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Nous voilà repartis pour une soirée aux Stoned Gatherings et cette fois-ci l’objectif est de jouir de l’homme qui passe pour être l’un des pionniers du genre : Mr John Garcia. Mais chaque chose en son temps. Avant tout, venir à un concert c’est rencontrer des gens, des ami(e)s, dans le cadre que nous offre une salle de concert et dans l’optique de passer un bon moment. Ici le Glazart nous offres un accès à de la nourriture de qualité ainsi qu’à des rafraîchissements dans un extérieur qui réussit à faire oublier le froid qui règne ce soir sur la capitale. On part donc dans les meilleures conditions pour attaquer avec le premier groupe de l’affiche du soir.
Komatsu nous viennent d’Eindhoven avec un Stoner rock proche de Karma To Burn. La plupart des morceaux envoient du son de manière assez radicale avec un batteur qui doit avoir une carrière dans le BTP. Certains sortiront particulièrement du lot et notamment ceux utilisant des samples de film. Dans ces derniers la voix est moins présente et remplace son énergie par un peu de distance psyché bienvenue. Le lead nourrit d’ailleurs les compos de pas mal de subtilité à ce niveau et rend le tout bien plus intéressant. Le titre éponyme restera dans ma tête jusqu’au lendemain ce qui prouve une certaine efficacité même si cela frise l’agacement. Les deux derniers instrumentaux auront été pour moi de vraies découvertes et terminent admirablement un set qui a bien failli trainer en longueur. Niveau maîtrise de la scène… aucune idée. En jouant des coudes, je n’apercevrais que quelques frisotis semblant appartenir à la chevelure de Mo le chanteur/guitariste, la grande majorité du public étant déjà bien là pour se réchauffer, et i semble apprécier cette mise en bouche.
Pour Steak, deuxième groupe de la soirée, en provenance de Londres, les choses sont un peu différentes. La batterie tape moins fort et avec plus de feeling, la rythmique carrée et bourrée d’effets sert le plus souvent d’appui à la voix plus relevée du chanteur, sans oublier les digressions instrumentales nécessaires pour nous faire décoller. On ressent directement qu’un boulot colossal prend forme devant nous. Quelques petits problème de mix viendront émailler le début du concert avec un retour trop faible et des larsens trop fort pour nos oreilles. Une fois le problème réglé (après environ 4 morceaux…) on appréciera d’autant ce groupe qui semble ravi de nous voir. Une forte homogénéité ressort malgré tout de leurs compos et des 45 minutes du set ce qui, en première écoute live, fait un peu décrocher. Kippa, le chanteur/frontman fait son taff et chauffe le public comme il faut pour la suite. Au vu de la qualité présentée on peut dire qu’une écoute dans les chaumières est recommandée, histoire d’apprendre à les connaître et établir une analyse plus fine.
Et voici venu le temps pour celui qui représente la voix dans le milieu de la musique rock du désert : John Garcia. Après des années à travailler dans une clinique vétérinaire pour ne se consacrer à ses projets musicaux que le temps des vacances (Hermano entre autre), puis avec les succès de Kyuss Lives/Vista Chino qui modifie la balance et le met plus que jamais sur le devant de la scène, le voici qui vient nous présenter l’album solo qu’il lui aura fallu tant d’années à sortir. Certains morceaux datant de ses 19 ans tout de même…
Une intro inspirée de “Caterpillar March” pour son arrivée sur scène et c’est par l’un des tubes de son dernier projet, “Rolling Stoned”, qu’il ouvre les hostilités. Paradoxalement, ce morceau est une reprise du groupe canadien Black Mastiff donc pour le côté personnel on repassera. Cela n’enlève en rien l’énergie et l’efficacité de ces 4 minutes. C’est somme toute un très bon choix pour débuter. D’autant plus qu’il passe comme une lettre à la poste l’épreuve du live. Et puis, comme on va le voir, cela pose d’entrée de jeu les bases de ce qui nous attend. Car avec un passif aussi lourd, le peuple présent ce soir s’attend à se régaler les oreilles de classiques du genre. Nous voilà servi avec “One Inch Man” tout droit en provenance du dernier album de Kyuss “And The Circus Leaves Town”. Et si le public était chaud dès l’entrée en scène on peut dire qu’on est facilement monté d’un cran dans ce Glazart au complet ce soir.
Les 3 musiciens qui supportent l’icône sur scène (et qui sont apparus pour certains dans d’autres formations de Garcia) sont très sobres et ne se mettent clairement pas en avant. Rares sont les moments de grâce scénique où le guitariste ira chatouiller le batteur. Mais ils font le job et ils le font bien. Les regards sont donc tournés principalement sur le frontman qui conserve son jeu de scène propre à base de poses associées au pied de micro. Il a l’air particulièrement en forme au vu des quelques phrases échangées avec le public (pas vraiment dans ses habitudes), et il ira jusqu’à pousser la foule à slammer !
La suite du concert reste sur ce principe d’alterner des morceaux de son album solo avec des morceaux d’autres projets. Parmi les titres les plus efficaces on note la présence de “The Blvd” qui permet une petite trêve avant d’enchaîner sur un bien bon “Gloria Lewis”. On remarque que le dernier album de Kyuss est à l’honneur pendant cette première partie de concert avec encore un “El Rodeo” jouissif.
Garcia quitte maintenant la scène et nous laisse ses compagnons pour un intermède instrumental loin d’être désagréable. Jusqu’ici pas de doute, Garcia bichonne sa dernière mouture et lui laisse de la place puisque quasiment tous ses titres sont interprétés dans la soirée. Pour le cover band de Kyuss il y a peut-être des déçus mais ce serait bien dommage car ce que l’on a en retour vaut la peine, mon ami(e). Et puis il reste quelques surprises. Au retour on ajoute ainsi un “July” de Slo Burn que je voyais pour la première fois en live et qui était l’un des très bons moments de la soirée. On passe d’ailleurs en mode Slo Burn avec ensuite “All These Walls” c’est à dire “Cactus Jumper” remanié pour son projet solo. Et les voilà qui nous quittent tous après 1h de concert.
A ce moment du concert, l’état d’esprit est à peu près le suivant : on passe un bon moment ; “Green Machine” arrive, on va passer un très bon moment ; et puis ça serait pas mal aussi si nous on avait le droit à “Whitewater” (non joué mais pourtant annoncé pour bien trop des dates précédentes comme Bilbao) ! Après une attente qui parait un chouia longue (j’ai presque cru à la fin de soirée) nous voilà de nouveau tous réunis. Et on réattaque avec “Supa Scoopa And Mighty Scoop”, en provenance de “Welcome To Sky Valley”, avec sa construction à 2 têtes et son final culte qui fait évidemment plaisir. Voilà “Green Machine”, rien à ajouter, les mots ne suffisent plus. Et finalement, je fus plus que rassuré en entendant les premières notes de “Whitewater”. Ce morceau est un peu un résumé de l’esprit Kyuss sur 9 minutes roboratives d’émotions, de groove, de psyché et qui convient parfaitement en clôture de cette soirée.
En environ 1h30 de concert, Garcia nous a nourri en insufflant ce qu’il faut entre nostalgie, nouveautés et surprises pour qu’on frôle l’otalgie. Le plus gros bémol reste que cet effet de surprise est déjà épuisé puisqu’il semble se complaire à répéter peu ou prou les mêmes effets et setlist chaque soir. Ceci n’enlève en rien l’intérêt et le plaisir procuré par une date en particulier mais interroge sur la pertinence de cette démarche. Au final, il est bon de voir Garcia commencer à sortir de son héritage très prégnant ces dernières années et l’équilibre trouvé ce soir semble une bonne formule au vu du succès rencontré. En tout cas, je reprends une dose dès que l’occasion se présente !
Une telle affiche méritait bien les quelques centaines de kilomètres de route nécessaires pour rejoindre cette salle superbe et atypique qu’est le Cafe Antzokia, à Bilbao : une salle en plein centre ville, une sorte d’ancien théâtre ou salle de bal avec balcons, un superbe escalier majestueux et une déco à l’avenant.
On est en revanche un peu dépité lorsque, à la minute où les néerlandais de KOMATSU montent sur scène, la salle est quasiment vide… Heureusement, les premiers accords du quatuor batave font rentrer ces branleurs d’espagnols qui étaient probablement en train de finir leurs tapas sur le trottoir (on n’est pas à un cliché près, hein). Quoi qu’il en soit, l’ambiance se réchauffe assez vite grâce à une salle à moitié pleine, mais surtout grâce à la musique du combo. Le stoner rock très massif de KOMATSU fonctionne bien, et l’effet “découverte” marche à plein. Sur scène, c’est clairement Mo, le chanteur / guitariste, qui porte la responsabilité de frontman du combo, que ce soit à travers ses vocaux percutants ou ses parties de gratte robustes. Pas loin derrière, Martijn à la basse se démène comme un beau diable pour tirer sa part de la lumière, quitte à friser le ridicule avec ses poses de bass-hero et son habitude de finir le dernier titre dans le public (un public un peu clairsemé dans ses premiers rangs ce soir durant leur set, l’effet n’étant donc pas génial pour le pauvre bassiste qui s’attendait sans doute à une furie de stoner-metal dans le pit…). On passera pudiquement sous silence la prestation toute aseptisée de l’autre guitariste Stephan, et on s’étonnera de ne pas retrouver la batteuse Miriam, apparemment fraîchement remplacée par un nouveau batteur qui, ma foi, fait le job. Bref, sur scène ça bastonne bien, les nombreux passages instru sont toujours bien virils et les compos accrocheuses. Gros point fort : le set dure trente minutes pétantes, soit exactement la bonne durée pour ne pas s’ennuyer !
L’ingé son a un sens de l’humour bien particulier, n’hésitant pas à balancer du QOTSA pendant le court quart d’heure qui suffira à STEAK pour investir la scène et faire son line-check rapido-presto. Un peu trop rapido peut-être, étant donné que le quatuor briton bataille pendant les deux premiers titres pour ajuster ses retours et qu’en salle le son n’est pas encore au top. Mais les choses rentrent vite dans le rang, et la salle, désormais quasi pleine, commence à voir apparaître la cohérence musicale de cette belle affiche : clairement, Steak ce soir représente le chaînon manquant entre le stoner rock “européen” (un petit peu “à la scandinave”, quoi) et le desert rock U.S. le plus aride. Scéniquement, les zicos sont quand même assez introspectifs, surtout la section rythmique, qui illustre complètement le concept de flegme britannique. Reece Tee abat un boulot sur ses parties de guitare qui le dispensent de facto de faire le mariole sur scène : ses rythmiques tranchantes n’ont d’égales que ses soli percutants. Kippa, le chanteur capilairement approximatif ce soir (il est assez rare en y réfléchissant de trouver des vocalistes dédiés parmi les groupes que nous affectionnons, cette tâche revenant souvent au gratteux le moins mauvais, voire, pire, à un bassiste…), assure lui aussi son rôle de frontman, malheureusement sans trop communiquer avec le public, évoluant étrangement sur scène (voir ce titre joué devant les retours, côté public mais… dos au public !), le plus souvent les yeux fermés. Côté compos, les titres sont longs et sinueux, et pour ma part je retiendrai dans ce schéma le toujours somptueux “Liquid Gold”. Le public est bien dedans, mais toujours dans cet “entre-deux” un peu étrange que génère la musique de Steak sur scène : on n’est jamais dans un ennui profond, mais jamais non plus dans la folie qu’on les croit toujours capable de générer. Toujours ce satané groupe qui ne parvient pas à transformer l’essai (scéniquement ou sur album – voir leur dernier album, très bon mais toujours pas excellent), alors qu’on est tous persuadés de leur talent. On reste patient en attendant l’explosion, mais va pas falloir qu’ils nous fassent végéter longtemps non plus… Plus étonnant que pour Komatsu, c’est seulement 35 minutes qui sont allouées aux anglais, qui auraient sans doute, eux, tiré profit d’un petit rab d’un ou deux titres…
C’est sur un instru vaguement dérivé du pourtant attendu “Caterpillar March” que le trio instrumental du backing band de JOHN GARCIA entame son set. Et c’est sur le groovy “Rolling Stoned” que le desert messiah rejoint le trinôme. Le gaillard est en forme, bien plus que sur certaines de ses récentes interventions Vista Chino-iennes notamment : déhanchements et manipulations de pieds de micros caractéristiques, sourires occasionnels… Il revit ! Alors qu’il glisse très rapidement un “One Inch Man” dans la set list (carton assuré dès l’intro), c’est quand même sur son catalogue propre qu’il forge son set, le constat ne souffre d’aucune contestation. “My Mind”, “The blvd”, “Flower”… Et les autres ! Au final, seuls deux ou trois extraits de sa galette solo ne seront pas jouées ce soir. D’un autre côté, difficile de lui en vouloir, on sait les titres pas mauvais, et par ailleurs, force est de constater qu’ils passent haut la main l’épreuve du live. Mention spéciale à “5000 Miles” qui fonctionne particulièrement bien. En revanche, les vrais pics d’effervescence du public (qui désormais blinde la grande salle) sont atteints sur les différentes occurrences Kyussiennes, ne nous leurrons pas. Le chanteur se livre par ailleurs à une revue très particulière de la carrière de Kyuss, avec de gros focus sur “Blues…” et sur “… Circus”… (c’est râlant de voir ainsi presque zappé “Sky Valley”, uniquement représenté par le modeste “Supa Scoopa and Mighty Scoop”).
Aux deux tiers du set environ, Garcia s’éclipse pour mieux mettre en lumière ses trois compères, qui s’illustrent alors sur un titre instrumental bien charpenté (clairement pas improvisé : un titre bien carré, efficace, à l’image de ce qu’auraient pu composer les Karma To Burn de leur vivant, en plus répétitif peut-être). Faut dire que nos lascars n’avaient jusqu’ici pas vraiment marqué le public : même si impeccables musicalement, on ne peut pas dire qu’on ait été jusque là étouffés par la densité scénique du trio, exception faire de Greg Saenz, un tueur à la batterie. Mike Pygmie fait le taf et évolue sur ses 2 mètres carrés de scène avec sa mine renfrognée et en regardant aléatoirement ses baskets, son manche de basse, ou le fond de la scène. Le bât blesse un peu plus face au guitariste Ehren Groban, guitariste très doué par ailleurs, mais doté du charisme d’une crêpe au sucre. Il n’y a que quand il lève le pied pour appuyer sur une pédale d’effet qu’on est sûr qu’il ne s’est pas endormi sur son manche, objet de toute sa concentration… Heureusement son t-shirt “tie dye” importé en droite ligne des pires heures des eighties nous pique assez les yeux pour ne pas nous endormir quand on lui adresse un regard…
Mais le public s’en fiche, au final il est venu pour Garcia, et il a ce qu’il voulait, même si une set list plus orientée “Kyuss” aurait forcément plus cartonné. Une doublette Slo-Burn plutôt maline pointe le bout du nez vers la fin du set, avec “July” (qui tombe un peu à plat devant un public finalement pas si averti que ça) enchaîné avec la version “Garcia” de “Cactus Jumper” (“All these walls”). Et là, constat effarant (qui ne nous avait pas marqué jusqu’ici), Dieu ouvre la bouche à destination de ses apôtres ! Et oui, il aura fallu attendre une grosse heure de set, une petite quinzaine de chansons, pour que Monsieur Garcia s’enquérisse de l’humeur de son public en lui adressant la parole pour la première fois de la soirée ! Alors qu’il engage un “Supa Scoopa…” des familles, on se dit que les planètes sont alignées et que l’explosion attendue est imminente. Et… fini ! Le groupe quitte la scène… Un petit moment de doute passe avant de voir le public revenir pour ce qu’on imagine un baroud d’honneur en bonne et due forme, sentiment confirmé par le choix d’un “Green Machine” qui fait de sérieux dégâts dans un pit devenu incandescent. Pouvant se reposer sur des braises ardentes, c’est le moment que choisit le groupe pour… quitter à nouveau la scène, sans rappel cette fois ! Toujours pas de “Whitewater”, prévu sur la set list quasiment chaque soir…
Mais à l’heure du bilan, finalement, quasiment que du positif : deux très bonnes premières parties, et un set de Garcia qui en a donné pour son argent à un public qui ne demandait pas autre chose (un peu de Kyuss, un Garcia en forme, quelques raretés…). Le bilan est donc très positif, et cette affiche de qualité aura séduit la quasi-totalité de l’assistance. Force est toutefois de constater que le “format” de carrière de John Garcia s’éloigne de plus en plus largement du tribute band qu’inconsciemment, tous les fans de Kyuss espèrent trouver… Mais donnons-lui sa chance !
Dernier jour d’un festival qui se déroule sans accroc. A se demander si c’est vraiment la première édition tellement tout semble sous contrôle. On a du mal à réaliser que ça se termine ce soir après deux jours d’orgie sonore, ça aurait très bien pu se finir la veille et en même temps rater cette dernière journée aurait tenu de la faute lourde.
BLOODNSTUFF
Pour bien lancer les festivités, rien de tel que les petits gars qui ouvrent pour Fu Manchu, j’ai nommé Bloodnstuff. N’oublions pas qu’ils font également partie de l’écurie Fuzzorama Records (LE label de ces trois jours). Encore un duo guitare-batterie… il doit il y avoir une pénurie de basse de par le monde ou à une époque où on en veut toujours plus, il semblerait que quatre cordes n’en contentent pas beaucoup. Néanmoins le spectre sonore du duo ne manque pas de gras du fait d’une astucieuse association d’amplis basse et guitare et de riffs judicieusement écrits et interprétés, tout cela produisant un rock indé à tendance stoner mélodique des plus agréables. Belle communion entre les deux protagonistes, la batterie entraîne bien l’ensemble pour éviter de tomber dans un énième pastiche des White Stripes. C’est du Karma To Burn qui aurait remplacé la barbaque par du tofu dans son alimentation.
MOANING CITIES
Cela fait deux jours maintenant que l’on s’y est résolu, on ne peut pas tout voir. Alors on quitte prématurément le duo américain pour un quintet belge. La Canyon Stage est encore bien clairsemée en début de set. Toute l’intelligence de la programmation tient dans le fait de faire cohabiter toutes les générations de groupe. Et jusqu’à présent les illustres inconnus sont d’excellentes découvertes. Ça commence comme du rock psyché à l’anglaise, la bonne école, pas les ersatz d’aujourd’hui. Joli sens de la mélodie, une basse bien ronde et de belles décharges d’énergie régulières pour maintenir l’attention. Tout cela est fort sympathique jusqu’à ce que l’un des guitaristes ne se mette en tailleur pour jouer de la cithare. C’est certainement cliché pour faire du rock-psyché mais à partir de là l’audience ne s’en remettra pas. Enfin le tapis décolle et nous survolons nos corps charmés par la justesse des arrangements dont fait preuve Moaning Cities. L’école rock belge a encore de beaux jours devant elle.
1000 MODS
Slabdragger ayant malheureusement dû annuler pour raisons de santé et son remplaçant Old Man Lizard ne chatoyant pas mes esgourdes, retour vers le bar ou Vulture Stage pour une bonne dose de fuzz. A vue de nez les grecs de 1000 Mods sont attendus parce que la salle déborde très vite et quand le show se lance autant vous dire que ça va déborder de toute part. J’avoue humblement être passé à côté du quatuor jusqu’à présent, ne prêtant qu’une oreille distraite à leur stoner heavy-psyché. On a pas fini le premier morceau que je le regrette déjà. Il y a quelque chose de profondément addictif dans ce stoner certes classique mais redoutablement efficace. Et l’énergie déployée par le groupe sur scène décuple l’effet headbang tant que ta nuque tient. L’audience est survoltée, le groupe, avec ces alternances de passages plus lourd avec leurs riffs groovyssimes, annihile toute raison de ne pas se lâcher. A retrouver très vite sur une scène plus grande parce que l’on se sent carrément à l’étroit ici. 1000 Mods nous décrasse les tympans en bonne humeur, ça fait plaisir.
CONAN
Sans transition, sans rapport, on quitte la liesse grecque pour le doom guerrier de Conan. Chaque mois qui passe et le trio gagne en notoriété grâce à une tournée intensive, un album sous le bras qui met le monde à genou et des prestations live qui en terme de puissance évocatrice vous prend, vous retourne, vous aplatit et disperse vos cendres au gré des vents, vous laissant ainsi ne faire plus qu’un avec les éléments fondamentaux. Changement de batteur pour les anglais… aïe toute la richesse de leur doom tenant à la confrontation des riffs martiaux et partiaux avec le jeu démonstratif tout en cymbale de la batterie. Les changements de motifs rythmiques mettant en exergue les variations de riffs, sachant les magnifier tout comme les ancrer plus profondément dans notre crâne. Le rouleau compresseur en marche, nous sommes écrasés d’avoir osé avoir douter, le niveau est plus qu’à la hauteur apportant même une dose de groove désuet bien placé à l’ensemble. Nous sommes conquis, vaincus, terrassés par les voix, la musique, la faculté des anglais à être aussi radical et en même temps séduisants. Le syndrome de Stockholm en doom.
SARDONIS
Maintenant que nous sommes laminés, allons tendre l’autre joue avec le duo instrumental Sardonis. Niveau branlée sonore, les belges ne font pas dans la demi-mesure. Ici heureusement qu’il n’y a que guitare-batterie parce qu’avec une basse, je crois qu’on ne se relèverait pas de cette décharge de riffs tantôt stoner, tantôt heavy, parfois à la limite du thrash, toujours efficace, à l’occasion pas que bas-du-front. On pensait avoir quitté la guerre une fois la Desert Stage derrière nous, mais une nouvelle bataille a pris place sur la Canyon Stage. Le public est fauché par les assauts de riffs tranchants et comprimé par le matraquage incessant de la batterie qui arrive à insuffler du groove à l’ensemble. La guitare tente quelques incursions plus aériennes mais le poids de l’armure nous ramène bien vite à l’écrasante vérité. Sardonis ça tabasse, de courts moments de trêve pour mieux nous scotcher de leur déferlement de puissance le passage suivant. A-t-on pris trop de coups de suite ou l’envie de ne pas rater une miette du trip à suivre, quoi qu’il en soit retour sur la scène principale avant d’être décimé pour de bon.
COLOUR HAZE
Bonne idée de partir en avance, le set des allemands a déjà commencé. On a beau vérifier le programme et nos montres, oui ils ont bien débuté en avance… Comme Yob la veille, il semblerait que les groupes n’ont pas le même planning horaire que nous. Bon ce ne sont que les premières minutes d’une de ces longues intros dont nous raffolons quand on va voir le trio mais quand même. A la vue du remplissage de la salle, on comprend que tout le monde est en train de se faire avoir de la même manière. Plus le temps de tergiverser, la magie est déjà en train d’opérer. Un live de Colour Haze c’est un tour de prestidigitation. Les minutes disparaissent et sont remplacées par des secondes d’harmonie avec nous mêmes. Tout aussi longs que soient les morceaux, aucune longueur ne se fait sentir pendant la contemplation béate du sentiment de plénitude qui est le notre. Comme toujours avec les allemands un climat de tranquillité et de bienveillance s’installe. La sincérité du groupe, son amour pour la musique et le plaisir qui en découle de la partager est omniprésent. Le trio enchaîne les perles du dernier album comme quelques (maintenant) classiques. Pas non plus de grands retours en arrière, les premiers albums sont aux abonnés absents. Un set parfaitement maîtrisé, toujours de qualité sans réelle surprise. Excepté que le show initialement prévu terminé, le groupe tombe des nues quand ils apprennent qu’ils ont encore du temps de jeu. Pour la première fois de leur longue carrière, ils n’ont pas dépassé le temps imparti. Une première pour eux, accueilli avec amusement, qui nous offre donc l’occasion d’avoir un titre en plus. Le public ne demandait que ça. Et quelle bonheur de se laisser porter encore quelques minutes/secondes/heures (qu’importe) par leur rock-psyché de référence.
BRANT BJORK
45 minutes… 2700 secondes d’ici le concert du King of cool du stoner, ça paraît bien suffisant pour se sustenter pour attaquer sereinement la dernière fournée de show qui nous attende. L’histoire retiendra finalement qu’avoir des frites sous la pluie relève du jeu de patience, mieux, c’est une épreuve pour fear factor. A ce niveau ceux qui n’ont pas craqué ont pu copieusement remettre en question les compétences du préposé à la baraque à frites tout en se faisant de nouvelles rencontres impromptues ou débattre sur le bien occupé par le stoner dans l’humanité et combien le Desertfest ce week-end nous a régalé. Il pourrait neiger des étrons que la bonne humeur ambiante, l’esprit festival en famille, ne saurait être mis à défaut. On n’est pas bien là, tous ensemble, à la fraîche, décontractés !
Avec tout ça Brant Bjork et son Low Desert Punk Band a déjà commencé à rayonner sur la Desert Stage. Oui cette scène est faite pour lui, son groove sablonneux, ses riffs de couché de soleil dans le désert, cette décontraction les fesses entre deux cactus, le Desertfest ne pouvait rêver mieux comme tête d’affiche. La salle est comble, les titres font mouche, tournent jusqu’à plus soif, Brant coolifie les plus arides d’entre nous. Pas de quoi vouer un culte à son low desert punk qui ronronne gentiment, mais on ne peut que glorifier cette incarnation même du desert-rock. Le public est conquis par une setlist équilibrée qui privilégie les riffs à jam. Le groupe ne boude pas son plaisir à exploser les formats pour nous souffler ce vent chaud venu du désert dans nos cheveux ébouriffés par tant de classe. Oui on est vraiment bien là, tous ensemble, à la fraîche, décontractés. Sous des applaudissements nourris, monsieur Bjork n’oublie pas de nous convier à rester jusqu’à la fin de la soirée pour voir ses anciens compagnons d’armes.
FU MANCHU
Comment rater vos anciens camarades de groove, Brant ? Gigantoïd s’est tellement fait désirer, que revoir le Fu avec de nouveaux morceaux sous les bras et pas pour nous interpréter l’intégralité d’une précédente pépite, on ne se fait pas prier et on attend. On attend parce que l’on veut éviter la frustration de n’assister qu’à de trop courtes minutes de Monkey3 qui ont intérêt à vite revenir en France. On attend parce que ce soir les quatre californiens vont nous sortir l’artillerie lourde. Les skates sont rutilants, la rampe est à eux. Nous allons assister incrédules que nous étions à du grand Fu Manchu. Les reproches de pilotage automatique récurrents qui précédent leur entrée sur scène, ne nous prédisposaient pas à la claque qu’on a prise. Ce soir les chevaux sont lâchés. Bob Balch shredde à tout va, la mécanique bien huilée des titres tape fort mais le groupe y injecte ce soir une dose de nitro bien venu. Le son est fuzzé mais parfaitement maîtrisé, tout le petit monde est en place et la fosse répond présent et n’aura jamais été aussi déchaînée. Plus lourd que jamais sur les passages lents, plus groovy tu meures, plus cool tu te noies. Setlist best-of avec au cœur des titres du dernier né, qui n’a pas à rougir au milieu de tout cela. Au contraire les racines punk ressortant plus dorénavant sur les derniers efforts du quatuor, la patate que ça insuffle au milieu des titres plus « posés » donnent une énergie constante au set. De mémoire d’homme, Scott Hill n’a jamais autant parlé entre chaque titre, souvent pour ne dire que merci, mais ouah tout le groupe semble prendre un sacré pied à nous botter la face de leurs riffs magiques. Et si chaque titre sur-vitaminé ce soir se voit boosté d’un solo, d’un mini-jam, d’une basse sur-whamée ou autre perle que seul le live offre, que dire du titre de rappel… un “Godzilla” dantesque. Ré-interprétation explosée d’un titre qui pour clore un show paraissait sur le papier bien plan-plan. Que nenni, Godzilla a été sulfaté et on se prend chaque éclaboussure, chaque morceau dans la tronche et on en redemande. Ce soir Fu Manchu a repris sa place de King of the Road. Ne la lâchez plus les gars.
Bilan de ces trois jours : un festival qui a déjà une âme, des petits détails pratiques à perfectionner, trois générations de groupes qui nous ont fait passer un week-end mémorable. Les « gros noms » sont suivis de près par ceux qui sont en train de confirmer toutes les attentes et que dire des nouveaux venus qui ont du potentiel à revendre ! Merci au Desertfest, les présents, les absents, tout ceux qui ont fait que cette première édition était une réussite et qui assure à la deuxième édition un public déjà conquis… je le suis.
[Photos : daMusic.be]
Le soleil n’aura tenu que le vendredi mais qu’à cela ne tienne nous sommes à couverts au Muziekcentrum d’Anvers pour une deuxième journée toujours plus riche en excellents moments. Découverte hier soir en jetant un coup d’œil à l’after party, la révolution des salles de concert : le casier ! Pourquoi toutes les salles de concert n’ont pas ce système fort pratique de casier (comme à la piscine) à 1 euro où toutes tes couches de protection contre les vents et marées peuvent trouver place sans t’encombrer toute la journée. Bref on se déleste et on attaque.
DAVID CELIA
Fraîchement débarqué de son Canada, David Celia ouvre les hostilités en ce deuxième jour. Habitué des deux autres Desertfest comme il nous le raconte lui-même, il sait très bien que sa musique n’est pas à proprement parler notre style de prédilection mais que nous sommes un public qui y est réceptif. Et réceptif nous le sommes. Seul avec sa guitare, ses multiples pédales pur créer boucles et effets, et ses grelots au pied, le canadien en impose en toute simplicité. Tantôt psychédélique dans ses phases instrumentales et plutôt country/folk dans ses instants chantés, il nous envoute et nous transporte (au Duna Jam par exemple comme il nous y invite). Heureux d’être là, en plein partage avec ce public de début d’après midi très clairsemé, ça commence doucement mais ça réchauffe déjà les cœurs et les oreilles. Une jolie découverte surtout pour ces moments planants.
MOONWARD
On ne peut malheureusement pas assister à la fin du concert si l’on veut profiter du show entier de Moonward. Les jeunes veulent reprendre le flambeau et ces trois là sont un bel exemple du potentiel qui règne de par le monde. On revient dans un monde de saturation mais le psychédélisme ne nous quitte plus. La température a du mal à monter en début de set, les protagonistes n’étant pas forcément à l’aise face à un public qui ne connaît pas. Mais un public de connaisseurs néanmoins car dès que la machine Moonward prend son envol, laisse parler les soli et surtout s’éloigne des sentiers formatés d’une chanson couplet/refrain/couplet, l’audience jubile. Comme une version encore brute de Colour Haze. Ça a besoin d’être poli, affiné mais pfiou quand le batteur se lâche toute l’énergie est sous contrôle des mélodies et méandres des compos du trio. On est sous le charme.
COWBOYS & ALIENS
Pas de temps à perdre, on manque la fin du set pour se prendre une bonne dose de heavy-stoner avec Cowboys & Aliens. « Vétérans » de la scène belge, le groupe a connu ses hauts et ses bas, mais quel plaisir d’enfin les voir en live et sur la scène principale qui plus est. La guitare débite ses riffs assassins sans crier gare, avec en support une section rythmique qui plus que de tenir la boutique la booste. Là-dessus vous rajoutez une des meilleures voix de la scène stoner, oui rien que ça, et vous voilà en présence du groupe qui aurait pu devenir culte s’il n’avait décidé de se séparer face à l’adversité quand les choses auraient pu devenir grandes. Cowboys & Aliens c’est les Unida européens. On sent le sable nous brûler les pieds à chaque attaque de médiator et on est ébloui par chaque éclat de cymbale qui reflète le soleil du désert. C’est carré, les riffs lorgnent parfois vers un hard-métal de bonne facture et ça fait du bien par où ça passe.
STEAK
Décidément pas le temps de respirer on regrimpe vers la Canyon Stage pour un bon Steak. C’est vrai qu’un peu de protéines nous fera pas de mal, la journée commençant déjà très fort. On ne présente pas les anglais qui font sensation partout où ils passent et avec leur nouvel album sous le bras ils n’ont de toute évidence pas l’intention de s’arrêter là. Certainement un petit retard dans l’arrivée du groupe car celui-ci est encore en train de tenter de faire des balances alors que la foule s’amoncèle devant la scène. Un morceau se lance… ouf, ce sont encore les balances parce que ça sonnait pas maîtrisé pour le coup. Le temps de sortir de scène pour mieux y revenir et le quatuor balance la sauce. Quelques problèmes de son plus tard, notamment au niveau du chant noyé dans la masse, les riffs s’enquillent et nous encanaillent petit à petit. La température grimpe, l’hommage au précurseur de la scène stoner est véritable, le groupe n’invente rien mais exécute comme il se doit. Manque néanmoins un souffle de folie et d’envie dans ce set, ils font le boulot mais la magie n’opère pas à mon avis à son maximum.
SATAN’S SATYRS
Dans ce cadre on quitte très rapidement la salle avant que les applaudissements ne cessent pour fondre vers la grande scène où Satan’s Satyrs commence à peine de punk-doomer l’audience. Il y a du charisme dans ce leader du trio américain. Le croisement impossible de Mike Jagger, Lee Dorrian et Cliff Burton, mène sa troupe au-delà du riff doom survitaminé, ils nous enterrent vivant et nous pissent dessus. Décidément les ingé son font un travail d’une redoutable précision sur ce fest. Ca balance du riffs, ça headbangue, ça crie dans le micro, bref ça transpire l’envie de donner des baffes sonores. On ne sait plus si le groupe est devenu grand grâce à la présence de son leader au sein d’Electric Wizard ou si ça n’est dû qu’à leur talent. Une chose est sûre entre ses deux projets, celui que ce bassiste mène est bien plus « dérangeant » dans le bon sens du terme que son illustre sorcier. Dérangeant parce que inclassable, dérangeant parce que doté de gimmicks accrocheurs dans un écrin brut de décoffrage, dérangeant parce que addictif à un point qu’on n’oserait admettre. Faites que ce groupe dure et perdure, il a encore des choses à nous offrir.
PALLBEARER
Nous voilà arrivés au stade où l’on ne sait plus où donner de l’oreille. Le merch s’est offert un nouveau stand à l’image de la première journée : Fuzzorama Records a élu domicile aux côtés des autres. Alors on picore un peu de tout mais finalement on n’entend pas grand-chose, un poil de Dirty Fences, pas le courage de voir qu’un morceau de Herder parce que finalement on ne veut pas rater Pallbearer. Leur doom mélancolique en a séduit plus d’un au Hellfest l’année dernière et avec un deuxième album à défendre aujourd’hui, le quatuor est bien plus qu’une mise en bouche mais bien une pièce montée à lui seul. Effectivement la montagne d’émotion qui se dégage de la scène en ferait chialer le plus costaud d’entre nous. Les nouveaux morceaux puisent plus loin dans les mélodies sans renier le doom robuste des débuts. C’est presque du doom progressif finalement, le chant se partage, la tension est palpable. Pallbearer séduit encore et toujours plus. En tournée avec Yob, le groupe semble avoir trouvé en ces derniers de vrai grands frères d’arme. Une chanson leur est dédiée. Le public est de toute façon comme hypnotisé. Toute cela est sobre, les fioritures sont dans les arrangements plus que dans les apparences. Pallbearer c’est un paysage de campagne à la tombée de la nuit. Mystique, beau, sans surprise mais devant lequel on reste béat.
YOB
Toujours le même problème, Your Highness d’un côté qui a l’air de bien retourner la Vulture Stage, The Shrine à l’étage qui théoriquement fait de même sur la Canyon Stage ou manger et prendre place pour Yob en toute sérénité. Décidément il est de plus en plus dur de faire le bon choix. Voulant prendre la claque Yob comme il faut, on espèrera retrouver les deux groupes susmentionnés prochainement. En même temps pas de regret parce qu’au vu de ce qui nous attend et qui plus est qui commence en avance, ça aurait été dommage d’en rater une miette. Le trio prend place. L’envoutement opère dès les premiers accords. Son massif et pesant, l’écrasement est total et pourtant on respire. L’effet Yob on appelle ça. Le magnétisme du groupe et principalement de son leader nous entraînent aux confins de nos tripes, nous les retournent et nous les rendent plus belles. Comment autant de beauté peut se dégager d’une telle puissance. Comment une voix aussi tourmentée tantôt growl, tantôt nasillarde, peut être aussi ensorcelante. Comme un voyage au-delà de notre subconscient, Yob nous prend par la main, nous la serre, nous la broie, pour mieux nous préserver des tumultes de la traversée intersidérale qu’il nous offre et surtout pour s’assurer que l’on arrive entier au firmament de ce trip : la splendeur brute et originelle. Un concert de Yob c’est une expérience extra-sensorielle, à l’image de l’écoute de leurs albums et principalement de leur dernier bijou à l’honneur ce soir. Vous pouvez le décrire comme vous le voulez mais ça se passe de commentaire. Tant de générosité aussi violemment offerte c’est troublant. Le groupe a commencé en avance et a du coup du temps devant lui. Eh bien on aura le droit à un morceau supplémentaire, non prévu, annoncé pour être plus direct pour rentrer dans le timing. Mais qu’importe, le temps a suspendu son vol que ça dure 2 minutes ou 30, le public ne peut que se réjouir même si la baffe est monumentale. On ne sait plus si on est à terre ou en train de planer. Un effet de transe ou une gueule de bois, quoi qu’il en soit le groupe était heureux d’être là, ça s’est (res)senti, ça s’est partagé.
KARMA TO BURN
Après tant d’émotion, il faut se reprendre en main. Une haute dose de stoner burné instrumental est dans ce cas fortement recommandée. Et quoi de mieux dans ce cas que les maîtres incontestés et incontestables du genre, j’ai dénommé Karma to Burn. Contestables ils l’ont été ces dernières années. Deux albums pas aussi inspirés qu’on aurait pu le laisser entendre, un line-up qui explose, mais finalement ils sont de retour. Le petit dernier Arch Stanton remet les choses au clair, leçon de riff que l’on n’attendait plus mais que l’on méritait. Le nouveau line-up semble plein d’inspiration autour de son guitariste qui retrouve là une nouvelle jeunesse, lui seul rescapé du trio d’origine. La Canyon Stage est comble, le son est énorme, et la sulfateuse distribue les mandales sans sourciller. Le trio est de retour et en toute puissance décime les nuques. Début de set qui tape déjà fort et dans les différents albums, si la prochaine tête d’affiche n’était pas aussi rare sur nos contrées on serait bien resté se prendre une grosse lampée de tord-boyau made in Karma to Burn. Heureusement pour nous ils ne sont pas avares en concert en France, hâte de les retrouver.
ELECTRIC WIZARD
Oui le sorcier électrique est rare par chez nous et on ne peut tout de même pas se permettre le luxe de les rater. Prestation en demi-teinte au Hellfest due à un son à la limite de la bouillie et sans réelle âme, on attend beaucoup sur cette scène belge qui offre une vrai qualité sonore et ce de manière constante depuis le début du festival. Et avec la sortie de Time to Die qui présageait un retour aux sources sur album alors pourquoi pas aussi en live. Le groupe entre en scène et les fans sont présents, une bonne ambiance se fait sentir. Un vieux film porno-gore français en fond de scène et le sorcier commence les hostilités. Bon déjà un hic, depuis quand Electric Wizard doit jouer avec autant de lumières, aucune atmosphère ensorcelante, le groupe se la joue épuré peut être plus brut, plus viscéral comme à l’époque sauf qu’avec une setlist principalement voire que orienté sur les trois dernières offrandes du groupe, difficile de faire dans le viscéral. Où est passée la haine profonde, le groove enfumé qui la laissait paraître presque séduisante ? Exit tout cela, le batteur assure, la basse assure, les grattes assurent, tout le monde assure en fait mais où est passée l’âme du groupe ? Ca sent le pilote automatique, même s’il tire sur sa pipe (et pas celle de Popeye) en plein milieu de concert, rien n’est enfumé dans cette atmosphère. Alors les morceaux sont cools, bien exécutés, les nouveaux morceaux ressortent bien ternes finalement dans cette histoire et si “Supercoven” reste une pièce de choix, le final classique de “Funeralopolis” semble presque obligé, voire forcé. Un goût d’inachevé dans la bouche. Le Wizard a encore ses moments de magie parce que les riffs sont bons et que le sourire vient aux lèvres naturellement dans ce cas mais tout cela semble désincarné. Est-ce là finalement le top du dédain haineux à la Electric Wizard ? Un bon show dans l’efficacité mais qui ne traversera pas les âges, si ce n’est le weekend.
Sur cette demi-déception, il est temps de repartir sous la pluie parce que demain il y a encore du lourd à digérer.
[A SUIVRE…]
[Photos : daMusic.be]
Anvers (ou Antwerpen en néerlandais), la ville au savoir-faire diamantaire légendaire, est aussi un trésor architectural, un havre de paix à l’accueil chaleureux et un véritable repère pour les créateurs de mode et les designers. Et une nouvelle corde vient de s’ajouter à l’arc anversois, un festival heavy/rock/psych/doom : le Desertfest.
Personne n’aurait songé à la capitale des Flandres comme possible base d’installation pour le Desertfest déjà présent à Londres et à Berlin. Sur le papier la ville n’a pas l’air d’avoir beaucoup en commun avec ces deux bouillonnantes capitales européennes. Pourtant du 10 au 12 octobre c’est bien là qu’un nouveau rassemblement de stoneheads a eu lieu. Justement ce courant musical qui nous est si cher en a bien cure des idées préconçues et si le soleil du désert et ses tempêtes de sable nous portent jusqu’en Belgique nous ne pouvons que nous précipiter pour participer à la première édition du nouveau né de la famille Deserfest !
L’affiche est aux petits oignons, la ville facile d’accès et l’organisation a bien fait les choses en faisant des partenariats avec des hôtels proches. Une fois installé dans notre camp de base qui voit défiler une variété de T-shirts d’inspiration stoner, un tour de la ville s’impose et nous voilà rassurés, les Truckfighters sont arrivés et attendent sagement à la sortie de la gare. Les terrasses se remplissent d’amateurs de bons sons et de bières. Bref on y est bien à Anvers. Cette sérénité apparente ne nous empêche pas de nous pointer une heure à l’avance histoire de prendre la température, maîtriser les temps de trajet, récupérer notre bracelet (précieux sésame de ces trois jours à venir) et attendre… Il n’y a pas foule devant le Trix en cette fin d’après midi, on n’aura aucun mal à pénétrer dans ce complexe musical qui abrite pour le weekend le festival.
Les portes s’ouvrent, une visite s’impose. 30 minutes avant le premier concert, profitons qu’il n’y ait pas trop de monde pour faire le plein de jetons, qui serviront de monnaie d’échange contre bières et collations, et maîtriser l’espace. Le Trix est un complexe sobre, un bar où la Vulture Stage a été installé, un étage avec une salle « club » (et un autre bar) où la Canyon Stage a élu domicile et une grande salle de concert (avec son bar) où la « mainstage » baptisée Desert Stage prend place. Un jardin avec ces roulottes pour se sustenter et boire cocktails et boissons chaudes, ne manque qu’à trouver les stands de merch paisiblement installés autour d’un escalier qui mène aux salles de répet inaccessibles pour l’occasion. Tout cela est bien agencé, nous voilà rassurés, même si un petit pincement au cœur se fait ressentir face à la « minimum syndicale » offre des stands de merch. Mais nous ne sommes pas venus que pour refaire notre garde robe et notre déco intérieure, bière en main allons nous poster devant la Vulture Stage et que les festivités commencent :
WITCHRIDER
Lourde tâche qui revient à Witchriders que d’ouvrir un festival. Les gens sont en train de rentrer, de prendre leurs repères et faut envoyer la sauce alors que l’audience en est encore à marquer son territoire. Signé sur Fuzzorama le label de Truckfighters, les quatre jeunes autrichiens se lancent dans un set bien maîtrisé où tout leur attachement pour les classiques du rock/stoner ressort, et principalement l’ombre des premiers QOTSA… Le chanteur/guitariste en est même à reprendre les tics et attitudes du grand rouquin. Ca déroule, ça joue, de belles inspirations mélodiques, de bons moments de riffs plus efficaces, manque un peu de folie pour achever de conquérir le public pourtant déjà très réceptif et encourageant pour ceux qui ouvrent là le fest. Il y a du potentiel à cultiver de toute évidence.
THE PICTURE BOOKS
Rha dur ce running order, les sets des groupes se chevauchent et 10 minutes en commun ça suffit pour gâcher un live. On se précipite à l’étage pour voir la fin de show de The Picture Books, duo guitare/batterie de bikers plein d’amour. A peine arrivés que ça claque. Guitare sur-saturée qui déchaine ces riffs graisseux supportée par une batterie martiale. Ca transpire l’huile de moteur, ça arrache comme la peau sur du bitume. Un set très intense, les deux ne sont pas là pour compter fleurettes mais bien pour mettre à nu leurs moteurs. Comme si les White Stripes avaient des tripes et les coui»#es de les mettre sur la table. Pas de pur stoner mais un vrai moment de rock n’roll.
Dans la vie il faut faire des choix. Aucun moyen de savoir si l’on fait le bon mais ce weekend quoi qu’il se passe on ne pourra pas tout voir, tout faire. C’est terrible mais le running order est ainsi fait. Autant de bons groupes, ça aurait été étonnant que tout s’enchaîne si facilement surtout pour une première édition. Tout voir est synonyme de rater des débuts et des fins de sets à outrance. Alors plutôt que la quantité, il faut viser la qualité (à mes yeux) et donc miser sur comment assister à un maximum de set complet.
Pause dîner et un coup d’œil vers la Desert Stage où Blues Pills semble ravir une salle comble de fans. On assiste ainsi à un joli moment de jam, on voit que la prêtresse du groupe a fait péter la robe rouge et est comme toujours très en voix. L’intro de « Devil Man » qui suit nous le confirme et on se dirige vers la Vulture Stage où d’autres protégés de Fuzzorama s’apprêtent à faire parler la poudre.
VALLEY OF THE SUN
Découvert pour ma part en première partie de Truckfighters lors de leur tournée de début d’année, c’est avec grand plaisir que je me retrouve nez à nez avec le groupe en mode « un cm de plus et je suis sur scène avec eux ». Changement de bassiste pour le power trio américain mais toujours la même puissance et énergie qui se dégagent. Le terme « power trio » leur sied à merveille, leur stoner à fortes inspirations hard des 90’s fait mouche. On sent que le groupe est encore en mode conquête et d’une grande humilité à remercier très sincèrement la ferveur du public qui répond à leur musique de headbang et de clappements de mains fournis. Le son déboîte, l’énergie que dégage le batteur assomme, la basse groove et la guitare tranche dans tout ça. Ce ne sont pas des débutants et ça se sent, la taille de la scène reflétant malheureusement leur notoriété, il n’y a aucun doute que sur une scène plus imposante l’unanimité serait la même. Riffs, breaks, solos s’enchaînent et nous déchaînent. Une claque tout en sobriété.
TRUCKFIGHTERS
Il est maintenant temps d’aller voir les patrons du label du jour. Direction la salle principale déjà bien remplie. Le festival est sold out et ça se sent, la circulation entre les scènes est néanmoins aisée, on attrape des bières partout et – détail technique important – des écrans répartis dans chaque scène affichent le programme du jour : si jamais vous avez perdu votre livret ou que vous n’arrivez pas à vous relever de la baffe du précédent concert, c’est super pratique. Les suédois débarquent et comme à l’accoutumée font de leur live une expérience physique intense. Le son semble un poil faiblard en début de set, mais très vite on comprend qu’en Belgique on ne plaisante pas avec les limitations de décibels et qu’enchainer un énorme show dans une grand salle après avoir été à deux mètres des amplis dans le bar, forcément ça joue sur la perception de puissance. Néanmoins aujourd’hui rien n’arrête le rouleau compresseur Truckfighters. Setlist rodée et efficace qui met en valeur le dernier né (pour la première fois en live le groupe nous interprètera « Mastodont »), sans oublier de piocher un petit peu dans les autres fournées du groupe. Finalement le plus original c’est savoir qui est derrière la batterie… Enzo est toujours derrière les fûts et est certainement le batteur qui leur correspond le mieux. Même débauche d’énergie, un jeu précis mais fourni, une dégaine de touriste qui va à la piscine (pieds nus et serviette à l’appui), bref aujourd’hui le trio est en pleine forme et en pleine possession de ses moyens. Il semble loin le petit trio de suédois fraîchement débarqué avec son desert cruiser sous le bras. Truckfighters c’est maintenant un gros nom du stoner, une tête d’affiche, une machine bien huilée qui continue de vouloir grandir. Le groupe se permet de plus en plus de faire durer les intros tout comme les outros, de faire chanter le public à leur place et de caler en fin de set une version toujours plus dense et énorme de leur titre phare. La classe au dessus en quelque sorte.
THE VINTAGE CARAVAN
Les gros noms c’est bien, mais l’avantage des festivals c’est de découvrir aussi les noms de demain voire même ceux d’après demain. Où se situe The Vintage Caravan dans tout ça, on se le demande. Véritable phénomène de par la jeunesse des protagonistes venus tout droit d’Islande (oui oui l’autre pays du… bah du froid), quand nous revenons dans la Vulture Stage celle-ci déborde et surtout exulte. Le trio rappelle l’énergie d’un autre trio tout juste précédemment vu. Ces trois là ont tout compris, ils donnent tout sur scène. Le bassiste se promène dans la foule, les cheveux volent, ça communique avec le public. Ca transpire l’envie de plaire et de partager. Leur stoner 60’s/70’s parfaitement exécuté (à en dégoûter les plus vieux musiciens) dégage une énergie et une folie contagieuse. L’euphorie est collective, à en regretter d’avoir raté le début du set. Ils ont leur personnalité sur scène, reste à la peaufiner pour l’aspect musical et bientôt ces trois là seront sur des scènes bien plus grandes. Ce soir ils nous ont convaincu qu’il faudra compter sur eux dans les prochaines années. Une leçon d’envie !
KADAVAR
Les heures défilent, on ne sait plus où donner de l’esgourde. C’est le premier jour et on en a déjà pris plein les mirettes. Pour clore la journée va falloir du costaud et je ne sais pas si c’est ce qu’avait en tête l’orga mais grand bien leur a pris de placer Kadavar en ultime tête d’affiche du soir. Là faut pas tortiller des fesses pour comprendre que ce soir, le groupe ne fera pas de prisonnier. Le son est rond, allie puissance et précision, les riffs sortent limpides au milieu de la déflagration des cymbales martelées pleine puissance tout en groove soutenu par la basse. Le groupe semble en état de grâce dans ces conditions. C’est une démonstration de machines bâties pour le live qui s’exécute ce soir à Anvers et Kadavar est l’image même du groupe qui maîtrise. Une prestance scénique folle, sans en faire des caisses, des morceaux taillés pour être balancés pleine balle dans la tête du public et ce petit quelque chose d’unique qui fait la différence que je nommerai la cohésion du groupe. Démonstration est faite que sans prétention ni artifice, qu’ avec beaucoup de sincérité et d’efficacité un groupe peut vous mettre une baffe. Setlist variée, communication au minimum avec la foule, Kadavar grave dans nos mémoires la première soirée du Desertfest Anvers comme une pure réussite.
Ca ne fait qu’une journée, vivement les suivantes mais faite qu’elles soient à la hauteur… et elles le seront.
[A SUIVRE…]
[Photos : daMusic.be]
En rentrant dans cette bonne salle de concert bordelaise qu’est le Krakatoa, on avoue qu’on a un peu peur : à l’ouverture des portes, il n’y a pas foule, et la salle est en configuration “light”, avec les rideaux sur les côtés à l’arrière. Il était difficile en effet de se projeter sur la quantité d’amateurs éclairés qui bougeraient leurs fesses pour venir voir un groupe qui a beau être culte, ne vend pas des caisses de disques, et ne tourne pas franchement intensivement…
Heureusement, le package de cette tournée superbe comprend aussi les anglais de Orange Goblin, qui ramènent probablement pas mal de monde sur leur nom seul. On se retrouve donc rassuré quand les premières notes de “Scorpionica” (ben tiens, direct dans le lard pour commencer) retentissent, en constatant que finalement le remplissage du lieu est loin d’être ridicule. Devant la scène, occupant toute la place devant les crash barrières, une dizaine de gros subs sont alignés au sol tout du long de la scène, histoire de donner le ton : ce soir sera gras et doom ou ne sera pas ! Et nos quatre grand-brittons sont bien en phase avec ce postulat, avec une set list qui frappe très fort. Ce soir, ils mettent le paquet sur leur dernière livraison (un album solide il est vrai), avec pas moins de quatre titres joués – des titres qui passent brillamment l’épreuve du live, soit dit en passant, avec en particulier un “Sabbath Hex” qui ressemble fort à un futur classique, et un furieux “The Devil’s Whip” encore plus Motörhead-ien en live (avant lequel Ben Ward demandera au public qui voudrait se lancer dans un mosh pit un peu trop rude de faire gaffe à relever tous ceux qui tomberaient – pour la petite histoire, mosh pit il y eut, mais pas furieux non plus). Pour le reste, c’est du grand classique, et très vite on comprend que l’on n’est pas dans le cadre d’une première partie traditionnelle, mais bel et bien d’un vrai set d’Orange Goblin ! D’ailleurs ils auront joué une heure environ… Les déflagrations auxquelles ont est habitué s’enchaînent donc, avec les très efficaces “Saruman’s Wish”, “Some you win, some you lose”, “Quincy The Pigboy”, “Acid Trial”, etc… Sur scène, ces mecs sont toujours des tueurs, pas de doute : le géant Ward mène le bateau, assumant complètement son rôle de frontman “uniquement chanteur” (ça devient rare), il va au contact du public, l’interpelle, parle entre les morceaux, bouge sur scène, et surtout use sans réserve de son coffre remarquable et de son chant guttural naturellement éraillé, du miel pour nos tympans un peu malades. Les autres ne sont pas en reste, avec un guitariste et un bassiste pas forcément expansifs, mais qui se donnent complètement dans leur set (un bifton à celui qui sera parvenu à voir le visage de Millard derrière sa tignasse blonde en perpétuel mouvement pendant tout le set). On notera quand même que la set list, aussi intéressante soit-elle, reste perfectible, à l’image d’un “The Fog” très efficace sur album, mais dont la structure très élaborée fait un peu baisser l’ambiance sur le sprint final, alors que le public commençait à être bouillant. Mais globalement, après le set, le bar est plein de mecs avec le sourire, un signe qui ne trompe pas.
Sans cérémonial, les quatre vétérans de Saint Vitus montent sur scène au son du classique “Living Backwards”, enchaîné à “I Bleed Black”, l’autre extrait de “V” joué ce soir. Les premiers morceaux sont un peu gâchés pour Dave Chandler, victime de problèmes techniques avec sa gratte (problèmes que Wino, autre guitariste de son état, probablement un peu frustré de sa situation de “simple chanteur” ce soir, viendra essayer de résoudre avec lui). Tout rentre dans l’ordre pour les titres suivants, avec des morceaux issus de la plupart des albums du combo… enfin surtout ceux avec Wino ! Seul un titre issu de “Hallow’s Victim” vient contredire ce constat, mais on n’aurait pas craché sur une paire de titres de “Die Healing”, par exemple… Ego trip de Wino ? Non, difficile à imaginer en voyant l’humilité du mythique chanteur, presque réservé tout au long du set, continuellement à la limite entre son rôle de frontman assuré et assumé, et une sorte de léger malaise à se retrouver seul sans instrument à diriger un groupe. Difficile à décrire, mais il faut voir le bonhomme se servir des intermèdes entre les morceaux pour saluer, remercier ou féliciter le public, voire même s’engager dans des interventions improvisées, presque timides. Exemple d’intervention qui tombe un peu à plat : “ on a été faire la route des vins… faut dire que vous avez les meilleurs vins du monde… et avant même qu’il soit midi nous étions –” et ils se fait couper par l’intro de gratte de Chandler, qui n’en a rien à foutre de son histoire, en gros… Il introduira aussi “The Troll” en faisant un rapprochement maladroit avec Orange Goblin (“ Troll, Goblin, c’est un peu pareil“…). Heureusement le moment tant attendu arrive par l’intermédiaire de l’intro sur-heavy et presque Sabbathienne de “The War Starter” : le groupe avait promis de jouer l’intégralité de son album culte “Born Too Late” sur cette tournée, et après une demi-douzaine d’autres titres issus de sa discographie, tout le monde est prêt ! Alors que “The Lost Feeling” prend la suite, on comprend que le quatuor le jouera en sens inverse, probablement pour conclure par le titre phare éponyme. Autant le bedonnant Mark Adams ne bouge pas un cil pendant tout le set, autant Dave Chandler lui est là pour s’éclater : il se lâche complètement, se la joue Hendrix en finissant “Dying Inside” par des soli joués avec la bouche ou avec la gratte au dessus de la tête sur “Born Too Late” (qu’il finira en descendant de la scène, sur les subs posés au sol, pour aller jouer au contact du public). Henry Vasquez a un jeu de batterie toujours aussi visuel, toujours intéressant à regarder, et sa complicité avec Wino est évidente (ce dernier se retourne régulièrement pour aller voir le batteur de plus près pendant les breaks ou soli). Les six titres de l’album culte défilent donc impeccablement, puis, de manière un peu frustrante, le groupe quitte la scène après son titre phare, saluant le public, donnant baguettes de batterie, médiators, etc… Un vrai départ quoi ! (Wino en profitera même pour aller remercier l’ingé son des retours, typique du gars sympa) Heureusement les supplications du public l’emporteront et le groupe revient quand même avec le sourire sur scène pour un titre non prévu, ça fait toujours plaisir ! Alors qu’on reprend nos esprits, on quitte la salle en croisant Wino dans le public, à peine la lumière rallumée, déjà en train de taper la discut’ avec des fans… Typique, encore ! Une excellente soirée.
Satisfaction en rentrant dans la Dynamo, une très bonne salle Toulousaine, en constatant le remplissage très honnête du lieu. Il était en effet bien difficile de prédire comment se matérialiserait la notoriété toute relative et très underground de Yob en nos terres. Une bonne chose, donc. La soirée commence bien.
Quand Pallbearer prend la scène après nous avoir fait poireauter une bonne heure après l’ouverture des portes, les bonhommes, mornes à souhait, prennent quelques minutes tranquilles pour accorder leurs instruments, sans mot dire. Puis le set débute dans la même austérité, propice il est vrai à leur doom introspectif. Les titres sont tous joués sur un tempo pachydermique, les montagnes de grattes étant occasionnellement percées par les vocaux de Brett Campbell. La communication avec le public est presque inexistante, le quatuor enchaînant leur poignée de titres longs et épiques sans réelle interruption. Tout ceci est très lourd, mais un peu monotone dans l’interprétation, à l’image de la prestation toute en sobriété (terme politiquement correct pour dire qu’il a presque l’air de s’ennuyer…) de Campbell. Heureusement les pauses de guitar hero de Devin Holt et l’énergie de Joseph Rowland (qui vit le set avec intensité, chantant les paroles sans micro tout au long du concert) maintiennent la tension tout du long. Reste un manque de relief sur la longueur un peu ennuyeux de la part des collègues de label de Yob. Au bout de trois quarts d’heure de set, Campbell décoche une petite vanne sur la “stomach flu” du batteur, mais surtout annonce la fin du set d’un solennel “we’ve only got one more song, but we’re gonna make it worthy”, avant de se lancer dans le fiévreux “Foreigner”, bien entendu, un titre puissant et envoûtant, probablement leur titre phare. Le final, propice à des avalanches de soli en harmonie parfaitement exécutés, avec un fond de samples de flûte discrets, vaut son pesant de cacahouètes. Le morceau passe bien et, clairement, remonte la barre d’un set de bonne qualité, mais qui aurait pu sinon sombrer dans l’ennui, après quasiment une heure.
L’heure de Yob sonne enfin. Le trio tant attendu monte sur scène et, dans l’illusion d’une mise en place instrumentale improvisée, construit en réalité pendant quelques minutes l’introduction de “Ball Of Molten Head”, par apport progressif des différentes nappes instrumentales. Montée en tension expresse pour un titre bien enlevé, qui donnera bien le ton d’une soirée pesante (dans le bon sens du terme). Ce titre qui a une bonne décennie dans les dents s’inclut bien dans une set list qui donne la part belle aux titres récents, dont trois (des quatre) chansons du petit dernier Clearing The Path To Ascend seront jouées ce soir – à commencer par le très lourd “In Our Blood” qui finit de construire la chape de plomb qui pèsera ensuite pendant une heure et demie sur le public ravi. Chaque titre tapant entre les dix minutes et le gros quart d’heure, l’engagement des musiciens est forcément la clé du dispositif live, et cet engagement ce soir est infaillible. Évidemment Mike Scheidt, entre rage pure, concentration, introspections extatiques, est le frontman que l’on attendait, mais aussi le chef d’orchestre d’un trio qu’il pilote continuellement. Mais ses collègues ne sont pas en reste, et tandis que Rieseberg à la batterie est plus concentré qu’expressif, le bassiste Travis Foster ne manque ni d’énergie ni d’efficacité dans son rôle crucial en rythmique. Même si Scheidt rencontre quelques difficultés techniques sur ce titre (il se reposera sur la base rythmique de ses collègues le temps de bidouiller ses branchements), son efficacité est indiscutable. Le rageur “Nothing To Win” vient par la suite terrasser un public qui est désormais complètement immergé, voire même noyé, la bave aux lèvres et la nuque hochante. “The Lie That Is Sin” s’incorpore lui aussi parfaitement dans le set, propice à une démonstration vocale du chanteur, impeccable de puissance dans des registres variés. La fin de ce titre voit le chanteur s’adresser au public pour le prévenir que, désespoir, il ne reste que deux titres à jouer. Mais, nous prévient-il, ils seront “méga extrêmes”. Les trois américains s’engagent alors dans un sentier dont peu de monde ressortira indemne, à savoir l’aventureux “Marrow”, méandre émotionnel imparable sur disque, dont la retranscription live apporte, qui l’eut cru, une dimension encore différente. Le titre déroule ses différentes séquences pendant vingt bonnes minutes, tour à tour mélodiques et puissantes, créant une tension qui atteint là son paroxysme dans cette soirée qui n’en manquait pourtant pas. A ce stade, le public est dans un état de transe difficilement concevable : les visages pointent souvent vers le ciel, les yeux fermés, ou alors le regard dans le vide. Les corps, quant à eux, ondulent dans tous les sens, comme foudroyés sur place à chaque frappe de Aaron Rieseberg.
Petit couac à l’issue de ce moment de forte émotion (propice à des applaudissements nourris), le groupe doit attendre quelques instants que la table de mixage reboote (elle aura sans doute été victime de surchauffe suite à la déferlante d’énergie encaissée), propice à une vanne de Scheidt (“it’s modern technology”…). Puis c’est le quart d’heure de “Adrift in the Ocean”, petit bijou issu de leur album Atma, qui vient clôturer le set, alternant séquences atmosphériques presque tribales et passages de pure puissance doom. Sitôt le set fini, et avant même de plier leur matos, les bonhommes viendront copieusement saluer leur public, à l’image de Mike Scheidt, qui viendra s’asseoir sur un retour devant la scène pour venir discuter avec qui le veut bien, signer des disques, répondre aux questions, etc… Une conclusion en douceur en quelque sorte pour une soirée qui fut riche en émotions.
Ce qui est bien lorsque l’on est amateur de vieilles musiques passéistes, c’est que l’on est peu ou prou à l’abri des effets de modes et des buzz en tout genre, même si, il est vrai, ce constat est de plus en plus contestable de nos jours. Il arrive parfois évidemment et heureusement qu’un bon groupe soit reconnu à sa juste valeur et obtienne la reconnaissance qu’il mérite, mêlant alors aux foules des fans premiers ceux que le vent de la reconnaissance médiatique aura poussé jusque dans une salle suffisamment grande pour être inscrite sur les radars du public de masse. Goat est désormais de ces groupes qu’il faut inévitablement partager avec un monde de mélomanes mondains à l’affût des dernières sensations, poussé par l’aura mystérieuse entourant le combo suédois. Il y a pourtant deux façons de voir Goat : soit comme un excellent groupe de rock psychédélique, aussi heavy que lumineux, porté par des prestations scénique tournant à la transe chamanique, soit comme une bande de zozos grimés comme au carnaval de Rio et bidouillant une world music de blanc-becs pour blanc-becs même pas foutus d’orthographier correctement le nom de l’improbable village d’où ils sont sensés être originaires (selon la légende) dans leur biographie. La vérité se trouve probablement quelque part entre les deux et ils ont pour eux un premier opus – World Music – délicieux, gavé jusqu’à l’os de perles rock ciselées au Voodoo et aux percussions tribales. Comme si Pentagram et Santana jammaient ensemble dans un fjord en somme. Votre serviteur se souvient de leur prestation au Roadburn, moment magique, dans un Het Paatronat blindé et en fusion, lieu et public qui rendaient parfaitement grâce à leur musique de désaxés. Pour ce qui est de les voir à Paris, il aura par contre fallu attendre la publication de leur second album, Commune, décrit partout – de Pitchfork à Gonzaï – comme l’album psychédélique de l’année. De notre coté, soyons sérieux : Commune est de ces seconds disques qui tombent à plat. Goat a perdu son côté démoniaque et sa musique est devenue aussi chiante qu’une pluie froide sur les carreaux de la cuisine. Reste que leur mixture est née pour s’apprécier live, il était donc hors de question de rater le cirque suédois lors de sa halte au Trabendo.
Pour l’occasion d’ailleurs, ces derniers sont accompagnés de compatriotes répondant au doux nom de Les Big Byrd, oui avec un « The » mais en français. L’histoire de ce quatuor n’est pas banale : les mecs ont croisé Anton Newcombe dans un disquaire de Stockholm et de fil en aiguille se sont retrouvés à enregistrer sous la houlette du chanteur de Brian Johnston Massacre dans un studio berlinois. Les jeunes musiciens se présentent sur scène un peu après 20h et échafaudent une sorte de rock anglais barbouillé à la fuzz aux faux airs de Psychédélique pour les nuls. Ne goûtant que peu à leur set et probablement déconcerté par les petits néons accrochés aux doigts du guitariste et par le gilet de sécurité routière du batteur, il me faudra attendre « Dandelion Seed » en fin de set pour taper du pied. Ceci dit l’accueil qui leur est réservé est plus que chaleureux. Salauds de hipster.
Set List Les Big Byrd:
They Worshipped Cats
Tinnitus Aeternum
War in the streets
Vi Borde Prata, Men Det Är För Sent
Dandelion Seeds
Le temps d’aller faire un tour au food truck et apprécier les lampions, de constater que le public parisien, égal à lui même, a sorti les peaux de moutons et les marinières, et les premiers accords de « Talk To God » se font entendre depuis les entrailles d’un Trabendo finalement correctement rempli, malgré le prix élevé des places. Les soit disant natifs de Korpilombolo enchainent leurs hits sans mot dire, excellents sur « Let it Bleed », chamaniques lors de leur impeccable exécution de « Dreambuilding », l’un des titres de l’indispensable 7’ publié chez Sub Pop en 2013. Bien sûr « Diaribi » leur relecture du classique du Malien Boubacar Traore est un des points forts du set et force est de constater que les nouveaux morceau s’imbriquent plutôt bien dans l’ensemble, même si l’on regrettera longtemps les anciennes set list reprenant World Music (et le 7’) en intégralité (le collectif a eu la bonne idée de publier un témoignages de cette époque pas si lointaine en LP sous le nom de Live Ballroom Ritual). Mais ne soyons pas trop fine bouche, Goat reste une implacable machine live, dépensant en énergie ce que les chanteuses perdent en justesse (leurs voix froides en criarde seront sans aucun doute le gros point faible du combo par la suite) et ce soir c’est un parterre de fans en sueur qui applaudit la prestation, réclamant à corps et à cri un petit bonus qui sera l’un des points d’orgue du set. En servant « Golden Dawn », « Det som aldrig förändras », apocalypse sonore débouchant comme c’est désormais l’accoutumé sur un reprise du « Kristallen den fina » d’Harvester. Ce final, bien plus heavy que le reste du set offre une tribune idéale aux deux prêtresses, dynamitant la scène de leurs danses envoutantes avant de quitter la scène pour laisser leurs musiciens distordre le morceau dans tous les sens puis ramener doucement le Trabendo vers la réalité.
Alors que les esprits retrouvent leur raison de fonctionner, il ne se trouvera personne pour se plaindre du moment qu’il vient de passer. Même pas votre aigri et désagréable serviteur, enchanté d’avoir de nouveau vu la magie factice et pompeuse de Goat fonctionner.
Set list Goat:
Talk to God
Let It Bleed
Gathering of Ancient Tribes
The Light Within
Disco Fever
Dreambuilding
Goatlord
Diarabi
Goatman
Run to Your Mama
Goathead
Hide from the Sun
Goatslaves
The Sun The Moon
Words
Encore:
Golden Dawn
Det som aldrig förändras – Kristallen den fina
Point Vinyle :
Les 3 albums (2 studios et un live) de Goat ont été publiés chez Rocket Recordings (crèmerie de White Hills, The Head ou Gnod, entre autres). Le premier, World Music, est autrement recommandable, pour son packaging autant que son contenu. Le second, Commune, un peu moins. Le Live Ballroom Ritual (enregistré à Electric Ballroom de Londres en juin 2013) est aussi indispensable. La petite pépite en revanche est un 7’s (« Dreambuilding »/ « Stonegoat ») disponible soit via un pressage Rocket Recordings (encre Rouge) ou Sub Pop (encre bleue), jolie pièce sortie sur le label mythique grunge de Seattle également distributeur de Goat désormais outre atlantique. Le live, le 7’ (vite sold out) ainsi qu’une version de Commune avec un 7’ (Dig My Grave) de chez Sup Pop étaient disponibles sur le stand merchandising.
Après une courte nuit pour certains et une nuit de débauche encore plus courte pour d’autres, le temps libre de ce samedi matin était compté puisque les festivités débutaient dès l’heure du repas de la mi-journée. C’est donc très tôt – et munis de moult boissons énergisantes – que nous nous rendons à l’heure du lunch sur le site du festival après avoir croisé dans la zone des musiciens, des promoteurs du stoner et des spectateurs. A mi-parcours, les avis sont unanimes : tout se déroule comme sur des roulettes et nous nageons en plein bonheur si ce n’est des effluves industrielles encore plus nauséabondes que la veille qui planent dans l’air.
NO MUTE
Il revient à No Mute, une formation suisse-alémanique, d’ouvrir les feux pour cette deuxième journée de fête et il convient de constater que l’ensemble des festivaliers n’a pas eu notre facilité à s’extirper des bras de Morphée. Ces représentants de la région ne s’offusquent point de la situation particulière dans laquelle ils se trouvent : celle de jouer en ouverture, à l’heure du repas, devant un public encore peu nombreux dont une frange non-négligeable est plus concentrée à s’employer à remplir son estomac ainsi que son gosier plutôt que de hocher du chef devant la petite scène. Le quatuor envoie son hard old-school et se paie le luxe d’échanger dans le dialecte régional avec les premiers rangs. Le style n’est pas révolutionnaire, mais la prestation fort sympathique. Après une demi-heure, le groupe tire sa révérence en ayant laissé une impression agréable aux rockers.
BLACK WILLOWS
Les suisses de Black Willows prennent place ensuite sur la main stage. Surprise, c’est sous forme de trio que nous voyons débouler les trois lascars. Exit la deuxième guitare et place donc à la formule hautement risquée du saint triptyque rock qui ne permet aucune erreur. Nous nous demandons comment va raisonner leur « Haze » sorti en 2013 et ré-édité cette année en vinyl, l’album empilant les strates de psychédélisme et sonnant gros comme un camion. Et bien pour faire un parallèle, nous comparerons leur live avec l’effet sinusoïdale d’un champignon tout mignon appelé « mexicain ». En effet quand le trio trouve sa carburation, que la mise en place ne souffre d’aucune hésitation, les compositions de Black Willows vous emmènent loin, trèèès loin. Voix lointaines, basse hypnotique, batterie d’orfèvre s’imbriquent, se mélangent de manière orgiaque, vous portent à des années lumières de la Z7 Konzertfabrik. Mais à l’instar des effets du petit psychotrope, vous redescendez régulièrement de votre trip, la faute à des approximations de mise en place dues certainement au changement de formule. Plus tard, backstage, le groupe nous confiera avoir eu des retours mal réglés, ceci ajoutant pas mal de problèmes évidemment à leur écoute. Quoi qu’il en soit, malgré ce bémol, les suisses ont assuré et nous ne manquerons pas de les revoir, avec l’espoir qu’ils nous perchent encore plus haut.
HELLROOM PROJECTORS
Le moment de nous extirper de la zone sombre est revenu et nous reprenons le chemin de la Side Stage pour une deuxième formation issue de la partie germanophone de la Suisse. La bande de Winterthour, en pleine forme, balance son heavy rock aux accents southern pour le plus grand bonheur d’une population de connaisseurs qui s’est massée devant l’estrade. Le dialogue s’installe rapidement entre leur velu chanteur à bandana et les premiers rangs. Quand on connaît l’antagonisme légendaire entre la région zurichoise et la région bâloise, on savoure les quolibets bienveillants qui meublent les instants de répits séparant les morceaux. Le rock sudiste plaît visiblement toujours à certains et Hellroom Projectors leur a laissé un large sourire sur le visage.
GREENLEAF
Après les terres arides du Sud, le moment est venu de foncer en terres vikings pour la première fois de la journée. Dès que nous pénétrons dans la pénombre, nous constatons que les scandinaves trépignent sur scène, et dans ses alentours proches, déjà prêts à envoyer leur rock. Ce sera une première dans l’histoire de Dozer : Tommi jouera deux prestations avec deux groupes différents ce jour-là à Bâle, et avec le même t-shirt s’il vous plaît ! (un défi pas facile à assumer, sachant que le guitariste finit chaque concert trempe de sueur…) Après avoir constaté que le bassiste de la formation était à nouveau chaussé de baskets – l’histoire du stoner retiendra que la nuit précédente ce quidam avait perdu ses chaussures en se perdant en rase campagne avec un guide défaillant – et entendu résonner la mauvaise intro, le quatuor remonté à bloc déboule sur scène avec « Equators » tiré de leur dernier opus sorti il y a quelques mois. Ces garçons ayant peu joué cette année, c’est avec une énergie folle qu’ils investissent l’espace et le public savoure ces instants plutôt que de s’enfiler des grands cafés jaunes avec des bulles à l’extérieur (ou de goûter les mets mitonnés par la baraque à bouffe qui a un peu varié autour du thème de la saucisse). Nous profitons aussi du spectacle fougueusement rock’n’roll qui nous est proposé. Le quatuor est bien en place, ayant grand profit des nombreux concerts effectués sur le continent cette année, avec notamment une prestation habitée du vocaliste Arvid, qui s’il n’est pas un grand technicien vocal, compense par une énergie et une émotion remarquables. Envoyant une bonne cargaison de titres issus de sa dernière livraison dont l’apaisé « Ocean Deep » et le remuant « The Drum », Greenleaf fait monter la température à l’intérieur du Z7. Après quarante minutes de concert, dont « Highway Officier » ainsi que « Stray Bullit Woman » issus de l’excellent « Agents Of Ahriman » furent de grands moments (mais aussi les seuls titres non issus de Trails & Passes), nos amis quittent la scène au moins aussi ravis que nous le sommes, mais nettement plus moites que nous, non sans avoir informé la foule au sujet des chaussures de son bassiste (mais ce qui est se passe à Bâle, restant à Bâle, ne comptez pas sur nous pour balancer).
THE SOCKS
C’est sur la petite scène que nous retrouvons le matos vintage, les pompes vintages, le look vintage des français de The Socks, occupés qu’ils sont à tenter de se faire comprendre pendant les balances. L’instant s’éternise, puis le quartet décide de prendre les choses en main. A la classe naturelle de leurs compos, les français rajoutent en live ce zeste de désinvolture « j’m’en bats les couilles » garage et sexy qui rameute immédiatement le public et lui fait secouer la tête comme si ses cheveux longs étaient mouillés. Boom. C’est carré, foutrement en place, l’harmonie des deux voix impressionne (en ce deuxième jour de festival, mention spéciale à la qualité des chanteurs de Greenleaf, The Socks et Mars Red Sky qui prouvent que la voix, quant elle n’est pas négligée, magnifie n’importe quel type de stoner). Le set se déroule, colle des sourires à toute l’audience, « Some kind of sorcery » et « Holy Sons » sont nerveux et enlevés mais c’est sur « The last dragon » que le groupe va tout emporter. Son long passage orgue(-asmique) piqué de cabine Leslie et la reprise qui s’ensuit va hérisser les poils sur nos avant-bras menus comme jamais. La voix éraillée fait une fois de plus des merveilles. On regrettera juste la guitare solo sous-mixée à la face empêchant de goûter les envolées seventies à leur juste valeur. Ce magnifique concert clôt donc, pour les Socks, une belle année 2014. Et selon les dernières indiscrétions on n’a pas fini d’entendre parler d’eux car les bougres se penchent actuellement sur de nouveaux titres, une évolution nécessaire, et on les attend avec impatience à la vue de cette prestation.
ALUNAH
Soph et ses acolytes sont fins prêts à affronter le public lorsque nous nous en retournons du côté sombre du festival. Nous soulignons qu’initialement prévus sur la Side Stage, Alunah bénéficie d’un upgrade sur la Main Stage en permutant avec Lonely Kamel et que cet état de fait (bien annoncé par l’organisation) ne choque personne. Mus par le désir de partager avec nous sa nouvelle plaque « Awakening The Forest », les britanniques lui feront la part belle tout au long des quarante minutes de set qui leur sont accordées. Deux morceaux de « White Hoarhound » seront joués, dont le titre éponyme alors que le reste du concert ne sera constitué que de plages issues de la dernière production. Sorti la veille dans les régions germanophones, ce disque est encore peu connu du grand public et, malheureusement pour la bande de Birmingham, la foule ne s’est pas pressée devant la scène durant l’intégralité de sa prestation. Nous tenons à préciser que le show proposé par Alunah ne fût pas pour autant médiocre, mais que le style de ce quatuor avec ses chants travaillés et particuliers n’est pas nécessairement en phase avec les masses débarquées à Bâle pour entendre du rock’n’roll hard fuzzy. Le répertoire plus introspectif des anglais dépareillant au milieu de formations faciles d’accès n’a pas franchement aidé, mais les aficionados ont savouré. Nous avons nous-même passé un bon moment en compagnie d’Alunah que nous avions par ailleurs déjà croisés sur scène.
LONELY KAMEL
Lonely Kamel se retrouve donc sur la petite scène alors qu’ils étaient prévus une heure plus tôt sur la main stage… Ils perdent de fait dix précieuses minutes de set et l’opportunité d’un light show plus sexy, à cause de l’arrivée trop tardive de leur batteur Espen sur le site (pour une raison que nous nous abstiendrons bien de commenter… On vous laisse vous faire votre idée !). On imagine donc bien nos trois autres larrons remontés comme des coucous helvètes (Espen, lui, est probablement plus détendu…) quand vient enfin l’heure de monter sur scène. Bel exutoire à cette tension qui a crû tout l’après-midi, “Shit City”, issu de leur première galette, donne autant le ton du concert qu’il assène la première mandale à un public qui n’en demandait pas tant. La suite est à l’avenant, nos quatre lascars sortant l’artillerie lourde pendant quarante minutes, avec en sus un pied bien appuyé sur l’accélérateur (faut dire que les barbus avaient calé leur set sur un créneau horaire plus long et n’ont pas envie de sacrifier le moindre titre !). Scéniquement, les gars sont à fond dedans, chacun délivrant une prestation solide, avec toujours un Lukas au taquet, alignant des soli impeccables avec énergie, et arpentant la scène ou montant sur les amplis pour mieux décocher ses pauses de guitar hero. Niveau set list, là aussi, nothing but the best : le velu combo venu du froid pioche dans tous ses albums ses meilleurs titres, et soigne leur exécution pour faire de ce set une véritable machine de guerre parfaitement rodée. Du langoureux “Damn you’re hot” à l’énergique “Spacerider”, en passant par le mi-bluesy, mi-boogie “Grim Reefer”, ça n’arrête pas. En arrivant sur la fin du set, Thomas Brenna nous rappelle que c’est le dernier concert de leur tournée, et que c’est une fort belle manière de terminer, le tout en engageant le terrible “Evil Man”, qui achève de briser les cervicales des derniers résistants au fond de la fosse surélevée de la scène extérieure : riff souverain, soli incisifs, groove dégoulinant, rythmique rutilante… Passé ce monument live, Brenna questionne la régie pour savoir s’ils peuvent encore placer des chansons : feu vert leur est donné pour deux derniers titres qui ne feront pas changer le tensiomètre, resté rouge écarlate sur toute la durée du set. Du grand travail de charpentier.
DOZER
Nous demeurons en terres scandinaves avec Dozer qui était clairement le concert qui avait généré un mouvement vers Bâle de la part de certains inconditionnels. Nous n’allons pas y aller par quatre chemins : il paraît que le show de Dozer n’a pas été exempt de reproches au niveau technique et en ce qui concerne la qualité du chant. Fadaises que tout ça ; nous avons pris un panard terrible avec le quatuor suédois ! Nous n’étions pas à l’audition d’une école de musique pointue, mais à un putain de festival stoner avec une putain de légende sur scène qui a envoyé des putains d’ogives orgasmiques à un public qui n’attendait que ça ! Dozer était, est et demeurera à tout jamais une énorme référence pour la plupart des types qui gravitent autour du stoner depuis plus de cinq ans ; c’est écrit ! Après ses apparitions aux DesertFest londonien et berlinois il y a deux ans puis le Hellfest du millésime actuel, la formation a à nouveau transcendé ses fans et augmenté encore nos regrets de ne pas les voir aussi souvent qu’avant. Les pépites alignées au Up In Smoke ont flirté avec le best of : le meilleur de « Through The Eyes Of Heathens » avec « Until Man Exists No More » et l’obsédant « Big Sky Theory », la quintessence de « Call It Conspiracy » avec « Rising » et « Hills Have Eyes », puis naturellement la crème de « In the Tail of a Comet » avec « Riding The Machine » et le splendide « Supersoul » en apothéose finale. Ajouté à ce menu quelques extraits du reste de la discographie du groupe dont le dispensable « Beyond Colossal » et le tour était joué. Monsieur Holappa avait transformé l’essai en se produisant avec ses deux formations ; il pouvait désormais changer de t-shirt et aller se désaltérer avec ses collègues au catering extérieur où les Suédois assurèrent une bonne partie de la joyeuse ambiance qui allait durer encore bien longtemps après que Kadavar eût rangé ses flying cases. Nous remercions Dozer pour cette excellente prestation !
MARS RED SKY
Quand un groupe fait ses balances sur du Neil Young on peut être sûr d’une chose, c’est que la classe va accompagner le trio durant sa prestation. Mars Red Sky prend donc place sur la seconde scène du festival qui s’avérera trop petite tant le concert des bordelais va chavirer le public. La voix haute en tessiture de Julien Pras survole l’édifice heavy tricoté par les instruments. La basse « The Wall » tisse un véritable lien entre les compositions. La batterie cajole les fûts autant qu’elle martyrise les peaux. « Hovering Satellite », single nécessaire et accroche parfaite nous fait comprendre l’approche de Mars Red Sky. Le côté ultra-composé des morceaux malgré leur apparente simplicité. La touche constante de composition folk dans un écrin stoner. Il n’y a qu’à voir les yeux du public s’écarquiller devant cet « Arcadia » et ce « Strong reflection » de toute violente beauté. Les vidéos en arrière plan participent aussi à ce numéro d’équilibriste, ajoutant une profondeur visuelle à l’ensemble. Tout est justement à sa place dans un concert de Mars Red Sky, c’est la cohérence et l’imbrication de toutes ses composantes qui en font un p’tit joyaux de heavy psychédélisme. Il convient de noter le mix aux petits oignons de leur ingé-son, certainement la meilleure face sur la petite scène durant le festival. Et le public exigeant de l’Up in Smoke ne s’y trompe pas en réclamant au groupe un rappel (qu’il ne pourra accorder à cause d’un running-order serré). Et les groupes se voyant réclamer un rappel lors de cette édition se comptent quasiment sur le doigt d’une main, c’est pour dire la qualité du show que viennent de nous balancer les français.
BRANT BJORK
Après les derniers représentants de la Francophonie du festival, il était temps de s’en retourner à l’intérieur pour avoir le plaisir de revoir Brant Bjork dans une configuration frontman de sa propre formation. Mr Cool, épaulé par une nouvelle équipe, assume totalement sa reconversion après les tribulations Vista Chino. Bénéficiant du coup de pouce de la formation de légende qui l’a poussé à mettre de côté ses projets personnels (le live issu de la tournée « Gods & Godesses » et la plaque instrumentale « Jacuzzi » jamais sortis à ce jour) et de son statut de partie de deux mythes du stoner, le chevelu rassemble devant la scène la quasi-totalité des spectateurs. Pour ceux qui, comme nous, l’ont déjà croisé sur scène : la formule reste identique que par le passé avec un poil plus de gesticulations : on plane dans le hard seventies et les mouvements de nuques ainsi que le battement de mesure avec le pied sont automatiques dès les premières mesures. Ces dernières lorgnent en direction de « Jalamanta » puisque les 4 premiers titres en sont tirés. Il faut dire que l’ersatz de Jimmy Hendrix a axé son setlist sur la plus vieille de ses propres productions et sur celle à venir (dont la sortie est prévue 2 mois après ce show) puis y a ajouté quelques perles issues de « Saved By Magic » ou « Keep Your Cool ». Au rayon des nouveautés, le public s’est tout de même enfilé quatre nouveaux titres : ça ferait un poil beaucoup pour un combo standard, mais pas pour ce type épatant qui nous fait glisser ses titres sans nous perdre vu la cohérence de ceux-ci avec l’ensemble de son œuvre. Presque une heure et quart de bonheur !
NAAM
En deux ans environ, depuis la sortie de “Vow”, en gros, la notoriété de Naam a grimpé en flèche. Rien n’est fortuit toutefois, tant on a vu ces derniers mois le groupe new-yorkais s’investir sur scène, en réalisant plusieurs tournées et dates significatives. Cette abnégation les mène très haut sur l’affiche de ce Up In Smoke, à savoir factuellement en clôture de la side stage, avec presque une heure de temps de jeu. Au bout de quelques minutes de leur set, la prestance scénique du quatuor U.S. saute aux yeux : tandis que Ryan Lugar est tout en charisme tranquille (jamais exubérant, vaguement introverti même, sans pour autant renier son rôle de frontman), les regards ne manquent pas de s’accrocher sur le bassiste John Bundy, qui vit le set comme son dernier jour : le gars joue chaque note avec une émotion débordante, il chante les paroles (sans micro of course, juste pour lui) les yeux fermés, il déborde littéralement d’énergie, sans manquer de dresser des lignes de basse robustes. Mais les regards sont aussi (presque malsainement) attirés par l’autre côté de la scène où Weingarten, claviériste efficace mais par ailleurs assez morne scéniquement parlant, a jugé bon de revêtir un couvre-chef tendance “sombrero meets parasol” dont la présence absconse challenge tous les niveaux de lecture : mauvais goût, second degré, humour, sanction, bizuthage ? Tandis que les vaines tentatives d’explication se bousculent dans notre esprit embrumé, les volutes instrumentales du doom mélodique de Namm se font progressivement plus prenantes. Le style musical du groupe, où se mélangent adroitement et naturellement des influences psyche, doom, revival 70’s, stoner, etc… est en tous les cas très vite addictif, et rapidement l’énergie scénique associée à un light show sobre (et sombre) mais efficace favorisent l’immersion et l’adhésion du public. Un set efficace, maîtrisé, mené de main de maître. On n’en attendait pas une révélation, mais on a quand même été très agréablement surpris. On n’en fut que plus étonné et déçu lorsque, une paire de jours plus tard, Naam a annoncé que le groupe s’interrompait, peut-être définitivement.
KADAVAR
Le Up in Smoke devait se terminer ainsi. Après tout, nous sommes à un jet de canette de l’Allemagne, nos oreilles jamais rassasiées réclament une dernière salve de fuzz et nos corps fatigués de ces deux merveilleux jours n’attendent que la rouste ultime pour s’endormir enfin. Qui de mieux que Kadavar donc ? Le trio de géants s’installe sur la main-stage dans une config en avant-scène très frontale. Le backdrop triangulé et lunaire apporte la profondeur visuelle et, point de fuite éphémère, le but à atteindre pour ce road-trip 70’s que les teutons vont balancer. Pour qui a déjà vu Kadavar en concert, rien de bien nouveau à se mettre sous le tympan, juste le bonheur de se prendre, une fois de plus, le rock sauvage et leur maîtrise quasi-parfaite des codes du genre. Pour qui n’a jamais vu Kadavar, ce concert est le parfait exemple du savoir-faire germanique. Les compos déroulent leurs riffs simples et entêtants, soutenues par cette basse rêche et la batterie haute en cymbale et frappes sèches du tigre en chef. Le voyage 70’s est total, les solos sont toujours marqués de ce groove si particulier de Lupus Linderman, ce dernier faisant rugir de plaisir sa Gibson SG sur chaque note. Le trio n’a pas besoin de bouger tant sa musique est sexy et chaleureuse. Côté set list, Kadavar disposant d’une généreuse heure et quart de concert ne se force pas à être sélectif, et propose la plus grande part de ses deux longs-formats (efficacité garantie), ainsi qu’une paire de b-sides (les très bons “Living in your head” et “Broken wings”). Nous jetons nos dernières forces dans la bataille en suivant la chevelure du batteur, qui, constamment en mouvement, le fait passer pour le Cousin Machin de la famille Addams. Dernière note. Derniers applaudissements. Nous reprenons notre respiration après ces deux jours intenses offerts par le Up in Smoke. « Come back to life » serait-on tenté de chanter.
Le public reste longtemps hagard après la dernière d’une lourde série de déflagrations sensorielles ressenties sur une très grosse demi-journée, et on dirait que personne n’a vraiment envie de quitter les lieux : tout le monde reste donc tranquille à déconner, se détendre, boire des verres entre potes, etc… Certains (musiciens, public et organisateurs tous ensemble) pousseront même l’after-show jusqu’aux premières lueurs du jour sur le modeste parking d’un petit hôtel local au charme discret, comme pour repousser l’échéance de la séparation… jusqu’à l’année prochaine ! Car avec son carton cette année (encore plus de spectateurs que l’an dernier, alors que le festival a rallongé d’un jour supplémentaire, belle performance !), on est déjà assuré de retrouver le Up In Smoke dans un format similaire l’an prochain, et on en salive d’avance !
Flaux, Chris (et Laurent)
Après une édition 2013 de toute grande classe, l’équipe de Desert-Rock n’allait pas manquer le Up In Smoke nouveau qui reprenait ses quartiers au Z7 de Pratteln dans la banlieue de la partie suisse de Bâle. Idéalement située à la conjonction de trois pays, la cité rhénane a non seulement attiré une horde de rockers venus en voisins de Suisse, de France et d’Allemagne, mais aussi des fans de stoner ayant effectué le déplacement depuis des régions plus éloignées de la Vieille Europe.
Le coup d’essai de l’an passé ayant été concluant, les organisateurs avaient carrément doublé la mise en planifiant l’événement sur deux jours. De notre côté, nous avons aussi renforcé notre représentation et c’est donc 3 rédacteurs qui se sont rendus au centre du continent pour se gaver de concerts d’excellente facture.
Après quelques étreintes et high five, nous avons pris nos quartiers dans l’hôtel sis à 400 mètres de la salle, lequel servait de hub à la plupart des participants à ce magnifique raout, et avons pointé nos faciès du côté des portes alors que la zone industrielle malodorante où se situe la salle était réchauffée d’un agréable soleil automnal. Nous avons très rapidement croisé des connaissances et tapé la discussion en couvrant la faible distance séparant nos pénates des scènes du festival.
PHASED
Avec quelques minutes de retard, comme quoi ça arrive aussi en Suisse, nous pénétrons (les premiers) dans le périmètre du festival qui a quelque peu évolué depuis l’an passé. La principale modification étant l’installation, sous une tente, de la Side Stage qui devient donc une scène à part entière sise hors de la salle entre l’entrée, les stands de (mal)bouffe et les tables pour desert-rockers fatigués. C’est sur cette scène de taille fort convenable que nous voyons évoluer la première formation de la journée : Phased. C’est les régionaux de l’étape, quoiqu’avec deux tiers du groupe d’origine scandinave on nage plutôt dans la Grand Europe, et ils ont leur public. Ça échange pas mal avec les premiers rangs même si nous ne sommes encore que quelques poignées de spectateurs dans la place. Le trio a visiblement des fans dans les parages et, vu la discographie impressionnante qu’ils ont déjà alignée depuis la fin des années 90, nous ne sommes pas vraiment étonnés. Au passage, nous notons que même des labels phares du style ont sorti certaines de leurs plaques. Bref ça envoie plutôt bien dans un registre lourd et lent dans la plus pure tradition du doom. Les rasés avaient une demi-heure pour convaincre et c’est chose faite. Les fans de combos alignant des compositions doom rock aux relents psychédéliques sont aux anges. Ca débute bien se dit-on !
INTERCOSTAL
Après un groupe originaire du lieu et du pays des vikings, on tape dans le national avec les Genevois d’Intercostal. Rompu aux exercices scéniques non seulement avec leurs formations parallèles ou passées, mais aussi avec cette structure, le quatuor est à l’aise sur la scène principale de cette manifestation. Les rédacteurs de ces pages virtuelles avaient déjà eu le plaisir d’admirer cette formation plusieurs fois depuis 2009 où ils avaient ouvert pour Acid King à l’Usine de Genève et presqu’à chaque fois des éléments la constituant avaient changé, mais à chaque fois aussi le plaisir était présent tant ce groupe est fantastique sur scène. Cette fois, c’est un nouveau batteur qu’il nous a été donné d’apprécier pour sa première représentation avec cette formation. Le garçon a du métier et les trois ou quatre répétitions faites en commun ont porté leurs fruits : Intercostal est au top et le public qui commence à affluer dans la salle bâloise ne s’en retourne pas descendre des bières dehors à l’extérieur : il demeure à l’intérieur et ne boude pas son plaisir en se régalant d’un show court (trente minutes), mais intense qui fait furieusement bouger la nuque et taper le pied au sol. Débuté avec des titres récents incluant des parties vocales délivrées par deux hurleurs, le set s’aventure pour sa deuxième partie dans les terres instrumentales que le groupe explorait à ses débuts sans chant sur des tempi frénétiques. L’univers musical à la fois lourd, trépidant et technique que déploie Intercostal les rapproche musicalement de Karma To Burn avec une bonne grosse d’influences de la scène de NOLA ; c’est un peu l’équivalent francophone de Superjoint Ritual et c’est carrément le panard. Terminant leur show les bras – pour la plupart tatoués – en l’air, le poing fermé et avec une corde de guitare en moins (qui n’entacha en rien le dernier titre envoyé à toute vitesse), les Suisses ont le sourire aux lèvres : ils savent qu’ils ont acquis à leur cause de nouveaux fans et c’est entièrement mérité.
WARDHILL
Après une première salve de la scène genevoise, il est temps de passer à la seconde de la journée cette fois-ci à l’extérieur alors que le soleil brille encore un peu à l’ombre des cheminées de la chimie régionale. Wardhill, que les romands auront déjà pu apprécié entre autres en première partie de Vista Chino, prend place sur la Side Stage pour une petite demi-heure de sludge qui tâche grave. Le trio a la lourde tâche d’animer l’extérieur du festival à l’heure où les quidams alignent les bières et les saucisses qui font la réputation gastronomique du nord de la Suisse et du sud de l’Allemagne ; les gastronomes repartiront d’ici sur leur faim, les épicuriens du stoner rassasiés ! Nos amis s’en sortent plutôt pas mal et les aficionados de groupes dans la veine d’Eyehategod s’en tapent une bonne tranche alors que les plus hippies parmi les spectateurs s’interrogent sur les raisons de leur venue à cet Up In Smoke ; leur heure viendra et en attendant on s’amuse bien durant le show épais délivré par ces romands qui pratiquent un style propice à animer la horde de nombreux représentant de la secte des metalleux qui sont dans la place.
THE VINTAGE CARAVAN
Le trio s’installe sur la grande scène et va nous prouver, en ce début de festival, qu’un musicien peut utiliser tout son corps pour s’exprimer. Le duo Oskar/Alexander/guitare/basse court, saute, Truckfighterise le plateau et délivre un rock classique, un peu hard, un peu blues mais sans vraiment d’innovations. La technique des trois lascars est sans faille, ça joue vite, ça joue juste. Ils ont beau être jeunes et blonds, le groupe a déjà de belles années de riffs derrière lui et ils ont le mérite de réveiller le public. Mais quelque chose nous chagrine et nous surprenons une pinte de bière pour certains et un soda pour d’autres s’acoquiner à nos mains gauches. A l’image des quelques poses christiques du leader, on sent le groupe plus dans la représentation que l’interprétation ce qui empêche de se concentrer sur les compositions du combo. A revoir dans un endroit plus petit, histoire de se faire une idée plus précise.
CONAN
On reste dans l’insulaire pour le groupe suivant. On avait quitté les anglais de Conan sous la Valley du Hellfest, occupés qu’ils étaient à exploser les carotides à coup de doom crasseux et beuglard. C’est donc les mains autour du cou que nous attendons une nouvelle correction rustre des grands-britons. La recette est connue maintenant : sweats à capuches noirs, accordages spéléologiques, luettes conquérantes et postillons rageux patinent le set d’une couche suintante de saindoom. Les trois premiers titres sont les mêmes qu’à Clisson. La zic des anglais est tellurique profitant à merveille des subs de la petite scène. Le nouveau batteur assure bien, son jeu groove et met en place les soubresauts sexy nécessaires pour laisser les longues plages métalliques et cathartiques nous plonger dans un état de petite mort. L’impact est le même. Cependant à la faveur des 50 min de concert (30 min au Hellfest), la formule s’essouffle un peu sur la durée. Le set mériterait, à notre sens, un vrai travail scénographique, afin de pousser l’auditoire au plus profond de l’imaginaire que grave au burin le doom des anglais. Par ailleurs, le son très particulier du trio qui décuple sa puissance sur disque ne se retrouve toujours pas parfaitement retranscrit en live. Gageons que lorsque ce sera complètement le cas et que la machine de guerre sera bien huilée, le groupe ne fera pas de quartiers. Mais pas le temps de respirer des oreilles que le sud de l’Europe s’apprête à nous administrer une mornifle qu’on n’oubliera pas de sitôt…
UFOMAMMUT
15 ans. 15 ans que le trio tricote un doom/sludge/psyché, 15 ans que le groupe érige un immense et brumeux mur d’Hadrien autour de l’Italie. Ce soir, ils ont habillé la main-stage de l’Up in Smoke d’un rouge sanguin et profond, d’une ambiance poisseuse doublée de vidéos miroirs projetées en fond de scène. Et l’on change clairement de braquet à ce moment du festival. Le son est aussi énorme que les joues des zicos sont poilues. Si Richter avait connu Ufomammut il aurait rajouté un échelon à son échelle tellement le trio fait trembler le Z7. La gestion des boucles d’effets et de nappes synthétiques tissent un immense champ d’appui pour que la quatre et la six cordes explorent toutes les facettes de leurs discussions. Il y a une cohérence effrayante entre ces riffs et ces breaks de batterie, une violence inouïe aussi dans chaque note jouée par Urlo, le bassiste. Mais ce soir, nous n’écoutons pas le Ufomammut période Eve, influencé par Pink Floyd, non. Ce soir, leur sludge est clairement sale, violent, dégueulasse, période Oro. Chaque titre est martelé à chaud, chaque instant binaire est souillé de contrepoints vicelards, de frappes ternaires. Le trio explose littéralement les esprits en ralentissant dangereusement le tempo. Nous nous prenons leur live dans la tronche, nous ressentons cette lourdeur au plus profond de nos vésicules biliaires. Ufomammut vient juste de trouver le point de rupture entre l’équilibre et le chaos. Vu le nombre de nuques brisées qui jonchent le sol, les italiens peuvent quitter la scène avec la satisfaction du devoir accompli.
FU MANCHU
Quand les quatre gaillards de Fu Manchu montent sur scène et s’emparent de leurs instruments, l’excitation dans la salle est palpable, et l’on sait que l’on a sous les yeux la vraie tête d’affiche de la journée. A partir de là, les californiens n’ont qu’une ligne dans leur cahier des charges pour ce soir : assurer, ne pas décevoir. C’est donc avec une certaine facilité que le set commence par un bon gros “Eatin’ Dust” , son bon gros riff bien heavy préparant le terrain pour la première déflagration, sous la forme du classique “Hell on Wheels”, qui donne la banane à tout le public. Sur scène, tout le monde est au taquet. Scott Hill est impeccable, déchaîné de la première à la dernière minute, il assure ses vocaux et ses lignes de gratte sans faillir. La communication avec le public passe par quelques échanges mais surtout par un véritable pont électrique invisible qui relie pendant environ une heure et quart les centaines de headbangers et slammers avec les quatre fuzz-surfers. Le groupe glissera trois nouvelles compos dans son set, qui fonctionnent bien en live (dont le presque punk-rock “Invaders on my Back” et le très efficace “Dimension Shifter”). Mais pour le reste, rien de vraiment récent à se mettre sous la dent, avec une set list old school, dont l’album le plus récent représenté ce soir est King Of The Road, qui date de 2000 ! Les fans de California Crossing ou des trois autres LP qui lui ont succédé devront se faire une raison : ce soir, c’est que des classiques ! Même les mid-tempo groovy (putain d’enchaînement “The Falcon has landed”/ “Boogie van”) mettent le feu… Le sprint final approche, moment bienvenu pour dégoupiller les dernières grenades fuzzées : “Evil Eye” d’abord (qui voit Bob Balch (ab)user frénétiquement de sa wah-wah pour le plus grand bonheur des premiers rangs, devenus incandescents), puis “King of the Road”, évidemment. Le Fu ressort de ses cartons un bon vieux “Push Button Magic” rarement entendu en live, aux passages planants fort bienvenus qui mènent au tout aussi trippant “Saturn III”, qui clôture en douceur un set mené de main de maître… On attendait le combo exactement sur ce terrain, on imaginait qu’ils étaient capables de jouer à ce niveau dans un bon jour, et on n’a pas été déçus : ils ont été au rendez-vous, et ont même surpassé nos attentes de fanboys. Les vieux roublards. Ils sont revenus et ils frappent forts !
BLUES PILLS
Elle est là, devant nous, la « hype » de cette stoner année. Personne n’a pu passer à côté de ce nom ces derniers temps, présent sur toutes les grosses affiches, dans tous les gros festival de cette musique que nous affectionnons. Les pilules bleues sont là, devant nous, public énamouré ou curieux, impatient et connaisseur, et elles vont devoir assurer après le typhon Fu-Manchu qui s’est abattu avant eux (et qui a emporté une part du public avec lui, même si la salle est loin d’être vide). Elin « Janis » Larsson l’annonce elle-même, consciente de la tâche qui les attend. C’est donc avec « High class woman» que le groupe se charge d’ouvrir les hostilités. C’est en place, carré, l’arrivée de André Kvarnström, ex-batteur de Truckfighters, derrière les fûts ajoute un surplus de niaque à l’ensemble. Techniquement, ça déroule sec. Vu les zicos aux commandes, c’est du délié 5 étoiles qui accompagne la voix puissante et chaude de la chanteuse. « No hope left for me », « Bliss », « Devil Man » bien sûr. Le set déroule avec cette impression de malaise cependant. Le jeu de scène figé, le peu de communication entre les musiciens, la guitare solo bien timide là où elle devrait être brutale, il nous manque quelque chose pour que le blues-rock du groupe nous retourne les tripes ; de la sueur certainement, un peu plus de sincérité aussi, peut-être. Nous n’avons pas adhéré à l’ensemble mais le public semble aux anges. C’est bien là l’essentiel pour clore cette première journée, un public heureux.
L’Up in Smoke peut boire ses dernières bières au son d’un DJ puis dérouler ses sacs de couchages au sol, reposer ses sourdes et bourdonnantes oreilles et ainsi se préparer à la furie du lendemain.
(A SUIVRE…)
Flaux, Chris (et Laurent)
DAY ONE
Ce soir, rendez-vous au Brin de Zinc, poumon électrique de la scène rock et indépendante sur le bassin chambérien en ces années de disette budgétaire. En effet, ce ne sont pas les groupes qui manquent dans le coin, (et pas des plus mauvais, qu’on se le dise), ni les assos de motivés d’ailleurs. Mais coté lieux sympas, faut l’dire, c’est un peu la pénurie… Sauf du coté de Barberaz où le Brin de Zinc assure le ravitaillement, grâce à une prog sans faille et régulière, un accueil chaleureux et une salle intimiste permettant un son aux petits oignons.
Ce soir donc, disais-je, rendez-vous au Brin de Zinc, car c’est en ce vendredi du second jour d’octobre que Are You Stoned INC. a décidé de venir planter sa bannière et tenir sa Grande Messe Locale du Son Lourd. Après un warm up Lyonnais la veille assuré par Goatfather, Enlarge Your Monster et les grecs de Planet Of Zeus, les membres du gang sont au pied levé pour assurer l’accueil et l’ambiance. Une ambiance déjà au poil alors que le premier groupe en est à peine à se réchauffer l’âme à coup de bonne bière avant d’ouvrir le bal. Devant la salle il fait bon, ça discute, ça se rencontre, ça se retrouve, ça échange… et cette bonne ambiance ne quittera pas le fest tout du long des deux soirs que durera l’événement. Sur le coté, Jo Riou a posé son stand de graphic designer rock/stoner psychédélique, et nous fait profiter de sa production d’affiches de concerts fuzzy, ainsi que d’un curieux et frais livre de recette de cuisine rock. Parfois, quelques riffs résonneront du coté du stand de Sentenza Handmade Sound, venu spécialement du sud lointain pour nous faire la démo, gratte et ampli en libre accès à l’appui, de ses pédales d’effet fuzz/crunch Davaï, GingerBread et Acid Bazarus.
Pas le temps pour moi de finir de tester ce vieux riff de Truckfighter en montant un peu le sustain et en switchant le bidule mystérieux entre le volume et le gain que les premiers coups de baguette de Buddy & Chief nous annoncent le lever de rideau. Les chambériens nous viennent de l’excellent et plus sage Os Drongos ; Buddy & Chief permet à Samy et Nico d’exulter leurs besoins de sauvagerie et de délires psychés. Leur complicité éclate sur scène ; les deux sont là pour se lâcher, c’est évident, et on en profite à fond ! Il en sort un show punk/rock 70’s déglingué à la sauce psychédélique particulièrement efficace, et d’autant plus brillant que l’avalanche de décibels survitaminés et de nappes tourbillonnantes se passe totalement et avec succès de guitare. Chief, le batteur, est une vrai pile sur pattes, et affiche tout du long un sourire grand comme ça, dominant une batterie explosive et speedée. La basse vient assurer le remplissage de la quasi-totalité du spectre sonore restant, à grands renforts de gain poussé dans ses derniers retranchements ; Buddy joue sur l’ensemble de ses quatre cordes, et n’a pas peur de plaquer de gros accords dans ses rythmiques, exercice parfois périlleux en terme de rendu sonore. Mais l’ensemble bordélique tient la route à merveille, et laisse juste assez de place dans le fond pour une voix rock psyché à la Stone roses, ultra réverbée et planante. On discerne dans ce cirque quelques reprises boostées au gros son, tel le “No Fun” d’Iggy Pop. Mais les bougres ont visiblement choisi l’option no-limit, et le concert prend parfois des accents de groove primussien, puis passe soudain par une batucada inattendue, rebondit sur une shoegaze gavée d’hormones de croissance pour frôler parfois les limites du bruitisme saturé, mais toujours rythmé. L’acolyte Bastien vient rejoindre le duo pour un final aussi absurde que réussi, entre sciage de bûche sur scène (le technicien plateau a apprécié les copeaux) et solo de congas à l’Opinel. On pourrait croire que cette avalanche de genres n’aurait pas sa place dans un festival orienté stoner, mais le fait est que l’ensemble est paradoxalement cohérent, car tenu par une ambiance 70’s et les délires (pas toujours audibles, mais le ton suffit) de Buddy, faux rigolo et vrai rockstar. Une excellente entrée en matière pour cette soirée, une découverte fraîche et bienvenue pour ma part, un groupe à revoir sans hésitation !
(Loading Data)
Le Brin de Zinc ainsi réchauffé est prêt pour accueillir Loading Data dans une nouvelle formation, puisque en effet Hervé vient de rejoindre le groupe à la batterie ; pour le meilleur, si l’on en juge de ce deuxième concert où il s’est donné à fond, amenant au groupe un niveau de patate supplémentaire, lui qui n’en manquait déjà pas malgré ses rythmiques mid tempo. Ainsi, si l’on pouvait regretter dans la première moitié du concert un volume des voix des choristes trop bas pour en profiter – problème finalement réglé au bout de quelques morceaux – c’est à un sans faute en terme de performance musicale et de goût que l’on a assisté. Le style Robot-rock largement inspiré de QOTSA fait mouche, emporté par des riffs ciselés, lourds, carrés et groovants à la foi, entrecoupés de quelques explosions de gros stoner lié et percutant. La voix de Lo est toujours aussi incroyable : grave, ronde, profonde, au ton parfaitement maîtrisé, une vraie voix de rock’n’roll comme on en entend plus. C’est l’alliance d’une véritable science du tube et de cette voix incroyable qui fait de Loading Data un groupe à l’identité bien marquée, à même de chasser sur les terres des géants du désert de palme californien sans rougir de la comparaison. Les tubes, parlons-en : ça sent la sueur, le whisky, les bagnoles, les stations services désaffectées, le sexe et les cœurs brisés. Les pionniers du Robot-rock/stoner hexagonal nous ont servi un plateau bien garni du meilleur de leurs deux derniers albums, dont les tubes toujours aussi ultra-efficaces “Give the Rat a Name”, “Double Disco Animal Style”, “Circus Blues” ou encore “Do it on the Beach”. Ici, on peut véritablement parler de chansons plus que de morceaux, les refrains restent dans les têtes et racontent des histoires, un point bienvenu dans une scène dominée par l’approche progressive des compositions. Le groupe déroule son set sans faute, et nous fait même bouger l’arrière train avec son morceau “Voodoo”, nous qui commencions à avoir mal à la nuque. La bassiste assure la rythmique et le jeu scénique, le gratteux est en grande forme pour nous lâcher des riffs lancinants qui augmentent la température de quelques degrés. Que demander de plus, alors ? Un autre concert, très bientôt, avec le même charme et la même énergie !
(Loading Data)
A peine le temps de souffler et de prendre ma dose d’air et de nicotine, que voilà les psychonautes de Naam (Brooklyn/NY/USA) qui enchaînent le spectacle, pour la seule date française de leur tournée européenne. Et quel spectacle ! Qui commence pourtant sur une note négative : soit les cocos savent faire monter la pression, soit la clope m’a fait sortir de l’ambiance, soit le son a mis du temps à se régler (je penche pour un mélange des trois), mais le premier morceau a peiné à me dérouiller les ouïes, le clavier semblant notamment difficile à distinguer des autres instruments. Mauvaise impression vite dissipée, léger malaise pré-décollage, peu importe, le clavier se détache enfin du reste de la masse sonore, le rythme se fait plus fluide, plus soutenu. L’acide monte, la gratte choppe un gros flanger, la basse envoie du lourd grâce à un gros son ronflant, ça y est c’est parti, Naam nous emmène dans l’espace. Miam ! La sauce prend, et Naam se permet même de faire transiter son stoner spacey vintage par des passages speedées à l’ancienne, sorte de Deep Purple sous vitamine C, ce qui ravit votre serviteur. La barbe du bassiste tournoie dans les airs, le batteur ne peut garder son sérieux de façade dans les rythmiques les plus éclatantes et sourit à pleines dents, et même Johnny « fingers », le clavier, ce soir au style brooklyn prononcé (chemise serrée au col, caquette, grosses lunettes noires, pense aux Beastie Boys !) commence à se laisser porter par ses propres nappes sonores. Mais tout cela n’était qu’un avant goût, et le talent du groupe éclate soudain sur “Starchild”, le morceau titre de leur second EP. Et c’est là que l’on se rend compte de la claque musicale que l’on va prendre. Le chant incantatoire plein de réverb du chanteur/gratteux aux allures christiques nous transporte, l’esprit commence à se laisser porter et à suivre les claviers aériens, tandis que le corps se laisse violenter par les coups combinés de la section rythmique, la basse lourdement fuzzée faisant office de bélier prêt à défoncer toutes les portes de la perception ; l’expérience était résolument mystique, et cette impression de prendre part à un rituel spacial et violent est restée jusqu’au bout du set, y compris dans des passages plus modernement tranchants, venant nous rappeler que nous sommes bien en 2014, sur terre. Autour de moi, ceux qui tournent au jus d’orange headbanguent en souriant, les bourrés à la bonne bière en sont à prier la lune, et les stoneheads sont perdus dans les limbes, bave aux lèvres. Pas de doute, Naam nous a emportés loin… Après un rappel majestueux et cosmique, Le clavier s’occupe de la réception post atterrissage, en nous laissant avec une ritournelle d’orgue vintage ambiance pub des 50′, histoire de nous dire allez rigole un coup mec, reviens sur terre, prend une bière.
(Naam)
Ce que je m’empresse de faire donc, histoire de capter encore un peu de l’ambiance du lieu, avant de regagner mes pénates. Demain, le Blizzard Mountain’s Fest continue, il nous faut garder encore un peu d’énergie…
DAY TWO
Seconde journée du fest, encore plus d’occasions de s’en mettre plein les oreilles. Je retourne sur les lieux du crime, il paraît que c’est le truc à pas faire. Raté, j’aurai du y retourner plus tôt pour voir l’intégralité du set des Space Fisters, mais un imprévu m’a retenu en fin de journée, me faisant rater le début du concert. Rage, désespoir, clope, est-ce l’histoire d’une rencontre qui n’aura jamais vraiment lieu qui commence entre moi et ce groupe ? Ratés de peu au Sylak, ratés en partie ce soir, et jamais deux sans trois, je me méfierai de la prochaine fois. Car elle aura lieu j’en suis sûr, vu que le peu auquel j’ai pu assisté ne l’était pas du tout, raté, bien au contraire. Les fisters sont en forme, et balancent du bon stoner moderne ultra efficace, enchaînant des riffs cosmiques, rocailleux ou métalliques qui viennent irrémédiablement s’écraser dans du heavy stoner monocorde (de mi !), ultra lourd et saturé, tout ce que j’aime, quoi… Les gars d’Annemasse, Genève et Chambéry font réellement plaisir à voir, on sent les potes qui s’éclatent, et ça déteint mécaniquement sur le public. L’ensemble tient bien la route, la batterie est puissante et groove bien comme il faut. Le bassiste/chanteur est à fond, la basse est à l’honneur, bien mise en avant par une grosse saturation combinée avec du fuzz qui termine de remplir l’espace sonore. Rien a voir avec ce que l’on peut entendre sur les vidéos de studio que les fisters ont récemment mis en ligne (où le son est déjà bon, checkez donc ça sur leur facedebouk), ici la basse est plus proche d’un son à la Om, qui racle bien dans tous les coins, mais sans tomber dans le sombre et le froid ; les mélodies sont toujours pleines de chaleur violente, c’est plutôt autour du soleil que le groupe nous pose en orbite, en saupoudrant le tout d’une guitare pleine d’effets spécieux et spaciaux. Bien sûr, le public est présent pour supporter les locaux. Space Fister est définitivement une affaire à suivre, qu’on se le dise.
A peine le temps de me lamenter d’un concert trop court auprès de mes compagnons plus ponctuels, que l’on enchaîne direct sur Libido Fuzz, qui nous vient de la lointaine cité bordelaise. Ce soir, ça commence bien, le groupe accueille Rory comme nouveau bassiste, celui-ci ayant intégré le groupe il y a à peine quatre jours. Pas une fausse note durant tout le concert, gardez-le les gars ! Si il y avait eu un couac, sûr qu’on l’aurait entendu, tant le son de Libido Fuzz est clair, lisible. Les instruments ne s’emmêlent pas les uns les autres, fait rare dans ce genre de concert. La section rythmique fait tourner ses plans groove, laissant toute latitude à la guitare pour s’exprimer, et mettre en avant des riffs hendrixiens certes classiques mais exécutés d’une main de maître. On a droit à une vrai démo de tout ce qui à fait le succès de ce type de son, y compris et surtout en termes d’effets ; oscillator, flanger, wah, tremolo, octaver et même modélisation de sitar, tout y passe, le gratteux fait miauler son instrument et maîtrise son pedal board avec une aisance remarquable. Mais en plus, c’est qu’il chante en même temps le bougre ! Une voie légèrement diablotine, pleine d’injonctions à se bouger le derrière, bien présente donc, avec juste ce qu’il faut de reverb pour faire sonner tout ça. Excès de matos ou faute à pas d’bol, la gratte décroche soudain au troisième morceau et requiert l’intervention du technicien plateau (qui n’est pas un régisseur, bon dieu !… il y tient). Mais les bordelais ne se laissent pas démonter pour autant, la section rythmique fait tourner son groove, le public encourage le tout en clappant, et au final le problème est vite réglé et vite oublié. On retourne vers du fuzz hendrixien, agrémenté de quelques passages stoner/blues bien heavy, qui permettent de montrer tout de même que la batterie en à dans les bras. Un chouette concert sans fausse note au final, même si l’on peut regretter un unique fond vidéo psychédélique qui gagnerait à être retravaillé en terme de définition, ou d’en varier un brin de temps en temps. Le public suit, réagit, ça bounce devant comme derrière et l’on apprécie la performance. Reste une petite impression que la formule pourrai être parfaite en y ajoutant un zeste de folie supplémentaire, pour trancher avec le coté classique proche de ses origines 70′. Autant de fuzz, et encore un poil plus de libido quoi. Mais bon, je pinaille, c’était vraiment cool, hein !
Et puisqu’à toute chose il faut une fin, est venu le temps pour nous de communier avec le dernier groupe du fest (sniff, déjà?), qui nous à donné rendez-vous sur sa base de lancement, direction le ciel rouge de mars. Mars Red sky commence fort par un tube, le premier morceau de la fournée 2013, j’ai nommé “Be My Guide” et son chant lancinant, suivi de sa ritournelle de guitare immédiatement reconnaissable. Le groupe nous propose un son hyper psyché, un slow rock aux mélodies toutes en chambre d’écho. La basse assure lourdeur et saturation, son son est groovant, ronflant, chaud et fuzzy à souhait. La science du riff mid tempo fonctionne à plein tubes, et les bordelais n’oublient pas de nous décrocher la nuque avec quelques passages très heavy stoner de rigueur. Là encore, si la basse assure toute la base rythmique et mélodique, la guitare est paradoxalement mise en avant par des plans aigus pleins de flanger, de wah et d’autres effets savamment dosés et propres. La voix de Julien, elle, est toute particulière : planante et reverbée à donf, peut-être un brin nazillarde, lunaire (dans un registre à la Thom York !?), elle ne peut laisser indifférent. Pour parfaire le voyage sensoriel, Mars Red Sky nous gratifie d’un visuel pertinent projeté en fond de salle. Vidéos mystérieuses tout en nuance de gris, on passe du trip science vintage à des paysages sauvages, des couloirs industriels à des images d’archives des balbutiements de l’informatique, d’un vol spatial à des visions mythologiques… et même d’une fête foraine à des documentaires 50’s de l’armée américaine sur les retombées radioactives. Le mixage est bon, le son envoûtant, je me surprends même à penser à du bon vieux Pink Floyd (du bon, hein), quand les accents se font plus légers, que le rythme se ralentit encore plus. Et au fond de cette immensité froide et spacey dans laquelle le groupe nous embarque, on sent même, au beau milieu du concert, un petit vent chaud, un peu de sable du désert qui se faufile dans les engrenages du monde industriel en perdition dépeint par Mars Red Sky. Grain d’espoir, poussière fantasmée, la rythmique nous emmène vers des contrées plus connues des fans de la Palm Valley, un décor toujours aussi désolé mais plus terre à terre. La force du stoner, c’est aussi les images qu’il évoque, et les bordelais savent indéniablement manier leur narration. Le public est ravi, transporté, stoned. Le final est grandiose, Mars Red Sky appelle tout simplement au déchaînement des forces telluriques, avec une musique puissante sur fond d’explosions volcaniques et de coulées de laves.
Que les volcans de mars se réveillent et déversent leur torrents de lave jusque sur terre. Si ils pouvaient épargner le Brin de Zinc, ça serait sympa, Chambéry a besoin de lieux comme celui-ci. Le concert fini nous laisse un brin d’amertume, mince, déjà ? Mais le lieu est propice aux discussions, aux rencontres, aux échanges de critiques et aux dernières binouzes avant extinction des feux, et c’est avec plaisir que j’ai pu rencontrer d’autres membres de l’asso, visiblement ravis de l’ambiance chaleureuse qui n’a pas dépareillé tout du long de ces deux soirs.
Pari réussi donc, pour cette deuxième fournée du Blizzard Mountain Fest. Il est temps de rentrer pour méditer tout cela, en prenant au passage note des prochains rendez-vous. C’est qu’il faut les suivre, les bougres ; ils reviendront retourner le Brin de Zinc en rameutant une pleine boite de Spermicide début novembre, bref on a pas fini d’entendre parler d’eux.
Rafou
Photos : Lionel Fraix (http://www.lionelfraixphoto.com)
Fu Manchu à Lille voilà une date qu’il ne fallait pas manquer. Et surtout pour laquelle il fallait faire preuve de réactivité tant la péniche peut vite se remplir avec des groupes d’un tel calibre.
Ouverture des portes à 20H00, tandis que la foire bat son plein a à peine 10 mètres de nous. Nous pénétrons donc dans la péniche au son de Star Wars, des punching-balls lumineux et des stands de tir à la carabine. Ambiance assurée.
Comme de coutume pour tout concert stoner une chaude soirée de septembre, c’est passage au bar pour commander une petite mousse puis direction le pont de la péniche pour profiter d’un début de soirée agréable. La faute à ce petit apéro improvisé, et à une interview (elle aussi improvisée) de Bob Balch, et nous ratons le début de Bloodnstuff, le binôme qui accompagne Fu Manchu sur cette tournée.
Moins franchouillards que nos Inspecteurs Cluzo nationaux, et moins barbares que nos voisins de chez Sardonis, le duo guitare/batterie assure quand même pas mal. Tantôt pops (n’en déplaise à certains), tantôt plus « bestialement » déjantés, il y a dans ces deux là un petit je ne sais quoi qui me rappelle les At the Drive-in. Faudra donc que je me penche un peu plus sur Bloodnstuff pour véritablement me faire une opinion.
Après un changement de matos assez rapide, le rafiot lillois est plein à craquer quand Scott Hill et sa bande montent sur scène pour nous envoyer les premiers accords de “Eatin’ dust”.
Plantés sur le devant de cette miniscule estrade qui fait office de scène, Balch, Hill et Davis nous font penser aux Beastie Boys de la pochette de « Hello Nasty ». Cela n’empêche pas le père Hill d’headbanguer comme un forcené et de frôler le plafond (et la commotion cérébrale) à chaque mouvement de tête. Ce concert des Fu s’annonce donc pour le moins étrange tant la salle est singulière.
Après cette première mise en bouche, nos californiens préférés sortent l’artillerie lourde avec un “Hell on wheels” imparable en tout point. C’est pourtant sur “Invaders on my back”, tiré du petit dernier « Gigantoid », qu’un méchant pogo va s’improviser devant le groupe avant de disparaître plus rapidement qu’un lapin dans le chapeau de David Copperfield au moment ou retentit le lourd mantra d’intro de “The falcon has landed”.
Le public est donc à ranger en deux catégories. Les petits jeunots qui (ne) connaissent (que) le cru 2014 du Fu et qui montrent leur enthousiasme en prenant la péniche pour un circle pit de Sick Of It All. Et les vieux cons comme moi, venus assister à un concert « intimiste » et peinard, et qui se font bousculer, perdant de précieuses gouttes de Duvel dans la bagarre et craignant que cette bande de jeunes sauvageons ne fassent couler le bateau !
Cet état de fait se reproduira 3 fois, toujours pour les morceaux tirés de Gigantoid (“Dimension shifter”, “Anxiety reducer “et “Triplanetary”) et c’est finalement vachement bien. Cette « mixité » fait qu’il y a toujours une partie de public réceptive entre les newbies, les fans plus anciens (“Boogie Van”, “Mongoose”) et les vieux de chez vieux (“Push button magic”). Malgré le faible nombre de quidams (faible jauge), le groupe a toujours devant lui une « foule » en mouvement et fait le job. C’est bien ça l’essentiel.
Comme tout concert des Fu, le son est carré, les pédales de Balch suintent de fuzz et les frappes de Reeder sont si puissantes qu’un sous-marin russe parqué en Crimée pourrait repérer notre péniche plus facilement qu’un long courrier de la Malaysian Airlines (je divague, je divague).
Pourtant, il y a un je ne sais quoi qui fait que les Fu, et plus particulièrement Scott Hill, n’est pas dedans. Alors qu’un petit malin tentera parfois le coup de la request de “Godzilla”, notre gratteux à la crinière d’argent jouera, par 2 fois, l’intro du titre en question avant de balancer froidement un « on ne jouera pas ce titre ce soir »… C’est tout un art de rhabiller un fan pour l’hiver !
Même chose pour le final. Une petite heure à peine après le début du concert, le frontman du gang de San Clemente annoncera « c’est la dernière chanson de la soirée et elle s’intitule “King of the road” ». Ce dernier acte de bravoure sera enchaîné sans temps mort avec le rappel, l’excellentissime (pour paraphraser Nagui) “Saturn III”, avant que les lumières ne se rallument.
King of the road says you move too slow… mais nos Fu Manchu sont quand même partis bien vite. La faute à une salle peu adaptée à leur prestation ? That is the question.
Setlist:
Eatin’ Dust
Hell on Wheels
Invaders on My Back
The Falcon Has Landed
Boogie Van
Dimension Shifter
Laserbl’ast
Mongoose
Anxiety Reducer
Evil Eye
Push Button Magic
Triplanetary
King of the Road
——————
Saturn III
Photos : Shinkibo
Clisson, Saint Maurice de Gourdans. Il semblerait que pour viser la qualité il faille taper dans du ptit bled. Parce que ce que j’ai vu ce week-end relève du futur grand festival métal de la région Est (au sens large, bien évidemment). Voilà 4 ans maintenant qu’une bande de passionnés s’est donné pour but de faire résonner la morne plaine de l’Ain au son des guitares et autres joyeusetés gutturales. Force est de reconnaître que le pari est de loin gagné puisque pour sa quatrième année (seulement) les gonzes ont fait venir Gojira, Phil Campbell, Red Fang entre autres. Un festival éclectique, sympathique, électrique et pleins d’autres mots en « ique ».
Bien évidemment nous allons nous concentrer sur la programmation stoner du festival qui occupait une part importante en ce dimanche ensoleillé mais pas trop.
C’est donc sur un site arboré très agréable qu’est implanté le festival. La config du lieu confine à la bonne ambiance et les dimensions scène/parterre augure de bonnes interactions entre les groupes et le public. Un tiercé régional va se charger d’ouvrir cette dernière journée de festival. Il est 11h25 quand commence le set des Space Fisters. Le groupe développe pendant ½ heure des compos audacieuses alternant passages psychés et blast stoner massif. L’ossature basse-batterie tient la route et tant mieux puisque la gratte, complètement étouffée dans le mix, ne se laissera pas apprivoiser du set. Un concert prometteur qui donne envie de revoir le groupe dans une config moins ouverte pour en apprécier les talents. Pas le temps de siffler la moitié d’une bière de poney que Flayed, un combo rock’n’roll allume la mèche. Pas stoner, non, mais leur patate, l’écriture simple et directe des morceaux, l’interprétation poilue de leur set permet d’en-magasiner de l’énergie et de la bonne humeur pour la suite du festival. Un rock énergique et orgue hammondé qui chauffera le plateau comme il se doit pour General Cluster. La formation complète le panier déjà bien garnis de spécialités régionales par un gros southern rock qui tâche. Le groupe est heureux de faire une plus grosse scène que d’habitude et cela se ressent. Même si l’enjeu spatial semble étouffer un peu physiquement le combo, cela ne les prive pas d’envoyer du riff gras, d’appuyer la corde de Mi façon pachyderme et d’essuyer les frettes de grattes au cambouis. Ils auront fini de me dérouiller la nuque. Parfait échauffement pour les deux tartes stoner que le Sylak allait nous sortir du four plus tard !
Parce que faire venir les deux entités suivantes relève du bon goût et d’un savoir-faire certain en terme de programmation. Une alliance subtile entre le heavy, le mainstrean, la prise de risque et la qualité. Pas le temps de se reposer que déboulent sur scène les japonais de Church of Misery. Une leçon de « savoir-doomer » qu’ils vont nous balancer les bougres. Et de prouver qu’on peut être gaulé comme des pompes à vélo, jouer de la basse et se gratter les genoux sans se baisser et être sexy en diable. Le potentiel érotique du quatuor est décuplé par un doom aux accents terriblement 70s, une maîtrise parfaite des codes du genre doublé d’un son de porc, d’un chant guttural et profond, mâtiné de Korg analogique et coquin. Le guitariste se fend de solos décontractes et groovy. La basse est énorme et les sourires communicatifs. Les puristes sont ravis et les néophytes aisément conquis par la qualité musicale proposée par l’église du soleil-levant. ½ heure de set et puis s’en va. Autant vous dire que la frustration est à la hauteur du show qu’on vient de se prendre dans les esgourdes. Qu’à cela ne tienne. J’écoute les concerts suivants de loin, assis dans l’herbe, un hot-dog dans une main, une « poney-beer » dans l’autre, me préparant mentalement et physiquement à accueillir les quatre cavaliers de l’Oregon.
Une balance rapide, du poilu souriant, un cauchemar à Bic une lame, Saint-Maurice-de-Portland. Red Fang commence pied au plancher, un gros son heavy dans la face. Le public est déjà chaud bouillant, le set va être abrasif. Piochant dans toutes leurs productions, faisant tout de même la part belle au dernier « Whales and Leeches », le stoner des américains va nous retourner. La force du Fang c’est de mêler du refrain catchy, de la mélodie accrocheuse et toujours un je-ne-sais-quoi de dissonant, d’improbable, dans ses compositions. On voit ainsi un public, poing levé, hurler « turn it up » sur « Blood like cream » puis devenir complètement cinglé sur les parties heavy de « Wires ». C’est beau, ça pogote, ça slame, un gamin nage sur la foule, marteau en mousse à la main, ce qui décoche de larges sourires sur le faciès du chanteur. Les 50 minutes de set sont éreintantes, portées par une interprétation sans faille, et une maîtrise dans les chants et les chœurs quasi-parfaite. Ça n’était pas le point fort du groupe mais là, la gifle est totale. Et de finir sur « Prehistoric Dog » bien sûr. Un Wall of Death se créé de lui-même, le public n’est plus que lave en fusion, c’est violent et magique, ça sent la sueur et la poussière. Red Fang repart, nous laissant pantois et à court de souffle. Monstre concert.
Il est temps pour moi de repartir. Je me dois de remercier le Sylak Open Air Festival pour sa programmation, son organisation, son attention de tous les instants pour le public et son professionnalisme. Ce fut un dimanche avec de belles rencontres, de bonnes découvertes, des sets uppercut, et une ambiance familiale, conviviale, parfois triviale et pleins d’autres mots en « ale ». Bravo.
Cette année, les festivités ont commencé avant notre arrivée sur le site, avec la police locale. En effet, comme présenté par l’orga et annoncé quelques jours plus tôt sur leur site, la maréchaussée était présente tout au long des accès au festival avec chiens et tests anti-drogues. Heureusement pour nous, tout s’est bien passé, mais ce petit retard nous aura forcé à nous farcir les bouchons à l’entrée du camping. Ou était-ce la boue ? Le mauvais temps avait bien détrempé le champ où chacun plantera sa tente et les bénévoles nous donnaient ce jour-là un bon conseil : “plein gaz !” ou “Évitez à tout prix l’artère centrale !”. Le nombre de voitures coincées les agaçait visiblement, mais le sourire était toujours là, tout cela ne faisait que commencer.
Premier constat après avoir retiré nos pass, le concept est toujours le même, mais la petite scène de la tente fait son retour. En effet, cette scène était la seule présente jusqu’en 2010.
Parlons aussi de la fréquentation changeante du festival … Ce weekend a toujours été une sorte d’autre normalité sociale, un rassemblement de gens qui ont évidemment des centres d’intérêts communs ou proches mais qui savent aussi vivre ensemble sans se préoccuper des jugements extérieurs, sur la quantité de joints que tu fumes ou sur la longueur de ta barbe, le nombre de tes tatouages, et j’en passe. Rappelons que le festival n’accueille que 2500 personnes à tout casser; cette unité faisait un bien fou.
Cette année on a pu apercevoir un public un peu plus varié, des jeunes gens très soucieux de leur apparence notamment. Des “hipsters”, pour lâcher le terme une fois pour toute. Pour être honnête, j’ai tout de suite pensé à Graveyard, en tête d’affiche du samedi soir, qui était sûrement la raison de la venue de ces troupes un peu plus mainstream. Mais après tout, n’importe qui est la bienvenue pour écouter de la bonne musique, ce n’est qu’une observation. Le public était déjà très varié au niveau des tranches d’âge par exemple, et il ne fait que grandir et se diversifier un peu plus chaque année.
Jour 1 :
Passons aux concerts, Cheap Thrills a ouvert le bal jeudi après-midi, sous la tente réservée aux deux ou trois premiers groupes de chaque journée. Le all girls band d’Amsterdam a été excellent. Une énergie débordante, des riffs qui font mal et des musiciennes investies à fond dans ce qu’elles font, c’était une entrée en matière sans faute. J’espère qu’elles vont bénéficier de ce passage et qu’on les reverra en tournée.
Gonga étaient assez difficiles à digérer pour une première expérience; des tempos et structures changeantes mais on y a entendu de très bonnes choses.
Vintage Caravan était un groupe attendu. Même si toujours très peu connus, le groupe a comme explosé ces derniers mois, leurs vidéos circulant pas mal sur le net. Avec un deal Nuclear Blast, chose normale me direz-vous. J’ai été un peu déçu au niveau du songwriting et de l’attitude sur scène parfois étrange, mais les mecs sont des musiciens impeccables, surtout vu leur jeune âge. À surveiller de près.
Valient Thorr sont des habitués du fest. Présents depuis ma première visite en 2009, ils ont foulé la scène du festival déjà trois fois, et toujours avec grand succès. Le groupe était cette fois amputé d’un guitariste mais leur rock’n’roll n’en a pas souffert pour un sous, ils mettent le feu et sont le groupe idéal à programmer en début de soirée.
Pour finir cette soirée justement, l’orga a demandé les services de Pentagram, et ça faisait plaisir de les voir enfin ici. Légendes vivantes, le célèbre groupe de Bobby Liebling, resté dans l’ombre du metal underground toutes ces années, a toujours l’envie de prouver qu’ils sont bien d’actualité. Un super show (peut-être pas assez fort, par contre), Robert Griffin de retour à la guitare, et une ovation plus tard, le premier jour est terminé.
Jour 2 :
Le vendredi s’ouvre sur Slow Green Thing et Treedeon qui ont tous les deux bien assuré leurs sets, dans la tente.
Ma première vraie claque du festival viendra juste ensuite, sous un beau soleil se produisaient les écossais The Cosmic Dead. Violent, planant, intense, beaucoup trop court, leur show était une tuerie monumentale. Je ne pensais pas que ce genre de musique psyché voire expérimentale aurait pu avoir un impact pareil en extérieur, en plein jour, sur une grande scène, mais ça l’a bel et bien fait. Un grand moment dont on se souviendra.
2120’s ont enchaîné, et forcément avec du blues sans prétention, on fait toujours bouger les foules d’un festival rock, mais j’étais encore en train de redescendre sur ma planète.
Belzebong a repris les choses en main avec leur doom dans la veine de Sleep. Leur alchimie marche bien mais le résultat était un poil monotone. Le son était par contre monstrueux.
Venaient ensuite les frenchies de Mars Red Sky, et là on peut dire qu’ils ont fait un carton plein. Super prestation, gros son et public très réceptif. Un bon concert dans une bonne ambiance avec probablement de nouveaux fans.
Grosse affluence pour le prochain groupe : Kylesa. Le quintet de Savannah n’est plus à présenter, la scène musicale dont ils sont originaires (parmi des groupes comme Baroness et Black Tusk), ayant fait beaucoup d’adeptes. Le concert était interrompu pour quelques minutes par un couple d’originaux dans leur soixantaine, qui nous ont fait un petit numéro de danse impossible à décrire, c’était simplement très étrange et aura eu le mérite d’avoir déclenché l’hilarité de Laura Pleasants. Ça avait l’air prévu, mais ça en a aussi laissé plus d’un perplexe. Le reste était vraiment très bon, setlist complète couvrant presque tous les albums, et un groupe beaucoup moins brouillon qu’ils m’en avaient donné l’habitude ! C’était tout bon.
Colour Haze clôturait la journée d’une bien belle façon. Un show exemplaire, un public extrêmement réceptif et des interprétations très sensibles de leurs morceaux les plus connus en auront été la recette. Le tout parut court, après une heure et quart entièrement captivante, mais l’organisation n’avait pas l’autorisation de jouer au delà de minuit.
Jour 3 :
Dernier jour ! Avant de partir pour Erfurt, je dois avouer que j’étais un peu perplexe par rapport à la programmation, je pensais que peu de choses créeront la surprise. Il n’y avait aucune tête d’affiche ou groupe important que je n’avais encore jamais vu, alors que ça avait toujours été le cas jusqu’à présent. Après seulement deux jours déjà, mes mauvaises vibrations m’avaient bel et bien quitté et je devait me rendre compte que même si la programmation ne m’avait pas impressionné, ce n’était en aucun cas un signe de mauvaise qualité pour un festival bien organisé à la base. Place à la suite, donc.
Black Mood, Grandfather, Mandala et Miss Lava étaient tous sympa sans être exceptionnels à aucun niveau, mais de bonnes mises en bouche pour cette longue journée, à prendre à la cool en se préparant pour la soirée.
Venaient ensuite Brave Black Sea, qui rameutaient les troupes grâce à la liste de groupes impressionnants de leur CV : Kyuss, Slo Burn, etc, tout y passe. En effet, on reconnaît entre autre Alfredo Hernandez derrière les fûts. Leur musique ne casse pas trois pattes à un canard mais c’était très bien en place et plein de bonnes intentions, en communion avec le public et ils faisaient preuve d’une aisance scénique naturelle. Leurs derniers moments sur scène seront assez mémorables avec une superbe reprise de “July” (Slo Burn) et de “Tangy Zizzle” (Kyuss), le chanteur ayant probablement officié dans un groupe de reprises de Kyuss par le passé, vu sa capacité à sonner comme John Garcia !
À suivre, la révélation non-officielle de l’édition 2013. Le groupe Mother Engine, alors inconnu, s’était produit dans le camping avant le début des concerts, devant un public toujours plus nombreux. Cette année ils étaient programmés le dimanche en début de soirée, un créneau horaire très généreux et important pour ce jeune groupe, mais ils avaient en fait été intervertis avec The Cosmic Dead qui ont dû jouer deux jours plus tôt pour des questions de planning. Tout benef’ pour Mother Engine donc, qui va pouvoir jouer son stoner instrumental devant un gros public et qui l’aura mérité. À noter que cette année aussi, un groupe s’était produit en dehors du festival, au sommet de la colline qui domine le camping, dans une ambiance excellente. Je n’ai pas retenu le nom du duo, malheureusement.
DŸSE était la suite du programme et là encore la pression est bien montée en ce début de soirée. DŸSE c’est du rock frais, puissant, original et un duo excentrique sur scène, qui joue avec le public, à l’aise, bien dans leurs pompes. Chanté en allemand la plupart du temps, ça n’a aucune influence sur le résultat final, au contraire. A voir en live sans hésiter.
Pour la fin de cette édition étaient prévues deux pointures, dans des genres pourtant bien différents. Première pointure, Ufomammut, le groupe de doom italien qu’on ne présente plus. Un set écrasant et absolument terrifiant, avec une foule en pilote automatique. Ils ont pris possession de la scène et ne l’ont pas lachée pendant une heure et quart d’assauts soniques, de feedback, de chants incantatoires et j’en passe. C’était une des meilleures prestations que j’ai vu du groupe.
Graveyard était la deuxième et dernière pointure chargée de clôturer les festivités. Un set carré, des tubes à en pleuvoir, le tout très bien interprété, mais une certaine froideur dans leur show m’ont laissé un peu sur ma faim. C’était bien, mais ça aurait pu être beaucoup mieux.
Pour conclure, je crois que je ne me lasserai jamais d’aller à Erfurt au mois de juillet. Pour peu que les rayons du soleil percent, c’est une ambiance relaxante garantie sur fond de bonne musique, et même la pluie et la boue de cette année ne m’ont pas fait broncher, c’est dire… Donc vous, lecteurs de France et d’ailleurs, quand vous irez préparer votre planning de festivals en début d’année prochaine, gardez cette destination en tête et tentez le coup, même si la distance va en décourager quelques-uns. Mais pas vous, n’est-ce pas ?
Texte et photos : Mathieu Springinsfeld
Il y a des affiches que l’on ne peut pas manquer. Fans de la première heure, inconditionnels de la scène, amateurs avertis, explorateurs de nouvelles contrées sonores, curieux, se sont donc réunis ce vendredi 1 août pour l’énOrme programmation de fin de saison des Stoned Gatherings : Conan, Church of Misery et High on Fire. Histoire de rendre la soirée encore plus mémorable Ben Ward (himself) s’est fait DJ pour clore l’évènement. Quand je vous dis que c’était immanquable.
On parle souvent de groupe qui envoie « du bois » autant vous dire que ce soir c’est par troncs entiers que le Glazart a succombé aux trois protagonistes de la soirée. Le temps était au beau fixe, la température caniculaire dans la salle, entre les barbares anglais, les tueurs japonais et les guerriers américains il n’y eu aucun prisonnier. Par cela j’entends que ce fut un show pour les connaisseurs, si vous espériez avoir un coup de foudre ou apprendre à mieux connaitre, c’était pas la bonne porte.
Reprenons le cours de la soirée, la salle ouvre, Conan finit tout juste les balances. Ça met dans l’ambiance direct et très rapidement le groupe remonte sur scène pour entamer les hostilités. Troisième fois que je vois le groupe en l’espace de deux mois. La première fois ce fut en tant que plat principal, la seconde fois en petit-déjeuner lors d’un festival et maintenant en apéro. Et comme à chaque fois, ça bute. Sauf que ce soir le son est d’une violence totale. Les balances toutes fraiches offrent au groupe une puissance de feu inégalable et c’est d’une précision redoutable mais aussi très fort. La setlist varie très peu par rapport à ce que le groupe a l’habitude de proposer cette année, c’est-à-dire principalement orientée sur le dernier né des anglais. La subtilité de la batterie est toujours un ravissement pour sortir de l’écrasant duo basse-guitare qui encore plus aujourd’hui rase tout sur son passage. D’abord clairsemée l’audience finit par vite gonfler et les coups de haches repétito-hypnotiques de chaque morceau font leur effet. Toute l’efficacité du doom des trois de Liverpool bat son plein, le public s’en prend plein la tête, l’air commence à manquer, une première partie qui laisse tout le monde à terre ça commence fort.
Instant culture : le 1 août est semble t-il la journée mondiale de la bière… on n’avait pas besoin de ça pour justifier un moment de désaltération au risque de tomber sinon. Ce qui finalement fait tomber, c’est qu’il n’y ait plus de bière pression… il doit y avoir d’autres soirées plus appropriées pour ce genre de problème, dommage.
Bref ne nous gâchons pas l’évènement, les japonais de Church of Misery entrent en piste. Nous voilà engagés dans 1h de show massif et jubilatoire. Le son est cette fois plus « modéré », la magie opère donc sans résistance possible. Les morceaux s’enchainent avec une salle de plus en plus incandescente, le groupe est aux anges. Leur doom fait mouche et leur énergie est communicative. La section rythmique emballe l’ensemble d’un son rond, chaud, imbibée de groove des 7O’s, simple et efficace. La guitare peut ainsi s’offrir des instants de solos, gimmicks et autres frivolités qui poussent l’audience a inconsciemment jouer sur son air-guitare. La voix écrase tout de sa désinvolte crasse et ce n’est pas les petits coups de synthé utilisés avec parcimonie qui allégeront le propos. Après tout on parle de tueurs en série là, donc on ne fait pas dans la dentelle vous étiez prévenus. A force d’errer dans la salle, Ben Ward a fini par être invité sur scène (ça aurait été un comble sinon) et c’est pour clore le set des quatre de Tokyo que le géant d’Orange Goblin vient pousser la chansonnette sur une reprise de St Vitus « War is our destiny ». Ils auraient repris « Au clair de la lune », le public aurait de toute façon été ravi, c’est vous dire combien ça suinte la béatitude au Glazart ce soir.
On en a plein les esgourdes et il nous reste à encaisser High On Fire… pas de prisonnier je vous dis, pas de prisonnier, c’est une boucherie. On a vu le groupe se promener durant les premières parties, Matt Pike a maintenant tombé le t-shirt pour se diriger vers les backstages, ça commence à sentir (pas) bon… Faut voir la température qui règne dans la salle aussi… Une petite balance, histoire de recaler l’ensemble, un premier larsen et c’est parti. Enfin premier larsen qui dura du début jusqu’à la fin du show. Pendant une heure ça va vrombir les enfants, mais je ne parle pas du petit ronron gentillet, non je parle d’un grognement pantagruélique permanent, une décharge de saturation grasse, l’audio-définition dans votre audio-dictionnaire de « à rendre sourd ». Matt Pike annonce l’entrée en matière avec « Fury Whip » et déjà un premier doute sur la valeur des balances précédemment faites, on l’entend à peine. Une fois les trois instruments lancés, il n’y a plus de doute… on ne l’entendra presque pas du tout. La basse pulvérise tout, avec un petit coup de main de la batterie. Pour faire simple si vous ne maitrisiez pas les morceaux, vous n’aviez aucune chance de saisir les mélodies de la guitare et du chant, et plus dramatique encore de jouir de la décharge de notes des solos. Le son du groupe pousse à l’extrême la claque des riffs et heureusement que la basse les reprend à l’identique en majeure partie mais quel dommage de ne pas profiter pleinement des soli de dératé et des lignes de chant « Lemmy-like ». On a eu notre leçon de riffs joués par une basse. Les fans sont conquis, les badauds s’en prennent ras la tronche. Le groupe profite à plein de l’énergie dégagée par la fosse et se rafraichit à coup de glaçons sur le visage. L’ambiance est tropicale : chaude, moite, louurrde. Ça headbangue instinctivement à chaque coup de médiator. Une setlist très orientée sur les trois derniers efforts du groupe, c’est quand le tempo est ralenti que ce son permet de vraiment dégager toute sa puissance comme sur « Madness of an Architect ». Le set défile à toute vitesse et c’est déjà l’heure des au-revoir sur fond de « Snake for the Divine », la mélodie plus en avant de ce morceau et le passage pesant permet de récupérer de justesse tous les tympans en sang des curieux. Un show sans concession pour les fans qui connaissent la richesse du groupe et ne pouvait que se réjouir… moi je suis heureux.
Je ne pouvais pas ne pas reprendre cette photo qui accompagnait l’annonce de cette soirée organisée par les Stoned Gatherings, elle résume bien l’ensemble. Encore une fois un grand merci à eux de nous offrir ces opportunités uniques de rassembler toute la famille stoner au sens large devant tous ces groupes.
Mais ce n’était pas fini, on n’allait tout de même pas rater l’occasion de 1) Prendre l’air, de 2) Prendre une bière et de 3) Voir Ben Ward faire son DJ. Et le monsieur s’est fait plaisir, un bon mix de ses références, plus ou moins « classiques », Black Sabbath bien sûr, Metallica, Iron Maiden, Pantera, Down, Kyuss, Clutch, Fu Manchu, etc, etc. Du tout bon dans une super ambiance par un excellent chanteur heureux d’être là vraisemblablement à vivre ce bon moment avec des fans. Tout en simplicité, de la générosité et du partage, c’est ça aussi la scène que nous aimons et que nous défendons.
Ain’t One
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