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Pour défendre son superbe dernier album, Bell Witch s’est engagé dans une tournée européenne intensive de presque quarante dates, dont on a souhaité couvrir les deux escales françaises, des dates faibles en BPM mais fortes en émotion. Au programme, on retrouvait leurs potes de Monarch ! (les français partageant leur affiche sur presque la moitié de cette tournée), et une première partie différente pour chaque ville. Bell Witch a sorti l’année dernière un album qui a marqué plusieurs esprits, et que l’on aime ou non, force est de constater que Mirror Reaper (chronique ici) est une pièce unique : un album d’un seul titre de 70 minutes composé en hommage au batteur du groupe décédé brutalement à l’âge de 36 ans, Adrian Guerra. Une œuvre monolithique et chargée d’émotions dont Bell Witch a joué une grande partie chaque soir.
L’événement a drainé pas mal de monde sur les deux dates : à Bordeaux le petit Void est très correctement peuplé (malgré un décalage à un horaire éhontément tardif pour permettre à quelque amateur de punk de cumuler deux concerts dans la soirée… !!), et à Paris aussi, dès le début du concert, la salle située au fond d’un pub est déjà bien remplie.
Côté première partie, c’est deux salles, deux ambiances : à Bordeaux, c’est le duo local Torus B qui déroule un set de drone d’un peu plus de trente minutes, dissimulé derrière un drap blanc sur lequel sont projetées des séquences vidéo noir et blanc répétitives hypnotisantes. Comme souvent avec le drone, on commence par une approche épidermique de rejet avant de donner sa chance au produit, et finalement de se laisser gentiment embarquer pendant cette parenthèse bruitiste plutôt bien foutue.
Torus B
A Paris, place aux rouennais d’Ataraxie qui affichent une longévité d’une quinzaine d’années déjà et sont donc loin d’être des petits nouveaux dans le milieu. Ce groupe mélange voix growlées et caverneuses entre des rythmiques d’extrême doom ou de death plus traditionnel. Le son est plutôt bon, le groupe est carré. On se questionne juste sur l’utilité des trois guitares puisqu’on ne les distingue tout simplement pas.
Monarch ! prend la relève et s’installe pour quelques réglages avant de démarrer son « Of Night, With Knives », titre introductif de leur dernier album Never Forever (chronique ici). Comme d’habitude, voir Monarch ! en live est toujours une expérience plaisante. L’échange scénique entre le bassiste et la chanteuse symbolise parfaitement la musique du groupe, un éternel combat entre la lumière et l’obscurité. Malheureusement, sur la date parisienne le groupe fait face durant une bonne partie du set à quelques difficultés techniques qui les empêchent de s’investir pleinement. Ces quelques problèmes sont tout de même bien gérés par le groupe et le public conquis semble n’y voir que du feu. La part belle est faite à Never Forever avec “Song To The Void” et “Cadaverine” qui s’ajoutent à la setlist. Ajoutez à cela une reprise des Misfits (version Monarch ! évidemment ) en fin de concert et vous avez votre apport de lipides pour la soirée.
Monarch!
Les deux membres de Bell Witch entament Mirror Reaper devant un auditoire captivé. On ne râlera jamais assez contre le Backstage By The Mill, sûrement l’une des pires salles de Paris, qui nous fait cadeau d’un brouhaha de discussion et de cliquetis de verres durant les passages où les instruments ne recouvrent pas le bruit de fond constant. Ceci étant dit, la classe de Dylan Desmond armé d’une immense basse 6 cordes, le visage impassible et parfaitement serein, suffit à nous faire oublier ces quelques intrusions sonores. Si l’on fait abstraction de l’orgue parfois géré par le batteur Jesse Shreibman, Dylan Desmond s’occupe à lui seul de toutes les harmonies du morceau, avec un style de jeu peu commun : il joue quasiment tout le temps en tapping sur cette basse au long et large manche, et gère ainsi les graves et les aigus à la fois. Si l’on ajoute ses parties vocales sonnant comme des incantations religieuses, on obtient un personnage littéralement fascinant, à la classe impressionnante. Jesse Shreibman n’a pas à rougir face à son binôme. Le batteur, qui se couche sur sa batterie lors des passages où il ne joue pas, comme si il était en veille, semble donner sa vie à chaque coup de baguette assené sur ses fûts. Le spectacle de ces deux bonhommes est poignant, en plus d’être hypnotisant.
Bell Witch
L’écoute d’une traite de Mirror Reaper (amputé sur scène de certaines parties) reste tout de même assez exigeante, et on décroche parfois du monolithe que les deux américains nous balancent en pleine tronche. A la décharge du groupe, le son (à Paris en particulier mais aussi un peu à Bordeaux) n’est pas aussi net qu’on pourrait l’espérer et l’on ne distingue pas nécessairement toutes les nuances que l’on peut entendre sur le disque. A Bordeaux en plus, la scénographie n’aide pas à l’implication ou au maintien de la tension : comme toujours au Void, le light show inexistant (un spot pleine gueule rouge de chaque côté de la scène, immobile – cf photos…) n’apporte aucune aspérité visuelle pour étayer un peu le propos musical. Décidément, on aurait aimé les voir ailleurs.
En sortant de cette soirée, on ne peut être qu’heureux d’avoir assisté à ce live de Bell Witch. Il est rare de trouver une telle originalité et une telle sincérité sur scène. Si vous avez l’occasion de les voir, courez-y. Pourvu que ça soit dans une bonne salle…
On a eu l’opportunité d’assister à deux des dates de la copieuse tournée européenne de Wedge, qui clairement, avec la sortie de son dernier album “Killing Tongue” (chronique ici) se donne les moyens de ses ambitions et va à la rencontre d’un public curieux ou connaisseur, dans tous les coins du continent. On a donc été s’en faire une idée grâce à nos amis Parisiens de Fuzzoraptors qui se sont empressés de les ramener à l’International ce mercredi 21 mars. Puis on s’est rendus à Bordeaux avec en sus un petit sentiment de découverte ce soir-là : premier concert (pour votre serviteur) au Petit Maurian, un lieu un peu inédit, un petit bar-restaurant où une petite scène occupe le fond de la salle.
Thousand Watt Burn
On commence dans la capitale avec Thousand Watt Burn, quatuor de stoner rock garage à l’énergie sombre. Le portail de l’enfer s’ouvre par le lourd riff de « My darling » et nous propulse aussitôt dans l’univers occulte du groupe. La violence de la batterie fait ressortir la rythmique lancinante des grattes sur laquelle vient se poser la voix énervée et tout en réverbe de Roxane. En dépit de leur présence musicale, on sent les membres quelque peu timides sur scène, comme envoûtés par leur propre magie. Le seul qui semble véritablement s’éclater c’est le bûcheron assis derrière ses fûts. Un charmant jeune homme au T-shirt Sleep immanquable qui donne toute son importance à la qualité d’un hardware de batterie. Le quatuor parisien déroule un set qui s’enchaine bien, notamment grâce aux multiples samples de film à la Dopelord intercalés entre chaque titre. Tout s’arrête presque trop tôt, à l’instant où les nuques s’échauffaient et où la salle commençait tout juste à se remplir.
Fuzzy Grass
Qu’à cela ne tienne, Fuzzy Grass récupère un public à température et un effectif décent. Après un p’tit contretemps du côté de la basse – « Thomas ! Branche-là ! » –, occupé par des vocalises lyriques et des phrasés psychés à la guitare, le spectacle commence. Et quel show ! Les amplis ronronnent un groove puissant guidé par un jeu de batterie frénétique et techniquement nickel. Un style évoluant entre le psyché hypnotique de Naxatras et le Heavy Blues endiablé de Radio Moscow. « Healed by the Fire » et « Upside Down » en sont des exemples probants. Là-dessus, Audric offre un chant haut et saisissant. Et il y met tant de passion qu’il en tremble, donnant l’impression de performer depuis le pont d’un navire pris dans la tempête. De son côté, la redoutable Laura pallie sa discrétion scénique par de furieux soli, emportant les âmes dans son torrent électrique, et ce à chaque morceau. En bref, ça déménage sévère. Et bien qu’elle pourrait s’agiter davantage, comme le méritait sans doute « La Nouvelle », la foule se révèle conquise. Tant séduite par le set du groupe que par le smile de ses membres, elle se repaît de leur bienveillante énergie. On en vient à regretter le manque de matière sur le merch, car comme beaucoup en témoigneront à l’avenir, Fuzzy Grass possède toute la substance nécessaire à un album de qualité. Dépêchez-vous de nous le sortir, nom de dieu !
Wedge
Au tour de Wedge maintenant. On le disait, à Paris, le public est chaud et conquis. Quelle ne fut pas notre surprise de constater qu’à l’arrivée de la tête d’affiche le sous-sol de l’International souffre déjà de nombreux départs. À peine 22h30 et voilà que ça se défile. Pour le blond moustachu à santiags rouges qui prend le micro, aucun problème. Il arme sa guitare et distribue son rock vintage sans sourciller avec « Killing Tongue ». A Bordeaux, sans première partie, quelques dizaines de personnes remplissent déjà bien la minuscule salle quand le trio berlinois monte tranquillement s’installer derrière leurs instruments.
Leader assumé du groupe, Kiryk Drewinski n’est pourtant pas le frontman charismatique que l’on pourrait imaginer à la tête d’un trio de cet acabit. Modestie et mise en avant de ses acolytes ? Ou bien réel déficit de personnalité ? On penche sincèrement pour la première option, avec un trio, à l’instar d’un Kadavar, où chacun, les années passant, occupe une place de premier plan.
Wedge
Son pote David Götz, l’homme du match, l’artisan de l’ombre, émerge des amplis. Le discret bassiste cisèle une rythmique et un socle mélodique qui sont un élément clé du son du groupe. Et que dire quand il lâche sa 4-cordes pour faire chanter son double clavier Korg, ses doigts dansant sur les touches et son pied actionnant la discrète cabine Leslie dans son dos… Groovy ! Sans oublier qu’à ses côtés, Holger frappe ses futs avec détermination et efficacité, c’est carré, et ça communique bien en rythmique. La place de chacun dans le spectre sonore est ainsi équitable, et chacun trouve de généreuses séquences où il peut s’exprimer sur des soli jamais trop longs ni trop chiants. Sourires, communication régulière avec le public, jeu ample… Même devant une petite assistance le groupe se donne avec générosité.
A Bordeaux, quand, au bout d’une heure et quelques, le groupe feint de stopper leur set pour mieux amener à un rappel lourdement téléphoné, la configuration de la scène fait qu’ils ne peuvent même pas quitter leur emplacement ; c’est un peu penauds donc qu’ils s’emparent à nouveau de leurs instruments au bout de quelques secondes… Ils s’engagent alors dans un “High Head Woman” qui commence de bonne facture, mais surtout prétexte à un dérapage jammé incontrôlé mais jouissif, avec une séquence soli / impros d’une bonne dizaine de minutes parfaitement réussie. Même topo à Paris, où le final sur « Never Learn », issu du premier album, met tout le monde d’accord. Intervention divine ou subtile stratégie de la part du groupe, nous ne le saurons sans doute jamais. Toujours est-il que la piste s’étire sur presque le double de sa taille, accueillant un boogie jam déjanté qui aurait dû provoquer d’affreux pogos dans le sous-sol de L’International. On y découvre aussi, non sans joie, un solo de batterie absolument monstrueux qui mettra tout le monde d’accord.
En dépit d’un public parisien un peu frileux sur les excès du mercredi soir, on se félicite d’une soirée réussie. Une bonne dose de lourdeur entêtante, de bière et de délicieuses promesses qui participeront au succès de cette première date des Fuzzoraptors à l’International. Autre contexte mais même constat en terres girondines, où ce concert moins “traditionnel” dans sa forme (gratuit, petite salle…) aura convaincu une assistance ravie. Avec une ambiance bon enfant et joviale, ajoutée à un set bien exécuté, vous parviendrez à la recette d’une soirée réussie.
Encore une fois l’association Below the Sun nous à gâté avec un plateau laissant la part belle aux riffs stoners et aux voix venues du bayou. Le concert ouvre presque pile à l’heure avec Walnut Grove DC, quatuor de La Rochelle dont avons plusieurs fois parlé du travail sur ce même site. On aurait pu s’attendre à abattre du bois tout au long du set. Pourtant les riffs prennent leur temps, la première partie du concert ne passe pas le mur du son mais ne manque jamais de casser des briques à coup de tronche, bien méthodiquement. Une transition nette est marquée lorsque Reuno vient rejoindre Walnut sur scène. La voix passée au papier de verre de Vinvin s’accorde merveilleusement avec celle du chanteur de Mudweiser et si ce dernier ne passe que pour un morceau, il enflamme immédiatement la salle et laisse derrière lui un Walnut chauffé à blanc qui tabasse dès lors des riffs lourds et teintés de Down et consorts. Passage de trop courte durée car c’est déjà la fin du set.
L’enchainement est quelque peu inattendu, Loading Data joue dans une autre catégorie. Le set est calibré au blues et au rock des origines, pourtant on ne pourra pas dire qu’il n’y a pas quelque chose de Stoner chez ces parisiens au long cours. Les influences sont variées et on retrouvera quelques bribes de QOTSA ou de Kyuss dans leur musique. La focale du groupe ? Le chanteur guitariste, Bible Jones au charisme affirmé et à la voix de crooner entre Franz Ferdinand et Tom Jones. Ce qui vaudra d’ailleurs une farce du groupe qui entame l’introduction de « Sex Bomb » dudit T. Jones. A ses côtés, la remarquable et sure d’elle Louise Decouflé qui manie la basse avec un sens aigu du riff filé. Cette dernière n’hésitant pas à jouer de ses charmes pour se faire apporter sur scène un Jack Daniel’s sans glace, là ou un autre aurait pris directement la bouteille dans la face avec de la glace en sus pour le calmer.
Arrive enfin le tour de la tête d’affiche, et quelle tête, Mudweiser ! Force est de reconnaître que je ne suis pas le premier public de ce groupe lorsqu’il sort un album, mais pour avoir déjà vu Reuno sur scène, je sais que je ne vais pas m’ennuyer. Cela ne manque pas, les gars livrent une belle promo de leur dernier album, « So Said The Snake ». On sent que ce groupe est basé sur une valeur fondamentale, l’amitié. Ça transpire la connivence et le plaisir et la musique est portée par cette attitude. Les nuques sont à présent chauffées et le public headbang sans se faire prier. Le jeu de scène est fluide et envoutant. Nous plongeons tous dans la boue et nous nous y vautrons avec délice sous l’égide du tracteur qui livre ses bûches à tour de bras. Clairement Mudweiser est un groupe de scène, un groupe vivant. Le savoir faire et le métier, il n’y a que ça de vrai ! La communication entre les membres du groupe s’étend à la salle, c’est un moment de partage, comme un boit un verre bien costaud entre potes. Le set passe à une vitesse dingue, pressé par un timing serré et c’est sans un rappel que les comparses libèrent le terrain et que la salle se vide. Merci encore et bonne soirée !
Dans le cadre de leur « World Tour 2018 » les pionniers du stoner rock Fu Manchu défendent leur dernier album sorti cette année, Clone Of The Universe, en se baladant un peu partout. Ils posaient leurs bagages le 2 mars dernier à Paris, et on ne pouvait évidemment pas rater ça. Avant de parler du concert en lui-même, il est important de revenir sur son organisation.
L’événement a été très peu/mal relayé sur les réseaux sociaux et n’a bénéficié – quasiment – d’aucune promo. Pas même un p’tit event sur facebook. Nous ne sommes pas particulièrement pour une utilisation obsessionnelle des réseaux sociaux mais le fait est que Facebook est devenu l’un des plus gros outils de promotion de concert, cela nous semble donc étrange de ne pas y créer une page pour l’événement.
Heureusement, desert-rock réunissant une ribambelle de recrues aussi consciencieuses que professionnelles, nous avons créé nous même un event sur facebook. Pour vous donner une idée du bordel, certaines personnes se demandaient sur cette même page si l’annonce du concert n’était en fait pas un fake… Autre détail croustillant, une bonne âme a publié le jour même l’heure de passage des groupes, après avoir appelé elle même le Trabendo. Je dis « les groupes », car oui, il y a une première partie. Laquelle ? A 12 heures du concert, on ne sait toujours pas, et il semblerait que les « organisateurs » (les guillemets ont beaucoup d’importance) non plus.
Vite, faudrait p’tete trouver quelqu’un non ? Allez, qui est dispo et pas très loin ? Plouf Plouf… Red Diesel ? Y f’ra bien l’affaire !
Nous n’aurons pas l’occasion de les voir ce soir mais pour ceux que ça intéresse ce groupe de la région parisienne officie dans un registre rock’n’roll ambiance hardoss.
Aussi bizarre que cela puisse paraître après ce que j’ai dit plus haut, la salle est pleine à craquer et le concert se joue à guichet fermé. La notoriété du groupe aura eu raison de la com catastrophique.
Après une courte intro instrumentale en guise de préchauffe, le riff matraquant de “Clone Of the Universe” ouvre le set des californiens. La recette de Fu Manchu est simple : un son bien rôdé, une voix reconnaissable entre mille, et beaucoup de riffs aussi efficaces qu’entêtants. Quand on parle du son de Fu Manchu, on pense à toutes sortes d’effets cosmiques type phaser, flanger, mais surtout à cette bonne vieille wah wah du début d'”Evil Eye”, deuxième morceau du concert qui commence sérieusement à chauffer la fosse. En deux morceaux, Fu Manchu passe de son dernier album au cultissime The Action Is… Go sorti en 1997 (et déjà le quatrième album du groupe à l’époque) et ratiboise ainsi une carrière approchant bientôt les 25 ans (et ce si l’on se base uniquement sur les sorties d’albums, puisque la toute première formation du groupe remonte à… 1985 !). Peu de groupes de cette scène peuvent se vanter d’une telle longévité. On se rend aussi compte que le groupe actuel n’est musicalement pas trop éloigné de ses débuts : certains parleront d’intégrité, d’autres de linéarité…
la qualité, c’est cadeau
Fu Manchu continue de piocher dans ses 12 albums et enchaîne avec “Eatin’ Dust”, “Hell On Wheels” ou encore “California Crossing”. Sur scène, l’énergie de Scott Hill nous fait oublier les années. Sa longue crinière blonde se balance au gré des riffs teintés de soleil californien et de Budweiser canette, posé en Levis 501 dans le skate park du hood. Le groupe enchaine ses titres avec une aisance assez bluffante, rien ne dépasse du cadre, pas un pet de travers, nada. Le batteur Scott Reeder (parfait homonyme du bassiste de Kyuss !) n’a pas l’air essoufflé une seconde malgré une puissance de frappe phénoménale. Les premiers slams démarrent sur “Dimension Shifter”, le public est totalement conquis, rien d’étonnant. “Il Mostro Atomico” vient cloturer le set ; ce morceau de 18 minutes issu du dernier album constitue une sorte d’ovni dans la discographie du groupe, privilégiant habituellement l’efficacité d’une frappe directe et concise de moins de 4 minutes.
Mais le public est bien trop échauffé pour laisser filer les californiens comme ça : à la demande générale, Fu Manchu revient pour un dernier rappel. Scott Hill s’adresse au public et demande quels morceaux il souhaiterait entendre. Après un brouhaha général qui ne l’aidera guère, son choix se fixe sur “Boogie Van” et “Saturn 3”. Cette fois-ci, c’est la fin.
Une soirée qui confirmera le statut de patron du stoner des californiens. Absolument tout était réuni : l’énergie, le son et le professionnalisme. On ne peut pas vraiment dire la même chose des organisateurs… Heureusement qu’il existe une communauté de fans dévoués pour finir le boulot.
Peu familier de Maidavale, c’est avec une certaine circonspection que je m’engouffre ce mercredi soir dans l’antre du Void. Les soirées Make it Sabbathy ne m’ayant encore jamais déçu, ça a fini de me convaincre d’affronter le froid girondin…
C’est les montpelliérains de Denizen qui ouvrent le bal ce soir. Groupe français passé sous mon radar depuis des années, je découvre un quatuor de grande qualité. Trop peu de concerts ? Rendez-vous manqués ? Promo mal ajustée ? Mauvais timing ?… Les raisons de cette découverte tardive sont à trouver quelque part là dedans, mais peu importe : apprécions le moment présent ! Le set déroulé sous les yeux d’une assistance de bonne composition (à vue de nez un Void à peu près moitié rempli, ce qui n’est pas mal du tout pour des groupes de notoriété intermédiaire et une date pendant les vacances scolaires) est de très bonne facture : c’est carré, ça joue bien, et le groupe dispense une énergie sur scène qui n’est pas forcément habituelle chez leurs homologues. Faut voir Fabien le chanteur arpenter dans tous ses recoins la micro-scène du Void et headbanguer dans tous les sens, si possible en bousculant ses potos musicien (là où y’a de la gène…) voire en allant se frotter au public en allant beugler depuis le pit. A l’aise. La communication passe bien avec le public, le chaleureux accent du Sud du lascar participant à l’ambiance bonenfant de l’ensemble. Musicalement, si on n’est pas transcendés par l’originalité de la chose, on apprécie les plans maîtrisés allant de passages trippants limite psyche à des tombereaux sludgesques de bon goût, agrémentés d’une profusion de passages à forte teneur Kyuss-ienne. Rien à jeter. Un groupe à suivre (oui, je suis bien conscient de l’absurdité d’un tel commentaire pour un groupe qui va gentiment sur ses 15 ans de carrière… Mais mieux vaut tard que jamais !).
Denizen
Même posture vis-à-vis de Maidavale : à peine survolé sur album, je m’attendais à un énième groupe de retro rock dans l’aspiration Witchcraft/Kadavar/Graveyard. Et bien on a eu exactement ça… mais en très bien ! Pour être honnête, Maidavale se distingue de la « meute » par un spectre musical bien plus vaste, et une énergie complètement atypique. Musicalement, oui, on est bien tombé pieds joints dans les 60s/70s, blues rock à la base, et chargé en psyche trippant du meilleur aloi. Jusque là rien d‘extraordinaire sur le papier. Sauf que le quatuor suédois injecte dans sa mixture non seulement des incartades stylistiques fort bienvenues (on pense aux plans percus limite tribaux qui font tout le sel de groupes comme Goat, usés ici avec parcimonie mais grande efficacité) mais surtout une efficacité instrumentale et musicale redoutable : on apprécie la véritable osmose musicale, qui associée à une très bonne maîtrise technique offre à l’auditoire conquis des morceaux solides, à l’interprétation sans faille. Il faut voir cette base rythmique basse-batterie remarquable à l’œuvre pour comprendre ! Ne reste plus alors qu’à Sofia Ström à caler ses excellents solo ou ses riffs et on est au top !
Maidavale
Scéniquement ces dames ne sont pas les plus déjantées, mais tout est quand même assez maîtrisé, et on peut compter sur Matilda, en grande prêtresse du micro, pour dynamiser la présence scénique de l’ensemble. Reste « l’éléphant dans la salle », à savoir que oui, c’est un groupe 100% féminin. Sauf que ça ne devient plus un sujet passées les cinq premières minutes et les premiers riffs dégainés. Forcément il y a toujours le gros lourd du coin qui provoque des rires gras avec des remarques bien relous type « will you marry me » (on a beau avoir vécu les vagues #metoo ou #balancetonporc, manifestement certains sont restés bloqués quelques décennies en arrière), mais le mépris affiché par les membres du groupe est la seule posture valable. Vite oublié.
Maidavale
Le gros du public est de toute façon complètement conquis et ondule avec le sourire pendant toute la soirée. La rupture à la fin du set est d’ailleurs tellement brutale que le public exige un rappel à corps et à cris, et obtient gain de cause sur un dernier « The Greatest Story Ever Told », titre-somme quasi-épique qui vient synthétiser les plus grandes qualités du groupe. Il n’y a pas de meilleures soirées que celles dont on n’attendait pas grand-chose et qui nous font repartir avec une paire de disques sous le bras !
Bien chauffés par le nouvel album enthousiasmant de Mudweiser, il n’a pas fallu longtemps pour nous décider à enfourcher notre destrier à quatre roues et aller explorer les fin fonds girondins à la recherche d’une bonne dose de rock épais.
Karmapolis
On a d’abord un peu peur en arrivant dans cette salle Langonnaise, on craint un peu le syndrome « salle des fêtes » avec un son dégueulasse ; heureusement les premiers accords de Karmapolis nous rassurent, il n’y aura aucun soucis de mise en son ce soir. Karmapolis, donc, un duo guitare/chant et batterie, est sur scène quand on rentre dans la salle. On connaît l’exigence du format « binôme » et on constate vite que non seulement le duo est en place, mais aussi que l’alchimie est là. Musicalement, on se retrouve sur un gros rock qui navigue ici ou là dans des embardées stylistiques variées : rock indé, metal, psyche, ça part un peu dans tous les sens, mais tout est sous contrôle. Disons-le tout de go : l’amateur de rock y trouvera son compte, mais l’esthète du rock bitumé option huile de vidange trouvera la guitare un peu légère… Mais quel batteur en revanche ! Et on passera sous silence le malaise du wall of death le plus maladroit de l’histoire du rock…
Seeds of Mary
Vient le tour de Seeds of Mary, quintette auquel on appliquera peu ou prou le même commentaire : très très carré, le groupe évolue lui aussi dans un gros rock qui fait peu de tâches. Le combo est rodé, scéniquement impeccable, dynamique, en place, les musiciens sont souriants, rien à redire… Mais musicalement, tout ça est très propre et un peu trop policé pour nous, gros viandards du son. Pas un hasard si on retrouve pas mal de vestes à patches au bar.
Trente secondes suffisent pour apprécier la maîtrise scénique de Mudweiser : sitôt Reuno sur scène, le public sourit et se met à gueuler ; un signe de sa main et la moitié de la salle se retrouve collée aux premiers rangs (quelque chose que les groupes précédents ont mis une heure à essayer de faire, en vain). C’est aussi simple que ça. Bluffant. Et le reste est à l’avenant.
Ça commence par le groovy et heavy « Bloody Hands » et pendant plus d’une heure de set, ça ne débande pas. De manière assez habile, le groupe va piocher dans ses trois albums à peu près à parts égales (bon OK, « Angel Lust » se tire quand même la plus belle part), injectant ainsi trois belles cartouches issues de son dernier bébé «So Said the Snake », déjà en vente au merch) – ce qui nous permet de valider que l’épreuve du live leur donne un bon teint, mais on n’était pas trop inquiet non plus.
Sur scène, musicalement ça déroule, une véritable leçon, si on fait l’impasse sur un petit pain / problème de son (comme dit Reuno, « quand on est quatre sur scène, dès qu’il y en a un qui n’a plus de son, ben ça s’entend direct » – ce sera l’occasion de lancer un concours de blagues dans le public le temps de réparer… véridique !). C’est carré mais aussi nerveux et dynamique, les gars sont au taquet, ça bouge dans tous les sens, ça saute, ça groove, ça sourit, ça vanne… Bon, Ol est un peu plus calme que ses compères, mais franchement le gars abat un tel boulot seul avec sa gratte… Clairement, ils s’éclatent, et du coup, le plaisir est partagé du côté du public ! Ce dernier, qui remplit la salle à moitié à peu près (loin d’être ridicule pour un concert de rock à Langon, un samedi soir de vacances scolaires…) prend aussi son pied. Faut dire que la communication est remarquable, avec un Reuno particulièrement en verve ce soir : toute occasion est bonne de lancer une vanne, de s’adresser au public, de rebondir sur une remarque dans le public… un spectacle à lui tout seul ! Il crée un contact avec chaque individu dans le public, bluffant.
Mudweiser
Les titres défilent à bon rythme et (ce n’est pas un cliché) prennent une vraie autre dimension sur scène, enchaînant mandale après mandale. On passe des plus punchy aux plus groovy sans s’ennuyer, se régalant à la fois du petit nouveau punky « 7 AM Zombie » ou du nerveux « Evil Woman », et plus tard du lancinant petit nouveau « Black Magic Priestess » ou encore du presque poisseux « Swimming on the Bottom ». Le très Kyussien « She’s like Cocaine » (extrait d’un EP du groupe) est probablement le titre qui aura mis tout le monde d’accord.
Le groupe fera comme souvent ses adieux avec sa grasse cover du « Nights in White Satin » de Moody Blues, avec le sentiment justifié d’avoir rassasié tout le monde. Ce qui n’empêchera pas les gars de finir la soirée dans la salle ou au bar à déconner et discuter avec le public restant, l’orga, etc… pendant une paire d’heures encore. Double dose de respect et une fort bonne soirée.
(bravo à l’asso Montez le Son pour l’organisation)
Un organisateur de concert a beau avoir une belle affiche, cela ne garantit pas toujours le succès de l’opération de bout en bout. Ce Mercredi 31 Janvier, Below The Sun qui avait rameuté rien de moins que The Absolute Never, The Texas Chainsaw Dust Lovers et The Midnight Ghost Train a pu le constater. Le concert était prévu au Batofar et suite aux crues de la Seine il a bien failli ne pas avoir Lieu. À moins de 48H l’événement se voit annulé par la salle et c’est animé par l’énergie du désespoir que les Below finalisent une négociation avec le Glazart.
La salle peine à se remplir au tiers pour accueillir The Absolute Never, Duo Parisien mi guitare, mi batterie auteur de 2 E.P et 3 Albums. Leur son chauffe la salle avec un set au accents parfois led Zappliniens de Bron-Y-Aur Stomp. Leur style introspectif s’il ne convainc pas immédiatement aura séduit sur la durée grâce à des morceaux blues-grunges qui savent se tailler une place tout au long du set. La force du groupe aura été indéniablement d’avoir su construire son show dans la durée et on ne leur reprochera rien si ce n’est qu’un peu de distorsion supplémentaire aurait suffit à nous chauffer totalement.
Qu’a cela ne tienne, à moins d’une bière d’intervalle, entre en scène The Texas Chainsaw Dust Lovers et leur swing va emporter la salle qui s’est remplie quelque peu pour atteindre la centaine de participants. La balance est au petit poil et lorsqu’ils flirtent avec les limites du blues Rock ce n’est que pour rebondir sur des morceaux taillés dans leur imaginaire cinématographique. La Set List fait la part belle au dernier opus du groupe, « Film Noir » mais on retrouve avec plaisir des bouts du premier album. La connivence sur scène transporte la salle et l’arrivée du saxophone sur « Martyr With a Plan » finit de galvaniser les auditeurs. On en oublierait presque la pauvreté du light show. En bref, TTCDL c’est un sens aigu de la ponctuation musicale et une capacité à te projeter un morceau à la tronche avec tellement de talent que tu en redemandes. Mais tout à une fin et le set se clôture sur « Summer Spleen » provoquant torticolis et suées de plaisir.
Au tour de The Midnight Ghost Train de nous ravir, et malgré l’alléchante tête d’affiche que représentent les américains, il semble que la salle se soit un peu vidée. A croire que les parisiens ne viennent voir que des parisiens ? Qu’importe, on sait dès la balance que ça va envoyer fort. Un peu trop fort d’ailleurs. La reverb poussée à fond nous livre un « Tonight » diminué et la guitare a largement tendance à écraser la place toute fraiche du nouveau bassiste qui peine à prendre ses marques sur le devant de la scène malgré un talent certain.
Alors que l’on comprend que la « Red eyed Junkie Queen » a sans doute pris un shoot de Jalapeño , les ingénieurs son du Glazart semblent corriger le tir et atteindre un bon équilibre pour que le Ghost Train balance « Bury My Deep ». On assistera aussi à une démonstration de « The Watches Nest » où Steve pourra nous démontrer l’étendu de sa tessiture vocale. Il est clair que TMGT est venu interpréter son dernier album et ce dans un style qui n’a rien de calme, comme à leur habitude, mais il laisse s’exprimer ses productions précédentes avec entre autres un splendide « Straight To The North ». Le public est chauffé à blanc, pogotant et headbangant librement, et c’est dans cette moiteur de fin de soirée que Steve devient le Pasteur Moss, accentuant sa gestuelle, et communiquant aux moins anglophiles de la salle l’histoire de sa musique.
La soirée se clôture par une folle communion dans un gospel où TMGT fait hurler la salle. Une fois que tout le monde a eu son ostie sonore, nous nous en sommes retournées. Ite Missa Est
Petite salle qu’est la Mécanique ondulatoire, toute petite salle même, mais grosse ambiance pour accueillir les Ricains de Karma to Burn. Il faut dire que la machine est bien rodée, malgré les changements de Line up. On regrette l’ancienne section rythmique merveilleusement assurée par Rob Oswald et Rich Mullins mais ça, c’est une autre histoire. Ne reste que William Mecum et sa casquette vissée sur le crâne, mais qu’à cela ne tienne, le plaisir est toujours là.
Dans la cave de la Mécanique ondulatoire, le trio a fait le show, comme à la maison, en commençant avec 30 minutes de retard et visiblement autant de bières dans le gosier. Pendant une fraction de secondes, le public se demande un peu comment va tourner la soirée lorsque Mecum bredouille quelques mots dans son micro. Mais les doutes se dissipent aux premières notes de “Nineteen”, histoire de mettre le feu d’entrée de jeu. La fosse est déjà bien chaude et K2B en remet une couche avec “Thirty-four”. Le son n’est pas terrible, on s’en doutait, mais la puissance est là. Le groupe alterne entre ses classiques tirés de Wild Wonderful Purgatory et Almost Heathen. L’ambiance retombe un chouïa lorsque les K2B jouent les titres de leurs albums plus récents, malheureusement moins entraînants. Mais un petit coup de “Thirty-seven” et le tour est joué. William Mecum en profite pour se la jouer chef d’orchestre en levant son bras après chaque note, un grand sourire éthylique sur son visage. Ce sera d’ailleurs le seul moment où un membre du groupe en fera un peu plus qu’un simple hochement de tête. La prestation scénique n’est pas terrible mais là encore, c’est leur marque de fabrique.
Les Américains continuent de faire monter la pression avant de balancer “Twenty”, titre phare qui finit d’achever la fosse parisienne. Si bien que le groupe a dû rempiler pour deux morceaux au risque de se faire chahuter par le public. Karma To Burn balance un dernier “One” avant de quitter la scène, visiblement ravis de leur prestation du soir. William Mecum souhaite un joyeux Noël à tout le monde avant de retourner au bar. Lui et ses deux acolytes ont fait le job, sans accroc, mais toujours sans surprise.
Tandis que les retardataires cherchent encore quoi offrir à leur mère sous le sapin, c’est Noël avant l’heure au Glazart. Ce jeudi 14 Décembre à Paris, Garmonbozia Inc. et les Stoned Gatherings nous gratifient de trois paquets bien assortis. Rien de moins que Steak, The Atomic Bitchwax et Greenleaf. Et alors que je cavale comme un dératé pour ne rien manquer, je me sens comme un gamin sur le point de déballer sa première Playstation.
Pas le temps de prendre une bière que je me place en face de l’ampli basse. Avec la ponctualité chirurgicale propre au Glazart, il ne s’agirait pas de se retrouver bloquer au comptoir alors que les guitares commencent à cracher. Ça ne rate pas, à peine en place, le quatuor outre-manche ouvre le bal. Enfin le bal… On parle davantage d’une vague de lourd riffs bien efficaces pour Steak. Pas de fioritures ici, la viande est cuite à point et servie sans sauce. À l’instar de Cam qui arbore sa basse une corde en moins (la plus aiguë, bien évidemment). Pourquoi s’enquiquiner à gratter sur quatre ce que l’on peut distribuer sur trois ? L’humeur timide des Londoniens est rattrapée par la qualité de leur prestation qui échauffe une salle se remplissant très vite. Un jeu puissant soutenu par une voix qu’on aurait souhaité plus forte. Le public est réactif, et à l’envoi de « Coke Dick » extrait de leur nouvel album, les cheveux commencent à s’agiter et les nuques à s’étirer.
Après la colonisation de la scène par les Anglais, vient l’heure de l’indépendance américaine. Finn et Chris ont la pêche, et accompagnés d’un Bob Pantella qui mitraille ses fûts comme si les laisser refroidir une minute menaçait de tout faire exploser, ils parviennent à transmettre leur énergie à une foule qui s’agite de plus en plus. Avec un album tout frais sorti d’usine, on aurait pu s’attendre à une présentation des nouveaux titres ; pourtant le groupe déroule son répertoire survolté en partant du premier opus, en se contentant d’y ajouter (seulement ?) trois de leurs récentes compositions. Le pari reste cependant réussi et le tout s’enchaîne à merveille. Ce n’est un secret pour personne, The Atomic Bitchwax, ça va vite. Et lorsqu’après « Liv a little », monsieur Koznik nous demande si l’on veut du groove ou plus de fast, chacun s’empresse de redemander sa dose de frénésie. Sur « Giant » les plus énervés s’emportent et ça se bouscule enfin. Comme le disait ma psy, un bon pogo c’est comme une crise d’angoisse, une fois la première survenue, les suivantes n’en sont que plus fréquentes et redoublent d’intensité. Un adage qui se vérifie pendant tout le show jusqu’à une apothéose chaotique sur « Shit kicker ». Leur rythmique dévastatrice nous donne l’impression de chevaucher un bison sous coke, là où la mélodie des refrains s’avère plus aérienne sans perdre un chouïa de dynamisme. Les soli furieux (pas assez forts à mon goût) viennent enfoncer le clou de la machine impétueuse qui interdit tout statisme à son audience. Après une tentative de chillout en claire, n’apparaissant que comme une prise d’élan pour mieux sauter durant le rappel, le trio galope sur «Force Field». Les Américains achèveront leur vigoureuse prestation par un break interminable digne de ce que le Rock’n’Roll des 70’s a de mieux à offrir. Et le Glazart gagne dix degrés.
Après Steak et Atomic Bitchwax, on est en droit d’imaginer que la « feuille verte » va proposer une accalmie salvatrice, ou a minima un contenu moins bourrin. Erreur grave… N’oublions pas que derrière la feuille reste attachée une bûche. Et dès les premières envolées de « Trails & Passes », on sent que la partie est loin d’être terminée. L’énergie de Greenleaf se déploie et nous transporte en plein cœur de la nébuleuse stoner. Alternance de passage heavy-blues, de doux interludes, de rythmiques méchamment burnées et de soli enivrants. Faut avouer que question riff, le background de Tommi Holappa (ancien guitariste de Dozer) pèse autant que le CV d’un triathlète au royaume des culs-de-jatte. Des phrasés de maître sublimés par la voix captivante d’Arvid Jonsson, dont les yeux écarquillés se posent sur la foule comme sur autant de serpents à charmer. Petit bémol au niveau du solo de batterie. Une performance embrouillée et quelque peu embarrassante qui s’achèvera par un lancer de baguette frustré au plafond. Néanmoins, sous la clameur générale la locomotive Olsson parvient à repartir. Et ni ce petit écueil ni la corde cassée de Tommi, changée en moins d’une minute pendant une impro de ses copains, ne parviendront à amoindrir le goût délicieux de l’expérience. On chante, on danse, on s’exalte de l’effervescence du groupe et le sentiment semble partagé. Un succès confirmé par une absence totale de cd/vinyle sur leur merch, et ce avant même de brancher la première guitare. Greenleaf, pendant longtemps considéré comme un « side-band », nous démontre une fois de plus toute l’étendue de ses capacités et confirme son statut de groupe à part entière. La balance du son s’avère absolument nickel et nous permet de profiter pleinement de cette symbiose.
En somme une soirée réussie, tout en progression. On ressort du Glazart les yeux pétillants et un sourire béat au visage. Le gage de qualité désormais indéniable des deux collectifs Parisiens.
Le quartier de La Goutte d’Or à Paris à une réputation sulfureuse, et cela s’est justifié ce soir de novembre, dans les entrailles de l’Olympic Café. L’association Below the Sun avait déniché un parterre de trois groupes parmi lesquels, rien de moins que les légendaires australiens de Mammoth Mammoth.
Les portes de l’enfer se sont ouvertes sur Iron Lizards, trio parisien dont l’EP sorti en 2016 devrait être suivi prochainement d’un album que l’on a hâte d’entendre. Les compères nous ont offert un bon rock old-school métissé d’une énergie punk pur jus. Ça joue fort, vite et staccato. Voila un groupe qui porte bien son nom, ils ont le poids de l’acier et l’agilité du reptile. Une sorte de « punkabilly » que je vous recommande chaudement, même si le public n’est pas venu bien nombreux ce soir et que la salle peine à se remplir aux deux tiers.
Qu’importe Wreck Plus est venu faire le show. Ces quatre-là envoient la sauce avec une rythmique soutenue et une bonne maîtrise des instruments. Pour autant leur heavy 70’s n’opérera pas sur moi le charme escompté, peut-être à cause d’un trop grand renfort de reverb sur la voix et une envolée technique trop démonstrative ?
Nous voilà arrivés au moment où tout bascule. Mammoth Mammoth est venu enflammer la cave et en faire un enfer. La chaleur monte vite, les rangs se resserrent et il ne faut pas beaucoup de temps avant que l’assemblée se mette à pogoter dans tous les sens. Le trio nous en met plein les dents et déverse son dernier album avec furie sur une balance presque parfaite.
Cuz, le guitariste monte sur scène affublé d’un chapeau de trappeur en poil de chat sauvage, ça annonce la couleur, “rien à foutre de tout, on est là pour s’amuser !”
Pete Bell à la basse, touche presque le plafond tant le type est gigantesque. Il prend un pied bien visible à tabasser sa planche jusqu’à en péter une corde et finir sur trois pattes le morceau entamé sans même sourciller.
Bones joues les poulpes à la posture de jazzmen tripé, mimant à la bouche chaque frappe dans le vacarme assourdissant de ses futs.
Mickey Tucker, le chanteur est déchainé. Imaginez un peu un dingo alcoolique sous speed lancé pleine balle dans le désert à la poursuite d’un mirage, oui, vous voyez ? et bien vous êtes encore loin du compte. Le gars se livre à toutes les hystéries, du verre de bière qu’il se jette en pleine tronche, aux pains qu’il simule de se foutre à lui-même. La musique est folle, ça va vite, bien plus vite qu’en studio et nous rend aussi tarés que lui. Le pit est en délire et tout le monde veux sa baffe sonore et physique, on voit les plus calmes et les plus vieux des habitués de la scène se jeter dans la bagarre, profiter des câlins moites de Mickey ou monter sur scène sans plus vouloir la quitter. Le mammouth fait tourner le Jack Da’ et presque tout le monde aura le droit à sa rasade ! “Rock’s Populi”. C’est une communion païenne qui s’opère, le démon est en nous et on espère bien qu’il y restera longtemps.
Le maître de cérémonie s’apprête à tirer sa révérence, mais pas sans s’être roulé par terre, avoir surfé ou encore slamé sur la trop maigre foule présente.
Mammoth Mammoth nous quitte à regret après un bon gros rappel et la destruction d’une batterie laissant la scène ravagée, à l’image de leur folie.
Trois dates françaises seulement (et même pas Paris) : cette tournée de Duel fera plus de frustrés que d’heureux. Les quatre texans se sont déjà taillé une réputation scénique irréprochable, et la perspective d’une soirée dantesque nous amène à rallier le petit Void de Bordeaux en ce dimanche soir.
Maniard
La salle est modérément remplie alors que Maniard cale ses premiers riffs sur la scène aujourd’hui baignée de rouge (oui, le double spot de lumière du Void fait toujours le ravissement du public le plus esthète, avec sa puissance famélique et ses couleurs dégueulasses, évidemment statiques durant tout le concert). Le trio évolue dans un genre musical un peu hybride mais plaisant, tapant dans du gros riff qui tâche, agrémenté de quelques rares mais performants growls. Le groupe s’y étend pour faire tourner un gros riff et y caler quelques soli sympas ; à ce titre les cordistes, frères et sœur, sont en phase et la dualité rythmique / lead fonctionne bien. Scéniquement, toutefois, le groupe devrait muscler un peu son jeu : on aimerait voir autre chose que des musiciens qui se regardent jouer pendant une heure, et on capte trop de mini-pains sur des solo ou de changements de sons de gratte mal calés… Rien de majeur, un peu d’expérience devrait faire oublier tout ça.
On se cale au 1er rang en attendant Duel, ne voulant rien manquer d’un set qui devrait s’annoncer glorieux. Après un demi soundcheck rapide, les quatre texans prennent la scène et rentrent dans le dur très vite avec une poignée d’extraits de leur premier album (dont un “Fell to the Earth” qui ne tardera pas à générer les premiers headbang au premier rang). Très vite la force du combo s’étale devant nos yeux ébahis : les compos du groupe ont beau être impeccables sur album, avec une prod vintage parfaite, ils prennent sur scène une dimension et une énergie d’une toute autre teneur. Et on est loin de la rhétorique : on parle vraiment d’une approche live qui décuple la puissance de chaque morceau. Les plans les plus mélodiques d’un “Witchbanger” ou d’un “Devil” sont retranscrits sur scène en un déluge de guitares agressives qui laisse pantois.
Tom Frank a beau mener la barque avec assurance et brio, son exubérance ne masque ni ne bride jamais un line up impeccablement taillé dans le plus pur sang texan (taux de santiags = 100% sur scène, un indicateur de la plus haute pertinence) : Jeff enquille les soli impeccables avec le sourire et des poses de shredder magnifique tandis que Shaun étale sa bouillonnante classe de gentleman farmer longiligne pendant plus d’une heure de set, structurant l’édifice rythmique avec maestria. Quant à JD derrière son kit, il apporte le quota redneck qui donne son plein équilibre au groupe : pieds nus, débardeur trop grand et trucker hat vissée sur la tête, le gaillard enquille des rythmiques impeccables sans jamais se dépareiller de son sourire. Et le combo d’aligner ainsi les brulots piochés aléatoirement dans ses deux galettes, faisant marcher la machine à riffs à plein régime, artillant chacun de soli limpides, le tout en tenant la scène de main de maître.
C’est carré, punchy, robuste, enjoué et puissant, frénétique et fortement groovy. On ne pouvait rêver meilleure soirée… avant de nous tourner vers l’arrière de la salle ! La salle s’est largement vidée depuis la première partie, alors qu’on ne pouvait décemment qu’imaginer l’inverse vu le niveau qui nous est présenté sur scène. Quelques dizaines de spectateurs seulement sont présents pour apprécier cet ouragan du meilleur rock texan du moment, servi pour eux sur un plateau. Cela signifie non seulement que trop peu de public est venu assister au concert (la place était au prix d’une pinte, pour un concert de cette trempe, sacrebleu !) mais surtout, pire, qu’une part du public (potes, famille, ou le groupe lui-même…) est venue juste pour la première partie sans même daigner découvrir la tête d’affiche. Une ouverture d’esprit trop souvent symptomatique du public bordelais… Une conclusion un peu douce-amère à un set qui aura néanmoins tenu plus que ses promesses, et un groupe qui aura délivré un set de grande classe quel que soit le remplissage de la salle. Tout à son honneur. Un grand groupe de scène, à plus d’un titre, donc.
Quel superbe plateau, digne d’un mini-festival itinérant, que celui qui arpente le pays et l’Europe en ce mois d’octobre. Trois groupes différents, tous les trois intéressants et à des niveaux de notoriété variables. Trois groupes en tout cas qui, chacun, justifierait seul le déplacement !
On n’est donc logiquement pas seuls au Krakatoa ce soir : la salle de l’agglomération bordelaise ne fait pas complètement le plein, mais son remplissage est loin d’être ridicule. Lorsque le set de Death Alley commence, la première partie de cette tournée, déjà quelques centaines de personnes se rassemblent devant la scène pour assister au set des bataves. Scéniquement, Death Alley c’est un peu l’assurance tous risques : même si l’on n’est pas fan du genre musical pratiqué par nos quatre lascars (oui, c’est encore du hard rock vintage 70’s, version amphétaminée cependant), force est de constater que sur scène les compos prennent une toute autre dimension, grâce à l’énergie déployée. C’est clairement Douwe Truijens, frontman emblématique du groupe, qui attire tous les regards et génère bonne humeur et dynamisme à l’ensemble : le chanteur, véritable cliché sur pattes (longs cheveux blonds, veste à franges sans manche sur torse nu, grosse moustache…), mène le jeu de scène et incarne le groupe, arpentant la scène de long en large, dansant, le tout avec un sourire ultra-brite et surtout un chant impeccable, juste et puissant ! Derrière, ça joue solide, et en particulier le MVP de l’ombre, Oeds Beydals : l’ancien guitariste des cultes The Devil’s Blood se fait plaisir, dégaine des sons de guitare venus de nulle part et crache les soli par pack de 12. Le groupe termine son généreux set par l’épique “Supernatural Predator”, qui démontre au moins deux choses : le talent des zicos déjà (qui s’y entendent impeccablement pour animer ce gros morceau retors qui repose sur une apothéose instrumentale / jam space rock), mais aussi le potentiel du groupe à se frotter à d’autres genres musicaux “annexes” (et donc un potentiel d’évolution que d’autres n’ont pas forcément). Espérons que le groupe parvienne à solidifier son line up et enfin décoller sur la scène européenne, après quelques années ponctuées par des ratés et faux démarrages.
Death Alley
L’humeur est donc au beau fixe quand Mantar monte sur scène. Niveau ambiance musicale, en revanche, le sourire laisse vite sa place aux mâchoires serrées, pour faire face à l’énergie brute du groupe. Faire très vite très mal très fort, le leitmotiv du duo paraît clair. Hanno est déchaîné, une boule d’énergie pure. Toujours aussi maigre, crâne rasé, le chétif guitariste est phénoménal ce soir, encore une fois serait-on tenté de dire. Fusionnant avec sa six-cordes, il se crampe au micro à la moindre ligne de chant, monte à pied joint sur ses pédales d’effet, manipule son rack d’effets avec tous les membres disponibles (!) dans toutes les positions imaginables (!!), et dès qu’il a une seconde vient délivrer quelques riffs purulents au public, comme autant d’insultes crachées au visage. Jouissif. Erinc est fatalement plus sobre scéniquement, mais le taf enquillé derrière son kit de batterie est énorme. Terrassés au milieu de set, le filet de bave au coin de la bouche, on se retourne pour constater un léger problème : un léger décalage (euphémisme) entre la puissance délivrée sur scène et la réaction du public, modérée (euphémisme). Pourtant la set list est imparable, les plus grosses cartouches du groupe y passent, le groupe bénéficiant de plus de 45 minutes de jeu : “Praise the Plague”, “Era Borealis”, un très fat “Cross The Cross”… Le duo ne faiblit pas un instant malgré un accueil vaguement enthousiaste (euphémisme), là où d’autres auraient levé la pédale ; nouveau signe s’il en fallait un que Mantar est une bête de live. Bref, une très grosse claque… pour qui était disposé à la recevoir et la déguster.
Mantar
Clairement, c’est Kadavar qui a rameuté le monde ce soir, et il suffit que le groupe dégaine les premiers accords du pourtant moyen “Rough Times” pour susciter sourires et premiers hochements de têtes dans le public. Le son est énorme, clair, massif, aux petits oignons. Et scéniquement, le groupe a encore fait un pas vers la maîtrise absolue : on peut louvoyer comme on veut, on peut, derrière la meute, crier à qui veut l’entendre que les derniers albums sont mauvais, ce qu’on veut. Mais il est un terrain sur lequel il serait malhonnête de faire preuve de la même mauvaise foi : sur scène, le groupe est impérial. Lupus est toujours impeccable : même si pas démonstratif pour un sou (un comble pour un frontman), statique qu’il est derrière son muret de retours, il enquille les soli avec une virtuosité remarquable, et son chant puissant et juste fait mouche. Sur le côté, le français Simon “Dragon”, anciennement plutôt introverti, est déchaîné, martelant sa basse avec une vigueur inédite, bien aidé en cela par une mise en son royale, ronde et claire, rendant honneur à son jeu, trop souvent sous-estimé. Mais le maître de la soirée est clairement – qui l’eut cru – Tiger : le filiforme batteur, posté devant au ras du bord de scène, monté sur piédestal, haut perché sur son tabouret fait bien plus que le job. Le barbu chevelu développe un jeu particulièrement visuel (avec un kit transparent, effet garanti), grimace, toise le public, sourit… Expressif jusqu’à l’outrance, il focalise tous les regards, et il se trouve que le gaillard est solide techniquement, donc on serait bien en peine de le critiquer sur son comportement.
Kadavar
Niveau set list, le choix est malin : bénéficiant d’un bon temps de jeu, le trio ne pousse pas le bouchon comme il l’avait fait à la sortie de “Berlin”, quand il composait sa set list avec une large part de son dernier album en date. Certes, le groupe joue ce soir quatre ou cinq extraits de Rough Times (dont de bonnes versions de “Die Baby Die” ou “Tribulation Nation”) mais il joue la carte séduction en dégainant à peu près autant de titres issus… de son premier album ! Grand plaisir d’entendre “Black Sun” ou encore “Forgotten Past”. Berlin en revanche ne sera représenté qu’à une occasion ce soir, à travers “Old Man”, pourtant pas son meilleur titre loin s’en faut. On notera un “Purple Sage” étiré et trituré, restructuré en une orgie jam parfaitement maîtrisée, qui voit le groupe quitter la scène dans une atmosphère encore baignée de son space rock le plus remarquable.
Kadavar
Le trio remonte sur scène quelques instants plus tard pour un rappel un peu attendu : on était impatient d’entendre leur version de ce classique punk des Damned, “New Rose”. Agréable surprise ! Loin de se couvrir de ridicule, les allemands en délivrent une version fidèle mélodiquement, respectueuse, et s’appropriant son énergie à leur sauce. Une agréable surprise ! Le set se termine sur le classique “Come Back Life”, et le public quitte gentiment la salle, ravi.
On restera donc à l’issue de cette soirée sur un constat mi figue mi raisin : une prestation remarquable de Kadavar, une prestation énorme de Mantar, mais un public un peu apathique, coincé comme Bordeaux sait parfois en proposer (on se rappelle de Clutch dans la même salle il y a quelques années à peine…). La fête n’était pas complète, mais du haut de la scène, le plateau proposé a tenu toutes ses promesses, et au delà.
Nous nous devions d’être présents à la date parisienne de cette tournée Monolord + Conan, qui se retrouvait affublée d’une paire de super groupes supplémentaires (voir notre chronique ici). Mais nous n’avons pas hésité longtemps pour aller voir une autre date de cette tournée impressionnante, deux jours plus tard à peine, dans un format plus “traditionnel”, afin d’évaluer le poids (le mot n’est pas usurpé) de ce plateau, dans une configuration plus “normale”.
Nous voilà donc à Bordeaux où les maîtres du doom font une escale grâce aux Make it Sabbathy. Le public, pas toujours des plus véhéments dans cette ville, n’a pas boudé ce soir, remplissant très correctement le petit Void.
Un public pas encore au complet lorsque le duo australo-allemand de Powder for Pigeons prend la scène, grâce à une excellente opportunité de tournées concomitantes, permettant au duo de se produire en introduction de cette tournée des deux géants du doom. On pouvait craindre en revanche que le jeune groupe se retrouve un peu “léger” face à ces poids lourds, dans tous les sens du terme. Dès les premiers accords, il apparaît évident que le groupe compense par son énergie son déficit de lourdeur musicale : ne travestissant pas leur musique, ils se donnent à 100% et finalement proposent une introduction rafraîchissante et bienvenue. Il faut dire que sur scène c’est carré, ça joue, et ça envoie ! Guitares velues et fuzzées de Rhys, batterie punchy et parfaitement en place de Meike : le duo fonctionne parfaitement et le set laissera un très bon souvenir.
Très attendu, Monolord prend la scène juste après, clairement prêts à en découdre. Niveau énergie, Monolord c’est un peu ce qui se fait de mieux au niveau du doom, pile poil entre la nonchalance emblématique du genre et l’exubérance absolue : ni trop, ni trop peu. Mika Häkki est comme à son habitude déchaîné, maltraitant sa basse pour en tirer des riffs (oui oui, des riffs de basse… on en est là !) lourds et gras, et des rythmiques nerveuses, soutenu en cela par un Esben Willems qui, l’air de rien, caché derrière son kit, frappe comme une mule sans jamais flêchir. Thomas Jäger n’est pas en reste, moins exubérant scéniquement, il débite les bûches à l’envie, et enrobe le tout de vocaux qui, s’ils n’ont jamais impressionné quiconque par leur originalité ni leur génie, font encore ce soir impeccablement le job. Les titres du dernier album, comme “Rust” et “Where Death meets the Sea” en intro, passent bien l’épreuve du live (on n’était pas trop inquiet…), malgré certains arrangements perfectibles ici ou là. Comme toujours, la conclusion sur “Empress Rising” emporte tous les suffrages, d’une manière devenue un peu irrationnelle, mais on ne s’en plaindra pas, les zicos se déchaînant sur la fin du set. Très belle claque, et le public est incandescent.
Pas un vrai cadeau pour Conan que ce slot de tête d’affiche. Le trio anglais ne l’a pourtant pas volé, ni par sa carrière, ni par son talent. Pourtant depuis quelques années le solide combo se fait un peu tailler les croupières par la jeune garde doom, emmenée elle-même par des combos comme… Monolord ! Pourtant le groupe de Jon Davis ne se préoccupe pas de ces considérations au moment de fouler la scène sur le solide “Crown of Talons”. Le patibulaire et bonhomme guitariste se cale en bord de scène et lâche ses gros riffs, un à un, avec l’assurance du gars qui n’est pas dupe sur l’efficacité d’une bonne compo doom. Le public de son côté sait en reconnaître une quand il en entend une, soit dit en passant, et les nuques commencent à battre en cadence jusqu’au fond de la salle. Une cadence bien plus lente et pesante que pour Monolord : on est dans un doom plus classique ici, Conan n’amène jamais très haut le compteur des BPM. De temps en temps, Davis se rapproche du pied de micro pour venir hurler quelques vocaux sanguinaires bien sentis, bien aidé en cela par un Chris Fielding qui apporte un contrepoint beuglé plutôt sympa en terme de nettoyage auriculaire. Le gars est furieux derrière sa basse. Le nouveau batteur (encore un…) assure, c’est carré, pas de soucis. Le set se termine sur un “Total Conquest” qui ne laissera planer aucune ambigüité sur la qualité du concert de ce soir : bien moins dynamique et énergique que Monolord, Conan a fait ce qu’il sait bien faire : déclencher un déluge de riffs pachydermiques dévastateurs sur un public qui les digère un à un, mais s’alourdit un peu plus à chaque nouvelle cartouche, pour finir quand même bien amoché. Une autre vision du doom, et c’est bien ce qui rendait ce plateau et cette tournée particulièrement intéressants. Le doom n’est pas mort !
Les organisateurs du Desertfest ne sont certainement pas superstitieux : débuter cette édition 2017 un vendredi 13, il fallait oser.
Ouverture des portes à 17H30 histoire de faire le tour du Trix en configuration festival et découvrir l’espace merch, les différents bars et le food-court extérieur baigné dans le soleil de fin d’après-midi et une température de 22°.
Kaleidobolt (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
C’est aux finlandais de Kaleidobolt que revient la lourde tâche d’inaugurer cette nouvelle édition et la Vulture Stage. Le trio et son groove unique va placer la barre très haut d’entrée de jeu. Techniquement irréprochable, le groupe sera malheureusement rattrapé par un problème sur l’ampli de Sampo qui devra laisser ses deux comparses jammer pendant près de 5 minutes avant de pouvoir revenir et enfoncer le dernier clou de cette prestation de haute volée.
All Them Witches (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Viennent ensuite les italiens de Caronte dont nous ne profiterons que le temps d’une chanson, l’appel du ventre et de la saucisse devenant primordial si nous ne voulons pas rater All Them Witches. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la même idée et arrivons repus avec le gros de la transhumance dans la salle principale déjà pleine à ras bords. Nous avons déjà vanté dans nos pages les mérites du groupe de Nashville, et nous ne dérogerons pas à la règle. La beauté éthérée d’un « Am I Going Up ? », l’ambivalence rampante dance / bestialité d’ « Alabaster »,etc… la liste serait trop longue à énumérer. Le rendu live de ce que le groupe peut accoucher sur galette est juste magnifique. Ca va être compliqué de passer sur la Main stage après les ‘ricains !
Impasse sur Grime et direction la Canyon Stage pour y prendre la température et profiter du kraut japonais de Minami Deutsch. Une ambiance feutrée et une salle bien remplie profitent aux nippons qui déroulent leur set sans trop forcer. C’est fin, léger, lancinant, aérien et nous ouvre l’appétit avant un des temps fort de la soirée.
Lowrider (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Car Lowrider, les vétérans suédois vont une fois de plus monter sur la scène d’un Desertfest. Ça fait plus de quinze ans maintenant que le groupe vit sur son unique album (l’exceptionnel Ode To Io), et quelques années qu’il remonte régulièrement sur les scènes des festivals. Résultat : les sets sont désormais prévisibles et la recette éculée. Les blagues de sir Bergstrand, ainsi qu’un « Convoy V » dédicacé à Jaymz et aux Four Horsemen ne parviendront pas à réveiller complètement une Desert Stage encore léthargique après la prestation d’All Them Witches. Idem avec ce nouveau morceau balancé comme si de rien n’était. Il serait peut-être (enfin) temps de bosser sérieusement sur un nouvel album.
Gozu (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nous quittons les suédois peu avant la fin du set, évitons la Vulture stage où se produit Black Lung, et filons tout droit à l’étage pour trouver une place de choix avant l’arrivée des bostoniens de Gozu. Piochant dans ses trois albums, le quatuor va nous botter les fesses pendant une grosse heure avec son sens du groove et de la bestialité. Gozu réveillera même les slammers avant d’achever tout son monde à la sulfateuse à l’occasion d’un « Alone » qui porte définitivement Mark Gaffney au pinacle des vocalistes (tous genres confondus). Quelle claque !
Radio Moscow (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nouveau conflit de programmation : nous préférons assurer le coup avec les valeurs sûres de Radio Moscow et raterons -(16)-. En route pour la scène principale et une bonne dose de rock psychédélique made in Iowa. Le trio a à sa disposition une discographie déjà bien fournie et nous fait remonter le temps pour nous replonger dans l’essence du rock’n’roll. Classique certes, mais jouissif et efficace. Et surtout « reposant » pour les esgourdes avant le dernier concert du jour.
Car c’est aux belges de Steak Number Eight de clore ce vendredi 13. La canyon stage est pleine à craquer quand stroboscopes et premiers accords de sludge retentissent. La réputation du groupe, et de ses prestations sans concessions, n’est plus à faire. Portés par un public de compatriotes, la déflagration sonore engendrée par le combo va laisser des traces, aussi bien sur les festivaliers que dans les fondations du Trix dont les murs restent encore imprégnés des hurlements et des riffs monolithiques balancés par les presque benjamins du festival. On ne pouvait rêver mieux pour terminer cette première journée.
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JOUR 2
Le soleil est encore au rendez-vous ce samedi. Les groupes aussi, qui arrivent au compte-gouttes peu avant l’ouverture des portes.
Et ce sont les belges de A Supernaut qui vont entamer cette journée. A l’aise, et profitant d’être seuls à jouer à cet horaire, le power trio va chauffer l’auditoire de fort belle manière. Profitant pleinement des 40 minutes de leur set, les bruxellois déroulent leur rock’n roll emprunt d’une dose de psychédélisme : les raideurs nucales de la veille sont déjà oubliées.
Petit tour au stand merch puis direction la main stage pour The Vintage Caravan et leur rock psychédélique plutôt classique. La salle est loin d’être remplie, début de journée oblige, et le groupe déroule un set plutôt « tranquille » qui ne déchaînera pas les passions. Dommage.
Elephant Tree (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Il faut pourtant vite quitter la grande salle pour rejoindre l’ambiance feutrée de la Vulture stage qui commence à s’animer pour les anglais d’Elephant Tree. Fidèles à eux-mêmes, les anglais commencent à trois pour terminer en mode quatuor, et affichent une « branleur-attitude » (qui est le seul groupe, comme pour le Desertfest de Londres, à ne ramener aucun merch ?) qui n’est finalement qu’apparent. Car même si ça vanne sec sur scène, la musique du combo londonien écrase tout sur son passage et transforme le Trix en zone d’activités sismiques. Essai transformé encore une fois.
Stoned Jesus (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Point de King Hiss pour nous : nous nous mettons en route vers la main stage pour Stoned Jesus (nous ne sommes pas les seuls d’ailleurs). Le groupe, qui avait annulé sa prestation londonienne à la dernière minute, est bien présent aujourd’hui et fait salle comble. Les ukrainiens vont vite faire mouche avec leur psyché explosif, et réussiront à faire chanter la salle principale. Après le set des éléphants, le fuzz est donc bien à l’honneur en ce samedi après-midi. Devant tant de maîtrise, la tentation est grande de se faner l’intégralité du set de Stoned Jesus…
… pourtant, une force invisible nous pousse à rapidement quitter cette débauche et rejoindre la Vulture stage avant l’arrivée de White Manna. Alors que nous n’attendions pas grand chose du set des cinq californiens, nous allons assister à LA branlée du jour. Le groupe balance un space rock hybride et hypnotique, tapissé de reverb. Les plus anciens crieront Hawkwind. Les plus « jeunes » parleront d’un croisement improbable entre Pharaoh Overlord pour le côté répétitif, Ten East pour le côté planant et The Wellwater Conspiracy pour les vocaux. Simple, sexuelle, transcendante, la prestation du combo se terminera par une procession vers le stand merchandising où on se bouscule pour acheter CD et vinyls. White Manna ou les vainqueurs du jour, bien avant l’heure, par un très net KO.
Avec tout ça, on a raté Church of the Cosmic Skull. Direction donc la Desert stage où Unsane bastonne sévère dans un style qui tranche avec la programmation du jour sur la scène principale. Quelques grammes de brutalité dans un monde de (presque) finesse. Le groupe débite riffs et hurlements plus vite que Lucky Luke ne dégaine. Un beau bordel.
Pendant ce temps là, les suédois de Troubled Horse ont la lourde tâche de passer après le raz de marée White Manna. Qu’à cela ne tienne, nos lascars vont mouiller le maillot et éclabousser de leur heavy rock de bonne facture une salle qui va (malheureusement pour eux) se vider petit à petit pour grimper d’un étage et assister au show Beastmaker. Ambiance doom donc du côté de la Canyon stage où il est difficile de se frayer un chemin. Le trio enquille les riffs devant la foule des grands jours et la bière coule à flots en guise d’offrande. Servis par un son incroyable, les américains sont coupables de mettre une sacrée dégelée aux Desertfesters.
Windhand (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Sur la Desert stage, la pression monte en attendant Windhand, autre porte-étendard doom du jour. La performance va pourtant nous laisser sur notre faim. Tandis que Beastmaker profitait de conditions sonores idéales sur la Canyon, c’est un peu brouillon pour les Etats-uniens, en particulier pour la voix de Dorthia qui a bien du mal a percer le mur de guitares pour se faire entendre. Dommage.
Les Ohhms n’auront pas de mal à se faire entendre eux, c’est certain. Sludge jusqu’au bout des ongles, les anglais vont faire preuve d’une débauche sonore et physique pour appâter le chaland. Les amplis tremblent et les troncs oscillent sous les coups de boutoir d’une musique brute et pourtant définitivement technique. Un cran plus fort que Steak Number Eight en matière de sauvagerie.
Petit tour par la case Satan’s Satyrs histoire de se rafraîchir les oreilles et l’esprit après tant de bestialité, pour assister à un show aussi bien visuel que musical. Si les poncifs du genre, aussi bien en matière vestimentaire qu’en terme de « poses », sont omniprésents, c’est pour servir la cause hard/doom que promeuvent les américains sur un titre comme « Show me your skull ». Brillant.
House of Broken Promises (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
La fin de soirée approche et vient l’heure d’un choix que, finalement, nous n’aurons pas de mal à prendre. Direction la minuscule Vulture histoire d’avoir une place de choix pour House of Broken Promises. Nous laissons donc Graveyard et sa horde de fans hanter la grande salle pour le rock sulfureux des californiens. Bonne pioche : le groupe va construire un set accrocheur du début à la fin. « Obey the snake » et « Blister » sont là, bien évidemment. Vient ensuite un medley des meilleurs riffs de metal (on a eu droit à du Pantera pendant le soundcheck, on pioche dans le répertoire Black Sabbath pour le set). Mais surtout, Seay et Cancino vont « s’affranchir » de John Garcia et piocher dans le répertoire d’Unida (c’est quand même un peu beaucoup leur bébé !) pour clore les débats. Sous la forme d’un medley (encore un) entamé par le riff monstrueux de « Wet pussycat », Joe Mora la joue décomplexé et prouve qu’il n’a finalement rien à envier à la légende vocale du désert. Le temps file, le groupe déborde, et se fera couper la chique après le sauvage « Black Woman ». Un pur régal.
Dÿse (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nous arriverons donc peu après le début du set de Dÿse, le duo allemand. Seulement armés de leur guitare, de leur batterie, et d’un amour immodéré pour l’humour absurde, les allemands prouvent qu’un binôme suffit pour produire une déflagration de plusieurs kilotonnes. Les deux lascars sont haut perchés (comme d’habitude) et vont œuvrer pour la bonne cause et clore cette deuxième journée de la meilleure des manières. Après l’aller fourni par HOBP, les teutons s’occupent du retour et vont laisser groggy les festivaliers encore présents et assez frais. Du Dÿse de haute volée donc pour mettre un terme à une deuxième journée de toute beauté.
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JOUR 3
Dernier jour déjà, toujours sous un soleil estival. Après cette monstrueuse journée de samedi, nous sommes peu nombreux à l’ouverture des portes.
Big Fat Lukum, jeune groupe belge à la lourde charge d’ouvrir ce dimanche. Le combo va envoyer du steak pendant une bonne demi-heure, mais malheureusement devant une foule éparse et composée majoritairement de connaissances à eux.
Même constat pour High Fighter. Les teutons sont pénalisés par l’horaire, et par les dégâts causés la veille par leurs compatriotes de Dÿse. La Canyon stage semble boudée et le heavy rock puissant des allemands, ne trouvant pas de réel écho, retombe à plat.
Monolord (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nous quittons donc l’étage du Trix en direction de la Main stage pour s’apercevoir avec stupeur que la foule est arrivée en masse à 16H00, pile poil pour le set de Monolord. Dès les premiers accords, le doute n’est plus permis : les suédois sont là pour un set surpuissant. La grande salle ressemble à s’y méprendre à une piscine à vagues (ou à riffs), une kyrielle de stoneheads tanguant au rythme des bûches monolithiques qui arrivent à intervalles réguliers. Ça va être compliqué pour les combos qui vont suivre. Imparable.
Hemelbestormer (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nous filons direct vers la Canyon pour le set d’Hemelbestormer. Certes, le groupe flamand propose un sludge convenu qui ne va pas révolutionner le genre. Le tout reste néanmoins techniquement maîtrisé et incroyable. Nous prenons donc un réel plaisir à nous prendre en pleine face les parpaings de plus de 10 minutes que va balancer le combo tout au long de son set. Après Monolord, voilà la deuxième claque du jour.
Après tant de lourdeur, un peu de légèreté s’impose. Nous traçons donc tout droit vers la Vulture pour le set de Redd Kross et leur rock’n’roll festif. Vêtements des années 70 sur le dos, les gaillards de L.A. vont animer la minuscule scène aidés derrière les fûts par un certain Dale Crover. Visiblement heureux d’être là, les Redd Kross enflamment le Desertfest (et une foule massive) au son de leurs meilleurs titres, ainsi que de reprises des Beatles ou de David Bowie. « Annie’s gone » mais nous, nous somme restés jusqu’au bout.
On jette un œil rapide à Dool avant de prendre la direction du show de Saint Vitus. Les vétérans du Doom ont pris un sacré coup de vieux et nous frémissons en voyant Scott Reagers arriver sur scène avec son mug de thé, et son comparse Dave Chandler au bras d’un déambulateur humain. Une fois sa guitare dans les mains, ce dernier va faire pourtant faire le job, aidé en cela par la monstrueuse paire rythmique Henry Vazquez/Pat Bruders. Difficile de se faire un avis sur la prestation qui laisse volontairement de côté la période Wino.
Mantar (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Mantar va repousser les limites de l’adage prôné par ses compatriotes de Dÿse la veille, à savoir : il suffit d’une guitare et d’une batterie pour faire des dégâts. Le binôme germanique ne se contentera pas d’une simple déflagration sur la Canyon stage ce soir mais bien d’une véritable exécution. Mantar est là pour tuer et n’épargner personne. Hanno la joue un brin provoc’ (« Hey Desertfest, I know you’re here to listen to some hippie shitty music ») avant de défourailler devant une salle pleine à craquer. Nous comprenons mieux ainsi la portée des paroles de « Era Borealis ». Encore plus que sur skeud, c’est vraiment sur scène que le mantra de Mantar prend tout son sens : « Kill, Destroy, Fuck shit up ». Grandiose.
Rapide coup d’œil à la salle principale où il nous est impossible de rentrer. Tous les hippies mentionnés par Hanno se sont en effet donnés rendez-vous pour le set de Kadavar qui a débuté il y a 20 minutes et que nous allons donc rater.
Pas grave, il reste la Vulture stage où les australo-néerlandais de Spirit Valley se préparent. Le duo profite de la programmation pour attirer les anti-hippies en déversant son ovni-rock psychédélique. Le résultat est finalement assez impressionnant et on croirait par moment à une version fuzz de Depeche Mode tant le timbre vocal rappelle par moments celui de Dave Gahan. Une bonne petite découverte.
The Melvins (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Nous partirons cependant avant la fin (et raterons également Spidergawd, déjà vus sur l’édition Londonienne) pour aller nous restaurer et prendre des forces avant la tête d’affiche du jour. Les Melvins sont dans la place (aux mêmes horaires que Mos Generator que nous allons par conséquent malheureusement rater) drainant un éventail de fans aussi large que le cul de l’archipère du Graal dans Preacher. Toute la magie des Melvins se trouve résumée dans la reprise des Beatles « I want to hold your hands » : quelque soit le genre abordé par King Buzzo et ses comparses, le résultat est irrémédiablement surgonflé à la testostérone. « The Bit », « Queen » ou encore « Anaconda » résonnent comme autant de brûlots. La salle, déjà en surchauffe, finit par s’enflammer. Les Melvins maîtrisent de A et Z et achèveront leur set par deux bûches monstrueuses tirées de Lysol : « Hung Bunny » et « Roman Dog Bird ». Exceptionnel.
Conan (Photo par MarmotA – Avec la permission du Desertfest Belgium – voir liens en bas de page)
Le chapitre final de ce Desertfest revient à Conan. Pour pouvoir l’écrire convenablement, le trio de Liverpool doit d’abord ressusciter les morts laissés par Mantar avant de les exécuter une deuxième fois. Une foule compacte se dirige donc vers l’abattoir pour une dose létale de « Throne of fire » et de « Revengeance ». Le doom des cavernes a encore frappé très, très, très fort pour mettre un terme définitif cette édition belge du Desertfest.
Malgré de fréquents conflits de programmation qui empêchent de profiter de tous les sets proposés, le festival reste donc une référence du genre et une belle réussite, en programmant une très large palette de musique stoner. Le Desertfest a encore de beaux jours devant lui. Vivement l’année prochaine.
Réveil en mode festival, débarbouillage des carcasses, malbouffe de circonstance, débriefing complet de la journée de la veille sur un coin de parking en piétinant avec les potes, plein de boissons chimiques (pour être raccord avec le lieu et en forme jusqu’au bout de la night) et départ à pieds (nous sommes assez branchés sport au sein de la rédac’) pour une journée qui s’annonce des plus denses. Le soleil est même de la partie, la fête promet d’être folle avec plus de douze heure de riffs à s’enfiler d’affilée vu la non-superposition de performances artistiques qui nous convainc toujours autant.
MY HOME ON TREES
C’est peu dire que les yeux collent ce matin. La bouche est pâteuse et les sens retournés. Mais au diable la vieillerie et la gueule de bois ! Ici c’est le Up in Smoke et il n’y a, pour ainsi dire, aucune place pour se questionner sur le temps qui passe et ses méfaits sur la charpente osseuse. A tel point, que nous voici déjà devant les italiens de My Home on Trees la pinte à la main et les tympans prêts à en découdre. Le quatuor relève la lourde tâche d’ouvrir ce deuxième jour de festival avec un sang-froid certain et les pédales de fuzz au plancher. Même si musicalement les compositions semblent quelques peu linéaires, la frontwoman Laura Mancini fait feu de tout son coffre et sa puissance vocale pour offrir une entrée en matière honorable. Nous voici bien réveillés…
The NECROMANCERS
… en tout cas suffisamment pour apprécier l’arrivée sur la scène extérieure du seul représentant français de cette édition, j’ai nommé les poitevins de The Necromancers. Armés de leur premier bel album, nouvellement signés chez Ripple Music, on va pouvoir se faire une idée plus précise du combo. Ce dernier arrivant quasiment de nulle part, on pouvait légitimement se poser des questions. Bien vite balayées ma foi ! Malgré une entame un poil timide, le quatuor aura explosé les doutes en moins de triton qu’il n’en faut. C’est carré, massif, et mis à part des problèmes récurrents sur le volume de la voix (un écueil que l’on retrouvera le long des deux jours sur la scène extérieure), ça joue, ça a de la couille et du slip aux entournures. On sent que les jours précédents en compagnie de Monkey3 leur ont fait du bien à la mise en place. Les influences multiples du quatuor se jouent de nous et c’est un éventail de 30 ans de métal qui se déploie devant nos yeux tout rougeoyant. Bref, la place des français sur ce fest n’est pas usurpée et l’on vient de découvrir un fier représentant de la scène hexagonale. C’est d’ailleurs devant un parterre heureux et conquis, le poing levé, que les gonzes nous quittent après un set plus que réussit.
SATAN’S SATYRS
Tout enjoués par ce très bon set des français, on se dirige vers le premier concert de la journée prenant place sur la main stage. Satan’s Satyrs est manifestement un groupe qui divise au sein du public, si l’on en juge par les discussions de comptoir. En ce qui concerne votre serviteur, la cause est entendue : Satan’s Satyrs en live, c’est de la balle ! Forcément, il faut suivre le combo dans son trip pour adhérer complètement, faute de quoi l’on peut avoir l’impression d’être confrontés à une troupe de grands guignols. Mais la troupe de Clayton Burgess, par ailleurs le bassiste d’Electric Wizard (largement plus introverti dans ce contexte…), est à fond dans la mouvance vintage retro-hard rock, tendance fun fin des 70’s : débardeurs léopard moulants, rythmiques cavalcades, pattes d’eph’ et soli à gogo résument en gros notre affaire. Vous entretenez ça par un live show complètement débridé (mais sérieux et solide, c’est pas du Spinal Tap), des musiciens survitaminés, des titres percutants et une vraie sincérité, et vous obtenez l’un des moments les plus fun de la journée ! Donc on va arrêter les prises de tête, on se décoince, on sourit et on profite ! It’s all fun !
ZATOKREV
Zatokrev
Retour en extérieur pour une sensation d’un tout autre registre. Ces régionaux de l’étape sont pour la première fois à l’affiche du festival ; nous concédons évidemment qu’il ne s’agit en aucun cas d’une formation de stoner certifiée ou labélisée, mais putain la fessée que nous nous sommes prise. Nous n’étions, par ailleurs, pas les seuls à goûter à la chose car bien que pas dans le style, les aguerris guerriers bâlois ont sacrément fait remuer les nuques devant la petite scène. Ils se sont fait plaisir et ont surtout fait un sacré plaisir au public qui a goûté à leur metal hyper sludge et foutrement pugnace. Le jeu de scène très rôdé et la maîtrise parfaite de leurs compos ont permis à Zatokrev de ramasser quelques suiveurs de plus à leur cause au passage. Une mention spéciale au métronome qui leur sert de batteur, lequel a emmené ses deux compères chevelus (et experts en danse de la nuque) ainsi qu’au gratteux sans cheveu, mais au pédalier de psychopathe, à un niveau ahurissant de violence qui a provoqué d’énormes turgescences dans les calbuts des Lourds de l’assistance. Merci Messieurs.
BEASTMAKER
Direction la grande scène pour s’acoquiner avec les californiens de Beastmaker. Et y pas à tortiller, le savoir-faire américain en terme de live c’est « queq’chose quand même ma bonne dame ». Et que j’t’harangue la foule juste comme il faut, et que j’te balance un riff hyper efficace pour commencer, et pif c’est parti pour du bon gros rock, bien hard, avec du solo tout suintant. Même péter une corde et la changer en 30 secondes semble faire partie intégrante du show. On ne s’ennuie clairement pas, la bière nous semble plus fraîche au fil des chœurs. Le trio finira de nous achever avec un duo “Voodoo Priestess” / “You Must Sin” qui nous laissera le sourire collé aux joues et la pinte à la main (encore ?! J’ai dû en reprendre pendant le set sans m’en rendre compte tellement c’était californien c’t’affaire!)
TONER LOW
Toner Low
Bon, là, clairement, on entre avec le groupe suivant dans de la joie plus introspective, dans le bonheur éthéré et lancinant, où prendre le temps est bien plus heavy que n’importe quel riff downtuned. Toner Low va nous offrir une véritable éloge à la lenteur où chaque note vous enveloppe, vous prend et s’insinue dans votre système respiratoire telle cette merveilleuse taf de beuh que vous venez d’inhaler. C’est les yeux fermés et le front limite collé à la scène que je me laisse envahir par le son Toner Low, une véritable découverte pour moi (mieux vaut tard que jamais me direz-vous), un voyage au pays de la musique physique, sensorielle. Le but ici n’est pas de faire étalage de son savoir-faire technique mais bien de provoquer, de faire réagir les sens du spectateur. Mission accomplie en tout point par le trio, jusqu’à l’apparition d’un crétin naturiste sur scène qui n’aura de cesse de nous montrer ce qui n’est clairement pas son profil le plus avantageux lors de ce deuxième jour. Il m’aura d’ailleurs bien pourri ce set et celui de Church plus tard. Un anus c’est marrant deux secondes, mais j’ai déjà vu l’intégrale du Seigneur des Anneaux et ça s’essouffle clairement sur la durée. Bref, Toner Low c’est la giga classe et peu de groupes arriveront à ce niveau lors du week-end.
SONS OF MORPHEUS
Sons of Morpheus
On commence à bien connaître ce trio helvétique qu’on a déjà vu en première partie de Karma to Burn et lors des Volcano Sessions cette année. Au programme ? Du rock plus que du stoner, mais gros et gras comme les gonades d’un taureau, du shred, du funambulisme de manche et là où quelques fois cet étalage pouvait passer pour prétentieux, force est de reconnaître que ce soir, sur la grande scène de la Z7 et profitant d’un système son adéquat, la formule des fils de fonctionne en plein. On se prend une énergie qu’on ne leur connaissait pas forcément, le public est réceptif et ça chaloupe dans la fosse. Rien de tel pour nous sortir de la torpeur léthale dans laquelle nous avait plongé Toner Low. Mission accomplie pour Sons Of Morpheus qui aura réussi à requinquer autant qu’une bonne grosse Wurst un soir de cuite.
CHURCH OF MISERY
Church Of Misery
On ne va pas se mentir, on vit un moment un peu paradoxal avec le set de Church of Misery : le groupe nippon est l’un des plus attendus du week-end, et pourtant… on craignait quand même le pire. Car oui, en quelques mois Tatsu Mikami a d’abord viré TOUS les musiciens du groupe, puis enregistré un (très bon) album avec une poignée de mercenaires du metal U.S., les a virés aussi, et a re-composé un nouveau groupe (version japonaise encore) pour partir sur les routes. Entre chaos, doute et envie, on se cale donc au premier rang pour voir arriver les très polis nippons. Ni une ni deux, les lascars dégainent l’une de leurs plus belles cartouches, “El Padrino” dès l’intro. Couillu… mais ça marche ! Très vite l’ambiance monte dans le public, bien aidée par un frontman exhubérant et théatral, et néanmoins impeccable vocaliste. Les titres défilent et la vaste assemblée réunie en extérieur en cette belle journée, sous un soleil couchant plein de symbole (amis du cliché, bonjour) déguste chaque morceau, alternant classiques et nouveaux titres (dont un “Make them die slowly” que l’on voit bien figurer pour longtemps dans la set list de référence du combo). Un spectateur en fauteuil roulant est hissé sur la scène pour une séquence qui passe en quelques minutes du moment émouvant au passage un peu lourd quand il est rejoint par le connard exhibitionniste qui a déjà sévi lors du set de Toner Low (et traumatisé quelques éminents représentants de notre estimée rédaction). Le groupe n’en perd ni sa bonne humeur (très communicative) ni sa concentration (ce guitariste est imperturbable) et termine son set carré en ayant convaincu les septiques et conquis le reste du public.
STONED JESUS
Difficile d’effectuer une rupture plus abrupte que celle de quitter les Nippons (pas mauvais) et leurs plans barrés sur la petite scène et se retrouver derrière les crashs de la grande scène pour le trio venu d’Ukraine. La bande d’Igor est de retour au Up In Smoke deux ans après sa dernière apparition lors de ce fest, mais sans avoir sorti de nouvel album puisque « The Harvest » était commercialisé quelques temps avant l’édition 2015. On concède que le show dispensé alors était particulier en raison des péripéties liées à un problème de passeport qui avait vu deux batteurs mercenaires venus leur prêter main forte. C’est sans grande attente que nous nous sommes radinés et avons suivi ce show durant lequel, comme sur toute cette tournée, le trio reprend en intégralité son album “culte” Seven Thunders Roar, par le menu. Encore plus en place que par le passé, les Ukrainiens occupent désormais beaucoup plus l’espace à disposition rompant un tantinet avec la focalisation totale que leur leader générait jadis de manière quasi unanime. Pieds sur les retours, danses envoûtées et forcément « I’m The Mountain » : la formule est sobre, mais elle est efficace. Les amateurs de sensation point trop forte en ont pour leur fric alors que les bourrins se tapent une spécialité culinaire locale en attendant la suite de la sauvagerie.
LOWRIDER
Lowrider
C’est un étrange mélange d’excitation et d’appréhension qui nous étreint au moment du set de Lowrider sur la petite scène du fest. Excitation car nous reste en mémoire leur concert mémorable au Hellfest, leur générosité et ces compositions magnifiant la fuzz depuis 20 ans ; appréhension aussi car nous revient en mémoire leur set pas glop au Desertfest de Londres et leur propension à capitaliser en ce moment sur un vieil album et ne pas se fouler pour sortir quelque chose de neuf. Et la nostalgie gâteuse est un mal insidieux qui ronge la scène stoner depuis quelques temps déjà. Les lumières baissent en intensité, y a d’la fuzz qui crépite dans les amplis. Boom ! “Caravan” en ouverture et c’est tout le Up in Smoke qui chavire. Ambiance totale, musiciens au taquet le sourire aux lèvres et cette impression que Ode To Io est un album taillé pour le live. Y a pas à tortiller, c’est efficace et le concert va être, pour moi, le meilleur de tout le festival. Les tubes s’enchaînent sans faiblir. Lowrider fait du Lowrider et c’est pour ça qu’on les aime. On ne leur demandera jamais de révolutionner le genre et telle n’est pas leur prétention. Petite sucrerie réservée à un public d’aficionados, le quatuor propose un nouveau titre inédit, mid tempo séduisant – à confirmer sur disque… Les guitares finissent de mourir sur “Lameneshma” et c’est toute une foule qui hurle sa joie. Un putain de concert, ouais. Y a du copeaux de crâne en bord de scène, des affaires éparpillées partout au sol, témoins de la violence du bonheur qui nous a assailli. Plus tard, au cours d’une discussion impromptue, Peder, le bassiste, nous avouera que c’est par crainte de décevoir qu’ils repoussent le prochain album sans cesse. Aucune velléité mercantile dans cette attente, le gonze à l’air aussi sincère que quand il joue, moi ça me suffit pour me convaincre.
ORANGE GOBLIN
Orange Goblin
Difficile de venir se placer après La Prestation des légendes venues du froid, mais on peut compter sur les Britanniques pour assurer (ils ont du métier les bougres). Ces types ne sont pas tombés de la dernière bécane et c’est clairement l’assurance de s’en payer une bonne tranche que de les voir sur scène ! On jappe donc d’impatience quand résonne la bande-son introduisant les Londoniens et on ne va – une fois de plus – pas être déçu. Le quatuor va envoyer du tout bon en dépassant son temps de jeu et Ben Ward, en maître de cérémonie impeccable, a une fois de plus dépensé une folle énergie pour enflammer le public qui s’était déjà cogné du riff depuis une tripotée d’heures ; bien évidemment, ça a marché et ça a été le carton plein du côté de l’audience qui en redemandait même (fallait voir le pit bouillonnant sur des brulots comme “They Come Back”). En envoyant le lemmyesque « The Devil’s Whip » en deuxième position, les Anglais ont vite mis les choses aux poings et par là même pas trop été desservis par la performance de la formation les ayant précédés. Ne prenant pas de réel risque question setlist (« Saruman’s Wish », « Quincy The Pigboy » ou « Red Tide Rising »), Orange Goblin nous a à nouveau confirmé tout le bien que nous pensons de cette formation dans la place depuis le début de l’ère stoner (ou presque).
WINDHAND
Windhand
Headlinant la petite scène entre deux formations mythiques, les Ricains experts es-doom ont vu converger une foule compacte pour assister à leur sabbat même si les goblins avaient un peu explosé la montre. Le collectif de Richmond, Virginie, a ses fans et ceux-là se pressaient devant la scène pour se trémousser avec lourdeur sur la bande-son plombée qui allait être déroulée avec tout le savoir-faire qui a fait leur réputation (en plus que d’être signé chez Relpase ; ça aide aussi question notoriété). Un bémol toutefois au sujet de la qualité du son qui ne mettait pas assez en avant les parties vocales de leur frontwoman ; pas assez poussée, ses vocalises – certes bien hallucinées – se noyaient dans le magma sonore qui sert de terrain de jeu à ses beaux malades. Généreuse en groupes de doom, la programmation de la journée a carrément bien marché à Bâle et les aficionados de musique barrée en avaient pour le compte lorsque les Etasuniens ont coupé leurs amplis pour laisser place aux légendes vieillissante qui allaient se produire sur la main stage.
SAINT VITUS
Ne le cachons pas : quand on voit les papis Scott Reagers et Dave Chandler se préparer quelques minutes avant de monter sur scène, l’un vouté et l’autre marchant avec des béquilles, notre enthousiasme est un peu douché. Fast rewind quelques mois/années plus tôt : Scott Reagers est rappelé à l’arrache par un groupe en galère, victime d’une défection un peu brutale d’un Wino devenu persona non grata en Europe (et conséquemment au sein du groupe). Le bonhomme retrouve les planches après quelques décennies d’anonymat, et arbore son look de bon père (grand-père ?) de famille et un sourire de gamin. Les mois ont passé, et la crinière du vocaliste a poussé (pour un résultat un peu chaotique) et on les attend un peu au tournant. Autre surprise : exit le nonchalant Mark Adams à la basse, on retrouve le puissant Pat Bruders (Crowbar, Down…) à la 4-cordes. Dit autrement, ceux qui étaient restés bloqués sur la formation “classique” du combo en sont pour leurs frais : seul Dave Chandler répond présent ! Le groupe assume toutefois, et débite une set list presque exclusivement constituée de titres issus des albums de Reagers. Pas le choix le plus évident, le public d’aficionados étant largement constitué de fans de Wino (sauf Tatsu Mikami de Church of Misery, qui monte sur scène en joie, légèrement imbibé…), qui s’exprimeront d’ailleurs pleinement sur la conclusion avec les classiques “Look Behind You” et “Born Too Late”. Scéniquement, Reagers est bien dedans mais c’est encore Henry Vasquez, avec son kit à même le sol, qui emballe par son exubérance scénique et son aisance. Chandler fait du Chandler, Reagers fait le taf, Bruders est bien dedans en remplaçant (?) de luxe… Un bon set, sans flamboyance, avec un groupe pas si mal dans ses baskets, mais pas forcément non plus où on aurait aimé le trouver… (même si le Saint Vitus de nos rêves appartient au passé).
La journée se clôture gentiment et la tonalité de cette édition 2017 du Up in Smoke se dessine ou se confirme : quelque part entre générosité et épicurisme, baignant dans une ambiance bon enfant et conviviale, c’est cette année encore avec le cœur lourd que l’on quitte tout le monde et que l’on se remémore sur le chemin du retour la quantité impressionnante de concerts vus en deux journées, avec une programmation aux petits oignons, mixant découvertes et valeurs sûres. On signe direct pour l’édition 2018 !