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Baroness ou Blues Pills ? Ce fut le dilemme, pas si cruel que ça, à résoudre pour cette rentrée des classes de concerts dans la région lyonnaise.
L’évolution musicale du combo de Savannah l’aura vu glisser d’un sludge furieux à quelque chose de bien plus rock, voire pop sur certains aspects, mais toujours avec ce sens de l’alambiqué. Personnalité imputable à son capitaine John Baizley, désormais seul rescapé originel à bord.
Malgré cet éloignement des sphères stoneroïdes chères à nos cœurs, nous décidâmes tout de même d’aller jeter yeux et oreilles du côté d’un des groupes les plus intéressants à suivre de ces dix dernières années.

Le backdrop à l’effigie de la Baronne est déjà installé quand on rentre dans le club du Transbo qui sera plus que bien garni. Une salle qui affiche les mêmes défauts que ses charmes : sa disposition particulière (avec son bar sur le côté de la scène, aux consommations exorbitantes) et sa hauteur de plafond (cauchemar des ingés-son).
Pas de première partie donc : à 20h30 les gars, venus défendre leur nouveau rejeton Purple, montent sur scène sous les vivats de la foule, prête pour un grand moment de musique.
La sono un peu faiblarde se chauffe sur les premiers morceaux, et, joué quasiment en entier, le petit dernier passe admirablement bien en live. Son espèce de mélange bleu et jaune aurait sans doute été vert si cela n’avait pas déjà été pris. Varié dans ses ambiances, on passe de moments de beauté pure, chantants et chantés par une partie du public, à cette furie qui a fait la réputation du groupe, moindre certes mais du coup peut être plus marquante. Malgré ces indéniables qualités, les passages les plus attendus et acclamés sont les quelques extraits issus du Blue Record, « A Horse Called Golgotha » et son intro divine en tête.
Les maigres lumières se font donc majoritairement violettes ou jaunes, tentant comme elles le peuvent de renforcer l’atmosphère colorée de chaque album.
Si Cap’tain Baizley, toute barbe (noire) de cent ans dehors, s’est adouci musicalement, son attitude scénique, elle, affiche toujours la même fougue. L’homme arbore sourire large et passion dans les yeux à chaque instant, haranguant même désormais régulièrement un public – dont nombreux sont ceux qui voient le groupe pour la première fois – réceptif et enthousiaste. Passé du côté Fender de la force, le son du bonhomme s’en trouve de fait plus doux et feutré, laissant à Eric Adams, toujours aussi impressionnant fidèle second, le soin de contre-balancer avec plus d’agressivité.
L’équilibre est parfait : mélodies ou solos harmonisés, riffs puissants ou arpèges chiadés, ces deux-là se complètent à merveille en toutes circonstances.
D’autant que leur ancien point faible en live, la justesse des vocaux semble enfin en adéquation avec l’exigence qu’elle requière, poussés dans ses retranchements par Eric qui assure bien plus que des simples chœurs. On note toutefois malgré tout encore quelques signes de faiblesse et de fatigue sur la longueur du show.
La « nouvelle » section rythmique, en place depuis la moitié de la tournée précédente, si elle n’est pas dotée de la classe rare de sa prédécesseuse, n’en reste pas moins irréprochable. Parfaitement en place, Nick Jost se pare, en plus de ses quatre cordes, d’un orgue vintage qu’il fera sonner à plusieurs reprises durant l’heure et demie de set.
Précis derrière ses fûts inversés, gaucher oblige, Sebastian Thomson se révèle puissant, exécutant nouveaux comme anciens morceaux avec aisance, mais toutefois moins de folie qu’Allen Bickle.
« Anciens » étant un bien grand mot puisque aucun titre pré Blue Record ne sera interprété, plus même un petit “Isaak” ou “Grad” qui concluait jadis les concerts du groupe de la Géorgie chère à Ray Charles.
Alors autant on peut être nostalgiques des tournées Red et Blue, quand le quatuor magnifiait ses compos à l’aide d’improvisations et d’interludes ponctuant et enchaînant chaque morceau. Mais difficile de reprocher quoi que ce soit à ce Baroness « new look » qui transpire toujours autant la sincérité.
L’Oeil de Néron prend du galon. L’asso lyonnaise propose de plus en plus de plateaux différents et de qualité, dans de plus en plus d’endroits, et attire logiquement de plus en plus de monde qui gonfle petit à petit les rangs des déjà habitués. Retour au Warmaudio donc, avec une affiche à un prix décent, où 150 personnes vont terminer leur week-end dans une ambiance bon enfant, sous le signe de joyeusetés de type cervicales et houblonnées.
Sorensen

Nous arrivons (honteusement) sur les lieux un poil en retard, juste à temps pour assister tout de même à trois morceaux du duo lyonnais qui peaufine tranquillement son stoner instrumental, sludgy et travaillé. La progression en un an n’est pas fulgurante et quelques approximations dans l’exécution sont rattrapées par une implication qui fait toujours plaisir à entendre et à voir. La guitare de Martin peine étonnamment à sortir d’un mix où la batterie d’Arthur, qui cogne fort, remplit quasiment tout l’espace. Pas évident du coup de saisir toutes les subtilités des compos. Mais le potentiel est là et on a hâte de les voir passer l’étape supérieure.
Sons of Morpheus

De la Suisse, naturellement. Les trois gars de Sons of Morpheus, embarqués sur la tournée européenne des ricains, vont s’avérer être une plutôt bonne surprise. Plus Blues/Stoner que l’inverse, le trio n’aura eu besoin que d’un morceau pour se mettre dans le bain, et une bonne partie du public dans la poche. On passe rapidement outre le choc visuel à l’arrivée de Manuel sur scène, dreadlocks, pantalon slim et chapeau de sortie, mélange guitaristique physique et musical peu probable entre Jimi Hendrix, Slash et… Jamiroquai. Nul doute que l’esprit de ce premier aura plané durant ce très bon set, à coups de Stratocaster et de solos baignés d’un feeling bien identifiable et appréciable. Détail étonnant, son ampli est retourné sur scène…
Luka est un bassiste au jeu technique et au pedalboard improbable, qui lui permet de varier les sonorités tantôt claires, tantôt gorgées de fuzz.
Quant à Rudy, il tabasse ses fûts bien comme il faut, amenant des breaks bien sentis sur des morceaux parfois un brin décousus, aux changements de tempos et d’ambiances fréquents et surprenants.
On a droit à un très bon jam sur « Red House » du sus-nommé Jimi, un presque traditionnel solo avec les dents, un fort agréable deuxième tour de chauffe.
KARMA TO BURN

Simplicité, efficacité, riffs. On pourrait ainsi résumer la recette concoctée depuis deux décennies par le trio américain, ou tout du moins William Mecum, fondateur et tête pensante. Sa science du riff est imparable. Ici, pas de fioritures, pas de pedalboard envahissant, on est en mode « plug ‘n play ». Autre particularité, Karma to Burn(es) est devenu spécialiste des changements de membres depuis l’éclatement de son line-up originel et la reformation en 2009. Ainsi on a du nouveau à chaque fois qu’on les voit. Evan Devine est toujours fidèle au poste de batteur, une bonne chose tant il insuffle une dose d’énergie impressionnante et irrésistible au trio avec son jeu percutant au bord de la syncope. Rob Halkett ne sera pas resté bien longtemps au sein de la formation et son remplaçant Eric Clutter fait son taf honorablement, ni plus ni moins. On regrettera tout de même la présence scénique du bassiste de The Exploited aux dreadlocks interminables.
Comme pris au piège des morceaux qui ont fait sa renommée, K2B ne peut s’empêcher comme à chaque fois une set-list « best of », qui fait son petit ou gros effet sur le public. Rares sont ceux qui déchaînent les fans de Stoner, habituellement plus contemplatifs, qui se laissent pour le coup joyeusement aller à des pogos et autres slams. Attention, sol glissant.
Les deux nouveaux titres n’apportent rien de neuf mais le font bien en live, même s’il faut bien avouer que ce sont toujours ceux de « Wild, Wonderful… Purgatory » et « Appalachian Incantation » qui marquent le plus les nuques. Mention bien aussi au très bon « Arch Stanton », logiquement bien représenté.
William, grisonnant, commence à accuser le poids des années et n’a certes jamais été fantasque sur scène, animé par cette force tranquille qui le caractérise. Ça renvoie une légère sensation d’un show mené au métier, en roue libre, mais qui finira avec une dose d’adrénaline supplémentaire bienvenue à la suite d’un problème de gratte sur 32. Un jam sur le « Hand of Doom » de vous-savez-qui le temps de trouver une autre six cordes, forcément une Les Paul, et le set se termine endiablé sur 57 et l’obligatoire 20.

Une bonne réussite donc que cette soirée dominicale, et nul doute que les événements de ce type ont de beaux jours devant eux. Up the Néron !
SETLIST K2B
8
36
19
34
55
9
61
15
28
62
32
57
Merci à Oofzos pour ces photos !
La version itinérante du Up in Smoke, 7ème du nom et composée cette fois de Mars Red Sky et Stoned Jesus s’arrêtait donc cette fois-ci en la Gaule Capitale le 06 avril dernier. La France est plutôt bien fournie sur cette tournée, ce qui, convenons-en, est toujours très réjouissant.
C’est donc au Marché Gare que se déroulait la petite sauterie. Une salle située en plein cœur d’un quartier en pleine restructuration, un écrin salutaire pour le genre que nous affectionnons, à l’identité toute mignonnette. Stand de merch, bar, têtes connues et bien faites, gens souriant nous amènent tout droit vers le premier groupe.

Les locaux de Goatfather ont la charge d’ouvrir les hostilités. Et c’est une ouverture pleine de promesse qui s’offre à nous (je vous laisse digresser à votre guise). Les riffs du groupe s’accommodent bien du système son. Un poil de bourbon, un soupçon de sludge, une voix caverneuse (quand le micro ne vient pas y mettre son grain), le groupe profitera en plein de la petite demie-heure accordée pour roder ses nouveaux titres à sortir prochainement. La concentration fige un peu la prestation mais les titres passent l’épreuve du live sans trop de problème. Affaire à suivre donc.

Montée de manche, descente de bière et les ukrainiens de Stoned Jesus s’installent à leur tour. Le trio, sensation du moment, prouve que ses tournées incessantes lui ont fournit la couenne nécessaire pour tenir une assistance en haleine. Le set est un mix entre nouvel album et anciens titres (le très forcément « I’m the Mountain »), l’énergie est présente et la communication maximale. Ça pogote, ça slamme, et la formule « power-pop-stoner » fonctionne en plein auprès du public. Reste une prestation chancelante en terme de justesse et une impression de musique un peu facile pour ma part. Le public ressort suintant et lessivé, heureux comme jamais et c’est bien là l’essentiel.

La soirée étant sold-out, c’est donc devant un parterre plein que les bordelais de Mars Red Sky s’installent tranquiilou sur scène, la force tranquille faîte classe. J’étais curieux d’entendre les nouveaux morceaux en live, le nouvel album tutoyant par moments de lumineux sommets de grâce.
Force est de constater que Apex III tient la route sur scène. Le groupe a encore amélioré ses harmonies vocales. C’est fin et justement appuyé par des passages doom martelés par une section rythmique Matt/Jimmy à l’unisson. La set-list révèle un Hovering Satellite/Friendly Fire jetant un pont intéressant et logique entre les deux derniers albums. Les vidéos, l’exécution et le son de face (gloire à Dieu, leur sondier, une fois de plus) immerge complètement le public dans l’univers Mars Red Sky. Un univers personnel, forcément marqué, on adhère ou pas à leur musique, mais peu de groupes peuvent se targuer d’avoir créer leur propre grammaire et identité. N’en déplaise aux détracteurs, Mars Red Sky fait partie de cette catégorie.

C’est donc les oreilles pleines de joie et le tee-shirt de sueur que l’on quitte le Marché Gare et cette soirée savoureuse concoctée par Médiatone et L’Oeil de Néron. A la prochaine bande de Gônes !
Un immense merci à Sandie aka Noodle Photographie aka la marathonienne du live pour ses photos !
http://noodlephotos.weebly.com/
Les Stoned Gatherings, ces compagnons du devoir de la menuiserie, continuent de bâtir avec leurs plus belles bûches des soirées sentant bon la sève et la sciure. Pour nous, amoureux de la nature et des arbres, ces rendez-vous sont donc souvent immanquables. Cette fois encore, ils ont abattu un beau boulot (ou bouleau) avec une affiche 100% américaine. En tête, Brothers Of The Sonic Cloth, récent groupe de Tad Doyle, suivi de près par Behold ! The Monolith et CHRCH, tous trois ayant marqué l’année 2015 avec leur sortie d’album. Ceux qui connaissent les groupes susmentionnés commencent surement à flairer le doom à plein nez. Pour les autres, on vous laisse lire la suite.

Les bougies sont disposées sur le devant de la scène et une fragrance d’encens envahit la salle. C’est dans ce décor plein d’originalité que débute le set de CHRCH, groupe de doom extrême ayant sorti son premier album l’année dernière, intitulé Unanswered Hymns. La chanteuse entièrement vêtue de noir se déhanche dans une longue jupe et un haut laissant entrevoir son nombril de manière suggestive. Le visage est recouvert d’un léger voile et complète ainsi la panoplie de la danseuse orientale dans sa version plus mort-aux-rats que loukoum-à-la-rose. CHRCH livre un doom extra-lent et lourd, plombé par les cris hystériques de notre Shéhérazade gothique. Et quand elle ne crie pas, sa voix est presque inaudible. Il faut dire que la basse bourrée de distorsion, la frappe de brute du batteur et la guitare accordée 8 tons sous-terre n’aident pas à mettre en avant cette fréquence féminine. Le tout donne une ambiance assez angoissante, et c’est surement l’effet voulu par le groupe.

Après autant de lenteur, on attend Behold ! The Monolith avec impatience. Au premier morceau, la guitare et la basse manquent clairement de puissance et l’ensemble est sévèrement mollasson. Ô Dieu des troubadours électriques, pourquoi ? L’année dernière, Architects of the Void nous avais mis une grosse déculotté et c’est avec un plaisir non feint qu’on les retrouvait ce soir en live. Mais rien n’y fait, on commence à sérieusement s’inquiéter et à se poser des questions sur notre existence et notre place dans cet univers impitoyable. Heureusement, le problème est directement réglé grâce au chanteur himself, qui demande à ce qu’on monte le volume des deux instrumentistes, et aux doigts bénis de l’ingénieur son qui répondent à l’appel. Sitôt le problème résolu, le Behold ! The Monolith qu’on connait est de retour et notre frayeur est vite disparue. Des passages doom écrasants laissant la place à des envolées de riffs flirtants avec le thrash, des soli bluesy, voilà le pot-(pas du tout)-pourri que nous propose Behold ! The Monolith. Devant un batteur au jeu très varié, le chanteur Jordan Nalley, un pied posé sur l’enceinte, la chevelure au vent et l’aplomb du guerrier, excelle dans son rôle de leader à la tête de ce commando de guerriers du son. Un set à la puissance infaillible et la complexité insoupçonnée. On peut le dire puisqu’on l’a vu: c’est bien d’un monolithe dont il s’agit.

C’est une légende qui s’apprête à monter sur scène. Tad Doyle fut le guitariste et chanteur de Tad, groupe formé en 1988 à Seattle qui, en plus d’une discographie imposante, a laissé une empreinte indélébile dans le mouvement grunge de l’époque. Ce vieux singe du riff nous revient accompagné de son nouveau groupe, Brothers of the Sonic Cloth, auteur d’un premier album éponyme sorti l’année dernière. L’homme a évidemment gardé son goût des guitares saturées mais s’est à présent tourné vers une ambiance plus sludgienne, avec un chant résolument plus hardcore.
Le géant à la barbichette blanche arrive équipé d’une casquette visée jusqu’aux yeux et d’un jogging assez large pour y faire rentrer plusieurs sosies de Carlos. Le visage marqué d’un air de gros vilain, il semble tout droit sorti d’une bande dessiné, tant son personnage est à la fois caricatural et impressionnant, ce qui le rend contre toute attente particulièrement attachant. Avec Brothers of the Sonic Cloth, on a droit à un sludge crade à souhait ponctué d’épaisses ambiances doom. Mais surtout, on retrouve ce fil conducteur omniprésent, ce sens indiscutable de la mélodie qui nous rappelle que l’on à affaire à un savant du riff tripotant son manche (de guitare) depuis une trentaine d’années à la recherche de la bûche parfaite. Et on vous confirme, il en a trouvé plus d’une, le bougre.

Encore une fois une belle réussite pour les Stoned Gatherings qui étaient plus Doomed que Stoned ce soir. Mais comme a dit ce cher Alfred, qu’importe le nom, pourvu qu’on ait l’ivresse. Merci Alfred !
Une seule date française pour un des groupes les plus excitants et riches musicalement de ces derniers mois. Une seule date, donc, une date parisienne. Je ne suis plus totalement objectif avec All Them Witches, je me devais donc de faire le déplacement depuis ma Gaule capitale.
L’occasion pour le petit provincial que je suis de découvrir La Mécanique Ondulatoire. Et, merveille de timing, de tailler le bout d’gras avec Charles Michael Parks, Jr., le bassiste chanteur de la formation présent au stand de merch, débardeur sur les épaules et lunettes aux montures 80’s vissées sur les oreilles. L’occasion de parler de Elder, de la compilation hommage à Hendrix, de la frustration mais aussi de l’excitation du groupe à jouer dans la plus petite salle de la tournée, de l’enregistrement du futur album cet été, de l’importance des vinyls de papa et maman…
La bière descend tranquillement le long de mon gosier alors que mes pas me guident dans la cave voûtée de la Méca. Une quinzaine de mètres de long, une petite scène légèrement sur-élevée, un cauchemar pour le Hobbit que je suis. Et PAUW de s’installer. Hollandais, cheveux soyeux, dégaine 60’s, voix sucrée à la Tahiti 80. Une douceur psychédélique s’empare du public, les nappes synthétiques préparent habilement au concert suivant. Un choix judicieux que cette première partie, pas transcendante mais cohérente sur cette affiche.
Après un changement de plateau efficace et une discussion avec un grand autochtone chauve, grand et sympathique, s’installe All Them Witches.

Les quatre lascars vont nous gratifier de quasi 2 heures de show. 2 heures d’équilibre entre folk ciselée (le combo “Call me Star”/”Open Passageways”), impro hypnotique et rampante sur une dizaine de minutes, messe salace sur un “Dirt Preacher” qui verra naître quelques slams souterrains. La part belle est faite au dernier album. “C’est du sucre ça madame, de la pâtisserie dentelle de compétition ça m’sieur, goûtez-moi donc ce “Talisman-Blood and Sand”/ “Milk and Endless Waters” !”. L’entente entre les gonzes de Nashville est flagrante. Ça tricote dans la soie et l’écoute mutuelle est permanente. Les guirlandes de notes tressées par le claviériste trouvent le juste chemin entre les frappes sèches du batteur et les guitares tantôt blues ou aériennes. La richesse du combo trouve sur album un écrin de production propice à l’expression. Ce soir la Méca n’est pas en reste puisque le son est à la hauteur de la musique proposée. Précis, sec, à l’équilibre juste.

Le combo ne semble pas vouloir s’arrêter. A vrai dire, le public ne le souhaite pas non plus. On ressort tout émoustillé de la performance, heureux d’avoir vécu un moment privilégié dans ce petit lieu plein de charme. All Them Witches vient de me convaincre sur scène après m’avoir conquis sur album. Passe ton chemin, chercheur d’embrouille, je les aimeuh et te conseille vivement de les écouter ! Laisse parler ton cœur jeune loubard.

Pouvoir profiter de trois grosses têtes d’affiche le même soir et au même endroit, c’est quand même quelque chose de fort appréciable. Le Up in Smoke Tour ou Roadfestival nous a encore concocté un menu des plus exotiques : succulent tartare polonais, poulet à la Kiev ukrainienne et cannelés bordelais. Autant vous dire qu’on s’est régalé.
Tandis que la salle se remplit, que le bar du bas devient rapidement inaccessible et que les curieux repèrent leurs futurs achats de merchandising. Belzebong ne se fait pas attendre et ouvre dans une ambiance des plus verdoyantes. Amis photographes, bon courage pour réussir à capter un beau cliché. Les Polonais commencent dès lors à ronger la salle à coup de larsens et de cymbales qui frétillent, puis, c’est la grosse détonation sonore qui s’invite à la fête. Le quatuor était clairement attendu par un public conquis dès les premières notes. On remue la tête au rythme hyper lent et tellement jouissif d’un gros son tellement gras, lourd et hypnotique. Ici, pas besoin de teinte vocale, juste une ambiance instrumentale, qui chante bien plus que certains groupes, accompagnée de longs cheveux qui se balancent. Le show du groupe est d’une telle intensité que le temps passe beaucoup trop vite. C’est déjà la fin que le public reste perché et en redemande.

Pas de souci, Stoned Jesus ouvre très rapidement à travers un style complètement différent du Doom/Stoner des Polonais. Cette fois-ci le trio, aux sonorités tout de même bien puissantes et lourdes, donne dans un Stoner plus rythmé et plus chaleureux. Le chanteur n’y est pas pour rien, puisqu’il réussit très vite à entrainer le public dans une osmose plus groovy. Le groupe propose ainsi de nombreux titres provenant de toute leur discographie : « Rituals Of The Sun », « Wound », « The Mountain » ou bien encore « Stormy Monday ». Bien qu’il demeure quelques incohérences de mixages quant à la sous exploitation des effets sur la voix, Stoned Jesus passe bien au dessus de tout ça. En effet, le groupe n’hésite pas à rendre un fervent hommage aux victimes du Bataclan en 2015 en renchérissant sur une très bonne reprise de David Bowie : « Lazarus ». Enfin, même les plus sceptiques se voient envoutés par la superbe « Bright Like The Morning » qui engage le public dans une folle danse mystique. On en veut encore !!!
Puis le dernier tour arrive déjà ! Que ça passe vite ! Mars Red Sky affiche une grande classe et beaucoup de joie à jouer devant son public français. Rien d’étonnant quand on vient de sortir ce très bon album qu’est Apex III. L’ambiance globale est vraiment très bonne et bien maîtrisée. Et, pour ceux qui ont déjà eu le plaisir de voir le trio bordelais sur scène, il est clair qu’il maitrise de mieux en mieux le son : gras, lourd, mélodique à souhait et planant. Une grosse ovation est à faire au batteur Matgaz, qui s’est tellement intégré au groupe qu’il en est devenu une pièce maîtresse, de par son efficacité et sa perfection rythmique. Puis de manière générale, on ne peut qu’applaudir le professionnalisme du groupe victime de problèmes techniques (une panne de courant pour le bassiste Jimmy Kinast) et assurant tout de même le show. Sans oublier la sensible et limpide voix de Julien Pras et son jeu de guitare aux multiples effets. Comment ne pas en être autrement quand on enchaine des titres comme « The Light Beyond », « Curse » (malheureusement avorté par le problème technique), ou encore la grandiose « Strong Reflection ». Mais me direz-vous, et les nouveaux morceaux ? C’est un peu la seule chose que certains pourront reprocher à Mars Red Sky puisqu’ils n’interprèteront que très peu de morceaux appartenant à Apex III : « Alien Grounds/ Apex III », « Mindreader « , sans oublier l’exclusive « Shot in Providence ». Mais en une seule heure de concert, on ne va pas se plaindre.

Donc au final, un super concert avec une très bonne ambiance que l’on doit au public bien déjanté et aux trois groupes de la soirée qui nous ont offert une superbe soirée. Même s’il est vrai qu’un changement d’ordre de passage de groupes du genre Stoned Jesus, Mars Red Sky et Belzebong aurait certainement apporté une dynamique encore plus dense et mémorable. Mais bon, ce n’est qu’un détail et on a hâte de retrouver chacune de ces formations pour d’autres aventures musicales.
Voilà certainement l’un des concerts les plus attendus (voire surveillé ?) de l’année. Les Eagles of Death Metal et White Miles, présents au Bataclan lors des attentats du 13 novembre 2015, viennent finir ce qu’ils avaient commencé, et en partie en présence de leur public de survivants, invité pour l’occasion. Ceux qui suivent et apprécient les EODM le savent, les écouter au casque c’est bien, vous taperez du pied et un léger déhanché pourrait vous faire bousculer votre voisine de galère dans le métro. Mais les vivre en live, c’est la promesse d’une communion avec l’un des frontman les plus cool qui soit : Jesse Hugues. Il y a déjà dix ans, je pouvais lire des interviews où Jesse racontait qu’il se considérait d’abord comme un performer plutôt que comme un chanteur. La différence tient principalement dans le fait que sur scène, il n’est pas dans la concentration ou l’émotion pure, mais dans l’énergie. Une énergie qu’il injecte directement dans son public. En peu de temps, il s’est construit une chapelle, entouré de ses amis (Dave Catching, Joey Castillo, Brian O’Connor, Josh Homme, etc.), et de ses fidèles (son public), même si aujourd’hui la frontière n’existe plus.

Qu’est-ce qu’on cherche en allant voir les EODM, nous ses fidèles amis ? Le renouveau d’un genre un peu old-school ? Des moustaches ? L’amour de la balance parfaite ? La virtuosité peut être ? Bien sûr que non. On ne cherche rien. On sait que pendant 1h30 on va se prendre une dose d’énergie, d’amour collectif et un peu d’espoir en prime. Tout cela mené par l’un des derniers artistes rock capables de faire ressentir au public une réelle proximité, non feinte, non intéressée. Et ce même en étant caricatural à l’extrême avec ses classiques « vous êtes le meilleur public de tous les temps », affirmation génératrice de sourires, de rires et de bons mots dans l’audience. Et surtout, peu importe tout le reste, qui intéresse tant les individus mal informés et incapables de différencier un homme de sa musique, incapables de respecter ce qu’ils ne comprennent pas. Bien sûr, le groupe en lui-même, parfois mouvant mais avec des nouveaux toujours bien accueillis par le public, participe à cette ambiance. En particulier Dave Catching et ses concours de guitar-hero contre Jesse en fin de show, un autre classique. Évidemment, mes propos sont subjectifs, la musique c’est d’abord les tripes. A vous de voir si vous vous y retrouvez un minimum mais ici, je ne cherche pas le consensus. Enfin voilà ce que j’attends, moi et quelques autres certainement, des EODM sur scène.
Et c’est exactement ce que nous avions le 13 novembre dernier. Pour mon septième concert face à eux, il faut bien dire qu’ils m’avaient presque surpris. On ne va pas se mentir, la communion avec le groupe se fait plus ou moins en fonction des concerts. Cette fois, et dès leur entrée, c’est l’ensemble de la salle qui semble prendre son pied. Pas besoin de se trouver comprimé aux premiers rangs, l’énergie est conductible. Jesse en fait des caisses. Lorsqu’il nous dit qu’on est le meilleur public, cela à un arrière-goût de vérité. Les tubes s’enchaînent. On retrouve les classiques que nous connaissons par cœur (et on le fait savoir) et les nouvelles passent l’épreuve du live sans ciller. La suite, c’est un gâchis. L’écrit n’est plus tolérable. Mais du fond de l’abysse, certains s’en sont sortis et survivent.
Trois mois plus tard, à entendre Jesse entre deux de ses sanglots, l’ensemble des personnes touchées par les évènements sont en droit d’exiger la guérison. Il promet qu’on laissera, comme lui, cette merde aux portes de l’Olympia. Il promet un spectacle à nul autre pareil, l’apothéose nous attend. Jesse reste un gourou, que peut-il dire d’autre ? Le public est différent. Évidemment, chacun avait ses raisons pour venir. Les victimes côtoient les familles de victimes, les potes de victimes, les fans, les journalistes et les personnes venues soutenir une idée. Étrange ambiance forcément. Il semble que tout le monde se regarde plus que d’ordinaire pour tenter de capter un fragment de quelque chose chez l’autre. Une fois dans la salle, la sécurité, les services de santé et les caméras de télévision sont moins visibles, les personnes moins distinguables les unes des autres, les repères plus classiques. Résonne alors « Il est cinq heures, Paris s’éveille ». La communion est forte et sincère, le plaisir palpable des deux côtés. Le groupe, accompagné de Josh Homme à la batterie, venu uniquement pour la date parisienne de la tournée et alors que son fils vient tout juste de naître, démarre sur « I Only Want You », tube parmi les tubes. Le groupe interrompt alors le morceau pour laisser place à un moment de silence. Silence lui-même stoppé par deux sacs à merde. Événement révélant que, définitivement, tout le monde ne cherche pas la même chose ce soir.
Heureusement, cet état de grâce de la bêtise, qui aura interrompu le moment d’émotion de la soirée le plus connecté aux évènements, sera étouffé par la prestation scénique du groupe qui fait son maximum pour nous gaver d’énergie et d’amour. Comme au Trianon en 2014, il y a deux batteries sur scène, Julian Dorio prenant rapidement le contrôle de la deuxième. Des batteries pas forcément en action simultanée d’ailleurs, Josh et Julian se permettant alors de feuilleter un magazine tout en donnant l’air d’être passionnés par ce qu’ils y découvrent. Un moyen comme un autre de détendre l’atmosphère. Dave Catching sera un brin plus présent que d’habitude et entrainera sans cesse la foule à acclamer presque tout et n’importe quoi. Julian Dorio et Matt McJunkins font le taff et le second, qui porte la basse, est bien plus à l’aise avec la scène et le public que lors de la date au Trianon. Eden Galindo viendra prendre de temps à autres la guitare et Tuesday Cross fera une rapide apparition en fond de scène, pour tripoter quelque chose qui fait du bruit. Jesse est complètement habité. Il nous gratifie de sa très fameuse danse de la poule qui reste une curiosité gênante et originale. Il s’acharnera également à détruire sa guitare sur scène dans une attitude « classic rock » ; mouvement d’humeur résultant peut-être de la frustration générée par un problème de santé à la main, qui vient de leur faire annuler la tournée européenne. Un moment assez jouissif, il faut bien le dire. Deux grandes banderoles sont déroulées pour habiller la scène de fioritures, pas nécessaire mais pas désagréables. En somme une première partie de show très propre qui se termine sur « Wannabe in Paris », où l’énergie semble gagner une bonne part de l’audience, une partie aussi très classique. Les morceaux de leurs quatre productions s’enchaînent, le groupe est heureux d’être là, Jesse est loquace, mais il manque encore quelque chose.
Pour ma part, les deux rappels qui suivent sont autrement plus intéressants. Le public semble avoir pris ses marques, s’être un peu détendu. L’urgence qui suintait de quelques endroits dans la fosse est plus contrôlée. L’ambiance est plus saine. Jesse revient d’abord seul sur scène avec sa guitare tricolore. Un moment d’échange plus intimiste et nécessaire à mon sens. Ce premier rappel se termine sur l’habituelle et toujours fédératrice reprise de « Brown Sugar ». Le second démarre avec la reprise de Duran Duran « Save a Prayer », l’un des meilleurs morceaux du dernier album, l’un des plus originaux de la carrière du groupe et une énorme réussite sur scène. Quand enfin « Speaking in Tongues » démarre, on sait trois choses. Que c’est le dernier morceau de la soirée. Que le morceau est énorme. Que le morceau voit Dave et Jesse s’affronter pour le concours du « meilleur » solo. Pendant une dizaine de minutes, le groupe va donc, certes interpréter le morceau, mais surtout improviser un concours de solo général. Les musiciens s’en amusent et Matt répond d’abord de manière ironique avant de se laisser aller quelques secondes. Josh quant à lui invente presque devant nous un genre de comique de répétition : multiplier ad nauseam les solos de batterie avortés tout en mimant un air de connard. On arrive à un point où des blancs musicaux s’installent, où ils enchaînent les blagues et il ne manque plus rien pour se sentir avec eux dans une salle de répète, ou au Rancho de la Luna tant qu’à faire. Ils veulent faire durer le plaisir et nous aussi, définitivement. Jesse vaincra finalement Dave en utilisant un stratagème, celui de s’éclipser pour réapparaitre sur le balcon face à la scène, de manière à lui asséner son style avec une autre envergure. Quelques fortes embrassades avec le public plus tard, le groupe finit par finir le morceau, et le concert.
Je ne crois pas que ce concert devait agir comme la catharsis ultime, comme l’a présenté Jesse. En tout cas, il n’était certainement pas obligatoire. Leur simple venue reste un symbole fort qui en dit beaucoup sur les liens qui nous unissent désormais. Il reste que ce concert a surement été utile pour nombre de personnes et tant mieux. Mais c’était avant tout un concert de rock. En cela, son pouvoir est malheureusement limité.
Deux ans après la première édition, les Blackened Gatherings sont de retour au Glazart avec une affiche assez… noire, en toute logique. Au delà du genre musical, le « black » dans son sens le plus large vient ici qualifier le penchant de chacun des groupes pour les ambiances sombres. On retrouve donc une programmation assez éclectique, avec Au-Dessus, Wheelfall, Saturnalia Temple et Hooded Menace. Chronique de l’obscurité ci-contre.

Malheureusement, nous ratons la prestation d’Au-Dessus, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un groupe lituanien de black metal. Dommage, les retours de nos amis présents à ce moment sont très bons.
Dans une fumée épaisse masquant chacun des 5 membres, Wheelfall développe un post-metal teinté de sludge aux multiples ambiances, rappelant la noirceur d’un Neurosis. La présence du clavier tenu par Thibaut, qui alterne aussi avec la guitare, portant au nombre de trois les 6 cordes du groupe, enrichit à merveille la musique du groupe. La section rythmique basse/batterie est très présente et relaye parfois au second plan les trois guitares, qu’on regrette de ne pas mieux discerner. La voix de Fabien, éraillé et sonnant comme étouffé, colle parfaitement à l’atmosphère sombre, dans laquelle on est très rapidement emporté. Une bonne mise en bouche pour la suite.
Entre vieilles reliques et longues bougies noires, la scène s’est transformée en véritable autel chamanique. Des vapeurs d’encens envahissent la salle et Saturnalia Temple débute son set.
Les trois mousquetaires du doom (comparaison facile au vu de la petite barbichette de Tommie, le guitariste/chanteur) nous font trembler les organes avec des riffs tout droit sortis du tréfonds des Enfers et nous emmènent dans des contrés plus planantes à renfort de soli bien barrés. Tommie utilise pour ça une multitude d’effets dans laquelle il se perd un peu. Il semble parfois ne pas trop savoir quoi faire de tout ça, et l’utilisation du pedalboard se révèle légèrement hasardeuse et souvent superflue. On est franchement plus conquis par les passages en clean avec de bonnes vieilles sonorités blues. Le chant est quant à lui volontairement mal articulé et retentit comme les incantations d’un vieux mage noir grigou. Résultat, une séance de doom occulte tout de même assez convaincante.

Comme le veut le nom du groupe, les membres d’Hooded Menace ont tous vissé leur plus belle capuche et font dos au public. Les sinistres cloches de l’intro du dernier album « Darkness Drips Forth » retentissent et ouvrent la procession funéraire. L’accordage est bas, très bas, et le son est caverneux. Les 4 finlandais refont surface pour l’occasion mais dès le concert terminé, ils ne tarderont pas à rejoindre la crypte envahie par la poussière et les toiles d’araignées qui leur fait office de lieu de vie. C’est l’impression que l’on a face aux vocaux death du bassiste et chanteur Markus, et face aux lugubres guitares et au tempo proboscidien de la batterie. Parce que Hooded Menace, c’est un groupe de death à qui l’on aurait refilé une boîte d’anxiolytique et un exemplaire du Necronomicon, l’un pour anéantir une quelconque envie de dépasser les 80bpm, et l’autre pour leur donner ce goût de l’horreur et du macabre. Le résultat n’a plus vraiment grand chose à voir avec l’original, mais c’est pas grave, ça fonctionne tout aussi bien. Seul bémol, les conditions du live nous permettent moins d’apercevoir les subtilités au travers de ces sonorités ténébreuses qu’une écoute d’album, le casque hi-fi en guise de capuche et le potard des basses sur 10.
Mais cela ne gêne apparement pas grand monde, puisque le public réclame même un rappel, auquel le groupe répond positivement, évidemment.

C’est un fait, les Blackened Gatherings n’ont ce soir pas attiré autant de monde que ne l’aurait fait son réputé grand frère des Stoned Gatherings. Peut-être l’appellation a-t-elle rebuté certains habitués, pensant à tort que la soirée serait trop différente qu’à l’accoutumé. Pourtant, on trouve quand même une grande cohérence musicale entre tous ces Gatherings, avec toujours cet inépuisable amour du gras et du riff. Le tout dans une bonne ambiance. Alors la prochaine fois, ne soyez pas frileux, foncez, parce que c’est du bon.
Face à l’affluence devant le Divan du Monde à pourtant une heure du début du concert, le constat s’impose : le Up In Smoke 6 était très attendu. Un an après la dernière édition, le festival revient dans la même salle parisienne avec à l’affiche Mammoth Mammoth, Greenleaf et My Sleeping Karma. Dans la longue file d’attente, on s’interroge sur cette soirée à guichet fermé. Un regain d’intérêt pour le stoner en France ? Une folle envie de déguster une onéreuse mais néanmoins désaltérante (c’est bien sa seule qualité) bière brassée à l’eau ? Ou tout simplement la présence d’un groupe finalement assez rare dans l’Hexagone et pourtant très apprécié, j’ai nommé My Sleeping Karma ? Ouais, cette dernière proposition semble quand même la plus probable.

Veste en jean, bière et Jack dans les mains, le chanteur de Mammoth Mammoth fait son entrée sur scène entouré de ses musiciens, un bassiste masqué par un bandana tête de mort, un batteur aux gros bras qui tient ses baguettes à l’envers pour mieux maltraiter sa caisse claire, et un guitariste avec une Flying V et une veste en peau… de mammouth, on suppose.
Le spectacle ne laisse pas vraiment de place au doute : aucun interprétation de la symphonie en mi bémol de Stravinsky n’est au programme. Uniquement du gros hard qui tâche comme savent si bien le faire les australiens. Tiens, d’ailleurs, c’est de là que vient le groupe. Power chords simples et entêtants, morceaux concis et rapides, voix criarde, saturation au poil… tout y est. Il manque juste le port du short d’écolier. Et l’originalité. En tout cas, le groupe déborde d’énergie et les ébats du chanteur descendu dans la fosse font plaisir à voir et suffisent pour chauffer le public comme il faut, surtout après la reprise du célèbre « Kick Out The Jams » du MC5 qui vient clôturer le concert.

Alors qu’il vient de pondre un album tout chaud, Greenleaf choisit d’ouvrir avec le titre éponyme de leur précédent album, « Trails & Passes ». Un choix qui peut paraître bizarre mais qui à vrai dire n’a pas trop d’importance puisque le titre joue parfaitement son rôle de « coucou-c’est-nous-Greenleaf-on-vient-vous-botter-les-fesses ». Greenleaf, c’est le savoir-faire ancestral du riff par un maître du genre, Tommi Holappa (guitariste de Dozer, excusez du peu), rehaussé par la voix lisse et propre d’Arvid Jonsson, pour emmener le tout dans un registre rock heavy qui remue les esgourdes. On a donc droit à des moments où Arvid a toute sa place pour nous démontrer ses capacités de vocaliste, ce qu’il fait admirablement bien, mais aussi à des moments plus instrumentaux qui déchainent la foule. La communion entre ses membres semble parfaite, et c’est probant sur le very bluesy « Stray Bullet Woman », qui donne lieu à une petite improvisation démontrant toute l’aisance du groupe. Les titres du nouvel album, finalement peu nombreux ce soir, se prêtent à merveille au condition du live et viennent agrandir la liste des tubes du groupe, comme « A Million Fireflies » ou « The Golden Throne ». Né à l’origine comme side project de Dozer, Greenleaf nous donne décidément l’impression d’être maintenant un groupe à part entière tant il fonctionne bien.
Accompagné d’images vidéos projetées sur une toile au fond de la scène, My Sleeping Karma nous met directement dans l’ambiance avec les premières notes de son magnifique « Ahimsa », qui résume à lui seul l’étendue sonore du groupe : ambiances méditatives et relaxantes noyées dans la reverb et le delay et passages plus pêchus avec toujours un fil mélodique bien distinct. Le tonnerre d’applaudissement et les véritables ovations entre chaque morceau confirment nos suppositions : le public est ravi de voir les allemands ce soir et en profite pour leur faire savoir. Du genre « putain, ça faisait longtemps qu’on attendait ça, merci ». Matte, le bassiste, répond à l’appel et hurle un « putain de merde bonsoir Paris ! », et balance le pied de micro à plusieurs reprises, que Seppi, le guitariste, ramassera calmement. Certaines personnes ont aussi commencé à prendre l’intitulé du festival au pied de la lettre et quelques effluences cannabiques se font sentir. La magie opère et tout le monde est emporté dans l’univers envoutant du groupe. Moins perceptible sur album, la virtuosité du batteur est flagrante en live. Son jeu est fin, subtil, intelligent, et dynamise énormément la musique du groupe. Les bombes « Tamas » ou encore « Ephedra » s’enchainent, jusqu’au rappel sur « Hymn72 », avant lequel le public souhaitera en choeur un joyeux anniversaire à Matte, qui semble très ému de l’attention.
My Sleeping Karma est un groupe authentique, qui reste sincère même face à 500 personnes et qui en aucun cas ne joue de sa notoriété, pourtant bien plus importante que d’autres aux pieds ne touchant plus le sol. C’est peut être une des raisons pour lesquelles il fédère un si large public, et que l’on ne croisait pas que des gros barbus en veste à patch ce soir au Divan du Monde.

De bons groupes et un public très réceptif, super soirée et belle reprise pour le Up In Smoke, qui remet le couvert le 4 mars avec Mars Red Sky, Stoned Jesus et Belzebong. On y sera aussi !
« Un tapage Diurne pendant les balances », bienvenue dans le monde de Truckfighters. On peut le dire de suite, ceux qui étaient présents à ce concert, placé sous le signe de l’exclusivité, vont s’en souvenir pendant encore très longtemps. Accueillis chaleureusement au Carré de Saint Cloud (d’un effectif allant de 350 à 400 personnes) et peu habitué aux tons ravageurs de la distorsion Fuzz, c’est dans une ambiance dégageant la bonne humeur et le sourire que nous avons pu assister à un concert extraordinaire.
Juste le temps de discuter avec l’équipe technique bénévole qu’on ressent une certaine crainte de trop gros «volume» tant ils nous avertissent que ça jouera très fort. Sommes nous étonnés ? Pas vraiment quand on sait que le guitariste Dango donne tout d’un point de vue scénique et sonore. On apprend par ailleurs que les Scandinaves nous font un grand honneur de venir jouer ce soir, en ayant fait un aller-retour Suède-France. Car étant en plein enregistrement studio pour leur nouvel album, il n’y a aucune autre date de prévue pour le groupe.
Ce sont les Français de Livingstone, donnant un Rock aux sonorités Blues sudistes, qui ouvrent le bal. Ce power trio, qui rappelle des groupes tels que Rival Sons ou encore Black Keys, dégage une très bonne énergie. On sent qu’une partie du public est venu les soutenir et le groupe le rend vraiment bien. Le duo chanteur/guitariste et bassiste fonctionne à merveille : une bonne présence scénique doublée d’une qualité instrumentale au top. A cela s’ajoute une très bonne voix qui s’équilibre autour d’un chant puissant et mélodique, avec quelques brièvetés plus intimes. Le seul petit hic réside dans la prestance rythmique qui est bonne mais qui ne donne pas assez dans la nuance, voire qui se répète en ne s’extirpant pas de son schéma Blues. Mais au final, le groupe remplit avec brio le contrat d’ouvrir pour les Suédois, car le public est déjà bien chaud.

Juste le temps de reprendre un verre que déjà Truckfighters envoie un énormissime « Mind Control ». Déjà bien puissant en ouverture de leur album Universe, le titre prend tout son sens en live puisque déjà, les slams et divers pogos s’invitent à la fête. Le guitariste Dango est possédé par le démon de la Fuzz, le batteur El Danno contrôle le rythme à la perfection en dégageant une réelle puissance et un groove certain. Et, le chanteur/bassiste Ozo, de nature plus discrète, n’en demeure pas moins un formidable capteur d’attention. S’enchaine alors la très bonne chanson « Monte Gargano » qui nous en met plein les yeux. Vous avez dit trop fort ?! Tout le monde semble ravi, et déjà on se dit que le volume sonore est génial. On regrette seulement de ne pas entendre assez la voix d’Ozo, qui aurait mérité quelques petits effets et autres chorus. Mais l’arrivée du morceau « Mastodont » nous fait oublier ce petit souci. Ce qui est vraiment frappant, c’est cette prestance scénique et la grande classe que le groupe a en réinterprétant chacun de ses morceaux. En effet, les Suédois maîtrisent leur show à la perfection, tout en nous proposant de voyager différemment que sur leurs différents albums, et ce, sans jamais nous ennuyer.
En plus d’être énergique et chaleureux, le groupe nous offre un magnifique cadeau en interprétant deux nouveaux titres (dont les noms m’ont échappé) qui respirent la fraicheur. Ce qui est sûr, c’est que le successeur de Universe s’annonce comme une future nouvelle pépite. Puis avant de marquer une courte pause, le trio interprète avec toujours autant de brio « The Chairman ». Enfin, on se dit qu’il manque la pierre angulaire du groupe. Pas de panique, ils reviennent nous interpréter deux chansons du premier opus : « Manhattan Project » et la très attendue « Desert Cruiser ». Un final des plus puissants pour un trio authentique et tout bonnement enchanté de pouvoir jouer devant son public français.
Vous l’aurez compris, Truckfighters a fait une prestation scénique des plus honorables, eux qui souhaitaient pouvoir venir jouer plus souvent dans l’Hexagone. A cela s’ajoutent de très beaux cadeaux en ayant pris la peine de faire l’aller-retour et d’offrir deux nouveaux titres. Puis avant de partir, un petit remerciement auprès du groupe qui me confiera que le prochain album sera « normalement » disponible pour septembre-octobre 2016. On a hâte !!!
Un concert acoustique donné par John Garcia ? Il était impossible de louper ce concept monté par l’homme du désert qui aura tant bercé nos années Stoner. Accompagné de son guitariste et ami Ehren Groban (avec qui il a composé et enregistré une partie de son premier album solo), le duo nous a embarqué pour un moment fort en émotion, le tout dans une ambiance des plus intimistes.
Car pour ceux qui connaissent l’Archipel (ce n’était pas mon cas), on peut dire qu’il est fort intéressant de recevoir un grand ponte de l’univers Stoner-Rock dans un endroit qui servait autrefois de couvent au XIXème siècle. Mis à la disposition de l’association Aurore depuis 2012, cet espace ‘’atypique’’, comme ils le décrivent eux-mêmes, nous offre un cadre mélangeant édifice religieux et bibliothèque de la Belle Epoque. On ressent tout de suite quelque chose de très solennel, comme une agréable pesanteur.
Le concert s’ouvre avec Bellhound Choir, projet solo lancé par Christian Hede Madsen (l’ex frontman de Pet The Preacher) qui nous fait découvrir son décor musical des plus personnels. Bien qu’au départ, il faut un certain laps de temps avant de rentrer dedans, l’artiste nous emmène dans son univers. Une guitare électrique, une petite distorsion qui se suffit à elle même, et, une voix envoutante, grave, pleine de saveurs. La salle se remplit tout doucement, que déjà, Bellhound Choir sursaute de titres en titres avec une grande authenticité artistique. L’homme est heureux de jouer en ce lieu, de vibrer dans une ambiance chaude et parsemée de lights aux teintes bleues et vertes. Le public est conquis, il s’évade tout doucement et ses applaudissements retentissent dans toute cette pièce aux teintes médiévales. Car l’Archipel y est pour beaucoup, la réverbération est juste parfaite pour un line up acoustique. Tout le monde sourit, le musicien nous offre ses chansons à des rythmes très proches mais qui diffèrent en vélocité selon la prestance vocale : Douce, rocailleuse voire très émotive. Le tout révélant une couleur musicale dark, blues, un peu Stoner et surtout remplie d’humanité. Après une bonne grosse demi-heure de set, c’est donc sur une très bonne impression, et un tonnerre d’applaudissements, que cet artiste prometteur nous laisse. Juste le temps de respirer cinq minutes avant l’arrivée de Mister Garcia.

Verres à la main et acclamés de toute part, arrivent le duo John Garcia et Ehren Groban. Le concept est simple : une guitare, une voix, quelques percussions. Le tout joué autour d’une petit table basse où sont disposées différentes boissons (alcoolisées ou non), ainsi que de charmants fauteuils et un canapé du temps de nos grands-mères. Un arrière plan composé d’un fond de bibliothèque et de ses milliers de livres ; c’est comme si on se faisait une bonne soirée entre amis à la maison. Ce qu’on ressent tout de suite, c’est cette envie de jouer, ce sourire et cette bonne humeur que dégagent les deux hommes. Ce soir, on est vraiment en train de tailler une bavette avec l’ancien chanteur de Kyuss, car d’une manière très humble, il n’hésite pas à nous parler entre chaque chanson, non pas seulement pour savoir si tout va bien, mais pour nous raconter des bribes de vies. La sienne, celle de son guitariste, de sa joie de donner ce concert acoustique empruntant les sonorités de toute sa carrière.
Ainsi John Garcia commence en expliquant qu’il entend donner un petit show sympa, tranquillement, comme ils ont l’habitude de le faire chez eux à Palm Springs. Le public est tout de suite invité à s’approcher et à profiter pendant plus d’une heure. Le show démarre fort avec un « Phototropic » de Kyuss des plus ravageurs. Car en effet, même en acoustique, les deux comparses arrivent à retraduire, tout du long, la fougue Stoner, habituellement amenée par du gros son électrique bien lourd. Ici, le génie artistique suffit à nous plonger dans les morceaux issus de la discographie du chanteur, et, surtout de l’album solo du Californien. On y retrouve respectivement « Her Bullet’s Energy », « 5000 Miles » (ce dernier en profite pour nous rappeler que c’est son copain Danko Jones qui l’a écrit), « Argleben » et « The Blvd ». L’exclusivité est d’ailleurs à l’honneur, puisque qu’ils nous proposent plusieurs nouveaux morceaux : « Kentucky », « Don’t Even Think About It » ainsi que « Cheyteilla » dont Garcia ironisera en nous demandant de ne pas chercher à l’épeler.

Et c’est vraiment dans une ambiance bon enfant que l’ensemble de l’Archipel se délecte de ce moment tellement exceptionnel, porté par une voix parfaitement maîtrisée, qui n’aura jamais été aussi mélodique et spirituelle, et, par un guitariste virtuose. Ce dernier dispose même d’un moment à lui, en nous offrant une charmante improvisation instrumentale. On entend même certains spectateurs user de “Chuuuuuut” afin que seul l’homme et sa guitare remplissent cette beauté architecturale qu’est l’Archipel. Puis l’humour de l’ancien frontman de Kyuss n’aura jamais été aussi bon où il se permettra d’avouer qu’ils ont préféré limiter les adaptations acoustiques de certains morceaux, notamment d’Hermano, avant de nous embarquer pour la grosse chevauchée avec « El Rodeo ». Après le morceau « Dark », il en profite d’ailleurs pour offrir au public quelques verres de vodka bien fraiche, puis de Jack pour “ceux qui préfèrent”, avant de repartir sur « Gardenia ».
Alors qu’on pense que c’est la fin, le groupe continue à nous faire redécouvrir du grand classique à la Kyuss en nous infiltrant directement dans les veines un bon « Green Machine ». Sans basse, sans batterie, quelle étrange idée me diriez vous ? Et bien, pas de problème, l’habillage musical est tout aussi rythmique et endiablé que la version électrique. Un grand moment, on vous le dit !!! Enfin, John Garcia termine ce show acoustique par la très attendue « Space Cadet », invitant par la même occasion quelques filles à se reposer sur le canapé derrière le groupe. Le public est aux anges, il en redemande, il s’affole de bonheur, conscient d’avoir vécu un grand moment de la musique et espérant un dernier rappel. Il n’en sera rien, Garcia a tout donné, et, que ce fut bon !!!
Set-list :
- Phototropic (Kyuss)
- Kentucky
- Don’t Even Think About It (nouvelle chanson)
- Her Bullets’ Energy (premier album solo)
- 5000 Miles (premier album solo)
- Argleben (premier album solo)
- The Blvd (premier album solo)
- Ehren Groban acoustic (superbe phase)
- El Rodeo (Kyuss)
- Cheyteilla (nouvelle chanson)
- • (Dark)
- Gardenia (Kyuss)
- Green Machine (Kyuss)
- Space Cadet (Kyuss)
Difficile de se dire que c’est déjà la dernière soirée Stoner lyonnaise de cette étrange année. Difficile aussi de s’en attrister tant cette cuvée 2015 aura été riche en bûches, celle de Noël même pas encore dans les assiettes, tellement nombreuses qu’il serait fastidieux de les énumérer ici.
Histoire de tenter de finir en beauté, Mediatone nous a chopé ce joli plateau au Ninkasi Kao : 3 nationalités, 4 groupes établis et autant d’assaisonnements différents. On est lundi, ça commence tôt et ça tombe bien, on y est, tôt.
HORISONT

Horisont, qui s’est planté de destination, confondant Lyon et Léon, éloignés d’à peine 700km, sera tout de même à l’heure pour donner le coup d’envoi de la soirée devant un parterre clairsemé, l’apéro étant à peine entamé. Pas de première partie locale traditionnelle ce soir donc, mais des suédois fin prêts à en découdre avec énergie, une forte connotation Hard Rock 70’s, des solis de rigueur et des claviers kitchs, datés à souhaits, saupoudrés avec plus ou moins de parcimonie par Axel, le chanteur (pas Rose). L’implication du quintet de Göteborg fait plaisir à voir et à entendre, ce qui aura tout naturellement pour effet des applaudissements et même quelques timides “wouhous”, de plus en plus nourris au fur et à mesure du (court) set.
SATAN’S SATYR

Place au premier combo ricain de la soirée, après cette mise en bouche maltée bien agréable. Après une apparition remarquée au Desertfest Belgium l’année passée, Satan’s Satyr sera ce soir handicapé par le pire mix de la soirée. La soupe d’instruments et les vocaux haut perchés quasi insupportables feront fuir une partie du public vers l’extérieur, vitrine improbable sur un tout autre type de soirée : une initiation à la salsa… Décalage immédiat et assuré, avec un effet aquarium hilarant pour les deux parties, c’est déjà ça. La salle du Kao a, à juste titre, ses détracteurs, capable du meilleur comme du pire selon qui est sur scène, qui est aux manettes de la console et qui est en tête d’affiche. Regrettable au vu de l’équipement soigné du lieu. Même remarque concernant les lumières, variant d’inexistantes à superbes. Bref, un petit tour en fin de set, court lui aussi, pour constater une légère amélioration du son à l’intérieur, que l’ombre de Black Sab’ flotte plus que de raison, trop peut être, que le batteur envoie valdinguer son kit et qu’une inversion des deux premiers groupes aurait potentiellement été plus à propos…
THE SHRINE

On grimpe d’un coup dans les tours quand The Shrine s’installe, sourires malicieux de sortie, probablement conscients de ce qu’ils vont dégager sur les planches dans quelques minutes. Les californiens, malheureusement loupés de peu en interview malgré une discussion très drôle de part et d’autre du stand de merch, ont ces influences et cet héritage venus tout droit du Punk Rock (des années 80), mouliné avec la NWOBHM et, bien sûr, ce côté Stoner cher à nos cœurs de Desertrockers. Alors dès l’entame ça balance sévère, le Kao s’est un peu rempli et peut commencer à shaker joyeusement son booty sur les tempos les plus enlevés de la soirée. Décontraction et plaisanteries sont de mise entre musiciens et public, mais musicalement ça rigole pas vraiment. L’accent est mis sur les deux très bons derniers disques, “Bless Off” et “Rare Breed”, et malgré une sono pas encore réglée au poil, l’énergie communicative des américains fait la fosse avoir du mal à tenir en place. Encore un set trop court cependant et un léger sentiment de retenue, comme si le trio en avait gardé un peu sous la pédale pour ne pas faire d’ombre à la tête d’affiche. Un concert vraiment bien qui aura fait quelques adeptes de plus, mais en deçà du set survolté au Desertfest Belgium l’an dernier (encore lui) où les bougres avaient littéralement foutu le feu.
KADAVAR

Illustration visuelle et sonore de l’aparté quelques lignes plus haut, quand Kadavar (lui aussi présent à Anvers en 2014) et ses triangles rentrent sur scène, acclamés, après une attente assez longue, le son et les lights se font miraculeusement impeccables. Les allemands, leurs trois albums et leur réputation live font rapidement oublier qu’ils ont du annuler leur date bordelaise de la veille, pour nous proposer un set travaillé et rodé, piochant (heureusement) dans l’ensemble de sa discographie. Les morceaux du petit dernier “Berlin” passent bien en contexte live, notamment “Lord of the Sky” en intro et “The Old Man”, bien appuyés par le meilleur des deux premiers albums, dont un prenant “Purple Sage” et un indispensable “Come Back Life” en rappel. Capillo-pileusement au top, le trio a pour lui de savoir composer de vraies bonnes chansons et ainsi se faire pardonner un certain manque d’originalité, mais pas de personnalité. Tradition germanique oblige, tout est millimétré, peut être même un peu trop pour un style de musique où un brin d’impro et d’adaptation “live” sont toujours les bienvenus. Reste que ça joue impeccablement bien, ça chante juste (oubliée la vilaine maladie de Lupus) et les berlinois peuvent compter sur leur botte (plus tellement) secrète, qui répond au doux nom de Tiger. Le batteur géant est aligné avec ses comparses sur le devant de la scène et captive l’audience avec son jeu costaud, sa gestuelle presque exagérée et son kit acrylique transparent. Ses coups de baguettes sans retenue insufflent aux prestations de Kadavar une puissance pas forcément perceptible en studio. En tous cas on tient là une valeur sûre et solide en concert, qui maîtrise fort bien son sujet.
On aura passé une soirée globalement bien sympathique, malgré quelques petits bémols et ce constat que quatre groupes, surtout en semaine, c’est trop. Quel est l’intérêt, franchement, de faire jouer 30 minutes des premières parties avec un son dégueu et devant pas grand monde ? Vous avez 4 heures.
(photos : Chris – à Genève)
Un monde. Voilà ce qui sépare les deux performances parisiennes en deux jours de Clutch. La première, évoquée précédemment dans nos pages, a eu lieu au Studio 104 pour l’enregistrement de l’émission de Canal + “L’Album De La Semaine”. Mécanique, impersonnelle et frustrante au possible malgré une efficacité indéniable des morceaux joués (la quasi intégralité du dernier album “Psychic Warfare”), la performance n’a en réalité fait office que d’avant-goût premium pour tous ceux qui se rendraient au Trabendo le lendemain. Nombreux, ces derniers s’entassent le 27 novembre au soir dans la salle du Parc de la Villette. Avant le concert, l’ambiance y est bon enfant, quoique quelque peu tendue, ce pour des raisons évidentes. Soyons clairs ici : depuis maintenant deux semaines, les reportages écrits de concerts parisiens intègrent tous des mots liés aux divers événements tragiques ayant eu lieu sur Paris le 13 novembre. Ici, nous prenons le parti de ne parler que de musique, d’ambiance live et de slams enragés, simplement parce que c’est ici ce que la plupart des personnes présentes dans le public étaient venus chercher avec ce concert.

Débutons par le commencement : si l’on avait demandé à de nombreux fans de Clutch quel groupe serait parfait en guise de première partie pour le quatuor américain, beaucoup auraient probablement répondu Planet Of Zeus. Ce sont la même science du groove, le même esprit malin, parfois ironique, la même furie en live et les mêmes riffs endiablés qui motivent les grecs, que quelques parisiens enjoués avaient déjà pu découvrir l’année passée à la Mécanique Ondulatoire. Peu d’amateurs étaient surpris, dès lors, de découvrir les grecs en première partie de Clutch, tant le line-up fut cohérent. Et personne ne s’y est trompé : Planet Of Zeus a assuré devant un public rapidement acquis à sa cause, pendant un set d’une heure environ. Tous les gros tubes du groupe y sont passés, et la salle déjà compacte saute à l’unisson, déjà conquise pour le reste de la soirée.
Après une pause d’environ 10/15 minutes, Clutch fait son arrivée. Les membres du groupe ne peuvent pas savoir combien ils étaient attendus : certains ont leur place depuis plus de six mois, d’autres ont réussi à trouver une place le jour-même, voulant profiter d’un excellent concert grâce à une valeur sûre du genre. Tout débute avec “X-Ray Visions”, comme la veille au studio 104. Mais il ne faudra pas dix secondes au public présent aux deux événements pour comprendre que ce 27 novembre n’aura rien à voir avec la veille. Dès les premières notes, le public quitte l’unisson mouvementée dont elle faisait montre pour Planet Of Zeus, signe d’un bon concert de rock, pour vriller dans une hétérogénéité salvatrice folle : les slams se font par dizaines (il a dû y en avoir une cinquantaine en tout au terme du concert), la fosse prend toute la partie intérieure de la salle (comprenez : toute la surface inférieure aux marches dans le Trabendo), nombreux sont ceux qui tombent, qui perdent des affaires…
La folie rugissante du public fait directement écho à la setlist du groupe, principalement composée de morceaux issus des deux derniers albums, outre exceptions (le duo “Escape From The Prison Planet” + “Spacegrass” et “The Mob Goes Wild” en final post-rappel). Force est de constater que le dernier album est tout aussi efficace que les précédents en live : tous dans le public scandent déjà les paroles d’un bouzin sorti il y a tout juste deux mois. Les balances sont parfaites, tout y est limpide malgré les mouvements désordonnés du public.
Pour beaucoup, ce concert aura eu un effet aussi bien cathartique que libérateur, et les quelques mots du frontman Neil Fallon sur les réseaux sociaux le lendemain résument assez bien l’ambiance qui régnait ce soir là : “Rien hors de l’ordinaire ne s’y est passé : les gens ont dancé, les gens ont chanté. Les gens ont jeté 3 litres de bière à travers la salle. Par tous les aspects, il s’agissait d’un concert de rock normal. Mais ces attitudes apparemment ordinaires étaient extraordinaires ce soir là. Ce show n’était pas à propos de Clutch. Il était à propos de Paris. Il était à propos de l’indomptable esprit de l’humanité qui se vengeait de ce qu’elle a de pire… avec de la joie”. Il est cependant une chose sur laquelle Neil Fallon a tort : le show de ce 27 novembre était bel et bien à propos de Clutch, qui ont su plus que n’importe qui d’autre donner aux parisiens un exutoire sans pareille.
Doc Savage
A l’occasion de leur passage sur Paris lors de leur tournée en Europe, Clutch s’est arrêté au studio 104 la veille de leur très attendu concert au Trabendo, jeudi 26 novembre, pour enregistrer quelques morceaux pour l’émission “l’Album De La Semaine” de Canal +. Les membres du groupe en ont profité pour célébrer l’une de leurs rares apparitions médiatiques en France avec quelques fans, ces derniers d’abord agglutinés sur les marches impersonnelles inévitables dans n’importe quel studio de télé, mais très vite levés face à l’événement.

Avant l’apparition de Clutch, captation télévisée oblige, un chauffeur de salle agréable, visiblement habitué de ce type d’événements, pousse la centaine de spectateurs présents à agir comme si le groupe venait de jouer, à savoir applaudir, crier, rugir de joie, ce complètement à froid, sans n’avoir rien vu. Vous l’aurez compris, pas de place à la spontanéité ici, vive la post-production ! Une fois les nombreuses prises terminées (environ 5 ou 6 à faire semblant de célébrer Clutch, qui n’étaient même pas encore arrivés), le groupe a fini par se montrer et Neil Fallon, fidèle à lui même, a l’œil complice avec le public, lequel comprend dès lors qu’il va passer un bon moment.
Le groupe est présent pour enregistrer quelques chansons de leur dernier album, Psychic Warfare, unanimement salué par les critiques et le public (il a fini n°1 des ventes d’albums de Rock la semaine de sa sortie aux USA). Ainsi, se succèdent rapidement “X-Ray Visions”, depuis quelques mois le puissant opening de la plupart des dates du groupe, puis “Firebirds”, les excellentes et très groovy “Quick Death in Texas” et “Your Love is Incarceration”, “Doom Saloon”, “Our Lady of Electric Light”, “Behold The Colossus”, avant de finir sur l’intense “Son of Virginia”. Bref, quasiment tout l’album y passe pour notre plus grand bonheur.
Si nous sommes évidemment ravis de pouvoir découvrir ces morceaux pour la première fois en live, nous sommes vite ramenés à la réalité frustrante, le contexte castrateur dans lequel nous devons profiter de l’expérience : debout sur des marches, que nous ne pouvons pas quitter de peur de tomber sur du matériel télévisuel à gros budget, juste devant nous. Impossible de bouger, impossible de se lâcher complètement, et pourtant nous en avions envie !
Pour la plupart des personnes présentes, c’est le premier semblant de musique live depuis plus de deux semaines, depuis qu’elles ont la sensation de risquer leur vie en se rendant à un concert de rock, a fortiori américain. Dans ce contexte, se voir contraint à l’inertie face à la musique d’un groupe aussi communicatif et libérateur que Clutch relevait de la quasi torture. Même le groupe semble quelque peu frustré de la situation, incapable de réellement interagir avec le public pourtant présent pour lui, malgré son aisance habituelle dans le domaine sur scène. Clutch n’est clairement pas un groupe fait pour la télévision et les projecteurs, et tant mieux. En réalité, cette expérience agréable quoique quelque peu frustrante nous aura permis de bénéficier d’un avant goût plaisant de ce qui attendra tous les amateurs impatients le lendemain au Trabendo. Ce 27 novembre, tous les frustrés de la veille et du studio 104, rejoints par de nombreux frustrés de l’étouffante vie parisienne actuelle, ont relâché toute pression.
(à suivre…)
Doc Savage

Alors que la grisaille s’installe tranquillement au dessus de nos têtes, le Sombre Novembre Tour a saisi l’occasion pour faire son retour au Klub le 11 novembre. Il y a un an, cette tournée réunissait Barabbas et Goatess pour 3 dates françaises. Cette année, Barabbas est toujours de la partie mais Goatess a cédé sa place à Lord Vicar, la mythique formation doom finlandaise. Pour accompagner ce séduisant duo sur cette date parisienne, Ataraxie et The Bottle Doom Lazy Band ont également fait le déplacement. Au total, 4 groupes et beaucoup de doom. Récit d’une soirée à guichet fermé où la vitesse était encore plus limitée que devant l’école d’un petit village de Dordogne.
Le caverneux Klub semble parfaitement approprié pour accueillir cette soirée : salle six pieds sous terre avec voûte de pierres apparentes et d’une exiguïté idéale pour une ambiance intimiste. La scène est même trop étroite pour accueillir Barabbas au complet. Le chanteur Rodolphe, à la carrure rappelant celle d’un Ben Ward sous stéroïde, se place donc par défaut en pleine fosse, à quelques centimètres des premiers rangs, accompagné de son imposant crucifix lui servant de pied de micro. Si l’on retrouve les sonorités lourdes et lentes caractéristiques du doom, la musique de Barabbas est plus dynamique que léthargique. La puissance des riffs portés par une impeccable section rythmique emmène le groupe aux frontières du stoner. Cette énergie communicative est en partie aidée par Rodolphe qui harangue les premiers rangs tout au long du concert, leur crachant sa bière ou leur hurlant à la face ses douces paroles. Et en français, silvouplait. Car oui, Barabbas a le culot de chanter en français. Sur ce genre de musique, un tel exercice peut sembler aussi périlleux qu’un malvoyant jonglant avec des couperets. Et pourtant, le groupe s’en sort étonnamment bien. En reprenant toute l’imagerie liée au genre (occultisme, religion, etc), Barabbas vise juste sans pourtant tomber dans le pathétique. Et pour ça, chapeau. Après un baptême à la bière sur les têtes de quelques heureux élus du public par Saint Rodolphe en personne, le concert prend fin. Sacré claque !
The Bottle Doom Lazy Band prend la suite. La scène est définitivement trop étroite pour accueillir 5 personnes, et les membres du groupe doivent redoubler d’attention pour ne pas se marcher dessus. Le quintet de Poitiers a sorti cette année un nouvel album intitulé « Lost N Drunk », qui vient marquer ses dix années d’existence. Autour d’un doom dans la droite lignée des grands du genre comme Saint Vitus, dont le chanteur arbore un tatouage sur l’avant bras, le guitariste soliste tisse des solis psychédéliques et cosmiques, épaulé d’un impressionnant pedalboard aux multiples effets. La voix du chanteur paraît possédée, comme venue d’un autre temps, et donne de l’emphase à l’ensemble. Si la musique fonctionne bien, le show est quant à lui un peu volatil et fouillis. Le chanteur quitte la scène, y revient, va saluer un ami, le guitariste s’arrête de jouer et tente un slam raté, donne sa guitare à un spectateur puis s’en va… Bref, tout cela respire la franche rigolade mais dessert un peu le groupe et sa crédibilité, puisqu’on a finalement du mal à rentrer pleinement dans les compositions pourtant bien foutues du groupe. Dommage.
Curieusement, Lord Vicar qu’on pensait être la tête d’affiche du jour ne joue pas en dernier. La salle a presque doublé son auditoire, les Finlandais sont bien les plus attendus de la soirée. Et pour cause. Groupe né des cendres du légendaire Reverend Bizarre, Lord Vicar perpétue la tradition d’un doom assez classique au chant clair. Le public a d’ailleurs la chance de voir deux des membres du Reverend réunis ce soir : Peter Vicar, le guitariste chanteur, et son pote Albert Witchfinder à la basse. Autant dire que ces deux là ont roulé leur bosse dans les contrées du doom et en connaissent un rayon quand il s’agit de pondre des riffs d’anthologie. Et les premières notes de « Down The Nails » qui ouvrent le concert nous en apportent la preuve sonore. Le groupe assène ses hymnes doom dans une bonne humeur éthylisée qui contraste avec l’apparente gravité du genre, et nous offre un spectacle mélodramatique proche du burlesque. Parce qu’après tout, la musique, ça n’est que de la musique, même quand elle parle d’apocalypse et de désespoir. Une autodérision qui fait plaisir à voir et surtout à entendre.
La salle a quelque peu désempli pour le dernier groupe de la soirée, Ataraxie, qui viendra clôturer la soirée sous le signe du death (concert auquel nous n’avons malheureusement pas pu assister).
Suave moiteur, douce lenteur, riffs acérés et saveurs houblonnées, voilà le bénédicité de cette soirée doomeuse. Amen !
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