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Après en avoir tellement entendu parler autour de nous, à l’occasion de sauteries du genre stoner, nous avons décidé de nous rendre en binôme au fameux Freak Valley de Netphen. Ce festival estival artisanal se déroule quelque part entre Cologne, Francfort, à l’ouest de Bonn et au sud de Dortmund, en rase campagne. Idéalement situé au cœur de la Teutonnie à quelques encablures du Benelux et du nord de la France, cette fête dédiée aux Dieux du stoner attire comme un aimant les amateurs de riffs psychédéliques, voire pachydermiques, encouragés par la tarification des plus attractive pratiquée par les compagnies aériennes.
Bref, on s’est tiré au Freak Valley et on n’a rien regretté comme vous avez pu le constater en matant notre résumé visuel (et lui aussi complètement artisanal) que vous pourrez (re)voir en bas de page. Une fois l’attirail du parfait festivalier-reporter artisan préparé, nous avons débarqué dans le champ collé à une zone d’activité pour débuter cette fiesta baba cool de trois jours.
THE CYBORGS
En ouverture de rideau, les transalpins adeptes de boogie électro ont remplacé Gas Giant initialement prévus pour le début des festivités. Heureusement à l’heure – car c’est toujours un sacré plaisir visuel que de se taper un show de ce duo – nous sommes fins prêts et en place pour le début des expérimentations sonores de Cyborg-0 ainsi que de Cyborg-1. Parés de leurs tenues de scènes sombres et affublés de leurs casques de soudeurs, les Italiens embrayent sitôt que le speaker, velu, a ponctué sa phrase annonçant la venue du duo de Rome avec leur style minimaliste à fort impact en public (en tous cas nettement plus que quand on les écoute sur disque allongé dans le sofa). Comme d’hab, la structure sonore est assurée par le membre aux commandes de son – euh, comment dire ça précisément – synthé joué de la main gauche alors que la droite est en charge de la baguette destinée aux cymbales et autres percus sises de part et d’autre du clavier, alors que ses pieds se chargent de battre la mesure sur la grosse caisse coincée sous le Yamaha (vous suivez ?). L’interaction verbale était assurée par ce bon vieux cyborg debout à la guitare dans un style nettement plus traditionnel.
Les lascars déballent la panoplie complète de leurs gimmicks scéniques durant le temps alloué pour leur prestation : expérimentations musicales avec le concours des quidams agglutinés derrière la barrière, interactions de la moitié du couple avec les instruments de l’autre (si possible avec une partie des accessoires perso pour corser le tout) et occupation de tout l’espace visuel (et scénique) par l’être debout (une prouesse pour ce duo à moitié immobilisé) voire à deux collés contre les premiers rangs. Question titres, ils ont plutôt bien assuré avec l’imparable « Cyborgs Boogie » dont il est difficile de se défaire même des heures après le concert et une réinterprétation très personnelle d’un standard Muddy Waters durant lequel Cyborg-1 s’était levé pour jouer du washboard alors qu’un dispositif tout personnel lui permettait d’actionner la grosse caisse à l’arrière depuis le bords de la scène. Carton plein pour ce groupe à part et pas vraiment dans le style du festival (en a-t-il vraiment un ?).
MOUNTAIN WITCH
Qui l’eut cru possible ? Nous croiserons une festivalière (qui restera anonyme, parce qu’on est des gentlemen avant tout…) qui pensait trouver sur scène le quatuor nord-américain imprégné de doom old-school, à vocaliste féminine… Point de Witch Mountain sur la scène du Freak Valley, mais bel et bien le trio teuton Mountain Witch. Même si les deux formations partagent un goût commun pour le doom ricain old school, quelques secondes suffisent à faire la différence. Le groupe évolue dans un stoner veiné de hard rock, très connoté doom (canal Candlemass / Pentagram) et psyché, et développe de longues séquences instrumentales fort bien exécutées, qui retiennent l’attention d’un public néanmoins plutôt calme tandis qu’un soleil de plomb fracasse les plus courageux dans la fosse. Scéniquement, le groupe ne brille pas par son énergie débordante, avec un batteur nonchalant sucette à la bouche et un guitariste qui semble plus préoccupé par l’apparence de ses chaussures, qu’il regarde en continu, plutôt que par l’attrait d’un public qui pourtant boit chaque note jaillissant de sa six-cordes. En fond de scène, Rene Roggmann est caché derrière son kit de batterie et assure la plus grande part des parties vocales (ce qui est toujours impressionnant). La set list fait la part belle au dernier album du combo, Cold River, avec quelques brûlots toujours efficaces à l’image de l’entêtant “Once I Am King” ou le doomy “School Of Night”, mais aussi quelques titres apparemment inédits. Plus décontractée que quelques semaines plus tôt au Desertfest Berlin, la prestation de Mountain Witch est de bon niveau mais ne restera pas pour autant dans les meilleurs souvenirs des festivaliers aujourd’hui.
THE MUGGS
Après ce set bien traditionnel, place au gros blues psychédélique oldschool avec le trio de Detroit. Les Ricains distillent leurs arrangements soignés dans une configuration toute personnelle : un batteur, un guitariste et un clavier – aux pantalons d’une blancheur immaculée – assis derrière son Rhodes vintage. L’absence de basse se sent un peu durant ce concert qui n’est pas carrément notre tasse de thé, mais qui plaît foutrement au public dans la place. Les arrangements – un poil pompiers par moments – sont soutenus par les poses typiquement US du guitariste au foulard hippie solidaire du manche de sa six-cordes. Il faut dire qu’avec un gars assis derrière ses fûts et un autre derrière son clavier, Danny Methric est le seul membre ayant la capacité de prendre de l’espace sur cette scène de taille conséquente sauf quand il se charge des parties vocales (partagées par instants avec son collègue rappelant par moment Elton John).
La structure des titres du groupe étasunien confrontée au timing du set – moins d’une heure – ne laisse pas vraiment de champs à la multiplication des chansons (ou des jams). Au final, le groupe n’a rien vendangé pour cette prestation qui n’était pas une première dans le cadre de ce festival ; il a balancé deux-trois compos carrément très efficaces techniquement dont le furieux « Applecart Blues » issu de « Straight Up Boogaloo » sorti il y a quelques mois. La mayonnaise a bien pris entre la formation et le public qui était ravi de cette prestation collant parfaitement au genre hippie de la manifestation.
GAS GIANT
Le début de soirée est des plus agréables durant le week-end le plus chaud de l’année en Allemagne quand les vétérans danois attaquent leur heure de set. Ces mecs avaient disparu de nos écrans radars depuis quasiment une décennie et c’est avec une excitation certaine que nous prenons place dans la fosse à photographes (nous avons de la place car le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe n’est pas le plus médiatique de la soirée). Le pied de micro orné d’une corne de cervidé avec son tambourin ainsi que son tambour flanqués sur ses côtés fait tout son effet et annonce le meilleur. Les lascars attaquent directement dans le gras ce qui génère rapidement un déplacement du public, bien inspiré, aux abords de la scène afin d’assister à ce concert (et du coup nous sommes moins seuls dans le secteur photographe). Nous avions un vague arrière-goût d’une formation aux sonorités proches de celles de l’écurie Small Stone des années deux-mille et nous n’allions pas être déçus par une prestation à la hauteur de nos attentes. La formule Gas Giant version 2015 a rapidement pris en live non seulement en ce qui concerne le son (qui dépote), mais aussi pour ce qui est du rendu visuel ainsi que de l’ambiance avec le moment tribal qui a fonctionné tip top. Après avoir balancé des titres issus de leur discographie quasi-complète, les vétérans scandinaves embrayent directement sur un rappel sans même effectuer la moindre pause afin d’optimiser les minutes restantes sur le temps de jeu. Le frontman charismatique pourra se targuer d’avoir remarquablement assuré son rôle sur scène alors que ses collègues envoyaient le gras avec panache. Franchement quel plaisir de se retaper des perles telles que « Never Leave This Way », « Too Stoned » et surtout « Storm Of My Enemies » – une réussite du genre ce fut.
GOATSNAKE
Ne nous leurrons pas : une large part du public est venue pour déguster le set des seigneurs américains de Goatsnake (vos serviteurs avouent piteusement être dans ce cas). La montée sur scène du légendaire quatuor et l’excitation qui en découle suffit à valider ce constat. Il faut dire que dans ce cas plus encore, la rareté de l’événement rend ce moment exceptionnel, dans tous les sens du terme. Les concerts du combo sont rarissimes, leurs tournées minuscules, et y assister est donc par nature un plaisir rare. Dans ce contexte, les premières riffs de “Slippin’ The Stealth”, en outre premier titre de leur discographie, gravent la banane sur les visages des milliers de présents pour l’heure qui suit : gros son, grosse énergie, exécution impeccable. Les conditions d’un moment d’exception sont réunies, d’autant plus que le soleil écrasant de la journée commence à se coucher, permettant aussi aux lights sur scène de faire leur première apparition probante de cette journée. Lorsque Pete Stahl, déjà en nage dès l’intro de “Flower Of Disease” qui suit, s’en va au contact du public en descendant de scène, on comprend aussi que nos quatre gaillards ont bien prévu de tout donner ce soir. Ce sera aussi le cas des petits nouveaux, une section rythmique redoutable d’efficacité et de présence scénique. Tout en puissance tranquille Greg Anderson, enthousiaste et souriant, façonne des riffs venus de nulle part, occupant la part belle d’une mise en son impeccable. Quant à Pete Stahl, il attire et capte tous les regards : il danse, se contorsionne, saute, se roule par terre, sans jamais manquer une ligne de chant, ce chant atypique, toujours nonchalamment nasillard, puissant et charmeur. Les nouveaux titres joués ce soir (“Black Age Blues”, “Graves”, le monstrueux “A Killing Blues”…) trouvent leur place toute naturelle dans un set explorant par ailleurs de manière minimaliste toutes les facettes de la carrière du groupe. Le groupe conclut son set par un “Mower” dantesque, riche, qui devient de fait le point culminant d’un set trop court, qui nous laisse exsangues. Quelle majesté…
BLUES PILLS
Changement de décor – dans tous les sens du terme – avec le quatuor de l’écurie Nuclear Blast. Nous notons rapidement que la prod est au rencart en constatant l’installation de lights supplémentaires ainsi qu’en assistant à un soundcheck effectué par des tiers. Blues Pills revient pour la deuxième année consécutive se produire en tête d’affiche de l’événement. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que le public dans sa quasi-totalité déserte les places de repos (ou de consommation de haute gastronomie germanique) pour converger devant la scène. Souffrant d’un déficit d’image auprès d’une frange de la communauté stoner francophone, il en est tout autrement au pays de la Bratwurst : Blues Pills plaît beaucoup.
Généreusement mis en avant par des éclairages bien sentis, Elin et sa bande sont à l’aise pour balancer leur set assez convenu et bien interprété. Avec des titres comme « Black Smoke » – brillamment envoyé – le quatuor étale toute la largeur de son registre. Les photographes pervers essaient de viser sous la jupe de la frontwoman (qui est certainement bien plus charmante que les têtes d’œuf ainsi que les velus qui l’ont précédée sur scène), les vieux babacools se lancent dans des interprétations très personnelles de la danse de la pluie, les couples se tiennent bien serrés et les familles avec enfants peinent à décoller.
Tandis que la jeune formation internationale confirme à ses fans qu’elle ne démérite pas leur affection, nous échangeons avec nos connaissances francophones un peu esseulées derrière la tour de contrôle protégeant la régie. Après avoir papoté un brin et échangé quelques bisous, nous reprenons le chemin de l’hôtel – nous assumons ici notre côté pas du tout rock’n’roll – afin de monter les films, vider les cartes mémoires et mettre au net les notes grappillées durant cette première journée de toute bonne facture qui nous aura permis d’assister à un des rares concerts que Goatsnake effectuera sur cette très (trop ?) brève tournée européenne. Et puis le lendemain les hostilités débutent de très bonne heure : il faut prendre des forces.
Elle risque bien de devenir notre échoppe lyonnaise préférée cette Epicerie Moderne si elle continue à nous choyer de la sorte. Jugez plutôt, depuis le début de l’année rien de moins que Earth, Red Fang, Uncle Acid bientôt et, ce soir donc, Earthless. Le laïus sur la salle est important car elle offre un accueil, un confort, un système son performant et une équipe de passionnés qui font de chaque concert une expérience agréable et immersive.
Ce soir, L’Epicerie, Merci Bonsoir et Goliath Lyon ont croisé les flux pour proposer cette co-prod acide et jammesque, cette affiche bicéphale composée de Sunder et Earthless. Alors, à votre avis ? Bien ou bien le plateau ?
Sunder, les locaux. Anciens The Socks, la nouvelle mouture se dessine petit à petit et l’on commence à y voir un peu plus clair dans le changement, les envies et les intentions des quatre esthètes. Exit la deuxième guitare et place aux claviers, bien ancrés et soutenant la nouvelle assise plus psychée et même 60s par moment de Sunder. Le groupe entame son set par « Deadly Flower » le titre-démo sortit il y a peu afin de capter l’attention et déroule un live carré. Le travail des voix se fait remarqué et léché à la manière d’un Uncle Acid. La basse suit volontiers les lignes de chants pour mieux partir dans du délié sexy et rond. On retrouve la science de composition qui faisait déjà loi dans l’ancienne mouture. Mais il est indéniable que le combo cherche à faire grandir son son, à l’internationaliser. En acidifiant son rock, Sunder marche dans les barbes de Kadavar et Naam. La prestation de ce soir sent le travail. Les gonzes sont concentrés, ils envoient mais l’ensemble est encore très contenu et un poil convenu. En insufflant la fougue de leur ancien groupe, alliée à la rigueur de leur nouveau projet, en lâchant les cheveux et les chevaux et en stabilisant enfin la formule, Sunder pourrait devenir un objet musical riche et surprenant.
Après cette mise en bouche , tout le monde profite de l’agréable extérieur jouxtant l’endroit. Pas de sortie définitive ou de videur incompréhensif ici, on est en famille. Ainsi on se délecte des breuvages proposés à des tarifs plutôt abordables, des burgers du camion posé sur le parvis et on s’en grille une pour ne pas redescendre de cette soirée haute sphère.
Tellement agréable et détendu qu’on en oublierait presque qui s’est installé et nous fait l’honneur de nous rendre visite. Entre le Ferrailleur à Nantes la veille et le festival Primavera le lendemain, on peut s’estimer privilégié de les accueillir par ici. Pas souvent que Earthless franchit l’Atlantique et lorsque le premier morceau se met en place on sent que la réputation des ricains, dont les prestations live sont rares mais de qualité, est très loin d’être usurpée.
Le son, déjà très bon dès l’entame se fait quasiment parfait au bout de quelques minutes, propice à l’immersion du public qui désertera le bar tout le long du set. Chacun apprécie de manière plus ou moins immersive le véritable voyage que les californiens nous proposent. On nage avec palmes et tubas dans les 70s et c’est tant mieux, comme ça on peut se permettre de glisser un riff de « Dazed and Confused » au milieu d’un morceau, histoire de faire définitivement chavirer la (un poil de grosse barbe) trop faible audience qui ne demandait que ça.
On aurait du mal à parler de la sempiternelle “section rythmique” ou de quoi que ce soit qui se détache du lot de l’ensemble tant les trois de San Diego ne font qu’un, sans que ce ne soit JAMAIS ennuyeux. Une vraie prouesse quand tes morceaux/jams s’étirent très volontiers au delà du quart d’heure.
Le temps n’ayant désormais plus aucune emprise sur nous, « From The Violence Of The Red Sea », « Ulburu Rock » du dernier album défilent, passant du psychédélisme le plus introspectif à la pure furie rock ‘n’ roll avec, à chaque seconde, la même classe. Isaiah Mitchell devrait être érigé au rang de (vrai) guitar hero mais ne le sera probablement jamais. Pas plus mal quelque part, autant conserver la sincérité qui déborde de son jeu et qui aura ravi à coup sûr tous les amoureux de musique présents, autant dire tout le monde ce soir. Ajoutez à ça une batterie tellurique, envoûtante ou percussive, un bassiste quasi immobile mais impeccable, sans fioritures et toujours aux aguets des improvisations de ses comparses, pas étonnant que ce soit déjà l’heure du rappel. Au bout de quatre morceaux, soit une bonne de musique quasi ininterrompue.
Impossible d’être rassasiés, applaudissements insistants, sincères et mérités, c’est l’heure du rappel et Isaiah dirige son micro plus près de ses cordes vocales. Combo instrumental oblige, peu de communication verbale avec le public si ce n’est pour nous remercier d’être là et nous promettre, à demi-mot, un retour dans nos contrées au vu de l’accueil. “Des reprises pour s’amuser”, dixit Mr Mitchell, et l’orgasme auditif finit en apothéose, avec des versions dantesques de « Foxy Lady » et « Cherry Red » de Groudhogs, presque trop peu rallongées mais complètement jouissives, permettant à ceux qui en ont l’envie de se lâcher un peu plus.
(Avant) dernière(s) bière(s) au bar, surprise on ne se fait pas virer comme il est est trop régulièrement de coutume dans beaucoup de salles. Alors on discute du show et autres, on salue les adorables mecs des groupes en les félicitant et on finit sur le parking à partager les dernières canettes tièdes des barcelonais venus spécialement pour l’occasion, bien inspirés de préférer cette date plutôt que le Primavera et ses 90 Euros la journée…
Une agréable soirée, imprimée par du zicos « grand cru » qui nous aura satellisé, haut, très haut dans l’espace entre constellation acide et pluie de notes-astéroïde. Un grand merci. Flaux et PaTapL
Les lève-tôt que nous sommes constatent que le ciel de Berlin s’est quelque peu chargé de nuages alors que nous échangeons au sujet de la soirée d’hier et nous mettons d’accord sur le format du résumé visuel à balancer sur la toile (celui du troisième jour est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=6THedjPEbLo). Après un petit-déj des moins équilibré, nous arpentons à nouveau les rues de cette formidable cité et effectuons notre pèlerinage annuel chez Core Tex Records pour procéder à quelques acquisitions indispensables au rayon pas stoner du tout. Un burger – dans le meilleur estaminet spécialisé de la capitale teutonne – bâfré sous le soleil qui a repris ses droits dans les cieux et nous filons à l’Astra sans tarder car la journée – qui débute à 14 heures – s’annonce des plus chargée.
TAU
La veille, l’orga avait fait le pari de l’énergie pour introduire la journée et réveiller un peu les festivaliers. Aujourd’hui, probablement pour nous préparer à une journée chargée en sensations, le Foyer est baigné d’une ambiance psyché cool, avec le groupe-projet-concept (??) berlinois TAU. Le public arrive tranquillement, la salle étant à moitié pleine pendant le concert (le groupe remercie d’ailleurs les “real hardcore people” qui arrivent si tôt). L’approche musicale du quintette, inspirée par des musiques folkloriques indigènes mexicaines, est compliquée à retranscrire live, d’autant plus que nous assistons– selon les dires du groupe – à leur premier concert. Autour de Shaun Mulrooney, leader et créateur du groupe, tout n’est pas fluide : une sorte de mandoline passe de main en main entre chaque titre, tout le monde agite ses maracas intempestivement… Mais au final, la musique tient la route, les titres sont carrés, et l’ambiance, parfaitement trippante, est impeccablement retranscrite. Une bonne intro pour cette journée.
MOTHER ENGINE
On entend parler de Mother Engine depuis quelques années (et notamment depuis leur mémorable concert dans le camping du Stoned From The Underground 2013) mais on n’avait pas eu la chance de les voir sur scène jusqu’ici. Et bien on n’est pas déçus ! Le trio de stoner instrumental (qui accueillera quand même deux vocalistes invités sur deux titres) délivre en ce début d’après-midi un set de toute beauté. Tour à tour énergique ou planant, le souriant trio déroule des ambiances parfaitement ciselées pendant 45 minutes devant un public aux anges. Les allemands ont un talent évident pour évoluer continuellement sur le fil entre compos impeccables et impros. Tant et si bien que lorsque Chris Trautenbach – guitariste et frontman naturel du groupe – rencontre un problème de tête d’ampli en milieu de set (qui l’amènera à aller en chercher une autre en backstage, rebrancher, etc…) ses deux compères n’hésitent même pas et engagent une impro basse-batterie quand ils comprennent que ça risque de prendre du temps… Le public, connaisseur, célèbre la performance d’une ovation méritée, avant que le set ne reprenne comme si de rien n’était. Une belle claque.
CIGALE
On était assez impatients de voir Cigale, pour retrouver deux anciens de Sungrazer sur les planches… Mais on a très vite compris qu’il était inutile d’espérer y trouver la seconde incarnation du trio hollandais : Cigale n’en a gardé que les plans les plus planants et les ambiances psyche, en sacrifiant un peu de puissance instrumentale au passage. Ambiances calmes, rythmiques posées, sourires, musiciens nonchalants et introspectifs, silences, chœurs aériens… On est même mal à l’aise pour le groupe quand, allant decrescendo sur la fin d’un de ses titre, il voit son “silence” complètement ravagé par le soundcheck des tarés de Dopethrone qui bastonnent sur la main stage à côté… Sourire en coin des musiciens qui sont de toute façon sur leur nuage. Rien de déshonorant dans cette musique ou cette prestation, mais ce set apparaît très décalé aujourd’hui…
DOPETHRONE
Il faut dire que passer de Cigale à Dopethrone, c’est un peu comme se faire ouvrir le crâne en deux par un coup de hache de bûcheron juste après avoir bénéficié d’un subtil massage des tempes… Les québécois bénéficient d’une belle exposition en héritant de ce slot sur la main stage, et ils ne sont pas prêts à gâcher ça. Le trio investit donc la vaste scène avec la bave aux lèvres, et dès les premiers riffs on comprend qu’on va manger du gras pendant trois quarts d’heure, et rien d’autre. Ca n’a pas l’air de déranger quiconque, lorsque l’on constate que la salle est presque pleine et que tout le monde est à fond dedans, jusque dans les derniers rangs. Première fois que nous les voyons depuis la sortie du délectable “Hochelaga”, nous étions impatients de voir ces titres passer l’épreuve du live. Comme une lettre à la poste ! Mentions spéciales pour “Scum Fuck Blues” qui démantèle quelques cervicales au passage, ou encore “Chameleon Witch” et son insolent et dévastateur break en milieu de morceau. Vincent mène clairement les hostilités, mais derrière ça ne joue pas petits bras, avec Carl qui bastonne comme un cinglé sur ses fûts et Vyk grand s(a)eigneur à la basse. On a évidemment droit à la reprise de Bill Withers “Ain’t No Sunshine” (“Anal Sunshine” ?…) vandalisée comme il se doit… On a pris notre pied !
BUSHFIRE
Après la baffe monumentale que nous venons de nous prendre sur la Main Stage, nous nous enfilons dans le Foyer pour pouvoir enfin découvrir live les « Allemands » de Bushfire. La bande de Darmstadt venant de terminer une tournée avec nos potes de Bright Curse, ils sont encore en pleine dynamique routarde. Bill, l’imposant frontman de la bande qui peut se targuer de voir Ben d’Orange Goblin de dessus lorsqu’ils se font face, nous ayant teasé depuis la veille au sujet de leur performance à venir, nous nous massons devant la scène. Le vocaliste anglophone domine de la tête et des épaules ses comparses à casquettes placés sur ses flancs avec, s’il vous plaît, une snap des Saints de New Orleans nous rappelant les influences du son de cette ville sur leur musique (tout comme sur celle du trio les ayant précédé dans le running order). Des affichettes à l’effigie du batteur – absent pour des raisons médicales – ornent la batterie. Le quidam derrières les fûts assumera son rôle avec brio et l’absence du titulaire ne sera pas perceptible durant ce set des plus heavy. C’t’équipe aux origines multiples nous aura livré un putain de bon show et si la foule s’est agglutinée dans la salle ce n’est en aucun cas à cause de la pluie qui tombe au-dehors (et ce n’est pas le chant du géant qui a provoqué ce phénomène météorologique, médisants que vous êtes !). Le charismatique vocaliste ira partager quelques lignes de chant dans la fosse avec le public, comme il le fait souvent, dans une ambiance excellente. Ces gars nous ont mis une branlée sérieuse en tapant dans le registre le plus lourd de leur répertoire laissant de côté leurs plans les plus bluesy.
THE ATOMIC BITCHWAX
Après une prestation pugnace menée en mode guerrier, c’est autour du trio de vétérans US de prendre place sur les planches. Rompus aux exercices scéniques, ces types au CV qui en impose (qui a dit Monster Magnet ?) envoient le son le sourires aux lèvres. L’ambiance est positive ainsi que fort dynamique, la prestation rehaussée par des images défilant en arrière plan bénéficie d’un rendu visuel du plus bel effet, lequel accompagne à merveille la démonstration technique que déploie le groupe du New Jersey. Attention, nous ne sommes pas soumis non plus à un clinic genre salon de la musique et restons dans une ambiance bien rock’n’roll qui envoûte le public compact aux abords des crash barrières. La formation aura survolé la totalité de sa discographie en débutant les hostilités par « Hope You Die » de leur premier – et légendaire – opus et en terminant sur une autre vieillerie (« The Destroyer ») tout en étant aller piocher trois extraits du petit dernier, Gravitron. Le tout envoyé dans la plus grande simplicité avec les deux permanents de l’avant-scène qui se succèdent au micro. L’incroyable « Forty-Five » joué en début de set constitue un des moments les plus intense de cette démonstration qui s’achèvera au bout de 45 minutes par une débauche de décibels tandis que le batteur Bob Pantella au masque de cochon accompagnera l’annonce prochaine de l’arrivée de Red Fang. Mais il faudra encore patienter en excellente compagnie vu le programme extraordinaire qui nous est proposé pour ce – déjà – dernier jour de festival.
MOUNTAIN WITCH
Les allemands de Mountain Witch (à ne pas confondre avec les ricains de Witch Mountain, déjà vus au Desertfest il y a deux ans) prennent la petite scène du Foyer après la grosse machine TAB, à l’heure de l’apéro… Exercice peu aisé, reconnaissons-le, et pourtant le trio de Hamburg s’en sort plutôt bien, en décidant de laisser parler la musique. Le heavy rock subtilement daté du trio fait mouche assez facilement : pour se démarquer de la quantité de groupes surfant sur la vague “revival”, Mountain Witch privilégie des titres carrés, des rythmiques cintrées, et dynamise le tout par sa formule de power trio, qui ne laisse pas de place au superflu. Sur scène, aussi, pas de superflu, avec des musiciens ni trop excentriques ni trop introvertis. Les compos défilent, efficaces et variées, et le set, une bière à la main, est franchement agréable, même s’il manque un peu de relief pour figurer dans les meilleurs souvenirs de cette folle journée…
MY SLEEPING KARMA
Le quatuor allemand, qui avait fait exploser la salle voisine du Foyer il y a deux ans, hérite très légitimement cette année de la Main Stage. Ayant pu découvrir le nouvel album avant le concert, nous savions aussi que le potentiel live de ses titres était énorme, or depuis plusieurs mois l’on savait que cette date au Desertfest ferait presque office de release party avant l’heure. Il faut croire en tous les cas que nous n’étions pas les seuls à attendre ce set avec impatience, au vu du public nombreux qui se masse devant la grande scène. Tout en sobriété et en sourires, les quatre lascars prennent donc tranquillement la scène sous les acclamations. Dès les premières notes de “Prithvi”, la cause est acquise. Matte nous disait dans l’après-midi (interview à venir dans ces pages…) qu’il s’agissait du morceau de transition parfait entre l’album précédent et le nouveau, “Moksha” ; cela se confirme en live. Le groupe égrène ensuite méticuleusement les meilleurs titres de son répertoire, tapant dans tous ses albums (alors que généralement les groupes en promo font plutôt la part belle à leur matériel le plus récent) : “23 Enigma”, qui suit, a beau avoir presque dix ans de plus, sa puissance est remarquable. On se retrouve rapidement pris dans une sorte de maelstrom un peu vertigineux où les morceaux défilent sans jamais un temps faible : “Ephedra”, bien sûr, le plus ancien “Tamas”, l’excellent petit nouveau “Akasha”… Sur la grande scène, agrémentée d’une projection vidéo d’ambiances en continu en “backdrop vituel”, on voit surtout un trio (Norman le claviériste reste prostré sur son instrument, dans la pénombre, tout le set), trois musiciens immergés dans leur musique, qui interagissent pendant et après les morceaux avec des sourires jusqu’aux lèvres… Très vite l’électricité est tangible partout dans la salle. L’ovation du public, tandis que le groupe clôture son set et passe plusieurs minutes à le saluer, est impressionnante. Un set mémorable.
TONER LOW
On était montés très haut émotionnellement parlant avec le set de MSK, or on sait déjà en gagnant la pénombre du Foyer que l’on va descendre très bas, très profond, ensevelis sous les coups de boutoir des allemands de Toner Low. Pas de surprise, du coup, c’est très précisément ce qui se produit dès les premières notes : le moindre riff émanant de la Gibson de Daan fait vibrer chaque organe de notre corps, bien aidé en cela par les vrombissements telluriques de Miranda. Le guitariste a apparemment tellement de mal à gérer lui-même ce déferlement sonique qu’il est doté d’un casque anti-bruit type “équipement de protection de chantier”, ce qui en dit long… Sur scène il ne se passe pas grand-chose : seule la grosse caisse de Jack est illuminée, telle une lava lamp ronde, tandis que le fond de la scène sert de support, comme d’habitude avec les hollandais, à des vidéos psychédéliques voyant danser sans fin des feuille des marijuana. Pour le reste, rien, pas une lumière : la pénombre ainsi générée finit de créer cette ambiance immersive dans laquelle plusieurs centaines de nuques battent lentement le rythme des morceaux puissants. Il faut toujours avec Toner Low attendre un moment avant de pleinement rentrer dans le set, c’est donc après un bon quart d’heure que l’hypnotisme sonique opère à plein, et l’on se délecte ensuite sans réserve de leur doom exigeant mais efficace.
RED FANG
Après un set sombre de doom envoyé dans la pénombre pour un public plutôt constitué de bourrins, nous procédons rapidement à un changement de lieu, de décors et d’ambiance pour la tête d’affiche de la journée. Il est à noter que nous aurons pour notre part déjà vu ce qui constituera nos coups de cœurs du jour (dans le désordre Dopethrone, The Atomic Bitchwax et My Sleeping Karma bien sûr !) alors que la formation taillée sur mesure pour les hipsters enverra son metal fashion dans l’Astra. Nous n’avons pas pour autant boudé ces Ricains qui, s’ils ne sont pas franchement une formation stoner, ne sont pas des manches non plus. Il faut dire que ces velus et chevelus savent y faire et parviennent assez facilement à faire monter la température en alignant les standards que leur public attendait. C’est blindé devant la scène, ça se dandine et ça hoche du chef vigoureusement même si pour certains ça sent déjà la fin des festivités berlinoises. Après avoir attaqué le set par « Birds On Fire » avec Bryan au chant, le groupe enfonce le clou avec « Dirt Wizard », leadée à la voix par Aaron, et converti dans la foulée en adeptes les rares personnes pas encore en transe dans la foule. Les Etasuniens déroulent un show impeccable – avec trois titres en rappel – devant ce public acquis à leur juste cause. Durant ce set généreux, leurs productions seront passées en revue avec notamment : « Wires », « 1516 », « Into The Eye » ou « No Hope » comme notables instants. Le public en redemande encore – est-ce l’effet fin des 3 jours ? – et les lumières se rallument rapidement dans l’Astra une fois la scène déserte (fest).
TSCHAIKA
NEUME était sensé passer la dernière couche de décibels du festival mais leur prestation ayant été annulée, nous eûmes droit à un autre groupe. Il est nécessaire ici de parler d’un « autre groupe » car, dans sa grande majorité, le public n’était pas au fait du nom de ceux qui avaient l’honneur d’effectuer le baisser de rideau. Si le groupe initialement prévu ne jouit pas d’une fanbase de la même envergure que les formations l’ayant précédé, la situation, pour Tschaika est du même genre, mais en pire. Ce choix de dernière minute est pourtant intéressant, le groupe étant en réalité un projet monté par le guitariste de RotoR. Tandis que la Main Stage est démontée à vitesse grand V (elle sera vide lorsque le dernier groupe aura plaqué son dernier accord), que la fiesta bat son plein dans les backstages (avec deux/trois figures de la scène venues assister au festival en tant que spectateurs, les groupes de la journée et le staff), le duo – batterie-guitare – balance son fuzz des plus burnés. Les Allemands réussissent tout de même le tour de force de faire bouger les noctambules qui ne les attendaient pas en déployant des riffs bien agressifs au cœur de la nuit. Bravo les gars vous avez assuré !
Le temps d’aller claquer quelques bises, d’effectuer quelques poignées de mains bien viriles (nous sommes des types auxquels ce qualificatif va comme un gant), de passer une dernière fois par la partie club, d’aller constater que toute le monde a déserté le hippie market et de considérer les derniers piliers de bar en pleine action, nous prenons le chemin de l’hôtel afin de bénéficier de quelques heures de sommeil avant de nous envoler dans nos cités respectives. Au final, nous avons – une fois de plus – passé un super festival à Berlin et tenons à remercier le public, les groupes ainsi que Sound Of Liberation, des organisateurs aussi sympathiques qu’efficaces. Alors maintenant, les enfants, il est temps de sortir vos agendas et d’y noter en rouge gras que du 28 au 30 avril 2016 c’est à Berlin qu’il faudra être pour la prochaine édition du Desertfest allemand !
Après quelques heures durant lesquelles nous avons profité de libérer de l’espace sur les cartes mémoires, monté le résumé visuel du premier jour et préparé le nouveau (dispo par ici : https://www.youtube.com/watch?v=ZC6vMOWGPwM), dormi un peu, changé de t-shirt (ça c’est super important en festival), acheté quelques disques (Record Store Day oblige), mangé et visité un nouveau quartier de Berlin jusqu’alors inconnu de nos limiers, l’heure est déjà venue de converger vers l’Astra pour un deuxième jour plein de promesses. Un Astra toujours baigné par un soleil radieux, ce qui finit de nous mettre en joie, avec la perspective de cette affiche de rêve…
TRAVELIN’ JACK
Et la journée commence de manière assez surprenante, tandis que l’on entre dans le Foyer à 14h et quelques, où les berlinois de Travelin’ Jack s’affairent déjà sur scène. “Surprenant” car le quatuor se la joue hard rock glitter, look inclus (falzards collants, jeans pattes d’eph’, maquillage presque “kiss-iens”…), et attitude à l’avenant : malgré un bassiste format grizzly renfrogné, le guitariste Flo The Fly (!!) se la joue guitar hero absolu, et la chanteuse “Spaceface” (!!!) n’est pas en reste, même lorsqu’elle dégaine sa Flying V pour épauler son voisin à la six-cordes. Jouant sur le décalage thématique, le groupe se livre sans réserve devant un public pas encore trop tassé, mais qui semble adhérer au concept. De notre côté, on apprécie encore une fois le talent de programmation qui fait le pari de l’énergie pour introduire cette journée et dynamiser un peu le public qui commence juste à se réveiller. Les confettis dorés uber-kitsch qui jaillissent sur la fin du set et qui joncheront le sol et la petite scène toute la journée laisseront tout du long ce petit sourire en coin bienveillant qui aura caractérisé cette prestation réjouissante.
MOANING CITIES
Les bruxellois de Moaning Cities ouvrent la main stage aujourd’hui, et font très vite montre d’une belle maîtrise dans l’exercice parfois casse gueule du rock psychédélique. Riffs lancinants, chant habité, les basiques sont bien là. La rythmique 100% féminine est redoutable d’efficacité, avec notamment un son de basse impeccable. En tous les cas, les quatre belges aux influences rappelant une sorte de Velvet version orientale, option Uriah Heep au bac et Jethro Tull en LV2, sont complètement dans leur trip, sans jamais non plus se perdre dans des jams stériles : les morceaux sont bien calés, ce qui contribue à l’aspect “moderne” de leur proposition musicale (qui évite l’écueil des impros vasouillardes sans fin trop souvent pratiquées dans cette veine musicale). Lorsque le bassiste s’empare de son sitar, assis par terre jambes croisées, pour s’engager dans un morceau pleinement oriental, on sent que les p’tits jeunes se la jouent authentiques. Et au final, ça fonctionne bien : le set déroule et le public, comme nous, prend du plaisir.
SUN AND THE WOLF
Le rock psychédélique reprend ses droits dans le foyer avec le groupe berlinois. Rien de très fou fou durant la prestation de ses autres régionaux de l’étape, mais une maîtrise certaine de ce genre hypnotique. Le groupe débute sa prestation de manière instrumentale à trois sur scène avant que le vocaliste de la bande rejoigne ses camarades pour balancer une purée teuton dont le public est preneur. Les alentours de la petite scène sont plutôt bien fréquentés durant ce set qui lorgne par moment vers le style indé selon certains spécialistes. Il est à souligner qu’avec la suite plutôt bourrin qui allait suivre, les lourds avaient pris leurs quartiers – d’été vu le temps – dans le jardin à bières en laissant pas mal de place aux aficionados d’un genre plus planant durant ce set techniquement au poil.
HEAT
On change de salle, mais pas carrément de style et encore moins d’origine puisque c’est au tour de Heat de faire monter la température. On remarque quelques personnages connus de nos services parmi le personnel de la formation du cru puisque certains ont officié par le passé au sein de The Hara-Kee-Rees, Grandloom ou Samsara Blues Experiment. On tape aussi rapidement du pied à l’écoute de ce son vintage très hard rock dans son rendu final. Le bassiste, que nous avions déjà remarqué dans les temps jadis alors qu’il officiait pour d’autres, se déchaîne sur scène et attire naturellement tous les regards alors que ses coéquipiers, plus concentrés sur leurs instruments, demeurent assez statistiques durant la prestation. Qu’importe la raideur de certains, le public est réceptif (tout comme nous) et on s’en paie une belle tranche avec ces Allemands au registre aussi old school que leur matos (le jack torsadé ça la fait quand-même et heureusement que l’agité à la quatre-cordes n’en était pas muni vu ses aller-retour entre le centre de la scène et les retours servant de marchepieds).
KAMCHATKA
On est déjà bien calé devant la scène Foyer quand le trio suédois pose ses six pieds sur les planches : KAMCHATKA traîne avec lui une réputation étonnante, disproportionnée au regard de la confidentialité de ses productions vinyliques d’une part, et de la rareté de ses prestations live d’autre part. Mais être invité par Clutch pour faire leur première partie des deux côtés de l’Atlantique, participer au projet King Hobo qui accueille aussi Jean-Paul Gaster, et avoir en son sein Per Wilberg (Spiritual Beggars, Opeth, etc…), ça vous pose la légitimité d’un groupe. Il nous fallait donc valider ça sur pièce. Très vite, la qualité du combo ne fait plus grand doute : mené par un frontman chanteur / guitariste qui assure (Thomas Andersson), le power trio évolue dans un stoner heavy rock riche en riffs et en soli, très propice aux passages instrumentaux voire aux impros (50% de King Hobo sur scène, quand même…). La variété des compos est l’un des points marquants de ce set qui, en quarante-cinq minutes, aura convaincu un public dense et satisfait – à l’image de Tommi, de Dozer et Greenleaf, qui aura suivi tout le set avec le sourire aux lèvres (le bonhomme nous confiera quand même que le groupe aura été l’une de ses révélations sur ces trois jours). Sortez-les de leur froide scandinavie et venez les faire jouer par chez nous, bon sang !
ACID KING
L’affiche de la journée se caractérise notamment par une grosse proportion de groupes à fort potentiel de poutrage doom, et la première salve doit être donnée par Acid King. Le trio nord-californien s’installe nonchalamment sur scène au son du fort bien nommé “Intro” issu de sa nouvelle galette. Une nouvelle galette que l’on sait heureusement de grande qualité, étant donné que la presque entièreté de leur set du jour est composée de titres dudit album ! Belle confiance en soi de la part du groupe de l’amazone Lori, qui décide courageusement de confronter ses nouvelles compos à un public qui, pour sa majorité, n’a pas encore pris connaissance de cette nouvel œuvre. Pari réussi en tout cas, au vu du coefficient ondulatoire appliqué aux cervicales d’un public dense, bien massé devant la main stage. Pas de grande surprise en terme de prestation scénique : Lori à gauche de la scène capte tous les regards, jouant sur son charisme nonchalant et sur son insolent détachement de tout ce qui pourrait s’apparenter à une quelconque sorte de démonstration guitaristique. Enchaînant les riffs à quatre notes joués à deux à l’heure, la grande dame du doom privilégie encore et toujours la mélodie, la lourdeur du riff et l’ambiance pesante des morceaux, sur lesquels elle dépose ses lignes vocales délicieusement nasillardes… De fait, les incontournables “2 Wheel Nation” et “Electric Machine”, les deux seuls titres joués ce soir qui ne figurent pas sur le nouvel album, s’incorporent parfaitement au milieu des nouvelles compos. Même si la communication avec le public est, comme toujours, quasi absente, le trip fut parfait et on aurait bien du mal à trouver motif à insatisfaction. Acid King fut à la hauteur ce soir, et même si en façade le groupe paraît imperturbable, en sortant de scène, ils étaient juste extatiques de l’accueil qui leur a été réservé par un public de connaisseurs…
DIRTY FENCES
Après cette incursion en terres bien lourdes, l’heure est venue d’assister au show d’un ovni dans cette programmation : Dirty Fences. Sur le papelard, ces garçons pratiquent le punk’n’roll. Dans les faits on a eu droit à un ersatz de Ramones plus qu’à celui des Hellacopters, mais avec un goût vestimentaire lorgnant vers le punk des eighties. On devine ces types amateurs de garage même si le rendu scénique s’éloigne du genre pratiqué sur disque, en tapant clairement dans le punk daté pratiqué dans l’urgence. Ça avance pied au plancher – aligné devant la batterie – avec une efficacité redoutable. Le bob porté par le guitariste, le gilet laissant entrevoir un poitrail juvénile du bassiste et la tenue improbable du frontman pourraient nous faire penser à une bande de marioles débarqués à Berlin pour faire les gugusses. Loin de là l’intention de ces lascars : ils ressuscitent leurs compatriotes Joey, Johnny, Dee Dee (ou CJ) et Marky dans la cité où un musée leur est consacré. Nous n’avions pas fait le déplacement pour ces quidams, mais ils ont réussi à foutre une ambiance terrible dans le Foyer avant que des choses nettement plus sérieuses se passent.
UFOMAMMUT
En ce qui concerne les choses sérieuses, le moment est venu, pour le public, de trépigner devant les portes pour se manger une bonne tranche de Ufomammut. En raison de quelques problèmes techniques, l’organisation fait poireauter un moment les excités avant de leur autoriser l’accès à la grande salle au bout de laquelle se trouve (devinez quoi ?) la grande scène (bravo à ceux qui avaient deviné la chose, Julien L’Herpès est fier de vous). Les mines sont un peu dépitées dans le camp italien en raison d’un souci de beamer. Nous aurons finalement droit à un show des Transalpins sans la dimension visuelle qui fait partie intégrante de l’art qu’ils pratiquent avec maestria. En dépit de cette configuration inhabituelle pour ce groupe, nous passons un moment intense avec un trio gonflé à bloc qui nous assène les plans déments dont ils ont le secret. Côté visuel, les vidéos en moins, c’est rouge (tout comme d’hab’ en fait) et les compères couvrent bien le périmètre de la scène sans s’adonner au gimmicks glam que nous avons pu remarquer plus tôt dans la journée, mais en assurant un spectacle de belle facture. Leur charisme y est certes pour beaucoup. A l’image de l’énorme « Plouton », extrait du petit dernier « Ecate », le style déployé est ultra technique sans taper dans la démonstration d’une académie de musique et sacrément burné sans pour autant aller rejoindre les bourrins qui s’en iront investir le Foyer en fin de journée. Malgré le retard accumulé en début de slot, le trio termine en avance et quitte la scène avant de revenir pour notre plus grand bonheur avec une nouvelle ogive maison qui les amènera donc à exploser leur créneau horaire. Rien à foutre : le groupe est satisfait et le public encore plus. Une réussite de plus à mettre à l’actif de ces vétérans européens.
BRUTUS
On change de laiterie, de genre et d’ambiance avec les brutes norvégiennes. Les types sont bien en place et leur chanteur est un entertainer de première. Sur le plan musical on navigue dans des eaux pas très éloignées de Kadavar, mais question déconne on est pas très éloigné de la vague punk à roulette et ça marche à fond : le public adhère à la démarche (et nous avec) de ces Scandinaves dispersés sur plusieurs pays. Le placement du quintet sur l’affiche n’est pas carrément le fruit du hasard et c’est rapidement carton plein avec la saturation des lieux qui va avec. Les titres se succèdent en variant pas mal le tempo, du rock planant aux plans plus catchy et tous les registres sont couverts avec une putain de maîtrise. Ça déconne sévère entre les titres, ça fait des grimaces, ça mène des conciliabules au sujet des titres à envoyer, ça envoie d’énormes soli tandis que le clown de la bande sirote sa binouze accoudé à la sono et ça finit par demander au public s’il faut encore foutre du son pendant une, deux ou dix minutes. Bref c’est que du bonheur durant un set de 45 minutes en forme de montagnes russes passant du rapide « Personnal Riot » à l’apaisé « Golden Town » sans jamais nous lasser, même en achevant la démonstration par un enchaînement de soli batterie et guitare.
BRANT BJORK
Présent depuis la veille sur le site du Desertfest, Brant Bjork était très attendu, et sa position de headliner de la journée est incontestable au vu de la notoriété démontrée du grand frisé ces derniers mois. Low profile jusqu’au bout des ongles, il débarque nonchalamment sur scène, un Martini à la main, qu’il dépose au sol devant ses retours, avant de s’engager avec son Low Desert Punk Band dans une impro instrumentale qui donne le ton de son set, impro se fondant en “Lazy Bones” enchaîné évidemment à l’indéboulonnable “Automatic Fantastic”. Plus qu’un vulgaire backing band, Bjork a trouvé une sacrée paire de cordistes avec le duo Bubba DuPree / Dave Dinsmore, qui l’épaulent avec efficacité et talent. On exprimera quelque réserve sur le nouveau batteur, Ryan Güt ; il faut dire que passer après Tony Tornay n’est pas facile, et le jeune batteur n’a pas le groove de son prédécesseur, même s’il fait le job. Le grand desert-rocker déroule un set de bon niveau, même si on sent le gaillard un peu en pilotage automatique de temps en temps, surtout quand on l’a déjà vu sur sa tournée précédente (d’autant plus que la set list n’est pas vraiment révolutionnée…) : tandis que le quatuor était impeccable de bout en bout il y a quelques mois, il vendange ici quelques titres qui perdent un peu en efficacité (“Too many chiefs…”). Mais on serait bien bégueule de ne pas apprécier la prestation du combo ce soir, qui déploie quand même une set list de classiques, qu’il étaye de quelques glorieuses impros instrus, et d’un nouveau titre en milieu de set. Soutenu par un light show efficace, et une évidente envie partagée de bien faire, le groupe joue sur du velours, surfant sur un coefficient sympathie qu’il n’a pas volé, ne serait-ce qu’au titre d’une carrière de besogneux, qui trouve son aboutissement légitime dans ces dernières tournées à succès. Perchés sur leur nuage, les zicos, heureux, festoieront une bonne part de la nuit, mettant à rude épreuve les détecteurs de fumée de leur loge jusqu’au bout de la nuit…
CONAN
Après cette balade sur un sentier de coolitude extrême, le moment est arrivé de nous payer le rouleau-compresseur Conan en frontal afin qu’il nous déboule dessus et nous aplatisse de son doom magistral. Le trio britannique fait dans l’impatient et décide d’embrayer 10 minutes avant l’heure – tardive – annoncée. D’abords dubitatifs, car craignant que le trio désire en finir vite avec ce set, nous sommes vite rassurés par ces vieux briscards des salles sombres qui nous livrent un concert dans la plus pure tradition Conan. Nous avons donc du mal à distinguer les deux équipiers en avant de scène et apercevons le rookie torse nu derrière sa batterie. Les éclairages (peut-on parler de lumières ?) sont minimalistes, super sombres et dans les tons bleutés le plus souvent : c’est donc glacial, mais le public, bien entassé dans le Foyer autour de la petite scène, sera à fond durant la totalité du set. Les deux encapuchonnés à casquettes se relayent aux hurlements (difficile de distinguer qui s’égosille tant leurs vocalises se ressemblent) pendant un set sombre et épais du meilleur tonneau dont un des points d’orgue sera l’ogive « Foehammer ». C’est devant des spectateurs désireux de se reprendre une branlée que les anglais tireront leur révérence en levant bien haut la Flying V (et la basse faut pas déconner) et en nous souhaitant un excellent week-end (la politesse british ça ne s’invente pas).
Encore une excellente soirée à explorer notre style de prédilection sous – presque – toutes ses coutures à l’Astra de Berlin que nous quittons encore très en forme pour aller prendre des forces alors que ça se dandine encore sur la piste de tremoussage (et que ça titube dans les rues).
Comme chaque année, vos serviteurs ont effectué leur déplacement de printemps à Berlin pour assister au Desertfest. Avec ses grosses pointures et ses surprises sur scène, son organisation efficace et bienveillante, son public fantastique ainsi que son ambiance chaleureuse, ce festival est un de nos rendez-vous annuels préféré si ce n’est notre rendez-vous annuel préféré tout court.
Pour cette édition nous avons décidé d’augmenter sensiblement le niveau de difficulté en réalisant sur place, en plus des reports – dont vous lisez le premier –, des incontournables galeries photos et d’une poignée d’interviews, des résumés visuels entièrement réalisés sur un smartphone – que vous avez pu visionner par ici : https://www.youtube.com/channel/UCeBrmqBhdMDL1lOZ2-zkyEQ – et une poignée de séquences live plus soignées (que nous vous proposerons une fois montées).
Pas le temps de rigoler cette année et encore moins ce jeudi puisque les aléas du transport aérien ont repoussé notre arrivée. Une fois le pied posé sur le sol teuton, nous avons entamé le sprint bus-train-hôtel-préparation du matos-déplacement à l’Astra-accréditations-salut la compagnie-salut les copains-validation des horaires pour les interviews-appareils prêts au crépitement pour le premier groupe à se produire sans avoir eu le temps de respirer ou presque. Tant pis pour nous, nous prendrons du temps plus tard.
RIFF FIST
Il appartenait à la formation des antipodes d’ouvrir l’édition 2015 du fameux Desertfest de Berlin. Le trio de stoner assez traditionnel, et couillu, a bien assuré son job en frappant directement là où ça fait bouger les cervicales présentes dans la place en cette fin d’après-midi ensoleillée. Le public, pressé dans le Foyer, a bien apprécié un set prenant place dans un registre pas si novateur que ça, mais toujours fort efficace surtout s’il est interprété de manière sévèrement burnée comme se fut le cas avec les Australiens fans d’imagerie désertique à la salsa western spaghetti qui réussirent à faire affluer du monde malgré le soleil et l’ambiance bièreuse du Beergarten.
WEDGE
Nous pensions que le public serait quelque peu apathique en ce premier jour où le soleil et la bière pouvaient paraître (en théorie) plus sexy qu’une salle de concert cloisonnée. C’est pourtant un public là encore bien fourni qui vint faire honneur au trio Berlinois. A peine plus d’un an après leur création, le groupe très influencé par leurs compatriotes de Kadavar (la pochette de leur premier album et leur logo sont quelque part entre l’hommage et le honteux plagiat…) fait son effet auprès d’un public qui n’en attendait pas tant. Faut dire que le groove rock très 60s/70s du trio est efficace, énergique, bardé de soli un peu décousus mais qui font généralement mouche. Un groupe intéressant, à suivre sur les prochaines années, en espérant qu’ils se détachent de l’ombre de leurs géants aînés berlinois.
BABY WOODROSE
Soyons honnêtes, on avait un peu perdu de vue les Danois de Baby Woodrose depuis une petite dizaine d’années, dira-t-on. Même s’il a publié quelques galettes , surtout sur la décennie précédente, les pérégrinations de Lorenzo Woodrose, passant de side projet à projet solo, nous ont fait lâcher l’affaire… A regrets ! En effet, il ne faut pas longtemps pour nous replonger dans le heavy rock psyche du bonhomme. Car il faut bien le dire, les musiciens peuvent évoluer autour de lui, le charisme de Lorenzo, massif guitariste velu grisonnant arborant une somptueuse tunique hippie, suffit à emporter un public potentiellement sceptique. Sans clavier sur scène, le quatuor laisse parler les guitares (bien aidé en cela par un soliste fort efficace) et se repose sur une section rythmique robuste (quel son de basse !). Le quatuor dégaine quelques pépites qui nous rappelleront nos vieux jours. On citera notamment “Disconnected” et “Let Yourself Go” jetés en pâture en début de set avec une redoutable efficacité. Le public est vite conquis, et s’immerge vite dans l’ambiance, bien aidé par un light show aux petits oignons. A tel point que lorsque les bonhommes quittent la scène cinq minutes avant l’horaire de fin prévu, on regrette un peu qu’ils n’aient pas mis ce temps à profit pour nous en servir un dernier pour la route. Bon trip !
BLACK PYRAMID
Après le show fort sympathique des vétérans danois, l’heure était venue de se confronter à d’autres figures historiques de la scène. Le second trio de la journée à investir la petite scène avait ses fans et il nous eût été difficile de nous rendre aux premiers rangs si le groupe avait débuté à l’heure. Bien inspiré que nous sommes, nous avons radiné nos visages disgracieux en avance dans le Foyer et avons donc profité du set des Ricains dans son intégralité ce qui n’a pas été le cas de quidams sirotant à l’extérieur. Cependant, ces derniers finirent rapidement pas nous rejoindre au bout de quelques titres et Black Pyramid a décliné son set devant un foule fort compacte agglutinée devant la petite scène. Darryl Shepard et David Gein étaient épaulés sur cette tournée par Brian Banfield leur complice dans The Scimitar ; nous avons donc assisté à un set de Black Pyramid par The Scimitar qui a bouté le feu au foyer du festival. Achevant leur prestation – plus lourde qu’Everything Else, comme c’était mentionné sur le dos du shirt du bassiste à casquette – sur « Void Traveler » issus de la première production de leur groupe commun (The Scimitar donc) en rappel (vu le temps grignoté en début de set), les Etasunien ont conquis le public. Nous avons d’ailleurs été excités comme des petits fous durant ce set dont les morceau de choix furent « Mercy’s Bane » et « Open The Gates ». Ce dernier, tiré de leur nouvel ep, a constitué l’exclusivité de ce concert de metal selon le terme qu’utilisent ces musiciens pour qualifier leur son.
KARMA TO BURN
Une clope rapide en traversant les coulisses du festival avant de se confronter à un autre monument fondateur du mouvement. Soyons toutefois honnête, le trio instrumental a tellement sillonné le Vieux Continent depuis sa renaissance que le côté exclusif et l’excitation y relative n’est plus de mise depuis quelques années déjà au sein des Desertrockers. Si l’on ajoute à ceci le bruit généré par certains acteurs de la scène au sujet des relations entretenues par K2B avec certains d’entre eux, l’enthousiasme est parfois un peu terni même si honnêtement les titres sont toujours aussi bon et leur impact sur scène dans la même lignée. Ayant cumulativement déjà vu ce trio sous toutes ses formes (avec chanteur, en duo, en quatuor,…) avec un personnel évolutif depuis son retour au business, nous avons quand-même eu droit à une nouvelle mouture de Karma To Burn lors de cette soirée. C’est avec un bassiste inconnu de nos services que William Mecum a débarqué sur scène. Qu’importe, nous ne nous pressions pas aux premiers rangs pour les gossips, mais pour se faire botter le fessard à grands coups de standards de la formation. Nous n’allions pas être déçus par le setlist : 8, 39, 34, 19, 55, 36, 15 (bien vu ce dernier binôme), 57, 9, 54, 30 et 20, mais il n’en a pas été de même pour la qualité du son qui a passé de bon à franchement pas terrible lorsque « 54 » issu de « Arch Stanton » a été interprété. Il est important de mentionner que, malgré cet aspect technique, le public s’est fortement trémoussé durant la totalité de ce show qui vit les premiers rangs danser alors que ça nageait en surface de foule. Les lascars d’Orange Goblin assistant pour leur part à ce set depuis les bords de la scène. Le final sur l’enchaînement des traditionnels « 30 » et « 20 » a une nouvelle fois été du plus bel effet et, malgré toutes les perturbations autour du groupe, on s’est pris une bonne baffe bien sympathique tout comme d’hab !
THE PICTUREBOOKS
C’est maintenant aux très hypés Picturebooks de prendre d’assaut la scène Foyer – une petite scène taillée sur mesure pour ce duo (d)étonnant, à l’encombrement minimal : une guitare et un kit de batterie, et c’est parti ! Le set commence dans une absence totale de cérémonial, comme si le groupe émergeait d’un soundcheck rapide. Il faut d’ailleurs un morceau pour que Flynn rentre vraiment dans son set, le gratteux paraissant un peu apathique en début de set. Mais très vite, pourtant affublé d’une guitare électro acoustique (saturée “comme une grande”, rassurez-vous), le bonhomme commence à se déchaîner sur la petite scène, et les “PCH Diamond” (avec un Philipp qui martèle ses fûts avec des petits maillets) et “Your kisses burn like fire” dégainés dans le début du set ont tôt fait de mettre tout le monde dans une semi transe hypnotique portée par les saccades de percus du batteur. Le duo germanique se démène en tout cas et les interactions ne manquent pas, avec les premiers rangs du public ou entre eux deux ! L’énergie et l’originalité de l’ensemble emporte le set, même si sur la longueur, le groupe manque de variété dans sa set list, et ça se ressent d’autant plus en fin de set : même si l’on ne s’ennuie pas, l’excitation baisse un peu…
ORANGE GOBLIN
Point d’orgue de cette première journée de festival et headliner incontesté, les Britanniques étaient fortement attendus par le public berlinois ou plus précisément par les gens présent à Berlin vu le nombre de francophone présents dans l’enceinte du festoche. Alors que nous nous attendions à avoir sept musiciens sur scène (sacrés farceurs des réseaux sociaux), c’est cinq Anglais en forme olympique qui allaient nous gratifier d’un show d’anthologie. Annoncés en grande pompe aux deux Desertfest d’avril, la formation avaient rameuté du monde en annonçant des concerts historiques au cours desquels le légendaire « The Big Black » – leur troisième opus – serait joué intégralement. Le setlist était – partiellement au moins – connu d’avance, mais tout le monde trépignait alors que « I Want You » du magique « Abbey Road » des Bealtes était envoyé à fond dans la sono pour accompagner une projection en fonds de scène à la gloire d’Orange Goblin. Les images animées allaient d’ailleurs suivre tout au long de la prestation des insulaires pour ajouter encore plus de panache à une prestation qui n’allait pas en manquer. Sans réelle surprise, le groupe débarqua sur scène alors que John s’égosillait encore dans les enceintes pour attaquer dans l’ordre leur troisième plaque devant un parterre aux anges. Les pileux à peine remis de leur prestation annoncée d’avance, revinrent rapidement sur scène au terme de celle-ci pour une poignée de titres globalement plus récents et pas pour la reprise de Sabbath figurant sur certaines versions de l’album joué précédemment. La fin du set débuta par l’ouverture de « Back From The Abyss » : « Sabbath Hex », puis effectua un bon en arrière avec« Saruman’s Wish » de «Frequencies From Planet 10 » et s’acheva sur deux extraits de « A Eulogy For The Damned » : « Red Tide Rising » ainsi que le titre éponyme pour la première fois de leur carrière qui a suivi de longs remerciements du frontman géant, Ben Ward, à l’attention des personnes présentes dans la salle ce soir-là. Peu riche en surprise, à part l’inédit live, la performance d’Orange Goblin a carrément scotché tout le monde et c’est le sourire aux lèvres que le public a déserté la Main Stage encore un peu groggy suite aux assauts furieux de la tête d’affiche.
LO-PAN
Quelques bouffées d’air – ou de nicotine – à peine après la fin de la représentation donnée par Orange Goblin, le moment était venu de nous retrouver aux abords de la petite scène pour la dernière performance du jour. Le rôle – parfois ingrat – de clore la journée revenait aux pouliches de l’écurie Small Stone en pleine campagne européenne avec Black Pyramid. La tâche confiée à la formation US était de maintenir en éveil une foule déjà bien rassasiée de décibels – voire de bière ou autre aussi er un peu fatiguée vu l’heure tardive à laquelle débutait la prestation en ce jeudi soir – et il faut avouer que la mission a été parfaitement remplie. Dans une configuration scénique assez spéciale, Lo-Pan a balancé une bonne ration de stoner sévèrement couillue avec son imposant chanteur – Jeff Martin – à l’arrière de la scène derrière son camarade batteur vêtu d’un t-shirt de Quicksand. La foule a rapidement adhéré au style pour se laisser aller à se trémousser alors que la Flying V balançait des riffs de classe internationale. Les vas-et-viens de la nuque se généralisant durant certains titres dont l’excellent « Land Of The Blind » asséné lourdement en raison de l’excellent travail opéré par la section rythmique emmené par une Rickenbacker vrombissante.
L’assistance s’est rapidement disséminée dans les rues berlinoises au terme de le performance de Lo-pan pour regagner ses pénates afin de se revigorer pour la suite du festival alors que certains furieux trémoussaient encore leurs carcasses au son des titres habilement sélectionnés par Jan Schwarzkamp planqué derrière ses platines dans le mini club installé dans l’enceinte-même de la manifestation.
Ce jeudi 23 avril, le Grand Mix est le lieu de transhumance privilégié pour les barbus de tous poils (les blonds, les bruns, les roux, les cendrés, les belges, les français, les francophones, les néerlandophones et les barbues femelles). C’est en effet aujourd’hui que les quatres branleurs (au sens affectueux du terme) les plus connus d’Oregon débarquent à Tourcoing pour venir défourailler les guitares, nous abrutir de musique qui tâche et nous abreuver de kitchissimes T-shirts sur leur stand merch.
En attendant les stars interplanétaires de Portland, il fallait être bien informé ce soir pour connaître le nom du groupe de première partie. En effet, les lillois de The Lumberjack Feedback n’économiseront pas leur salive en présentations et autres divagations. Le quintette instrumental n’a qu’un seul but : envoyer le bois avant que les bûcherons de Red Fang ne s’attaquent à la foule du Grand Mix et le débitent à la tronçonneuse.
Les lillois et leurs deux batteurs vont marquer d’entrée de jeu le public au fer rouge avec un doom ultra-puissant servi par un son implacablement lourd et un jeu de lumières quasi-hypnotique. Ce ronflement énorme de basse servi par une double rasade de frappes dignes d’un Mike Tyson prend tellement aux tripes que même les bouchons d’oreilles s’avèrent inutiles. La musique du combo rampe, s’infiltre par tous les pores de notre corps.
Le bien nommé « A Whisper to the thunder » démontre à lui seul la plus-value apportée par la double-batterie sur cette montée finale tantôt synchrone, tantôt alternée. Du grand-art qui contribue à malmener l’auditoire pendant la totalité du set et à le mettre en transe.
Le rouleau compresseur lillois a à peine quitté la scène que les joyeux Red Fang s’improvisent roadies et viennent caler eux même leur matos, coller les setlits et dégoupiller quelques bouteilles d’eau sur la scène. Ambiance bon enfant et « no prise de tête ». Nous avons donc jsute le temps de nous ravitailler au bar pour nous remettre de nos émotions doomesques.
Servis par deux chanteurs aux timbres opposés, le groupe de Portland pioche allégrement dans son catalogue et alterne le brutal (beuglé par Bryan Giles) et le catchy (distillé par Aaron Beam). Ce dernier fait le show en balançant son immense carcasse comme un dératé entre son micro et la batterie (à ce stade là, nous sommes au-delà du headbanging traditionnel !) et en interpellant le public dans un français parfait.
Comme prévu (et malgré un son faiblard sur le micro de Beam), l’ambiance monte d’un cran et le taux d’humidité s’envole quand, au trois quarts du set, David Sullivan balance l’intro de « Wires » qui ouvre la brèche pour les adeptes du stage-diving. Autre morceau et mêmes conséquences : « Prehistoric Dog », véritable hymne repris en choeur par la majorité d’un public moite de sueur et ivre de bonheur (et de bière également). Le groupe de Portland se targue même d’un nouveau morceau (dont on ne connaîtra malheureusement pas le titre) qui poutre comme du Red Fang et laisse augurer un prochain album de bonne facture.
Pour le rappel, les quatres lascars de Portland reviennent plus enragés que jamais et montrent les crocs sur un enchaînement fatal « D.O.E.N. » / « Hank is Dead » qui fait déjà de cette soirée bûcherons un des grands moments live de 2015.
Il ne fallait pas arriver en retard en ce 8 avril tant les horaires du Biplan sont serrés.
8H00 pétantes : ouverture des portes. Juste le temps de passer commande au bar et voilà déjà Crystal Head (ex Magna Saga) qui prend les instruments. Devant une quinzaine de personnes, le trio londonien balance tout son savoir faire et ses influences pour nous offrir un show dense, varié et bétonné au Tonyglandyl. Un sans faute de bout en bout, de « First and Last » à « The Fox », en passant par un « Bellicose » réarrangé pour l’occasion.
Ces anglais, découverts en première partie de Nebula il y a 5 ans à Londres, et après un set off-DesertFest 2013 acoustique remarqué, sont voués à grimper. Outsiders de la soirée, ils ont d’emblée mis la barre vraiment très haut.
Lourde tâche pour Domadora, seul groupe français de l’affiche, de prendre d’assaut le Biplan après cette claque. J’attendais beaucoup des parisiens, notamment après les critiques dythirambiques lues un peu partout suite à la sortie de « Tibetan Monk », mais aussi suite à leurs diverses prestations scéniques.
Une communication minimale avec le public, (« salut, nous sommes Domadora » et « Au revoir, c’était Domadora ») et des titres à rallonge : c’est ce qu’a ce soir à nous offrir le trio psychédélique de Paname. Même si l’ensemble s’avère très solide, l’ambiance proposée est à mille lieue de celle offerte par Crystal Head. Difficile donc pour moi d’apprécier cette longue jam session de près de trois quarts d’heure, contrairement à une grande majorité du public qui oscille gentiment au son du groupe. Dommage pour moi.
Au tour de Steak de venir sur scène pour mettre un terme à la soirée.
Premier constat : le combo anglais fait le job et enquille les titres pour le plus grand plaisir des headbangers et autres slammers (attention quand même : le Biplan est bas de plafond). Ca envoie dans tous les sens, ça bouge sur scène et devant la scène.
Deuxième constat, malheureusement pour les anglais : l’impression en les écoutant d’être un des skinheads (« Mets la 8, mets la 8 !!! ») de « Didier » (le film d’Alain Chabat), coincé dans sa bagnole et écoutant un disque non pas homogène mais mono-machin-chose (les adjectifs me manquent) !!! Tous leurs titres semblent n’être ni plus ni moins qu’une resucée de leurs « Rising » et « Liquid Gold », eux même des resucées d’illustres ancêtres venus du désert. Et ce n’est pas la reprise de « Flip the phase » en guise de rappel qui viendra démentir ce ressenti.
Un steak, c’est toujours meilleur saignant, après un rapide aller-retour sur le grill. Nos Steak ne l’ont semble t’il pas compris et sont déjà restés collés trop longtemps au fond de la poêle à mon goût.
Comme quoi ça valait la peine de le souhaiter à chaque étoile filante aperçue, Sound Of Liberation m’a entendu et a réorganisé cette année une nouvelle version itinérante de leur Up In Smoke festival. La version sédentaire faisant baver de par sa programmation de dingue et n’ayant pu m’y rendre, ne restait que le doux espoir que mon souhait soit exaucé : le retour de ces affiches enfumées avec trois noms dessus. Et quel retour ! Les petits plats ont été mis dans les grands avec Cherry Choke, Radio Moscow et Colour Haze. Tout ce beau petit monde nous donnait rendez-vous le 2 mars au Divan du Monde.
Tout amateur de rock ne pouvait manquer cette date et c’est une salle déjà bien remplie mais en constante expansion qui accueille le début des festivités. Sympathique trio venu de la perfide Albion, Cherry Choke propose un acid rock du meilleur goût (bien évidemment signé chez Elektrohash). Pour ouvrir une soirée et chauffer l’atmosphère, il n’y a pas mieux. On ne parle pas de petits nouveaux venus, le groupe comptant dans ses rangs des membres de Josiah et The Kings of Frog Island. On sent la maîtrise et l’efficacité à travers le set des anglais. Avec un joli sens mélodique, l’audience se retrouve projetée 50 ans en arrière en plein trip. Sachant alterner avec justesse titres plus directs et plages instrumentales, avec refrains qui tapent dans le mille, la fosse répond toujours plus présente à chaque fin de morceau. Si l’originalité n’est pas de mise, tout cela est fort bien exécuté et avec sincérité, l’adhésion ne peut être que remportée.
Tout cela commence bien, le décor est planté, ce soir la formule en trio va faire parler les instruments et nous plonger dans les temps sacrés du rock psychédélique. Au tour de Radio Moscow de nous faire sauter dans la DeLorean et nous plonger dans un set tout droit sorti des temps immémoriaux où les pionniers du rock psyché défrayer la chronique. Immémoriaux parce que rares devaient être les personnes ayant pu assister en direct à la révolution musicale de l’époque. Pourtant le Divan du Monde affiche bien complet quand le trio se lance dans ce qui se révèlera être un pur moment de rock. Parker Griggs et sa bande font renaître les démons hendrixiens et les creameux power trio grande classe. Après que l’on adhère ou non, ça joue. Et quand ça joue à ce niveau on ne peut que finir avec un sourire niais aux lèvres. La virtuosité du groupe n’est plus à louer, ce serait un euphémisme. Le public est sous le charme, les titres plus up-tempo, s’enchainent aux blues plus classiques. Radio Moscow avait explosé en début de carrière et l’on sentait un léger en deçà par la suite, néanmoins ce soir il n’y a pas à dire ils ont frappé fort là où ça fait du bien. Une prestation de haut vol.
Phénomène étrange de mon point de vue, la salle se vide légèrement après le set des américains. « Mais les gars, il y a Colour Haze ensuite ?!?! » Je peux comprendre la « hype » autour de Radio Moscow mais pas que l’on puisse faire abstraction de LA tête d’affiche de cette soirée. Colour Haze ! Ce groupe fait partie des géants du stoner-rock. Que leurs dernières livraisons n’emportent pas l’unanimité, soit, mais quand on a eu la chance d’assister à leur set exceptionnel de 3 heures il y a quelques années, on sait de quoi il en retourne quand on parle des allemands en live. Puissance évocatrice, maîtrise, honnêteté, sobriété et en même temps explosion des sens. Sans esbroufe le trio va nous offrir un set efficace, bien calé, où trois nouveaux morceaux nous seront proposés. Ces derniers s’intègrent dans la setlist sans dénoter car comme toujours ces dernières années les morceaux choisis ne remontent pas plus loin que 2004. Je rêve toujours d’entendre les perles des premiers albums au milieu des incontournables « Tempel », « She Said », « Mountain » and co. On pourrait s’étendre des heures à conter les moments de grâce que nous a offert ce live. A noter un jeu de batterie de plus en plus mis en avant, plus « rentre-dedans » que sur album, propulsant les titres vers une énergie plus brute. Les petits soucis de câble de Stefan ne seront qu’anecdotes et font partie des risques, comme le confesse ce dernier. Il faut plus de temps de jeu pour permettre aujourd’hui aux allemands de titiller les cieux. Non ce soir Colour Haze a encore une fois été à sa mesure en live : incontournable sans tenir du divin.
Pour finir je citerai le philosophe à mes côtés en fin de concert : «Tu vois, eh bien Radio Moscow c’est LE rock quoi ! Eh bien Colour Haze c’est LE rock psychédélique »… Bref… c’était LA soirée à ne pas manquer pour tout amateur du genre quelle qu’en soit l’étiquette.
Avec les Stoned Gatherings quand la saison de la bûche est ouverte, elle n’est pas ouverte à moitié. Après un duo Toner Low / Sardonis que l’on ressent encore au plus profond de nos entrailles, c’est encore une bonne grosse tartine qui nous attend avec les « sensations » doom du label qui monte RidingEasy Records : j’ai dénommé Salem’s Pot et Monolord. Les deux groupes suédois en tournée se sont vu adjoindre en ce 26 février au Glazart, Enos en première partie. Que voulez-vous, quand on aime on ne compte pas les mandales sonores.
L’excitation est palpable dans l’air quand on pénètre dans la Stoned salle qu’est devenu le Glazart. L’excitation de connaître notre première fois avec des groupes qui ont marqué 2014 et qui semblent bien partis pour marquer les années à suivre. Ce public de curieux avisés ou d’avisés curieux est déjà présent en nombre quand Enos prend place. Ca fait plaisir de voir une première partie se produire devant autant de monde. Je pense que les premiers surpris sont le groupe lui-même, qui se retrouve ainsi galvanisé par une audience qui plus est réceptive à son psychédélique stoner rock. Les britanniques enchaînent les morceaux avec savoir faire, unissant envolées planantes avec riffs plus velus. On est en plein dans ce courant psyché moderne, plus lourd dans ses riffs mais qui sait s’aérer à coups de wah-wah bien senti ou d’effets dans les voix. Peut être pas la révélation de l’année mais une jolie découverte en tout cas. C’est fichtrement bien foutu, les mélodies sont prenantes avec une belle énergie qui s’échange entre le quatuor et la salle. Applaudissements nourris en fin de prestation, les Anglais ont marqué des points ce soir.
Après un petit break bien mérité, on sent la soirée bien lancée, tout le monde se rue sur le merch (forcément quand on assiste à la première tournée de groupes qui ont sorti leur premier album), laissant ainsi le temps à Salem’s Pot de prendre petit à petit maîtrise de l’espace. L’heure du show a sonné, un écran a été installé en fond de salle, les lumières se tamisent et les cinq protagonistes montent sur scène avec masque vénitien et chandelier en main. Les suédois soignent leur mise en scène soit, peut-être à pousser un peu plus quand ils auront les moyens de. Premier extrait directement sorti de leur excellent « …lurar ut dig på prärien » et leur doom 70’s fait mouche. Le son est précis avec un clavier bien mis en avant qui assure l’atmosphère propre à la musique du groupe. On est en terrain conquis. De là le quintet alternera titres issus de l’album et morceaux plus boogie/rock 70’s qui personnellement tendra à me casser l’atmosphère précédemment cité. La projection vidéo faisant des siennes finit par être abandonnée et bien qu’efficaces et particulièrement addictifs les titres plus « enlevés » n’étanchent pas ma soif de proto-métal / doom mystique que le groupe sait si bien offrir sur galette. Qu’à cela ne tienne le public est conquis, ravi de découvrir en live une autre facette de Salem’s Pot. Au final un très bon show, plus dans l’énergie que ce que à quoi on s’attendait. A revoir avec un autre album sous le bras pour voir quelle direction leurs futurs sets prendront.
Le temps de débriefer tout cela et c’est au tour de LA sensation doom de 2014 de nous déflorer les tympans de leur première incarnation live sur Paris. Le filet de leurs haches est bien affuté, ils vont pouvoir envoyer du bois par bûches entières. Pas de chichi, les trois gaillards occupent l’espace et lancent les premières notes de l’instrumental « Audhumbla » pour faire bouillir de suite les nuques. Le son est massif, un poil moins fuzzé que sur album, plus rentre-dedans en soi. C’est ce qui marque dès le début du set, Monolord modernise le doom par une interprétation plus massive et plus énergique. S’il n’y avait pas le son, on pourrait assister à un live de heavy-métal que ça ne surprendrait personne. Quelle claque ! Les suédois délivrent une puissance de frappe sur scène qui abasourdi l’audience instantanément. La répétition des riffs martiaux affirme l’emprise audidive qu’exerce le groupe sur le public. Totalement conquise et hypnotisée la foule headbangue d’un seul flot au rythme martelé de la batterie. L’effet sur la voix est retranscris à l’identique du studio, nous sommes donc subjugués par le rendu tout en vigueur des morceaux. Un second album est déjà en approche (sorti prévu en avril) et le trio se fend donc de nous présenter en live le premier single déjà publié sur internet : « Cursing the One ». En fait le son live du groupe se rapproche plus du son développé sur la version studio de ce titre et autant le dire, c’est un nouveau hit dans la besace des suédois. Pas radin en nouveauté un deuxième extrait nous est présenté avec « We will Burn » et un final de bucheron qui matraque nos nuques jusqu’à rupture. Généreux et en parfait osmose avec son public, Monolord ne se contente pas de réciter à la perfection son album, il nous offre ainsi leur reprise de « Fairies Wear Boots » de qui vous savez. Il n’y a pas à tortiller, ces trois là ont du talent car repris mais surtout réinterprété et intégré à leur univers, le morceau tape dans le mille. Ils sont énormes et il n’y aura pas de prisonnier. Pour clore ce show de jongleurs de parpaing, il ne restait que « Empress Rising » à nous balancer pour finir d’achever les quelques têtes ayant survécus à la force de frappe de groupe.
La sciure couvre le sol, quelques tympans tentent en vain de revenir à la réalité que le set est fini. Résonne toujours l’enchainement de tubes doom auquel nous venons d’assister. Les sourires sont béats. Une soirée sans fausse note encore une fois. Les Stoned Gatherings nous offrent l’opportunité de découvrir et de rencontrer tous les groupes qui rythment notre quotidien, des plus classiques aux plus récents. Ce soir, jeunes vierges effarouchés nous étions à l’entrée, amants comblés nous sommes à la sortie.
Cela fera bientôt trois semaines que cette soirée a pris place. Trois semaines et j’en ai les intestins qui gigotent encore. Les Stoned Gatherings pour lancer la saison démontrent toute leur largeur d’esprit. Après une première soirée fleurant bon le sable chaud, cette seconde réunion est placée sous le signe de la légèreté d’un parpaing dans votre tronche. Soirée réservée aux plus avertis sur le papier, ça n’en restait pas moins une soirée à ne pas manquer.
Pour ouvrir le bal, Fiend prend place et balance son stoner doom riche d’influences en toute simplicité. Découverte pour ma part, la musique de ce quatuor parisien jongle entre les différents atours de ce courant musical qui nous sied tant, pour en faire des pièces uniques. Riffs tantôt incisifs, tantôt plus lents, quelques interventions vocales du bassiste, on sent que le groupe ne veut pas céder à la facilité et veut proposer des morceaux florissants d’idées. Les structures des titres ne sont pas toujours évidentes mais quand le riff et surtout les intentions sont bons, ne boudons pas notre plaisir. Le public est encore un peu trop clairsemé pour les porter et certainement les aider à se lâcher un peu plus. Le set est propre, donne envie d’écouter et de réécouter tout cela dans des conditions optimales. On n’est pas dans le facile d’accès ce soir et les français (qui font croire qu’ils n’en sont pas) méritent que l’on tende une oreille plus précise sur leurs velléités d’offrir du lourd dans l’hexagone. Néanmoins l’ambiance se réchauffe petit à petit et ce n’est jamais facile d’être le premier à passer.
Après n’avoir assisté qu’à deux morceaux de leur set au Desertfest Anvers dû aux aléas d’un running order propre à ce genre d’évènements trop riches en bons moment, c’est avec grande joie que je m’apprête enfin à me prendre l’intégralité du Sardonis show dans les esgourdes. Pour ceux du fond qui ne suivent pas, Sardonis c’est deux belges au volant d’un rouleau compresseur instrumental. Exercice difficile en live quand tout repose sur quatre bras pour autant de jambes. Mais rien ne semble inaccessible à la débauche de riffs que l’on va se prendre. La complicité entre les protagonistes est totale et bien que l’on ne tape pas dans l’easy listening avec leurs morceaux d’heavy-doom, l’atmosphère reste détendue. On peut te rétamer la face à grands coups de buches mais rester dans un bon esprit de partage de mandales griffues et velues. Ca joue fort et ça joue bien. Voire ça joue très fort et très bien, le son étant juste énorme. Regards complices pendant les morceaux, brefs échanges pour caler le lancement des différentes ogives que le groupe distribue en toute générosité, on sent le duo content d’être là et c’est réciproque pour le public. Fort de cette alchimie les morceaux s’enchainent, variant sur les tempos, laissant la gratte occuper l’espace de 16 cordes (2 guitares + 1 basse) et la batterie celle des tambours du Bronx. Non pas besoin d’être plus nombreux, l’efficacité des arrangements bien que reposant sur la répétition des riffs, et l’énergie déployée suffit à mettre à genoux l’audience qui n’en demandait pas tant. Sardonis frappe très fort et marque les esprits. Aussi redoutable en live que sur album.
Voici venu le temps de la tête d’affiche. Pour le coup je les avais totalement manqués au Desertfest ainsi que lors de leur dernier passage à Paris il y a deux ans maintenant. Oui cette soirée c’est finalement l’occasion pour tout le monde de rattraper les erreurs passées. Parce qu’il y a des expériences extra-sensorielles qui méritent d’être vécues et Toner Low en fait clairement partie. Eclairage vert, feuille de chanvre projetée sur l’écran du fond, grosse caisse habillée d’une lumière rappelant une lampe à bulle, le décor est planté. Puis vient la première déflagration sonore. Et je pense qu’aucun mot ne saurait d’ailleurs rendre justice à la masse de son qui se dégage du trio néerlandais. A ce niveau « massif » n’est plus de taille à soutenir la comparaison, Toner Low nous scotche et notre esprit sous cette chape de doom enfumé ne peut s’échapper. Hypnotique dans le riff, groovant de basses saturées, nos tympans saignants du combat précédent, il ne reste qu’à notre corps entier de réceptionner les ondes et les fréquences ultra-baaasses. Mais l’ombre des problèmes techniques planent au dessus de ce show ce soir. La voix est inaudible et bien qu’il y mette toutes ses tripes arrivant presque à nous faire deviner ces intentions, les instruments écrasent tous sur leurs passages. Les intros de morceaux en backing tracks peinent à bien se lancer, créant des moments de respiration là où l’on devrait rester en apnée plonger dans la lourdeur des titres. La bassiste se retrouve même lors du rappel à devoir changer de tête d’ampli. Des détails face à la puissance allusive du doom batave soit. Mais des détails qui empêchent ce set ce soir du 19 février d’être aussi monumental qu’il allait être. Néanmoins quand les cordes et les tomes suintent le doom, ça fait mouche. L’audience est sous l’emprise des longues plages instrumentales et nous finirons tous prisonnier entre les épais murs de fumée dressés par le groupe.
Une soirée écrasante et unique par ces acouphènes de basse (pour reprendre un commentaire qui a fait suite à cette orgie de gras sons). Encore une fois les Stoned Gatherings nous offre des plateaux qui nous comblent et nous rassasient et malgré tout on en demande toujours plus.
Les Ricains, qui étaient en tournée pendant plus d’un mois en Europe, et les Scandinaves, qui se payaient une petite campagne de deux semaines presque exclusivement en terres germanophones, se sont rejoints le temps de quelques dates. Il n’a pas fallu me titiller bien longtemps pour me convaincre de franchir la barrière linguistique séparant la Suisse afin de me rendre à Winterthur un samedi soir pour me taper une tranche de bonheur dans la métropole zurichoise malgré les kilomètres séparant ces terres de mon douillet domicile. C’est donc accompagné de deux potes, proches de notre site depuis le début, que nous embarquâmes pour 3 heures de caisse direction le pays des wursts et des röstis !
Chaud comme des baraques à frites, nous avalâmes tranquillement les plus de 300 bornes, nous rassasiant de la pitance hors pair que nous proposent les stations service des autoroutes helvétiques, de la musique habilement sélectionnée (faut pas croire : nous sommes des mélomanes avertis), de notre humour hautement sophistiqué ainsi que de nos smartphones devenus le prolongement de nos membres supérieurs. C’est grâce à ces accessoires bourrés de la plus haute technologie que nous apprenions en cours de route que le concert du soir était full ! Chose à peine croyable il y a de cela quelques années, les soirées estampillées stoner font le plein désormais un peu au nord de la Romandie là où le dialecte local est parfois un véritable frein à la communication entre citoyens du même monde.
Une fois parvenus sur place, le temps humide du crépuscule zurichois ayant remplacé le brillant soleil genevois, nous comprimes toutefois que la configuration du jour du Gaswerk n’était pas la plus ambitieuse en terme de capacité ce qui n’enlève absolument rien au mérite des organisateurs d’afficher complet. Il est amusant de noter qu’en guise de bienvenue, un vigile en uniforme nous informa que le concert étant sold out, il n’était pas très malin de rester dans les parages en espérant pouvoir rejoindre le sous-sol où le rock’n’roll allait régner en maître. Heureusement nous sommes des types précautionneux (qu’est-ce qu’il croit l’autre ?) !
En tant que non conditionnel de la salle, j’ai été frappé par celle-ci : énorme espace (avec scène pas utilisée ce soir-là), galeries, bar d’une longueur impressionnante, salle en sous-sol, etc. Les souterrains malodorants où l’on ne peut s’abreuver qu’en cervoises tièdes ne sont donc, ici aussi, plus les seuls endroits dans lesquels le stoner rock peut se déployer et on ne va pas cracher dans la souplette maintenant que nous pouvons régulièrement assister aux concerts de notre groupe bien aimés.
Après avoir échangé quelques mots avec les personnes connues de nos services, le moment est rapidement venu de se rendre dans les soubassements pour entendre les amplis balancer du gras car dans ces contrées on ne badine pas avec les horaires. Je me fraye assez facilement un passage au milieu de la foule intergénérationnelle – et au sein de laquelle la gente féminine est bien représentée – pour atteindre le bords scène surélevé de quelques centimètres par rapport au plancher des vaches où Brandon et Mike se chauffent en trépignant d’impatience alors que le frontman de The Midnight Ghost Train a visiblement dû régler de toute urgence un problème technique. Le son tourne agréablement et lorsque le fort sympathique Steve s’en revient, le trio US se lance dans un long plan instrumental en guise d’intro : « Along The Chasm » qui ouvre tout comme sur leur dernier opus. Les lascars sont visiblement bien en place, leurs faciès arborent d’énormes sourires et notre ami qui tourne les boutons au fonds de la salle a opté pour un son énorme : la soirée débute sous les meilleurs auspices pour ce concert plein bien avant l’ouverture des portes.
Très orienté sur sa dernière plaque « Cold Was The Ground » encore chaude, le show du trio du Kansas nous permettra d’appréhender en live plusieurs de ses dernières pépites dont « The Canfield », « Gladstone », « Mantis » et bien entendu le déjà classique « BC Trucker » si mes souvenirs sont exacts. Rapidement je me remémore ma première rencontre avec ce groupe et retrouve la sensation qui m’avait transporté lors de cette prestation qui avait elle aussi lieu dans la partie alémanique du pays où je vis. A considérer les bipèdes m’entourant je ne suis pas le seul à prendre un sacré panard lors de ce concert qui verra aussi Monsieur Moss chanter sans sa guitare avec comme seuls compagnons un martellement derrière lui et un accompagnement vocal de ses acolytes. Cette première partie de la soirée sera aussi l’occasion de s’aventurer dans le répertoire de Nina Simone.
Le tout ayant été bâché en moins d’une heure, nous regagnons l’étage supérieur via l’escalier pour aller profiter le l’air pur et vivifiant pour nous encrasser aussi les poumons. Le temps de faire le plein au bar, nous regagnons l’antre encore moite pour la suite des hostilités. Il ne me semble pas avoir entendu la bande-son d’intro que j’avais entendu lors de la dernière prestation de Greenleaf à laquelle j’ai assisté il y a quelques mois avant que les deux tiers du groupe n’attaque une intro instru durant laquelle j’ai signifié à mon voisin que sa place n’était pas devant le micro placé au centre de la scène, mais derrière. Rapidement Arvid a regagné sa place pour « Highway Officer » qui a annoncé la couleur d’entrée de jeu. Le headliner de la soirée allait envoyer du lipide durant une bonne heure pour le bonheur des grands et des petits massés en nombre devant l’estrade.
Le fait que Sizer – la moitié de Dozer environ – était sur scène a certainement renforcé le rendu pugnace du set des Suédois. Récemment incorporés au quatuor Johan, annoncé par le frontman comme petit dernier ainsi que célibataire, et sa quatre-corde ont certainement influencé l’aspect rock’n’roll que l’arrivée du velu vocaliste avait déjà dessiné il y a quelques années. Tommi, égal à lui-même, sue à grande eau en s’ingéniant à couvrir l’entier des parties de guitare avec la réussite habituelle que nous lui connaissons. Les titres se succèdent en une débauche d’énergie et là aussi le dernier opus en date, « Trails & Passes », constitue la colonne vertébrale du set avec « Equators », « Ocean Deep », « The Drum », « Our Mother Ash », « Depth Of The Sun », « Bound To Be Machines », « With Eyes Wide Open » ainsi que le titre éponyme. Une fois le setlist annoncé terminé, le groupe entame un premier rappel à quatre puis, déplorant le manque de connaissance du répertoire du petit dernier, le chanteur se lance à son tour dans le répertoire de la chanteuse-pianiste étasunienne pour un titre a cappella prouvant la largeur du répertoire vocal de ce personnage fort généreux sur scène.
Les lumières remettent à leur juste valeur nos visage dégoulinants et nos airs hébétés une fois le concert terminé et il est l’heure d’aller claquer de la maille aux stands de merchandising, de serrer quelques pognes et de reprendre la route pour trois bonnes heures durant lesquelles nos mirettes ne cesseront de briller de mille feux suite à cette excellente soirée à laquelle nous avions eu la chance de participer. Vivement la prochaine fois, je sens déjà la sensation de manque me gagner.
Vous connaissez les soirées à thèmes ? Celles où vous n’avez pas vraiment envie d’aller parce que vous n’avez plus la force de mettre un immonde tutu et un chapeau pirate… et bien ce soir les Stoned Gatherings n’imposent pas un dress-code mais une façon de concevoir la musique. Ok on parle bien sûr de « Stoner » mais plus particulièrement de « Jam » ! Une soirée composée de trois groupes qui vont enchaîner les impros en semi-liberté autour d’une base. Qui plus est, parmi eux se trouvent deux groupes menés par les piliers du mouvement que sont Mario Lalli et Gary Arce. Ce dernier s’est d’ailleurs prêté au jeu du question/réponse que vous pourrez lire prochainement.
Domadora ouvre le bal et c’est peu dire que ce groupe ne me disait rien du tout. Je coupe court au suspens, je me suis vite rattrapé le lendemain pour lire ce que je pouvais sur les bonhommes et surtout sur leur dernier album « Tibetan Monk » ! Bon, l’entrée en scène est timide et ce n’est pas non plus le jeu de scène qui époustoufle tant les cordistes que sont Gui Omm à la basse et Belwil à la guitare sont concentrés sur leur instrument. A ce niveau, seul le batteur sauve la mise avec des débordements d’énergie et ce même si globalement les mimiques de son faciès ne sont pas réellement destinées au public mais plus le fait de la concentration. Enfin l’important n’est pas là ! Parce que leur musique peut tout à fait s’apprécier les yeux fermés en oscillant plus ou moins la tête suivant la section rythmique. L’ambiance est donc posée devant un public averti. Une batterie qui virevolte, une basse solide, technique et fine dans sa construction. La guitare prend les devants avec un son plus aérien quoique se retrouvant souvent à frôler le sol gras du fait de la saturation. Suivent 40 minutes de morceaux inventifs où les thèmes s’enchaînent et où les impros sont maîtrisées. La communication entre les musiciens est d’ailleurs assez claire ce qui permet d’anticiper les phases et les plaisirs. Je vous l’avoue je ne suis pas la personne la plus sensibilisée au monde de la batterie et c’est pourquoi je tiens à préciser à quel point j’ai trouvé agréable de suivre celui-ci. Seules communications humaines du concert : les adieux très chaleureux… en espérant à bientôt !
Et voici venu le temps du premier des deux groupes qui composent le « Legend of the Desert Tour » qui parcourt en ce moment l’Europe : Fatso Jetson. Le groupe est mené par un Mario « Boomer » Lalli à qui l’on doit beaucoup pour le genre (QOTSA, Desert Sessions, …). J’attendais donc beaucoup de ce groupe qui accompagne mes oreilles depuis des années. Accompagné par son fils Dino à la basse et par Tony Tornay à la batterie, Fatso reste le groupe de Mario qui prend possession tout naturellement de la scène. Il semble d’ailleurs en forme avec un show énergique accompagné par le headbang de Dino, parlera presque entre chaque morceau et se fendra de quelques mots en français. Bref l’ambiance est bonne et chaude… puisque le batteur fera fi de son t-shirt. Les morceaux sont tirés de la plupart des productions du groupe hors « Archaic Volumes » et l’on retrouve des classiques comme « Magma ». Les impros sont quasi systématiques et toujours impeccables. Seule ombre au tableau et pas des moindres… le son… et en particulier la voix de Mario. Elle qui est pourtant si reconnaissable avec un timbre bien groovy n’est ici qu’ondes diffuses et saturées… ce qui, vous en conviendrez, est assez dommage. Mine de rien on ne boude pas son plaisir de voir ce Mario complètement habité par la musique que ses comparses et lui génèrent.
Et c’est presque sans transition, après plus d’une heure, qu’on passe au dernier groupe de la soirée : Yawning Man. Mario reste et prend la basse, Dino restera pour 2 morceaux en tant que second guitariste, on change le batteur pour Bill Stinson et on laisse arriver Gary Arce, fondateur du groupe et créateur de volutes psychédéliques. Avec Yawning c’est 1h15 d’ambiance qui vous transportent hors du Glazart. Pas de chant, juste la guitare de Gary comme chorale. Mario en a encore sous le pied et nous le fait savoir. C’est bien simple on ne remarque presque que lui sur scène vue l’énergie qu’il envoie dans son instrument. Gary ferait presque figure de gentil touriste qui aurait trouvé une place sur scène. Mais ne nous y trompons pas, on peut être guitariste, être posé, et être capable de vous transpercer. Le public oscille toujours et suit le phrasé des morceaux comme les algues le courant. Ils nous gratifieront d’un nouveau morceau à paraître sur l’album qui devrait sortir cette année et qui m’a laissé, à chaud, une très bonne impression. Après, il est clair que la musique du combo est assez homogène donc il ne faut pas s’attendre à une révolution hein. En tout cas, c’est toujours Mario qui nous parle, qui réagit sur le t-shirt d’un homme du public, qui prend à la volée la demande de jouer « Perpetual Oyster » de l’album « Rock Formations ». Il nous fait même chanter « Joyeux Anniversaire » au batteur et au groupe de partir sur un Jam du thème de cette magnifique chanson. Croyez-le ou non mais cela commençait à devenir intéressant ce qui semblait surprendre même les musiciens. La fin du concert approche quand Gary et Mario demandent à Dino de remonter sur scène pour reprendre la seconde guitare. Mario s’excusera de ne pas avoir prévenu le staff mais après 1 heure d’instrumentale, il va chanter. Le morceau en question est bien sûr (Ta-Daaaa) « Catamaran » dont tout le monde connaît la version reprise par Kyuss. Si la surprise est moindre du fait que le morceau a été pas mal joué sur la tournée, ce n’était pas le cas ces 25 dernières années. Ainsi, si le problème du micro reste, la nostalgie parle !
La dernière note sonne encore dans ma tête que je prends la direction du merch pour récupérer les galettes et l’affiche de la soirée qui fut imparfaite mais jouissive.
Un grand merci aux Stoned Gatherings !
Set List : Fatso Jetson
Graffiti In Space
New Age Android
Phil The Hole
I’ve Got The Shame
Vincent’s Letter
Flesh Trap
Magma
Too Many Skulls
Rail Job
Nervous Eaters
The Untimely Death O The Keyboard Player
Yawning Man
Daisy Cutter
Draculito
Dark Meet
Dizzy With Da Beach
Underwater Noise
Far Off Adventure
Ground Swell
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Samedi 14 février, le jour idéal pour laisser femme (et enfants) à la maison et s’en aller voir les autoproclamés « Legends of the Desert » pour leur 2ème trek européen en l’espace de 2 ans.
Alors que dans le restaurant situé juste en face, une soirée « cocktail dînatoire & couples amoureux » bat (déjà) son plein, la salle voûtée du Trait d’Union se remplit doucement au moment où les excellents Poncharello font leur apparition pour ouvrir la soirée.
Avec maintenant une grosse décennie d’existence et 3 albums sous le manteau, le combo lillois nous offre un set solide, dense et couillu. Ajoutez à cela le fait de jouer « à domicile » et vous aurez une bonne idée de l’ambiance dégagée par la prestation.
Le groupe profite donc pleinement de cette belle opportunité d’ouvrir pour la doublette Yawning/Fatso et envoie du bois non-stop. La double rafale Shotgun et Laser Gun finira d’achever l’auditoire. Un excellent concert.
Juste le temps d’éteindre les rampes latérales qui gênent le grand Mario, et voilà déjà Yawning Man qui reprend le flambeau encore brûlant laissé par Poncharello. Que dire de cette prestation si ce n’est qu’elle s’avère finalement sans surprise, Yawning Man restant Yawning Man : un combo qui offre une musique « planante » certes, mais tout de même ultra-redondante. Il faut bien avouer qu’il se passe plus de choses dans un épisode de Derrick que lors d’une prestation de YM.
D’ailleurs, seule la meuf de Gary Arce, ramassée quelques jours plus tôt au bord d’une obscure route européenne, semble totalement possédée par la musique du gang californien.
Fort heureusement pour moi (et fort bizarrement), le groupe se contentera du très très très très strict minimum syndical et jouera 35 minutes à tout casser (en terminant of course par le réglementaire Perpetual Oyster). Un comble pour ceux qui avaient spécialement fait le déplacement afin de voir l’homme qui baille !
C’est donc à Fatso Jetson qu’incombe la lourde tâche de faire remonter un soufflé retombé lors de la prestation de leurs comparses légendaires. Flanqué de son fils Dino à la basse, Mario Lalli se lâche plus que pendant le set précédent.
Les Fatso, comme lors de leur dernière tournée, laissent de côté le petit dernier « Archaic volumes » (construit autour du saxo de Vince Meghrouni) et se concentrent sur leurs plus anciens skeuds. Les Magma et Light Yourself on Fire font d’emblée remonter la température dans la salle (Tony Tornay tombera d’ailleurs le T-shirt). Le set s’annonce donc plutôt bien, et ce malgré quelques problèmes de basse pour Dino sur Orgy Porgy. Pourtant, et malgré l’intervention de Fabrice de Glowsun (qui organise la soirée), Fatso Jetson s’acquittera du strict minimum et mettra rapidement un terme à une trop courte prestation. Dommage.
La faute à des conditions de tournée par forcément optimales et une fatigue accumulée ? Quoiqu’il en soit, les légendes ne semblent pas vraiment tenir la forme.
Le moins que l’on puisse dire c’est que la place était plutôt désertique (ça tombe bien, nous adorons ça), lorsque nous nous sommes pointés devant la salle lausannoise en ce premier lundi de février alors que la Romandie s’était drapée sous un virginal manteau blanc. Il y a fort à parier que la météo n’était pas étrangère à la faible fréquentation (quand-même il y a Monster Magnet qui joue !) des lieux à l’ouverture. Qu’importe, les habituelles bouilles présentes lors des shows de ce type dans la région avaient fait le déplacement de Genève, du canton de Vaud, du Valais et même de la Savoie. Je dois me réjouir d’avoir croisé à cette occasion un nombre important de membres de notre forum (vous savez le truc sur lequel on échangeait avant la déferlante des réseaux sociaux et qui n’est pas encore enterré si jamais). Bref tout le – plus si – petit que ça monde du stoner autochtone était d’extrême bonne humeur pour une soirée qui n’allait pas décevoir.
A peine arrivés sur les lieux, Bombus envoie la purée. La bande de Göteborg serre les rangs derrière la Jackson de son frontman aux faux airs d’Hetfield des temps jadis et c’est parti pour quasiment une heure de gros riffs propices au headbanging. Les grosses torpilles de « The Poet And The Parrot », dont la suite me tarde, sont envoyées : « Appartus », bien sûr, « Enter The Night » juste après un solo de batterie comme intro, « A Safe Passage » et son riff metalleux scandinave qui déboîte, « Into The Fire » pour un passage plus en lourdeur lancinante ainsi qu’évidemment « Let Her Die » qui demeure le titre auquel ma préférence est allée lors de ce concert.
Explorant un poil le reste de sa modeste discographie, les Suédois balancent « Biblical », la face B du single sorti la même année que leur dernière galette, aussi présente en ouverture de l’album éponyme, ainsi qu’ « Outisder » aussi au sommaire de la première plaque. Se dépensant sans compter, le fougueux quatuor a acquis de nouveaux inconditionnels francophones à l’occasion de ce show qui en aura marqué plus d’un.
Avec le sourire aux lèvres suite à ce premier set d’excellente facture, nous pouvons aller nous gercer lesdites lèvres en clopant au froid à l’extérieur sans craindre de nous retrouver à des milliers de kilomètres de la tête d’affiche vu la fréquentation de la salle ce soir-là. Il faut dire que la structure vaudoise propose une salle tout en largeur qui permet de voir ce qui se passe sur sa large scène depuis partout ou presque si tant est que l’on ne soit pas un lilliputien (auquel cas, le sympathique public rock’n’roll n’hésite pas à se pousser pour permettre à chacun de profiter du spectacle : c’est ça aussi la conception locale du rock). Malheureusement pour les amateurs de vues plongeantes, le balcon était fermé, mais chacun a pu se dandiner sans écraser les godasses de ses voisins.
Bref, après quelques débats au sujet des shows à venir dans la région, et il y en a, tout le monde se retrouve à l’intérieur pour le show tant attendu. Et il n’y aura pas longtemps à attendre : les zicos sont en place et ça envoie direct dans le bon gros rock’n’roll. L’arrivée de Dave Wyndorf provoque une onde de choque dans la salle. Certains trouveront à redire au sujet de la setlist ; personnellement, j’ai trouvé que c’était plutôt du tout bon qui nous a été proposé lors de cette soirée. « The Right Stuff » de « Monolithic Baby! » – que j’apprécie plutôt beaucoup – ouvre la danse suivie de l’imparable « Dopes To Infinity » extraite de l’album que vous savez qui sera suivie de « Look To Your Orb For The Warning » du même tonneau licencieux.
Après cet épisode drogué, nous remontons le temps pour « Twin Earth » de la prod précédente. « I Live Behind The Clouds », « Last Patrol » et « The Duke of Supernature », jouées à la suite explorent la discographie très récente des Etasuniens avant un retour en terres plus anciennes avec « Spine of God » de lui-même. On retape dans la dernière production en date avec deux titres : « End Of Time » et « Stay Tuned » puis c’est le moment de procéder à un petit break devenu le standard dans tous les concerts qui se respectent.
Rapidement, les musiciens reprennent leurs places en l’état (c’est-à-dire que le frontman a toujours son perf sur les épaules) pour attaquer les derniers titres de ce set. Nous repartons dans le répertoire de « The Last Patrol » avec « Three Kingfishers » puis c’est « Tractor » de « Powertrip » qui voit le public nostalgique s’ébranler un peu plus. Le final est tiré de ce dernier album avec « Space Lord » : ce titre met tout le monde d’accord y compris ceux qui avaient médit au sujet de l’omniprésence de la dernière production au menu du soir ; tout le monde scande le refrain suivi du motherfucker qui va bien avec !
Lorsque les lumières se rallument dans la salle, je constate que tout le monde a l’air heureux et je fais partie de ce tout le monde. Un show bref (même pas 15 titres) et vigoureux qui nous aura permis de réentendre quelques perles du répertoire de ces légendes de la Côte Est des USA.
C’est dans le cadre du festival Antigel, un événement s’étalant sur plusieurs semaines dans la Cité de Calvin qui voit l’art se décloisonner un poil avec, par exemple, des performances musicales hors cadre (piscines, halles industrielles, etc.), que les Etasuniens revenaient enchanter leurs fans genevois avec leur nouvelle plaque sous le bras : « Primitive and Deadly », sortie l’an passé sur Southern Lord. Cette performance hors des lieux estampillés « rock » n’est pas une première pour l’actuel trio puisqu’en 2008 déjà ils avaient donné une prestation à l’Alhambra alors que le lieu devant les accueillir, la Cave 12 d’alors, avait fait l’objet d’une évacuation dans le cadre de la politique antisquat menée par la municipalité.
C’est ainsi qu’une foule bigarrée composée de rockers, d’habitués des lieux et de bobos s’est retrouvée dans l’abri-antiatomique réaménagé sous un établissement scolaire du Centre Ville, qui sert désormais de salle à la légendaire Cave 12, un mardi soir de janvier en plein frimas. La salle, de petite taille, était bien remplie et c’est une foule compacte qui attendait la venue de la formation US en écoutant des bidouillages de nappes synthétiques lorgnant vers le drone vu qu’aucune première partie n’était à l’affiche ce soir-là.
Après avoir patienter de longs instants, le concert ne commençant pas à l’heure annoncée, aux sons de cette bouillie louche, nous vîmes le désormais trio se radiner sur scène – après une mise en garde de l’orga qui nous précisa que si des flashs étaient utilisés pour prendre des photos : le groupe quitterai la scène – pour débuter direct leur prestation en tapant dans le sale, le lourd et le lancinent (des adjectifs qui conviennent à la totalité de ce set) avec un titre pioché dans leur dernière production en date. Après une relecture de « Even Hell Has Its Heros » agrémentée de quelques plans de gratte et sensiblement rallongée, Dylan Carlson salue l’assistance et indique que le groupe va nous interpréter des compos récentes ainsi que quelques vieilleries extraites de son imposante discographie.
Après « The Bees Made Honey In The Lion’s Skull » (tirée de l’album du même nom) reformatée pour une prestation live sous forme de powertrio piano fortissimo, l’homme à la Gibson rouge – munie d’une ignoble sangle à fleurs – qui est le seul élément constant depuis les débuts de cette structure – introduit ses partenaires : Adrienne Davies au mascara dégoulinant après quelques titres en guise de métronome à la batterie et Don McGreevy à la basse dopée par la sono. Le son est absolument énorme, la basse nous ravage les cages à miel et le public tangue comme des roseaux sur lesquels une légère brise soufflerait (la légèreté n’étant cependant pas de mise ce soir). C’est du Earth pur sucre qui nous est balancé, mais ça a tendance à tirer sur le redondant et certains spectateurs débutent un va-et-vient entre l’antichambre enfumée abritée du vent qui sert d’entrée et la salle elle-même.
Cette relative désaffection, peu perceptible aux abords de la scène où le public reste dense, n’interfère en rien auprès des musiciens qui continuent à envoyer de la puissance ralentie soutenue par un dosage du son faisant la part belle aux graves. « There Is A Serpent Coming » tirée de « Primitive And Deadly » sans la présence de Mark Lanegan est d’une intensité saisissante ; certainement le titre auquel ira ma préférence au terme de cette prestation congrue en nombre de compositions interprétées (je ne suis pas convaincu que j’aurai tenu le coup avec un « By Request » de 20 plages de 10 minutes…). Nous eûmes aussi droit à « Old Black » de « Angels Of Darkness, Demons Of Light I » avant que le groupe ne s’éclipse de la scène.
Rapidement de retour sur les planches, après une petite remise en forme, un ultime réglage des instruments, quelques mots échangés avec les premiers rangs et une ligne de basse aux forts relents de « Love Buzz », je pense que « From The Zodiacal Light » a été finalement délivrée marquant un point final à ce concert, mais là, je dois vous avouer avoir un doute sur le déroulé exact de la fin du show étant-donné que, comme de nombreux quidams, j’avais rejoins l’arrière de la salle pour profiter aussi de faire un brin de causette avec quelques bipèdes présents à cette sauterie. Il faut avouer que ce type de prestations lancinantes et étirées en longueur (comme cette review) peine à capter mon attention de bout en bout. Non pas que le niveau musical ou la qualité du set puisse être pointés du doigt, mais que l’intensité n’est pas toujours au rendez-vous dans le monde du drone spatial et expérimental. Une bonne soirée tout de même et surtout l’occasion de découvrir des interprétations très éloignées de certains de leurs compositions surtout les morceaux de la dernière plaque amputés de leurs vocaux.