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L’association organisatrice du Black Bass l’a annoncé il y a quelques jours : cette édition, la dixième, sera la dernière ! La programmation, étincelante cette année, prend tout son sens dans un contexte de “baroud d’honneur”, avec des noms prestigieux et excitants. Avec un peu de jugeote, on prend vite conscience que 100% de l’affiche de cette année est en fait constituée… de groupes ayant déjà joué sur l’une des précédentes éditions ! On aurait pu se douter que quelque chose de tramait…
Ce festival à taille humaine a, chaque année, réservé une part significative de son affiche aux différentes tendances du stoner, et c’est d’autant plus le cas cette année, notamment dans le haut de l’affiche… Notre retour “dans les marais” cet été était donc une évidence.
Le festival se déroule cette année sur trois jours au lieu de deux (mais votre serviteur n’aura pas pu assister au premier jour) mais pour le reste, peu de choses ont changé : on retrouve cette orga où chaque bénévole ou salarié a le sourire, où le public est relax… Le site est toujours aussi cool, dans cette clairière à l’ombre de grands arbres, adossé à une belle bâtisse, en pleine campagne, près de Blaye. Food trucks, jeux, tatouages (vrais ou faux…), tout est fait pour le plaisir du festivalier… et en plus il y a de la musique !
JOUR 2 :
BLACKBIRD HILL
Un trajet routier quelque peu encombré nous empêche d’assister au lancement du set de Blackbird Hill. Le duo guitare/batterie vient en regional de l’étape, et deroule un set efficace de leur garage rock bluesy-grungy. Le public n’est pas encore très fourni en cette fin d’après-midi, mais les sourires sont là, et les applaudissements nourris. Les lights sont peu efficaces avec ce magnifique soleil rasant, mais la mise en son est impeccable. Le groupe annonce non sans émotion le départ de son batteur, mais l’inamovible Maxime (qui aux débuts du groupe en était le batteur) reste à la tête du bateau et le groupe devrait continuer. Une bonne heure de set bien agréable en tout cas pour lancer la soirée.
WE HATE YOU PLEASE DIE
La scène 2, en vise-à-vis de la scène principale, au fond du site sous les arbres, est inaugurée aujourd’hui par un jeune trio français. A mi-chemin entre punk rock énervé et noise rock un peu plus ouvert, le groupe trouve assez vite son public, si l’on en juge par une fosse plutôt bien fournie. Le set déroule dans une agréable ambiance pré-crépusculaire, tranquille, sous les arbres… Un set sympa qui ne s’est toutefois jamais totalement emballé, et aurait gagné à un peu plus d’énergie.
LA JUNGLE
Encore un duo guitare/batterie sur la scène 1, mais on s’éloigne cette fois un peu du rock traditionnel. Les belges de La Jungle empruntent pas mal à l’électro entre autres pour leur musique (à peu près) instrumentale, qui repose beaucoup sur des beats de batterie nerveux et des rythmiques frénétiques, joués ad lib pendant de longues séquences. Un jeu de guitare vif et quelques loops viennent développer ce côté transe psyché qui emballe un public bien fourni qui dodeline gaiement. Le duo de musiciens ne s’économise pas, avec un guitariste en mode pois sauteur et un batteur qui se défonce derrière son kit minimaliste. Un moment léger et enjoué (et le créneau idéal pour les rockers intégristes pour aller se sustenter avec les derniers rayons de soleil).
YEAR OF NO LIGHT
Étrange de retrouver un groupe de cette trempe sur la petite scène (même si en réalité cette scène 2 est de belle taille). Le groupe culte de post rock girondin vient en voisin honorer le festival (à moins que ce ne soit le festival qui honore le groupe…), et garnit fort bien la scène avec sa configuration lourde (6 musiciens sur scène). Le contraste musical est un peu rude tandis que le sextette entame les premiers accords pachydermiques de son set, sachant que 10 minutes plus tôt le gros du public dansait joyeusement un verre à la main sous les derniers rayons de soleil. La lourdeur de la musique de YONL et sa lenteur viennent cueillir froidement le public pour l’emmener dans la noirceur de ce début de nuit, sous les bois. Hypnotique, rageur, enivrant, écrasant, le concert a beau être costaud, on est happé tout du long, bien aidés par un light show efficace et une mise en son massive. Gros set, un peu difficile à digérer pour une partie du public, mais parfaitement emblématique de la richesse et de l’éclectisme de la prog du festival.
Nous profitons de l’occasion pour souhaiter plein de courage à Shiran, guitariste du groupe, qui lutte contre une sale maladie selon les dires du groupe et était remplacé ce soir.
SLIFT
Rares sont les groupes auxquels on peut apposer le qualificatif “phénomène “. Slift, et en particulier son ascension fulgurante ces dernières années, fait partie du lot. Leur place de headliner de cette journée apparaît amplement méritée, au regard de l’attente qu’ils suscitent auprès du public, et l’on a pu s’en aprecevoir tout l’après-midi : tout le monde parle d’eux, de leurs concerts… Bluffant. De fait, il leur suffit de mettre le pied sur scène pour que le public soit déjà fou de joie. Le public leur mangerait dans la main même s’ils jouaient un set pourri ! Mais je vous rassure, ce ne fut pas le cas, et l’effet dévastateur du triplé introductif du dernier album (joué dans le même ordre pour lancer le concert) suffira à en faire la démonstration : le public est clairement dedans, ça slamme, ça headbangue, ça bouge, ça crie…
Sur scène, c’est efficace et solide. Tandis que Jean, le plus dynamique du trio, est clairement à fond dans son set , la section rythmique n’est pas en reste, bien loin de l’apathie… Et surtout qu’elle efficacité ! Dans ce style musical en particulier le “socle” des morceaux est crucial, et la robustesse qu’ils délivrent est – avec ces leads furieux et enivrants évidemment – l’une des principales clés musicales de Slift en live. La set list fait évidemment la part belle à Ilion, mais Ummon n’est pas oublié, avec un très efficace duo “Ummon” / “Altitude Lake” qui aura aussi laissé des traces.
Les toulousains quittent la scène avec le sentiment du devoir bien accompli, et nous quittons le site du festival avec un preque agréable acouphène qui nous guide dans les bras d’Orphée…
JOUR 3:
Même si le soleil est plus discret aujourd’hui, l’humeur est déjà à la fête en pénétrant sur le site, avec le traditionnel concours de air guitar qui accompagne l’arrivée des premiers festivaliers pour ce dernier jour.
THE GURU GURU
Le premier groupe du jour est ce quintet belge un peu étrange, qui amène avec lui un retour du soleil (à l’heure du coucher de soleil c’est un peu tard, mais c’est appréciable). La moitié des zicos déboulent sur scène en pyjama, ce qui laisse présager un set qui sera résolument placé sur le ton de la bonne humeur (les mimiques du chanteur et son jeu de scène saugrenu vont dans ce sens, comme quand il se prépare son cocktail en milieu de chanson ou change de “pyjama de scène” en milieu de set…). Musicalement, on est sur un rock sautillant protéiforme, qui emprunte autant au punk rock qu’à la pop, au surf rock, au métal, etc… Une entrée en matière sympa à l’heure de l’apéro.
IT IT ANITA
Le désormais trio liégeois est très attendu et le public se masse dans les premiers rangs. Dans une configuration scénique un peu atypique (le bassiste et le guitariste se font face dès qu’ils doivent prendre le micro) il ne leur faut pas longtemps pour susciter l’enthousiasme de cette fosse bien tassée. Leur noise rock aux souches punkysantes propose un cocktail impeccable dans ce contexte festival, apte à plaire à un grand nombre, et à en convaincre d’autres grâce à leur énergie scénique. Solide, efficace, et bien fait.
1000MODS
Plusieurs dizaines de spectateurs se placent déjà aux meilleures places devant la scène 1, plus d’une demi heure avant le set de 1000Mods. Une part du public se souvient peut-être du concert diabolique donné par nos hellènes lors de l’édition 2018 (rappel)… ou bien c’est simplement la réputation croissante du groupe qui se développe au-delà de la sphère stoner. Mais tout ne se sera pas forcément déroulé comme prévu dans la préparation, tous les instruments du quatuor étant restés quelque part en transit entre deux avions. Dépanné par des groupes locaux, rien ne semble déstabiliser le quatuor (qui se retrouve donc aujourd’hui équipé d’instruments disparates), qui propose avec un rugissant “Electric Carve” une entame plus que solide donnant le ton de la soirée : ce soir, 1000Mods prend l’option set list “zéro risque” avec rien moins qu’un best of de leur carrière, ratissant dans tous leurs disques pour y piocher ce qui se fait de plus efficace. Ils iront même déterrer rien moins que quatre morceaux de leur premier album de 2011 ! Les riffs groovy défilent non-stop pendant une heure, auxquels répondent des salves de slammers quasi in-interrompues.
En totale maîtrise de leur set, les musiciens sont à fond, même s’ils sont parfois un peu gênés par quelques soucis techniques. Le final voit s’enchaîner les vieux classiques “Vidage” et “Super Van Vacation” pour un effet redoutable. 1000Mods a enthousiasmé le public du BBF ce soir, signant encore une grosse prestation dans leur CV, qui en compte déjà un beau paquet.
JOHNNY MAFIA
Le dernier combo à fouler la scène 2 est un quatuor de punk rock en provenance de l’Yonne. Le groupe a ses afficionados, bien tassés sur les premiers rangs, qui dégustent chaque riff dispensé par ce sympathique et enjoué quatuor. Musiciens souriants et sautillants, power chords et compos de 4 minutes composent ce set qui remplira bien son job pour votre serviteur : attendre les maîtres de la soirée.
MARS RED SKY
De manière ô combien symbolique, c’est au trio girondin que revient l’insigne honneur de clôturer la dernière édition du festival. Une lettre d’adieu en forme d’hommage au groupe qui a vu sa renommée exploser depuis leur premier passage au BBF en 2014… Dix ans ! La symbolique est un peu folle, le dernier concert de l’histoire du festival revenant donc à un groupe qui avait officié sur sa première édition, et qui plus est un groupe local… L’émotion est palpable en tout cas, tandis que Jimmy annonce effectivement quelques surprises sur ce set.
L’intro va crescendo, à commencer par la confirmation en live de la qualité de “Slow Attack” et “Break Even” issus du dernier album. Le reste du set ressemble à une sorte de compilation qui vient re-visiter chaque album de leur discographie pour en extraire les plus grands classiques : “Apex III”, “Collector”, “The Light Beyond”, “Arcadia”… les années défilent, mais la cohérence musicale est toujours bien là, et les mélodies envoûtantes et lourdes s’enchaînent. Évidemment, pour un groupe aussi rodé, l’interprétation est solide et les musiciens impliqués (on notera un Julien un peu en retrait aujourd’hui). En milieu de set, le groupe invite Queen of the Meadow, la chanteuse qui officie sur “Maps of Inferno” du dernier album, pour une saisissante version live, bien accompagnée par un sublime light show en mode “flammes de l’enfer” (points bonus pour les lights sur tout le concert : projections, lumières, effets…).
Le final ne décevra pas : en introduisant le dernier titre de la soirée, le rideau blanc / backdrop utilisé durant tout le concert tombe pour laisser découvrir une assemblée de musiciens en fond de scène : guitares, basses, batteries… Poussant les potards émotionnels sur 11, le trio lance évidemment leur plus gros standard, “Strong Reflection” (qui est aussi leur premier morceau sur leur premier album…), boosté par tous ces musiciens supplémentaires, une assemblée constituée de membres de l’organisation du festival, de proches amis du groupe, d’acteurs historiques de la carrière de MRS, de copains et collègues musiciens… Le message est fort, l’hommage est vibrant de sincérité, l’ambiance est festive et émouvante… C’est mieux qu’un feu d’artifice non ?
Le cœur lourd mais le pas léger (on se sent encore un peu flotter dans l’espace), il semblerait donc que l’on foule pour la dernière fois les sentiers du Black Bass en prenant le chemin du retour… On n’arrive pas à réaliser que c’est à priori la dernière fois que l’on retrouvait ce petit coin familier et convivial des marais girondins. On s’était habitués à ce petit rendez vous de la fin de l’été, un festival d’initiés jamais élitiste, qui s’est toujours fixé comme ligne directrice de couvrir un spectre musical large mais en choisissant toujours des artistes doués, rares, et souvent pas encore connus. Le tout dans une ambiance détendue, mais reposant sur une organisation sérieuse de passionnés… On espère vivement que quelque chose renaîtra de cet héritage.
Après les dingueries stoner du deuxième jour, la fièvre du samedi allait-elle convaincre les dépêchés sur place de la rédaction ? Est-ce que la programmation bigarrée allait fonctionner en ce qui concerne l’audience de la Valley ? Le temps allait-il vraiment être pourri comme l’annonçaient certains sites (et certains festivaliers sceptiques) ? Les petites scènes allaient-elles être désertées vu la programmation en MainStage ? Allait-on croiser des charters de hipsters sur notre scène préférée ? Toussa toussa la vie en fest quoi. Le festival a proposé une palette musicale variée, avec des performances qui ont suscité des réactions mitigées.
SAMEDI
Përl a lancé les festivités avec son post-rock chanté en français, sous une pluie persistante. Leurs mélodies ingénieuses, mêlant chants clairs et hurlés, ont retenu l’attention du public.
Puis Konvent, avec son doom death metal danois teinté de black metal, a offert un son lourd et sombre, exigeant une certaine adaptation du public, qui a parfois eu du mal à suivre les transitions complexes entre les morceaux.
SPOTLIGHTS
Spotlights, un trio new-yorkais, a apporté une première note positive avec un mélange de post-rock, sludge et doom pour intellectuel en mal de sensations. La frontwoman, à la basse et au chant, a secoué la scène, livrant un set énergique.
DUST LOVERS
Dust Lovers, remplaçant Oxbow au pied levé, ont démontré leur expérience rock n roll et offert au public leur professionnalisme. Mais les jours sont sombres à défaut de nous reconquérir avec leurs nouvelles compositions, ils ont emporté dans leurs flycases une série de doigts tendus que le public augmente des siens à l’adresse d’un parti qui fait la Une en ce weekend d’élections. Merci à eux pour leur présence.
KVELERTAK
Kvelertak, avec leur punk-black metal norvégien, ont offert un spectacle dynamique, marqué par l’interaction du chanteur Ivar Nikolaisen avec la foule qui ira jusqu’à sauter a deux reprises dans la fosse, le gars est hors de contrôle et c’est pour le plus grand plaisir de tous. Probablement le concert du samedi.
CHELSEA WOLFE
Chelsea Wolfe, avec son style drone éthéré, a apporté une touche plus introspective, mais son univers n’a pas été accessible à vos serviteurs.
Mr. BUNGLE
Enfin, Mr Bungle a terminé la journée avec un set chaotique, où l’excentricité musicale a dominé. Cette journée de festival, marquée par des hauts et des mi hauteurs a laissé une impression mitigée, préparant le public à de nouvelles expériences musicales contestables le lendemain.
DIMANCHE
Le dimanche à la Valley est une goutte d’eau dans la liste des beaux concerts que nous aurons eu la chance de voir.
HERIOT
On assistera à Heriot et restera bouche bée devant leur puissance et leur maîtrise scénique, avec quelques beaux faits d’armes depuis 2014.
HIGH ON FIRE
HIGH ON FIRE
Au final, le concert de la journée – dans notre domaine – sera celui de High On Fire, avec un Matt Pike tout en tatouages et en tétons (merci à Iro22 pour cette accroche), qui assure le show, épaulé de puissants comparses qui ne lâchent rien du set. Quelle idée de planifier ces monstres à midi sur une mainstage ? Le créneau horaire associé, d’une quarantaine de minutes maxi, ne permet pas de tergiverser et hormis le costaud “Snakes for the Divine”, le trio ne joue que des titres de son dernier excellent album. Audacieux, mais payant : le groupe fait des miracles devant une foule qui aurait mérité d’être cent fois supérieure.
DOOL
On a aussi bien kiffé la performance de bataves de Dool qui ont plus tapé au rayon rock qu’au rayon dépressif au pays du Muscadet.
THERAPY?
On passera sur Crosses, dont le genre est bien trop éloigné de ce qui nous anime, et notre passage dans leur voisinage ne sera que de courte durée.
Nous divaguerons quelques temps sur les pelouses du site où nous aurons le loisir d’entr’apercevoir Queens Of The Stone Age, de noir et blanc vêtus, jouant en mainstage devant un public nombreux et qui nous dissuadera d’aller les saluer en souvenir d’un temps où leurs compositions pouvaient encore garnir nos reports.
Il en sera de même pour Therapy? ou Rendez-Vous qui n’étaient pas au rayon des sets nous concernant.
CROSSES
La partie se clôt pour la Valley avec un concert de Rival Sons (comme en 2016), qui, tout bluesy baba, donne aux pelouses un dernier sursaut de foule. Celle-ci est compacte devant les mignons rockers qui enchaînent les riffs de Led Zeppelin et les patterns de Deep Purple. Une fin lourde de monde mais qui laisse nos cœurs un peu trop vides en ce dimanche soir, qui, pour ne pas finir sans combat, glissera sous d’autres cieux musicaux à quelques encablures de là.
RIVAL SONS
Au terme de ces deux dernières journée à la Valley le sentiment est mitigé : certes les formations étaient hautement qualitatives dans leur domaine et ont conquis un public délaissant habituellement cette partie du festival, mais quid du stoner à l’avenir au Hellfest qui semble avoir opté pour un changement de cap ainsi qu’une ouverture plus large au niveau rock ? Shaka Ponk, The Prodigy le vendredi et QOTSA, The Offspring ainsi que les Foo Fighters qui clôturent l’édition 2024 du festival comme ils auraient pu le faire dans n’importe quelle autre festoche estival (la présence de deux figures de « Songs For The Dead » le même jour nous aurait fait bander il y a quelques années encore) questionne les habitués (le grand public y ayant largement trouvé son compte).
Ces orientations nous laissent un peu dépité à l’heure du bilan final tant ce festival a œuvré pour se forger une identité propre et différenciante – que nous affectionnons – depuis ses débuts furieux ! Les Lourds semblent avoir acté la chose en se tournant vers d’autres manifestations plus dédiées au stoner ainsi qu’à ses satellites qui foisonnent désormais dans nos environs proches. Ceci n’était clairement pas le cas lorsque les programmateurs de la Terrorizer se sont lancé dans la séduisante aventure du stoner à la Valley.
Ce vendredi s’annonce plein de potentialités, avec une programmation bandante qui, à n’en pas douter, va nous faire vibrer au-delà de ce que nous avons déjà vécu la veille. Nous nous préparons à plonger dans une nouvelle vague de performances, entre rookies du circuit, outsiders et patrons du domaine, prêts à savourer chaque note et chaque riff, en quête de moments inoubliables à vous faire vivre à travers nos ressentis ébouriffés.
Red Sun Atacama
Un set magistral nous accueille pour cette nouvelle journée, mais 30 minutes… allons Hellfest, soyons serieux ! Une démonstration d’envergure est néanmoins offerte en quelques notes de “Furies”. L’émotion et le trouble sont palpables dans la voix mal assurée de Clem lorsqu’il prend la parole, ce qui ne l’empéchera pas de jeter au public sa voix acidulée et percutante sans faillir. Le public de fans est présent, et ceux qui découvrent le groupe en redemandent volontiers. Les titres qui s’enchaînent dans nos esgourdes nous réveillent et nous promettent une journée radieuse, à l’image de ce set hautement maîtrisé et aux astuces toujours appréciées – notamment lorsque, avec son téléphone, Vince balance les samples de clôture de “Antares” à travers les micros de sa guitare, avant que Robin ne remette les blasts de ses fûts au service d’une ambiance bondissante. On en aurait voulu plus… hey Hellfest, tu sais quoi faire pour l’année prochaine !
The Devil’s Trade
Originaire de Hongrie, le trio revendique un dark folk qui puise autant dans le metal le plus lancinant que dans la tradition hongroise. Dávid Makó, l’homme au chant et à la tête du projet, est aussi inquiétant lorsqu’il chante que lorsqu’il parle. Son accent hongrois et sa voix de basse donnent l’impression d’un vámpir égaré en plein jour, sous un ciel si clair que la lune est toujours présente à l’horizon à midi. Voilà de quoi apporter un surplus de mystique à ce groupe aux sombres mélodies, qui ne sont pas sans rappeler les origines de Hangman’s Chair. Pourtant la formation est droit dans ses botte et ne sombre pas dans le plagiat, allant jusqu’à chanter dans sa langue d’origine le titre “Vidékek Vannak Idebenn”, admettant au passage que peu lui chaut si le public, moins nombreux que pour la triplette française qui les a précédé dans la Valley, ne comprends pas la profondeur du texte qui lui sera offert !
Gozu
Nous n’avions pas forcément énormément d’exigences pour le set de Gozu, mais dame ! Distribuer autant de beignes en si peu de temps, c’est indécent. En quarante minutes d’un set impeccablement stoner, ratissant un peu partout dans sa discographie y compris son dernier album, le quartette se fait brutal et élégant à la fois, et le public répond présent : une cohorte de fans de stoner, qui malheureusement ne semblera pas se grossir d’une horde de curieux. C’est cependant sans importance, le plaisir est là, visible sur chaque visage, chaque corps qui ondule au son d’une balance de haute volée, mettant en valeur des mélodies du feu de Dieu. Le temps de jeu est dépassé pour le plus grand plaisir des inconditionnels de performances robustes.
Black Rainbows
Que peut-on encore raconter sur les Italiens de renommée internationale ? On a tout dit, on les a déjà vus tant de fois. Et bien figurez-vous qu’on s’en moque, car de mémoire de rédaction, nous n’avons jamais vu un set approximatif de ce groupe de moustachus – et celui d’aujourd’hui ne fera pas exception. Dès que Gabriele entame “Come On”, le public se resserre pour “Supernova & Asteroids”. Le trio (c’est la journée des triplettes du côté de la Valley) enchaîne avec une performance époustouflante sur “Superhero Dopeproof” et nous nous abandonnons totalement. Comme toujours, le set est généreux et maîtrisé, une mécanique huilée à merveille et rugissante ; le fantôme de MC5 plane sur Clisson en ce début d’après-midi. Comme la grande majorité des spectateurs (et fins connaisseurs), nous nous empressons de retourner les ovationner encore et encore, même si, comme aujourd’hui, leur positionnement dans l’ordre de passage des groupes nous semble bien trop bas.
Planet Of Zeus
Planet of Zeus sauve la mise à Gaupa, qui a du retard, et prend ainsi son créneau horaire. Les puristes ont souvent tendance à dédaigner les Grecs qui explorent des riffs facilement populaires, mais à ceux là nous leur disons : viens prendre une claque en live et on en reparle. Prendre “Macho Libre” en pleine face, taper du pied sur “The Great Dandolos”, voir les rangs compacts des fans reprendre “Gasoline” et “Loyal to The Pack”, garantit une expérience live de qualité. Le groupe ne lâche rien jusqu’à “Vigilante”, avec Babis, hurlant et montrant ses muscles tel un fort de foire, haranguant la foule en Monsieur Loyal expert du Grand Cirque ! Nom de Zeus que c’était bon !
Gaupa
La dernière fois que nous les avons vus au Desertfest en 2023, nous n’avions pas sauté de joie, tant nous étions épuisés par nos festivités berlinoises. Mais cette fois-ci, nous pouvons nous installer solidement devant la scène en ce deuxième jour de Hellfest. Hardis moussaillons, la Suède nous attend et le public l’attend elle. La Valley est couverte de curieux, de fans et d’égarés qui n’ont pas vu le changement de set avec Planet Of Zeus, qui remplissent l’espace généreusement. La voix perçante d’Emma correspond à un genre que nous entendrons de nombreuse fois ces jours-ci et cela ravit les auditeurs qui ne perdent pas une miette de ses danses lascives au milieux des instrumentistes qui envoient tout à leur public. Les fans de stoner (dont nous faisons partie) n’y retrouvent pas forcément leur compte, mais la journée est d’un niveau tel, que nous en profitons pour claquer quelques bises et serrer quelques paluches.
1000Mods
Et bam, une deuxième dose de gras quotidienne venue de Grèce à se foutre dans les oreilles à la Valley ! La formation bien connue des aficionados du stoner revient pour rééditer son mémorable passage de 2018, arborant cette fois le drapeau LGBT en façade d’ampli et faisant sentir une détermination palpable à faire le travail de la scène comme il se doit – et peut-être même presque mécaniquement, si l’on regarde du côté de Labros, qui martèle ses tambours avec une précision chirurgicale. Les gars, présents sur le site depuis au moins 24 heures, auraient-ils trop profité des plaisirs du festival, on nous murmure dans l’oreillette que le COVID a atteint une partie du groupe. Incroyable, car ll’énergie du groupe et le déferlement de notes soulèvent une vague de slammeurs qui débordent par-dessus les crash barrières. Si Planet Of Zeus avait initié un mouvement, c’est maintenant une lame de fond qui s’abat sur le devant de la scène, et les acclamations frénétiques des fans confirment que ce set est digne des dieux du stoner. Le son est là, la puissance et la mise en scène aussi. Rien ne manque, jusqu’à ce que le public lui-même devienne l’attraction principale du concert, entre circle pits et pogos endiablés encadré par nos Challengers préférés – que nous ne remercierons jamais assez de veiller sur nos idioties à longueur de Hellfest. Les Grecs avaient la frite contagieuse et leur performance en ce deuxième jour fera causer la petite communauté jusqu’à la fin du festoche.
Acid King
Concentration maximale. Jason derrière ses fûts respire, ferme les yeux. Un riff de Lori, un enchaînement de Bryce, les baguettes frappent les peaux et c’est parti avec “One Light Second Away” en introduction, pour une heure de set d’une lourdeur espérée, pour un voyage au cœur de ce que le doom psyché a de meilleur et la défense de l’album Beyond Vision. Que faire de plus quand on est déjà au sommet ? Rien, juste dérouler, implacable, un set qui fonctionne, marquer l’introduction vibrante de “90 Seconds”. C’est un cadeau que nous offre ce trio (thématique en vogue ce jour-ci) en remplaçant Witch qui a dû annuler sa venue, et disons-le franchement, en étant simplement là. Le public semble être resté majoritairement sur les Main Stages, ce qui confère à ce concert une atmosphère intimiste des plus propices en ce début de soirée, alors que la nuit tombe et que les flammes commencent à jaillir ici et là, et dans le décor du site infernal, la séance d’hypnose collective se déroule à merveille ; que ce soit avec ou sans herbe à chats, les yeux clos, la nuque molle, les stoner heads se laissent emporter par la prestation magistrale des Américains, qui savourent visiblement chaque instant, comme en témoignent quelques regards échangés et laisser-aller subtils. Les notes de “Color Trails” annoncent la tombée de rideau et ses notes resteront magiquement suspendues dans l’air de la Valley encore un long moment.
Fu Manchu
Ce soir, quel gros set de la part des Fu de la Valley (par opposition aux Foo de la Main Stage le lendemain). De la cowbell, des riffs classiques parmi les classiques, une énergie sans pareil et la grâce venue des tréfonds infernaux. Le choix de la setlist est un hymne à la puissance du groupe qui, pendant une heure, abat les bûches. “Eatin’ Dust” en ouverture, est suivi deux morceaux plus tard par “Hands of The Zodiac”. Une vallée noire de monde (malgré la performance remarquée de Machine Head sur la grande scène) qui ne se laisse pas conter en reprenant “California Crossing” et “Hell On Wheels”. Bien sûr, le groupe ne passe pas à côté de “Mongoose”, pour le plus grand bonheur des fans, avant de clore avec “Saturn III”. Malheureusement, faute de temps, ils n’ont pas pu jouer le rappel “King Of The Road” que nous aurions tant apprécié pour déchaîner une dernière fois le pit et clôturer cette journée de folie de manière encore plus digne.
Ce fut une belle journée de guedin résolument orientée stoner pour ce deuxième jour, avec à la clé un vrai succès auprès de la population historique, et parfois hystérique, de la Valley. A partir de la fin de ce second jour, la programmation va s’écarter considérablement de nos styles de prédilection et c’est fébriles, la boule au ventre, que nous regagnons le campement afin d’être dans les meilleures conditions possibles pour la suite. Ne nous voilons pas la face, nous ne sommes qu’à mi-festival et nos petits corps replets commencent déjà à émettre quelques signes de fatigue (on n’a plus 20 piges).
Engagés depuis 17 éditions à couvrir le Hellfest et en particulier ce qui se passe sur la scène de la Valley, nous mettons une fois encore nos plumes et nos êtres au service de la légende du festival. C’est sous un soleil prometteur que nous foulons le sol de ce qui fut longtemps le temple de notre musique en terres de France. Cette année pourtant, le doute nous habite : la programmation n’est pas aussi bien répartie qu’elle a pu l’être lors de précédentes éditions. Hormis les deux premiers jours, nous craignons déjà de faire l’impasse sur un certain nombre de groupes trop éloignés de notre genre de prédilection et qui viennent encombrer les planches de cette scène que nous chérissons tant. Mais soyons patients et sachons profiter de l’instant présent, ce jeudi s’annonce joyeux et plein de bonnes surprises.
Komodrag & The Mounodor
Le groupe de rock seventies de Douarnenez, Komodrag & The Mounodor, né de la fusion des formations Komodor et Moundrag, a pour mission d’ouvrir le bal infernal de cette année à Clisson Rock City. Dès les premières notes de “Born in a Valley”, ils démontrent que, bien qu’ayant du sang de Penn Sardin dans leurs veines, ils ne comptent certainement pas se mettre en grève ce jour-là. Leur interprétation de cet hymne particulièrement approprié en est la preuve. Ces lascars se paient même un bain de foule en milieu de set. Le public suit les indications à merveille et reprend en chœur. Komodrag livre une performance impeccable de rock des temps jadis, leur assurant sans aucun doute un avenir brillant. La vallée est pleine à craquer bien avant la fin du set. Le bassiste finit même dans la fosse, et une part non négligeable du public – nombreux – chante en chœur les titres “Green Fields of Armorica” et “Marie France”.
Khemmis
Khemmis propose un mélange de doom mélancolique et de heavy metal épique. Leur performance, bien exécutée mais quelque peu monotone car très – trop – homogène, attire néanmoins une foule immense dans la Valley. La réputation modeste mais solide du groupe de Denver semble reposer sur la puissance de leurs riffs de guitare et le duo de voix. Ces derniers résonnent avec intensité à travers leurs amplis, martelant l’idée que leur place ici est méritée, et le public confirme cela avec une joie manifeste, galvanisé par le personnel sur scène qui donne de sa personne en démultipliant les poses répréhensibles selon la police du rock.
Green Lung
Les Anglais, adeptes de heavy rock occulte, viennent aujourd’hui présenter leur dernier album, à la fois heavy et stoner. Dès les premières notes de “Forest Church”, le succès est total. Green Lung incarne sans doute ce que Ghost serait devenu sans ses outrances. La preuve en est dans la facilité avec laquelle le groupe grave “Mountain Throne” et “One For Sorrow” dans la tête des festivaliers ou les séduit avec “Hunters In The Sky” ou “Can You Hear The Stone”, introduit par un rythme joué sur un tom à l’avant de la scène. Leur set est hypnotique et tribal, et à bien y regarder ce sont ces Londoniens les héros du jour sur le site de la Valley, gagnant plus encore notre cœur et notre respect qui leurs étaient déjà acquis.
Graveyard
Les Suédois viennent entre autres nous démontrer que leur dernier album, 6, est taillé pour la scène – et même si les pistes sont plus calmes, elles emportent effectivement le public malgré tout. Au fil du set, il est évident que les morceaux les plus récents sont sans doute les mieux choisis – même si le groupe va piocher dans les meilleures pièces de sa riche discographie (avec de très bons “Goliath”, “The Siren”, “Hisingen Blues”…). Fer de lance d’un certain renouveau du stoner il y a quelques années, Graveyard déballe sans pourtant nous convaincre à 100% quant à leur placement avantageux sur l’affiche du jour. L’exécution est propre, les compositions ne sont pas mauvaises et le groupe maîtrise son art, mais il manque un petit truc en plus qui nous aurait fait vibrer.
All Them Witches
Sonnez violons, résonnez guitares, voici venue l’apothéose de cette journée avec All Them Witches. Le rock mélodique, classieux et bluesy du groupe puise toute son énergie dans un public entièrement acquis à sa cause. La hype entourant le groupe apparaît néanmoins un peu exagérée pour notre rédaction, mais les hordes de fans enragés ne s’en soucient guère, leurs cous tendus sous les lumières rouges qui illuminent la scène à l’issue de titres aussi attendus que “The Marriage of a Coyote Woman” et “Diamond”. Personne ne veut perdre une miette de ce set digne de l’héritage claptonien qui se déploie en parallèle à celui d’une tête d’affiche du fest. C’est une leçon de maîtrise scénique qui se conclut magistralement avec “When God Comes Back”. Les aficionados sont tout affriolés par la proposition du groupe de Nashville et leurs sourires mettront plusieurs heures à s’estomper une fois ce set de clôture de journée à la Valley achevé.
Le temps d’aller se perdre dans les méandres du site, voire de se taper encore un concert éloigné de notre style, le duo dépêché sur place regagne ses pénates afin de profiter de quelques heures de sommeil avant de radiner ses tronches tôt le lendemain pour une journée pleine de promesses !
Après de longues hésitations quant à la panoplie à emporter au vu des possibles plans humides concoctés par la météo, nous reprenons la direction du lieu emblématique du pont aérien de la guerre froide pour un – déjà – dernier jour à l’affiche fort alléchante ! Pour info il n’a pas plu ce jour là.
NIGHT BEATS
Les célébrations débutent avec le trio vintage, ses vocaux éthérés et sa batterie minimaliste. C’est suranné et hyper groovy ! Le public tape du pied dans la petite salle aux sons de plans du rock’n’roll de l’âge de gloire. Les lights rouges soutiennent un côté old-school très soigné qui s’est baladé dans les eaux soul avec des passages durant lesquels le fantôme de Charles Bradley volait dans l’air du Columbia Theater. Une savoureuse mise en bouche pour cette journée tournant autour de la trilogie du désert et d’un dessert annoncé comme légendaire.
MONDO GENERATOR
Lié à la légende Kyuss, Mondo Generator et sa figure de proue, sont omniprésents sur nos scènes et sur nos platines avec la ribambelle incessante de sorties allant de l’indispensable [ndlr : ah ?] au tout à fait dispensable. Nick est conscient de la chose, en joue et se fait plaisir ; désolé pour les monomaniaques de Kyuss, ce trio fait du punk voire du métal empreint de stoner et ne se contente pas d’égrainer les compos anciennes des groupes ayant contribué a la constitution du mythe Oliveri. Les compositions maison prendront nettement moins que « Supa Scoopa And Mighty Scoop » du mythique Welcome To Sky Valley (un comble pour un titre sur lequel il n’a jamais joué, d’un album où il ne figure pas !) ou que « Green Machine » du légendaire Blues For The Red Sun préférée par le public à « You Ain’t Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire » de l’apogée de QOTSA lors d’un vote remporté par ceux qui gueulaient le plus fort. Débutée à l’heure de la collation de l’après-midi, la performance des Étasuniens a explosé le temps de jeu à disposition sur la scène intérieure. Le public semblait satisfait surtout après le dernier titre joué, mais c’est l’intégralité du programme de la journée dans la Columbia Halle qui a ramassé, et jamais le retard ne sera comblé malgré le professionnalisme des dynamiques techniciens de scène.
BOTTENHAVET
Forcément débarqués à la ramasse, parce qu’il n’est pas concevable de louper « Green Machine », et partis avant le final en raison du chevauchement avec le set du désert, nous passons du bon temps avec la formation au style ancré dans les années 70. Menée par son chanteur aux faux airs de fils illégitime du Big Lebowski et de l’héroïne de Stieg Larrson, le groupe suédois a envoyé un rock énergique, parfois lancinant et délicieusement daté. Promis : on se rattrapera la prochaine fois !
TAMIKREST
Ambiance découverte pour vos serviteurs au premier rang pour le set de Tamikrest. Emmenés par Ousmane Ag Mossa au chant et guitare, le combo de “psych-touareg” comme on peut l’entendre décrit de manière fort simpliste dans différents organes médiatiques, engage un set chargé d’un groove généreux. On est bien dans une tendance psyche avec cette lancinance rythmique qui structure chaque titre. Même si la structure du groupe repose sur un socle “électrique” assez standard (guitare-basse-batterie) les emprunts la musique centre-africaine et nord-africaine sont significatifs, a fortiori quand il est fait usage d’instruments traditionnels, en sus des guitares électriques et instruments plus habituels sur cette scène. Les degrés montent petit à petit et une gentille fièvre dansante s’empare des premiers rangs qui ondulent béatement au son de ce set feel-good fort bienvenu.
RUFF MAJIK
Difficile de capter les sud-africains de Ruff Majik sur scène : lorsque leurs rares opportunités de partir en tournée ne sont pas annulées, la sélection de pays est restreinte et passe rarement par chez nous. S’il faut aller à Berlin pour les voir, nous irons à Berlin ! D’autant plus que les dernières productions du groupe nous ont enthousiasmé et nous voulions voir ces titres en live. Apparemment nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, la salle du Theatre étant fort bien remplie tandis que le quatuor prend la scène dans une halo bleu-violacé. Le premier titre “Wax Wizard” est ravageur et pose en quelques minutes les bases d’un set prometteur – même s’il n’atteindra plus néanmoins ce niveau de tension. Protéiforme, rebondissant de break en break, assénant son riff principal dévastateur à tout bout de champs, ce morceau aura fait des dégâts et montré tout le potentiel du groupe. C’est en revanche une bonne illustration d’une set list que l’on aurait préférée différente, aujourd’hui un peu en mode montagnes russes : à l’image de ce premier titre issu d’un vieil EP du groupe, une large part des morceaux de ce soir sont anciens ou rares, ce qui rend l’appropriation par le public plus difficile. Une moitié de la set list provient néanmoins de leurs deux derniers LP, mais pas forcément toujours leurs titres les plus efficaces – hormis “Rave to the Grave”, certes emballant mais pâtissant un peu de son passage en mode “guitares live” (sans le gimmick de clavier). Heureusement, qualitativement la sélection reste bonne et ratisse large, ce qui permet de maintenir la tension dans le pit où le headbang est largement pratiqué. La bande à Johni Holiday ne s’économise pas et déroule son set constamment sur la brèche, entre pure débauche d’énergie brute et totale maîtrise. Le dernier titre, “Delirium Tremors”, met finalement tout le monde à nouveau à genoux, interprété depuis le pit par le bassiste Jimmy Glass qui regarde ses copains sur scène en contre plongée. Un set de haute volée, qui aurait pu être dantesque avec une set list un peu retravaillée.
BRANT BJORK TRIO
Deuxième légende du désert à se produire sur la grande scène lors de cette ultime journée, le trio de Mr Cool attaque son set – en retard – sur un étonnant mais très sympathique “Buddha Time” devant une salle comble et conquise d’avance. Notre scepticisme habituel a rapidement cédé sa place à un plaisir de circonstance, le trio agissant en antiseptique qualitatif. La configuration avec Super Mario (Lalli) à la basse est foutrement efficace ! On tape du pied du premier au dernier rang, les projections du desert californien soutiennent le propos et le set est impeccable de bout en bout (on se croirait transposés dans la B.O. de « Paris, Texas »). Coutumier de nos scènes depuis des lustres désormais, Brant a livré le meilleur de ses concerts auquel nous avons eu le plaisir d’assister ces dernières années (et ça fait des brouettes pleines). Un set couvrant plusieurs époques de la discographie solo (ou presque) du frontman (dont de larges pans issus de Saved by Magic ou Jalamanta, ce qui n’était pas pour nous déplaire)avec des vétérans rompus à l’exercice scénique du jam cadré (l’esprit de Fatso Jetson était présent). On notera en particulier l’immensément groovy “Stackt”, le classique “Too Many Chiefs…” un peu remanié mais toujours efficace, et surtout un final classique mais un superbement cool sur “Lazy Bones / Automatic Fantastic”. Un show qui a délivré toutes ses promesses et satisfait toutes les attentes. Nous avons quitté la Colombia Halle avec du sable plein les godasses et des étoiles dans les yeux.
SUNNATA
La perspective du set de Sunnata nous a mis en joie, la troupe polonaise foulant rarement nos contrées en termes d’activité scénique. Auteurs d’une poignée de disques très qualitatifs, les voir enfin sur scène relève de l’aboutissement naturel des choses. Avantage ou inconvénient des festivals, la programmation et ses enchaînements parfois complexes ou audacieux rendent les choses compliquées pour nos cerveaux faibles. Il en est ainsi quand on quitte le set groovy en diable de Brant Bjork avant la fin (le retard généré par le dérapage du 1er concert de Mondo generator aura des répercussions toute la journée… merci les gars !) pour se plonger dans le Theatre et son ambiance sombre et prenante où Sunnata a déjà commencé à faire parler les premiers décibels. Il faut donc un petit moment pour “rentrer” dans ce set, qui alterne les plans de pure puissance frontale (quelques beaux assauts de riffs bien doomy) et les plans plus atmosphériques. A peu près ce à quoi on s’attendait en réalité, stylistiquement on n’est pas surpris. L’ensemble est joué avec sérieux et autorité par le quatuor, sûr d’eux et de leur musique – à raison. La salle est généreusement remplie mais on ne se sent pas tassé, signe que le groupe était attendu, mais que les “produits d’appel” sur la main stage lui font un peu concurrence, dans des genres radicalement différents toutefois. Nous trouverons en revanche que les séquences plus “atmosphériques” développées à l’envie par le groupe, si elles sont parfaitement exécutées, dissolvent un peu l’efficacité globale du set, qui aurait peut-être gagné – en contexte festival – à se concentrer sur des compos un peu plus “directes”. Un bon set toutefois, qui nous aura surtout donné envie de revoir le groupe, en club par exemple.
MASTERS OF REALITY
C’est avec un petit pincement au cœur et la gorge serrée que l’on voit le légendaire Chris Goss monter sur scène le pas hésitant, s’installant avec difficulté sur le tabouret en milieu de scène qu’il ne quittera pas de tout le concert. Habillé avec grande classe, il ne lui faudra pas longtemps pour montrer qu’il est musicalement bien loin d’être diminué le moins du monde, loin s’en faut. En réalité, il lui suffit de quelques secondes et d’entonner les premières lignes de chant du classique et classieux “The Blue Garden” pour que la profondeur et la chaleur de sa voix incomparable ne viennent conforter toute l’immense salle. Nous voilà quand même revenus plus de 35 ans en arrière, aux débuts de la carrière d’auteur-interprète de Goss (rappelons que le grand gaillard est surtout connu en tant que producteur légendaire), comme si cette parenthèse n’avait jamais existé. Goss s’est entouré pour cette tournée de sa fidèle section rythmique (en particulier John Leamy, son vieil et fidèle ami batteur mais aussi Paul Powell, bassiste extraordinaire ayant entre autres officié auprès de Jamiroquai) et il a spécifiquement invité en complément son copain Alain Johannes, un autre ami qui a gravité dans les mêmes sphères de musiciens, et partage avec Goss la caractéristique d’être à la fois un producteur reconnu et un musicien-chanteur remarquable (ce qu’il confirmera derrière le micro entre autres sur “Hangin’ Tree”, titre qu’il a co-écrit pour les Desert Sessions). Se reposant largement sur ses premiers disques (dont beaucoup de Sunrise on the Sufferbus / 1992), Goss oublie un peu quelques pépites issues de ses disques des années 2000, c’est dommage. Mais d’un autre côté, qu’aurait-il dû sacrifier parmi les perles interprétées ce soir ? Le sabbathien et bluesy “Alder Smoke Blues” ? Le solide “Third Man on the Moon” ? Le presque punk “Time to Burn” (où Oliveri s’empare du micro) pour un final (d)étonnant ? On pourrait quand même discuter un peu de la teneur du set, quand on met par exemple en perspective ce quasi-onaniste break bluesy en mode impro, pas flamboyant et un peu longuet, avec le fait qu’ils n’ont pas eu le temps d’interpréter les démoniaques “She Got Me” et “Domino” pourtant prévus en clôture du set.
Le retard de la main stage (merci encore Nick) et nos pauvres corps meurtris criant famine, il s’avère impossible techniquement d’assister au set de Full Earth, qui nous faisait pourtant de l’œil, avec ses membres de Kanaan… Tant pis !
PENTAGRAM
Le dernier concert d’un festival est à plus d’un titre aussi son apothéose, avec tout le public de la journée qui se présente devant la main stage avec l’envie de profiter à plein de ces dernières chansons du fest pour cette année. Quand, en plus, le headliner de la journée est Pentagram, et que ce dernier a annoncé la fin de sa carrière scénique dans les prochains mois (ce concert étant affiché comme son dernier à Berlin), autant dire que l’excitation est forte. Greg Turley, fidèle bassiste et co-pilote discret et solide du bateau Pentagram depuis longtemps, a en outre annoncé l’arrêt des concerts pour lui, faisant de cette soirée le dernier concert de sa carrière au sein du groupe ! L’émotion est donc largement au rendez-vous quand, clopin-clopant, l’inusable Bobby Liebling monte sur scène, portant l’un de ses sempiternels hauts bouffants à paillette, son pantalon moule burnes favori et ses bottes aux talons de 15 cm… What else, pour un musicien de 71 ans ?
Dès les premiers coups de médiators du brillant guitariste Matt Goldsborough sur “Run My Course”, on est embarqué dans un périple qui mettra plus d’une fois en danger notre santé mentale. Est-ce la meilleure prestation du groupe à laquelle on a assisté ? Difficile à dire avec assurance, mais pour chaque musicien, le contrat est plus que rempli, en particulier pour ce cher Bobby, pas avare en mimiques saugrenues et pas de danse décalés. Sans contrainte (pas de limite sur l’horaire de fin) le groupe déroule une set list de référence où figurent à peu près tous leurs classiques (on pourra regretter à la limite l’absence de “All your Sins”) : les doomy “When the Screams Come” ou “The Ghoul”, le lugubre “Be Forewarned”, “Sign of the Wolf”, “Petrified” (initialement pas prévu), le nerveux “Relentless” avec une pause sur son break final, ou le tortueux et gracieux “Last Daze Here”… N’en jetez plus ! Enfin on reprendra bien une rasade de ce pseudo medley “Forever my Queen / 20 Buck Spin” pour la soif, et c’est fini ! Embrassades, salutations au public, hugs entre musiciens, sourires, applaudissements, oreilles qui résonnent… Tout se mélange pour une fin de concert et de journée dans les étoiles…
C’est le cœur un peu lourd que l’on quitte ce Desertfest Berlinois si particulier. Ils sont rares ces festivals où l’ambiance est si agréable et où l’on sent vraiment cet esprit de communauté musicale (où l’on peut taper la discute peinard dans la cour avec des musiciens de Elder, Kadavar, Greenleaf, Plainride… qui viennent par plaisir, ou commander sa pizza au food truck avec Nick Oliveri qui fait la queue derrière). Quand en outre la programmation musicale était du niveau auquel on vient d’assister pendant trois jours, et que les conditions d’accueil étaient impeccables, il est difficile de se dire que c’est fini pour cette année. Mais il n’est de si bonne compagnie qui ne se quitte, dit-on, et il est temps de saluer les amis et collègues répartis un peu partout dans le complexe Columbia en cette agréable nuit berlinoise, en nous disant sur le chemin du retour qu’il va être difficile d’attendre encore une an…
Vos serviteurs, accueillis par un soleil radieux, arrivent dans l’enceinte du festival avec le sourire (quelle journée de la veille !) et l’esprit grand ouvert : cette journée s’annonce atypique, avec plusieurs groupes inconnus au bataMaryse Miegeillon ou tout simplement étonnants. On se prépare donc à un lot de surprises et de découvertes.
Petite déconvenue toutefois, nous raterons le premier groupe de la journée, les locaux de Go Mahhh, qui aura remplacé Cava au pied levé, suite à l’annulation de ces derniers.
EINSEINSEINS
La journée commence donc pour nous dans le Theatre, avec les bien nommés germaniques “UnUnUn” (!). Le trio ne se cache pas derrière son petit doigt au moment de sortir les étiquettes musicales, et révèlent assez vite leur passion du kraut rock de la grande époque. Même si les plans répétitifs aux atours électro et sonorités de synthé bien old school (Vangelis, sort de ce clavier !) se succèdent en nombre, les deux claviéristes s’emparent assez souvent de leurs instruments à corde (guitare et basse) pour s’engager dans des plans évidemment plus rock. La variété ainsi apportée à un style qui serait sinon un peu trop ennuyeux est plutôt bienvenue, et le public y répond lui aussi favorablement, qui dodeline gentiment pendant tout le set. Très agréable entrée en matière !
DIRTY SOUND MAGNET
Nous avons rarement l’occasion de voir le trio suisse sur les planches, et il nous fait bien plaisir de le retrouver pour ouvrir la très grande Halle en ce début d’après-midi. La tonalité musicale convient parfaitement à la journée, qui finalement se dessine largement (mais pas totalement) autour de diverses variantes de musique psyche. Dirty Sound Magnet excelle dans ce style et il ne faut pas plus de quelques minutes pour en faire la confirmation. Le set décolle très fort et assez vite, avec certes une rythmique basse-batterie redoutable, mais aussi un Stavros Dzodzos au chant/guitare littéralement possédé. Un “ventre mou” se dessine toutefois en milieu de set, avec peut-être un peu trop de titres plus calmes ; si ces morceaux font la démonstration de l’excellent feeling développé par nos musiciens, ils freinent un peu les ardeurs psych rock du public. Mais il faudrait faire les difficiles pour ne pas reconnaître que ce concert était de très bonne facture, et qu’on aimerait voir ce groupe plus souvent sur scène.
ZAHN
Le trio germain prend place de manière particulière sur la plus petite des scènes (exceptée celle sise au beau milieu du foodcourt/beergarten). Il faut relever ici qu’en plus des deux scènes où se succéderaient les formations, le spectacle était aussi assuré à l’air libre sur une petite scène qui a vu se succéder DJs, kakaokés, groupes et performances durant les trois jours. C’est dans un registre mixant globalement le garage punk, le kraut rock et le grunge que les spécialistes en dentition (ndlr : blague pour germanophones) ont envoyé un set avec la batterie en avant de scène et les deux autres protagonistes flanqués sur les côtés avec leurs instruments à cordes ainsi que leurs synthés délicieusement vintage. Le public était un peu clairsemé durant cette prestation instrumentale qui est passée de parties très space à des plans foutrement bourrins sans pour autant nous casser les dents.
SIENA ROOT
Toujours très discret, le quatuor suédois se présente sur la main stage avec un paquet d’arguments à faire valoir. Musicalement, on connaît la qualité du groupe, qui déploie très vite les bases de son heavy rock psyche très vintage. Les rythmiques et sonorités sont variées, et l’on ne s’ennuie pas une seconde. Durant la moitié des titres à peu près, Zubaida Solid, par ailleurs frontwoman efficace et chanteuse remarquable, se met aux claviers pour ajouter cette patte psych old school que rien d’autre qu’un vieil orgue Roland ne peut proposer. Les années d’expérience scénique sont tangibles, et la maîtrise démontrée par les musiciens est tout simplement impeccable. Siena Root, trop rare sur scène (prestations ciblées ou tournées lointaines) et sur disque, confirme son importance incontestable sur la scène psych rock européenne. La grande classe.
DAEVAR
Avec Amber Eyes tout récemment sorti, le trio allemand était fort attendu par la moitié de notre binôme de reporters. Un chevauchement de 5 minutes avec la grande scène empêchera une partie du public d’assister au tout début de ce premier set militant du jour. Le trio emmené par un guitariste affûté et une bassiste pailletée, toujours souriante, a envoyé son doom lourdement et très lentement devant les rangs serrés d’un public conquis d’avance. Les voix sont aériennes et le propos engagé : le batteur frappe comme une mule avec son t-shirt antifa et la l’arrière de la basse de Pardis est marquée d’un « Woman Life Freedom » vindicatif. Le propos féministe sera souligné lors de l’envoi de « Leila », tirée du premier effort Delirious Rites, pour lequel l’invitation est faite au micro de laisser la place devant le pit aux femmes – qui doivent se battre pour leur place dans la société actuelle, pour résumer le discours tenu sur scène. Malgré quelques problèmes de son ressentis en fin de set, la performance a été impeccable avec un public réceptif qui a chanté, une salle pleine et une maîtrise parfaite du style. Une des grosses baffes de ce deuxième jour où l’éclectisme était de rigueur.
DŸSE
Comme Monkey3 la veille, le duo allemand fait partie des routards de ce festival. Ceci explique certainement aussi leur placement avantageux dans le running order de cette deuxième journée de festivités – en plus de l’engouement du public allemand pour ses groupes nationaux. Le duo batterie-gratte conscient fout le boulet d’entrée de jeu en attaquant de manière trépidante son concert. Les slogans sont scandés sur fond de rouleau-compresseur rythmique. On en prend plein la tronche avec un adroit jeu de lights qui souligne efficacement le style musical pratiqué soit un bon gros rock alternatif super bruyant ! Nous restons néanmoins un peu dubitatifs sur la place de ce groupe aussi haut sur l’affiche.
ZERRE
Depuis quelques heures – et a priori jusqu’à la fin de journée – on rentre dans la zone de turbulences WTF de la programmation musicale : chaque groupe est soit une étrangeté, soit une sorte d’anomalie spatio-temporelle. Zerre est en plein dedans. En effet, le groupe propose une sorte de thrash metal crossover bien old school – période années 80, début 90, en gros – complètement assumée. Ça sent le “quitte ou double” par l’équipe de programmation… et c’est un carton ! Ayant probablement accumulé un bon stock d’énergie non diffusée sur le début de la journée, une large frange du public se lâche complètement devant le set intègre et fou furieux des allemands. La fosse, d’abord expectative, se transforme vers le milieu du set en pur bouillon metal incandescent, pour finir sur les trois derniers titres en furieux mosh pit des familles. Le final sur “Whiplash” de Metallica aura laissé des traces et des bleus… Salvatrice parenthèse !
The CRAZY WORLD OF ARTHUR BROWN
Quel étrange choix de programmation de sortir Monsieur Arthur Brown de sa confortable naphtaline pour nous gratifier de son auguste présence… Fi de médisance gratuite, c’est la surprise qui nous prend en premier lieu, d’autant plus que vos serviteurs, encore dans leur prime jeunesse, n’ont pas forcément baigné dans les années de gloire du sénior-grooveur anglais. C’est donc l’esprit grand ouvert et les oreilles bien décrassées par un set précédent assez furieux que nous abordons ce concert – à l’image d’un large public souriant qui s’est déjà massé dans la grande salle. La bonne humeur est le premier sentiment qui émerge dès les premières mesures du spectacle du monsieur. Précédé de ses musiciens (pas des bras cassés : ça tricote), Brown monte sur scène avec une théâtralité outrancière et surjouée, complètement décalée avec nos standards. Il prend la scène maquillé, chapeauté, déguisé, casqué… procédant aux changements entre les morceaux lorsque nécessaire. Paillettes et couleurs pétard, et même le feu, lorsqu’il déboule avec un casque littéralement enflammé pour interpréter son classique “Fire” – qu’il dégaine en troisième chanson du set (là où tout musicien un peu calculateur aurait évidemment attendu la toute fin du concert pour sortir sa chanson la plus attendue). Notre sympathique chanteur n’a pas besoin de ce type de calcul ni d’artifice pour s’imposer : il peut se reposer sur une voix toujours impressionnante de chaleur et de puissance à 82 ans, et sur des compos certes inégales mais qui ont pour point commun de faire inéluctablement dodeliner un public en joie. Le pari du décalage fut – cette fois encore – payant, et nous avons passé un bon moment à honorer cet artiste oublié et pourtant à l’influence évidente sur de larges pans de la musique contemporaine.
APTERA
Overlap de 10 minutes entre les deux salles et les deux ambiances marquées du jour. On délaisse les plans babas pour un comeback en territoire metal nettement plus rugueux. Les briquets allumés au vent sur fond de chants d’oiseaux sont délaissés pour du dur qui n’attendra pas les retardataires. L’aile bourrine du genre se décline au féminin et à l’international : le quatuor qui a élu la capitale du monde libre comme port d’attache est actif dans un sludge doomisant tirant parfois sur les plans stoner ou black. Ça cogne et ça vocifère en duo (basse et guitare). Parfois quelques mélopées ou passages crossover viennent vivifier le set qui ne dérapa jamais dans la monotonie. Le headbanging accompagne « Selkies » ou les accélérations de tempo de « Nepenthees » issus du dernier long format « You Can’t Bury What Still Burns ». On retrouve des accents militants sur « When The Police Murder » introduite en rappelant Georges Floyd et les excès de la maréchaussée berlinoise (omniprésente partout en ce jour de finale de la Coupe d’Allemagne). « Black Rose » tiré de la plaque éponyme (tout comme « The Knight Twist ») qui a déjà 5 ans fait le carton plein avec une basse rebondissant dans un paysage black. Carton plein de l’orga avec le pari métal du jour qui a permis de constater que ce style fait encore mouche auprès du public stoner. Ça permet aussi d’éviter l’ennui qui guette lorsque les shows convergent trop.
OSEES
Avouons-le : votre serviteur partait avec un a priori négatif à la perspective de ce concert, dont l’ostentatoire double kit de batterie venait occuper tout le front de scène. il faut dire que j’attends encore d’être convaincu par la supposée “puissance” supplémentaire apportée par cet artifice de pure coquetterie esthétique qu’est le jeu à deux batteurs qui jouent la même chose. Le professionnalisme et l’objectivité chevillés au corps, c’est sans préjugé que nous assistons aux premières minutes un peu bordéliques de ce concert, qui voit les musiciens finir leur soundcheck un peu tardivement, et engager leur set d’affilée sans vraiment plus de formalisme. Et très vite c’est l’évidente énergie de son frontman John Dwyer qui vient emporter la timbale. La guitare chevillée à la poitrine, le bonhomme sautille comme un chevreau épeuré, arpente son bout de scène (petit bout de scène, du fait de la place inutile occupée par cette seconde batterie…) en tous sens, s’emparant évidemment du micro pour colorer chaque chanson. A ses côtés ça joue sévère, et les occasions de le démontrer ne manquent pas, les compos du groupe permettant de mettre en avant l’ensemble des musiciens (dont un claviériste / guitariste qui malheureusement ne prend jamais la lumière, caché qu’il est par cet inutile second kit de batterie… qui a dit “il rabâche” au fond de la salle ??). De là à justifier un statut de “headliner” de la journée, avouons qu’on reste un peu circonspect. Mais le set était très bon, efficace et plein d’énergie, et il a clôturé très proprement cette journée.
C’est donc plein de satisfactions que nous quittons le complexe Columbia : même si nous n’étions pas vraiment inquiets en arrivant en début de journée, nous étions en partie dubitatifs, et pleins de questions sur la programmation du jour. Cette dernière se sera avérée riche à la fois en découvertes, bonnes surprises et agréables confirmations. Une sorte de journée de festival parfaite finalement… En attendant demain, qui, sur le papier, s’annonce énorme.
Le temps semble facétieux en ce premier jour de fest, il le sera durant 2 jours, et c’est à la ramasse que nous nous radinons du côté de Tempelhof. Les festivités berlinoises prennent à nouveau leurs quartiers de printemps dans le complexe “Columbia”, entre la halle et le théâtre, sis à une extrémité du quartier de Kreuzberg, épicentre de la culture de la capitale allemande.
PRAISE THE PLAGUE
Sans gloire, nous loupons un bon bout du groupe pas actif dans notre style de prédilection. Les transports auront eu raison de notre soif – toute relative – de métal extrême. Le choc entre le soleil ainsi que la chaleur de cet après-midi radieux et le black metal déployé dans la fureur sur la petite scène est prenant. Nous tapons du pied et hochons du chef alors que les tempi assassins donnent leurs derniers coups de boutoir dans la pénombre.
NEANDER
Les Hambourgeois de neànder passent ensuite dans le Columbia Theater le temps d’un rapide changement de setup. Qualifiés de collectif lourd instrumental, les Allemands ne sont pas venus les mains vides à la capitale puisqu’ils ont profité d’annoncer la suite de leurs tribulations discographiques avec III qui pointera le bout de son nez cet automne. En attendant, le présent c’était du post-tout délicieux qui a été envoyé avec notamment « Khàpra » et « Aäs » issus du petit dernier qui a déjà 5 ans (oh mon Dieu). Bonnes sensations pour les amateurs de Cult Of Luna et autres friandises du genre.
MONKEY3
C’est scandalisés que nous rejoignons la grande salle pour le premier concert du festival à s’y dérouler. Les Suisses jouent avant même l’heure de l’apéro ; ce placement nous laisse dubitatifs vu l’engouement général pour le quatuor de Lausanne actuellement en tournée. La masterpiece récemment livrée et la fréquentation des shows en cours, auxquels on ajoute l’affect du public de ce fest, auraient pu justifier de voir le groupe se produire plus haut sur l’affiche. Nous boudons un poil, mais constatons que le public est au rencard pour ce groupe à l’affiche de ce festival depuis ses débuts ! Les vétérans proposeront un set de malade avec la virtuosité qu’on leur connaît. Deux extraits remarquables de Welcome To The Machine sont envoyés, « Collapse » ainsi que « Kali Yuga », que nous n’avions jamais savourés live. La dégustation est probante, les nouvelles ogives bottent le cul et le public a la banane sur son visage suant. Pour compléter le setlist, les mecs ajoutent leurs hits intersidéraux : « Birth Of Venus » et « Through The Desert » qui font un carton plein auprès du public harangué par les musiciens. Final en apothéose dans la fumée, tout le monde réclame une fessée instrumentale supplémentaire, hélas l’horaire sera tenu en ce premier jour. Monkey3 a placé la barre très haut en début d’évènement en délivrant un set impeccable durant lequel la communion entre les artistes et leur public a relevé de la magie. Merci les gars vous avez fait très fort à nouveau et balancé un des meilleurs sets de l’événement.
THRONEHAMMER
De retour dans le Theatre, les avis diffèrent sur le set de Thronehammer : le gros metal aux reflets death / doom / thrash s’inscrit dans une sorte de logique de la programmation de la petite salle dans la journée (on est sur un début d’après-midi plutôt costaud), mais le passage entre Monkey3 et ses hautes sphères, vers les tréfonds lugubres et l’agression du combo anglo-germanique nous semble un peu trop difficile… Pourtant l’exécution du set est impeccable, et le public répond présent, bon gage de qualité. Mais nous ne sommes qu’humains et nos cerveaux fragiles et nos corps déshydratés nous éloignent de la salle avant la fin du set, pourtant exempt de reproches.
En revanche, nous serons littérallement happés en sortant de la salle par les volutes psyche-kraut rock frénétiques et hypnotiques de Kombynat Robotron, qui évolue en plein air, sur la petite scène sise sur la cour centrale du complexe Columbia, entre food trucks, barbecue et tablées de spectateurs en phase de houblonnisation. Super set surprise !
ACID KING
L’ambiance sombre et chaleureuse de la Columbia Halle participe à l’immersion rapide, et de fait c’est exactement ce qu’il nous faut pour tomber sous l’enchantement du doom hanté de Acid King. Le chant de Lori, toujours aussi particulier, envoûte le public, qui ondule en symbiose durant tout le set. Le nouveau line up du groupe confirme son talent, qu’il s’agisse du jeu de basse efficace et assez technique de Bryce Shelton, ou de Jason Willer à la batterie, dont l’énergie apporte un vrai plus au groupe (Lori nous avait habitué à des batteurs plus “minimalistes”, or Willer, même si le style musical ne s’y prête pas forcément, déborde d’énergie, se dresse derrière son tabouret, fait des mimiques…). Le groupe s’appuie sur une set list intelligente, qui repose beaucoup sur son excellent dernier opus (Beyond Vision), avec notamment un très efficace enchaînement “Mind’s Eye” / “90 Seconds”, mais n’oublie pas le reste de sa discographie, avec quelques extraits de plus vieux albums (dont le toujours aussi goutu “Electric Machine”). Au milieu du set, Lori accueille Gussie Larkin, la frontwoman de Earth Tongue (qui ouvre pour Acid King sur leur tournée européenne en cours) en tant que discrète choriste en fond de scène pour l’épauler sur 2 ou 3 discrets passages… Dispositif inédit pour le groupe, mais qui montre comment, à l’instar de son dernier album, le groupe s’ouvre à la nouveauté. Un très bon concert d’Acid King.
BLACK PYRAMID
Après avoir bien poncé leur nouvel album, The Paths of Time are Vast, fraîchement sorti, on attendait impatiemment de voir le groupe sur les planches – c’est même un euphémisme. On avait pu croiser leur route dans une configuration proche il y a quelques années (à Munich notamment), pour une jolie claque, mais nous étions un peu déstabilisé par cette nouvelle instance du combo, pourtant habitués que nous étions à la carrière (et au line up) quelque peu instable de la formation étasunienne. Niveau stabilité pourtant, il ne faut pas longtemps pour constater que ce que proposent les trois gaillards sur la petite scène, c’est du très solide. Beau signe de confiance en soi, le combo est si fier de sa dernière galette qu’il nous la sert en quasi-intégralité, du 1er titre (le complexe et audacieux “Bile, Blame and Blasphemy”) au 6ème (le solide “The Paths of Time are Vast – part II”)… dans l’ordre de l’album ! Couillu… Evidemment, ils font l’impasse sur les deux très gros titres de fin de l’album (il aurait fallu 25 minutes de set supplémentaires !) pour délivrer leur classique “Visions of Gehenna” (et son intro) en final, à un public de connaisseurs (la salle est pleine) qui n’attendait que ça pour exploser. Et pourtant, on n’est pas complètement dans le metal “bourrin”, mais la richesse musicale des américains emporte tous les suffrages ce soir. Le chant d’Andy Beresky, avec des placements complexes et audacieux sur disque, est parfaitement maîtrisé en live, et le résultat est plus que convaincant. Gros set, lourd ET subtil. Superbe.
PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS
L’anomalie et la mauvaise blague de la programmation du jour, c’est de retrouver PIGS (x7) aussi haut placé sur la main stage (au vu de ceux qui les y ont précédés, on peut aisément crier au crime de lèse majesté). Les anglais bénéficient d’un orage déclenché à l’extérieur pour profiter d’un flux supplémentaires de spectateurs cherchant abri temporairement. Zéro surprise sur scène, le groupe entame sur son classique “GNT” et déroule en roue libre, avec conviction et énergie. Son frontman Matt Baty fait toujours le mariole en courant dans tous les sens pieds nus en short et marcel ridicules, haranguant la foule, gesticulant et grimaçant sans véritable lien avec la musique. On applaudirait des deux mains si le groupe avait un peu plus de fond de jeu à proposer musicalement, mais on manque cruellement de riff marquant et d’originalité. La dichotomie entre l’offre musicale et le spectacle proposé nous laisse un peu froid et nous quittons les lieux avant la fin (nous ne serons pas les seuls dans ce cas).
EARTH TONGUE
Sur la petite scène, un jeune duo suscite bruissements et excitation discrète depuis le début de la journée : Earth Tongue assure la première partie d’Acid King sur leur tournée européenne, et se prévaut parmi d’autres faits d’armes d’une première partie sur la dernière tournée de QOTSA en Nouvelle Zélande (certes, uniquement une poignée de concerts, mais quand même…). De quoi susciter notre curiosité, d’autant que nous sommes passés à côté de leur album. C’est donc aux premiers rangs, aux côtés de Lori d’Acid King (qui, malgré le fait qu’elle a dû les voir un paquet de fois, est venue assister au set complet du groupe, c’est dire…) que nous nous laissons embarquer dans ce qui ressemble à une véritable aventure musicale. Protéiforme à plus d’un titre, le duo repose pour beaucoup sur Gussie Larkin, frontwoman impressionnante, qui sort de sa guitare des sons de toutes sortes pour servir des compos très variées. On passe allègrement de riffs dooms bien fat à des plans plus aériens voire des structures prog bien décalées. Derrière, Ezra Simons suit parfaitement, proposant lui aussi un jeu de batterie riche et efficace, tout en contribuant aux lignes de chant. Le public est conquis, et nous aussi : l’énergie déployée, l’originalité et la densité musicale sont là, mais on doit avouer qu’on ne sait pas trop ce qu’il s’est vraiment passé… A surveiller de près, très clairement.
AMENRA
L’affiliation des Belges avec la scène stoner n’apparaît pas comme une évidence, pourtant les chantres de la Church Of Ra n’en sont pas à leur coup d’essai en affichant leur patronyme tout en haut de l’affiche d’un festival d’obédience désertique. On connaît la chanson : mécanique savamment huilée avec une esthétique soignée, une maîtrise instrumentale parfaite et une mise en scène en totale adéquation avec le propos. Même si la set list ce soir ne propose guère de surprise, ça fonctionne savamment bien et les amateurs s’en tapent une bonne tranche durant un déluge sonore hypnotique qui a débuté de manière intimiste avec des percussions métalliques délivrées par le maître de cérémonie dos à son assemblée (une mise en scène d’intro elle aussi déjà vue de nombreuses fois sur le lancement de “Boden”). Les amateurs de sensations moins brutales et froides ont profité des toitures disponibles pour boire une binouze au sec après que la capitale allemande eut été bien rincée par un orage.
La météo farceuse du weekend dictera certains courts déplacements aux abris durant les premiers jours de ces Berlinades stoner. C’est la fin de la journée et tout le monde converge vers la sortie afin de soigner les organismes qui seront encore bien mis à contribution deux jours durant. Tips de la rédaction : les contrôles dans les transports publics sont monnaie courante désormais à Berlin (certains festivaliers en ont fait la cruelle expérience). Les temps ,changent comme dirait l’autre.
Une belle soirée soutenue par Garmonbozia nous attendait ce jeudi avec pour sa tournée européenne, un Acid King qui avait emmené dans ses bagages le quartette Brume, également originaire de San Francisco et dont la discographie étoffée leur fait largement mériter la place occupée.
Les artistes de Brume montent sur scène tout heureux d’enfin visiter un pays où l’on est à même de prononcer correctement leur nom et vont avoir la tâche de convaincre le public que leur doom, goth Indie a toute sa place ici. Leur doom en effet parfois un rien indie donne le ton de la soirée. Au programme, lourdeur et voix féminine enlevée. Ajoutez à cela une originalité, un violoncelle d’une blancheur immaculée qui fait vibrer le côté gauche de la scène même si ce dernier peine à exister au milieu des blasts de batterie et de basse dans le premier tiers du set. Malgré cela, le groupe est communicatif avec son public et l’effort est apprécié, à en juger par la rumeur de la foule à chaque invective ou blagues de bon aloi entre Susie, la chanteuse bassiste et le Jamie guitariste au sujet de son accent anglais (Le gars est de Bristol)
Les Intro mélancoliques donnent vie aux cordes frottées et Jackie et son Violoncelle finissent parc conquérir leur place toute légitime. Cependant la face la plus goth du groupe n’émerge durant tout le set, une chance selon moi. D’ailleurs ces passages les plus mélancoliques et les plus post-rock n’ empêchent pas une joie visible de jouer de s’installer et le public qui jouit de la musique les yeux fermés ne dédaigne pas l’ offrande. Lorsque ce dernier revient à lui le set se termine déjà et si ce n’était pour accueillir Acid King je suis persuadé qu’on en aurait bien repris encore un peu.
Allez, il est l’heure d’aller se faire masser les tympans par Acid King et je m’aperçois qu’être sorti pour me rafraichir d’une limonade n’était sans doute pas la meilleure idée de la soirée. Il faut jouer des coudes dans le Ferrailleur pour atteindre la scène bien cinq minutes avant le début du set et finir coincer sur le côté gauche de la scène. Là où ira se positionner la guitariste Lori, au final le hasard n’est pas si méchant.
A peine monté sur scène et c’est la débauche de violence contenue. Le trio comme à l’accoutumée joue lourd et gras. Parfois le rythme devient plus smooth et c’est toujours étonnant alors qu’on est venu pour du lent, du lent et du lent. Pour autant la magie d’Acid King c’est ça aussi, transformer certains riffs à la limite du jouasse dans le creuset de leurs composition pour les transformer en doom pur.
La puissance du set est perceptible dans chaque note,l’onde de choc de la batterie viennent percuter le haut du crâne que l’on tend vers la scène, bien trop occupé à regarder ses pompes en marquant le rythme. Et quel rythme, Jason fracasse tout sur son passage sortant du tempo, déstructurant les morceaux et revenant par on ne sait quel miracle dans le cadre. Incroyable que Mark n’en perde pas la rigueur de sa basse et que Lori continue de suivre. Mais attention, il n’est pas question que de technique ici, on vit du beau et c’est particulièrement palpable lorsque Lori délaisse entre deux morceaux sa gratte pour dire combien ils sont heureux de revenir jouer à Nantes ce soir, se remémorant leur premier Hellfest à quelques poignées de kilomètres du Ferrailleur.
Évidemment côté set list on en prend plein les esgourdes, le groupe faisant le choix de caler quelques désormais classiques comme “Coming Down From Outer Space” entre les titres les plus récents comme “Beyond Vision” et un final magistral sur “Colors Trails” où Acid King pose lui-même sa couronne sur le haut de son crâne alors que le public, un genoux à terre pourra commencer à conter dès les lumières rallumées un chapitre de plus la geste du roi Doom.
La salle est fort bien remplie et l’ambiance générale est joviale ce soir au Krakatoa ! Il faut dire que “l’enfant du pays”, Dätcha Mandala, a fort logiquement choisi sa seconde maison, le Kraka, pour organiser la “release party” de son nouvel album. Amis et familles se mèlent donc aux fans du groupe, qui aura eu le bon goût d’inviter Patròn et Alain Johannes pour chauffer ce public bigarré (et multi-générationnel !) mais enjoué.
Patròn
Honneur à Patròn de lancer les hostilités. Le quatuor mené par Lo (de Loading Data) vient à Bordeaux pour la seconde fois en moins de deux mois – en termes d’activité scénique, Patròn c’est un peu “l’effet bouteille de ketchup” : rien, rien, rien, rien, puis plein d’un seul coup ! Pas de quoi bouder notre plaisir, bien au contraire : on avait beaucoup aimé son premier effort (il y a presque 4 ans) et il nous manquait la confirmation scénique. Le line up voit Lo épaulé de trois musiciens aguerris, et il saute très vite aux yeux et aux oreilles que le set va tenir la route ! Les compos groovy du disque passent comme une lettre à la poste, et le public, s’il ne connaît pas forcément le combo, tombe vite sous le charme. Pour un set de première partie, le groupe bénéficie d’une cinquantaine de minutes qu’il met judicieusement à profit pour lâcher quelques unes de ses compos les plus catchy (“Very Bad Boy”, “Who Do You Dance For”, “Room with a View”… manquait plus que “How to Land” !), pour finir par deux inédits : l’un plutôt énervé, et l’autre plus “classique” au regard des standards du groupe, une sorte de brûlot dansant absolument infectieux, qui semble répondre au sobriquet de “Vegas”, sur lequel Lo se départit même de sa guitare. Le son est impeccable, le groupe est solide, les compos fonctionnent parfaitement en live, et le public est content. Un très bon set.
Il ne faut que quelques minutes à Alain Johannes pour enchaîner : le temps de poser un petit tabouret et trois guitares acoustiques. Pour autant, la transition est brutale, Johannes entamant son set dans une approche ultra-minimaliste : le légendaire compositeur-producteur s’empare d’une petite “cigar-box guitar” pour interpréter en électro acoustique, seul, une poignée de chansons. La majorité du set se déroulera ainsi, l’interprète enchaînant les chansons en bord de scène, souriant et communiquant avec le public, dans la pénombre, avec la plupart du temps juste une poursuite sur lui. Mais la magie opère complètement. Il faut dire que le gaillard a pour lui une discographie massive et solide, et le luxe de piocher à loisir dans l’ensemble de sa carrière, solo, en groupe ou pour d’autres artistes, et ça défile : sa propre discographie solo, son premier groupe culte Eleven, l’album solo de Chris Cornell (un très touchant “Disappearing One”), etc… L’interprétation est évidemment parfaite, à l’image du chant de Johannes, puissant et juste, aussi subtil et cristallin que son corps est massif. Une véritable leçon de présence scénique, mêlée à une qualité de compos bluffante. Un peu plus tard, le “backing band” de Patròn vient ajouter profondeur et électricité à une poignée de compos supplémentaires (dont des titres de Eleven datant de plus de trente ans, qui n’ont pas pris une ride), invitant même Lo à revenir sur scène pour une interprétation de “Hangin’ Tree” (titre écrit par Johannes et Lanegan pour une Desert Sessions, mais popularisé via la sortie par QOTSA) – une chanson dont vous n’aurez pas de mal à trouver des extraits sur les réseaux sociaux, si l’on en juge par le nombre de téléphones qui en quelques secondes ont jailli du public pour filmer tout ou partie de cet extrait (smiley dépité). Une leçon de talent, de simplicité, de charisme et d’efficacité.
Alain Johannes
Avec encore une fois un changement et une préparation express de la scène, Dätcha Mandala, les héros de la soirée, crachent leurs premiers décibels un peu avant l’horaire prévu. Déjà vus ici ou là (et notamment sous la Valley au Hellfest pour un set haute énergie qui a largement convaincu) on savait que le côté dynamique du trio girondin était une sorte d’assurance tous-risques. Et sur scène, c’est exactement ce qu’il se passe : au taquet du début à la fin du set, Nicolas (basse / chant) arpente la scène de long en large, harangue le public, chante, saute… et ne rate pas une note de basse ! Jérémy n’est pas en reste, et abat un gros boulot à la gratte, devant un Jean-Baptiste souriant qui assure velu derrière les futs. L’alchimie est évidente, et le rock du groupe trouve un écho enthousiaste côté public – rappelons que le trio évolue en terrain conquis, et le public leur mange dans la main. La set list est largement basée sur le nouvel album, à juste titre au vu de la vocation de la soirée.
Habitués que nous sommes dans ces pages aux lourds décibels, on trouvera quand même parfois le classic rock du trio un peu léger en saturation… Mais reconnaissons qu’on est dans un environnement musical dont on est moins coutumier, pas du tout déplaisant. L’ambiance générale est au sourire bienveillant, tendance feel good absolue (c’est pas à un concert de Weedeater ou d’Eyehategod que le chanteur dédicace une chanson, je cite, “à toutes nos mamans”… ou alors pas pour de bonnes raisons…), signe si besoin d’un concert enthousiasmant et réussi.
La soirée aura été plaisante de bout en bout, l’ambiance excellente, le public présent en nombre… Sur scène se sont enchaînés des concerts variés, dans des styles musicaux différents, avec à chaque fois des émotions bien particulières. Une excellente soirée.
Et si le temps d’un week-end la capitale française de la scène Sludge et stoner se trouvait au milieu de la Seine-et-Marne à Savigny le Temple ? Question pas évidente, car il est déjà difficile de faire bouger les masses dans Paris, alors en dehors… et pourtant ce fut un pari gagné par Garmonbozia l’an dernier avec le festival du Grand Paris Sludge. Avec la même volonté d’allier la crasse et la fuzz, le festival était de retour ce week-end avec la même formule deux jours axés sur Eyehategod et Monkey3.
Le festival se tient de nouveau dans la salle de l’Empreinte, à Savigny le Temple donc, et malgré la faible distance relativement compliquée à réaliser en transport (merci le RER D et ses travaux aussi long qu’un morceau de Bell Witch), impossible de faire le même constat que Iro22 qui avait chroniqué la précédente édition… L’endroit est parfait pour accueillir ce type d’événement ! La scène principale est une très belle enceinte avec un son impeccable. La seconde scène, au premier abord remisée derrière le bar dans un genre d’espace club, est en fait tout aussi qualitative niveau son et suffisamment grande pour accueillir le public prévu. A cela s’ajoute un espace extérieur très agréable, divers écrans pour suivre les concerts depuis l’extérieur des salles et un cadre naturel vraiment chouette. Bref le site est idéal, la programmation alléchante et l’organisation/sécurité au top malgré un décor marécageux involontaire dans la fosse de la grande scène !
Vendredi 26 Avril
Il fallait presque poser un cierge auprès de St Christophe pour espérer arriver sans encombre à la gare de Savigny le Temple avant le début des hostilités à 19h20. Succès déverrouillé puisque j’arrive pile à temps pour voir Apostle of Solitude démarrer son set sur la scène principale. Ne connaissant pas cette bande de lents américains, leur doom traditionnel me parait assez conventionnel aux premiers abords, mais est suffisamment bien ficelé et mis en valeur par la qualité de son de la salle pour rapidement m’envoûter. Les morceaux sont pesants, on commence à prendre racine, mais quelques riffs viennent pimenter le doom des américains et nous échauffer la nuque.
Apostle of Solitude
On file sur la scène du Club pour les français Clegane et autant vous dire que l’échauffement de la nuque a été salvateur vu l’avalanche de bûche que l’on a mangé. Le trio est déchaîné et aplatit la foule avec son doom massif et lugubre. Les premiers rangs bénéficient en bonus d’une session massage à la vibration de basse, que demander de plus ! Le guitariste aura beau essayer de nous amadouer avec une chanson d’amour, c’est bien un portail vers l’enfer qui a été ouvert dans le Club.
Parenthèse de douceur, ou presque, dans une journée de brute, c’est ensuite The Machine qui investit la grande scène. Pour les avoir enfin vu l’an dernier au Glazart en ouverture de King Buffalo, le trio néerlandais est dans la même forme olympique et nous envoie dans l’espace pendant une heure. Leur mélange de stoner, de grunge et de shoegaze est toujours aussi efficace et maîtrisé. Par moments à la limite du jam, le groupe nous emmène loin et nous fait perdre la notion du temps. Le plaisir est complet !
The Machine
La brèche infernale ouverte par Clegane plus tôt semble avoir fait entrer un démon visqueux, c’est l’heure de Witchthroat Serpent ! Fan de leur dernier album Trove of oddities at the devil’s driveway, la tornade stoner hollandaise précédente m’aura un peu désorientée et c’est malheureusement de dehors que je vois les toulousains. Mais même à l’air frais, impossible de passer à côté de cette ambiance malfaisante qui remplit la salle de ces riffs étouffants. Rien à redire, la roue n’est pas réinventée mais c’est tellement bien fait que le public à bien raison d’en redemander.
La soirée s’achève avec les patrons de Eyehategod mais comment vous dire… j’ai toujours eu du mal à apprécier ce groupe. Pas de chance pour se rabibocher, les derniers bus de nuit partent et il me faut plier bagage pour pouvoir rentrer tranquillement dans ma caverne. Vraiment désolé pour ce climax raté, cependant les échos du lendemain étaient très élogieux donc que voulez-vous que je vous dise, fallait venir au Grand Paris Sludge !
Samedi 27 Avril
De nouveau frais et parés pour l’aventure, c’est avec le cœur rempli par la joie de voir (enfin !) Monkey3 que je m’aventure de nouveau à l’Empreinte pour ce second jour ! Patience cependant car, pour ma part, il y a beaucoup de découvertes à faire sur cette seconde journée
Ce sont les français de One Shot qui ouvrent cette seconde journée sur la grande scène. Enfanté par des musiciens de Magma, le groupe plonge profondément dans des jams jazzrock à faire perdre de nouveau la notion du temps. Surprise cependant, pour les initiés en tout cas, le groupe doit faire face à l’absence de son guitariste et joue pour la première fois en trio. Mais même à trois, One Shot nous emmène en exploration dans leur univers musical et m’embarque complètement, notamment avec quelques ambiances et notes de synthé me faisant penser à de vieux jeux vidéos 8 bit.
One Shot
Parfait démarrage pour cette journée à la programmation plus éthérée. Cependant, qu’il est dur d’enchainer avec le doom sabbathien, mais pas que, de Witchorious. Il me faut quelques morceaux pour pleinement apprécier le doom des parisiens et un supplémentaire pour constater que les malins ont caché pas mal de références sous ce vernis couleur Black Sabbath / Electric Wizard. Le chant plus hurlé du guitariste et quelques riffs bien sombres amènent une atmosphère plus désespérée et violente tandis que les parties chantées par la bassiste nous ramènent plutôt dans un trip bluesy morose. Le mélange des deux donnant au final une palette très agréable et bien plus nuancée que l’impression de départ.
La soirée se poursuit avec les américains de Cloakroom. Difficile de situer ce groupe musicalement jusqu’à voir une description sur internet qualifiant leur musique de “stoner emo”. La formule a de quoi faire hurler mais est au final assez proche des émotions transmises par Cloakroom. On oscille ici entre un stoner doom épais mais flâneur et un rock influencé 90’s à tendance mélancolique. A cela s’ajoute une légère ambiance désertique plutôt moelleuse qui fait que l’on se sent très bien dans la grande salle.
Cloakroom
Les français de Maudits viennent clore les concerts du Club et malgré l’envie de découverte, il faut aussi penser à se nourrir et c’est donc depuis le Food Truck que je suis cet avant dernier concert. Le peu que j’ai pu entendre de près était toutefois intéressant, et la foule ne s’est pas trompé en se massant devant eux. Très bonne découverte en rentrant avec leur dernier album, le rendez-vous est pris pour leur prochaine date parisienne !
Il était important de se nourrir car la soirée, et ce Grand Paris Sludge deuxième du nom, se termine par un grand voyage dans l’espace, un vrai de vrai ! Difficile de ne pas attendre de pied ferme les suisses Monkey3 après la sortie fin février de leur dernier album Welcome to The Machine. Et dès le départ, le groupe nous offre le titre floydien “Ignition” ! Le trip instrumental cosmique de Monkey3 est tout bonnement éblouissant en concert. Encore une fois, 1 heure, 2 heures… difficile de dire combien de temps a duré cet excellent moment. Que ce fut compliqué de devoir partir un morceau avant la fin pour aller attraper le dernier RER, qui en plus va moins vite et moins loin que la fusée suisse…
Difficile de résumer autrement cette seconde édition du Grand Paris Sludge qu’avec le mot Plaisir ! L’ambiance générale me rappelle les Stoned Gatherings au Glazart, ce qui en soit est un gros compliment tant ces évènements ont pu marquer. Autre satisfaction plus chauvine, la présence massive (comme sur la première édition) de groupes français à l’affiche. Preuve à nouveau que la scène française est d’une diversité passionnante ! Si par hasard vous n’avez pu ou hésitez à venir, déjà n’ayez crainte la Seine-et-Marne c’est cool, et le Doom Dad a suivi et commenté l’intégralité du festival. Allez donc sur ses lives youtube ci-dessous, et on se donne rendez-vous l’année prochaine, en croisant fort les doigts pour que ce festival puisse nous proposer une troisième édition !
Avec sa mention COMPLET plus d’un mois avant l’événement, il gravitait autour de cette soirée une aura de convoitise intrigante. Une affiche 100% cocorico avec au programme le trio rouennais Servo, suivi de l’équipe des frères Fossat, j’ai nommé Slift. Armés de leur très réussi dernier album, Ilion, le trio Toulousain s’est embarqué sur une tournée qui semble fédérer les foules. C’est donc avec un mélange d’impatience et de curiosité que l’on s’est dirigé ce vendredi soir au Stéréolux de Nantes pour assister à la date tant attendue.
Servo
Ouverture des hostilités à 20h30 avec Servo, trio ayant aussi fait ses débuts en 2016 et pourvu d’un dernier opus tout frais sorti de décembre dernier. Devant un parterre de spectateurs s’amassant déjà de manière admirable, l’équipe rouennaise déploie progressivement sa musicalité noise-rock sombre mêlée d’éléments post-punk. Cette musique nous est présentée comme « avant tout au service du live », et il est vrai que l’on ne peut nier cette assertion. Sur la basse ronronnante de Louis, le groove immersif d’Hugo et les nappes envoutantes promulguées par la guitare, ce sont les voix des trois lurons qui nous emportent. Les têtes commencent à doucement s’agiter, les regards semblent captivés et très vite nous sommes tous happés dans l’univers onirique et étrange du groupe, hypnotisé par la voix planante et aux accents New Wave d’Arthur. Les morceaux s’enchaînent si bien que l’on en perd le fil, livrés que nous sommes aux caprices de ce doux trio. Un spectacle magnifié par le rendu du Stéréolux, qui même avec sa salle « micro » nous offre une qualité d’écoute incroyable.
Slift
S’en suis un interlude éclair où l’armée de techos du lieu s’affairèrent à préparer le plateau suivant. Le temps pour nous d’une pause aux tireuses avant de vite se replacer devant, histoire d’éviter la masse toujours plus grandissante de convives ralliant l’événement. Puis Slift entre en scène. Le light show bleu rêve de Servo se soustrait ici à un jeu de clair obscure, entre lumière directe et vidéoprojecteur, effaçant par intermittence les musiciens derrière des effets cisaillés. Un contraste renforcé par leurs tenus noirs en opposition au clair criard de leurs instruments.
Très vite les perceptions se confondent et les murs de son commencent à nous balayer comme des bateaux de noix dans la tempête. L’énergie du groupe est stupéfiante, à l’image de son guitariste Jean Fossat effectuant de frénétiques aller-retour entre micro et ampli, ne lâchant sa Gibson SG que pour poser les doigts sur son clavier. La basse de son frangin Rémi ne s’arrête pas non plus, en atteste les frasés exaltés d’« Ilion ». Et que dire du batteur, capable d’enchaîner de longs staccatos entraînants avec de puissantes séquences à déchausser les dents. Côté foule, la réponse est au rendez-vous : dès l’arrivée d’« Ummon », joué pour l’occasion plus rapide que sur l’album, les passions se déchainent et explosent aussitôt en pogo. Plus tard, des slams se succèdent même sur ce monument à briser des nuques « Weavers’ Weft » et sur « Altitude Lake ». Bien évidemment, ces déchainements perdraient de leur superbe sans les découpages planants qui les séparent, permettant ainsi à l’auditoire de reprendre son souffle, et dans le même temps de reculer pour mieux sauter.
Déterminé à nous partager leur dernière création, les titres du dernier album sont à l’honneur et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne en live. La montée se fait progressivement jusqu’aux trois derniers titres qui se présenteront comme le bouquet final, une ultime gifle, un panache coloré et explosif qui viendra nous lessiver, inscrivant dans nos mémoires de pauvre mortel le souvenir de Slift comme un groupe maître de la scène, et qui justifie sans peine l’engouement que lui porte son public.
Agréable retour dans cette jolie salle de Pessac (qui jouxte Bordeaux) qui, tandis que la Belle Endormie n’a plus d’asso pour organiser des concerts aux doux sons de fuzz et de sable chaud, prend occasionnellement le relais (Mudweiser, The Atomic Bitchwax…). Merci à eux !
La soirée commence avec le concert des Dark Dogs, un groupe de hard rock local (qui avait déjà ouvert pour Djiin dans une autre salle girondine il y a quelques mois !). Assez éloigné de l’esthétique sonore de Djiin, le quatuor a le mérite d’apporter quelques bonnes vibes à l’occasion d’un gros paquet de compos qui ratissent large dans plusieurs nuances de hard rock. Avec le recul, le groupe aurait peut-être gagné à un set plus resserré et efficace, la grosse heure de riffs étant peut-être un peu trop roborative pour une première découverte…
Le changement complet du set up est bien rapide, et l’on revient bien vite dans la petite salle pour le début du cérémonial/concert de Djiin. Il ne faut pas très longtemps pour prendre la mesure de la maîtrise scénique du quatuor rennais : sur la fin d’un périple de plus d’un mois sur les routes, le groupe est vraiment bien en place. Côté énergie, la fatigue de la tournée ne se fait pas non plus sentir, les musiciens se défonçant littéralement derrière leurs instruments (Tom à la guitare est peut-être un peu plus réservé, mais il abat un sacré boulot avec sa six-cordes). Ça saute, ça bouge, ça tournoie et… ça se déplace ! On ne compte plus les descentes dans la fosse de Chloé pour chanter et danser dans le public, et même Charlélie et Tom y font quelques incursions fort sympathiques.
Musicalement, on a beau connaître la musique (jeu de mots), la musicalité du groupe est parfaitement adaptée au live, mêlant séquences groovy psyché menant aux bords de la transe, perforées souvent par des saillies de pure énergie rock. Toujours aux limites de l’impro, les séquences instrumentales sont bien en place, efficaces et maîtrisées. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Djiin, le groupe a comme particularité de disposer d’une harpe électrique, opérée par Chloé occasionnellement, qui a le profond mérite de ne pas faire “gimmick”, avec un réel apport mélodique. Dans la même veine, notons que même si Chloé assure en front-woman, captant l’attention quasiment en continu (son timbre de voix rauque et sa puissance vocale restent impressionnants), chaque musicien assure à l’identique et apporte une réelle contribution musicale au groupe – mention spéciale à cette section rythmique infaillible sur l’heure de concert. Les titres s’enchaînent sans que jamais l’ennui ne s’installe, avec quelques extraits de leur prochain album qui trouvent bien leur place dans le set.
Cette fort belle soirée se termine donc de la meilleure manière, avec quelques échanges sympathiques avec les musiciens autour du stand de merch. On regrettera bien sûr la modeste affluence ce soir, les girondins ayant préféré rester dans leur canapé plutôt que payer moins de 10 euros pour une super soirée.
On ne va pas vous la faire à l’envers, on n’a pas beaucoup bossé pour cette chronique, mais en même temps, quoi ? On va être honnête la majeure partie des groupes qu’on a eu la chance de voir sur scène ce weekend de Westill, on vous en a déjà parlé à de multiples reprises. Alors on s’est dit, essayons de vous faire vivre ça un peu au travers du festival plutôt qu’en égrenant les noms de formations qui nous auront fait rêver deux jours durant.
Donc nous étions présents pour cette édition 2023 du Westill, la troisième pour votre serviteur, la septième pour l’organisation et un certain nombre de fidèles. On attendait vraiment peu de choses de cet événement. Pas qu’on soit blasé et qu’on n’ait pas envie, bien au contraire. C’est plutôt que l’orga faisant plutôt bien les choses il était difficile d’arriver avec quelque défiance. Jusqu’à présent peu de couacs, une salle confortable, un accueil au top et cette année une affiche à faire pâlir d’envie un paquet d’organisateurs (si, si, on en a vu tout rouges d’envie, la bave aux lèvres et le front soucieux de savoir comment un si parfait plateau avait pu être monté par une équipe ne produisant qu’un événement par an). Nous voilà donc partis bras dessus, bras dessous avec une bande d’irréductibles camarades pour ce qui s’annonce le plus parfait des weekends.
Le premier jour avait eu la courtoisie de ne démarrer qu’aux alentours de 18h30, laissant aux travailleurs que nous sommes le temps d’enfiler nos vestes à patchs au sortir du boulot et de nous présenter au pied de la scène pour l’ouverture des hostilités, et ce malgré une queue infernale pour charger l’innovation de l’année, un bracelet cashless. Décidément ce Westill veut faire comme chez les plus grands. A quoi ressemble ce festival ? Pour ceux qui n’auraient pas eu la courtoisie de nous lire l’an passé, il s’agit d’une organisation annuelle par une bande de bénévoles focalisés sur ce seul événement. On déboule sur un parking de belle taille à quelques dizaines de kilomètres du site du Hellfest, à Vallet, un patelin disposant de toutes les commodités nécessaires à un jeune couple pour s’installer. Le tout, en plein milieu du vignoble Nantais, pas de quoi finir déshydraté. On remonte ensuite se faire caresser les poches par de virils bikers des Kannibals connus pour leur poigne de fer et leur sourire angélique nous évitant par là même une improbable érection lors de la fouille. C’est néanmoins avec une fluidité parfaite que l’entrée se fait dans le Champilambart, une sorte de méga salle polyvalente avec une cour intérieure et une cuisine côté jardin. De quoi coincer le festival entre la cantine du festoche et deux Food Truck. On ne va pas mourir de faim.
Pour accéder à la scène, il faut passer par une allée pleine de merch. ‘Pas à dire, impossible pour le festivalier de repartir aussi riche qu’il est arrivé. Ajouté à cela le point essentiel de tout festival qui se respecte, le bar. Westill c’est un choix de bières à en faire pâlir plus d’un. Surfant sur la mode des bière kraft, le bar propose un choix de bière “standards” déjà dans le haut du panier mais également une série de bière “éphémères” faisant valser d’un instant à l’autre fûts d’IPA et de stout de belle qualité. En conséquence, un bar presque toujours plein et un débit de plus de 120 fûts sur le week-end.
Voilà enfin venu l’enchaînement des groupes de ces deux journées. Chaque jour débute sous de bons hospices avec vendredi le trio français Witchorious et samedi avec les très dynamiques Volcanova, d’un côté un stoner sans fioritures et de l’autre une énergie toute hard rock.
Witchorious
Volcanova
Il faut dire que des groupes dynamiques l’affiche, n’en était pas exemptée avec un set de Deadly Vipers qui aura pris tout l’espace de la scène avec un très présent Fred au chant et des comparses qu’une tournée avec Truckfighters aura sans doute récemment aidés à prendre en ampleur.
En parlant de Truckfigters, ils étaient d’ailleurs présents en clôture de cette première journée et mon dieu quelle déception! Le groupe fait les frais d’un problème récurrent du festival cette année, la qualité à géométrie variable du son, à tel point que le chant n’est pas là et quand il perce malgré tout il faut admettre que Ozo n’est pas au sommet de sa forme. Les habituel sauts de cabris de Dango ne suffisent pas à combler le fossé entre ce set et ce que l’on sait de leur capacité à allumer une scène.
Truckfighters
Parmi les groupes qui auront fait les frais des variations de son, on compte les français de Red Sun Atacama qui malgré sa bonne volonté et son savoir-faire indéniable, n’ayant pas eu le temps de bien gérer ses balances, se retrouve à court de retours et cela ce ressent. Les gars jouant à vue dans un brouillard sonore peinent à embarquer leurs admirateurs aux premiers rangs mais marquent cependant des points en enjaillant ceux qui les découvrent et qui pourront lors d’un autre concert pleinement apprécier l’énergie dévastatrice que ce combo peut diffuser dans une salle.
Red Sun Atacama
Red Sun Atacama
Au rayon de la haute qualité du premier jour on retiendra particulièrement le set de Mars Red Sky dont le grand professionnalisme permet au public de se laisser tantôt écraser tantôt soulever par les riffs toujours beaux du trio bordelais.
Mars Red Sky
Mars Red Sky
Ces derniers auront ouvert la voie et celle-ci sera élargie par Colour Haze qui réalise pour nous un concert de cathédrale. La beauté absolue du set n’aura eu d’égal que la virtuosité du batteur placé au centre de la scène et du cercle que forment les musiciens. Un set incroyable de fraternité qui saisit l’âme et le cœur des auditeurs qui en parleront encore le lendemain comme de l’un des sets les plus réussis du festival.
Colour Haze
Il y avait fort à faire pour dépasser le plaisir pris lors de la première journée et même si votre serviteur passe plus de temps à papillonner entre l’espace bouffe et les allées du merch lors des concerts classiquement stoner des chypriotes de Stonus ou du post rock masqué des espagnols de El Altar Del Holocausto, il aura tout de même pu en saisir tout l’impact sur les visages réjouis de ses camarades de concert.
Stonus
Portons une attention particulière à El Altar Del Holocausto dont le merch ne désemplit pas ni avant ni après les concert. Il faut dire que la prestation du groupe est attendue, tant pour leur musique que pour leur accoutrement hors norme et ils ne déméritent pas ce samedi soir en laissant descendre un des musiciens dans la fosse qui lui offre un boulevard, rendant ce set instrumental bien palpable.
El Altar Del Holocausto
Pour ce qui est des limites de notre ligne éditoriale ce samedi, elle est approchée une seconde fois avec My Diligence groupe que nous avions pu chroniquer cette année au Hellfest, et dont nous confirmons tout le bien que nous avions pu en penser. Leur stoner qui se dirige allègrement vers des sonorités plus indéfinissables aura fait mouche auprès du public qui aura délaissé la gamelle des Food Truck le temps d’ovationner la lourdeur de la musique des Belges.
My Dilligence
Organiser un festival c’est aussi savoir organiser les sets et le Westill a eu le chic pour proposer un trio gagnant en fin de dimanche. Black Rainbows d’abord. Un son très correct, une section rythmique lourde à souhait et un Gabriele Fiori très en voix ont permis aux transalpins de dominer le set d’une main de maître. Leur énergie communicative, les riffs psychés entraînants venus de leur dernier album comme des précédents, les maintiennent sur le podium bien chargé des meilleurs groupes de la scène Heavy Psychédélique.
Black Rainbows
Sur le podium on retrouve également Kadavar qui vient en Headliner de ce festival délivrer ses meilleures compositions, jusqu’à ce qu’à la seconde chanson, Christoph aka “Lupus” perde sa voix. Le groupe s’arrête, Christoph s’excusant, hésitant entre clore le set et continuer en version instrumentale. Et là… la magie opère, le désormais quartette (en effet, le groupe s’est doté récemment d’un clavier/guitariste) est porté par les encouragements de la foule pour que continue la fête. C’est sur une vague d’amour absolue que se déroule donc la suite du set où Christoph reprend le micro au mieux de ses possibilité pour quelques titres et clôturer sur un énorme et habituel “Helter Skelter” sous les applaudissement et les mains formant des cœurs au dessus des têtes du public.
Kadavar
La fatigue se fait sentir, les jambes sont lourdes la tête pleine de riffs mais il faut se battre, rester jusqu’au bout. Un certain nombre de festivaliers n’a pas eu le courage de rester, quitte à s’affaler dans un coin de la salle pour gouter aux envolées de The vintage Caravan. Malgré un début de set moins convaincant et issu du dernier album, le groupe finit sur ses classiques devant une salle diminuée de moitié mais reconnaissante.
The Vintage Caravan
The Vintage Caravan
Il est l’heure de dire au revoir aux amis, aux connaissances et à toutes ces personnes nouvellement rencontrées. Une dernière bière, on s’attarde sur le parvis de la salle dans l’humidité de la soirée. On retiendra de cette édition une affiche composée d’une main de maître, deux jours avec un son parfois chaotique et des lumières parasites qui n’ont pas toujours mis en valeur les sets. Cependant il est clair que le Westill est devenu cette année un événement incontournable de la scène stoner en France. L’organisation d’année en année s’est remise en question, a corrigé les dysfonctionnements ici et là, mis un point d’honneur à accueillir à merveille son public comme les artistes. Nous lui souhaitons longue vie et lui disons à l’année prochaine!
Ce soir nous retournons dans ce lieu emblématique Nantais qu’est le ferrailleur pour une bamboche de tous les diables organisée par les très efficaces Garmonbozia. Au programme du local avec Birdstone, le (trop?) rare duo, Powder For Pigeons et les très attendus Monkey3. Je dis très attendu car bien avant le jour J la soirée affichait Sold Out dans un monde où l’auditeur moyen ne se presse plus guère pour empocher son billet de concert.
Birdstone
C’est un bordel certain sur scène qui nous accueille. Deux batteries sont entreposées là, celle de Monkey3 dans le fond et sur le devant de la scène celle frappée du logo de Birdstone. Les trois comparses se faufilent donc sur cet espace rendu plus exigu qu’à l’ordinaire et sans sommation entament leur set. La salle est déjà bien remplie, preuve s’il en était que Bridstone représente pour beaucoup une valeur sûre de la scène stoner. Pour les autres, ils découvrent que deux tiers de la formation consiste dans un réemploi des zikos de The Necromancers, soit la batterie et la guitare. On ne parlera néanmoins pas de sous formation de The Necromancers, l’atmosphère est bien différente et ce projet à une identité à part entière, celle d’un blues rock qui semble dire “pose ta gitane et ton whisky Johnny. On va écouter le blues”. Il en résulte un monde très visuel, convoquant certaines formations du genre des années 80/90. On ajoute à cela une ambiance sur scène toute particulière avec un Benjamin derrière ses fûts jamais avare de grimaces qu’un maquillage approprié renforce un peu plus, une Edwige qui incarne totalement ses lignes de basse et ne se laisse pas décontenancer lorsqu’elle glisse un pain bien involontaire dans le set qui ne fait que renforcer le sourire complice de Basile au chant et à la guitare. Le public valide généreusement le set qui se termine par un rituel quasi mystique des trois comparses frappant en chœur la batterie autour de laquelle il se sont réunis.
Powder For Pigeons
Après quelques rafraichissement de mise, il est temps d’aller voir ce que donne Powder For Pigeons, cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de les voir sur scène et ma mémoire souvent défaillante me dit cette fois qu’il s’agit d’un groupe hautement appréciable. C’est à nouveau un encombrement de batterie sur scène, en effet, le Duo mi australien mi allemand joue sur ses propres fûts et Meike a fait migrer son instrument sur le côté droit de la scène d’où l’on pourra apprécier la férocité de sa frappe et l’étonnante décontraction de ses scandales, c’est dire si la dame maitrise les pédales. Ajoutons à cela une belle grosse amplification et c’est un mur rythmique qui se construit tout au long du set. De son côté Rhys sous ses de minet chanteur guitariste assène des riffs sans demi-mesure au frontières du rock indé et du grunge. Ce dernier ne se prive jamais de haranguer la foule présente avec un succès mitigé toutefois et ce à cause tant de son accent australien que du légendaire niveau d’anglais du public français. Ceci va d’ailleurs de pair avec l’adhésion du public à ce set peu formel. Le duo gagnant quelques deux tiers de la salle à sa cause et interpellant un dernier tiers qui ne sait pas trop quoi penser des enchaînements stylistiques peu orthodoxe de Powder for Pigeons. Néanmoins la foule reste assez compacte pour que ce set puisse être qualifié de réussite et finir de chauffer la salle pour Monkey3
Monkey3
Je l’ai dit, les helvètes étaient attendus, on ne les avait pas vu dans l’ouest depuis leur set mémorable du Hellfest en 2022. C’est dans une habituelle nappe de fumée qu’apparaissent les quatre musiciens font leur apparition. Sans ambages, le groupe déroule son set toujours aussi millimétré lors duquel il délivre ses meilleures et désormais classiques compositions: “Jack”, “Icarus” ou “Birth of Venus”. Le set light met en valeur les mélodies vaporeuses du groupe et les projections psychédéliques qui remplacent le back drop permettent à tous d’atteindre rapidement une mise sur orbite. Sur scène Boris en front man du groupe donne la réplique à un bassiste hautement vitaminé qui ne se prive pas d’appuyer ses rythmiques de gestes transcendés, allant jusqu’à jouer à genoux face à son camarade guitariste. Dans le public souvent on ferme les yeux, on tend le cou , le visage aux nues et il n’est pas rare de voir l’émotion affleurer au coin de l’œil de certains, rien que de très normal désormais pour se groupe qui communie avec son public tant sur scène qu’en dehors. A l’heure du rappel les gars se font désirer, jouant le suspens, Boris pointant du doigt d’un air désolé sa montre. ( Il faut toujours que les suisses nous rappellent leur supériorité en termes d’horlogerie, c’est dramatique…) Se décidant enfin à reprendre leurs instruments c’est sur les notes de Ennio Morricone que le groupe tire sa révérence avec un titre issu de “Il était une fois dans l’ouest”, choix judicieux pour conclure le set le plus au Ponant de cette tournée.
Un tour par le merch’ et l’occasion d’échanger une blague avec les divers artistes de la soirée ou pour les remercier pour le bonheur apporté lors de ces instants qui resteront longtemps dans les mémoires des participants à n’en pas douter.
Revenons sur une belle soirée signée Ben Crumble. L’habile programmateur Nantais se bat au quotidien pour faire vivre sa passion doomesque et psyché et ne rechigne pas à aller glaner ici et là quelques belles pépites bourrines, comme le démontre le plateau de ce soir, qui démarre avec les post métalleux de Sick Sad World pour transiter tout sludge dehors vers Old Iron avant de porter au pinacle les inclassables Verdun. La belle soirée que voilà, allons donc nous refaire le film de cette dernière.
Venus en voisins, les Nantais faiseurs de post metal de Sick Sad World n’ont pas encombré leurs valises de bons sentiments. La musique sombre et invasive du quintette ne délaisse pas la finesse pour autant. Cette entrée en matière se compose d’un set maîtrisé et d’un mix du son qui ne démérite pas. La prestation scénique de Sick Sad World est sans excès, la décontraction du batteur surprend même alors que sous ses pied martèlent les doubles pédales qui servent de tremplin aux effets saturés des gratteux et du chanteur hurleur qui, tantôt derrière sa console tantôt micro tête de mort à la main, capte l’attention de son public par de nombreuses gesticulations visant à faire sortir la puissance de ses tripes. L’habile insertion d’effets électro acoustiques puis la clôture écrasante finissent de combler le public et votre serviteur, ravis d’avoir découvert cet assemblage particulièrement réussi.
Déjà bien plus dans notre ligne éditoriale que le précédent groupe, le trio de Seattle, Old Iron revendique une étiquette sludge que l’on pourrait vite qualifier d’un rien foutraque. En effet la tendance du batteur à sortir régulièrement du temps pour quelques éphémères démonstrations stylistiques séduira une part des auditeurs mais me laissera sur le côté de la route. Malgré cet enthousiasme mitigé, la salle se remplit doucement et c’est tant mieux, nous n’allions pas nous fâcher pour si peu, après tout le groupe est d’une légitimité absolue, lui qui avait réalisé en 2022 un split sombre et violent avec Verdun, à qui ils servent la soupe ce soir. Néanmoins, c’est lorsque le rythme se ralentit et que le groupe rentre dans les standards du genre qu’il donne le meilleur de lui-même. Quelques riffs d’exception émaillent le set offrant au public ce qu’ il attend d’un bon moment. Old Iron nuance son propos ici et là de bandes sonores qui allègent la série de poutres qu’il balance à la tronche d’un public qui en redemande de plus en plus. Au final le pari est réussi pour les américains avec un set qui va en se bonifiant et conquiert indéniablement le public.
Parfum d’apocalypse lorsque les headliners de Montpellier foulent les planches au son de “Dark Matter Crisis”. Avec ses tatouages hardcore plein le visage du chanteur, Verdun renverse le cold crash. Alliant la lancinance des riffs aux blasts les plus agressifs, c’est le fer et le feu que le groupe fait pleuvoir sur la fosse . On devient peu de choses face à un tel groupe. Hurlements après hurlements le chanteur violente les tympans de l’assistance pendant que ses trois collègues instrumentistes transpercent les corps de leurs riffs. Et quand entre deux tours de chant le frontman prend la parole, on peine à croire qu’ une voix normale ait pu dormir en une pareille créature. Le morceau le plus hardcore me fait me demander si le groupe a bien sa place dans ces pages. Mais rien que pour le plaisir de valoriser la puissance d’un tel set je répondrais : oui ! Les rythmiques doom s’effacent systématiquement devant les blasts et de part et d’autre de la scène c’est la totale, un fourre-tout dont on peine à s’ extraire indemne en particulier avec les titres issus de leur split avec Old Iron, “Narconaut” et “Down Of The Angry “qui sera suivi en conclusion de “Last Man Standing”, issu lui de leur premier album. En conclusion nous laissons derrière nous toute analyse avec un seul mot d’ordre, Verdun, ça se vit, allez les découvrir en live!
Voilà passée une seconde soirée pour ma part au Cold Crash, toujours sous la bienveillante et professionnelle égide de Crumble Fight et c’est encore une réussite pleine et entière. La salle a un parfum de Michelet bis et il n’en faudra pas plus, on l’espère, pour que vive pleinement ce lieu qui semble-t-il attire déjà tout ce que la région Nantaise compte de fans de la scène stoner, doom et affiliés.