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Brant Bjork, 25 octobre 2004, La Scène, Paris, France

Après plusieurs années d’attente et une annulation en juillet 2004, Brant Bjork arrive enfin en France avec les Bros pour deux dates. Plus de deux heures d’un concert exceptionnel la veille à Limoges nous mettent l’eau à la bouche pour cette soirée du 25. Mais c’est sans compter sur certains problèmes qui, même s’ils écourteront notre soirée, n’arriveront pas à gâcher notre plaisir de voir ce fabuleux groupe sur une scène parisienne. La soirée commencent pourtant bien mal avec cette pluie tentant de refroidir nos ardeurs lors d’une attente interminable due à un retard d’une heure!
En effet, à cause de problèmes de logement, le groupe n’arrive à La Scène qu’à 19h30, devant installer le matériel et faire la balance très rapidement. La cinquantaine de personnes présentes dehors s’impatiente alors gentiment pour enfin être récompensée aux alentours de 20h15, soit 45 minutes après l’horaire prévu. Nous ne sommes malheureusement pas au bout de nos peines puisque le groupe assurant la première partie, Breaklose, tarde à venir réchauffer cette salle quasiment vide. Heureusement, après que les français de Breaklose, visiblement gênés par le manque de réaction du public, aient fini leur set ma foi fort sympathique, les choses s’accélèrent.
Les différents membres montent sur scène et se préparent, Mike Peffer installant même sa batterie avec une rapidité peu habituelle pour lui et ce n’est que quelques minutes après que Brant commence à jouer ses premières notes de guitare. Lazy bones donne alors le départ de 90 minutes de musique non-stop durant lesquelles les Bros prouveront une nouvelle fois que c’est sur scène qu’ils sont les meilleurs.
La première impression est excellente d’autant plus que le son est d’une qualité parfaite, un véritable miracle lorsque l’on regarde le temps de préparation. Chaque instrument se fait entendre distinctement et la voix de Brant est parfaitement dosée (on n’oubliera les quelques problèmes de micro)
Les Bros, et Brant en particulier, semblent être d’excellente humeur et particulièrement content d’être là. Ce début de concert, entièrement dédié au premier album (Jalamanta), ravi la poignée d’irréductibles fans de rock peuplant la salle. Mike Peffer est à son habitude dans un trip énergisant derrière ces fûts. Dylan, toujours aussi discret ne m’aura pas surpris avec son jeu de basse d’une perfection évidente mais plutôt par sa nouvelle coiffe. Cortez quand à lui, s’occupe toujours aussi professionnellement de la rythmique, s’appropriant même quelques solos. Les albums studio de Brant ne sont qu’un support pour se faire connaître mais tout le monde sait que ce sont en concert que ces titres prennent un véritable sens. I Miss My Chick et Rock’N Rol’e en sont le meilleur exemple avec leurs versions allongées d’un long passage instrumental. Finalement, il ne manque à cette soirée qu’un petit plus pour la rendre inoubliable et c’est ce que les Bros vont nous offrir avec un titre inédit doté d’un long passage instrumental dont Brant seul à le secret de fabrication. Ajoutons à cela le désormais classique enchaînement Hydraulicks/Gardenia qui ravira plus d’un fan de Kyuss. “Toutes les bonnes choses ont une fin”, voilà bien un dicton que plus d’un fan de rock peut maudire. D’autant plus si cette fin arrive prématurément pour cause d’organisation capricieuse. Mais les Bros sont là pour nous faire plaisir et c’est ce qu’ils feront en achevant ce concert avec une chanson de Ché, The Knife.
Peu après la fin du show, comme à son habitude, Brant vient faire un tour dans la salle pour rencontrer son public. Toujours disponible et accueillant, il se prête volontier à une séance d’autographes et de photos. La soirée ne fait pour lui que commencer, d’autant plus que le lendemain est un jour de repos… Voilà, c’est fait. Brant Bjork And The Bros a joué en France et comme on peut le lire sur le site du groupe : Be there or be the person that says, “Damn, I wish I was there but I’m lame so I did something else instead and now I regret it and am going to have to spend the next 3 weeks mourning this missed opportunity…”

Set list:
Lazy Bones/Automatic Fantastic
Cobra Jab
Low Desert Punk
Too Many Chiefs…Not Enough Indians
I Miss My Chick
Rock’N Rol’e
nouveau titre (titre inconnu)
Adelante (Ché)
My Ghettoblaster
Hydraulicks/Gardenia (Ché/kyuss)
The Knife (Ché)

shinkibo

Mean, Hund und schwein, Guitar fucker, 15 octobre 2004, Bikini Test, La Chaux-de-Fonds, Suisse

C’est dans une salle décorée pour l’occasion que les régionaux de Mean ont verni leur premier album à l’occasion d’une soirée dédiée au Dieu Rock’n’roll. L’empaleur de guitares ouvrit les festivités avec son one man show rock bluesy bien distordu. Chien et cochon prirent la scène d’assaut ensuite pour nous livrer un show très rock constitué de reprises de Rose Tattoo, des Ramones et de Motörhead entre autres. Mean, dont c’était le troisième concert, arriva alors pour clore cette soirée avec ses compos heavy rock. Emmené par le Dandy Brown suisse, le groupe conquit rapidement le public tant ils mettent d’énergie dans des compos dont l’exécution scénique n’est pas sans rappeler Goatsnake. Le rock helvétique se porte à merveille.

Chris

Hermano, 13 septembre 2003, Azkena Rock Festival, Vitoria-Gasteiz, Espagne

Une semaine après ce concert, on apprenait qu’il s’agirait de l’unique concert européen du groupe cette année, avec l’annulation de leur tournée d’octobre ! On n’en apprécie qu’encore plus l’événement, surtout pour Hermano, groupe/projet événementiel par essence.

L’osmose entre les musiciens est palpable dès les premières secondes : l’entente (musicale et amicale) au sein du groupe est incroyable… John Garcia, chanteur à la voix d’or, est clairement la star du groupe, et assume ce rôle avec panache, charisme et talent. Derrière, ses camarades s’éclatent et se donnent sans compter pour l’épauler. Même Chris Leathers, batteur remplaçant au pied levé, assure un impeccable sans faute. Le groupe se permet des digressions toujours contrôlées (jamais de jams interminables ou de soli égocentriques), des improvisations toujours bienvenues. Ils jouent non seulement l’intégralité de leur album, mais aussi des reprises à la pelle : de Supafuzz, des Misfits, mais aussi d’AC/DC (” TNT “) et bien sûr de Kyuss, avec un rutilant ” Green Machine ” ! Des genres radicalement différents qui se fondent pourtant dans une set list en bêton armé. Le groupe finit avec le sourire, vainqueur par K.O. sur un public conquis. La claque.

Laurent

Spiritu, Dozer, Clutch, Spiritual Beggars, 28 mars 2003, Rocking Chair, Vevey, Suisse

C’est à Vevey que le Monstergroove 2003 effectuait son unique date en terre helvète et j’avais imaginé qu’avec une pareille affiche (qui réunissait deux tournées distinctes à leurs genèses, soit une pour Clutch – Spiritual Beggars et une autre pour Spiritu – Dozer) les groupes se produiraient devant une salle comble. Sur ce point, j’avais vu tout faux ; quand bien même le concert prévu la veille à Lyon avait été annulé et même si certains représentants de la partie germanophone de la Suisse avaient effectué le déplacement, le RKC n’était pas plein. Cependant, le public présent n’est pas près d’oublier le mémorable show que les groupes ont livré ce soir-là. La soirée, et c’était prévu ainsi, est allée crescendo pour se finir en apothéose devant une assistance conquise d’avance par ces excellents représentants de la nébuleuse stoner. 

C’est à Spiritu qu’incombait la tâche d’ouvrir le feu de cette folle soirée. Le groupe du Nouveau-Mexique, qui profita de l’occasion pour clamer haut et fort qu’il se sentait plus mexicain qu’américain, nous a livré un show très rock’n’roll d’une demi-heure en interprétant certaines compositions de ‘Spiritu’ dans une version nettement plus incisive qu’elles ne sonnent sur le disque. 

À peine remis de la prestation vitaminée que Spiritu avaient livrée, Dozer débarquèrent sur scène pour nous présenter le meilleur d’eux-mêmes. Leur superbe prestation emmenée par leur chanteur Frederik (qui fêtait son anniversaire ce jour-là) et leur batteur Erick, qui nous livra des passages à couper le souffle, passa de morceaux très rock comme ‘Supersoul’ à des moments nettement plus planants et intimistes comme ce fut le cas lors de l’interprétation de ‘Riding The Machine’. 

Clutch s’élança sur scène gonflé à bloc et reposé par le day off forcé de la veille ! Ce groupe donne environ deux cents concerts par année et ceci se sent. Leur performance épileptique a secoué le public du premier au dernier accord. Très rentre-dedans, les chansons se sont succédées à un rythme infernal ‘Pure Rock Fury’ (très chaotique), ‘Impetus’, ‘Brazenhead’ etc. Cette intense performance m’a laissé bouche bée (parce que je suis poli). 

Pourtant le meilleur restait à venir. Les Spiritual Beggars ont envahi la scène après trois excellentes prestations rock pour nous délivrer un set frisant la perfection. Les Suédois ont interprété des œuvres tirées de l’ensemble de leur répertoire de la ballade planante ‘Mantra’ à des perles rock comme ‘Monster Astronaut’ en passant par des passages beaucoup plus délirants à l’image de l’interprétation sans faille de ‘Young Man, Old Soul’. Le meilleur morceau de la soirée fut incontestablement ‘Killing Time’ sur lequel le groupe fit une véritable démonstration de virtuosité. Leur show s’acheva en apothéose par ‘Black Feather’ et lorsque les lumières éclairèrent à nouveau la salle je ne vis que des yeux remplis de bonheur sur les visages m’entourant. 

Finalement, le fait que pas plus de monde ne se soit bougé a quand même eu l’avantage, pour les rockers présents, de pouvoir se dépenser sans retenue pendant une soirée que nulle personne présente n’est prête d’oublier. Que du bonheur ! 

Chris

Hermano, Spoiler, 21 juillet 2002, Boomtown Festival, Gent, Belgique

Le ciel est gris lorsqu’en fin d’après-midi je rejoins la place du centre ville où doit se dérouler le concert, mais le temps restera clément toute la soirée. Après un soundcheck rapide mais très intéressant (reprises diverses, jams…) et un petit repas sympa, les hollandais de Spoiler prennent la scène d’assaut alors que déjà se massent quelques centaines de spectateurs. Et la réaction est immédiate : Spoiler est un putain de groupe de rock’n’roll comme il en existe trop peu ! L’attitude est là, les clichés sont usés (abusés ?) à fond, les riffs sont débités à la douzaine, et les compos sont là et bien là (comme en atteste leur excellent album ‘Mud N’Glitter’). Le public finit sur les genoux après presque une heure de set sans temps mort, content…

Un bon moment plus tard, c’est au tour d’Hermano de monter sur scène, et d’entamer leur set par un bien senti ‘Five to five’ issu de leur album. Le son est excellent et le public – remplissant désormais entièrement la place – est conquis dès les premières notes. Evidemment, le frontman reste John Garcia, dont la voix ne faiblit pas à un seul instant durant tout le concert, tour à tour chaleureuse, haut perchée, puissante ou bien plus retenue. L’autre frontman est clairement Dave Angstrom, alignant des soli hallucinants, sautant dans tous les sens, souriant comme un gosse, faisant des grimaces au public, il est clairement l’autre attraction visuelle et musicale du groupe. Plus en retrait mais pas timides, la section rythmique balance sévère, et Eric Belt, remplaçant Mike Callahan au pied levé, assure bien, balançant sans peine les riffs plombés qui font une bonne part de la consistance de l’album. L’album ‘Only a suggestion’ sera d’ailleurs joué en intégralité ce soir, et sera agrémenté de quelques inédits amenés à figurer sur le prochain album (de petites bombes très bien accueillies par le public), ainsi que d’une reprise de Supafuzz (le groupe d’Angstrom et Belt), ‘Mr Police’, d’une autre des Misfits (‘Where eagles dare’) et pour clôturer le concert, d’une reprise de… Kyuss !! Et oui, c’est sur une version hallucinante de ‘Green Machine’ (où le public est vraiment saisi d’une frénésie rarement vue !) que le groupe quitte la scène laissant un bon millier de personnes sur le cul, le sourire jusqu’aux oreilles… Ils passent ensuite deux bonnes heures à discuter avec tout le monde, signer des autographes et prendre des photos avec tout le monde… Putain d’attitude ! Un rêve éveillé, ce concert…


Laurent

Alabama Thunderpussy, Suplecs, Dixie Witch, 6 & 7 juin 2001, San Francisco et Oakland, USA

Alabama Thunder Pussy n’est pas uniquement le groupe qui a le nom le plus fun de la planète, ce sont aussi des vrais guerriers de la route : cette tournée aux parfums du Sud-Est des USA compte une trentaine de concerts… sans le moindre soir de repos ! Coup de bol, on a l’occasion de les voir au cours des premières dates, et ils sont en forme les bougres !

Le premier groupe, Dixie Witch, un trio, met tout le monde d’accord sans faire de fioritures : leur batteur, un technicien incroyable dont le style de jeu peut s’apparenter à celui d’un jazzman qui martèle violemment ses toms comme si sa vie en dépendait, est aussi le chanteur du groupe, et leur musique, expérimentale mais carrée, une sorte de rock sudiste presque progressif teinté de metal et de stoner, est jouissive… On attend impatiemment leur première vraie sortie vinylique.

Les suivent sur scène les Suplecs, encore un groupe du Sud-Est des USA (un accent à couper au couteau), et son heavy rock plombé teinté de passages boogie excellents. Le gratteux de Dixie Witch monte sur scène avec eux pour un morceau final chargé d’impros et de soli à tomber par terre.

Puis vient le tour d’Alabama Thunderpussy, qui finit de terrasser l’assemblée : encore plus metal que leurs prédécesseurs, les texans peuvent être apparentés à une sorte de mélange entre le boogie-rock sudiste de ZZ Top avec une petite touche de Pantera pour la violence des riffs et quelques nuances hard core pour le chant violent du chanteur. Evidemment, c’est un pur régal, car les chansons sont excellentes. En plus, les groupes partagent une vraie entente (ils se balancent des vannes entre la salle et la scène), mais leur plaisir de jouer est évident. Alors quand en plus la musique est excellente, on prend son pied, tout simplement. Une brochette de groupes à surveiller de très près !

Laurent

Queens Of The Stone Age, 23 & 24 mai 2001, Los Angeles, USA

Sans préparation, sans album à promouvoir (la tournée ‘officielle’ de ‘Rated R’ est depuis belle lurette terminée aux states), les Queens décident de gratifier L.A. de deux concerts (enfin un pour commencer, rapidement accompagné d’un second au vu de la vitesse à laquelle se sont vendus les tickets), comme ça, pour la forme, avant de s’en aller caresser les tympans des européens au mois de juin. Bref, ça fleure bon l’exceptionnel, l’évènementiel, et en pénétrant dans cette superbe salle (un ancien ‘ballroom’, avec lustres, balcon, moquette, parquet ciré…) on peut sentir l’excitation ambiante…

Deux groupes différents ouvrent les hostilités chaque soir : les excellents Bluebird (imaginez les Black Crowes, mais excitants ! A noter la guest appearance de Wayne Kramer des MC5) et Feel le premier soir, et les magiques Fatso Jetson puis Throw Rag (sorte de parodie de groupe ska-punk sans intérêt) le second.

Mais les maîtres de cérémonie ce soir sont Josh Homme et Nick Oliveri et leurs collègues / invités ; nul doute à ce sujet, c’est bien eux que tout le monde attend. Et dès les premières notes (‘Feel good hit of the summer’ bien entendu), tout le monde est sur les genoux, la bouche grande ouverte… L’attitude : tout est là. Oubliez James Hetfield, Lemmy, Slash ou Steve Harris, PERSONNE n’a l’air plus cool avec une guitare que Josh Homme ou avec une basse que Nick Oliveri.

Mais le plus incroyable reste la musique du quatuor (nouvellement quintette), et les chansons qui s’enchaînent sans temps mort sont là pour en attester. Enchaînant les morceaux rapides avec les morceaux les plus lents, les jams expérimentales psychoïdes avec les brûlots tendance punkoïde, les sections instrumentales aériennes avec les morceaux au chant le plus poignant, le concert avance sans le moindre point faible, sans que l’on ne puisse détacher ce stupide sourire béat de son visage. Niveau set list, évidemment une bonne portion de ‘Rated R’ est interprétée live (et sans éviter le cliché, c’est bien là qu’elles prennent une toute autre dimension), mais les amateurs du premier album des Queens en ont aussi eu pour leur argent, avec des morceaux plus anciens ré-arrangés, améliorés, ou transfigurés par des années d’usure sur la route. Mieux encore, même les fans hardcore du combo ont été gâtés, puisque les californiens ont interprété quelques titres rarissimes, comme ce jouissif ‘You think I ain’t worth a dollar but I feel like a millionaire’ ou encore ‘Eccentric Man’, (tous deux issus des mythiques Desert Sessions de Josh et consorts), ou encore ce ‘You’re so vague’, face B de leur dernier single en date. Et que dire encore de cette reprise hallucinée et disjonctée d’un vieux morceau peu connu de ZZ Top (‘Precious and grace’). Au cours de ‘Monsters in the parasol’, c’est ni plus ni moins que le légendaire Chris Goss (Masters Of Reality, et producteur des Queens et de Kyuss) qui monte sur scène pour chanter ; et surtout, au cours d’une bonne demi-douzaine de chansons, Mark Lanegan fait son apparition sur scène comme chanteur du combo (sa première apparition officielle en tant que tel), et même si le bougre se révèle être le plus mauvais frontman de la planète (il ne fait que tenir son micro à deux mains et chante devant, les yeux fermés, immobile), il apporte aux chansons une émotion incroyable. Etonnant de voir même lors de ces morceaux Josh et Nick s’effacer un peu ‘scéniquement’, et surtout Josh se concentrer uniquement sur ses somptueuses parties de guitare ; les chansons en ressortent largement grandies. Et que dire du batteur Gene Trautmann et du multi-instrumentiste Brendon McNicholl, parfaits, discrets et efficaces…

Le concert est ainsi rempli de moments forts… Ou plutôt LES concerts, car c’est bien deux concerts radicalement différents que les Queens ont donné en deux soirs : une set list à géométrie (très) variable leur permet par exemple d’insérer le premier soir une version d’un bon quart d’heure de ‘You can’t quit me baby’, orgasme instrumental s’il en est, ou ce duel harmonique guitare/lap guitar sur ‘Regular John’, ou bien ce ‘Ode to Clarissa’ imparable et furieux, ce ‘Born to Hula’ à la rythmique méconnaissable le second soir, ou bien encore… Attrapez-moi la set list ! Tous les morceaux ! J’ai vu plus d’un concert des Queens jusqu’ici, et sans conteste, QOTSA était ces deux soirs sur un nuage, très-très haut, inaccessibles. Sans hésitation, deux des plus grands concerts que j’ai vus de toute ma vie. Point barre.

Set-list
23 mai
Feel Good Hit of the Summer
Avon
You Would Know
You Think I Ain’t Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire
Better Living Through Chemistry
Quick and to the Pointless
Leg of Lamb
Auto Pilot
In the Fade
You’re So Vague
Monsters in the Parasol
The Lost Art of Keeping a Secret
You Can’t Quit Me Baby
Regular John
Ode to Clarissa
Precious and Grace [Z.Z. Top]
Walkin on the Sidewalks

24 mai
Feel Good Hit of the Summer
Regular John
Tension Head
Monsters in the Parasol
I Think I Lost My Headache
Leg of Lamb
In the Fade
Auto Pilot
You’re So Vague
Avon
Quick and to the Pointless
The Lost Art of Keeping a Secret
Walkin on the Sidewalks
Ode to Clarissa
Precious and Grace [ZZ Top]
How to Handle a Rope
Mexicola
Better Living Through Chemistry
If Only
Born to Hula

Laurent

Clutch, 18 mai 2001, Los Angeles, USA

Merde ! Quelle idée de commencer un concert à 18h30 ! Je rate donc toutes les premières parties, Murphy’s Law et Vision Of Disorder en tête…
Le concert de Clutch commence, et dès les premières minutes on est surpris. Moi qui croyait que Clutch était un ‘vulgaire’ groupe de hard core, il n’en est rien ! Clutch n’a rien de hard core, ils mélangent tant de genres qu’il est aberrant de vouloir leur coller la moindre étiquette. Leur répertoire est si vaste, si varié. Leur set list comprend des morceaux de tous leurs albums, surtout des trois derniers quand même, et évidemment une majorité issus de leur dernier opus, ‘Pure Rock Fury’.


Ce qui est génial c’est la liberté qu’ils prennent avec certains de leurs anciens morceaux, sans jamais les trahir : ils se permettent, sans dénaturer leur puissance ou leur originalité, d’y incorporer des passages d’impros, de les enchaîner/mélanger, etc… Mais le vrai panard intervient lorsqu’ils se lancent dans des passages instrumentaux à la fois planants et envoûtants, sans jamais perdre de la puissance latente dans tout leur répertoire… Ils ne laissent jamais l’auditeur penser à autre chose : la musique est enivrante, on se laisse emporter sans pourtant ‘trop s’envoler’… Evidemment, le chanteur Neil, charismatique au possible, et brillant vocaliste, attire tous les regards, mais ses trois compères ne sont pas en reste, loin s’en faut. Témoin ce solo de batterie incroyable, passionnant et complexe, ou encore ces impros basse/guitare aériens, encore plus impressionnants lorsque Neil prend la guitare rythmique pour laisser plus de liberté à Tim dans ses soli… La claque ! Le public suit comme un seul homme, plane, stage-dive, sourit, slamme : tour à tour puissants, groovy, envoûtants, efficaces, Clutch est un groupe né pour la scène. Leur évolution ces dernières années est effarante. Ne les ratez pas !

Laurent

Acid King, 17 mai 2001, Los Angeles, USA

Petit concert exceptionnel pour Acid King, juste pour le fun ! Le trio heavy doom de San Francisco débarque flanqué de leurs partenaires de labels (les deux faisant partie à l’époque de feu Man’s Ruin Records) Operator Generator, et en profitent pour filer un coup de pouce à deux groupes locaux : Cookie (un trio de glam/punk hallucinant, plus rigolo que musicalement intéressant) et Betty Blowtorch (un quatuor de filles aussi tendance punk, plus jolies qu’intéressantes…).

Operator Generator, par contre, colle la baffe de la soirée. Ce jeune groupe de stoner avant-gardiste impressionne par sa maturité, et l’affiliation Kyuss est évidente, notamment en ce qui concerne leur rythmiques plombées et les structures alambiquées de leurs compos. Un futur très grand, croisons les doigts…

Acid King est plus connu et est remonté pour donner un concert énorme. Ils entament le concert par le ‘Blaze In’ de leur dernier Split-CD, intro parfaite à un concert qui va se révéler un monument de musique heavy. Nous baignant dès les premières notes dans des nappes de gratte accordée très bas et de basse plombée (mention spéciale au frenchie Guy Pinhas, un bassiste incroyable), on est immédiatement emporté par l’ambiance. Enchaînant les chansons dans la même mouvance, on ne sort jamais vraiment la tête de ce ‘trip’ musical, et on comprend alors mieux la signification profonde du nom du groupe ! Un trip d’acide sans rien consommer, c’est très très fort ! Certes, on déplorera quelques coupures d’électricité dans le club qui interrompront ces trips justement, mais au final, on ne retiendra que ces nappes musicales étouffantes dans lesquelles le groupe nous a baigné durant son concert. Une vraie expérience !

Laurent

Monster Magnet, Queens Of The Stone Age, Snake River Conspiracy, 25 novembre 2000, Paris, France

L’événement s’annonçait comme la plus belle affiche stoner de ces dernières années en France (même si paradoxalement les deux gros groupes de ce soir ne jouent plus vraiment à proprement parler du stoner). Malheureusement, je n’ai pas pu assister à la prestation de Snake River Conspiracy, mais le buzz entourant ce groupe incite à penser qu’on devrait bientôt entendre parler d’eux. 

Queens Of The Stone Age investit la scène sur ‘Feel Good Hit Of The Summer’, puis donne le ton avec ‘Regular John’ agrémenté d’un superbe break, le tout enchaîné avec le punky ‘Quick And To The Pointless’ avec Nick Oliveri au chant. Le jeu de scène est réduit à son minimum, l’hydre à deux têtes du ‘stoner moderne’ (Josh Homme et Nick Oliveri, mentors des QOTSA) n’adoptant pas vraiment les clichés propres au genre : Homme ne fait qu’un avec sa guitare (qu’il ne regarde quasiment jamais), balançant les riffs sublimes comme personne, ne bougeant quasiment jamais, sauf pour se lancer dans d’improbables et timides pas de danse, et Oliveri joue au milieu de la scène, sa basse au niveau des genoux ; ils sont soutenus par un brillant multi-instrumentiste (clavier, slide-guitar, guitare rythmique) et un excellent batteur. Les lights sont pour le moins dépouillées, avec deux spots rouges statiques de dos aux musiciens ; tout est axé sur la musique. Les Queens balancent ainsi pendant plus de trois quarts d’heure leurs meilleurs morceaux (sans se priver de nous livrer un inédit ‘et demi’), desquels ressortent clairement ‘How To Handle A Rope’, et surtout un ‘You Can’t Quit Me Baby’ transcendé par un final de pure jouissance stoner, prétexte à diverses impros brillantes, avec Homme usant notamment de sa bouteille de bière comme d’un ‘bottle neck’ improvisé. Rock n’Roll ! 

Difficile pour Monster Magnet de suivre cette performance de haute volée, mais ils s’acquittent de la tâche avec le brio qui les caractérise. Piochant allègrement dans leurs trois dernières productions, les aimants monstrueux choisissent quand même de consacrer une bonne moitié du concert à leur avant-dernier opus, l’excellent ‘Powertrip’ ; suicide commercial s’il en est (ils ne joueront que trois extraits de ‘God Says No’, leur dernier album en date, dont l’excellent ‘Heads Explode’), le pari s’avère réussi : l’album ayant bien marché, le public connaît bien les morceaux, et réagit comme un seul homme aux sons de ‘Atomic Clock’, ‘Powertrip’, ‘Crop Circle’, ou un très bon ‘Space Lord’ en final. Au niveau scénique, c’est bien évidemment Dave Wyndorf qui porte la performance du groupe sur ses épaules, usant des clichés éculés de la rock star, moule-burnes en cuir de rigueur, poses calculées pour satisfaire les photographes, cheveux aux vents devant la scène avec le ventilateur face au visage… Et ça marche ! Empoignant sa gratte à deux ou trois occasions, les passages à trois guitares s’avèrent bien pêchus (et ça lui permet de mettre le feu à sa gratte avant d’enchaîner sur ‘Negasonic Teenage Warhead’). Les morceaux sont carrés, le son excellent, le public aussi… Que demande le peuple ? Une soirée de rêve… 

Laurent

Leadfoot, 1er juin 2000, Les Brasseurs, Nancy, France

Premier concert organisé par Ampire Booking, qui signe là une entrée en matière fracassante dans le monde des bookers de stoner rock. Tout est parfait. Il fait beau. Il fait chaud. Les Leadfoot ont envie de se la donner. Nous sommes environ une vingtaine de personnes (privilégiées ?), le concert est donc suffisamment intime pour qu’on ait l’impression que le groupe joue vraiment pour chacune des personnes présentes. Ce n’est pas parce que ces anciens membres schismatiques de Corrosion of Conformity jouaient dans des stades en première partie de Metallica qu’ils vont faire la fine bouche dans ce bar. Au contraire. Des vrais pros. Le concert est à la hauteur de ce qu’on attendait d’eux et de leur hard rock de sudistes. Un chanteur front man remarquable qui ne s’est pas économisé. Des musiciens qui assurent les gimmicks rock’n’roll à mort. Une reprise de Thin Lizzy. Et surtout de la bonne humeur communicative et une envie de jouer dont devraient s’inspirer quelques groupes débutants d’ici qui se croient arrivés (mais arrivés où ?). Le sourire est sur les lèvres de chacun des musiciens. Et à la fin du concert ils vous remercient timidement, mais chaleureusement d’être venus. Voilà ce que devrait être le rock’n’roll. Des émotions et du partage. Leadfoot is great. Leadfoot is rock’n’roll !

brotherfab

High on fire, Alabama Thunderpussy, 20 avril 2000, Exil, Trèves, Allemagne

A peine 50 personnes présentes dans ce sous-sol immense d’une ancienne caserne. Il y a de quoi faire dans cette ancienne ville de garnison. Bonne surprise. On y expose quelques œuvres de Kozik dont on oublie quelques fois qu’il est avant tout un graphiste. De chouettes affiches de concerts qu’on aimerait pouvoir accrocher chez soi. J’aurais rêvé voir Sleep un jour en live. Je ne verrais que Matt Pike, c’est déjà pas mal, avec son nouveau groupe, High on Fire. Comme avec leur disque, j’ai été stupéfait. Le son est énorme. Le batteur est gigantesque. Son jeu de grosse caisse est hallucinant. Il doit venir du death. Matt Pike est un chef de guerre. Avec ses acolytes, il pousse le stoner rock dans ses retranchements c’est sûr. Ils le chargent en noirceur et en violence. On en ressort lessivé mais heureux. Pas la peine d’en rajouter davantage. Les Alabama sont quant à eux de joyeux drilles à côté des HOF. Leur look à la ZZ Top n’y changera rien. Ils distillent un southern hardcore qu’accentuent les bonds du chanteur et la frénésie des autres musiciens qui s’agitent dans tous les sens. Toute cette saine énergie fait plaisir à voir, mais après les HOF, c’est peine perdue. Ils auraient dû jouer en premier pour qu’on ai pu les apprécier à leur juste valeur. Après HOF, l’herbe met du temps à repousser.

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Karma To Burn, Sally, 26 mars 2000, Hellmut Café, Sarrebruck, Allemagne

(50 personnes) J’avais rapidement entendu les Sally quelques semaines avant ce concert et j’en avais retiré une impression mitigée. De la bonne zique desservie par un mauvais chanteur. Impression confirmée sur scène. On est quand même tout d’abord estomaqué de voir des gosses ayant entre 16 et 18 ans jouer cette musique hyper lourde avec du matos qui a le triple de leur âge. Je crois en la jeunesse. Le chanteur, Lee Smith, est plus âgé, et il semblerait qu’il ait été le tout premier chanteur d’Electric Wizard. Ce qui est sûr, c’est qu’il a été le chanteur de Penance. Ce qui ne change rien à l’affaire. Je n’apprécie pas ce chanteur, même s’il porte un t-shirt de Sleep. C’est la deuxième fois que je voyais les KTB. Leur dernier album m’avait assez déçu. Ce concert m’a réconcilié avec eux. Tout est plus rock’n’roll. Fini les plans flanger sur la basse. Dommage. Mais ça envoie. Leur nouveau batteur est un vrai dingue. Au sens propre. Une grosse caisse avec une femme à poil. Entièrement vêtu de kaki. Un air hirsute. Une (é)dentition pour le moins approximative. Entre les morceaux il balance des mollards énormes au plafond qu’il récupère ensuite, comme il le ferait avec des cacahuètes, pendant qu’il joue la bouche grande ouverte. Dingue je vous dis. C’est également l’avis du bassiste qui nous confiera n’avoir jamais rencontré quelqu’un d’aussi dingue de sa vie. Des problèmes d’ampli abrégeront le set. Dommage, mais c’est sûr, les KTB sont un sacré groupe de scène.

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7 ZUMA 7, Red Aim, 14 mars 2000, Hellmut Café, Sarrebruck, Allemagne

Les locaux de Red Aim ouvrent le bal devant un salle bondée (150 personnes ?) pour moitié conquise d’avance. L’influence du groupe est évidente : Kyuss. Si évidente qu’au bout du troisième morceau, ils reprennent un titre de leurs héros “One inch man”. Très bien reprise d’ailleurs, mais constituant une faute de goût impardonnable. Toutes leurs compos s’affadissent aussitôt, perdent de leur valeur devant l’immensité du talent des maîtres. A leur usage et pour ceux à qui viendraient des idées aussi saugrenues, je propose un référendum sur l’écart minimal à respecter entre le moment ou un morceau a été composé par un groupe et l’instant ou il pourra être repris par un autre groupe dans le même style et sans y apporter la moindre modification. 20 ans me semble être un intervalle raisonnable. J’attends vos réactions. Les 7 Zuma 7 sont un peu plus malins et ne reprendront “Hot Stuff” de la disco queen Donna Summer… qu’en rappel. Avant cela les néerlandais aux costumes de scène très seventies, nous auront agréablement échauffé les oreilles avec leur son tout rond, tout chaud. Les morceaux s’enchaînent, les hollandais de 7 Zuma 7 assurent. Des pros du stoner rock. Un sacré bon groupe de scène.

Brotherfab

Fu Manchu, 19 novembre 1999, Kulturfabrik, Esch/Alzette, Luxembourg

Environ 450 personnes. Il n’est possible de comprendre cette chronique qu’à l’aune d’un précédent concert de FU MANCHU au Nachtleben à Francfort (Allemagne) le 16 janvier 98. Leur prestation fut, ce soir là, gigantesque. Et le superlatif est faible. Le plus beau concert de ma vie et du monde à ce jour, parole de Brotherfab.

Nous sommes donc un an et demi plus tard. THE UNBAND ouvre la soirée. Energique soit. Mais le type de groupe à ne prendre sa pleine dimension que dans un petit club ou un bar. Pas dans cette salle disproportionnée. Et puis c’est un groupe stoner que nous attendions, du type SPIRITUAL BEGGARS (magnifiques eux aussi) comme lors de la dernière tournée du FU. Passons.

En 98 les FU MANCHU branchaient eux-mêmes leur guitares sur scène. En 99, trois roads s’en occupent. Tant mieux pour eux. Le concert démarre et tout de suite les doutes affluent. Mais où est donc passé leur son phénoménalement gras ? Mais où est donc passée leur inspiration (cf. chronique de King of the road) ? Mais où est donc passé le rouleau compresseur qui nous avait si magnifiquement ratatiné la face en 98 ? Les détracteurs de ces propos seront nombreux, je les entends d’ici. Mais bon les gars un peu d’objectivité. Le concert était honnête. Ok ! MAIS. La toute puissance du FU ne s’est exprimée que sur le dernier morceau du set : Mongoose et lors de l’unique rappel : Pigeon toe. Là oui ! La machine diabolique s’est révélée. Le headbanging était de nouveau de mise dans la salle comme sur scène d’ailleurs, si vous avez observé un peu.

Le FU nous a présenté son dernier album en ne nous offrant que de trop rares incursions dans ce qu’il a de meilleur : l’avant King of the road. Dommage pour ceux qui n’y étaient pas.

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