freak” dès le second titre ne laisse pas la salle souffler, Dave Wyndorf se montre hyper communicatif et alpague le public en véritable Story Teller et encourage ses fans à monter en pression. La voix est calibrée sur une très très grosse reverb. Phyl Caivano qui a dû inspirer le look autant de Philippe Manœuvre que de Paul personne assure le set impeccablement derrière ses Rayban et finira par faire tousser les asthmatiques du premier rang remontant sur scène pour le rappel la clope au bec sur “CNN War Theme”. Pantella quant à lui se ferait presque oublier derrière ses fûts si ce n’était quelques frappes ravageuse qui emportent le pit dans plus d’une joyeuse bousculade
Le File 7 est une salle digne de ce nom et a vu passer bien d’autres noms clinquants du Metal et du Rock. Le Light show ne prônant pas le monochrome rouge ou bleu y est brillant de qualité et met en avant le jeu de scène des artistes. Les projections sur l’écran de cinéma restent discrètes, avec leurs scènes de vieux films que l’on a tôt fait d’oublier tant la puissance scénique de Monster Margnet est unique.
Le public quant à lui est enthousiaste sans être excessif, bien qu’au fil de l’eau les nuques se laissent aller et que le pit s’anime, comme sur “The Hammer Comes Down” et même sur l’hymne absolu qu’est “Spacelord”. Ce dernier titre est repris par bon nombre d’entre nous. A noter d’ailleurs les excuses de Wyndorf presque gêné de nous faire chanter des Mother Fucker en veux-tu en voilà!
La soirée passe à une vitesse folle et le rappel s’étire sur trois morceaux, “CNN War Theme”, “Dinosaur Vacuum” et un final sur “Powertrip” qui finit de vider l’énergie des premiers rangs…enfin vider, c’est un bien grand mot car on en aurait bien repris pour quelques demi-heures tant le set était jouissif. Un concert qui sentait le Sexe, la drogue et le Rock’n’Roll et ce n’était pas qu’un poncif du genre !

Set List:
Dope To Infinity
Rocket Freak
Crop Circle
Radiation Day
Melt
Look To Your Orb For The War
Ego Living Planet
When The Hammer Comes Down
Negasonic Teenage Warhead
Spacelord
Rappel :
CNN War Theme
Dinosaur
Vacuum
Powertrip
Après des mois éloigné de la scène et un album qui a tardé à sortir dans les bacs, John Garcia est de retour en tournée en Europe avec son Band Of Gold pour pas moins de 26 dates. On a choisi de le capter “à froid”, dès ses premiers concerts, à Paris et à Bordeaux, pour le lancement de sa tournée européenne. Les salles choisies sont d’assez grosse capacité : le Trabendo à Paris et le Krakatoa à Bordeaux, deux belles salles de concert, qui ne seront malheureusement pas complètement remplies sur ces deux dates.
C’est les Canadiens de Dead Quiet qui ouvrent les hostilités sur toute la tournée européenne. « Pourquoi ? » est la question qui revient le plus dans les rangs du public. Pas de proximité musicale, géographique, de label, ou autre avec le père Garcia… Étrange. Pour autant, le combo de Vancouver n’est pas inintéressant et apporte une introduction sympathique à cette soirée. Le groupe évolue dans un genre musical très hybride, piochant dans des genres plus ou moins proches pour composer au final une mixture assez sympa : on est d’abord surpris par les nappes d’orgue très Jon Lord-esques qui accompagnent les premiers morceaux, enchaînées à quelques cavalcades guitaristiques dignes d’un heavy metal des plus old school. On est ensuite désarçonnés quand commencent à se greffer les lignes vocales écorchées du charismatique et jovial frontman du groupe. Puis tous les repères finissent par s’envoler quand se font jour les premiers gros assauts de guitare, où quelques riffs bien francs du colliers et autres attaques de leads bien nerveuses viennent mettre tout le monde d’accord. Un sacré bordel ! Mais le tout est bien maîtrisé et exécuté, et la bonne humeur générale et la bonne communication du chanteur-guitariste participent à faire de ces 45 minutes un bon moment.
 Dead Quiet
Accompagné par ses trois acolytes recrutés en plein désert, le père Garcia avait à cœur de présenter son nouvel album au public. Avant de monter sur scène, il laisse la place à ses trois musiciens pour envoyer les premières notes de “Space Vato”, l’instrumental qui fait également office d’intro de son dernier album, John Garcia And The Band Of Gold. Le groupe enchaîne ensuite avec deux autres extraits du disque, dont le single “Jim’s Whiskers”, qui fait bien le job.
Même s’il fait plusieurs fois allusion à un décalage horaire difficile, Garcia est de bonne humeur et communique pas mal avec le public. Du côté des musiciens, les mecs font le job pour accompagner Mister Garcia de la meilleure des manières. Les riffs de basse made in Kyuss sont assurés à la perfection, la batterie casse la baraque et la guitare, malgré un son un peu brouillon, assure comme il se doit. Concernant leur prestation scénique en revanche, on était déjà habitué avec cette formation à une certaine austérité, et on n’est pas trop surpris, en particulier par Ehren Groban qui ne lève pas ses yeux une seule fois de son manche pendant tout le set. Mais le public – qui aurait pu être un peu plus nombreux sur chacune des deux dates – est déjà bien chaud, et ce n’est que le début.

Le public est en extase lorsque le riff de “Gardenia” retentit comme le démarrage d’un bulldozer. Plusieurs standards de Kyuss sont joués (“Conan Troutman”, “One Inch Man”…) et on commence à se demander si le Band Of Gold a l’intention de nous jouer d’autres de ses titres… C’est chose faite avec le fameux “Chicken Delight” (“Mon morceau préféré”, s’exclame le chanteur) puis “My Everything” (a priori jouée live pour la première fois à ses dires) où John Garcia nous prouve une nouvelle fois qu’il n’a rien perdu de sa superbe, tant au niveau de ses prouesses vocales que de sa prestance scénique.
“Lilliana”, qui suit, passe moins bien l’épreuve du live, avec quelques passages et arrangements un peu flottants, mais “Don’t Even Think About it” juste après ne tarde pas à relever le niveau (l’applaudimètre ne trompe pas). Les zicos profitent d’un nouveau moment à eux avec le très court “Molten Universe” avant que le maestro ne vienne remettre quelques pièces dans la machine avec encore une alternance de titres de son dernier album et de Kyuss.
Un rappel de quelques minutes et le quatuor remonte sur les planches pour finir par une doublette Kyuss de bon aloi, qui met le public en ébullition. Pour conclure, Garcia ose proposer un de ses nouveaux titres, même si c’est le plus Kyuss-ien, à savoir “Cheyletiella”. Carton plein, le public adhère et le groupe quitte la scène sous les applaudissements. Au final, la set list de ces deux dates (et sans doute de la tournée à venir) aura mixé audace et valeurs sûres, avec de gros pans de la carrière du chanteur passés sous silence (et notamment son premier disque solo, dont aucun titre n’a été joué !). Toujours serein, le prince du désert avait à cœur de bien démarrer cette série de 25 dates à travers le vieux continent. Et l’exercice est brillamment réussi, même si le spectre de Kyuss plane encore beaucoup au-dessus de sa tête.

TO)))M & Laurent
(Photos : Laurent / Bordeaux)

C’était une date attendue que celle de ce dimanche soir, Uncle Acid revenait de la perfide Albion pour se rappeler au bon souvenir du peuple Parisien ce qui n’était pas arrivé depuis deux ans! Rendez- vous fut donc pris à la Maroquinerie, salle emblématique du XXe arrondissement, toute en sous sol et en queue au bar. Une belle étuve qu’il est toujours bon de venir retrouver.
 L.A Witch
Les hostilités débutent vers 19H devant un public éparse. Le trio de L.A Witch ouvre une demie heure plus tôt que ce qui avait été prévu de longue date et beaucoup n’avaient pas mis à jour leur agendas. De fait il est aisé de se déplacer dans la fosse et de venir découvrir de près les trois sorcières de Los Angeles (Comme leur nom l’indique, ca ne s’invente pas!). Le set que vient délivrer le groupe est assez semblable à la version studio et c’est une prestation maîtrisée au millimètre qui se joue ce soir. Le public est attentif et l’accueil plutôt chaleureux. Pour autant il faut bien reconnaître qu’en ouverture d’un groupe tel qu’Uncle Acid & The Deadbeats que leur garage Rock un rien West Coast semble un peu terne. Il faut cependant rendre hommage aux riffs de basse de Irita Pai qui viennent dimensionner les morceaux. On s’arrête bien souvent sur l’agréable surprise qu’est la tessiture de voix de Sade Sanchez qui offre nombre de modulations intéressantes. Du côté de la mise en scène, les Dames ne bénéficient que d’un light show famélique sur fond projeté statique et psychédélique. Pour autant l’effet n’est pas des plus vilains et on remerciera les balances d’une qualité certaine et assez propre à La Maroquinerie.En bref, les riffs tournent parfois en boucle sur un fond rythmique assez entendu mais dont l’efficacité envahi la salle et bien que l’on ne soit pas dans le summum de l’originalité la trentaine de minutes du set suffit à conquérir une bonne partie du maigre public présent.
 Uncle Acid & The Deadbeats
Après une courte pause, le temps des balances arrive pour Uncle Acid et ses Deadbeats. Entrée plus qu’épaulée par un staff mettant en place un cahier avec les paroles ou éclairant les marches qui descendent sur la scène pour éviter une chute malencontreuse. Déjà le public montre son enthousiasme hurlant pour certains le nom de Kevin Starrs qui entonne d’emblée un “I See Through You” plaintif et rassembleur. Malgré cette ferveur autour de l’emblématique leader de la formation, la mise en scène ne promet pas de le placer au centre de la scène autrement que de part son positionnement. En effet, les spots mettent le groupe majoritairement en contre jour et en particulier Kevin. Une fois de plus la balance est parfaite pour ce qui est de la fosse, peut-être un peu plus discutable du fond de la salle, mais à cause de la configuration de cette dernière avec son amphithéâtre et sa coursive arrière moins bien positionnée par rapport aux enceintes. En interview Kevin Starrs nous avait parlé de l’écran derrière le groupe (voir notre interview de ce mois-ci) et en effet la projection qui s’y déroule ajoute un très bel effet scénique. Images psychédéliques, bains de sang proches des effets d’une lampes à lave. Un très bel écrin pour livrer la musique des Deadbeats.
Du côté de la musique justement, le mix entre les titres des albums est agréablement distribué. Bien que la tournée soit la promotion de Wasteland, celui-ci n’est pas surreprésenté dans la setlist qui se répartie équitablement entre tous les albums . Pour ce qui est de l’interprétation des anciens titres, les nouveaux musiciens assurent comme s’il avaient toujours été aux côtés de Uncle Acid. Le bassiste en particulier assure un jeu scénique intense et rassasie le public d’harmonies intégrées dans l’ensemble des compositions. Si le second guitariste reste plus en retrait, semblant rechercher une concentration maximum, son jeu où les ruptures de temps son nombreuses montre qu’il à toute sa place dans le groupe. Enfin le batteur fait l’objet de toutes les attentions lorsque les trois guitaristes se tournent vers lui dans une communion musicale impeccable. La prestation live est parfaite, intégrant dans les morceaux des perles de jeu improvisés du coté de la guitare de Kevin Starrs.
Le public entre doucement dans le son et c’est le break à la moitié de “Shockwave City” qui fait basculer les fans dans la liesse. Enfin la fosse s’anime, poussant jusqu’au pogo et les titre suivants avec entre autre “Crystal Spiders” “Pusher Man” ou Blood Runner”ne font qu’augmenter la joie de la foule qui désormais à complètement rempli la salle. Il faut dire que les guitares sont ultra raccord, le jeu subtilement technique garde une puissance mélodique certaine et les riffs majeurs de Uncle Acid ainsi que les breaks incendiaires prennent toute leur valeur en live. La Maroquinerie est devenue une véritable étuve alors que sonne le rappel, mais quel rappel! Trois titres “Melody Lane”, “Evil Love” et une clôture sur “No Return” après 1h30 d’un set dont tout le monde ressort en nage et le sourire jusqu’aux oreilles.
2h de concert au total cela semble court sur le papier et nombreux auront été ceux à se plaindre à l’ouverture des portes (Dont moi même) qu’un troisième groupe n’ait pas été à l’affiche. Pourtant alors que nous quittons la salle, les échanges sont animés, tout le monde s’est mis d’accord pour dire combien il attendait ce concert et combien il n’était pas déçu d’avoir pu y assister. Voilà donc une soirée qu’il aurait été dommage de manquer, il n’y a plus qu’à attendre la saison des festivals pour revoir ce groupe magistral qu’est Uncle Acid & The Deadbeats.
On y est ! Les bacchanales organisées par les Make It Sabbathy pour leur 50ème se clôturent ce soir avec ce concert avec cette 3ème (ou 4ème selon comment on compte) soirée. On craignait une affluence famélique (les bordelais ont été bien servis en concerts ces dernières semaines) et la surprise est plutôt bonne de voir que les gens de bon goût ont fait le déplacement.
Comme souvent avec les concerts Make It Sabbathy (et c’est fort louable), c’est à un groupe local que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités. Hell in Town existe depuis quelques années et revient en réalité aux affaires après un long break, avec un nouveau line-up. Il semble tenir le bon bout de ce côté là, car les zicos tiennent bien la route. L’ensemble est d’ailleurs très solide et l’on se laisse vite embarquer par ce gros sludge sudiste (de subtils relents down-esques se font sentir ici ou là), lourd mais jamais trop bourrin. L’ensemble est chaleureux et bien interprété, et les vocaux de Matt, doté d’un bon timbre de gueulard, siéent à ravir au groupe. Seule étrangeté, ces soli super techniques un peu systématiques qui déboulent sur presque chaque titre, parfaitement interprétés (très bon guitariste lead), mais un peu abscons dans le contexte musical choisi par le groupe… Mais c’est un détail, et le set défile et se termine sur un très bon feeling.

Un changement de plateau rapide et c’est aux Necromancers de se frotter à un public qui devient de plus en plus nombreux. Avec un nouvel album sous le bras, et une intro sur “Join the Dead Ones”, on a vite cru que l’on aurait droit à un best of de ce dernier. Mais dès “Salem Girl part I” qui suit, on est agréablement surpris : le groupe ne néglige pas son premier album, et le concert sera en réalité composé d’une alternance d’extraits de leurs deux productions. Déjà que le quatuor traîne une réputation de solide groupe live, autant vous dire qu’ainsi armés d’une set list “best of”, ils mettent toutes les chances de leur côté. Reste à valider l’interprétation et l’énergie scénique, et là encore, on n’est pas déçus : la troupe est en forme, et se stranscende sur scène, comme à chaque fois qu’on les a vus, avec derrière un Tom toujours impeccable au chant (ce chant rocailleux reste un bel atout pour le groupe) un groupe qui se donne à fond. Dès lors les temps forts sont légion, et les trois quarts d’heure de set défilent et donnent la banane : un “Salem Girl” costaud, un “Erzebeth” épique et qui n’ennuie jamais sur la longueur, un “Secular Lord” catchy, le rapide “Grand Orbiter”… Le public monte en pression au fil des morceaux et quand le set se termine sur le très bon “Black Marble House”, on peut sans peine affirmer qu’ils en auraient bien repris un peu…

Place maintenant aux très attendus doomeux de Belzebong. Le quatuor vient de sortir en douce un troisième album (complètement autoproduit, le groupe a toujours tracé sa route un peu en bordure des sentiers battus) que l’on va pour une fois découvrir en live avant le disque. Un album dans lequel ils ont toute confiance en tous les cas, puisqu’ils en joueront les trois quarts (3 des 4 titres, dit autrement) ce soir. Il sera difficile de dire si ce dernier se distingue en live après cette soirée où les titres s’enchaînent dans la même masse musicale informe où les riffs lancinants succèdent à des riffs encore plus lancinants. Dès les premiers accords du lourd classique “Bong Thrower”, nos trois lascars en front de scène jouent bas et dur, headbangant en mode synchro alignés sur le devant de la scène. Et cela se répètera ainsi sur une grasse heure environ, avec quelques soli haineux pour lever un peu le nez du guidon, au grand contentement des amateurs éclairés. Il faut dire que Belzebong, aussi rare sur scène que sur disque, est devenu l’un des meilleurs groupes du genre, bien appuyé sur un genre codé qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts, avec cette distance et ce second degré qui les rend attachants et fun (une large moitié de leur set list parle de plaisirs enfumés). On est contents de se taper “Acid Funeral”, “Goat Smokin’ Blues” et autres tartines doom fumantes, entre autres, et on voit passer entre la scène et le public quelques grosses cigarettes fumantes un peu bizarres, qui semblent satisfaire notre quatuor… Que demande le peuple ? Dans les volutes et le headbang, le set défile sans accro et, encore une fois, c’est avec un mélange de satisfaction et un peu de frustration (encoooore) qu’on voit les polonais quitter la scène.

Encore une bonne soirée passée grâce aux Make It Sabbathy, on espère à l’issue de cet anniversaire pouvoir venir pour encore 50 nouvelles dates : un second anniversaire de cette tenue ne serait pas de refus ! En attendant, bravo pour ce plateau, qui aura intelligemment proposé sur plusieurs dates en Europe et en France deux groupes solides et différents, qui savent fédérer un public de connaisseurs.

Un weekend de pont, des copains motivés, une envie de Fuzz dans les veines, il n’en fallait pas plus à l’association Frénésique adjointe de Met’assos pour programmer une seconde édition du Dürnt Fest cette année. Le format est un peu particulier,admettons le, deux soirées avec quatre groupes à chaque fois, sur deux lieux distants de 25 kilomètres, on est plus proche de ce qui ressemble à un regroupement de concerts que d’un festival. Cependant, l’affiche avait de quoi faire envie et c’est avec plaisir que j’ai pris la route pour cette contrée idyllique aux portes de Paris, les Yvelines.
Jour 1
 DÜRNT FEST 2018 – Salle de la Tour – Voisin Le Bretonneux
La salle de la Tour à Voisin le Bretonneux est un centre culturel qui tire son nom de son architecture (Incroyable hein!), j’arrive donc sur une place où siège une tourelle nantie de douves et où l’aménagement de l’espace propose salle d’enregistrement, salle de concert, lieu d’expo etc… une fois dans la place le premier constat est de retrouver des habitués des salles les plus lointaines avec des Lillois, Corréziens et autres Angevins, visiblement l’affiche n’a pas attiré que votre serviteur.
 ELECTRIC RETRO SPECTRUM
Electric Retro Spectrum, trio de Montreuil qui se dépeint comme un groupe aux objectifs mal définis ouvre le bal avec brillo. Le garage rock du Power Trio est servi par une voix féminine hyper bluesy à la limite de l’enharmonie. Une atmosphère lascive et basse qui vire au grunge sans s’encombrer de trop de cohérence. Ils marquent l’ouverture des deux jours avec une énergie scénique toute juvénile et un jeu de scène mobile sous un light show déconcertant tant il est fourni pour ce type de salle. Electric Retro Spectrum c’est une guitare, une basse et une batterie qui auraient eu toute leur place dans une scène de “Une nuit en enfer” au hasard, l’entrée dans le bar. Je l’ai dit, certains passages manquent de cohérence et la construction est abrupte, mais cela fait toute l’énergie du groupe qui vit sa musique avec passion et la partage sans compromis. Au registre des bonnes surprises, la complémentarité du chant de la bassiste et du guitariste qui ferait presque regretter de n’avoir pas un chœur à écouter. Le son frôle parfois la Surf Music et le batteur mets toute son énergie au feeling jazz sur certains intermèdes ce qui ne déplait en rien au public. La soupe est servie pour Décasia qui remplace Domadora qui a dut annuler sa venue
 DECASIA
D’entrée de jeu le trio Heavy Psych Parisianno-Nantais démontre toute sa maîtrise du set, déroulant sans accroc des titres avec une exécution proche du studio. Bien évidemment quand on ouvre pour des groupes comme Stoned Jesus, et quand on arrive à se faire programmer plus d’une vingtaine de fois dans l’année, il aura fallu faire ses preuves et garder le rythme. Malgré un groupe plutôt jeune et n’ayant qu’un LP à son actif, le public ne sera pas déçu ce soir. Sans doute la voix semble en retrait dans ce patchwork de riffs psych à la sauce Jam. Mais cette capacité qu’a Decasia à passer d’un standard teutonique façon My Sleeping Karma à un rock pêchu voir corrosif fait montre d’une cohésion forte servie par des balances sans faille. Les lignes de basse soutiennent l’ensemble avec régularité plus que par virtuosité et ce n’est pas là une critique car faire le job passe pour moi avant la démonstration d’agitation du manche. C’est avec plaisir que nous recevons un titre de rappel en Jam, morceau qui a le plus de tripes grâce à sa spontanéité. Mais voilà, le set se termine déjà, près d’une heure se sera écoulée sans que NOUS ne nous en rendions compte.
Après un arrêt aux abreuvoirs qui servent quelques curiosités houblonnées locales et quelques échanges avec les connaissances de l’autre bout de la France il est temps de retourner dans l’obscurité de la salle pour recevoir les polonais de Spaceslug.
 SPACESLUG
Je ne vous cacherai pas que j’attendais avec impatience de voir le show des Spaceslug qui ont sorti cet été un excellent Eye The Tide que j’ai eu le plaisir de chroniquer. Caractérisé par des passages atmosphériques prenants et une puissance indéniable Spaceslug fait monter la pression dans la salle. La Scène polonaise ces dernier temps délivre toute sa puissance et nous aurons l’occasion de revenir là dessus au cours du weekend. L’application et la maîtrise du groupe agissent comme un rouleau compresseur sonore qui s’appuie sur ses précédents albums plus que sur le dernier en date dont on ne pourra entendre que “Words Like Stones” et “Obsolith”. La voix Sludge de Bartosz offre un esprit de rage qui sert un jeu hyper puissant. Les pistes réalisées en studio sont quasi réinterprétées ici. Le tempo s’accélère et la structure dérive. Indéniablement l’esprit post du dernier album est abandonné sauf en de rares occasions ce qui est surtout dut au chant une fois de plus. Jeu Ultra inspiré, passages surprenants, clairement Spaceslug livre LE set de la soirée tout en puissance et en interludes subtiles. Dommage que ce premier jour ne se clôture pas sur ces limaces de l’espace.
 EYES FRONT NORTH
Le groupe parisien officie dans un genre Atmo Post teinté de Black Métal. Leur album sorti en 2016 From shape to name avait été plutôt bien accueilli par la critique et on aura pu les écouter de-ci de-là au fil de leurs tournées. Ce soir Eyes Front North aura la charge de clôturer la soirée. Quitte à paraître ingrat, j’avoue mon herméticité à ce qui est livré sur scène. Il y a chez ces gars là une belle énergie, une volonté d’en foutre plein les oreilles et il serait injuste de le reprocher. Mais j’ai peu goûté les transitions et une batterie qui m’a paru fade, en clair une entrée en matière pas très convaincante. J’ai le sentiment qu’un esprit Death surgit parfois, tel un monstre marin dont on ne voit que l’échine et si les influences se multiplient, sans doute par goût pour le Post-Metal. Les atmosphères se succèdent et se mélangent cependant force est de constater que le public y trouve largement son compte, la recette aura donc convaincu la “foule” présente et c’est bien là l’essentiel.
Jour 2
 DÜRNT FEST 2018 – L’Usine à Chapeaux – Rambouillet
Changement de décor, nous arrivons ce soir à Rambouillet, ville bourgeoise de confins du 78, sera-t-elle prête à recevoir la vague qui s’apprête à déferler? vous le saurez…tout de suite… L’événement est prévu à l’Usine à Chapeau, une salle de concert bien connue des habitant du cru pour sa programmation éclectique et parfois pas piquée des vers. Nous pénétrons dans l’enceinte et découvrons une salle bien agencée, disposant d’un balcon qui pourra servir tant à faire les emplettes au merch qu’à ponctuellement aller admirer les sets. C’est parfait.
 HUMAN TOYS
C’est Human Toys qui à la lourde charge d’ouvrir la soirée. Je ne resterai qu’évasif sur le sujet, puisque ce duo aux accents de punk mâtiné de Surf Music, si ce n’est parfois de Rockab’ ne correspond pas trop à notre ligne éditoriale. Cependant si vous aimez les boîtes à rythmes, le theremin, les corsets et les colliers pour chiens, ce groupe à la forte énergie visuelle bricole quelque chose qui ne devrait pas vous déplaire. Pour les autres, ne vous en faites pas, la suite ne devrait pas vous déplaire et le public même si venu peu nombreux s’est étoffé par rapport à la soirée passée.
 DEADLY VIPERS
Deadly Vipers semble très attendu du public, les perpignagais vont d’ailleurs en combler une grande partie. Nous avions goûté leur album l’an passé et la patate Desert Rock de nos fuzzonautes remet la soirée dans les clous d’une musique plutôt très dans nos cordes. Le jeu de scène est assumé, parfois un rien poseur du côté du chanteur Fred, mais c’est toujours bien intentionné. La qualité du set tient à quelques trouvailles de qualité et le public ne s’y trompe pas. Puis à bien y regarder on sent clairement que Kyuss est passé par là. Ce bandana…on dirait Brant Bjork en culottes courtes! mais putain, non il n’y a pas que ça, il y a aussi les riffs et l’esprit. Alors d’un coup je me dis, devrais-je hurler au plagiat? devrais-je m’insurger lorsque les notes de “Gardenia” semblent résonner? Que néni! surtout pas, ça prend le corps comme il faut et emporte l’esprit vers nos terres de désert, tout comme on aime. La salle commence à transpirer et le jeu de scène fait mouche. Il suffit de voir les sourires sur nos trognes assoiffées en sortie de set.
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 RED SCALP
Second groupe fort attendu ce soir, Red Scalp va galvaniser le public. Ce groupe de Polonais (Tiens donc!) est là pour offrir sa touche Bluesy et son jeu de grattes ravageur. Si ce combo de guitares, basse, clavier, toms et sax emprunte des chemins aventureux sur le papier, il réalisent un Stoner savoureux et riche qui sort de l’ordinaire. La force vocale des chanteurs qui prennent le micro en alternance ou en chœur font ressortir une richesse rare en la matière. Quant au Saxophone alto qui vient s’intégrer, on pourrait craindre le pire, mais il n’en est rien, il ajoute une touche pop presque surannée mais sans fausse note. On y retrouve des classiques du genre Stoner avec cette dose de personnalisation qui fait le sel de Red Scalp. La salle alors ne se contente plus d’agiter la tête mais danse carrément pour plus de la moitié de ses participants. Cette danse devient réellement transe puis Pogo lorsque les toms joués aux mailloches entrent en scène et libèrent l’esprit tribal qui fait la renommée du groupe. Red Scalp ne porte pas son nom pour rien et on serait bien resté encore un peu avec eux!
 STONEBIRDS
Voilà l’achèvement de ces deux soirées bien remplies qui monte sur scène, Stonebirds s’apprête à livrer son talent aux auditeurs. Le jeu immédiatement montre à quel point le set est maîtrisé, une prestation quasi identique à celle du studio qui rend l’acte de scène encore plus jouissif. Le jeu de basse en tapping ultra technique (Basse six cordes fretless, voyez vous ça!), la puissance des chants prennent aux tripes, la guitare fait naviguer d’un sens à l’autre et la batterie assène les coups tantôt avec puissance, tantôt avec un doigté extraordinaire. Le charisme des trois bretons fait qu’avec un minimum d’effort le public rentre majoritairement dans le set…jusqu’à ce qu’une coupure de courant pirate la montée de “Scarifice” et il faudra bien 5 minutes pour remettre tout en ordre de marche. Mais après ce temps infini, la musique reprend, hors les cases, surprenante comme certains de ces groupes actuels ( je pense en particulier à un Lumberjack Feedback ou un NNRA) auquels il est bien insuffisant d’accoler le terme Doom. Le trio nous gratifie d’un set basé sur sont album Time avec “Only Time” Ou “Shutter’ et même un morceau inédit. Chez Stonebirds, le cri et le growl se mêlent comme le vent qui rugit sur la lande et le Mont Saint Michel de Brasparts à l’automne. La force émotionnelle des compositions est de terre, de sel et d’eau, se livrant à la mélancolie comme le regard qui se porte au loin sur l’amertume d’un Brennilis au milieu de cette terre de début du monde que l’homme moderne n’aurait pas dû toucher et où pourtant il peut se sentir en paix avec lui même. Stonebirds, c’est tout ça, la rage de vivre, la mélancolie et pour final, l’amour comme Fañch l’annonce sur “Animals” avant que le set ne se clôture bien trop vite à mon goût.
Il est l’heure pour l’association Frénésique de clôturer le bal. Un discours de remerciement qui nous va droit au cœur et l’on ressort avec de beaux souvenirs, preuve que ce festival était une réussite. Il n’aura manqué qu’un public bien trop absent, à croire que le weekend de pont ainsi que la sédentarité des curieux parisiens aura eu raison d’une jauge possible pourtant fort raisonnable. Alors j’espère que ces lignes vous auront convaincues que vous avez manqué quelque chose et qu’une prochaine année saura vous accueillir plus nombreux.
Double chronique pour rendre honneur à Naxatras qui a honoré la francophonie de rien moins que 4 dates dans sa dernière tournée et a fait le bonheur de quelques festivaliers en plus ces dernières semaines…
BORDEAUX – 31/10/2018 (Void)
L’ambiance est aux festivités ce soir : non seulement les Make It Sabbathy sont toujours en pleines festivités (pour rappel, ils fêtent leur 50ème avec rien moins que… 4 soirées concerts, dont celle de ce soir est la troisième) mais en plus c’est Halloween ! Quoi que l’on pense de cette fête à large vocation mercantile, c’est toujours sympa de croiser des gens déguisés partout en ville et… dans la salle !! Un bel esprit, que l’on retrouvera toute la soirée.
Une soirée qui commence d’ailleurs fort bien avec les locaux de Tunks. Le trio pratique un stoner 100% instrumental, et ses chansons n’ont pas de titre mais… des numéros ! Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, on va pas vous la faire, l’ombre de Karma To Burn plane sur la petite scène du Void pendant les 45 min du concert… Mais ça fonctionne bien, et le public kiffe. Un public déjà bien nombreux d’ailleurs, ce qui fait plaisir à voir. Plutôt taiseux, les zicos regardent par ailleurs plus leur instrument que le public, ce qui rend la scénographie peu emballante… mais en même temps on n’est pas venus voir les petits rats de l’opéra, et côté riffs, on est plutôt servis. C’est d’ailleurs quand il y en a moins que la tension baisse un peu, témoin ce mid tempo poussif et laborieux, trop long, qui ne déchaîne pas les foules. C’est vraiment quand il rentre dans le lard que le trio remporte les suffrages, à travers ses titres courts et nerveux. Un peu plus “d’aisance” scénique, un peu plus de puissance et de gras dans le son de guitare, et un peu plus d’homogénéité dans les compos, et ce serait parfait !
 Tunks
C’est au tour de Sbonk de monter sur scène, un autre trio 100% instrumental (vous le sentez pointer du nez, le concept de la soirée ?…). Sauf que là, on est plutôt dans l’erreur de casting. On aurait dû le voir venir : il y a forcément quelque chose de louche à attendre de musiciens qui jouent avec leurs instruments au niveau du nombril. Bingo ! Le groupe évolue dans une sorte de rock expérimental où se mêlent des effluves jazz et funk, mais jamais le moindre soupçon de gras ne se répand de ces amplis malheureusement… On pense à Zappa, à Ron Thal dans son début de carrière, à Freak Kitchen parfois… On ne pourra pas dire que le groupe est mauvais, loin s’en faut, musicalement c’est solide. Mais pour le stoner head exigeant, ce n’était pas très enthousiasmant. Notons que le public apprécie toutefois (ils ont pas mal de potes dans l’assemblée par ailleurs).
 Sbonk
Changement complet de matos sur la scène (oui, même la batterie) en à peine 20 minutes, et c’est donc au dernier trio instrumental de la soirée de monter sur scène. Et pas des moindres : Naxatras est très attendu, et le Void est désormais blindé, un phénomène aussi rare qu’appréciable, surtout pour récompenser la qualité de ce jeune groupe méritant. L’entame n’est pas des plus dynamiques en revanche, le public ne bouge pas trop, ambiance “culminant” (!) avec le sympa mais un peu plombant blues de “Downer”. Mais c’est avec un “On the Sliver Line” au groove désarmant que les choses commencent à prendre leur envol, pour ne plus jamais se reposer ensuite ! John Delias à la guitare a peut-être la prestance scénique d’un renard empaillé (bien aidé par un light show toujours aussi remarquable au Void, qui lui permet de se cacher à l’ombre du faible filet de lumière rouge qui éclaire vaguement le bout de ses baskets), il produit un jeu de gratte emballant et fait plus que le job. Il est bien aidé par un duo rythmique remarquable, dont se distingue le jeune John Vagenas, bassiste souriant et efficace, dressant un tapis de basse dense et mélodique. Notons que ses vocaux sont tout aussi pertinents. Le set déroule ainsi, devant un public conquis, souriant et dense, dans une ambiance torride. Le heavy psyche du trio cartonne ce soir, ça fait chaud au cœur ! Les titres défilent pendant une heure, où des riffs costauds se voient nappés de heavy rock psyche ou de space rock avec toujours une belle efficacité. Au bout d’une heure le groupe salue et quitte la scène dans une ambiance de fou ! Évidemment le public en sueur et extatique crie à gorges déployées le patronyme du trio grec pour un rappel qui apparaît logique et… rien ! Ils ne reviendront pas ! Une heure et puis s’en va. Leur set fut généreux dans sa densité mais trop court pour le public présent, chauffé à blanc… Mais on retiendra l’intensité de ce concert plus que le reste.
 Naxatras
Laurent
PARIS – 01/11/2018 (Glazart)
À peine démaquillé de l’Halloween de la veille que l’on succombe déjà en ce jeudi premier novembre à l’appel du riff. Pour cette 31e programmation dans la capitale, Below The Sun nous propose ce coup-ci rien moins que Mr. Bison, Spaceslug et Naxatras. Et si ce cocktail se veut un tantinet plus planant que dévastateur, il ne laissera pas pour autant la fosse du Glazart indemne.
 Mr. Bison
Une fois n’est pas coutume, le Glazart abandonne sa ponctualité chirurgicale et ouvre l’accès à sa scène vingt minutes après le supposé début des hostilités. Les gars de Mr. Bison se présentent sous les projecteurs dans le même temps et s’équipent pour déchaîner leur heavy rock aux ascendances psyché blues dans une salle encore bien trop fraîche. Quelques pépins techniques au niveau d’une des grattes retarderont encore un peu le départ, mais bientôt on prend enfin notre vague de riffs. Pas besoin de basse ici, deux guitares et un octaver garantiront le lourd groove plein de fuzz des Italiens et feront hocher les têtes et s’agiter les hanches. La symbiose se voit renforcée par un batteur d’une rare énergie pour qui distribuer des breaks à tarbasse semble constituer une seconde nature. En dépit des quelques larsens qui retarderont le départ d’un titre et l’exécution d’un solo, la team des Matteo nous sert une prestation impeccable et pleine de bonne humeur. La foule s’avère encore éparse en ce début de soirée, mais elle manifeste sans difficulté tout le bien que lui inspire le groupe. Petit bémol concernant les voix cependant. Il est tout bonnement impossible de les entendre au-devant de la scène. Encore une fois, il faudra reculer de quelques rangs pour pouvoir en apprécier la tonalité. Et sachant que les trois membres de Mr. Bison disposent d’un micro, on aurait tort de s’en priver.
 Spaceslug
Des musiciens qui chantent, Spaceslug en dispose également. Les membres originaires de Wroclaw en Pologne disposent chacun d’un micro, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’en seront servis. Après une longue préparation, ils nous emportent dans leur musique cosmique grâce à la belle « Proton Lander » issue de leur première production de 2016 : Lemanis. Entre psyché planant et gros stoner bien burné, on navigue. On se sent glisser dans les différents univers invoqués par le groupe. Puis, durant le refrain de « Living The Eternal Now », le guitariste Bartosz Janik demande à ce qu’on diminue le volume de son micro. Les réglages ne le satisfont à priori pas et il n’attend pas la fin du morceau pour manifester son désir de perfection. Il répétera sa requête entre chaque chanson ; ajoutant au passage quelques « check, one, two, check » qui auront pour effet d’agacer les plus impatients de la foule. Plus tard, c’est le batteur qui s’y met : « I beg you, more vocals in my monitor, please ». Hélas, il semblerait que la régie soit elle aussi partie en weekend prolongé, car rien n’y fait. Ces problèmes de son expliqueront aussi sans doute pourquoi la voix du bassiste sonne si faux tout le long du concert. Le malheureux ne doit sans doute pas s’entendre, du moins espérons-le. Malgré ces péripéties, le set s’avère loin d’être catastrophique et côté fosse ça bouge bien. On verra même quelques pogos naître vers la fin et finir de chauffer cette salle à présent brûlante.
 Naxatras
Et ils sont nombreux les fidèles à venir acclamer les maîtres de cérémonie. Aussi humbles qu’à leur habitude, les membres de Naxatras montent sur scène et saluent ce public aux oreilles avides. Puis les portes du multivers psychédélique s’ouvrent et le voyage commence. Une itinérance portée tant par la mélodie vaporeuse d’une guitare spectrale faisant office de prophétesse que par la rythmique onirique dépeignant la toile de fond. D’un côté Kostas percute, toujours avec finesse, délicatesse et précision ; de l’autre John Vagenas vient broder son canevas hypnotique avec méthode. Les titres s’enchaînent comme un chapelet de perles appartenant à un ensemble bien plus grand, plus noble. « Sun is Burning », « On the Silver Line » puis « Waves » qui déclenchera une certaine ferveur dans la fosse… Très vite on s’aperçoit que l’exécution des morceaux relève de la perfection et rend un hommage saisissant aux versions studio. Et puis tant qu’à faire, autant servir ça avec un franc sourire rayonnant de sympathie. « I Am the Beyonder » vient finalement achever de convaincre les fidèles que le rock psyché ne connait ni frontières ni temporalité. Il est éternel, plein de puissance, de bienveillance et surtout magnifique.
L’atmosphère colorée finit par se déliter et la bulle éclate sans un bruit. On revient alors à la réalité avec un sentiment de mélancolie. Mais aussi de gratitude. Encore une fois, le bal orchestré par Below The Sun nous a permis d’effectuer de jolies danses.
Alex
Voilà une info qui fait plaisir : ce soir, les Make It Sabbathy jouent à (presque) guichet fermé ! Rarement avait-on vu le Void aussi rempli effectivement, et la notoriété de Stoned Jesus n’y est manifestement pas étrangère.
Mais pour l’heure c’est à leurs partenaires de tournée (et concitoyens ukrainiens) d’ouvrir les débats (c’est Elephant Tree accompagnait Stoned Jesus sur le premier segment de leur tournée quelques semaines plus tôt). Somali Yacht Club monte donc sur scène pile à l’heure prévue et se lance dans une intro… molle. Pas vraiment emballés par le début de ce « Religion of Man », on revoit progressivement notre position quand sur la fin le morceau prend une tournure plus épique. Et dès lors les chevaux sont lâchés et le reste du set est juste délicieux. Le trio enchaîne ensuite plusieurs titres de son précédent opus, The Sun, dont on retiendra surtout un « Loom » dense à souhait, même si assez classique dans sa forme, ou encore la deuxième section de ce « Up in the Sky » quand le titre s’emballe. Mez distille quelques vocaux discrets et juste nécessaires, mais c’est à travers sa 6-cordes qu’il fait le taf, jumelée à un rack d’effets bien fourni, qu’il manipule généreusement pour apporter quelques artifices à son son, sans jamais trop en faire. Comme dans tout trio de stoner dans la veine psyche, c’est la base rythmique qui fait la différence, et à ce petit jeu Lesyk à la batterie et Artur à la basse ne sont pas venus faire de la figuration. Ce dernier en particulier renforce la rythmique et développe des plans mélodiques tout-confort qui permettent à Mez de distiller des leads impeccables. La communication avec le public est bon enfant, la convivialité et la bonne humeur sont de mise, et quand le groupe nous quitte au bout de trois quarts d’heure sur les dernières notes de « Vero », on se dit qu’on n’aurait pas craché sur un peu de rab’.

Après un changement de plateau exécuté à la vitesse de la lumière et un line-check éclair, vingt minutes plus tard à peine c’est aux très attendus Stoned Jesus de fouler les planches. Igor, frontman naturel du trio, arbore pour la peine un tee-shirt sur lequel il a gribouillé au marqueur noir « Merci Bordeaux ». Toujours sympa ! Soudainement moins souriant, il fait signe à quelques individus au premier rang qu’il préfèrerait qu’ils ne fument pas sous son nez – probablement une position entendable de la part d’un chanteur en milieu de tournée souhaitant protéger sa voix… mais un peu vain quand il est dans un club au volume rikiki complètement enfumé du 1er au dernier rang ! (imaginez un fumoir, portes fermées, sans aucune circulation d’air… Amis du tabagisme passif, bonjour !). Voilà en tout cas qui ne participera pas à la cordialité de la soirée… Musicalement, le trio donne rapidement le ton de la soirée à travers une set list dont la plupart des titres sont issus de son dernier effort, Pilgrims. Un choix audacieux et assumé pour un groupe apparemment persuadé que les réserves entendues ici ou là sur son disque – assurément pas un disque facile – devraient être balayées par la déclinaison live de ses titres. On comprend cela dès le début, avec un « Feel » déjà un peu malsain sur album, qui prend sur scène une tournure très intéressante, une fois passée cette première moitié un peu mièvre. Il en ira de même plus loin avec ce « Distant Light » froid et inconfortable sur disque qui prend plus de puissance sur scène. Le groupe épure ses titres pour le live, retire les intros et autres artifices de production, et ça fonctionne bien. Un peu plus tard, Igor vient sur le devant de la scène et, gratuitement, shoote dans les 2 gobelets posés au bord en faisant signe au premier rang que, en gros, c’est « sa scène » (il avait déjà poussé par terre en arrivant une bouteille en verre pourtant posée dans un coin quasi inaccessible…). Les gars qui ont récupéré leur veste posée par terre imbibées avec le contenu des bières ont dû être contents…

Au milieu des titres de Pilgrims, le trio ressort quand même son classique « Black Woods », comme d’habitude un peu ralenti en live, ce qui lui donne des relents de vieux doom sabbathiens tout à fait bienvenus. Un peu plus loin dans le set, le groupe se rassemble autour de son batteur pour entamer une intro travaillée (toute en saccades et silences pesants) pour son excellent « Water Me ». Sauf qu’une poignée d’abrutis dans le public se met à gueuler à chaque interruption, ruinant l’effet escompté. Ceux-ci se font délicatement réprimander par un encore plus gueulard « mais ferme ta putain de race », témoin d’une tension très atypique dans le public, tangible depuis le début de ce set, mais très difficile à décrire. Heureusement le groupe est pro et finit ce titre exigeant avec sérieux et efficacité. Igor reprend un peu son souffle en annonçant « that was the tough one, let’s play the easy one », signe que le très attendu « I’m The Mountain » pointe le bout du nez. Le succès de ce titre ampoulé ayant toujours laissé votre serviteur dubitatif, je m’abstiendrai d’en commenter l’interprétation, par ailleurs solide. mais c’est sur ce « Apathy » parfaitement amené (super intro toute en progression partant d’une ligne de basse groovy, et portée ensuite par un jeu de guitare discret mais punchy d’Igor, et des lignes vocales entêtantes bien vues, d’un Igor qui a dû voir Danko Jones en live interpréter “Mountain”…) que Stoned Jesus met tout le monde d’accord… juste avant de quitter la scène ! Au bout d’une bonne heure néanmoins, ça n’aurait pas été ridicule, mais deux minutes suffisent pourtant pour voir le groupe revenir sur scène avec le sourire et dégainer un nerveux et groovy « Excited ». Pour finir sur une bonne touche, Igor sort de ses gonds et vient taper sur les mains de quelqu’un qui roulait sa clope sous son nez au deuxième rang, le tout assorti d’un regard noir… D’un côté Igor n’a jamais exprimé au micro son souhait de limiter la « fumette » dans la salle, d’un autre côté le jeune « brimé » à l’instant avait bien vu ses voisins se faire rappeler à l’ordre en début de concert… Torts partagés donc, mais bon, ambiance… Probablement imperceptible depuis le fond de la salle, qui déguste le classique « Here Come the Robots » en clôture d’un set généreux (plus d’1h20).
On gardera donc au final un souvenir plutôt mitigé de ce concert, musicalement exempt du moindre reproche (c’est déjà pas mal) mais à l’ambiance… étrange. Est-ce le fait du groupe ? Pas uniquement. Du public ? Aussi. De la salle ? Un peu aussi (fumée, visibilité, exigüité qui ne semble pas ravir Igor…). Comme quoi, un concert, ce n’est jamais une équation simple à résoudre…
[Note : nous sommes désolés pour la qualité déplorable des photos proposées, les groupes ce soir ayant, comme d’habitude au Void, joué dans la plus sinistre pénombre, vaguement éclairés par deux spots respectivement rouge et verdâtre, statiques, orientés sur leurs pieds…]
Première date au Rocher de Palmer pour votre serviteur, alléché par l’excellente réputation de la salle. En arrivant, le sourire : le parking est plein et grouille de public. C’est donc un peu éberlué (la notoriété de Yob s’est développée… mais à ce point ?!) que l’on s’approche du guichet… pour mieux comprendre la situation : en fait le Rocher de Palmer est un complexe de plusieurs salles, dans lesquelles jouent ce soir, en plus de Yob, un trio de joueurs de luth oriental dans une salle, et un artiste syrien dans une autre ! Autant vous dire que pour éviter tout risque cardiaque il vaut mieux ne pas se tromper de porte dans les méandres du complexe… Quoi qu’il en soit, ce choix de salle plus grande qu’à l’habitude (pour l’orga Make it Sabbathy) se justifie aussi par une affluence significative attendue pour la venue du trio américain, ce qui est une très bonne nouvelle (au pifomètre, 300 à 400 personnes remplissent plutôt bien la salle).
Mais pour commencer, c’est Wiegedood qui monte sur scène. Le groupe de black metal lié au mouvement des Church of Ra (AmenRa, Kingdom, Oathbreaker…) est composé d’un trio de membres de… Oathbreaker justement, dont certains traînent leurs guêtres dans d’autres formations du cru (à l’image de Levy Seynaeve, ici guitariste, bassiste de AmenRa). Le CV est riche et prometteur, voyons si la promesse sur scène est tenue. Niveau puissance, pas de soucis, c’est du lourd. Évoluant dans une sorte de black metal / darkened doom, le trio (2 guitares, 1 batterie) assène une heure de set relativement monolithique : ses titres déboulent sans grande surprise, avec quasiment à chaque fois une petite intro ambient et l’instant d’après un déluge de guitares gorgées de blast beats. Le travail guitaristique est intéressant (des leads subtils viennent apporter un peu de lumière dans des assauts de riffs brutaux en harmonie) et quelques jaillissements vocaux viennent finri le tableau de temps en temps. Le tout est noyé de très fatigantes lights stroboscopiques – à tel point qu’on se prend à s’inquiéter pour le lighteux, potentiellement pris d’une crise de spasmes incontrolables ou d’épilepsie (rassurez-vous, il n’en est rien, il va très bien). De manière assez surprenante, Wim Sreppoc le batteur n’apparaît pas en forme optimale, ses séquences de blast beat terminent inévitablement à contre-temps : il ne tient pas le rythme quasi-chirurgical nécessaire à ce genre musical… Il faut dire que les séquences de plusieurs minutes sont légion, et le gars a l’air fatigué. Quoi qu’il en soit, la prestation du trio flamand défile sans déplaisir mais sans non plus déchaîner les foules.

Il faut dire que tout le monde est là pour Yob, et quand le groupe de Mike Scheidt foule les planches pour un rapide sound check, l’atmosphère s’électrise déjà un peu. C’est sans effet particulier que le groupe, une fois validée sa mise en son, engage (sans surprise) les premières notes de « Ablaze », qui introduit aussi son nouvel album, Our Raw Heart. Un bon choix, le titre étant probablement l’un des meilleurs de l’album, ou en tous les cas l’un des plus emblématiques de la musique du groupe. Le son est impeccable, puissant mais jamais brouillon, ce qui confirme la bonne réputation de la salle à l’excellente acoustique. Comme sur album, c’est « The Screen » qui prend la suite. Ce morceau surprenant mais finalement assez décevant sur disque ne se transcende pas plus en live, où l’on aurait pourtant pu lui accorder le bénéfice du doute. Ses dix minutes s’avèrent donc un moment plutôt laborieux où le public se cherche un peu entre headbanging spasmodique et ondulations apathiques. Peu de choses se passent au-delà de l’exercice de style. C’est avec l’enchaînement des classiques “Ball of Molten Lead” / “The Lie that is Sin” que les choses commencent à prendre leur essor, avec une mise en tension plus tangible.

Toujours très isolés les uns des autres sur une grande scène (Scheidt est 95% du temps bloqué derrière son pedal board, comme d’habitude orienté vers l’autre côté de la scène et non pas le public), les musiciens interagissent rarement directement, mais l’osmose est tangible : c’est carré. Rieseberg est un bassiste très intéressant (sa mise en son est très appréciable ce soir), qui peut alterner les séquences introspectives les plus profondes et les élans les plus furieux une minute plus tard. Quant à Travis Foster, le bonhomme frappe comme une mule mais avec une efficacité technique remarquable ; complètement immergé dans son set, il est impeccable tout du long et l’air de rien tient plus d’une fois les fondations de l’édifice, même si les regards sont tournés vers Mike Scheidt. Car du côté du public, tout le monde mange dans la main du frontman, qui, il faut le dire, le lui rend bien en se défonçant sur scène : chant puissant, leads cinglants (une poignée de superbes soli notamment), Scheidt est complètement dans son set. Les « good vibes » s’échangent de part et d’autres : beaucoup de monde connaît les chansons (d’autant plus vrai pour les titres du nouvel album) et les sourires pendant et après le concert ne trompent pas – le public était acquis d’avance.
Pour mieux voir ce dernier notamment, Scheidt demande plus de lumière pour introduire le morceau titre de l’album “Our Raw Heart”, avant lequel, la gorge visiblement serrée, il souhaite remercier de manière générale les gens (comprendre : le public) qui ont aidé le groupe (comprendre : lui) pendant des moments difficiles (comprendre : pendant sa maladie). Ce mid tempo un peu boursoufflé sur album gagne un peu en prestance sur scène mais n’est pas non plus l’hymne espéré. Levy de Wiegedood monte ensuite sur scène pour apporter quelques vocalises douces et suaves au bon vieux “Grasping Air”.

Le set se termine sur un autre vieux standard Yob-ien “Breathing from the Shallows” et très vite l’on se fait la remarque que Yob n’a pas joué son classique “Marrow” (pour info ils la rejoueront dès le lendemain et sur quelques dates suivantes). Sacrément couillu de leur part, ce titre faisant la quasi-unanimité parmi les fans du groupe, il aurait été un succès facile en live. Un choix éminemment respectable donc, d’un groupe qui ne l’est pas moins. La prestation de ce soir l’a démontré : sans être pour autant la formation quasi-mythique (mystique ?) que certains voudraient qu’il soit, Yob est toujours un excellent groupe de sludge / doom, l’un des meilleurs, toujours pertinent après tant d’années. Ses prestations restent irréprochables, même si l’on garde un souvenir ému de sa tournée européenne précédente à l’époque de Clearing the Path to Ascend, qui reste le mètre étalon de son aura scénique.

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