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Affiche hétéroclite à Paris en ce doux mardi d’octobre avec la venue d’Enslaved et High On Fire, embarqués sur une tournée commune. La Machine, salle située à coté du (dans le ?) Moulin Rouge, est un endroit peu fréquenté par les concerts stoned, et cela faisait bien 9 ans que votre serviteur n’y avait pas mis les pieds. C’est pourtant une salle de très belle facture bien qu’ayant par le passé subi des soucis de tenue d’horaires (ah ce fameux concert de Supersuckers et Nashville Pussy commençant après 23h) qui semblent aujourd’hui avoir été réglés. On se souvient aussi du premier et seul concert de Nebula, en première partie d’un Monster Magnet avec Dave obèse, en 2008, une drôle de période et un sacré souvenir dans une salle qui s’appelait encore la Loco.
Si chez Desert Rock, Matt Pike, pour son travail au sein d’High On Fire et Sleep, est considéré comme un Dieu (sumérien) vivant, dans le vrai monde, celui du dehors, cela va sans dire que la notoriété d’Enslaved dépasse largement celle du grand Pike. Ainsi l’ordre naturel des choses aurait été de voir les Norvégiens en haut de l’affiche. Oui mais voilà qu’une nécessité de retour au plus vite fera switcher la place des groupes et High On Fire d’headliner la date du soir.
Mais avant tout cela un mot sur Krakow, petits protégés d’Enslaved et eux aussi embarqués sur la tournée. Également originaires de Bergen le groupe avait déjà posé ses amplis à Glazart en 2012 (et au Nouveau Casino en 2011) et délivre toujours, 6 ans plus tard, un post rock planant, dont les inflexions sombres et mélancoliques ont de quoi plaire aux amateurs de black metal les plus ouverts. La demi heure qui leur est allouée est plus que mise à profit et le groupe fait des émules auprès du public de l’assistance, certes clairsemé (il est 19h lorsque le groupe termine) mais enthousiaste.
Un concert en « support band » mais avec un temps de set inchangé pour Enslaved, qui, de toute façon, joue la même set-list sur toute la tournée. Le groupe pioche en grande partie dans son nouvel album E, avec trois extraits joués puis remonte doucement le long fleuve de sa discographie. RIITIIR (« Roots Of The Mountain », en ouverture de set), puis Ruun (« Ruun »), Below The Light (« Havenless », titre dont l’introduction en chant traditionnel norvégien aura été repris à gorges déployées) et deux titres particulièrement attendus : « Isöders Dronning » qui fermait l’album Frost (1994) et jamais interprété en France jusque là et bien sûr « Allfadr Odinn » vieux titres datant de 1992 (et paru sur Yggdrasill). Un bon gros set bien solide pour ces routiers du black metal (mais pas que).
Lorsque les lumières s’éteignent certains vikings sont déjà loin et l’audience d’High On Fire est bien moins compacte. Pourtant le moins que l’on puisse dire c’est que le public parisien présent (dont énormément de têtes connues des Stoned Gatherings bien sûr) est là pour donner de l’énergie. Le trio d’Oakland a beau jouer un set attendu (le même sur toute la tournée, se concentrant sur des albums plutôt récents, occultant d’incontournables tels que « Bagdad », « Devolution » ou « Blessed Black Wings »), le résultat met tout de même la fosse en fusion. Matt Pike, amaigri, lance « fertile Green » d’un laconique « ce titre parle de drogue » et revoilà les slams à tout va devant ses pieds (la scène de la Loco est particulièrement haute, à hauteur de dents pour les premiers rangs, certains l’auront appris à leurs dépends) mais c’est bien sûr, et comme à chaque fois « Snakes For The Divine » qui obtiendra l’adhésion inconditionnelle d’une foule trop heureuse pour ne pas tout donner, même et surtout lorsque s’enchaine « Electric Messiah », nouveau hit qui ne va pas quitter de sitôt les set lists du trio. Le silence se fait après 1h15 de show et nous autres fiers guerriers quittons un Moulin Rouge, certes, mais du sang de nos ennemis. High On Fire ne déçoit jamais.
Malheureusement ce sont les dernières notes de Timestone qui s’échappent du bar/Vulture lorsque nous pénétrons dans la salle et, plus haut, là haut, tout là haut à la Canyon stage, les australiens de Child égrènent quant à eux leurs premières (“notes”, pour ceux qui ont trouvé, à raison, cette phrase trop longue et alambiquée dans le seul espoir de faire un effet de style dont on se serait, finalement, bien passé). Attention à vos bas-ventre messieurs-dames, la musique du trio, chaude, sablonneuse et hendrixienne parle directement aux hormones. Qu’ils soient extraits de Bluesside (« Blue Side Of Collar ») ou de leur dernier EP en date (« Going Down Swinging »), les titres du trio (allitération en « tr », bravo !) feraient fondre du beurre sur le nombril des plus frigides. Un grand moment de sexe habillé en somme.
ANCESTORS
Plus aérien, Ancestors, fraichement reformé, ouvre la scène principale et amène son esprit psychédélique et un son floydien sur un festival qui a gentiment la gueule de bois. Au milieu de quelques extraits de Suspended In Reflections, leur superbe nouvel album, les californiens emmènent l’assistance dans le cosmos le temps de « The Trial », extrait de l’indispensable Off Sound Mind et toujours aussi magistrale en live. Un très grand moment de bonheur.
MY SLEEPING KARMA
Tandis qu’Heads fait la sensation sur la Vulture, My Sleeping Karma remplit à ras bord la scène principale. Un set énorme, comme à l’accoutumée et une folie atteinte sur « Ephedra » toujours de loin leur meilleure cartouche live. Patrons.
SOFY MAJOR
Seul groupe français de l’affiche, les Clermontois de Sofy Major proposent leur post-trucs aux inflexions doomy et mettent l’accent sur le versant le plus psychédélique de leur univers, remportant un joli succès d’estime du parterre attentif (à défaut d’être massif) de la petite scène.
ACID KING
La mise sur Orbite du début de soirée sera signée Acid King, au set classique pour quiconque suit la formation régulièrement. Mais la haute teneur en psychédélisme de leur Stoner primitif transporte toujours autant. Lori S., seule rescapée du groupe originel, chante juste (ce n’est pas toujours le cas) et le son, déjà puissant en début de set, sera écrasant comme il faut après « Silent Circle » et le changement de tête d’ampli du bassiste, la première ayant simplement grillé. Malgré le(s) problème(s) technique(s), Acid King a encore et toujours l’étincelle. Respect.
EAGLE TWIN
S’ensuit alors la plus grosse course de ce festival, avec Eagle Twin tout d’abord. En effet le duo de Salt Lake City fait à deux plus de bruit qu’un troupeau de cerf et, puisqu’on parle de bois, les baguettes de Tyler Smith volent dans tous les sens, se brisent, s’échappent et le chaos ambiant donne au set des allures de leçon. La petite salle est plaine (autre figure de style, jouant sur l’orthographe des mots afin de filer la métaphore du grand ouest, rapport à Salt Lake City…) et exulte dans un seule et unique brame de joie sauvage (oui y a bien le jeu de mot que vous imaginez avoir compris).
THE SKULL
Vient alors le temps pour The Skull de bénir le festival de sa présence. Tee Shirt Black Sabbath, américains en surpoids et chapeau en cuir, rien à dire, rien à faire, on est dans le vieux doom à papa. D’ailleurs dans la salle l’entrée semble avoir été interdite aux moins de 30 ans, surement occupés à une séance d’onanisme pré-Amen Ra devant le superMERCHé du groupe belge. Eric Wagner, tel un messie cheap bénit la foule (il se partage d’ailleurs avec le bassiste d’Enslaved la palme du meilleur sosie du père noël sur le festival) et tandis que le batteur s’amuse comme un fou (mord ses baguettes, tape sur les lights, se met debout à toute occasion etc), le reste du groupe riffe bas et régale les vieux de l’assistance avec les meilleures banderilles de ses deux excellents albums. Morceau de choix, bien sûr, avec « The Tempter », de Trouble, tronçonnée en fin de set alors que le temps qui leur était imparti était largement dépassé.
ELDER
A peine les dernières notes jouées, nous voilà qui fonçons voir Elder, dans une Desert Stage bondée. L’ajout d’un guitariste en live donne encore plus d’amplitude à ce groupe d’insupportables gamins au talent incontestable. La doublette en entrée « Dead Roots Stirring » / « Sanctuary » changerait le plomb en or pour peu qu’il en soit le désir d’Elder, au rock philosophale. La set list se concentre bien sûr sur Reflections of a Floating World, opus de référence et dernier en date pour ce groupe que rien ne semble pouvoir arrêter. Du talent, du vrai.
NAXATRAS
Peu intéressé par Jozef Van Wissem, principalement par aversion des noms à particule, nous préférons bien sûr Naxatras et son stoner psychédélique aussi classique que classieux. Le trio grec nous fait fermer les yeux (il n’y a pas grand chose à voir sur scène, cela reste très statique) et nous transporte dès les premières notes de “Pulsar 4000” (un sacré beau titre). Toujours plus notre style qu’Amen-ra dont nous goûtons peu à l’esprit, disons, rocailleux.
THE WELL
Plutôt qu’Amen-ra, nous nous rabattons sur The Well, enchantant la Vulture Stage avec son rétro rock de hippie. Rare en Europe, et ne bénéficiant pas (encore) du succès que l’on était en droit de leur prédire, le groupe fait plus que son boulot et fait dodeliner les têtes encore sur les épaules à cette heure du troisième et dernier jour de fest.
WHORES.
Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Whores est définitivement le plus punk (avez vous remarqué cette figure de redondance stylistique sur les trois jours de fin de fest ?). Aussi teigneux qu’urgent, le set de Christian Lembach et sa bande met une belle bagarre dans le Canyon et tandis que la guitare de ce dernier finit sa course dans le public, chacun peut repartir, épuisé mais ravi, fallait t’il que l’on s’aime et qu’on aime la vie (oui ce sont des paroles d’Aznavour, et oui elle ne veulent pas dire grand chose).
En mélangeant valeurs sûres de la scène (Crowbar, Orange Goblin, Yob,High On Fire ou My Sleeping Karma), aux concerts millimétrés, et jeunes pousses qui feront les décibels de demain (Messa, Eagle Twin, Blood Of The Sun, Naxatras), le moins que l’on puisse dire c’est que le Desertfest ne nous l’a pas fait à l’Anvers.
Difficile de savoir si l’on doit réellement se réjouir d’une si belle et chaude journée mi octobre à Anvers, ou si cela participe d’un inéluctable réchauffement climatique, reste que le soleil, superbe et fier lèche les peaux trop blanches des festivaliers devant le Trix ou au Beer Garden.
DOMKRAFT
Mais les plus malins (ou les plus sujets aux coups de soleils) sont bien devant Domkraft, trio suédois dont Flood, son album à paraître, est plutôt attendu. Massé et attentif, le public est vite emporté par les élans cosmiques du groupe qui aura assurément marqué encore quelques bons points.
EARTH SHIP
De bonnes vibrations qui grimperont jusqu’au Canyon où Earth Ship prend les commandes de nos sens. La sensation Berlinoise dont la carrière semble aller sur de bons rails depuis leur création en 2011 est retournée chez Pelagic Records (après une infidélité d’un album avec Napalm Records) et voit le nombre de ses suiveurs augmenter concert après concert et rien n’est plus mérité. Leur prestation de ce début d’après midi ne fera pas mentir la statistique et le public présent ne s’y trompe pas.
BLACK MOTH
Ambiance plus aérienne sur la main stage avec Black Moth, quintet anglais que le troisième album, Anatomical Venus, a propulsé dans de nouvelles sphères. Pas étonnant alors que 8 des 10 titres interprétés en soit extraits, pour un show honnête sans folie toutefois. A noter la participation de Jake, chanteur de Grave Lines sur un morceau.
WYATT E.
Un rapide détour par la Canyon Stage permettra de s’enchanter devant Wyatt E., trio doom israélo-belge plongeant leurs préoccupations électriques et orientalisantes dans des tempi lancinants.
CROWBAR
Une transe de laquelle nous nous extirpons vite malheureusement, pour de viles et basses raisons puisque Crowbar nous attend sur la Desert Stage. On a beau avoir vu les quatre lascars de la Nouvelle Orleans mille fois, dont 300 lors de leur éternelle tournée pour « The Serpent Only Lies » (oui le backdrop indiquait encore que c’est sous cette bannière que Crowbar revient en Europe), c’est toujours un coupable plaisir. Les meilleurs titres y passent, la fosse ne s’y trompe par et donne de la nuque sur « All I Hate (I Gave) » ou « I Am The Storm » mais ce sont bien sûr « … And Suffer As One » et « Planets Collide » qui décrocheront de nombreuses bouches et rayeront quelques cordes vocales. Un concert de patron.
SONIC WOLVES
La course toujours, nous faisant entrapercevoir Sonic Wolves sur la petite scène. L’attrait principal de cette jeune formation est bien sûr la présence de Vita, batteur d’Ufomammut derrière les fûts. Nous dirons poliment que le groupe est encore jeune…
THE OSCILLATION
Nous repartons à l’escalade du Canyon (entendre par là que ces foutus escaliers pèsent lourd au bout d’un moment) pour The Oscillation, combo londonien qui aura su attirer dans ses filets les plus psychédéliques d’entre nous. Entre krautrock et inflexions progressives, froid comme a su l’être la musique UK fin 80, les quatre garçons envoûtent…
ENSLAVED
Mais il est vite temps pour nous autres intrépides guerriers d’aller voguer vers des cieux plus menaçants. Par le pouvoir de la rune ancestrale, c’est que Enslaved semble avoir décidé de montrer au Desertfest ce qu’est un show. Poses de rock stars, effets de fumée et lumières stroboscopiques (et un p’tit riff de « Symptom Of The Universe » pour bien montrer qu’ils se réclament des patrons), certains spectateurs ont même juré avoir vu un drakkar leur voguer sur la tronche. Jouant ni plus ni moins que la set list de la tournée (avec nouveau et très vieux morceaux), le groupe touchera au magique sur « Havenless » et ses vocaux guerriers. L’un des grands moments du fest.
WIEGEDOOD
Quelle idée de rater Swedish Death Candy, dont tout le festival a dit du bien après coup, pour grimper observer Wiegedood dont le post black lascif atmo doom machin n’apporte rien de bien nouveau… Pourtant la salle est plutôt pleine et les gens semblent nager dans une mélancolie certaine. Je m’éclipse poliment pour ne pas gâcher leur mood et part me positionner pour Yob.
YOB
Dire que le trio est attendu est un euphémisme. Rarement le désert n’aura compté autant d’habitants au mètre carré. Mike Scheidt, survivant, se lance à cœur perdu dans l’exploration de Our Raw Heart, opus post traumatisme et lance « Ablaze », lancinante complainte riche en décibels. Et que dire du riff de « The Screen », assené juste derrière. Heavy comme rarement (quoiqu’un peu long en live), ce titre transporte l’audience dans un univers parallèle dont ni « The Ball Of Molten Lead », ni « The Lie That is Sin », classiques absolues et attendus ne permettra un retour. Yob termine son set avec « Our Raw Heart », remplaçant visiblement « Marrow » dans les émotions que cette chanson tend à véhiculer. Un très gros set par un très grand groupe.
MESSA
La suite aussi touchera au sublime : sur la petite scène du bar, pleine à craquer, les italiens de Messa entrent en scène. A ce niveau d’attente, je pense que l’on peut clairement parler de sensation. Si Sara, la chanteuse, semble impressionnée et tremblotante lorsqu’elle monte sur scène, elle n’en est que plus touchante. Et cette voix… Lorsque s’ouvre sa bouche, l’audience en entier part vers d’autres rivages. Les meilleurs titres de Feast For Water sont joués, Belfry n’est pas pour autant oublié pour finalement 50 minutes de sublime, qui se finiront en ovation. Voilà un groupe que l’on va vite retrouver un peu partout.
HIGH ON FIRE
Pas le temps (malheureusement) de rester devant Yuri Gagarin dont la réputation en matière de space stoner psychédélique n’est plus à faire puisque Matt Pike et High On Fire investissent la scène principale. Malgré un son écrasant (une spécialité pour HoF désormais), le trio déroule sa set-list, qui s’articule pas mal autour de l’excellent Electric Messiah (trois extraits), puis le meilleur de chaque album récent. Si l’on peut regretter l’absence de titre de la période 1999 – 2005 (à l’exception de « Sons Of Thunder », ouvrant le set), quel plaisir de gigoter sur « Fury Whip » et bien sûr « Snakes For The Divine », titre favori à l’applaudimètre. High On Fire a encore et toujours assis le festival.
DOPETHRONE
Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Dopethrone est définitivement le plus crust. Le trio quebequois prévient dès le début de l’escarmouche : « on va faire la fête ce soir. Pour demain prévoyez un jour de congé ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que les promesses sont tenues. Ça riffe dru, ça donne du Tabarnak comme d’autre donnent des baffes et si la justesse est souvent sur le fil, la pesanteur reprend toujours le dessus. Et que dire de la seconde partie de set, où Dopethrone se la joue quatuor avec l’addition de Julie, proche du groupe que les habitués connaissent déjà bien. Ses vocaux de l’enfer viennent rajouter du gras à moudre au moulin québécois avec, comme toujours, en point d’orgue « Scum Fuck Blues », qui, si la déchéance était un pays, en serait l’hymne national.
Dernier né des trois Desertfest, celui d’Anvers a pour lui de se dérouler à ce moment de l’année où le manque de musique se fait sentir. Les décibels de l’été se font lointains, le Fall of Summer ne tient pas son rang cette année et la perspective de 6 mois sans courir de salles en salles pour capter bières et watts plombés n’était pas une option pour l’équipe de Desert Rock. Alors les uns se sont rabattus sur le Up in Smoke, les autres sur le Keep It Low. Voici donc notre retour du troisième évènement stone de la rentrée.
Le Desert Fest Anvers est aujourd’hui pour beaucoup un lieu familier. Pratique, avec ses trois salles dans un minuscule périmètre et son beer garden juxtaposé, le Trix propose de belles prestations et les organisateurs ont l’intelligence de ne pas trop remplir la jauge, faisant du festival un lieu où il fait bon circuler (coucou le Roadburn, je parle de toi). Et circuler n’est pas du tout un problème sur les premières heures du vendredi, bien sûr le temps que chacun arrive et récupère son sésame.
GODDOG
C’est en amateur du plus sulfureux des palindromes (dont Behemoth a fait une chanson à scandale) que Goddog ouvre le bal sur la Vulture Stage (le bar, petit mais cool, une sorte de Klub pour les plus parisiens d’entre vous). Les quatre belges font dans le stoner classique, celui qui chante sur des riffs sous-accordés et le fait plutôt agréablement, avec des refrains qui tapent et qui font taper des mains. Pas moins mais pas plus non plus.
DEAD QUIET
S’en suit Dead Quiet sur la Canyon Stage (Canyon car en hauteur, on en reparlera), quintet canadien, avec un membre d’Anciients qui flotte encore dedans. Dead Quiet est un groupe aux influences qui ratissent large. Un peu heavy, pas mal doom, vachement post, il y a là à boire et à manger mais pas autant que dans le Beer Garden, endroit où nous nous rendons en vitesse…
LUCIFER
Nous filons ensuite rapidement à la Desert Stage (grosse scène = nom du festival. Aussi simple que ça) en vitesse pour Lucifer. Emmené par Johanna « The Oath » Sardonis et Nicke « Entombed/The Hellacopters » Andersson, le groupe souscrit à pleines mains à la vague rétro rock qui sévit en ce moment. Johanna d’ailleurs est littéralement habillée comme Ozzy millésime 74. Sans grand génie, le trio, qui a bien su capter l’ère du temps sur son second album, réchauffe les cœurs et échauffe les esprits. A grand renfort de cover des Rolling Stones et de Paul Stanley, toute la panoplie est de sortie pour faire passer un moment réjouissant à ceux qui se sont prêté au jeu.
ADMIRAL SIR CLOUDESLEY SHOVELL
Pas le temps de tergiverser d’ailleurs car immédiatement après Admiral Sir Cloudesley Shovell prend d’assaut la Canyon Stage. Rodé aux bars londoniens, en passe de devenir une valeur sûre du hard rock décomplexé, le groupe enflamme les planches. Moustaches, cuir et patchs de sorties, les Shovells ne trahissent aucune de leurs intentions et infligent la première grosse claque du festival, avec – détail important – un sac plastique attaché au pied de micro tout le long du set.
DEAD MEADOW
Un saut à la prestation de Dead Meadow servira à nous rappeler pourquoi le groupe, malgré d’évidentes qualités, n’a jamais totalement retenu notre attention. Le monde massé devant la scène confirmera que ce n’est pas l’avis de la majorité.
SASQUATCH
Pour Sasquatch en revanche c’est une autre affaire. Les américains, pas des plus réguliers de ce côté-ci de l’Atlantique, délivrent une prestation plus que notable. Boogie en diable, gros son et riffs qui frappent dur, le groupe fait plus que plaisir.
BLOOD OF THE SUN
Même constat pour Blood Of The Sun au bar. Les 5 loustics, dont Henry Vasquez de Vitus derrière les fûts, donnent dans le heavy rock à la ricaine, avec du Mogg pour groover le tout. Plus que rare en Europe, le groupe se concentre essentiellement sur Blood’s Thicker Than Love, leur dernier effort en date et le set passe comme une frette à la poste. Ce fut un bonheur messieurs.
ORANGE GOBLIN
Pendant ce temps la foule est amassée devant Orange Goblin qui, en bons fonctionnaires du stoner rock délivrent un set au poil de barbe. En gentil géant Ben Ward harangue la foule qui le lui rend bien. Petit pas de danse et promotion permanente des bienfaits du heavy metal d’un coté, Wall of Death et slams à tout va de l’autre, la communion est totale sur « Scorpionica » et « Red Tide Rising » en final, et chacun repart les bras pleins de bleus mais la mine réjouit. Orange Goblin, toujours garanti sur fractures.
WO FAT
Des trois trios chargés de clôturer les trois soirs du festival, Wo Fat est définitivement le plus bayou. Désormais bien identifiés au sein de la scène, Kent et ses acolytes envoient 5 titres dans l’ordre de parution : les deux tubes de Black Code (2012), un de The Conjuring (2014) puis deux de leur dernier en date, le délicieux Midnight Cometh (2016). Ils sont venus, ils ont bu et ont botté des culs.
Nouvelle journée ensoleillée sur Munich ! La météo idéale pour aller s’enfermer de longues heures dans l’obscurité de salles emplies de fumigène et de vapeurs éthyliques. On attaque cette fois-ci un peu avant 16 h et pour presque le double de groupes par rapport à la veille. Et pas des moindres. Pour l’occasion, le Feierwerk met à disposition sa troisième salle : l’Orange H. Mais une fois n’est pas coutume, c’est vers l’Hansa 39 que l’on se précipite pour l’ouverture.
SUPERSOUL
Le premier groupe nous vient de Grèce et s’appelle Supersoul. Tandis que nos oreilles bourdonnent encore des excès de la veille, le trio entreprend de nous décrasser tout ça à grands coups de riff catchy et de séquences ma foi très rock’n’roll (parfois même un peu Poprock). Sans transcender ce genre vu sous toutes les coutures ni lui apporter davantage que ce qu’il a déjà à offrir, ils lui font cependant honneur. La voix évoque par moment celle d’Alex Turner des Artic Monkey, notamment durant les balades proposées par le groupe et surtout à cause des effets caractéristiques de ce type de rock accrochés au micro. L’énergie en revanche s’avère un tantinet plus entraînante. En dépit de la lourde tâche de monter sur scène en plein milieu de l’après-midi, les Athéniens ne se laissent pas abattre. Au contraire, ils se défendent bec et ongle contre la langueur qui semble avoir écrasé l’audience comme une chape de plomb. À grand renfort de sauts dans tous les sens pour le bassiste, de soli exécutés genoux au sol pour le guitariste et de breaks percutants pour le dernier larron, Supersoul nous réveille. Après les presque trop courtes quarante-cinq minutes dont ils disposent, on a enfin les pendules à l’heure. Aucun risque de prendre un claquage pour ce qui va suivre.
DUNE PILOT
Et tant mieux parce que c’est parti pour bouffer du sable ! Lorsque l’on entre dans l’Orange H, Dune Pilot joue déjà depuis plusieurs minutes. Tel un vieux moteur chromé au carburateur brûlant, le groupe crache un désert rock énergique doté de puissants riffs bien fuzzés. Les influences de Kyuss, Slo burn et autre Unida se captent sans mal pour ce quatuor originaire de Munich ; mais pas que, si l’on juge par le T-shirt karma to Burn porté par Chris le guitariste. Là-dessus s’installe la voix d’Andris, puissante sans s’efforcer d’aller dans les hauteurs. Elle évoque par moment les manières de Phil Anselmo, donnant une patte assez particulière à Dune Pilot. Une sorte de Pantera du désert. Quoi qu’il en soit, les fidèles sont venus nombreux assister au show, et il faudra batailler pour se frayer un chemin au travers de cette foule compacte et agitée dans l’espoir de prendre une photo décente (plutôt ratée au bout du compte…).
SOMALI YACHT CLUB
Loin de la fureur des dunes parcourues de gros véhicules motorisés, petit détour en Ukraine avec un groupe à la subtilité n’ayant d’égal que son habileté. Pour ces compositeurs de talent appréciant s’affranchir des standards, difficile d’œuvrer correctement avec à peine quarante-cinq minutes de set disponibles. Les contraintes étant ce qu’elles sont, c’est donc armé de seulement cinq titres qu’ils montent sur scène. Pour autant, rien ne semble entamer leur légèreté et leur bonne humeur. Alors qu’il exécute des phrasés de guitares tous plus mélodiques les uns que les autres, Mez affiche des mimiques amusantes. Derrière sa batterie, Lesyk chante les paroles dans son coin à mesure qu’il pose sa rythmique hypnotique. La musique flotte aux oreilles comme un doux rêve, on s’y sent bien. « Sightwaster » et « Loom » issues du premier album finissent d’installer l’ambiance et viennent même arracher des cris de joie à un public déjà conquis. Puis on glisse doucement vers The Sea avec la longue « Vero » (non pas celle-là, l’autre). Envoûtante et captivante composition de presque douze minutes confirmant toute la dextérité du trio pour invoquer des atmosphères planantes à la richesse indéniable. C’est finalement sur un retour à The Sun avec « Up In The Sky » qu’ils clôtureront ce remarquable live. Une prestation qui retranscrit à merveille toute la mesure et l’équilibre enregistrés en studio. Un grand coup de cœur.
HIGH FIGHTER
Changement d’ambiance avec High Fighter. On peut d’ores et déjà oublier le côté doucereux et onirique du précédent show au profil d’une essence un tantinet plus violente. Ici ce sera des burnes et de scream. Armés de Gibson SG, les deux guitaristes balancent des riffs acérés et pleins de fougue tandis que la section rythmique bombarde. Là-dessus la frontwoman Mona Miluski cale un chant puissant et saturé n’ayant rien à envier à celui d’une scène de trashmétal. Le quintet en provenance d’Hamburg se dit d’ailleurs producteur d’heavy stoner Bluescore. J’ai trouvé le heavy, le stoner et le core, mais je cherche encore le blues. Hélas, ils font face à une fosse poreuse, témoin d’un effectif bien faible de la salle. Il faudra d’ailleurs incriminer l’influence des deux autres shows qui chevauchent ce créneau plutôt qu’un quelconque manque de talent. Leur envie de casser des bouches aurait pu se transmettre et littéralement emporter le pit, or les trop peu nombreux spectateurs ne paraissent pas réceptifs à cette énergie destructrice. Comme souvent ils se contentent de hochements de tête et de quelques acclamations entre chaque titre.
SASQUATCH
Nous les avions appréciés deux jours plus tôt dans la capitale, et voilà que le trio californien revient déjà nous combler les esgourdes de son stoner rock bien musclé. Et s’ils avaient une petite forme lors de la précédente représentation, c’est avec une franche bonne mine et la passion qui convient qu’ils débutent ici leur set. Fidèle à lui-même, Craig Riggs débouchonne la sacrosainte bouteille de jack et s’en enfile une goulée avant d’en proposer à ses comparses. Puis, il fait un sort à son kit de batterie. À peine les premiers morceaux s’achèvent que ses baguettes sont en charpie. Au commencement de « The Message », déjà deux gisent au sol. Par ailleurs, ce bûcheron sait aussi donner de la voix et ne s’en prive guère sur « Bringing Me Down ». Morceau du dernier album très représenté durant cette tournée du groupe (plus de la moitié des titres). On remarque en comparaison que celle de Keith manque un peu de volume. Sans doute s’agit-il d’un réglage de l’ingé son, car le guitariste et vocaliste principal ne manque pas de mordant. À chacun de ses solos, il vient se coller aux animaux de la fosse, et lorsqu’il chante, il défend chaque lyric avec la hargne d’une mère ours pour ses petits. Dans l’ensemble, la prestation est impeccable. Énergie formidable, gros accueil de la part du public qui gonfle la salle plus que de rigueur et même quelques bousculades au premier rang, c’est dire ! Le set s’achève par un changement dans le running order des morceaux qui invite Craig à de nouvelles pitreries. Cette bonne humeur est communicative. Puis c’est déjà le rappel. Un titre qui en appelle aux premiers amours du groupe : la belle et non moins téméraire « Chemical lady » qui finira de mettre tout le monde d’accord.
LOWRIDER
Niveau agitation, le prochain concert promet d’en déclencher. Et ils sont très très nombreux à venir s’amasser devant la scène de Lowrider. La salle manque d’exploser tant elle est pleine. D’un côté, il s’agit de leur premier passage à Munich et faut croire que beaucoup désirent cocher la case Lowrider de leur catalogue des groupes de prestiges vus en live. Et croyez-moi ça coche. Le stoner rock des terres arides concocté par le quatuor sait convaincre. Depuis toutes ces années à poncer la même galette et malgré leur longue absence sur scène, les Suédois savent toujours invoquer cette passion et cette ardeur qui rend leur musique si entraînante. La fuzz traverse les murs, fait grésiller les cerveaux déjà brassés par d’incessants hochements de crâne. La lourdeur du groove donne le sentiment de chevaucher un énorme bison en pleine Death Valley. Et ça fait du bien. Par ailleurs, ces quatre gaillards ne feignent pas la sympathie. En plus des sourires échangés des deux côtés, Peder fait régulièrement de petites interventions afin de réduire la distance scène fosse à néant. Il nous informe qu’ils reprennent de vieux titres écrits lorsqu’aucun d’entre eux n’arborait de poil au menton. Puis à un autre moment, il vient serrer la main d’un petit bonhomme posé sur la gauche de la scène. Vous vous souvenez cette ouverture dont je vous ai parlé plus tôt servant à observer les groupes de côté ? Beh voilà, celle-là. En sommes, talentueux, sympas, jeunes et beaux, on ne saurait leur demander davantage que de continuer dans cette voie-là. Ne vous inquiétez pas, les gars, il ne nous décevra pas ce nouvel album. Finissez-le, Bon Dieu !
WO FAT
Ça y est, les gros bestiaux viennent occuper la scène. J’ai beau les avoir vu deux jours plus tôt, j’en ai encore les jambes qui tremblent. Faut dire qu’encaisser la lourdeur des riffs de Wo Fat, la lourdeur de ce groove en fonte, ça use les rotules. Et surtout les cervicales. « The Conjuring » se lance et déjà la fosse s’agite. Elle l’ignore encore, mais elle va consciencieusement se faire péter la nuque pendant pas moins d’une heure de live. Elle se fait piétiner par le mammouth aux poils grisonnant et toujours en redemande. « Read The Omens », « The Black Code », pour la dernière date de cette tournée européenne, les Américains sortent toute l’artillerie. Un set offert dans la bonne humeur et reçu avec une joie non dissimulée. Je m’étonne encore de n’avoir constaté un chaos total au milieu de ce pit. Assister à tous ses concerts sans observer la pagaille méritée a quelque chose de frustrant. Un peu comme s’agacer le poignet sur une mayonnaise qui refuserait catégoriquement de monter. Par chance, le trio de Wo Fat ne s’en formalise guère et continue d’offrir le meilleur de sa substance.
THE PICTUREBOOKS
Quelle belle découverte que ce duo allemand en provenance de Gütersloh. The Picturebooks appartient à ces trop rares duos composés de ce qui fait l’essence du rock bluesy. Une sorte de Left Lane Cruiser sans le bottleneck et avec une batterie qui tape plus fort. Monsieur Philipp Mirtschink est la définition de que j’appellerais un mulet. Percutant, incisif et furieusement en place. Avant même de débuter les hostilités, son kit parle pour lui. Lorsque tu te ramènes sur scène avec des grosses caisses retournées en guise de tom basse et zéro cymbale, tu sais que c’est pas pour interpréter une reprise de « Seven Nation Army ». Ce blues collant qui sent la Louisiane emporte la foule qui ne cesse de manifester sa joie. Tantôt elle lève les bras, claque des mains, tantôt elle brandit le doigt du milieu sous requête de Fynn. Votre serviteur avoue ne point jouir de grandes connaissances de la langue germanique, mais il parvient à capter un « Fucksgiving ». Ce qui, après réflexion, n’est ni un mot Allemand ni un quelconque soulèvement contre la fête américaine du 4ème jeudi du mois, mais bien le titre d’une de leur chanson : « Zero Fucks Given ». Un titre qui résumera finalement à merveille cette heure de show. Au bout du compte, c’est une ambiance assez festive qui s’empare du lieu et apporte une chaleur nouvelle au festival. Qu’on soit né de ce côté-ci de la frontière ou en dehors, on se sent comme à la maison.
THE WELL
Détour par l’Orange H pour assister au set de The Well dont on entend le plus grand bien ces temps-ci. Pour preuve, pas moins d’une dizaine d’énergumènes jouent des coudes au premier rang pour filmer, prendre des photos et streamer le live sur les réseaux. Le tout pour une heure et quinze minutes d’un rock au groove langoureux et de riffs fiévreux en compagnie du trio made in Austin. Sur scène, ça se rapproche davantage du rock’n’roll que sur les galettes, où les ascendances Sabbathiennes et blues sont plus perceptibles. En revanche, on gagne en dynamisme, même s’il ne transparaît guère par le jeu scénique des Texans. Ces derniers concentrent leur énergie sur leurs instruments, sans en faire des caisses. Ici il s’agit de frapper juste, de jouer vrai. Ian Graham glisse sur sa dix cordes avec l’assurance du professionnel, le batteur Jason Sullivan exécute ses séquences sans excès de zèle ni remplissage abusif ; tandis que leur partenaire, l’envoûtante Lisa Alley pose sa voix pleine d’effets à la manière d’une prêtresse électrique. Le groupe séduit, la foule transpire. Et tout le monde se félicite de cet échange.
ELDER
Nous y voilà, les maîtres de cérémonie du samedi. Ceux qui, tandis qu’encore deux lives se tiennent dans les salles voisines, voient déjà leur fosse se remplir à grand rythme. Les balances commencent à peine que la moitié de la salle est déjà pleine. Faut dire qu’assister à un show d’Elder relève toujours de la félicité. Leur heavy prog très psychédélique et composé avec brio sait déchaîner les passions. Et d’ailleurs, surprise, après « Sanctuary », lorsque le fameux « Compendium » et son groove si dévastateur déferle sur les fidèles, le chaos s’invite enfin à la partie. La tension contenue jusque-là explose la soupape de sécurité tant chérie des festivaliers et les premiers pogos éclatent. C’est le bordel, mais un bordel sale. Les premiers rangs sont tellement bousculés qu’ils parviennent à déplacer les retours. Qu’à cela ne tienne, Jack Donovan les replace d’une pression du pied. Au milieu du pit, ça bouge presque trop, des lunettes se perdent puis se retrouvent, un mec monte sur scène pour un slam, deux types trop bourrés manque de se taper dessus, bref une belle pagaille. À croire que tout le Keep It Low est venu se finir dans ce merdier. L’agitation étire les lèvres des musiciens en un sourire satisfait et les invite à donner encore plus du leur. Les patrons exécutent leurs titres sans rien mettre à côté. Une presta exemplaire, impeccable, à l’image du sound system. Pas de « Blind » en guise de rappel ce coup-ci malheureusement, mais la non moins génialissime « The Falling Veil » issue de cette pépite d’album qu’est Reflection of a Floating World. Puis la fin survient, comme toujours trop tôt, trop brutalement.
On ressort alors de là comblé, hébété, les bras chargés des produits du merch et les oreilles d’acouphènes. Le Keep it Low a transformé l’essai et se grave désormais parmi la liste des festivals incontournables de l’automne. Ne le manquez plus.
Loin des écrasants effectifs des Up In Smoke Festival et autre DesertFest, on s’envole cette fois-ci en direction de l’Allemagne pour un rassemblement encore très méconnu de ce côté de la frontière. Prônant la proximité avec les artistes et l’accessibilité, le Keep It Low festival, que l’on doit notamment à Sound Of Liberation, ouvrait ses portes les 19 et 20 octobre 2018 pour sa sixième édition. Ici, impossible de perdre vos potes bien longtemps parmi les quelque 1000 détenteurs d’un billet (800 pour le vendredi). C’est partagé entre trois scènes, quatre bars et pas moins d’une vingtaine de groupes que vous risquez de passer l’un des meilleurs weekends de votre misérable existence.
SUNDOG
Pour ce début de festival, on se dirige donc vers la petite salle Hansa 39, celle avec le meilleur son et une ouverture sur la gauche de la scène permettant d’observer les artistes depuis le côté. Un atout majeur et fort appréciable lors des grosses influences de la journée. La tâche d’ouvrir les hostilités revient à Sundog ; quatuor originaire de Munich qui, s’il profite du confort de jouer chez lui, doit aussi essuyer le premier sang. À 18 h, les fidèles sont encore trop peu nombreux à venir assister au rock stoner bien catchy des Allemands. Pourtant, ces derniers défendent leur beefsteak avec une franche bonne humeur et sans se départir de leurs sourires. Les riffs marquent plus par leur efficacité que par la richesse de leur écriture, cependant l’énergie reste indéniable. Les nuques s’assouplissent et chacun crie bien fort son assentiment après chaque morceau. En définitive, on se félicite de s’être fait secouer par ce groupe et de commencer ces deux jours sous les meilleurs auspices.
ANANDA MIDA
Direction le Kranhalle, la seconde salle dotée d’une scène plus large et d’une hauteur au plafond bien supérieure à la précédente. À l’heure de l’apéro, ce sont les Italiens d’Ananda Mida qui servent la boisson. Une liqueur ensoleillée pleine d’un son rétro distillé dans les meilleures raffineries des années 70. Formé par le batteur Max Ear et le guitariste Matteo Pablo Scolaro, le groupe révise à plusieurs reprises son line-up depuis 2015, jouant tantôt à trois tantôt jusqu’à six membres en même temps. Il semblerait que la composition actuelle comprenant cinq musiciens fasse sacrément bien le taf. Même si parfois batteur et bassiste s’éclipsent, offrant à leurs trois copains tout le loisir de combler nos oreilles avides d’une douce balade. En dehors de ces quelques passages veloutés, les guitares composent avec une grâce qui évoque sans mal celle de ce cher David Gilmour, tandis que de son côté, le chant emprunte davantage à Robert Plant. Une sensation renforcée par le look rétro du frontman ainsi que par ses manières exacerbées. À mesure que les titres s’enchaînent, la bonne humeur méditerranéenne vient envahir la salle allemande de sa suave chaleur psychédélique et attire de plus en plus de convives à venir s’en repaître.
FARFLUNG
Changement radical d’atmosphère avec l’arrivée de Farflung. Le psychédélisme demeure, mais revêt ici son habit incrusté d’étoiles colorées et de nébuleuses pleines de mystère. Au volant de ce vaisseau lancé à vive allure dans l’immensité du cosmos, le capitaine Tommy Grenas officie, habillé de son manteau de marin et pianotant sur son tableau de bord afin de maintenir le cap. Derrière dans la salle des machines, ces quatre lieutenants se chargent de propulser l’engin à grand renfort de riff planant et de multiples effets sonores dignes des plus nobles œuvres de science-fiction. Le space rock des Américains se déploie avec lenteur et sans réels échanges avec le public. Chacun étant trop absorbé par sa tâche pour daigner lâcher un sourire, voire même ouvrir les paupières. La prestation pourrait sembler pesante, en partie à cause des épais murs de son qui balayent la salle à rythme régulier, voire aussi quelque peu morne par moment, néanmoins la recette fonctionne. L’envoûtement se transmet à l’assemblée de plus en plus dense de l’Hansa 39 et asservit totalement les fidèles. Une prouesse facilitée par l’habile jeu de lumière déployé qui nous caresse telles les flatteries d’une sirène céleste et éthérée (il est surtout dépourvu de ce maudit rouge qui fait tant le malheur des photographes amateurs). Quarante-cinq minutes de set plus tard, on ressort hébété, comme d’un rêve dont le sens nous échappe au réveil et dont on ne gardera que le goût d’un univers aussi insaisissable que fascinant.
CHILD
Petit détour par la case sandwich falafel vegan avec sauce qui tache avant d’attaquer le plat de résistance. J’ai nommé Child. L’endroit promet d’être rapidement blindé et comme c’est parfois le cas au Keep it Low, il faut attendre que les assoiffés ou ceux qui perdant le combat contre leur vessie quittent la salle pour espérer pouvoir y entrer. Par chance, votre serviteur se fraye sans mal un chemin au travers de cet amas de barbus et assiste avec une joie non feinte au superbe set des Australiens. De là, il peut apprécier le hard rock bluesy constellé de plan psyché et armé d’un méchant groove du trio. Autant en studio c’est déjà du lourd, autant sur scène leur musique prend une tout autre ampleur. Tant par ses riffs fuzzés et ses mélodies que par son chant de bluesman, Mathias Northway nous enveloppe dans une gangue de velours dans laquelle on pourrait se contenter de s’abandonner. Toutefois, l’énergie libérée par Danny Smith et surtout par ce bucheron de Michael Lowe contraint à davantage de dynamisme. Ce batteur met une telle puissance dans son jeu qu’il vient sublimer la musique, lui conférant une intensité saisissante. C’est un véritable pète-nuque dont même le petit souci d’ampli basse ne pourra amoindrir la violence. L’équipe des cheveux longs défend ses anciens titres comme les nouveaux et nous promet par cette performance que les années à venir comporteront elles aussi leur lot de trésors.
THE DEVIL AND THE ALMIGHTY BLUES
Autant les chanteurs de Farflung et d’Ananda Mida occupaient une place centrale lors de leur set, autant concernant The Devil and the Almighty Blues, Arnt Andersen ne peut être plus humble. Dès le début du set des Norvégiens, il est dissimulé derrière son gratteux, bras croisés, une bière à la main et absorbé par la musique. Les néophytes pourraient même s’interroger un instant sur la présence de cet homme en retrait pendant les quelques minutes où les musiciens commencent à jouer. Puis, une fois le climat de blues ténébreux installé, Arnt s’avance et s’empare du micro. La symbiose atteint alors son apogée, avec une cohésion parfaite au sein du groupe. On se retrouve emporté dans ce blues lancinant, un blues redneck avec éclaboussure de bière et godasses crottées de boue. L’atmosphère est lourde, et pas uniquement à cause de la masse compacte qui s’agglutine au-devant de la scène. Sur « Tired Old Dog », on sent presque le démon nous chatouiller les entrailles à mesure qu’on hoche la tête. L’humeur chaleureuse du groupe finit de convaincre la foule, à la fin de chaque morceau c’est une ovation. Toujours aussi cool, Arnt remplit même le verre d’un type en première ligne qui a le malheur de le brandir vide devant lui. Puis, il retourne se réfugier devant l’ampli guitare pour savourer au mieux les compositions de ses copains. Le quintet achèvera sa prestation par l’incontournable « The Ghost of Charlie Barracuda » avant de se retirer avec la satisfaction d’avoir mis la barre très haut.
ACID KING
Il faudra se dépêcher de rallier la scène suivante pour éviter la cohue. Il faut croire qu’Acid King est attendu de pied ferme. Ça tombe bien, parce que l’équipe de Lori arrive justement armée d’un doom monstrueux, dont même les petits larsens un peu sales survenant de manière sporadique sur « Laser Headlights » ne parviendront à nous détourner de sa lourdeur. Par chance, les nuques sont depuis plusieurs heures assouplies avec un soin particulier. Cette musique tellurique, sinistre et aiguisée à la masse, inonde la salle pendant plus d’une heure quinze de set. Des compositions qui, si elles s’avèrent guidées par la frontwoman au chant torturé et puissant, restent portées par une solide base rythmique. Le bassiste Rafael Martinez, également batteur de Black Cobra, sait en effet comment opérer avec Bil Bowman pour confectionner la matière si brute et infaillible du style. En définitive, la barque déjà bien agitée du festival chavire durant ce live. Et pourtant, les éléments du pit ne se départissent guère de leur timidité. Nous l’avions déjà constaté l’année précédente, mais au Keep It Low il est particulièrement difficile de provoquer des pogos ou des slams. Qu’il s’agisse de l’effectif réduit des participants ou bien de cette ambiance intimiste propre à conserver une certaine mesure, l’agitation se limite à des hochements de tête. Pas grave. Finalement, le doom n’en requiert pas davantage.
COLOUR HAZE
Pour cette fin de première journée, il revient à Colour Haze de clôturer le bal. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les Allemands n’en sont guère à leur coup d’essai. En six éditions de Keep It Low, ils n’ont quasiment jamais manqué une occasion de se placer en tête d’affiche. Seule l’année 2014 fait défaut à leur palmarès et restera comme une ombre ricanante sur ce surprenant tableau. En même temps, le groupe est lui aussi originaire de Munich et a sans doute participé, avec notamment la fondation du label Elektrohash Records par Stefan Koglek, à l’émancipation de la scène stoner de la ville. Ils se présentent donc sous les projecteurs comme les parrains de cette manifestation, attendus, mais surtout chaleureusement accueillis par un public qui sait depuis le temps apprécier leur simplicité et leur naturel. Alors qu’il pourrait s’en passer, Stefan nous salue même dans la langue de Shakespeare. Et dans cette petite salle à l’ambiance familiale, dont la qualité absolument irréprochable du son dispenserait presque du port des boules quies, ils démarrent. Un set qui dépassera les deux heures. Les morceaux de douze minutes s’enchaînent, glissent frénétiquement vers le jam session en apparence incontrôlable, mais parfaitement maîtrisée. Les riffs déroulent comme un cheval au galop qui nous transporte tantôt vers les cieux intangibles du psychédélisme, tantôt dans une course frénétique au cœur de la tempête de sable désertique. Leur talent d’improvisation est tel que lorsque la basse de Philip refuse de coopérer pendant presque quinze minutes, les autres gaillards tiennent la baraque. Je parie même que certains ne se seront rendu compte de rien. Renforçant le côté intimiste du concert, ou par courtoisie pour ceux ne faisant pas face à la scène peut-être, le véloce Manfred Merwald a fait pivoter sa batterie d’un quart de tour ; pile en direction de l’ouverture gauche. De cette manière, même les retardataires peuvent se sentir intégrés à cet interminable show.
C’est finalement peu de temps avant 1 h que l’on retourne sur le plancher des vaches afin de filer se rafraîchir les esgourdes ; entre autres choses. Cette première journée s’achève sur la superbe prestation de Colour Haze et nous laisse avec la perspective d’un lendemain encore plus prometteur.
On le sait, quand les Stoned Gatherings et Garmonbozia Inc. travaillent ensemble, ça fait souvent des Chocapics. Et comme s’ils avaient encore des choses à prouver, les deux collectifs parisiens ont ramené jeudi dernier ni plus ni moins qu’Elder, Wo Fat, Sasquatch et Ancestors, pour notre plus grand plaisir. Une soirée au Glazart 100 % Américaine qui, pour paraphraser l’orga, fut forte en riffs et riche en cosmicité.
Ancestors
Les habitués le savent, au Glazart il s’agit de faire preuve de ponctualité. À peine le gong des 19 h retentit que le Progressif mêlé d’Heavy space rock aux accents doom d’Ancestors se met en branle. Bien que beaucoup trépignent encore d’impatience bloqués dans les transports ou au boulot, nombreux sont déjà là pour accueillir le quatuor made in Los Angeles. Leur style hybride tantôt d’une mélancolie pesante, tantôt d’une lourdeur cosmique se déploie en douceur et vient peu à peu rassembler les fidèles au-devant de la scène. Sans trop comprendre pourquoi, on se retrouve envoûté par ce mur de son, par ce chant aérien, céleste, qui survole des riffs puissants frappant comme les vagues d’une mer tumultueuse. Éventuellement cette tension finit par exploser à mesure que les titres s’enchaînent et que l’on abandonne l’influence Pink Floydienne du dernier album au profil de celle plus Earthlessienne des premiers. Le chant passe de clair à saturé, la batterie s’emporte et les invocateurs sinistres réussissent à agiter les nuques, mettant finalement l’audience dans les dispositions requises à la suite des hostilités.
Sasquatch
Une suite qui se fait un peu attendre. S’ils montent sur scène à l’heure et avec leur naturel décontracté habituel, les gaillards de Sasquatch souffrent de quelques problèmes techniques. Un soucis de micro du côté de Keith qui vaudra à ses deux copains de balancer quelques vannes en attendant la fin de ces interminables balances. Difficile de ne pas rigoler avec eux. Puis, une lampée de jack plus tard, ils allument la scène avec « More Than You’ll Ever be ». Premier constat, le chant manque de volume. Et en plus, il semblerait qu’aux premiers rangs nous souffrions de la malédiction du Glazart pour les voix ; avec des speakers positionnés juste derrière les deux colonnes jouxtant la scène. À l’arrivée de « The Message », je décide de reculer pour apprécier davantage les lyrics. Et tandis que situé pile dans le cœur du cyclone je devrais me faire balloter comme un bateau de noix dans la tempête, je remarque qu’aucun pogo ne se déclenche. Le stoner rock pourtant dévastateur des Américains ne met pas le feu aux poudres. L’humeur mi-figue mi-raisin de Keith semble se communiquer à l’audience qui se contente de hocher la tête, et ce jusqu’à l’ultime titre pourtant conçu pour pulvériser les fosses : « Chemical lady ».
Wo Fat
Toutefois, cette frilosité se soustrait très vite à une tout autre atmosphère lors du passage des Texans de Wo Fat. Devant une salle pleine à craquer, le trio balance un set monstrueux ; du solide travail de patrons. Les riffs fuzzés à souhait, crasseux, viennent se poser sur la rythmique tantôt frénétique, tantôt diablement percutante, de Michael Walter. Là-dessus, le chant rauque de Kent invite à déchaîner les passions, poussant les plus téméraires à enfin se sauter dessus. Les passages de psychédélismes plus tendres qui viennent quelque peu apaiser l’ambiance n’existent que pour mieux agiter les nuques en vue d’être paré pour la prochaine explosion. Explosion souvent accompagnée d’un vilain solo. « The Conjuring », « The Black Code », à chaque nouveau morceau c’est dix degrés supplémentaires pour la fosse du Glazart. Les deux comparses Keith Gibbs et Craig Riggs de Sasquatch s’invitent même sur scène, bière à la main, afin de donner eux aussi de leur voix.
Wo Fat + Sasquatch
À la fin de ce set remarquablement exécuté, les premiers rangs sont liquides et sentent la bière. Pourtant, personne n’est assez fou pour oser s’en plaindre.
Elder
Le temps d’une énième roteuse histoire de réhydrater la machine, et on file se replacer au cœur de la forge. Pour ce dernier concert, le fer s’apprête à être battu par Elder, ce groupe originaire de Boston que tout le monde attend (si on doit en juger par la proportion de fidèles prêts à s’agiter quinze minutes avant le lancement du premier riff). Sans surprise, la prestation met sur le cul. Déjà par la beauté des compositions admirablement bien retranscrite en live ; ensuite par toute la technicité déployée par chacun des membres. Et si Nick Disalvo, chanteur, guitariste et majoritairement auteur et compositeur du bousin reste planqué derrière son pédalier, ses claviers, son micro et son orgue à pied, c’est le bassiste Jack Donovan qui assure le rôle de frontman. À grand renfort de sourire, il lie ses trois compères entre eux, mais aussi avec le public. Et pas uniquement sur le plan visuel. Comprendre que la basse revêt le rôle d’instrument le plus important d’un groupe s’avère ici facile à admettre. Côté fosse, c’est la liesse. Lorsque tout le monde finit de hurler les lyrics de « Sanctuary », chacun se jette dans le chaos global lors du démarrage de « Compendium ». Ce chef d’œuvre met littéralement la pagaille. La prestation passe presque trop vite. À peine six titres et il faut déjà quémander (pas beaucoup non plus) le rappel. Une ultime panacée offerte grâce au titre « The Falling Veil » tronquée de sa douce et onirique introduction pour n’en conserver que la substance active. Puis le rideau tombe. Déjà.
À l’heure du bilan, on se dit qu’une douche ne sera pas du luxe. En dépit d’une qualité de son pas extraordinaire, le Glazart conserve sa place sur le podium des places fortes pour héberger le stoner dans la capitale. Une soirée à guichet fermée qui, bien qu’habitée de plusieurs styles, et ayant connu une ascension graduelle vers les hauteurs, a su rassembler les âmes sous une seule et même bannière. Celle du plaisir et de la gratitude.
Rendez-vous était pris à l’Olympic Café pour aller écouter The Devil and The Almighty Blues, avec en première partie The Well et Hyde. L’endroit est une salle miteuse aux peintures du plafond qui s’écaillent. Une insonorisation qui peine à contenir le crunch et les basses. Un carrelage antédiluvien aux couleurs de ces années où le troquet était un lieu de vie. en rentrant je me prends à penser “Voilà ce qu il reste des petites salles parisiennes, l’archétype de la peut-être prochaine cible des lois de sécurisation de la culture par l hygiénisme”. Ce sera encore un déchirement si l’Olympic devait subir le sort de ses consœurs comme La Mécanique Ondulatoire, le Batofar et autres Espace B. Car oui, ces lieux ne sont pas glamours, mais ils font vivre notre musique et je compte bien m’en payer un tranche ce soir.
Il est près de 20h lorsque Hyde ouvre le bal. Ce trio Parisien me semble faire montre d’un peu de stress mais l’envie d’en découdre prend le dessus. Le son est rapidement poussé plus fort pour abreuver une salle qui se remplit doucement. Le chant lorsqu’il cherche la mélodie est peut-être un peu approximatif, le fond de Fuzz et de Kyuss qui baigne les compositions offre à l’oreille ce terrain de jeu ou l’on s’éclate et où l’on ne cherche rien de plus qu’une mise en jambe facile d’accès. Pourtant il y à sur scène de belles surprises, lorsque le chant se fait cri, je découvre toute l’énergie qui peut se dégager de Hyde et le plaisir va crescendo. C’est déçus que nos trois acolytes doivent rendre la place avec un set écourté pour des raisons voisinage grincheux passé 22H. Le finish et son intro en forme de Jam qui nous entraîne vers un monde plus paisible aux sons hypnotiques et amers. L’outro gueularde et savoureuse de force fait de cette conclusion le morceau le plus complexe du set et le rend d’autant plus savoureux. Avant de quitter les planches on fête l’anniversaire d’un des membre de l’orga Below the Sun, un anniversaire braillard digne d’un tonneau de bière en perce. Finalement on est bien, là, en famille.
Après s’être fait refoulé du trottoir où visiblement même le fait de fumer une clope devient une gène, je redescend dans le ventre du café pour découvrir The Well. J’avoue ma méconnaissance du groupe…mais que s’est il passé, pourquoi m’aura-t -il fallu attendre pour les découvrir? The Well c’est une grosse énergie sur fond de blues. Les riffs sabbathesques mettent en joie. Je n’aurai pas été frappé par l’originalité du groupe d’emblée, mais quelle énergie se dégage du trio texan! Je suis sous le charme du duo de chant, d’une justesse rare. Le tout sous la houlette d’un check sound juste à souhait! Rien ne dépasse, le public scotche aux planches pour ne rien manquer, le jeu de scène est minimal, certes, mais les grimaces du guitariste Ian Graham hypnotisent le public et la menue Lisa Alley en impose derrière sa Rickenbacker. Au fond dans l’ombre Jason Sullivan s’applique à frapper juste ce qu’il faut, sans éclat de puissance et laissant ainsi un terrain de jeu propice aux deux autres. Sans forcer au renouveau c’est une musique qu’on chausse comme des pantoufles et ce qui est certain c est que les musiciens ne sont pas des manches. Les démonstrations de virtuosité sont contrôlées. Une musique qui fait le job plus que bien et j’ai hâte de revoir The Well de nouveau. Direction le merch donc, je veux creuser la question sur album.
Les maîtres de cérémonie The Devil and the Almighty Blues n’auront pas fait le déplacement depuis Oslo pour rien, c’est une salle pleine de près de 160 amateurs de croustillances bluesy qui sont venus admirer les quintette. A peine monté et ouvrant sur un “North Road” les Scandinaves emportent leur public. les gars sont positionnés et si le chanteur reste bras croisés lors de l’intro il est attendu de pied ferme pour son tour de chant. Alors oui, The Devil and the Almighty Blues ce n’est pas un monument d’originalité, il s’agit d’une bande de pote qui à intégré les standard du Rock, du Blues et du Stoner, mais qui a su l’élever au rang d’acte professionnel. Là, dans ce sous sol approximatif, il se passe quelque chose digne d’un studio. Les riffs collent à la perfection aux albums, la maîtrise est absolue et le public en prend plein la tronche. L’agressivité du bassiste soutient la rythmiques Blues, les guitares ont toutes les deux leur place et s’alternent en toute cohésion. L’ambiance monte d’un cran encore et on ressent bien que cette tête d’affiche était bel et bien attendue des initiés. Très vite la salle devient une étuve un cran à peine en dessous du sauna, la climatisation peine à compenser la fièvre des auditeurs. Il serait ingrat d’oublier la console qui fait un travail remarquable et offre une acoustique improbable dans une salle de ce type et même si le light show est statique il n’y a aucune faiblesse dans ce set qui va finir de déchainer les passions avec un “The Ghost of Charlie Barraccuda” qui clôture le set en jetant en pâture au public les dernières forces du groupe après un peu plus d’une heure de set.
Quittant la salle, le public est rendu aux rues sombres et crasseuses du quartier Poissonnière et on s’y sent bien, comme dans ces cafés concerts où l’on vit sans crainte que le ciel nous tombe sur la tête.
Encore enchantés de la journée de la veille (on ne s’attendait pas à une telle intensité, reconnaissons-le) c’est bien prévenus et mieux préparés que votre duo de serviteurs de choc se prépare à attaquer cette deuxième et dernière partie. La journée est déjà plus dense (deux fois plus de concerts que la veille !) et s’annonce riche en attentes autant qu’en découvertes… C’est sous un soleil radieux (qui ne nous aura pas quitté de tout le week end) que l’on rentre donc dans l’enceinte du Z7, motivés et prêts à en découdre.
HUMULUS
A midi pile on y est accueillis par les riffs bien lourds de Humulus : le trio transalpin n’est pas connu pour sa finesse, auréolé d’une réputation de gros bourrins fans de bière avant tout (les “Tankard du stoner” entend-on ici ou là…). Même si on n’est pas non plus au complet opposé de cette image d’Epinal (la passion du groupe pour le nectar houblonné est quand même TRES présente, à l’image de ces bouteilles à l’effigie du groupe qui traînent à leurs pieds – on n’est jamais si bien servis que par soi-même ! – qui une fois vidées sont même recyclées en bottlenecks improvisés) on découvre sur scène un trio plus riche en nuances. La musique du groupe se caractérise surtout par son efficacité, servie par une interprétation sans faille, solide. Certes, quelques passages sont moins performants (notamment sur des sections instru mid-tempo un peu moins prenantes et moins originales aussi) mais globalement on déguste cette introduction avec un plaisir non feint, et le stoner costaud des italiens nous donne la banane. On notera d’ailleurs que le public dès l’ouverture quasi matinale du festival est déjà dense. On est habitués en festival parfois à entamer la journée avec des groupes de qualité moindre, ce ne fut le cas ni hier ni aujourd’hui sur le festival, la barre étant haute dès le début !
MESSA
Deuxième formation de la journée, deuxième groupe transalpin et deuxième concert sur la scène extérieure : c’est au tour des Italiens, qui assurent l’ouverture de la campagne européenne de Dopethrone (pour les premières dates), de prendre place sur les planches à pile poil 13 heures. Petit bémol : quand l’horloge du clocher du village de Pratteln (ah ouais, nous avons attendu la sixième édition pour aller nous balader dans le village coincé entre les collines et les industries chimiques) sonne, nous voyons débouler le tourbus à la bourre dans le parking réservé aux groupes. La bureaucratie légendaire des fonctionnaires des douanes (suisses et italiennes) a contribué – à sa manière – à la prestation de Messa. Installé en un temps record, le groupe tirant sur le doom n’a, au final, que raccourci son show d’un seul titre, gagnant, au fil des morceaux, en intensité et éclipsant de leur prestance scénique les désagréments liés à leur arrivée tardive. Dans son t-shirt à l’effigie d’une vieille gloire du metal scandinave, Sara, la frontwoman à la rouge crinière, envoûte son public, même si la lumière de ce jour radieux ne constitue pas l’ambiance la plus propice pour savourer ce style musical auquel la noirceur sied comme un gant. L’encens brûlant sur le bord de la Side Stage a aussi contribué à l’atmosphère d’un concert assuré de main de maître par un groupe rompu à l’exercice scénique, qui aura déployé son doom assez abordable sans le confort d’un soundcheck voire d’un linecheck : chapeau c’t’équipe ! Mention spéciale à la vocaliste hors pairs qui fera encore parler d’elle à l’avenir vues ses compétences (et aussi au chauffeur-videur de van qui a limité les dégâts potentiels liés à ce départ décalé non prévu).
GLANVILLE
Le club des cinq de Darmstadt donne le coup d’envoi de son set à peine la prestation extérieure de Messa achevée (pas le temps de siroter un café avec des bulles pour les inconditionnels des bars). Les Allemands dépucèlent la Main Stage pour ce second jour en explorant un registre hard rock aux relents fort vintage. Ces gens citent le grand Rudolph de leurs compatriotes Scorpions, c’est vous dire l’inspiration des gars. Vu le style, et l’heure peut-être aussi, le public est clairsemé, malgré le dynamisme déployé sur scène. Il faut avouer que les Teutons touchent bien leur bille question technique et qu’ils ne semblent pas débuter (ah ouais on se sent entre contemporains avec ce genre de combos), mais question fréquentation on verra nettement plus impressionnant dans la journée. Les qualités du groupe sont clairement hors de cause parce que ça balance et c’est catchy. Le problème c’est le style qui visiblement ne touche ni les amateurs de fuzz, ni les inconditionnels de doom et pas franchement les bourrins présents dans la place. Au final, on ne se fait pas carrément chier, mais en vrai le combo et ses attitudes de rockstar ne nous touchent pas vraiment, et quand on considère les gens autour de nous on s’autorise à penser que Glanville rencontrerait un meilleur accueil de la part du public dans d’autres rassemblements musicaux plus orientés metal.
THE WELL
On a bien usé les deux excellentes galettes de The Well et on ne cache pas notre enthousiasme d’enfin voir le trio texan sur les planches, où il se fait trop rare (en tout cas sur le Vieux Continent). Il n’y a pas besoin de plus de 3 ou 4 accords pour nous rassurer quant à la qualité d’interprétation et à l’énergie développée sur scène. A croire que c’est dans leurs ADN (il doit y avoir un sacré paquet de trucs chimiques dans leur lait, faut dire), les combos texans ont généralement ce “truc en plus”, cette dynamique singulière et souvent débridée, cette assurance qui en fait de terribles machines de scène (cf. Duel, Dixie Witch, Mothership, Honky, Wo fat…). The Well confirme l’appartenance à cette lignée tout en proposant un heavy rock plus nuancé et moins nerveux : piochant dans des influences clairement old school, une main côté heavy doom US, l’autre main dans le proto-heavy rock 70s, le groupe propose une mixture aiguisée et emballante qui semble ravir le public. Scéniquement, le trio est impeccable, sans surjouer, en pleine capacité d’embarquer un public : Lisa assure peinard une rythmique galopante à grands coups de Rickenbacker et des lignes vocales impeccables, parfois aidée par Ian Graham, entre deux poignées de riffs cinglants et de soli réjouissants. On notera l’insertion de quelques samples ici ou là qui permettent de densifier les compos du trio (dans certains cas ces ajouts en live sont un peu foutraques, reconnaissons-le). Et ca déroule ainsi pendant 45 minutes qu’on ne voit pas passer, devant un public bien tassé qui lui aussi semble prendre son pied (en particulier les deux gros blaireaux hilares au premier rang et tout à fait confiants dans leur pouvoir comique qui se lanceront leur peluche requin pendant une bonne partie du set…).
ANCESTORS
Le moins que l’on puisse dire c’est que durant cette journée, on aura passé agréablement d’un style à l’autre et que, entre nous, on y aura trouvé notre compte la plupart du temps. Avec le style très progressif du quatuor californien, nous nous sommes lovés dans un cocon aérien baigné de volutes bleutées ; le quatuor de la Cité des Anges a dû user les productions de David Gilmour ainsi que celles de Roger Waters jusqu’à la corde pour en extraire ses influences principales. Un peu à la rencontre d’Earthless et de Monkey 3, les Américains déploient des titres qui s’étalent dans la durée en empruntant tous à un moment ou à un autre un chemin intimiste qui était souligné par l’impassibilité de ses membres ainsi que par un jeu de lumière résolument sombre (les photographes de l’assistance ont apprécié). Cette prestation planante (et parfois pompier) de quarante minutes a trouvé son public elle aussi même si vos deux serviteurs n’ont pas réellement été transcendés par le combo de Los Angeles qui demeure toutefois des plus intéressants sur disque. Leur set aura eu le mérite d’explorer un style assez en retrait de la programmation 2018 du Up In Smoke de cette année, mais clairement pas hors sujet pour les festivaliers. Au rayon rencontre du troisième type, quatre autres types allaient eux aussi nous emmener hors du cadre sur la scène extérieure, et nous avions hâte d’aller jeter un coup d’œil sur la suite des festivités.
THE NEW DEATH CULT
Inconnu de nos services, TNDC (comme on dit dans les milieux qui s’y autorisent) avait pas mal piqué notre curiosité en raison des grimages en cours sur ses membres durant les instants qui précédèrent leur set, voire aussi depuis que nous avions découvert leurs tronches à l’annonce de leur participation à la fête. Nous avons donc quitté l’univers planant régnant sans partage durant le show d’Ancestors pour nous faire télescoper par quatre rockers à la tenue de scène nous rappelant fortement Punish Yourself (vous voyez le genre de référence qu’on utilise sur un site dédié au stoner…). Les jeunes d’Oslo misent sur le visuel et franchement il n’y a pas à tortiller du cul : ça fonctionne régulièrement auprès d’un public rock peu sectaire, mais sur ce coup-ci leur répertoire entre Muse (nous vous laissons constater que nos références ratissent mainstream) et My Chemical Romance (nous allons cesser ici de citer des références qui pourraient discréditer une partie de notre rédaction et générer une lapidation en règle lors d’un prochain festival) n’a clairement pas provoqué de grosses turgescences sous la ceinture des spectateurs. Alpha, Beta, Gamma et Delta quittèrent l’estrade en avance et dans une indifférence certaine sans même que le moindre zozo aviné ne réclame un rappel. Dur ! Dur car c’est plus une erreur de casting qu’une mauvaise prestation qui a provoqué ce rejet massif du répertoire nerveux d’un quatuor fort dynamique sur scène. Ils n’avaient pas leur place ici, mais l’ont certainement auprès d’autres tribus de la grande famille du rock, et nous leur souhaitons vraiment le meilleur pour la suite auprès d’un public plus en lien avec leur style.
NAXATRAS
On a beau apprécier la discographie du trio grec, on sait aussi, tandis qu’on se dirige vers la main stage, que les groupes évoluant dans ce style musical jouent sur la corde raide, en équilibre précaire entre immersion trippante enthousiasmante et set ennuyeux et laborieux étiré en longueur via des pseudos jams mal inspirés. Vos serviteurs n’ayant jamais eu l’occasion de capter le groupe sur les planches auparavant, nous voyons nos doutes balayés au bout de quelques minutes, devant le simple constat d’une sorte de vague bienheureuse qui se déploie dans le public, qui ondule béatement pendant trois beaux quarts d’heure. Les trois jeunes musiciens, baignant dans un light show très bien étudié, déploient tranquillement un savoir faire remarquable, fait d’un talent d’interprétation inattaquable, et d’une inspiration dans les compos qui fait toute la puissance du set : basculant de passages psyche à des plans plus lourds, parfois chargés en grosses doses d’un space rock classieux, le groupe prend son public par le col et ne le lâche plus. Les quelques interventions sympathiques de John Vagenas ne viennent jamais complètement rompre l’enchantement des titres, parmi lesquels le groupe nous propose un avant goût de son prochain album à travers un morceau inédit. On ressort de cette expérience avec la farouche conviction qu’un nouveau grand groupe est en train d’émerger dans ce genre musical exigeant.
CHILD
Encore un peu embrumés par la prestation envoûtante et immersive du trio grec, c’est vers un autre trio que l’on se dirige, avec envie : les Australiens de Child ont toujours proposé des prestations live remarquables, basées sur une production vinylique tout aussi enthousiasmante. La formation emmenée par Mathias Northway entame un set classieux devant une assistance dense et intéressée. Malheureusement, les esprits et les corps semblent lourds et engourdis par la séance précédente sur la main stage (et se préparent sans doute aussi à l’assaut en 5 temps qui s’annonce juste ensuite), et ils ne répondent pas plus que par une attention soutenue, voire quelques phénomènes ondulatoires disséminés. Victime probable d’un créneau espace-temps défavorable, voire d’un alignement des planètes malheureux, nos trois larrons ne déméritent pourtant pas : leur hard rock fuzzé riche en plans psyche et blues est exécuté à la perfection. Un peu à l’image de Radio Moscow et de son frontman, Northway est un guitariste-vocaliste surdoué, propagateur d’un feeling indécent et d’un touché à la guitare sans pareille, qui mène sa barque avec une humilité tangible (voir la place accordée à ses compères) et un talent incontestable. Ses soli sont délicieux et on n’en perd pas une goutte. Malheureusement, on constate nous-même notre propre incapacité à s’immerger pleinement dans ce set… Parfois, on n’a juste pas la clé, et l’alchimie ne passe pas, sans qu’on ne puisse comprendre pourquoi. Un groupe remarquable, une prestation irréprochable, mais une date qui ne restera pas dans les annales.
ELDER
Elder sera le premier acte du quinté de folie qui a animé cette dernière journée de la manifestation (réjouissez-vous les enfants : on passe à trois jours dès l’an prochain). Le public était chaud bouillant pour cette suite d’anthologie et lorsque le – désormais – quatuor de Boston a ramené ses miches sur scène il régnait une ambiance des plus électriques dans la halle. Du côté de vos envoyés sur place c’était aussi la fête du slip vu que la prestation berlinoise à laquelle nous avions assisté il y a quelques mois nous avait bien laissé sur le cul ! Il faut dire que nous sommes assez fans de la bande de Nick DiSalvo (certainement pas le nom le plus simple à porter à Boston vu la proximité sonore avec Albert) et que la formule en quatuor qui nous avait tant fait nous interroger avant de la jauger sur pièce avait fini par nous convaincre. La foule des grands jours était au rencard et Elder a déroulé le grand jeu une heure durant en misant sur son jovial bassiste, Jack Donovan, pour assurer la partie un peu plus visuelle du spectacle tant ses compères sont focalisés sur la technique qu’ils déploient live. Tout comme d’habitude, le groupe de la Nouvelle-Angleterre a été ahurissant et comme à l’accoutumé nous avons été envoûtés par leur prestation dont le point d’orgue a été une nouvelle fois « Compendium » : l’énorme composition qui a largement contribué à placer Lore parmi les productions qui ont marqué le renouveau du style que nous chérissons en le désamarrant de ses ports d’attache scandinave ou californiens originels. Merci à ces lascars : ils sont magiques !
DOPETHRONE
Celles et ceux d’entre nous qui ont assisté à la prestation du trio québécois au dernier Hellfest sont restés sur un sentiment… d’inachevé, dirons-nous. Notre attente est donc double à l’entame de ce set des slutcheux (!!) de Dopethrone : d’une part prendre enfin la torgnole tant espérée en juin dernier, et d’autre part évaluer aussi la part de progrès dans la carrière du groupe, que malheureusement vos serviteurs n’avaient pas vus sur les planches depuis trop longtemps. Avouons-le tout-de-go : sur les deux objectifs, les résultats auront dépassé nos espérances. Armés d’un son redoutable, délicieusement gras et profondément lourd (pour l’anecdote, les déflagrations déclencheront même l’alarme du tour bus du groupe, garé derrière la scène…), les cartouches disséminées sans lever le pied par les canadiens font des dégâts considérables sur un public plus que consentant. Il faut dire que la set list est habile et audacieuse en même temps, proposant une poignée de beaux glaviots issus de leur récent Transcanadian Anger (mention spéciale au salement groovy “Tweak Jabber”), mais faisant quasiment l’impasse sur le pourtant puissant Hochelaga (seulement “Scum Fuck Blues”, quand même) pour plutôt mettre l’emphase sur le plus ancien mais néanmoins brutal Dark Foil, avec des brulots comme “Tap Runner”. Petite cerise sur le gâteau glaireux, leur copine Julie monte sur scène pour partager les vocaux avec Vince comme elle le fait sur albums pour “Zombie Powder” et “Miserabilist”, sauf qu’elle reste finalement une bonne part du set. L’idée est audacieuse (le groupe passe donc une large part de son set en format quatuor) mais réussie, le brin de voie délicieusement dégueulasse de Julie se mariant à la perfection au timbre subtilement déchiré de Vincent, pour des contrepoints du meilleur mauvais goût. La fosse, subtilement haranguée par Vincent pour qu’ils se jettent les uns sur les autres, ne se fait pas prier, et le mosh pit ne faiblit pas pendant presque une heure, duquel jaillissent slammers et stage divers occasionnels (chassés de scène à coups de pieds au cul). Un groupe au top de sa forme, un public ravi de se lâcher, ce set fut une totale réussite.
WITCHCRAFT
Après la débauche de sauvagerie livrée par Dopethrone devant un pit des plus animés, retour indoor pour l’avant-dernier acte à s’y produire : Witchcraft est dans la place et on est au taquet. Il faut dire qu’on avait loupé les Suédois en 2013 à Berlin en raison d’une défection de dernière minute (on s’était consolé avec des remplaçants de grande classe : Troubled Horse vus l’an dernier ici-même, et ça avait été mortel) et que nous apprécions pas mal le boulot du groupe d’Örebro qui a prouvé avec Nucleus, sorti il y a deux ans, que nous devions encore compter sur eux (pour ne rien vous cacher nous les pensions morts) ! Les 5 vikings ont ratissé dans leur répertoire de toute beauté pour nous enchanter avec leur stoner qui se décline alternativement de manière apaisée et de manière plus énergique (on ne va pas se mentir ça paraissait quand-même un poil calme entre les deux formations qui les encadraient sur la Side Stage). Ces gars assurent encore et toujours lorsqu’ils déclinent leurs morceaux sur scène et franchement ils nous en ont foutu plein la gueule tant leur prestation était techniquement maîtrisée. On notera aussi que Pelander n’occupe plus uniquement le rôle de vocaliste inspiré et talentueux qu’il est, mais aussi celui de troisième guitariste désormais (ses déplacements sont donc un peu plus limités qu’à l’époque où il se baladait partout sur la scène). L’accent a été mis sur la masterpiece Legend avec cinq titres dont le majestueux « It’s Not Because Of You » qui n’a pas pris une seule ride, l’intense « Dead End » et surtout l’entrée sur scène sur « Deconstruction » qui est une perle dans le genre bien traditionnel et soutenu. Une performance de haut vol pour un combo qui ne cesse de progresser sans altérer une formule qui nous est si chère !
ACID KING
La fin de ce Up in Smoke sera doom ou ne sera pas, qu’on se le dise. Et à ce jeu là, difficile de faire mieux que ce qui nous est proposé ce soir, et en premier lieu les vétérans de Acid King. La première étape comme à chaque fois avec Acid King consiste à évaluer les forces en présence : qui Lori a-t-elle embarqué cette fois pour l’épauler en tournée ? On retrouve en premier lieu Rafa, batteur extraordinaire de Black Cobra, que l’on retrouve comme souvent chez Acid King… à la basse ! Il faut dire que le cogneur est aussi un excellent bassiste (comme tous ceux qui se sont succédés sur ce poste au sein du Roi Acide) qui délivre une prestation excitante et enivrante pendant presque une heure de set. A la batterie, un petit nouveau dans cette formation : Bil Bowman, frappeur déja entendu derrière les fûts des très intéressants Hornss, un autre groupe de San Francisco. Bref, là non plus, rien à redire. Reste donc à la maîtresse des lieux Lori de fixer la tendance de ce soir. Et elle est en forme, donc tout va bien. Fidèle à elle-même, sans trop en faire, elle balance ses riffs sur-fuzzés lents et lourds et aligne des vocaux lancinants et hantés dont elle a le secret. Elle est impeccable, là où on l’attend. Dans une niche de doom old school fiévreux, Acid King devient petit à petit l’un des derniers gardiens du temple, une référence inamovible qui, sans jamais transcender complètement le genre, en apporte une interprétation toujours infaillible et hautement jouissive. Encore un excellent moment…
ELECTRIC WIZARD
On prend les presque mêmes et on recommence : comme en 2016, il revient aux Britanniques de mettre un point final au Up In Smoke sur la grande scène. Bien évidemment, vu le pédigrée de cette équipe, il y a du monde dans la place malgré les crêpages de chignon qui ont animé les réseaux sociaux à la sortie du petit dernier, Wizard Bloody Wizard. De cette dernière production, ils tireront le très lent « See You In Hell » avec son groove diablement efficace. Comme autre nouveauté : nous retrouvons sur scène un nouveau bassiste (encore !) ayant rejoint le quatuor depuis peu ; le garçon se débrouille correctement sur son instrument et scéniquement il est comme les trois-quarts du groupe : dans une obscurité certaine. Seul le père Oborn est parfois mis en valeur par des spots verts car visuellement ce sont les projections interlopes que cette formation aime à proposer en fond des scène qui captent les regards (en plus de Liz – la guitariste – je vous vois venir bande d’obsédés !). On souligne que ces grands professionnels étaient sur place aux aurores afin de veiller à ce que le système dispensant ses animations soit réglé aux petits oignons tout comme le son de leurs instruments ; ils ont soundchecké alors que la plupart des festivaliers étaient encore dans les bras de Morphée (c’est aussi ça la rock’n’roll attitude). Question setlist, rien de bien extraordinaire, mais une flopée de valeurs sûres alignées après avoir passé l’énorme « Procreation (Of The Wicked) » de Celtic Frost sur la sono, un titre qui fait partie intégrante du folklore local. On s’est tapé « The Chosen Few » que nous avions capté pour vous au Hellfest (coupure pub : vous le retrouverez facilement sur notre chaîne YouTube) et l’énorme « Incense For The Damned » qui a bastonné correct entre les murs du Z7. Pas franchement cascadeur comme choix de la part des programmateurs, Electric Wizard demeure néanmoins un bon groupe de scène qui a fédéré la plupart des festivaliers durant son set prouvant ainsi non seulement son statut d’icône d’un certaine approche du doom, mais aussi sa capacité à rassembler des amateurs de sensations plus épicées ou plus apaisées et c’est ça aussi la communauté stoner.
Le festoche se termine sur ces accords pachydermiques et une énième prestation de haute volée. A l’heure des bilans, on reste soufflé par la qualité de cette édition : alors que l’affiche pouvait apparaître sur le papier hétérogène et risquée, dans les faits il y aura eu très peu de points faibles, et au contraire des révélations, voire même des groupes pourtant déja vus et revus qui ont proposé des prestations au sommet de leur savoir faire. Rajoutez à celà une nouvelle configuration ajoutant une seconde scène à très grande capacité, dotée d’un son impeccable (sur les deux scènes, et quasiment sur tous les concerts du week-end), et toujours cette bonne ambiance dans le public (pas de prise de tête, sourires, respect…), et vous obtenez ce qui, selon vos serviteurs, est peut-être bien la meilleure édition de ce festival depuis sa création… On signe direct pour l’an prochain, où on nous annonce déjà une édition désormais sur 3 jours !
*** NOTRE VIDEO REPORT DE LA JOURNEE DE FESTIVAL : ***
Nous nous étions terminés avec les légendaires Saint Vitus l’an dernier en ces lieux et piaffions d’impatience d’y retourner pour une nouvelle – et généreuse – ration de riffs saturés. Ceux-là même que nous chérissons tant depuis belle lurette en ces pages virtuelles. Nous n’allions pas être déçu par cette – déjà – sixième édition d’un festival que nous n’avons jamais loupé et dont nous sommes de fervents supporters depuis ses débuts (voire même avant lorsque le concept Up In Smoke ne se déclinait qu’en version itinérante) ! On ne change pas une équipe qui gagne et c’est un peu comme les gens qui foutent leurs caravanes sur le même emplacement dans le même camping tous les 15 juillet que nous nous sommes radinés dans la place.
SIX MONTHS OF SUN
Alors que les rayons de l’astre solaire baignaient encore la banlieue bâloise, la formation suisse ouvrait brillamment les hostilités peu après l’ouverture des portes. Ils ont d’entrée de jeu positionné la manifestation à un niveau élevé, ont profité de l’occasion pour capter de nouveaux fans et ont foutu une bonne branlée à un public fort nombreux à l’heure de l’apéro. Le groupe de Genève représentait le volet local de la programmation même si son lac est à plusieurs centaines de bornes de la zone industrielle de Pratteln. Nous avions déjà eu le plaisir de voir le batteur du trio en ces lieux lors d’une édition précédente avec l’incroyable groupe Intercostal (qui s’est malheureusement terminé tragiquement). Ce véritable métronome, flanqué de ses acolytes à la basse ainsi qu’à la guitare, a envoyé du bois durant 40 minutes intenses qui virent la foule se presser devant la nouvelle structure extérieure du festival (et délaisser les bars d’ordinaire fort courus à ces heures voire même tout du long de l’événement). Au passage, nous notons avec satisfaction que la plus petite des deux scènes a été brillamment réorientée et rehaussée afin de pouvoir permettre à une audience plus nombreuse d’assister confortablement aux shows (le seul bémol sera la hauteur de la scène pour certains photographes de petite taille). Pour en revenir à Six Months Of Sun : ces garçons actifs dans un registre instrumental pas si éloigné que ça des Karma To Burn des temps jadis ont aligné leurs titres avec vigueur. Quelques samples de dialogues du cinéma pour épicuriens (mention spéciale aux chips), leur ont permis de reprendre leur souffle entre chacun des morceaux. Nous avons pris un putain de plaisir d’entrée de festival et vous incitons fortement à aller poser vos oreilles sur les deux LP commis par ces helvètes (dont le fantastique « Below The Eternal Sky » sorti l’an dernier).
GIANT SLEEP
Après la première mandale du week-end, place à une multinationale mi-suisse mi-allemande qui prend place sur la Side Stage le temps d’un petit changement de scène bienvenu pour aller se rassasier, s’abreuver ou magasiner au stand de merch du fest (sur lequel on trouvera durant les deux jours le matos des groupes au fil de leurs arrivées respectives en ces lieux). Actif dans un registre heavy rock ou glam un peu daté (ça dépend des références), Giant Sleep a assimilé ce que les porteurs de permanentes pratiquaient il y a une trentaine d’année et le recrache à sa sauce. Ce n’est pas franchement la révolution, mais ça fonctionne sur le public branché par le rock, voire le stoner, très traditionnel (les autres profitent d’aller s’hydrater parce qu’on ne badine pas par ces chaleurs automnales). Le vocaliste de la bande a un peu réveillé un public ondulant lorsqu’il a interagi avec lui en l’encourageant à répéter « Hey » (ça marche toujours dans ces contrées) ou quand il a changé de registre pour grogner efficacement dans son micro. Très efficace, à l’image de son guitariste chauve – arborant fièrement son t-shirt de Pentagram – et se distinguant dans le rayon soli, le groupe binational a assuré le job même si les amateurs de sensations plus épicées ont été contraints de ronger leur frein jusqu’à la performance suivante.
WHORES
En tournée sur le Vieux Continent, le groupe d’Atlanta a fait halte au Up In Smoke sans Heads. qui assurait la première partie des dates de cette campagne hors certains festivals dont celui-ci. Avec leurs tronches de premier de la classe, les quidams n’ayant aucune idée du marigot musical dans lequel le trio se plait à évoluer se sont pris une belle mornifle en pleine poire. A mi-chemin entre le sludge et le crust, ce putain de groupe déploie une rare sauvagerie sur scène : c’est la grande classe à l’américaine ! Trépidante et corrosive, la musique déployée par les Américains fait mouche auprès des Lourds de l’assistance qui dégustent, en fin connaisseurs qu’ils sont, des standards imparables comme le délicieux « Fake Life » (tout un programme). La formation avait déjà fait halte en terres helvétiques avec Big Business (qui sont des garçons polis si des fois vous vous posiez la question) et son hurleur a pris le temps de faire un éloge fort sarcastique du pays qui l’accueillait ce jour-là. Nous nous sommes bien fait ramoner les turbines à cérumen durant les quarante-cinq minutes de set qui étaient accordées sur la Mains Stage à la formation la plus ravageuse (et ravagée peut-être) de la journée. Les bourrins dans la place mouillaient leurs petites culottes (surtout ceux qui ont des affinités marquées avec The Melvins qui nous avaient gratifié de leur présence lors d’une édition antérieure) alors qu’un nombreux public se retrouvait à l’extérieur pour épargner ses chastes oreilles ou picoler voire les deux à la fois. Faut dire qu’il était déjà l’heure du journal du soir et que nous n’avions pas encore assisté à la moitié des concerts du jour.
FARFLUNG
La nuit est jeune désormais tandis que l’on ressort de la salle pour assister au set de Farflung, pile sous la voie lactée (bon, OK, sous la tente on voit assez peu les étoiles). La troupe de Tommy Grenas prend la scène dans une pénombre veloutée propice à l’immersion et le claviériste (et vocaliste occasionnel) lance ses premières boucles devant un public nombreux et attentif. Les premières minutes passent sans émotion particulière, mais assez vite – et c’est sans doute dû au talent et à l’expérience des américains – la sauce prend, et le space rock du quintette s’installe pour trois gros quarts d’heure qui ne présenteront pas un seul point faible. Sorte de Hawkwind plus dense et plus concentré, les californiens s’appuient exclusivement sur leur interprétation et un light show lent et hypnotique pour plonger le public en immersion (et heureusement, car ce n’est pas le dynamisme des musiciens qui apporte quoi que ce soit au set…). Les titres s’enchaînent sans quasiment aucune communication avec le public, mais on ne le déplore pas, tant il serait malheureux de rompre l’ambiance. Et on peut penser que les musiciens sont aussi bien dans le trip que le public, puisqu’ils débordent de l’horaire prévu de 10 bonnes minutes (sans aucun impact sur la suite, bravo l’orga). Farflung confirme son statut d’un des meilleurs groupes de space rock du moment.
V.I.C. (Villagers of Ioannina City)
On se présente en soirée devant la main stage avec l’idée d’observer l’intrus de la soirée : comment un groupe aussi discret que V.I.C. se retrouve aussi haut sur l’affiche, au vu de la qualité de ceux qui l’ont précédé ? Il ne faut pas plus de quelques minutes pour comprendre qu’on n’a pas affaire à des perdreaux de l’année. Musicalement, le quintette repose sur une structure instrumentale en trio classique, déroulant un heavy rock fuzzé solide et nerveux, chargé de plans psyche qui ne tombent jamais dans le trip lourdaud et lancinant. Spécificité du combo, les deux autres musiciens proposent des plans d’instruments plus atypiques (clarinette, didjeridoo, cornemuse…) qui apportent des arrangements franchement inédits et rafraîchissants. La dynamique globale du set est excellente, bien emmenée par le charismatique mais jamais exubérant frontman Alex, et le public, qui remplit bien la grande salle, prend son pied. Il faut croire que la Grèce devient l’un des meilleurs fournisseurs de groupes qualitatifs d’Europe.
SASQUATCH
Ca faisait longtemps que l’on n’avait pas eu l’opportunité de voir ce vétéran du stoner US fouler les planches, on ne s’est donc pas fait prier pour gagner le premier rang de la seconde scène dès les derniers accords de VIC terminés. Agréable constat : on n’est pas les seuls dans ce cas, la notoriété du groupe étant supérieure à ce que l’on imaginait, et donc leur place si haut sur l’affiche largement légitimée. Restait à transformer l’essai sur scène ; ce fut fait… et avec la manière s’il vous plaît ! Très très vite, le public entre dans le jeu et le pit est tout simplement en feu pendant l’heure de set du trio américain. En commençant par l’excellent “More than you’ll ever be” issu de leur dernière galette, ils donnent une tonalité heavy à la soirée, confirmée par l’enchaînement avec le terrible “The Message” (seul extrait du pourtant excellent IV), un brise-nuques particulièrement dévastateur dans un public où se mèlent volutes enfumées, vapeurs houblonnées et plus généralement bonne humeur et envie de s’amuser. En piochant très largement (trop, selon les puristes) dans son dernier très bon album, Maneuvers, nos lascars enchaîneront des mid-tempo propices au headbang comme ils en ont le secret (“Just couldn’t stand the weather”, le classique “Cracks in the pavement”) à des brulots nerveux (“Rational Woman”, le vieux “Chemical Lady”…) qui finiront de rassasier un public ravi (le groupe débordera même de 10 minutes sur son horaire de faim – il nous en reste un peu, on vous le met ?!). le tout est emballé scéniquement par un Keith Gibbs charismatique mais sans exhubérance, et un Casanova à la basse lui aussi impeccable vecteur d’énergie. Une véritable machine de guerre ! On est ravis de voir le groupe (que d’aucuns pensaient usé par le temps) dans cet état de forme, capable de générer ce qui fut probablement le pit le plus déchaîné des deux jours de festival. Quel pied !
KADAVAR
John Garcia était initialement prévu pour cette fiesta baloise et sa présence avait été teasée par l’orga il ya quelques mois. La légende californienne (ou le crooner en vogue qui n’a rien sorti de potable depuis un bail, c’est selon vos affinités) ayant annulé sa tournée n’était finalement pas de la partie, et les promoteurs de la manifestation n’étant pas des gens ingrats, ils se sont tournés vers le trio allemand pour assurer (et assumer facile les doigts dans le pif) le rôle de headliner du premier jour. La bande berlinoise s’est pointée sur scène en terres conquises, a devisé en allemand avec le public et surtout a foutu un énorme boulet dans le Z7 ! Même si nous les avions déjà vus cette année et même si Kadavar en live c’est un peu l’expérience que tout le monde a déjà vécue, c’est avec un sacré plaisir que nous avons pointé nos miches devant la scène pour assister cette performance. La disposition des Allemands sur la scène a à nouveau contribué à notre bonheur : batteur centré en bords de scène officiant comme pièce centrale de l’orchestre, gratteur-chanteur côté jardin protégé par ses retours et bassiste francophone qui investit le côté cour avec vigueur en y baladant son impressionnante stature (le niveau est haut dans tous les sens du terme).
Côté son : « Forgotten Past » en version super fat pour les sections heavy du titre a spécialement emballé l’un de vos serviteurs, mais pour être honnête, avec des titres désormais légendaires comme « Purple Sage » (que nous avions capté au Hellfest l’été précédent si ça vous intéresse), « Doomsday Machine » ou « Living In Your Head », Kadavar a carrément emballé la totalité des festivaliers dans la place, se payant même le luxe de déclencher des crowd surfing.
Les sourires niais qui ont embelli nos sympathiques minois durant ce set n’avaient toujours pas disparu quelques heures après la fin du concert, tandis que nous montions le résumé en image de cette belle journée (disponible en cliquant ci-dessous) dans le confort spartiate d’un hôtel plus fonctionnel que charmant, avant de profiter de quelques heures de repos pour affronter une deuxième journée qui vendait du rêve sur le papelard !
*** NOTRE VIDEO REPORT DE LA JOURNEE DE FESTIVAL : ***
Septembre, le mois de la rentrée, des impôts, des jours qui raccourcissent et de la veste qu’on porte que le matin et qu’on est obligé de se trimballer le reste de la journée, car « en fait, il fait plutôt bon ». Ces vicissitudes mises à part, c’est surtout l’opportunité de croiser une sacrée collection de tournées. Parmi elles, celle de Stoned Jesus en compagnie du trio survolté Mothership et des Londoniens d’Elephant Tree. Ce troupeau de solides énergumènes faisait justement halte sur la péniche du Petit Bain à Paris ce jeudi 27 septembre pour une soirée lourde et électrique offerte par Garmonbozia Inc.
Elephant Tree
Ouverture des hostilités par nos amis d’outre-Manche avec leur titre « Dawn ». La salle est déjà bien remplie pour un 19 h 30 sans pour autant compliquer l’accès au deuxième rang. Ainsi installé derrière l’armée de photographes scotchés à l’estrade, on avale à loisir une bonne dose de riffs. Entre autres choses. Les Anglais nous déballent alors leur doom pachydermique et au raffinement tel qu’il se garde bien de nous écœurer. Malgré une grosse caisse un peu forte au début et quelques écarts de justesse au niveau du chant, la prestation reste impeccable. La superposition des voix de Jack et Peter calées sur des riffs d’une lourdeur titanesque et une rythmique puissante contraste à merveille. Le tout donnant l’impression d’un vieux sage assis en tailleur sur le dos d’un cerbère lancé au pas de course. Entre leurs titres des deux premiers albums devenus rapidement des classiques, Elephant Tree nous offre le privilège de deux morceaux inédits : « Wasted » et la superbe « Bird »,qui ne sauront que galvaniser notre impatience naissante de découvrir le prochain opus. Puis, à l’occasion du dernier morceau « Aphotic Blues », Kyle Juett (le guitariste de Mothership) s’empare de sa six cordes pour venir secouer la tête sur scène avec ses copains. Et afin de s’assurer que plus personne ne souffre de raideur musculaire au niveau des cervicales, ils achèvent ensemble le set par une reprise méconnaissable de Paranoïd. La salle est pleine et le public à température.
Mothership
Et ça tombe bien, car débuter un show de Mothership à froid doit s’avérer au moins aussi dangereux pour le corps qu’un triple shot de téquila après une année de sevrage. Dès que les frères Juett et leur pote Judge Smith montent sur scène, on sent que ça va virer chocolat. Kyle est déjà torse poil et trempée de sueur du fait de son passage dans la fosse, Kelley nous demande s’il est possible de faire tanguer ce maudit bateau, quant à Smith… et bien, sa cymbale chinoise en lambeau parle pour lui. Sans surprise, le Heavy rock and roll déjanté des Américains emporte la foule dans un torrent de frénésie. Si les deux premiers titres résistent au chaos, dès le lancement du galopant « Crown of lies », c’est foutu. Le premier slam part, et très vite les pogos suivent ; au grand dam de ce pauvre monsieur (appelons-le Michel) qui n’avait jamais vu ça de sa vie et tente à plusieurs reprises de raisonner les bougres d’individus qui le bousculent. On s’excuse, Michel. La logique et la sanité n’ont malheureusement plus leur place dans ce temple d’hérésie. Une fois Michel en sécurité, on retourne se jeter dans la fosse. Les tritres comme « Cosmic Rain » s’enchaînent et parfois, entre deux, on répète un « Hell yeeeaaahh ! » lancé par Kyle. Une fois n’est pas coutume, Igor des Stoned Jesus se joint aux énervés de Dallas pour achever le set.
Mothership – Igor
Décidément, entre ça et les t-shirts à l’effigie des groupes de la tournée, on sent que tous s’apprécient beaucoup. La joie générale et le plaisir de tourner ensemble sont d’ailleurs palpables et se transmettront depuis le début d’Elephant Tree jusqu’au dernier rappel de Stoned Jesus. En ce qui concerne Mothership, ils clôturent leur impressionnante prestation par « Angel of Death ». Morceau phare dont le public conquis se plait à scander les paroles.
Stoned Jesus
La foule est dense pour accueillir la tête d’affiche du jour. Le trio made in Kiev vient justement de sortir son nouvel album Pilgrim, et il entend bien le défendre. Aussi, démarre-t-on avec trois extraits de ce dernier, dont « Thessalia » et « Feel ». Trois morceaux inédits bien différents des standards du groupe, mais qui savent pourtant secouer les fidèles venus quérir la bonne parole. Comme pour se justifier, Igor annonce qu’il y a aussi quelques classiques incontournables à venir. ” Don’t worry, there should be « I’m the moutain » somewhere”. Homme de parole, il la place au milieu du set. Juste après le vilain « Here come the robot » qui déchaîne totalement les passions. Les pogos explosent au moindre prétexte, les slams se succèdent, on prend les santiags en crocos de Kyle dans la tronche. Même Sergey se laisse porter par la foule à deux reprises tout en lâchant ses grosses lignes de basse. On pourrait supputer qu’après la tornade Mothership, l’énergie de Stoned Jesus perdrait de sa superbe, or il n’en est rien. Les riffs sont intenses, le chant est puissant, juste, et la rythmique parfaitement maîtrisée. On redécouvre littéralement leurs morceaux. On les goûte sous un nouveau jour, surtout avec la qualité sonore irréprochable du Petit Bain. « Feel », « Hand resist him », « Apathy » et bientôt c’est le premier rappel. Et quoi de mieux pour achever cette meute de chiens affamés que de leur lâcher ce bon vieux « Black Woods » issu du premier album. Toutefois, cela ne suffit toujours pas à rassasier les fidèles. Stoned Jesus surgit donc à nouveau avec « Water me » pour un ultime rappel. Un choix audacieux, qui viendra confirmer la volonté du groupe de jouer l’intégralité de son dernier album. Néanmoins, à en juger par l’ovation, le remplissage de la salle et la quantité de sueur répandue, le pari est réussi. Les Ukrainiens confirment que même avec un album ayant reçu une critique mitigée, ils sont capables d’enflammer les foules dans un torrent Stoner bien à eux.
Stoned Jesus
On remonte donc les marches du sous-sol avec une franche joie. Celle d’avoir assisté à trois shows d’une qualité impeccable, celle d’avoir partagé l’énergie bienveillante de musiciens heureux de jouer ensemble, proche de leur public et généreux ; même celle d’avoir collecté quelques bleus et des échantillons de sueur de singuliers individus, dis donc ! Que dire de plus ? Merci le Petit Bain, et merci Garmonbozia Inc.
[Attention, lecteur : cette chronique comporte quelques portions de musique non stoner. Leur innocuité a été prouvée en laboratoire, n’aie crainte, ça devrait bien se passer…]
C’est la deuxième journée du festival girondin, sachant que votre serviteur n’a pas pu assister à la journée de la veille, qui proposait pourtant (d’après les échos que l’on en a eus) d’excellentes prestations de Birth Of Joy, The Psychotic Monks, It It Anita, etc…
La première remarque en rentrant sur le site en ce samedi après-midi est que peu de choses ont changé depuis l’an dernier… Et c’est tant mieux ! Le festival est encapsulé dans un petit coin de verdure, dans un village en bordure du fleuve, adossé à une majestueuse ancienne maison de maître d’un domaine viticole, dans une sorte de petit bois dont les clairières accueillent le public des concerts. Autour, bars, food trucks, disquaire, merchandising, espace jeux,… Tout ce qu’il faut pour passer une bonne soirée, avec un personnel bénévole souriant et accueillant.
NEW KIDZ
Traditionnellement, le samedi après-midi accueille un concert gratuit pour les enfants. Et aujourd’hui c’est aux New Kidz d’essayer de réveiller les drôles, jusqu’ici plutôt attirés par tous les jeux mis à leur disposition par le festival. Mais le trio du « Nord du Sud Ouest » connaît son affaire et ne tarde pas à faire venir à eux tous les gamins et leurs familles. Imaginez trois mecs balançant des morceaux aux paroles parlant d’instits, des copains de récré, de super héros et de concerts de rock, le tout armé de grosses guitares, sur des sons qui rappelleront aux adultes les grandes heures de Rocket from The Crypt, AC/DC, les Hives, les Ramones, etc… Y’a pire ! Le tout est bien joué, par de vrais musiciens, c’est bienveillant, intelligent, bien écrit, marrant… De quoi bien développer l’éducation musicale des plus jeunes. A tester d’urgence si vous avez ou connaissez des enfants un peu trop réceptifs à Jul et Maître Gims, il n’est pas trop tard pour les remettre sur la voie !
I AM STRAMGRAM
Une petite heure pour se détendre au frais sous les arbres, la transition avec le « vrai festival » se fait en fin d’après-midi, en douceur : les locaux de I Am Stramgram prennent la grande scène dans la douce torpeur estivale et vont caresser les tympans d’un public encore un peu clairsemé et légèrement apathique, pendant une petite heure de concert. A l’heure de l’apéritif, les sonorités pop-folk du duo (guitare – batterie/samples) sont bienvenues et participent à une ambiance détendue sur l’ensemble du site. Sans représenter un grand intérêt pour l’amateur exclusif de gros décibels saturés, on reconnaît le talent du combo pour la conception de chansons variées, aux sonorités riches et travaillées, leur duo instrumental s’appuyant sur une large variété d’effets (voix, guitare, …) et de samples divers pour enrichir leur mise en son. Une agréable entrée en matière.
PAMPLEMOUSSE
Symptomatique de la démarche des programmateurs du Black Bass, le trio de Pamplemousse arrive directement de… la Réunion ! Aller-retour uniquement pour cette date ! On apprécie autant l’effort logistique que l’apport bienvenu de saturation qu’ils amènent avec leurs instruments sur la petite scène. Porté par des ambiances plutôt noise rock transpercées de fulgurances hardcore soft, le groupe peut faire penser à un Unsane plus gentil copulant avec les Pixies ou Fugazi pour les plans plus mélodiques. Rien de révolutionnaire sur le plan musical, mais c’est bien fait, et scéniquement c’est bien en place, ça fonctionne très bien et le public semble apprécier. La tension monte progressivement et la fée électricité commence à pointer le bout du nez, tandis que le crépuscule nous offre une ambiance superbe en ce début de soirée…
LANE
Le voilà donc le fameux groupe des « anciens Thugs ». LANE (Love And Noise Experiment) regroupe effectivement les frangins Sourice du groupe angevin culte, ainsi qu’une autre fratrie issue des plus jeunes Daria. Vous complétez le tout du jeune fils de Pierre-Yves Sourice à la gratte et vous obtenez un quintette pour le moins « familial », porteur d’un héritage fortement électrisé et de quelques centaines de concerts dans les jambes… Ça se ressent assez vite dans la maîtrise de la grande scène du festival : c’est solide, c’est pro ! Les trois guitares (!) et la basse nerveuse développent un son noise rock qui devrait rappeler de bons souvenirs aux anciens aficionados des Thugs (le chant toujours impeccable d’Eric Sourice n’est pas étranger à ces réminiscences…). Les mélodies sont bien travaillées, efficaces, et là encore on reconnaît la patte des deux groupes qui se sont « hybridés » autour de ce nouveau groupe/projet. L’ensemble est un peu linéaire sur une heure de concert, mais c’est aussi le genre qui veut ça. La prestation est néanmoins efficace et aura convaincu le public de plus en plus large qui s’est massé dans la fosse.
L’heure qui suit est dédiée au traditionnel et bon enfant concours de « Air Guitar », qui permet aux gratteux de salles de bain de briller devant un public rieur, le tout dans une ambiance décontractée.
1000MODS
Dire que le quatuor grec est attendu ce soir est un euphémisme. Leur montée en régime de ces derniers mois, en support de l’excellent Repeated Exposure to… a culminé au Hellfest en juin par un set coup-de-poing (de nombreux tee-shirts Hellfest dans le public laissent penser que pas mal de victimes consentantes sont venues tendre la deuxième joue ce soir). L’électricité est donc palpable dans la fosse pour la tête d’affiche de ce soir. Le tapis rouge ainsi déroulé, ne restent à nos quatre hellènes préférés qu’à actionner leur machine de destruction massive et faire cracher les amplis Orange. Ce qu’ils font en commençant par un enchaînement bien heavy de “Above 179” et “Road to Burn”. Bien lancés, le reste roule tout seul ensuite pendant une heure, délivré avec méthode, énergie et talent. Le groupe ne prend pas de risque en piochant dans ses titres les plus efficaces sur ses trois principales production : on constate évidemment une légère inclinaison vers son dernier rejeton (“Electric Carve” et “Loose” auront laissé quelques traces dans le moshpit) mais des brulots de la trempe de “Claws” ou des titres plus groove (“Low”, “Vidage”) remportent aussi leur petit succès.
Leur maîtrise scénique impeccable, doublée d’un light show remarquable et d’un son parfait (on ne se croirait pas en plein air) finissent de satisfaire un public exsangue et béat. Biens dans leurs baskets, ils bouffent carrément leur créneau horaire en empiétant de 10 bonnes minutes l’horaire de fin prévue, en dégainant en conclusion un « Super Van vacation » rallongé, groovy en diable, dont les breaks dévastateurs sont encore prétextes à une déferlante de slammers et même une paire de méchants circle pits ! L’effet de surprise en moins, le groupe a quand même mis ce soir tout le monde d’accord et a confirmé tout le bien que l’on pensait de lui. Il suffit de voir l’état du stand de merch après leur set pour confirmer qu’on n’a pas été les seuls convaincus…
TOYBLOID
Deux salles, deux ambiances, comme on dit : les derniers restes de feedback crachés par les amplis encore incandescents de 1000Mods s’éteignent à peine dans la nuit qu’une petite tornade rouge envahit la petite scène de l’autre côté du site : le trio parisien Toybloïd prend tout le monde par surprise en proposant un pop rock punky girly en mode fun. Occupant bien la scène, le duo féminin guitare-basse, en short-maillot de sport-baskets rouge vif, bouge dans tous les sens et dégaine des riffs dynamiques à qui en veut, sur des rythmiques qui ont dû user quelques dance floor ! Une petite bouffée d’air frais, un rafraîchissement salvateur dans cette prog costaud de la fin de soirée, bien appréciés par un public remuant aux hymnes rock acidulés du trio. Des rythmes auxquels même les taciturnes Hangman’s Chair auront du mal à résister, tandis qu’ils font leur balance de l’autre côté du site, un sourire quasiment carnassier au bord des lèvres… Saluons d’ailleurs, encore, l’audace de ces programmateurs à qui rien ne fait peur, qui proposent rien moins que d’enchaîner un groupe de pop punk punchy coloré monté sur ressorts à Hangman’s Chair, rois du mid-tempo sinistre et du riff glauque. Le choc auditif et mental extrême…
HANGMAN’S CHAIR
Le quatuor parisien foule les planches dans la pénombre tandis que la bande son de « Banlieue Triste » retentit, et lancent les hostilités sur un « Naive » puissant. Les premiers constats sont rapides : le son est limpide encore une fois, le light show est tout simplement excellent, et nos quatre gaillards sont en grande forme ! Dire que le set est solide est un euphémisme : les musiciens sont carrés, et sont tous les quatre à leur manière à fond dans leur set. Cédric assume son rôle de frontman à la perfection et parvient à retranscrire impeccablement des lignes vocales pourtant de plus en plus exigeantes sur le dernier Banlieue triste ; Mehdi martèle ses futs avec rage et conviction ; Clément comme à son habitude arpente son bout de scène dans tous les sens en donnant l’impression qu’il va bouffer le public ; Julien assure ses leads de guitare impeccablement, sorte de guitar hero non-conventionnel… Bref, les conditions sont réunies pour un super set, et c’est bien ce que l’on a ce soir.
La set list s’appuiera cette fois largement sur leur dernier album (le très bon Banlieue Triste, sorti il y a quelques mois), avec pas moins de deux tiers des titres joués ce soir. Il faut dire que la transition album-scène de titres pourtant très élaborés comme “04/09/16” est en fait très réussie, les chansons n’y perdent jamais en impact, et même les longs et complexes “Touch The Razor” ou “Full Ashtray” parviennent à maintenir la tension tangible sur vinyl. This is Not Supposed to be Positive est honoré à travers évidemment ses deux joyaux “Dripping Low” et “Flashback”, ainsi que le glauque “Cut up Kids”. Mais au delà de leurs deux dernière productions, seul “The Saddest Call” vient se rappeler à notre souvenir…
Après la paire de sets « high energy » que le public vient d’enquiller (l’enchaînement 1000Mods/Toybloïd) et la nuit bien entamée avec la fatigue qui va avec (le groupe finira son set à 2h du matin) une part de l’assistance quitte petit à petit le site avant la fin de leur concert, mais un large public goute les compos des franciliens jusqu’à la lie, à savoir la bande-son finale (la lecture de Georges Bataille qui clôt aussi l’album) qui voit le groupe quitter la scène dans la pénombre.
Il est temps de quitter le festival qui cette année encore a tenu toutes ses promesses. Site remarquable, ambiance chaleureuse, organisation sans faute… ce festival à taille humaine a déjà tous les atouts. Mais c’est sa programmation qui le rend plus attrayant et atypique que ses « concurrents » (qui ne le sont pas) : tandis que la plupart des festivals estivaux garnissent à peu de frais leur affiche des mêmes sempiternels artistes saisonniers itinérants, que l’on retrouve tous les week-ends dans tous les recoins de l’hexagone, le Black Bass choisit de se donner les moyens pour les groupes qu’ils VEULENT faire venir. Ça marche au coup de cœur et à l’envie plus que par logique économique. Cette année ils font venir les 1000Mods hors tournée pour un aller-retour Grèce-France exprès (leur seule date dans l’hexagone cette année avec le Hellfest), vont chercher les Birth of Joy dans le même contexte depuis leurs Pays-Bas, font prendre l’avion à Pamplemousse… Des exclus, des coups de cœur, et des choix pointus mais pertinents. Et ça fonctionne, en atteste un public encore au rendez-vous cette année. Autant vous dire qu’on attend déjà la prog de l’an prochain avec impatience…
Pour sa 4ème édition des Volcano Sessions, Black Owl a pris le pari de rester dans le cadre du Volcan de Montpeloux, lieu unique et écrin parfait pour ce Woodstock de la terre du milieu. Forts de l’expérience passée, les organisateurs ont su améliorer la logistique et l’accueil pour faire de cette édition une vraie réussite malgré le froid et l’humidité.
Un son toujours au poil, des lights faisant profiter de la majesté du lieu, un bar bien mieux placé et ces putains de pâtés de patates lestant l’âme et le corps… retour sur deux jours d’orgies musicales, d’orgues basaltiques, d’ogres pantagruéliques.
Le vendredi marquait donc le début des festivités avec 3 groupes jetés dans le cratère en guise de sacrifices au dieu stoner. Blackbird Hill, duo blues-rock crasseux efficace, se chargeait avec talent d’aiguiser les appétits, un petit exploit puisque les deux gonzes dérouillaient aujourd’hui leur seulement deuxième concert ensemble.
Le plat principal était servi par le trio bordelais Datchä Mandala, chantres d’un rock 70s très marqué. A défaut d’originalité, le groupe fera preuve d’une efficacité redoutable, échauffant sens et envies.
Le dessert en ce jour poisson fut apporté par The Necromancers, quatuor béni, oui-oui, délivrant un set puissant, brinquebalant un tantinet mais outrageusement efficace. Gros son, belle entrée en matière… ne restait qu’à se cailler les miches toute la nuit avant de reprendre les festivités de lendemain.
Les concerts ne reprenant que vers 17h, les organisateurs ont donc placé une ‘tite scène en entrée de camping pour un jam bucolique et champêtre en début d’après-midi. Bonne pioche pour un instant à la cool à chiller le fion sur la rocaille volcanique.
La reprise des choses sérieuses était assurée par Doctor Doom, le quatuor ariégeois distillant groove et bonne humeur, avec un touché technique extrêmement plaisant.
Les portugais de Vircator prenaient place ensuite sur la scène cratère, lui rendant hommage grâce à des titres aériens et puissants lorgnant par moments du côté de Russian Circles.
Un beau moment prolongé grâce à la virtuosité et la qualité des compositions d’Electric Monolith. Des petites bombes catchy, sabbathiennes en diable, que le trio espagnol assènera avec gourmandise. La belle surprise du festival pour ma part.
Pyramidal (Photo : Pitch)
Pyramidal me laissera quelque peu perplexe je dois dire. L’impression d’assister à un long line-check sera prégnante. Musiciens un peu perdus, guitare désaccordée, peu de communication. Voir le groupe sous un autre jour lui rendra peut-être justice.
Ruby The Hatchet clôturera avec classe et professionnalisme cette très belle édition des Volcano Sessions. Le set marquant la fin de leur tournée européenne, les américains ne seront pas avares en reprises et rappel. Un show puissant et maîtrisé, magnifié par le cadre.
Je ne m’étendrai pas sur la soirée post-concert mais tout le monde sait que la bière fait chanter faux mais chanter heureux. Nul doute qu’un paquet de sourires radieux s’est endormi bien au chaud sous sa couette ce soir-là.
Une ambiance un peu particulière entoure ce concert de Mother Engine… Déjà la date a été annoncée un peu tardivement, proposée par Make it Sabbathy dans le cadre de leurs “hors série”, gratuitement, comme un cadeau de fin de saison aux bordelais. L’ambiance à Bordeaux est relax, fin de journée, soleil, terrasses pleines, lendemain de victoire de l’Équipe de France… Gageons que le grand public a trop festoyé la veille car le très sympathique Bad Mother F. n’affiche pas vraiment complet. Quelques dizaines de personnes sont néanmoins venues assister au set des allemands. Quality over quantity, qu’ils disent…
Le set commence un peu dans la pénombre : le light show de la soirée sera travaillé, mais plutôt sombre (pour un bar, le Bad Mother F. est plutôt bien loti en éclairages, c’est appréciable !). Le trio s’installe tranquille… Mais quand on dit “tranquille”, on le pense : shorts et débardeur, pieds nus… C’est l’été, on vous dit, on va pas non plus se prendre la tête ! Le set commence par une phase un peu flottante, une sorte de mise en place de l’ambiance qui dure quand même 5 à 10 bonnes minutes, où le public reste encore un peu froid. Mais les allemands savent y faire et sont en confiance : leur rock psyche s’installe, enchaîne les plans heavy à des passages lancinants et planants, et le public se prend au jeu progressivement. La tension se met en place et le reste du set déroule devant un public conquis, mené par un groupe qui maîtrise son set, et dont l’efficacité live n’est plus à démontrer.
La bonne humeur est de mise sur tout le set, le trio (et en particulier son guitariste Chris Trautenbac, qui n’hésite pas à impliquer ses collègues dans ses vannes, même lorsqu’elles sont un peu foireuses…) communiquant non stop avec le public, blaguant… Tandis que leur dernier album, l’excellent Hangar, date de moins d’un an, ils n’hésitent quand même pas à jouer plusieurs nouveaux titres (ils nous annoncent de probables pains… on n’a rien vu), relax.
Alors que le set devait se terminer à 21h30, à 22h le groupe est encore sur scène. Bonne nouvelle : le proprio est d’accord pour pousser un peu l’heure du couvre feu, et le groupe propose donc un dernier titre au public, ravi.
Quelle bonne soirée… Dommage qu’elle ne fut pas partagée avec un plus large public, qui a raté l’occasion d’un super concert, gratuit qui plus est.
Bourlon est une petite commune située dans le Pas-de-Calais qui, si on en croit Wikipedia, comptait lors du dernier recensement 1 194 habitants. Ce village accueille depuis 2010 un festival très simplement appelé Rock in Bourlon. Très vite ce festival nous a fait du pied, nous amateurs de stoner & co en mettant à l’affiche des groupes comme Glowsun, Zodiac, The Midnight Ghost Train, My Sleeping Karma, Dopethrone ou encore Mars Red Sky (et bien d’autres !). Vous verrez au fil de cette chronique que cette année, c’est carrément les bras ouverts que le festival nous accueille avec un line-up plus que fourni et vraiment de qualité.
L’autre particularité de ce festival mis à part son lieu et sa programmation, c’est son modèle économique. En effet, Rock in Bourlon est un festival où la participation est libre ! Oui vous avez bien lu. Certains aiment dire qu’il est gratuit, ce n’est pas faux, mais on préfère tout de même dire à participation libre. Alors il y a déjà quelques sceptiques ici et là. Un festival gratuit ? Au beau milieu d’un village inconnu ? Vous me prenez pour un pigeon ?
Mais pas du tout mon bon ami. Boire et manger ne te coutera pas une fortune loin de là, le merchandising est à prix tout à fait correct et l’organisation est à mille lieues de faire des économies sur les installations et la sécurité. Bref, gomme tout de suite ce petit doute, Rock in Boulon c’est la petite perle dont tout le monde rêve. Un festival à taille humaine, très accessible et fichtrement bien organisé.
Nous voilà donc en pleine campagne, pas très loin de Cambrai pour le 1er jour du Rock in Bourlon, huitième du nom. Arrivant bien à l’avance on fait le tour des lieux. Des espaces bars, nourritures, merchandising ainsi qu’un espace exposition/vente (affiches, objets déco en rapport avec la musique…) et même un bar à thé. Le tout semble bien agencé et ça sent déjà bon le festival qui va bien.
La scène se prépare…
17h30, le premier groupe vient ouvrir le bal devant un public encore très clairsemé. Fleuves Noirs est un groupe lillois estampillé Noise/Krautrock. Pile le genre de groupe pour lequel vous vous dites soit « C’est quoi ce bordel » ou alors « c’est quoi ce bordel ». La nuance entre les deux étant l’indifférence dans le premier cas et la curiosité intéressée dans le deuxième. On est plutôt dans le deuxième cas avec ce quatuor développant une musique très brute et sans concession. Le chanteur à lui seul vaut le détour. Musicalement et vocalement on a l’impression d’être devant Devo qui aurait fusionné avec un groupe de Berlin période punk/noise/Kraut. Un concert bien barré.
Fleuves Noirs
Les parisiens de Baron Crâne prennent le contrôle de la scène et immédiatement attirent le public avec leur compos instrumentales dans un style très bien maitrisé. Belle surprise que ce groupe que le public ne connaissait pas forcément et nombreux sont ceux qui se laissent prendre par un jeu de basse que Flea des Red Hot ne renierait pas et par ce guitariste qui tout en discrétion vous sort des sons de sa guitare carrément prenants. L’alternance gros sons et sons plus aériens, solos bien sentis et riffs efficaces font de ce groupe une très belle découverte. Le public ne s’y trompe pas et les applaudissements sont nourris et mérités.
Baron Crâne
Le troisième groupe à venir est un de ceux qui ont surement attirés quelques personnes. J’ai nommé Ddent. Pour ceux qui ne les connaissent pas encore (vous vivez où ??), Ddent s’est classé dans notre Top 2017 avec son premier album et la chronique de leur deuxième effort sorti cette année se termine sur ces mots : « un album riche en nuances, mature, maîtrisé et beau ». La bonne réputation du groupe en concert les précède et ils ne vont pas la démentir, bien au contraire. Pour paraphraser nAn et sa chronique de Toro, disons que le concert fut riche en nuances, mature, maîtrisé et beau. Ajoutons sans hésitation puissant, puissant et puissant.
La musique de Ddent qui sur album est déjà bien solide prend une dimension supplémentaire en concert. Mais que c’est puissant ! Le public s’en ai pris plein les oreilles et en redemande encore et encore. Le quatuor joue à la perfection et leurs compos sont ici libérées des limites d’un enregistrement studio et développent leur potentiel totalement. Ddent est le groupe français à suivre, aussi bien par leurs albums à venir que par leurs prestations scéniques.
L’occasion de souligner ici une première fois la qualité du son (même si on va se contredire pour le set suivant mais il faut bien une exception). Car une bonne prestation passe en premier lieu par de bons musiciens et de la bonne musique mais combien de concerts ruinés par un son à la limite de la bouillie ?
Ici c’est tout l’inverse. Le son est vraiment très bon. Il faut dire que celui qui s’occupe de la console fait un boulot admirable en prenant bien son temps pour les balances et en ne laissant rien au hasard. Clairement dans les nombreux atouts de ce festival et la liste interminable des bons points, le son est à mettre au top.
Ddent
Les Lillois de Love Sex Machine auraient dû jouer la nuit tombée mais un le retard de Monolord (voir ci-dessous) a finalement avancé l’heure du show. Pas de souci pour eux, les quatre gaillards étaient prêts à envoyer leur mélange de sludge et de doom, gras à souhait. Même si le son était parfois un peu brouillon (balances trop rapides à cause du retard ?), les Lillois s’en sont sortis comme des rois. A la voix, c’est du gros growl à l’ancienne, efficace pour les amateurs du genre, un peu plus rébarbatif pour les autres. Une histoire de goût. Mais l’ensemble est plutôt bien exécuté avec des phases bourrines où les deux gratteux et la basse balancent les riffs à la chaîne pendant que le bûcheron derrière cogne ses fûts comme si sa vie en dépendait. Les parties instrumentales ont eu le mérite de rassembler le reste du public qui n’était peut-être pas trop chaud pour recevoir les cris de l’enfer en pleine tête. Love Sex Machine a terminé son set de meilleure manière qu’il n’avait commencé, avec beaucoup plus d’intensité. Il faut dire que passer juste avant Monolord ne doit pas être très rassurant…
Love Sex Machine
On attendait justement le trio suédois aux alentours de 21h mais un problème lié à leur vol a contraint les organisateurs à décaler le concert. Ce qui n’a pas empêché le public de répondre présent pour se prendre ce que beaucoup ont considéré comme la plus grosse baffe de la journée. On s’en doutait légèrement rien qu’en écoutant les balances et ce son de basse que nos tympans ont aimé détester. Et l’ensemble du show de Monolord restera sur la même teneur : du doom bien gras exécuté à la perfection. A la basse, Mika Häkki malmène son instrument et balance les riffs plus lourds les uns que les autres. Derrière lui, Esben Willems fait trembler les fûts pour créer cette rythmique ravageuse et bougrement efficace et ne cesse d’augmenter l’intensité au fil des morceaux. Thomas Jäger s’occupe du reste avec cette guitare bourdonnante et lancinante et sa voix qui, sans être originale, complète parfaitement le job des instruments. Déjà bien chaude, la foule se déchaîne de plus belle sur “Empress Rising”. Certains n’en sortiront pas totalement indemnes mais le jeu en vaut la chandelle. En plus d’une heure, Monolord a mis tout le public bourlonais d’accord. Tout simplement Impressionnant.
Monolord
La première journée se termine donc de façon épique. Cinq groupes aux styles très variés se sont succédé sur scène et ont chacun offert au public mêlant connaisseurs et curieux des prestations de qualité. Rendez-vous dans quelques heures pour la suite !
La veste à patch qui te confirme que tu es au bon endroit
La seconde journée débute comme la première avec un temps splendide et un site nickel. Il faut dire que nous avons vu hier un public très respectueux des lieux, utilisant les bidons/poubelles placés çà et là. Ce genre de petits détails qui, mis les uns à côtés des autres, prouvent encore une fois le sérieux de l’organisation.
Ce n’est pas la scène qui accueille le premier concert de la journée mais une tonnelle placée du côté du mini-market. Durant deux heures Koonda Holaa and The Absolute Never se la joue à la cool, sans pression. Un peu de psyché, une bonne touche de blues avec un petit soupçon d’expérimental. C’est parfait pour se remettre dans l’ambiance et commencer cette deuxième journée au programme bien chargé.
Les quatre Suédoises de Maidavale n’étaient peut-être pas les plus attendues de ce samedi ensoleillé mais leur set n’a laissé personne de marbre. Elles avaient déjà créé la surprise à Berlin, au DesertFest, et ont encore une fois répondu présentes à Bourlon. La chanteuse Matilda Roth est omniprésente avec sa voix que les fans de Grace Slick (Jefferson Airplane) ont apprécié. Le quatuor a profité de son passage en terres françaises pour présenter son nouvel album Madness is Too Pure et même si leur rock psychédélique n’a rien de très original, elles savent apporter une petite touche supplémentaire pour rendre leur show énergique. A la rythmique, basse et batterie accompagnent parfaitement les envolées fuzzy de la gratteuse qui alterne entre riffs bluesy et solos psychédéliques. Maidavale ne prend pas de risque mais a tout de même bien assuré. Le quatuor continue de faire son bonhomme de chemin dans la sphère stoner/psyché. C’est mérité.
Maidavale
On change complétement de style en passant de quatre suédoises à quatre mecs bien roots. Ecstatic Vision si vous ne les connaissez pas, c’est l’assurance de voir un concert bien rock avec un frontman qui conduit sa troupe et son public pour leurs faire sortir toute leur énergie. Si vous accrochez musicalement vous passerez un très bon moment, dans le cas contraire, vous regarderez ça de loin. Ecstatic Vision c’est une débauche d’énergie et de décibels. C’est un chanteur qui chante, crie et harangue les foules autant qu’il peut, n’hésitant pas à grimper sur les haut-parleurs (un grand classique chez lui). C’est aussi un guitariste/saxophoniste qui se donne sans compter et balance tout ce qu’il peut comme si c’était son dernier concert. Bref, vous l’avez compris, le groupe nous a sorti un set dans la pure tradition Ecstatic Vision. Le public se laisse prendre au jeu et l’échange public/groupe est parfait. Un très bon set d’un groupe qui se donne sans compter.
Ecstatic Vision
Typique d’un festival, on rechange encore de style avec le groupe suivant. Les blagues sur le nom du groupe n’ont pas manqué avant le passage des Hollandais… Mais une fois sur scène, Gold a su captiver le public pour un show en dents de scie mais tout de même intéressant. Au chant, Milena Eva fait office de chef de meute aux côtés de ses cinq musiciens. Il faut avouer que la présence de trois guitaristes n’est pas toujours cohérente mais n’empêche pas le groupe d’envoyer la sauce, à leur manière. Comment définir le style de Gold ? Difficile tant les influences sont nombreuses. Un peu de psyché par ci, du rock un peu plus lourd par là avec quelques passages calmes où la chanteuse prend possession de la scène. L’ensemble du show semble justement calé sur les envolées lyriques de Milena Eva, un peu trop par moments où on aurait aimé que les instrus prennent un peu plus de place, surtout avec trois guitaristes… La fin du concert est un peu plus rythmée mais les avis sont partagés: il y a ceux qui aiment et ceux qui détestent et jugent la prestation trop lancinante. Une affaire de goût.
Gold
La suite, elle, va mettre tout le monde d’accord. Karma To Burn égraine les scènes depuis plus de 20 ans. Seul membre originel encore dans le trio, William Mecum n’a plus grand chose à prouver… et presque plus rien à proposer de vraiment nouveau. Mais on s’en fout carrément. Et vu le nombre de T-shirts estampillés Karma to Burn en ce samedi, on n’était pas les seuls. Il suffit que les trois lascars originaires de Virginie branchent leurs instrus pour que la sauce monte en moins de trois secondes. Visiblement heureux d’être là, les Ricains de K2B (pour les intimes) balancent leurs plus vieux riffs avec toujours autant d’entrain. Casquette vissée sur la tête et lunettes noirs sur la tronche, Mecum envoie les premières notes de “Thirty” et laisse échapper un léger sourire en voyant la fosse jumper comme il se doit. Le son est bon, très bon même, et ce ne sont pas quelques légers problèmes techniques à la basse qui viendront contrecarrer les bonnes attentions des Ricains. Le trio enchaîne avec ses classiques issus de Wild Wonderful Purgatory et Almost Heaten avec une sérénité presque détestable. Le show est rôdé, équilibré et on ne voit pas le temps passer. “Tout le monde va bien ?”, demande William Mecum. La réponse est unanime, bien sûr que tout le monde va bien ! Sans surprise, K2B termine le set avec son traditionnel “Twenty” qui emporte tout sur son passage. “C’est du lourd” gueule un groupe de jeune une fois que le groupe a quitté la scène. “Ce sont eux les patrons”, surenchérit un autre mec un peu moins jeune. Tout est dit.
K2B
En parlant de patrons, certains étaient pour K2B, d’autres pour Eyehategod.
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, EyeHateGod se trouvait bien tout en haut de l’affiche de ce Rock in Bourlon 2018. Alors oui, il fallait assurer, avec un gratteux en moins qui contraint le groupe originaire de Louisiane à reprendre une formation à quatre. Le show démarre par un simple “Fuck you, we are EyeHateGod” signé Mike Williams qui en dit long sur leur motivation du soir. Le public est déjà bien acquis à leur cause mais les Américains vont faire bien plus que le contenter ; ils vont littéralement l’assommer.
Pétard au bord des lèvres, Jimmy Bower déballe les riffs les plus gras du jour. La section rythmique n’est pas des plus originales mais elle fait le boulot pour laisser la place aux deux foufous que sont Williams et Bower. Il ne faut pas se le cacher, on craignait que le chanteur s’autorise une sortie de route et se retrouve dans un état peu propice au chant mais il n’en est rien : Mike Williams donne tout ce qu’il a, malmenant son micro et le pied qui va avec dès qu’il en a l’occasion. Sur “Blank” comme sur les autres titres phares de EHG, le public headbang d’une seule tête, créant une ambiance fantastique.
Le quatuor termine en apothéose avant de quitter la scène sous la plus belle ovation du week-end… avant de revenir pour checker quelques poings et serrer des paluches, en tout humilité. Et si c’était ça la marque des grands groupes ? En tout cas à Bourlon, EyeHateGod a marqué les esprits pour un sacré moment.
Eyehategod
Difficile de s’en remettre mais il reste tout de même un concert pour clôturer cette magnifique édition du festival. Certes une partie du public, laminée par les deux sets précédents, a déserté le devant de la scène mais il reste un bon paquet d’irréductibles pour accueillir Five the Hierophant, groupe estampillé « Psychedelic Black Doom Jazz ». Et franchement oui, c’est exactement ça. Dans une tenue digne d’une messe noire, les londoniens proposent une musique très particulière et difficilement associable à quelque chose de connu. C’est très Doom et Black et c’est surtout très bien exécuté. Le son est excellent permettant pour celles et ceux qui ne les connaissent pas de pouvoir se faire une très bonne idée de leur musique et pour les fans de se régaler. Les festivaliers prennent ici une bonne dose de décibels avec un set très solide par un groupe qui a certainement gagné quelques adeptes.
Five the Hierophant
Difficile de quitter ce village mais voilà, l’édition 2018 du Rock in Bourlon se termine. A l’heure du bilan côté spectateur la conclusion est vite trouvée. C’était parfait. Le site, l’organisation, les groupes, l’ambiance, difficile de trouver la moindre chose à reprocher. Côté groupes, gageons que l’impression fut la même. Il faut dire que certains signes ne trompent pas. Bon nombre de musiciens se sont mêlés à la foule durant les concerts (mention spéciale aux membres de Ddent présents les deux jours) répondant parfois aux sollicitations très polies des fans les reconnaissant sans pour autant abuser en selfies et autres coutumes. Doug Sabolick (Ecstatic Vision) tranquillement au bar, Mike Williams (EHG) regardant une bonne partie du concert de Gold ou encore les quatre suédoises de Maidavale assistant au concert d’Ecstatic Vision (et facile vainqueur des photos avec le public), voici quelques exemples parmi tant d’autres.
L’édition 2019 est déjà annoncée (pas de groupes à l’heure de cette chronique bien sur) et si vous aviez en tête qu’un festival gratuit/à participation libre était forcément le genre d’événement à éviter (boisson/bouffe trop chères, groupes nazes ou en service minimum, organisation à la ramasse etc…) et bien nous ne pouvons que vous inciter à revoir votre jugement et à ne pas hésiter à faire quelques kilomètres (il y a un camping ! n’hésitez pas à venir de loin) pour vous en prendre plein les oreilles dans des conditions idéales avec un combo organisation/groupes/public au top.