Categories

Archives

A sample text widget

Etiam pulvinar consectetur dolor sed malesuada. Ut convallis euismod dolor nec pretium. Nunc ut tristique massa.

Nam sodales mi vitae dolor ullamcorper et vulputate enim accumsan. Morbi orci magna, tincidunt vitae molestie nec, molestie at mi. Nulla nulla lorem, suscipit in posuere in, interdum non magna.

HELLFEST 2015 – Jour 2 (Orange Goblin, Brant Bjork, Ahab, ASG, etc…) – 20 juin 2015 (Clisson)

Deuxième jour d’envoi de steak dans la Valley des bûcherons et le ciel est un peu voilé en arrivant ce matin : la journée s’annonce bien pour ceux qui boudent la crème solaire. Les furieux ont l’air un tantinet plus glauques quand nous débarquons dans la place. Il y a du lourd aujourd’hui sur scène et quasiment que des formations qui n’ont pas une actu folle au moment de se produire ; les dernières galettes étant sorties depuis quelques mois au mieux.

Les programmateurs de cette scène, que nous chérissons trois jours durant, ont organisé cette journée comme la veille : du bourrin et du planant du milieu de la matinée aux petites heures du lendemain. Des vétérans ayant traversé les frontières du petit monde du stoner et des groupes à l’audience plus confidentielle se succéderont pour le plus grand bonheur de la joyeuse troupe qui passe son week-end de trois jours à l’ombre de cette structure. Nous croiserons dans la soirée un type qui nous demandera si on vient d’arriver, vu nos bronzages pas au top : non Monsieur, nous vivons cachés dans l’underground !

MACHETE

Difficile d’ouvrir une scène lors du deuxième jour de festival. L’effet sensation passé, l’effet cuite encore présent, les groupes de 10h30 doivent se donner plus que de raison pour espérer capter l’attention du festivalier matinal (sic) et embrumé. Machete y parviendra aisément par la grâce graisseuse d’un hardcore brutal et beuglard. Efficace. De quoi ouvrir esgourdes, intestin et gosier.

ELDER

1 Elder-IMG_8241


La seule frustration du concert de Elder viendra de leur place dans la programmation de la journée. Second du running-order pour  trente minutes de set – trop tôt, trop peu pour le formidable trio américain. Voir les nombreuses personnes se rameuter sous la Valley alors qu’il ne s’agit que des balances vous donne un indice sur la valeur du son proposé. Coupable d’un des meilleurs albums de 2015 avec Lore, Elder va littéralement donner une leçon de savoir-jouer, étalant ses maître-compositions sous une Valley remplie comme jamais pour une matinée. Le groupe jouera la carte de l’assurance en commençant par « Gemini » tiré de Dead Roots Stirring, glissera une nouvelle compo entre « Spirit at Aphelion » et « Compendium » Quatre titres au total pour un show maîtrisé de bout en bout. La section rythmique souriante et cohérente créera l’assise parfaite pour les solos et riffs de Nick di Salvo. Ce dernier n’hésitant pas à rajouter de la dynamique dans le chant, celle-ci faisant un peu défaut sur album. Une démonstration. De technique, de cohérence, d’écriture, la musique d’Elder est un hommage appuyé à ses 70’s références et le public ne s’y trompe pas. Les regards sont impressionnés, les avis positifs et enthousiastes et on n’est pas loin de penser que d’ici deux ans le groupe sera tête d’affiche de cette Valley, disposant du Hellfest, le soumettant par sa technique et sa fraîcheur.

MONARCH!

2 Monarch!-IMG_8407


Après ce set bien gras et dégoulinant à l’américaine, il est l’heure de passer au prochain entremet alors qu’il n’est pas encore treize heure et que nombreux sont ceux qui vont se réfugier à l’ombre. Le public de festival c’est plus ce que c’était… Alors donc, ce nouveau plat du menu du jour de la gargote Valley nous provient en direct du Sud-Ouest. Quiconque suit un peu l’actualité des grandes émissions culinaires qui trustent le prime time de la petite lucarne (quoi ? La télé existe encore…), saura que ce terroir fait dans le costaud et le consistant : ça tombe bien on adôôôre ça ! La présentation est des plus soignée : bougies disposées sur le clavier qui est posté à l’avant de la scène et lights lugubres : ça va donner d’entrée de set. La tête de la basse est frappée contre le sol (pourquoi tant de haine ?) tandis que la vocaliste en cheffe – sapée comme une première communiante – se désaltère sous son clavier-autel avant de vociférer telle une folle et de capter instantanément toute l’attention du public alerte. Pour ce qui est du public moins alerte, celui-ci est carrément K.O. dans les cordes, assis assommé par la chaleur et les coups de boutoirs assénés par cette horde de fous. Quarante minutes de déluge sonore au rythme ralenti s’abattent dans la Valley ; les titres à rallonge sont aussi gras que l’humour des festivaliers et certains mâles poilus se produisant dans les tentes dites extrêmes feraient bien de s’inspirer un peu de la petite française à la blonde chevelure. Des titres comme « Blood Seeress » atteignent un niveau de puissance absolument phénoménale sur scène et les gastronomes – ceux qui ne se réfugient pas dans la valley uniquement pour éviter l’astre solaire – s’en paient une sacrée tranche. Au terme d’une déferlante d’une rare violence, Madame Shrek redevient Princesse Fiona pour remercier le public avec une sincérité touchante. On profite de la pause pour vaquer à d’autres occupations parce qu’il y a d’autres groupes qui jouent en d’autres lieux et que les prochains à égayer ze Valley se produiront une heure plus tard.

THE WOUNDED KINGS

3 The Wounded Kings-IMG_8461


Dire qu’on attend la prestation live des doomeux brittons de The Wounded Kings avec une pointe d’excitation est un lourd euphémisme. D’autant plus qu’on ne sait jamais vraiment qui seront les partenaires du guitariste Steve Mills sur les planches. On savait que la charmante Sharie Neyland avait quitté le groupe l’an dernier (snif) et que George Birch, le chanteur originel, avait dépanné le groupe suite à son départ soudain. On constate que le frontman au cheveu ras est toujours de la partie, officiant désormais aussi en second guitariste (ça fait des économies de personnel !). Un semblant de “vrai” groupe, enfin ? Quoi qu’il en soit, le groupe entame son set dans une Valley remplie (mais pas trop dense) d’un public curieux, mais qui peine un peu à rentrer dans le concert. Il faut dire que le groupe met une bonne dizaine de minutes à se roder, peu expressif, un peu crispé… A moins que nous en attendions trop ? Mais en se rapprochant du milieu de set, la sauce prend enfin, et l’alchimie commence à opérer. Les tempo lents à mourir associés à la torpeur ambiante (le climat de début d’après-midi est déjà lourd) appesantissent l’ambiance, et bien accompagnés d’un light show encore une fois excellent, ils finissent d’embarquer un public petit à petit conquis. La voix atypique (pour ce genre musical) de Birch joue à plein la carte du chant hanté, jouant de son tremolo pour mieux encore appuyer ses effets. Non dénué de charisme, il tient bien la baraque, même si ses collègues instrumentistes sont loin de démériter, qu’il s’agisse d’Alex Kearney, souriant et vif à la basse, ou encore l’impérial Mills, bien sûr, impeccable autant dans sa production de riffs que dans ses soli, avec de redoutables séquences en harmonie avec Birch. Au final, les rois blessés nous auront proposé un excellent set, d’un doom traditionnel baigné de fulgurances instru psyche du meilleur tonneau.

ASG

4 ASG-IMG_8609


Bing ! Après les rois, place au quatuor de Caroline du Nord qui n’a pas son pareil pour foutre un beau bordel. Il faut dire que le sympathique groupe a acquis, au fil des années, une solide troupe de suiveurs bien au-delà de la scène purement stoner un peu comme d’autres formations dont Red Fang, qui se produiront le lendemain sur l’une des deux grosses structures du festival. Casquette de trucker vissée sur la tête, Jason Shi donne le coup d’envoi du show sur « Mourning On The Earth » balancée avec brio. Brio sera d’ailleurs le maître mot d’une prestation rondement menée par des musiciens (et poètes) aguerris. Le temps accordé à ASG pour s’exprimer est concis, le groupe envoie donc une anthologie de sa discographie en extrayant de son– trop – modeste répertoire les perles que sont « Right Death Before », « Blood Drive » ou « Low End Insight ». Aussi à l’aise dans les plans rapides que dans les ambiances plus ralenties, les Etasuniens foutent la patate aux nombreux spectateurs entassés sous la tente (et pas que pour y trouver de l’ombre) alors que la concurrence est rude question rock’n’roll à l’heure du goûter. « Day’s Work » restera un énorme moment de ce show, d’une rare intensité. A l’heure à laquelle les amplis se sont tus, la communauté de la Valley sourit béatement enchantée qu’elle est de ce concert d’excellente facture.

AHAB

5 Ahab-IMG_8794


Par l’on-ne-sait quel phénomène (tout à fait louable) on note avec surprise la présence assez haut sur l’affiche du quatuor doomeux teuton Ahab. Le combo de Daniel Droste et Christian Hector compte bien en profiter pour marquer les esprits. Sauf que…oui mais. On attendait beaucoup de ce set, n’ayant jamais eu l’occasion de voir les allemands jouer live. Mais cette rasade de doom léthargique calée entre l’énergie U.S. de ASG et le stoner groovy de Brant Bjork est dure à machouiller. Il faut dire aussi que scéniquement, les gars aiment se regarder jouer et faire la gueule (des allemands, quoi…), et ce n’est pas le charisme de prof d’histoire-géo de Droste qui va changer la donne (désolés, amis enseignants !). Musicalement, le trip Moby Dick n’est pas trop invasif (si ce n’est les bruits de vagues et les cris de mouettes un peu abscons entre les morceaux), et heureusement, les gars jouent impeccablement. Et c’est là que ces petits malins emportent finalement le pompon : derrière une scénographie à l’austérité toute Est-allemande dans son enthousiasme débridé, ils bénéficient d’un son brutal, et les séquences de pure agression doom qui alternent avec les plages plus planantes sont bien percutantes. Le chant subtilement guttural de Droste, en directe provenance d’outre tombe, vient compléter des passages où la dualité des guitares apporte des nuances intéressantes. On attendait de ce set une énorme claque ; musicalement, on n’a pas été très loin, mais on aurait sans doute aimé voir le combo allemand plus enthousiaste, mettre plus de cœur à l’ouvrage, même si l’exécution fut parfaite. Efficace toutefois… oui mais.

BRANT BJORK

6 Brant Bjork-IMG_9122


Sans dec’. Y a t’il quelqu’un de plus cool que Mr Cool lui-même ? Autant le sieur nous avait bien scotché moins d’un an auparavant au Up in Smoke, au cours d’un show enlevé et frontal, autant aujourd’hui le Brant va se la jouer posay et chamanique. Mr a mis sa gratte sur « Smooth », catégorie grain tranquilou et va dérouler un set tout en vibes « Jalamantanesques ». Le groupe ouvre d’ailleurs le concert par la doublette « Lazy Bones / Automatic Fantastic », histoire d’annoncer la couleur. Le Low desert punk band envoie un groove chaleureux et limpide qui sent la cohésion et le bonheur de jouer ensemble. Le virus est contagieux. Il suffit d’une petite rotation est/ouest de la tête pour constater un immense sourire collectif. Les titres s’enchaînent de « Buddha Time » à « Boogie Woogie on your Brain » sans qu’une vague de saturation emporte la Valley. Non. Tranquilou on vous dit. L’ancien batteur de Kyuss maîtrise son sujet et dirige le concert comme un chamane guiderait une séance de prise d’Ayahusca. Bienveillant, toujours quelques petits mots bien placés et surtout, le dude croit en sa musique. Voyez ce final sur « Freaks of Nature » faire chavirer le public en une masse de groove poilu et d’amour. Putain de hippies ! Le concert du Bjork Brant ajoutera un peu plus de chaleur à cette journée déjà bien chargée, nous laissant plus serein et apaisé que jamais prêt à en découdre avec le reste du festival.

ORANGE GOBLIN

7 Orange Goblin-IMG_9345


Après plusieurs passages sous la Valley ces dernières années, il apparaissait plus que légitime de voir le quatuor anglais parvenir à la tête d’affiche. Un honneur mérité pour un groupe qui ces dernières années n’a pas ménagé ses efforts. Grisé par cette perspective, on imaginait bien le groupe tendu, crispé par la pression. Ce fut tout le contraire ! Et il n’a pas fallu longtemps pour le constater. Voir le père Ben Ward et ses collègues débouler sur scène (après avoir passé la journée à regarder les autres groupes depuis le bord de la scène) avec le sourire jusqu’aux oreilles aurait dû nous mettre la puce à l’oreille… Ils rentrent dans le lard direct avec un “Scorpionica” toujours efficace, qui prend très vite une tournure électrique. Mais dès le pourtant moyen (sur album) “Devil’s Whip”, c’est le public qui devient électrique. Et à partir de là, c’est l’escalade : le groupe s’éclate de plus en plus, gagnant en confiance et en puissance, et le public prend son pied. Deux mondes qui communiquent : sur scène, papa Ward arpente la scène dans tous les sens, s’adresse au public en beuglant, Joe Hoare n’a jamais été aussi souriant et frondeur, Millard est toujours noyé sous cette masse de cheveux blonds, tournoyants non stop, et Chris Turner, dont le set de batterie pas trop loin de la scène le rend enfin visible, participe au show sans réserve. De l’autre côté des barrières, le public, sans trop que l’on comprenne exactement quelle en est la cause (mais on s’en fout), est incandescent, déchaîné : ça slamme, ça gueule, ça chante le poing levé… et le premier rang a la banane, lui aussi. Niveau set list, les gaillards se font plaisir, avec notamment une version de “Saruman’s Wish” qui ne fait même pas redescendre l’ambiance, et quelques petites friandises tel le punkisant “Your World Will Hate This” (issu du sous-estimé Coup de Grâce) ou le vieux “Blue Snow” (Time Traveling Blues). La fin, bien que très traditionnelle (“Quincy The Pigboy” et “Red Tide Rising”… surprise !) ne fait que sonner le glas fatidique d’un set qui aura laissé des traces, sur les corps et dans les têtes. Avouons-le, on a beau adorer Orange Goblin, on ne les pensait pas capables de décrocher ainsi la timbale. Grand.

TRIGGERFINGER

Le trio de dandys belges aura été selon certains l’une des sensations de cette édition du Hellfest. Il est, à notre sens, assez éloigné du style auquel nous consacrons ses pages. Leur rock’n’roll est certes efficace, mais pas franchement stoner avec ses plans popisants. Nous levons donc le camp afin d’aller poursuivre nos pérégrinations amorcées dans d’autres lieux après y avoir pris goût lors du bain de jouvence offert par Faith No More. Ah ouais, après la bande de Mike Patton, nous étions idéalement placés pour admirer le feu d’artifice concocté pour ce dixième anniversaire. La bande originale a d’ailleurs fortement contribué à notre régression. Il se murmure que Desert-Rock était ensuite présent lors des performances d’Obituary et de Venom (c’est bon là ? vous nous croyez quand on vous explique qu’on est retombé en enfance ?).

Nous allons ensuite glander ou nous trémousser (c’est selon) en attendant que tout le monde s’en soit pris suffisamment plein la gueule (et il y avait matière) pour lever le camp. Le temps de monter les désormais traditionnels aperçus visuels de nos tribulations (que vous trouverez en bas de page), de faire chauffer les accus, d’échanger un peu à propos de nos impressions sur des sujets forts vitaux et d’étancher notre soif, nous nous écroulons afin de profiter de quelques heures de sommeil vu la journée de bourrins qui se profile quelques heures plus tard…

Cliquez ici pour voir les photos live de la journée !

 

 

[A SUIVRE…]

 

Chris, Flaux, Laurent

HELLFEST 2015 – Jour 1 (Mastodon, High On Fire, Orchid, Truckfighters, etc…) – 19 juin 2015 (Clisson)

C’est carrément au nombre de trois que nous nous sommes pointés à Clisson pour le grand raout de l’enfer qui trouble chaque année la paisible existence des culs-bénits de Loire-Atlantique et des environs. Pour son dixième anniversaire, le festival avait fait très fort question logistique et aménagements afin de proposer à ses festivaliers hauts en couleur une expérience encore plus intense (le festoche serait-il en passe de réaliser le doublé des awards européens ?).

En ce qui concerne la fameuse tente The Valley où la majorité des actes stoner se déroulent, point de grande évolution lorsque nous la comparons aux scènes voisines The Altar et The Temple qui ont gagné en volume (mais putain ces scènes super larges ça fait vraiment bizarre). Par contre, The Valley a régulièrement flirté avec sa capacité maximale durant ces trois jours idylliques que vous découvrirez, si vous n’y étiez pas (et ça c’est pas drôle), dans les lignes ci-dessous :

GLOWSUN

1 Glowsun-IMG_7000


Le premier concert des trois jours du Hellfest est toujours l’objet d’une foule d’incertitudes : va-t-on pouvoir accéder au site et passer la sécurité assez tôt pour les voir ? Le groupe porte la responsabilité de donner le ton du week-end : sera-t-il à la hauteur ? Le son et la technique seront-ils au rendez-vous dès le premier groupe ? Pour la première fois depuis plusieurs années, on peut répondre positivement à toutes ces questions. En effet, le public massé sous la Valley avant même les premières notes du trio nordiste, et les échos captés ici ou là après le concert, nous laissent penser que pour une fois l’accès au site du Hellfest permettait à tout un chacun (qui s’y prenait raisonnablement tôt) d’assister aux premiers concerts. L’opportunité pour Glowsun de disposer d’une tente presque pleine, d’un public intéressé. La bande son du classique “Death’s Face” retentit pile à l’heure pour donner le départ d’une (trop) petite demi-heure de set, et d’un week-end exaltant sous la Valley ! Grosse pression donc, mais gérée de main de maître par les robustes lillois, désormais musiciens aguerris, qui maîtrisent leur prestation : aucun faux-pas instrumental, on sent Johan et ses collègues se donner sans réserve. Trente minutes, c’est peu pour découvrir l’univers musical complexe du groupe, et le choix d’une set list efficace n’est pas évident : quatre titres seulement seront donc proposés, deux anciens (des classiques, issus de Eternal Season) et deux nouveaux, “Behind The Moon” le premier “single” extrait de l’album, et le véloce “Arrow Of Time” pour conclure de fort belle manière un set sans temps mort. Le public ondule sur les séquences les plus atmosphériques et headbangue sur les passages les plus féroces, même s’il n’est pas aussi déjanté qu’on aurait pu l’imaginer (premier concert de trente minutes à 10h du mat, il ne faut pas rêver non plus !). Impeccable de bout en bout, le challenge est relevé.

THE MIDNIGHT GHOST TRAIN

2 The Midnight Ghost Train-IMG_7075


L’effet buzz tourne à plein régime apparemment : voir The Midnight Ghost Train, tornade dévastatrice bien (re)connue de centaines de concerts en club, accéder à un public de plusieurs milliers de personnes, qui ont pour la plupart uniquement entendu parler de ses prestations hautes en couleur, ça fait chaud au cœur. Trente minutes pour conquérir ce public de curieux représente un challenge que nos trois furieux rednecks se sentent prêts à affronter – et il ne leur faut pas plus de trente secondes pour nous en convaincre, dès l’intro “Along The Chasm” où le furieux binôme de cordistes se déchaîne et propose déjà la première d’une longue série de leur traditionnelle routine de cette sorte de headbanging en quinconce face à face qui leur est bien propre. Les gouttes de sueur commencent à perler en masse tandis qu’ils enchaînent le dévastateur trio qui introduit aussi leur dernier album. Associé à “No. 227”, cette séquence vise à casser les tibias d’un public qui n’en demandait pas tant, et y parvient pour l’essentiel. Démonstration étant faite, “Straight To The North” permet de montrer la face plus groovy du trio. Au final le groupe n’aura joué que des titres de son dernier album, un choix fort judicieux finalement, avec le pied sur l’accélérateur (chaque titre paraît joué avec plus de pêche encore que sur l’album !). Sur scène, le groupe donne ses tripes exactement comme on l’attendait. Dans le public, ça fonctionne aussi, mais encore une fois, l’inertie des grosses foules, le phénomène “matinée”, et un son de gratte en façade franchement famélique (donnez-moi plus de gras, diantre !) ne permettent pas de déguster le set comme on aurait pu l’espérer. Il n’empêche que le groupe a ravi plusieurs milliers de personnes, comme le mentionne Steve Moss sur la fin du set : “If you’ve never seen us before, now you know what the fuckin’ deal is”. L’essentiel est fait.

SAMSARA BLUES EXPERIMENT

3 Samsara Blues Experiment-IMG_7334


Après le rock barbecue des ricains, le running order nous conviait à un plat plus digeste et aéré en provenance d’Allemagne. Samsara Blues Experiment investissait la scène, cheveux soyeux et moustache fluette, à grande dose de delay et de longues plages psychédéliques. Il nous tardait de tester la formule trio dispensée depuis 1 ou 2 ans tout de même afin d’en goûter la force ou d’en déceler les faiblesses. Pas de surprise, la recette est depuis longtemps éprouvée et efficace. De Causa Sui à Colour Haze en passant par certaines galettes de Acid Mother Temple, les passages saturés puisant leur force dans les longues expérimentations claires et groovisantes restent le fruit de Samsara. Le set tournera un peu en rond cependant sur ces plages d’impro, la voix aurait mérité un peu plus de puissance aux entournures et l’on n’aurait pas craché sur un peu plus de communication entre le groupe et l’auditoire acquis à sa cause. Reste un set frais et cohérent qui aura eu le mérite de rafraîchir les esprits et les corps en cette journée grasse de programmation. Une pointe d’amertume cependant tant ce Blues Experiment pourrait aller plus loin mais en quarante minutes on ne va pas leur demander l’absolu.

TRUCKFIGHTERS

4 Truckfighters-IMG_7422


Les trois suédois connaissent déjà la Valley pour y avoir joué il y a deux ans, en ouverture de journée. Logiquement, ils gagnent trois petites places dans l’ordre d’apparition du jour et viennent donc dans l’objectif de fuzzer quelques culs à l’heure de la digestion. Bon présage, “Desert Cruiser” est à nouveau utilisé en intro, avec son riff qui fait mouche à chaque fois. Dotés d’une grosse paire de cojones, ils enquillent directement vers le roboratif “Mastodont”, dont la bonne douzaine de minutes propose quelques moments de grâce, mais aussi des plages plus atmosphériques qui coupent un peu la dynamique du set. Il en va de même sur “The Chairman” (même cause). Heureusement la sauce reprend lorsque le groupe choisit “Mind Control” pour la suite, un des titres les plus directs du dernier album (notons que deux tiers de la set list est composée de titres issus de leur dernière galette, Universe). Côté public, comme dans la vraie vie, il y a deux profils : ceux qui s’éclatent, dégustent le fuzz jusqu’à la dernière goutte, slamment et headbanguent sans réserve. Et les plus dubitatifs, qui ont beau reconnaître la qualité d’une bonne part du catalogue du combo, se lasse de voir son pois sauteur mexicain (A.K.A. Dango, le guitariste) faire des sauts de cabri à la moindre occasion, de manière irrationnelle, et ce quelle que soit la dynamique ou le rythme de la chanson jouée. Ce comportement scénique “extrême” étonne et détonnera toujours un peu, il est vrai. Il n’empêche que l’on ne pourra jamais reprocher au groupe de se la jouer facile et de se regarder le bout des chaussures pendant trois quart d’heures (suivez mon regard un cran plus haut sur l’affiche). Et puis en terminant par le vieux méconnu “Gweedo-Weedo”, le combo scandinave est assez courageux pour ajouter une surprise et une vraie prise de risque dans une set list de quarante minutes comprenant seulement cinq chansons. Cojones, on vous dit !

ORCHID

5 Orchid-IMG_7491


Après le groupe dans le trend du moment, nous retrouvons une valeur sûre de la scène hard rock seventies dans le sillage du Black Sabbath originel. Nous les avions déjà admiré au Freak Valley et nous attendons donc à un set de qualité équivalente, même si les Californiens ne headlinent pas sur ce coup là. Pensez donc, il est à peine l’heure officielle du thé lorsque le quatuor envoie son premier titre à nouveau issu du EP Sign Of The Witch, qui commence sérieusement à se faire attendre. Tout comme deux semaines auparavant, Orchid aligne plusieurs titres de cette pièce à venir (et tout pareillement qu’à cette occasion, le chanteur potasse son énorme recueil de paroles entre les titres afin de ne pas se gourer). Le concert est court : moins de trois quart d’heure et il n’est pas question ici de badiner. La formation enchaîne donc les morceaux sans interagir plus que nécessaire avec le public ; ça tombe bien, ce n’est pas vraiment leur point fort. La Valley remue timidement sa nuque alors que quelques pièces notoires du répertoire des Ricains sont alignées en cette fin d’après-midi. Naturellement, les nostalgiques des années septante sont aux anges lorsque « The Mouths Of Madness » ou « Eyes Behind The Wall » sont jouées. Le t-shirt Nazareth (il faut oser nous vous l’accordons), le gilet à franges (il faut là aussi être carrément cascadeur) ainsi que le tambourin (nous notons encore l’audace de certains) agité durant certains soli apportent un rendu vintage à ce show bref et très efficace balancé devant un backdrop sobre frappé des armoiries de ces gars. Une nouvelle réussite à mettre à l’actif d’une formation inspirée par un style d’un autre temps qui poursuit efficacement son malhomme de chemin sans coller aux tendances de la mode, mais en devenant – au fil du temps – une référence d’un genre déserté par ses vieilles gloires. Vivement la prochaine occasion qui nous sera donnée de voir Orchid si possible en salle ou alors plus haut sur l’affiche afin de se taper un peu plus de leurs fabuleux titres. On remballe fissa sur la scène afin de se préparer à un ouragan de riffs.

HIGH ON FIRE

6 High On Fire-IMG_7613


Avec un temps de jeu raisonnable (presque une heure) et un créneau horaire sympa (fin d’aprem, avant l’apéro, en gros !), le trio de bourrins U.S. High On Fire a toutes les cartouches en poche pour bien démonter une Valley qui n’attend que ça, le sourire aux lèvres. La démonstration tourne vite au carnage d’ailleurs, tandis que le set commence par le gros “The Black Plot”, qui introduit le nouvel album du groupe, le tout chaud Luminiferous (à sortir quelques jours après cette prestation, mais qu’une part du public connaît apparemment déjà). Double crosse-caisse, grosse basse nerveuse, riffs de guitare bien gras occasionnellement remplacés par une poignée de soli impeccables, le tout enjolivé (!!) de la plus belle voix goudronneuse de monsieur Piquet : l’équation est pourtant simple (et HOF n’a jamais prétendu à une originalité débordante) mais l’efficacité de la machine qui laboure les boîtes crâniennes de la Valley sous nos yeux est redoutable. Le public ne s’y trompe pas, jamais aujourd’hui le pit n’a été aussi chaud et les slammeurs aussi nombreux. La programmation sur ce créneau précis aura quand même un peu desservi le trio nord-californien, en faisant jouer en même temps d’autres gros bourrins (Sodom et Dying Fetus), mais la Valley est plutôt bien remplie, et les présents se satisfont d’une set-list se rapprochant assez d’un best-of. On y retrouvera des titres de toute la discographie du groupe (allez, pour les puristes, on précisera que “Surrounded By Thieves a été mis de côté), que du bon : “Cometh Down Hessian”, “Rumors of War”, “Fertile Green”, ou encore le terrible “Slave The Hive” que l’on connaît depuis quelques mois en exclu issu du premier album. Bon, après la première demi-douzaine de barres à mines dans la nuque, on aimerait quand même entendre un peu de variété (le lourdinque “10,000 years” apparaît presque délicat dans ce contexte…). Mais on n’a finalement pas le temps de se lasser et on prend notre claque comme tout le monde. Papa Pike a la pêche, même si le gars est bouffi de partout (on ne parle pas que de son spectaculaire beer belly…) : ça n’a jamais été une bête de scène, mais le bonhomme n’est pas non plus apathique, et délivre ses offrandes sans déplaisir, apparemment. Avec une mise en son d’excellente facture, il aurait été difficile de faire plus dévastateur. Contrat rempli.

ENVY

Alors, certes, nous sommes chez desert-rock, mais on va quand même écrire quelques phrases sur Envy. Parce que les japonais étaient déjà venus pour le Furyfest et qu’ils ont, une fois de plus, envoyé leur gros post-rock/screamo nippon dans les esgourdes du public. Et même si la formation dépareillait dans la prog, force est de constater qu’ils ont fait le taf et de fort belle manière.

MASTODON

7 Mastodon-IMG_8150


Après avoir foulé les grosses structures du Hellfest, Mastodon revient dans un cadre nettement plus adapté à son art (et c’est tant mieux pour nos gueules), en tant que headliner de la Valley. Ceci à l’occasion d’une tournée européenne très axée gros festivals, mais qui les vit aussi s’agiter sur des scènes à taille nettement plus humaines. Un de nos rédacteurs aura eu la chance de les voir à deux reprises durant cette semaine puisque la tournée s’est arrêtée un soir à l’Usine de Genève pour un concert au setlist très proche dans une salle ayant une capacité inférieure à mille spectateurs. Bref, l’orga propose une grosse pointure rompue à toutes les configurations scéniques envisageables qui va nous gaver de son style véloce et hyper technique. Bien qu’assez éloigné du stoner pur beurre, Mastodon a commis jadis quelques pièces fort prisées par la communauté. Nous nous permettons donc de nous arrêter quelques instants sur ce show qui débuta de manière pas étonnante sur « Tread Lightly» qui fait office d’ouverture sur ce tour. Comme quelques jours auparavant, on est frappé par la clarté du mix ; ces types-là ont de la bouteille et ça s’entend. On remarque aussi qu’un membre du crew passe le concert à réaccorder les instruments sans interruption puisque les grattes changent à chaque morceau côté jardin (et moins fréquemment côté cour). Proposant un énorme bordel (très) organisé qui voit les protagonistes s’échanger régulièrement le lead et déverser chacun un nombre de notes à la minute impressionnant, ce n’était pas gagné d’avance d’avoir un rendu permettant de discerner les différentes interventions sous une tente à l’occasion d’un festoche dont ils ne squattaient pas l’une des principales scènes. Toujours aussi classe en ce qui concerne l’entretien capillaire et le style vestimentaire, le quatuor a envoyé la sauce de manière fort qualitative durant l’heure qui leur était allouée ; c’est peu ! Ca a permis de se cogner une grosse part de Once More ’Round the Sun, agrémenté d’un soupçon de titres plus anciens, mais malheureusement – et c’est ainsi depuis quelques années déjà – beaucoup trop peu d’extraits tirés des trois premiers chefs-d’œuvre qu’ils ont sortis en début de carrière. Nous n’allons pas bouder notre plaisir : « The Motherload » avec ses différents vocalistes a été un très bon moment quand-même. « Black Tongue» de The Hunter a poutré en diable et on s’est un peu rabiboché avec le groupe en entendant « Megalodon » survivant d’une autre époque. C’était très bien, mais beaucoup trop court à notre sens. La structure se vide sitôt la fin du set afin que les quidams rejoignent d’autres scènes à la programmation alléchante (et peu stoner), le dernier acte de la journée (peu stoner) se déroulant plus d’une heure après.

WOVENHEAD

Retour dans la Valley (lalilala…) pour la formation étasunienne qui était la dernière à s’y produire en cette première journée. Actifs dans un registre très éloigné de celui que nous chérissons dans ces pages, nous n’allons point nous étaler sur la performance suivant la grosse baffe envoyée par leurs compatriotes précédents. C’est dans une Valley (de la mort) que quelques bipèdes ont tangué une heure durant au son (clair) de leur rock underground apaisé empreint de sonorités country (tout un programme que nous laissons à d’autres).

Le temps d’aller considérer aussi la programmation proposée en d’autres lieux (le temps n’est pas resté sans effet sur Judas Priest…), de se retrouver au milieu de la foule (qui nous emporte) et de taper la causette avec deux/trois quidams connus de nos services, le temps est venu de reprendre la route afin d’aller monter le résumé visuel du premier jour (cf. ci-dessous), de faire charger les batteries des appareils et des types qui se sont levés à l’aube (aussi un peu car nous ne sommes plus tout jeunes et qu’il nous faudra des forces pour affronter la suite de cette aventure pleine de promesses ).

[A SUIVRE…]

 

Chris, Flaux, Laurent

FREAK VALLEY – Jour 3 (Earthless, Eyehategod, Egypt,…) – 6 juin 2015 (Netphen, Allemagne)

Après une courte nuit de sommeil (ben quoi, vous croyez que ça se monte en un claquement de doigt les petits résumés visuels amateurs que nous vous livrons en plein festoche comme celui de cette troisième journée que vous pourrez revoir en bas de cette chronique ?) de laquelle nous avons eu de la peine à émerger, nous reprenons les mêmes types et les mêmes accessoires pour rallier le même lieu où tout se passe. Nous arrivons à l’heure convenue au Freak Valley après avoir discuté avec un sympathique trio grec qui matait la vidéo que nous avions réalisée le premier jour.

TOMBSTONES

1 Tombstones-IMG_5219


Nous traversons à nouveau le périmètre du festival (ce qui équivaut à se rendre d’une Main Stage à l’autre au Hellfest) pour aller nous foutre au soleil devant la petite scène vu que toutes les places à l’ombre sont déjà squattées (on en connaît certaines qui auraient mieux fait de s’y rendre depuis le premier jour, mais nous disons ça, nous ne disons rien…). En guise de petit-déj’ (et oui l’horloge du clocher de l’église n’a pas encore sonné les douze coups de midi), c’est les vikings de Tombstones qui balancent du bourrin de grande classe tandis que parmi le public ça déjeune sportivement à la cervoise et que les plus babas désertent rapidement l’endroit pour aller chiller sur les nombreux sièges à dispo encore humides du déluge de la nuit précédente (la pluie a eu le bon goût de n’apparaître que pendant la nuit).

Le trio dispense son doom tendance sludge lent et très lourd avec une certaine pugnacité sur une scène au décorum personnalisé (mais pas franchement mis en avant) : drapeaux frappés du sigle de la bande et mannequins de pestiférés sur les bords. La Ricken vrombit et l’assistance est très réceptive au style qui incite à pratiquer des vas et viens ralentis de la nuque. En prenant un peu de distance, cette petite foule ressemble à une communion d’adeptes des free party au petit matin (mais ce n’est pas désagréable). Tombstones termine son set avec deux nouveaux titres à paraître sur la plaque à venir dont nous nous réjouissons et nous filons direct au merch procéder à l’acquisition de leurs œuvres (en gros nous avons beaucoup aimé si vous n’aviez pas suivi).

VALLEY OF THE SUN

2 Valley Of The Sun-IMG_5278


Le trio U.S. récemment signé sur le label de Truckfighters a pas mal sillonné l’Europe suite à ce coup de boost à leur carrière, et pourtant vos serviteurs n’avaient pas encore eu l’occasion de les voir sur scène. C’est avec une certaine excitation que nous nous apprêtons à voir corrigé ce constat, tandis que les deux américains et le français (c’est Arnaud de Dot Legacy, grand activiste du stoner, qui tient la basse !) montent sur la petite scène au fond du site. Très vite – c’est-à-dire en gros dès le déluge de bûches délivrées par le duo “Hearts Aflame” / “Deep Light Burns” en intro – cette petite structure parallélépipédique noire posée dans l’herbe donne l’impression d’être un peu sous-dimensionnée pour accueillir l’énergie déployée ! Tandis que Ryan à la gratte est tout en puissance contenue, Aaron derrière son kit de batterie est complètement habité, jouant debout, grimaçant et frappant ses fûts comme un goret. Et que dire d’Arnaud, déchaîné, qui court et bondit dans tous les sens… L’école Truckfighters ? A noter que le groupe jouait en République Tchèque la veille et a passé la nuit sur la route : une heure et demi de sommeil en moyenne pour tous les membres du groupe au moment où ils foulent les planches sous nos yeux… le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne se voit pas ! Le groupe est là pour défendre son dernier bébé, “Electric Talons of the Thunderhawk”, dans lequel il piochera une bonne moitié de sa set list, dont le nerveux “Gunslinger” ou encore un “Sleeping Sand” quelque peu frustrant… puisque le courant alimentant l’ampli de Ryan se coupe brutalement… Surchauffe ? Après quelques minutes de manip un peu frustrantes, le groupe enchaîne directement sur le titre suivant (que votre serviteur n’a pas reconnu – un inédit ?). Sur la fin, Arnaud, intenable, tente d’escalader une colonne d’ampli qui manque de lui tomber sur le râble ! Ayant joué son set le pied sur le champignon, le groupe se retrouve avec un peu de temps, mais alors qu’ils lancent un dernier titre, l’ampli saute à nouveau, signe qu’il est temps d’aller boire une bière pour Ryan, qui est à bout de fatigue et de patience. Bière méritée !

DEAD MAN

3 Dead Man-IMG_5428


Le rock psychédélique des Suédois sera le premier à être déversé ce jour-là sur la grande structure. Nous nous cassons un peu les bonbons (nous écrivons ça parce que nous sommes des types plutôt bien éduqués) très rapidement durant la prestation du trio qui nous rappelle un peu ce que donnerait une prestation de fin d’année dispensée par des profs de musique. Techniquement c’est très bien interprété, mais ça manque cruellement de couilles ! Une partie de la populace adhère. Il faut bien avouer que c’est un peu dans le trip de l’événement même si ce n’est pas le style qui nous séduit le plus. Ca tombe bien c’est l’heure d’aller bouffer et de dépenser quelques jetons en plastique servant de monnaie locale au Freak Valley (et déformant les larfeuilles).

EGYPT

4 Egypt-IMG_5544


A l’image de Valley Of The Sun, nous n’avions pas encore eu l’occasion de voir opérer les rednecks du gras de Egypt sur scène, un terrain de jeu qu’ils affectionnent, si l’on en croît leur réputation. On est un peu inquiet quand même en voyant arriver Robert le camionneur (OK, Aaron, en fait) à la basse et derrière le micro… Le replet quatre-cordiste s’avère finalement être un véritable expert en boucherie (des lignes de basse maousses et gracieuses à la fois, un chant chaud et gras à souhait) et en charcuterie fine (le bassiste se révèle un habile musicien, doublé d’une belle mécanique à groove). Talent musical qu’il partage avec ses collègues (faut voir ces passages guitare / basse en harmonie, du plus bel effet ma belle dame !). Ce qui fait la force de ce combo sur disque nous saute au visage durant ce set excellent de bout en bout : Egypt propose une sorte de gentil sludge typiquement américain, teinté de passages doom de très bon ton, mais chargeant le tout d’une dose de groove qui fait toute la différence. Forcément, le power trio met en avant son unique album dans la set list, même s’il nous semble capter un ou deux inédits dans un set qui ne manque pas de relief (et ce malgré un soleil éreintant). La bière coule à flot pour s’hydrater (question de survie en cas de canicule !) et les cous ondulent lourdement pendant trois quarts d’heure qui passent trop vite.

TUBER

5 Tuber-IMG_5643


Après cette incursion au pays des pharaons, le moment est venu de faire plus amples connaissances avec les Hellènes de Tuber qui nous ont été chaudement recommandés par leurs compatriotes croisés plus tôt (se référer à l’anecdote plus haut pour ceux qui lisent en travers et vont se faire tirer les oreilles) ainsi que par les sympathiques membres de Monkey 3. Il faut dire que le style déployé par le quatuor grec n’est pas sans rappeler celui des (pas si) p’tits (que ça) Suisses. Il ne s’agit pas non plus d’une copie conforme et, en live, la puissance est plus retenue ; au final nous sommes dans l’instrumental quelque part entre les singes suisses et Glowsun (les chants en moins).

Plusieurs titres de leur dernière production « Desert Overcrowded » ont été interprétés durant le set du quatuor dont « Firebird », le morceau éponyme ainsi que « The South Will Prevail » nettement plus apaisé par moment que le reste du set. Plutôt visuels, ces Européens du sud ont bien assuré en cette fin d’après-midi à l’heure du ouzo. Véritables stars du genre dans leur pays, Tuber touche plutôt bien leur bille sur scène et contribuent au renouveau de leur scène nationale des plus actives de nos jours. Ce concert a par ailleurs été une excellente liaison dans le running order du jour.

KAMCHATKA

6 Kamchatka-IMG_5799


On avait pris une jolie claque au Desertfest Berlin devant ce trio atypique, dont le talent nous semblait mériter une bien plus grande exposition que la notoriété actuelle du combo. Pas de suspense inutile : le constat reste le même ! Les suédois enjoués proposent toujours un mix original et réussi de rock / hard rock, stoner, blues, avec même quelques plans limite prog, et ce faisant se positionnent dans une “niche” musicale inédite, sans compétiteur. La journée nous aura fait apprécier plusieurs trios de grande qualité, et Kamchatka n’y fait pas exception. Les musiciens, comme souvent dans ce type de formations, sont irréprochables, voire plus ici encore, où le talent de Per Wiberg (Opeth) à la basse, bien aidé par un son rond et chaud remarquable, fait écho à la quasi virtuosité de Thomas Andersson et sa gratte : les soli et jams pleuvent par dizaines, toujours du grand art, surfant toujours sur une base rythmique rutilante. Jamais démonstratif, toujours efficace. Même si le dernier album (sold out dans leur merch, un irritant récurrent durant ces trois jours !) est mis en valeur, à travers notammment le super catchy et toujours efficace “Get Your Game On”, la très riche production du groupe est mise à l’honneur via des extraits de quasiment toutes leurs productions. La bonne humeur des musiciens, leur capacité à occuper une scène et à maintenir l’intérêt du public, font de ce set l’un des meilleurs de la journée (comme beaucoup d’autres, c’est vrai).

BUSHFIRE

7 Bushfire (acoustic)-IMG_5864


La formation teutonne leadée par son chanteur géant et charismatique était dans la place depuis le début des festivités (difficile de les rater). Bien que pas annoncés sur l’affiche du festival, nous avons eu la surprise d’apprendre, lors d’une énième annonce de notre Monsieur Loyal préféré, qu’ils se produiraient en acoustique sur la petite scène avant et après The Vintage Caravan. Le frontman ayant monté la garde sur place durant tout l’après-midi afin que les festivaliers ne profitent pas de cet endroit pour s’affaler comme ce fut le cas les jours précédents, le groupe était prêt à attaquer sitôt les derniers accords de Kamchatka balancés sur la grande scène (et respectivement ceux de The Vintage Caravan pour la seconde partie de leur set).

Cette initiative nous a fait vachement plaisir car le sous-emploi de cette petite scène nous avait laissé pas mal dubitatifs. Pour le second show de leur batteur actuel (le premier étant celui de Berlin chroniqué sur ces pages), le groupe lui a filé une caisse pour battre le rythme, ironise le vocaliste fort à l’aise dans cet exercice de style ; faut dire que le garçon a du coffre. Bushfire a totalement réussi cet exercice de style – notamment en raison du registre étendu de son vocaliste – qui nous fit découvrir unplugged six titres très bien envoyés.

THE VINTAGE CARAVAN

8 The Vintage Caravan-IMG_5981


Le Freak Valley est clairement un festival cosmopolite, et l’on croise dans le public plein de français, des grecs, des italiens, des américains, etc… (et même des allemands !) Ce constat est aussi applicable sur scène, avec des groupes de nationalités aussi diverses qu’australiens, suisses, américains, gallois, suédois, italiens, etc… (et même des allemands…) On peut rajouter l’Islande à la liste, avec les trois jeunes loups de The Vintage Caravan. Fidèles à leur réputation, les jouvenceaux d’apparence fraîchement pubères montent sur scène la bave aux lèvres et le sourire jusqu’aux oreilles ! Leur vision de la scène est fondamentalement FUN ! Et finalement, ça nous convient bien, en cette fin d’après-midi fort agréable. Nouveaux représentants de la vague vintage dans cette édition du Freak Valley, les trois Reykvíkinga se sont fixés pour mission de faire bouger le public du festival aux sons en directe provenance d’une génération qu’ils n’ont clairement jamais connue (leurs parents, à la rigueur ?). Et… ça fonctionne ! Il faut dire que l’on ne peut pas rester complètement insensible à l’énergie foncièrement sincère dépensée sur scène, qu’il s’agisse d’Alexander à la basse (qui court dans tous les sens, saute partout et passe la moitié du set à haranguer le public un pied sur les retours) ou d’Oskar (qui aligne les soli, les poses clichesques de guitar hero… et les grimaces). On a donc le sourire et le concert se laisse regarder sans déplaisir. Musicalement, ça tient la route, même si tout ceci manque un peu d’originalité, forcément. Il n’empêche, des titres comme le très catchy “Expand Your Mind” ou “Midnight Meditation” et son riff très hendrixien, fonctionnent très bien en live. Un bon moment, et un groupe à surveiller dans les prochaines années, alors qu’ils gagneront forcément en densité et en maturité.

CRIPPLED BLACK PHOENIX

9 Crippled Black Phoenix-IMG_6162


Comme nous sommes loin d’être omniscients, nous ne connaissions point cette formation et comme nous sommes différents (et parfois complémentaires), notre ressenti à l’égard de certains aspects de la prestation a varié. Ces Anglais se pointent en nombre sur scène : une claviériste (et parfois chanteuse aussi), un clavier, un batteur, un bassiste, un guitariste et chanteur ainsi que deux autres guitaristes. Ca en fait du bordel sur scène pour le style musical déployé par ces individus aux parcours musicaux aussi variés qu’intéressants (ça va en gros de Mogwai à Electric Wizard). En tous cas ça a de la gueule avec les drapeaux en arrière-scène et ça commence de très belle manière ; ça débute dans un style à des années lumières de ce que nous avons vu sur scène jusqu’alors durant ces trois jours. Les Rosbifs balancent d’entrée de jeu des joyaux du genre hard pop alternatif : « Rise Up And Fight » qui a quelques années ainsi que « Black Light Generator » tiré de « White Light Generator » sorti l’an passé. La moitié du team Desert-Rock.com est toute excitée alors que l’autre soupire profondément.

Après ce début de concert furieux, le groupe s’enlise dans une pop nettement moins fougueuse ; la superstructure prend l’eau alors que nous évitons définitivement la pluie puisque les nuages menaçants nos frêles constitutions décident d’aller déverser leur flotte un peu plus loin. Mais, revenons à nos moutons : à part avec la construction palindromique « 444 » balancée en fin de set, Crippled Black Phoenix n’atteindra plus l’intensité du début de son concert et finira par lasser le grand nombre en interprétant ses compositions pas inintéressantes, mais clairement pas adaptées à l’assistance.

EYEHATEGOD

10 Eyehategod-IMG_6478


Coincé entre les expérimentations de Crippled Black Phoenix et avant une suite du programme très orientée plans babas psychédéliques, la formation légendaire de NOLA est très injustement programmée en tout début de soirée alors qu’elle a clairement le potentiel artistique – et commercial – de se retrouver plus haut sur l’affiche. Tant pis pour nous ; nous ne sommes pas à une fête consacrée au sludge. Nous ferons donc avec, ainsi que la frange la plus lourde du public qui piaffe d’impatience – et s’imbibe – depuis quelques heures. A peine rentrés aux USA pour quelques dates (entre autres), EHG revient sur le Vieux Continent pour sa deuxième tournée de l’année ainsi que du trimestre.

Avant que les hostilités commencent, notre animateur de festival à lunettes rondes s’en revient – avec une charmante main innocente – pour le tirage au sort qu’attendent les plus joueurs des participants à ce festoche. Les cinq lots – dont la superbe veste pimpée Freak Valley – sont rapidement tirés et il ne reste plus qu’à la mariée aux cheveux rouges (ah oui, nous ne vous avions pas encore tenu au jus : un couple très rock’n’roll a profité de l’occaz pour convoler en juste noce dans ce cadre) procède au traditionnel lancer de bouquet. Nous ignorons si c’était la meilleure idée du monde que de céder à ce rituel en ouverture de cette bande de générés (sur et devant la scène) car au final c’est un bouquet en charpie qui a effectué plusieurs allers-retours entre la scène et la fosse.

Lorsque les vétérans débarquent sur scène, nous sommes interpellés par l’air à la fois clean – il boit de la flotte, un mythe s’effondre –  et terriblement vieilli de Mike Williams ainsi que par les sandalettes de son acolyte Jimmy Bower qui finira d’ailleurs le concert pieds nus. Le reste de la cavalerie sudiste a l’air bien en forme et Gary Mader a l’air nettement moins allumé qu’à l’accoutumé (pas de bouteille de rouge à portée de mains durant les set). Le ton est rapidement donné : ces furieux balancent « Agitation ! Propaganda ! » du dernier opus puis « Lack Of Almost Everything » tirée de « Dopesick ». Le tiercé de tête est complété par le sublime « New Orleans Is The New Vietnam » à propos de leur ville, qui est tiré du single qu’il est lui-même tout seul ; ce titre incroyable ayant rythmé notre fin de semaine nous sommes rapidement à fond alors que nous prenons encore une dernière volée de clichés (disons 250 durant le titre au bas mot). L’heure de jeu est menée tambour battant – une partie de vos serviteurs allant même se défouler un moment dans le pit – jusqu’au final. Ce set connaîtra aussi le premier moshpit avec pogos, circle et autres crowd surfing peu en adéquation avec le style seventies du festival. En guise de bouquet final c’est « Metamphetamine » du légendaire « Dopesick » (encore !) qui est propulsée avec une fin (sans fin) du plus bel effet. Cette première date de la tournée annonce le meilleur pour la suite de celle-ci et nos envies de lourdeur se trouvent comblées (remarquez il y avait intérêt parce que la suite du programme n’allait pas être du même tonneau).

ELECTRIC MOON

11 Electric Moon-IMG_6646


Après avoir pris un panard géant avec les déglingués de NOLA, le décors change radicalement et nous nous demandons pourquoi ce n’est pas Eyehategod qui joue sur les coups de vingt-deux heures en lieu et place du trio instrumental… Electric Moon monte sur scène pour jouer en triangle. La bassiste ainsi que le guitariste se font face de part et d’autre de la batterie ; ces gars jouent donc en grande partie dos à leur public (encore des disciples de Miles Davies). Etonnamment, ledit public se satisfera de cette situation et ondulera tout du long du set de rock psychédélique orienté acide que les Germains dispenseront dans la pénombre.

Un tour au merch (ah ouais, nous n’avons pas carrément goûté au style) nous permettra de constater que les échoppes de bouffe et de productions musicales sont désertes durant ce show ce qui en dit long sur l’affection que porte le public du festival à ce style. L’éclairage très très très minimaliste (à côté Monkey 3 jouaient en plein jour), le manque d’interaction avec le public, le fait que nous n’ayons pas pris des pilules et la fatigue peut-être (mais pas sûr), nous laissent totalement indifférents aux prouesses techniques déployées par la section rythmique incroyable de cette formation des plus populaires dans ces contrées. Il faut dire qu’après les bûcherons admirés plus tôt dans la journée, ces virtuoses interprétant des compos alambiquées et techniquement irréprochables ne parviennent pas à nous toucher.

EARTHLESS

12 Earthless-IMG_6749


Difficile de faire plus trippant que leurs prédécesseurs, qui ont apparemment érigé cette compétence en expertise. Sans viser cette extrémité, Earthless apparaît avec le recul comme le groupe idéal pour clôturer un festival à vocation psychédélique comme se veut l’être le Freak Valley. Le groupe a arpenté pas mal de scènes européennes ces dernières semaines pour conclure sa tournée par le headlining du festival, et d’après les rumeurs qui sont parvenues à nos oreilles, il a fait des dégâts sur son chemin. Il ne nous faut pas longtemps pour faire un constat similaire. Bénéficiant d’une mise en lumière encore une fois sur ce festival de grande qualité, le trio sud-californien ne met pas franchement en avant son jeu scénique : Mike Eginton reste debout posté contre le kit de batterie de Ruby Mars, n’adressant que de rares regards ou sourires au public. La robustesse de cette section rythmique repose-t-elle sur cette posture ? Si c’est là le prix à payer, on s’en acquitte volontiers, au vu de la lourdeur de ces nappes de basse et de cette batterie qui oscille entre saccades métronomiques et plans impro limite jazzy. Mais même si cette paire rythmique est essentielle, c’est le “soloing” continu d’Isaiah Mitchell qui suscite le plus d’émotion : les doigts du bonhomme courent sur ce manche non stop jusqu’au bout de la nuit, sous le regard admiratif des musiciens, et hypnotisant les autres dans des grappes de notes aux frontières de l’hallucinatoire. A tel point que les morceaux s’enchaînent dans une fluidité qui nous fait perdre la moindre notion du temps : on entend passer un bout de “Uluru Rock”, puis tout se fond et on se laisse emporter… L’alchimie musicale et instrumentale entre ces mecs est hallucinante : ce qui apparaît comme une grosse jam de plus d’une heure est, c’est une évidence, le fruit d’un travail énorme. On termine donc le festival complètement embarqués par ce set impeccable du trio, qui devient de fait petit à petit le groupe référentiel de ce courant musical.

Ainsi s’achève l’édition 2015 du fameux festival allemand à taille humaine. Nous remercions les activistes en charge de cette manifestation à l’identité forte qui a su rester amateur et très familiale. L’expérience vaut vraiment la peine d’être vécue si vous hésitez (même si nous avons assisté à une édition exceptionnelle au niveau météorologique). Nous remercions aussi les formations ainsi que tout ceux qui se bougent les fesses pour que ce genre de manifestations éloignées des grands raouts destinés aux masses continuent d’exister. Enfin nous remercions finalement – et nous excusons d’avance pour les oublis – nos potes francophones croisés dans la place : Glad, Jo, Antoine, Lucho, Paolo, Boris, dB, Kevin, Walter et les autres. A l’année prochaine !

Chris & Laurent

 

GLOWSUN, GREENLEAF, MONTECHARGE – 12 juin 2015, Lyon

L’Oeil de Néron, asso lyonnaise orientée stoner et toute fraîche puisque organisant sa première date, nous convie en ce vendredi 12 juin, malheureusement pluvieux à son dépucelage via cette affiche alléchante.
L’orage qui s’est invité à l’heure de l’apéritif aura eu une incidence certaine sur l’affluence, clairsemée mais attentive et chaleureuse toute la soirée. Dommage car une fois à l’intérieur du Warmaudio on y est bien.
La fin des balances de Montecharge présage du tout bon et une paire d’heures plus tard le combo prend possession de la scène.
Montecharge
Concentrés, les quatre parisiens vont, au cours de leur set, nous égrainer tous les préceptes d’un bon stoner/rock, classique mais efficace et bien ficelé. Le travail du son, les breaks bien sentis, la section rythmique au groove permanent, tout y est, agréablement agrémenté de lignes de chant justes et travaillées. On passe un premier bon moment et, histoire de finir de détendre tout le monde, les parisiens enverront gentiment en fin de set un p’tit Truckfighters appréciable et apprécié.
C’est pour quand l’album les gars ?
Greenleaf
Greenleaf vient de Suède, un pays où les forêts sont propices à fabriquer des grosses bûches. Greenleaf, dont le pilier Tommi à la gratte aura joué en 15 années d’existence et 5 albums avec des mecs de Lowrider, Dozer, Demon Cleaner et Oskar, le chanteur/bassiste de Truckfighters, ouais, rien que ça. Greenleaf est là ce soir, avec son frontman très en voix, Arvid, à la pilosité faciale disons, débordante, et un “Trail & Passes” fort goutu sous le bras. Greenleaf est en tournée, est content, ça se voit et ça se sent. Greenleaf dégouline de charisme, d’enthousiasme, d’énergie et c’est dangereusement contagieux alors les têtes se secouent, sourires aux lèvres. Greenleaf sait varier les plaisirs et piocher dans sa riche discographie, avec forcément un léger penchant pour leur dernière galette (notamment l’excellent “With Eyes Wide Open”) et se faire à l’envie plus doux et hypnotique, contre-balançant ainsi la furie rock ‘n roll et permettant à nos nuques des moments de repos plutôt bienvenus. Greenleaf, sur album c’est vachement bien, en concert c’est vachement encore mieux.
Au Warmaudio, en dépit d’un relatif éloignement et d’une légère carence en lights, ce qu’il y a de bien c’est qu’on peut se sustenter à coup(s) de burgers/hot-dogs/frites et de (bonnes) bières à prix raisonnables.
Glo
Du coup on peut se permettre le luxe d’être repus pour apprécier pleinement l’excellent set que Glowsun, une bonne décennie d’existence à son actif, va nous offrir. Les nordistes, dont la réputation n’est plus à faire à l’étranger (!!), débarquent avec un troisième album, “Beyond the Wall of Time”, qui va à coup sûr finir d’asseoir le savoir faire du trio dans la nébuleuse stoner, peut être même en France qui sait ?
Forts d’un line-up stable depuis leur premier LP “The Sundering”, les parrains du psyché hexagonal n’ont aucun mal à captiver d’emblée l’assistance, appuyés par une toile en fond de scène projetant des images colorisées et acidulées. Chanceux et privilégiés que nous sommes, nous avons droit à un joli florilège représentatif du petit nouveau qui s’annonce dans la lignée du précédent, “Eternal Season”, avec encore moins de chant et une lourdeur parfois accrue. Car entre les passages envoûtants et chaloupés au cours desquels Johan, complété à merveille par les lignes de basse de Ronan, nous régale de son jeu de guitare fin et de sa gestion des effets bien à lui, les moments plus appuyés se font maintenant presque doom, d’une épaisseur imparable. Le jeu de Fabrice derrière les fûts est impeccable, d’une finesse et d’un touché agréable et personnel.
Servi par un son excellemment propre et rempli, on passe volontiers avec le groupe derrière le mur du temps qu’il nous construit et on savoure une bonne heure d’un set de haute volée, parachevé par un rappel logiquement réclamé par la petite centaine de personnes présente.
Nul doute qu’avec ce genre de concerts et la qualité de leurs albums, Glowsun, qui ouvre enfin la Valley du Hellfest cette année, va continuer de marquer des points dans toute l’Europe et de se faire un grand nom parmis les grands, ce fameux temps le dira…
Un coup de chapeau (de cow-boy) aussi à L’Oeil de Néron, pour une première ça aurait été franchement dur de faire mieux. On ne peut que saluer l’initiative de vouloir nous proposer des plateaux de ce type sur Lyon avec des groupes de cette qualité, espérons que ce soit le début d’une belle aventure !
Merci à Noodle Photography !
Pat Apl

GOATSNAKE, SARDONIS, HALSHUG – 1er juin 2015 – Courtrai (Belgique)

Etrange que cette mini tournée Européenne, pour un groupe aussi légendaire, revenant avec un nouvel album de haute tenue, après 15 ans d’absence. 6 dates  seulement sont au programme, dont le Temples et le Freak Valley, calées entre l’agenda de Sunn O))), le Maryland Death Fest et le Crucial Fest. Qu’à cela ne tienne nous sommes de nombreux passionnés français, venus de Bretagne, Paris ou en voisin lillois à venir grossir les rangs belges pour la date de Courtrai. La première partie locale devait être King Hiss, combo à la réputation montante outre Quiévrain dont on m’a vanté la qualité des morceaux, avant que ces derniers soient remplacés aux alentours de midi par Sardonis, duo bruyant bien connu du circuit, qu’il est toujours agréable de retrouver. Nous rentrons d’ailleurs dans la salle au moment même où le guitariste et le batteur entament leur set. Le son est fort et malgré le public parsemé, l’énergie des deux lascars prend la salle et leur grosse demi heure de heavy rock crasseux passe plutôt bien. Ne goutant que très peu à la bagarre Crust Punk proposée par les danois de Halshug, nouvelle signature de Southern Lord, je ne remettrai les baskets au De Kreun qu’au moment où Pete Stahl et les siens fouleront les planches.

L’ambiance est timide, les musiciens aussi, sauf peut être Greg Anderson, dont la guitare, bien trop forte, écrase ses partenaires dans le mix. Difficile alors de retrouver ce soir l’incroyable esprit blues qui avait régné en maître au Roadburn (2010) ou au Hellfest (2011), les deux dernières prestations du combo auxquelles j’avais eu l’honneur d’assister. Il faudra attendre la fin du set, après pas loin de 45 minutes pour que quelque chose se passe enfin. Sur le nouveau (et magistral) morceau « A Killing Blues », l’ambiance enfin s’installe. Stahl transmet son feeling et la salle décolle. Je me suis à ce moment reculé de cinq bons mètres et le son me paraît alors bien mieux équilibré. Il plane sur le De Kreun l’esprit du deep south, la scène est noyée dans une saturation de lumières vives et la magie opère enfin. Les voix s’élèvent pour répondre au facétieux chanteur, et lorsque résonne « Mower » à la suite, la centaine de présents exulte dans un hourra général. Le concert semble lancé mais c’est alors que le quatuor quitte les planches et que les lumières se rallument, nous privant de rappels (et d’« Innocent ») en coupant ce lien enfin créé entre le groupe et son public après à peine une heure de set dont quinze minutes de réelle communion. La définition exacte et douloureuse de la frustration.

En sortant, il est amusant (et logique, vu ses fonctions à Southern Lord Europe) de retrouver Guy Pinhas au stand merchandising, le temps de s’amuser de l’anecdote : peu de groupes peuvent se permettre de se priver d’une reformation de leur line up mythique en gardant tout de même leur bassiste originel et légendaire au stand pour vendre les disques. Reste qu’après 4 ans d’attente et 300 bornes, le concert était insuffisant. Raisons de plus pour revenir, et vite, faire une vraie tournée ? On y compte bien.

FREAK VALLEY – Jour 2 (Orchid, Monkey 3, Horisont,…) – 5 juin 2015 (Netphen, Allemagne)

Comme la veille, il fait monstre beau et chaud en ses terres agricoles (et certaines auraient mieux fait de chercher un peu d’ombre, mais nous n’allons pas balancer) et le bar à cocktail – situé dans un sauna, normal ! – vend désormais de la crème solaire en plus des breuvages et des clopes. C’est parés de lunettes de soleil, de couvre-chefs ainsi que gluants de crème que le public converge sur les lieux du festival. Les bourgeois que nous sommes (pour rappel nous étions à l’hôtel) croisent donc les campeurs effectuant le cérémonial du matin (qui consiste en gros à se rendre aux lieux d’aisance, aux douches gratuites à dispo, aux caravanes de bouffe et de revenir au camping). Le résumé en images animées est disponible en bas de page. Bref, alors que ça déjeune à la bière – ben quoi nous sommes en Allemagne ! – nous traversons le site du festival afin de rejoindre la petite scène inutilisée la veille.

C + C = MAXIGROSS

1 CCmaxigross-IMG_3664


C’est sur cette petite scène minuscule dans un recoin du site que les hostilités du jour commencent, aux aurores (avant midi, quoi). On a passé la journée d’hier à se demander à quoi servait cette scène, nous apprenons qu’elle accueillera les deux premiers groupes du jour… Quel intérêt ? Pourquoi ne jouent-ils pas sur la main stage ? Bref, nous voilà donc tout disposés à découvrir le groupe du jour, au patronyme alambiqué peu propice à une mémorisation rapide (gageons que les gars se sont reportés sur ce nom étrange suite au constat que leur choix initial “Total Fucking Destruction” était déjà pris…). Le trio au look mi-plagiste, mi-bobo hippie propose une sorte de pop-rock sans beaucoup de relief, nous servant une bande son mélangeant aléatoirement des relents des Beach-Boys, de Nada Surf, de Terrorvision, etc… Le soleil cognant déjà très fort, nous choisirons d’aller nous poser tranquille sous une tente en entendant de manière assez lointaine les volutes sonores pas désagréables des italiens… Pas d’excès de zèle inconsidéré, un festival, c’est aussi une question d’endurance !

FREEDOM HAWK

2 Freedom Hawk-IMG_3700


Deuxième formation de la journée – et ultime du jour sur la petite scène – , le trio US se met rapidement en place afin de débuter son show à l’heure du déjeuner. Nous remarquons rapidement que nous ne sommes pas les seuls à attendre ce groupe dont la nouvelle pièce « Into Your Mind » a été notre bande-son durant les trajets motorisés de ce long week-end. Cette plaque – disponible au stand du groupe – nous ayant pas mal fait penser à Black Sabbath (période Ozzy, surtout pour la voix), nous avions hâte d’entendre ce que ces arrangements allaient donner en live et nous allions être bien servis. Durant presque une heure, les natifs de Virginie vont nous rassasier d’un heavy-rock bien fuzz et nous faire penser par moment à leurs homologues de la Côte Ouest, Fu Manchu. Le rendu scénique était donc plus rentre-dedans que ce que laissait penser la production léchée de leur nouvelle production.

Les deux types aux Gibson – dont un arborait fièrement un t-shirt de Dozer – se sont tortillés durant la totalité d’un concert mené pied au plancher. En point d’orgue une version hyper rapide de « Journey Home » tirée de leur nouvel opus. Trop rapidement, le groupe rembarque son matériel au terme d’une prestation sans faute dont le seul bémol sera le placement trop tôt sur l’affiche, mais ça ils n’y peuvent rien. Par contre, il a été très apprécié de les découvrir dans une configuration presque club à hauteur de bipèdes.

BRÖSELMASCHINE

3 Bröselmaschine-IMG_3769


Après une telle claque prise sur la mini-scène, on se dit que le groupe suivant, qui bénéficie du “luxe” de la main stage, doit assurer velu, et c’est la bave aux lèvres que l’on se précipite dans la fosse. Faut dire que le vieux kraut rock grossièrement psyche et bluesy du combo teuton n’a jamais fait partie de notre background musical… et avec le recul, ce n’est pas vraiment un regret profond. Le set des ces vieux tromblons (le groupe a commencé en 1969 !) est long (pourquoi 1h05 de jeu tandis que tous les groupes avant et après eux n’ont que 45 min ??) et plutôt décalé. Le batteur a un kit de batterie deux fois plus chargé que celui de Mike Portnoy, la chanteuse-potiche passe 90% du temps à danser nonchalamment, le guitariste court hors de scène dans le public pour voir ses copains dérouler une jam indigeste de plusieurs minutes avant de remonter sur scène, etc… Étonnamment, cette musique de vieux hippies semble rencontrer un certain succès auprès du public… Une question de culture sans doute !

SEEDY JEEZUS

4 Seedy Jeezus-IMG_3932


On entendait vaguement parler de Seedy Jeezus depuis une paire d’années comme d’un groupe intéressant en provenance d’océanie. Il ne nous faut pas longtemps pour commencer à apprécier l’énergie et la qualité du trio, manifestement très heureux et reconnaissant d’être là. Les trois musiciens sont à fond, et déclinent de A à Z le mode opératoire du parfait combo de hard rock psyche : très largement instrumentale, chargée de soli remarquables de Lex Waterreus, la musique des trois mal lascars mal dégrossis de Melbourne  fait très vite pas mal d’adeptes dans le public, bien fourni. Faut dire que les trois barbus savent tenir une scène : la section rythmique fait plus que le job sans oublier d’interagir avec le public, laissant à Waterreus le soin d’occuper l’espace “lead”, en vocal ou en six-cordes. On n’est pas loin de penser occasionnellement à la grâce d’un Mos Generator en live (il n’y a pas que la pilosité faciale qui nous rappelle le groupe de Tony Reed) tant le groupe semble y évoluer comme si c’était son unique biotope. Porteur d’un unique album et d’une ribambelles de EP et splits divers, le groupe fait la part belle à sa nouvelle production dans une set list qui laissera de très bons souvenirs.

TRAVELIN JACK

5 Travelin Jack-IMG_4069


Le quatuor berlinois jouait déjà son rôle d’OVNI dans le line-up du Desertfest Berlin, les voilà jouer le même rôle aujourd’hui : que fait un groupe de glitter/glam rock revendiqué au milieu d’une affiche de pur stoner psychédélique ? Bien peu préoccupés par cette question, les quatre maquillés déboulent comme des tornades sur scène bien décidés à botter des culs. Faut dire qu’ils n’ont pas à rougir de leurs hymnes directement issus des tendances hard rock des années 70, qu’ils interprètent avec un talent certain et une énergie bluffante : sans une once de second degré, le groupe réussit l’exploit de ne jamais être ridicule, emportant les potentiels sarcasme via un amour sincère pour le genre musical qu’ils incarnent avec quelques couches de mascara et de fringues flashy. Même si la frontwoman exhubérante Spaceface emmène la formation en parfaite frontwoman, le reste du groupe assume pleinement leur rôle de showmen. Au final, un assez bon moment, même si les puristes que nous sommes aurions apprécié de voir ce créneau horaire attribué à un groupe plus dans notre veine musicale de prédilection.

SIGIRIYA

6 Sigiriya-IMG_4194


A chaque festival sa découverte : la nôtre sera incontestablement Sigiriya, le groupe originaire du sud du Pays de Galles dont certains protagonistes présentent un CV plutôt alléchant. Le vocaliste se présente affublé d’un t-shirt d’une marque de sirop pour adultes débutant par Jack qui est fort prisée des rockers et dès les premiers accords, nous pensons à la scène de la Nouvelle-Orléans. Ce sentiment ne nous quittera pas durant le set des Britanniques (et nous ne serons pas les seuls à apprécier ce show) qui contraste fortement avec le groupe les ayant précédé au niveau du look. Le public, en général, ne nous rejoindra pas en masse durant ce set préférant aller se siroter une binouze ou faire la queue au stand de merch de Bröselmaschine qui peine vraiment à désemplir. Les bourrins que nous sommes s’en sont, par contre, payé une bonne tranche durant les quarante-cinq minutes les plus lourdes de la journée (le lendemain nous réservera aussi son lot de lourdeur).

Le concert très carré – et suintant de dessous les aisselles – du quatuor lui permettra de traverser son répertoire concis (deux plaques) de manière fort lourde. Les brûlots que sont « Freedom Engines », « Deathtrip To Eryri » ou « Tribe Of The Old Oak » écrasent leurs chattes sur scène. Le titre nous ayant le plus fait lever la cornette étant clairement « Whiskey Song » issu de leur premier opus « Return To Earth » ; c’est aussi cette plage qui transpire le son du Sud – et rappelle donc agréablement certaines formations de la scène de NOLA particulièrement Down –  qui a poussé les derniers timorés à entamer la danse de la nuque jusqu’au terme de cette prestation. Autant vous dire que nous nous réjouissons de la suite des tribulations de ces mecs dont la dernière production – « Darkness Died Today » – sortie l’an passé mérite carrément le détour.

SIENA ROOT

7 Siena Root-IMG_4437


S’il est un groupe qui rentre pile-poil dans la thématique du fest c’est bel et bien Siena Root : les suédois sont connus pour être l’un des jam-bands les plus performants, tout en se faisant rares sur les scènes européennes et mondiales. Sorte de groupe-projet-concept musical tournant autour de quelques musiciens “pivots”, il semble que le quintette ait trouvé une certaine stabilité ces dernières années, notamment suite à l’incorporation de Jonas  Åhlen au micro : il faut dire que le grand échalas joue son rôle de frontman avec une énergie qui booste le reste de l’équipe, que l’on avait rarement vue aussi dynamique et enjouée ! Véritable machine à vibes positives tournant à plein régime, le premiers tiers du set est énergique  et envoie du groove par caisses entières à un public souriant, lui aussi. Une entame irréprochable, qui verra quelques mid tempo varier un peu les ambiances sur la suite du set, qui voit l’enthousiasme se résorber un peu sur la longueur. Mais globalement, on en a bien pour son argent avec les titres proposés : compos impeccables, soli délectables, leads de claviers vintage grande classe…  A l’image de ce “Between The Lines” issu du dernier album en date, Pioneers, qui offre une plateforme d’expression impeccable aux zicos, ou encore “Conveniently Blind” où même Åhlen se lâche complètement derrière son micro. Leur set se terminant cinq minutes avant l’heure limite, les scandinaves reviennent vite sur scène pour  nous balancer le groovy “Dreams Of Tomorrow”, qui finit de faire bien danser un public à fond dans le trip. Une excellente prestation qui nous laissera un bon souvenir d’un groupe en grande forme.

DANAVA

8 Danava-IMG_4548


La bande de Portland s’installe plutôt tranquillement sur scène et se paie un long soundcheck peu en phase avec le style pratiqué par ce quatuor. Leur hard rock teinté d’influences bien garage nous rappelant plus une certaine spontanéité qu’un déploiement de sophistications techniques. Qu’importe, il fait encore monstre chaud dans l’enceinte du festoche et nous nous mêlons à la foule défilant sous les jets d’eau judicieusement installés par les organisateurs pour rafraîchir un peu tout ce beau monde, en attendant le son urgent des Ricains. Il ne tardera pas à jaillir de la sono une fois les mecs – finalement – en place. Ca débute tout comme d’hab avec eux (à fond donc) et le look de leur chanteur Gregory Meleney ayant chaussé ses lunettes miroir donnent un air de RAMONES  à ce début de show. Rapidement ça s’agite sur scène pour réclamer du son dans les enceintes et le set s’interrompt quelques instants suite à des problèmes techniques à la fin du premier titre. Loin les lunettes et redémarrage en fanfare pour le très groovy « Hemisphere Of Shadows » qui entame le déroulé d’un set sans encombre déployé pieds au plancher. Ca groove un max tandis qu’une partie de l’assistance se restaure (ou s’abreuve c’est selon). Le frontman, plutôt loquace, échange à plusieurs reprises avec l’auditoire sur divers sujets dont les salutations adressées aux formations amies qui se produiront le lendemain : Eyehategod et surtout Earthless (avec qui split fut partagé naguère) dont l’un des membres se produira avec un t-shirt de Danava environ vingt-quatre heures plus tard. Le groupe s’éclipsera après un dernier titre dédicacé par Gregory aux bikers comme le furent jadis son père ainsi que son grand-père. Encore une prestation de bonne facture qui augure bien pour la suite de la journée.

HORISONT

9 Horisont-IMG_4562


Autre représentant de la vague “vintage rock” présent ce week end, Horisont est loin d’être le moins intéressant (suivez mon regard vers l’affiche d’hier pour les trouver…). Les suédois, fidèles à l’écurie Rise Above, viennent apporter une grosse rasade de vieux heavy rock en droite provenance des années 70, inspirés par les meilleurs groupes de hard rock de l’époque. L’on a vraiment l’impression d’être devant une superbe machine live, un groupe qui a arpenté les scènes européennes en long et en large, pour un resultat de pure efficacité. L’interprétation ne souffre d’aucune approximation et la fougue de nos jeunes scandinaves fait plaisir à voir, et emporte un public enthousiaste, qui profite du soleil qui commence à se coucher pour se masser devant la scène sous une température bien plus accueillante. Même s’il fait la part belle à son dernier véritable effort (dont le catchy “Writing on the Wall” et le terrible “Eyes of the Father” en clôture, propice à quelques joutes guitaristiques bien rock’n’roll) ainsi qu’au 7″ sorti récemment, le groupe va quand même piocher généreusement dans toute sa discographie pour le plus grand plaisir des afficionados – qui sont bien présents, à en juger par le nombre de personnes qui accompagnent Axel à voix haute sur les refrains. Petit cadeau bonus, on aura droit à deux inédits apparemment prêts pour le prochain album (scoop : ne vous attendez à rien de révolutionnaire si le prochain effort des suédois est dans la veine de ces deux titres). Une prestation de pur rock’n’roll, généreuse et franche du collier, qui nous aura mis en joie.

MONKEY3

10 Monkey 3-IMG_4858


Après ce tour d’horizon, place aux sympathiques Helvètes avec qui nous avions déjà échangé la veille, tandis qu’ils assistaient au festival en spectateurs. Comme aucune tournée n’est prévue pour le moment, nos amis des bords du Lac de Genève en profitent pour se produire à quelques occasions lors d’événements particuliers. Loin d’être oisifs, ces garçons dans le brouillard ont ouvert pour My Sleeping Karma lors du vernissage de « Moksha », ils se sont produits à Genève avec les metalleux de Samaël qui fêtaient l’anniversaire d’une de leur pièce de choix et se produisent en sous-headliner lors de ce Freak Valley ; tout ça en ce début d’été. Ayant visiblement du temps à consacrer à la préparation de ce concert, ils ont mitonné dans leurs marmites magiques un set sur mesure pour l’occasion en raison du format imposé. C’est donc une heure pleine qui sera consacrée aux titres les plus rentre-dedans de leur répertoire. Ce qui ne change pas, par contre, c’est la mise en lumière des prestations de Monkey 3 : les photographes se sont arrachés les cheveux par grosses touffes alors qu’un show des plus puissants prenait son envol dans le crépuscule champêtre teuton.

Quand bien même leur ingé son maison est absent sur les dates actuelles (pour cause de transhumance sur les autres rives de l’Atlantique), le son des Vaudois – assuré par un vétéran de cette science – est au poil, ce qui compte énormément pour les formations instrumentales techniques dont le quatuor fait partie. Nous précisons ici à toutes fins utiles, que c’est eux-mêmes qui se sont chargés du soundcheck… Question setlist, le groupe a pioché un peu tous azimuts dans sa disco et nous attribuons une mention spéciale à « Pintao » et « Birth Of Venus » qui nous ont presque autant mis la gaule que l’incroyable « Jack » issu de la masterpiece « 39 Laps ».

Mission réussie au final puisque c’est soixante minutes à fond de rock psychédélique fort puissant qui ont été délivrées par les Suisses pour le plus grand bonheur des fans et aussi des vétérans hippies en transe sur les bords des premiers rangs. Nous pouvons déclarer que nous ne sommes pas les seuls à avoir apprécié ce concert merveilleux car un indice qui ne trompe pas nous confirmera rapidement que le premier groupe dont les posters étaient sold out au stand merchandisaing de nos amis graphistes français était justement Monkey 3. Longue vie à eux et vivement la suite de leurs aventures discographiques dont la prochaine étape est déjà en gestation (pourvu que le son plutôt que la gestation elle-même soit pachydermique).

ORCHID

11 Orchid-IMG_5067


La bande de San Francisco – dont la nouvelle pièce repoussée plusieurs fois se fait attendre – officiait en tant que tête d’affiche de cette deuxième journée de festival. Ils bénéficiaient donc d’un temps de jeu plus long que les formations précédentes. Nous n’allons pas nous plaindre de cet état de fait, inconditionnels que nous sommes de cet ersatz des Black Sabbath des temps jadis. Comme la veille, le headliner a droit à des incréments supplémentaires au niveau lumières (ce seront les premiers à bénéficier des blinders surpuissant installés sur le haut de la structure vantant une manifestation réunissant « No Fillers – Just Killers ! ») et aussi à une mobilisation générale du public même si certains signes de fatigue (seulement ?) commencent à se faire ressentir. Les amplis Orange sont alignés à côté du backdrop et sitôt l’intro musicale (qui fait naturellement suite à l’annonce du groupe par le Guy Lux velu local) achevée, les Etasuniens attaquent avec « Helicopters » de leur court format à sortir « Sign Of The Witch ». Le titre n’a rien de révolutionnaire tout comme le morceau éponyme qui sera balancé plus tard dans le set. Les nouvelles plages alignées dans le setlist (trois sur les quatre) nous incitent à nous montrer plus compréhensifs envers l’épais bouquin recensant les textes qui a pris place sous le micro du chanteur.

Nous notons que les nouveaux titres imaginés par Orchid s’insèrent parfaitement dans la ligne du groupe et que nous pouvons donc nous réjouir de la suite de leurs productions musicales. Suite à la première mise en bouche, les Ricains vont taper dans un de leur standard imparable en live : « Mouths Of Madness » (tiré du même album). Le concert se déroule agréablement sans le moindre accro avec des moments plus intenses que d’autres : « Black Funeral » et « Capricorn » en faisant partie jusqu’à sa fin… ou presque. Alors que tout le sable à dispo dans le sablier s’est écoulé, le quatuor de chevelus se repointe sur scène pour un rappel. Les sourires ornent les visages alors que le dernier titre (« Wizard Of War » selon nos souvenirs) part un peu en sucette. Qu’importe, la prestation tant attendue du meilleur groupe du genre en activité a été d’excellente facture.

Le temps d’échanger nos premières impressions avec nos poteaux dans la place, nous décampons afin de nous consacrer aux impératifs techniques que nous nous sommes imposés et de pioncer aussi un peu pour être vigoureux dès le début des hostilités du lendemain.

[A SUIVRE…]

Chris & Laurent

FREAK VALLEY – Jour 1 (Goatsnake, Blues Pills, Gas Giant…) – 4 juin 2015 (Netphen, Allemagne)

Après en avoir tellement entendu parler autour de nous, à l’occasion de sauteries du genre stoner, nous avons décidé de nous rendre en binôme au fameux Freak Valley de Netphen. Ce festival estival artisanal se déroule quelque part entre Cologne, Francfort, à l’ouest de Bonn et au sud de Dortmund, en rase campagne. Idéalement situé au cœur de la Teutonnie à quelques encablures du Benelux et du nord de la France, cette fête dédiée aux Dieux du stoner attire comme un aimant les amateurs de riffs psychédéliques, voire pachydermiques, encouragés par la tarification des plus attractive pratiquée par les compagnies aériennes.

Ambiance-IMG_4703

Bref, on s’est tiré au Freak Valley et on n’a rien regretté comme vous avez pu le constater en matant notre résumé visuel (et lui aussi complètement artisanal) que vous pourrez (re)voir en bas de page. Une fois l’attirail du parfait festivalier-reporter artisan préparé, nous avons débarqué dans le champ collé à une zone d’activité pour débuter cette fiesta baba cool de trois jours.

THE CYBORGS

1 the cyborgs-IMG_2560

En ouverture de rideau, les transalpins adeptes de boogie électro ont remplacé Gas Giant initialement prévus pour le début des festivités. Heureusement à l’heure – car c’est toujours un sacré plaisir visuel que de se taper un show de ce duo – nous sommes fins prêts et en place pour le début des expérimentations sonores de Cyborg-0 ainsi que de Cyborg-1. Parés de leurs tenues de scènes sombres et affublés de leurs casques de soudeurs, les Italiens embrayent sitôt que le speaker, velu, a ponctué sa phrase annonçant la venue du duo de Rome avec leur style minimaliste à fort impact en public (en tous cas nettement plus que quand on les écoute sur disque allongé dans le sofa). Comme d’hab, la structure sonore est assurée par le membre aux commandes de son – euh, comment dire ça précisément – synthé joué de la main gauche alors que la droite est en charge de la baguette destinée aux cymbales et autres percus sises de part et d’autre du clavier, alors que ses pieds se chargent de battre la mesure sur la grosse caisse coincée sous le Yamaha (vous suivez ?). L’interaction verbale était assurée par ce bon vieux cyborg debout à la guitare dans un style nettement plus traditionnel.

Les lascars déballent la panoplie complète de leurs gimmicks scéniques durant le temps alloué pour leur prestation : expérimentations musicales avec le concours des quidams agglutinés derrière la barrière, interactions de la moitié du couple avec les instruments de l’autre (si possible avec une partie des accessoires perso pour corser le tout) et occupation de tout l’espace visuel (et scénique) par l’être debout (une prouesse pour ce duo à moitié immobilisé) voire à deux collés contre les premiers rangs. Question titres, ils ont plutôt bien assuré avec l’imparable « Cyborgs Boogie » dont il est difficile de se défaire même des heures après le concert et une réinterprétation très personnelle d’un standard Muddy Waters durant lequel Cyborg-1 s’était levé pour jouer du washboard alors qu’un dispositif tout personnel lui permettait d’actionner la grosse caisse à l’arrière depuis le bords de la scène. Carton plein pour ce groupe à part et pas vraiment dans le style du festival (en a-t-il vraiment un ?).

 

MOUNTAIN WITCH

2 mountain witch-IMG_2741

Qui l’eut cru possible ? Nous croiserons une festivalière (qui restera anonyme, parce qu’on est des gentlemen avant tout…) qui pensait trouver sur scène le quatuor nord-américain imprégné de doom old-school, à vocaliste féminine… Point de Witch Mountain sur la scène du Freak Valley, mais bel et bien le trio teuton Mountain Witch. Même si les deux formations partagent un goût commun pour le doom ricain old school, quelques secondes suffisent à faire la différence. Le groupe évolue dans un stoner veiné de hard rock, très connoté doom (canal Candlemass / Pentagram) et psyché, et développe de longues séquences instrumentales fort bien exécutées, qui retiennent l’attention d’un public néanmoins plutôt calme tandis qu’un soleil de plomb fracasse les plus courageux dans la fosse. Scéniquement, le groupe ne brille pas par son énergie débordante, avec un batteur nonchalant sucette à la bouche et un guitariste qui semble plus préoccupé par l’apparence de ses chaussures, qu’il regarde en continu, plutôt que par l’attrait d’un public qui pourtant boit chaque note jaillissant de sa six-cordes. En fond de scène, Rene Roggmann est caché derrière son kit de batterie et assure la plus grande part des parties vocales (ce qui est toujours impressionnant). La set list fait la part belle au dernier album du combo, Cold River, avec quelques brûlots toujours efficaces à l’image de l’entêtant “Once I Am King” ou le doomy “School Of Night”, mais aussi quelques titres apparemment inédits. Plus décontractée que quelques semaines plus tôt au Desertfest Berlin, la prestation de Mountain Witch est de bon niveau mais ne restera pas pour autant dans les meilleurs souvenirs des festivaliers aujourd’hui.

THE MUGGS

3 the muggs-IMG_2826

Après ce set bien traditionnel, place au gros blues psychédélique oldschool avec le trio de Detroit. Les Ricains distillent leurs arrangements soignés dans une configuration toute personnelle : un batteur, un guitariste et un clavier – aux pantalons d’une blancheur immaculée –  assis derrière son Rhodes vintage. L’absence de basse se sent un peu durant ce concert qui n’est pas carrément notre tasse de thé, mais qui plaît foutrement au public dans la place. Les arrangements – un poil pompiers par moments – sont soutenus par les poses typiquement US du guitariste au foulard hippie solidaire du manche de sa six-cordes. Il faut dire qu’avec un gars assis derrière ses fûts et un autre derrière son clavier, Danny Methric est le seul membre ayant la capacité de prendre de l’espace sur cette scène de taille conséquente sauf quand il se charge des parties vocales (partagées par instants avec son collègue rappelant par moment Elton John).

La structure des titres du groupe étasunien confrontée au timing du set – moins d’une heure – ne laisse pas vraiment de champs à la multiplication des chansons (ou des jams). Au final, le groupe n’a rien vendangé pour cette prestation qui n’était pas une première dans le cadre de ce festival ; il a balancé deux-trois compos carrément très efficaces techniquement dont le furieux « Applecart Blues » issu de « Straight Up Boogaloo » sorti il y a quelques mois. La mayonnaise a bien pris entre la formation et le public qui était ravi de cette prestation collant parfaitement au genre hippie de la manifestation.

GAS GIANT

4 Gas Giant-IMG_3017

Le début de soirée est des plus agréables durant le week-end le plus chaud de l’année en Allemagne quand les vétérans danois attaquent leur heure de set. Ces mecs avaient disparu de nos écrans radars depuis quasiment une décennie et c’est avec une excitation certaine que nous prenons place dans la fosse à photographes (nous avons de la place car le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe n’est pas le plus médiatique de la soirée). Le pied de micro orné d’une corne de cervidé avec son tambourin ainsi que son tambour flanqués sur ses côtés fait tout son effet et annonce le meilleur. Les lascars attaquent directement dans le gras ce qui génère rapidement un déplacement du public, bien inspiré, aux abords de la scène afin d’assister à ce concert (et du coup nous sommes moins seuls dans le secteur photographe). Nous avions un vague arrière-goût d’une formation aux sonorités proches de celles de l’écurie Small Stone des années deux-mille et nous n’allions pas être déçus par une prestation à la hauteur de nos attentes. La formule Gas Giant version 2015 a rapidement pris en live non seulement en ce qui concerne le son (qui dépote), mais aussi pour ce qui est du rendu visuel ainsi que de l’ambiance avec le moment tribal qui a fonctionné tip top. Après avoir balancé des titres issus de leur discographie quasi-complète, les vétérans scandinaves embrayent directement sur un rappel sans même effectuer la moindre pause afin d’optimiser les minutes restantes sur le temps de jeu. Le frontman charismatique pourra se targuer d’avoir remarquablement assuré son rôle sur scène alors que ses collègues envoyaient le gras avec panache. Franchement quel plaisir de se retaper des perles telles que « Never Leave This Way », « Too Stoned » et surtout « Storm Of My Enemies » – une réussite du genre ce fut.

GOATSNAKE

5 Goatsnake-IMG_3335


Ne nous leurrons pas : une large part du public est venue pour déguster le set des seigneurs américains de Goatsnake (vos serviteurs avouent piteusement être dans ce cas). La montée sur scène du légendaire quatuor et l’excitation qui en découle suffit à valider ce constat. Il faut dire que dans ce cas plus encore, la rareté de l’événement rend ce moment exceptionnel, dans tous les sens du terme. Les concerts du combo sont rarissimes, leurs tournées minuscules, et y assister est donc par nature un plaisir rare. Dans ce contexte, les premières riffs de “Slippin’ The Stealth”, en outre premier titre de leur discographie, gravent la banane sur les visages des milliers de présents pour l’heure qui suit : gros son, grosse énergie, exécution impeccable. Les conditions d’un moment d’exception sont réunies, d’autant plus que le soleil écrasant de la journée commence à se coucher, permettant aussi aux lights sur scène de faire leur première apparition probante de cette journée. Lorsque Pete Stahl, déjà en nage dès l’intro de “Flower Of Disease” qui suit, s’en va au contact du public en descendant de scène, on comprend aussi que nos quatre gaillards ont bien prévu de tout donner ce soir. Ce sera aussi le cas des petits nouveaux, une section rythmique redoutable d’efficacité et de présence scénique. Tout en puissance tranquille Greg Anderson, enthousiaste et souriant, façonne des riffs venus de nulle part, occupant la part belle d’une mise en son impeccable. Quant à Pete Stahl, il attire et capte tous les regards : il danse, se contorsionne, saute, se roule par terre, sans jamais manquer une ligne de chant, ce chant atypique, toujours nonchalamment nasillard, puissant et charmeur. Les nouveaux titres joués ce soir (“Black Age Blues”, “Graves”, le monstrueux “A Killing Blues”…) trouvent leur place toute naturelle dans un set explorant par ailleurs de manière minimaliste toutes les facettes de la carrière du groupe.  Le groupe conclut son set par un “Mower” dantesque, riche, qui devient de fait le point culminant d’un set trop court, qui nous laisse exsangues. Quelle majesté…

BLUES PILLS

6 Blues Pills-IMG_3590


Changement de décor – dans tous les sens du terme – avec le quatuor de l’écurie Nuclear Blast. Nous notons rapidement que la prod est au rencart en constatant l’installation de lights supplémentaires ainsi qu’en assistant à un soundcheck effectué par des tiers. Blues Pills revient pour la deuxième année consécutive se produire en tête d’affiche de l’événement. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que le public dans sa quasi-totalité déserte les places de repos (ou de consommation de haute gastronomie germanique) pour converger devant la scène. Souffrant d’un déficit d’image auprès d’une frange de la communauté stoner francophone, il en est tout autrement au pays de la Bratwurst : Blues Pills plaît beaucoup.

Généreusement mis en avant par des éclairages bien sentis, Elin et sa bande sont à l’aise pour balancer leur set assez convenu et bien interprété. Avec des titres comme « Black Smoke » – brillamment envoyé – le quatuor étale toute la largeur de son registre. Les photographes pervers essaient de viser sous la jupe de la frontwoman (qui est certainement bien plus charmante que les têtes d’œuf ainsi que les velus qui l’ont précédée sur scène), les vieux babacools se lancent dans des interprétations très personnelles de la danse de la pluie, les couples se tiennent bien serrés et les familles avec enfants peinent à décoller.

Tandis que la jeune formation internationale confirme à ses fans qu’elle ne démérite pas leur affection, nous échangeons avec nos connaissances francophones un peu esseulées derrière la tour de contrôle protégeant la régie. Après avoir papoté un brin et échangé quelques bisous, nous reprenons le chemin de l’hôtel – nous assumons ici notre côté pas du tout rock’n’roll – afin de monter les films, vider les cartes mémoires et mettre au net les notes grappillées durant cette première journée de toute bonne facture qui nous aura permis d’assister à un des rares concerts que Goatsnake effectuera sur cette très (trop ?) brève tournée européenne. Et puis le lendemain les hostilités débutent de très bonne heure : il faut prendre des forces.

[A SUIVRE…]

Chris & Laurent

EARTHLESS, SUNDER – 29/05/2015 – Feyzin (L’Epicerie Moderne)

Elle risque bien de devenir notre échoppe lyonnaise préférée cette Epicerie Moderne si elle continue à nous choyer de la sorte. Jugez plutôt, depuis le début de l’année rien de moins que Earth, Red Fang, Uncle Acid bientôt et, ce soir donc, Earthless. Le laïus sur la salle est important car elle offre un accueil, un confort, un système son performant et une équipe de passionnés qui font de chaque concert une expérience agréable et immersive.
Ce soir, L’Epicerie, Merci Bonsoir et Goliath Lyon ont croisé les flux pour proposer cette co-prod acide et jammesque, cette affiche bicéphale composée de Sunder et Earthless. Alors, à votre avis ? Bien ou bien le plateau ?
10012530_10206898941778364_6530243887875297167_n
Sunder, les locaux. Anciens The Socks, la nouvelle mouture se dessine petit à petit et l’on commence à y voir un peu plus clair dans le changement, les envies et les intentions des quatre esthètes. Exit la deuxième guitare et place aux claviers, bien ancrés et soutenant la nouvelle assise plus psychée et même 60s par moment de Sunder. Le groupe entame son set par « Deadly Flower » le titre-démo sortit il y a peu afin de capter l’attention et déroule un live carré. Le travail des voix se fait remarqué et léché à la manière d’un Uncle Acid. La basse suit volontiers les lignes de chants pour mieux partir dans du délié sexy et rond. On retrouve la science de composition qui faisait déjà loi dans l’ancienne mouture. Mais il est indéniable que le combo cherche à faire grandir son son, à l’internationaliser. En acidifiant son rock, Sunder marche dans les barbes de Kadavar et Naam. La prestation de ce soir sent le travail. Les gonzes sont concentrés, ils envoient mais l’ensemble est encore très contenu et un poil convenu. En insufflant la fougue de leur ancien groupe, alliée à la rigueur de leur nouveau projet, en lâchant les cheveux et les chevaux et en stabilisant enfin la formule, Sunder pourrait devenir un objet musical riche et surprenant.
Après cette mise en bouche , tout le monde profite de l’agréable extérieur jouxtant l’endroit. Pas de sortie définitive ou de videur incompréhensif ici, on est en famille. Ainsi on se délecte des breuvages proposés à des tarifs plutôt abordables, des burgers du camion posé sur le parvis et on s’en grille une pour ne pas redescendre de cette soirée haute sphère.
18898_10206898952458631_1825606206835445041_n
Tellement agréable et détendu qu’on en oublierait presque qui s’est installé et nous fait l’honneur de nous rendre visite. Entre le Ferrailleur à Nantes la veille et le festival Primavera le lendemain, on peut s’estimer privilégié de les accueillir par ici. Pas souvent que Earthless franchit l’Atlantique et lorsque le premier morceau se met en place on sent que la réputation des ricains, dont les prestations live sont rares mais de qualité, est très loin d’être usurpée.
Le son, déjà très bon dès l’entame se fait quasiment parfait au bout de quelques minutes, propice à l’immersion du public qui désertera le bar tout le long du set. Chacun apprécie de manière plus ou moins immersive le véritable voyage que les californiens nous proposent. On nage avec palmes et tubas dans les 70s et c’est tant mieux, comme ça on peut se permettre de glisser un riff de « Dazed and Confused » au milieu d’un morceau, histoire de faire définitivement chavirer la (un poil de grosse barbe) trop faible audience qui ne demandait que ça.
On aurait du mal à parler de la sempiternelle “section rythmique” ou de quoi que ce soit qui se détache du lot de l’ensemble tant les trois de San Diego ne font qu’un, sans que ce ne soit JAMAIS ennuyeux. Une vraie prouesse quand tes morceaux/jams s’étirent très volontiers au delà du quart d’heure.
Le temps n’ayant désormais plus aucune emprise sur nous, « From The Violence Of The Red Sea », « Ulburu Rock » du dernier album défilent, passant du psychédélisme le plus introspectif à la pure furie rock ‘n’ roll avec, à chaque seconde, la même classe. Isaiah Mitchell devrait être érigé au rang de (vrai) guitar hero mais ne le sera probablement jamais. Pas plus mal quelque part, autant conserver la sincérité qui déborde de son jeu et qui aura ravi à coup sûr tous les amoureux de musique présents, autant dire tout le monde ce soir. Ajoutez à ça une batterie tellurique, envoûtante ou percussive, un bassiste quasi immobile mais impeccable, sans fioritures et toujours aux aguets des improvisations de ses comparses, pas étonnant que ce soit déjà l’heure du rappel. Au bout de quatre morceaux, soit une bonne de musique quasi ininterrompue.
Impossible d’être rassasiés, applaudissements insistants, sincères et mérités, c’est l’heure du rappel et Isaiah dirige son micro plus près de ses cordes vocales. Combo instrumental oblige, peu de communication verbale avec le public si ce n’est pour nous remercier d’être là et nous promettre, à demi-mot, un retour dans nos contrées au vu de l’accueil. “Des reprises pour s’amuser”, dixit Mr Mitchell, et l’orgasme auditif finit en apothéose, avec des versions dantesques de « Foxy Lady » et « Cherry Red » de Groudhogs, presque trop peu rallongées mais complètement jouissives, permettant à ceux qui en ont l’envie de se lâcher un peu plus.
(Avant) dernière(s) bière(s) au bar, surprise on ne se fait pas virer comme il est est trop régulièrement de coutume dans beaucoup de salles. Alors on discute du show et autres, on salue les adorables mecs des groupes en les félicitant et on finit sur le parking à partager les dernières canettes tièdes des barcelonais venus spécialement pour l’occasion, bien inspirés de préférer cette date plutôt que le Primavera et ses 90 Euros la journée…
Une agréable soirée, imprimée par du zicos « grand cru » qui nous aura satellisé, haut, très haut dans l’espace entre constellation acide et pluie de notes-astéroïde. Un grand merci.
Flaux et PaTapL

DESERTFEST Berlin – Jour 3 (Red Fang, The Atomic Bitchwax, My Sleeping Karma, Dopethrone,…) – 25 avril 2015 – Allemagne

Les lève-tôt que nous sommes constatent que le ciel de Berlin s’est quelque peu chargé de nuages alors que nous échangeons au sujet de la soirée d’hier et nous mettons d’accord sur le format du résumé visuel à balancer sur la toile (celui du troisième jour est par ici  : https://www.youtube.com/watch?v=6THedjPEbLo). Après un petit-déj des moins équilibré, nous arpentons à nouveau les rues de cette formidable cité et effectuons notre pèlerinage annuel chez Core Tex Records pour procéder à quelques acquisitions indispensables au rayon pas stoner du tout. Un burger – dans le meilleur estaminet spécialisé de la capitale teutonne –  bâfré sous le soleil qui a repris ses droits dans les cieux et nous filons à l’Astra sans tarder car la journée – qui débute à 14 heures – s’annonce des plus chargée.

TAU


La veille, l’orga avait fait le pari de l’énergie pour introduire la journée et réveiller un peu les festivaliers. Aujourd’hui, probablement pour nous préparer à une journée chargée en sensations, le Foyer est baigné d’une ambiance psyché cool, avec le groupe-projet-concept (??) berlinois TAU. Le public arrive tranquillement, la salle étant à moitié pleine pendant le concert (le groupe remercie d’ailleurs les “real hardcore people” qui arrivent si tôt). L’approche musicale du quintette, inspirée par des musiques folkloriques indigènes mexicaines, est compliquée à retranscrire live, d’autant plus que nous assistons– selon les dires du groupe – à leur premier concert. Autour de Shaun Mulrooney, leader et créateur du groupe, tout n’est pas fluide : une sorte de mandoline passe de main en main entre chaque titre, tout le monde agite ses maracas intempestivement… Mais au final, la musique tient la route, les titres sont carrés, et l’ambiance, parfaitement trippante, est impeccablement retranscrite. Une bonne intro pour cette journée.

MOTHER ENGINE


On entend parler de Mother Engine depuis quelques années (et notamment depuis leur mémorable concert dans le camping du Stoned From The Underground 2013) mais on n’avait pas eu la chance de les voir sur scène jusqu’ici. Et bien on n’est pas déçus ! Le trio de stoner instrumental (qui accueillera quand même deux vocalistes invités sur deux titres) délivre en ce début d’après-midi  un set de toute beauté. Tour à tour énergique ou planant, le souriant trio déroule des ambiances parfaitement ciselées pendant 45 minutes devant un public aux anges. Les allemands ont un talent évident pour évoluer continuellement sur le fil entre compos impeccables et impros.  Tant et si bien que lorsque Chris Trautenbach – guitariste et frontman naturel du groupe – rencontre un problème de tête d’ampli en milieu de set (qui l’amènera à aller en chercher une autre en backstage, rebrancher, etc…) ses deux compères n’hésitent même pas et engagent une impro basse-batterie quand ils comprennent que ça risque de prendre du temps… Le public, connaisseur, célèbre la performance d’une ovation méritée, avant que le set ne reprenne comme si de rien n’était. Une belle claque.

CIGALE


On était assez impatients de voir Cigale, pour retrouver deux anciens de Sungrazer sur les planches… Mais on a très vite compris qu’il était inutile d’espérer y trouver la seconde incarnation du trio hollandais : Cigale n’en a gardé que les plans les plus planants et les ambiances psyche, en sacrifiant un peu de puissance instrumentale au passage. Ambiances calmes, rythmiques posées, sourires, musiciens nonchalants et introspectifs, silences, chœurs aériens… On est même mal à l’aise pour le groupe quand, allant decrescendo sur la fin d’un de ses titre, il voit son “silence” complètement ravagé par le soundcheck des tarés de Dopethrone qui bastonnent sur la main stage à côté… Sourire en coin des musiciens qui sont de toute façon sur leur nuage. Rien de déshonorant dans cette musique ou cette prestation, mais ce set apparaît très décalé aujourd’hui…

DOPETHRONE


Il faut dire que passer de Cigale à Dopethrone, c’est un peu comme se faire ouvrir le crâne en deux par un coup de hache de bûcheron juste après avoir bénéficié d’un subtil massage des tempes… Les québécois bénéficient d’une belle exposition en héritant de ce slot sur la main stage, et ils ne sont pas prêts à gâcher ça. Le trio investit donc la vaste scène avec la bave aux lèvres, et dès les premiers riffs on comprend qu’on va manger du gras pendant trois quarts d’heure, et rien d’autre. Ca n’a pas l’air de déranger quiconque, lorsque l’on constate que la salle est presque pleine et que tout le monde est à fond dedans, jusque dans les derniers rangs. Première fois que nous les voyons depuis la sortie du délectable “Hochelaga”, nous étions impatients de voir ces titres passer l’épreuve du live. Comme une lettre à la poste ! Mentions spéciales pour “Scum Fuck Blues” qui démantèle quelques cervicales au passage, ou encore “Chameleon Witch” et son insolent et dévastateur break en milieu de morceau. Vincent mène clairement les hostilités, mais derrière ça ne joue pas petits bras, avec Carl qui bastonne comme un cinglé sur ses fûts et Vyk grand s(a)eigneur à la basse. On a évidemment droit à la reprise de Bill Withers “Ain’t No Sunshine” (“Anal Sunshine” ?…) vandalisée comme il se doit… On a pris notre pied !

BUSHFIRE


Après la baffe monumentale que nous venons de nous prendre sur la Main Stage, nous nous enfilons dans le Foyer pour pouvoir enfin découvrir live les « Allemands » de Bushfire. La bande de Darmstadt venant de terminer une tournée avec nos potes de Bright Curse, ils sont encore en pleine dynamique routarde. Bill, l’imposant frontman de la bande qui peut se targuer de voir Ben d’Orange Goblin de dessus lorsqu’ils se font face, nous ayant teasé depuis la veille au sujet de leur performance à venir, nous nous massons devant la scène. Le vocaliste anglophone domine de la tête et des épaules ses comparses à casquettes placés sur ses flancs avec, s’il vous plaît, une snap des Saints de New Orleans nous rappelant les influences du son de cette ville sur leur musique (tout comme sur celle du trio les ayant précédé dans le running order). Des affichettes à l’effigie du batteur – absent pour des raisons médicales – ornent la batterie. Le quidam derrières les fûts assumera son rôle avec brio et l’absence du titulaire ne sera pas perceptible durant ce set des plus heavy. C’t’équipe aux origines multiples nous aura livré un putain de bon show et si la foule s’est agglutinée dans la salle ce n’est en aucun cas à cause de la pluie qui tombe au-dehors (et ce n’est pas le chant du géant qui a provoqué ce phénomène météorologique, médisants que vous êtes !). Le charismatique vocaliste ira partager quelques lignes de chant dans la fosse avec le public, comme il le fait souvent, dans une ambiance excellente. Ces gars nous ont mis une branlée sérieuse en tapant dans le registre le plus lourd de leur répertoire laissant de côté leurs plans les plus bluesy.

THE ATOMIC BITCHWAX


Après une prestation pugnace menée en mode guerrier, c’est autour du trio de vétérans US de prendre place sur les planches. Rompus aux exercices scéniques, ces types au CV qui en impose (qui a dit Monster Magnet ?) envoient le son le sourires aux lèvres. L’ambiance est positive ainsi que fort dynamique, la prestation rehaussée par des images défilant en arrière plan bénéficie d’un rendu visuel du plus bel effet, lequel accompagne à merveille la démonstration technique que déploie le groupe du New Jersey. Attention, nous ne sommes pas soumis non plus à un clinic genre salon de la musique et restons dans une ambiance bien rock’n’roll qui envoûte le public compact aux abords des crash barrières. La formation aura survolé la totalité de sa discographie en débutant les hostilités par « Hope You Die » de leur premier – et légendaire – opus et en terminant sur une autre vieillerie (« The Destroyer ») tout en étant aller piocher trois extraits du petit dernier, Gravitron. Le tout envoyé dans la plus grande simplicité avec les deux permanents de l’avant-scène qui se succèdent au micro. L’incroyable « Forty-Five » joué en début de set constitue un des moments les plus intense de cette démonstration qui s’achèvera au bout de 45 minutes par une débauche de décibels tandis que le batteur Bob Pantella au masque de cochon accompagnera l’annonce prochaine de l’arrivée de Red Fang. Mais il faudra encore patienter en excellente compagnie vu le programme extraordinaire qui nous est proposé pour ce – déjà – dernier jour de festival.

MOUNTAIN WITCH


Les allemands de Mountain Witch (à ne pas confondre avec les ricains de Witch Mountain, déjà vus au Desertfest il y a deux ans) prennent la petite scène du Foyer après la grosse machine TAB, à l’heure de l’apéro… Exercice peu aisé, reconnaissons-le, et pourtant le trio de Hamburg s’en sort plutôt bien, en décidant de laisser parler la musique. Le heavy rock subtilement daté du trio fait mouche assez facilement : pour se démarquer de la quantité de groupes surfant sur la vague “revival”, Mountain Witch privilégie des titres carrés, des rythmiques cintrées, et dynamise le tout par sa formule de power trio, qui ne laisse pas de place au superflu. Sur scène, aussi, pas de superflu, avec des musiciens ni trop excentriques ni trop introvertis. Les compos défilent, efficaces et variées, et le set, une bière à la main, est franchement agréable, même s’il manque un peu de relief pour figurer dans les meilleurs souvenirs de cette folle journée…

MY SLEEPING KARMA


Le quatuor allemand, qui avait fait exploser la salle voisine du Foyer il y a deux ans, hérite très légitimement cette année de la Main Stage. Ayant pu découvrir le nouvel album avant le concert, nous savions aussi que le potentiel live de ses titres était énorme, or depuis plusieurs mois l’on savait que cette date au Desertfest ferait presque office de release party avant l’heure. Il faut croire en tous les cas que nous n’étions pas les seuls à attendre ce set avec impatience, au vu du public nombreux qui se masse devant la grande scène. Tout en sobriété et en sourires, les quatre lascars prennent donc tranquillement la scène sous les acclamations. Dès les premières notes de “Prithvi”, la cause est acquise. Matte nous disait dans l’après-midi (interview à venir dans ces pages…) qu’il s’agissait du morceau de transition parfait entre l’album précédent et le nouveau, “Moksha” ; cela se confirme en live. Le groupe égrène ensuite méticuleusement les meilleurs titres de son répertoire, tapant dans tous ses albums (alors que généralement les groupes en promo font plutôt la part belle à leur matériel le plus récent) : “23 Enigma”, qui suit, a beau avoir presque dix ans de plus, sa puissance est remarquable. On se retrouve rapidement pris dans une sorte de maelstrom un peu vertigineux où les morceaux défilent sans jamais un temps faible : “Ephedra”, bien sûr, le plus ancien “Tamas”, l’excellent petit nouveau “Akasha”… Sur la grande scène, agrémentée d’une projection vidéo d’ambiances en continu en “backdrop vituel”, on voit surtout un trio (Norman le claviériste reste prostré sur son instrument, dans la pénombre, tout le set), trois musiciens immergés dans leur musique, qui interagissent pendant et après les morceaux avec des sourires jusqu’aux lèvres… Très vite l’électricité est tangible partout dans la salle. L’ovation du public, tandis que le groupe clôture son set et passe plusieurs minutes à le saluer, est impressionnante. Un set mémorable.

TONER LOW


On était montés très haut émotionnellement parlant avec le set de MSK, or on sait déjà en gagnant la pénombre du Foyer que l’on va descendre très bas, très profond, ensevelis sous les coups de boutoir des allemands de Toner Low. Pas de surprise, du coup, c’est très précisément ce qui se produit dès les premières notes : le moindre riff émanant de la Gibson de Daan fait vibrer chaque organe de notre corps, bien aidé en cela par les vrombissements telluriques de Miranda. Le guitariste a apparemment tellement de mal à gérer lui-même ce déferlement sonique qu’il est doté d’un casque anti-bruit type “équipement de protection de chantier”, ce qui en dit long… Sur scène il ne se passe pas grand-chose : seule la grosse caisse de Jack est illuminée, telle une lava lamp ronde, tandis que le fond de la scène sert de support, comme d’habitude avec les hollandais, à des vidéos psychédéliques voyant danser sans fin des feuille des marijuana. Pour le reste, rien, pas une lumière : la pénombre ainsi générée finit de créer cette ambiance immersive dans laquelle plusieurs centaines de nuques battent lentement le rythme des morceaux puissants. Il faut toujours avec Toner Low attendre un moment avant de pleinement rentrer dans le set, c’est donc après un bon quart d’heure que l’hypnotisme sonique opère à plein, et l’on se délecte ensuite sans réserve de leur doom exigeant mais efficace.

RED FANG


Après un set sombre de doom envoyé dans la pénombre pour un public plutôt constitué de bourrins, nous procédons rapidement à un changement de lieu, de décors et d’ambiance pour la tête d’affiche de la journée. Il est à noter que nous aurons pour notre part déjà vu ce qui constituera nos coups de cœurs du jour (dans le désordre Dopethrone, The Atomic Bitchwax et My Sleeping Karma bien sûr !) alors que la formation taillée sur mesure pour les hipsters enverra son metal fashion dans l’Astra. Nous n’avons pas pour autant boudé ces Ricains qui, s’ils ne sont pas franchement une formation stoner, ne sont pas des manches non plus. Il faut dire que ces velus et chevelus savent y faire et parviennent assez facilement à faire monter la température en alignant les standards que leur public attendait. C’est blindé devant la scène, ça se dandine et ça hoche du chef vigoureusement même si pour certains ça sent déjà la fin des festivités berlinoises. Après avoir attaqué le set par « Birds On Fire » avec Bryan au chant, le groupe enfonce le clou avec « Dirt Wizard », leadée à la voix par Aaron, et converti dans la foulée en adeptes les rares personnes pas encore en transe dans la foule. Les Etasuniens déroulent un show impeccable – avec trois titres en rappel – devant ce public acquis à leur juste cause. Durant ce set généreux, leurs productions seront passées en revue avec notamment : « Wires », « 1516 », « Into The Eye » ou « No Hope » comme notables instants. Le public en redemande encore – est-ce l’effet fin des 3 jours ? – et les lumières se rallument rapidement dans l’Astra une fois la scène déserte (fest).

TSCHAIKA


NEUME était sensé passer la dernière couche de décibels du festival mais leur prestation ayant été annulée, nous eûmes droit à un autre groupe. Il est nécessaire ici de parler d’un « autre groupe » car, dans sa grande majorité, le public n’était pas au fait du nom de ceux qui avaient l’honneur d’effectuer le baisser de rideau. Si le groupe initialement prévu ne jouit pas d’une fanbase de la même envergure que les formations l’ayant précédé, la situation, pour Tschaika est du même genre, mais en pire. Ce choix de dernière minute est pourtant intéressant, le groupe étant en réalité un projet monté par le guitariste de RotoR. Tandis que la Main Stage est démontée à vitesse grand V (elle sera vide lorsque le dernier groupe aura plaqué son dernier accord), que la fiesta bat son plein dans les backstages (avec deux/trois figures de la scène venues assister au festival en tant que spectateurs, les groupes  de la journée et le staff), le duo – batterie-guitare – balance son fuzz des plus burnés. Les Allemands réussissent tout de même le tour de force de faire bouger les noctambules qui ne les attendaient pas en déployant des riffs bien agressifs au cœur de la nuit. Bravo les gars vous avez assuré !

Le temps d’aller claquer quelques bises, d’effectuer quelques poignées de mains bien viriles (nous sommes des types auxquels ce qualificatif va comme un gant), de passer une dernière fois par la partie club, d’aller constater que toute le monde a déserté le hippie market et de considérer les derniers piliers de bar en pleine action, nous prenons le chemin de l’hôtel afin de bénéficier de quelques heures de sommeil avant de nous envoler dans nos cités respectives. Au final, nous avons – une fois de plus – passé un super festival à Berlin et tenons à remercier le public, les groupes ainsi que Sound Of Liberation, des organisateurs aussi sympathiques qu’efficaces. Alors maintenant, les enfants, il est temps de sortir vos agendas et d’y noter en rouge gras que du 28 au 30 avril 2016 c’est à Berlin qu’il faudra être pour la prochaine édition du Desertfest allemand !

 

 

Chris & Laurent

DESERTFEST Berlin – Jour 2 (Brant Bjork, Ufomammut, Acid King, Conan,…) – 24 avril 2015 – Allemagne

Après quelques heures durant lesquelles nous avons profité de libérer de l’espace sur les cartes mémoires, monté le résumé visuel du premier jour et préparé le nouveau (dispo par ici : https://www.youtube.com/watch?v=ZC6vMOWGPwM), dormi un peu, changé de t-shirt (ça c’est super important en festival), acheté quelques disques (Record Store Day oblige), mangé et visité un nouveau quartier de Berlin jusqu’alors inconnu de nos limiers, l’heure est déjà venue de converger vers l’Astra pour un deuxième jour plein de promesses. Un Astra toujours baigné par un soleil radieux, ce qui finit de nous mettre en joie, avec la perspective de cette affiche de rêve…

TRAVELIN’ JACK

1-Travelin-Jack-IMG_0012


Et la journée commence de manière assez surprenante, tandis que l’on entre dans le Foyer à 14h et quelques, où les berlinois de Travelin’ Jack s’affairent déjà sur scène. “Surprenant” car le quatuor se la joue hard rock glitter, look inclus (falzards collants, jeans pattes d’eph’, maquillage presque “kiss-iens”…), et attitude à l’avenant : malgré un bassiste format grizzly renfrogné, le guitariste Flo The Fly (!!) se la joue guitar hero absolu, et la chanteuse “Spaceface” (!!!) n’est pas en reste, même lorsqu’elle dégaine sa Flying V pour épauler son voisin à la six-cordes. Jouant sur le décalage thématique, le groupe se livre sans réserve devant un public pas encore trop tassé, mais qui semble adhérer au concept. De notre côté, on apprécie encore une fois le talent de programmation qui fait le pari de l’énergie pour introduire cette journée et dynamiser un peu le public qui commence juste à se réveiller. Les confettis dorés uber-kitsch qui jaillissent sur la fin du set et qui joncheront le sol et la petite scène toute la journée laisseront tout du long ce petit sourire en coin bienveillant qui aura caractérisé cette prestation réjouissante.

MOANING CITIES

2-Moaning-Cities-IMG_0129


Les bruxellois de Moaning Cities ouvrent la main stage aujourd’hui, et font très vite montre d’une belle maîtrise dans l’exercice parfois casse gueule du rock psychédélique. Riffs lancinants, chant habité, les basiques sont bien là. La rythmique 100% féminine est redoutable d’efficacité, avec notamment un son de basse impeccable. En tous les cas, les quatre belges aux influences rappelant une sorte de Velvet version orientale, option Uriah Heep au bac et Jethro Tull en LV2, sont complètement dans leur trip, sans jamais non plus se perdre dans des jams stériles : les morceaux sont bien calés, ce qui contribue à l’aspect “moderne” de leur proposition musicale (qui évite l’écueil des impros vasouillardes sans fin trop souvent pratiquées dans cette veine musicale). Lorsque le bassiste s’empare de son sitar, assis par terre jambes croisées, pour s’engager dans un morceau pleinement oriental, on sent que les p’tits jeunes se la jouent authentiques. Et au final, ça fonctionne bien : le set déroule et le public, comme nous, prend du plaisir.

SUN AND THE WOLF

3-Sun-And-The-Wolf-IMG_0151


Le rock psychédélique reprend ses droits dans le foyer avec le groupe berlinois. Rien de très fou fou durant la prestation de ses autres régionaux de l’étape, mais une maîtrise certaine de ce genre hypnotique. Le groupe débute sa prestation de manière instrumentale à trois sur scène avant que le vocaliste de la bande rejoigne ses camarades pour balancer une purée teuton dont le public est preneur. Les alentours de la petite scène sont plutôt bien fréquentés durant ce set qui lorgne par moment vers le style indé selon certains spécialistes. Il est à souligner qu’avec la suite plutôt bourrin qui allait suivre, les lourds avaient pris leurs quartiers – d’été vu le temps – dans le jardin à bières en laissant pas mal de place aux aficionados d’un genre plus planant durant ce set techniquement au poil.

 

HEAT

4-Heat-IMG_0321


On change de salle, mais pas carrément de style et encore moins d’origine puisque c’est au tour de Heat de faire monter la température. On remarque quelques personnages connus de nos services parmi le personnel de la formation du cru puisque certains ont officié par le passé au sein de The Hara-Kee-Rees, Grandloom ou Samsara Blues Experiment. On tape aussi rapidement du pied à l’écoute de ce son vintage très hard rock dans son rendu final. Le bassiste, que nous avions déjà remarqué dans les temps jadis alors qu’il officiait pour d’autres, se déchaîne sur scène et attire naturellement tous les regards alors que ses coéquipiers, plus concentrés sur leurs instruments, demeurent assez statistiques durant la prestation. Qu’importe la raideur de certains, le public est réceptif (tout comme nous) et on s’en paie une belle tranche avec ces Allemands au registre aussi old school que leur matos (le jack torsadé ça la fait quand-même et heureusement que l’agité à la quatre-cordes n’en était pas muni vu ses aller-retour entre le centre de la scène et les retours servant de marchepieds).

KAMCHATKA

5-Kamchatka-IMG_0390


On est déjà bien calé devant la scène Foyer quand le trio suédois pose ses six pieds sur les planches : KAMCHATKA traîne avec lui une réputation étonnante, disproportionnée au regard de la confidentialité de ses productions vinyliques d’une part, et de la rareté de ses prestations live d’autre part. Mais être invité par Clutch pour faire leur première partie des deux côtés de l’Atlantique, participer au projet King Hobo qui accueille aussi Jean-Paul Gaster, et avoir en son sein Per Wilberg (Spiritual Beggars, Opeth, etc…), ça vous pose la légitimité d’un groupe. Il nous fallait donc valider ça sur pièce. Très vite, la qualité du combo ne fait plus grand doute : mené par un frontman chanteur / guitariste qui assure (Thomas Andersson), le power trio évolue dans un stoner heavy rock riche en riffs et en soli, très propice aux passages instrumentaux voire aux impros (50% de King Hobo sur scène, quand même…). La variété des compos est l’un des points marquants de ce set qui, en quarante-cinq minutes, aura convaincu un public dense et satisfait – à l’image de Tommi, de Dozer et Greenleaf, qui aura suivi tout le set avec le sourire aux lèvres (le bonhomme nous confiera quand même que le groupe aura été l’une de ses révélations sur ces trois jours). Sortez-les de leur froide scandinavie et venez les faire jouer par chez nous, bon sang !

ACID KING

6-Acid-King-IMG_0503


L’affiche de la journée se caractérise notamment par une grosse proportion de groupes à fort potentiel de poutrage doom, et la première salve doit être donnée par Acid King. Le trio nord-californien s’installe nonchalamment sur scène au son du fort bien nommé “Intro” issu de sa nouvelle galette. Une nouvelle galette que l’on sait heureusement de grande qualité, étant donné que la presque entièreté de leur set du jour est composée de titres dudit album ! Belle confiance en soi de la part du groupe de l’amazone Lori, qui décide courageusement de confronter ses nouvelles compos à un public qui, pour sa majorité, n’a pas encore pris connaissance de cette nouvel œuvre. Pari réussi en tout cas, au vu du coefficient ondulatoire appliqué aux cervicales d’un public dense, bien massé devant la main stage. Pas de grande surprise en terme de prestation scénique : Lori à gauche de la scène capte tous les regards, jouant sur son charisme nonchalant et sur son insolent détachement de tout ce qui pourrait s’apparenter à une quelconque sorte de démonstration guitaristique. Enchaînant les riffs à quatre notes joués à deux à l’heure, la grande dame du doom privilégie encore et toujours la mélodie, la lourdeur du riff et l’ambiance pesante des morceaux, sur lesquels elle dépose ses lignes vocales délicieusement nasillardes… De fait, les incontournables “2 Wheel Nation” et “Electric Machine”, les deux seuls titres joués ce soir qui ne figurent pas sur le nouvel album, s’incorporent parfaitement au milieu des nouvelles compos. Même si la communication avec le public est, comme toujours, quasi absente, le trip fut parfait et on aurait bien du mal à trouver motif à insatisfaction. Acid King fut à la hauteur ce soir, et même si en façade le groupe paraît imperturbable, en sortant de scène, ils étaient juste extatiques de l’accueil qui leur a été réservé par un public de connaisseurs…

 

DIRTY FENCES

7-Dirty-Fences-IMG_0581


Après cette incursion en terres bien lourdes, l’heure est venue d’assister au show d’un ovni dans cette programmation : Dirty Fences. Sur le papelard, ces garçons pratiquent le punk’n’roll. Dans les faits on a eu droit à un ersatz de Ramones plus qu’à celui des Hellacopters, mais avec un goût vestimentaire lorgnant vers le punk des eighties. On devine ces types amateurs de garage même si le rendu scénique s’éloigne du genre pratiqué sur disque, en tapant clairement dans le punk daté pratiqué dans l’urgence. Ça avance pied au plancher – aligné devant la batterie – avec une efficacité redoutable. Le bob porté par le guitariste, le gilet laissant entrevoir un poitrail juvénile du bassiste et la tenue improbable du frontman pourraient nous faire penser à une bande de marioles débarqués à Berlin pour faire les gugusses. Loin de là l’intention de ces lascars : ils ressuscitent leurs compatriotes Joey, Johnny, Dee Dee (ou CJ) et Marky dans la cité où un musée leur est consacré. Nous n’avions pas fait le déplacement pour ces quidams, mais ils ont réussi à foutre une ambiance terrible dans le Foyer avant que des choses nettement plus sérieuses se passent.

 

UFOMAMMUT

8-Ufomammut-IMG_0669


En ce qui concerne les choses sérieuses, le moment est venu, pour le public, de trépigner devant les portes pour se manger une bonne tranche de Ufomammut. En raison de quelques problèmes techniques, l’organisation fait poireauter un moment les excités avant de leur autoriser l’accès à la grande salle au bout de laquelle se trouve (devinez quoi ?) la grande scène (bravo à ceux qui avaient deviné la chose, Julien L’Herpès est fier de vous). Les mines sont un peu dépitées dans le camp italien en raison d’un souci de beamer. Nous aurons finalement droit à un show des Transalpins sans la dimension visuelle qui fait partie intégrante de l’art qu’ils pratiquent avec maestria. En dépit de cette configuration inhabituelle pour ce groupe, nous passons un moment intense avec un trio gonflé à bloc qui nous assène les plans déments dont ils ont le secret. Côté visuel, les vidéos en moins, c’est rouge (tout comme d’hab’ en fait) et les compères couvrent bien le périmètre de la scène sans s’adonner au gimmicks glam que nous avons pu remarquer plus tôt dans la journée, mais en assurant un spectacle de belle facture. Leur charisme y est certes pour beaucoup. A l’image de l’énorme « Plouton », extrait du petit dernier « Ecate », le style déployé est ultra technique sans taper dans la démonstration d’une académie de musique et sacrément burné sans pour autant aller rejoindre les bourrins qui s’en iront investir le Foyer en fin de journée. Malgré le retard accumulé en début de slot, le trio termine en avance et quitte la scène avant de revenir pour notre plus grand bonheur avec une nouvelle ogive maison qui les amènera donc à exploser leur créneau horaire. Rien à foutre : le groupe est satisfait et le public encore plus. Une réussite de plus à mettre à l’actif de ces vétérans européens.

 

BRUTUS

9-Brutus-IMG_0779


On change de laiterie, de genre et d’ambiance avec les brutes norvégiennes. Les types sont bien en place et leur chanteur est un entertainer de première. Sur le plan musical on navigue dans des eaux pas très éloignées de Kadavar, mais question déconne on est pas très éloigné de la vague punk à roulette et ça marche à fond : le public adhère à la démarche (et nous avec) de ces Scandinaves dispersés sur plusieurs pays. Le placement du quintet sur l’affiche n’est pas carrément le fruit du hasard et c’est rapidement carton plein avec la saturation des lieux qui va avec. Les titres se succèdent en variant pas mal le tempo, du rock planant aux plans plus catchy et tous les registres sont couverts avec une putain de maîtrise. Ça déconne sévère entre les titres, ça fait des grimaces, ça mène des conciliabules au sujet des titres à envoyer, ça envoie d’énormes soli tandis que le clown de la bande sirote sa binouze accoudé à la sono et ça finit par demander au public s’il faut encore foutre du son pendant une, deux ou dix minutes. Bref c’est que du bonheur durant un set de 45 minutes en forme de montagnes russes passant du rapide « Personnal Riot » à l’apaisé « Golden Town » sans jamais nous lasser, même en achevant la démonstration par un enchaînement de soli batterie et guitare.

 

BRANT BJORK

10-Brant-Bjork-IMG_1008


Présent depuis la veille sur le site du Desertfest, Brant Bjork était très attendu, et sa position de headliner de la journée est incontestable au vu de la notoriété démontrée du grand frisé ces derniers mois. Low profile jusqu’au bout des ongles, il débarque nonchalamment sur scène, un Martini à la main, qu’il dépose au sol devant ses retours, avant de s’engager avec son Low Desert Punk Band dans une impro instrumentale qui donne le ton de son set, impro se fondant en “Lazy Bones” enchaîné évidemment à l’indéboulonnable “Automatic Fantastic”. Plus qu’un vulgaire backing band, Bjork a trouvé une sacrée paire de cordistes avec le duo Bubba DuPree / Dave Dinsmore, qui l’épaulent avec efficacité et talent. On exprimera quelque réserve sur le nouveau batteur, Ryan Güt ; il faut dire que passer après Tony Tornay n’est pas facile, et le jeune batteur n’a pas le groove de son prédécesseur, même s’il fait le job.  Le grand desert-rocker déroule un set de bon niveau, même si on sent le gaillard un peu en pilotage automatique de temps en temps, surtout quand on l’a déjà vu sur sa tournée précédente (d’autant plus que la set list n’est pas vraiment révolutionnée…) : tandis que le quatuor était impeccable de bout en bout il y a quelques mois, il vendange ici quelques titres qui perdent un peu en efficacité (“Too many chiefs…”). Mais on serait bien bégueule de ne pas apprécier la prestation du combo ce soir, qui déploie quand même une set list de classiques, qu’il étaye de quelques glorieuses impros instrus, et d’un nouveau titre en milieu de set. Soutenu par un light show efficace, et une évidente envie partagée de bien faire, le groupe joue sur du velours, surfant sur un coefficient sympathie qu’il n’a pas volé, ne serait-ce qu’au titre d’une carrière de besogneux, qui trouve son aboutissement légitime dans ces dernières tournées à succès. Perchés sur leur nuage, les zicos, heureux, festoieront une bonne part de la nuit, mettant à rude épreuve les détecteurs de fumée de leur loge jusqu’au bout de la nuit…

 

CONAN

11-Conan-IMG_1067


Après cette balade sur un sentier de coolitude extrême, le moment est arrivé de nous payer le rouleau-compresseur Conan en frontal afin qu’il nous déboule dessus et nous aplatisse de son doom magistral. Le trio britannique fait dans l’impatient et décide d’embrayer 10 minutes avant l’heure – tardive – annoncée. D’abords dubitatifs, car craignant que le trio désire en finir vite avec ce set, nous sommes vite rassurés par ces vieux briscards des salles sombres qui nous livrent un concert dans la plus pure tradition Conan. Nous avons donc du mal à distinguer les deux équipiers en avant de scène et apercevons le rookie torse nu derrière sa batterie. Les éclairages (peut-on parler de lumières ?) sont minimalistes, super sombres et dans les tons bleutés le plus souvent : c’est donc glacial, mais le public, bien entassé dans le Foyer autour de la petite scène, sera à fond durant la totalité du set. Les deux encapuchonnés à casquettes se relayent aux hurlements (difficile de distinguer qui s’égosille tant leurs vocalises se ressemblent) pendant un set sombre et épais du meilleur tonneau dont un des points d’orgue sera l’ogive « Foehammer ». C’est devant des spectateurs désireux de se reprendre une branlée que les anglais tireront leur révérence en levant bien haut la Flying V (et la basse faut pas déconner) et en nous souhaitant un excellent week-end (la politesse british ça ne s’invente pas).

Encore une excellente soirée à explorer notre style de prédilection sous – presque – toutes ses coutures à l’Astra de Berlin que nous quittons encore très en forme pour aller prendre des forces alors que ça se dandine encore sur la piste de tremoussage (et que ça titube dans les rues).

Notre petit live report vidéo :

 

[A SUIVRE…]

Chris & Laurent

 

 

DESERTFEST Berlin – Jour 1 (Orange Goblin, Karma To Burn, Lo-Pan,…) – 23 avril 2015 – Allemagne

Comme chaque année, vos serviteurs ont effectué leur déplacement de printemps à Berlin pour assister au Desertfest. Avec ses grosses pointures et ses surprises sur scène, son organisation efficace et bienveillante, son public fantastique ainsi que son ambiance chaleureuse, ce festival est un de nos rendez-vous annuels préféré si ce n’est notre rendez-vous annuel préféré tout court.

Pour cette édition nous avons décidé d’augmenter sensiblement le niveau de difficulté en réalisant sur place, en plus des reports – dont vous lisez le premier –, des incontournables galeries photos et d’une poignée d’interviews, des résumés visuels entièrement réalisés sur un smartphone – que vous avez pu visionner par ici : https://www.youtube.com/channel/UCeBrmqBhdMDL1lOZ2-zkyEQ – et une poignée de séquences live plus soignées (que nous vous proposerons une fois montées).

Pas le temps de rigoler cette année et encore moins ce jeudi puisque les aléas du transport aérien ont repoussé notre arrivée. Une fois le pied posé sur le sol teuton, nous avons entamé le sprint bus-train-hôtel-préparation du matos-déplacement à l’Astra-accréditations-salut la compagnie-salut les copains-validation des horaires pour les interviews-appareils prêts au crépitement pour le premier groupe à se produire sans avoir eu le temps de respirer ou presque. Tant pis pour nous, nous prendrons du temps plus tard.

RIFF FIST

1-Riff-Fist-IMG_9488-2

Il appartenait à la formation des antipodes d’ouvrir l’édition 2015 du fameux Desertfest de Berlin. Le trio de stoner assez traditionnel, et couillu, a bien assuré son job en frappant directement là où ça fait bouger les cervicales présentes dans la place en cette fin d’après-midi ensoleillée. Le public, pressé dans le Foyer, a bien apprécié un set prenant place dans un registre pas si novateur que ça, mais toujours fort efficace surtout s’il est interprété de manière sévèrement burnée comme se fut le cas avec les Australiens fans d’imagerie désertique à la salsa western spaghetti qui réussirent à faire affluer du monde malgré le soleil et l’ambiance bièreuse du Beergarten.

WEDGE

2-Wedge-IMG_9636-2

Nous pensions que le public serait quelque peu apathique en ce premier jour où le soleil et la bière pouvaient paraître (en théorie) plus sexy qu’une salle de concert cloisonnée. C’est pourtant un public là encore bien fourni qui vint faire honneur au trio Berlinois. A peine plus d’un an après leur création, le groupe très influencé par leurs compatriotes de Kadavar (la pochette de leur premier album et leur logo sont quelque part entre l’hommage et le honteux plagiat…) fait son effet auprès d’un public qui n’en attendait pas tant. Faut dire que le groove rock très 60s/70s du trio est efficace, énergique, bardé de soli un peu décousus mais qui font généralement mouche. Un groupe intéressant, à suivre sur les prochaines années, en espérant qu’ils se détachent de l’ombre de leurs géants aînés berlinois.

 

BABY WOODROSE

3-Baby-Woodrose-IMG_9804-2


Soyons honnêtes, on avait un peu perdu de vue les Danois de Baby Woodrose depuis une petite dizaine d’années, dira-t-on. Même s’il a publié quelques galettes , surtout sur la décennie précédente, les pérégrinations de Lorenzo Woodrose, passant de side projet à projet solo, nous ont fait lâcher l’affaire… A regrets ! En effet, il ne faut pas longtemps pour nous replonger dans le heavy rock psyche du bonhomme. Car il faut bien le dire, les musiciens peuvent évoluer autour de lui, le charisme de Lorenzo, massif guitariste velu grisonnant arborant une somptueuse tunique hippie, suffit à emporter un public potentiellement sceptique. Sans clavier sur scène, le quatuor laisse parler les guitares (bien aidé en cela par un soliste fort efficace) et se repose sur une section rythmique robuste (quel son de basse !). Le quatuor dégaine quelques pépites qui nous rappelleront nos vieux jours. On citera notamment “Disconnected” et “Let Yourself Go” jetés en pâture en début de set avec une redoutable efficacité. Le public est vite conquis, et s’immerge vite dans l’ambiance, bien aidé par un light show aux petits oignons. A tel point que lorsque les bonhommes quittent la scène cinq minutes avant l’horaire de fin prévu, on regrette un peu qu’ils n’aient pas mis ce temps à profit pour nous en servir un dernier pour la route. Bon trip !

BLACK PYRAMID

4-Black-Pyramid-IMG_0021-2


Après le show fort sympathique des vétérans danois, l’heure était venue de se confronter à d’autres figures historiques de la scène. Le second trio de la journée à investir la petite scène avait ses fans et il nous eût été difficile de nous rendre aux premiers rangs si le groupe avait débuté à l’heure. Bien inspiré que nous sommes, nous avons radiné nos visages disgracieux en avance dans le Foyer et avons donc profité du set des Ricains dans son intégralité ce qui n’a pas été le cas de quidams sirotant à l’extérieur. Cependant, ces derniers finirent rapidement pas nous rejoindre au bout de quelques titres et Black Pyramid a décliné son set devant un foule fort compacte agglutinée devant la petite scène. Darryl Shepard et David Gein étaient épaulés sur cette tournée par Brian Banfield leur complice dans The Scimitar ; nous avons donc assisté à un set de Black Pyramid par The Scimitar qui a bouté le feu au foyer du festival. Achevant leur prestation – plus lourde qu’Everything Else, comme c’était mentionné sur le dos du shirt du bassiste à casquette – sur « Void Traveler » issus de la première production de leur groupe commun (The Scimitar donc) en rappel (vu le temps grignoté en début de set), les Etasunien ont conquis le public. Nous avons d’ailleurs été excités comme des petits fous durant ce set dont les morceau de choix furent « Mercy’s Bane » et « Open The Gates ». Ce dernier, tiré de leur nouvel ep, a constitué l’exclusivité de ce concert de metal selon le terme qu’utilisent ces musiciens pour qualifier leur son.

 

KARMA TO BURN

5-Karma-To-Burn-IMG_0349-2

Une clope rapide en traversant les coulisses du festival avant de se confronter à un autre monument fondateur du mouvement. Soyons toutefois honnête, le trio instrumental a tellement sillonné le Vieux Continent depuis sa renaissance que le côté exclusif et l’excitation y relative n’est plus de mise depuis quelques années déjà au sein des Desertrockers. Si l’on ajoute à ceci le bruit généré par certains acteurs de la scène au sujet des relations entretenues par K2B avec certains d’entre eux, l’enthousiasme est parfois un peu terni même si honnêtement les titres sont toujours aussi bon et leur impact sur scène dans la même lignée. Ayant cumulativement déjà vu ce trio sous toutes ses formes (avec chanteur, en duo, en quatuor,…) avec un personnel évolutif depuis son retour au business, nous avons quand-même eu droit à une nouvelle mouture de Karma To Burn lors de cette soirée. C’est avec un bassiste inconnu de nos services que William Mecum a débarqué sur scène. Qu’importe, nous ne nous pressions pas aux premiers rangs pour les gossips, mais pour se faire botter le fessard à grands coups de standards de la formation. Nous n’allions pas être déçus par le setlist : 8, 39, 34, 19, 55, 36, 15 (bien vu ce dernier binôme), 57, 9, 54, 30 et 20, mais il n’en a pas été de même pour la qualité du son qui a passé de bon à franchement pas terrible lorsque « 54 » issu de « Arch Stanton » a été interprété. Il est important de mentionner que, malgré cet aspect technique, le public s’est fortement trémoussé durant la totalité de ce show qui vit les premiers rangs danser alors que ça nageait en surface de foule. Les lascars d’Orange Goblin assistant pour leur part à ce set depuis les bords de la scène. Le final sur l’enchaînement des traditionnels « 30 » et « 20 » a une nouvelle fois été du plus bel effet et, malgré toutes les perturbations autour du groupe, on s’est pris une bonne baffe bien sympathique tout comme d’hab !

THE PICTUREBOOKS

6-The-Picture-Books-IMG_0457-2


C’est maintenant aux très hypés Picturebooks de prendre d’assaut la scène Foyer – une petite scène taillée sur mesure pour ce duo (d)étonnant, à l’encombrement minimal : une guitare et un kit de batterie, et c’est parti ! Le set commence dans une absence totale de cérémonial, comme si le groupe émergeait d’un soundcheck rapide.  Il faut d’ailleurs un morceau pour que Flynn rentre vraiment dans son set, le gratteux paraissant un peu apathique en début de set. Mais très vite, pourtant affublé d’une guitare électro acoustique (saturée “comme une grande”, rassurez-vous), le bonhomme commence à se déchaîner sur la petite scène, et les “PCH Diamond” (avec un Philipp qui martèle ses fûts avec des petits maillets) et “Your kisses burn like fire” dégainés dans le début du set ont tôt fait de mettre tout le monde dans une semi transe hypnotique portée par les saccades de percus du batteur. Le duo germanique se démène en tout cas et les interactions ne manquent pas, avec les premiers rangs du public ou entre eux deux ! L’énergie et l’originalité de l’ensemble emporte le set, même si sur la longueur, le groupe manque de variété dans sa set list, et ça se ressent d’autant plus en fin de set : même si l’on ne s’ennuie pas, l’excitation baisse un peu…

 

ORANGE GOBLIN

7-Orange-Goblin-IMG_9752


Point d’orgue de cette première journée de festival et headliner incontesté, les Britanniques étaient fortement attendus par le public berlinois ou plus précisément  par les gens présent à Berlin vu le nombre de francophone présents dans l’enceinte du festoche. Alors que nous nous attendions à avoir sept musiciens sur scène (sacrés farceurs des réseaux sociaux), c’est cinq Anglais en forme olympique qui allaient nous gratifier d’un show d’anthologie. Annoncés en grande pompe aux deux Desertfest d’avril, la formation avaient rameuté du monde en annonçant des concerts historiques au cours desquels le légendaire « The Big Black » – leur troisième opus – serait joué intégralement. Le setlist était – partiellement au moins – connu d’avance, mais tout le monde trépignait alors que « I Want You » du magique « Abbey Road » des Bealtes était envoyé à fond dans la sono pour accompagner une projection en fonds de scène à la gloire d’Orange Goblin. Les images animées allaient d’ailleurs suivre tout au long de la prestation des insulaires pour ajouter encore plus de panache à une prestation qui n’allait pas en manquer. Sans réelle surprise, le groupe débarqua sur scène alors que John s’égosillait encore dans les enceintes pour attaquer dans l’ordre leur troisième plaque devant un parterre aux anges. Les pileux à peine remis de leur prestation annoncée d’avance, revinrent rapidement sur scène au terme de celle-ci pour une poignée de titres globalement plus récents et pas pour la reprise de Sabbath figurant sur certaines versions de l’album joué précédemment. La fin du set débuta par l’ouverture de « Back From The Abyss » : « Sabbath Hex », puis effectua un bon en arrière avec« Saruman’s Wish » de «Frequencies From Planet 10 » et s’acheva sur deux extraits de « A Eulogy For The Damned » : « Red Tide Rising » ainsi que le titre éponyme pour la première fois de leur carrière qui a suivi de longs remerciements du frontman géant, Ben Ward, à l’attention des personnes présentes dans la salle ce soir-là. Peu riche en surprise, à part l’inédit live, la performance d’Orange Goblin a carrément scotché  tout le monde et c’est le sourire aux lèvres que le public a déserté la Main Stage encore un peu groggy suite aux assauts furieux de la tête d’affiche.

 

LO-PAN

8-Lo-Pan-IMG_9904


Quelques bouffées d’air – ou de nicotine – à peine après la fin de la représentation donnée par Orange Goblin, le moment était venu de nous retrouver aux abords de la petite scène pour la dernière performance du jour. Le rôle – parfois ingrat – de clore la journée revenait aux pouliches de l’écurie Small Stone en pleine campagne européenne avec Black Pyramid. La tâche confiée à la formation US était de maintenir en éveil une foule déjà bien rassasiée de décibels – voire de bière ou autre aussi er un peu fatiguée vu l’heure tardive à laquelle débutait la prestation en ce jeudi soir – et il faut avouer que la mission a été parfaitement remplie. Dans une configuration scénique assez spéciale, Lo-Pan a balancé une bonne ration de stoner sévèrement couillue avec son imposant chanteur – Jeff Martin – à l’arrière de la scène derrière son camarade batteur vêtu d’un t-shirt de Quicksand. La foule a rapidement adhéré au style pour se laisser aller à se trémousser alors que la Flying V balançait des riffs de classe internationale. Les vas-et-viens de la nuque se généralisant durant certains titres dont l’excellent « Land Of The Blind » asséné lourdement en raison de l’excellent travail opéré par la section rythmique emmené par une Rickenbacker vrombissante.

 

L’assistance s’est rapidement disséminée dans les rues berlinoises au terme de le performance de Lo-pan pour regagner ses pénates afin de se revigorer pour la suite du festival alors que certains furieux trémoussaient encore leurs carcasses au son des titres habilement sélectionnés par Jan Schwarzkamp planqué derrière ses platines dans le mini club installé dans l’enceinte-même de la manifestation.

 

Notre petit report vidéo :

 

[A SUIVRE…]

Chris & Laurent

 

RED FANG, THE LUMBERJACK FEEDBACK – 23/04/2015 – Tourcoing (Le Grand Mix)

Ce jeudi 23 avril, le Grand Mix est le lieu de transhumance privilégié pour les barbus de tous poils (les blonds, les bruns, les roux, les cendrés, les belges, les français, les francophones, les néerlandophones et les barbues femelles). C’est en effet aujourd’hui que les quatres branleurs (au sens affectueux du terme) les plus connus d’Oregon débarquent à Tourcoing pour venir défourailler les guitares, nous abrutir de musique qui tâche et nous abreuver de kitchissimes T-shirts sur leur stand merch.

En attendant les stars interplanétaires de Portland, il fallait être bien informé ce soir pour connaître le nom du groupe de première partie. En effet, les lillois de The Lumberjack Feedback n’économiseront pas leur salive en présentations et autres divagations. Le quintette instrumental n’a qu’un seul but : envoyer le bois avant que les bûcherons de Red Fang ne s’attaquent à la foule du Grand Mix et le débitent à la tronçonneuse.
Les lillois et leurs deux batteurs vont marquer d’entrée de jeu le public au fer rouge avec un doom ultra-puissant servi par un son implacablement lourd et un jeu de lumières quasi-hypnotique. Ce ronflement énorme de basse servi par une double rasade de frappes dignes d’un Mike Tyson prend tellement aux tripes que même les bouchons d’oreilles s’avèrent inutiles. La musique du combo rampe, s’infiltre par tous les pores de notre corps.
Le bien nommé « A Whisper to the thunder » démontre à lui seul la plus-value apportée par la double-batterie sur cette montée finale tantôt synchrone, tantôt alternée. Du grand-art qui contribue à malmener l’auditoire pendant la totalité du set et à le mettre en transe.

Le rouleau compresseur lillois a à peine quitté la scène que les joyeux Red Fang s’improvisent roadies et viennent caler eux même leur matos, coller les setlits et dégoupiller quelques bouteilles d’eau sur la scène. Ambiance bon enfant et « no prise de tête ». Nous avons donc jsute le temps de nous ravitailler au bar pour nous remettre de nos émotions doomesques.
Servis par deux chanteurs aux timbres opposés, le groupe de Portland pioche allégrement dans son catalogue et alterne le brutal (beuglé par Bryan Giles) et le catchy (distillé par Aaron Beam). Ce dernier fait le show en balançant son immense carcasse comme un dératé entre son micro et la batterie (à ce stade là, nous sommes au-delà du headbanging traditionnel !) et en interpellant le public dans un français parfait.
Comme prévu (et malgré un son faiblard sur le micro de Beam), l’ambiance monte d’un cran et le taux d’humidité s’envole quand, au trois quarts du set, David Sullivan balance l’intro de « Wires » qui ouvre la brèche pour les adeptes du stage-diving. Autre morceau et mêmes conséquences : « Prehistoric Dog », véritable hymne repris en choeur par la majorité d’un public moite de sueur et ivre de bonheur (et de bière également). Le groupe de Portland se targue même d’un nouveau morceau (dont on ne connaîtra malheureusement pas le titre) qui poutre comme du Red Fang et laisse augurer un prochain album de bonne facture.
Pour le rappel, les quatres lascars de Portland reviennent plus enragés que jamais et montrent les crocs sur un enchaînement fatal « D.O.E.N. » / « Hank is Dead » qui fait déjà de cette soirée bûcherons un des grands moments live de 2015.

STEAK, DOMADORA, CRYSTAL HEAD – 08/04/2015 – Lille (Le Biplan)

Il ne fallait pas arriver en retard en ce 8 avril tant les horaires du Biplan sont serrés.

8H00 pétantes : ouverture des portes. Juste le temps de passer commande au bar et voilà déjà Crystal Head (ex Magna Saga) qui prend les instruments. Devant une quinzaine de personnes, le trio londonien balance tout son savoir faire et ses influences pour nous offrir un show dense, varié et bétonné au Tonyglandyl. Un sans faute de bout en bout, de « First and Last » à « The Fox », en passant par un « Bellicose » réarrangé pour l’occasion.
Ces anglais, découverts en première partie de Nebula il y a 5 ans à Londres, et après un set off-DesertFest 2013 acoustique remarqué, sont voués à grimper. Outsiders de la soirée, ils ont d’emblée mis la barre vraiment très haut.

Lourde tâche pour Domadora, seul groupe français de l’affiche, de prendre d’assaut le Biplan après cette claque. J’attendais beaucoup des parisiens, notamment après les critiques dythirambiques lues un peu partout suite à la sortie de « Tibetan Monk », mais aussi suite à leurs diverses prestations scéniques.
Une communication minimale avec le public, (« salut, nous sommes Domadora » et « Au revoir, c’était Domadora ») et des titres à rallonge : c’est ce qu’a ce soir à nous offrir le trio psychédélique de Paname. Même si l’ensemble s’avère très solide, l’ambiance proposée est à mille lieue de celle offerte par Crystal Head. Difficile donc pour moi d’apprécier cette longue jam session de près de trois quarts d’heure, contrairement à une grande majorité du public qui oscille gentiment au son du groupe. Dommage pour moi.

Au tour de Steak de venir sur scène pour mettre un terme à la soirée.
Premier constat : le combo anglais fait le job et enquille les titres pour le plus grand plaisir des headbangers et autres slammers (attention quand même : le Biplan est bas de plafond). Ca envoie dans tous les sens, ça bouge sur scène et devant la scène.
Deuxième constat, malheureusement pour les anglais : l’impression en les écoutant d’être un des skinheads (« Mets la 8, mets la 8 !!! ») de « Didier » (le film d’Alain Chabat), coincé dans sa bagnole et écoutant un disque non pas homogène mais mono-machin-chose (les adjectifs me manquent) !!! Tous leurs titres semblent n’être ni plus ni moins qu’une resucée de leurs « Rising » et « Liquid Gold », eux même des resucées d’illustres ancêtres venus du désert. Et ce n’est pas la reprise de « Flip the phase » en guise de rappel qui viendra démentir ce ressenti.
Un steak, c’est toujours meilleur saignant, après un rapide aller-retour sur le grill. Nos Steak ne l’ont semble t’il pas compris et sont déjà restés collés trop longtemps au fond de la poêle à mon goût.

COLOUR HAZE, RADIO MOSCOW, CHERRY CHOKE – 02 mars 2015 – Paris (Divan du monde)

Comme quoi ça valait la peine de le souhaiter à chaque étoile filante aperçue, Sound Of Liberation m’a entendu et a réorganisé cette année une nouvelle version itinérante de leur Up In Smoke festival. La version sédentaire faisant baver de par sa programmation de dingue et n’ayant pu m’y rendre, ne restait que le doux espoir que mon souhait soit exaucé : le retour de ces affiches enfumées avec trois noms dessus. Et quel retour ! Les petits plats ont été mis dans les grands avec Cherry Choke, Radio Moscow et Colour Haze. Tout ce beau petit monde nous donnait rendez-vous le 2 mars au Divan du Monde.

colour-haze-radio-moscow-up-in-smoke-v-tour

Tout amateur de rock ne pouvait manquer cette date et c’est une salle déjà bien remplie mais en constante expansion qui accueille le début des festivités. Sympathique trio venu de la perfide Albion, Cherry Choke propose un acid rock du meilleur goût (bien évidemment signé chez Elektrohash). Pour ouvrir une soirée et chauffer l’atmosphère, il n’y a pas mieux. On ne parle pas de petits nouveaux venus, le groupe comptant dans ses rangs des membres de Josiah et The Kings of Frog Island. On sent la maîtrise et l’efficacité à travers le set des anglais. Avec un joli sens mélodique, l’audience se retrouve projetée 50 ans en arrière en plein trip. Sachant alterner avec justesse titres plus directs et plages instrumentales, avec refrains qui tapent dans le mille, la fosse répond toujours plus présente à chaque fin de morceau. Si l’originalité n’est pas de mise, tout cela est fort bien exécuté et avec sincérité, l’adhésion ne peut être que remportée.

up-in-smoke-vol-v-psychedelic-roadfestival4725

Tout cela commence bien, le décor est planté, ce soir la formule en trio va faire parler les instruments et nous plonger dans les temps sacrés du rock psychédélique. Au tour de Radio Moscow de nous faire sauter dans la DeLorean et nous plonger dans un set tout droit sorti des temps immémoriaux où les pionniers du rock psyché défrayer la chronique. Immémoriaux parce que rares devaient être les personnes ayant pu assister en direct à la révolution musicale de l’époque. Pourtant le Divan du Monde affiche bien complet quand le trio se lance dans ce qui se révèlera être un pur moment de rock. Parker Griggs et sa bande font renaître les démons hendrixiens et les creameux power trio grande classe. Après que l’on adhère ou non, ça joue. Et quand ça joue à ce niveau on ne peut que finir avec un sourire niais aux lèvres. La virtuosité du groupe n’est plus à louer, ce serait un euphémisme. Le public est sous le charme, les titres plus up-tempo, s’enchainent aux blues plus classiques. Radio Moscow avait explosé en début de carrière et l’on sentait un léger en deçà par la suite, néanmoins ce soir il n’y a pas à dire ils ont frappé fort là où ça fait du bien. Une prestation de haut vol.

10336668_760265690695070_6181908235845667471_n

Phénomène étrange de mon point de vue, la salle se vide légèrement après le set des américains. « Mais les gars, il y a Colour Haze ensuite ?!?! » Je peux comprendre la « hype » autour de Radio Moscow mais pas que l’on puisse faire abstraction de LA tête d’affiche de cette soirée. Colour Haze ! Ce groupe fait partie des géants du stoner-rock. Que leurs dernières livraisons n’emportent pas l’unanimité, soit, mais quand on a eu la chance d’assister à leur set exceptionnel de 3 heures il y a quelques années, on sait de quoi il en retourne quand on parle des allemands en live. Puissance évocatrice, maîtrise, honnêteté, sobriété et en même temps explosion des sens. Sans esbroufe le trio va nous offrir un set efficace, bien calé, où trois nouveaux morceaux nous seront proposés. Ces derniers s’intègrent dans la setlist sans dénoter car comme toujours ces dernières années les morceaux choisis ne remontent pas plus loin que 2004. Je rêve toujours d’entendre les perles des premiers albums au milieu des incontournables « Tempel », « She Said », « Mountain » and co. On pourrait s’étendre des heures à conter les moments de grâce que nous a offert ce live. A noter un jeu de batterie de plus en plus mis en avant, plus « rentre-dedans » que sur album, propulsant les titres vers une énergie plus brute. Les petits soucis de câble de Stefan ne seront qu’anecdotes et font partie des risques, comme le confesse ce dernier. Il faut plus de temps de jeu pour permettre aujourd’hui aux allemands de titiller les cieux. Non ce soir Colour Haze a encore une fois été à sa mesure en live : incontournable sans tenir du divin.

 

Pour finir je citerai le philosophe à mes côtés en fin de concert : «Tu vois, eh bien Radio Moscow c’est LE rock quoi ! Eh bien Colour Haze c’est LE rock psychédélique »… Bref… c’était LA soirée à ne pas manquer pour tout amateur du genre quelle qu’en soit l’étiquette.

MONOLORD, SALEM’S POT, ENOS – 26 février 2015 – Paris (Glazart)

Avec les Stoned Gatherings quand la saison de la bûche est ouverte, elle n’est pas ouverte à moitié. Après un duo Toner Low / Sardonis que l’on ressent encore au plus profond de nos entrailles, c’est encore une bonne grosse tartine qui nous attend avec les « sensations » doom du label qui monte RidingEasy Records : j’ai dénommé Salem’s Pot et Monolord. Les deux groupes suédois en tournée se sont vu adjoindre en ce 26 février au Glazart, Enos en première partie. Que voulez-vous, quand on aime on ne compte pas les mandales sonores.
10418529_947968081897756_5689256034170971353_n

L’excitation est palpable dans l’air quand on pénètre dans la Stoned salle qu’est devenu le Glazart. L’excitation de connaître notre première fois avec des groupes qui ont marqué 2014 et qui semblent bien partis pour marquer les années à suivre. Ce public de curieux avisés ou d’avisés curieux est déjà présent en nombre quand Enos prend place. Ca fait plaisir de voir une première partie se produire devant autant de monde. Je pense que les premiers surpris sont le groupe lui-même, qui se retrouve ainsi galvanisé par une audience qui plus est réceptive à son psychédélique stoner rock. Les britanniques enchaînent les morceaux avec savoir faire, unissant envolées planantes avec riffs plus velus. On est en plein dans ce courant psyché moderne, plus lourd dans ses riffs mais qui sait s’aérer à coups de wah-wah bien senti ou d’effets dans les voix. Peut être pas la révélation de l’année mais une jolie découverte en tout cas. C’est fichtrement bien foutu, les mélodies sont prenantes avec une belle énergie qui s’échange entre le quatuor et la salle. Applaudissements nourris en fin de prestation, les Anglais ont marqué des points ce soir.
10393944_729389380508738_7608293064468669537_n
Après un petit break bien mérité, on sent la soirée bien lancée, tout le monde se rue sur le merch (forcément quand on assiste à la première tournée de groupes qui ont sorti leur premier album), laissant ainsi le temps à Salem’s Pot de prendre petit à petit maîtrise de l’espace. L’heure du show a sonné, un écran a été installé en fond de salle, les lumières se tamisent et les cinq protagonistes montent sur scène avec masque vénitien et chandelier en main. Les suédois soignent leur mise en scène soit, peut-être à pousser un peu plus quand ils auront les moyens de. Premier extrait directement sorti de leur excellent « …lurar ut dig på prärien » et leur doom 70’s fait mouche. Le son est précis avec un clavier bien mis en avant qui assure l’atmosphère propre à la musique du groupe. On est en terrain conquis. De là le quintet alternera titres issus de l’album et morceaux plus boogie/rock 70’s qui personnellement tendra à me casser l’atmosphère précédemment cité. La projection vidéo faisant des siennes finit par être abandonnée et bien qu’efficaces et particulièrement addictifs les titres plus « enlevés » n’étanchent pas ma soif de proto-métal / doom mystique que le groupe sait si bien offrir sur galette. Qu’à cela ne tienne le public est conquis, ravi de découvrir en live une autre facette de Salem’s Pot. Au final un très bon show, plus dans l’énergie que ce que à quoi on s’attendait. A revoir avec un autre album sous le bras pour voir quelle direction leurs futurs sets prendront.
10841792_842540582443712_783001429436862593_o

Le temps de débriefer tout cela et c’est au tour de LA sensation doom de 2014 de nous déflorer les tympans de leur première incarnation live sur Paris. Le filet de leurs haches est bien affuté, ils vont pouvoir envoyer du bois par bûches entières. Pas de chichi, les trois gaillards occupent l’espace et lancent les premières notes de l’instrumental « Audhumbla » pour faire bouillir de suite les nuques. Le son est massif, un poil moins fuzzé que sur album, plus rentre-dedans en soi. C’est ce qui marque dès le début du set, Monolord modernise le doom par une interprétation plus massive et plus énergique. S’il n’y avait pas le son, on pourrait assister à un live de heavy-métal que ça ne surprendrait personne. Quelle claque ! Les suédois délivrent une puissance de frappe sur scène qui abasourdi l’audience instantanément. La répétition des riffs martiaux affirme l’emprise audidive qu’exerce le groupe sur le public. Totalement conquise et hypnotisée la foule headbangue d’un seul flot au rythme martelé de la batterie. L’effet sur la voix est retranscris à l’identique du studio, nous sommes donc subjugués par le rendu tout en vigueur des morceaux. Un second album est déjà en approche (sorti prévu en avril) et le trio se fend donc de nous présenter en live le premier single déjà publié sur internet : « Cursing the One ». En fait le son live du groupe se rapproche plus du son développé sur la version studio de ce titre et autant le dire, c’est un nouveau hit dans la besace des suédois. Pas radin en nouveauté un deuxième extrait nous est présenté avec « We will Burn » et un final de bucheron qui matraque nos nuques jusqu’à rupture. Généreux et en parfait osmose avec son public, Monolord ne se contente pas de réciter à la perfection son album, il nous offre ainsi leur reprise de « Fairies Wear Boots » de qui vous savez. Il n’y a pas à tortiller, ces trois là ont du talent car repris mais surtout réinterprété et intégré à leur univers, le morceau tape dans le mille. Ils sont énormes et il n’y aura pas de prisonnier. Pour clore ce show de jongleurs de parpaing, il ne restait que « Empress Rising » à nous balancer pour finir d’achever les quelques têtes ayant survécus à la force de frappe de groupe.

La sciure couvre le sol, quelques tympans tentent en vain de revenir à la réalité que le set est fini. Résonne toujours l’enchainement de tubes doom auquel nous venons d’assister. Les sourires sont béats. Une soirée sans fausse note encore une fois. Les Stoned Gatherings nous offrent l’opportunité de découvrir et de rencontrer tous les groupes qui rythment notre quotidien, des plus classiques aux plus récents. Ce soir, jeunes vierges effarouchés nous étions à l’entrée, amants comblés nous sommes à la sortie.

Se connecter