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Glowsun, Kings of Things to Come, 14 avril 2006, Den Drempel, Anvers, Belgique

Glowsun à Anvers, ce n’était pas gagné d’avance. Cà a même failli ne pas se faire. Initialement prévu en compagnie de Gas Giant, le concert était encore incertain à quelques jours de ce que beaucoup considérait comme un événement. Le désistement abusif de nos amis teutons (qui leurs valu par ailleurs de se faire virer illico de Elektrohasch) provoqua un moment l’effroi et le doute, et sans la motivation et la détermination de chacun, le trio du Nord ne serait jamais parti se perdre dans le dédale anversois. C’est finalement Kings of Things to Come qui complétera l’affiche de ce soir au pied levé, tout étant en place pour que Glowsun puisse faire exploser son talent à la face d’un public encore clairsemé. Cà manque seulement d’un peu de lumière, mea culpa. 
Le groupe ouvre en douceur avec un long morceau répétitif aux relents psyché qui gagne lentement en intensité. Johan se laisse aller au feeling, brodant autour d’un thème sans jamais trop s’en éloigner. Parfaite mise en bouche qui a l’avantage de ne pas confronter l’assistance a un déluge de notes et de décibels. Le public appâté, il ne reste plus qu’à le ferrer, objectif parfaitement atteint en embrayant avec un « No Way » sur l’intro duquel Fabrice cogne déjà comme si sa vie en dépendait. Et c’est bien là ce qui séduit chez Glowsun, chaque note est jouée avec la même passion par les trois musiciens, il ne s’agit pas seulement de livrer une interprétation correcte, il s’agit de prendre son pied, de se laisser emporter par les morceaux. Ce genre d’attitude est peut-être le propre de tout jeune groupe pour lequel chaque date est importante, mais peu parviennent à avoir une telle présence scénique avec si peu d’expérience. Voir Glowsun sur scène, c’est déjà un bonheur. Après, il y a évidemment leur musique qui brasse probablement un tas d’influences mais qui reste unique, une alchimie entre la section rythmique qui adorent en découdre sérieusement mais lève le pied quand il s’agit de laisser la guitare partir dans des expérimentations contrôlées. Chaque instrument apporte sa pierre à l’édifice, pas de ligne de basse linéaire ou de rythmique binaire mais plutôt un foisonnement d’idées permanent, des morceaux pleins de surprises alternant les passages vaporeux aux riffs efficaces. On ne s’ennuie jamais pendant un concert de Glowsun. On a bien sur droit à l’intégralité de « Lost Love » dont la qualité n’est plus à démontrer. « Inside My Head » synthétise parfaitement les différentes facettes de la musique de Glowsun, une dose de groove, une dose de bidouillages et un gros riff qui déboule pour mettre tout le monde d’accord. Le cas typique du morceau jamais totalement achevé, permettant une marge de progression infinie, laissant la place à l’improvisation. Ce constat est d’ailleurs valable pour l’ensemble du répertoire. Bien que les structures soient relativement complexes, aucun morceau n’est figé, tous sont susceptibles d’être modifiés, rallongés, faisant de chaque concert un moment unique. Les nouvelles compos rassurent complètement quant à la bonne santé créative du groupe, un morceau se distinguant particulièrement par sa rythmique excitante et sa mélodie immédiate. Après une petite heure, le concert se clôt par une improvisation basée sur un riff arabisant du meilleur effet, laissant le parterre séduit et le groupe heureux. 
J’éviterai de me prononcer sur la prestation de Kings of Things to Come suivie distraitement depuis le bar. Leur rock alternatif vaguement stoner, très mélodique et parfaitement exécuté mérite qu’on s’y attarde mais paraissait un peu fade après le passage de ceux qui, on l’espère, contribueront à donner ses lettres de noblesse au stoner français. 

Jihem

Titty Twister, Josiah, Colour Haze, 29 septembre 2005, Den Hemel, Zichem, Belgique

C’est à Titty Twister, jeune groupe local, qu’il revient l’honneur d’ouvrir cette nouvelle saison de concerts organisés par Orange Factory. Derrière cet affriolant patronyme se cache un combo qui propose une musique à la croisée du stoner et du heavy, notamment sur quelques titres plus rapides, très axée sur des riffs bien carrés agrémentée de solos bluesy délivrés à grand renfort de wah-wah. C’est bien foutu sans être très original mais quelques compos plus audacieuses sortent du lot et laissent augurer d’une belle marge de progression pour un groupe qui vient de sortir une première demo 9 titres. 
Malgré son aspect frêle, le chanteur délivre une prestation toute en puissance et en justesse et s’impose comme un des atouts du groupe. On regrette un peu que l’un des deux guitaristes prennent le dessus, relayant l’autre à n’être audible que sur quelques intros et breaks et confinant le bassiste à un rôle de figuration. Le manque d’expérience des planches se sent dans leur façon très rigide de jouer et de terminer les morceaux de façon assez brutale. A tel point que lorsque l’un des musiciens se plante un peu, c’est tout le groupe qui s’arrête pour reprendre depuis le début. Mais ces petites erreurs de jeunesse devraient s’estomper rapidement et leur permettre d’un peu plus se lâcher en concert. 

Quand il s’agit de se lâcher, Josiah n’a de leçons à recevoir de personne. Pas qu’ils soient particulièrement prolixes ou qu’ils commencent à sauter dans tous les sens, mais ils font partie des groupes pour qui le passage en studio n’est qu’un prétexte pour aller suer sur le plus grand nombre de scènes possibles. Ces mecs jouent avant tout pour eux-mêmes, pour le plaisir de faire vibrer l’air qui les entoure, pour sentir l’électricité courir le long de leur échine. Il y a la formule d’abord, le trio, la meilleure façon de créer une alchimie particulière, de laisser à chacun suffisamment de place pour s’exprimer. Et c’est bien ce qui se passe ici, pas de leader, seulement trois mecs qui dialoguent, se complètent, se stimulent réciproquement. Et puis il y a cette énergie, cette façon de faire exploser les compos. Josiah se définit comme un groupe mid-atlantic. Entendez par-là qu’on retrouve chez eux une touche anglaise apposée à une musique typiquement américaine. Si cela est peut-être vrai sur leurs albums, ils franchissent allègrement l’océan dès qu’ils montent sur scène. Tout est beaucoup plus cru, plus agressif, plus in-your-face, plus ricain en somme. Disparues les effluves 70’s des guitares au son un peu trop propre, ici çà bave de partout et on se délecte de cette orgie de fuzz. Mat Bethancourt se colle aux vocaux parce qu’il le faut bien mais c’est secondaire. Son truc, c’est de faire rugir sa Gibson, de balancer des riffs qui visent les tripes et vous donnent envie de jouer de l’air guitar avec une moue de sale morveux. On songe d’ailleurs à Eddie Glass dans la façon d’alterner rythmiques et soli, de partir dans ses délires pour toujours retomber sur ses pattes. Evidemment, les deux autres ne sont pas en reste, le batteur sachant rester carré quand c’est nécessaire pour mieux se défouler l’instant suivant pendant que le bassiste (qui ressemble étrangement à Nick Oliveri avec des cheveux) fait groover tout çà pépère, gardant le cap pendant que ses acolytes se laissent emporter par leur enthousiasme. Seule déception, l’impression que ce concert était trop court. Court mais intense, c’est déjà pas mal. 

Colour Haze s’offre le luxe d’une petite tournée européenne sans aucun album à promouvoir. Simplement pour se faire plaisir et visiter quelques pays un peu délaissés sur les tournées précédentes dixit Stefan Koglek. Le retour en studio n’est prévu que pour avril 2006. Nos amis germains, qui l’air de rien commencent à faire partie des « vieux » groupes de la scène européenne, peuvent donc se permettre de revisiter l’ensemble de leur discographie déjà bien remplie, ce qui nous donnera l’occasion de constater l’évolution du groupe. Et de se rendre compte à quel point Colour Haze a progressivement délaissé l’aspect heavy des débuts pour privilégier l’aspect psychédélique grâce à de longs morceaux qui ressemblent à des jams truffés de passages très aériens. 
Début de concert tout en douceur, lent décollage avant un crescendo qui culmine par une débauche d’énergie avant de nous faire redescendre pour atterrir calmement. Tout le concert sera à cette image, offrant à l’auditeur un voyage en montagnes russes, suscitant une myriade d’émotions diverses, faisant headbanger le public pour l’emmener dans une douce rêverie l’instant d’après. Le seul fil conducteur pourrait être le jeu de guitare de Stefan, ce son et cette touche unique, directement identifiable et qui permet de différencier Colour Haze de tous les groupes évoluant dans le même registre. On songe vaguement à Josh Homme pour ces suites de notes courtes et saccadées, ces bribes de mélodies jouées en boucle qui au final donnent l’impression que chaque morceau n’est qu’un long solo. Ceci est particulièrement vrai pour les morceaux récents, le groupe intercallants parfois des vieux morceaux à la structure plus conventionnelle (ne me demandez pas les titres, çà fait longtemps que j’ai abandonné l’idée de mémoriser ces détails futiles), entendez par-là un bon gros riff, des couplets, un refrain et des vocaux beaucoup plus présents. Car c’est également un des traits marquant de l’évolution de ce groupe, les vocaux tendent à se faire de plus en plus discret et lancinant, Stefan préférant voyager, les yeux fermés, pour se laisser emporter par sa musique plutôt que de rester planté derrière son micro. Le bassiste au look anodin ne laisse transparaître aucune émotion, il reste confiné dans son coin de scène droit comme un I, ses maître-mots semblant être discrétion et efficacité. L’antithèse du batteur qui virevolte au-dessus de ses toms sur les passages les plus soutenus, à tel point qu’on craint parfois qu’il ne tombe de son siège tant il se démène. Ajoutez à cela des projections fascinantes et continuellement changeantes (pas les cinq même séquences passées en boucle) et vous obtenez au final une très belle occasion de déconnecter des turpitudes du quotidien pendant près de deux heures. 

jihem

Pilotos, Cabron, 18 septembre 2005, Den Drempel, Antwerpen, Belgique

Second concert pour la jeune association Smoke Catapult. La particularité du concert de ce soir est d’avoir mis à l’affiche deux groupes n’ayant sorti aucun album sur un label. On pourrait ergoter sur les productions DIY de Pilotos mais le résultat est le même. Deux groupes non distribués qui jouent un dimanche soir dans un café, le tout organisé par une association qui n’a pas vraiment les moyens de s’offrir une promo digne de ce nom, çà risque de ne pas attirer grand monde. Et effectivement, l’assistance est relativement clairsemée … 

Alors que le début des hostilités est prévu pour 19h00, on nous annonce qu’il y aura du retard car les membres de Pilotos se sont perdu, fait coutumier à tous ceux qui ne connaissent pas Anvers, moi-même y compris. 
Alors que Cabron a déjà installé tout son matériel et patiente tranquillement, les membres de Pilotos (deux chiliens et deux suédois, mélange atypique mais efficace) débarquent avec une heure de retard. Pour une raison qui m’échappe, c’est eux qui joueront les premiers, ce qui nous vaut un démontage et remontage de matos effectué sans stress. Finalement, un des deux guitaristes monte sur scène vers 21h00 et rappelle gentiment aux trois autres qu’ils ne sont pas là pour découvrir les bières belges mais bien pour faire un concert. 
Sans l’ombre d’une balance ou d’un réglage quelconque, Pilotos entame son set par deux morceaux plutôt rentre-dedans aux riffs déjà entendus mille fois mais toujours efficaces. Et c’est bien ce qui caractérise ce groupe, la simplicité et l’efficacité. Pas de fioritures, pas d’intros pompeuses, de passages hypnotiques ou de solos démonstratifs, seulement une suite de morceaux à la rythmique bien enlevée soutenus par un son grassouillet comme on l’aime mais jamais noyé sous le fuzz (il n’y a que deux suédois dans le groupe). Le tempo ralentit pour un ou deux morceaux laissant effleurer une légère touche de Blues même si c’est en lâchant de gros riffs que Pilotos semble prendre le plus de plaisir à jouer. Le chanteur principal ( le batteur assurera les vocaux sur un titre) semble très à l’aise et réchauffe l’atmosphère, lançant un « Viva Chile ! » entre deux morceaux ou faisant le rapprochement entre la Duvel qu’il vient de déguster au bar et le morceau suivant intitulé « De Devil ». Après une demi-heure, les musiciens déposent leurs instruments avant de les reprendre immédiatement sous l’insistance du public pour délivrer trois titres supplémentaires. Un des atouts du groupe est l’énorme capital sympathie qu’il dégage et même si ce concert ne restera pas comme un souvenir impérissable, il a permit à chacun de passer un moment agréable. Quand on connaît le montant ridicule du cachet demandé (qui permet à peine de rembourser les frais de déplacement), on se dit que ces gars-là sont uniquement venus pour prendre du bon temps et en donner, saine attitude qui mérite quelques encouragements. 

Même si Cabron est un groupe récent, les membres de ce groupe sont loin d’être des débutants. Les trois frangins Reynders (le premier qui leurs trouve un air de famille gagne un carambar) jouent ensemble dans divers combos depuis 20 ans et avec Alejandro Garrido ils ont dégotté le chanteur idéal pour leur nouveau projet. Avec un line-up comme celui-là, inutile de dire que la mise en place est parfaite. Ces mecs jouent ensemble depuis toujours et çà se sent. 
Cabron a l’art de délivrer des compos immédiates, sur vitaminées mais toujours très mélodiques, aspect renforcé par les vocaux d’Alejandro, certainement un des atouts majeurs du groupe. On imagine d’ailleurs très bien que cette alchimie devrait leur permettre de sortir rapidement de l’underground pour aller séduire les programmateurs radio éclairés et les décideurs de majors (les boss de Buzzville Records sont dans la salle mais il y a fort à parier que le passage sur cet excellent label belge n’est qu’une étape pour le groupe). 
Mais trêve de conjonctures hasardeuses, revenons au concert. 
La set-list de ce soir mêle de nouveaux titres dont la qualité laisse présager du meilleur pour l’album à venir avec des morceaux de leur demo. « Your Lessons learned » ou « Backlash » sont parfaitement exécutés avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Cabron ne s’appuie que sur la qualité de ses compos pour séduire le public. Pas besoin de poses rock’n’roll, la musique se suffit à elle-même et c’est le sourire en coin qu’ils balancent ce qui risque de devenir des classiques. La section rythmique fait traîner l’intro de l’instrumental « Parascending » avec une régularité métronomique avant l’explosion des guitares et on se dit que le bassiste, qui ne paye pas de mine avec son haut-de-forme et sa barbe hirsute, connaît son boulot. Les morceaux sont truffés de petits breaks avec une seule guitare ou une ligne de basse, petites respirations qui permettent au groupe de refoutre la patate avec une synchro parfaite. Que dire des deux reprises d’AC/DC (« Riff Raff » et « Sin City ») que le groupe réussit à s’approprier tout en restant fidèle aux originaux, Alejandro allant jusqu’à chanter avec une voix qui évoque clairement Bon Scott. Le show se clôture avec un excellent long morceau qui ressemble à une jam toute en tension et qui finit par nous convaincre du potentiel de Cabron dont on attend l’album avec impatience. 

Jihem

Azkena Rock Festival 2005, 2eme jour, 3 septembre 2005, Vitoria-Gasteiz, Espagne

Nous voici revenus en milieu d’après-midi pour une nouvelle journée de joyeusetés musicales. Le temps est toujours chaud et ensoleillé, et l’ambiance toujours bonne : vraiment, ce festival nous aura encore marqué par sa bonne tenue, son ambiance conviviale, jusque chez les spectateurs, loin de l’image de “viande saoule” que l’on retrouve trop souvent dans les festivals européens. Bref, la journée commence gentiment par un combo espagnol, Hash, qui comme son nom l’indique un peu, se positionne franchement sur le créneau hard rock psychédélique 70’s. Rien de flamboyant toutefois, c’est sympathique, mais ça casse pas 3 pattes à un canard. Surtout que Brant Bjork & the Bros se profile maintenant sur la grande scène. Le premier morceau est joué sans début ni fin, les musiciens réglant quelques problèmes techniques au cours d’une jam de plusieurs minutes. Tout ceci rentré dans l’ordre, Brant Bjork s’en excuse auprès du public et enchaîne sur plusieurs morceaux, issus de quasiment tous ses albums (il m’a même semblé reconnaître un peu de “Ché” avec des vocaux.). Et puis finalement, les morceaux défilent sans véritable début ni fin, comme des jams interminables. Pas ennuyeux, mais totalement déstructurés. On entend un riff ici, un bout de chanson d’Hendrix là, quelques paroles que l’on dirait improvisées encore là. Le tout compose un bon concert, finalement. Le quatuor joue bien, le batteur se la donne comme si sa vie en dépendait, un peu à l’exact opposé de ce bassiste ridicule qui ne nous aura montré que son dos de tout le concert, collé à 20 cm de son ampli basse. Sinon, je comprends désormais les critiques récurrentes sur la soi-disant apathie scénique du groupe : c’est vrai qu’hormis Bjork qui parfois se rapproche du micro pour adresser la parole au public, il ne se passe pas grand chose sur scène. Maintenant, bon, on n’attend pas forcément non plus une chorégraphie grand-guignolesque, mais c’est vrai, en terme de présence sur scène c’est un peu léger. Il n’empêche, musicalement, c’est très bon. Un concert un peu court et pas assez intime sans doute pour apprécier totalement la musique du combo.


Petite curiosité perso, je me dirige vers la seconde scène pour enfin voir ce que Electric Six a dans le ventre : des années que j’entends parler de ce groupe très underground, sans vraiment les écouter. Et bien je regrette d’avoir perdu tout ce temps ! L’air de rien, ce groupe peu connu du grand public a tout pour captiver une audience un peu réceptive (et ce fut mon cas) : une bonne humeur, un jeu efficace, un frontman attachant, et une chiée de compos bien ficelées ! Musicalement, c’est du rock électrique (?!?), un peu comme si les Hives abandonnaient leurs influences punkoïdes pour les troquer contre des nappes de synthés et loops sympathiques. En gros, ben c’est pas du stoner pour deux sous, c’est clair, mais c’est du vrai rock, joyeux, bien foutu, et entraînant. Un constat en guise de conclusion : ça donne envie d’acheter leurs albums !

Autre curiosité, sur la grande scène :Juliette & The Licks, c’est à dire 4 musiciens de rock et Juliette Lewis (oui l’actrice ! Celle de Kalifornia ou le remake de Les Nerfs à Vif !), vont tout faire pour convaincre un public de leur authenticité. Car oui, ce n’est pas facile d’abattre un cliché si profondément enfoui. Vous savez, ces actrices qui se mettent à la chanson “parce que finalement c’est leur vraie passion” (et accessoirement, la remarque qui suit est généralement “y’a que dans ce pays que ça choque tout le monde, aux USA tout le monde trouve ça normal !”, c’est ça ouais…), ça court les rues. Et bien là, on ressort bluffé. Bluffé parce qu’à défaut d’être révolutionnaires, Juliette & The Licks est un groupe authentique, et Juliette Lewis est une authentique rockeuse, au moins aussi dégénérée que les plus grandes performeuses du genre. C’est d’ailleurs elle qui attire tous les regards, elle assume d’ailleurs franchement son rôle de front(wo)man, et fait tout ce qu’il faut pour maintenir un niveau d’attention constant. Après, musicalement, on aime ou pas : c’est du gros rock indé bien barré, et c’est pas mal fait, les musiciens se la donnent, et Juliette est déchaînée. Bref, un sacré spectacle, et pas un mauvais souvenir musical… Pas mal du tout !

Encore une fois, en lisant la bio de Beasts Of Bourbon, on a un peu la bave aux lèvres : influences intéressantes, parcours discret mais exemplaire… Au bout de quelques morceaux on comprend que tout ceci n’est pas volé. Il y a d’ailleurs quelque chose de propre à tous les groupes de rock australiens, quelque chose d’un peu imperceptible, une sorte de négligence pas vraiment nonchalante, un dynamisme un peu naïf, un rock innocent et désintéressé, juste intuitif, en tout cas une authenticité qui fait plaisir à voir. Quelque chose que l’on retrouve chez leurs collègues de Rollerball par exemple. Les musiciens du groupe sont pourtant atypiques, avec 2 guitaristes qui ne paraissent pas être de la dernière fraîcheur notamment. Mais le chanteur, frontman hors pair, assure grave. Encore une fois avec une fraîche authenticité, le bonhomme se pointe avec un vieux tee-shirt trop usé et trop petit, et au gré des chansons, prend confiance, pour terminer en haranguant copieusement la foule (sans faire gaffe il crache même directement dans le public… quand on vous parle de naïveté !!!), se roulant par terre, jetant ses chaussures en l’air… Très rafraîchissant ! Et leur musique, un gros hard rock bien poisseux et heavy, est bien sympathique, ce qui ne gâche rien. Le groupe se fend par ailleurs d’une repris fidèle mais agréable du “Ride On” de leurs célèbres collègues australiens AC/DC. Très bon.


Les choses prennent un tour un peu plus anecdotique ensuite, avec Television, un groupe de pop-rock vieillissant sans grand intérêt. Bad Religion enchaîne et clôt la seconde scène pour la soirée, avec un set certes un peu rébarbatif (c’est quand même toujours du punk, même s’il est très mélodique), mais dynamique et finalement sympathique. The Pogues enfin propose pendant quasiment 2 heures des titres folk irlandais efficaces, et ça cartonne auprès d’un public décidément très ouvert musicalement. On notera parmi les musiciens un petit vieux guitariste (au bas mot une soixantaine de piges) qui virevolte autour de sa gratte comme un jeune fou ! A mourir de rire ! A noter aussi le pathétique Shane Mc Gowan, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, alcoolique au milieu d’un groupe de vieux… Il est loin le groupe aux relents punk des années 80 ! On aura profité de ce long break (3 groupes un peu moins intéressants) pour aller se nourrir et taper la discute avec notre pote Miguel de Alone Records ! Ca y est, le moment des Queens est arrivé. C’est donc à QOTSA de monter sur scène, et dès que l’on voit les roadies monter les quelques instruments caractéristiques, du groupe, on est rassurés : avec l’annulation quelques jours plus tôt, on pouvait craindre de ne pas trouver le groupe à l’affiche du festival. On pousse un soupir de soulagement. Second soupir de soulagement au bout de trois minutes de concert : le déhanchement de Josh Homme nous rassure sur l’état de santé du bonhomme à la jambe blessée. Sorte d’Elvis du 3ème millénaire, Homme a un jeu de jambes tout à fait improbable mais viscéral, tout à fait communicatif en tout cas. Et le bonhomme est à la fête ce soir, l’humeur est au beau fixe ! Le concert commence par Feel Good Hit Of The Summer, et tout s’enchaîne très vite pour près de 2 heures. Désormais seul leader à bord du bateau depuis le départ de Nick, c’est un Josh débridé qui mène son groupe, et s’affirme comme vrai frontman décomplexé. Il plaisante, reste sur le devant de la scène tout le temps, faisant une confiance aveugle à son groupe. Et il a bien raison, car derrière, comme dirait un copain musicien, “ça tricote”. On ne parlera pas de Joey, qui l’air de rien s’affirme à chaque fois comme un batteur d’exception, remarquable de puissance et de feeling, un véritable métronome, ni de Troy, qui sans fioriture assure comme un chef à la gratte, la slide, la basse (oui, les musiciens échangent leurs instruments de temps en temps, l’air de rien, bluffant !). On retrouve en plus un faux inconnu en tant que bassiste, avec Alain Johannes (on va pas faire long sur les présentations, c’est le guitariste-bassiste qui officie sur la plupart des titres de “Lullabies”, qui joue sur pas mal de Desert Sessions, etc…), et une claviériste de luxe avec son épouse Natasha Shneider (qui assure aussi quelques backing vocals bien sentis). Au niveau des titres, rien de révolutionnaire, si ce n’est un petit “You can’t quit me baby” que je n’avais pas entendu depuis longtemps, et joué “comme à la grande époque”, à savoir dans une version à rallonge où cette poignée de musiciens se sont fait plaisir à enchaîner breaks, soli, impros, sur la même longueur d’onde. Génial. Pour le reste, les classiques sont passés en revue, et tous les albums sont abordés, ce qui est remarquable pour un groupe qui a suivi un si profond changement musical. Autre passage mémorable, même si prévisible : la montée sur scène de Chris Goss, pour interpréter une chanson écrite au sujet de “l’anus de Chris Goss” (humour toujours…), “Monsters in the parasol”. Bref, un concert parfait, pas le meilleur concert des Queens que j’aie vu, mais clairement dans le peloton de tête !


Harassés par cette journée, il ne reste plus que Monster Magnet pour nous tenir éveillés. En voyant les roadies monter les plateformes sur la scène, on sait à l’avance à quoi on aura affaire : des clichés rock’n’roll par poignées, des soli, des poses de rockers, des guitaristes avec le pied contre le retour. Bref, du grand spectacle totalement assumé, comme nous en a toujours offert la bande à Dave Wyndorf. Le père Wyndorf mène toujours son groupe à la baguette, et il occupe la scène avec aplomb, même si Jim Baglino ne rechigne pas à monter de temps en temps sur les plateformes lui aussi pour faire profiter le public de ses plans de basse (Ed Mundell est plus discret, mais assure dans son coin). Bref, Monster Magnet on aime, parce que musicalement ça tient la route (belle performance sur les titres issus du dernier album, qui ressortent très bien en live), et qu’en concert c’est forcément démesuré : chaque solo prend une dimension de fin du monde, et chaque mimique des musiciens transpire le RAWK. Jouissif, dans ce sens, et un excellent groupe de fin de festival !


On se retire donc sur la pointe des pieds (comme on est des malins, on part avant la fin de Monster Magnet pour ne pas quitter le site avec les quelques dizaines de milliers d’autres spectateurs !), le sourire aux lèvres, avec décidément l’impression d’avoir encore assisté à un festival super bien organisé, très sympathique, au public de bonne tenue et ouvert d’esprit musicalement (voir la variété de genres musicaux abordés !). Deux excellentes journées se terminent donc ainsi, des images plein les yeux et des décibels plein les oreilles !

Laurent

Azkena Rock Festival 2005, 1er jour, 2 septembre 2005, Vitoria-Gasteiz, Espagne

Retour sur le site du Azkena Festival deux ans après une première visite bien agréable (Hermano, voir chronique sur le site), on redécouvre un site qui n’a pas changé d’un pouce : quelques espaces vert, une grande esplanade bitumée, des bars partout, un marché avec plein de disquaires, et 2 scènes face à face, sur lesquels vont s’enchaîner les concerts pendant 2 jours (on ne comptera pas les petits concerts d’ouverture de la veille). On arrive sur place une bonne heure après l’ouverture des portes, les 2 premiers groupes ne paraissant pas vraiment très intéressants… On arrive donc au moment où Rose Hill Drive s’emploie déja à réveiller les premiers festivaliers (les espagnols ne sont pas du genre pressés, et on voit encore beaucoup de monde rentrer dans l’enceinte du festival 5 à 6 heures après le début !). Ce jeune trio se révèle être la première révélation / bonne surprise du jour. Le hard-blues-heavy-70’s du trio fait mouche, et on se prend à se dandiner ou taper du pied, le sourire aux lèvres, au son de la gratte bien poisseuse du groupe. Les excellentes reprises de Sabbath (“Fairies wear boots”) et de Led Zep pour conclure (“Immigrant song”) nous confortent sur les influences du groupe, et nous donnent envie d’en découvrir plus ! On traverse alors rapidement le site pour ne pas manquer une note de Masters Of Reality qui enchaîne sur la grande scène. Et quelle performance ! Il s’agit du seul et unique concert de MOR en 2005, on n’allait pas rater ça ! C’est aussi le premier concert de Chris Goss depuis sa convalescence de début 2005 (et rassurez-vous, le bonhomme ne paraît vraiment pas diminué !). Etonnamment, donc (le quatuor ne bénéficiant pas d’une série de concerts pour se “roder”), MOR joue impeccablement : pas un pain, pas une approximation. Parce que la bande à Goss se traîne une réputation de “groupe à albums” (sans doute dû au fait que ses disques sont pleins de chansons remarquables…), on a tendance à oublier quel excellent groupe de scène c’est… Ils nous le rappellent ici, évidemment dirigés de main de maître par un Goss leader né, impeccable tant au chant qu’à la guitare, mais aussi plus discrètement par John Leamy à la batterie, co-leader de longue date. Bonne performance également de Dave Catching (le monde est petit…) qui tient la deuxième guitare. Alors qu’on distingue un grand chauve observer le concert depuis le bord de la scène, Chris le fait appeler et demande au public de souhaiter la bienvenue à son pote Nick. Nick Oliveri rentre donc sur scène presque timidement, humblement en tout cas, un peu mal à l’aise, comme on l’a vu cette même année fouler les planches avec John Garcia pendant le concert de Hermano à Madrid. Ils se lancent ensemble dans un “Time to burn” impeccable et rentre-dedans à souhait. Nick se retire alors et le groupe se lance dans une interprétation remarquable de “She got me (when she got her dress on)”, un vrai plaisir. S’ajoute à ça un nouveau titre, inspiré selon Goss des cérémonies de remises d’Awards musicaux quelconques, appelé “Hit shit” (orthographe approximative), excellent, basé sur un riff qui, comme pour 90% des titres de MOR, nous fait se poser la question : “mais pourquoi personne n’a pensé à composer ce riff avant ?”. Bref, un sans faute.


Déjà rassasiés, on va jeter un oeil à ce groupe qui, sur le papier, nous paraissait intéressant, Drive By Truckers. En pratique, rien de transcendant pour ce groupe de gros hard rock un peu trop propre pour déchaîner les foules. Non, vraiment, rien de mauvais là-dedans, mais après MOR, ça paraît bien fade. Qui plus est, être coincé sur l’affiche entre MOR et Gov’t Mule n’était pas un cadeau ! Car oui, c’est Gov’t Mule qui foule maintenant les planches de la grande scène. Le mythique trio (devenu duo suite au décès de leur légendaire bassiste Allen Woody, puis quatuor aujourd’hui?!?) est une véritable machine à enchaîner les concerts… mais rarement au delà de l’Amérique du Nord ! Les rater en concert serait donc une erreur. Gov’t Mule est un peu le groupe culte de référence en matière de blues rock tendance sudiste, Warren Haynes n’étant autre qu’un dissident des Allman Brothers. Et ce statut de groupe culte n’est franchement pas usurpé, on s’en aperçoit dès les premières notes de guitare et les premières lignes de chant de Haynes : la voix profonde et chaleureuse du patibulaire guitariste donne la chair de poule, tandis que ses soli inspirés sont d’une efficacité impressionnante. Ce bonhomme est un génie. Les morceaux s’enchaînent ainsi et l’on est comme sur un nuage, les notes de musique tombant du ciel comme par magie sur des improvisations pendant des minutes entières, où le groupe se fait plaisir et s’entend parfaitement. Ce qui paraît un cliché pour plein de groupes apparaît ici comme une évidence : c’est vraiment en concert que la musique de la Mule prend vie. Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont sorti plus d’albums live dans leur discographie que d’albums studio ! Une claque.

On quitte Gov’t Mule pour retrouver les sympathiques Wilco. Autre groupe culte s’il en est, Wilco est un combo pop-rock-folk ricain réputé pour ses compos efficaces et ses paroles enlevées et drôles. Mais en concert, sans connaître les-dites chansons, après un tel enchaînement de groupes remarquables, ça paraît un peu plat. Ca joue bien, on voit que les musiciens savent tenir une scène, l’ambiance est bonne, le groupe est de bonne humeur. Que de bonnes choses, mais on n’est pas au même niveau musical, tout simplement. C’est en tout cas le sentiment tout à fait subjectif qui se dégage de ce concert. Très sympathique, mais sans relief. Les mythiques punk de Social Distortion embrayent le pas, et le combo de Mike Ness n’y va pas par quatre chemins. Ce n’est pas le punk rock le plus extrême du monde, mais ça reste du punk, ça lasse, c’est rébarbatif. Au bout d’une heure, on a du mal à distinguer les chansons, et le moment est bien choisi pour aller se sustenter dans l’herbe à la belle étoile. Deep Purple prend la suite, et les vieux hard-rockers ont encore la pèche. Mais bon, je vais pas vous la faire, quand on les voit de près, ça fait quand même un peu pitié. Ian Paice est le plus marqué physiquement (même s’il joue toujours bien), Ian Gillian et Rogey Glover arrivent derrière, et même s’ils assurent (Gillian, quelle voix !!), le sentiment général reste mitigé. Le petit jeune Steve Morse tient quand même la baraque, il assure comme personne à la gratte, mais les quatre autres sont moins fringants. Bref, au bout de 3-4 morceaux, on apprécie moyennement : les morceaux sont très bien exécutés, mais on se pose inévitablement la question : à partir de quel âge un musicien est-il ridicule sur scène ? Je ne trouve pas qu’ils l’aient été, entre nous, mais il y avait quand même quelque chose d’un peu malsain… Too old to rock.

Du coup, la journée ayant été bien remplie, et étant donné que j’apprécie très peu les Dwarves (ni leurs frasques, ni encore moins leur musique), on décide de se casser avant la fin de Deep Purple. Excellent bilan de cette première journée !

Laurent

Festival Rock En Seine 2005, 1er jour, 25 Août 2005, Paris, France

Rock En Seine, 3ème édition. Il parait qu’il faut 5 ans pour qu’un festival ne fasse ces preuves et ne se pérennise, alors que pouvions nous attendre de ce festival qui souffle là sa troisième bougie ?
La liste des groupes invités pour ces deux jours de fête est très variée et je m’attarderai bien entendu sur la performance de Queens Of The Stone Age qui nous intéresse le plus, mais je me dois aussi de vous parler du festival dans son ensemble car, n’ayons pas peur des mots, le Rock En Seine, édition 2005, est un grand cru, un très grand millésime.
Qu’est ce qui peut pousser des organisateurs à choisir le jeudi et le vendredi pour un festival plutôt qu’un week-end ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais une chose est sûre, la fréquentation du festival n’en a pas souffert le moins du monde. Le début des hostilités était fixé vers 15h00 le jeudi, mais, problème de transport oblige, je suis arrivé vers 15h30. Je décide donc d’aller directement voir la performance de Michael Franti accompagné de son groupe, Spearhead. Michael lutte contre toutes les formes d’injustice au travers de sa musique et ce depuis des années déjà. Il n’a pourtant rien perdu de sa verve et il nous offrira là une prestation particulièrement énergique. La preuve ? Une foule qui reste malgré une bonne pluie torrentielle comme on les craint lors d’un festival (heureusement, ce sera beau temps pour tout le reste). A peine fini, on se dirige vers la seconde scène pour allez se renseigner sur le potentiel britpop annoncé de Athlete. Et bien force est de constater que les quatre membres du combo anglais se défendent méchamment. Vous allez me dire, la britpop, on aime ou on déteste. Et bien quelque soit son camp, on pourra tout de même reconnaître à ce groupe son réel potentiel scénique, en particulier le talent indéniable, dans son registre, d’un chanteur qui n’a rien a envier au premier dandy anglais venu. Retour sur la grande scène pour subir Fort Minor, projet personnel de Mike Shinoda, plus connu pour l’instant par ces activités de MC au sein de Linkin’ Park. J’ai trouvé le tout un peu brouillon, voir bruyant. Forcément, on ne peut pas tout aimer lors d’un festival, surtout lorsque celui si est aussi éclectique. Et c’est là une des grandes forces du Rock En Seine, nous proposer tout un panel de styles différents, ce qui permet à tous d’y trouver son compte. Pour preuve de la variété, on passe d’un MC américain à un groupe espagnol du nom de The Sunday Drivers. Réussir à captiver son auditoire lorsque celui-ci ne vous connaît que très peu n’est pas chose aisée. Mais le combo espagnol sait y faire et nous délivrera une prestation très plaisante et convaincante. Un petit tour sur la troisième scène pour se laisser attraper par les frenchies de Hushpuppies et nous voilà déjà presque arrivés à l’heure fatidique des Queens ! Inutile de le nier, cette performance des Queens Of The Stone Age est pour moi le principal intérêt de ce festival et je trépigne comme le premier fan venu a l’idée de revoir mon groupe favori (pour la cinquième fois cette année). On se dirige donc vers la grande scène, et on se faufile dans une foule déjà bien compacte. Le mélange entre les fans des Pixies qui squattent là depuis au moins un mois pour être le mieux placés possible et les fans de Qotsa, visiblement nombreux à en noter par les t-shirts arborés fièrement, est assez cocasse à voir. Les fans des Pixies se font entendre lorsque sur les deux écrans géants placés de part et d’autre de la scène, une publicité pour le DVD à venir passe, mais c’est à l’unisson que tout le monde se concentre sur la scène lorsque retentissent les premières notes de la musique d’intro des Qotsa (Who’s afraid of the big bad wolf). Josh arrive sur scène avec une béquille puisque le bougre souffre encore du genou, vieille blessure qui ne cesse de le faire souffrir chroniquement. Pas une seule note n’a été jouée et c’est déjà l’ovation. Comment le public a pu deviner que ce soir encore les reines de l’âge de pierre allaient nous offrir une prestation solide, jouissive et non dénuée de surprises ?
« Bonsoir, mademoiselle et messieurs, nous sommes Queens Of The Stone Age », en français dans le texte s’il vous plaît, et voilà que Go With The Flow entame un set de pure folie !
Josh est dans une forme époustouflante et on dirait qu’il y met tout son coeur comme si c’était son dernier show (c’est à peu de chose près la vérité puisque le groupe devra écourter l’un des ses shows suivant et en annuler un autre pour cause d’épuisement de Josh). Le groupe enchaîne ensuite avec Medication, The Lost Art of Keeping a Secret et First It Giveth ; du classique certes mais du bougrement efficace je vous le dis ! Je m’en voudrai de ne pas évoquer la qualité du son qui est à la fois puissante et bien dosée (ce qui est d’ailleurs valable pour la totalité du festival !) mais j’en parle juste maintenant car on juge mieux de la qualité de ce genre de chose sur des chansons que l’on connaît par coeur et que l’on a déjà entendu des milliers de fois, et là pour le coup, c’est du solide, du très bon boulot.
Regular John, dans se version live admirable, sera le seul représentant du premier album du groupe. Certes, cela peut laisser certains vieux fans sur leur faim mais pas moi car je savais que le groupe nous réservait une ou deux surprises dont il a le secret pour la suite du show. En effet, peu avant le show j’avais croisé Hutch (le technicien son du groupe) et lui avait demandé si le groupe comptait jouer « Fun Machine », affaire à suivre.
Mais finalement les surprises commencent légèrement plus tôt que prévu puisque le groupe nous offre une interprétation live de I Wanna Make It Wit Chu (Desert Sessions 9 & 10) qui laissera une bonne partie de l’auditoire perplexe. Peu importe, on regonfle les accus du public en leur offrant un single du dernier album à savoir Little Sister, succès assuré. Le public dans la poche, la bande de loustics en remet une couche en nous balançant le titre explosif, toujours extrait des Desert Sessions, Covered in Punk’s Blood. D’un point de vue strictement personnel je suis aux anges, mon combo préféré est en train de faire ses preuves devant plusieurs milliers de personnes et c’est très largement convaincant !
A croire que la machine est bien rodée, ils enchaînent titres « rares » et single puisque c’est leur dernier single en date qui poursuit le show. Quoique la transition est habile puisque In My Head est après tout un titre issu des Desert Sessions lui aussi. Mais que dire de la rareté qui suit. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, le titre The Fun Machine Took a Shit and Died devait à la base figurer sur Lullabies To Paralyze, mais pour diverses raisons cela ne se fera pas. Ce titre a donc fait couler beaucoup d’encre pour finalement être interprété pour la première fois en concert trois jours avant notre show ! J’avais croisé les doigts pour que ce titre figure sur la set-list et ce fût une réelle joie de découvrir cette chanson en concert.
Mais le groupe n’en oublie pas pour autant qu’après tout il est là pour faire la promotion de son dernier album et ce sont trois titres de ce dernier qui se succèdent alors. Burn the Witch, I Never Came et Tangled Up in Plaid. A noter une version de I Never Came absolument ahurissante avec un Josh sans guitare plus provocateur que jamais, un pur régal!
Pourquoi faut il que le groupe ne puisse jouer qu’un peu plus d’une heure ? Pourquoi faut il que cela finisse si vite ? Je le sais. Oui, je le sais bien que Song for the Dead et No One Knows vont clôturer les débats alors plutôt que de m’apitoyer sur mon sort de fan basique je décide de profiter de chaque instant car je sais que j’ai là du grand et du bon Qotsa !
La claque que j’attendais, non pas pour moi mais pour ceux qui assistaient à leur premier concert des Queens, était bien là, bien puissante, bien marquante. Le groupe quitte la scène sous des applaudissements plus que mérités. Contrat rempli. Dur dur pour les Pixies de succéder à tout cela me direz-vous… et bien pas forcément. Faut dire aussi que les Pixies sont pas les premiers venus, ce ne sont pas des débutants qui peuvent être impressionnés aussi facilement, surtout qu’ils non sûrement rien vu au show des Queens. Vous savez, les Pixies, malgré les quelques années de pause, ça reste un groupe parfaitement rodé et huilé. La prestation du groupe est très solide, pas grand-chose à redire. Vous me direz, c’est encore plus simple lorsque les trois quarts de l’auditoire sont tout acquis à votre cause (encore heureux lorsqu’on est tête d’affiche !). Le groupe enchaîne les titres à bon rythme et nous offre un show bien rempli, c’est peu de le dire. Enfin voilà quoi, superbe journée, des concerts d’excellente facture et une organisation en béton !
Plus qu’une heure et demi de trajet en métro et bus m’attendent maintenant. On remet ça demain ? Je veux mon neveu !

Shinkibo

Queens Of The Stone Age, Eagles Of Death Metal, 25 juin 2005, L’Atelier, Luxembourg, Luxembourg

Poussés par l’envie de (re)voir Queens Of The Stone Age dans l’ambiance feutrée d’une petite salle, c’est plein d’espoir que shinkibo et moi partons tailler la route en ce samedi caniculaire. 3H30 plus tard (et 3 kilos en moins chacun), nous nous garons moins de 500 mètres de l’Atelier. Il est 18 heures lorsque nous arrivons devant la salle, soit 2 heures avant l’ouverture des portes. Heureusement que l’incessant ballet des musiciens nous occupe. L’occasion nous est ainsi donnée de discuter avec Jesse ‘The Devil’ Hughes qui ira de sa petite dédicace toute en finesse sur nos tickets (‘I Love You Too Much’ & ‘I Love You Too Hard’ – quel taré ce gars). 
A 20H00 pétantes, la sécurité commence à laisser les gens pénétrer dans la salle. Première surprise, l’Atelier que l’on croyait petit est en fait minuscule. Ca sent déjà la soirée exceptionnelle. Sachant que shinkibo est devenu accroc au Coca depuis le concert de Yawning Man une semaine auparavant, nous nous dirigeons vers le bar histoire de redescendre en température car il fait dans la salle une chaleur à crever. Une fois notre verre terminé, je m’installe au balcon, juste au dessus de la console, pour ne plus y bouger de la soirée. 
Quelques minutes plus tard, The Eagles Of Death Metal montent sur scène pour nous offrir la quasi-totalité de leur Peace, Love, Death Metal. Le public (qui, détail qui a son importance, est à grande majorité allemand) répond sur chacun des titres du groupe. Entrecoupant son set pour dédicacer ses titres aux « Ladies » présentes dans la salle, Jesse Hughes est en super forme. Il faut dire que ‘The Devil’ est dans son élément puisqu’il fait plus chaud qu’en enfer, et ce malgré la poignée de ventilateurs positionnés sur la scène. Le groupe enchaîne les morceaux les uns après les autres (‘Flames Go Higher’, ‘Kiss The Devil’, ‘Bad Dream Mama’). La deuxième vedette de la soirée est sans conteste Samantha qui assure derrière les fûts et qui renforce l’image ‘sexy’ du groupe (la présence du vieux briscard Dave Catching sur scène en passerait presque inaperçu). Ajoutons aussi la présence d’un bassiste qui apporte avec son jeu solide une plus value indéniable aux titres du groupes. Portés par un public en folie, The Eagles Of Death Metal nous offrent alors un véritable morceau de bravoure : l’enchaînement sans temps mort de ‘So Easy’ et du légendaire ‘Stuck In The Middle With You’. Juste le temps de réchauffer les ‘Ladies’ présentes dans la salle et le groupe entame une dernière ligne droite et joue les morceaux les plus connus de son premier album. Ainsi, nous avons le droit aux fameux ‘Speaking in Tongues’, ‘I Only Want You’ et ‘Whorehoppin (Shit, Goddamn) en guise d’adieu. Bref, la prestation de Jesse et ses sbires fût mémorable. 
Toujours perché sur mon balcon, la pause entre les deux groupes me permet d’assister à une scène hallucinante, qui a elle seule résume parfaitement l’état d’esprit de tout le monde ce soir. Un spectateur propose à Jesse Hughes de faire un échange de maillot, un peu comme cela se pratique à la fin des matchs de football. ‘The Devil’ accepte le T-shirt bleu ciel du fan et ce dernier repars avec le T-shirt jaune de son idole. Incroyable. 
Juste le temps de me remettre de cet scène hallucinante et voilà les Queens Of The Stone Age qui débarquent sous les applaudissements d’une foule déjà toute acquise à leur cause, mais aussi de Dave Catching et Jesse Hughes restés sur le côté de la scène. Depuis février, Dan Druff a disparu, laissant sa place à Alain Johannes, et Natasha Schneider a intégré le line-up de tournée au clavier. Le groupe entame un set de 1H45 avec rien de moins que ‘Go With The Flow’ (chanson chère à mon cœur), ‘Feel Good Hit Of The Summer’ et ‘The Lost Art Of Keeping A Secret’. Et c’est sur ce titre que l’on comprend que la soirée va être tout simplement magique. En effet, c’est accompagné par la totalité de la salle (un grand merci aux spectateurs allemands) que Josh chante. Du balcon, ces chœurs donne une dimension supplémentaire à la prestation du groupe tant l’osmose est parfaite. A mesure que les morceaux s’enchaînent, cette impression se renforce, notamment lorsque la fosse réagit sur la totalité de ‘If Only’ et de ‘Avon’ avant, chose plutôt étonnante, de reprendre à l’unisson l’improbable ‘The Sky is Fallin’’. Bref, le public présent ce soir est un public de connaisseurs, fans de la première heure, et personne ne va s’en plaindre. 
Il faudra attendre 8 titres de ce show singulier pour pouvoir goûter à un morceau de Lullabies To Paralyze (Le groupe jouera au final 7 titres de leur nouvel album). Comme le veut le rituel, Troy et Alain échangent leurs instrument pour un ‘Little Sister’ endiablé. Ensuite, c’est Josh himself qui prendra la 4 cordes sur ‘Burn The Witch’. Joey Castillo aura également droit à son moment de gloire grâce aux sœurs jumelles ‘A Song For The Dead’ et ‘A Song For The Deaf’, et leurs féroces parties de batterie. Le show est tellement intense que l’on ne remarque même pas l’absence de Lanegan sur un titre comme ‘Long Slow Goodbye’. Bref, un pur moment de bonheur. 
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Et les choses ont failli mal finir ce samedi soir à l’Atelier quand un énergumène a eu la bonne idée de jeter un carton à bière en plein sur la tronche de Alain Johannes pendant ‘No One Knows’. Le pauvre en a même perdu sa cigarette. Enervé par l’incident, Josh s’est imposé en patron, demandant à la foule de pointer du doigt le « Dickhead » qui avait agit de la sorte. Une fois l’individu repéré, Josh lui explique qu’il pourrait très bien descendre de scène et lui casser la gueule, mais qu’il n’en fera rien. Il préfère terminer la soirée sur une bonne note avec « ses amis » du public. Résultat, le semeur de trouble finira le concert devant la scène, escorté par un molosse de la sécurité, histoire que tout le monde le repère bien et qu’il se paye la honte de sa vie. Josh reprendra alors ‘No One Knows’, a capella s’il vous plaît, là où le groupe s’était arrêté. INOUBLIABLE. 
Et lorsque les lumières se rallument, il est déjà minuit. Le temps passe décidément trop vite. Qu’à cela ne tienne, le concert fût exceptionnel et valait largement le déplacement. Espérons que l’on puisse revoir un jour les Queens Of The Stone Age dans une telle intimité. 

Set-list 

Go With The Flow 
Feel Good Hit Of The Summer 
The Lost Art Of Keeping A Secret 
If Only 
Avon 
Sky is Fallin’ 
Leg Of Lamb 
Broken Box 
Monsters in The Parasol 
In My Head 
Little Sister 
Burn The Witch 
Long Slow Goodbye 
Tangled Up In Plaid 
A Song For The Deaf 
A Song For The Dead 
Encore Break 
I Never Came 
No One Knows 

Stonerpope

Yawning Man, Majestic Scene, 18 juin 2005, Den Hemel, Zichem, Belgique

Il aura fallu attendre quelques années avant de voir débarquer Yawning Man en Europe et c’est donc avec une certaine impatience que j’attendais ce concert. D’autant plus que j’avais vraiment hâte de voir ce que cela donne sur scène, de voir ce qu’un groupe 100% instrumental peut créer comme atmosphère. Comme si l’attente n’était pas assez longue, il m’aura fallu quelques heures pour rejoindre la salle puisqu’une nouvelle fois, j’ai quitté Bruxelles par le mauvais côté. C’est donc avec un certain soulagement que j’aperçois Jihem qui m’attend sur le parking devant la salle. En fait, j’ai une nouvelle fois paniqué pour rien puisque les portes ne sont pas encore ouvertes et que l’ouverture est prévu pour 20h45, soit 45 minutes de plus que prévu. L’occasion pour nous de boire un verre et de redescendre en température après une journée bien éprouvante de ce côté. Un bon verre de coca bien frais en écoutant Yawning Man faire ses réglages, que demandait de mieux?
L’heure tourne tout doucement et quelque chose me dit que la soirée ne fait que commencer. Tout cela se confirme lorsque l’on voir Alfredo Hernandez s’installer en terrasse pour lui aussi profiter d’une boisson bien fraîche. L’ambiance est détendue au possible et Alfredo se prête volontier au jeu des photos et autographes. La thématique de la soirée sera donc : on prend son temps. 21h45. On dirait bien que la première partie va commencer son set, qui a dit qu’il était temps? Majestic Scene investit donc la scène du Den Hemel devant une foule des plus clairsemée.

Ce groupe hollandais ne me laissera certainement pas un souvenir impérissable mais aura au moins eu le mérite de me divertir en attendant le trio américain. Ils sont ici pour défendre leur cinquième album et ne se font pas prier pour cela. Ils enchaînent les titres qui comportent presque tous de longues parties instrumentales. Somme toute, à la fin de leur prestation je me suis dis que ça vaudrait peut être le coup de voir ce que ça donne sur cd et c’est bien là le principal pour une première partie. Il est temps pour Gary Arce et ses deux compères de monter sur scène à l’heure où les concerts parisiens se terminent. La salle n’est pas aussi remplie que ce qu’elle avait pu l’être deux mois auparavant pour Brant Bjork mais il y a tout de même assez de fans de rock pour ne pas avoir l’impression d’être seul. D’ailleurs, se sentir seul, c’est bien l’impression que m’a donné Gary face à son micro à le voir bredouiller quelques mots entre les chansons de façon aussi maladroite et timide.

Musicalement, on est très proche et en même temps assez éloigné de ce que l’on trouve sur le premier album du groupe. Tout d’abord, le son de guitare reconnaissable parmi cent est ici parfaitement reproduit non sans ajouter une petite dose de puissance fort bien venue. Ensuite, les chansons se retrouvent ici agrémentées de longs passages à la limite de l’improvisation. J’avais des craintes de trouver un set instrumental un peu répétitif mais ces longs jams contribueront pour beaucoup à dissiper cela.

Gary Arce est visiblement le maître à bord et c’est bien lui qui dirige tout ce beau monde. La communication avec les restes du trio lors des longs jams est constante; Alfredo Hernandez et Billy Cordell assurent une partie rythmique impeccable alors que Gary se lance dans de longues envolées planantes. Visiblement sous le charme, le public adopte une attitude très attentive à la limite de la fascination, à croire que la timidité apparente de Gary est contagieuse.

Le point culminant de ce show sera sans nul doute la montée sur scène du chanteur-guitariste de Hypnos 69 pour accompagner Gary à la guitare. On a du mal à croire que l’on a en face de nous une improvisation tellement le jeu de Steve s’accorde avec celui de Yawning Man et on sourit encore lorsque l’on repense à ce que nous disait Gary avant le titre, “on va voir ce que ça donnera, peut être que ça n’ira pas….”. Le groupe quitte la scène quelques minutes après sous des applaudissements au combien mérités.

“On vous fait encore un titre…heu….c’est un jam….heu…..faut dire que toutes nos chansons sont des jams”. Voila la phrase la plus longue de la soirée, prononcée juste avant d’entamer un superbe rappel qui clôturera ce concert d’un peu plus d’une heure.
Il est presque minuit lorsque Yawning Man quitte la scène cette fois ci de façon définitive, en tout cas pour aujourd’hui.
La soirée se termine comme elle a commencé, un verre de coca en terrasse.

shinkibo

Festimad 2005, Jour 2, 28 mai 2005, Madrid, Espagne

Il y a un paquet de groupes à l’affiche aujourd’hui, dont une dizaine de groupes qui vont défiler à partir de 14h sous la tente (de l’autre coté du site par rapport aux scènes principales), et il va bien falloir faire des choix : sur la grande scène vont évoluer d’affilée un incroyable échantillon de ce que la scène stoner compte de plus intéressant à l’heure actuelle. Un paquet de concerts qui vont s’enchaîner sans la moindre minute de répit, dès le milieu d’après-midi, jusqu’à tard dans la nuit ! En gros, l’orientation de la journée va être claire : ne pas arriver trop tôt (canicule, fatigue…), et s’organiser pour voir le plus de concerts possibles tout en prenant de bonnes photos. Croyez-moi, c’est plus facile à dire qu’à faire. Sitôt arrivés, on va direct à la zone presse retrouver Hermano, pour interviewer Dandy Brown (qui était aussi là la veille, et qui partira le soir même pour les Etats-Unis). Du coup, ben on rate sur scène les thrashers de Hamlet (gloires nationales en Espagne !) et le début de The Eighties Matchbox B-Line Disaster (pas génial !). Les choses sérieuses commencent avec Five Horse Johnson à 17h30 : c’est le début d’une série frénétique de concerts, sans répit. On le savait déjà, FHJ assure grave sur disque (voir nos chroniques CD), il nous restait à voir ce que ça donne en concert. Et bien ça marche bien ! Bon, certes, Brad (guitare) et Steve (basse) ne sont pas des bêtes de scène, mais ils assurent ! Jean-Paul Gaster, le batteur de Clutch, assure l’intérim avec la touche de feeling qui participe à la grandeur de Clutch, et en plus, que demande le peuple, il s’éclate ! Le hard-rock-sudiste-stoner-boogie de trio (à la recherche d’un nouveau batteur) semble lui convenir, et il assure avec brio la quatrième roue de la Mustang. Le maître de cérémonie, c’est quand même Eric, le chanteur. Au bout de 30 secondes, il est déjà rouge et dégouline de sueur : la canicule madrilène ne doit pas convenir à la carrure de l’animal. Mais il ne le montre pas, sa voix rocailleuse et puissante est sans faille tout au long du concert, qui fait la part belle aux morceaux de “Last Men On Earth”, avec quelques inédits et oldies. Un concert impeccable, et une somptueuse introduction à ce qui nous attend : du feeling par caisses entières !


5 secondes après que la dernière gratte de FHJ soit posée, on entend les premières suaves vocalises de Nick Oliveri qui balance l’intro de “Six Shooter”. Et là, agréable surprise. Je m’étais toujours imaginé Mondo Generator comme un patchwork de musiciens faisant figuration derrière Oliveri, mais cette époque est révolue : désormais trio, le duo gratte-batterie de Winnebago Deal se démène sur scène comme deux beaux diables, comme si c’était leur groupe, finalement ! Résultat, ben musicalement ça assure ! L’homogénéité est là. Première surprise, donc. Deuxième surprise, le concert est bon, voire excellent, et les compos, un peu sous-estimées sur disque, ont une seconde vie en concert. Certes, le grand bassiste hurleur pioche allègrement dans le répertoire des Queens, mais bon… On lui en aurait voulu de faire autrement, finalement, tant certains morceaux de QOTSA sont liés à la personnalité d’Oliveri. Troisième surprise, et pas la pire : on sent une véritable électricité dans l’air en voyant la silhouette ténébreuse d’un très ancien partenaire d’Oliveri monter sur scène pour le rejoindre. C’est ni plus ni moins que John Garcia, qui était avec Nick dans Kyuss en 1992 ! Plus de douze ans plus tard, un duo mythique foule donc les planches et se lance dans un “Allen’s Wrench” plus historique qu’autre chose, finalement : je ne sais pas si on écoute vraiment la musique et la qualité d’interprétation, dans ces moments-là. Magique.


Comment mieux revenir sur le plancher des vaches que par un bon concert de Clutch ? Franchement, l’enchaînement est un vrai délice… Dès les premiers accords, on se laisse bercer et entraîner dans les griffes du trio instrumental, et Neil Fallon, avec une assurance sans faille, surenchérit avec des vocaux toujours chaleureux et percutants. Il se fait plaisir, et ça se voit : il hurle, il sautille, il va voir ses collègues, il arpente la scène, il est vraiment le centre d’attraction du groupe et il assume avec classe et talent. Parce que oui, il ne faut pas vraiment demander à Dan et Tim d’assurer le spectacle : chacun dans son coin joue ses parties avec une aisance et une concentration troublantes. Ces mecs là ont le groove au bout des doigts, et ils le laissent glisser sur les cordes de leurs instruments sans que l’on ne puisse déceler la moindre difficulté dans l’exécution. Remarquable. Mais au delà de ces performances musicales, ce qui scotche en premier à chaque concert de Clutch, c’est le GROOOVE (oui, en majuscules). La paire Dan/Jean-Paul balance des lignes rythmiques somptueuses, rondes et ventripotantes, chaleureuses, sur lesquelles les autres peuvent s’éclater – ce qu’ils font sans retenue. La gratte de Tim est le parfait pendant mélodique à ce duo magique, et il n’est pas rare de voir Neil se mettre en retrait sur le coté de la scène, non pas pour regarder avec satisfaction plusieurs dizaines de milliers de personnes sautiller avec le sourire aux lèvres (ça doit valoir le coup d’oeil, vu de là-haut), mais bel et bien pour regarder ses 3 potes balancer le GROOOVE à coté de lui… Même lui, qui les a vus des centaines de fois jouer ensemble, ne se lasse pas de voir la magie opérer. Il n’est pas le seul, d’ailleurs, puisque la totalité de System Of A Down est sur le bord de la scène en train de hocher la tête avec le sourire, et de chanter les chansons par cœoeur !

A noter la participation discrète du désormais claviériste à plein temps, presque dissimulé derrière le mur d’amplis, et qui rajoute des “nappes” mélodiques absolument délectables sur tous les morceaux. On se demande même comment les chansons pouvaient exister avant qu’il n’y ajoute sa touche. Idem pour un second guitariste, intervenant à mi-concert pour épauler le groupe. Que dire de la set list sinon ? Une poignée de morceaux de Blast Tyrant, quelques uns de Pure Rock Fury, quelques uns plus vieux, d’autres inédits issus de leur prochain album… Le tout constitue un concert remarquable, ponctué d’impros à tomber par terre (le solo de batterie !!!), et qui se clôture comme sur toute la tournée en cours (sur laquelle ils partagent l’affiche avec Five Horse Johnson) par un morceau avec Eric de FHJ à l’harmonica : ça GROOOVE plus que ne peut en supporter un être humain normalement constitué… Un concert parfait en tous points.


Encore un enchaînement de luxe : c’est Hermano qui prend la suite de Clutch, et le combo est en forme ! Etonnant, presque, pour un groupe qui n’a pas joué ensemble depuis des mois, et qui se retrouve pour un seul et unique show aujourd’hui à Madrid (pas de tournée en cours, ni en prévision). La performance n’en est que plus appréciable, et la puissance de ce show sera manifestement à mettre uniquement au crédit d’une entente parfaite entre les musiciens. Chris Leathers a bien pris ses marques, et assure à la batterie. Idem pour Dandy qui balance des lignes de basse impeccables, taillées pour le hard rock de la meilleure facture. Du pain béni pour tout musicien. Dans cette situation confortable, le duo guitaristique ne peut qu’exceller – ce qu’il fait. Le second guitariste, Olly (le même que sur la dernière tournée européenne), assure gentiment ses parties mais se retrouve largement sous-mixé, ce qui tend inévitablement à mettre en avant la performance du second (premier ?) leader de Hermano sur scène : Dave Angstrom. Angstrom est taillé pour la musique, né pour la scène, avec une gratte dans les mains. Il délivre non seulement impeccablement toutes ses parties (rythmiques, soli), mais balance SANS ARRET des petits licks de guitare, des petites intros “clins d’œil”, des impros souriantes ou surprenantes… Bref, on ne s’ennuie jamais ! Outre les clichés guitaristiques (joue de la gratte avec les dents, etc…) dont il s’acquitte avec talent et sincérité, on se délecte des diverses facéties du jeune homme : il crache son verre d’eau sur la tête de Garcia en pleine pose “hard rocker à genou devant son public”, ou encore, quand Garcia demande au public où sont les joints dont il sent l’odeur, il hurle dans le micro “Ne l’écoutez pas, les gosses : la drogue c’est mal ! Enfin, pour ceux qui ont quelque chose de plus sérieux, retrouvez-moi après le concert dans la loge 24, au fond sur votre gauche”… On peut le regarder grimacer et évoluer sur scène pendant le concert entier, on ne se lasse pas. Objectivement, néanmoins, force est de reconnaître que les yeux sont surtout dirigés vers John Garcia. Un John Garcia à la forme remarquable (il a perdu du poids le bougre, il a fière allure !), vocalement au top, qui ne manque pas une note, aussi aigue ou difficile soit elle ! Du grand Garcia, peut-être pas le frontman le plus exubérant et flamboyant du monde, mais chargé à bloc de charisme et de talent.


On croyait avoir tout vu en voyant le père Garcia rejoindre Mondo Generator sur scène tout à l’heure… Et ben non, retour d’ascenseur : c’est Oliveri qui rejoint Hermano sur son terrain à la fin du concert… Et la sincérité du geste, ainsi que l’émotion engendrée, sont palpables. On s’enlace, on partage son micro, on se sourit… Le public n’existe plus, sur scène les musiciens se regardent, essayent quand même de jouer et chanter en même temps (ce qu’ils arrivent à faire de fort belle manière, je vous rassure…). Le groupe “bredouille” le début de “Wrench” (sur lequel Nick ne sait pas vraiment où et quand chanter), puis surtout “Green Machine”, un morceau que Hermano joue à quasiment tous ses concerts. Les musiciens sont donc bien rodés, et Nick alterne le chant avec Garcia (quand Garcia lui fait signe de se lancer pour le couplet suivant…). Encore une fois, c’est bien la sincérité de la démarche qui touche le plus. C’est avec une petite boule dans la gorge qu’on voit les musiciens saluer le public et quitter la scène… Quelle baffe !

Encore une bonne claque en prévision alors que Fu Manchu monte sur scène, allume les amplis et balance la sauce ! A première vue, ils sont pas venus là pour déconner. Ca bastonne sévère. “Hell on wheels”, “California Crossing”, “Eatin Dust”… Les morceaux s’enchaînent, et le groupe se défonce, sautant dans tous les sens, beuglant derrière le micro… Et pourtant je ne sais pas, je ne suis pas conquis. Ce n’est pas le Fu Manchu dont je suis tombé amoureux il y a 10 ans. Je n’ai rien contre l’évolution, je ne suis pas un passéiste forcené, au contraire. Mais que reste-t-il des rois du fuzz et du “skate-stoner” californien ? Une sorte de “skate-rock” efficace mais sans grand relief. Sans son aura “historique”, quel serait vraiment le succès de Fu Manchu aujourd’hui ? Difficile à dire ! Les dernières productions du Fu m’ont laissé de marbre, sans émotion. Un peu comme ce concert, de bonne facture, mais… sans rien de spécial.

Et c’est au milieu (au début en fait !) du concert de Fu Manchu que la catastrophe arriva. Au bout d’un moment, le vent se soulève franchement, amenant avec lui des bourrasques de poussière dures à supporter (difficile de respirer !). Alors que l’on se réfugie vers la tente VIP sur le coté de la scène (un luxe que n’ont pas les autres spectateurs), le groupe s’interrompt soudain. On découvrira plus tard qu’un bout de la scène d’à coté (pas celle où jouait le groupe) a cédé sous les assauts du vent. En attendant, les bourrasques ne faiblissent pas, et les gens se pressent sous cette tente, refuge inespéré des plus aguerris. Et ça dure plusieurs heures, ainsi, sans infos ! Au bout d’un moment, enfin, une fois la nuit bien tombée, le vent s’est calmé et permet de sortir de la tente pour contempler un triste spectacle : un site amorphe, un public toujours un peu agité, mais un silence pesant, des spectateurs qui se font la courte échelle pour escalader et envahir petit à petit les “tribunes VIP”, la scène étant simplement ponctuée de bribes sonores émanant de la distante scène couverte (une aubaine pour les petits groupes qui évoluaient aujourd’hui sur cette scène : ils ont eu plus de public qu’ils n’auraient pu en rêver !). Les 2 scènes principales sont dans le noir. Tout d’un coup surgit sous les sifflets une personne sur la grande scène, apparemment quelqu’un de l’organisation : mon espagnol n’est pas terrible, mais je comprends qu’il fait allusion à des problèmes techniques, et demande au public de garder patience. Alors qu’il se retire de scène après ce message, la caméra sur pied articulé qui filmait les concerts filme le public, vu du dessus, et l’image effroyable est retransmise sur les écrans géants : on voit alors des milliers de personne se presser contre les barrières de sécurité devant la scène… Et ce mouvement de quelques milliers de personnes fait froid dans le dos, quand on pense à ce qu’il pourrait donner, épaulé des quelques dizaines de milliers de personnes présentes, usées par 2 jours de festival physiquement éreintants, passablement énervées. A l’heure qu’il est, Incubus aurait déjà du terminer son concert et System Of A Down était censé monter sur scène. Devant l’absence absolue du moindre mouvement sur l’une ou l’autre des scènes, on prend la décision de quitter le site avant de voir le public s’énerver vraiment : on est là pour s’éclater, or là il n’y a plus de plaisir… Et on a bien fait se partir ! Les stands de bouffe, de merchandising, les bars, tout a été saccagé par les spectateurs en colère quelques heures après notre départ. Incubus a joué, presque 5 heures après l’interruption, et System Of A Down a quand même assuré son concert, au beau milieu de la nuit. Un concert que l’on peut imaginer anecdotique vu le contexte… Notre départ ressemblait donc bien à une bonne décision. Une journée chargée d’émotion et de moments épiques (voire historiques !), qui finit sur une teinte étrange. Mais ça ne gâche en rien la qualité de ces 2 jours, certainement l’une des plus grandes densités de groupes stoner remarquables proposés en quelques heures. Un grand moment et une expérience inoubliable !

Laurent

Festimad 2005, Jour 1 (Slayer, Mastodon, The Hives, Turbonegro…), 27 mai 2005, Madrid, Espagne

Saletés d’espagnols, ils ont vraiment un problème avec la signalisation… Après s’être tapé plusieurs centaines de bornes en voiture pour rejoindre Madrid, on passe bien 1h30 sur les 10 derniers kilomètres, à tourner en rond autour du Festimad, et surtout autour de notre hôtel dans les parages (ben oui, c’est fini l’âge où on campait ou qu’on dormait dans les voitures après les concerts, on est devenus des vieux cons !). Du coup, il est 14h et on commence à avoir la pression : le planning semblait peinard, et je commence à flipper… Ben ouais, l’interview avec Mastodon est prévue à 15h30… On se pose à l’hôtel, préparatifs (appareil photo, magnétophone…) et direct vers le festival. On tourne un moment en rond pour trouver le parking “azul” (en fait c’est toutes les rues d’une zone industrielle entière qui sont le parking !), et la cabine qui distribue les accréditations (très pro !). Enfin on rentre sur le site, on traverse le camping (spectaculaire) sous la canicule, et là, voyant l’heure avancer, on demande la “zona prensa” à tous les organisateurs qu’on voit. Résultat : on se fait balader sur tout le site du festival, on passe par des entrées détournées, etc… Mais finalement on trouve, on se dirige haletants vers la fameuse zone presse, et à 15h29 environ, je tombe sur les mecs de Mastodon qui discutent dehors, peinards ! Ouf ! Enfin, le lieu est mal choisi (l’entrée des backstage, debout sur le bitûme, 45°C sans ombre), mais on taille le bout de gras (Brann, le batteur : “Une interview ? Que veux-tu savoir ? Alors en ce qui me concerne j’ai eu une enfance plutôt heureuse, ma couleur préférée est le bleu, j’aime les pancakes, la bière, à une époque je rasais le torse des mecs, un passe-temps comme un autre”…). On se dirige finalement vers la vraie zone presse, plus loin encore (15 minutes de marche depuis le lieu des concerts !), une immense salle climatisée, un bonheur dont on déguste chaque seconde… Au bout d’un moment on vient nous chercher pour aller interviewer “proprement” – devienez qui ! – Brann Dailor, le même batteur de Mastodon qui déconnait avec nous il y a un moment. Le bonhomme se révèle sympathique, pas immensément affable, mais intéressant.

On voit encore quelques zicos défiler (Dillinger Escape Plan, Wednesday 13, Caliban, les Hives…), et on prend la difficile décision de quitter cet espace de confort absolu pour rejoindre l’aride site du Festimad.

Le nouveau site du Festimad n’a pas la “verdoyance” du précédent : c’est une immense pleine terreuse, sèche, où chaque mouvement de foule ou soubresaut venteux soulève un nuage de poussière suffocant… Un vrai bonheur ! Dillinger Escape Plan déboule sur scène, et ne fait pas dans la demi-mesure : de gros bourrins ! Les ricains jouent une sorte de hardcore très élaboré, très technique (genre Sick Of It All rencontre Meshuggah), mais aussi très violent. Carton plein auprès du public, donc, au cours de cette 1ère journée dont l’affiche n’est franchement pas portée sur la musique de chambre. Pas mon trip musical, mais le public adore.

Les Hives enchaînent immédiatement, grâce à l’excellente configuration de la scène : 2 scènes de même taille sont positionnés l’une à coté de l’autre : le public voit sans bouger les groupes alterner sur une scène puis l’autre, sans pause. Les Hives évoluent dans un autre genre, mais font un carton au moins équivalent : plus bon-enfant, leur musique dépote franchement en concert, et le groupe se donne à chaque fois sans compter. Chaque musicien se fait remarquer à sa façon : leurs attitudes scéniques sont franchement originales et complémentaires (et, chose remarquable, correspondent à leur véritable attitude dans la vie, comme nous avons pu le constater en coulisse). Un concert remarquable, encore un à leur tableau de chasse.

Un petit détour ensuite par le chapiteau pour aller jeter une oreille aux vieilles trognes de Sick Of It All. Les vétérans (et leaders ?) de la scène hardcore new yorkaise ont blindé la tente de
pogotteurs, si bien qu’il est difficile de s’avancer suffisamment pour jeter un oeil à la scène ! Tout au plus distingue-t-on les frangins Koller sauter dans tous les sens sur scène en enchaînant les classiques “old school”, comme ils le répètent à loisir. Objectivement, ça marche. Les parages de ce carnage sonore étant peu propices aux discussions existencielles, nous partons nous sustenter au doux son de Turbonegro… Un véritable bain de jouvence ! Les vieilles gloires du punk rock scandinave ont toujours fière allure, et on reconnaît ces bons vieux classiques (“The Age Of Pamparius”, “I Got Erection”…) avec le sourire. Tout cela n’a pas pris une ride, et le père Hank a toujours la pêche ! Ah, nostalgie, quand tu nous tiens… Le moment est venu de faire son choix : en simultané démarrent Nightwish sur la grande scène et Mastodon sous le chapiteau… hahaha… Je me retrouve donc devant les 4 furieux américains
qui ne font pas dans la demie mesure. Jouant juste avant leurs idoles de Slayer, Mastodon n’est pas pour autant décidé à déclarer forfait : ils se battent jusqu’au bout et parviennent à bien entamer les tympans et les corps de l’auditoire. Le headbanging fait fureur, et le pit s’anime (un signe qui ne trompe pas : les nuages de poussière s’élèvent du milieu du public !), tandis que les zicos alignent les titres exécutés de manière magistrale. Soli à gogo, poses rock n’roll en veux-tu en voilà, festival technique de Brann derrière les fûts, grimaces et hurlements de Troy derrière le micro (et la basse)… Il y a des concerts dont on ne ressort pas indemne ! Féroce.


Le crépuscule descend alors que l’on a juste le temps de rejoindre la grande scène pour assister aux premières déflagrations sonores de Slayer. On peut aimer ou pas le thrash des californiens, on peut être (ou avoir été) fan, ou bien même détester le groupe, il est IMPOSSIBLE de ne pas ressentir le rouleau compresseur que constitue Slayer en live. Une machine à tuer, une mécanique parfaitement huilée, réglée au micron pour laminer les cages à miel et ramener les cerveaux à des fonctionnements exclusivement reptiliens. Caché derrière ses fûts (impressionnant set de batterie), Lombardo bastonne comme personne. Ce mec est fait pour jouer dans Slayer, même s’il s’amuse par ailleurs avec d’autre groupe, il est taillé pour ça. Tom Araya sourit entre les morceaux, présente les chansons à venir de manière plutôt laconique, mais assure impeccablement ses parties de basse et de chant. Quant aux 2 furieux du manche, de part et d’autre de la scène, pas l’ombre d’un sourire : ça fronce le sourcil, et ça aligne les accords à la perfection. Les soli fusent de part et d’autre, et ça fout toujours le frisson de se retrouver à 50 cm du gros pitbull Kerry King en train de coller un solo dans les aigus au milieu d’une furie de grattes thrash par le père Hanneman. Hallucinant.

Alors que toute la journée avait été placée sous le signe de l’organisation et de la ponctualité, il fallait évidemment que le révérend Marylin Manson se fasse remarquer, et pointe en retard d’une bonne demi-heure. Ayant déja vu l’animal une bonne demi-douzaine de fois en concert, j’ai pas une folle envie de jouer son jeu, et on décide de se casser avant de voir ses derniers caprices… Il est déja plus d’1h du mat, et la journée de demain s’annonce démentielle (Hermano, Clutch, Mondo Generator,…), on va donc aller reprendre des forces ! [A SUIVRE…]

Laurent

Mondo Generator, Amplifier, 23 mai 2005, AB Box, Bruxelles, Belgique

Beaucoup de choses se sont passées depuis que Nick Oliveri a quitté Queens of the stone age, y compris deux changements de line up pour Mondo Generator. On commence vraiment à se poser des questions sur l’avenir du groupe et même sur l’avenir musical de ce formidable bassiste au caractère bien trempé qu’est Nick. Pour commencer, parlons un peu de cette tournée européenne improvisée au dernier moment après que le groupe ait décidé de ne pas assurer la première partie de Turbonegro sur la tournée. Les raisons de ce changement restent obscures mais c’est bel et bien Mondo Generator que nous aurons ce soir en tête d’affiche, accompagné pour cette date uniquement d’Amplifier, groupe anglais très prometteur. 
Des anglais il y en a deux autres ce soir, Ben Perrier et Ben Thomas, soit 100% du groupe Winnebago Deal qui forment ici le reste de Mondo Generator. Nick et les « bens » ont déjà eu l’occasion de jouer ensemble lors d’un concert du duo anglais et on savait l’entente entre les trois hommes au beau fixe, mais de là à littéralement fusionner… 

J’avais eu l’occasion de discuter avec Ben (lequel hein ?) il y a quelques semaines et il m’avait dit qu’il commençait à répéter avec Ben (l’autre !) environ vingt cinq titres du répertoire deMondo Generator (et Queens of the stone age). Moi je veux bien les gars, mais vous êtes en tournée actuellement avec High on Fire et Brant Bjork, vous faites ça quand ? 
Toujours est il que ce 23 mai, je suis ravi de rencontrer à nouveau Ben (allez, je vous le dit, je parle de Ben Thomas…le batteur ! suivez un peu !) en ce milieu d’après midi dans les rues bruxelloises. Au fil de la discussion il me dit qu’ils ont bien avancés sur les répétitions et qu’ils prévoient même de jouer une vingtaine de titres ce soir. Il me dit aussi que le show de la veille c’est bien passé. Je veux bien le croire, mais j’attendrai ce soir pour avoir un avis tranché sur la question quant à savoir si deux gars peuvent apprendre vingt cinq titres en quelques jours tout en étant en tournée à travers l’Europe ! 

Je ne vous l’ai pas encore dis, mais j’adore Nick, je suis fan deWinnebago Deal depuis leur premier EP et le premier album d’Amplifier est pour moi le disque de l’année 2004, rien que ça ! C’est donc le premier que j’arrive devant la salle tel une groupie désirant voir ces idoles de plus prés. Rejoins quelques minutes plus tard par notre très sympathique « confrère » de Psycotic S.TFrançois Becquart, qui nous écrira aussi une superbe chronique sur ce show j’en suis sûr. Finalement, à l’ouverture des portes, c’est sur les doigts d’une main d’un boucher maladroit que l’on compte les fans présent puisque nous somme quatre à nous précipiter dans la salle tel un adolescent boutonneux qui se précipite en kiosque pour acheter le calendrier FHM en décembre. Forcément bien placés, nous voyons la salle se remplir très lentement pour finalement atteindre la petite centaine lors de la venue de Mondo Generator sur scène. 

Mais avant cela, ce sont les anglais d’Amplifier qui montent sur scène pour tenter de convaincre la « foule » du bonheur que peut apporter l’écoute de leur musique. Très perplexe avant le début du show sur l’équipement utilisé par le groupe, je vais finir le show totalement bluffé et hypnotisé par tant de talent. Le bassiste et le guitariste ont à leur pied une collection impressionnante de pédales d’effets divers et variés qui doit bien atteindre la quinzaine chacun ! Il faut dire qu’Amplifier produit une musique particulièrement recherchée et qu’ils ne sont pas avars d’effet en tout genre, mais de là à reproduire tout cela en concert, je demande à voir. Et justement, je vais voir et en prendre plein les oreilles avec un set de 7 titres pour 45 minutes d’une énorme puissance. 
Le show démarre avec le long passage instrumental de « Motorhead » et le ton est donné avec un son puisant et brut. Bien que l’interprétation soit plus épurée qu’en studio, le groupe, et en particulier le guitariste, ne cesse de jouer avec le son et je commence à comprendre le pourquoi de ce nombre de pédales ce trouvant à leurs pieds. Car il faut bien dire que le guitariste, non seulement chante, joue de la guitare, mais joue aussi de la pédale à effet avec ces pieds et ce fut impressionnant de le voir taper sur ces pédales au rythme d’un batteur de punk. Les titres de leur premier album s’enchaînent et le groupe nous offrent là une prestation exemplaire et particulièrement convaincante. Le set se termine sur une interprétation hallucinante de « Airborne » qui me laissera sans voix. 

Après la demi heure de pose réglementaire, Nick, Ben et Ben arrive sur scène pour entamer un set qui confirmera tout le bien que je pense des ces trois rockeurs. La vingtaine de titres annoncés par le batteur sont bien inscrits sur la set list et le tout sera interprété en un petit peu plus d’une heure. Rock’n’roll !! 
Le groupe démarre très fort en enchaînant Six shooter, Here we come, Fuck yeah i’m free et Jr. high love sans même reprendre son souffle. Le ton est donné, amateur de pop guimauve s’abstenir. Alors que beaucoup d’entre nous ont les yeux rivés surNick Oliveri, mon regard se porte la plupart du temps sur les deux Ben qui ont une nouvelle fois confirmé tout le bien que je pense d’eux. Les parties de batteries et de guitares sont interprétées à la perfection. Je ne vous parle pas là d’une perfection que l’on atteint au bout de millier d’heures de répétition mais bien de celle que nous recherchons tous, nous les amateurs de rock. Le son noisy, l’attitude, la gestuelle, la dépense d’énergie non calculée, tout y est. La façon de jouer très pure de Ben Perrier nous fait redécouvrir des titres, notamment ceux deQueens of the stone age (7 en tout ce soir). Epurés de tout effets, cette façon de jouer me fait percevoir ces titres d’une nouvelle manière tout en me confirmant l’énorme potentiel de ces chansons. Nick Oliveri quant à lui est encore et toujours fidèle à lui-même, le regard droit, l’air rageur, criant dans son micro et tapant sur sa basse comme jamais. Fort peu interactif avec le public, l’ami Nick va à l’essentiel ; griller un maximum de tympans, les miens s’en souviennent encore, mais surtout utiliser sa musique comme un exutoire pour se décharger de toutes ces rancoeurs et frustrations ou comme un catalyseur pour atteindre cet état d’exaltation tant recherché. 
Le concert se termine avec un Millionnaire ahurissant et la seule chose à dire au final, c’est « gimme some more ! » 

Ayant vu Mondo Generator dans sa formation que beaucoup considéraient comme une « dream team » (Alfredo Hernandez,Molly Mc Guire, et Dave Catching), j’affirme sans hésitation que Nick à trouver en Winnebago Deal, les partenaires idéaux pour ce groupe maudit. Il ne reste plus qu’à espérer que l’aventure se pérennise et que les trois loustics nous enregistrent une galette qui sera à coup sur un chef d’œuvre punk ! 

set list: 
Six shooter 
Here we come 
F.Y.I.F 
Jr high love 
So high, so low 
Do the head right 
Shwanette 
Quick and to the pointless 
All the way down 
Ode to clarissa 
I want you to die 
Gonna leave you 
4 corners 
There she goes 
Autopilot 
Open up and bleed 
13th Floor (tension head) 
Simple exploding man 
Wake up screaming 
Millionaire

Shinkibo

The Atomic Bitchwax, The Killbots, 20 Mai 2005, Diest, Belgique

Moins d’un an après sa venue précédente, Atomic Bitchwax est de retour en Europe. Pour rappel, le groupe avait jeté l’éponge en 2003 suite au départ de Ed Mundell qui avait préféré se concentrer uniquement sur sa carrière au sein de Monster Magnet.
Suite à leur collaboration avec Finn Ryan (guitariste/chanteur de Cöre, groupe trop éphémère de la prolifique scène du New Jersey), Chris Kosnik et Keith Ackerman avait profité de la tournée de Black Nasa (dans lequel ils officient tous deux) pour reformer Atomic Bitchwax. Les 3 nouveaux compères avaient sillonné les Etats Unis et l’Europe sans aucun nouveau matériel à promouvoir mais pour le plus grand bonheur des fans trop tôt orphelins.
L’alchimie fonctionnant à merveille, ils décidèrent de rapidement concrétiser cette nouvelle association par l’enregistrement d’un 3ième album avant de repartir à l’assaut des clubs. Soucieux de soutenir la scène locale, Orange Factory a confié la première partie à The Killbots, originaire du Limbourg voisin. Bien que la base de leur musique soit un heavy rock à la Nebula avec une voix plus agressive, ce groupe n’hésite pas à aborder d’autres styles très variés, passant du Boogie au Stoner classique (si çà existe) tout en ne rechignant pas sur une intro funky ou un break doomesque. Bien que la majorité des morceaux soient construits à partir d’un riff souvent efficace, les Killbots expérimentent en développant pleins d’idées au sein d’un même morceau. Parfois même un peu trop, les enchaînements un peu légers donnant l’impression de collages pas toujours réussis. Mais leur expérience scénique (ils ont du écumer toutes les petites salles de Flandre) gomme ces quelques imperfections qui font finalement le charme des groupes amateurs. Ils semblent très sincères, n’en rajoutant pas des tonnes pour impressionner le public et on arrête rapidement d’analyser pour se laisser séduire par leur prestation.

La première fois que j’ai vu Atomic Bitchwax, j’ai pris une claque monumentale. Le genre de concert dont on ressort titubant, conscient qu’on vient d’assister à quelque chose d’unique et éphémère. Un moment presque mystique pendant lequel on entre en communion totale avec la musique, une expérience rare et inoubliable. Ce soir là tout était parfait : le groupe, le son, l’ambiance, la salle, … Chris, Keith et Ed m’avaient emmené très loin avant de me laisser confus mais heureux. Il y avait bien sûr leur virtuosité légendaire, leur enthousiasme, cette façon particulière qu’a Mundell de vous en foutre plein les oreilles tout en restant très modeste. Mais il y avait plus. Il y avait cette chose indicible qui fait toute la différence entre un bon concert et un moment d’anthologie. Il y avait la magie.
Ce sont les souvenirs qui me reviennent à l’esprit quand Chris Kosnik investit la scène en arborant un t-shirt collector de Mötley Crüe. Après une courte intro instrumentale, ABW nous balance directement « Hey Alright », bombe speedée et irrésistible. Keith Ackerman, fidèle à lui-même, frappe dans tous les sens. Ce batteur est aussi agréable à écouter qu’à voir tant son jeu est virevoltant. Avec Kosnik, il forme probablement une des meilleures sections rythmiques du moment et les 10 années passées à jouer ensemble dans un tas de projets a créé une symbiose entre eux qui reste pour moi un des attraits principaux du groupe.
Finn Ryan n’est pas en reste et semble beaucoup plus à l’aise que l’année passée. Son jeu sonne un peu plus brouillon que celui de Mundell mais l’acoustique assez moyenne de la salle contribue probablement à cette impression. Il enchaîne néanmoins solos et rythmiques avec aisance et s’en sort bien dans le rôle ingrat de faire oublier le grand Ed.
La set list est composée pour moitié de nouveaux morceaux dont la majorité est chantée par Ryan. Certains sonnent comme du ABW pur jus (Dark Chi, The Destroyer, …) mais d’autres, comme «You Can’t Win » ou «You Oughta Know » déçoivent un peu. On a l’impression que le groupe nous offre une version édulcorée de sa musique, les structures étant beaucoup plus classiques et les mélodies vocales prédominantes. Ils manquent ces petits breaks qu’on retrouve dans les anciens morceaux et pendant lesquels on a parfois l’impression que les 3 musiciens jouent en solo en même temps. Les réactions du public sont d’ailleurs beaucoup plus chaleureuses sur les classiques que sont « The Cloning Chamber », « Stork Theme » ou « Shitkicker » et on en vient à attendre les vieux morceaux, ce qui n’est jamais de bonne augure. Malgré cette légère déception, The Atomic Bitchwax reste un groupe dont les prestations scéniques sont largement au-dessus de la moyenne. Leur technique impressionnante reste toujours aux service des morceaux et ne tourne jamais à la démonstration gratuite et ils prennent énormément de plaisir sur scène. Kosnik introduit d’ailleurs « Birth to the Earth » en annonçant qu’il adore jouer ce morceau et son enthousiasme est très communicatif.
Après un bon vieux « Forty-Five » joué en rappel, le groupe reviendra une deuxième fois pour satisfaire un public les réclamant pendant plus de 10 minutes.
Malgré un nouvel album un peu en dessous de mes attentes, ABW nous a prouvé ce soir qu’il restait un groupe incontournable en concert. Avec ou sans Mundell.

Jihem

Ed Mundell, 16 avril 2005, Sojo, Leuven, Belgique

Samedi 16 avril 2005. Cette date restera marquée d’une pierre blanche pour tous les amateurs belges de stoner. C’est aujourd’hui qu’a lieu ce qui risque bien d’être le dernier concert au Sojo. Depuis cinq ans, l’association Orange Factory organise ses « Stoner Sessions » dans ce club mythique. Grâce au dynamisme d’une dizaine de bénévoles entièrement dévoués à la cause d’une musique encore sous estimée, nous avons pu assister aux concerts de la crème des groupes stoner. Dozer, Karma to Burn, Atomic Bitchwax, Earthlings?, Nebula, Hypnos 69, Hidden Hand, Los Natas, Brant Bjork, Colour Haze, The Heads, … La liste des groupes qui ont foulé les planches du Sojo est interminable.
Malgré des débuts difficiles, l’endroit s’est rapidement forgé une excellente réputation grâce à son charme désuet et à la qualité de l’organisation. On venait de loin pour se serrer dans ces quelques mètres carrés sombres et toujours enfumés.
Mais suite aux plaintes de quelques voisins grincheux, Orange Factory s’est vu interdire l’exploitation de la salle pour l’organisation de concert. C’est donc avec un goût amer dans la bouche que le public franchit une dernière fois les portes du lieu.
A l’affiche ce soir, Ed Mundell, guitariste de Monster Magnet et ex-membre de The Atomic Bitchwax. Seul avec sa guitare acoustique. Pour la petite histoire, Ed n’est pas en tournée mais il se trouve qu’il réside pour quelques semaines dans la région. Il a donc accepté de venir jouer au pied levé dès que la triste nouvelle a été annoncée.
Pendant qu’il discute tranquillement au bar en sirotant un verre de vin, la salle se remplit. Tous les habitués sont là, évidemment. Personne ne voudrait rater ce dernier rendez-vous, surtout avec un hôte de cette qualité.
Sur scène, un tabouret et un micro mais aussi une batterie et deux amplis. Pour un concert solo acoustique, çà fait beaucoup. On nous prépare forcément quelque chose.
Vers 21h00, Ed quitte le bar et parcourt les 3 bons mètres qui le séparent de l’estrade pour empoigner sa guitare. Sur un ton timide, il annonce qu’il va interpréter quelques morceaux uniquement instrumentaux et que si certains ont des souhaits particuliers, les demandes sont les bienvenues. Il entame son set par un morceau de son cru et l’assistance l’écoute dans un silence quasi religieux. Dans ces conditions de jeu, il est impossible de masquer les erreurs sous des tonnes d’effets mais Ed fait preuve d’une dextérité à dégoûter tous les guitaristes présents. Ils enchaînent avec deux morceaux basés sur des riffs de Monster Magnet qu’il adapte pour en faire des démonstrations de tout ce qu’il est possible de jouer avec une simple guitare acoustique. Le concept peut sembler rébarbatif mais ce surdoué nous offre une musique d’une richesse inouïe qui ne laisse personne indifférent.
Après une gorgée de vin rouge, il introduit « The Formula » en nous révélant qu’à la base, The Atomic Bitchwax était un groupe acoustique dont la musique ressemblait à ce qui va suivre. On n’en doute pas un instant.
Nous avons droit à deux morceaux supplémentaires avant qu’il ne s’inquiète de l’heure. Il est au courant de la situation et ne voudrait pas provoquer de problèmes en jouant après 22h00. Il n’est que 21h30, ce qui lui laisse le temps de jouer un dernier morceau avant de nous promettre une petite surprise. Il attaque alors une version incroyable de « Nod Scene » qui rend hommage au talent de composition de Dave Wyndorf. Le public réagit comme s’il s’agissait d’une version électrique de cet incontournable, certains se laissant même aller au headbanging.
Le temps de déposer sa guitare, il est rejoint par les membres de Hypnos 69 pour une deuxième partie de soirée qui promet d’être beaucoup plus électrique.
La dernière prestation de ce fleuron du stoner belge m’avait laissé dubitative. Le groupe s’est adjoint les services d’un saxophoniste et propose maintenant un rock orienté guitare truffé de passages expérimentaux plus jazzy. Tout cela est un peu décevant face à la débauche de riffs auxquels ils nous avaient habitués.
Mais ce soir, malgré la présence du saxo, c’est bien de rock’n’roll qu’il s’agit. Plutôt que de revisiter leurs répertoires respectifs, Ed Mundell et ses comparses d’une soirée se lancent dans une jam musclée faisant la part belle aux duels de guitares. Le public se déchaîne, conscient d’assister à un moment unique et éphémère. Ed dirige l’ensemble, lançant le thème principal avant de laisser les mecs d’Hypnos 69 improviser. Ils se connaissent depuis quelques jours et on à l’impression qu’ils jouent ensemble depuis des années. Le batteur s’adapte sans problèmes aux changements de rythmes pendant que le bassiste, d’une régularité sans failles, donne une base solide au morceau, permettant aux autres de partir dans des délires sans fin.
Après deux jams de près de 20 minutes, les musiciens quittent la scène devant une assistance hystérique. Si ce soir un voisin porte plainte pour nuisances sonores, ce sera probablement autant à cause de la clameur du public que du concert en lui-même.
Faisant fi de l’heure tardive et du risque de voir débarquer la police (qui risque d’être très mal reçue), le groupe remonte sur scène pour un dernier morceau sur lequel Ed et Steve se déchaînent, alternants riffs bien gras et solos bluesy. La complicité est totale, la machine tourne parfaitement et l’on voudrait que cela ne s’arrête jamais. Il est 22h45 quand les héros de la soirée finissent par déposer les armes. Même si chacun sait que ces murs ne résonneront plus de cette musique avant longtemps, ce sont bien des sourires qui illuminent la face des fidèles présents ce soir. On ne pouvait rêver mieux pour un dernier concert.
Merci Orange Factory.

Jihem

Maximus, El Thule, Truckfighters, 11 mai 2005, Den Drempel, Antwerpen, Belgique

Anvers, le bout du monde, 50 bornes, au moins 1 heure de route, les travaux en ville, les sens uniques partout, un véritable enfer ! Après bien des errements, je trouve par pure chance une place à 200 mètres de la salle. La salle, c’est vite dit !
C’est dans la cave du Drempel, un « pool-bar » comme disent mes amis flamands, que la jeune association « Smoke Catapult » organise ce soir son premier concert. Pour ce baptême du feu, nous aurons droit aux inséparables El Thule et Truckfighters, une équipe qui gagne. Maximus, les régionaux de l’étape se sont ajoutés à l’affiche en dernière minute.
Les 6 euros réclamés à l’entrée vous donnent immédiatement droit à une descente à tâtons le long d’un escalier sombre et glissant. Ensuite, il faut se diriger à l’ouïe vers la partie de la cave où à lieu le concert en évitant soigneusement tous les murs qui pourraient surgir sur votre passage. Un véritable enfer que je vous disais ! Maximus vient d’entamer son set. Après 2 morceaux, je commence à distinguer les musiciens et je me rends compte que je suis à côté de Wouter, l’organisateur de cette cérémonie dédiée au Fuzz cosmique. Ce n’est pas le light-show qui risque de ruiner son budget ! Par contre, le son est très correct.
Maximus pratique un rock assez groovy et mid-tempo dont le pilier est le bassiste/chanteur au jeu quasiment funky. Les compos recèlent de bonnes idées malgré des riffs un peu trop basiques et un batteur qui assure le minimum syndical. L’ensemble se laisse écouter sans être vraiment transcendant et le groupe y gagnerait à se dégotter un gratteux un peu plus inspiré. Place aux italiens de El Thule pour ce qui allait s’avérer être la bonne surprise de la soirée. Je n’avais que très moyennement apprécié leur album aux relents punk et je m’attendais à un concert composé d’une série de titres courts et expédiés. Ce ne fut pas du tout le cas.
Après une présentation prononcée avec un accent ne laissant aucun doute sur son origine, le minuscule guitariste attaque directement dans le vif du sujet. C’est d’énergie qu’il s’agit ce soir. Batterie sèche et rapide, basse ronflante et guitare saturée juste à point, je me dis que finalement, El Thule çà risque de le faire.
La recette du groupe est de mélanger différents styles (punk, heavy et rock garage) sans que l’un d’eux ne prennent le dessus, laissant de la place à chaque instrument. Pendant que le bassiste, pieds nus, ondule légèrement en rythme, le guitariste ne tient pas en place et termine la majorité des morceaux plié en deux, sa guitare touchant presque le sol. L’expérience accumulée aux cours des tournées récentes leur permet de se libérer complètement et de faire évoluer chaque titre vers une jam hypnotique. Ces jams, durant lesquelles ils ralentissent souvent le tempo, donnent une nouvelle dimension à leur musique qui devient de ce fait beaucoup plus riche qu’on ne l’imaginait. Pour le dernier morceau, ils inversent la donne avec une intro presque doom avant d’accélérer progressivement vers un final des plus chaotique.
Depuis, j’ai réécouté l’album et je n’ai pas changé d’avis. C’est définitivement sur scène que El Thule prend toute sa valeur. Il faudra un jour se pencher sérieusement sur la question suédoise. Depuis les balbutiements du stoner, ce pays a engendré un nombre incalculable de combos amoureux du gros son et du fuzz. Nombre d’entre eux ne sont que de pâles copies de Kyuss sans grand intérêt mais les nouveaux venus de Truckfighters sont à ranger dans le haut du panier. Leur album s’inscrit dans la lignée des meilleures productions de Dozer ou Astroqueen, bourré qu’il est de riffs accrocheurs agrémentés d’idées parfois audacieuses.
Reste à voir s’ils confirment tout le bien qu’on pense d’eux sur scène. Ils ouvrent avec l’irrésistible « Desert Cruiser » dont l’interprétation perd en finesse ce qu’elle gagne en puissance. Plutôt que de tenter de restituer fidèlement les détails de leur musique, Truckfighters opte pour un mur de son énooorme et très compact. Les quelques breaks plus calmes ne sont que prétextes à remettre la sauce de plus belle.
Après deux morceaux, le chanteur demande au public de s’approcher et ce sont les 50 personnes composant le public qui font un pas en avant. Visiblement enchanté par cette réaction, le groupe attaque « 6 takt-snabbt » (un nouveau morceau ?) avec une énergie incroyable, Dango descendant dans le public pendant un de ses solos.
Après ce début de concert très intense, TF nous donne l’occasion de reprendre notre souffle en développant des passages instrumentaux plus cool, le batteur allant jusqu’à quitter son poste pendant « New Woman » pour un passage des plus planant. Etant donné la durée des morceaux qui flirtent régulièrement avec les 10 minutes, nous n’aurons droit qu’a 6 titres et un rappel exécuté pied au plancher. Cela permettra néanmoins au groupe de faire la démonstration de toutes ses qualités, le concert étant finalement beaucoup moins linéaire que ce que les débuts laissaient présager.
Il ne reste plus qu’à souhaiter que Smoke Catapult (www.smoke-catapult.tk) nous offre d’autres soirées aussi réussies que celle-ci.

jihem

High On Fire, 26 avril 2005, Le Kab, Genève, Suisse

Dans le cadre de l’exposition d’affiches consacrée à Firehouse, le Kab de l’Usine proposait deux soirées rock. La première fut consacrée au collectif Artmode qui ne touche pas vraiment le petit monde du stoner si ce n’est que le vocaliste des Belges de Cowboy & Aliens participe au prochain album. La seconde quant à elle prévoyait Winnebago Deal et High On Fire.
Le duo anglais, qui a fraîchement rejoint Mondo Generator pour pousser la chansonnette avec Nick, n’a pas jugé utile de venir jusqu’à Genève. J’y crois à peine : ces types-là étaient prévus pour la tournée et hop ! Disparu de la circulation ! Les Ricains se pointent donc seuls ce mardi soir à Genève ; ce fût d’ailleurs le cas aussi le soir précédent. Bref passons sur ce sujet qui eut tout de même le doux don de m’énerver vu que c’étaient bien eux qui avaient motivé mon déplacement dans le sacro-saint temple genevois du rock. J’avais déjà vu High On Fire sur scène accompagné de Mastodon il n’y a pas si longtemps et en toute franchise j’avais pas passé une soirée désagréable, mais n’aurais pas bougé juste pour ces trois lascars.


Le trio ravageur qui du coup était seul pour animer la soirée débarqua sur scène en toute grande forme sur le coup des 10 :30 pour nous livrer un show des plus agressifs. Comme à l’accoutumé avec eux, la poésie n’était pas à l’honneur. Des batteries ravageuses, une basse épileptique, des riffs assourdissants et des vociférations d’aliénés, ce concert ne fut que débauche de bruits. Les vu-mètres dans le rouge en permanence (merci les tympans) j’avais pas jugé utile de me protéger) le show très redondant nous permit d’admirer la maestria du chef de meute à la gratte et de ses deux acolytes à la rythmique. Un truc que j’avais jamais vu sur scène se passa ce soir-là : une corde cassa sur la basse et, pendant que son détenteur procédait au changement avec ses ustensiles, les deux derniers complices poursuivirent le show sans même se donner la peine d’attendre que l’instrument ne vrombisse à nouveau. Accros à la rapidité de leur set, pendant lequel un nombre restreint de paroles furent échangées avec le public, le tapage peu mis en valeur par une sonorisation inspirée par les artilleurs de La Somme livra tout de même quelques moments de pure furie sonique assez plaisante à l’instar de ‘Speed Wolf’ tiré de ‘Surrounded By Thieves’.
Même s’il ne restera pas dans les anales de l’histoire du rock, ce concert me rabibocha avec ce groupe car le mélange d’énergie, de spontanéité et de dextérité dont font preuve ses membres est assez sensationnel sur scène.

Chris

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