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UNCLE ACID & THE DEADBEATS + SPIDERS – 20/10/2015 – Lyon/Feyzin (L’Epicerie Moderne)

Sans titre-1

Un mardi soir d’octobre comme les autres sur Lyon, à ceci prêt que Tonton Acide est en ville, accompagné de son orchestre aux Temps Morts et d’Araignées dans ses bagages. Enfin en ville, en banlieue plutôt, L’Epicerie Moderne ayant cet inconvénient d’être assez excentrée du centre de la ville des lumières.

De manière assez étonnante et malgré une tournée en adéquation avec son rang et la qualité de son nouvel album, « The Night Creeper », Uncle Acid figurait aux abonnés absents des affiches des festivals d’automne sur lesquelles il eut pourtant été plus qu’à sa place. Hasards du calendrier ou négociations avortées en hauts lieux, cela ne nous regarde pas…

Quoiqu’il en soit, cette première visite en terres rhodaniennes  de Kevin et ses acolytes se sera fait attendre. Étant donné le CV étoffé qu’ils peuvent se targuer d’avoir à proposer, il parait même incongru que les anglais ne soient pas encore passés dans le coin.

Spiders est en charge de chauffer la sono. On peut dire que ces suédois, qui viennent nous présenter leur nouveau EP, ont pour le moins le vent en poupe puisqu’après cette tournée de 34 dates ils s’embarqueront pour les USA avec, excusez du peu, leur compatriotes de Graveyard. Classe, sur le papier ça présente bien. Sur les planches, où on ne peut pas tricher, on a droit à un rock un peu stoner, un peu psyché par moment, avec une chanteuse qui danse et qui tambourine. Évidemment le parallèle avec un certain Blues Pills sera inévitable, et bien réel. La demoiselle a beau se démener à l’aide de son bel organe (vocal), d’une jovialité et d’une implication sincère à chaque instant, il deviendra rapidement assez vite difficile de trouver le petit plus dont le groupe aurait besoin pour se démarquer de ses influences, aussi bonnes soient-elles. Musicalement les gars font leur boulot honnêtement, légèrement handicapés par un mix brouillon et déséquilibré, sympatoche en somme mais hautement téléphoné, un téléphone avec cadran rond et fil tortillé. Espérons que le néanmoins fort agréable revival 70’s ne se morde pas déjà la queue même si forcément il va être compliqué à réinventer…

Autant dire qu’on change de cour de récréation avec la tête d’affiche du soir. Malgré un public bizarrement attentiste mais attentif, les Tontons vont assurer leur statut en phase avec un rendu sonore, comme souvent dans cette salle, d’excellente facture. A l’instar du travail de mixage sur les albums, la grosse caisse n’est pas sur-dosée comme il est (trop ?) souvent proposé, comme une sorte de coutume, à nos fragiles mais avides esgourdes. Le modernisme de l’équipement  du lieu n’empêche donc pas la patte « vintage », chère au groupe, de rester de mise. Bien sûr les amplis et manches d’époque sont aussi de la partie, renforçant cette sensation de flash-back musical. Progrès depuis leur apparition remarquée au Hellfest il y a deux ans et même si elles étaient déjà largement correctes, les lignes de chant, marque de fabrique pour le moins exigeante du quatuor, sont désormais parfaitement assurées et équilibrées, à deux voire à trois. On sent qu’un line-up enfin à peu près stable et constitué d’excellent musiciens a du aider à développer cette cohésion qui fait plaisir à voir et à écouter. Ajoutez à ça un jeu de lumières sobre mais travaillé en fonction des ambiances des morceaux et vous obtenez un show maîtrisé de mains, doigts et voix de maîtres.

Quand on a aisément de quoi piocher dans une discographie fournie et haut de gamme, on peut se payer le luxe de proposer à l’audience une set-list aux allures de best-of, compilant les tubes attendus et presque devenus inévitables (« Mind Control », « 13 Candles » et un toujours jouissif « I’ll Cut You Down » en tête) avec tout de même une grande partie allouée au dernier bébé, dont les chansons passent comme on pouvait s’en douter le cap de la scène avec le brio qu’on commence à connaître. Mention toute spéciale à ce « Melody Lane » lancinant et entêtant.

Et bien, pour un début de tournée l’ensemble est déjà sacrément bien rodé, et il serait très intéressant d’assister à l’une des dernières dates de celle-ci, histoire de voir si le groupe a encore une marge de progression et confirmer qu’il est en passe de devenir un très grand, un incontournable de notre ère. A bientôt Tonton.

DESERTFEST Belgium – Jour 3 (Goatsnake, Fatso Jetson, Bongzilla, Ufomammut, Valient Thorr, …) – 11 octobre 2015 (Trix – Anvers, Belgique)

Pas de citation de l’illustre André Gide pour entamer cette chronique du dernier jour de festivités du dernier événement de la franchise Desertfest se déroulant cette année. Pas non plus de citation des illustres poètes belges que sont François Damiens ou Jean-Philippe Smet, mais une pensée émue à l’adresse du Roi du désert : Monsieur Mario Lalli qui apprit le décès de son père en posant, à Prague, les pieds sur le Vieux-Continent et décida tout de même de mener à terme la tournée européenne pas encore entamée. Nous lui adressons nos meilleurs messages et tenons à le remercier de nous avoir offert cette prestation Anvers et contre tout.

A part ça, une partie de l’équipe a guinché nuitamment après les derniers riffs dispensés la veille et l’autre partie (en charge des vidéos qui vont bien et des photos qui pètent) est partie sagement se coucher (enfin on s’entend, vus les horaires de la manifestation) afin de s’adonner quelque peu au tourisme durant cette seconde matinée dévolue à la culture (sans son gros cul). Ainsi, la suite de la Vieille Ville, les rives du fleuve, les quartiers où pullulent les hipsters et autres bobos, les vitrines réputées de certaines ruelles ainsi que les devantures des bars chassant à la mi-journée les derniers assoiffés à la démarche peu assurée constituèrent la partie culturelle. Outre les bipèdes titubants, les touristes et les nombreux scouts, nous eûmes même la chance d’assister à une représentation musicale qui n’aura pas échappé aux esprits affûtés qui ont regardé notre compte-rendu vidéo. Bref c’était le dernier jour et l’affiche était carrément bandante ; en route pour le Trix !

 

BLACK-BONE1 - black bone - IMG_3353

Pour se remettre dans le bain en ce (déjà) troisième jour, c’est (encore) un trio à qui revient l’honneur de décrasser la très bonne et très forte sono de la Vulture Stage. Et on peut dire qu’il le fera avec brio, même si niveau originalité on repassera… Au moins la musique de ces jeunes néerlandais transpire la sincérité et le hard rock de nos chers précurseurs. C’est l’implication toute particulière du guitariste/chanteur qui aidera à faire se mouvoir à nouveau nos cous endoloris, communicant bien avec le public et bien appuyé par une basse solide ainsi qu’un batteur qui cogne fort à cette heure de digestion. Une sympathique mise en bouche.

 

CRYSTAL HEAD2 - crystal head - IMG_3376

Alors que le show du trio d’Eindhoven bat son plein dans la plus petite salle du festival, le trio londonien fait parler la poudre à l’étage. C’est malheureusement devant un public assez peu impliqué que les Britanniques vont exercer leur art dans un Canyon assez mort. Ce troisième jour de foire aux riffs paraît être une épreuve assez douloureuse pour certains (que la pudeur m’interdit de citer ici car j’ai une putain d’éthique !). Malgré le manque d’enthousiasme assez marqué au pied de la scène, c’est une autre limonade sur la scène. Les Anglais sont à fond dans leur stoner rock heavy lorgnant sur l’indé. C’est énergique quand il le faut et ces garçons savent lever le pied juste ce qu’il faut quand il le faut. Le chanteur, dont le charisme est remis en question par certains pâles types, assure bien son rôle de pièce centrale malgré la convergence des regards vers l’impressionnant batteur tatoué qui tape sur son instrument avec la précision chirurgicale d’un bombardier supersonique rétablissant la paix dans des terres éloignées. L’exercice est mené à bien à l’anglaise et ces garçons loin du brouillard de la Tamise auront réussi à extirper quelques têtes des arrière-trains où elles s’étaient foutus à force de consommer les cervoises locales. On quitte rapidement la salle pour aller supporter nos potes qui fourbissent leurs armes à l’étage inférieur.

 

GLOWSUN3 - glowsun - IMG_3436

Quel plaisir de retrouver Glowsun en ouverture du dimanche de la Desert Stage. Armés d’un « Beyond the Wall Of Time » fort goutu et d’une tournée conséquente, nos Ch’tis vont prouver qu’ils méritent (enfin) une certaine reconnaissance et faire honneur à leur rang. Le mix terrible fera partie des meilleurs du week end, tout comme les effets en fond de scène, travaillés essentiellement à partir des pochettes élaborées par Johan, guitariste et chanteur à ses heures perdues. Le set passe très vite : les morceaux, quasi-instrumentaux, mélangent stoner psyché à des passages plus doom, toujours de haute volée. En quarante minutes, le trio interprètera une poignée de titres issus de son dernier album (à l’image du très efficace “Behind The Moon”) mais aussi plus anciens, comme les classiques live que sont devenus “Dragon Witch” et “Death’s Face” de Eternal Season. Parfait pour recueillir les suffrages du public présent, assez nombreux proportionnellement à cette heure de la journée. Une réussite en tous points qui confirme si besoin était encore l’étendue du talent du trio du Nord, chapeau.

 

FEVER DOG4 - fever dog - IMG_3556

On savait que la journée serait lardée de choix draconiens, et donc de frustrations. La première sera la conséquence de notre souhait de ne pas rater la fin du set de Glowsun, ce qui nous contraint à manquer le début de Fever Dog qui prend la petite scène Vulture avant que les nordistes n’aient terminé leur prestation. Autre effet de bord de cette situation, la salle n’est pas très remplie devant le trio californien, qui fait partie des bagages de Fatso Jetson sur leur petite tournée européenne. Dès qu’on ouvre la porte de la petite salle, les volutes psyche nous absorbent avec une belle efficacité, reconnaissons-le. Petit à petit, on se laisse capter par les subtilités bluesy et les nappes rythmiques planantes dressées par « Thunder Child »(!), le bassiste – une basse un peu trop sur-mixée, disons-le, ce qui laisse trop peu d’espace aux plages psyche portées par « Golden Dove » (!!) le guitariste. Le trio, scéniquement un peu monotone (le genre musical ne se prête pas à la gaudriole ou au headbanging-le-pied-sur-le-retour, reconnaissons-le) fonctionne très bien, et la dynamique instrumentale s’en ressent, avec des passages propices à quelques jams bien senties. On aime bien, mais le planning trop tendu (coincé entre deux groupes) rend l’expérience trop stressante pour parfaitement apprécier ce set. A revoir.

 

TANGLED HORNS5 - tangled horns - IMG_3637

Les régionaux de l’étape – comme on dit dans l’enfer du nord – débutaient leur set à l’étage alors que les clébards avaient encore des poussées de fièvre sur la petite scène. Étrange placement pour ce groupe qui, je dois l’avouer, ne bénéficie pas d’une aura très impressionnante en dehors de leurs plates contrées : ils sont sur la scène médiane à une heure où le festival est plutôt bien fréquenté. Je ne vais pas m’éterniser sur ces quelques considérations et décide de ne pas perdre une miette de la prestation de ces gens qui sont pour moi de parfaits inconnus. Je suis quelque peu déconcerté quand je vois un des quidams en place sur scène arborer un shirt de Lulu Reed – comme on dit chez Hetfield – mais, ne sachant pas à quoi m’attendre, me prépare à tout ! Bien joué – comme on dit chez Saint-André – car les Belges attaquent en force. Ça vocifère sévère derrière le micro et le responsable de tout ça va assurer une sacré prestation qui s’avérera une excellente mise en jambe – comme on dit dans les travées du Bosuilstadion – pour la performance énergique de Valient Thorr qui les suivra au rez-de-chaussée. Le sludge, aux accents stoner, de ces bipèdes dépote sacrément et leur chanteur bousculant les retours, se suspendant à peu près partout et se projetant presque de la scène pour hurler sera un élément central, voire le premier contributeur, à la réussite de cette performance même si ce type a plus de don pour foutre le feu – comme on dit chez les Smet – que pour délivrer des performances de haute technicité vocale. On s’en tamponne carrément car ça a été foutrement bon de se cogner une prestation jouée pied au plancher par des esprits barrés qui ont envoyé toutes leurs forces dans cette bataille. Le bilan de cette bataille ne supportera aucun protêt – comme on dit en Ecosse – tant ce groupe a marqué des points en envoyant un set nettement plus couillu que ce qu’il délivre sur disque. Un chaos organisé qui transpirait l’urgence par tout les pores un peu dans la tradition des grands courants alternatifs – comme on dit dans la fratrie Young – pas nécessairement empreints de virtuosité, mais foutrement efficaces : ça fait résolument du bien par où ça passe.

 

VALIENT THORR6 - valient thorr - IMG_3722

Un petit moment sacrément rock ‘n roll en cette fin d’après midi ? Avec grand plaisir, mais alors avec une bonne de de heavy metal SVP ! Servi par un groupe en pleine forme physique, Valient Thorr va rapidement réussir à faire bouger sévèrement les têtes et les popotins des festivaliers présents devant la grande scène. Le son est assez brouillon mais sied finalement pas mal au style pratiqué, hautement corrosif. On bat les records de tempos des trois jours avec des accents quasi punk et le chanteur Valient Himself va accaparer l’attention de l’audience avec ses incessantes déambulations, ses discours « engagés », ses vocaux enragés et sa barbe. Derrière, ça bastonne du fût, ça solote comme dans les années 80, ça bouge comme il se doit. Le concours officieux du plus grand nombre de sourires au mètre carré a un vainqueur potentiel. Les cinq z’amis ricains auront prouvé que le nombre assez important de t-shirts à leur effigie dans le public n’est pas usurpé.

 

MAUDLIN7 - maudlin - IMG_3875

Chaud devant ! Ne connaissant les belges ni des lèvres ni des dents, je m’infiltre discrètement jusqu’à devant la scène après la prestation énergique – et empreinte de politique – des Ricains. Je découvre un pédalier impressionnant devant moi et quand un t-shirt de Minsk se radine sur scène je ne peux retenir un large sourire : on va s’en prendre plein la chetron ! Nickel bleu ciel, je suis aux anges, les cinq belges envoient d’entrée de jeu des samples qui me rappellent les Dieux Isis. S’enchaînent ensuite des plans limites doom qui donnent un rendu très proche du défunt combo US cité précédemment, voire des premiers efforts de Cult Of Luna (j’ai pu le placer !). Sous leurs airs d’hipsters gentillets, les types d’Ostende ne tirent pas au stand pour gagner des alouettes ; ils allument Anvers avec un déluge sonique bidouillé par une flopée d’effets que leur vocaliste manie (tout comme la cymbale de son camarade du fond de la scène en fin de set). Je me déplace quelques instants au premier étage pour me plonger dans une autre ambiance puis dévale les escaliers quatre par quatre pour assister à la fin de ce concert orgasmique en compagnie des épicuriens qui partagent mon – bon –  goût : c’est clairsemé certes, mais bien fréquenté. On en a pris plein les oreilles et c’est clairement une des découvertes de ce festoche pour moi.

 

PAPIR8 - papir - IMG_3901

La journée est propice en atmosphères psyche-planantes, et les peu-connus Papir tiennent haut l’étendard musical du genre. Il suffit par ailleurs de se rendre dans les premiers rangs de la Canyon Stage (difficilement : la salle est bien remplie) pour s’immerger dans l’ambiance musicale (et pas que, les volutes herbiacées étant prégnantes…). Le trio instrumental danois ne brille pas par le charisme dévorant de ses protagonistes, ni par leur jeu de scène outrancier : calés en face à face derrière leurs rangées de pédales d’effets respectives, le bassiste et le guitariste du trio échangent groove de basse pour le premier contre soli quasi-continus pour l’autre, ordonnés par le batteur, véritable arbitre musical, qui sanctionne les échanges par des breaks bien sentis. Complètement immersive, la musique du trio fait mouche devant un public qui ondule, l’œil mi-clos et le sourire aux lèvres. Il en faut peu parfois : on a beau ne pas être ébahi par la performance intrinsèque dispensée sur scène, force est de constater que c’est d’une efficacité redoutable…

 

UFOMAMMUT9 - ufomammut - IMG_4058

Histoire d’enfoncer encore plus un clou déjà bien profond, Ufomammut pose ses (gros) amplis verts sur la Desert Stage et s’apprête à faire honneur à son nom, qu’il porte si bien. Quel son ! Le trio transalpin va s’employer à transcender et hypnotiser l’assistance à grands coups d’un doom gorgé d’effets, sonores et visuels (signés Malleus bien entendu). Les deux aspects se complètent à merveille, le glauque des images appuie parfaitement l’épaisseur musicale ininterrompue pendant une heure de grande classe grasse. Le batteur Vita semble avoir le regard vaguement perdu mais n’en met pas une à côté et Poia, concentré à tout faire bien sonner avec sa guitare, arbore un sourire qui en dit long sur la satisfaction de la puissance déployée. Les regards vont régulièrement se tourner vers Urlo, bassiste/chanteur plus extraverti dans son attitude et probablement habité par quelque chose ou quelqu’un, rappelant même en cela un certain Mike Scheidt… Bigre, qu’il va être difficile de se remettre d’une des plus grosses bûches du week-end !

 

3rd EAR EXPERIENCE10 - 3rd ear experience - IMG_4249

On quitte les projections, les riffs martiaux et le grand espace pour changer carrément d’ambiance en rejoignant la Vulture Stage afin d’assister au set de ces Ricains que Mario – un épicurien – a amené avec lui pour tourner en Europe. C’est dans un tout autre univers musical que leurs prédécesseurs que ces types vont s’illustrer avec brio. Pas d’artifices, pas de débauche de décibels, mais une excellente maîtrise musicale et une énergie savamment dispensée durant un set bref, mais remarqué. Remarqué parce que ces hippies – vieux me souffle-t-on dans l’oreillette droite – ont un putain de talent pour interpréter leurs compos très jams qui laissent pas mal d’espaces aux démonstrations de style. Ça joue – pieds nus- dans un registre psychédélique tirant sur l’acid, et le claviériste (qui pourrait être le gamin de n’importe lequel de ses acolytes aux crins blanchissant) juché sur un tabouret de bar fait un bon spectacle en gesticulant dans tous les sens. Le bassiste, qui occupe une position centrale sur scène, se fait plus discret quand son collègue à la six-cordes envoie ses soli d’un autre temps et, malgré un énième chevauchement entre la Vulture et le Canyon, ce groupe arrive à conserver un public nombreux dans le lieu exigu qui est en plein karma avec ses prouesses techniques de haut vol.

 

SIENA ROOT11 - siena root - IMG_4284

On a quand même l’impression de se faire un peu enfumer par le « concept » Siena Root : derrière une pseudo-philosophie revendiquée de groupe à géométrie variable, de concept multi-instrumentiste, etc… à chaque fois qu’on les voit c’est les mêmes musiciens ! Donc c’est dans cette optique qu’il faut aborder le groupe. A une nuance près : le chanteur a (encore) changé ! Bienvenue à Samuel Björö, qui apparemment rejoint désormais les trippants suédois. Le jeune vocaliste chante bien mais fait montre d’un charisme proche de celui de son pied de micro. D’ailleurs plus personne ne se le cache : le chanteur, de par son rôle dans le spectre musical dispensé par le groupe, est en quelque sorte la cinquième roue du carosse… Symptomatique : dès que le combo s’embarque dans l’une des sections full-instrumental dont il a le secret, le chanteur s’éclipse discrètement finir sa partie de Candy Crush derrière les amplis. Pour autant, il n’y a pas mensonge sur la marchandise, et le public, qui encore une fois remplit bien la Canyon Stage, goûte chaque minute de ce set efficace. Peu de groupes sont aussi performants dans le genre musical, et les amoureux transis de pattes d’eph’ et de hard rock 60’s sont aux anges. La performance du jour ne surprend pas les afficionados du groupe, mais c’est un peu la garantie sans risque, et on n’est pas déçus.

 

BONGZILLA12 - bongzilla - IMG_4343

La surprise du chef ce dimanche se nomme Bongzilla. Annoncés parmi les derniers sur l’affiche du Desertfest, pouvoir voir ces gars du Wisconsin, trop rares en Europe, dégouliner sur la Desert Stage ressemble un peu à la cerise sur le gâteau, un gâteau très spécial… L’ambiance très fumeuse et la crasse musicale développée ici sera purement jouissive, portée par la voix d’écorché vif de Mike Makela, casquette vissée et sourire en coin. La façade se règlera très vite pour se faire proprement crade à souhaits. Jeff “Spanky” Schultz, le deuxième guitariste semble se cantonner étonnamment à son coin de scène tandis que le bassiste ne fait qu’un avec son compère de couvre-chef. Et que dire de cette complicité avec ce batteur hallucinant, Mike “Magma” Henry, portant les riffs assassins de ces pionniers du sludge avec son jeu technique et nuancé ? En une heure aux allures de best-of (« Greenthumb » et un énorme « Grim Reefer » en tête), Bongzilla va juste nous rappeler qu’il est l’un des patrons de ce style, en somme un rock ‘n roll bluesy ultra dégueulasse qui en laissera plus d’un sur le carreau (de chemise).

 

CHILD13 - child - IMG_4524

Le trio des antipodes a le vent en poupe ; il n’était donc pas démérité de les voir sur scène lors des trois événements majeurs du mois d’octobre : le Up In Smoke, le Desertfest Belgium et le Keep It Low. Ce qui était un peu moins compréhensible c’est leur placement sur l’affiche. Je m’explique : ces lascars plaisent à un grand nombre d’aficionados du style que nous chérissons par ici, et, bonne chose, ils jouent au moment de la pub durant le premier film (ou la joute culinaire ça dépend), ce qui est plutôt cohérent avec leur statut. Par contre, ils jouent alors que tout le monde va se tirer un verre de quelque chose après la fort attendue prestation tout en vert des chantres du chanvre et sentiront, du haut de leur scène, les escaliers trembler au beau milieu de leur show tandis que le plus grand nombre rejoint le Canyon pour admirer Fatso Jetson. Dommage je dis ! Rageant même, car leur prestation bluesy et psychédélique, avec ce qu’il faut de plans heavy pour corser le tout, était du meilleur effet. Gonflant parce que sur la petite scène le trio s’en sortait à merveille et avait réussi à convertir un public quelque peu sonné par les accords abrutissants de Bongzilla (à moins que ce soit par les cigarettes vertes fumées sous les encouragements des Etasuniens). Et putain qu’est-ce que j’étais content d’avoir assisté à toute leur prestation bâloise la semaine précédente quand j’ai dû moi aussi entamer ma transhumance au Canyon avant la fin de leur set aujourd’hui, afin d’être bien placé et fin prêt à filmer (et photographier aussi un peu) la prestation de Mario et de ses acolytes. C’est chiant d’avoir écourté ma présence alors qu’un véritable collectif hyper prometteur – et très au point techniquement – envoyait du blues distordu avec la manière. C’est nul, mais c’est ainsi : personne ne pouvait m’empêcher d’assister à la performance du King Lalli. Je peux par contre témoigner, sans commettre de parjure, que les Australiens aux chemises à carreaux ont délivré une première partie de set qui envoûta bien au-delà du cercle d’amateurs de plans apaisés avec ses plans bluesy suintant la testostérone.

 

FATSO JETSON14 - fatso jetson - IMG_4602

Mario Lalli monte sur scène quelques minutes avant l’horaire prévu (pour notre plus grand plaisir) et salue le « Belgium Fest… euh Desertfest, pardon ». Un peu déstabilisé le Mario ? Il ne perd pas plus de temps et jette en pâture au public « Magma », l’un des classiques du combo emblématique du desert-rock originel (et original). Le grand guitariste est évidemment accompagné de l’indéboulonnable et remarquable Tony Tornay derrière les fûts, ainsi que d’un bassiste inconnu (mais excellent). Le trio ne tarde pas à (é)prouver ses compétences musicales en terminant le titre par une section jammée de plusieurs minutes. Et les titres suivants s’enchaînent de manière un peu déstabilisante, car dans la même tendance chargée en sections instru quasi-improvisées. Déstabilisant, car on est habitués avec Fatso à des titres charpentés, très structurés, aux mélodies complexes et intriquées. Des set lists bariolées, chargées de compos bien distinctes, or là, les morceaux se fondent quasiment les uns aux autres, les structures s’étiolent, et l’ambiance en devient vraiment particulière, atypique en tout cas. Il est bon de préciser (ou rappeler) que le talent des musiciens permet à cet exercice de ne jamais tomber à plat et le trio est complètement en phase sur scène. On se délecte de la poignée de classiques composant cette set list évidemment impeccable brassant toute sa carrière (« Light yourself on fire », « Salt Chunk Mary’s », un ou deux inédits, …), bien qu’interprétée de manière un peu particulière.

(sans s’appesantir on notera le courage de Mario qui se trouvait sur scène avec le sourire et le respect de son public, alors qu’il était confronté à un décès dans sa famille qui pour 99% des musiciens aurait suffi à annuler la tournée).

 

GOATSNAKE15 - goatsnake - IMG_5064

Point d’orgue du festival pour beaucoup (pas forcément la majorité d’ailleurs, la salle principale n’apparaissant pas forcément aussi remplie que la veille par exemple), Goatsnake n’aura besoin que de quelques secondes pour mettre tout le monde d’accord : l’enchaînement old school des imparables « Slippin’ The Stealth » et « Flower Of Disease », associés au lourd et gras « The Orphan » terrassent la fosse. Le son qui sort des amplis de Greg Anderson n’a tout simplement aucun équivalent à l’heure actuelle : colossal, rond, agressif, il caresse l’oreille et laboure le cerveau (à moins que ça ne soit l’inverse). Chaque riff est un nouveau boulet rouge, et il tient quasiment seul les fondations instrumentales de l’édifice. Il serait injuste pour autant de passer sous silence la section rythmique (même si Anderson contribue aussi en rythmique autant qu’en lead), avec en particulier un Scott Renner à la basse lui aussi doté d’un son énorme, tellurique. Les instrumentistes ne sont pas uniquement en place sur un plan musical : la scène leur appartient, ils y évoluent avec aisance en pleine conscience de leur force de frappe. Mais difficile de concurrencer le charisme Pete Stahl, qui ne mettra qu’une dizaines de minutes à être complètement habité par sa performance. A vrai dire, on ne le tient plus, il capte tous les regards notamment grâce à son comportement habité : il évolue dans chaque recoin de la scène, va sans arrêt au contact des premiers rangs pour chanter avec le public, s’empare de ses instruments d’appoint (harmonica, tambourin…), joue avec son micro, se contorsionne… Hanté. Inutile probablement de mentionner la qualité de sa prestation vocale : même si certaines notes furent difficiles à atteindre, l’émotion et la puissance véhiculées n’auront jamais failli. Niveau set list, que du tout bon. On notera en particulier un superbe « House of the Moon » (où le chauve chanteur nous rappellera que c’est une allusion pas vraiment dissimulée à un certain ranch-studio du haut-désert californien au nom hispanisant où il a eu ses habitudes…) et une conclusion sur « Elevated Man », qui verra Mario Lalli venir taquiner la guitare avec ses potes, dans une ambiance de camaraderie qui représentera un sommet de ces trois jours de festival. Poum.

 

WHEEL OF SMOKE16 - wheel of smoke - IMG_5154

Il paraît que tout a une fin. La fin de ces trois jours d’excès et de musique est marquée par la prestation d’une formation belge a qui il appartiendra la lourde tâche de mettre un terme à un excellent festival. Tandis que ça se trémousse à l’étage, que ça erre dans les couloirs du complexe anversois et que ça démonte tout le bazar – les stands de bouffe sont fermés et il ne reste que trois pauvres LPs de Goatsnake là où quelques heures plus tôt s’étalait le merch des formations de la journée sur plusieurs panneaux -, le quatuor envoie un set de quarante-cinq minutes devant un parterre concis, mais content. Leur stoner rock flirtant avec des plans post rock, voire alternatif, trouve son public. Pour être très franc – et c’est le style de la maison – c’est pas le délire non plus devant l’estrade surélevée et ça pue la fin de la fête, mais le groupe assure jusqu’au bout son job. C’est bien dans le ton du festival, même si un peu dissonant et la construction du set est fort cohérente : ça ne verse pas dans le pathos du genre “c’est la fin” ; ça tient bien la route et nous passons d’agréables minutes alors que les Belges alignent leurs compos brèves qui me font penser à certains de leurs compatriotes pour ce qui est du subtil mélange de retenue et de débauche d’énergie articulant des titres construits avec l’intelligence des grands de la pop (oui je parle ici de dEUS pour ceux que ça intéresse). Au terme de leur prestation les musiciens sont en osmose avec leur public : ils sont ravis et c’est un excellent point final pour ce festival avant d’aller rejoindre le dancefloor où sont englouties les dernières boissons achetées avec les token grattés aux fonds des poches.

 

Le bilan de cette dernière journée est donc excellent. Il est en parfaite adéquation avec l’impression générale que nous laissa ce festival avec ce petit plus, en ce dimanche, qu’ont constituées la présence de Goatsnake (qui a conditionné la venue de certains), de nos amis de Glowsun et de quelques formations majeures (Bongzilla, Fatso Jetson, Ufomammut, etc.). Comme on dit par ici : dank u wel à tout ceux qui ont contribué à cette réussite : l’organisation sympathique et efficace, les agitateurs de la scène stoner européenne qu’on croise un peu partout et qui bougent leurs culs pour ce style sans vendre leurs âmes aux démons ainsi que le public vraiment très cool au sein duquel nous avons à nouveau fait des connaissances pour notre plus grand plaisir. Sortez vos agendas les enfants : il faudra être à Anvers du 14 au 16 octobre l’an prochain !

 

Par Chris, Laurent & Patapl

 

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Le video-report du Jour 3 du Desertfest filmé par Desert-Rock :

DESERTFEST Belgium – Jour 2 (Orange Goblin, Earth, Greenleaf, Belzebong, Mars Red Sky, …) – 10 octobre 2015 (Trix – Anvers, Belgique)

Comme me le rappelait André Gide (croisé à l’entrée du Trix, mais c’est une trop longue histoire pour la narrer ici) « choisir, c’est mourir un peu ». Cet adage n’aura jamais mieux trouvé sa parfaite application qu’en cette seconde journée du Desertfest Anversois. En effet, aujourd’hui plus que la veille, plusieurs concerts étaient planifiés simultanément, forçant vos serviteurs à des sacrifices hautement frustrants. Problèmes de riches ? Oui, certes… Heureusement, nous nous sommes démenés pour assister à tous les concerts, et collectivement, nous avons adoré !

 

PENDEJO1 - pendejo - IMG_1405

L’honneur d’introduire cette seconde journée revient à Pendejo, un groupe hispanophone en directe provenance… des Pays Bas ! Ben quoi ? Cette forte empreinte latine est retranscrite dans des paroles en espagnol, donc, au même titre que les interventions du chanteur El Pastuso à destination du public entre les chansons, ou encore via des passages de trompette d’abord saugrenus, puis finalement qui trouvent bien leur place dans le son du groupe. Musicalement le quatuor ne se résume pas à quelques gimmicks : ça défouraille pas mal sur scène, les riffs sont puissants et efficaces, et un gros groove jaillit régulièrement au détour d’un break ou d’une intro irrésistibles. Le public est encore peu nombreux (la soirée de la veille a laissé des traces) mais les présents ne regrettent pas et repartent avec le sourire.

 

PROGERIANS2 - progerians - IMG_1437

Après un premier épisode soutenu par du cuivre, le moment est venu de se refaire un petit plan step – notre penchant pour le sport nous perdra – pour nous blottir contre la scène de la Canyon Stage afin de se taper une nouvelle histoire belge. Celle-ci est très cohérente avec la performance que nous venons de quitter puisque la formation de Bruxelles s’illustre aussi avec une trompette (sous effets). Nettement plus sludge en ce qui concerne le rendu final, ces Belges peuvent compter sur un batteur qui envoie un bois énorme derrière son instrument. Le stoner très hargneux de ce groupe trouve son public parmi les amateurs de sensations fortes interprétées avec des grosses paires de couilles.

 

BELZEBONG3 - belzebong - IMG_1473

Le doom sera finalement assez peu représenté ce week-end, alors pour tous ceux qui aiment à headbanguer le plus lentement possible, ces coquins de BelzebonG sont immanquables et même spécialistes en la matière. Déluge de larsens et gros riffs sur gros riffs, la Desert Stage plonge dans l’ambiance très verte des bûcherons polonais. Car chez ces gens-là voyez-vous, tout est vert, des lumières aux cigarettes… Ça joue sur les genoux (gras) et ça secoue la tête jusqu’au sol, les morceaux instrumentaux flirtent, bien entendu, au moins avec les dix minutes et les riffs prennent leur temps pour exploser, ou imploser, c’est selon. Et vu que pour une fois c’est pas un trio, on a même droit à un deuxième guitariste plutôt balèze en solos et autres usages d’effets. Le dernier album « Greenferno » va certainement s’imposer comme un must du genre et on a probablement pas fini d’entendre parler d’eux. Merci pour la taloche les gars !

 

DEVILLE4 - deville - IMG_1655

Retour devant la petite Vulture Stage pour y retrouver un groupe que nous affectionnons depuis fort longtemps, Deville. Nous sommes d’ailleurs plutôt surpris de retrouver ce groupe si tôt dans la journée, sur la plus petite scène, alors qu’il a déjà prouvé son efficacité scénique depuis des années, à arpenter les scènes d’Europe sans relâche, et a lâché au fil de ses plus de dix ans de carrière de belles rondelles chez Buzzville, Small Stone, et désormais Fuzzorama, la maison de Truckfighters. Mais pas vraiment le temps de réfléchir, puisqu’Andreas nous prend à la gorge dès les premiers accords du heavy « Burning Towers », issu d’Hydra, sa production pour le label US. A noter que tous les titres de la set list du jour seront issus de ce disque ou du nouvel album, Make It Belong To Us (sacrément couillu de proposer plus de la moitié des chansons que la plupart du public ne connaît pas encore), à l’exception du toujours bienvenu « Deserter ». Confiant sans être arrogant, le quatuor hyper-énergique enquille les assauts presque sans interruption. Véritables baroudeurs du live, Deville déroule (encore une fois) un show sans accro, orienté efficacité, grâce à son heavy rock subtilement fuzzé, ne souffrant d’aucune lacune dans l’interprétation, où chacun se donne sans compter. Quel regret de ne voir ce set honoré que par un maigre public, beaucoup de monde restant hypnotisé par la fin du set de Belzebong, et/ou choisissant de privilégier Banda De La Muerte, préférant ne pas prendre un set au milieu… Mauvaise programmation dans tous les cas de figure.

 

BANDA DE LA MUERTE5 - banda de la muerte - IMG_1673

Après les lumières vertes et la fumée et une incursion en terres plus traditionnelles, le moment est venu de se taper une bonne tranche de stoner aux gros relents de punk (à moins que ce soit le contraire). Le Canyon anversois est investi par des Argentins furibards qui vont envoyer leurs brulots hyper speed pendant quarante minutes qui compteront pour certains festivaliers (dont je fais partie si ça intéresse quelqu’un). Véritable bulle d’oxygène parmi des formations au style parfois assez convenu (oui je parle de certains adeptes du psychédélisme n’apportant pas grand chose de novateur), le gang de Buenos Aires fera partie des bonnes surprises de cette édition. L’homme au bonnet qui se tient derrière le micro s’avérant un showman de qualité supérieure, il permettra à ces Sud-Américains de faire bouger les culs et les nuques durant un set foutrement énergique qui verra se succéder des compos mixant savamment stoner rock et influences punkisantes sur lesquelles seront braillées des paroles dans la langue ibère (qui est rude comme chacun le sait). « 8894 », leur production sortie en avril dernier saura convaincre les plus sectaires des adeptes de stoner convenu en partie grâce à la patte magique de Monsieur Jack Endino qui a tourné les boutons pour que ça sonne juste bien. Comme leur show quoi !

 

MONOMYTH6 - monomyth - IMG_1769

Avec deux excellents albums au compteur, les space-rockers hollandais ont de quoi de nous proposer quatre morceaux en une petite heure de la crème du genre. L’orgue très seventies est de sortie et le son de la grande salle fait encore une fois honneur au talent des musiciens. La batterie sait se faire présente et appuyée mais demeure  souvent hypnotique et répétitive, insufflant un côté krautrock pas dégueu. On est encore dans le pur instrumental, les trois quarts du dernier effort, « Further » y passent et les effets en fond de scène sont parmi les plus immersifs du festival. Tout le monde est à sa place, s’exprime confortablement et le concert, encore une fois, se déroule un peu trop rapidement car ouais, définitivement ça reste toujours un plaisir de se ré-embarquer dans les seventies…

 

SUNDER7 - sunder - IMG_2007

Cocorico ! On revient du côté de la Vulture Stage pour une spécialité lyonnaise : Sunder. Avant-même que ces dignes représentants de la relève du rock psychédélique francophone ne débutent leur set, on se pâme d’admiration devant le Mellotron blanc que ces garçons ont amené dans leurs bagages. Il en jette, l’instrument, et on se réjouit de l’entendre accompagner ses camarades durant la demi-heure de jeu accordée aux Gones. Nous allons vite être gâtés comme des coqs en pâte : l’orage psychédélique hexagonal est d’excellente facture et le clavier est bien présent dans la sono. Il l’est tellement qu’on se mettrait presque à chercher Jon Lord tant le rendu final a des accointances avec le son de Deep Purple. La set list est exclusivement constituée de titres de leur nouvelle incarnation, et les fans de The Socks n’auront rien à se mettre sous la dent ; la page est tournée, qu’on se le dise ! On tape du pied dans l’assistance et, victime d’une fenêtre de tir un poil trop brève par rapport à leur style, on regrette vite de n’avoir pas pu passer plus de temps avec cette sympathique formation qui paie le prix d’une grille horaire blindée en ce deuxième jour où les chevauchements entre les scènes Canyon et Vulture se succèdent. Tant pis je me rattraperai c’est promis !

 

VANDAL X8 - vandal x - IMG_2090

J’ai failli porter plainte contre Vandal X ; c’est à cause de ces deux Belges que je n’ai pas assisté à la totalité de la prestation qui les précédait sur la Vulture Stage et se télescopait dans mon planning pourtant mûrement préparé (on ne badine pas avec ça du côté de chez Desert-Rock.com). Il avait intérêt à être à la hauteur, le duo qui jouait en hauteur sur la Canyon Stage. Et bien mes cadets, je n’ai pas été déçu du voyage au premier étage : ces vandales confirment l’excellente santé du rock du Plat Pays qui est le sien. Un bipède à la guitare et un autre à la batterie qui s’échangent les parties chantées. Enfin j’écris chantée là où j’aurai pu écrire criées parce que nous sommes en plein dans le screamo avec ces lascars plutôt très au point techniquement. Parler de références dans la galaxie stoner n’est pas chose aisée les concernant et la filiation avec des génies étasuniens comme Sonic Youth est nettement plus adaptée à leur art. Ça a bien cogné durant quarante minutes et ouvert encore un peu plus le spectre musical de ce week-end de folie. Pas le temps de s’éterniser trop longtemps que, déjà, il faut s’engouffrer dans ce maudit escalier pour rejoindre la Desert Stage où une grosse sensation de cette fin de semaine nous attend.

 

GREENLEAF9 - greenleaf - IMG_2357

Retrouver Greenleaf en antépénultième place sur la main stage fait chaud au cœur, et illustre bien le chemin parcouru ces derniers mois par nos (presque exclusivement) suédois. Très vite, il ne fait aucun doute que cette exposition n’est pas volée, l’expérience scénique accumulée par le groupe leur donnant une assurance remarquable. L’occasion nous est aussi donnée de retrouver le bassiste des excellents (feu-)Grandloom, Hans, qui après un intérim de luxe assuré par Johan de Dozer, tient désormais officiellement la basse ; musicalement, le casting s’avère impeccable, le groove du jeune bassiste allemand s’intégrant à la perfection à la musique du combo. Le rouleau compresseur de hits stoner-blues déroule donc sa belle mécanique, enquillant une set list en tous points impeccable, à commencer par l’habituelle reprise chargée de soul du « Going Down » de Don Nix. Évidemment, les meilleurs titres de leur dernière galette en squattent les meilleures places, avec en particulier les catchy « With Eyes Wide Open » et « Trails & Passes » en conclusion. Mais au milieu, le groupe s’aventure enfin à déterrer de vieux bijoux, la timidité et le spectre vocal d’Arvid, le nouveau vocaliste, ne les y aillant pas incité jusqu’ici. Triste erreur tant on déguste entre autres le bluesy « Alishan Mountain » ou encore le rapide instrumental « Electric Ryder » (issu de leur premier album il y a presque quinze ans quand même). Mieux encore, le groupe nous réserve une paire de surprises sous la forme de deux nouveaux titres qui s’intègrent dans la set list comme un charme. Une heure de groove absolu, passée sous nos yeux et dans nos oreilles avec un infini plaisir.

 

BATHSHEBA10 - bathsheba - IMG_2437

Changement de ton un peu brutal, du coup (et c’est aussi ce qui fait le charme de ce festival) alors que l’on s’engouffre dans la lugubre (l’ambiance musicale y fait beaucoup) Vulture Stage pour assister au set de Bathsheba. Avouons-le : on est plutôt surpris de retrouver ce groupe un peu obscur (dans tous les sens du terme) aussi haut dans la hiérarchie de la journée. Le fait qu’ils soient belges est probablement entré en ligne de compte, à défaut de leur réelle notoriété (le combo ayant fêté récemment sa première bougie…). On n’y va pas non plus à reculons, curieux notamment de retrouver Jelle derrière les fûts, l’excellent frappeur de la machine de guerre Sardonis. Rien de démonstratif de ce côté-là, le batteur se révélant plus sobre dans cet exercice plus classique. Car oui, on assiste bien à une prestation de doom assez traditionnel, se démarquant de la « masse » grâce à sa vocaliste Michelle : bon, c’est pas Jex Thoth non plus, même si la ténébreuse chanteuse évolue dans un registre plus proche du metal que du growl guttural. Au final, le set passe bien, le doom classique du quatuor est très bien exécuté, et on se penchera sans doute avec curiosité sur leur premier album à paraître chez Svart Records.

 

MARS RED SKY11 - mars red sky - IMG_2598

Jamais encore vus, réputés en live et malgré mes réticences quant à leurs albums studios (la voix y est pour beaucoup, j’avoue), je déambulai vers la Canyon Stage sans a priori aucun, pour voir un des rares groupes frenchies à l’affiche cette année. Décollage imminent et voyage réussi , le trio nous embarque sans peine dans un set planant et maîtrisé de A à Z. Le chant si particulier de Julien, doux et aigu, porte finalement à merveille les morceaux épais et aériens des bordelais. Ce serait même une sorte de prouesse de parvenir à allier tant de mélodie avec tant de puissance. La basse ronfle grave et le jeu de batterie est à l’avenant. La confirmation du savoir faire de Mars Red Sky se fait donc sans accroc, plutôt même avec brio, et le set proposé ce soir donne clairement envie de se (re)plonger dans leur discographie.

 

ORANGE GOBLIN12 - orange goblin - IMG_2836

On ne pourra pas dire que l’on a eu le temps de se languir d’Orange Goblin cette année, encore moins dans un contexte festival, puisque nous les avons vus en tête d’affiche des deux Desertfest d’avril, ainsi que du Hellfest. Inutile de mentir, on n’avait pas la bave aux lèvres en arrivant dans la Desert Stage, même si, et les contre-exemples sont rares, le groupe déçoit rarement en live. Première non-surprise, « Scorpionica » ouvre le bal, comme d’habitude, et comme on s’y attendait ; enchaîné à « The Devil’s Whip », l’entame est redoutable. Sur scène les lascars sont à fond, souriants, le headbang au bord de la nuque au moindre riff (et ils pleuvent, ce soir). Le public s’y retrouve, pas de soucis. Histoire de nous déstabiliser un (tout petit) peu dans nos convictions et notre cynisme de vieux cons blasés, les anglais dégainent une poignée de titres moins souvent joués, notamment un heavy « Cities of Frost », mais globalement, on tourne autour d’une set list « taillée pour la route ». L’assurance tous risques, en gros. Soniquement, comme toujours, le mix live du groupe gagne en puissance et en gras ce qu’il perd en clarté, et on met systématiquement une poignée de secondes à reconnaître les riffs emblématiques des maîtres britons de la bûche. La conclusion, ô surprise, voit s’enchaîner un dévastateur « Quincy The Pigboy » et le rituel « Red Tide Rising » – titre qu’ils s’acharnent à garder comme conclusion systématique à leurs sets alors qu’une bonne torgnole heavy casserait bien plus efficacement les tibias d’un public qui, soyons honnêtes et observateurs, en redemande la bave aux lèvres. Bref, comme on pouvait s’y attendre, carton plein de la part des anglais, même si notre sens critique exacerbé (et notre petit côté fanboy, avouons-le) aurait adoré être surpris par une set list un peu plus aventureuse. Mais le groupe joue légitimement sur ses points forts, c’est probablement ce que 90% du public attendait ce soir, et il en a eu pour son argent.

 

USA OUT OF VIETNAM13 - usa out of vietnam - IMG_2990

Après celle que je considère comme la véritable tête d’affiche de la journée, le moment est venu de se presser dans le mouchoir de poche du Trix : la Vulture Stage où la formation de Montréal bénéficie d’un temps de jeu un peu plus long que les groupes qui l’ont précédée en ces lieux. Couvrant la totalité de la superficie de l’estrade haute d’une dizaine de centimètres, les Québécois seront un peu bloqués pour se déhancher comme il le faudrait (ça tombe bien : côté public on l’est aussi). Il est amusant de mentionner ici que certains (que je ne nommerai pas ; il faut pas déconner non plus) ne s’apercevront qu’en fin de concert que le groupe était constitué de trois bonhommes et deux gentes dames. Bref, musicalement ça tape cogne entre stoner, psychédélique, doom voire drone donc c’est la pâtée dans nos faciès durant trente-cinq tours de cadrant. Ça passe de plans planants puis le chauve au micro envoie du lourd sur fond de post-doom. On aime ou on n’aime pas, mais avec une quantité impressionnante de quidams venus se taper un concert de Earth, on est pile poil dans le registre qui fait mouche ce soir et la frange radicale du public ne bougera son cul au premier étage que quand les derniers copeaux seront tombés au sol.

 

CAUSA SUI14 - causa sui - IMG_3045

On continue notre tour du monde en faisant étape par le Danemark. Au tour de Causa Sui d’essayer de nous faire nous envoler vers les hautes sphères du psychédélisme instrumental. La Canyon Stage est fort bien garnie, en dépit d’une affluence somme toute moyenne durant l’ensemble du festival, probablement due à la « concurrence » Up In Smoke, Keep It Low et peut être aussi d’une programmation moins attirante au niveau des têtes d’affiche que l’an dernier, qui affichait complet.  Malgré un côté peut être un poil démonstratif, le quatuor à cordes, peaux et touches va se fendre d’une (courte) visite dans son riche répertoire. On a néanmoins la sensation d’une sorte de retenue, peut être le temps de jeu inadapté à l’improvisation, souvent suggérée dans leurs compos et appliquée à l’envie en live. Ainsi le set va se dérouler tout naturellement au travers de versions quasi identiques à leurs pendants studio. Les gars sont quand même bien à fond dans leur truc respectif et l’ensemble sonne méchamment bien, même si chacun semble un peu jouer dans son coin. Peut être des exigences trop importantes et les conditions pas forcément  idéales pour découvrir ce groupe en concert, mais une sorte de demie teinte frustrée ressort alors que ces  50 minutes furent plus qu’agréables. A revoir, vite.

 

EARTH15 - earth - IMG_3114

Joie et interrogations à l’annonce de Earth en tête d’affiche ce samedi. Certes, le groupe a la bouteille et le talent adéquat, mais est-il réellement à propos à cette heure et dans ces conditions ? On aurait déjà pu s’attendre à un côté visuel plus travaillé au vu des possibilités de l’équipement de la Desert Stage et de l’ambiance cinématographique chère au trio, environ le 312ème en seulement deux jours. Du coup on aura juste droit à la pochette du dernier album stagnant sur l’écran et un light show minimaliste ; soit, les ricains ont dû décider de tout miser sur la musique. Le jeu tout en gestuelle et en toucher de la batteuse est aussi agréable à regarder qu’à écouter, mais sur la longueur les plans proposés se ressemblent énormément, si bien qu’on peut avoir la désagréable impression d’écouter toujours le même morceau. « Monsieur Earth » à la gratte en fait en peu des tonnes, manifestant probablement son contentement d’être parmi nous mais créant une espèce de décalage avec le calme et l’introspection  de sa musique. L’excellent et rallongé « Omens and Portents 1 » fera quand même son petit effet, et la nécessité de revoir le groupe en salle toujours d’actualité.

 

HARSH TOKE16 - Harsh Toke - IMG_3274

La planète Earth vient de terminer sa lente révolution. Que faire ? Aller se trémousser sur les plaques passées par les deux DJs britanniques aperçus plus tôt sur scène en orange, ou bien se reprendre une rasade de plans psychés ? Entre les deux mon cœur a balancé, mais c’est du côté de la Vulture Stage qu’il a penché pour ce dernier set live de la journée (alors qu’il était déjà le lendemain pour ceux que ça intéresse). Les Californiens, qui se définissent comme des apôtres de l’acid rock, nous ont proposé un bon set bien long composé de plans à la fois saccadés et planants. Un cocktail savamment dosé qui a fait merveille pour clore cette avant-dernière journée de festival. Un mélange de Earthless pour les envolées à la gratte et de Danava pour la rythmique carrée qui s’avéra au final un compromis plus que correct pour satisfaire toutes les tribus encore présentes en ces lieux de perdition. Une gourmandise pour les cages à cérumen pour reprendre ensuite le chemin de nos pénates belges en arborant des sourires satisfaits sur nos minois plus tout à fait frais.

 

AFTER PARTY “SPAHN RANCH”z - after party DJ orange goblin - IMG_3265

Pour la fin de soirée, Ben Ward et Martyn Millard prennent en charge les platines de la Canyon Stage et accueillent dès la fin de soirée les derniers festivaliers qui terminent petit à petit leurs concerts et rejoignent le bar ou le “dance floor”, avec le sourire. Bonne ambiance, bières, bonne zique (des classiques metal, de la NWOBHM, des vieux classiques doom US ou UK, des classiques stoner, etc…) ont permis à chacun une fin de soirée bien sympa ! Bon esprit !

 

Par Chris, Laurent & Patapl

 

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Le video-report du Jour 2 du Desertfest filmé par Desert-Rock :

 

 

DESERTFEST Belgium – Jour 1 (Dozer, Stoned Jesus, Moon Duo, Monolord, …) – 9 octobre 2015 (Trix – Anvers, Belgique)

S’alignant sur les Desertfest, c’est à 3 – donc à six pognes – que l’équipe s’est relayée pour vous rendre compte de cette édition des festivités anversoises.

A peine arrivé à Anvers, la veille du Desertfest, on fonce vers la pre-party à l’ambiance très Jupiler qui se tient dans un lieu improbable. On assistera aux deux derniers morceaux de Gigatron 2000 qui a l’air d’avoir bien envoyé. Les copains de l’an dernier sont déjà là et les nouveaux de cette année aussi, cool.

C’est un plaisir de retrouver l’enceinte du Trix un an jour pour jour après une première édition du Desertfest Belgium franchement réussie. Au programme encore cette année : marathon de bûches, mojitos très épicés, bûches, bières, découvertes, tour du monde de la bûche et bières. Youpie !

 

PLANET OF ZEUS1 - planet of zeus - IMG_0449

Le choix du premier groupe d’un festival est toujours important : il donne le ton du festival et accueille les festivaliers qui vont s’en cogner quelques dizaines d’autres derrière (autant dire qu’il vaut mieux éviter de les gaver dès le premier groupe). On va donc plein de circonspection mais aussi plein d’envie rejoindre la minuscule « Vulture stage » (le coin de la zone bar, en fait, un truc plutôt intimiste) pour assister au set des grecs. On vient d’apprendre que le groupe a été retenu pour accompagner Clutch sur les premières dates de sa tournée européenne, ce qui nous laisse imaginer que le combo tient la route. Postulat vite validé, tandis que les Héllènes balancent les premières mesures d’un « Macho Libre » qui suffisent à rameuter le public qui hante les différents recoins et couloirs du Trix. Le quatuor enquille une bonne part de titres de son dernier album en date, sans oublier ses prédécesseurs (miam, ce riff de « Leftovers ») et le public qui se masse désormais devant les remuants musiciens apprécie ce qu’il entend (beaucoup) et voit (un peu – la scène ras-du-sol étant peu visible passés les premiers rangs). Les gars se démènent et ont de l’énergie à revendre, ce qui convient bien à leur heavy rock festif, enjoué et punchy. Babis communique bien avec le public, expliquant le thème de chaque chanson (réel ou pas…). Le set défile pied au plancher, tant et si bien qu’il leur reste quelques minutes en fin de set pour proposer un dernier titre jouissif, avec complément jam et solo. Très bonne entrée en matière.

 

PSYCHONAUT2 - psychonaut - IMG_0513

L’odyssée ayant bien débuté, j’ai à peine le temps de monter rejoindre le Canyon Stage – la salle moyenne du Trix – et son ambiance club avec des projections psychédéliques latérales pour me projeter du côté obscure de la force. Le trio malinois a du mordant : c’est bien sludge avec un bassiste en charge du chant clair et un guitariste aux vociférations. La débauche de stroboscopes – considérée comme pénible par certains festivaliers – amplifie le côté carrément bourrin des Belges qui arrivent à se foutre dans la poche une bonne partie du public plutôt branchée psychédélique alors que les bourrins présents s’en tapent une bonne tranche lors des parties barrées. La batterie disposée du côté à droite de la scène permet d’apprécier la haute technicité du musicien en charge de cet instrument. Lorgnant parfois vers le post-machin-chose-core, Psychonaut aura délivré une prestation intéressante qui n’aura pas non plus déclenché l’hystérie parmi le public qui commence à se faire plus nombreux en ce début de soirée. Pas le temps de se taper une portion de la spécialité régionale – les frites quoi – qu’il faut déjà rejoindre la grande scène pour le premier set à s’y dérouler.

 

MONOLORD3 - monolord - IMG_0617

Quelle judicieuse idée d’avoir permis aux suédois d’ouvrir l’excellente Desert Stage, la “Main stage” du Desertfest, en quelque sorte. Le fond de scène est intégralement occupé par un écran sur lequel seront projetées de chouettes images tout le week-end, renforçant l’immersion. Les balances de Monolord audibles depuis les abords de la salle présageaient du lourd et effectivement le trio nordique va nous balancer du parpaing par boîtes de douze. Servie par un son énorme et un chant impeccable, l’assistance qui n’attendait que ça se prend un doom monolithique de haute volée en pleine poire, confirmation scénique des deux très bons albums du combo. Le niveau est monté d’un gros et gras cran et le dévastateur “Empress Rising” restera à coup sûr un des tubes de ces trois jours.

 

THE HEAVY CROWN4 - the heavy crown - IMG_0682

Après cette petite baffe doom dans la grande salle, on s’engouffre à nouveau dans la minuscule « Vulture stage » pour découvrir un petit groupe de régionaux, The Heavy Crown. Niveau mise en place, disons-le tout de suite, le contraste ne joue pas en faveur du trio belge : même si leur set n’est pas décousu, on sent que le groupe est jeune et même si son stoner 70’s occasionnellement psyche est assez efficace, on est loin du rouleau compresseur scénique. Musicalement, le set de quarante minutes tient la route, on ne s’ennuie pas franchement, car même si le groupe ne transpire pas l’originalité par toutes ses pores, il ne plagie jamais et apporte quelques plans et gimmicks intéressants. Un peu trop statiques (intimidés ?) ils gagneraient à se lâcher un peu, même si le public, assez nombreux, semble apprécier.

 

THE MACHINE5 - the machine - IMG_0790

Avantage et inconvénient de ce type d’événement, pas le temps de se remettre d’une bûche qu’une autre déboule illico. Changement de décor avec le trio batave qui va combler les attentes avec brio. Tout y est, le son, l’attitude et bien sûr la qualité des compos du trio qui va nous régaler de son stoner tournoyant, jazzy voire punky par moment dans une débauche d’énergie baignée par des projections hypnotiques. La machine est bien huilée, le jeu parfois démonstratif du guitariste est impeccable, bien appuyé par une basse épaisse, gorgée de groove et un batteur pas loin de l’autisme. Dédicace aux frangins de feu Sungrazer (dont le guitariste vient de tristement nous quitter), le set défile plein pot, on profite de “Awe”, “Off Course”, d’un “Come To Light” propice à l’improvisation et c’est déjà fini.

 

MOON DUO6 - moon duo - IMG_0879

Les menteurs de l’Oregon – ils sont trois sur scène – avaient suscité pas mal d’interrogations parmi vos envoyés spéciaux. Pas franchement au fait des réalisations de la formation, je me suis pointé du côté des premiers rangs de la Desert Stage ne sachant pas trop à quoi m’attendre (c’est ce qui arrive quand on ne potasse pas la matière avant de rejoindre un festoche). Ce qui était, sur le papelard, annoncé comme une expérience psyché ira rapidement s’égarer dans des plans pop très eighties. C’était bien ficelé, mais, à l’image de Crippled Black Phoenix au dernier Freak Valley Festival, ça détonnait sur l’affiche. L’esthétisme très soigné a foutu une sacré dynamique à ce show plus new wave des temps jadis que psychédélique et les martellements de batterie très robotiques (des beats en fait) ont accompagnés des projections martiales emballant bien les sonorités envoyées sur scène. Les membres, de blanc vêtus, servant eux aussi de supports aux visuels typés clips d’il y a trente piges ont réalisé une performance redondante et envoutante qui n’a pas convaincu les bipèdes partis se désaltérer en d’autres lieux en attendant des effluves musicales plus en adéquation avec ce qu’ils étaient venus chercher à un Desertfest. Les esprits ouverts – et âgés – ont quant à eux passé un bon moment en compagnie de ces Etasuniens proposant un sabbat très prenant avec leur combinaison synthé vintage, martellements métronomiques et nappes de guitares planantes.

 

WUCAN7 - wucan - IMG_1033

Après les extra-terrestres nostalgiques des années quatre-vingt, j’en ai pris pour dix piges en rejoignant l’étriquée Vulture Stage où prenaient place les allemands. La formation de Dresde dont la dernière plaque, « Sow The Wind » était sortie depuis quelques petites semaines allait foutre une sacrée ambiance avec ses influences hippies vintages. Le chant féminin puissant de la frontwoman aux relents très woodstockiens ainsi que la patine folk apportée par la flûte ont séduit un public assez large qui s’entassait péniblement dans la place en cette seconde partie de soirée. Pas trop propre, la formule a sacrément convaincu puisque le chant des sirènes d’Ukraine qui débutaient sur la Canyon Stage ne réussit pas à vider l’endroit qui resta bien garni jusqu’au terme de cette prestation. La scène riquiqui sur laquelle se démenait le quatuor, et surtout sa charismatique chanteuse, agit comme un aimant auprès de la foule très compacte qui ne perdit aucune miette de la débauche babacool flirtant avec le jam qui constitua le final de grande classe (avec l’instrument à vent) d’un groupe qui n’aurait pas juré sur une scène de plus grande taille.

 

STONED JESUS8 - stoned jesus - IMG_1136

Visiblement attendu, à juste titre au vu de la qualité de ses albums, c’est encore un trio qui s’apprête à faire ronfler la sono de l’étage. Un petit morceau pour se mettre dedans et les ukrainiens vont nous ravir d’un stoner hautement énergique qui sait se faire quasi doom par moment. On note des accents blues bienvenus, notamment au niveau des solos, très bons. Règne sur scène une bonne humeur communicative qui aidera le public à accueillir les gars de l’Est comme il se doit. Il faut dire que le concert (comme plusieurs des quelques dates de cette tournée) est un peu particulier, étant donné que des problèmes administratifs ont empêché Viktor, le batteur du trio, d’y participer. Un “session drummer” (dixit Igor) prénommé Artem assure donc le job, de fort belle manière. Est-ce la raison qui a incité le groupe à proposer une set list aussi étrange ? En effet, les ukrainiens jouent l’intégralité de leur premier album en début de set, pour ensuite seulement jouer quelques titres plus récents. Quoi qu’il en soit, l’efficacité est bien là et le set sous cette forme aura clairement marqué les esprits et les nuques.

 

DOZER9 - dozer - IMG_1170

Après la sensation du moment dans la petite galaxie stoner, l’heure était venue de rejoindre la grande salle et sa Desert Stage pour se taper un set du quatuor de Borlänge. En avance sur leur temps, ces rockers ont réalisé, il y a de nombreuses années, des performances et des plaques qui leur permettraient aujourd’hui de bénéficier du succès qu’ils n’ont jamais connu de leur vivant. Bien que déjà vus à plusieurs reprises depuis leur « reformation », c’est à chaque fois avec pas mal d’excitation que j’aborde un show de Dozer que j’ai pourtant vu de leur vivant sur quasi toutes leurs tournées dans nos contrées (et même au-delà). Mon avis sur la performance du groupe à la grande fête belge est donc très partial, mais il faudra faire avec.

Je ne serai d’ailleurs pas le seul à être aux anges avec ce concert, mais il faut avouer que mes alliés et moi-même ne constituons pas la totalité du public du festival et que certains esprits fâcheux n’y trouveront pas leur compte. La faute à un setlist discutable certainement un peu et aussi à un manque de pratique évident puisque le groupe n’est plus vraiment en activité depuis un paquet d’années. Tommi très en forme livrera une prestation impeccable (comme d’habitude en fait) et son collègue Johan (ayant quitté Greenleaf remplacé par le bassiste de feu-Grandloom) en fera tout autant alors que Fredrik ne sera pas au top au chant par moments. Cette première tête d’affiche vit apparaître les premières figures de style  parmi le public et des titres assez récents comme l’énorme “Big Sky Theory” ou “Until Man Exists No More” ont parfaitement fonctionné. D’autres, comme “Exoskeleton” envoyé en deuxième position, peinèrent à convaincre. Une mention spéciale aussi à “Supersoul” issu de leur première plaque – « In the Tail of a Comet » sur le mythique Man’s Ruin Records – qui fit monter la pression d’un cran. Au terme de leur concert, les Suédois balancèrent vite fait un rappel convenu alors qu’une partie non-négligeable du public avait déjà déserté les lieux pour rejoindre l’Aftershow ou la petite scène. Dommage pour eux, et aussi pour les fans du quatuor, car cette fin en queue de poire laissa une impression de mission pas carrément remplie jusqu’au bout de la part d’un élément fondateur du stoner européen.

 

CARLTON MELTON10 - carlton melton - IMG_1359

Honteusement jusqu’alors inconnus au bataillon par mes services, j’oserais qualifier le set des californiens de “leçon psyché de papys”. La frange de festivaliers pas encore rassasiée va se fendre d’un voyage aussi délicieux qu’inattendu, à travers de longs morceaux durant lesquels l’excellent guitariste se permettra de placer des notes de clavier entre ses plans de six cordes à en faire pâlir plus d’un. Le quatre cordiste, lui, ronfle tranquille dans son coin pendant que le batteur/guitariste passe d’un instrument à l’autre, renforcé au besoin par une boîte à rythme. On serait tentés de fermer les yeux devant la musique carrément trippante proposée par le sixième trio du jour mais impossible de perdre une miette du jeu du gratteux, débordant de classe et de sincérité. De très sympathiques messieurs que j’aurais l’occasion de saluer le lendemain.

Un petit tour par le traditionnel after party où l’on a l’impression de ne croiser que des potes de longue date et c’est déjà la fin d’une première belle journée bien remplie. Dodo.

 

Par Chris, Laurent & Patapl

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Le video-report du Jour 1 du Desertfest filmé par Desert-Rock :

UP IN SMOKE 2016 – Jour 2 (Melvins, My Sleeping Karma, Belzebong, Monolord, etc…) – 3 octobre 2015 (Bâle)

Il est toujours difficile de se remettre d’un premier jour de festival. Malgré toute la bonne volonté du monde, les nombreuses bonnes résolutions (“jvais pas trop boire”, “jvais apprendre l’allemand”,…), il est finalement difficile de faire passer la barre qui nous éclate le front, celle qui vous dit “toi mon con, tu ne t’es pas respecté hier !”. Pourtant en ce 2ème round du Up in Smoke, il va falloir se requinquer, trouver les ressources nécessaires, parce que, on vous prévient, va y avoir du gros gros, du gras gras, du lourd lourd.

SPACE FISTERS

SPACE.FISTERS

Et le premier sulfatage ne se fait pas attendre puisque le combo français (le seul sur cette édition) va nous ouvrir le fiacre en deux à grand coup de compo alambiquée. Car oui, les fulgurances stoner sont présentes chez le trio, elles permettent d’ailleurs de remettre un coup de boost au public qui répondra de plus en plus présent au fil des minutes. Mais ces fulgurances sont puissantes car elles sont mises en avant par l’amour de la déstructuration. Le trio y va de ces arythmies, puisant ses syncopes dans le math-rock, ouvrant sa musique à de plus vastes horizons. Les gonzes n’avaient pas joué le set depuis plus de quatre mois, et donc ? Bin rien, grosse perf. Une ouverture de 2ème jour parfaite. Respect.

SUN & THE WOLF

SUN.AND.THE.WOLF


Après cette première prestation décapante, l’heure était venue de bouger nos popotins rebondis à l’intérieur de la salle pour assister à la première performance de la journée sur la grande scène. La chambre à coucher préférée des festivaliers orientés roots avait reprise ses allures de salle de concert baignée dans la pénombre et c’est le quatuor berlinois, auteur de « Salutations » cette année, qui a envoyé les premiers riffs saturés de la journée sur la Main Stage. Le rock – puisque c’est de ça dont il s’agit – aux accents à la fois indés et psychédéliques pratiqué par le quatuor teuton s’apparente par moments aux plans mi-seventies mi- alternatifs de Crippled Black Phoenix (vus cet été au Freak Valley et provoquant auprès du public les mêmes ressentis partagés). L’heure à laquelle se déroulait la performance et le style ni doom, ni stoner, ni toussa toussa n’a pas provoqué le délire auprès du public, mais certains – dont vos serviteurs – y ont particulièrement goûté. Une affaire allemande à suivre (pas comme les tribulations des bagnoles du peuple).

BLOODNSTUFF

BLOOD.N.STUFF


Duo sur la petite scène en vue. BloodnStuff, c’est de l’américain, de la guitare loopée, de la batterie rentre-dedans et roule ma poule. Le style est efficace et direct, entraînant à l’image de ces 2 titres “Fire out the sea” et “Oh you petty failures”. Rien de bien novateur cependant et au bout de 4 morceaux la formule s’essouffle. Il faut de plus adhérer au chant “très américain” (normal me direz-vous) à classer entre Incubus et Fall Out Boy. Une semi-déception car le binôme joue juste et précis mais l’ensemble est un peu trop propret. Reste qu’une grosse baffe doom ou stoner cracra n’aurait pas servit le groupe suivant. On se dirige donc vers la grande scène, les sens ne demandant qu’à être chauffé à blanc.

MOANING CITIES

MOANING.CITIES

La bande de jeunes hippies débarqués de Bruxelles avait l’honneur de se produire sur la grande scène comme à Berlin lors de l’édition 2015 du Desertfest. Cette configuration s’avère très compatible avec le style pratiqué par ces francophones dont la performance n’aurait pas eu le rendu club que d’autres groupes – plus agressifs certes – avaient sur la Side Stage. La musique apaisée du groupe fonctionne plutôt bien dans la salle bâloise et visuellement le coup de la sitar en début de set ça pique toujours la curiosité des bipèdes peu familiers avec Moaning Cities. On ajoutera que visiblement ça la fait aussi d’avoir la batterie descendue de son podium – le groupe fera des émules par la suite – et une disposition à trois en ligne devant la batteuse aux pantalons de babas improbables. En quarante-cinq minutes la formation mixte est passée d’apaisée à délurée ! Le final furibard proposé par Moaning Cities a relevé sa performance et s’est inscrit comme une parfaite transition avec le duo mixte – et paritaire – qui lui succédera à l’extérieur quelques minutes plus tard.

POWDER FOR PIGEONS

POWDER.FOR.PIGEONS


Cohérence du running-order donc. Le duo australien déboule avec un stoner binaire très teinté de grunge et efficace. On commence à connaître la paire de zicos, ces derniers ayant posé leurs riffs à carreau au Rock in Bourlon ou au Crystoner Fest cette année. S’abat donc sur nous une set-list seattlesque aux riffs inspirés. Le chant est maîtrisé, et l’unité présente. On reste tout de même sur la même impression qu’avec BloodnStuff. La faute cette fois à un son moins calibré en façade, une batterie un peu linéaire et un manque de prise de risque. La musique est efficace, manque un peu de folie tout de même. La gymnastique vous est maintenant connue, vos gentils reporters tournent donc l’arrière train vers la grande scène.

MARBLEWOOD

MARBLEWOOD


Trois à la suite comme dirait l’illustre Julien ; trois formations intégrant autre chose que des couillus poilus se seront succédé en ce samedi après-midi dans la pas si progressiste que ça suisse alémanique (il n’est pas inutile d’étaler ici notre culturisme en informant la communauté stoner que les femelles n’ont le droit de voter partout en Suisse que depuis 1990 ou nonante comme on dit par ici). Le trio zurichois (c’est en Suisse si jamais) se pointa sur scène à l’heure de la collation (qu’est-ce qu’on peut bouffer comme saucisses par ici) et n’était clairement pas attendu. Dommage pour eux car leur style – certes un poil redondant – très groovy et pas bourrin pour un poil de cul n’a pas contribué à rameuter la foule à l’intérieur. Ni la disposition des membres alignés au plus proche du public, ni la batterie à paillettes et ni la charmante bassiste foutrement efficace n’ont pu inverser la tendance en matière de fréquentation. C’est pas franchement mérité pour ce tiercé empreint d’un style proche du jam, mais c’est ainsi et après le temps de jeu accordé le groupe a quitté la scène alors que le public surexcité se pressait contre les barrières de l’estrade extérieure.

BELZEBONG

BELZEBONG


Voilà, donc à ce moment, l’orga du Up in Smoke a dit “stop à la finesse, on va coller les polonais sur la petite scène histoire qu’ils roustent bien l’assistance comme il faut”. Mission accomplie, Belzebong balance son doom/blues/instrumental/opiacé, déclenchant un va et vient langoureux et collectif des nuques de l’assistance. Baigné d’une ambiance verte, le quatuor récite ses odes sabbathiennes pour le plus grand plaisir des afficionados du genre, assénant un rythme bluesy gros “comme ça”, déclamant l’éloge de l’impact comme personne. Dans Up in Smoke, il y a “SMOKE”. Dans Belzebong, il y a “BONG”. Le résultat est un aigle poilu (oui oui) qui plane à 10000. On est bien là. Allez ! Saucisse !

SAMSARA BLUES EXPERIMENT

SAMSARA.BLUES.EXPERIMENT


Arrive le moment de déception. L’effet que donne le live de Samsara est le même qu’au Hellfest de cette année. Une impression de gâchis tant le groupe allemand a sortit de beaux albums, inspirés, inspirant mais où la perte de deuxième guitariste se fait Oh combien ressentir. En effet, là où devrait se trouver une base rythmique et pleine lors des solos, n’existe plus qu’une basse insuffisante. Dès lors chaque titre comporte un instant de creux faisant sortir le public du mood. On sent le soliste emprunté, gêné. Emprunté sur son clavier aussi. Gâchis oui, car les bougres ont du talent à revendre. Une finesse d’écriture qu’on trouve rarement, un savoir-faire dans la composition et l’exécution. Ce soir on est juste triste de voir le groupe tourner en rond et se perdre dans cette configuration.

MONOLORD

MONOLORD


L’insoutenable légèreté de l’être. Parfaitement. On avait besoin d’une claque, d’un seau de saindoux après Samsara. Monolord l’a offerte. Sans fard. Le trio nordique s’est appliqué à alourdir l’ensemble de l’assistance par un quintal de notes grasses. La recette n’est pas originale mais la force du combo réside dans le fait de la suivre à la lettre. Une guirlande de 5 à 7 notes sur lesquelles on applique tous les effets inhérents au genre. Il n’y a qu’à prendre le “Empress Rising” monumental dont nous a gratifié le trio pour s’en rendre compte. 15 minutes de fuzz lourde, de wah malsaine, de supplications ozzyesques où l’étouffement confine à la jouissance. Un set gros comme un poing laissant l’arrière-train chancelant, les jambes fébriles et le souffle court. Chapeau bas messieurs.

MY SLEEPING KARMA

MY.SLEEPING.KARMA


Après cette énième incursion en territoires heavy, l’heure était venue de rejoindre le parterre de la Main Stage pour le quatuor allemand transcendantal que nous adorons tant. Ces quatre chevaliers de l’apocalypse trépignaient d’attaquer leur show et ils n’étaient, de loin, pas les seuls à se réjouir. Seppi attaqua le show d’entrée en se trémoussant comme un beau diable et il ne cessa de se démener durant l’heure de jeu qui leur était accordée. Ce guitariste talentueux est de plus en plus extraverti ; il fini le set par malmener les consoles de son acolyte Norman en arborant un large sourire qui en disait long sur la satisfaction du bonhomme après sa performance de toute grande classe.

La formation instrumentale aura communié avec son public durant la totalité de son show et Matte empoignera le micro à quelques reprises pour communiquer verbalement dans la langue de Johann Wolfgang avec l’auditoire (qui était plutôt bien garni). Ce show constitua un des grands moments de ce millésime du UIS. Les compositions abouties de My Sleeping Karma – auteur cette année de l’extraordinaire « Moksha » – semblent être passées de lubies d’extra-terrestres au rayon des classiques du genre que nous vénérons. La virtuosité de ses membres ainsi que leur précision – chapeau à Steffen le métronome – alliées à leur créativité en ont fait, au fil des années, un classique du genre.

Cette deuxième prestation bâloise pour un Up In Smoke nous aura permis d’entendre des titres anciens, du temps où ce groupe hantait les petites scènes d’événements de ce type, et aussi du neuf issu de leur cinquième pièce. Une mention spéciale aux perles jouissives que sont « Ephedra » et « Psilocybe » tirées toutes deux de la magique quatrième pièce « Soma ».  Une ovation générale salua les Teutons au terme de leur set et ce n’était que mérité. Mais nous n’eûmes guère le temps de nous pâmer durant des plombes car des choses plus lourdes reprenaient leurs quartiers au dehors et le hard ça n’attend pas !

BLACK RAINBOWS

BLACK.RAINBOWS


L’efficacité. Le back to the future de la journée. Les italiens remettent ce soir la fuzz au centre du village, convoquant l’esprit du MC5, de Hawkind et Fu-manchu en une ribambelle de riffs stoner. Le trio emporte un public heureux, venue en masse pour l’obscure groupe américain en tête d’affiche. Les titres s’enchaînent, une bonne part issus du dernier skeud en date, Hawkdope. On ferme enfin les yeux. Se laissant porté par les compos simples et efficaces des italiens, les solos rock’n’roll. Ouais, il sont bons ces déliés, libres. La guitare hurle ses envies et finalement il est là le bonheur du stoner. Une bière fraîche à la main, entouré de potes, à écouter du son qui ne s’emmerde pas, ne se prends pas la tête. Merci messieurs pour cette grosse bouffée d’air frais ! Place maintenant à la dernière claque du festival. Je vous propose une dernière fois de tourner les talons vers la grande scène de la Z7 messieurs dames.

MELVINS

MELVINS


Bam ! Les Melvins – aussi pressentis pour d’autres événements mondains de l’automne stoner – étaient la tête d’affiche de cette deuxième et – déjà – dernière journée de festival. La grosse foule a (de manière fort étonnante) attendu sagement le milieu de la nuit pour se taper une bonne tranche du phénomène musical étasunien. La formation à géométrie variable n’a plus grand chose à prouver à qui que ce soit et elle peut se targuer de faire partie des références majeures de nombreux bâtards de la grande et belle famille du rock. Il ne s’agit clairement pas d’une formation stoner pur sucre (n’en déplaise à certains), mais leur présence sur l’affiche ne tient pas non plus de l’acte obscène voire iconoclaste. De ce grand fatras lorgnant vers le génie absolu, deux batteries ont été extirpées pour une formation à quatre orientée Big Business.

Les deux kits de tambours ont été placés de manière centrale sur la scène et, après une intro digne des lubies de ce culte, débarquent un fakir à la basse qui tiendra le flan gauche et King Buzzo affublé de sa robe dans la plus pure tradition des illuminati sur la droite. Ce maître de cérémonie, à la capillarité aussi délirante que sa musique, va mener le pow-wow d’une heure et demi durant lequel les batteurs ne cesseront presque jamais leurs martèlements tribaux. A quatre chanteurs, la formation va foutre un boulet énorme et terminer de la plus belle des manières ces festivités. Ces lascars ont sacrément du métier : ça se voit et surtout ça s’entend. On passera des plans à la Black Sabbath aux chants scouts avec la basse brandie de manière belliqueuse en frisant la transe dans le public. Quelques crowdsurfing des premiers rangs viendront même compléter le show intense proposé sur scène.

Les percussions omniprésentes s’arrêteront lorsque Buzz aura rangé son instrument (rapidement lustré par un tech à l’affût) et que l’enturbanné aura clôt de belle manière ce show en s’adonnant à ses vocalises – soutenues par une reverb impressionnante – depuis la foule. Il nous faudra ensuite plusieurs heures pour nous remettre de cette performance, extirper de nos têtes la masterpiece « Youth Of America » et effacer de nos visages des sourires béats dans le prolongement desquels coulait un léger filet de bave.

Voilà, le Up in Smoke cuvée 2015 est terminé. Ce fut intense, avec des gros hauts et des petits bas. Ce fut saucisse, avec un personnel de la sécu toujours aussi peu souriant et une orga toujours au poil. Ce fut fuzz, avec des performances de hautes volées et des sérigraphies de Elvisdead toujours classieuses. Familial, amical et intime, le Up in Smoke sédentaire se démarque vraiment par son identité. Et puis, vous en faites ce que vous voulez, mais Electric Wizard est annoncé pour 2016. Voilà. Bisous les loulous.

Flaux et Chris

BELZEBONG (+Grey Widow +Sons Of Tonatiuh) – 07/10/2015 – Paris (Glazart / Stoned Gatherings)

Si l’affiche des Stoned Gatherings du 7 octobre est entièrement de vert vêtue, ce n’est certainement pas en référence à l’AS Saint Etienne mais plutôt à la tête d’affiche du soir, Belzebong, mot-valise dont la signification ne nécessite pas beaucoup d’explication. Pour ceux qui ne font vraiment pas d’effort, le logo avec une corne de bélier, une queue de démon et un bang pourra les mettre sur la voix. Nos amis amateurs de botanique et de pipe à eau sont ce soir accompagnés par Grey Widow et Sons of Tonatiuh. Autant dire que la quantité de boue drainée ce soir peut égaler celle du sud de la Louisiane. On espère que vous avez pensé aux bottes, ça risque d’être poisseux.

À 19h30, le Glazart est encore bien vide. On a du mal à croire que Sons of Tonatiuh va monter sur scène dans une petite demi-heure. Le concert débute et l’on regrette rapidement de s’être placé en face du bassiste. Le potard à 11, il prend le dessus sur le chant et la guitare à tel point que ceux ci sont quasi-inaudibles. On a beau changer de place, rien n’y fait : la baffle pourtant imposante de la guitare est impuissante. Dommage. Le doom/sludge des trois américains trouve son originalité dans une ponctuation de punk hardcore, où le tempo s’emballe et le chant est hurlé. L’idée est bonne mais le son ne suit pas vraiment en live. Le doom joue sur les résonances dues à une grande distorsion, la même configuration sur un tempo plus rapide et ne laissant plus de place aux échos peut rapidement donner un gloubi-boulga où l’on ne distingue plus grand chose, dont même Casimir ne voudrait pas pour dessert. Et c’est malheureusement cette sensation de manque de maîtrise sonore que nous laisse Sons of Tonatiuh, surement renforcée par une basse bien trop présente. C’est d’autant plus frustrant que lorsque la basse se calme et laisse respirer la guitare, la musique se fait tout de suite plus entrainante et intéressante. Preuve en est du mouvement des masses capillaires du premier rang, échelle de mesure du groove on ne peut plus fiable.

Grey Widow continue la soirée et on se réjouit rapidement de retrouver un bien meilleur équilibre sonore. Ce quartet anglais caractérise sa musique comme du « nihilistic sludge blackened noize ». Avec une telle appellation et un visuel n’arborant que des nuances de gris (une cinquantaine), on comprend vite que Grey Widow n’est surement pas un bon remède contre la dépression. À grand coup de riffs surdimensionnés et taillés dans le marbre, le groupe est capable d’alterner des passages explosifs avec d’autres très lourds, lents et assommants. L’ambiance est évidemment sombre, lugubre et aussi accueillante qu’une pierre tombale un soir de pleine lune. Au travers des vocaux d’un chanteur qui remplace volontiers son chant par de simples cris, on ressent une réelle expression de la douleur et de la souffrance. C’est poignant et en parfaite adéquation à la musique du groupe. Pour couronner le tout, le groupe s’implique et se donne à fond pour servir ce set dont l’énergie est très contagieuse. Au gré des différents morceaux et d’une sudation croissante du batteur, Grey Widow nous plonge dans un tourment cauchemardesque et jouissif. Une sévère claque !

Les lumières passent au vert lorsque les quatre polonais de Belzebong entrent en scène. Cheveux longs et pantalons de lin bariolés, le groupe reconnaissant en Marie-Jeanne une sainte patronne peut faire en apparence penser à une formation très 70’s. Musicalement, on est bien loin du compte. Une fumée artificielle jaillit et se met à envahir la salle, si bien que l’intégralité du Glazart se retrouve rapidement plongée dans un brouillard à écraser une biche sur une nationale. On peine même à se frayer un chemin jusqu’au bar, pauvre de nous. Sur scène, on ne distingue plus que les deux guitaristes et le bassiste, trois silhouettes alignés impeccablement. Le batteur, lui, est noyé dans la fumée. Le rendu est du plus bel effet, et l’on ne peut imaginer meilleur cadre pour assister à un concert de Belzebong. Leur musique est une bonne synthèse des effets du psychotrope qu’ils mettent en exergue. D’abord, prenez un doom écrasant et abrutissant qui plonge dans une profonde léthargie, où remuer la tête devient l’unique mouvement envisageable. À cette base bien solide, ajoutez des trips psychédéliques portés par des soli cosmiques sur wah-wah pour un voyage hallucinatoire. Bravo, vous avez trouvé la formule chimique de Belzebong, alliance d’engourdissement et d’euphorie, d’excitation et de relaxation à forte teneur en THC. La formule est tellement efficace qu’elle nous fait décoller du sol et nous captive du début à la fin, comme possédés par ces quatre fantastiques dessinés sur un écran de fumée verte.

Une soirée qui s’est ouverte en demi-teinte mais s’est vite rattrapée en assenant deux grosses bûches fatales pour les cervicales. On sort du Glazart la tête enfumée, mais sans les yeux rouges cette fois-ci.

UP IN SMOKE 2015 – Jour 1 (Karma To Burn, Stoned Jesus, Valient Thorr, Jex Thoth, etc…) – 2 octobre 2015 (Bâle)

Comme les vendangeurs dans les vignes réputées des bords du Rhin, le Up In Smoke – dans sa version sédentaire – reprenait ses quartiers au Z7 de Pratteln pour une nouvelle édition dédiée au heavy rock, au doom et au rock psychédélique ainsi qu’à tout ce qui constitue ce qu’on appelle vulgairement (ça on sait l’être) le stoner. Il y avait donc du poil, de la meuf et même des – désormais  – incontournables hipsters, pieds nus dans les baskets,  dans la salle menacée de disparition et ça avait même des airs de Tour de Babel quand on se baladait parmi les quidams parlant français (youpi ça a l’air de marcher le stoner dans ces contrées), l’italien, la langue visigoth du coin ainsi que d’autres dialectes européens que, malgré notre quasi omniscience, nous n’avons pas reconnu (décidément nous sommes des reporters en carton pâte).

ILJA

ILJA


Les hostilités commençaient, comme c’est désormais la tradition, avec une formation des environs : Ilja (originaire de Thurgovie pour les petits curieux que vous êtes certainement) qui effectuait ses balances alors que les premiers festivaliers pénétraient – le sourire aux lèvres – dans l’enceinte de la manifestation. Ce trio masculin portant la chemise (à carreaux ou unie) avec élégance avait la lourde tâche de lancer ce festival qui allait voir quelques grosses pointures se succéder sur scène. C’est donc devant un public assez clairsemé (et pas franchement coincé contre la petite scène) qu’ils ont balancé, durant les trente minutes qui leur étaient allouées, un fuzz bien speedé aux relents parfois de grunge simpliste à la Nirvana. Au rayon son, on regrettera la batterie un poil trop en avant dans la sono, mais force est de saluer cette prestation qui s’avéra des plus agréables au final ; plaisir partagé par un public qui resta dans les alentours de la Side Stage pour profiter du bon son.

CARSON

CARSON


Place à nouveau à un helvétique trio sur la petite scène, histoire de continuer à taper dans les amuse-gueule de qualité. Carson, lui, déploie un power-stoner efficace aux gimmicks entêtant et enlevés. La section rythmique assure une bonne mise en place quand le guitariste, aux faux air de Josh Homme, se lance dans du “han” solo. L’ombre des sorcières de l’âge de pierre plane assez souvent au dessus des compositions du trio. Ca joue propre et juste. Une découverte rafraîchissante qu’on vous conseille. Leur dernier EP date de 2012, à suivre donc.

BLACK BONE

BLACKBONE


Après deux prestations suisses, la petite scène, était à disposition de Back Bone. Le trio néerlandais a carrément foutu le boulet sous la tente qui couvrait la petite scène où s’étaient déroulées la totalité des performances du jour jusqu’ici. Alors que la nuit tombait, le public s’est mis en mouvement de manière frénétique sous la déferlante de riffs délivrée par ce power trio qui a fait parler la poudre. Quoiqu’assez proches d’Airbourne par moments dans l’exécution de leurs compositions (un rock furieux sans fioriture savamment mis en scène à grands coups de gimmicks hard rock), les Hollandais ont su séduire en envoyant quelques nouvelles compos issues de leur dernière plaque « Blessing In Disguise » encore disponible au rayon frais.

JEX THOTH

JEX.THOTH


Les américains ont la charge d’ouvrir les hostilités sur la scène principale de la Z7 Konzerfabrik. Profitant de la pénombre offerte par la salle, Jex Thoth (la chanteuse) déploie une armée de bougies et autres artifices sacrificiels afin de nous aider à entrer dans l’univers du combo. Un doom psychédélique planant et majestueux. Musicalement la formation est au-dessus du lot, développant son univers avec une aisance technique indéniable. La performance est habitée, peut-être un peu trop. A vrai dire, les concerts de Jex Thoth sont à double tranchant. Soit vous adhérez à la performance chamanique et incantatoire de la chanteuse, profitant de ses moindres mains crispées levées au ciel comme d’un bienfait druidique, soit vous fermez les yeux pour apprécier pleinement la musicalité du groupe. Car elle chante d’une voix puissante et habitée mais visuellement le résultat semble surjoué, les incantations pataudes, le jeu ne vaut pas la chandelle qu’elle tient dans la pogne (ah-ah, pardon). Reste qu’une fois les yeux fermés, on se retrouve bercé et enveloppé par l’aura musicale que dégage le groupe. Un voyage qui prend aux tripes et aux synapses, baignant la grande scène d’un psychédélisme noir et lascif. C’est donc sur cette impression mitigée que nous nous dirigeons vers la petite scène afin de profiter du blues rocaille de…

CHILD

CHILD


Et la transition se passe, ma foi, à merveille. La langueur de Jex Thoth trouve écho dans le rythme très posé dépeint par le trio australien. Un blues rocailleux donc, inspiré, rappelant un Radio Moscow moins démonstratif et plus collectif. Les trois zicos se complètent de fort belle manière, offrant une leçon d’écoute sur chaque petit libre passage. On n’est pas non plus là à un écouter un blues de papy mou d’la fuzz, nan nan. Quand les deux cordistes se décident à écraser les pompes sur leur pédales d’effets, c’est du gain crincrin et volumineux qui dégueule des enceintes de face. Pour le plus grand plaisir des esgourdes. A noter que la petite scène dans sa nouvelle configuration offre un écrin très “club” à ce genre de performance et permet d’oublier qu’on est dehors. L’immersion est totale. On est bien. Proche des artistes, des performances et du public, toujours très cool sur ce festival. Mais l’envie de bouger un peu se fait ressentir, l’envie pressante de rock à burne se fait ressentir, et l’on ne boudera pas notre plaisir de transhumer vers la grande scène pour assister à la performance pleine de poils en sueur de Valient Thorr.

VALIENT THORR

VALIENT.THORR


Le quintet américain va asséner une leçon de rock. Directe, burnée, tranchante et dégueulasse, la musique de ces clones de Dieux nordiques dépravés emporte le public dans un tourbillon de salacerie et de handbanging jubilatoire. Valient Himself se pose en frontman charismatique, tenant la salle avec ses speechs décousus, son “dad-bod” conquérant et ses ptits muscles tout plein de hargne. Les deux guitaristes n’hésitent pas à parcourir pleinement les manches de leurs instruments, croquant à pelletées de doigts riffs et plaquages rythmiques. L’exécution est dégueulasse, pleine de fougue. “Double Crossed” en sera le parfait exemple. La Thorr family entame ce soir une tournée d’une vingtaine de dates et entend bien prouver qu’elle va taper gras fort le vieux continent. La Z7 suinte. C’est beau à voir et un peu poisseux. Le final est un joyeux bordel, salto de guitare, bassiste claudiquant. Une bien belle prestation ma foi (à lire à voix haute avec un accent de présentateur sportif) qui a le don de nous coller un large sourire. Allez, té c’est l’heure de manger une de ces FAMEUSES saucisses du Up in Smoke. Légèreté jusque dans l’assiette. La cohérence est totale.

STONED JESUS

STONED.JESUS


Le groupe au nom le plus cool de la galaxie (et de ses environs proches) voyait converger à l’extérieur la quasi-totalité du public. Les Ukrainiens ont clairement le vent en poupe ces jours et dire qu’ils étaient attendus n’est que rendre justice : c’était clairement du délire sous la tente extérieure lorsqu’Igor et sa bande ont débarqué sur scène. En fait de bande, Igor était épaulé par un autre membre de la formation de l’est : son bassiste. Le reste de la formation – le batteur donc – étant resté coincé à Budapest après avoir dignement fêté la fin de la tournée précédente avec le vocaliste velu de Greenleaf. Son passeport égaré ne lui a pas permis de se joindre à cette tournée débutant le jour même – la troisième leg du « Harvest » tour comme on dit dans les milieux branchouilles que nous fréquentons beaucoup dans l’équipe de desert-rock.com – pour convertir l’Europe Centrale.

Pas plus démontés que ça, les garçons nous ont présenté un show en deux temps et sous deux formes différentes. Un premier volet consacré à une interprétation de grande classe du premier album amputé de quelques plans, à laquelle était convié Florian de No Mute (une formation helvétique à suivre qui s’était déjà faite remarquée par le passé au Up In Smoke). Un second acte composé de titres du fameux « The Harvest » avec Léo des Space Fisters (autre formation à suivre qui se produira le lendemain) aux baguettes, introduit après quelques explications du frontman sur l’incident de Budapest (qui a bien fait marrer la foule en liesse). Certes anecdotique de par sa conception, cette performance de haut vol a fait mouche auprès du public « bâlois». Une mention très spéciale aux deux batteurs embauchés dans l’urgence qui ont assuré sur scène avec des sourires communicatifs qui en disaient long sur le plaisir qu’ils ont eu à contribuer à cet événement : chapeau les gars !

KARMA TO BURN

KARMA.TO.BURN


La voilà la tête d’affiche de la première journée. On avance en devant de scène avec appréhension. Bien sûr le trio est une référence, ses albums pleins de couilles, son obsession pour les chiffres, mais on a déjà assisté à des performances en demi-teinte, pour ne pas dire fatigantes des gonzes. Alors qu’en est-il ce soir ? Primo, boom, le son, dans ta gueule. Un énorme mix nous envahit l’oreille interne, équilibré et massif. Chaque fréquence va trouver sa petite place dans le spectre qui nous assaille. Et le trio est en forme. William Mecum, d’habitude avare en parole, n’hésite pas à partager ce soir et on le sent concerné par chaque attaque de cordes. La main droite, médiator serré, illustre chaque silence, s’abattant ensuite irrémédiablement sur la six cordes. La section rythmique est un rouleau compresseur. On pourra toujours regretter le bassiste de The Exploited mais force est de reconnaître que le msieur devant nous fait le taf. Le batteur est un monstre de précision. Sa frappe est puissante et chirurgicale.
Il faut admettre que Karma to Burn sait gérer les vides et les pleins comme personne. Son stoner intrumental fait de cassures, de breaks nécessite une mise en place précise ne souffrant d’aucune approximation. Autant vous dire qu’en cette fin de premier jour, le couperet K2B vient de tomber. C’est un grand soir et une grosse performance.
Après cet énième trio, les jambes se font lourdes et c’est avec des étoiles plein les yeux que tout le petit monde constituant cet événement rejoint ses pénates constituées pour certains par le sleeping/camping organisé dans la salle ou l’hôtel pour les plus bourgeois (dont nous faisions partie pour des raisons techniques et pas parce qu’on est devenu des vieux cons non mais oh !).

Flaux & Chris

Retrouvez le résumé vidéo de cette journée par ici :

GLAD STONE FEST #8 (Glowsun, Sunnata, Enos,…) – 27 Septembre 2015 – Paris (Glazart)

Ce dimanche 27 septembre, il valait mieux avoir posé son lundi au boulot si l’on souhaitait assister à cette 8ième édition du Glad Stone Fest en association avec les Stoned Gatherings. Il était en effet compliqué de sortir indemne de ce déferlement sonore organisé pour les 5 ans d’existence du fest. Avec 6 groupes à l’affiche dont aucun n’a le tricot de dentelle pour passion, le déluge de saindoux était à prévoir. C’est donc avec un grand plaisir que l’on s’est rendu à ce séduisant rendez vous, sans parapluie ni K-Way, afin de profiter pleinement de toutes ces grasses effluves.

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C’est Decasia qui a l’honneur d’ouvrir à 18h. Ce trio nantais installé à Paris depuis peu entame son set et l’on comprend rapidement que cette soirée va faire vibrer nos organes et la surface de notre bière tiède. Le son est en effet gigantesque, avec une basse très prédominante pour le plus grand bonheur de nos cœurs de doomsters, pour reprendre l’expression de Julien Clerc. Pourtant, la musique du groupe n’est pas brutale. Les passages de riffs heavy sont souvent atténués par d’autres chantés sur une guitare claire et dénuée de tout effet superflu, se rapprochant d’un rock plus traditionnel. Ajoutez à tout cela une teinte de psychédélisme et une bonne dose d’énergie, coupable d’une corde de guitare cassée en fin de concert, et vous aurez une petite idée de la chapelle dans laquelle officie Decasia. Bonne entrée en matière pour le reste des événements.

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Le trio parisien Red Sun Atacama prend le relais et débute sur un morceau élevé en bpm rappelant un “Green Machine”. La basse est encore une fois mise à l’honneur et on se délecte du jeu très groovy du bassiste chanteur, dont on peine malheureusement à entendre la voix. La guitare vient quant à elle poser de nombreuses envolées réverbérées, manquant parfois un peu d’altitude et d’inspiration. Un mélange assez efficace pour voir naître les premières agitations au sein du public.

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Il est 19h30 et c’est au tour de Miava de continuer le viril concours de celui qui aura la plus grosse fuzz. Les quatre belges nous livrent des compos post metal et purement instrumental avec une certaine maîtrise. Malgré quelques fulgurances reluquant vers Tool, la musique du groupe souffre tout de même d’une certaine linéarité et demeure assez prévisible. Heureusement, le son toujours aussi lourd que l’enclume du forgeron d’Excalibur nous permet de digérer ces quelques points faibles et de passer un bon moment.

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C’est les oreilles déjà bien rassasiées qu’on entame cette deuxième partie de soirée et qu’arrive Enos. Face à un bassiste encapuchonné et aux premières notes plus basses que terre qui résonnent lentement dans la salle, on jurerait être devant un groupe de doom. Que nenni. Nos anglais évoluent dans un registre space rock/stoner psychédélique, un croisement entre Hawkwind pour le trip spatial et Orange Goblin pour la science stonerienne du riff. Le guitariste – un poil trop bas – nous balance des riffs bluesy pour les envoyer rendre visite aux étoiles, dans un espace à l’écho hypnotique. Une belle leçon de musique.

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Si jusqu’ici le son était assez lourd pour faire trembler les murs, Sunnata vient placer la barre encore au dessus et menace le Glazart de s’effondrer. Entraperçu aux derniers Doomed Gatherings, les polonais avaient fait assez sensation pour être de nouveau invités ce soir. Pour situer la noirceur de la musique du groupe, pensez à une nuit d’hiver au nord de la Finlande. En sous-sol. Dans une cave. Au milieu de cris et de larsens, la puissance phénoménale du doom/sludge de Sunnata ravage tout sur son passage, avec toujours un sens de la mélodie indiscutable.

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La gueule bien amochée par tant de violence sonore, on s’apprête à recevoir le coup final de la main de Glowsun. Le Glad Stone Fest qui se charge habituellement de réunir des groupes peu connus du grand public a enfreint la règle pour ses 5 ans : le groupe français de stoner/psychédélique fait clairement figure de tête d’affiche ce soir. Après un album fraîchement sorti et très bien accueilli et un passage par le Hellfest, Glowsun a pris du galon et ça se voit. Le groupe entame son hypnotique « Death’s Face » autour de volutes d’encens tout juste allumé et posé au devant de la scène. Il faut voir Glowsun en live pour se rendre compte à quel point leur son est massif. Il y a une réelle puissance, difficile à cerner au travers d’une simple écoute de leurs albums, et qui devient pourtant évidente en live. La subtilité des compositions laisse la place à une force brute et primitive, dont votre nuque se souviendra dans les jours à venir. Parce que Glowsun fait preuve d’un groove incroyable. Le groupe contraste aussi avec les précédents par un professionnalisme et une aisance incomparables. Les morceaux s’enchaînent impeccablement et tout est très carré. Le guitariste jongle avec une facilité déconcertante entre ses différentes pédales d’effet, toutes très présentes dans la musique du groupe. Après un rappel unanime, le groupe s’apprête à entamer une nouvelle chanson alors qu’il se fait interrompre discrètement sur le côté de la scène : il est déjà 23h30, le temps qui leur était imparti est écoulé. Dommage, on serait tous bien restés plus longtemps.

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De manière encore plus poussée que les Stoned Gatherings, qui associent des groupes moins connus à d’autres à la notoriété déjà bien installée, le Glad Stone Fest a toujours essentiellement eu à cœur de dénicher des formations intéressantes, moins exposées médiatiquement. Si la démarche est légèrement différente, le Glad Stone Fest n’en est pas moins un rendez vous incontournable pour tout fan du genre. Avec une programmation d’un très bon niveau général et un tarif plus que dérisoire, même Lidl en période de solde aurait du mal à concurrencer un tel rapport qualité/prix. Bref, on s’étonne que l’événement ne joue pas à guichet fermé à chaque fois. Allez, pour la prochaine édition, plus d’excuse.

JEX THOTH (+ Stonebirds + ÖfÖ Am) – 22/09/2015 – Paris (Glazart / Stoned Gatherings)

Ca y est, après une petite accalmie estivale, les Stoned Gatherings ont entamé leur rentrée. C’est sous un ciel noir et peu accueillant que l’on arrive au Glazart pour assister à cette soirée déjà surnommée « la bûche ». L’affiche est à deux tiers française ce soir : les bretons de Stonebirds et les montpelliérois de ÖfÖ Am se chargent d’ouvrir les hostilités juste avant les américains de Jex Thoth, la tête d’affiche de la soirée. On peut donc parler de bûche tricolore, car après tout, le drapeau des Etats Unis est lui aussi bleu, blanc et rouge.

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C’est à Stonebirds que revient la tâche ingrate de commencer les réjouissances sonores face à un public encore assez maigre. Depuis sa création en 2010, le line up du groupe n’est pas la seule chose à avoir changé. Passé de cinq membres à trois, Stonebirds a aussi troqué un stoner classique pour un style plus personnel, complexe et torturé. Le groupe a cessé de lorgner les déserts outre Atlantique pour trouver l’inspiration dans un paysage qui lui était bien plus connu, celui du Centre Bretagne (Kreiz Breizh pour les intimes), et ainsi se forger une identité propre et singulière. L’alchimie opère et le résultat est captivant. Même si l’influence de Kyuss reste manifeste, le groupe évolue dans un univers beaucoup plus sludge, poisseux et marécageux, porté par la voix tantôt criarde tantôt assagie du guitariste Fanch et par les back vocals du bassiste Sylvain. On pense à Kylesa, à un My Sleeping Karma plus anxiogène, parfois à Mastodon… Pour notre plus grand plaisir, la palette sonore du groupe ratisse large, et les paysages de tourbières défilent sans rien avoir à envier aux cactus californiens. Malgré cela, le public ne semble pas franchement réceptif et reste très silencieux et calme. Peut être qu’un peu plus d’énergie de la part du groupe aurait été bienvenue pour secouer l’audience et la sortir de sa légère léthargie. Quoiqu’il en soit, on est musicalement conquis. Dehors il s’est mis à pleuvoir, la musique de Stonebirds a porté ses fruits.

Après s’être rapidement lesté l’estomac d’un excellent sandwich vietnamien du food truck Banh Mi Road, on rejoint une salle un peu plus remplie pour ÖfÖ Am. Les trois gars de Montpellier pratiquent un stoner instrumental avec un bon penchant hard rock. On ne sera pas surpris d’apprendre que le groupe a sorti un split album avec Karma To Burn en 2010, tant leur musique fait penser à celle des américains. Les morceaux sont courts et vont droit au but, les riffs sont bien construits et entrainants, la basse est ronde et heavy, le batteur est énervé, bref, la formule est classique mais efficace. Pour preuve, l’énergie envoyée par le groupe commence à gagner doucement le public qui se réveille petit à petit. Entre deux morceaux, le bassiste déclare sa flamme à la chanteuse de Jex Thoth : « Elle chante bien, OK, mais putain ce qu’elle est belle ! ». Nous voilà rassurés, nous ne sommes donc pas les seuls à être sous son charme. C’est d’ailleurs à elle d’entrer en scène.

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Une odeur d’encens a envahi le Glazart, et la scène est plongée dans une pénombre où seules des bougies boursouflées par la cire dégoulinante apportent un peu de lumière. On aperçoit aussi quelques bois de cerf. Pas de doute, c’est maintenant au tour de Jex Thoth. La chanteuse habillée d’une courte cape noire et de bottines fait son entrée et entame « To Bury », titre introductif de leur dernier album en date. Si le groupe a pour nom celui de sa chanteuse, ce n’est pas sans raison. La star du groupe, c’est indéniablement elle. Sa présence scénique est incroyable, au point qu’elle arrive à éclipser complètement les autres musiciens. Entre transes orgasmiques, interactions avec le public et mouvements suggérant une possession démoniaque, elle capte toute l’attention. Dans cette ambiance propice à une séance de ouija entre amis, Jex Thoth allie les bases du doom à la légèreté de la voix douce et suave de notre blondinette, pour un résultat sonore semblant venu d’une autre époque. Et Jex Thoth c’est précisément ça, une sorte de Grace Slick pratiquant la magie noire en tenue hippie. Le concert est envoutant, servi par un son d’une qualité impeccable, et c’est la bave aux lèvres et les yeux écarquillés que l’on fixe béatement la chanteuse dans tous ses déplacements, grande prêtresse prêchant la diabolique parole du doom face à un parterre de fanatiques. On regrettera juste une sortie de scène un peu brutale, sans un mot ni geste pour le public. À trop vouloir jouer la comédie, on en oublie les règles de bienséances.

En définitive, une belle soirée assez éclectique grâce aux Stoned Gatherings, qui fêtent leur 5 ans cet automne. Joyeux anniversaire et merci à eux !

BLACK MOUNTAIN (+Psychotic Monks) – 11 juin 2015 – Paris (La Maroquinerie)

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C’est sous un infâme cagnard qui m’aura suivit sur deux heures de trajet dans une voiture non climatisée que j’accoste la maroquinerie. Première chose à faire dès lors, prendre une pinte à vider d’un trait pour essayer de se souvenir de la signification du mot « fraîcheur », le tout sur la très sympathique terrasse du lieu. Mais déjà, il est temps de s’engouffrer dans la moiteur et les vapeurs de machine à fumée pour atteindre la scène.
Ainsi, l’espace semble avoir déjà raisonné. Au vu du niveau de transpiration des individus présent ce soir, il est clair que je viens de louper la première partie… Psychotic Monks. Je ne parlerais donc pas de leur musique. Par contre, j’entends parler de leur prestation avec entrain. A charge de revanche donc.
Ce soir ce sera donc Black Mountain seulement. Petite parenthèse, ce groupe canadien de heavy-hard-rock-psyché-stoner-prog 70’s formé en 2004 me semble absolument mésestimé au vu de la qualité de leurs compositions et du soin apporté à la production d’un album comme « In The Future », qui est pour moi, l’une des meilleures références du genre (plutôt large le genre donc). Le groupe est en tournée pour les 10 ans de la sortie de leur premier album, ce qui va me permettre de les voir pour la première fois vu que lors de leur dernier passage, en 2011(!), la salle affichait complet.
Les voilà donc qui arrive sans chichi. L’une des particularités du groupe est le double chant masculin/féminin avec le leader chanteur/guitariste Stephen McBean d’un côté et la chanteuse Amber Webber de l’autre. Si cette dernière est plus ou moins en retrait sur certains morceaux, car tantôt lead ou backing vocals, la symbiose des deux est là. Avec un claviériste et un bassiste sur la gauche, c’est assez naturellement qu’Amber trouve sa place au centre avec le batteur tandis que Stephen s’excentre plus loin sur la droite. Ce doit être le moyen pour lui de se dégager suffisamment d’espace pour laisser place à la fougue de son jeu de scène. A la fois intériorisé car souvent tête baissée ou regardant ses amplis mais aussi démonstratif avec ce qu’il faut en sauts et hochements de tête. Cette position centrale d’Amber se montrera parfois en décalage, surtout lorsqu’elle se retrouve passive alors que l’ensemble du groupe se donne au maximum, mais après tout qu’importe, puisqu’on décolle.
Ils font honneur à l’anniversaire qui les amène avec « Modern Music », pas mal en ouverture mais l’atmosphère enjouée qui s’en dégage est bien différente de leurs habitudes. On se rattrape avec un « Stormy High » du tonnerre, tube de leur second effort avec ce chant féminin lointain tout à fait entêtant. C’est alors que je m’aperçois de la qualité du son de ce soir. Les balances sont à l’orée du parfait et laissent entendre l’ensemble des nuances presque comme sur enregistrement. A peine s’aperçoit-on ici ou là que le clavier est un peu bas en volume. Pour en finir avec la technique, les lights soulignent tranquillement et de manière assez psyché ce qui se passe sur scène.
Globalement la set-list enchaînera les ¾ des morceaux du premier album en alternance avec ceux du second. Quelques morceaux ressortiront tout particulièrement pendant cette soirée comme « Don’t Run Our Hearts Around » qui se finira en un orgasme extrême non feint pour l’ensemble de l’audience ou bien « No Hits » et ses passages complètement schizophrénique. On aura aussi le droit à un « Queens Will Play » décevant dans sa première partie, la faute à un synthé complètement aphone pour le coup mais suivit par un morceau inconnu (« Defector » ?) qui ne demande qu’à être analysé rapidement sur un futur enregistrement !
Une petite pause histoire de s’éponger comme on peut, puis un retour sur un second morceau inconnu (« Mothers » ?). Si nous n’avons pas eu le droit ce soir au troisième album et à un titre comme « Rollercoaster » nous avons par contre le droit à ce qui semble être deux nouveaux morceaux que le groupe traîne sur cette tournée. Ce dernier s’étire en longueur à la manière d’un « Bright Lights » en plus pêchu et réussi directement, comme ça, à la première écoute live, à être l’un des meilleurs moments de la soirée. Encore une fois, j’espère vite pouvoir y jeter une oreille attentive sur enregistrement. « No Satisfaction » vient pour boucler la boucle en résonnant avec « Modern Music » et c’est alors que les portes s’ouvrent et que l’air frais s’engouffre.
Voilà donc un groupe qui ne déçoit pas en live, bien au contraire. Tous les éléments étaient présents pour passer un très bon moment et jusqu’à la découverte de ces deux nouveautés qui annoncent peut-être un nouvel album d’ici peu. En croisant les doigts, je pars me repasser les galettes précédentes et divaguer aussi sur l’ensemble des projets musicaux gravitant autour du groupe.

DOMADORA – No Roof project (31/07/2015 sud de Paris et 29/08/2015, près de Clermont Ferrand)

Pour qui suit de près la scène stoner psychédélique française, il devient difficile de ne pas avoir entendu ce nom prononcé : Domadora. Le trio français est devenu au fil des derniers mois LA valeur sûre de la scène : ses différentes prestations à Paris, dont un hommage à Earthless le 5 décembre 2013, ainsi qu’une tournée avec Steak et Crystal Head, font du combo un nom qui compte. Reste que Domadora s’est vite aperçu qu’il est en réalité plus un jam band qu’un combo traditionnel. Ce n’est pas là le genre de musique que l’on peut apprécier en une demi-heure de set coincé entre d’autres groupes mais bien une musique faite pour transporter les âmes par delà les codes traditionnels du concert. Fort de cette identité nouvelle, le groupe se met alors à la recherche d’espaces plus propices à leurs aspirations psychédéliques.

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La première étape de ce revirement de carrière se fait le 31 juillet dans un lieu tenu secret au sud de Paris. Organisé par les Stoned Gatherings en 5 jours, l’événement se monte comme un happening ultra privé, pour des raisons évidentes de sécurité. Un petite vingtaine d’invités, contactés via les réseaux sociaux se retrouvent alors devant une gare RER et attendent l’arrivée de l’orga, qui acheminera le joyeux convoi jusqu’à la clairière où les attendent un générateur et les trois musiciens de Domadora. Pendant près de deux heures, sur une presqu’île, avec lac et foret comme décors naturel, le trio envoute l’assistance en tissant une toile opaque de riffs et de breaks irrésistibles. Quelque part entre Hendrix et Earthless, avec le ciel comme seul toit, Domadora invite au voyage. Une fois tout le monde revenu sur terre, puis raccompagné au RER, le groupe acte sa transformation en Jam band et cherche à tout prix de nouveaux terrains naturel et inspirants pour leurs prestations.

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Et cela tombe bien : l’association Black Owl, située à Clermont Ferrand, avait au même moment des aspirations de « Generator Party », le plus vieux fantasme stoner qui soit. Tout naturellement, ils pensent à Domadora pour clôturer une soirée placée sous le signe du psychédélisme, avec She Hunts Koala, Decasia et The Blondi’s Salvation. Pour le décor, cette fois-ci, une vieille grange, perchée sur une colline au milieu des Volcans d’Auvergne. La scène est un amas de tapis, au milieu de l’herbe. Autour, une piscine, quelques tentes et une soixantaine d’amateurs de musiques qui font voyager les sens. Les quatre heures qui séparent Paris de la destination, encore une fois tenue secrète, passent finalement plutôt vite. A l’arrivée certains piquent une tête dans la piscine, les autres trouvent place dans un hamac. Les trois musiciens de Domadora, eux, font leur balance. Il est 15 heures et la journée, fort ensoleillée, sera des plus relaxantes. C’est à la nuit tombée que les concerts s’enchainent, avec She Hunts Koala en premier lieu. Le combo Toulousain, visiblement influencé par Sleep, déroule un set chamanique et lourd tandis qu’une lune ronde et pleine apparaît en contre-bas. Cette dernière illuminera le set de Decasia, dont le style est plus (trop ?) proche de Colour Haze. Devant la scène, la poignée de privilégiés s’assoit et se nourrit des vibrations procurées par la musique des Nantais. Pour ceux qui ne se nourrissent pas que de son, des sandwichs au St Nectaire (de la ferme, à tomber) ou au saucisson (tout pareil) sont prévus, ainsi que d’incroyables pâtés aux pommes de terre. Question bières, les fûts s’enchainent sous la tireuse, étanchant les soifs grâce à une formule aussi simple que magique : bière de caractère à prix plus que raisonnable. Puisque de fûts il est question, c’est une jeune (et jolie) demoiselle qui vient s’asseoir derrière ceux de Blondi’s Salvation. Le combo nantais est fait de très jeunes amateurs de psychédélisme, vivant jusqu’au bout leurs rêves hippie. Les 5 membres vivent en communauté, ont construit leur propre studio et multiplient sur scène les instruments. Il y a quelque chose qui rappelle les Doors (mais pas que) dans cette aventure sonore aussi naïve que délicieuse. L’assemblée voyage sur des terres d’orient et la fumée des altérations psychotropes montent jusqu’à la lune sans la faire tousser. Il est presque minuit lorsque Domadora s’installe sur les tapis, devant la vieille grange. Le public s’est maintenant rapproché. Il est devant, sur le coté, et même derrière la scène. Seul la lune surplombe la colline désormais. Le trio transporte alors l’audience dans les limbes du stoner, là où seule la rythmique a encore un sens. Par dessus, Belwil et sa vielle Gibson dessinent à grand renfort de notes les contours d’une nuit éternelle. Jam For The Full Moon. Le public désormais debout exulte et rend au groupe l’énergie que le trio déploie. Lorsque les dernières notes tombent dans la nuit, la lune brille toujours au dessus de la grange. C’est dans cette dernière que la soirée se poursuit, puisqu’une « Jam Room » y a été installée. La musique peut ainsi continuer jusqu’au petit matin.

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Desert-Rock tenait à parler de ces deux initiatives, par le biais d’un report croisé. Merci aux Stoned Gatherings et à Black Owl d’avoir rendu cela possible. Merci également à Domadora pour leur musique et leur gentillesse. Espérons que ce genre d’initiatives, visant à briser les codes traditionnels du concert seront nombreuses à l’avenir.

CROWBAR + WO FAT + BLACK TUSK – 09/08/2015 – Paris (Glazart / Stoned Gatherings)

En général, au restaurant, le déroulé classique des opérations consiste en une entrée, un plat, un dessert. Un démarrage tranquille pour une exponentielle des sens. Les caresses, l’amour, le câlin. Mais ce soir, les mecs des Stoned Gatherings ne se sont clairement pas inspiré de Joël Robuchon pour leur affiche. Ils viennent en effet nous proposer trois plats, dont aucun ne pourrait trouver sa place dans une réunion consommateurs Weight Watchers. Oui, c’est indéniable, ils dépassent tous l’apport calorique d’un repas de sumo en période de prise de masse. Mention spéciale pour Crowbar, à pousser un diététicien à la reconversion professionnelle. Ce soir le Glazart joue donc sa première étoile au guide Michelin, et c’est les oreilles affamées que l’on arrive pour goûter à ce menu qui nous titille les papilles depuis un moment déjà.

À l’heure où les rues de Paris ont battu le record de fréquentation du désert de Namibie, le Glazart ne semble pas souffrir de la diaspora parisienne qui a lieu chaque été puisqu’avant même le début des hostilités le lieu est déjà bien rempli. La date du 9 août pour une telle affiche pouvait paraître risquée mais le pari est finalement réussi.

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Black Tusk ouvre le bal dans une salle presque comble dont la température et l’humidité permettrait la floraison immédiate d’une quelconque plante exotique. Dès les premières secondes, on comprend rapidement que Black Tusk n’est pas là pour nous ménager. Le son de la basse est énorme, le guitariste chanteur hurle et le batteur martèle son kit de batterie, qui se demande surement ce qu’il a fait pour mériter une telle violence, lui qui n’a rien demandé à personne, le pauvre. Même si le public n’a pas encore atteint l’excitation dont il va faire preuve sur les deux groupes suivants (peut être s’acclimate-t-il à son nouvel environnement tropical), impossible de ne pas remuer la tête sur des titres comme « Embrace the Madness » ou « Red Eyes, Black Skies ». Entre quelques gorgées de Jim Beam, le groupe de « swamp metal » comme les membres aiment à se définir, nous livre un set mélange de stoner et de hardcore, bourré d’énergie et ponctué de grands sourires d’un guitariste tout guilleret. Ça fait plaisir à voir et à entendre.

Après 5 minutes de balance (suite à un problème technique ?), place maintenant au grand Wo Fat, le magicien des jams psychés, ayant établi pour temple vaudou la salle du Glazart. Wo Fat, c’est ce trio de Texans qui depuis presque dix ans nous balance un southern stoner déjanté et possédé par les démons du blues et de l’électricité, avec son lot d’albums cultes et de hits en puissance. Ce soir, le groupe a puisé dans sa discographie les morceaux les plus ravageurs, du moins en live. « The Black Code » , « The Conjuring » ou encore «  Read The Omens », autant de bombes bourrées de riffs délectables et de succulents solos. La voix de Kent Stump est difficilement audible mais étrangement, tout le monde s’en fout. Et de fait, ça n’affecte en rien la puissance musicale du groupe. Parce que Wo Fat c’est avant tout du riff. La foule dégénère sérieusement sur les délires fuzzés des trois sorciers qui se sont visiblement emparés de l’esprit des malheureux du premier rang. On oublie vite la chaleur de moins en moins supportable pour se laisser porter avec grâce par ces malades du groove.

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On comble rapidement notre anormale sudation par un apport rapide et efficace en houblon, et on attend avec impatience les légendaires Crowbar. On doit l’avouer, les vrais stars de la soirée, ce sont eux, ce mythique groupe qui règne en maître dans la chapelle du sludge, porté par le saint Père Kirk Windstein, le Riff Lord, qui n’a pour autant rien d’un enfant de chœur. La salle est remontée à bloc après ces deux superbes mises en bouches et ce final qui s’annonce majestueux. De nouveau des balances (décidément…), un petit pipi de Monsieur Windstein, et le groupe peut commencer. La boucherie démarre sur le résolument hardcore « Sever The Wicked Hand ». 25 ans d’office et 10 albums derrière eux, Crowbar a de quoi rassasier ses fans avec une belle discographie pleines de tubes construits de riffs doomy aux tonalités plus basses que les fonds marins. C’est donc un peu sans surprise que le groupe va nous dérouler les titres qui ont fait son succès, « Planets Collide », « High Rate Extinction », « To Build A Mountain », ou le plus récent « Walk With Knowledge Wisely »… C’est prévisible, oui, mais ça reste très jubilatoire. La fosse qui a pris des allures de cage aux lions pourra en témoigner, avec un slam par minute et même un mini wall of death improvisé.

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Un petit rappel plus tard, Crowbar clôt cette belle soirée. C’est les oreilles bien remplies que l’on quitte les lieux, avec un petit sourire plein de compassion en pensant aux copains sous le soleil qui ont raté cette soirée. Merci les Stoned Gatherings de m’avoir vengé des vacanciers.

NICK OLIVERI (+ Out Of Space) – 22/07/2015 – Lyon / Décines (Warmaudio)

Il existe encoredes personnalités atypiques, inclassables voire imprévisibles dans le milieu , et c’est tant mieux. Certainement pas pour rien que Nick Oliveri a intitulé son dernier album “Uncontrollable”. La quarantaine ça aide à se connaître. Pas non plus tous les jours qu’une icône de Palm Desert au CV impressionnant nous rend visite, et l’annonce d’un set acoustique en solo suscite curiosité et interrogations parmi la centaine de personnes venue garnir le Warmaudio pour ce deuxième plateau proposé par L’Oeil de Néron.

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C’est aux locaux, comme le veut la coutume, d’Out of Space, que revient l’insigne honneur d’ouvrir pour l’un des pionniers du stoner californien. Au cours d’une discussion pré-show passionnée, le trio officiant depuis 2012 me confiera d’ailleurs vivre une sorte de rêve éveillé en partageant l’affiche avec l’une de leurs influences majeures, petits veinards qu’ils sont.

Et effectivement une fois que les planches se mettent à vibrer, un fort arrière goût QOTSA-ien émane des compos des lyonnais, mais celui, plus désertique, des débuts, mélangé toutefois à des ambiances plus sombres, des touches plus grunge. Une fois, découverte oblige, les sempiternelles étiquettes accolées, on apprécie le déploiement sonore du combo : la basse punchie de Guillaume ronfle et groove comme il se doit, Nicolas et sa gratte prennent un malin plaisir à varier les sonorités, appuyés par la panoplie d’effets inhérente au genre. Son chant vient des tripes, renforçant ainsi la véhémence des morceaux. Tout juste notera-t-on un léger manque de justesse sur les parties aigües les plus exigeantes. Derrière les fûts Kevin est loin d’être avare en dépense énergétique et en mimiques dont seuls les batteurs ont le secret, et le fait d’avoir un bassiste gaucher jouxtant un guitariste droitier apporte une symétrie scénique plutôt sympathique visuellement.

Mention spéciale au dernier morceau sur lequel on est invités à fermer les yeux et voyager, un petit quart d’heure plus aérien et bien senti qui s’achèvera en larsens, mariés aux applaudissements d’une audience qui ne s’y est pas trompée.

Une bonne découverte, assurément un groupe à suivre dont on aura l’occasion de vous reparler.

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“Jamais vu autant de tracteurs de ma vie, quel merdier !” C’est un Nick fatigué et limite bougon qui arrive enfin à Décines, depuis Nantes, avec quelques bonnes heures de retard, bloqué par les agriculteurs mécontents. Tout s’est décidément réuni ce soir pour qu’on se demande à quelle sauce on va bien pouvoir être mangés ce soir…

Après évacuation du superflu sur la scène, c’est à dire tout sauf un ampli et une table nappée, ornée de breuvages d’origine belge ou mexicaine, l’homme qui autrefois s’amusait à jouer à poil va se mettre à nu devant nous. Dès son entrée, tout sourire (ouf !), il instaure une proximité avec son public à coups de vannes et de bonne humeur communicative, déclenchant instantanément l’hilarité des (plutôt nombreux) anglophones présents et détendant l’atmosphère en deux coups de médiator.

Place à la musique, et le bonhomme va passer, à la moulinette acoustique donc, une partie forcément non exhaustive de sa riche discographie. Il ne faut que très peu de temps pour qu’enfin la double centaine d’oreilles présente mette le doigt sur tout l’intérêt de cette tournée solo: se faire plaisir et nous faire plaisir. Se faire plaisir en déterrant avec brio des morceaux loin d’être connus de tous, surfant sur les vagues punk, rock ou blues chères à son cœur, et nous faire plaisir avec des relectures personnelles et appréciées de quelques morceaux de qui-vous-savez.

A peine planqué derrière sa guitare, Oliveri se fait tantôt furieux, tantôt d’une douceur presque insoupçonnée, six-cordes maîtrisée qui semble en fait servir d’appui pour permettre à sa voix si particulière, stridente, possédée mais chaleureuse et envoutante, de s’exprimer au maximum de ses capacités, nous laissant littéralement en admiration devant tant de sincérité et de passion.

Chaque entre-morceaux est prétexte à se réhydrater, s’auto-chambrer sur son passé, offrir une bière au public, ou encore carrément nous inviter à faire la fête avec lui sur scène pendant “Feel Good Hit of The Summer”, laissant même le micro à qui veut, simplicité, intégrité, classe.

Si j’avoue bien volontiers ne pas être un aficionado des tous ses projets, les conditions de ce soir proches d’un showcase ou d’un concert privé, promiscuité et convivialité, nous auront permis de découvrir l’Artiste sous un autre angle, le plus spontané et honnête qui soit.

En témoigne, si besoin était encore, cet after collectif émaillé d’anecdotes de route toutes plus croustillantes les unes que les autres. Notre quadragénaire insatiable finira même chez Fraise, tatoueuse du coin, histoire d’immortaliser sur sa peau ce moment de partage musical et humain.

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Double, voire triple pouce en l’air, pour Néron qui a eu l’œil, pour les gens qui l’ont aidé, ainsi que pour Jo Riou, illustrateur pour de plus en plus de groupes dans la nébuleuse, descendu spécialement de Paris avec tout plein de chouettes affiches, notamment celle de ce soir, et félicité pour son travail par Nick himself qui repartira avec quelques posters à afficher dans sa chambre d’éternel ado.

Et bien sûr bravo aux quatre musiciens du jour, messieurs vous avez assuré et messieurs-dames, ce fût une soirée fort agréable !

(Crédits : poster par Jo Riou, photos par Noodle Photography)

DOT LEGACY + GOATFATHER + SORENSEN – 23/04/2015 – Lyon (Le Blogg)

Grasse semaine. Après Red Fang et Eyehategod, troisième concert d’affilée, cette fois au Blogg et gratuit. Il me tardait de découvrir l’endroit et voir les parisiens Dot Legacy confirmer la qualité de leur premier album en live, saupoudrés de deux groupes locaux.

Alors ? Y’avait-il de la bière ? Réponse sans images :

 

SORENSEN :

C’est 20h30, deux p’tits jeunes qui doivent pas trop être habitués aux mauvaises notes, amis de longue date et heureux profiteurs d’un double désistement prennent place pour ouvrir la soirée et c’est parti pour un duo guitare/batterie des familles !

Direct ça sonne, ça joue bien, les morceaux sont plutôt bien construits, alambiqués mais pas trop pour rentrer dedans. Selon les plans distillés on navigue entre riffs couillus, mélodies chiadées mais pas à chier et arrangements travaillés bien sentis.

Mon collègue (bassiste) me glisse, ou plutôt me braille dans l’oreillette qu’il manque quelque chose et ira leur proposer ses services après leur set, apprenant que le line-up n’est pas fixé et qu’il y a des (grosses) cordes en plus sur l’enregistrement. Effectivement le spectre sonore mériterait d’être un brin plus rempli mais avec un son de gratte gonflé et retravaillé on sent que la formule pourrait fonctionner à merveille tant ces deux-là semblent se connaître par cœur.

Sacrément prometteurs donc, malgré quelques rares imprécisions et un manque de conviction (dixit Arthur le batteur) sur les interventions de Martin entre les morceaux. On leur pardonnera volontiers ces petits détails, les potes et les autres applaudiront de plus en plus chaleureusement leur prestation, ponctuée par un forcément efficace Twenty de “Si-tu-sais-pas-qui-tu-t’es-planté-de-site”. Bière.

 

GOATFATHER :

Changement de cours de récré avec Papa Chèvre, second groupe local d’une soirée assez pauvre en son clair. On passe de deux à cinq sur la sympathique scène du Blogg, du coup devenue plutôt exigüe, en particulier pour l’immense et jovial chanteur, ainsi que pour le pauvre bassiste qui se retrouvera planqué derrière un des deux gratteux tout le long du concert.

Le set démarre à sec, les nuques se meuvent machinalement et les pieds tapinent tous seuls. Ouep, Goatfather c’est du stoner burné et rock ‘n’ roll à souhait, pas franchement original mais franchement efficace. Chaque compo est une “vraie” chanson avec son lot de riffs difficilement résistibles, ses paroles parlant des trucs qu’on aime bien ou qu’on aime pas, ses breaks parfois convenus et ses solos

qui mériteraient d’apporter un peu plus aux morceaux à mon goût, ça viendra j’en doute pas !

Le tryptique grattes-basse forme un ensemble compact, les trois compères-chèvre jouant assez souvent la même chose, le cogneur quant à lui donne pas mal le ton, avec des coups de cowbell par ci par là. Bière, flasques de whiskey pour les zikos.

Une reprise de Viking Skull annonce bientôt la fin, on sent les zikos concentrés et pas encore complètement à l’aise sur scène, alors le frontman, terme trop rarement utilisable, fait le show. Présence, voix frelatée, humour et Goat-Pro, un crâne de bouc affublé d’une caméra dont Olaf le bien-nommé se servira pour arpenter le public qui finira avec un grand sourire aux lèvres. Bière.

 

DOT LEGACY :

Le sourire aux lèvres, les quatre capitaleux de Dot Legacy l’auront tout au long de leur set mais au vu du matériel qu’ils utilisent, sont clairement pas venu enfiler des perles… Ah ben si en fait, mais des perles de leur premier et très bon album mélangeant avec brio musique du désert à des passages planants, hip-hop ou encore surf (!!), le tout enrobé d’un travail de voix (auquel tout le monde  participe, parfois à capella, en espagnol et/ou en canon) à couper le souffle et une mise en son quasi parfaite ; attends, ça s’appelle pas la claque ça ?

Les mecs ont de la bouteille, sont clairement là pour en découdre et ça se confirme dès les premiers accords, chacun est à fond et maîtrise pour le moins son sujet, ça bouge de partout même le batteur ne tient pas en place et se lève à la moindre occasion, bref ça envoie. Un peu trop d’ailleurs, le sonomètre est dans le rouge et le groupe devra se baisser, mais juste un poil, faut pas déconner.

Damien, bassiste/chanteur, utilise un deuxième micro pour moduler son chant juste et inspiré, le saturant ainsi sur certains passages, nous délectant dans le même temps d’un jeu de basse fourni, varié et parfaitement audible, Arnaud le gratteux bondissant ne prend même pas le temps de poser sa six cordes pour balancer un peu de clavier de temps à autres et John de l’autre côté termine de remplir l’espace, complet, à l’aide de gros riffs ou d’effets du plus bel… effet.

Tiens, c’est presque la fin et je remarque seulement que la salle s’est honteusement vidée, comme partout apparemment une fois que les potes ont joué on se casse…

Tant pis pour eux Félix, chef d’orchestre, qui visiblement n’aime vraiment pas trop être caché derrière sa batterie, est loin d’être en reste avec son jeu tantôt subtil tantôt bourrin, ses grimaces et son corps d’éphèbe qui suscite une certaine jalousie de ses camarades, vu qu’il sera sujet à quolibets en fin de show (c’est le mot), entrecoupés d’un gros riff en guise de censure. Devant moi deux mecs (de l’équipe desert-rock) prennent leurs pieds comme des adolescentes, mais barbues, bière(s).

 

Ce premier concert au Blogg aura été une première claque et de premières bonnes découvertes locales, espérons-en d’autres bientôt !

HELLFEST 2015 – Jour 3 (Eyehategod, Saint Vitus, Weedeater, Red Fang, etc…) – 21 juin 2015 (Clisson)

Après deux jours de festival, nous ne sommes plus aussi vigoureux qu’au premier jour. Le lever suivi du petit-déjeuner en mode quick and dirty a un peu plus d’inertie, mais c’est pas à des vieux babouins comme nous qu’on va la raconter…

On reprend la même équipe, la même soucoupe spatiale et la même soif de décibels pour rejoindre le même open air. Tout comme la veille et l’avant-veille : il fait beau, sec et chaud (tout comme d’hab’ dans cette région nous murmure-ton dans les oreillettes) et c’est sans surprise que la Valley sert à nouveau de refuge aux ennemis du soleil en plus d’être la seconde maison des aficionados de notre style de prédilection. On échange quelques impressions au sujet des shows de la veille, on se réjouit de voir la Nouvelle-Orléans bien représentée sur scène en ce dernier jour et on débat aussi des heures de départ, des itinéraires, du job qui repointe sa fraise (et ça c’est pas glamour du tout) etc… Enfin bref alors que certaines pouliches sentent l’écurie, que certains canassons accusent la fatigue (voire paient cher leur habitude nouvelle de se taper une carafe de pisse plutôt qu’un verre de taille usuelle) et que les yearlings s’émerveillent d’un rien, les pur-sang que nous sommes sont dans les starting-blocks pour une nouvelle journée dédiée au Dieu Stoner.

WITCHTHROAT SERPENT

Comment se faire Electric Wizarder de bon matin ? T’as passé un bon samedi soir et tu veux retrouver les tréfonds et les tourments de l’âme, la poisse bien noire qui colle à la joie ? Les toulousains sont les anti-Zebda et vont le prouver en ce début de dernière (sniff) journée de festival. Riffs lourds et lancinants, les cordes graissées à la suie et les fûts remplis de pétrole, le trio déroule un set gluant porté par l’armée de subs au garde à boue en devant de scène. Du gros doom dégueu qui, par moments, perdra de sa force quand les zicos perdront la cohérence et l’unité nécessaire. Un mal vite récupéré et une belle ouverture de troisième jour devant un parterre attentif et heureux devant tant de souffrance. Les groupes français n’auront pas démérité, loin de là, au cours du festival, et on aimerait les voir un peu plus haut placés dans le running order pour la prochaine édition.

DEATH ENGINE

Groupe du cru, remplaçant du groupe qui remplaçait le groupe qui n’a pas pu, Death Engine ne rentre pas dans la ligne éditoriale de votre webzine préféré mais ils nous a quand même sacrément retourné avec leur noise obscur teinté de hardcore servi dans un écrin violent de prestation. 11h40, la mandale est violente et la découverte belle. Merci messieurs.

SOFY MAJOR

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On ne va pas vous mentir, c’est un peu le chaos dans le running order de la Valley ce matin : après l’incorporation de Death Engine, c’est maintenant aux auvergnats de Sofy Major de se retrouver bombardés invités de cette prestigieuse scène. Un peu inhibés par cette opportunité, le trio n’est pas franchement débridé sur scène, même s’ils font le job, à savoir se faire connaître. Sur le papier, on pouvait craindre un délire bruitiste prétentieux, mais il n’en est rien sous nos yeux : sur une base effectivement bien noise, les clermontois alignent les riffs et les rythmiques massues susceptibles de satisfaire bon nombre d’amateurs de stoner, et peut même se targuer, c’est rare dans cette veine musicale, d’avoir des passages au groove naissant… La démonstration sur le moyen terme s’avère convaincante : loin d’être pompeux et ennuyeux, le groupe aligne les compos énergiques et plombées, et convainc un public un peu disséminé, mais réactif et apparemment appréciatif. Bonne performance, un peu hors sujet peut-être, mais pas si éloigné de nos affinités premières.

RED FANG

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Nous avions été positivement impressionnés lors de l’annonce des groupes du Hellfest par la présence de Mastodon sous la Valley, un groupe habitué aux Main Stages. A l’inverse, voir les “habitués” Red Fang (deux Hellfest déjà dans la besace) émigrer vers la Main Stage ne nous a pas forcément rassuré. Souvenirs mitigés des groupes que nous affectionnons (Crowbar par exemple ?) jouer sur ces scènes impersonnelles, au son approximatif, sous un soleil de plomb… Bingo, on prend les mêmes et on recommence ! C’est donc sous un soleil de plomb que l’on gagne la scène principale pour aller retrouver les quatre musiciens un peu perdus sur cette scène bien trop grande pour eux. Ils se sont d’ailleurs positionnés au milieu (derrière un grand backdrop qui apparaît minuscule au fond de ce gigantesque volume), bien près les uns des autres, seul Bryan Giles se mouvant un peu hors de son emplacement, parfois. On est un peu alertés par la qualité du son au début, mais très vite, il devient juste impeccable, et ce à différents endroits dans la fosse. Une fosse étonnamment assez animée, d’ailleurs : même si le public est au mieux attentif passé le milieu de la fosse, il reste impliqué, souriant, ondule en rythme et gueule pour célébrer chaque fin de morceau. Le quatuor a quarante petites minutes pour convaincre, pas le temps de papoter (les échanges avec le public sont brefs), ils déploient l’artillerie lourde direct, pas de quartier. Il faut dire que le combo s’y connaît en compos efficaces : le duo “Hank is Dead” / “DOEN”, “Wires”, “Blood Like Cream”, une version légèrement accélérée de “Wires”, “Malverde”,… En gros, on va pas se plaindre, c’est vraiment le point fort de Red Fang. En terminant, on en a pris l’habitude, sur le classique “Prehistoric Dog”, ils sortent de scène sous les applaudissements nourris (et mérités) d’un public qui est prêt à leur manger dans la main. On s’attendait au pire, on a eu du très bon. Comme quoi…

RUSSIAN CIRCLES

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Quand vous les voyez arriver, vous ne pouvez pas dire qu’un élan de charisme vous domine… Et puis, les instruments branchés, la vague déferle. Puissante, immense. Là ou Godspeed You ! Black Emperor emploie entre sept ou huit musiciens pour emplir le spectre sonore, Russian Circles le fait à trois. Et le fait bien. Le voyage est aérien, psychédélique, post-truc, stoned bourrin, il leur est propre, ça c’est certain. Les nappes superposées par les cordistes puisent leurs forces dans l’entrelacs rythmique que créé le batteur. Ce dernier caresse son charley autant qu’il martyrise ses toms, défriche les terrains pour faire place et honneur en grande partie à « Memorial ». Ça écarquille grand les mirettes dans le public à l’écoute du live et de son interprétation. La communication, minimale, permet de rester dans chaque seconde de silence entre les morceaux. On ne décroche pas un seul instant, bercé par de nouvelles nappes aériennes avant d’être frappé à nouveaux par la puissance des compos. Un vrai bon concert du Hellfest, qui aura grandement participé à la haute teneur qualitative proposée en ce dimanche de fête de la musique.

WEEDEATER

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Quand le régisseur vient chercher Dixie Collins à l’heure de commencer le set, tandis qu’il sirote tranquilou une bouteille de Jack Daniel’s avec Jimmy Bower, on se dit que niveau professionnalisme, engagement et investissement émotionnel dans le set, on est pas au top du côté de ces branleurs de Weedeater. Pour parfaire le tableau, le bassiste se comporte comme le dernier des clodos durant le set, tétant sa bouteille carrée à chaque occasion, projetant un filet de morve qui reste accroché à sa barbe une bonne part du concert, arborant un tee-shirt suintant de sueur, déchiré sur 50 cm sous le bras… La grande classe. Mais au final, ça passe. Faut dire que niveau gras, on a notre dose pendant quarante minutes. Le frontman déjanté au regard de maniaque n’est pas qu’un rigolo – il caresse sa basse comme si c’était une femme de mauvaise vie sur les trottoirs glauques de leur patelin de Caroline du Nord, faisant cracher par la même occasion des torrents d’huile de vidange des amplis (notons que ça manque un peu de pêche en façade sur la basse, mais encore une fois… l’essentiel est bien là !). Côté vocaux, le beuglard met à profit son stock de glaire quand il daigne aller lécher le micro, finissant l’enrobage de chaque titre. Le surcouche de goudron frais est apportée par le son de gratte de Dave Sheperd : le six-cordiste a beau avoir la présence scénique d’un plat de nouilles froides, il assure. Et que dire du jeu de batterie déjanté de Travis Owen ? Chargé de groove, la prestation du frappeur est inattaquable, et l’on pourrait passer le set entier à le regarder jongler, faire tourner et lancer ses baguettes, frapper sa cymbale avec le pied, grimacer… Et la set list dans tout ça ? Pfff, on s’en fiche un peu non ? Le groupe jouerait la même chanson pendant quarante minutes qu’on prendrait quand même notre pied à avaler des bidons d’huile de vidange en headbanguant. Il n’empêche, on ne boude pas notre plaisir de discerner des petites perles comme les duo “Turkey Warlock” / “Jason… The Dragon” ou encore les nouveaux et efficaces “Goliathan” / “Cain Enabler”. Mais l’essentiel n’est pas là. On ne sait pas vraiment où il est, d’ailleurs, l’essentiel… En tout cas on a pris notre dose de graisse et on a adoré.

EYEHATEGOD

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On reste dans une galaxie plutôt bourrin avec une autre formation originaire des USA. Décidément, l’ultime jour est très axé grosses bûches made in America et de ça, nous n’allons pas nous plaindre (surtout qu’il y a un putain de niveau sur scène). Nous demeurons donc en compagnie de personnages rompus à l’exercice scénique pour une cinquantaine de minutes consacrées à la débauche musicale dans toute sa splendeur. A leur entrée dans l’arène, les vétérans de la scène de Louisiane ont une mine un peu moins joviale qu’au Freak Valley où ils débutaient cette nouvelle tournée. Mais comme ces garnements sont plein de ressources,  c’est confiants que nous nous plaçons pour déguster les spécialités des bûcherons en chef. Du renfort de sécurité débarquera par ailleurs de la Warzone pour assurer la réception des crowd surfeurs qui vont s’en donner à cœur joie durant le set d’EHG. Le concert débute sur un titre récent : “Agitation ! Propaganda !” puis on exhume “Lack Of Almost Everything” avant de frapper très fort avec l’incroyable “New Orleans Is The New Vietnam” qui constitue toujours un temps fort des prestations de cette – pas si – fine équipe. La suite du show sera du même baril avec des titres anciens et d’autres extraits de la plaque éponyme sortie il y a peu (“Worthless Rescue” ou “Parish Motel Sickness”). Du Grand Art comme on l’aime. La prestation aura poutré jusqu’au final débridé habituel et le peuple de La Vallée signifie sa satisfaction au groupe qui quitte la scène. Après deux formations actives du côté obscur de la force, il va falloir patienter un moment pour se faire à nouveau botter le popotin (ou se reposer, ou se désaltérer, ou se bourrer la gueule sans avoir nécessairement soif) ; c’est quartier libre pour les moins de trente-huit ans pour presque trois heures.

LIFE OF AGONY

Difficile d’expliquer ce que vient faire Life Of Agony sous la Valley, alors que la Warzone, à moitié dédiée aux groupes d’émanation hardcore, semblait toute désignée pour héberger la prestation du groupe… LOA est une directe engeance de la vague new-yorkaise du genre, et même s’il a su injecter au fil des albums des aspects sombres et metal à sa musique (s’éloignant de fait de ses origines NYHC), le groupe reste stylistiquement plus proche d’un Sick Of It All que d’un Brant Bjork, par exemple ! Toujours est-il que l’excitation est palpable lorsque commence ce set improbable sous une Valley chargée d’affect : il faut dire que le quatuor, dont la vocaliste Mina Caputo était précédemment connue en tant que Keith Caputo (faut vous faire un dessin ?) drive la performance énergique du combo perpétuellement sur la brèche entre émotion pure (c’est un cliché que de faire allusion à un comportement très féminin ?) et puissance vocale inaltérée. La voir chanter presque trois morceaux complets dans le pit photo, à enlacer ses fans, leur parler, les faire chanter, enlacer les spectateurs handicapés, etc… est juste hallucinant. Mais bon, on est musicalement hors sujet dans ces pages… Disons néanmoins que c’était probablement l’un des meilleurs sets du week end.

SAINT VITUS

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Retour en terres plus connues avec d’authentiques survivants des seventies. Plus tout à fait jeune, mais gardant une attitude terriblement infantile dans sa manière d’aborder ce set, Saint Vitus va botter des culs durant soixante minutes. Nous n’allons pas faire durer le suspens bien longtemps : Wino n’est pas de la partie et c’est l’autre bon vieux Scott (Reagers pour ceux qui sont dissipés) qui assure le chant pour un show d’excellent doom psychédélique vintage. Ce set très traditionnel verra se succéder des soli orgasmiques, des interventions tombant à plat de Dave Chandler (à la ramasse totale) et des titres d’anthologie. Nous assisterons aussi à un lâché de baudruches (vos limiers ont cherché en vain de trouver l’heureuse personne qui avait organisé ce dîner d’anniversaire…vous dire si nous ne sommes pas pro).

Question titres, après une attaque prometteuse sur “Dark World”, les Californiens demeureront sur Die Healing le temps d’un deuxième titre. Ce choix est cohérent compte tenu du fait qu’ils se produisent ce soir avec le vocaliste occupant cette place sur cet enregistrement. Dans le même esprit, ils ont aussi gratifié le public du Hellfest de titres issus de la première plaque légendaire de 86. Le setlist sur mesure a contribué à l’humeur joviale de leur chanteur qui sera très contagieuse puisque tout le monde a passé un sacré bon moment durant ce concert majeur. Il demeurera assurément un très grand moment de cette édition tout comme ceux délivrés le même jour par Weedeater, Eyehategod ou Red Fang. Il est à mentionner que le public n’a pas été le seul à communier avec ce groupe faîtier de ce genre puisqu’une grosse représentation des formations citées deux lignes plus haut, ainsi que de Superjoint Ritual qui se produira plus tard, était présente sur scène pour profiter de ce spectacle (et se désaltérer en communiquant avec le groupe qui joue ; normal). Malheur aux absents, ces gens sont vraiment passés à côté de quelque chose. Forcément le show se termine en apothéose alors que commencent à débarquer dans la Valley quelques têtes croisées ces derniers jours en d’autres lieux. Étrange…

SUPERJOINT

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… ou pas en fait. Superjoint Ritual – dont une partie de l’équipe de Desert-Rock boudera la performance qualifiée de pas stoner – va se produire pour mettre un point final à ces trois jours de furie et d’amour dans la Valley. Un indice ne flouera personne à l’approche du début du concert : il y a une putain de queue du côté des photographes qui veulent immortaliser ce concert historique. Il y a aussi, parmi la foule, des nostalgiques des nombreuses formations emblématiques auxquelles leur leader Phil a participé. Il est à mentionner que Monsieur Bower effectuera son deuxième concert de la journée en ces lieux après celui d’EHG.

Le concert a démarré avec un peu de retard, mais les fans – appelons les choses comme il se doit – ont frisé l’orgasme durant un set qui a été constitué principalement de titres issus du splendide “Use Once And Destroy”. Anselmo a tenu le crachoir comme d’habitude et quelques extraits de “A Lethal Dose Of American Hatred” sont venus pimenter un peu ce set très pro qui a fait des heureux parmi de nombreuses tribus de la grande nation metal.

Une journée de grande classe (dont un résumé visuel traduit un peu l’ambiance au pied de cette page) qui fait suite à deux autres du même tonneau. Des groupes généreux pour la plupart, un temps radieux, un public fantastique et une organisation au top ont constitué une cuvée anniversaire du Hellfest d’excellente facture. A l’heure de rendre sa quiétude au bled agricole, nous nous jurons de revenir nous faire bourriner la gueule sur la route qui mène de Nantes à Montaigu (la digue, la digue…) l’an prochain pour une nouvelle édition de folie ; what else ?

Cliquez ici pour voir les photos live de la journée !

 

Chris, Flaux, Laurent

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