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HELLFEST 2018 – Jour 3 (Kadavar, Amenra, Baroness, Nebula, Zeal & Ardor,…) – 23/06/2018 – Clisson

“Les meilleures choses ont une fin”… “Jamais deux sans trois”… Difficile de trouver une proverbiale introduction adaptée au sentiment que l’on ressent invariablement chaque année, en foulant pour la troisième fois consécutive la verdoyante pelouse du Hellfest. Fatigue, excitation, nostalgie déjà, tout se mêle… Heureusement, on n’aura pas trop le temps de réfléchir et de nous apitoyer aujourd’hui : l’affiche du jour est encore riche en gros calibres sous la Valley ! Et certains pourront même faire quelques sprints pour aller capter quelques sets de fort bon cru du côté de la warzone… Bref, on est finalement remontés comme des coucous en ce milieu de matinée… Haut les coeurs !

 

 

DUST LOVERS

On commence la journée par les enfants du pays, enfin les enfants du même pays car les Dust Lovers (qu’on appelait encore The Texas Chainsaw Dust Lovers il y a quelques semaines) proviennent plus des environs de la Seine que des Côtes de l’Atlantique. Ces accoutumés des scènes hexagonales ne se priveront d’ailleurs pas de rappeler leur provenance et leur joie de jouer au Hellfest en adaptant – en français – les textes de leur premier titre, rallongé de quelques longueurs loin d’être inutiles pour attaquer ce dernier jour de festivités. Avec leurs dégaines qui ne dépareilleraient pas sur la pellicule de Tarantino et une attitude de rockers confirmés, les Français ont fait bien plus que représenter la scène francophone : ils ont balancé un set impeccable durant la demi-heure qui leur était accordée et se sont même tapé un beau délire avec leur saxophoniste qui, lui, dépareillait dans cette Valley où cet instrument est plutôt rare. La performance de ces représentants d’une scène français très active a placé la barre très haut car ces gars-là ne se sont pas déplacés pour faire de la figuration.

Set list : California Sur Marne/Camouflage/Car Crash/Martyr With A Plan/Summer Spleen/Born Bad

 

 

LUCIFER

Étrange placement pour les Suédois qui sortent au mois de juillet leur deuxième opus sobrement intitulé “II”. Ils sont coincés entre un groupe peu connu sur la scène internationale et des vielles gloires sur le retour qui mériteront toute notre attention. Déjà vu à Berlin quelques semaines auparavant, nettement plus haut sur l’affiche, Lucifer nous propose aujourd’hui un concert réduit à 30 minutes et fera donc une sélection des morceaux les plus abordables de leur concise discographie. Il faut dire aussi que leur batteur (Nicke Anderson pour ceux qui ne suivent pas) sera derrière son micro et sa guitare en fin de journée sur la scène Warzone à une heure de forte affluence en compagnie des mythiques Hellacopters. Le doom de la jeune formation, qui réunit des vétérans, fera bien le job pour un show avant l’heure de l’apéro, mais malgré l’engagement de la frontwoman Johanna Sadonis (en habits de lumière), nous devrons nous rendre à l’évidence en fin de set que Lucifer n’aura pas déchaîné les passions malheureusement, malgré une prestation fort correcte. Peut-être que le symptôme “veille du retour à la réalité” pour les spectateurs n’y était pas totalement étranger.

Set list : Anubis/Abracadabra/California Son/Dreamer/Phoenix/Faux Pharaoh

 

WARNING

Fondé en 1994 et mené par Patrick Walker (qui créera par la suite un autre groupe, 40 Watt Sun), Warning est surtout réputé pour son deuxième album sorti en 2006, Watching From A Distance, pur bijou de doom anglais de cinq longs morceaux où la mélancolie se mêle au désespoir. Ça tombe bien, car le groupe a décidé de nous le jouer dans sa quasi-intégralité, l’amputant de son dernier titre, « Echoes », pour des raisons de temps de jeu. Visuellement, les quatre membres de Warning sont plus proches du professeur de SVT en collège que du punk rockeur. Ils ne payent pas de mine, et la sobriété est de rigueur. Pour autant, l’interprétation est précise et d’une grande classe. Entre les morceaux, Patrick Walker se fait des rapides shots de miel afin de garder sa voix dispo : comme ses compositions, son chant clair s’étire souvent assez longuement, comme la complainte d’un homme abattu. En ce début de journée, les morceaux de Watching From A Distance plongent une Valley bien peu remplie dans un état de spleen total.

Set list : Watching From A Distance/Faces/Briges/Footprints

 

GRAVE PLEASURES

On l’aura compris sur cette édition 2018, la programmation de la Valley a largement franchi les barrières du stoner/doom, et Grave Pleasures en est une preuve parmi d’autres. Formé en 2010 sous le nom de Beastmilk puis rebaptisé Grave Pleasures suite à un changement de line up, le groupe de post-punk finlandais fait partie de ceux qui ont réussi à s’immiscer dans la sphère metal et à en séduire le public par l’imagerie et les thèmes qu’ils véhiculent, bien qu’ils en soient musicalement assez éloignés. L’ambiance est sombre et les paroles le sont tout autant, les morceaux sont froids et métronomiques, rapides et efficaces, entêtants et presque dansants. Une découverte agréable qui apporte un vent nouveau sous la Valley.

 

NEBULA

Mal servis par un son pas à la hauteur de leur légende, on était ressortis de la prestation berlinoise du trio U.S. un peu frustrés, et ce set au Hellfest tombe à pic. Grand bien jous a pris d’en chercher une nouvelle rasade : après quelques semaines sur la route, les automatismes se sont ré-installés, le power trio fonctionne en quasi-osmose, et le nouveau batteur Mike Amster a trouvé sa place dans le groupe (ce qui n’est pas une mince affaire dans un combo aussi orienté jam). Décidés à ne laisser rien au hasard, nos lascars balancent un set de grande classe, composé essentiellement de classiques mais aussi de petites perles parfois oubliées (“Aphrodite”). Ils varient avec talent les titres les plus punchy (la doublette “Full Throttle” / “Giant” aura mis pas mal de monde sur les genoux en début de set) aux mid-tempo efficaces (“Anything from you”, le trippant “Out of your head”, le bluesy et torride “Smokin’ Woman”…), injectant un break ici ou là, coupant tel ou tel morceau, sculptant des transitions qui n’existaient pas sur disque… Pour ne rien gâcher, le son puissant et clair est exactement ce qui convient à Nebula. Sur scène, Eddie Glass assure, le gars est en forme et fait le job : vocaux impeccables mais surtout leads de guitare jouissifs, le frêle frontman enchaîne les soli à grands renforts de fuzz et effets divers qui nous atomisent invariablement dans les hautes altitudes du meilleur space rock. Tom Davies n’est pas plus extravagant sur scène, mais son rôle dans le son du trio est massif, le bassiste tient la baraque. Ils se font plaisir et le public adhère ! Alors que l’heure de fin est déjà passée, ils lancent un terrible “Sonic Titan” pour finir en beauté. On ne cache pas notre satisfaction de retrouver ces gars aussi dynamiques, efficaces, et toujours aussi doués… Le stoner a retrouvé l’une de ses têtes de file, et avec des prestations de ce niveau, gageons que les gars vont vite retrouver la place qui leur revient. Un set impeccable d’un grand groupe.

Set list : Sun Creature/Full Throttle/Giant/Clearlight/Anything From You/Down The Highway/Aphrodite/Out Of Your Head/Fall Of Icarus/To The Center/Smokin Woman/Sonic Titan

 

ZEAL & ARDOR

Il y a deux écoles dès lors qu’on se frotte à Zeal & Ardor : ceux qui crient au génie et ceux qui crient à l’escroquerie. On est un peu entre les deux, dans l’équipe (et oui, on a le droit de ne pas prendre position : on compte un suisse dans nos rangs, la neutralité ça nous connaît !). Est-ce que le concert d’aujourd’hui nous aura fait pencher d’un côté de la balance ? Pas vraiment. Le côté “artificiel” du groupe est prépondérant, à tous niveaux. La mise en son déjà : les gars jouent tous avec des écouteurs dans les oreilles pour leurs retours (pas de moniteurs sur scène), dans leur monde, sans entendre le public donc. La scénographie ensuite, avec par exemple cette assez ridicule petite chorégraphie qui leur fait retirer leurs capuches en même temps sur le premier morceau, ces fringues entre tuniques moniacales et costards futuristes, ce light show froid… Ces deux choristes inexistants quand ils n’ont rien à chanter (c’est la plupart du temps) qui gesticulent, comme habités, génèrent plutôt du malaise. Musicalement, le père Gagneux est sur un concept bien à lui, rendons à César ce qui est à César. Sauf qu’on s’est déjà aperçus sur son récent second album, que le concept était déjà rebattu, rendu quasi stérile faute de renouvellement. Pour autant, le groupe suscite assurément passions diverses et intérêt réel (voir l’aréopage de tous bords constitué de profils disparates rassemblé en bord de scène pour observer le phénomène… la hype, on vous dit !), et le public est au rendez-vous. Le groupe n’est pas nuisible et sa musique loin d’être mauvaise. Pour autant, on ne peut s’empêcher de sourire face aux béats qui crient au génie et au renouveau du groove dans le rock… Le concert en aura marqué plus d’un, mais nous a laissé dubitatifs.

Set list : Sacrilegium I/In Ashes/Servants/Come On Down/Blood In The River/Fire Of Motions/Waste/We Can’t Be Found/Gravedigger’s Chant/Row Row/Devil Is Fine/Don’t You Dare/Baphomet

 

BARONESS

Parfois, le hasard fait bien les choses. John Baizley et Gina Gleason sont assis tous les deux sur le devant de la scène, chacun une guitare acoustique à la main. La nouvelle est tombée dans la journée, le batteur Sebastian Thomson a dû repartir en urgence aux Etats-Unis suite à un impératif familial. Plutôt que d’annuler le concert, Baroness a décidé de jouer 100% acoustique. « Nous avons bossé comme des fous depuis 13h aujourd’hui pour préparer ce concert, nous ne sommes absolument pas prêts et nous sommes très stressés » affirme le leader John Baizley. On veut bien le croire. Mais dès le premier morceau, “March To The Sea”, tous les doutes vont s’envoler. L’interprétation est grandiose, bluffante, déconcertante, d’une justesse incroyable et du niveau des meilleurs groupes de folk actuels. Les acclamations de la foule font trembler la Valley, et Gina jette un regard complice à John, signifiant « waou, ce qu’il se passe est incroyable », avant que tous les deux ne soient émus aux larmes. Les morceaux s’enchainent et l’émotion gagne tout le monde, on a la gorge serrée et on retient nos larmes, quand, à côté de nous, d’autres aux joues mouillées ont eu raison de ne pas faire cet effort. Un pur moment de grâce. Cela faisait un moment que plus grand monde n’attendait grand chose de Baroness. Ce soir, il nous a fait vivre à tous un moment inoubliable et rare. Merci infiniment.

Set list : March To The Sea/Chlorine & Wine/If I Have To Wake Up/ Green Theme/ Eula

 

KADAVAR

Toujours actifs sur scènes, il serait mensonger de dire que Kadavar nous a manqué ces derniers mois. Pour autant, leur montée en puissance de ces dernières années n’a pas fini de nous estomaquer, et c’est avec toujours autant d’envie qu’on aborde le set de ce soir. Anciennement l’un des premiers groupes de la vague retro-rock (désormais complètement saturée), s’appuyant essentiellement sur le jeu vivifiant et passionné du jeune “Lupus” Lindemann, le trio s’est progressivement solidifié avec le recrutement il y a quelques années du français Simon Bouteloup, mais a surtout vu les deux partenaires de Lupus prendre une place plus importante dans le groupe. Ainsi Tiger à la batterie est devenu petit à petit , non seulement un batteur remarquablement adapté à la musique du trio, mais surtout une bête scénique plus proche d’Animal du Muppets Show que d’un batteur de kermesse. N’ayons pas peur des mots : le gars est devenu l’attraction principale du groupe en live, ses grimaces et son jeu expressif derrière son kit transparent, posé en bord de scène, étant devenus un must. En complément ces denières années c’est Bouteloup à la basse qui a pris une assurance remarquable, gérant sa moitié de scène d’une main de maître, sans jamais négliger son jeu de basse, essentiel pour la base rythmique du groupe, et en particulier pour permettre à Lupus de s’éclater sur ses soli. Et le frontman ne s’en prive pas : ses interventions sont toujours empreintes de feeling et de passion, à travers des soli fiévreux qui décloisonnent des titres qui n’en finissent pas de tourner (ce “Purple Sage”, énorme), devant un public ecstatique. On peut aimer ou pas la musique de Kadavar (nous on aime), en tout cas on se doit de reconnaître la puissance délivrée par le trio en live. Ce set imparable ne fit pas exception. Une leçon, tout simplement.

Set list : Creature of the Demon/Pale Blue Eyes/Skeleton Blues/Doomsday Machine/All Our Thoughts/Into the Wormhole/Die Baby Die/Forgotten Past/Purple Sage/Thousand Miles Away from Home/Come Back Life

 

AMENRA

Dernier concert sous la Valley pour ce Hellfest 2018. Il est tard, il fait nuit, tout le monde attend de finir le festival en beauté. C’est à Amenra que revient cette épreuve, et on leur fait plutôt confiance pour faire honneur à leur mission. Le logo du groupe projeté au fond de la scène, une minute ou deux se passent dans un silence abyssal, avant que les flamands n’arrivent sur scène accompagnés de légers applaudissements. Dans la même lignée que Neurosis, Amenra n’est pas là pour séduire les spectateurs mais pour livrer un show sincère et à vif. Des images noir et blanc défilent en fond, et les lumières sont pâles. Depuis toujours, l’esthétique tient une grande place dans l’identité du groupe, et les voir en concert est avant tout une claque visuelle. Torse nu et souvent dos au public, Colin H. Van Eeckhout régurgite sur scène les souffrances qu’il semble avoir absorbé de toute l’audience, entièrement captivée par la prestation du groupe. Un final au clair de lune, où l’on plonge dans les ténèbres du genre humain.

Set list : Razoreater/Plus Près de Toi/Thurifer/Diaken/Nowena 9.10/Am Kreuz/Silver Needle / Golden Nail

 

L’instant tant redouté est donc venu de dire au revoir à la Valley, aux potes, à Clisson, aux décibels saturés, au soleil… La fatigue nous aide heureusement à extraire nos lourds et vieux corps du site, avec les oreilles qui sifflent et des moments de grâce (et de graisse) pleins les yeux et la tête. Encore une fois, Hellfest, tu ne nous auras toujours pas déçu, même si la programmation de cette année nous aura fait froncer les sourcils, tu étais bien là au rendez-vous. On pense donc être là nous aussi l’an prochain. On y pense déjà… Bien à toi.

 

Par Caïn, Chris & Laurent

(Photos Laurent)

 

*********** Notre live report vidéo de la journée : **************

 

HELLFEST 2018 – Jour 2 (Neurosis, Dead Cross, Orange Goblin, 1000Mods,…) – 23/06/2018 – Clisson

Encore une fois un soleil radieux accueille nos premiers pas matinaux à Clisson, sans un nuage à l’horizon. Encore une superbe journée qui s’annonce… La programmation du jour est atypique, mélangeant certains des meilleurs groupes en exercice dans notre genre de prédilection à d’autres artistes plus atypiques, des curiosités propices aux découvertes pour les plus curieux (et aux pauses bouffe/bières pour d’autres). Dans tous les cas, il y a de quoi se faire plaisir, à confirmer…

 

BLACK RAINBOWS

En terme de valeur sûre, Black Rainbows se pose là. Solide d’une grosse poignées d’albums sans faux pas et d’une expérience live toujours convaincante, leur restait juste à confirmer sur une grande scène. On n’était pas tant inquiet, et les premiers accords du gros “Evil Snake” (très bien) choisi en intro, servi dès le début par un gros son, mettent l’assistance d’accord. La tente, encore peu fournie en cette toujours difficile matinée du 2ème jour, apprécie les gros riffs fuzzés de l’équipe de Gabriele Fiori. Professionnel et malin, le trio transalpin a choisi une set list punchy, servie par une exécution nerveuse et sans bavure. On notera le superbe “Grindstone” aux relents space rock acérés, avant une conclusion par “The Hunter”, l’un de leurs classiques, dont le gros riff aura fait quelques victimes consentantes dans les nuques des premiers rangs. Impeccable set, et impeccable lancement pour une riche journée.

Set list : Evil Snake/Riding Fast Till The End Of Time/The Prophet/High To Hell/Grindstone/The Hunter

 

 

MONOLORD

Depuis leur premier album en 2014, Monolord n’a eu de cesse de lustrer son manche jusqu’à réussir à se faire une place de choix dans la scène stoner/doom. Avec 3 albums ayant toujours fait l’unanimité auprès des amateurs du genre, les suédois sont désormais une valeur sûre et comptent bien nous le démontrer aujourd’hui. Le bassiste Mika balance sa basse autour de lui au rythme assommant des compositions majestueusement lourdes, en grande partie grâce à Esben, batteur à la puissance extraordinaire. La voix spectrale du chanteur et guitariste Thomas, bourré de delay et d’écho, semble venir d’un univers parallèle et fait voguer le groupe sur les rives embrumées du Styx. Le son est impeccable, l’exécution est magistrale. “Rust” et son intro à l’orgue parfaitement génial finit de nous plonger dans l’ambiance, et un long “Empress Rising” nous jette le sortilège final. Monolord s’impose définitivement comme une nouvelle valeur sûre.

Set list : Lord Of Suffering/Rust/Empress Rising

 

 

JESSICA93

« Salut, on est Jessica93 et on vient du 7-5 ». Tout ce groupe semble être construit sur un énorme troll et une volonté de ne pas se prendre au sérieux. L’attitude nonchalante des deux membres (dont un batteur faisant à moitié de la figuration, puisque toutes les batteries sont samplées : le bonhomme lance le sample en début de morceau puis s’occupe ensuite comme il peut sur ses fûts) suffirait à nous convaincre. Pourtant, la musique du groupe n’a rien de risible. Geoffroy Laporte, le membre à l’origine du groupe, gère tout seul la basse et la guitare de chacun des morceaux à l’aide d’une pédale loop, pour des morceaux à l’ambiance shoegaze et cold wave, rappelant parfois les Cure ou bien Placebo quand le monsieur se met à chanter. Une curiosité loin de la programmation habituelle de la Valley.

Set list : ylum/RIP In Peace/Karmic Debt/Uncertain To Me/Bedbugs/Anticafard 2000

 

 

1000MODS

L’affiche trônant au fond de la Valley et annonçant 1000MODS encadré de deux canyons ne laisse pas de place au doute. Le groupe grec formé en 2006 a depuis toujours persévéré dans la voix du desert rock le plus pur jus, hérité des saints patrons de Kyuss. Une grosse présence blues, beaucoup de soleil, du sable, de la sueur, et on est parti pour une bande son taillée pour des miles de route 66. A peine le “Above 179” démarré, c’est une vraie déflagration que nous inflige 1000MODS. Le groupe est déchainé, la Valley est pleine à craquer, on doit avouer qu’on ne l’avait pas vraiment vu venir. “Claws” continue de déchainer les foules, le public est bouillant, battant des mains en rythme jusqu’au fin fond de la tente, enchainant slams, mosh pit, et même des circle pits ! Rare sur ce type de musique… La machine grecque apparaît inarrêtable, si bien que le groupe semble ne pas vouloir mettre un terme à ce set de folie, relançant plusieurs fois le morceau final. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et ce concert n’y a malheureusement pas fait exception. L’une des sensations de cette édition.

Set list : Above179/Claws/Electric Carve/El Rollito/Vidage/Super Van Vacation

 

 

Ho99o9

Troisième et dernière formation de la série “les chiffres et les lettres” à Clisson, le duo de hurleurs lockés et leur batteur ont mis un boulet énorme à la Valley dans un registre peu habituel. Il faut dire que la structure n’est pas réputée pour recevoir des formations actives dans la fusion electro-rap-keuponne. Avec un son énorme et une énergie communicative, le trio qui n’a que la batterie en commun avec le reste de l’affiche (ou presque), aura marqué les esprits dans la vallée du Hellfest. Ils peuvent aussi se targuer d’avoir été le groupe à balancer les – infra – basses les plus puissantes du week-end (avec des subs en limite de rupture, les premiers rangs s’en souviennent…) ! Certes éloigné de notre rigoriste ligne rédactionnelle et du champ musical affectionné par les spectateurs de cette scène du festoche, Ho99o9 aura gagné dans la bataille quelques nouveaux fans tant le public était au taquet durant leur set ravageur.

 

 

DÄLEK

Deuxième ovni de la mouvance urbaine à se produire à la Valley ce jour-là (et dernier aussi), le trio ne bénéficiera pas du même accueil que ses prédécesseurs éloignés du stoner hantant cette vallée habituellement. Les vétérans n’en sont pas à leur première incursion en terres rock, même si seule une guitare sur scène rappelle ce style, vu qu’ils ont déjà pas mal écumé les salles en compagnie de formations électriques durant leur carrière, notamment avec les regrettés Isis en Europe. Leur hip hop très sombre et parfois dissonant prend un peu de l’altitude avec l’apport de guitares live et, après le reggae distillé par Burning Heads la veille sur une autre scène, nous notons que le Hellfest sait aussi laisser des espaces à d’autres styles que le metal et ses dérivés, en ne perdant pas son public qui apprécie visiblement ces interludes (même si l’affluence présente pour le rap alternatif de Dälek n’est pas celle rencontrée habituellement sous la Valley à cette heure).

 

 

ORANGE GOBLIN

23 ans déjà que la bande de Ben Ward distribue des mandales et ne compte pas décrocher de si tôt puisqu’un nouvel album fraîchement sorti vient d’atterrir, The Wolf Bites Back. Pour le défendre, mais aussi pour simplement passer un bon moment, Orange Goblin est venu rouster la Valley comme il sait si bien le faire. Du haut de ses 2 mètres, l’entertainer Ben Ward distille la bonne parole de son gobelin heavy stoner et sait parfaitement comment faire le show : douche de crachat d’eau, provocation de la foule de part et d’autre de la scène, gestuelle 100% rock’n’roll, tout est bon pour exciter le public. La musique n’est évidemment pas en reste puisqu’en plus de ses nouveaux titres, le groupe nous gratifie de ses classiques “The Devil’s Whip”, “Saruman’s Wish” et autres “Scorpionica.” Le taux de slam à la minute explose littéralement tous les records, c’est le signe indéniable que le show des anglais est réussi. Il ne manquera plus que le traditionnel “Red Tide Rising” pour clôturer le tout, pour terminer sur un sans faute.

Set list : Sons Of Salem/The Devil’s Whip/Saruman’s Wish/The Wolf Bites Back/Some You Win, Some you lose/Renegade/The Fog/The Filthy & The Few/Your World Will Hate This/They Come Back/Scorpionica/Quincy The Pigboy/Red Tide Rising

 

 

DEAD CROSS

Ça y est : la nouvelle créature fomentée par Patton et Lombardo est sur scène par ici et les épicuriens sont chaud patate pour apprécier cette débauche électrique et rythmique balancée par des techniciens hors pairs. La horde de dégénérés démarre en trombe et va aligner les titres frénétiques durant tout son temps de jeu, en se remettant d’aplomb durant les interventions entre les chansons de son entertainer de frontman. Mike Patton excelle dans cet exercice et il échangera quelques minutes (en italien surtout car le bougre n’entrave pas le français) avec un gamin qu’il a fait monter sur scène (il y a quelques années il avait fait le guignol en revêtant le t-shirt d’un membre de la sécu ici même avec le groupe qui l’a fait connaître). Cet énième projet du leader de Faith No More, très proche de Fantomas, a livré une prestation tueuse pour les cervicales des nombreux amateurs de sensations véloces tassés dans la Valley, pour une autre performance éloignée de notre style de prédilection, mais terriblement efficace. On note au passage que le batteur originel d’un des Big Four demeure impressionnant même après les années, à force de bosser son style ; d’autres devraient en prendre de la graine !

Set list : Seizure and Desist/Idiopathic/Obedience School/Shillelagh/Skin Of A Redneck/Bela Lugosi’s Dead/Divine Filth/Grave Slave/The Future Has Been Cancelled/My Perfect Prisoner/Gag Reflex/Church of the Motherfuckers

 

 

NEUROSIS

Neurosis est connu pour n’adresser aucun salut au public durant ses prestations live, comme si celui ci n’existait pas. Pour cause, les membres du groupe sont tellement investis dans leur prestation qu’ils ne voient tout simplement pas les spectateurs. Un live de Neurosis est une expérience qui dépasse celle du simple concert, plus proche d’une performance artistique d’un groupe de personnes venues déballer sur scène leurs douleurs individuelles. A l’image de ces luttes intérieures, leur musique est rugueuse, violente, parfois belle, mais surtout extrêmement sincère. Pour peu que l’on soit réceptif à ce message, assister à un concert de Neurosis frappe en plein cœur. En une heure qui passe à la vitesse de l’éclair, les américains piochent dans une discographie quasi-parfaite qui les a imposé comme maîtres absolus d’un genre dont ils sont les seuls à bord. Une expérience qui se passe de mot mais que n’importe qui doit avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Bouleversant.

Set list : Given To The Rising/End Of The Harvest/A Shadow Memory/Burn/Reach/Through Silver In Blood

 

 

 

[A SUIVRE…]

Par Caïn, Chris & Laurent

(Photos Laurent)

 

*********** Notre live report vidéo de la journée : **************

 

HELLFEST 2018 – Jour 1 (Corrosion of Conformity, Eyehategod, Church of Misery, Crowbar…) – 22/06/2018 – Clisson

Rendez-vous désormais incontournable chaque année, le pélerinage clissonais s’impose encore une fois comme une évidence pour l’équipe de Desert-Rock. Comme chaque année, l’affiche de la Valley, notre scène fétiche, alterne sur le papier des grosses surprises, des invités de marque, et un bon lot de découvertes…
Le premier jour en particulier affichait a priori la plus grande quantité de “valeurs sûres” ; restait à valider sur les planches que l’ensemble serait au niveau attendu.

Voici notre live report !

 

FANGE

Tout premier groupe de la Valley pour cette édition 2018, les rennais de Fange démarrent tôt le matin et viennent nous cracher des mollards dans notre café. Depuis l’intégration de l’ancien chanteur de Calvaiire, Matthias Jungbluth (au passage, le fondateur de Throatruiner Records, un label qui privilégie tout ce qui est sale et torturé), Fange déploie une violence aussi bien scénique que musicale. Le groupe nous assène un sludge ultra sombre qui terrorise, et Matthias semble bien prêt à tout détruire : le regard noir, il fait les cent pas, bouffe le micro, balance des crochets du droit dans le vide. Malgré la durée du set (30 minutes à peine), Matthias prête son micro à un collègue quelques instants, pour un rendu… à peu près similaire à sa propre performance, à savoir pour synthétiser : violent et hargneux. A l’avenant, Alexandre martèle sa batterie si fort qu’il perce sa peau de batterie et doit la changer avant de continuer… Une hostilité que Fange a parfaitement su transmettre au public d’une Valley encore un peu timide. Pas de meilleure façon que de nous souhaiter la bienvenue à Clisson. Charmant.

Set list : Cour Martiale/Ressac/Parmi Les Ruines/Chien de Sang/Agapes 

 

 

 

MOS GENERATOR

Mos Generator nous force à opérer notre première (et unique) excursion en dehors de la confortable et ombragée Valley, pour rejoindre d’un pas hésitant et laborieux la (déja) lourde torpeur d’une Main stage baignée par un soleil de plomb. L’occasion d’observer de près le pavage effectué au sol devant les deux scènes… Mais on n’est pas là pour analyser la qualité de pose du revêtement à nos pieds – on est venus pour profiter du set “miracle” de Mos Generator, le groupe ayant été ajouté à l’affiche il y a quelques semaines à peine, dans un jeu de chaises musicales assez traditionnel dans les périodes précédent le festival clissonais, et dont il se retrouve heureux bénéficiaire. Plaisir partagé en ce qui nous concerne ! En arrivant devant la scène, on croise Tony Reed qui est dans le public, à environ quatre minutes de son set… pas stressé le bonhomme ! Et effectivement, il est sur les planches comme un poisson dans l’eau, avec ses acolytes qui ne démériteront jamais. Les titres s’enchaînent sans grosse surprise mais sans déplaisir non plus (les classiques “Lonely One Kenobi”, “Electric Mountain Majesty”…). Malheureusement, le public est apathique pour le moins, à l’image de ce que l’on observe généralement à cette période de la journée sur cette scène un peu trop large et impersonnelle pour des groupes de cette dimension. L’occasion est évidemment très bonne pour Mos Generator de faire entendre sa musique à un grand nombre, mais assister à un set de bonne qualité, en plein cagnard, devant un public qui n’attend que le dernier titre pour, dans ses premiers rangs seulement, sautiller légèrement… ne nous ravit pas complètement. Un très bon set de la bande à Reed, solide et efficace. Mais un contexte qui dessert un peu la prestation du groupe, même s’il n’a pas démérité, loin s’en faut

Set list : Silver Olympus/Lonely One Kenobi/Shadowlands/On The Eve/Catspaw/Electric Mountain Majesty

 

SONS OF OTIS

Trop rare sur disque (six ans depuis le dernier album !) et sur scène, Sons of Otis a fort à faire pour (re)conquérir un public qu’il a un peu négligé, en particulier sur le vieux continent. Et pourtant la discographie du groupe parle d’elle-même, ayant toujours proposé un doom de qualité, lourd et audacieux, sans jamais se départir d’une certaine orginalité et variété. Quoi qu’il en soit, malgré ses 25 ans de carrière, le trio de Ken Baluke doit remonter les marches petit à petit, raison pour laquelle leur place sur l’affiche du jour est si basse : second groupe de la Valley, ils commencent à jouer avant midi. Bien loins de s’en offusquer, les fils d’Otis montent sur scène et engagent un “Guilt” sur-heavy qui rappelle à une assistance plutôt fournie de quel bois se chauffent nos canadiens : le set du jour sera heavy, doom, lourd et gras. Pas de compromis possible pour un set aussi court (30 pauvres minutes), le trio se rassemble donc sur ses bases stylistiques. En revanche, il injectera presque trois quarts d’inédits (on avait déjà entendu “Blood Moon”), plutôt prometteurs, d’abord sur le fait que le groupe reste “actif” sur le champ de l’écriture, et d’autre part sur la qualité de ce qui se prépare… Surprise en revanche quand ledit “trio” monte sur les planches : Aubin et Sargeant ne sont aux côtés de Baluke ! Indispos sur cette opportunité de tournée, le socle rythmique du combo a laissé sa place à remplaceants, Franz et Jason, qui officient uniquement sur cette tournée (dixit Ken). En tous les cas le set est solide, et l’absence du trio complet ne se fait jamais sentir… mais c’est court, bien trop court pour prendre notre pied. On voit donc le combo quitter les planches après 30 minutes, bien remplies certes, mais insuffisantes pour un groupe de cette stature, avec sept albums solides sous le bras, pour développer un minimum son univers. Revenez-vite !

Set list : Guilt / Blood Moon (inédit) / JJ (inédit) / ? (inédit)

 

DOPETHRONE

« Hellfest Tabernacle ! ». Aucun autre groupe que Dopethrone ne peut se permettre d’ouvrir un concert comme ça, et c’est aussi pour ça qu’on les aime. Malgré l’enthousiasme des trois québécois, très certainement galvanisé par une Valley plutôt bien remplie, on va vite s’apercevoir que le groupe semble faire face à plusieurs problèmes techniques (nos soupçons seront confirmés en fin de concert) qui vont sérieusement entacher leur prestation. Au départ, la guitare de Vincent n’est que très peu audible, puis ce faible niveau sonore va laisser place à un son de guitare qui ne semble pas être le sien, comme passé à la lessiveuse et sans rien dans le bide. Conséquence, le batteur est perdu et fait plusieurs bourdes. Le résultat est que Vincent passe les deux tiers du concert tourné vers lui pour éviter au maximum les erreurs, en vain… Le récent “Killdozer” et les plus classiques mais non moins excellents “Darkfoil” et “Scum Fuck Blues” ne suffisent pas à nous faire passer un bon moment : on est tendu et on souhaite surtout que le massacre se finisse au plus vite. La participation de Benjamin Moreau de Fange au chant de “Dry Hitter” en conclusion n’y changera rien. Une grosse déception, mais pas à la charge du groupe. On espère vous revoir dans de meilleures conditions les gars !

Setlist : Host/Tap Runner/Tweak Jabber/Wrong Sabbath/Killdozer/Snort Dagger/Shot Down/Scuzzgasm/Dark Foil/Scum Fuck Blues/Kingbilly Kush/Dry Hitter

 

CELESTE

Étrangement programmé après le train fou canadien, les Rhodaniens bénéficiaient enfin d’une reconnaissance sur un festival de ligue internationale dans l’Hexagone. Et pas dans n’importe lequel puisque c’est Clisson qui les voyait se produire alors que la formation lyonnaise a déjà enchanté plusieurs événements  de renommée à l’étranger, et court toujours derrière une reconnaissance nationale voire même régionale. Ce n’est en effet que récemment que les Lyonnais ont pu les voir à nouveau sur scène dans leur ville d’origine (pour fêter l’arrivée du petit dernier « Infidèle(s) ») où leur absence était malheureusement de rigueur depuis belle lurette. Nous soulignons que le quatuor orienté metal avec forts accents black, sludge et hardcore n’a heureusement pas attendu ses compatriotes pour donner des ailes à sa carrière qui les voit conviés à côtoyer les fines fleurs du genre un peu partout à l’étranger. Habituellement cauchemar des photographes en raison de l’excès de fumée et des lights cantonnées à leurs lampes frontales rouge, les Gones ont été démasqués au Hellfest en raison de la capacité de la Valley aérée qui laissait s’échapper les volutes de fumi et nous permettait de découvrir le faciès de ces lascars qui nous ont bien botté le croupion !

 

BONGZILLA

S’il y a bien un veinard lors d’un concert de Bongzilla, c’est l’ingé lumière : le bienheureux n’a rien d’autre à faire que de passer tout au vert-cannabis et le tour est joué jusqu’à la fin du concert. Il ne manque plus qu’un peu de fumée artificielle à laquelle vient se mêler la fumée magique des spectateurs de la Valley, transformée pour l’occasion en fumoir géant, et les conditions sont réunies pour que débute le concert des américains. Tout au long de ses 25 ans de carrière, la recette des naturopathes de Bongzilla n’a pas vraiment changé : stoner vaporeux, riffs en pagaille et apologie du bienfait des plantes. Sur un set aussi court, le trio développe des versions assez “standard” de ses compos, n’ayant pas le temps de les laisser “déraper” comme il en a l’habitude… Ils sont si disciplinés qu’une fois leur set terminé leur manager vient les avertir qu’il leur reste plus de cinq minutes, durée largement suffisante au groupe pour proposer une nouvelle pépite enfumée. Un concert sans trop de surprise mais parfaitement exécuté, dont on sort engourdi et heureux.

Set list : Gestation/Greenthumb/?/?/HP Keefmaker/Earth Flower

 

CROWBAR

Entre les trois venues précédentes de Down et la présence de Crowbar en 2010 et 2014 au Hellfest, Kirk Windstein commence à être un habitué des lieux. On suppose donc qu’il est inutile de vous présenter ces patrons du sludge de la Louisiane, d’autant plus à toi Ô lecteur érudit de Desert Rock. Voir Crowbar sur scène est toujours l’assurance de se faire paradoxalement laver les oreilles par une belle boue estampillée NOLA, teintée de la voix si reconnaissable de l’auto proclamé « Riff Lord », à raison. Du riff, Kirk en a écrit une liste longue comme sa barbe grisonnante, il y a même dédié sa vie. Accompagné d’un énième nouveau bassiste (Todd Strange, le bassiste d’origine, avait réintégré le groupe en 2016, mais c’est ce soir le jeune Shane Wesley qui le remplace, du fait d’obligations familiales de Strange), la formation au line-up aussi mouvementé qu’un voyage sur le vol MH370 nous démontre une nouvelle fois que Crowbar a écrit de sacrés morceaux à l’efficacité inégalée : “All I Had”, “Walk With Knowledge Wisely”, “To Build A Mountain” et évidemment, l’incontournable “Planets Collide”, climax du concert qui mettra tout le monde d’accord. On regrettera simplement l’absence de “The Lasting Dose”, un classique du groupe absent de la setlist de ce soir.
Crowbar, None Heavier since 1989.

Setlist : Conquering/And Suffer As One/All I Had (I Gave)/To Build A Mountain/Cemetery Angels/Walk With Knowledge Wisely/To Carry The Load/I Am The Storm/Planets Collide/Broken Glass

 

CHURCH OF MISERY

On aura décidément bien profité des incursions européennes de Church of Misery cette année, et on arrive donc devant la scène ce vendredi après-midi en sachant avec quasi-certitude que le concert des japonais devrait faire des dégâts. Coupons court aux tergiversations : ce fut le cas. Le trio rassemblé autour de Tatsu Mikami est redoutable d’efficacité : Takano est un frontman impeccable (dynamique, souriant et au chant parfaitement adapté aux morceaux de ses prédécesseurs dans les différents line-up du groupe), et la paire Muraki / Yamamura fait plus que le job, en mode appliqué et efficace. Rien de neuf sur ce bord, on avait déjà constaté la qualité de ce line-up des doomeux nippons. En y associant une set list de classiques (seul “Murderfreak Blues” est issu du récent dernier album, pourtant excellent), le quatuor joue la sécurité, et il a raison. Quel pied que ce set ! La triplé gagnant en intro (“El Padrino”, “I, Motherfucker”, “Born to Raise Hell” enchaînés d’affilée) donne un peu l’impression que le groupe abat ses plus balles cartes d’entrée de jeu… mais le combo fait la preuve ensuite qu’il peut se reposer sur un catalogue solide, puissant, et qui parvient à conquérir une Valley bien pleine, qui finit par manger dans la main des japonais. Seule frustration : le groupe termine son set quasiment 10 minutes avant l’horaire de fin ! Il y avait le potentiel de rajouter 1 ou 2 morceaux bien sentis… Néanmoins, se retrouvant à jouer une paire d’heures plus tard que le créneau initialement prévu (échange de créneau avec Crowbar), ils font la démonstration qu’ils savent tirer leur épingle du jeu dans tous les contextes. Encore une claque dûment administrée. Merci.

Set list : El Padrino/I, Motherfucker/Born To Raise Hell/Brother Bishop/Killafornia/Shotgun Boogie/Murderfreak Blues

 

EYEHATEGOD

Un petit mois à peine après leur prestation berlinoise, les Ricains allaient à nouveau faire le bonheur de vos dépêchés sur place. Les quatre garçons des brumes du bayou ayant la veille foutu le dawa pour les Parigots lors d’une défaite de la musique qui fera date, c’est un peu fatigués que nous avons croisé les originaires de Nola. Mike IX Williams ayant survécu aux ouragans, à la prison, à ses excès et aux conséquences de ceux-ci, nous apparut aussi propret qu’à Berlin, mais nettement moins cireux et un poil plus ravagé. Rompu à ce type d’exercice, le quatuor a donné un air de Warzone à la Valley du premier larsen distordu de “Lack of almost everything” en intro, jusqu’au bout de sa prestation. « New Orleans Is The New Vietnam » demeurant le point d’orgue de la prestation de ces chantres déglingués de la came (qui tournent désormais plutôt au soda). La formule à quatre, plus économique, fonctionne à merveille avec le bedonnant Jimmy Bower remplissant tous les interstices disponibles avec ses riffs saturés. Le retour au Hellfest des dégénérés de Louisiane après quelques années est triomphal et leur placement dans le programme n’est que justice pour une formation qui a inspiré plusieurs des groupes l’ayant précédé en ces lieux ce jour-là. Il ne manquait que le public des autres scènes (sans doute assommé par le soleil ou l’excès de Muscadet) pour que la fête soit totale car les groupes affichés ailleurs à la même heure n’arrivaient pas à la hauteur des semelles du placide gratteux d’EGH qui en avait ce jour-là.

 

CORROSION OF CONFORMITY

Avec le retour de Pepper Keenan à la barre, et avec un nouvel album du line-up “classique” sous le bras (un album de qualité, qui n’aura pourtant pas eu le retentissement que l’on pensait), C.O.C. se retrouve bombardé tête d’affiche de la première journée de cette Valley. D’aucuns auront été surpris de ce statut, d’autant plus que l’affiche de la journée était pour le moins costaude en valeurs sûres. Charge donc au groupe de convaincre les esprits chagrins et d’assoir son statut à la force du manche et des baguettes. Bénéficiant d’un light show étudié (pas mal de contre-jour, de la fumée…) le groupe débarque sur une valeur sûre, “Bottom feeder”, première illustration d’une set list qui, si elle ne brille pas par son originalité renversante, est vouée à satisfaire un public qui est venu là pour un set de “C.O.C. avec Pepper”. En conséquence, la parenthèse des deux récents albums en trio Dean/Weatherman/Mullins est complètement passée sous silence, de même évidemment que les deux premiers albums, avant que Pepper ne rejoigne les rangs du groupe de Caroline du Nord. Mais on ne va pas s’en plaindre, tant la discographie du combo dans cette configuration est cohérente, et riche en classiques. Ils vont quand même rappeler qu’ils ont un nouvel album à défendre, avec deux extraits bien choisis “The Luddite” et “Wolf Named Crow”, bien incorporés dans la set list. Scéniquement, peu de surprises, ou en tout cas aucune mauvaise : Pepper, en confiance, fait le job et plus encore aux manettes du navire : vocaux impeccables, communication avec le public, interactions avec ses collègues… Le barbu est en grande forme. Sur les côtés, rien d’atypique pour qui connaît le groupe, Woody et son jeu de scène aussi jovial qu’improbable s’amuse et fait bien le job (on remarquera néanmoins qu’en configuration à 2 guitares le bougre aura pas mal de plages “inactives” où il va se réfugier en fond de scène), et Mike Dean, plus sérieux, est complètement immergé dans son set et prouve encore une fois si besoin était quel excellent bassiste il est. Derrière les fûts, les problèmes de “santé” de Reed Mullin l’ayant tenu éloigné des dernières activités du groupe, c’est à leur drum tech Jon Green qu’ils ont confié la batterie, et le bougre n’en met pas une à côté ! (à la place de Mullin on se mettrait un coup de pied aux fesses fissa pour retrouver le tabouret derrière le kit, parce que c’est pas gagné pour lui…)
Le set déroule, bien mené, avec un “Vote With a Bullet” qui ravira les 4 lascars de Eyehategod (qui ont passé le set entier assis cote à cote sur l’estrade en fond de scène), mais surtout avec un final brillant : “Albatross” puis évidemment “Clean My Wounds” (larvé d’impros groovy en diable) viendront cloturer le set et la journée de la meilleure des manières. Pas de doute, C.O.C. est en forme, et fut de taille à finir la soirée avec prestance et talent.

On repart les corps lours mais le coeur léger et le sourire aux lèvres, avec l’espoir de grapiller quelques heures de sommeil car la journée du samedi s’annonce elle aussi costaude…

Set list : Bottom Feeder/The Luddite/Broken Man/7 days/Paranoid Opioid/Vote With a Bullet/Wiseblood/Wolf Named Crow/Albatross/Clean My Wounds

 

 

[A SUIVRE…]

Par Caïn, Chris & Laurent

(Photos Laurent)

 

*********** Notre live report vidéo de la journée : **************

 

WEEDPECKER + MAJOR KONG (+ Jurassic Leaf) – 09/06/2018- Nantes (La Scène Michelet)

Chez Desert-Rock nous n’avons pas assez souvent l’occasion de profiter du climat nantais et pour une fois l’opportunité était là, j’ai donc fait mon baluchon pour aller rendre visite à l’emblématique Scène Michelet. Ce haut lieu du Métal accueillait ce samedi Jurassic Leaf, Major Kong et Weedpecker sous la férule des Stoned Orgies, brillante organisation qui attire à elle les talents tel un vieux en imper à la sortie d’une école les petits enfants. La Scène Michelet quant à elle c’est déjà un bar qui sert profusion de curiosités houblonnées et ensuite une cour terrasse sur l’arrière où se précipite à chaque concert toute la fine fleur des amateurs de Stoner. J’y étais donc pour ainsi dire en famille.

 

Jurassic Leaf

Le clairon est sonné par les premières notes de Jurassic Leaf et dès lors tout le monde se précipite à l’étage, ancienne salle de danse reconvertie en salle de concert exiguë mais chaleureuse. Ce groupe venu tout droit de Lille pour porter les couleurs du Festival Rock In Bourlon délivre son Doom conventionnel qui petit à petit séduit l’assistance. Les nuques se raidissent gentiment sous le feu de ce trio instrumental. J’admets volontiers que si certaines coupes un peu franches dans les thèmes me déstabilisent, l’ensemble est loin d’être désagréable. Une preuve qu’il n’est pas nécessaire de réinventer un genre pour en maîtriser les codes et donner du plaisir à son auditoire. Le son est massif, le jeu scénique posé en général mais le bassiste et le guitariste sortent parfois de leurs gonds avec des postures plus énervées et un son fuzzé de gratte pas piqué des vers qui ambiance immédiatement. Déjà le set se clôture et les gars nous offrent le meilleur d’eux même et la preuve qu’ils savent gérer un concert.

 

 

Major Kong

Si Michelet, revendique un certain nombres de palmes sur son fronton, la plus surprenante reste celle du meilleur Sauna et ce n’est pas Major Kong qui fera mentir cette revendication! Ce groupe de Doom venu de Pologne je l’attendais depuis un petit bout de temps et force est de reconnaître que je n’ai pas été déçu. Si ce trio instrumental se présente avec l’humilité de celui qui ne connaît pas encore le succès, il y a fort à parier qu’un certain nombre le gardera en mémoire après cette soirée. Leur Métal pêchu, tout dans la lourdeur et la vitesse sait se poser et enlever des séries de notes aériennes comme sur “Transdimensional Holiday”, morceau qui n’est pas sans rappeler le travail de Karma To Burn. Tout le set sonne juste, énorme et puissant, une placidité dans le jeu qui n’est qu’une façade pachydermique avec un mention spéciale pour l’agilité du bassiste qui tricote à merveille du manche ( Sic “Quantum Elephantum”). Peu importe que la lumière rouge orangée de La Scène Michelet appauvrisse l’ensemble visuel et donne du fil à retordre aux photographes, c’est avec talent que Major Kong marque la salle et donne le sourire aux plus exigeants. Ma seule frustration aura été que la setlist ne comporte pas “Supercluster”.

 

 

Weedpecker

Après une longue, très longue attente au bar, il est déjà l’heure de remonter dans le sauna et la moiteur tropicale du lieu vibre des notes psychédéliques de Weedpecker, compagnons polonais du groupe précédent, il marquent tout de suite les esprits par un look coloré de hippie orientalisants. Si la version studio démontre une grande maîtrise instrumentale, le live n’a rien à lui envier. L’influence de leurs ainés de Elder est nette et laisse planer la foule qui remplit petit à petit la salle. C’est un voyage 70’s poussé à fond sur les enceintes. Côté chant Weedpecker fait les frais d’un chant à quatre où un léger manque de maîtrise ajouté à un probable retour trop puissant me font un peu décrocher avec un sentiment de désaccord.. Cependant l’ensemble est riche, musicalement maitrisé et le public se gave de notes planantes, le set passe à toute vitesse et il serait ingrat de dire que ce n’était pas plaisant. Le quartet offre sans retenue son troisième album à l’épreuve du live et de l’avis de ceux présents c’est un succès.

La soirée est une réussite au vu du monde encore présent au bar quelques quarante minutes après la fin des derniers accord et personne ne sort vraiment sec de l’endroit.

Un grand merci à Gaël Hervé Photo pour les clichés qui illustrent ce texte.

KALEIDOBOLT ( + aSupernaut + Tremor Ama) – 07/06/2018 – Paris (Espace B)

Dans le cadre de la tournée printanière de Kaleidobolt, qui semble ne jamais s’arrêter un instant d’écumer les scènes européennes, on se retrouve ce soir derrière les cuisines de l’Espace B pour une soirée promettant son lot de frénésie. Afin d’accompagner les Finlandais survoltés, les Fuzzoraptors nous dégotent cette fois un quintet de Creil nommé Tremor Ama et les Bruxellois d’aSupernaut. Et l’ascension fiévreuse dans laquelle ces trois groupes nous emportent ne laisse personne indemne.

Tremor Ama

Devant une foule croissante, les cinq gaillards de Tremor Ama s’approprient la scène. Et si l’on assiste à de multiples intros au psyché indéniable, les mélodies aériennes dérivent souvent vers de lourds et puissants riffs avec pour objectif de tout déménager. Sur « Another Day », on comprend que ce Heavy Stoner détient plusieurs facettes. À l’image de Max, le batteur ; un charmant jeune homme au Tee-Shirt Gojira qui tantôt effleure sa ride avec toute la prévenance d’une mère pour son enfant tantôt martyrise sa cymbale chinoise comme s’il s’agissait d’un fer à battre. En dépit de ses quatre potes qui l’occultent de notre champ de vision, on ne peut guère l’ignorer. Cette énergie, qui semble constituer l’essence du groupe, se retrouve vite partagée avec Raph et Remitche. Ces deux-là gesticulent comme des possédés tout en balançant de vigoureux lyrics. De leur côté de la scène, Sy et Kévin paraissent plus en retrait et davantage dans l’introspectif, renforçant par la même la dualité de la musique. Une ambivalence présente tout le long de ce merveilleux set et qui, comme le prouve « Sylbaris » ne fait que renforcer la qualité du spectacle.

aSupernaut

Un couple de Ricard plus loin, on y retourne. Et c’est donc devant un public à température que le trio made in Bruxelles débarque. Hélas, et comme cela arrive parfois, aSupernaut essuie un petit problème technique. Une tête d’ampli capricieuse à priori, qui vaudra à Nico de jouer sans pédalier avant de finalement jeter sa basse au sol par frustration. Il va sans dire que devoir interpréter leur musique sans bénéficier des nombreux effets fuzzés et saturés a de quoi désappointer. C’est un peu comme bouffer un couscous sans les légumes, la sauce, ni même la viande en fait… Qu’à cela ne tienne ! On prend une pause à l’extérieur histoire de permettre aux ingés son de régler le problème et à peine un verre plus loin on entend de nouveau grogner la basse. Les Bruxellois déroulent alors leur set de heavy garage psyché qui ne tarde pas à agiter les têtes. Sur des lignes de basse crado à souhait et du martèlement de caisse claire, Thomas balance ses riffs avec une passion lui donnant des airs de malade en pleine crise de tétanie. Il accompagne le tout d’un chant bien saturé lui aussi, donnant au tout une impression d’une musique hybride du Stoner actuel et du punk new wave de la fin des années 80. Autant vous dire que l’espace B gagne encore quelques degrés à la fin du bazar.

Kaleidobolt

Pour cette dernière partie, le trio d’Helsinki porté sur un rock psychédélique survitaminé se met en position. Loin de se formaliser d’une foule qu’on aurait souhaité plus importante pour une tête d’affiche, ils attaquent. Incisifs et sans appel, comme à chaque fois. Les frénétiques lignes de basses de Marco fusent comme les balles sorties d’un canon, invitant les rythmiques toujours plus véloces de Valteri à y trouver leur place. Cet homme aux couleurs d’Eyehategod qui déroulent des triolets assassins dès qu’il s’agit de breaker, ou bien à chaque fois que ça lui chante, ne connaît pas de demi-mesure. Son solo de milieu de parcours nous fera comme toujours autant transpirer que lui. Sur ce terreau plus que fertile à toute démonstration technique, le maître du riff Sampo Kurki compose ses interminables soli et communique ainsi une agréable sensation de jam permanent. « Off the cuff », « The Crux », « Rocket to the Moon », autant de titres propices à y déployer un arsenal de virtuosité. Mais la richesse des gammes de son guitariste ou la nervosité de son batteur ne constituent guère les seuls éléments notables dans la technique du groupe. Car si l’on parle technicité, on aurait tort d’omettre sa propension à prendre les headbangers à revers. Tous ces délicieux contretemps, que ça soit en flinguant la sempiternelle métrique 4/4 ou bien simplement en claquant des pêches à l’endroit voulu, participent à donner sa patine si caractéristique au groove de Kaleidobolt. Et puisque l’on parle des empreintes du groupe, mentionnons l’incontournable « City of the Sun », leur pièce maîtresse, jamais deux fois la même en live, et qui sait rassembler les foules sous une seule et même bannière. Celle d’une impétuosité joyeuse et débridée.

Kaleidobolt

Ce dernier set de qualité se ponctue après minuit. Et malgré le faible nombre de spectateurs restant en ce jeudi soir, on gardera un goût de félicité en plus de quelques acouphènes. La saison des Fuzzoraptors s’achève une fois encore sur un succès et nous laisse avec une seule et simple interrogation. Quoi de prévu pour la rentrée ?

STONEBIRDS + WITCHFINDER – 31/05/2018 – Bordeaux (Void)

La dernière date de la saison organisée par les Make It Sabbathy (rien moins que la 48ème, voilà une belle machine qui roule…) et pas la moins intéressante : le Void accueille ce soir le plateau lourd du moment, avec Stonebirds et Witchfinder, qui partagent une tournée qui aura sillonné à travers toutes les contrées de l’hexagone.

 

On commence par Witchfinder, trio doom auvergnat qui entame les hostilités. Bon, il ne faut pas longtemps pour comprendre que les gars ont bien assimilé la recette : de très larges rasades de Electric Wizard (très…), et quelques pincées de tout ce qui se fait de pertinent dans le doom “contemporain” (on pense à Monolord, Toner Low, Conan – le bassiste avec un hoodie Conan ET la capuche sur la tête… coïncidence ?). Mais leur jeter la pierre pour le motif qu’ils manquent d’originalité serait fondamentalement injuste (on ne met pas au pilori Cough, Conan ou Monolord alors qu’ils sont coupables du même méfait, ou presque). Du coup le groupe déroule son set de presque une heure au rythme d’un pachyderme lymphatique, un set dont émergent ici ou là quelques riffs très efficaces, qui tournent nonchalamment souvent pendant plusieurs minutes. Seul problème : le son. La basse vrombit de manière exagérée et bouffe tout sur son passage. C’est gras, certes, c’est massif, c’est très fort… mais ça dessert le groupe. Personne n’y gagne, l’effet est raté, ça en est même parfois embarrassant. Mais le public, bienveillant et satisfait, passe outre et prend son pied.

 

Place aux Stonebirds maintenant. Les bretons s’appuieront essentiellement sur leur dernier album, l’excellent “Time”, pour composer leur set. Premier constat qui rassure : le son, sans être cristallin, est bien meilleur, et permet d’entendre tous les instruments (les vocaux un peu faibles néanmoins). On peut donc s’imprégner et s’immerger dans leurs titres à loisir, ce que le public fait immédiatement sans se faire prier. Fañch assure comme un chef pour reproduire en live très fidèlement les titres de l’album, aux sonorités pourtant très élaborées, en mode plutôt “concentré” devant son (impressionnant) rack de pédales. Sylvain à la basse est plus mobile, participant même au chant occasionnellement. Et le voir jouer sur sa 6-cordes fretless est toujours aussi impressionnant. Avec Antoine à la batterie, ils apportent une base rythmique et mélodique solide.

Côté set list, c’est la quasi-entièreté de “Time” qui passe à la moulinette, et le groupe se permet même d’y ajouter une nouvelle compo inédite : le nouveau titre s’intègre bien au set, et n’annonce pas de revirement radical du groupe dans un court avenir. Tout en contrastes d’ambiances, le titre donne envie d’être entendu à nouveau, c’est bon signe. Mais les titres de l’acabit de “Sacrifice”, “Shutter part 2″ et surtout” Animals” maintiennent le public en tension sur la grosse heure de set. Un public qui gueule si fort à la fin du set que le groupe est obligé de revenir sur scène pour un rappel sur “Angst Lover” de leur précédent album. Tout le monde repart avec le sourire. Quelle bonne soirée…

 

CITIES OF MARS (+ Harps + Homecoming Band) – 17/05/2018 – Paris (L’International)

Si l’on devait juger un collectif à sa capacité d’adaptation en situation de crise, les Fuzzoraptors remporteraient certainement une palme. Alors que Nekromant, leur tête d’affiche, vient d’annuler sa tournée en raison d’une vilaine fracture, et ce, vingt-quatre heures avant la date fatidique de l’événement, ils ne s’attardent guère davantage en apitoiement et nous dégotent un trio de remplacement pas piqué des hannetons. Trio du nom d’Homecoming Band qui aura le privilège d’ouvrir les hostilités devant la petite foule désormais caractéristique d’un 20 h à L’International.

Homecoming Band

Et c’est avec une joie croissante que je découvre ce groupe aux influences que ma propension à l’euphémisme qualifierait de variées. Déjà dans le style vestimentaire des loustics, on sent qu’il flotte un je ne sais quoi de non conventionnel. Car c’est en petite chemise boutonnée et cravate qu’Homecoming Band nous déroule son set. Et pour un groupe formé depuis à peine six mois, quel set, mes amis ! Déjà techniquement c’est irréprochable. Les années de conservatoire transpirent de la prestation de Théo qui, derrière sa batterie, offre un jeu fin dont la subtilité davantage propre aux standards du jazz s’accorde ici à merveille au Post métal du groupe. Ces deux copains ne sont pas en reste et surf avec aisance sur ses métriques démontées et ses habiles contretemps. L’imprévisibilité semble tenir une place majeure chez eux. À chaque début de morceau, le public hoche la tête en songeant naïvement pouvoir anticiper la suite. Hélas, il se fait invariablement faucher par une rupture aussi surprenante qu’inattendue, passant d’une intro black métal à un franc passage psyché, puis c’est un pont rock’n’roll qui survient, très vite suivi d’un enchainement de riffs à la lourdeur méritant qu’on se jette tous les uns sur les autres. Certains pourraient y voir des constructions casse-gueules mais Homecoming Band assume pleinement ses multiples aspirations et sait sublimer le meilleur de chaque style dans un distillat Stoner composé avec soin et finalement très rafraichissant.

Harps

Les rafraîchissements justement. À peine consommée la moitié d’une pinte qu’il faut redescendre pour accueillir le second groupe de la soirée. Les Parisiens de Harps qui bénéficient pour l’occasion d’un sous-sol commençant à bien se remplir. En avisant le T-shirt RATM de Matteo et la Bigmuff qu’il taquine du pied, je me dis que cette basse va salement groover. Toutefois, le trio évolue plus vers le Sludge mêlé de post-métal expérimental et aux teintes quand même franchement psychée. Un psyché étrangement perturbé par des lyrics qui nous sortiront à plusieurs reprises de la délicieuse rêverie dans laquelle la musique nous plonge. Ce que l’on ne peut guère retirer à Harps en revanche, c’est l’énergie avec laquelle ils jouent. Entre deux phrasés vocaux lâchés dans son micro, Julien s’agite comme un possédé ; sautant et tournant en prenant soin de serrer sa gratte pour éviter qu’elle ne se fracasse contre un mur. Cette dynamique se transmet à l’assistance qui ne manque pas de hocher la tête en témoignage d’assentiment. De quoi chauffer les esprits pour la suite des réjouissances.

Cities Of Mars

Bon, on nous avait promis une soirée doom, et à l’aube de l’ultime performance de cette soirée, il semblerait que les vrais clients se proposent enfin de nous casser les genoux. Le public encore maigrelet lors du premier lâché de riffs ne tarde pas à gonfler les rangs jusqu’à emplir une bonne moitié du sous-sol. La puissance de Cities Of Mars se révèle alors, froide et lancinante. Le bassiste et chanteur, Danne Palm, plante ses appuis et se dresse devant son micro comme si un furieux vent de face menaçait de l’emporter. Pourtant, à l’arrivée de « Doors of darkmatter » on comprend que la tempête vient de l’intérieur ; du tréfonds de nos propres entrailles. Et apparemment, tant les lyrics hauts et incantatoires que la lourdeur du jeu appellent à en éveiller les démons cachés. « Envoy of murder » ne sera pas différent. La pesanteur de ce monument nous expose toute la dimension tellurique de la musique. Mars nous apparaît alors comme une planète en proie à de glaciales tempêtes ; une terre stérile où règne une hostilité de tous les instants. Ainsi, les titres de l’album Temporal Rifts s’enchaînent. Puis, comme de rigueur, les Suédois reviennent dans le passé. À l’annonce de « Celestial Mistress » titre éponyme du second EP, le public de L’International à présent brûlant ne masque plus sa joie. Et comment agir autrement ? Comme le disent si justement nos amis de Fuzzoraptors à propos de Cities Of Mars : « ils sont beaux, talentueux, sympas, pourquoi se priver ? ».

Cities Of Mars

Si on peut regretter ce soir l’absence de Nekromant, on ne peut guère déplorer le caractère réussi de la soirée. On remercie chaudement ces trois groupes qui, en dépit des problèmes techniques et des booking de dernières minutes ont chacun su servir un show de qualité.

SLEEP (+ Sofy Major) – 15/05/2018 – Paris (Trabendo)

Sold out en quelques semaines (avant qu’on ne sache que cette tournée viendrait accompagner un nouvel album ! Les fourbes…), à quelques centaines de mètres de leur dernier passage à Paris pour un concert qui aura laissé des traces… Cette date avait tout, sur le papier, pour être immanquable.

La météo incite beaucoup de monde à prolonger l’après-midi sur les pelouses du parc baignées par le soleil, et Sofy Major en fait les frais. Il faut dire que le trio auvergnat fait un peu figure d’OVNI en première partie de Sleep (en même temps, OVNI, Sleep… Y’avait pourtant un concept…), et les amateurs des deux groupes sont rares, il ne faut pas longtemps pour le constater : remplissage de la salle moyen et ambiance “observation polie” dans le pit… Ne nous leurrons pas, après discussions avec nos voisins de tranchée, les présents au premier rang sont là pendant leur set essentiellement pour être bien placés pour Sleep. Le combo ne démérite pas et ne se démonte pas, balançant une bonne part de titres inédits notamment. Sauf que leur noise rock nerveux vaguement coreux ne convaincra pas grand monde ce soir. Pas le meilleur casting qui soit, même si le groupe ne s’est pas ridiculisé ce soir (ce qui est déjà une belle perf en première partie de Sleep).

 

Sleep n’est pas et ne sera jamais un groupe comme les autres. Sûr de son culte, le trio infernal, dont c’est la première date de la tournée européenne, lance une intro de pas loin de 10 minutes, reprenant le verbatim de l’alunissage d’Amstrong (“Moon Landing Radio Transmission”). 10 minutes, sans personne sur scène, de quoi asseoir son autorité et froisser ceux qui sont venus ici pour consommer de la musique live.

Sur les planches du Trabendo 7 baffles Orange, 5 têtes et un jack, au bout duquel viendra se plugger la guitare de Matt Pike, qui se présente comme toujours le torse vêtu de sa bedaine et ses tatouages, quelques secondes après ses comparses Cisneros et Roeder, ouvrant la messe spatiale par « Marijuanaut’s Theme ». Le son est massif, le public acquis à la cause, et le groupe d’enchainer sur « Holy Mountain » pour faire définitivement fondre un Trabendo extatique.

Pourtant, soyons honnête, votre serviteur ne décolle pas totalement. Le groove est fatigué, le groupe mou du riff. Il me faudra attendre « Sonic Titan » pour enfin mettre un pied dans le cosmos. Ce titre mythique, connu des puristes depuis 15 ans et enfin réarrangé et enregistré pour The Sciences, nous transporte plus loin encore. « Aquarian » ne me fera pas le même effet mais « The Clarity » – single que je considère comme l’un des titres les plus faibles (toute proportion du culte gardée) de la discographie du sommeil – sera un immense moment de bravoure interstellaire. Le sublime « Antarticans Thawed » manquera live d’un petit quelque chose avant que le groupe ne quitte la scène pour revenir assener un « Dragonaut » magistral, laissant le Trabendo hébété, entre bonheur et frustration.

1h15 d’un court concert, ressemblant finalement à tant d’autres, d’un groupe qui rôde ses morceaux et cherche son alchimie. Pas de partie de « Dopesmoker » jouée ce soir (ce qui sera fait sur d’autres dates par la suite en rappel), pas d’incantations Sabbathiennes et trop de moments laissant la tension retomber. Un bon run dans l’espace au final mais loin du voyage qu’avait été l’alunissage à la Grande Halle de la Villette le 26 mai 2012.

 

(Photos : Laurent)

METAL CULTURE(S) 2018 – (Elder, Hangman’s Chair, NNRA, Amenra…) – 10-11-12/05/2018 – Guéret

La Chapelle de la Providence

 

Perdu dans la Creuse, il existe un micro festival qui résiste depuis huit éditions et propose des programmations toujours plus alléchantes. Je me suis donc rendu au Festival Metal Culture(s) à Guéret attiré par une affiche polyvalente et sur laquelle toi lecteur de Desert-Rock.com tu pourras retrouver rien de moins que des groupes comme Elder, Hangman’s Chair, NNRA ou encore Amenra.

Le site est divisé en plusieurs lieux répartis dans le centre de Guéret. D’un côté un camping excentré sur les hauteurs de la ville, de l’autre, un  Bar de La Poste, lieu central des matinées festivalières, parsemé dans la ville des lieux ponctuels tels que le cinéma et enfin La Chapelle de la Providence et sa “Crypte” résidence des deux scènes principales du festival.

 


Jour 1

L’arrivée sur le site est un peu décevante, si le lieu est bien une chapelle, il faut préciser qu’il s’agit d’une chapelle reconvertie où ne subsiste réellement que la porte et la rosace principale, le reste étant aménagé en vraie salle de concert. On retrouve quelques œuvres d’arts ici et là et un cabinet de curiosités qui mettent dans l’ambiance.

 

 

NNRA

Les festivités débutent avec le set de NNRA, quintet français découvert lors des ultimes Doomed Gatherings et lors de quelques rares dates. Les musiciens se cachent derrière un voile par derrière lequel une projection les accompagne. C’est un pur bonheur de re-découvrir leur Doom expérimental ultra mélancolique. Immédiatement on prend conscience du potentiel du lieu comme du groupe, un son ample et maitrisé favorisé par l’architecture. Les compos soufflent la petite assemblée des festivaliers présents à cette heure (Les concerts débutent vers 18h), une bouffée d’émotion pure dans une orchestration parfaite. Côté scénographie, on devine les comparses derrière le voile et la vidéo inonde le public durant près de cinquante minutes. Une entrée en matière parfaite pour ce festival lilliputien.

 

 

L’enchaînement est rapide et après s’être laissé tenté par le bar, le public se rend vers la Crypte ; une fois de plus c’est un peu la déception en constatant qu’il ne s’agit que d’un barnum monté devant la chapelle et qui accueille pour l’heure Dirty Rodeo, formation Power Rock qui essuie les plâtres des premiers réglages son.

Tout le festival à peu de choses près va se dérouler avec cette alternance de scènes égrenant le Crossover de Insanity Alert où le public joue des rotules et des coudes pour s’échauffer sous l’impulsion des pancartes criant la libération de l’esprit punk. S’ensuit le punk hardcore de Stinky.

 

Amenra

De nouveau retour à la chapelle pour assister aux deux derniers sets et pas des moindres. Amenra envahit la scène projetant sur le fond ses vidéos en noir et blanc aux thèmes élémentaires. Le set sera joué 70% en nous tournant le dos, une bonne partie de la fosse en attente d’un acte spectaculaire du frontman Colin – acte qui n’arrivera pas – mais la claque, elle, ne se fait pas attendre. Un son lourd à souhait et un Light show au petits oignons pour un set tout en montée en puissance.

 

Elder

Difficile pour Elder de passer après un set qui aura assourdi plus d’un festivalier et c’est devant une salle vidée d’un tiers que les quatre compères entrent en scène. C’est toujours avec un peu de difficultés que je rentre dans leur set, ralenti par la voix particulière de Nick Disalvo qu’il faut bien parfois décrire en live comme dissonante. Néanmoins la mayonnaise monte et je me laisse aller au psych massif qui nous est offert. Je note comme mes collègues de Desert-Rock.com une semaine plus tôt à Berlin, l’apparition d’un guitariste supplémentaire en la personne de Mike Riseberg déjà comparse de Nik sur la formation Gold and Silver. Cette arrivée ouvre plus de champs au groupe en live et c’est sans conteste un argument de plus dans l’intensité musicale qu’offre Elder. L’orchestration se fait ainsi de plus en plus dense  tout au long du concert pour garantir une atmosphère idéale de fin de première journée.


 

Jour 2

 

L’affiche du festival annonçait un réveil au camping avec “Films de cul gratuits” ; j’ai été quelque peu surpris de constater qu’il s’agissait d’un réveil par le DJ Films de cul gratuits, ce qui a permis de calmer la déception avec humour.

 

Al Nour

Le soir venu, belle entrée en matière avec le premier set. Al Nour, tout jeune groupe Auvergnat  Stoner Doom ouvre le bal. Il faut reconnaitre que si les compositions manquent encore d’ambition et que la structure n’est pas des plus originales, les trois mecs envoient un Doom efficace, appliqué, où le chant s’entend peu souvent mais avec à propos. Les mélodies sont inattendues ne sombrant pas dans l’orthodoxie. Le Growl du chanteur bassiste s’intègre efficacement pour apporter profondeur et puissance en écho à la frappe vigoureuse du batteur. Au final je me prends à me dire qu’un tel set aurait mérité de se passer sous la chapelle plutôt que sous la crypte.

 

Malheureusement pour les ayatollahs du Stoner ce sera le seul groupe dans la veine, la journée est monopolisée par d’autres styles avec Celteeberian, Deathstosterone (groupe de black parodique); Born from Pain (dont le Hardcore super efficace se traduit par des cœurs avec les poings. A noter d’ailleurs un big-up à Hangman’s Chair, ne vient pas du HxC qui veut !); Tayobo (groupe français qui ne manque pas d’intérêt).

Un p’tit Napalm Death avec des britanniques égaux à eux même puis la journée se termine sur Volker (triste fin de journée à mon goût, heureusement que d’autres auront eu plus de grâce à mes oreilles.)


Jour 3

 

Le troisème jour voit passer entre autres les grand-guignolesques Pensées Nocturnes, mélange de métal et de cuivre sous couches de maquillage. S’ensuit le Death-Thrash de Kamala chouchous du festival qui auront le droit à deux sets sous la Crypte, l’un amplifié, le second acoustique. Je passe volontairement sur la partie acoustique qui ne m’a pas tout à fait séduit mais le set électrifié dévoile toute la maitrise du groupe avec un gros coup de cœur pour une batteuse carrée et puissante à souhait.

Carcariass

En début de soirée c’est Carcariass qui investit la chapelle. Je m’arrête un moment sur ce groupe bien que hors sujet ici. Ce groupe tout droit venu de mon adolescence, va être reçu comme un inconnu total par le public sans doute amnésique du Death technique tendance Prog. Le trio de Besançon va petit à petit reconquérir un public (Il faut dire que plus de dix ans d’absence représentent un gros challenge malgré un programmation au Hellfest l’an passé). Un guitariste à quatre bras, un batteur aux frontières du jazz le plus technique et un bassiste en tapping quasi intégral vont faire sortir les spectateurs de leur torpeur pour clôturer le set dans la joie et l’allégresse.

Je passe sur le set de Igorr, Electro metal qui me lasse en l’espace d’un demi morceau. Pour autant, ils mettent le feu à la Chapelle devenue un danse floor hard tech metal ou quelques nuques cassent net.

Hangman’s Chair

 

 

Impossible à priori pour Hangman’s Chair donc de clôturer ces trois jours… Impossible n’est pas Hangman’s! Immédiatement la salle pourtant encore fourbue du set de Igorr se fait cliente et si tout ceci n’est pas censé être positif, ce n’est pas pour autant négatif. La musique mélancolique de Hangman’s fait naître un sentiment de plénitude oubliée, au sentiment de bien être enfoui au plus profond de soi. En tout cas c’est ainsi que je reçois chaque note. Le gros plus du spectacle réside dans la maitrise des lumières. Le responsable à la console œuvrant pour les Metal Culture(s) est à 100% dans le set. Il est imbibé de ce que livrent les gars sur scène et tape du pied comme il headbang, vigoureusement et sans retenue. Et si l’ingé son semble endormi, il n’en est rien, les yeux fermés il savoure le son et maitrise sa table d’une main de maître. Indubitablement, Hangman’s Chair à l’instar de NNRA et Amenra possède la palette nécessaire pour donner vie à l’architecture et livrer tout le potentiel sonore du lieu.


C’est donc trois jours de concert en famille qui se déroulent à Guéret, à une heure de Limoges. Les Metal Culture(s) c’est au final un petit festival tout terrain ou l’on arrive sans trop savoir comment cela va se passer et d’où l’on repart en ayant fait la connaissance de la moitié des festivaliers avec l’envie de revenir l’an prochain.

 

HIGH ON FIRE + CHURCH OF MISERY + Your Highness – 10/05/2018 – Toulouse (Le Rex)

Après une superbe journée de printemps, quel plaisir de longer la Garonne dans la ville rose pour se rendre au Rex, superbe salle toulousaine, qui accueille ce soir une affiche aux petits oignons : organisée par l’asso Noiser qui sévit à Toulouse depuis longtemps maintenant, ce mini-festival sur 3 jours voit sa 1ère journée largement dédiée aux groupes familiers de notre lectorat. On ne pouvait pas décemment manquer cette date.

 

 

YOUR HIGHNESS

Entrée en matière solide pour la soirée : les belges de Your Highness montent sur scène et il ne leur faudra pas plus de 2 ou 3 titres pour convaincre un public qui commence tranquillement à remplir la salle (le début de soirée est probablement un peu trop agréable en buvant des mousses en terrasse…). Solide, carré musicalement, le quintette balance son sludge puissant sur une audience bien trop contente de prendre sa claque en bonne et due forme. Dynamique sur scène, lourd dans le riff, puissant dans les vocaux, Your Highness se distingue du “tout venant sludge” par une attitude scénique qui emprunte un peu au hardcore, et par une musique où riffs punchy se mixent à des plans mélodiques et des structures efficaces et bien mémorables. Alliant puissance et compos qualitatives, le groupe en a encore sous la pédale. A suivre…

 

 

CHURCH OF MISERY

Mise en place rapide, pas très formelle (quelques ajustements de dernière minute), on sent que les Church of Misery sont peinards, sûr  d’eux. Il faut dire que ça fait maintenant deux semaines que les japonais sont sur la route et leurs prestations ont laissé des traces (cf notre propre expérience à Berlin il y a quelques jours). Donc on s’attend à une claque. Et on la prend… en tendant la deuxième joue, s’il vous plaît ! Un très bon “El Padrino” introduit le set du jour qui procède à un crescendo remarquable : coup d’accélérateur au premier quart d’heure, premiers pogo ensuite (un “Born to Raise Hell” très très chaud avec des pogos rudes dans le public), puis slams à gogo avant l’apothéose ! “I Motherfucker” emporte le ponpon du plus gros mosh pit de leur set. Même Takano, leur vocaliste azimuté, se lance lui-même dans une paire de slams pour finir le set avec le sourire et  un feeling hors norme.Très très gros set des japonais, qui confirment leur statut de valeur très sûre du stoner/doom international désormais. Jumelés à un public à la fois bon enfant et connaisseur, l’équation est impeccable.

 

 

HIGH ON FIRE

Dernier gros client de la journée, c’est au tour de High On Fire de faire crier les amplis. Après avoir été très déçus par les conditions du concert de Berlin (allez voir la chronique, mais pour résumer le son ne rendait pas service au groupe), on a vraiment voulu aller à cette date pour voir le groupe dans un autre contexte. Quel grand bien nous a pris ! L’intro fut la même, à savoir ce « Sons of Thunder » et son tonnerre de grosse caisse sur lit de gratte, qui fait bien le job en annonciateur de la tempête à venir. Et tempête il y eut, avec un déferlement en début qui ne laissera personne de marbre (« The Black Plot »/ « Carcosa » / « Fertile Green », rien que ça), et une suite de set en forme de best of de la carrière du trio. L’ambiance est certes plus pesante et sérieuse que pour Church of Misery (la musique est un peu moins « fun » d’une certaine manière), mais dans le pit, c’est la guerre dès les premiers accords. Le son est impeccable : puissant, juste assez gras et graisseux pour retranscrire l’effet bulldozer attendu, et juste assez clair pour sentir le poids respectif des riffs coup-de-poing de Matt Pike, ainsi que des rythmiques de Jeff Matz dès lors que Pike daigne nous gratifier d’un de ces soli perçants dont il a le secret. Bon, les vocaux de ce dernier manquent un peu de relief (toujours un peu le même style hein, dans un champ tonal qui éveille des parfums de bitume chaud, de tessons de bouteille et de houblon un peu frelaté, le tout en mode beuglage…) mais pas de mauvaise surprise pour les aficionados en tous les cas.

Matz a beau œuvrer avec efficacité et dynamisme, c’est Matt Pike qui attire tous les regards, le gaillard est charismatique, et en grand ordonnateur du dieu metal (soyons honnête, High On Fire est plus proche du thrash que du doom…), il convertit les ouailles présentes comme le ferait un gourou hargneux, usant de sa guitare comme d’un artifice d’hypnotisation de masse… Le public ne résiste pas ! Les toulousains sont sortis ce soir pour s’amuser, et les flux incessants de slammers en attestent, tout comme la vigueur intarissable du pogo qui sévit dans le pit. Et ce n’est pas Hiroyuki Takano qui nous contredira : tout sourire, le chanteur de Church of Misery s’élancera depuis le bord de scène pour un slam de plusieurs minutes afin de profiter lui aussi de l’ambiance de la soirée !

Le set est dense et se termine avec l’habituel “Snakes for the Divine”… Un peu tôt ? La question ne se pose pas vraiment, en fait : la charge fut tellement rude qu’il n’aurait pas été forcément bienvenu d’en reprendre une louche ! On ressort donc rincés, usés, mais satisfaits de cette fort bonne soirée, dans cette fort bonne salle, avec un fort bon public. Toulouse, réveille-toi, tu as du potentiel !

DESERTFEST Berlin 2018 – jour 3 (High On Fire, Radio Moscow, Eyehategod, Jex Thoth, Dopelord,…) – 06/05/2018 – Berlin (Allemagne)

 

3ème et dernière journée toujours sous le soleil Berlinois le plus agréable… C’est le cœur lourd (et les corps lourds, on n’est plus très jeunes…) que nous regagnons pour la dernière fois cette année l’Arena et y retrouvons en ce début d’après-midi la même ambiance paisible, avec la cour extérieure baignée par le DJ set perpétuel et les premières odeurs des divers food trucks commencer à émerger… On salue les amis, on papote un peu, et très vite l’heure des premiers concerts arrive…

 

 

LIONIZE

Sans grande conviction, on s’apprête à voir avec Lionize, l’OVNI de la journée. On a tant dit sur ce groupe, éhontément “pistonné” par Clutch, qui n’aurait aucun intérêt musical… Vilénies que tout cela ! Tout en rutilance musicale, le furieux quartette va prendre la side stage pendant 30 minutes et profiter de la moindre seconde qui lui est donnée pour convaincre chaque personne dans le public de son talent ! Bon, la tâche est rendue moins ambitieuse qu’il n’y paraît au vu de la modeste assistance en ce début de journée semi-caniculaire… Mais la salle se garnit petit à petit à l’écoute des décibels stylés du combo U.S. déchaîné. Enfin, c’est surtout son frontman Nate Bergman qui est déchaîné, ne nous leurrons pas, il est la machine qui tire le groupe, même si derrière, on n’a pas affaire à des manchots. Mais côté prestance scénique, dynamisme, et talent, le gars se pose là. Niveau style, c’est bariolé, ça va taper dans les confins de rock, hard rock, funk, blues, soul même parfois, pour des titres punchy et entraînants, avec option groove en supplément siouplé. Un excellent moment et une bonne surprise coup-de-pied-aux-fesses. Quelle excellente entame !

 

 

FREEDOM HAWK

C’est dans une configuration à quatre que Freedom Hawk se radine sur scène à l’occasion de leur nouvelle tournée européenne. Le dernier passage sous nos latitudes de nos amis de la Côte-Est nous avait bien plu et il n’y avait aucune raison qu’il n’en soit pas ainsi avec celui-ci surtout après la sortie de « Beast Remains » cette année ; une plaque qui avait par ailleurs fait lever la cornette d’un membre de l’équipe présent. Nous fûmes ravis de voir ces lascars se produire sur la structure la plus vaste même si un placement plus tard dans la journée n’aurait été que le juste retour des choses pour les vétérans de Virginie. Les Étasuniens jouent presque dans le noir, desservsi par un jeu de lumières peu enthousiasmant, mais ils jouent foutrement bien et font remuer les nuques, ainsi que les culs, quand bien même le son n’a pas toujours été à la hauteur ; il a été variable durant ce set pour dire vrai, mais la grosse caisse était bien lourde comme il se doit ; que du bonheur ! Décidément très en forme, Freedom Hawk plaçait la barre bien haut, comme ces prédécesseurs du jour en habits de lumière, pour ce – déjà – dernier jour de la fête du riff. Nous ne bouderions pas notre plaisir de les voir à nouveau par ici surtout lorsque des brûlots comme « Land Of The Lost » sont envoyés avec une telle ferveur et ce n’est pas la nombreuse foule qui s’est pressée derrière les barrières qui nous contredira. Une belle prestation de plus à mettre à l’actif de ce groupe à la discographie malheureusement trop méconnue.

 

 

THE BLACK WIZARDS

Retour à la case scène sur le flanc pour écouter The Black Wizards, la formation portugaise qui va s’ensabler dans le désert berlinois. Comme le public a été très mal habitué durant les deux premiers jours : il râle alors que le groupe peaufine sa préparation et que l’heure est venue pour lui de déballer la marchandise sonore. Nous n’allons pas nous voiler la face longtemps : le double double mixte va rapidement envoyer sa sauce lusitanienne qui prendra bien auprès d’une frange du public, mais pas auprès de nos pommes ! Nous les quittons même quelques instants, le temps de voir les joyeux gagnants à la loterie du festoche qui se barrent sur l’eau à bords d’une embarcation improbable pour assister à une croisière musicale. Une fois nos mouchoirs bien agités sur le quai, nous les rangeons dans nos poches et assistons à la suite du set déployé par le quatuor du sud de l’Europe (qui tourne avec Maidavale et Jex Thoth par chez nous), mais nous peinons à adhérer à leurs rock vintage que nous avons l’impression d’avoir déjà vu mille fois même s’il est franchement bien interprété.

 

CHURCH OF THE COSMIC SKULL

Un OVNI s’est posé au Desertfest avec à l’intérieur sept Anglais vêtus de blanc. Church of the Cosmic Skull fait clairement bande à part avec son rock-psyché. Le leader, un gourou au chapeau, est accompagné au chant par deux nanas, (une blonde et une brune, il en faut pour tous les goûts) et après quelques morceaux, l’originalité laisse quand même place à l’ennui. Le son est parfois brouillon et surtout difficile à évaluer, surtout avec ces trois voix. N’exagérons rien, le groupe est loin d’être mauvais, il n’a juste pas vraiment sa place dans les allées du désert berlinois. Une partie du public reste tout de même jusqu’au bout, parce qu’ils sont fans pour certains, par respect pour les musiciens pour d’autres… en attendant la suite.

 

 

DOPELORD

Changement de scène pour Dopelord, on passe de la mainstage à la sidestage. Et changement d’ambiance surtout. Les Polonais nous concoctent un stoner/doom diablement efficace avec un son loin d’être dégueulasse. Bon, certes, le quatuor ne réinvente pas le genre et écluse toutes les bonnes recettes: riffs gras qui tournent en boucle, râles vocaux envoûtants du bassiste… le tout dans un épais nuage de fumée qui met tout le monde d’accord. Les fans d’Electric Wizard et de Black Sabbath étaient aux anges. Certains diront tout de même que la prestation était bonne mais sans plus, et qu’on peut rapidement s’emmerder durant le set. D’autres diront à l’inverse que la puissance du groupe est à souligner, notamment la performance du deuxième guitariste, tout en nuance. C’est assez rare dans ce genre de style pour le souligner. Dopelord quitte la scène sous l’ovation du public et c’est mérité.

 

PLANET OF ZEUS

Deuxième groupe grec à l’affiche du fest après Vonavibe, Planet of Zeus redore le blason hellénique avec brio. Le quatuor balance un stoner rock énervé où Babis Papanikolaou, chanteur au crâne luisant, alterne entre vocalises aussi puissantes que ses riffs, growl et passages plus calmes. Là-encore, l’originalité n’est pas de mise. Planet Of Zeus enchaîne les riffs assez bateaux mais ravageurs, c’est l’essentiel. L’interaction avec le public ajoute un certain charme à la prestation des Grecs qui terminent leur set aussi bien qu’ils l’ont commencé.

 

 

JEX THOTH

Après la baffe que nous venons de nous prendre sur la scène principale, nous retrouvons la petite scène qui sied si bien à certaines performances moins populaires. C’est Jex Thoth et ses mélopées emballées par du riff sombre qui nous y a donné rendez-vous et c’est tout comme d’hab ! Madame capte les yeux du public ainsi que les objectifs de la meute compacte de photographes (y compris les lourdingues qui n’ont rien trouvé de mieux que de conserver leurs gros sacs-à-dos avec eux…). Le côté théâtral de la prestation du groupe séduit et fait preuve d’un superbe rendu au niveau visuel comme à l’accoutumé (les flammes vives illuminant le visage de la maîtresse du sabbat ça la fait toujours bien) ! Les zicos derrière la frontwoman envoient avec précision les titres bien mous et doomisants de la formation pour le plus grand bonheur des groupies de l’assistance suspendus aux lèvres de la corneille du jour. De notre côté nous allons nous aérer et nous préparer psychologiquement à l’offensive du bayou qui va suivre ensuite !

 

 

EYEHATEGOD

EHG (comme on dit dans les milieux autorisés) avait particulièrement alimenté notre curiosité suite aux déconvenues que le groupe de NOLA endure depuis quelques temps. Les rares photos – croisées sur la toile – du père Williams nous avaient laissé à penser que son enveloppe corporelle seulement serait de la partie : dans le cul ! Il est en vie et foutrement vivant ! Un brin propret, le hurleur et sa joyeuse bande d’allumés déboulent sur scène devant leur étendard guerrier (sponsorisé par la NRA ?) et embrayent directement sur l’habituel concerto de riffs, de coups de grosses caisses ainsi que de vociférations puis c’est parti pour 50 minutes de folie furieuse à l’Arena de Berlin ! Servi par un son honorable – on s’en serait même branlé d’avoir une purée sonore vu le registre emprunté par la formation de Louisiane – Eyehategod enchaîne ses standards en prenant à peine le temps de reprendre son souffle (ou d’allumer sa clope sans être importuné par le service d’ordre qui chasse pourtant assidument les fumeurs à l’intérieur). Maîtrisant son art à merveille, les Ricains provoquent slams et pogos en enchantant le clan des bourrins dans la place. Jimmy Bower a mimé la prise du rail avec son look improbable (et habituel en fait) et ça a bastonné fermement tout du long avec une mention spéciale pour le cri venant de l’intérieur : « New Orleans Is The New Vietnam ». Que ces quidams soient remerciés pour les bûches offertes au public berlinois (ainsi qu’aux nombreux francophones présents qui nous laisseraient presque penser que nous nous trouvions en Francophonie).

 

 

RADIO MOSCOW

La fosse de la Sidestage est déjà bien remplie alors que Radio Moscow ne joue que dans une dizaine de minutes. Les fumeurs ont-ils une soudaine prise de conscience à cette heure avancée du dimanche ? Non, tout le monde attend de pied ferme Radio Moscow pour en prendre plein les oreilles. Et on va être servi. Parker Griggs et ses deux acolytes entrent en scène. Même pas le temps d’un “Salut ça va les gars ?” que le premier riff tourne déjà en boucle. Pour qui a déjà vu le groupe plusieurs fois, l’entame du set est énorme, avec le bien nommé “New Beginning” (de leur nouvel album “New Beginnings”) enchaîné au jouissif “Death of a Queen” où le soliste se fait plaisir. Puis petit à petit le set rentre dans un rythme plus habituel pour le groupe. On sent que le bassiste et le batteur ne sont là que pour accompagner le père Griggs qui tape des solos stoner-blues-psyché-rock toutes les vingt secondes sans sourciller. Et les deux loustics à ses côtés font ça à merveille. Le set peu sembler un peu banal mais le public prend sa dose de son pour un bon moment. Les mecs qui vont passer après Radio Moscow ont quand même intérêt à assurer… Comment ça Matt Pike vient d’arriver? On vous laisse et on file vers la MainStage, avec des solos épiques plein la tête.

 

 

HIGH ON FIRE

Troisième headliner du festival, High on Fire était très attendu en ce dimanche soir. D’autant plus compliqué à gérer pour Matt Pike et consorts que l’on s’est déjà pris quelques belles claques dans la journée, et en particulier la furie Eyehategod deux heures plus tôt sur la main stage. Nos fiers à bras prennent la scène dans un assaut de décibels et de power chords sur une base de batterie quasi martiale (“Sons of Thunder”) qui fait bien son effet, impeccable intro. Puis les titres s’enchaînent comme autant de déflagrations menées pied au plancher par un trio de musiciens tout simplement impeccables, tant dans l’exécution que dans la manière, assurant juste l’essentiel d’interaction avec le public depuis la scène. Pike en particulier, consacre à chaque coup de médiator sa guitare comme un instrument divin, capable – on ne peut que le constater – de déchaîner les flammes de l’enfer sur un public consentant. Mais les choses ne sont pas si impeccables sous tous les aspects : variable incertaine depuis 3 jours, le son s’avère simplement catastrophique sur le set du trio ricain. Dès que l’on recule de 10 à 15 mètres de la scène, la double grosse caisse de Des Kensel prend une dimension démesurée dans le mix, faisant vrombir l’ensemble de la salle, enrobée progressivement par des déluges de plus en plus informes de lignes de basse disparates… Une bouillie. Et dès lors que l’on prend encore un peu de recul, on assiste un peu pantois à un capharnaüm improbable dans lequel il nous faut à chaque fois bien 30 secondes au moins pour discerner les classiques “Carcosa”, “Fertile Green” et autres joyeusetés, à l’image de ce “Rumors of War” dévastateur qui n’émerge que par son jeu de batterie et sa rythmique si emblématiques. Les fans hardcore prennent leur pied dans le pit, pas de soucis, mais il y a fort à parier que ce soir High on Fire n’en aura pas conquis de nouveaux. Dommage, encore un concert qui aura pâti d’une mise en son inadaptée.

 

 

HAIK

Le tintamarre de la bande à Matt Pike passé, nous convergeons la mort dans l’âme vers la SideStage pour le dernier concert du dernier jour de festival, avec Haik. Même si nous commençons à sentir la fatigue, nous ne sentons aucunement la lassitude de la belle musique et assistons à une fin de journée telle que nous les connaissons lors de la déclinaison belge de l’événement : du pointu un peu hors-normes. L’ovni du jour est un ovni berlinois dont certains protagonistes sont connus des fins limiers que nous savons parfois être aussi puisque nous les avons déjà croisés au sein de Dÿse ou Rotor ! Ça envoie comme pédigrée, mais ça ne rassure pas vraiment en ce qui concerne le répertoire musical. C’est donc un joyeux merdier coloré de metal, de rock progressif, de jazz, d’un zeste de screamo et de bien d’autres styles encore que nous proposent les protagonistes de cette nouvelle aventure musicale haute en couleur (et au look particulièrement abouti : la casquette dorée du batteur placé à l’avant de la scène derrière un bouquet de fleurs résume bien la chose). La deuxième performance de ces artistes en tant que groupe est exécutée avec une précision chirurgicale (ce n’est pas des néophytes non plus !) et elle emballe les épicuriens amateurs de ce type de frasques musicales.

 

Voilà c’est fini pour 2018 et on se réjouit déjà du millésime prochain. Merci aux groupes qui nous ont enchanté, merci aux groupes, merci au public fantastique (tout comme à l’accoutumé en fait, la configuration nouvelle n’a en rien altéré l’esprit qui se dégage du Desertfest Berlin), merci aux potes rencontrés, aux confrères sympathiques et surtout big up au staff de l’organisation (vous vous reconnaîtrez !) qui ont assuré une fois de plus !

 

Chris, Laurent & TO)))M

(Photos : Laurent)

 

*************** NOTRE LIVE REPORT EN VIDEO DU JOUR 3 : ****************

 

DESERTFEST Berlin 2018 – jour 2 (Graveyard, Elder, Lucifer, Horisont, Lucifer,…) – 05/05/2018 – Berlin (Allemagne)

 

Une nuit pour se requinquer, une petite matinée de balade berlinoise, un déjeuner peinard au soleil, et nous voilà repartis vers l’Arena qui nous a pas mal régalés la veille. La seconde journée semble largement connotée 60’s / 70’s / 80’s, avec quelques exceptions toutefois. A moins que ce ne soit une journée placée sous le thème suédois ? Le doute est permis au vu du grand nombre de groupes issus de cette nation scandinave aujourd’hui…

 

HIGH REEPER

 

La journée commence fort avec les américains de High Reeper. Tous frais signés chez les italiens de Heavy Psych, le jeune groupe (débuts en 2016) nous avait laissé une bonne impression sur album, mais on était dubitatif sur la capacité du groupe à transformer l’essai. Malgré un public un peu clairsemé (1er groupe de la journée, tôt dans l’après-midi, soleil resplendissant dehors, l’after party d’hier qui a laissé des traces… les explications ne manquent pas) le quintette se donne à fond et nous fait revoir nos doutes : c’est du solide ! Musicalement, pas de surprise, on est dans du gros heavy old school, mode punchy. L’énergie des zicos ne trompe pas d’ailleurs, les gars se font plaisir et sont généreux. Une trentaine de minutes pied au plancher, efficaces et qui auront apparemment convaincu la modeste audience qui s’est progressivement amassée devant la petite scène…

 

 

THE NECROMANCERS

 

Après un deuxième jour qui commence assez fort, on retrouve les Français de The Necromancers sur la sidestage. Le quatuor n’est pas impressionné par la fosse berlinoise et envoie un set bien rôdé d’entrée de jeu. Le son est bon et les quatre gars originaires de Poitiers se lancent dans l’exécution de leur nouvel album Servants of the Salem Girl. Les gros riffs sont au rendez-vous et les Frenchies proposent une série de titres originaux, avec un chant oscillant entre clarté et envolées distordues. Les Necromanciens terminent avec un riff très (trop?) Sabbathien pour conclure. Mais la performance est bonne et les quatre Français ont assuré la réputation de l’hexagone, le public (se faisant plus dense) ayant semble-t-il été plus que convaincu par leur prestation.

 

 

DEAD LORD

 

 

En tournée avec Horisont (ça doit rameuter de la veste à franges un plateau pareil !), les Suédois de Dead Lord sont les premiers à se produire sur la plus grosse des deux structures en ce radieux samedi. Très en place scéniquement parlant, cette formation venue du grand nord assure un show ripoliné à l’extrême et peut se targuer de faire partie des groupes qui ont bénéficié d’un son correct. Ceci nous rassure après les péripéties sonores de la veille. Même si de loin, le chaland pourrait penser que nous avons à faire à une formation vintage, il n’en est absolument pas le cas puisque cette bande de nostalgiques du hard rock le plus classique s’est formée durant cette décennie. Leur set catchy remportera naturellement l’adhésion des nombreux hippies dans la place et force est de constater que c’est bien mérité vu l’énergie déployée pour envoyer un rock très heavy aux saveurs des temps jadis. Les bourrins dans la place se retrouvent à l’extérieur pour fréquenter les nombreuses échoppes commercialisant boissons et nourriture. Notons à ce propos que, certes, la gastronomie n’a pas été prise en compte lorsque nous nous sommes tâtés (en tout bien tout honneur) avant de nous déplacer à Berlin, mais sur trois jours c’est toujours sympa de pouvoir varier les plaisirs culinaires (ce que l’ancienne configuration ne permettait pas).

 

 

 

MAIDAVALE

 

Les quatre Suédoises de Maidavale prennent possession de la sidestage avec un plaisir non dissimulé. Les quatre nanas balancent un blues rock hargneux teinté de fuzz, rempli de plans instrumentaux, avec des incursions vocales occasionnelles. Le tout n’est pas d’une originalité folle, mais exécuté avec une grande efficacité. Heureusement que le quatuor s’approprie la scène correctement afin d’éviter un mouvement de fatigue général, en particulier la chanteuse, qui danse perpétuellement sur toute la scène, très présente (un peu trop peut-être). Le duo basse-batterie tient la baraque et soutient bien le jeu des Suédoises. Elles balancent principalement les titres de leur dernier album Madness is too Pure avec quelques jams instrumentaux loin d’être inintéressants. Le set se termine mieux qu’il a commencé. Tant mieux.

 

 

HORISONT

 

 

En tournée avec Dead Lord (ça doit rassembler de la patte d’éléphant une affiche pareille !), les autres Suédois de Horisont sont donc les deuxièmes à s’élancer sur la grande scène en ce second jour de festivités à la gloire du riff. Super en place en ce qui concerne sa tenue de scène, ce groupe originaire de Scandinavie déploie un set fort soigné et peut s’enorgueillir de compter parmi les chanceux ayant pu compter sur un son de qualité. Ce fait nous conforte suite à la première couche passée précédemment et augure le meilleur pour la suite. Contrairement à leurs camarades de tournée – dont la prestation est fort connexe – ces types-là exercent leur art old school depuis plus d’une dizaine d’années. La nostalgie du rock énergique des années quatre-vingt plane sur le concert d’Horisont qui bénéficie de lights parfaits pour le public (mais moins pour la horde de photographes plus ou moins professionnels qui s’agglutineront devant les frontmen sans bouger d’un iota durant toute la fin de journée : vos dépêchés dans la place ont nagé dans le bonheur…). Là aussi c’est carton plein auprès des babas et les extrémistes continuent à soigner leurs excès sous le soleil tropical qui baigne Berlin. L’architecture des compositions, genre fleuve, ainsi que le mutisme du clavier durant certaines longues parties donneront presque à certains titres de sympathiques relents à la Iron Maiden des temps passés qui rencontrèrent un grand succès auprès de certains déserteurs porteurs de veste à patch (on croyait un trend, mais la voilà bien installée visiblement). Quarante minutes riffues et vintage pour varier les plaisirs et faire chavirer les quinquas (et les quadras tant qu’on y est).

 

 

KING BUFFALO

 

Le public attend les rois avec impatience et remplit la fosse de la petite scène en quelques secondes. Mise à part une merde de son au niveau de la gratte en début de set, le trio déroule avec une certaine aisance. King Buffalo fait la part belle aux passages instrumentaux planants, où la section rythmique laisse toute la place aux solos fuzzy de la guitare. La fosse est complètement acquise à leur cause et un Anglais quelque peu imbibé nous lâchera même un poignant “ce sont vraiment des rois“. Sans trop exagérer, la performance se fait sans accrocs et on retrouve ici les principaux ingrédients d’un bon groupe de stoner rock, avec cette voix planante et légèrement effacée pour laisser libre champs aux zicos. King Buffalo sera l’une des belles surprises de ce samedi.

 

 

ELDER

 

Les mecs d’Elder débarquent sur la mainstage… Un, deux, trois… quatre ? Un deuxième guitariste est venu se greffer à  la formation et la question fait débat au sein de l’équipe de Desert-rock. Finalement, le deuxième gratteux permet au frontman Nick DiSalvo de se concentrer sur son chant et de pouvoir balancer ses solos interminables avec plus de facilité. Les Américains enchaînent les titres de leur excellent dernier album Reflections of a Floating World et on sent qu’ ils ont envie de le défendre. Le son, sans être inoubliable, avec parfois une basse beaucoup trop brouillon, reste correct par rapport à d’autres perfs sur la grande scène. Le set d’Elder souffre parfois de quelques longueurs où le chanteur ne semble pas avoir envie d’utiliser son micro… Mais on pinaille, car il faut avouer, sans trop jouer aux groupies, que la prestation du quatuor est excellente. Les Ricains terminent en beauté avec “Gemini” ce titre à rallonge mais ô combien dévastateur. Plus de dix minutes de pur plaisir sonore où les musiciens semblent ne jamais vouloir s’arrêter. Elder a cassé la baraque, bien plus que d’autres têtes d’affiche du festival… chapeau !

 

 

LUCIFER

 

 

Énième formation en provenance de Suède à se produire lors de ce deuxième jour de fiesta, Lucifer attise la curiosité de moult festivaliers pour des raisons assez étrangères au registre musical déployé : la présence de sa frontwoman Johanna Sadonis à la plastique plaisante, ainsi que la proximité du combo avec le mythe Hellacopters… Bénéficiant d’un placement intéressant sur la SideStage, le groupe a vu s’agglutiner un nombre impressionnant de fêtards devant le drapeau frappé de leur logo afin d’assister à un show qui sera d’un intérêt relatif quand bien même la maîtrise artistique n’est pas remise en doute (votre serviteur lui préférant nettement The Oath avec la même égérie). Les riffs hérités de Iommi sont plutôt sympathiques, mais nous n’avons pas franchement l’impression que ce groupe a inventé la poudre de Perlimpinpin si chère à Manu. Blindant son set de titres de leur album à venir (le deuxième), Lucifer prit des risques et divisa entre fervents admiratifs à tifs et rabat-joie aux idées à l’image de leurs chevelures (la palme du sarcasme revenant au sympathique francophone qui nous demanda si nous avions assisté au concert de Sylvie Vartan : no comment !).

 

 

GRAVEYARD

 

Avouons-le tout de go : Graveyard n’était pas franchement le groupe le plus attendu par vos serviteurs sur ce week-end. C’est un euphémisme. Après une série de prestations honorables mais un peu monotones, le groupe nous paraissait se reposer uniquement sur ses acquis, et sur une fan base, il est vrai, imposante. Preuve en est encore de l’affluence et de l’excitation constatées en ce début de concert devant la scène. Ça commence étrangement par leur emblématique balade, la très sirupeuse “Slow Motion Countdown”. Un choix étrange, contrebalancé par le plus nerveux nouveau single “Please Don’t” (le groupe nous gratifiera d’un autre extrait de son nouvel album, “The Fox”). Et la suite du set se déroule un peu toujours de cette manière, les suédois alternant les titres les plus lents avec les plus dynamiques. Les titres s’enchaînant entre eux de manière fluide, parfois même sans transition, le concert défile et… On ne s’ennuie jamais ! Qui l’eut cru ? Il faut dire que Joakim Nilsson est en feu ce soir ! Après une entame qui nous aura quand même un peu inquiété quant à ses capacités vocales, au bout de 2 ou 3 titres de chauffe, le bonhomme est quasiment dans la démonstration, piochant au blues, à la soul, au hard rock… probablement meilleur qu’il ne l’a jamais été. Et côté guitare, là aussi, le gaillard se trouve à la fois efficace et inspiré, enchaînant les soli bluffants, où blues et rock se donnent la main. Ses collègues ne déméritent pas, on sent une assise instrumentale redoutable, mais ne nous voilons pas la face : Graveyard est Joakim Nilsson, en tous les cas, c’est ce qui rejaillit ici. Bref, une prestation de grande classe qui aura convaincu même les plus dubitatifs. Graveyard est en forme, et reprend la place qui était la sienne en locomotive de cette mouvance de rock vintage qu’ils ont initié.

 

 

YURI GAGARIN

 

La salle s’est copieusement dépeuplée après le set de Graveyard, mais Yuri Gagarin ne semble pas y prêter attention… Les suédois (encore !) montent sur scène avec un peu de retard, avec nonchalance, et commencent à cracher leurs premières nappes de space rock à un public attentif. Un public pour partie composé de fans de musique space/psyche, de curieux, et de gars bien imbibés, du genre à écouter debout les yeux fermés en ondulant… Devant cette audience, Yuri Gagarin déroule son set impeccablement maîtrisé, alternant plans bien lourds et passages plus planants, quasiment sans interruption, complètement focalisés sur leur musique (light show peu démonstratifs, zicos concentrés). Probablement l’un des groupes les plus efficaces dans ce genre musical, les suédois proposent probablement le set idéal de fin de soirée un samedi soir, pour mieux préparer à l’after party ou commencer à plonger les gens dans un état semi végétatif les menant à une bien méritée nuit de sommeil…

 

 

 

[A SUIVRE…]

 

Chris, Laurent & TO)))M

(Photos : Laurent)

 

*************** NOTRE LIVE REPORT EN VIDEO DU JOUR 2 : ****************

 

DESERTFEST Berlin 2018 – jour 1 (Monster Magnet, Nebula, Monolord, Weedeater, Church of Misery…) – 04/05/2018 – Berlin (Allemagne)

 

 

Après 11 heures de route en bagnole pour certains, un avion retardé pour d’autres, la team Desert-rock se retrouve à l’Arena Berlin pour cette nouvelle édition du Desertfest teuton. Nouveau lieu mais ambiance toujours aussi chaude dès l’ouverture des portes. Le soleil est de la partie et les premiers crânes chauves commencent à regretter d’avoir oublié la crème solaire. Tant pis pour eux, ils iront se planquer sous l’énorme hangar qui couvre les deux scènes du festoche, une bière à la main. Pour notre part, on contemple la vue de l’extérieur et surtout cette piscine bleu turquoise qui jouxte l’Arena berlinoise mais qui nous est malheureusement inaccessible… Qu’importe, on n’est pas venu pour bronzer mais pour prendre du son plein la tronche pendant trois longues journées. Et autant vous dire tout de suite qu’on n’a pas été déçu du voyage. On vous raconte tout en détail.

 

VONAVIBE

 

Vonavibe

Et nous voici enfin face à la sidestage pour découvrir le premier groupe du vendredi. Cette année les deux scènes sont dans la même grande salle, si bien que le public n’a qu’à se déplacer de quelques pas pour assister à tous les concerts. Pas facile de lancer les hostilités face à une fosse très éparse… Les groupes grecs n’ont pas l’habitude de nous décevoir mais Vonavibe est l’exception qui confirme la règle. Nous n’avions pas d’attente particulière pour ce premier concert, heureusement. Le quatuor qui a gagné son ticket pour le fest après avoir remporté un tremplin ne semble pas avoir sa place dans le désert berlinois. Les petits gars exécutent un genre de heavy un peu pompeux et même en cherchant bien, il n’y aucune trace de stoner ici… L’euphorie du démarrage nous force à rester jusqu’au bout mais sans grand enthousiasme. Next.

 

 

 

PRETTY LIGHTNING

 

 

Pretty Lightning

 

Premier groupe allemand du week-end avec Pretty Lightning et son duo guitare/batterie plus qu’efficace. L’absence d’une bonne grosse basse se fait rapidement ressentir mais les deux compères germains tiennent la scène comme il faut et le public adhère à leur mélange de rock-psyché (un peu) stoner. Le groupe manque un peu d’originalité et n’aurait pas eu le même succès en effectuant un set de plus de 40 minutes. Mais l’ambiance est déjà palpitante dans l’énorme hangar de l’Arena, ce qui nous laisse présager de bonnes choses pour la suite.

 

CHURCH OF MISERY

 

Church of Misery

Premier groupe à inaugurer la magistrale mainstage de cette nouvelle salle, et déjà un gros morceau de la journée et du week-end : Church of Misery. Les japonais rentrent sous les acclamations et en sortiront de la même manière ; on peut déjà affirmer que l’opération fut réussie. Sûrs d’eux, ils lâchent d’entrée de jeu un gros “El Padrino” après quelques bidouilles de Takano sur son Théremine. Le son est lourdingue mais pas si mauvais (on allait avoir bien plus mauvais plus tard sur la même scène). A l’exception de Muraki, concentré sur sa guitare et peu expressif globalement (faut dire que l’air de rien, le gonze envoie du lourd tout du long), les gars sont en forme (comme à leur habitude), souriants, créant un vrai lien avec le public (les échanges de saluts et autres devil horns sont perpétuels), et on ne s’ennuie pas durant tout le set. C’est encore une fois Takano qui attire tous les regards en arpentant la scène et gesticulant dans tous les sens, mais la baraque est tenue et bien tenue par Tatsu Mikami est ses lignes de basse impeccables. On notera en particulier un très impressionnant “Born to Raise Hell” et un “I, Motherfucker” percutant. Très bonne prestation du quatuor nippon. Véritable entrée en matière de la journée, Church of Misery ne déçoit pas et mets la barre haut pour les suivants.

 

 

DEATH ALLEY

 

Death Alley

Avec un nouvel album audacieux et réussi sous le bras, il nous tardait de voir Death Alley sur scène pour bien en appréhender la substantifique moelle. Et nous fûmes rassurés. Déjà, le quatuor néerlandais a toujours la même prestance scénique et le même confort, bien aidés par Douwe Truijens bien sûr, frontman impeccable en tous points (et vocalement aussi), sachant que derrière, ça déroule. La set list est courte mais punchy, exercice de rigueur pour bien remplir les 45 minutes prévues sur ce créneau. Les anciens et nouveaux titres se mêlent, avec des classiques tels que le toujours efficace “Black Magick Boogieland” ou le plus récent mais punchy “Murder your dreams” qui fonctionne déjà bien. Le groupe s’approprie la petite scène et conquiert le public par la même occasion. Côté son, les premiers rangs sont les plus vernis (sachant que dès qu’on commence à se rapprocher de la régie son au centre du public, ça commence à être un peu brouillon). Mais pas de quoi gâcher le concert. En synthétisant les genres pour hybrider son proto-metal de base, Death Alley s’est créé une place à part dans le paysage musical et il le démontre aujourd’hui encore, avec la manière.

 

 

NEBULA

 

Nebula

Les puristes et adorateurs de stoner rock attendaient la prestation des Ricains de Nebula avec autant d’impatience qu’un junkie attend son dealer au coin de la Schlesische Straße. Eddie Glass et sa dégaine à la Kurt Cobain balance le riff de « To the center » en tout début de set. Dommage, on aurait aimé que la température monte un petit peu avant de pouvoir headbanger sur leur titre phare. L’idée n’est pas mauvaise pour autant : après quelques minutes, la fosse est entièrement acquise à leur cause. Malgré un son brouillon, la bande d’Eddy nous balance les riffs accrocheurs comme pour rire. Leur retour était attendu après des années d’absences et le public berlinois en a pour son argent. Bon, OK la batterie et la basse ne bénéficient pas du meilleur son mais la pilule passe bien quand le trio envoie « Sonic Titan ». La prestation de Nebula reste difficile à évaluer avec ces petits soucis de son. Les fans de groupe sont en extase, les autres sont beaucoup plus mitigés mais Nebula marque tout de même le Desertfest de sa grosse patte.

 

 

MONOLORD

 

Monolord

Après les pérégrinations cosmiques d’un monument de la scène originelle, le temps est venu de se presser à nouveau devant la SideStage de l’Arena de Berlin pour admirer une formation plus jeune, mais ô combien robuste : Monolord ! Le trio scandinave habitué des grands-messes continentales dédiées aux Dieux du stoner nous revient bonifié d’une tournée européenne en ouverture de Black Label Society et le constat est sans appel : les gars ont foutrement acquis de la bouteille au contact de la bande de Zakk. « Rust » étant dans notre tiercé de tête des sorties 2017, inutile de vous préciser que c’est de pied ferme que nous attendions le groupe, et nous ne fûmes pas déçus (une fois de plus). Parée sur ses flancs de drapeaux à l’effigie de « Vaenir » – prédécesseur de «  Rust » – sur les nombreux amplis Orange, la petite scène du festival baignée de fumigènes (on se lâche le premier jour) permet au public nombreux d’assister confortablement à ce set tueur (ce qui n’était pas toujours le cas par le passé dans l’Astra, l’ancienne salle du festival, où les formations moins populaires voyaient les spectateurs tassés devant la scène Foyer comme les passagers d’un RER un jour de grève – un jour normal quoi…). Casquette vissée sur la tête, le bassiste du trio assure toujours la partie visuelle (et attire les trop nombreux photographes accrédités lors de ce festival comme des mouches autour d’une serviette hygiénique usagée). Question titres, nous eûmes droit à un savant mélange de nouveautés et de classiques issus de la concise discographie du groupe avec en point d’orgue le titre éponyme du petit dernier. La lourdeur a régné sans partage durant un temps de jeu de presque une heure que les Nordistes avaient bien mérité vu leur grandissant succès.

 

 

MONSTER MAGNET

 

Monster Magnet

Le temps est venu de se déplacer de quelques mètres (ou de sortir s’empoisonner durant les 20 minutes bienvenues qui séparaient les concerts) pour assister au show du headliner du jour, Monster Magnet. La formation U.S. avait 90 minutes à sa disposition pour asseoir son statut auprès des festivaliers dans la capitale germanique et ne nous voilons pas la face : l’exercice est raté. C’est rageant et ce n’est pas uniquement le fait de la bande de Dave Wyndorf qui a rapidement embrayé sur des titres issus de son sympathique album « Mindfucker » – sorti cette année – après une ode aux substances illicites. Le quintette aligné sur l’imposante MainStage a déployé un dynamisme certain devant un backdrop blanc à son effigie et force est de constater que des morceaux nouveaux comme « Soul » intégreront rapidement les classiques live des Étasuniens tant ils sont pertinents en live. De la fosse à paparazzi nous avions une sensation assez positive, mais après avoir rejoint la fosse, nous fûmes affligés par la qualité du son. Ceci malgré quelques déplacements dans la salle qui nous permirent de valider notre perception. Manquant de clarté et confinant à la bouillie sonore, la qualité acoustique de la performance des têtes d’affiche du jour a passablement contribué à notre ressenti peu positif quant à ce show d’un groupe que nous chérissons pourtant. Le public présent lors de ces festivités nous confirmera, au fil des jours, que notre sentiment était largement partagé. Le calage dans un nouvel espace nécessitant une adaptation, les shows ne furent pas tous exempts de reproches au niveau du son surtout en ce premier jour de festival, qu’ils soient le fait de l’ingé-son du festival ou de celui des groupes. Très rapidement, la formation de la Côte Est a fait le premier coup du rappel pour terminer sa performance par un morceau fleuve, mou de la bite et sans queue ni tête délaissant le public alors qu’il leur restait amplement le temps d’interpréter 2 – voire 3 – titres pour enchanter des fans qui ne demandaient pourtant que ça ! Nous espérons bien nous rabibocher avec ces quidams lors d’un de leurs prochains passages parce que sur ce coup, ce monstre nous laisse une impression plus que mitigée…

 

 

WEEDEATER

 

Weedeater

Alors que Monster Magnet balançait ses plus gros riffs, Dixie Collins installait tranquillement son matos sur la sidestage, accordant de temps à autres un bref regard vers ses compatriotes américains. Le zouave a l’air en forme, accompagné par sa bouteille de Jack, comme à son habitude. L’arrivée du trio sur scène est accompagnée d’un épais nuage de fumée émanant de la fosse. On ne vous fait pas de dessin : le son est lourd, gras, du pur sludge comme on aime. Seul petit bémol : la basse de Collins ne ressort pas assez du mix, ce qui gâche un peu l’intro phénoménale de « Jason… the dragon ». Pour le reste, c’est du Weedeater dans toute sa splendeur : les gros riffs s’enchaînent, sans interruption. Le public est très réceptif et semble très joyeux. Plusieurs mecs dans la fosse se prennent dans la tronche des verres de bières pas tout à fait vides, sans réagir plus que ça. L’ambiance est chaleureuse. Weedeater termine son set avec quelques-uns de ses classiques tirés de God Luck and Good Speed, dont le titre éponyme achève définitivement la fosse berlinoise. « Vous voulez un titre de plus », questionne Dixie avec sa voix caverneuse qui pourrait faire passer Chabal pour un ado pré pubère. Le public répond par l’affirmative, évidemment. « Vous voulez dix chansons de plus ? », rajoute le frontman. « Eh bien venez nous voir demain à Londres motherfuckers ». Voir une fois Weedeater c’est sympa mais on ne va pas en abuser.

 

On quitte le site en faisant un crochet par l’after party avant de profiter d’une bonne nuit de sommeil (pour certains de l’équipe seulement…) et rêver de cette première journée qui a tenu toutes ses promesses.

 

[A SUIVRE…]

 

Chris, Laurent & TO)))M

(Photos : Laurent & Chris)

 

****  NOTRE LIVE REPORT EN VIDEO DU JOUR 1 :  ****

 

HANGMAN’S CHAIR (+Team Ghost) – 04/05/2018 – Paris (La Maroquinerie)

A l’occasion de la sortie de son dernier album Banlieue Triste, Hangman’s Chair jouait à domicile le 4 mai dernier à la Maroquinerie. Le groupe parisien qui n’en finit pas d’aiguiser sa lame venait donc défendre les couleurs (noir & blanc) de son nouveau venu. Une date à ne pas manquer pour ceux qui les suivent depuis leurs débuts et sont témoins de leur ascension au podium catégorie poids lourd du doom/sludge français, et pour les autres aussi. Je tiens à préciser que cette chronique n’est absolument pas objective puisque je suis tout acquis à la cause du groupe depuis un moment.

La première partie est assuré par Team Ghost, un groupe de rock renforcé à coups de claviers, fondé par un ancien membre du groupe électro M83. Musicalement, on est bien loin de la tête d’affiche du soir, Team Ghost nous rappelle plutôt des groupes Interpol, parfois Placebo… Ce qui n’est pas pour nous déplaire. Entre claviers, guitares et paddle, le chant alterne entre les différents membres et offre au groupe une large diversité sonore. A en juger par l’ambiance dans la salle, Team Ghost a l’air de convaincre le public. Il faut pourtant l’avouer, la salle n’est qu’à moitié pleine et la plupart des gens préfèrent pour l’instant profiter de la terrasse extérieure et de la bière à l’eau.

Team Ghost

 

Après une mise en place qui semble durer une éternité, surement la faute à notre impatience, les lumières s’éteignent et l’intro éponyme de Banlieue Triste se met à résonner dans la salle. Les 4 membres du groupe entrent sur scène sous les applaudissements et démarrent sans préavis le morceau qui suit sur l’album, “Naïve”. D’emblée, le groupe nous arrose de sa hargne : le batteur Mehdi frappe sa batterie avec agressivité tout en gardant une maitrise métronomique, et le bassiste Clément est traversé par chacune des notes qui sort de son instrument, semblant prêt à exploser à chaque vibration.

 

 

Hangman’s Chair enchaine avec “Sleep Juice” et “04/09/16″, deux morceaux du dernier album qui permettent à nouveau au groupe une de faire démonstration de puissance et de style parfaitement exécutée. Pour les nostalgiques de l’album précédent, on aura droit à “Dripping Low”, “Cut Up Kids” et “Flashback”, l’occasion de confirmer que This Is Not… est définitivement un pur chef d’œuvre. Malgré la colère qui se dégage des morceaux, l’ambiance est très chaleureuse. Sur le côté de la scène, des enfants d’une dizaine d’années, les oreilles protégées par un gros casque, assistent au concert tout agités. Un autre du même âge se retrouvera on ne sait comment en plein slam, porté par le public puis invité à rejoindre la scène par Cédric, le chanteur guitariste. Hangman’s Chair, c’est finalement ça : une grosse envie de se débarrasser de notre tourmente intérieure en l’extériorisant en musique, et la partager avec la famille et les potes. On a face à nous 4 gaillards qui posent leur tripes sur scène et jouent avec la plus grande sincérité et gentillesse, très loin d’entretenir une image froide et distante de son public.

 

Le groupe nous offre ensuite le simple mais efficace “Can’t Talk”, issu de son split avec Greenmachine, et “The Saddest Call”, de Hope//Dope//Rope. Pour clore le concert, quoi de mieux que le magnifique “Touch The Razor”, avec un long passage calme tout en retenue qui monte progressivement en tension, suivi de “Full Ashtray”, où l’outro avec le sample de Georges Bataille a été déplacé à l’intro. Ces deux derniers morceaux nous prouvent à nouveau que le groupe explore de nouvelles sonorités et de nouvelles ambiances, faisant appel à plus d’effets et de subtilités, et qu’il ne cesse de se renouveler d’album en album.

 

Que dire de plus sur ce concert parfait. Hangman’s Chair véhicule un millier d’émotions, et les voir en live multiplie par 10 notre sensibilité. Hangman’s Chair, c’est Paris sous la pluie le moral en berne, c’est le feu intérieur et le cran d’arrêt dans la main moite, c’est la prostration devant la bouteille aussi vide que le regard, mais c’est aussi les potes et le demi-cacahuètes-rapido au PMU, c’est la bise, les rires et les vannes, c’est le sang, les larmes et le sourire.
Hangman’s Chair, c’est eux mais c’est nous tous aussi. Merci.

 

BLACK RAINBOWS (+ Electric Jaguar Baby + Red Sun Atacama) – 04/05/2018 – Paris (L’International)

 

Alors que le Desertfest de Berlin démarre tout juste, il se passe encore des choses à Paris, en particulier dans la cave de l’International où l’association Fuzzoraptors à programmé à prix libre (Ce qui est assez rare que pour être souligné)  Black Rainbows avec en première partie Electric Jaguar Baby et Red Sun Atacama

 

Electric Jaguar Baby

Le set de Electric Jaguar Baby débute sur les écrans de la salle du bar et sonne la descente vers la cave pour voir de quoi il retourne. Ce Duo Parisien au look de hypster propret met dès lors son énergie au service du plateau pour chauffer les planches de la scène à grand renfort de Guitare et de batterie. Ils offrent souvent des tentatives Stoner aboutissant souvent à un rock convenu mais pas sans énergie. . En habitué de la scène le chanteur cherche le contact avec le public, l’encourageant à se donner bien qu’il soit encore un peu tôt.  Pour autant le set semble avoir séduit un bon nombre de personnes dans l’assemblée et c’est là le principal.

 

Red Sun Atacama

C’est après quelques rafraîchissements que tout le monde se meut de nouveau vers les sous sols pour découvrir Red Sun Atacama, power trio fuzzy. Le public s’est fait plus pressant devant la scène pour recevoir la performance du groupe et c’est avec peine que l’on peut désormais voir ce qui se passe devant, tant les piliers soutenant la voûte sont encombrants. Côtés lumière c’est sans surprise que l’International nous livre sa mirifique palette de Bleu et de Rouge qui empêcheront tout photographe sans qualification de faire quelques images potables. Coté balance les gars ne sont pas bien servis non plus. La basse écrase pas mal le reste et la voix ne ressort qu’à peine du magma sonore. Quel dommage! car c’est un super set qui s’offre à nous. Une violence contrôlée propulse les riffs, les compos sont filées et cohérentes et la tessiture de voix de Clément le bassiste est alléchante. Vincent transpire allègrement sur sa guitare et sous sa casquette ne jouant pas les guitar hero, juste faisant le job et le faisant bien, le tout servi par Un Rob à la batterie qui brode un tapis de percussion constant et lourd. L’entrelacs de morceaux Psych et Fuzz marche à merveille et le public est conquis. La salle est moite, de bonheur lorsque le chanteur s’excuse d’avoir encore un morceau à jouer. “Ne vous excusez pas, jouez en plus!” mais il n’en est rien, le set prend fin et on prépare l’autel pour la suite.

 

Black Rainbows

C’est avec appréhension que je vais découvrir Black Rainbows dans une si petite salle, en effet, la balance des premières parties laissait présager le pire et il s’est passé un miracle, tout est rentré dans l’ordre. La puissance des démons Italiens va pouvoir se livrer dans une exiguïté totale sans être incommodante outre mesure. Le set s’ouvre sur les notes lancinantes des boucles qui font presque la signature du groupe et il est désormais totalement exclu d’approcher la scène à moins de jouer les sangliers de fosse.  Le groupe nous met tout de suite dans le bain avec sa force de frappe et sa grande maîtrise instrumentale. Les morceaux sont livrés au petit poil. On aurait pu s’attendre à une set-list exclusivement faite des morceau du nouvel album, mais il n’en est rien et c’est un bon mix qui la compose au final. Les fidèles venus assister à la messe noire de nos prêtres du Psych en prennent plein les oreilles et ça bouscule volontiers sur les morceau les plus costauds comme “High to Hell”. Les corps se délient également et ondulent sur les passages les plus planants comme avec “I just Wanna Fire”. Le concert passe à une vitesse folle et c’est avec regret que Gabriele annonce le dernier morceau avec “The Hunter” vendu comme un de leur classiques. A peine le morceau fini, les instruments sont débranchés, coupant net tout velléité de rappel de la part du public et chacun rentre chez soi après un tour sur le merch envahis par les productions de Heavy Psych Sounds. Clairement, si Black Rainbows est une valeur sûre quant à ses productions sur galette, il en va de même pour ses prestations scéniques.

 

 

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