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UP IN SMOKE 2014 – Jour 1 (Fu Manchu, Ufomammut, Blues Pills…) – 3 octobre 2014 – Pratteln (Suisse)

Après une édition 2013 de toute grande classe, l’équipe de Desert-Rock n’allait pas manquer le Up In Smoke nouveau qui reprenait ses quartiers au Z7 de Pratteln dans la banlieue de la partie suisse de Bâle. Idéalement située à la conjonction de trois pays, la cité rhénane a non seulement attiré une horde de rockers venus en voisins de Suisse, de France et d’Allemagne, mais aussi des fans de stoner ayant effectué le déplacement depuis des régions plus éloignées de la Vieille Europe.

Le coup d’essai de l’an passé ayant été concluant, les organisateurs avaient carrément doublé la mise en planifiant l’événement sur deux jours. De notre côté, nous avons aussi renforcé notre représentation et c’est donc 3 rédacteurs qui se sont rendus au centre du continent pour se gaver de concerts d’excellente facture.

Après quelques étreintes et high five, nous avons pris nos quartiers dans l’hôtel sis à 400 mètres de la salle, lequel servait de hub à la plupart des participants à ce magnifique raout, et avons pointé nos faciès du côté des portes alors que la zone industrielle malodorante où se situe la salle était réchauffée d’un agréable soleil automnal. Nous avons très rapidement croisé des connaissances et tapé la discussion en couvrant la faible distance séparant nos pénates des scènes du festival.

PHASED

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Avec quelques minutes de retard, comme quoi ça arrive aussi en Suisse, nous pénétrons (les premiers) dans le périmètre du festival qui a quelque peu évolué depuis l’an passé. La principale modification étant l’installation, sous une tente, de la Side Stage qui devient donc une scène à part entière sise hors de la salle entre l’entrée, les stands de (mal)bouffe et les tables pour desert-rockers fatigués. C’est sur cette scène de taille fort convenable que nous voyons évoluer la première formation de la journée : Phased. C’est les régionaux de l’étape, quoiqu’avec deux tiers du groupe d’origine scandinave on nage plutôt dans la Grand Europe, et ils ont leur public. Ça échange pas mal avec les premiers rangs même si nous ne sommes encore que quelques poignées de spectateurs dans la place. Le trio a visiblement des fans dans les parages et, vu la discographie impressionnante qu’ils ont déjà alignée depuis la fin des années 90, nous ne sommes pas vraiment étonnés. Au passage, nous notons que même des labels phares du style ont sorti certaines de leurs plaques. Bref ça envoie plutôt bien dans un registre lourd et lent dans la plus pure tradition du doom. Les rasés avaient une demi-heure pour convaincre et c’est chose faite. Les fans de combos alignant des compositions doom rock aux relents psychédéliques sont aux anges. Ca débute bien se dit-on !

INTERCOSTAL

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Après un groupe originaire du lieu et du pays des vikings, on tape dans le national avec les Genevois d’Intercostal. Rompu aux exercices scéniques non seulement avec leurs formations parallèles ou passées, mais aussi avec cette structure, le quatuor est à l’aise sur la scène principale de cette manifestation. Les rédacteurs de ces pages virtuelles avaient déjà eu le plaisir d’admirer cette formation plusieurs fois depuis 2009 où ils avaient ouvert pour Acid King à l’Usine de Genève et presqu’à chaque fois des éléments la constituant avaient changé, mais à chaque fois aussi le plaisir était présent tant ce groupe est fantastique sur scène. Cette fois, c’est un nouveau batteur qu’il nous a été donné d’apprécier pour sa première représentation avec cette formation. Le garçon a du métier et les trois ou quatre répétitions faites en commun ont porté leurs fruits : Intercostal est au top et le public qui commence à affluer dans la salle bâloise ne s’en retourne pas descendre des bières dehors à l’extérieur : il demeure à l’intérieur et ne boude pas son plaisir en se régalant d’un show court (trente minutes), mais intense qui fait furieusement bouger la nuque et taper le pied au sol. Débuté avec des titres récents incluant des parties vocales délivrées par deux hurleurs, le set s’aventure pour sa deuxième partie dans les terres instrumentales que le groupe explorait à ses débuts sans chant sur des tempi frénétiques. L’univers musical à la fois lourd, trépidant et technique que déploie Intercostal les rapproche musicalement de Karma To Burn avec une bonne grosse d’influences de la scène de NOLA ; c’est un peu l’équivalent francophone de Superjoint Ritual et c’est carrément le panard. Terminant leur show les bras – pour la plupart tatoués – en l’air, le poing fermé et avec une corde de guitare en moins (qui n’entacha en rien le dernier titre envoyé à toute vitesse), les Suisses ont le sourire aux lèvres : ils savent qu’ils ont acquis à leur cause de nouveaux fans et c’est entièrement mérité.

WARDHILL

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Après une première salve de la scène genevoise, il est temps de passer à la seconde de la journée cette fois-ci à l’extérieur alors que le soleil brille encore un peu à l’ombre des cheminées de la chimie régionale. Wardhill, que les romands auront déjà pu apprécié entre autres en première partie de Vista Chino, prend place sur la Side Stage pour une petite demi-heure de sludge qui tâche grave. Le trio a la lourde tâche d’animer l’extérieur du festival à l’heure où les quidams alignent les bières et les saucisses qui font la réputation gastronomique du nord de la Suisse et du sud de l’Allemagne ; les gastronomes repartiront d’ici sur leur faim, les épicuriens du stoner rassasiés ! Nos amis s’en sortent plutôt pas mal et les aficionados de groupes dans la veine d’Eyehategod s’en tapent une bonne tranche alors que les plus hippies parmi les spectateurs s’interrogent sur les raisons de leur venue à cet Up In Smoke ; leur heure viendra et en attendant on s’amuse bien durant le show épais délivré par ces romands qui pratiquent un style propice à animer la horde de nombreux représentant de la secte des  metalleux qui sont dans la place.

THE VINTAGE CARAVAN

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Le trio s’installe sur la grande scène et va nous prouver, en ce début de festival, qu’un musicien peut utiliser tout son corps pour s’exprimer. Le duo Oskar/Alexander/guitare/basse court, saute, Truckfighterise le plateau et délivre un rock classique, un peu hard, un peu blues mais sans vraiment d’innovations. La technique des trois lascars est sans faille, ça joue vite, ça joue juste. Ils ont beau être jeunes et blonds, le groupe a déjà de belles années de riffs derrière lui et ils ont le mérite de réveiller le public. Mais quelque chose nous chagrine et nous surprenons une pinte de bière pour certains et un soda pour d’autres s’acoquiner à nos mains gauches. A l’image des quelques poses christiques du leader, on sent le groupe plus dans la représentation que l’interprétation ce qui empêche de se concentrer sur les compositions du combo. A revoir dans un endroit plus petit, histoire de se faire une idée plus précise.

CONAN

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On reste dans l’insulaire pour le groupe suivant. On avait quitté les anglais de Conan sous la Valley du Hellfest, occupés qu’ils étaient à exploser les carotides à coup de doom crasseux et beuglard. C’est donc les mains autour du cou que nous attendons une nouvelle correction rustre des grands-britons. La recette est connue maintenant : sweats à capuches noirs, accordages spéléologiques, luettes conquérantes et postillons rageux patinent le set d’une couche suintante de saindoom. Les trois premiers titres sont les mêmes qu’à Clisson. La zic des anglais est tellurique profitant à merveille des subs de la petite scène. Le nouveau batteur assure bien, son jeu groove et met en place les soubresauts sexy nécessaires pour laisser les longues plages métalliques et cathartiques nous plonger dans un état de petite mort. L’impact est le même. Cependant à la faveur des 50 min de concert (30 min au Hellfest), la formule s’essouffle un peu sur la durée. Le set mériterait, à notre sens, un vrai travail scénographique, afin de pousser l’auditoire au plus profond de l’imaginaire que grave au burin le doom des anglais. Par ailleurs, le son très particulier du trio qui décuple sa puissance sur disque ne se retrouve toujours pas parfaitement retranscrit en live. Gageons que lorsque ce sera complètement le cas et que la machine de guerre sera bien huilée, le groupe ne fera pas de quartiers. Mais pas le temps de respirer des oreilles que le sud de l’Europe s’apprête à nous administrer une mornifle qu’on n’oubliera pas de sitôt…

UFOMAMMUT

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15 ans. 15 ans que le trio tricote un doom/sludge/psyché, 15 ans que le groupe érige un immense et brumeux mur d’Hadrien autour de l’Italie. Ce soir, ils ont habillé la main-stage de l’Up in Smoke d’un rouge sanguin et profond, d’une ambiance poisseuse doublée de vidéos miroirs projetées en fond de scène. Et l’on change clairement de braquet à ce moment du festival. Le son est aussi énorme que les joues des zicos sont poilues. Si Richter avait connu Ufomammut il aurait rajouté un échelon à son échelle tellement le trio fait trembler le Z7. La gestion des boucles d’effets et de nappes synthétiques tissent un immense champ d’appui pour que la quatre et  la six cordes explorent toutes les facettes de leurs discussions. Il y a une cohérence effrayante entre ces riffs et ces breaks de batterie, une violence inouïe aussi dans chaque note jouée par Urlo, le bassiste. Mais ce soir, nous n’écoutons pas le Ufomammut période Eve, influencé par Pink Floyd, non. Ce soir, leur sludge est clairement sale, violent, dégueulasse, période Oro. Chaque titre est martelé à chaud, chaque instant binaire est souillé de contrepoints vicelards, de frappes ternaires. Le trio explose littéralement les esprits en ralentissant dangereusement le tempo. Nous nous prenons leur live dans la tronche, nous ressentons cette lourdeur au plus profond de nos vésicules biliaires. Ufomammut vient juste de trouver le point de rupture entre l’équilibre et le chaos. Vu le nombre de nuques brisées qui jonchent le sol, les italiens peuvent quitter la scène avec la satisfaction du devoir accompli.

FU MANCHU

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Quand les quatre gaillards de Fu Manchu montent sur scène et s’emparent de leurs instruments, l’excitation dans la salle est palpable, et l’on sait que l’on a sous les yeux la vraie tête d’affiche de la journée. A partir de là, les californiens n’ont qu’une ligne dans leur cahier des charges pour ce soir : assurer, ne pas décevoir. C’est donc avec une certaine facilité que le set commence par un bon gros “Eatin’ Dust” , son bon gros riff bien heavy préparant le terrain pour la première déflagration, sous la forme du classique “Hell on Wheels”, qui donne la banane à tout le public. Sur scène, tout le monde est au taquet. Scott Hill est impeccable, déchaîné de la première à la dernière minute, il assure ses vocaux et ses lignes de gratte sans faillir. La communication avec le public passe par quelques échanges mais surtout par un véritable pont électrique invisible qui relie pendant environ une heure et quart les centaines de headbangers et slammers avec les quatre fuzz-surfers. Le groupe glissera trois nouvelles compos dans son set, qui fonctionnent bien en live (dont le presque punk-rock “Invaders on my Back” et le très efficace “Dimension Shifter”). Mais pour le reste, rien de vraiment récent à se mettre sous la dent, avec une set list old school, dont l’album le plus récent représenté ce soir est King Of The Road, qui date de 2000 ! Les fans de California Crossing ou des trois autres LP qui lui ont succédé devront se faire une raison : ce soir, c’est que des classiques ! Même les mid-tempo groovy (putain d’enchaînement “The Falcon has landed”/ “Boogie van”) mettent le feu… Le sprint final approche, moment bienvenu pour dégoupiller les dernières grenades fuzzées : “Evil Eye” d’abord (qui voit Bob Balch (ab)user frénétiquement de sa wah-wah pour le plus grand bonheur des premiers rangs, devenus incandescents), puis “King of the Road”, évidemment. Le Fu ressort de ses cartons un bon vieux “Push Button Magic” rarement entendu en live, aux passages planants fort bienvenus qui mènent au tout aussi trippant “Saturn III”, qui clôture en douceur un set mené de main de maître… On attendait le combo exactement sur ce terrain, on imaginait qu’ils étaient capables de jouer à ce niveau dans un bon jour, et on n’a pas été déçus : ils ont été au rendez-vous, et ont même surpassé nos attentes de fanboys. Les vieux roublards. Ils sont revenus et ils frappent forts !

BLUES PILLS

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Elle est là, devant nous, la « hype » de cette stoner année. Personne n’a pu passer à côté de ce nom ces derniers temps, présent sur toutes les grosses affiches, dans tous les gros festival de cette musique que nous affectionnons. Les pilules bleues sont là, devant nous, public énamouré ou curieux, impatient et connaisseur, et elles vont devoir assurer après le typhon Fu-Manchu qui s’est abattu avant eux (et qui a emporté une part du public avec lui, même si la salle est loin d’être vide). Elin « Janis » Larsson l’annonce elle-même, consciente de la tâche qui les attend. C’est donc avec « High class woman» que le groupe se charge d’ouvrir les hostilités. C’est en place, carré, l’arrivée de André Kvarnström, ex-batteur de Truckfighters, derrière les fûts ajoute un surplus de niaque à l’ensemble. Techniquement, ça déroule sec. Vu les zicos aux commandes, c’est du délié 5 étoiles qui accompagne la voix puissante et chaude de la chanteuse. « No hope left for me », « Bliss », « Devil Man » bien sûr. Le set déroule avec cette impression de malaise cependant. Le jeu de scène figé, le peu de communication entre les musiciens, la guitare solo bien timide là où elle devrait être brutale, il nous manque quelque chose pour que le  blues-rock du groupe nous retourne les tripes ; de la sueur certainement, un peu plus de sincérité aussi, peut-être. Nous n’avons pas adhéré à l’ensemble mais le public semble aux anges. C’est bien là l’essentiel pour clore cette première journée, un public heureux.

L’Up in Smoke peut boire ses dernières bières au son d’un DJ puis dérouler ses sacs de couchages au sol, reposer ses sourdes et bourdonnantes oreilles et ainsi se préparer à la furie du lendemain.

(A SUIVRE…)

Flaux, Chris (et Laurent)

BLIZZARD MOUNTAIN’S FEST (Naam, Mars Red Sky, Loading Data, …) – 2 et 3 octobre 2014 – Barberaz

DAY ONE

Ce soir, rendez-vous au Brin de Zinc, poumon électrique de la scène rock et indépendante sur le bassin chambérien en ces années de disette  budgétaire. En effet, ce ne sont pas les groupes qui manquent dans le coin, (et pas des plus mauvais, qu’on se le dise), ni les assos de motivés d’ailleurs. Mais coté lieux sympas, faut l’dire, c’est un peu la pénurie… Sauf du coté de Barberaz où le Brin de Zinc assure le ravitaillement, grâce à une prog sans faille et régulière, un accueil chaleureux et une salle intimiste permettant un son aux petits oignons.

Ce soir donc, disais-je, rendez-vous au Brin de Zinc, car c’est en ce vendredi du second jour d’octobre que Are You Stoned INC. a décidé de venir planter sa bannière et tenir sa Grande Messe Locale du Son Lourd. Après un warm up Lyonnais la veille assuré par Goatfather, Enlarge Your Monster et les grecs de Planet Of Zeus, les membres du gang sont au pied levé pour assurer l’accueil et l’ambiance. Une ambiance déjà au poil alors que le premier groupe en est à peine à se réchauffer l’âme à coup de bonne bière avant d’ouvrir le bal. Devant la salle il fait bon, ça discute, ça se rencontre, ça se retrouve, ça échange… et cette bonne ambiance ne quittera pas le fest tout du long des deux soirs que durera l’événement. Sur le coté, Jo Riou a posé son stand de graphic designer rock/stoner psychédélique, et nous fait profiter de sa production d’affiches de concerts fuzzy, ainsi que d’un curieux et frais livre de recette de cuisine rock. Parfois, quelques riffs résonneront du coté du stand de Sentenza Handmade Sound, venu spécialement du sud lointain pour nous faire la démo, gratte et ampli en libre accès à l’appui, de ses pédales d’effet fuzz/crunch Davaï, GingerBread et Acid Bazarus.

Pas le temps pour moi de finir de tester ce vieux riff de Truckfighter en montant un peu le sustain et en switchant le bidule mystérieux entre le volume et le gain que les premiers coups de baguette de Buddy & Chief nous annoncent le lever de rideau. Les chambériens nous viennent de l’excellent et plus sage Os Drongos ; Buddy & Chief permet à Samy et Nico d’exulter leurs besoins de sauvagerie et de délires psychés. Leur complicité éclate sur scène ; les deux sont là pour se lâcher, c’est évident, et on en profite à fond ! Il en sort un show punk/rock 70’s déglingué à la sauce psychédélique particulièrement efficace, et d’autant plus brillant que l’avalanche de décibels survitaminés et de nappes tourbillonnantes se passe totalement et avec succès de guitare. Chief, le batteur, est une vrai pile sur pattes, et affiche tout du long un sourire grand comme ça, dominant une batterie explosive et speedée. La basse vient assurer le remplissage de la quasi-totalité du spectre sonore restant, à grands renforts de gain poussé dans ses derniers retranchements ; Buddy joue sur l’ensemble de ses quatre cordes, et n’a pas peur de plaquer de gros accords dans ses rythmiques, exercice parfois périlleux en terme de rendu sonore. Mais l’ensemble bordélique tient la route à merveille, et laisse juste assez de place dans le fond pour une voix rock psyché à la Stone roses, ultra réverbée et planante. On discerne dans ce cirque quelques reprises boostées au gros son, tel le “No Fun” d’Iggy Pop. Mais les bougres ont visiblement choisi l’option no-limit, et le concert prend parfois des accents de groove primussien, puis passe soudain par une batucada inattendue, rebondit sur une shoegaze gavée d’hormones de croissance pour frôler parfois les limites du bruitisme saturé, mais toujours rythmé. L’acolyte Bastien vient rejoindre le duo pour un final aussi absurde que réussi, entre sciage de bûche sur scène (le technicien plateau a apprécié les copeaux) et solo de congas à l’Opinel. On pourrait croire que cette avalanche de genres n’aurait pas sa place dans un festival orienté stoner, mais le fait est que l’ensemble est paradoxalement cohérent, car tenu par une ambiance 70’s et les délires (pas toujours audibles, mais le ton suffit) de Buddy, faux rigolo et vrai rockstar. Une excellente entrée en matière pour cette soirée, une découverte fraîche et bienvenue pour ma part, un groupe à revoir sans hésitation !

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Le Brin de Zinc ainsi réchauffé est prêt pour accueillir Loading Data dans une nouvelle formation, puisque en effet Hervé vient de rejoindre le groupe à la batterie ; pour le meilleur, si l’on en juge de ce deuxième concert où il s’est donné à fond, amenant au groupe un niveau de patate supplémentaire, lui qui n’en manquait déjà pas malgré ses rythmiques mid tempo. Ainsi, si l’on pouvait regretter dans la première moitié du concert un volume des voix des choristes trop bas pour en profiter – problème finalement réglé au bout de quelques morceaux – c’est à un sans faute en terme de performance musicale et de goût que l’on a assisté. Le style Robot-rock largement inspiré de QOTSA fait mouche, emporté par des riffs ciselés, lourds, carrés et groovants à la foi, entrecoupés de quelques explosions de gros stoner lié et percutant. La voix de Lo est toujours aussi incroyable : grave, ronde, profonde, au ton parfaitement maîtrisé, une vraie voix de rock’n’roll comme on en entend plus. C’est l’alliance d’une véritable science du tube et de cette voix incroyable qui fait de Loading Data un groupe à l’identité bien marquée, à même de chasser sur les terres des géants du désert de palme californien sans rougir de la comparaison. Les tubes, parlons-en : ça sent la sueur, le whisky, les bagnoles, les stations services désaffectées, le sexe et les cœurs brisés. Les pionniers du Robot-rock/stoner hexagonal nous ont servi un plateau bien garni du meilleur de leurs deux derniers albums, dont les tubes toujours aussi ultra-efficaces  “Give the Rat a Name”, “Double Disco Animal Style”, “Circus Blues” ou encore “Do it on the Beach”. Ici, on peut véritablement parler de chansons plus que de morceaux, les refrains restent dans les têtes et racontent des histoires, un point bienvenu dans une scène dominée par l’approche progressive des compositions. Le groupe déroule son set sans faute, et nous fait même bouger l’arrière train avec son morceau “Voodoo”, nous qui commencions à avoir mal à la nuque. La bassiste assure la rythmique et le jeu scénique, le gratteux est en grande forme pour nous lâcher des riffs lancinants qui augmentent la température de quelques degrés. Que demander de plus, alors ? Un autre concert, très bientôt, avec le même charme et la même énergie !

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A peine le temps de souffler et de prendre ma dose d’air et de nicotine, que voilà les psychonautes de Naam (Brooklyn/NY/USA) qui enchaînent le spectacle, pour la seule date française de leur tournée européenne. Et quel spectacle ! Qui commence pourtant sur une note négative : soit les cocos savent faire monter la pression, soit la clope m’a fait sortir de l’ambiance, soit le son a mis du temps à se régler (je penche pour un mélange des trois), mais le premier morceau a peiné à me dérouiller les ouïes, le clavier semblant notamment difficile à distinguer des autres instruments. Mauvaise impression vite dissipée, léger malaise pré-décollage, peu importe, le clavier se détache enfin du reste de la masse sonore, le rythme se fait plus fluide, plus soutenu. L’acide monte, la gratte choppe un gros flanger, la basse envoie du lourd grâce à un gros son ronflant, ça y est c’est parti, Naam nous emmène dans l’espace. Miam ! La sauce prend, et Naam se permet même de faire transiter son stoner spacey vintage par des passages speedées à l’ancienne, sorte de Deep Purple sous vitamine C, ce qui ravit votre serviteur. La barbe du bassiste tournoie dans les airs, le batteur ne peut garder son sérieux de façade dans les rythmiques les plus éclatantes et sourit à pleines dents, et même Johnny « fingers », le clavier, ce soir au style brooklyn prononcé (chemise serrée au col, caquette, grosses lunettes noires, pense aux Beastie Boys !) commence à se laisser porter par ses propres nappes sonores. Mais tout cela n’était qu’un avant goût, et le talent du groupe éclate soudain sur “Starchild”, le morceau titre de leur second EP. Et c’est là que l’on se rend compte de la claque musicale que l’on va prendre. Le chant incantatoire plein de réverb du chanteur/gratteux aux allures christiques nous transporte, l’esprit commence à se laisser porter et à suivre les claviers aériens, tandis que le corps se laisse violenter par les coups combinés de la section rythmique, la basse lourdement fuzzée faisant office de bélier prêt à défoncer toutes les portes de la perception ; l’expérience était résolument mystique, et cette impression de prendre part à un rituel spacial et violent est restée jusqu’au bout du set, y compris dans des passages plus modernement tranchants, venant nous rappeler que nous sommes bien en 2014, sur terre. Autour de moi, ceux qui tournent au jus d’orange headbanguent en souriant, les bourrés à la bonne bière en sont à prier la lune, et les stoneheads sont perdus dans les limbes, bave aux lèvres. Pas de doute, Naam nous a emportés loin… Après un rappel majestueux et cosmique, Le clavier s’occupe de la réception post atterrissage, en nous laissant avec une ritournelle d’orgue vintage ambiance pub des 50′, histoire de nous dire allez rigole un coup mec, reviens sur terre, prend une bière.

blizzard-naam(Naam)

 

Ce que je m’empresse de faire donc, histoire de capter encore un peu de l’ambiance du lieu, avant de regagner mes pénates. Demain, le Blizzard Mountain’s Fest continue, il nous faut garder encore un peu d’énergie…

 

 

DAY TWO

 

Seconde journée du fest, encore plus d’occasions de s’en mettre plein les oreilles. Je retourne sur les lieux du crime, il paraît que c’est le truc à pas faire. Raté, j’aurai du y retourner plus tôt pour voir l’intégralité du set des Space Fisters, mais un imprévu m’a retenu en fin de journée, me faisant rater le début du concert. Rage, désespoir, clope, est-ce l’histoire d’une rencontre qui n’aura jamais vraiment lieu qui commence entre moi et ce groupe ? Ratés de peu au Sylak, ratés en partie ce soir, et jamais deux sans trois, je me méfierai de la prochaine fois. Car elle aura lieu j’en suis sûr, vu que le peu auquel j’ai pu assisté ne l’était pas du tout, raté, bien au contraire. Les fisters sont en forme, et balancent du bon stoner moderne ultra efficace, enchaînant des riffs cosmiques, rocailleux ou métalliques qui viennent irrémédiablement s’écraser dans du heavy stoner monocorde (de mi !), ultra lourd et saturé, tout ce que j’aime, quoi… Les gars d’Annemasse, Genève et Chambéry font réellement plaisir à voir, on sent les potes qui s’éclatent, et ça déteint mécaniquement sur le public. L’ensemble tient bien la route, la batterie est puissante et groove bien comme il faut. Le bassiste/chanteur est à fond, la basse est à l’honneur, bien mise en avant par une grosse saturation combinée avec du fuzz qui termine de remplir l’espace sonore. Rien a voir avec ce que l’on peut entendre sur les vidéos de studio que les fisters ont récemment mis en ligne (où le son est déjà bon, checkez donc ça sur leur facedebouk), ici la basse est plus proche d’un son à la Om, qui racle bien dans tous les coins, mais sans tomber dans le sombre et le froid ; les mélodies sont toujours pleines de chaleur violente, c’est plutôt autour du soleil que le groupe nous pose en orbite, en saupoudrant le tout d’une guitare  pleine d’effets spécieux et spaciaux. Bien sûr, le public est présent pour supporter les locaux. Space Fister est définitivement une affaire à suivre, qu’on se le dise.

 

A peine le temps de me lamenter d’un concert trop court auprès de mes compagnons plus ponctuels, que l’on enchaîne direct sur Libido Fuzz, qui nous vient de la lointaine cité bordelaise. Ce soir, ça commence bien, le groupe accueille Rory comme nouveau bassiste, celui-ci ayant intégré le groupe il y a à peine quatre jours. Pas une fausse note durant tout le concert, gardez-le les gars ! Si il y avait eu un couac, sûr qu’on l’aurait entendu, tant le son de Libido Fuzz est clair, lisible. Les instruments ne s’emmêlent pas les uns les autres, fait rare dans ce genre de concert. La section rythmique fait tourner ses plans groove, laissant toute latitude à la guitare pour s’exprimer, et mettre en avant  des riffs hendrixiens certes classiques mais exécutés d’une main de maître. On a droit à une vrai démo de tout ce qui à fait le succès de ce type de son, y compris et surtout en termes d’effets ; oscillator, flanger, wah, tremolo, octaver et même modélisation de sitar, tout y passe, le gratteux fait miauler son instrument et maîtrise son pedal board avec une aisance remarquable. Mais en plus, c’est qu’il chante en même temps le bougre ! Une voie légèrement diablotine, pleine d’injonctions à se bouger le derrière, bien présente donc, avec juste ce qu’il faut de reverb pour faire sonner tout ça. Excès de matos ou faute à pas d’bol, la gratte décroche soudain au troisième morceau et requiert l’intervention du technicien plateau (qui n’est pas un régisseur, bon dieu !… il y tient). Mais les bordelais ne se laissent pas démonter pour autant, la section rythmique fait tourner son groove, le public encourage le tout en clappant, et au final le problème est vite réglé et vite oublié. On retourne vers du fuzz hendrixien, agrémenté de quelques passages stoner/blues bien heavy, qui permettent de montrer tout de même que la batterie en à dans les bras. Un chouette concert sans fausse note au final, même si l’on peut regretter un unique fond vidéo psychédélique qui gagnerait à être retravaillé en terme de définition, ou d’en varier un brin de temps en temps. Le public suit, réagit, ça bounce devant comme derrière et l’on apprécie la performance. Reste une petite impression que la formule pourrai être parfaite en y ajoutant un zeste de folie supplémentaire, pour trancher avec le coté classique proche de ses origines 70′. Autant de fuzz, et encore un poil plus de libido quoi. Mais bon, je pinaille, c’était vraiment cool, hein !

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Et puisqu’à toute chose il faut une fin, est venu le temps pour nous de communier avec le dernier groupe du fest (sniff, déjà?), qui nous à donné rendez-vous sur sa base de lancement, direction le ciel rouge de mars. Mars Red sky commence fort par un tube, le premier morceau de la fournée 2013, j’ai nommé “Be My Guide” et son chant lancinant, suivi de sa ritournelle de guitare immédiatement reconnaissable. Le groupe nous propose un son hyper psyché, un slow rock aux mélodies toutes en chambre d’écho. La basse assure lourdeur et saturation, son son est groovant, ronflant, chaud et fuzzy à souhait. La science du riff mid tempo fonctionne à plein tubes, et les bordelais n’oublient pas de nous décrocher la nuque avec quelques passages très heavy stoner de rigueur. Là encore, si la basse assure toute la base rythmique et mélodique, la guitare est paradoxalement mise en avant par des plans aigus pleins de flanger, de wah et d’autres effets savamment dosés et propres. La voix de Julien, elle, est toute particulière : planante et reverbée à donf, peut-être un brin nazillarde, lunaire (dans un registre à la Thom York !?), elle ne peut laisser indifférent. Pour parfaire le voyage sensoriel, Mars Red Sky nous gratifie d’un visuel pertinent projeté en fond de salle. Vidéos mystérieuses tout en nuance de gris, on passe du trip science vintage à des paysages sauvages, des couloirs industriels à des images d’archives des balbutiements de l’informatique, d’un vol spatial à des visions mythologiques… et même d’une fête foraine à des documentaires 50’s de l’armée américaine sur les retombées radioactives.  Le mixage est bon, le son envoûtant, je me surprends même à penser à du bon vieux Pink Floyd (du bon, hein), quand les accents se font plus légers, que le rythme se ralentit encore plus. Et au fond de cette immensité froide et spacey dans laquelle le groupe nous embarque, on sent même, au beau milieu du concert, un petit vent chaud, un peu de sable du désert qui se faufile dans les engrenages du monde industriel en perdition dépeint par Mars Red Sky. Grain d’espoir, poussière fantasmée, la rythmique nous emmène vers des contrées plus connues des fans de la Palm Valley, un décor toujours aussi désolé mais plus terre à terre. La force du stoner, c’est aussi les images qu’il évoque, et les bordelais savent indéniablement manier leur narration. Le public est ravi, transporté, stoned. Le final est grandiose, Mars Red Sky appelle tout simplement au déchaînement des forces telluriques, avec une musique puissante sur fond d’explosions volcaniques et de coulées de laves.

Que les volcans de mars se réveillent et déversent leur torrents de lave jusque sur terre. Si ils pouvaient épargner le Brin de Zinc, ça serait sympa, Chambéry a besoin de lieux comme celui-ci. Le concert fini nous laisse un brin d’amertume, mince, déjà ? Mais le lieu est propice aux discussions, aux rencontres, aux échanges de critiques et aux dernières binouzes avant extinction des feux, et c’est avec plaisir que j’ai pu rencontrer d’autres membres de l’asso, visiblement ravis de l’ambiance chaleureuse qui n’a pas dépareillé tout du long de ces deux soirs.

Pari réussi donc, pour cette deuxième fournée du Blizzard Mountain Fest. Il est temps de rentrer pour méditer tout cela, en prenant au passage note des prochains rendez-vous. C’est qu’il faut les suivre, les bougres ; ils reviendront retourner le Brin de Zinc en rameutant une pleine boite de Spermicide début novembre, bref on a pas fini d’entendre parler d’eux.

 

Rafou

Photos : Lionel Fraix (http://www.lionelfraixphoto.com)

Fu Manchu – 27 septembre 2014 – Lille (La péniche)

Fu Manchu à Lille voilà une date qu’il ne fallait pas manquer. Et surtout pour laquelle il fallait faire preuve de réactivité tant la péniche peut vite se remplir avec des groupes d’un tel calibre.

Ouverture des portes à 20H00, tandis que la foire bat son plein a à peine 10 mètres de nous. Nous pénétrons donc dans la péniche au son de Star Wars, des punching-balls lumineux et des stands de tir à la carabine. Ambiance assurée.

Comme de coutume pour tout concert stoner une chaude soirée de septembre, c’est passage au bar pour commander une petite mousse puis direction le pont de la péniche pour profiter d’un début de soirée agréable. La faute à ce petit apéro improvisé, et à une interview (elle aussi improvisée) de Bob Balch, et nous ratons le début de Bloodnstuff, le binôme qui accompagne Fu Manchu sur cette tournée.

Moins franchouillards que nos Inspecteurs Cluzo nationaux, et moins barbares que nos voisins de chez Sardonis, le duo guitare/batterie assure quand même pas mal. Tantôt pops (n’en déplaise à certains), tantôt plus « bestialement » déjantés, il y a dans ces deux là un petit je ne sais quoi qui me rappelle les At the Drive-in. Faudra donc que je me penche un peu plus sur Bloodnstuff pour véritablement me faire une opinion.
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Après un changement de matos assez rapide, le rafiot lillois est plein à craquer quand Scott Hill et sa bande montent sur scène pour nous envoyer les premiers accords de “Eatin’ dust”.

Plantés sur le devant de cette miniscule estrade qui fait office de scène, Balch, Hill et Davis nous font penser aux Beastie Boys de la pochette de « Hello Nasty ». Cela n’empêche pas le père Hill d’headbanguer comme un forcené et de frôler le plafond (et la commotion cérébrale) à chaque mouvement de tête. Ce concert des Fu s’annonce donc pour le moins étrange tant la salle est singulière.

Après cette première mise en bouche, nos californiens préférés sortent l’artillerie lourde avec un “Hell on wheels” imparable en tout point. C’est pourtant sur “Invaders on my back”, tiré du petit dernier « Gigantoid », qu’un méchant pogo va s’improviser devant le groupe avant de disparaître plus rapidement qu’un lapin dans le chapeau de David Copperfield au moment ou retentit le lourd mantra d’intro de “The falcon has landed”.

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Le public est donc à ranger en deux catégories. Les petits jeunots qui (ne) connaissent (que) le cru 2014 du Fu et qui montrent leur enthousiasme en prenant la péniche pour un circle pit de Sick Of It All. Et les vieux cons comme moi, venus assister à un concert « intimiste » et peinard, et qui se font bousculer, perdant de précieuses gouttes de Duvel dans la bagarre et craignant que cette bande de jeunes sauvageons ne fassent couler le bateau !

Cet état de fait se reproduira 3 fois, toujours pour les morceaux tirés de Gigantoid (“Dimension shifter”, “Anxiety reducer “et “Triplanetary”) et c’est finalement vachement bien. Cette « mixité » fait qu’il y a toujours une partie de public réceptive entre les newbies, les fans plus anciens (“Boogie Van”, “Mongoose”) et les vieux de chez vieux (“Push button magic”). Malgré le faible nombre de quidams (faible jauge), le groupe a toujours devant lui une « foule » en mouvement et fait le job. C’est bien ça l’essentiel.

Comme tout concert des Fu, le son est carré, les pédales de Balch suintent de fuzz et les frappes de Reeder sont si puissantes qu’un sous-marin russe parqué en Crimée pourrait repérer notre péniche plus facilement qu’un long courrier de la Malaysian Airlines (je divague, je divague).

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Pourtant, il y a un je ne sais quoi qui fait que les Fu, et plus particulièrement Scott Hill, n’est pas dedans. Alors qu’un petit malin tentera parfois le coup de la request de “Godzilla”, notre gratteux à la crinière d’argent jouera, par 2 fois, l’intro du titre en question avant de balancer froidement un « on ne jouera pas ce titre ce soir »… C’est tout un art de rhabiller un fan pour l’hiver !

Même chose pour le final. Une petite heure à peine après le début du concert, le frontman du gang de San Clemente annoncera « c’est la dernière chanson de la soirée et elle s’intitule “King of the road” ». Ce dernier acte de bravoure sera enchaîné sans temps mort avec le rappel, l’excellentissime (pour paraphraser Nagui) “Saturn III”, avant que les lumières ne se rallument.

King of the road says you move too slow… mais nos Fu Manchu sont quand même partis bien vite. La faute à une salle peu adaptée à leur prestation ? That is the question.

Setlist:
Eatin’ Dust
Hell on Wheels
Invaders on My Back
The Falcon Has Landed
Boogie Van
Dimension Shifter
Laserbl’ast
Mongoose
Anxiety Reducer
Evil Eye
Push Button Magic
Triplanetary
King of the Road
——————
Saturn III

Photos : Shinkibo

SYLAK Open Air Festival (General Cluster, Church of Misery, Red Fang,…), 10 août 2014, Saint Maurice de Gourdans

Clisson, Saint Maurice de Gourdans. Il semblerait que pour viser la qualité il faille taper dans du ptit bled. Parce que ce que j’ai vu ce week-end relève du futur grand festival métal de la région Est (au sens large, bien évidemment). Voilà 4 ans maintenant qu’une bande de passionnés s’est donné pour but de faire résonner la morne plaine de l’Ain au son des guitares et autres joyeusetés gutturales. Force est de reconnaître que le pari est de loin gagné puisque pour sa quatrième année (seulement) les gonzes ont fait venir Gojira, Phil Campbell, Red Fang entre autres. Un festival éclectique, sympathique, électrique et pleins d’autres mots en « ique ».
Bien évidemment nous allons nous concentrer sur la programmation stoner du festival qui occupait une part importante en ce dimanche ensoleillé mais pas trop.

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C’est donc sur un site arboré très agréable qu’est implanté le festival. La config du lieu confine à la bonne ambiance et les dimensions scène/parterre augure de bonnes interactions entre les groupes et le public. Un tiercé régional va se charger d’ouvrir cette dernière journée de festival. Il est 11h25 quand commence le set des Space Fisters. Le groupe développe pendant ½ heure des compos audacieuses alternant passages psychés et blast stoner massif. L’ossature basse-batterie tient la route et tant mieux puisque la gratte, complètement étouffée dans le mix, ne se laissera pas apprivoiser du set. Un concert prometteur qui donne envie de revoir le groupe dans une config moins ouverte pour en apprécier les talents. Pas le temps de siffler la moitié d’une bière de poney que Flayed, un combo rock’n’roll allume la mèche. Pas stoner, non, mais leur patate, l’écriture simple et directe des morceaux, l’interprétation poilue de leur set permet d’en-magasiner de l’énergie et de la bonne humeur pour la suite du festival. Un rock énergique et orgue hammondé qui chauffera le plateau comme il se doit pour General Cluster. La formation complète le panier déjà bien garnis de spécialités régionales par un gros southern rock qui tâche. Le groupe est heureux de faire une plus grosse scène que d’habitude et cela se ressent. Même si l’enjeu spatial semble étouffer un peu physiquement le combo, cela ne les prive pas d’envoyer du riff gras, d’appuyer la corde de Mi façon pachyderme et d’essuyer les frettes de grattes au cambouis. Ils auront fini de me dérouiller la nuque. Parfait échauffement pour les deux tartes stoner que le Sylak allait nous sortir du four plus tard !

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Parce que faire venir les deux entités suivantes relève du bon goût et d’un savoir-faire certain en terme de programmation. Une alliance subtile entre le heavy, le mainstrean, la prise de risque et la qualité. Pas le temps de se reposer que déboulent sur scène les japonais de Church of Misery. Une leçon de « savoir-doomer » qu’ils vont nous balancer les bougres. Et de prouver qu’on peut être gaulé comme des pompes à vélo, jouer de la basse et se gratter les genoux sans se baisser et être sexy en diable. Le potentiel érotique du quatuor est décuplé par un doom aux accents terriblement 70s, une maîtrise parfaite des codes du genre doublé d’un son de porc, d’un chant guttural et profond, mâtiné de Korg analogique et coquin. Le guitariste se fend de solos décontractes et groovy. La basse est énorme et les sourires communicatifs. Les puristes sont ravis et les néophytes aisément conquis par la qualité musicale proposée par l’église du soleil-levant. ½ heure de set et puis s’en va. Autant vous dire que la frustration est à la hauteur du show qu’on vient de se prendre dans les esgourdes. Qu’à cela ne tienne. J’écoute les concerts suivants de loin, assis dans l’herbe, un hot-dog dans une main, une « poney-beer » dans l’autre, me préparant mentalement et physiquement à accueillir les quatre cavaliers de l’Oregon.

Une balance rapide, du poilu souriant, un cauchemar à Bic une lame, Saint-Maurice-de-Portland. Red Fang commence pied au plancher, un gros son heavy dans la face. Le public est déjà chaud bouillant, le set va être abrasif. Piochant dans toutes leurs productions, faisant tout de même la part belle au dernier « Whales and Leeches », le stoner des américains va nous retourner. La force du Fang c’est de mêler du refrain catchy, de la mélodie accrocheuse et toujours un je-ne-sais-quoi de dissonant, d’improbable, dans ses compositions. On voit ainsi un public, poing levé, hurler « turn it up » sur « Blood like cream » puis devenir complètement cinglé sur les parties heavy de « Wires ». C’est beau, ça pogote, ça slame, un gamin nage sur la foule, marteau en mousse à la main, ce qui décoche de larges sourires sur le faciès du chanteur. Les 50 minutes de set sont éreintantes, portées par une interprétation sans faille, et une maîtrise dans les chants et les chœurs quasi-parfaite. Ça n’était pas le point fort du groupe mais là, la gifle est totale. Et de finir sur « Prehistoric Dog » bien sûr. Un Wall of Death se créé de lui-même, le public n’est plus que lave en fusion, c’est violent et magique, ça sent la sueur et la poussière. Red Fang repart, nous laissant pantois et à court de souffle. Monstre concert.

Il est temps pour moi de repartir. Je me dois de remercier le Sylak Open Air Festival pour sa programmation, son organisation, son attention de tous les instants pour le public et son professionnalisme. Ce fut un dimanche avec de belles rencontres, de bonnes découvertes, des sets uppercut, et une ambiance familiale, conviviale, parfois triviale et pleins d’autres mots en « ale ». Bravo.

STONED FROM THE UNDERGROUND 2014 (Graveyard, Pentagram, Colour Haze, Kylesa…) – 10, 11, 12 juillet 2014 – Erfurt (Allemagne)

Cette année, les festivités ont commencé avant notre arrivée sur le site, avec la police locale. En effet, comme présenté par l’orga et annoncé quelques jours plus tôt sur leur site, la maréchaussée était présente tout au long des accès au festival avec chiens et tests anti-drogues. Heureusement pour nous, tout s’est bien passé, mais ce petit retard nous aura forcé à nous farcir les bouchons à l’entrée du camping. Ou était-ce la boue ? Le mauvais temps avait bien détrempé le champ où chacun plantera sa tente et les bénévoles nous donnaient ce jour-là un bon conseil : “plein gaz !” ou “Évitez à tout prix l’artère centrale !”. Le nombre de voitures coincées les agaçait visiblement, mais le sourire était toujours là, tout cela ne faisait que commencer.

Premier constat après avoir retiré nos pass, le concept est toujours le même, mais la petite scène de la tente fait son retour. En effet, cette scène était la seule présente jusqu’en 2010.

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Parlons aussi de la fréquentation changeante du festival … Ce weekend a toujours été une sorte d’autre normalité sociale, un rassemblement de gens qui ont évidemment des centres d’intérêts communs ou proches mais qui savent aussi vivre ensemble sans se préoccuper des jugements extérieurs, sur la quantité de joints que tu fumes ou sur la longueur de ta barbe, le nombre de tes tatouages, et j’en passe. Rappelons que le festival n’accueille que 2500 personnes à tout casser; cette unité faisait un bien fou.

Cette année on a pu apercevoir un public un peu plus varié, des jeunes gens très soucieux de leur apparence notamment. Des “hipsters”, pour lâcher le terme une fois pour toute. Pour être honnête, j’ai tout de suite pensé à Graveyard, en tête d’affiche du samedi soir, qui était sûrement la raison de la venue de ces troupes un peu plus mainstream. Mais après tout, n’importe qui est la bienvenue pour écouter de la bonne musique, ce n’est qu’une observation. Le public était déjà très varié au niveau des tranches d’âge par exemple, et il ne fait que grandir et se diversifier un peu plus chaque année.

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Jour 1 :

Passons aux concerts, Cheap Thrills a ouvert le bal jeudi après-midi, sous la tente réservée aux deux ou trois premiers groupes de chaque journée. Le all girls band d’Amsterdam a été excellent. Une énergie débordante, des riffs qui font mal et des musiciennes investies à fond dans ce qu’elles font, c’était une entrée en matière sans faute. J’espère qu’elles vont bénéficier de ce passage et qu’on les reverra en tournée.

Gonga étaient assez difficiles à digérer pour une première expérience; des tempos et structures changeantes mais on y a entendu de très bonnes choses.

Vintage Caravan était un groupe attendu. Même si toujours très peu connus, le groupe a comme explosé ces derniers mois, leurs vidéos circulant pas mal sur le net. Avec un deal Nuclear Blast, chose normale me direz-vous. J’ai été un peu déçu au niveau du songwriting et de l’attitude sur scène parfois étrange, mais les mecs sont des musiciens impeccables, surtout vu leur jeune âge. À surveiller de près.

Valient Thorr sont des habitués du fest. Présents depuis ma première visite en 2009, ils ont foulé la scène du festival déjà trois fois, et toujours avec grand succès. Le groupe était cette fois amputé d’un guitariste mais leur rock’n’roll n’en a pas souffert pour un sous, ils mettent le feu et sont le groupe idéal à programmer en début de soirée.

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Pour finir cette soirée justement, l’orga a demandé les services de Pentagram, et ça faisait plaisir de les voir enfin ici. Légendes vivantes, le célèbre groupe de Bobby Liebling, resté dans l’ombre du metal underground toutes ces années, a toujours l’envie de prouver qu’ils sont bien d’actualité. Un super show (peut-être pas assez fort, par contre), Robert Griffin de retour à la guitare, et une ovation plus tard, le premier jour est terminé.

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Jour 2 :

Le vendredi s’ouvre sur Slow Green Thing et Treedeon qui ont tous les deux bien assuré leurs sets, dans la tente.

Ma première vraie claque du festival viendra juste ensuite, sous un beau soleil se produisaient les écossais The Cosmic Dead. Violent, planant, intense, beaucoup trop court, leur show était une tuerie monumentale. Je ne pensais pas que ce genre de musique psyché voire expérimentale aurait pu avoir un impact pareil en extérieur, en plein jour, sur une grande scène, mais ça l’a bel et bien fait. Un grand moment dont on se souviendra.

2120’s ont enchaîné, et forcément avec du blues sans prétention, on fait toujours bouger les foules d’un festival rock, mais j’étais encore en train de redescendre sur ma planète.

Belzebong a repris les choses en main avec leur doom dans la veine de Sleep. Leur alchimie marche bien mais le résultat était un poil monotone. Le son était par contre monstrueux.

Venaient ensuite les frenchies de Mars Red Sky, et là on peut dire qu’ils ont fait un carton plein. Super prestation, gros son et public très réceptif. Un bon concert dans une bonne ambiance avec probablement de nouveaux fans.

Grosse affluence pour le prochain groupe : Kylesa. Le quintet de Savannah n’est plus à présenter, la scène musicale dont ils sont originaires (parmi des groupes comme Baroness et Black Tusk), ayant fait beaucoup d’adeptes. Le concert était interrompu pour quelques minutes par un couple d’originaux dans leur soixantaine, qui nous ont fait un petit numéro de danse impossible à décrire, c’était simplement très étrange et aura eu le mérite d’avoir déclenché l’hilarité de Laura Pleasants. Ça avait l’air prévu, mais ça en a aussi laissé plus d’un perplexe. Le reste était vraiment très bon, setlist complète couvrant presque tous les albums, et un groupe beaucoup moins brouillon qu’ils m’en avaient donné l’habitude ! C’était tout bon.

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Colour Haze clôturait la journée d’une bien belle façon. Un show exemplaire, un public extrêmement réceptif et des interprétations très sensibles de leurs morceaux les plus connus en auront été la recette. Le tout parut court, après une heure et quart entièrement captivante, mais l’organisation n’avait pas l’autorisation de jouer au delà de minuit.

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Jour 3 :

Dernier jour ! Avant de partir pour Erfurt, je dois avouer que j’étais un peu perplexe par rapport à la programmation, je pensais que peu de choses créeront la surprise. Il n’y avait aucune tête d’affiche ou groupe important que je n’avais encore jamais vu, alors que ça avait toujours été le cas jusqu’à présent. Après seulement deux jours déjà, mes mauvaises vibrations m’avaient bel et bien quitté et je devait me rendre compte que même si la programmation ne m’avait pas impressionné, ce n’était en aucun cas un signe de mauvaise qualité pour un festival bien organisé à la base. Place à la suite, donc.

Black Mood, Grandfather, Mandala et Miss Lava étaient tous sympa sans être exceptionnels à aucun niveau, mais de bonnes mises en bouche pour cette longue journée, à prendre à la cool en se préparant pour la soirée.

Venaient ensuite Brave Black Sea, qui rameutaient les troupes grâce à la liste de groupes impressionnants de leur CV : Kyuss, Slo Burn, etc, tout y passe. En effet, on reconnaît entre autre Alfredo Hernandez derrière les fûts. Leur musique ne casse pas trois pattes à un canard mais c’était très bien en place et plein de bonnes intentions, en communion avec le public et ils faisaient preuve d’une aisance scénique naturelle. Leurs derniers moments sur scène seront assez mémorables avec une superbe reprise de “July” (Slo Burn) et de “Tangy Zizzle” (Kyuss), le chanteur ayant probablement officié dans un groupe de reprises de Kyuss par le passé, vu sa capacité à sonner comme John Garcia !

À suivre, la révélation non-officielle de l’édition 2013. Le groupe Mother Engine, alors inconnu, s’était produit dans le camping avant le début des concerts, devant un public toujours plus nombreux. Cette année ils étaient programmés le dimanche en début de soirée, un créneau horaire très généreux et important pour ce jeune groupe, mais ils avaient en fait été intervertis avec The Cosmic Dead qui ont dû jouer deux jours plus tôt pour des questions de planning. Tout benef’ pour Mother Engine donc, qui va pouvoir jouer son stoner instrumental devant un gros public et qui l’aura mérité. À noter que cette année aussi, un groupe s’était produit en dehors du festival, au sommet de la colline qui domine le camping, dans une ambiance excellente. Je n’ai pas retenu le nom du duo, malheureusement.

DŸSE était la suite du programme et là encore la pression est bien montée en ce début de soirée. DŸSE c’est du rock frais, puissant, original et un duo excentrique sur scène, qui joue avec le public, à l’aise, bien dans leurs pompes. Chanté en allemand la plupart du temps, ça n’a aucune influence sur le résultat final, au contraire. A voir en live sans hésiter.

Pour la fin de cette édition étaient prévues deux pointures, dans des genres pourtant bien différents. Première pointure, Ufomammut, le groupe de doom italien qu’on ne présente plus. Un set écrasant et absolument terrifiant, avec une foule en pilote automatique. Ils ont pris possession de la scène et ne l’ont pas lachée pendant une heure et quart d’assauts soniques, de feedback, de chants incantatoires et j’en passe. C’était une des meilleures prestations que j’ai vu du groupe.

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Graveyard était la deuxième et dernière pointure chargée de clôturer les festivités. Un set carré, des tubes à en pleuvoir, le tout très bien interprété, mais une certaine froideur dans leur show m’ont laissé un peu sur ma faim. C’était bien, mais ça aurait pu être beaucoup mieux.

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Pour conclure, je crois que je ne me lasserai jamais d’aller à Erfurt au mois de juillet. Pour peu que les rayons du soleil percent, c’est une ambiance relaxante garantie sur fond de bonne musique, et même la pluie et la boue de cette année ne m’ont pas fait broncher, c’est dire… Donc vous, lecteurs de France et d’ailleurs, quand vous irez préparer votre planning de festivals en début d’année prochaine, gardez cette destination en tête et tentez le coup, même si la distance va en décourager quelques-uns. Mais pas vous, n’est-ce pas ?

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Texte et photos : Mathieu Springinsfeld

HIGH ON FIRE, CHURCH OF MISERY, CONAN – 1er août 2014 – Paris (Stoned Gatherings – Glazart)

Il y a des affiches que l’on ne peut pas manquer. Fans de la première heure, inconditionnels de la scène, amateurs avertis, explorateurs de nouvelles contrées sonores, curieux, se sont donc réunis ce vendredi 1 août pour l’énOrme programmation de fin de saison des Stoned Gatherings : Conan, Church of Misery et High on Fire. Histoire de rendre la soirée encore plus mémorable Ben Ward (himself) s’est fait DJ pour clore l’évènement. Quand je vous dis que c’était immanquable.

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On parle souvent de groupe qui envoie « du bois » autant vous dire que ce soir c’est par troncs entiers que le Glazart a succombé aux trois protagonistes de la soirée. Le temps était au beau fixe, la température caniculaire dans la salle, entre les barbares anglais, les tueurs japonais et les guerriers américains il n’y eu aucun prisonnier. Par cela j’entends que ce fut un show pour les connaisseurs, si vous espériez avoir un coup de foudre ou apprendre à mieux connaitre, c’était pas la bonne porte.

Reprenons le cours de la soirée, la salle ouvre, Conan finit tout juste les balances. Ça met dans l’ambiance direct et très rapidement le groupe remonte sur scène pour entamer les hostilités. Troisième fois que je vois le groupe en l’espace de deux mois. La première fois ce fut en tant que plat principal, la seconde fois en petit-déjeuner lors d’un festival et maintenant en apéro. Et comme à chaque fois, ça bute. Sauf que ce soir le son est d’une violence totale. Les balances toutes fraiches offrent au groupe une puissance de feu inégalable et c’est d’une précision redoutable mais aussi très fort. La setlist varie très peu par rapport à ce que le groupe a l’habitude de proposer cette année, c’est-à-dire principalement orientée sur le dernier né des anglais. La subtilité de la batterie est toujours un ravissement pour sortir de l’écrasant duo basse-guitare qui encore plus aujourd’hui rase tout sur son passage. D’abord clairsemée l’audience finit par vite gonfler et les coups de haches repétito-hypnotiques de chaque morceau font leur effet. Toute l’efficacité du doom des trois de Liverpool bat son plein, le public s’en prend plein la tête, l’air commence à manquer, une première partie qui laisse tout le monde à terre ça commence fort.

Instant culture : le 1 août est semble t-il la journée mondiale de la bière… on  n’avait pas besoin de ça pour justifier un moment de désaltération au risque de tomber sinon. Ce qui finalement fait tomber, c’est qu’il n’y ait plus de bière pression… il doit y avoir d’autres soirées plus appropriées pour ce genre de problème, dommage.

Bref ne nous gâchons pas l’évènement, les japonais de Church of Misery entrent en piste. Nous voilà engagés dans 1h de show massif et jubilatoire. Le son est cette fois plus « modéré », la magie opère donc sans résistance possible. Les morceaux s’enchainent avec une salle de plus en plus incandescente, le groupe est aux anges. Leur doom fait mouche et leur énergie est communicative. La section rythmique emballe l’ensemble d’un son rond, chaud, imbibée de groove des 7O’s, simple et efficace. La guitare peut ainsi s’offrir des instants de solos, gimmicks et autres frivolités qui poussent l’audience a inconsciemment jouer sur son air-guitare. La voix écrase tout de sa désinvolte crasse et ce n’est pas les petits coups de synthé utilisés avec parcimonie qui allégeront le propos. Après tout on parle de tueurs en série là, donc on ne fait pas dans la dentelle vous étiez prévenus. A force d’errer dans la salle, Ben Ward a fini par être invité sur scène (ça aurait été un comble sinon) et c’est pour clore le set des quatre de Tokyo que le géant d’Orange Goblin vient pousser la chansonnette sur une reprise de St Vitus « War is our destiny ». Ils auraient repris « Au clair de la lune », le public aurait de toute façon été ravi, c’est vous dire combien ça suinte la béatitude au Glazart ce soir.

On en a plein les esgourdes et il nous reste à encaisser High On Fire… pas de prisonnier je vous dis, pas de prisonnier, c’est une boucherie. On a vu le groupe se promener durant les premières parties, Matt Pike a maintenant tombé le t-shirt pour se diriger vers les backstages, ça commence à sentir (pas) bon… Faut voir la température qui règne dans la salle aussi… Une petite balance, histoire de recaler l’ensemble, un premier larsen et c’est parti. Enfin premier larsen qui dura du début jusqu’à la fin du show. Pendant une heure ça va vrombir les enfants, mais je ne parle pas du petit ronron gentillet, non je parle d’un grognement pantagruélique permanent, une décharge de saturation grasse, l’audio-définition dans votre audio-dictionnaire de « à rendre sourd ». Matt Pike annonce l’entrée en matière avec « Fury Whip » et déjà un premier doute sur la valeur des balances précédemment faites, on l’entend à peine. Une fois les trois instruments lancés, il n’y a plus de doute… on ne l’entendra presque pas du tout. La basse pulvérise tout, avec un petit coup de main de la batterie. Pour faire simple si vous ne maitrisiez pas les morceaux, vous n’aviez aucune chance de saisir les mélodies de la guitare et du chant, et plus dramatique encore de jouir de la décharge de notes des solos. Le son du groupe pousse à l’extrême la claque des riffs et heureusement que la basse les reprend à l’identique en majeure partie mais quel dommage de ne pas profiter pleinement des soli de dératé et des lignes de chant « Lemmy-like ». On a eu notre leçon de riffs joués par une basse. Les fans sont conquis, les badauds s’en prennent ras la tronche. Le groupe profite à plein de l’énergie dégagée par la fosse et se rafraichit à coup de glaçons sur le visage. L’ambiance est tropicale : chaude, moite, louurrde. Ça headbangue instinctivement  à chaque coup de médiator. Une setlist très orientée sur les trois derniers efforts du groupe, c’est quand le tempo est ralenti que ce son permet de vraiment dégager toute sa puissance comme sur « Madness of an Architect ». Le set défile à toute vitesse et c’est déjà l’heure des au-revoir sur fond de « Snake for the Divine », la mélodie plus en avant de ce morceau et le passage pesant permet de récupérer de justesse tous les tympans en sang des curieux. Un show sans concession pour les fans qui connaissent la richesse du groupe et ne pouvait que se réjouir… moi je suis heureux.
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Je ne pouvais pas ne pas reprendre cette photo qui accompagnait l’annonce de cette soirée organisée par les Stoned Gatherings, elle résume bien l’ensemble. Encore une fois un grand merci à eux de nous offrir ces opportunités uniques de rassembler toute la famille stoner au sens large devant tous ces groupes.

Mais ce n’était pas fini, on n’allait tout de même pas rater l’occasion de 1) Prendre l’air, de 2) Prendre une bière et de 3) Voir Ben Ward faire son DJ. Et le monsieur s’est fait plaisir, un bon mix de ses références, plus ou moins « classiques », Black Sabbath bien sûr, Metallica, Iron Maiden, Pantera, Down, Kyuss, Clutch, Fu Manchu, etc, etc. Du tout bon dans une super ambiance par un excellent chanteur heureux d’être là vraisemblablement à vivre ce bon moment avec des fans. Tout en simplicité, de la générosité et du partage, c’est ça aussi la scène que nous aimons et que nous défendons.

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CROWBAR, HANGMAN’S CHAIR, WITCH MOUNTAIN, TOMBSTONES – 10 juin 2014 – Paris (Flèche d’Or)

afficheCrowbar redevenu priorité de ce bon vieux Kirk, il ne faut plus désormais attendre des siècles pour voir le combo Louisianais de ce côté-ci de l’atlantique. A peine deux ans après leur venue au Nouveau Casino, revoici le quartet à Paris, pour promouvoir Symmetry In Black, leur petit dernier. L’affluence s’annonçait catastrophique ce 10 juin 2014 mais l’annulation du concert de Megadeth qui devait se tenir le même jour et le rajout sur l’affiche du plateau Witch Mountain/Tombstones a permis de sauver les meubles. Nul doute qu’un autre choix de salle aurait permis un meilleur score, puisque l’habitué des concerts parisiens sait pertinemment que la Flèche d’Or ne permet pas de jouer a un volume suffisant pour ce genre de musique, info dont l’organisateur du soir ne semble pas vouloir tenir compte. A défaut d’un public hétéroclite, les fans fidèles, habile mélange de stoned heads et coreux avinés se donnent tout de même rendez-vous dans le 20ème pour leur dose de riffs doomy. Tombstones attaquent d’ailleurs très tôt, devant un parterre plus que parsemé et n’ont le temps de proposer que 25 petites minutes de leur doom nordique que les habitués des Stoned Gatherings ont pu découvrir en février dernier. Très vite ils laissent la place à Witch Mountain, a qui il ne sera alloué qu’à peine plus de temps. Quelle frustration de ne pas pouvoir profiter plus longtemps de ce mix idéal entre doom ricain, crasseux et tendu et cette voix parfois pop, parfois lyrique. « The Ballad of Lanky Rae » et « Shelter » seront les bons moments de ce set éclair. Viennent ensuite Hangman’s Chair, fierté Parisienne du grunge/heavy rock dangereusement imbibé, que l’on a l’habitude désormais de voir sur toutes les premières parties de certaines prods. On ne va s’en plaindre qu’à moitié, vu le talent du combo. Ces derniers balancent 7 titres aux tempi lourds, jouant le meilleur de leur discographie « I Am The Probleme », « The Saddest Call » ou « No Rest I’ve Found » et proposant trois nouveaux titres dont les noms n’ont pas filtrés. Désormais accompagné de projections vidéo renforçant l’identité du combo, qui verse dans l’histoire sordide des baffons d’un Paris dépressif aujourd’hui un peu disparu, Hangman’s Chair déverse son rock aux relents de pigeons cancéreux et la pisse de sdf, un univers qui leur va bien. Seul le chant de Cubi amène une touche d’espoir dans le tableau dépeint par ces quatre marmules sur fond de guitares saturées.

Le temps d’un changement de plateau et les stars du soir prennent place sur la petite scène de la Flèche avec simplicité et décontraction. La quatuor balaye sa riche discographie en empruntant les meilleurs titres à chacun de leurs opus, servant une set lis en forme de best of, finalement assez attendue quoique jouissive. Seul « Walk With Knowledge Wisely » sera extraite de Symetry In Black amorçant l’avalanche de hit en fin de gig. « Planets Collide » sera évidemment le point culminant de la soirée mais amène indubitablement la réflexion suivante : Quand Crowbar se décidera enfin à jouer Odd Fellow Rest en intégralité ? Attendons 2018 pour les 20 ans de l’album ! Reste que le concert du soir sera de bonne facture, quoique dénué de véritable surprise, et l’affluence en berne (confirmée sur l’ensemble de la tournée) montre qu’il va falloir pour Crowbar trouver quelque chose de neuf et d’excitant à proposer, au risque de voir sa réputation décliner. Allez, un bon coup de pompe dans la tronche d’un slammeur, comme au Maryland Deathfest le 22 mai dernier, ça serait déjà un bon début non ?

Lien : youtube

Crowbar Setlist :
Burn Your World
High Rate Extinction
The Lasting Dose
Sever The Wicked Hand
Liquid Sky And Cold Black Earth
Vacuum
New Dawn
Walk With Knowledge Wisely
The Cimetery Angels
Planets Collide
Conquering
All I Had (I Gave)
Self-Inflicted

CLUTCH – 20 juin 2014 – Paris (Nouveau Casino)

 

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Ma bière a tenu quatre petits pas… avant de venir nourrir abondamment mon T-shirt… le Nouveau Casino est plein ce soir ! La foule est dense, impatiente. Je n’ai jamais vu cette très bonne petite salle dans cet état. Je n’ai jamais vu non plus ce groupe en live et le connaît d’ailleurs depuis peu. Vous aurez donc droit à ma vision première de Clutch qui vient pourfendre les tympans des parisiens restés au bercail avant une date au Hellfest.  Gentille attention car nous voici en plus devant la seule date française en club pour une tournée plutôt chargée ailleurs en Europe. Étant arrivé pile poil pour le début du show, pas de DJ de première partie pour moi pour me chauffer mais ce ne sera pas la peine.

Les musiciens prennent places aux points clés de la scène et Neil salut la foule. Et c’est parti. Première particularité qui saute aux yeux pour quelqu’un qui, comme moi, découvre le groupe, c’est la gestion de cette scène justement. Le guitariste et le bassiste sont fixés au sol et il me semble qu’ils n’ont pas bougé de plus de 3 centimètres autour de leur point de départ. Le batteur, vous l’imaginez, reste à sa place. L’espace est donc complètement libre pour que Neil l’occupe. Et il l’occupe. Il communique au moins autant par le chant que par les gestes d’ailleurs. On l’observe faire les cents pas, montrer du doigts les trois quarts du public et le ciel, souvent le ciel. Aucune ironie ici, l’homme possède un talent trop rare, celui de communiquer son énergie au monde. On oublie finalement un peu le reste du groupe pour se concentrer sur lui.

Enfin, au moins visuellement, parce que musicalement ça tabasse entre heavy metal, hard rock et de gros retours de blues tout en gardant une forte homogénéité. Le set commence par une rareté “Sea of Destruction” qui est pas mal joué sur cette tournée et qui est accueilli comme il se doit par le public. Suivent 3 morceaux du dernier méfait “Earth Rocker” dont “Crucial Velocity” ultra-efficace avec son refrain fait pour déchaîner le public, tout simplement. Encore 5 morceaux de cet excellent album seront joués dont le très doux “Gone Cold” qui précèdera “D.C. Sound Attack!”, sortant du lot, car Neil y utilise un harmonica et tape sur une cloche (visiblement piquée à une vache). Suivront également des classiques comme “The Mob Goes Wild” ou le plus posé “The Regulator” qui permettra de reprendre son souffle en milieu de set. Si la quasi-totalité de “Earth Rocker” est joué, le groupe piochera néanmoins dans nombreuses de ses productions comme “Blast Tyrant”, “Robot Hive / Exodus” et “From Beale Street to Oblivion”. Ils finissent comme assez souvent par l’enchaînement “Electric Worry” / “One Eyed Dollar” et c’est assez efficace ! Pour revenir sur les musiciens, chacun aura en quelque sorte son heure de gloire à travers par exemple des espaces laissés à la basse ou le temps d’un solo de batterie à l’ancienne.

Le public de son côté chante, se travaille gentiment les côtes, joue au concours de la nuque la plus souple et tente le plus possible de se rapprocher de son idole en levant les mains au ciel. Bref, un consensus populaire de bonheur.

Le groupe a donc envoyé des kilotonnes d’énergie que le public a su mettre à profit. Dire que la soirée fut bonne serait un euphémisme. A bientôt Clutch !

 

Cosmic Mo

HELLFEST 2014 – Jour 3 (Unida, Spirit Caravan, Dozer, HOBP,…), 22 juin 2014, Clisson

La journée qui commence s’annonce compliquée : il y a des concerts dans tous les sens, à ne plus savoir où donner la tête, des interviews, etc… Une chose est sûre, on ne va pas s’ennuyer, ce qui nous évitera de ressasser que, ça y est, c’est la dernière journée…

BLUES PILLS
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Par contre, mauvais départ, on rate Year Of The Goat sur la Main stage n°2 en “début de matinée” (10h30)… Damned ! On rattrape ce faux pas en assistant au concert des suédois (OK, moitié suédois) de BLUES PILLS sur… la Main stage n°1 !! On savait le groupe en phase de carrière ascendante, et sa récente tournée (prévisionnelle car interrompue au milieu), très ambitieuse, montrait leur envie d’accélérer cet état de fait. Mais nous faire regarder un concert à la lumière du jour, alors qu’on a passé deux jours sous une tente, c’est cruel ! Toujours est-il que Blues Pills… fait du Blues Pills ! Le quatuor d’émanation très 60’s/70’s tendance psyche et blues, déroule des titres carrés, assez longs, à l’exécution impeccable. Difficile donc d’opposer des critiques objectives par rapport à leur musique : obligés de constater que les zicos assurent (ce jeune soliste frenchie est quand même doué), obligés aussi de reconnaître qu’Elin a une voix absolument remarquable. Notons aussi que pour commencer un festival à onze heures du mat, leur musique accompagne parfaitement une montée en pression assez tranquille. Merci pour tout ça, respect. Mais pour le reste, et même si le public semble apprécier (enfin, c’est pas comme si ça pogotait non plus, hein… le public reste assez cool et clairsemé à cette heure…), tout ça manque cruellement d’énergie et de gras : les tempi s’emballent bien trop rarement, le son de gratte est désespérément clair… Allez, même si ce n’est pas très politiquement correct de le dire ouvertement tandis que tous les médias commencent à encenser le groupe, mais on n’a jamais eu peur d’être à contre-courant : on s’ennuie !…

SCORPION CHILD
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On se translate de quelques dizaines de mètres sur la Main Stage n°2 (mais qu’est-ce qu’ils ont aujourd’hui avec ces Main stages ?!) pour assister au set de SCORPION CHILD. Bon, on gagne peut-être une petite décennie dans le flash back, par rapport à Blues Pills, mais on est bien en plein dans un trip 100% vintage là aussi. Y’a beaucoup de Led Zep, un peu de Purple et de Free, et une dose de Uriah Heep / Blue Cheer pour le pendant subtilement psyche de tout ça. Rien de mal à ça. Le chanteur aussi sonne un peu comme un ersatz de Plant, les mecs sont dedans, le public apprécie nonchalamment… Mais on ne va pas se voiler la face, c’est pas non plus le feu sacré ! Pas super original, pas le coup de pied au cul attendu (espéré ?), et en plus ce petit crachin et ce ciel nuageux ne fait rien pour améliorer notre humeur… On décide de retourner à la “maison”, notre Valley chérie, après deux titres…

SATAN’S SATYRS
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… et grand bien nous fit ! Puisque sur le même créneau horaire (salauds à la prog !) sévissent les excellents SATAN’S SATYRS ! Le combo mené par Clayton Burgess, le nouveau bassiste d’Electric Wizard, anime la Valley depuis quelques minutes déjà, donc, mais il nous faut moins d’une chanson pour confirmer qu’on a fait le bon choix et qu’il vaut mille fois mieux passer le reste de cette petite demi-heure avec nos trois furieux. Look old school, musique old school… Là aussi, la “vague” vintage n’est pas passée complètement à côté du combo, sauf qu’il y a une énergie punk dans le rock de Satan’s Satyrs qui rend le groupe cent fois plus excitant que les dizaines de groupes qui s’embarquent dans cette veine musicale très hypée. Faut voir nos lascars se donner à fond dans leur set pour comprendre qu’ils ne sont pas là pour la représentation ou pour rafler quelques lauriers faciles ; ils auront le public par les tripes ou rien ! Burgess s’affirme en frontman efficace, son chant nasillard fonctionne bien, et les autres ne sont pas en reste, avec un batteur digne d’Animal, le batteur déjanté de Sesame Street avec sa tignasse énorme, et un gratteux plus discret mais bien présent néanmoins, toujours dispo pour croiser le fer (ou le manche) avec son collègue sur des dizaines de soli impeccables. Energie, rock old school, fuzz, authenticité… Fatalement, ça marche. Et du coup, ça a même fait revenir le soleil ! Dommage pour ceux qui appréciaient ce petit rafraîchissement pluvial – c’est reparti pour un cagnard terrible pour tout le reste de la journée…

ZODIAC
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Apparemment on est bien enfoncés dans le trip vintage, puisque c’est maintenant aux allemands de ZODIAC de monter sur scène. Et là aussi, c’est du sérieux : ils ont beau avoir l’air souriants, ils sont pas là pour la déconne, ils sont venus pour rentabiliser ces quarante petites minutes en mettant tout ce qu’ils ont sur la table. Du coup le concert est dense, énergique, diversifié… Sacré professionnalisme, on ne s’ennuie pas une minute. Faut dire que sur scène, on n’a pas des guignolos qui se regardent les godasses pendant trois quarts d’heure : menés par un parfait leader charismatique en la personne de Nick van Delft, le groupe est complètement en harmonie et dispense la même énergie, avec une unité qui force le respect. Toutes les facettes du combo y passent, les titres les plus énergiques, les balades bluesy (une bonne version de “Cortez the killer”, le titre de Neil Young, avec quelques soli bien sentis et une belle performance vocale de Van Delft, qui fait montre ici d’une chaleur dans son chant tout à fait remarquable) ou les jams boogie à rallonge, avec quelques connotations sudistes occasionnelles : ainsi, lorsqu’à quelques minutes de la fin du set ils annoncent “this is our last song… but we’re gonna make this fucker long”, on est contents de les voir se lancer dans l’épique “Coming Home”, presque leur “Freebird” à eux en live, un titre lent puis mid tempo qui se termine en machine à jams sur fond de basse ronflante… Carton plein.

CROWBAR
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Alors là… le bad trip je pense, je sais pas… Toujours dans l’ambiance de la fin du set de Zodiac, dans l’atmosphère chaleureuse (j’ai failli dire “feutrée”…) de la Valley, on se lance en courant vers la Main Stage n°1 pour ne pas rater CROWBAR sous un soleil de midi déjà étouffant, dans la poussière, avec une barre de son monolithique et sans relief, avec trois gars complètement paumés sur une scène de 80 mètres de large et 60 de haut (trois gars parce qu’autant vous dire que sur une scène surélevée de deux mètres, on voit pas beaucoup Tommy Buckley derrière ses fûts)… Pour je ne sais quelle raison, ça fait quinze fois que Crowbar joue au Hellfest (OK, disons deux ou trois fois…), et à chaque fois ils atterrissent sur la Main Stage. Mais cette fois, la transition est trop rude et ma cervelle se bloque dans un mouvement d’auto-protection qui va malheureusement à l’encontre de mes affinités musicales. Car je me faisais une joie de revoir Crowbar ! Mais je pense que les riffs de Windstein sont faits pour rebondir sur les murs et le plafond d’une salle pour mieux vous écraser la nuque, et que ses lignes de chant vous prennent aux tripes avec dix fois plus d’impact lorsque vous croisez en même temps son regard de trucker maniaque… Du coup, je me cale au fond, et je regarde le set à 700 mètres de la scène, peinard mais résigné, sans y prendre le plaisir escompté… Forcément, entendre le groupe cracher ses classiques glaviots sludge que sont “All I had”, “High Rate Extinction” ou “Planets Collide” fait toujours son petit effet, mais aujourd’hui, entre moi et Crowbar, les étoiles n’étaient pas alignées.

LOWRIDER
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Peut-être que l’une des causes de ma déception vis-à-vis du concert de Crowbar trouvait sa source dans mon excitation de revoir LOWRIDER sur scène ? Toujours est-il qu’il ne faut pas me prier pour regagner la Valley après le dernier riff louisianais pour voir les suédois monter tranquillement sur scène. En choisissant de lancer leur set comme commence leur unique album, avec “Caravan”, ils remettent tout de suite les choses en place, là où elles n’auraient jamais dû s’arrêter, il y a plus de dix ans de cela. Sur scène, les gars sont imperturbables, en tout cas la paire de gratteux, Niclas et Ola, décochent difficilement un sourire, même si on a du mal à les prendre en défaut sur l’exécution impeccable des morceaux… A leurs côtés toutefois, Peder, bassiste, vocaliste et leader / frontman du combo kiffe ce trip Hellfest jusqu’au bout des ongles : il ne tient pas en place, il a le sourire vissé aux lèvres, il communique avec le public presque entre chaque titre… Certes, il est un peu à la peine sur certaines lignes vocales (les parties les plus perchées de “Dust Settlin'” sont un peu limites…) mais il emporte le public sur son enthousiasme… et sur les compos du groupe ! La tente est blindée en ce début d’après-midi, et le public est au taquet : ça chante, ça headbangue, ça slamme… Le son sous la Valley est, cette fois encore, excellent, le pied. Surprise, alors que l’ambiance commençait bien à monter et que cette douce chaleur nostalgique commençait à nous faire gentiment planer, le groupe se lance dans l’interprétation de pas moins de deux inédits ! “Leaning Times”, présenté par Peder comme “un nouveau titre, que nous avons écrit il y a dix ans… that’s how we roll !”, donne rapidement l’impression d’être très catchy, même s’il n’emballe pas complètement en première écoute, l’impression d’un manque de “lourdeur” en quelque sorte… A réécouter sur album. “Red River” à ce titre est plus emblématique de ce que l’on connaît et aime chez Lowrider, vocaux, riff, groove… Après ces petites friandises, retour sur le chemin des classiques avec “Lameneshma” qui amène un tunnel de titres issus de leur LP pour conclure ce set. On retiendra surtout “Texas Pts 1-2” et sa conclusion jouissivement Kyussienne, enchaîné à “Convoy”, un des riffs les plus lourds depuis la création de la six-cordes. A la scandinave, les gars sortent de scène à peine expressifs, mais leur sourire en coin ne laisse pas de doute sur leur ressenti : ils ont tué, et ils le savent bien. Maintenant, finie la déconne, va falloir remettre le couvert, et pas dans cinquante ans.

BLACK TUSK
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Les mecs de BLACK TUSK se sont chauffés au Whisky bas de gamme tout ce début d’aprem backstage, on commençait à les sentir chauds comme la braise avant leur montée sur scène. Apparemment c’est un bon combustible, parce que le groupe n’a pas fait de quartier durant ses cinquante minutes de set. Une vraie boucherie. Pour ceux qui ne connaissent pas le trio ricain, c’est une sorte de sludge aux rythmiques plutôt rapides, un truc au croisement du thrash et du stoner. Les trois zicos se partagent les vocaux, ce qui est toujours impressionnant en tout cas pour un batteur. Au niveau du public, disons que placer Black Tusk entre l’heure de la digestion et l’heure du thé est sans doute un choix de programmation assez judicieux – ça évite le coup de mou ! Les musiciens sont au taquet, tout sourires, ils sont clairement là pour s’éclater, et ceci décuple l’énergie de leur set, qui se transmet par mimétisme au public, déchaîné. Les premiers (et rares) pogos naissent d’ailleurs sous la Valley durant leur set. Andrew et Jonathan sont complètement dedans, arpentent la scène sans répit, et abattent des riffs cinglants par dizaines. Étonnant d’ailleurs de voir deux musiciens aussi en phase “scéniquement”, ils sont tous les deux souriants, interagissent, vont voir le public… On notera par ailleurs l’efficacité confirmée des titres du dernier album, avec en particulier un doublon “Enemy Of Reason” / “In Days Of Woe” pour conclure un set brutal mais efficace. Exactement ce qu’il fallait pour faire monter la tension dans cette tente jusqu’ici emplie de “cool vibes”… Une tuerie.

HOUSE OF BROKEN PROMISES
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Après leur set dévastateur l’an dernier au Desertfest Berlin, on ne va pas se la jouer “surpris” : on sait qu’on va prendre une claque avec le set de HOUSE OF BROKEN PROMISES. Voir Arthur Seay faire les cent pas comme un lion en cage backstage pendant une demi-heure en attendant l’heure du set, en jouant des soli imaginaires non stop, son médiator à la main, on sent le bonhomme prêt à en découdre. Bingo. Quand les gars montent sur scène, ils sont immédiatement à fond dedans. A l’américaine : ils font le show ! On savait Seay excellent (sous-estimé) guitariste, soliste hors pair et gros générateur à riffs. On savait aussi que le frêle Mike Cancino devenait une véritable machine à tuer derrière son kit de batterie minimaliste. On aura désormais la confirmation que le casting de Joe Mora ne doit rien au hasard : bassiste impeccable, il prend en charge désormais sans réserve la plupart des vocaux, et se révèle un chanteur doué, avec une énergie similaire à ses collègues (bref : au taquet). Faut les voir haranguer le public, le prendre à parti, communiquer entre eux… Quant aux poses et grimaces non stop de Artur Seay, c’est un spectacle en soi ! Niveau set list, le trio n’est pas vraiment calculateur et se la joue au feeling : ils n’hésitent pas à coller quatre nouveaux titres en plein milieu de leur set list, des titres inconnus de tout le monde… Pourquoi pas ?! A l’image des autres productions du groupe, ces titres de pur stoner metal sont diversifiés, catchy, et percutants. Ca devrait le faire pour leur prochaine rondelle ! Pour le reste, les classiques sont bien là, entre “Blister” en intro, le heavy “Physco Plex”, ou encore le percutant “Highway Grit”, et même s’ils n’ont pas joué le très attendu “Obey the Snake”, on n’a pas matière à se plaindre. Le groupe choisit l’impeccable “The Hurt (Paid my Dues)” pour clôturer un set haut en couleur, qui aura démontré que HOBP n’est pas que “la pièce rapportée de Unida” : leur set jouissif et généreux aura lessivé et collé le sourire à plusieurs milliers de personnes sous la Valley aujourd’hui.

DOZER
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Après le set “over the top” des ricains, on sait par avance que la deuxième livraison suédoise de la soirée sera scéniquement un peu plus austère. On a papoté un peu avec Tommi, le leader de DOZER un peu avant leur set aujourd’hui, un gars posé, calme, gentil… Alors quand on le voit monter sur scène complètement déchaîné, faisant voler sa traditionnelle casquette dès le  premier headbang de “Feelgood Formula” qui introduit le concert, on comprend quand même que les scandinaves ne sont pas venus que pour se détendre non plus. A son habitude, la prestation de Dozer sera aujourd’hui encore impeccable : une set list de tueur, une interprétation sans faille, des musiciens en ordre de bataille… La set list, parlons-en : encore une fois le paquet est mis sur l’album “Through The Eyes of Heathens” avec notamment des interprétations énormes de classiques comme “Big Sky Theory”, l’aérien “Until Man Exists No More” ou le brutal “From Fire Fell”. Mais tous les albums seront honorés de quelques extraits (avec un seul extrait de leur dernière production), une sorte de petit best of. Faut dire que le groupe sait ce pour quoi il est attendu, et à ce titre il fait montre d’une belle générosité envers son public. Sur scène, Fredrik assume pleinement son rôle de frontman : même si ses vocaux n’ont pas la profondeur qu’elles ont sur disque, il n’est jamais en difficulté et assure impeccablement toutes ses lig “Fishermnes vocales (est-ce dû au fait que le bonhomme se gave de bonbons “Fisherman’s Wharf”… pendant tout le concert ?!). Rien à dire sur ses rythmiques, épaulées par les lignes de basse robustes de Johan. Quant à Tommi, il est juste à fond, il headbangue come un furieux, virevolte, harangue le public… Bref, le groupe fait tout ce qu’il faut pour assurer un concert impeccable, et mettre à l’honneur la qualité de leurs compos plutôt qu’eux-mêmes en tant qu’individus, se mettant au service d’un collectif parfaitement rôdé. Encore et toujours une machine scénique impressionnante, qui ne laisse rien au hasard. Tandis que le combo termine son set par le vieux classique “Supersoul”, on se dit quand même que la trop rare activité scénique du combo représente un vrai gâchis. On se félicite d’autant d’avoir pu revoir les suédois sur un concert de cette qualité.

SPIRIT CARAVAN
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Après avoir été bluffés de la prestation scénique de SPIRIT CARAVAN lors du dernier Desertfest Berlin, on savait que ce set était immanquable. Et apparemment, on n’était pas les seuls à s’être passé le mot, tant le public est bien tassé sous la tente (pas blindée non plus, faute à la concurrence de Black Sabbath qui se prépare sur la Main Stage) et que les bords de scènes sont pleins de la fine fleur des musiciens du week end : l’intégralité de Electric Wizard headbangue en chœur, Witch Mountain, Acid King, Nick Oliveri et Joey Castillo qui sont à fond et connaissent les titres par cœur, etc… Le trio monte sur scène sur le classique “Healing Tongue” et son riff quintessentiel. Sa posture scénique est inchangée : au-delà du charisme tout relatif de chacun (sans manquer de respect pour les deux autres, avouons-le : Wino écrase tout le monde avec un simple battement de cil), chaque musicien adopte une position et un comportement parfaitement équilibré, respectueux du groupe avant ses individus. Wino interprète ses rythmiques et ses leads sans en faire des tonnes, Sherman balance des lignes de basse redoutables et impeccables d’efficacité rythmique (parfois plus proches de la guitare rythmique, d’ailleurs), et intervient même occasionnellement au chant (comme sur le sournois “Fang”), le tout avec une aisance et une autorité naturelle qui intiment le plus grand respect. Quant au p’tit nouveau Henry Vasquez, sa batterie posée en front de scène entre nos deux lascars (sans plateau surélevé, notons-le), son jeu généreux et démonstratif le rendent passionnant à regarder, lui aussi. Du coup, avec trois personnalités de cet acabit, et une set list composée de classiques indémodables, on ne s’ennuie pas une minute et on dévore le concert, cette heure passant à la vitesse de la lumière. Faut voir l’osmose de nos vieux loubards stoner, à l’image du passage instru groovy sur la fin de “Brainwashed”, où Sherman et Wino se retrouvent de part et d’autre du kit de Vasquez pour une jam frénétique… Le groupe termine par le désormais classique “Inside Looking Out” de Grandfunk Railroad, hymne de truckers par essence, efficace en diable. Le trio l’affirme à nouveau comme si c’était nécessaire : Spirit Caravan n’est pas juste un vieux combo culte, né à nouveau de ses cendres dans un trip revival mal assumé… Au contraire, ils se posent en groupe bien vivant, référentiel et culte, certes, mais puissant et complètement ancré dans le présent. Il ne leur reste plus qu’à cracher quelques nouvelles compos et on sera aux anges. Je cite un Nick Oliveri aux anges à la fin du set : “it was so fucking badaaaass”. Pas mieux.

UNIDA
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Par acquis de conscience, on va capter une paire de titres du set calamiteux de Black Sabbath: les petits sauts d’enfant de six ans d’Ozzy, sa voix fausse, chevrotante et fébrile, la prestation scénique robotique de Iommi et Butler (hop, je m’avance de cinq pas pour le solo, hop je reviens à ma place, hop je m’avance un peu…), nous confirment que même ce soir c’est sous la Valley que ça va se passer.
L’annonce de UNIDA en tête d’affiche de la journée (et, disons-le entre nous, un peu la tête d’affiche de la Valley sur le week end pour beaucoup d’entre nous…) en a motivé plus d’un à prendre leur ticket pour le festival de l’Enfer cette année. Les voir calés dans le Running Order en synchro parfaite avec Black Sabbath pouvait faire grincer quelques dents… Et alors que l’on traverse une Valley désertique (oui, c’est un peu sa raison d’être, c’est vrai…) à quelques dizaines de minutes du début du set, on se dit que niveau affluence, ça sera pas gagné ce soir… Heureusement, pas mal de monde a fait comme nous, et après quelques titres de Sabbath, le public rejoint progressivement une Valley qui se gonfle d’expectative… A l’heure prévue, les zicos montent sur scène pour lancer le riff jubilatoire de “Wet Pussycat”, ce qui fait vite arriver un John Garcia vers qui, inévitablement, tous les regards se tournent. Faut dire que Cancino et Seay, en purs team players, adoptent une posture bien plus posée et en retrait que durant House Of Broken Promises. C’est Curt Christenson, le bassiste de Dixie Witch, qui prend en charge la quatre-cordes sur cette tournée, et c’est un foutrement bon casting : le bassiste a du groove à revendre, et rappelle furieusement le type de jeu rond et organique de Scott Reeder. Garcia, en revanche, n’est pas à fond dans le set au démarrage. Il part chercher ses lunettes au milieu du premier titre (la chanson continue sans lui !), il bugge sur un couplet de “Thorn” (confronté à un “trou”, il s’interrompt sur une mesure ou deux, reprend en cours de route)… On l’a vu plus à l’aise que sur ce début de concert : même si son professionnalisme cache son inconfort, le gars n’est pas encore bien dedans… Mais petit à petit, il rentre dans le set et les titres suivants sont impeccables. On peut d’ailleurs le remarquer : il se permet des petites impros ou nouveaux aménagements de certaines lignes vocales généralement bien sentis, signe d’un confort grandissant de sa part. La set list enchaîne les perles, pour une large part issues de l’album “fantôme” du groupe, avec toujours vis-à-vis d’un public bouillantissime la même efficacité. Se détacheront de nos souvenirs enfumés “Human Tornado” et son riff redoutable, le langoureux “Summer”, mais aussi les plus anciens “Red”, super efficace, et “Nervous”, propice à une démo riff-esque de Arthur Seay cette fois encore, MVP de la journée. Étonnamment, les titres les plus percutants du “dernier” album, que sont “MFNO” ou “Puppet Man / Coffee Song” ne sont pas ceux qui fonctionnent le mieux sur scène (ils n’ont objectivement ni la même pêche que sur disque, ni le même son non plus, pas de secret…). Tout ça est chaleureux, et alors que le rugissant “Dwarf it” vient amorcer la dernière partie du set, tout le monde est incandescent. A la fin de “Hangman’s Daughter” qui le suit, petit moment surréaliste : Garcia vient voir Arthur Seay et lui dit d’improviser un instrumental, avant de s’échapper discrètement sur le bord de scène. Ni une ni deux, Seay échange deux mots avec Cancino et Christenson, et s’engagent dans une jam au début un peu balbutiante, à base de blues rock classique pour commencer, qui va vite prendre son essor et permettre notamment au guitariste de montrer l’étendue de son potentiel. Cette jam épique dure bien une petite dizaine de minutes, pendant lesquelles Garcia regarde ses copains en fumant une cigarette (si si, mauvaises langues !) sur le bord de scène. A ce moment-là, le public (qui croit que tout ça est prévu !) est complètement rentré dans cette jam complètement hallucinée, et le groupe a emplafonné depuis longtemps le créneau horaire qui lui était attribué (sans conséquence, étant donné qu’ils étaient les derniers à jouer ce soir). Garcia revient enfin sur scène et s’empare du micro devant ce parterre mi béat mi médusé, pour se lancer dans un “Black Woman” absolument jouissif, qui finit de mettre la Valley sur les genoux. On n’aurait pu imaginer meilleure fin de set et de journée…

A l’heure où l’on fait traditionnellement le bilan d’un tel événement, les souvenirs et les sensations s’entrechoquent, et il semble encore tôt pour en faire la synthèse. On sait qu’on aura eu notre lot de découvertes en live, mais aussi une quantité importante de confirmations, sachant qu’aucun groupe n’est passé à côté ou ne nous a foncièrement déçu. Un public de connaisseurs, respectueux, nombreux, une scène parfaitement adaptée (un peu petite désormais), avec un son superbe, des musiciens fous de joie d’être là… Tous les ingrédients d’un festival de haute tenue étaient réunis, et l’alchimie a bien fonctionné. Avec une affiche de cette qualité et les mêmes conditions (on peut le rêver, le soleil tous les ans ?), on signe chaque année sur les dix ans à venir.

Laurent

HELLFEST 2014 – Jour 2 (Clutch, Monster Magnet, Acid King,…), 21 juin 2014, Clisson

Une poignée d’heures de repos, à nos âges, c’est peu… Cette reprise à 10h30 du matin fait mal, on peut le dire ! Heureusement, le ciel bleu au dessus de nous annonce un second jour aussi radieux que la veille, pas l’ombre d’un nuage à l’horizon, et il fait déjà chaud en ce milieu de matinée ! Ca s’annonce torride pour cette journée…

HARK
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C’est donc HARK qui ouvre les hostilités aujourd’hui sous la Valley. Hark, ou le nouveau projet de Jimbob Isaac, leader de feu-Taint, frontman charismatique, versatile et impliqué dès la première note dans la réussite de son tout jeune trio. Les compos sont alambiquées, audacieuses, déroutantes de par leurs structures, heavy as fuck, cependant  desservies par un mix un peu brouillon en façade. Le Jimbob (qui se filme pendant tout le concert avec une caméra fixée au bout de son manche de guitare…) rentre toujours autant dans son micro, communique, sourit, on sent qu’il est heureux dans ce projet et nous le rend bien. Ses deux compères ne sont pas en reste et se donnent tout autant ; Hark dégage résolument une très bonne énergie pour introduire cette journée ! Le public matinal est aux anges et la demi-heure de set donne un peu plus l’envie d’aller farfouiller “Crystalline”, le premier album du trio. Excellente performance, qui donne envie de revoir le power trio gallois sur un set plus long.

HERDER
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Vient alors le tour des hollandais de HERDER qui déboulent le couteau entre les dents pour une demi-heure de gros sludge tendance metal, voire hardcore parfois, ou post-core même comme disent les jeunes, occasionnellement baigné de quelques vapeurs doom. Venus défendre leur récent dernier album, “Gods”, ils n’en joueront finalement que trois ou quatre extraits (dont le dévastateur morceau titre) sur un set d’une grosse dizaine de morceaux joués à cent à l’heure. De temps en temps, leur vocaliste adressera quelques mots au public, en français notamment, mais le reste du temps est mis à profit pour développer leur petit commerce de charcuterie fine. Et là-dessus, vous pouvez compter sur le vocaliste Ché Snelting pour mettre du cœur à l’ouvrage : le bonhomme vomit ses tripes avec une vigueur qui force le respect : il beugle fort, certes, mais le batave hurlant possède aussi un coffre singulier, apportant quelque profondeur à ses vocalises. Un point commun qu’il partage avec l’ancien beugleur du combo, Nico, invité sur scène pour interpréter le terrifiant “Feet Eager To Run To Evil” avec ses anciens acolytes. Bon esprit ! Au final, un concert qui déboîte bien, mais peut-être pas ce que mon cerveau était prêt à digérer à ce moment-là de la journée…

MOS GENERATOR
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Un trio à la pilosité strictement inverse à celle de Herder foule maintenant les planches de la Valley : MOS GENERATOR est attendu, et ils le savent. Un peu nerveux en début de set, il ne faut guère que les quelques minutes de “Beyond the Whip” à Tony Reed pour rentrer dans son set, lâcher la pression et répandre la bonne parole stoner dans cette tente bien remplie. Le chant profond et rocailleux du guitariste fait sensation sur des titres comme “Lonely One Kenobi” ou le furieux “Silver Olympus”, et le bonhomme ne se prive pas de caler ses soli sur quasiment chacun des morceaux. Pour le reste, ça aligne riff sur riff, on ne s’ennuie jamais, et les zicos profitent de chaque espace qui leur est alloué dans les chansons pour introduire des jams toujours impeccables. Même si le dernier album passe bien l’épreuve du live sur ses deux ou trois extraits joués aujourd’hui, le trio se fait plaisir en piochant dans toute sa discographie pour composer sa set list du jour. Plus impressionnant encore, Tony Reed nous confiera après le concert qu’en montant sur scène, ils avaient uniquement décidé du morceau d’intro, et que le reste de la set list a été constitué en direct au fil du concert ! Apparemment c’est une habitude chez eux… Cela produit un effet un peu décousu, mais aboutit fort opportunément à une conclusion certes un peu planante (“This is the Gift Of Nature”), mais surtout propice à une jam remarquable, qui met le public à genoux (faut voir les applaudissements retentir jusqu’au fond de la tente !). L’approche musicale audacieuse du combo force le respect, et sa musique, généreuse et efficace, n’aura pas mis longtemps à convaincre un public plutôt sur la retenue au début, qui leur mange maintenant dans la main et en reprendrait bien un peu plus pour la route !

SUBROSA
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Le contraste musical avec SUBROSA qui passe juste après fait un peu mal, avouons-le. Le doom-metal quasi-lyrique du combo largement féminin est  par essence plus froid, plus policé et parfois même “synthétique” (ah, cette paire de violons électriques, c’est un peu comme des synthétiseurs… faut aimer !). Pourtant, le combo ne démérite pas et jette toutes ses armes dans la bataille : l’énergie est là et l’ambiance développée sur album est bien restituée (voir l’épique “The Usher” issu de leur dernier album). On pourra avoir des réserves sur les vocaux de Rebecca Vernon, dont les passages les plus graves sonnent presque faux, mais c’est une question d’oreille (la mienne est visiblement plus habituée au sable et au son de gratte craspec). Reste que l’expérience musicale délivrée par le quintette est assez inédite : le genre musical adopté est original, composé de longues séquences où Rebecca à la gratte et Levi à la basse font tourner de gros riffs lancinants, laissant à la paire de violonistes l’occasion de s’engager dans des envolées en harmonie généralement bien amenées. Ca se laisse écouter sans déplaisir, et force est de constater que le public est bien dedans, headbanguant au rythme (lent) des morceaux, et applaudissant copieusement la fin du set des américains (terminé cinq minutes plus tôt, ce qui s’avère piégeux pour un groupe dont la durée moyenne des chansons est au dessus des dix minutes…). Sympa, mais pas complètement enthousiasmant.

WITCH MOUNTAIN
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Respect aux programmateurs : il y a une belle cohérence dans l’enchaînement de certains groupes sous cette Valley, qui force l’admiration. Caler ainsi les ouest-américains de WITCH MOUNTAIN juste après Subrosa et avant Acid King, c’est vraiment trouver le chaînon manquant entre le doom le plus épique et mélodique et le doom le plus lourd, lent et traditionnel. Comme nous le confiera Rob Wrong en interview après leur performance, le quatuor monte sur scène intimidé mais remonté et avec l’envie de se donner à fond. Le groupe entame les hostilités comme souvent sur le classique “The Ballad of Lanky Rae” qui permet à sa chanteuse Uta de donner un premier aperçu (probant) de ses capacités vocales. “Veil of the Forgotten” joué d’affilée vient rapidement permettre à la chanteuse de montrer toute l’étendue de son spectre vocal, passant de vocalises suraiguës à des vocaux d’outre-tombe que l’on a du mal à imaginer sortir de cette petite chanteuse presque timide ! Elle a beau assumer pleinement son rôle de frontwoman, elle garde sa posture modeste et discrète qui contribue à valoriser les autres membres du groupe et à conforter cette idée de cohésion où chacun joue parfaitement son rôle : une section rythmique robuste et un guitariste polyvalent qui enchaîne les riffs efficaces et élaborés avec les soli limpides, qui viennent élever certains passages de plus haute volée. Charles Dingus à la basse dresse des rythmiques lugubres parfaitement adaptées et cruciales dans la musique du combo, notamment pendant les passages de Wrong en lead. Globalement, c’est lent mais finalement jamais “trop” lourd, laissant toujours une place importante à la mélodie, comme des vieux Candlemass ou Pentagram, dans un autre genre. Avec “Never Know”, le groupe s’engage dans un titre épique, laissant la part belle aux soli (parfois d’inspiration blues), particulièrement apprécié du public. Au final, la prestation sincère du combo aura recueilli un beau succès, mérité, malgré la faible notoriété du groupe dans nos contrées.

ACID KING
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Lori et ses copains d’ACID KING traînent sur le site du Hellfest depuis la veille, l’occasion de mater quelques concerts et de prendre la température du lieu… Ils ont donc eu tout le temps de se préparer. Et pourtant, à l’heure précise du début de leur set… il n’y a personne sur scène ! Joey Osbourne se calle derrière sa batterie, Mark Lamb s’empare de sa basse, et tout le monde regarde backstage pour chercher Lori du regard ! Petit mouvement de panique donc, avant que Lori, se précipitant sur scène, n’engage l’intro de “Busse Woods”. Mais ce petit aléa devient vite anecdotique alors que la blonde guitariste enquille les riffs patauds de ce classique instrumental. A partir de ce moment, la démonstration doom peut commencer. Faut dire que le trio a soufflé ses vingt printemps récemment, et même si sa carrière avance au même tempo que ses rythmiques anémiques, leur expérience scénique et la robustesse de leur interprétation ne souffrent simplement aucune critique. Alors que le combo enchaîne avec le superbe riff de “2 Wheel Nation”, les nuques commencent à onduler nonchalamment dans le public, de manière presque incontrôlée… Lori est alors bien calée derrière son pied de micro, alternant lignes de chant hypnotiques et attaques de cordes lourdes et viscérales. Elle n’est pas Joe Satriani et elle le sait ; mais en enchaînant une poignée d’accords par chanson, au bon rythme et avec la bonne énergie, elle parvient en quelques minutes à convaincre un public qui prend là sa troisième rasade doom de l’après-midi. Faut voir ledit public enchaîner les slams sur toute la durée du set, propices à se laisser voguer sur la mer de mains créée par une Valley en transe… Osbourne est toujours efficace derrière les fûts, caressant crash et ride entre des frappes lourdes sur ses fûts, tandis que Mark Lamb est complètement immergé dans son set, efficace pour dresser des rythmiques plombées, et agrémentant son jeu de basse solide de quelques effets type Wah-Wah parfaitement bienvenus. Au final, le groupe ne jouera que des extraits de “Busse Woods” et “III”, et glisse dans son set un ou deux inédits (du pur Acid King, si les fans ont besoin d’être rassurés…). Pas une claque énorme pour qui connaît Acid King, mais encore une performance solide et efficace à mettre à leur actif.

CLUTCH
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De manière a priori inexplicable, la tension ambiante est palpable alors que l’heure du set de CLUTCH se rapproche. Il faut voir aussi la tente se remplir petit à petit, et le public continuer à se rapprocher et se masser inexorablement, entassés jusqu’à largement hors des limites de la tente. Et même sur le côté de la scène, on sent que “quelque chose se passe” en voyant les musiciens de Monster Magnet, Acid King, Witch Mountain, la paire Nick Oliveri / Joey Castillo (anciens de QOTSA, les deux lascars se retrouvaient avec Bl’ast !, un combo hardcore punkoïde qui jouait l’après-midi sous la Warzone), etc… se masser avec le sourire pour essayer de voir un bout de la performance ! Il y a une électricité et une tension remarquables dans l’air au moment où le combo monte sur scène sur le rythme funky de Chuck Brown qui leur sert d’intro depuis quelques années. De manière assez frustrante, Clutch a moins d’une heure de set ce soir. Le quatuor en a pleinement conscience, et devra faire dans la dentelle niveau set list. En engageant les hostilités sur “The Mob Goes Wild”, enchaînée à deux titres de “Earth Rocker”, ils passent un message clair au public, qui l’entendait bien de cette oreille : ce soir, des culs vont être bottés, par milliers. En calant “Gravel Road” en milieu de set, ils rappellent inéluctablement cet événement qui (je le pense) fut décisif dans leur lancement de carrière “tardif” en France, à savoir leur passage il y a cinq ans sur la mainstage où, alors quasi inconnus, ils entamaient leur set par ce même titre, l’un des plus audacieux de leur répertoire, bluffant (et embarquant) un public qui s’attendait à du hard rock classique. Même effet ce soir, mais devant un public qui les regarde avec la bave aux lèvres… Parce que le groupe est humain, ils se plantent un peu sur la transition “The Regulator” / “Mice and Gods”… Est-ce que ça diminue l’efficacité de ces petites bombes ? Je vous laisse imaginer la réponse, tandis qu’un parterre de fans à perte de vue saute dans tous les sens, slamme et chante les paroles le sourire aux lèvres… Le son, et on ne l’a pas assez souligné jusqu’ici (alors que ce fut une constante sous la Valley) est d’excellente facture, net, quasi cristallin, pointu… On a du mal à se réaliser qu’on est (presque) en open air ! Dans ses petits souliers, Neil Fallon reste sous tension sur toute la longueur du set, qu’il s’agisse de ses lignes vocales puissantes et toujours percutantes, de son jeu de scène énergique, ou de ses nombreuses interventions “instrumentales” (slide, électro-acoustique, “cloche”, etc…). Le reste du combo, comme d’hab’, reste surtout concentré sur ses parties, mais n’est encore une fois à aucun moment pris à défaut. Solide. Parce qu’il n’aura jamais été dit que Clutch se la joue facile, ils glissent même en milieu de set un inédit, un titre plutôt rapide et punchy qui cartonne sur un public qui n’en demandait pas tant. Le final sur “Electric Worry” et “The Wolf Man Kindly requests…” est juste impeccable, et achève une tente qui a vécu un rêve éveillé pendant une petite heure. Pour beaucoup, ce set de Clutch fut le point d’orgue du Hellfest. J’aurais bien du mal à trouver beaucoup d’arguments contradictoires.

MONSTER MAGNET
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Disons-le tout net, la notoriété de MONSTER MAGNET n’atteint pas celle de Clutch vis-à-vis d’un large public rock / hard rock. Le quintette Est-Américain voit donc une ambiance plus apaisée installée dans son public, dans une tente néanmoins bien garnie. Et là aussi, s’il est dit quelque part dans les Dix Commandements du concert rock que le premier morceau donne la tonalité d’un set, alors en balançant “Superjudge” en intro, l’aimant monstrueux ne joue pas la facilité et laisse présager une ambiance space rock affirmée. Ambiance confirmée par le voluptueux mais épais brouillard qui envahit la scène sur toute la durée du set, fumée dans laquelle se distinguent à peine les silhouettes de nos cinq lascars. On se prend à détecter les prémices d’une set list de puristes alors que suivent “Medicine” et le classieux et trippant “Nod Scene”. Frissons, alors que s’enchaînent encore quelques vieux classiques (“Dopes…”, “Twin Earth”…). Scéniquement, on peut le dire, le groupe est “at the top of their game”, tout le monde est impeccable, et Wyndorf est impérial : vocaux sans failles, posture de frontman assumée, il est en forme et même souriant ! Les autres sont impeccables d’interprétation et de prestance, rien à redire, y compris Garrett Sweeny, qui confirme tout le bien que l’on pense de lui, qu’il s’agisse de ses leads incandescentes ou de ses rythmiques robustes. On était plus curieux de voir le remplaçant du puissant Jim Baglino à la basse, qui en son temps transmettait une énergie scénique appréciable. Son successeur est Chris Kosnik, le bassiste de… The Atomic Bitchwax (ça devient limite incestueux leurs conneries…). Sur scène, c’est le jour et la nuit : Kosnik est calé en fond de scène contre son ampli, et joue ses parties (impeccablement) en regardant ses collègues ou le bord de scène. Heureusement les autres maintiennent l’attention d’un public en état de semi-hypnose. Les surprises continuent à défiler sur scène, avec maintenant le puissant “Look to your Orb for the Warning”. Le set est immersif, efficace, et ne laisse pas au public l’occasion d’atterrir pour reprendre ses esprits même quelques minutes… Pris du même vertige, on s’aperçoit petit à petit qu’aucun des titres joués jusqu’ici n’a moins de… dix-huit ans ! N’étaient-ils pas supposés promouvoir leur dernier album, le superbe “Last Patrol” sorti il y a quelques mois à peine ? Quelle démarche commercialement suicidaire ! Pas stupides non plus, le groupe enquille en conclusion les traditionnels “Powertrip” et “Spacelord” (qui ont quand même plus de seize ans, pas non plus des titres très récents !). Succès garanti sur ces morceaux, qui laissent un public d’afficionados et de nouveaux convaincus exsangues, béats, qui planent un petit moment encore après le set dans une Valley qui prend quelques minutes pour atterrir et reprendre ses esprits… En voyant Dave Wyndorf quitter la scène fier comme un pape et avec un sourire jusqu’aux oreilles, on peut confirmer que ce sentiment du devoir (bien) accompli est assez unanimement partagé ce soir.

Après une telle journée, la perspective de voir une énième fois un concert chaotique du père Anselmo, défendre un album metal de faible intérêt pour le “standard Valley” nous encourage à regagner nos pénates pour récolter quelques précieuses heures de sommeil… Demain encore la journée commence tôt, et s’annonce intense…

[A SUIVRE…]

Laurent (et Flaux)

HELLFEST 2014 – Jour 1 (Electric Wizard, Kadavar, Conan,…), 20 juin 2014, Clisson

Quand on a vu, dès la fin 2013, la tournure que prenait l’affiche du Hellfest 2014, on ne va pas vous le cacher : on n’a pas attendu longtemps pour réserver notre week-end. Et sans vous dévoiler la teneur complète des chroniques de ces trois jours, on peut aussi vous le dire : on n’a pas regretté, ça a été le pied.

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La première journée en revanche, pour les stoner-heads que nous sommes, s’annonce plus proche d’une agréable montée en tension, une journée avec pas mal de bons concerts en prévision, mais sur un rythme raisonnable, laissant quelques plages de “repos” propices à visiter un peu le site et constater avec effarement la dimension impressionnante des structures du Hellfest depuis l’an dernier.

Pour commencer, le premier concert de la journée est l’un des plus intéressants du Hellfest et… nous n’y étions pas ! C’était prévisible : en programmant MARS RED SKY quelques dizaines de minutes après l’ouverture des portes, il était évident que la plus grosse part du public, avec toute la bonne volonté du monde, serait encore bloquée dans les files d’attentes de l’entrée du fest. On ne va donc pas s’appesantir dessus, mais c’est probablement LE gros regret du festival.

CONAN

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Le concert suivant sous la Valley (qu’on retrouve quasiment inchangée depuis les éditions précédentes, si ce n’est quelques détails dans la configuration de la scène) est celui des anglais de CONAN, très attendu lui aussi. C’est à l’heure de l’apéro (mais existe-t’il un horaire spécifique pour cet acte de sociabilité au Hellfest ?) que le groupe grand-britton prend place sur les planches. Le trio encapuchonné va profiter allègrement de la vingtaine de subs disposés en front de scène pour nous exploser la carotide avec son doom de ferrailleur. En une (trop) petite demi-heure, ils alignent à peine quatre titres, à savoir “Crown of Talons”, “Foehammer”, “Hawk As Weapon” puis “Altar of Grief” (soit une grosse majorité issue de leur excellent dernière offrande, “Blood Eagle”). Scéniquement, la performance de nos trois lascars se résume au minimum : chacun reste dans son coin de la scène, et les gars passent plus de temps à se regarder qu’à communiquer avec le public. Le light show lui-même est assez pauvre. Clairement, le paquet est mis sur la musique, et là-dessus, on en a pour son argent. Les anglais vont faire office de mise en bouche grasse, monolithique et massive sous la Valley encore un peu clairsemée. Après seulement quatre titres, on reste en revanche avec un léger goût de “trop peu” … Une performance qui donne envie de les voir dans un format plus long.

A peine relevés du rouleau compresseur britannique, la programmation de la Valley (avec une paire de groupes de post-bidules-rock d’un intérêt tout relatif pour le Desert-Rocker de base) nous offre quelques heures de répit, le temps d’aller se sustenter et de vaquer un peu sur le site, pour observer les différentes évolutions proposées par le staff du Hellfest cette année.

ROYAL THUNDER

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Les batteries (un peu) rechargées, il est temps de se préparer gentiment à une fin de journée plus costaude, qui commence avec les américains de ROYAL THUNDER, dont le parcours discographique nous a toujours laissé un peu dubitatif. Dubitatifs nous restons d’ailleurs après cette prestation un peu décousue, dont la set list sera composée en gros pour moitié-moitié de leur premier et de leur dernier album. Le groupe annonce la couleur avec le tortueux “Parsonz Curse”, un mid-tempo dont l’aspect sudiste un peu craspec est un peu affadi sur scène. Il en va de même des autres titres de “CVI”qui ne transcendent pas vraiment sur scène, et ce malgré l’énergie dispensée par leur chanteuse-bassiste Miny Parsonz, qui ne démérite pas derrière son micro. La musique du combo se transforme peu à peu en une sorte de post-rock vaguement sudiste qui m’aura laissé de marbre. On notera toutefois une tente déjà bien remplie, et un public qui connaît apparemment bien les compos du groupe. Un public un peu frustré toutefois, qui voit le groupe quitter la scène dix minutes avant la consigne : tout groupe de rock qui se respecte aurait bouffé chaque seconde mise à leur disposition pour asséner une paire de titres supplémentaires ! Dommage.

KADAVAR

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Au tour de KADAVAR de fouler la scène maintenant. A l’image de leur jeu scénique, c’est tout penauds que les trois grand barbus longilignes rejoignent leur emplacement sur scène, dont ils ne se déplaceront que dans un rayon d’une paire de mètres ! Mais nos fiers lascars ne sont pas venus en représentation malgré ce que pourrait laisser penser leur look “unifié” (veste cuir ou en jean’s sans manche sur torse nu, pantalon noir et bottes pour tout le monde). Le public, qui se retrouve à blinder la Valley pour la première fois de la journée, attend manifestement cette prestation autant que nous, et n’est pas déçu tandis que le trio se lance dans un “Liquid Dream” introductif de bonne facture. S’enchaîneront ensuite les titres issus pour moitié de leur premier album et pour moitié de “Abra Kadavar”, leur plus récent, pour le plus grand plaisir de tous. L’exécution est sans faille, avec encore et toujours un Lupus en modeste mais assumé frontman, tandis que le nouveau (et parfaitement incorporé) Simon “Dragon” à la basse et Tiger à la batterie se la jouent cool mais robustes sur la rythmique. Les titres délicieusement 70’s du combo laissent une place appréciable aux soli et autres passages instru parfaitement emmenés, ce qui apporte cette touche de “vie” aux morceaux chaleureux du groupe. Musicalement, c’est jouissif, et le public en est lui aussi convaincu : les morceaux sont chantés en chœur, ça slamme un peu partout, et les gens continuent à se masser aux abords de la Valley, attirés par les vibes old school du groupe. Les salves se sont enchaînées sans interruption (on retiendra le duo “Goddess Of Dawn / Creature Of The Demon” mais aussi un très groovy “Come Back Life”, entre autres) et le groupe doit même demander au régisseur s’il peut dépasser de quelques minutes pour caler un dernier titre (accordé !). Un carton. Kadavar : la force tranquille.

ELECTRIC WIZARD

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Nouveau break “core-post-machin” pour moi avec Kylesa qui ne maintient ma fugace attention que 2min30, le temps sans doute d’essayer de comprendre notamment l’intérêt de deux batteurs jouant exactement la même chose… en vain ! Mais fi des critiques gratuites, c’est au creux de la nuit que les hostilités reprendront pour nous, après une attente rendue plus laborieuse encore par les feignasses de Godflesh, qui n’ont pas réussi à rejoindre le site assez tôt pour leur set (ils joueront finalement après Electric Wizard, à l’arrache… sans nous !). Rendez-vous maintenant avec ELECTRIC WIZARD, donc, qui voit son rituel doom commencer à minuit pile. Dès les premières mesures de “Supercoven”, on note un quatuor moins introspectif qu’à l’habitude. A ce titre l’apport du jeune et fougueux Clayton Burgess à la basse est un point positif à l’actif du combo pachydermique originaire du Dorset : en injectant la vigueur et l’insouciance de ce jeune quatre-cordiste, EW bénéficie de ce coup de pied au cul salvateur qui le fait un peu bouger de ses acquis un peu trop confortables ces dernières années. A la batterie, en revanche, même si le bonhomme est peu éclairé par des lights (comme toujours avec EW) assez rares, on voit assez vite que Mark Greening, pourtant revenu aux baguettes il y a quelques mois, n’officie pas aujourd’hui ; je n’ai pas reconnu son remplaçant, mais on peut en revanche attester qu’il est assez efficace, l’absence du vétéran ne s’étant jamais faite sentir. A l’évidence, les rythmes sont lourds, presque sournois, et le son est gras, trop gras presque, comme toujours, les deux guitares s’enchevêtrent de manière quasi orgiaque pour mieux assaillir les tortueux conduits auditifs jusqu’à bastonner les quelques bouts de cerveau encore actifs en cette fin de journée. Pour le reste, scéniquement, l’ambiance “soirée diapos” (noir total et projection en fond de scène de films érotiques old school) semble heureusement un peu oubliée, et l’on peut désormais voir (non, je n’exagère pas…) les musiciens jouer, et on détecte même (accrochez-vous) des sourires ici ou là, notamment sur les visages de Liz et Jus, de bonne humeur ce soir. L’ambiance reste quand même juste assez lugubre, rassurez-vous, et le groupe n’a pas abandonné non plus ses projections psychédéliques, juste plus discrètes. Niveau set list, dire que le sorcier électrique la joue facile est un euphémisme : un titre de chaque album à peu près, et l’affaire est torchée ! Forcément, on ne va pas se plaindre de ré-entendre cette sorte de best-of live composé de titres comme “Witchcult Today”, “Return Trip” ou encore le toujours douloureux “Dopethrone”, ou encore le trippant “Futuropolis” en clôture. Mais d’un autre côté, un peu de prise de risque redonnerait peut-être aux anglais cette aura de “danger” qui auréolait il y a quelques années encore la perspective de les voir sur une scène. Un très bon set, donc, c’est indéniable, et fort bien exécuté ici. Il n’y a donc pas matière à se plaindre, loin s’en faut. Mais les Wizard n’ont pas non plus délivré la claque que l’on pouvait imaginer et espérer.

Nos yeux mi-clos nous font alors comprendre que Kvelertak devra botter d’autres culs que les nôtres, qui vont regagner le lit pour une poignée de petites heures de sommeil devenues vitales…

[A SUIVRE…]

Laurent (et Flaux)

RADIO MOSCOW, BLACK BOMBAIM, BLACK WILLOWS – 4 Juin 2014 Paris (Stoned Gatherings – Glazart)

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A peine arrivé dans le nouveau fief des Stoned Gatherings, le Glazart, et sans avoir eu le temps  d’observer la géographie du lieu, Black Willows entre en scène. Dès les premières secondes, l’ambiance est posée. La rythmique lourde et relativement lente est contrebalancée en partie par la guitare et les quelques lignes de voix rondes cosmiquement réverbérées. Niveau influence citons Naam. Une ambiance psychédélique très intéressante qui vous embarque sans forcer un mercredi à 20h quand notre cerveau n’a pas forcément eu le temps de faire la transition : royal. Le groupe est également ravi d’être parmi nous. Le public est d’ailleurs nombreux pour les applaudir. Petit détail qui ajoute à l’ambiance, les dreadlocks du batteur forment l’ombre de pattes d’araignées au plafond. Fin du set et j’apprends qu’ils sont Suisses. Le temps d’atteindre le bar que les loustics nous proposent un bon petit rappel.

J’ai maintenant le temps d’observer mon environnement, les petites cours, le merchandising. Mais pas trop non plus car on enchaîne rapidement avec Black Bombaim. Nous voilà repartis pour un set  psychédélique de 45 minutes. Pas de chant ici. Seulement un duo basse-batterie plus lourd que le précédent pour accompagner une guitare qui cisaille l’air. Les musiciens sont plus renfermés sur eux-mêmes, concentrés. Les motifs se mettent en placent, la guitare divague. Les morceaux sont très longs et on semble toucher du doigt la jam. On reste un peu sur sa faim niveau rythmique même si elle s’éveillera en fin de set. La foule est en tout cas aux anges. Les chevelus se brisent la nuque. Une sorte de ferveur populaire prend peu à peu place. Fin du set et les oreilles bourdonnent.

Le temps d’un tour sur moi-même et voilà le plat de résistance : Radio Moscow. Le temps d’un salut et les riffs 70’s sexy prennent places. Une base rock à la Led Zep transfigurée par des solos techniques et viscérals intenses. Parker Griggs, en plus d’une voix très reconnaissable, est un guitariste de génie. Le psychédélisme reste dans des breaks, des variations et des solos. Le look est en accord : cheveux longs, gilet sans manches et pattes d’eph’. Bref une machine à remonter le temps et qui traverse les limbes de notre cerveau.

Le groupe semble heureux, le son est excellent et encore une fois le public ne s’y trompe pas. Un nombre incalculable de slams vrillent la foule. Certains marchent au plafond, d’autres sur scène. Plus en arrière, une grande partie est en transe ou harangue le vide. Les autres sourient de bonheur. On aura le droit à quelques morceaux du prochain album “Magical Dirt” comme “These Days” et sa brisure centrale qui fait décoller terre.

Quelques minutes d’attente pour un énorme rappel avec un solo de batterie qui lance un des meilleurs solo de guitare de la soirée. Le guitariste traînera même ses guêtres parmi nous. Voilà une nouvelle bonne soirée qui s’achève.

Merci au Stoned Gatherings !

WO-FAT, MOTHERSHIP, LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL – 28 mai 2014 – Paris (Stoned Gatherings – Glazart)

Le printemps des Stoned Gatherings continue et les affiches à en faire baver plus d’un fleurissent à tour de bras. Pas une semaine ne se passe sans que l’on se retrouve au Glazart pour reprendre une dose de live bien méritée. Aujourd’hui c’est gras-tiné avec Los Disidentes Del Sucio Motel, Mothership et Wo Fat. L’annonce envoyait déjà du bois, le public est nombreux dès l’ouverture, il ne reste aux groupes qu’à nous donner ce pour quoi nous sommes venus : une claque ! Les trois groupes sont soit rares, soit trop rares, soit trop trop rares, soit inédits dans nos contrées. Quoi qu’il en soit les connaisseurs le savaient, il fallait être là. Et je confirme.
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 – 1) Je pourrais d’abord dérouler de manière habituelle un live report policé où les mérites et morceaux de bravoures de chacun seraient vantés, décris et loués :
LDDSM et leur gros-stoner-rock fichtrement bien gaulé, fait de riffs efficaces mais surtout d’arrangements subtils, de lignes vocales originales et d’une énergie à faire pâlir l’homme qui valait 3 milliards. Amis français vous voulez voir où la barre se situe aujourd’hui pour faire un show qui marque, voilà le mètre étalon. Du fun sur scène, de la communion avec le public, du plaisir à partager, un sample du roi lion, des extraits de film de zombies, une fin de set dans la fosse pour les deux guitaristes. Tout est là. Horns up pour l’hommage à Lorène Lenoir avec une reprise de Massive Attack.
Mothership ou le rock américain à son top, un trio qui sue le rock, qui le vit. Envoie le groove, dérouille les solos, plaisante avec le public entre chaque morceau. T’as pas encore entamé ta bière qu’elle est déjà vide tellement la chaleur du bitume te consume. Faut dire que les allers-retours 60’s/70’s à aujourd’hui, ça fait du chemin. Le groupe convainc sans peine, tout le monde a la banane, ça suinte tellement le bon gros rock lourd que la simplicité apparente de l’ensemble made in Dallas envoie des volées de baffes à tour de riffs. C’est tout ce que l’on aime, prendre son pied avec du gros son.
Wo Fat et le « laisse les grands t’expliquer comment jam-stoner-psyche-rock ça s’épelle W.O.F.A.T ». Même si tu n’entends ma voix que comme si elle venait du fond des backstages de tout le concert, mes potos et moi ont va te démontrer qu’en fait enchaîner les riffs jouissifs, faire durer les morceaux jusqu’à ce que tu ne saches plus où tu en es et dérouiller vos nuques c’est la définition de Wo Fat. Si voir le guitariste de Mothership slammer pendant le show ne te suffit pas à te convaincre que TOUTE l’assemblée ne forme plus qu’un avec le trio et que ce soir rien ne pouvait stopper la jam-machine de faire son effet (pas même un court souci d’ampli), alors tu ne devais pas être au concert. Plus que la maîtrise des instruments, c’est l’osmose qui règne qui claque tout le monde.
– 2) Je pourrais sinon essayer de trouver les mots pour vous dire combien cette soirée était immanquable pour tout amateur de stoner. Le stoner tel que vous le décririez à vos parents pour leur faire comprendre qu’il n’y a que des bonnes choses dans cette musique, autant dans les chansons que dans l’attitude. Et les trois représentants de la scène ce soir on fait démonstration de tout cela et bien plus encore dans des styles et approches pourtant différents.
– 3) Sinon je pourrais juste ne rien dire. A ce niveau de classe et de maîtrise, un live report est superflu. Tu étais au concert ou tu n’y étais pas. Tu as une chance de voir un de ces groupes en live, fonce, ne perd pas de temps à lire ses lignes. Si en plus ils partagent l’affiche, invite tout ton entourage : c’est vital de voir du live comme ça.
Tout est dit, il n’y a rien à dire excepté :
MERCI aux Stoned Gatherings de nous offrir des soirées pareilles
DÉSOLÉ pour ceux qui n’y étaient pas
SANTÉ !

CONAN, BELZEBONG, The MOTH – 25 mai 2014 – Paris (Stoned Gatherings – Glazart)

Synonyme de fin de week-end, le dimanche soir c’est triste et en même temps plein d’espoir parce qu’une nouvelle semaine s’annonce ! Les  Stoned Gatherings l’ont bien compris et ont de ce fait réuni tous les ingrédients pour que ce dimanche 25 mai soit le juste reflet de tout cela : The Moth, Belzebong et Conan.
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The Moth ouvre le bal. C’est tout en décontraction que le trio d’Hambourg nous balance son sludge-stoner-metal dans la tronche. Le riff est direct, pas de détour pour être efficace et c’est le duo de voix que forme Cecile à la trois-cordes (oui parce que quitte à ne pas user de la quatrième corde d’une basse, autant l’enlever) et Freden à la six-cordes (le compte est bon pour une guitare) qui donne toute l’originalité au groupe. Les lignes de chant désenchantées apportent un aspect mélancolique à des chansons qui musicalement tapent dans le lard. Un contraste bien venu pour sortir le groupe du lot, qui serait sinon voué à être un énième représentant du riff bas-du-front mais qui réinvente pas la roue non plus. La modestie dont fait preuve le groupe démontre la sincérité de leur démarche, ils sont heureux d’être ici et même si la salle est clairsemée, on va partager un bon moment ensemble. Un son un poil brouillon malheureusement ne donne pas toute la juste puissance aux riffs et noie le chant dans l’ensemble. Le groupe est tout jeune, l’avenir les fera certainement se représenter devant nous et avec un son plus limpide la fosse ne pourra qu’être plus réceptive à cette formation prometteuse.
Le thermomètre commence à grimper, faut se désaltérer en attendant les polonais de Belzebong. Eh oui il n’y avait pas que les élections européennes aujourd’hui. Les quatre gaziers montent sur une scène « plus enfumée tu te cognes contre les amplis » baignée d’une douce lumière verte. Ce visuel ne bougera pas d’un iota pendant tout le set, le décor est planté à l’image de la plante de prédilection du groupe (comme son nom le suggère). Du premier larsen au dernier coup sur les fûts, nous voilà lancés dans plus de 50 minutes d’un déluge de riffs lourds et gras. Formation instrumentale, Belzebong ne fait pas dans la dentelle et emmène tout le public avec lui. Les morceaux sont longs et répétitifs pour mieux porter à un état de transe, mais quand le riff est juste à ce point pourquoi se limiter à 4 minutes ! La quintessence du stoner-doom suinte de tous nos pores. Le temps se suspend, les sens s’éteignent au fur et à mesure et l’envoutement devient total. Son puissant pour maintenir l’emprise de nos esprits, quelques samples d’extrait de film pour prendre notre respiration et la magie du fuzz opère. L’audience est conquise, nous voilà disciples du quatuor.  La salle n’est plus qu’une énorme vague de headbanging. La cohésion est totale entre le groupe et le public, ils ne pouvaient que faire un rappel (tant pis pour le timing). On se sera pris notre dose de riffs, de groove et de jubilation, sans jamais risquer l’overdose. La marque des grands.
Après ce coup de massue, on se demande bien ce que l’on va pouvoir encaisser de plus. Il ne faudra rien de moins que le doom guerrier de Conan pour se faire une place dans nos esgourdes et nous achever. Il n’y aura pas de répits, pas de trêve, pendant 1 heure ils nous ont mis (à ce niveau ce n’est pas juste la fièvre) une sacrée correction. Light show épuré, sweat à capuche pour la guitare et la batterie, on fait dans le rudimentaire parce qu’importe l’armure, ce soir il n’y aura pas de prisonniers, c’est la guerre façon directe. Nouveau duo de voix entre basse et guitare, le growl gras de l’un est contrebalancé par les cris de l’autre. La musique écrase, ne fait pas dans le détail, ça tape (lentement parce que c’est du doooooooooooom) dans le vif. Les voix sonnent le ralliement. Nous ne pouvons que suivre, béats que nous sommes face au charisme des anglais. Le son est puissant, sans concession. Toutes les cordes résonnent, les instruments sont matraqués et ce n’est pas du côté des mélodies qu’il faut chercher la subtilité. Parce qu’il y a de la subtilité quelque part ? Oh que oui et pas des moindres, dans le jeu de la batterie. Voilà un batteur de doom qui sait varier son appui rythmique. Petits motifs de cymbales originaux au milieu de la lourdeur des riffs, rythmes variés pour sortir du déluge de gras. L’emprise de la guitare est totale, soutenue par la basse massive et la batterie tache de nous maintenir aux aguets. Les instincts guerriers sont invoqués et le pit finit par se déchainer. Une fosse qui défouraille face à un groupe de doom, c’est vous dire si le trio est un rouleau compresseur d’efficacité brute. Le groupe n’a pas besoin d’être communicatif pour faire adhérer la salle, mais on les sent content d’être là. Un petit rappel pour être sûr de ne pas laisser de survivants derrière eux et voilà comment votre soirée du dimanche s’achève sous des applaudissements nourris.
Soirée ENORME organisée une nouvelle fois par les Stoned Gatherings. Ca fait du bien de se prendre une raclée le dimanche soir dans ces conditions.

THE MIDNIGHT GHOST TRAIN, COFFIN ON TYRES – 24 Mai 2014 – Ivry sur Seine (Le Hangar)

mgt-ivry

Glad Stone Asso a encore permis la création d’une belle affiche et cette fois en bordure de Paris. Après une arrivée tranquille sur les lieux, j’ai eu le plaisir de rencontrer Steve Moss de TMGT dont vous pourrez lire l’interview très prochainement.

Coffin On Tyres a pour charge de débuter la soirée. La salle n’est que partiellement remplie mais peu à peu la foule va se faire plus dense, attirée par un set furieux d’une heure. Le groupe, de plus en plus communicatif, semble prendre un grand plaisir à jouer ce soir. Le guitariste ne décrochera pas de son sourire un seul instant. Le chanteur interagit de nombreuses fois avec le public et les instrumentistes tiendront, après un début un peu timide, la scène de bien belle façon. Les 5 derniers morceaux auront été, pour moi, les plus communicatifs, les plus intenses et les plus possédés. Le groupe nous gratifiera aux environs des 3/4 du parcours d’une reprise de “Stink Fist” de Tool des plus qualitatives. En bref, du gras, de la mélodie et un chanteur charismatique avec un album prévu sous peu !

Petit entracte. Petite bière. Petites tergiversations pour la suite. Car cela sera ma première expérience live d’un groupe qui vit pour et par le live. Steve et ses comparses s’installent donc et commencent à tripatouiller leurs instruments et à prendre de nos nouvelles. La salle est alors en grande partie dépeuplée mais il ne faudra pas longtemps pour que les retardataires soient de retour. Avant le départ, petit briefing de la réalisatrice de la soirée. The Midnight Ghost Train tourne ce soir leur premier clip, ici ! On nous explique alors que le deuxième morceau joué est issu de leur futur troisième album et que pour multiplier les prises de vues, il sera joué deux fois. Steve ironisera sur le fait qu’il espère qu’on l’appréciera… Une autre précision nous informe qu’en dehors de ce morceau joué, deux fois donc, des prises de vues de nous, le public, seront réalisées pendant le reste du concert.

Il est maintenant temps de se prendre une dose de “Heavy Blues” dans les tripes. Dès la première note, une intensité considérable émane de la scène. Steve et Mike le bassiste sont face à face à deux doigts de se détacher le cou. Je ne sais pas si ce genre d’intensité peut être mesurée par la quantification des litres de sueurs versées. Si c’est le cas je pense qu’on peut dire qu’on était proche du maximum. Si l’intensité est en effet sur scène, elle l’est aussi dans la fosse. L’impact musical combiné à l’idée de figurer par l’image dans la postérité du groupe semble faire un bon catalyseur pour ambiancer une soirée. Certains de mes ami(e)s pourtant en retrait ne tarderont pas à faire les frais de la passion qui émane ce soir. A titre personnel, et avec un recul proche du néant, le morceau choisi pour la vidéo semble être un choix tout à fait approprié. Deux écoutes qui passent donc toutes seules. Steve n’avait pas à s’inquiéter, le public a répondu deux fois plus que favorablement à sa proposition musicale. Le morceau s’intitule d’ailleurs “Glad Stone”, vous apprécierez l’hommage. Le concert enchaîne de plus belle et l’économie n’y a définitivement pas sa  place. Les trois garçons font un travail monumental et toujours en interaction avec le public.

La fin du set commence à se faire sentir et le public perd la raison. Des “à poils !” fusent tels des fuites ingérables. Steve demandera une traduction et répondra amusé. L’attente avant le rappel fut courte sous la ferveur populaire. Un bon gros morceau de bois suivi d’un light show extatique et les voilà qui nous remercient d’être venus.

Mais le public en veut plus. Une dernière pour atteindre encore l’apothéose.  Après une grosse minute les voilà donc de retour pour la deuxième fois. Steve trottine vers sa guitare et dans un accès de folie, retire son T-shirt. Le bassiste et le batteur suivent, pendant que le premier détache sa ceinture en répétant que nous ne pourrons pas endurer cela. TGMT sait faire plaisir à son public et aime çà !

Après des remerciements chaleureux des deux côtés, c’est la fin d’une soirée qui laissera des traces à tous les niveaux.

Merci à Glad et au Hangar pour cette très bonne soirée !

Cosmic Mo

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