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Kadavar – 14/05/2025 – Paris (Supersonic Records)


Comité restreint pour une date showcase qui sans surprise affiche sold out plus vite que son ombre. La salle ? Le Supersonic Records, petite sœur du Supersonic. Lieu intimiste, aussi grand que le salon d’un loft parisien. Voilà l’écrin de la date française de Kadavar, qui sillonne les routes pour son I Just Want to be a Sound, album juste paru au moment où nous écrivons ces lignes.

En une heure de set, Kadavar va balayer toutes les craintes nées à la rédaction de Desert-Rock suite à notre écoute de l’album en avant-première. Kadavar est un groupe à l’écriture intense et au souci du détail, qui lui permet toujours de sortir de solides albums. Mais c’est aussi un groupe de live. Un autre Kadavar, une sorte de double sorti d’on ne sait quel monde parallèle, et qui systématiquement fait sonner les compos les plus atypiques des albums avec une teinte sublimée en live.

L’exercice de ce soir n’échappe pas à la règle, même si de prime abord la prise de risque semble limitée par un enchaînement des titres “Regeneration”, “Scars on My Guitar” et “I Just Want to be a Sound”, qui ont déjà été publiés sur divers médias en ligne depuis quelques semaines. Puis le groupe quitte ce que nous pensions être un simple showcase pour livrer, entre deux nouvelles compositions, des titres des précédents albums. “Come Back Life”, “Last Living Dinosaur”, “Die Baby Die” sont quelques-uns des fers de lance du quartette qui nous sont servis ce soir.

Mais allons au fait : comment le public reçoit-il les nouveaux titres ? Sans surprise, “Hysteria” fonctionne à merveille et ne sort pas du sillage du paquebot Kadavar. “Truth” et “Strange Thoughts” sont accueillis avec ferveur par ce même public de moins de cent personnes, qui interpelle le groupe et l’encourage avec une proximité toute familière et bon enfant.

Enfin, après avoir annoncé le glas de la soirée, et l’avoir justifié par le trajet à parcourir dans les heures à venir pour rentrer à Berlin, Lupus démarre “Until The End”. Un des titres les plus décalés de I Just Want to be a Sound, et une fois de plus la magie opère. Les têtes suivent le mouvement des baguettes de Tiger, les corps sont soulevés par l’intensité outrancière de la basse de Dragon. Impeccable, ce titre en live devient une sorte de post-Beatles et s’en trouve magnifié.

Il ressort de ce concert que le groupe a laissé une place prépondérante à Simon Dragon, qui ne s’encombre pas d’un volume au rabais et pousse les potards à 11, quitte à couvrir la voix de ses camarades lorsque Tiger, Lupus et Jascha prennent leur tour de chant. Si sur album la place de Jascha semblait plutôt timide, ce dernier se révèle à la manœuvre sur bien plus d’un titre où il prend le lead. On se rend compte, à écouter les explications que nous livre Lupus sur certains morceaux, que Kadavar est un groupe uni, et dont le plaisir de l’expérimentation est partagé.

Au moment de quitter la salle, le public passe religieusement faire signer l’album I Just Want to be a Sound qui était compris dans le billet pour la soirée. On a alors la chance, avec quelques mots, de constater la douceur et la proximité du groupe avec son public. On en profite même pour échanger quelques instants avec Simon, qui nous explique que chaque album est le fruit des envies de chacun, un laisser-aller qui ne rentre dans aucun plan de longue date. En bref, on a vécu ce soir encore un vrai moment Kadavar, un moment de musique, d’amour et de lâcher-prise. Que nous importe alors si sur album le groupe ne devait plus produire ce rock spécifique qui nous est cher : on est rassurés de savoir qu’il nous restera toujours l’essentiel en live.

 

1000Mods (+ Frenzee) – 21/03/2025 – Pessac/Bordeaux (Mac3)

Le public est présent en masse des l’ouverture des portes dans cette excellente et grande salle de Pessac, au cœur de la zone universitaire qui jouxte Bordeaux. Une salle de qualité, trop peu utilisée à notre goût, qui offrira ce soir d’excellentes conditions d’accueil, son, lumière, et bonne humeur.

 

Frenzee déboule sans prévenir, et il ne faut que quelques secondes pour saisir la substantifique moelle de sa musique. Avec un rapide coup d’œil à sa set list affichant presque une vingtaine de titres prévus, on a vite compris que le trio australo-crétois (!), copains de label avec 1000Mods, n’allait pas se complaire dans le funeral doom. Les cartouches de punk rock à haute énergie sont enchaînées sans presque de pause, avec une instrumentation minimaliste : un guitariste et un batteur suffisent à envoyer des riffs bourrins pour l’un, des rythmiques énervées pour l’autre. Au centre, la chanteuse Apollonia capte toute l’attention, sans en faire non plus des tonnes, mais en assumant bien son rôle de front woman et de maîtresse de cérémonie (comme quand elle saute dans le pit au milieu d’une poigne de pogotteurs pour chanter “Infection”). Leur punk rock énergique et mélodique n’est jamais trop basique (des plans rap metal et groovy peuvent côtoyer des refrains oï ou des passages limite metal), et l’on ne s’ennuie pas durant ce set, qui fait plus que son office, chauffant bien le public et installant une excellente ambiance dans la fosse.

 


À peine le temps de se désaltérer entre les deux sets que “War Pigs” est lancé dans la sono de la salle à fond les ballons, immédiatement entonné en chœur par un public que l’on sent bien dedans. Le set de 1000Mods est lancé sur un “Overthrown” qui joue parfaitement son rôle “carte de visite” : du lent, du rapide, du mélodique, du costaud… tous les traits caractéristiques du groupe rassemblés en un titre ! Enchaîné à un très efficace “Electric Carve”, on commence à présumer d’un concert qui devrait régaler.

Sur scène, on est rassurés de trouver un second guitariste (pas le même que cet été) pour épauler le désormais trio et apporter la densité guitaristique que l’on attend, importante composante pour le groupe en live. Quant au son, puissant, il manque un peu de finesse au premier rang, mais il est impeccable des qu’on fait un pas ou deux en arrière. Pour le reste, les grecs donnent, comme toujours, une impression de facilité mêlée à de la nonchalance, tout en bombardant à tout va les missiles courte portée vers un public qui gobe tout avec enthousiasme, à l’image de ce brutal “Götzen Hammer” où Apollonia de Frenzee monte sur scène juste pour chanter le break nerveux… comme sur l’album !

Si les premiers stage-divers (mais pas les derniers) font leur apparition sur “Low”, les slammers n’auront pas attendu si longtemps pour prendre leur pied, et globalement le public boit du petit lait sur toute la durée du concert : gentil pogo, mosh pit béat et public souriant seront les principales composantes de ce qui se passe dans la salle. Un temps faible se dessine avec le un peu mou “Above 179” enchaîné au presque aussi lent “Into the Spell” (malgré son long final en jam savoureux)… mais il en faut aussi pour souffler un peu, d’autant plus que le groupe est, à ce moment-là, déjà depuis 1h20 à l’œuvre sur les planches ! C’est là qu’arrive le break, avant un rappel prévisible.

On n’a même pas le temps de se creuser la tête pour savoir quels classiques n’ont pas encore été joués : il suffit d’une paire de minutes pour que ne rugisse l’intro du rageux “El Rollito” qui finit de faire voler les slammers en sueur. On reste dans une vibe old school tandis qu’un impeccable groove de batterie vient ensuite lancer “Vidage”, l’occasion à nouveau de prendre la mesure de l’ampleur prise ces dernières années par Labros, le batteur, au sein du groupe. Comme à son habitude, “Vidage” vient démontrer comment il est possible de finir de faire exploser un public chauffé à blanc (ça pogotte, ça slamme…) avec un titre lent et groovy – pas le moindre des tours de force du groupe grec ce soir.

Plus d’1h40 de set, une salle blindée et enchantée, un groupe d’une efficacité impressionnante… Une bien belle soirée et une superbe démonstration.

Wormsand – 26/02/2025 – Pessac (Sortie 13)

Encore dans la dynamique de son excellent album You, The King, sorti il y a quelques mois à peine, et après l’annonce de leur passage prévu au Hellfest cette année, Wormsand n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers, dans son local de répèt’. Ils se sont donc lancés sur la route pour une jolie poignée de dates, largement en France mais aussi en Italie et Suisse. Ce soir c’est la modeste mais excellente salle Sortie 13 qui les accueille dans l’agglomération directe de Bordeaux. Initialement prévu comme un petit concert sans première partie, dans la petite salle annexe, le public a répondu présent, ce qui a finalement amené le trio de Menton à jouer dans la “grande” salle, pour un concert tout à fait normal (prenez vos préventes, les gens : ça sert vraiment à quelque chose !).

Et dans les faits, le remplissage est tout à fait correct dans la salle, un beau résultat pour un groupe encore jeune, qui joue ce soir seul à l’affiche. Sur scène, il ne faut pas longtemps pour que le trio rentre à fond dans son set : on est habitués maintenant, les gars sont pas du genre à se regarder les chaussures, concentrés sur leurs arpèges. Après une longue bande d’intro, ils rentrent dans le lard direct avec un gros “Unlit Sun”, issu de leur premier album, et son riff massif. Il n’en faut pas plus pour mettre le public en vibration, qui s’engage dans une séance de headbanging qui ne s’interrompra plus avant que les lumières ne se rallument. Petite spécificité de cette poignée de dates, c’est un certain Rémi qui remplace Tom derrière les fûts, ce dernier étant souffrant (nous lui souhaitons un bon rétablissement) – et il s’en sort fort bien, au vu du contexte ! Le public, hybride (des connaisseurs, des découvreurs), donne des signes clairs de son appréciation, l’ambiance est bonne et les échanges bienveillants.

On entame ensuite une grosse exploration du nouveau disque, dont la plus grosse partie du set est constituée. Si vous connaissez déjà le disque, il est probablement inutile de vous dire à nouveau la qualité de ces compos (sinon il n’est pas trop tard pour en faire l’acquisition). En revanche, même si on n’était pas trop inquiets, on attendait de voir la dimension qu’ils prendraient en live, et on n’a pas été déçus : l’interprétation est impeccable, le groupe les maîtrise déjà bien, et leur efficacité passe bien sur scène. Les ambiances sont différentes, entre le colossal et doomeux “Digging Deep”, les complexes “Daydream” ou “Drown”… tout défile et passe parfaitement bien ! Mention spéciale à cet étouffant final sur les deux titres qui terminent aussi le disque, les solides mais aventureux “The Final Dive” et “To Die Alone”.

Les vieux fans auront apprécié deux modestes extraits du premier album (“Deprivers” en plus de “Unlit Sun”), mais le groupe décide de rajouter une rasade en rappel, en décapsulant le vieux “Weedosaurus” issu de leur premier EP de 2019, un titre bien efficace pour clôturer un set roboratif de presque une heure. Un bien bon moment, dans une bonne ambiance, une bonne salle, et un groupe qui clairement entame sa mue pour une très intéressante évolution.

 

Slift (+ Population II) – 15/01/2025 – Bordeaux (Rockschool Barbey)

(Re)voir Slift en salle, qui plus est headliner, était probablement sur le papier la meilleure manière de véritablement entamer 2025. C’est une file d’attente des grands jours qui sinue sur le trottoir de la Rockschool Barbey – pas forcément enthousiasmant par période de grand froid de devoir faire la queue dehors, mais ne boudons pas notre plaisir de voir le public se rallier en nombre pour le concert des nouveaux rois du psych rock.

 

Population II


Le trio québécois qui assure la première partie de Slift sur un large segment de cette tournée monte sur scène pile à l’heure, et il ne faut pas longtemps pour capter la logique de leur placement sur cette affiche : la jeune formation évolue dans un rock psyche nerveux, empruntant au noise, au garage rock et autres tendances du rock énervé. Résolument moderne, le groupe pioche néanmoins dans des influences psyche assez classiques, à l’image de ces passages où la frénésie des rythmiques rencontre une lancinance toute kraut rock. Le groupe s’appuie sur un guitariste équipé d’une sorte d’instrument à 12 cordes (dont le corps fait penser à une sorte de sitar électrique) et un bassiste (qui joue sur une 8-cordes) qui ont chacun leur clavier / rack d’effets, pour proposer toujours plus de nuances sonores. Quant aux rares lignes de chant, elles sont prises en charge par le batteur. Formation atypique, donc, pour un set très plaisant, même si marqué par beaucoup de ruptures de rythmes.


Slift

C’est en s’appuyant sur la petite boucle mélodique semi-dronesque qui aura tourné sur toute la période entre les 2 sets que Jean fait germer l’intro du set sur le rageur “Ilion”. La Rockschool, blindée jusqu’en haut des gradins, prend en pleine face le déluge de décibels développé par le trio, qui enchaîne évidemment avec “Nimh”. Le son est souvent de qualité dans cette vraie salle de concert, et celui de ce soir ne sera jamais pris à défaut, clair et puissant exactement comme il faut. Scéniquement, la formation toulousaine s’appuie sur une imposante projection vidéo, qui englobe les musiciens avant de tapisser le backdrop, changeant à chaque chanson, renforcée par un vrai light show.

Sur scène, Jean, lorsqu’il n’est pas contraint de rester le pied sur sa pédale d’effets ou derrière son micro, arpente sa moitié de scène avec fougue, sa guitare en prolongation quasi-organiques de son corps mouvant. Rémi est à peine plus calme, incarnant bien la hargne de ses lignes de basse, en soutien de la batterie de Canek, plus sobre, mais délivrant une belle performance, dernière son kit minimaliste (comme quoi, c’est pas ceux qui ont la plus grosse qui sont les plus efficaces…).

Headliner oblige, Slift a plus de place sur sa set list pour caler autre chose que ses titres supposément les plus efficaces en live. Et il ne s’en prive pas pour construire ce soir un vrai parcours musical, intelligent, aéré, reposant évidemment sur ses deux derniers albums uniquement. Il y grée néanmoins deux “presqu’inédits” (qu’il joue déjà depuis quelques mois en concert) qui ne dénotent pas (qualitativement et stylistiquement) au milieu d’un set cohérent.

Le public, nombreux et disparate, goûte chaque minute : ça danse, ça sourit, ça headbangue… Tout le monde est captivé et manifestement heureux d’être là. On aura même vu d’éminents membres de Mars Red Sky ou Red Sun Atacama par exemple venir assister à la fête.

 

Quand Jean, dont les communications avec le public sont minimales, annonce qu’il ne reste que trois titres à jouer, on ne se doute pas que c’est une grosse demi-heure de set qu’on va encore se prendre en pleine face, puisque le groupe enchaîne trois gros morceaux avec “Weaver’s Weft”, un “Lions, Tigers and Bears” absolument frénétique qui met la fosse en ébullition (ça pogote béatement, ça slamme…) et enfin le protéiforme et puissant “The Story That has Never Been Told”, qui finit de mettre tout le monde d’accord.

Les groupes qui sont capables de tenir une scène avec cette solidité, et d’embarquer un public sans temps mort pendant un set de… 1h30 (et oui !) sont rares, et Slift est de cette caste désormais. Ce qui s’est passé ce soir était assez phénoménal – littéralement. Le trio a fait une nouvelle fois la preuve de son talent et de son efficacité, affichant une insolente courbe de progression. Soyons fiers de les “avoir”, ils méritent tout ce qui leur arrive.

Monkey3 + Witchorious – 03/12/2024 – Nantes (Le Ferrailleur)

Oulah, mieux valait ne pas se réveiller trop tard pour cette date qui, pour beaucoup, sera la dernière de l’année. Garmonbozia a en effet bien flairé le coup en programmant Monkey3 et Witchorious au Ferrailleur, aboutissant à un sold out bien avant la date du concert. La file d’attente pour présenter ses billets grossit rapidement, et on se retrouve poussé à l’intérieur de la salle sans même avoir eu le temps de chercher une bière. Heureusement, la salle est bien pensée : un bar se trouve juste derrière la console de mixage. Ouf, le plein est fait, direction le pied de la scène du club, à seulement quelques mètres. On remarque au passage que la foule de ce soir ne correspond pas vraiment aux habitués du genre. Tant mieux : le psychédélisme n’est pas mort.


Witchorious

Nous avions déjà assisté à un set de Witchorious l’an passé au Westill. Cette jeune formation seine-et-marnaise nous avait fait bonne impression, sans toutefois laisser un souvenir impérissable. Cependant, leur album sorti cette année a su nous séduire par de nombreux aspects, gommant certaines faiblesses inévitables dues à la jeunesse du trio.

La scène est bien encombrée, les fûts des headliners étant déjà en place. Paul, le batteur de Witchorious, se retrouve coincé dans un angle derrière sa sœur, mais cela n’altèrera en rien sa frappe résolue. L’obscurité s’installe peu à peu, et l’ambiance mystique s’annonce avec une multitude de candélabres électriques disposés sur scène. Très vite, le groupe montre qu’il a bien progressé : nos souvenirs mitigés s’estompent, et on se laisse porter par la maîtrise scénique de ces jeunes doomsters.

Lucie, derrière son thérémine, apporte à mi-set une touche de mystère, tandis qu’Antoine, au micro, ponctue son chant de gestes et de mimiques captivantes. Impossible de détourner le regard de lui et de sa guitare. Puis la lumière s’intensifie. Comment cette jeune formation a-t-elle atteint un tel niveau de qualité ? Antoine donne la réponse en annonçant qu’il s’agit ce soir du dernier concert d’une série de 30 cette année. Witchorious est allé à bonne école et a su capter la vibration d’un public qui en redemande, vibrant au son des morceaux avec enthousiasme.


Monkey3

La transition vers Monkey3 est fluide, et il est hors de question de quitter le pied de la scène pour se ravitailler. Ce soir, la seule place qui vaille, c’est ici. Assister à un concert de Monkey3, c’est comme s’installer entre amis : on se détend et on profite. Le temps semble suspendu. Les sourires des quatre Suisses montrent une fois de plus qu’ils sont là pour leur public, en parfaite communion avec lui. Pourtant, la fatigue se lit sur leurs visages. Cet avant-dernier concert de leur tournée les aura emmenés à travers tout l’Hexagone. Fatigués, certes, mais toujours professionnels jusqu’au bout des ongles.

Monkey3 embarque le public dès les premières notes, ouvrant avec “Collapse”, nourri aux riffs dignes de Pink Floyd. Bienvenue dans The Machine dernier album du groupe. On voyage quand même dans le temps jusqu’à “Jack” (Issu du second album de Monkey3), enveloppé par des rideaux de fumée produits autant par les fumigènes que par la cigarette électronique de dB derrière son clavier. Ce dernier a le chic pour parfumer le premier rang d’effluves sucrée, faisant de Monkey3 le seul groupe qui sent le biscuit!

Dans cette ambiance enveloppante, le public nantais se laisse porter. Peut-être un peu trop d’ailleurs, car le groupe doit parfois inciter les spectateurs à se manifester davantage. Boris, avec ses cornes levées, joue même avec la bouche ou porte sa guitare au-dessus de sa tête pour réveiller la foule comme il sait si bien le faire. Jalil dont le son et la position scénique prennent en ampleur a chaque fois qu’on voit le groupe, n’est pas en reste, levant les bras pour réclamer des ovations. dB, habituellement plus discret, sort de derrière son clavier pour encourager le public à taper des mains peu avant le rappel sur “Through The Desert”

Petit à petit, la salle se réveille. Comment pourrait-il en être autrement face à des morceaux comme “Mass”, “Icarus”, “Kali Yuga”, ou “Rackman”, sublimés par les projections hypnotiques en arrière-plan, reprenant les motifs des clips du groupe et divers montages visuels.

Le rappel est généreux : trois morceaux avec “Ignition”, “Pintao”, et “Bimbo”, portés par un public désormais bien réveillé, braillant sa gratitude entre chaque titre.


Malgré une salle initialement en retrait et la fatigue évidente des Lausannois, une fois encore, l’alchimie a opéré. L’humain l’a emporté sur la mécanique. Une soirée mémorable, pleine de ressentis, comme il est vital d’en recevoir régulièrement. Que Monkey3 nous revienne vite, que ce soit dans l’intimité d’un club ou la frénésie d’un festival nous ferons tout pour être là.

Ufomammut + The Necromancers + Pelegrin – 13/11/2024 (Nantes, Le Ferrailleur)

La fin de l’année approche, et comme chaque année, c’est la période des festivités épuisantes, une avalanche de concerts mémorables. Il y a trois jours, nous étions au Ferrailleur à Nantes pour assister à une leçon magistrale de Dopelord. Ce soir, nous y retournons pour une autre immersion sonore, cette fois orchestrée par les Italiens d’Ufomammut.

PELEGRIN

C’est Pelegrin qui a l’honneur d’ouvrir le bal. La salle est encore timidement remplie, laissant à chacun l’espace pour observer le trio à l’œuvre. La batterie est avancée sur scène, repoussée par les imposants fûts d’Ufomammut déjà installés en prévision. Pelegrin nous propose un répertoire oscillant entre des rythmes légèrement stoner et des influences résolument prog. Si la voix gagnerait à être mieux centrée et la batterie à s’exprimer dans une configuration plus favorable, le groupe pose avec assurance l’ambiance de la soirée.


THE NECROMANCERS

Après une courte pause, The Necromancers prend la relève avec ses premiers riffs percutants. On s’approche de la scène pour “Salem Girl” et un set cohérent qui ne connaît aucun faux pas. Depuis l’arrivée de Basile au chant, le groupe a peut-être perdu un peu de lourdeur, mais ils ont gagné en élégance et en aisance scénique. Derrière les fûts, Benjamin assure la cohésion du groupe, dont la bonne humeur et la maîtrise musicale séduisent le public à chaque concert. Ce soir encore, The Necromancers livrent une performance solide, laissant les spectateurs ravis.


UFOMAMMUT

Enfin, le moment tant attendu arrive : l’entrée d’Ufomammut. Bien que le groupe ait connu des hauts et des bas, la tournée actuelle semble les avoir remis en pleine forme, et cela se confirme dès les premiers riffs de “Crookhead”. Leur psychédélisme cosmique emporte le public en quelques minutes. Depuis le pied de la scène, on reçoit surtout des vagues de guitares et de kick de batterie, et l’on se laisse volontiers emporter dans cette transe sonore en particulier sur la reprise du Floyd, “Welcome To The Machine”, titre joué régulièrement en live. La configuration club met en valeur le mur de son du trio, et les jeux de lumière frappent directement le public, laissant une empreinte visuelle durable collant à merveille à “Supernova”. Les tympans sont mis à rude épreuve, mais le public en redemande, porté par les cris enthousiastes qui ponctuent chaque morceau. Après 1h20 d’un set intense, le groupe relâche enfin sa proie après une dernière saillie sur Oroborus, et chacun quitte la salle avec la sensation d’avoir vécu une expérience hors du commun.


Cette soirée signée Garmonbozia s’impose sans doute comme l’une des meilleures de l’année en région nantaise. Si l’année se terminait ainsi, nous serions comblés. Mais attendons encore un peu : Noël est loin, et d’autres belles soirées nous attendent.

Dopelord + Red Sun Atacama – 09/11/2024 (Pessac / Bordeaux, Sortie 13) & 10/11/2024 (Nantes, Le Ferrailleur)

On a eu du mal à choisir la date sur laquelle assister à cette excitante tournée… du coup on en a fait deux ! Et donc double chronique pour le prix d’une, ne nous remerciez pas.

 

RED SUN ATACAMA

Du côté de Bordeaux, à Pessac précisément, le concert se tient dans la très cool salle Sortie 13 – petite/moyenne capacité, mais conditions excellentes. Pour Nantes le lendemain, rendez-vous au Ferrailleur, classique, pour fouler la vraie scène du club cette fois à l’heure de la soupe – alors que le dernier passage du groupe sur Nantes s’était fait sur la scène d’été des Concerts Sauvages en plein air et face Loire. Premier constat sur les deux dates : le public est venu en nombre ! Concernant Red Sun Atacama, gageons que leur récent passage au Hellfest n’aura pu que servir leur popularité.

En tous les cas, le concert démarre sur les chapeaux de roue… et ne ralentit presque jamais ! Le trio est solide et aguerri, et le public ne s’ennuie pas. Vincent apporte évidemment la part principale du son du groupe, et son jeu n’est jamais pris à défaut. On entend toujours ici ou là quelques influences de Josh Homme (période Kyuss – écoutez les soli en particulier…) mais il est sur tous les fronts musicalement et ne donne jamais l’impression de plagier quiconque. Dynamique, il capte l’attention d’une bonne part du public – c’est d’autant plus le cas à Pessac, le gaillard étant d’origine locale. Sa présence scénique sauve un peu le trio qui du côté de la basse reste souvent cantonné à son mètre carré de scène, bien qu’on ne puisse pas dire que Clém’ manque pour autant de dynamisme : il multiplie les efforts de prise de micro entre les titres pour laisser penser au public que le choix des titres est décidé sur l’instant (ce que l’absence de set list au sol laisse croire bien volontiers). Le bassiste sera en outre particulièrement mis en lumière lors du set de Nantes, jour de son anniversaire que les premiers rangs n’oublieront pas de lui souhaiter – démonstration d’une fan base solide.

On n’oubliera pas de jeter un œil attentif du coté des fûts où Thibaut Bison vient temporairement remplacer Robin qui, en plein acte de paternité, aura du faire une croix sur la tournée. Le gonze est solide et ne dénote pas dans la formation. Sa frappe permet de garantir le titre de Power Trio à la formation.

La part belle est faite aux titres du dernier album, Darwin, mais une heure de set laisse la possibilité au groupe de replonger dans Licancabur, notamment pour envoyer pied au plancher des perles comme “Cupid’s Arrow”.

 


DOPELORD

Il fallait lâcher tôt le comptoir et refuser une énième bière pour se retrouver bien placé pour le set des Polonais. Le public de ce soir est beau à voir, nombre de visages plus jeunes qu’à l’accoutumée et peu de patchs sur les vestes nous font penser que le doom a encore de beaux jours devant lui (mais malheureusement toujours trop peu de métissage de genre).

Qu’importe, les doomsters jeunes ou vétérans ont les dents aigües et mordent a pleines dents dans un set hyper carré. Klusek au chant et à la basse joue les figures de proue en milieu de scène et n’hésite pas à s’adresser au public, allant jusqu’à demander de souhaiter un joyeux anniversaire au chanteur de Red Sun Atacama, et le faisant monter sur scène pour une démonstration de son polonais, criant dans le micro un impeccable “Kurwa” [ndlr : “Putain”] – quoi de plus logique quand un français apprend une langue… En revanche, le comportement du frontman reste des plus austères sur scène, ses sourires étant rares voire inexistants notamment. Certes, on est sur du doom, mais montrer un semblant d’émotion ne ferait pas de mal au quatuor. D’autant plus que Miodek à la guitare est bien plus dynamique et expressif, et n’est pas en reste par exemple lorsqu’il s’agit d’inviter le public à tendre les doigts et hurler “Hail Satan” sur le refrain du titre éponyme.

La salle est comble et les têtes hochent jusqu’au fond de cette dernière. On entendra dire “un titre, un tube” – sans doute par un fan du Top 50 – mais ce n’est pas loin de la vérité car le groupe égraine ce soir les perles de son répertoire. En revanche, on notera que le groupe ne jouera qu’un seul extrait de son dernier album (“The Chosen One” en intro), manifestement bien conscient de sa qualité moindre que le reste de sa discographie, preuve encore flagrante ce soir.

Un set précis et sans temps mort qui file à une vitesse folle, notamment grâce à des titres coups de poings qui viennent parfois entrelarder la setlist, à l’image du très Motorhead-esque “Headless Decapitator”. A Pessac, face à la révolte du public hurlant son désespoir en fin de set, le groupe improvise un rappel (Miodek doit même rebrancher sa guitare qu’il avait trop hâtivement rangée) avec un solide “Preacher Electrick” qui finit de rassasier cette horde de morfales.


 

Cette bien belle tournée, proposant un plateau assez surprenant voire atypique (Dopelord et Red Sun Atacama ? Vraiment ?) s’avère un vrai succès : le public répond présent, la qualité est au rendez-vous (deux belles formations, à l’aise sur scène), et permet aux amateurs de l’un ou l’autre des deux groupes de découvrir, le cas échéant, son partenaire de tournée. Une bien belle soirée… deux fois !

 

Sidney & Laurent

Slomosa (+ The Silver Lines + Mosees) – 08/11/2024 – Capbreton (Le Circus)

On a pris de telles claques récemment avec les derniers concerts de Slomosa, qu’aller les voir pour l’une des dernières dates de leur tournée (la dernière en France) ne nous a pas fait hésiter longtemps. Il fallait le trouver, ce Circus, paumé dans le noir derrière un hangar d’une zone industrielle de Capbreton, petite ville balnéaire de la côte landaise, proche du Pays Basque… Mais ça n’a pas refroidi grand monde apparemment, l’affluence des grands jours s’étant donnée rendez-vous ce soir dans cette salle sympa et conviviale qu’on est content de découvrir. Dotée d’une configuration impeccable, d’un bon son, et d’un light show exemplaire, ce Circus a quelques atouts à faire valoir !

 

MOSEES

En guise d’entrée en matière, Mosees fait particulièrement bien le job. Le quatuor local (il sont basés à quelques encablures) propose un rock très énergique à un public déjà bien tassé. Bien carré musicalement, le groupe déroule un bon set nerveux et réjouissant. Les musiciens ont une bonne présence scénique, avec un guitariste à ressorts, et un autre guitariste qui partage le chant avec le bassiste, en chœurs assez souvent (et c’est assez réussi). On est pas vraiment en terrain familier (on est quand même loin du stoner) mais c’est une parenthèse bienvenue et franchement sympathique.

 


THE SILVER LINES

Il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que le fil rouge de la soirée sera le fun et la bonne humeur. Le quatuor anglais prend la scène avec un grand sourire, et délivre quelques sympathiques compos à un public qui, au moins en partie, est venu spécialement pour les voir. The Silver Lines dispense ce qu’on dénommera avec une certaine feignantise intellectuelle du rock anglais (!), une sorte de mélange entre Oasis (et pas uniquement à cause de la fratrie guitare & chant) et de Blur en gros (dit comme ça ça fait cliché et pourtant…), guitare en son clair et grosse basse ronflante. Le chanteur essaie sans arrêt de baragouiner quelques bouts de phrase en français pour la blague et joue bien son rôle de frontman. Les quelques problèmes techniques du guitariste saccadent un peu la fin du set, mais le groupe n’en perd jamais sa bonne humeur communicative, et le concert se déroule, toujours à un bon rythme (jamais le tempo ne faiblit !). Les premiers rangs sont à fond et se laissent envoûter par ce groove énergique, il est vrai assez irrésistible. Encore un groupe qui n’est pas dans les balises stoner rock mais qui fait passer un excellent moment au public.


SLOMOSA

Nous avons assisté à différentes prestations de Slomosa ces dernières semaines, pour la plupart en festival, et nous avons été impressionnés par leur courbe de progression. Lassés de les voir voler les affiches à leurs collègues de fest, nous avons voulu voir le groupe en configuration “concert en salle”, en tête d’affiche.

Benjamin annonce assez vite dans le set qu’ils viennent d’enquiller 8 concerts sans de repos, et qu’ils comptent bien lâcher tout ce qui leur reste d’énergie ce soir – et la journée de demain étant off, la fête est au programme ce soir ! Que dire que nous n’ayons déjà dit lors de nos derniers live reports du groupe ? La scène, bien que de belle taille, est plus petite que les derniers festivals où nous avons vu le quatuor (il faut voir Jard, avant le début du concert, manquer de se casser une jambe, en équilibre sur son tabouret de batterie pour accrocher leur petit backdrop), et le groupe a donc moins d’espace pour évoluer. Pourtant ils exploitent chaque centimètre carré, en particulier Ben et Tor, qui viennent souvent sur les avancées des retours en bord de scène pour aller claquer quelques leads de guitare sous le nez des premiers rangs. Pour le reste, on y est habitué mais c’est toujours remarquable, on note une entente impeccable entre les musiciens, un véritable lien (manifestement amical en plus de musical) qui fait que chaque interaction sur scène, jamais forcée, semble sincère. Indépendamment aussi, chaque musicien est devenu complètement à l’aise : Tor avec ses poses de guitar hero forcené et son cou en mode moulin à vent, Marie et son headbanging machoire serrée et sourires non stop, et Benjamin et Jard, plus posés, mais jamais austères. Ben communique pas mal avec le public ce soir, enchaîne les blagues, et sourit aussi copieusement !

Les ingrédients d’une bonne soirée son donc déjà réunis, et la set list de ce soir apparaît comme le glaçage sur le gâteau. Tête d’affiche oblige, pas moins d’une douzaine de titres sont prévus, soit la set list des grands jours. Ca commence par la version longue de “Afghansk Rev” (généralement réduite à quelques secondes en format festival), et derrière ça déroule du hit par poignées, issus soit du premier album (“Estonia”, “In My Mind’s Desert”, “Psykonaut” – ou plutôt “On and Beyond” pour les anciens…) soit du dernier (“Cabin Fever”, “Rice”, “Battling Guns”…). Des moments forts ? On retiendra le très juste “Red Thundra”, une version quasi-punk de “Monomann” qui, enchaîné à “There is Nothing New Under The Sun”, mettra la fosse en feu… Le public, parlons-en : d’apparence hétéroclite (une observation très rafraîchissante en arrivant dans la salle, habitués que nous sommes aux concerts rock au public un peu “formaté”, en terme de gamme d’âge, de style…) il se révèle enthousiaste et très réactif (avec un pogo un peu débridé en milieu de pit, fin de soirée et bonne bière servie au bar aidant), un constat partagé par le groupe qui ne manque aucune occasion de le remercier.

Dans la dynamique de la soirée et avec tant d’enthousiasme démontré à la fois sur la scène et dans la fosse, le groupe glisse même un titre supplémentaire avant sa conclusion, en dépoussiérant son plutôt rare “Traktor” (“Just to Be”, quoi…), un vrai plaisir groovy, emmené par la ligne de basse d’une Marie, en sueur, qui commence à tirer la langue après tant d’efforts en fin de concert. Ça se termine sur “Scavengers” et à ce stade il est tout simplement inutile de demander un rappel : le groupe a joué absolument TOUTES les chansons de son répertoire “jouables” en concert – et en particulier, notons-le, l’intégralité de son premier album !

Le groupe en entier finira la soirée à papoter avec le public, signant des dédicaces, discutant avec tout le monde, dans l’ambiance chaleureuse du lobby/bar du Circus. On sort ravis de ce concert, clairement une date “où il fallait être” : super ambiance, excellente petite salle, groupe dans une forme olympique confirmée… et fin de tournée ! Car hormis une poignée de dates au Royaume Uni au premier trimestre 2025, rien n’est encore prévu pour revoir Slomosa sur les planches… Le sevrage va être particulièrement difficile !

WESTILL Fest – Jour 2 (Orange Goblin, Slomosa, Monolord,…) – 02/11/2024 – Vallet (44)

L’arrivée au complexe Champilambart se fait tranquillement en ce début d’après-midi, sous un délicieux petit crachin assorti d’une sympathique température glaciale : autant dire qu’on est content de pénétrer dans cette salle de concert chaleureuse ! Le temps d’aller faire un petit tour des exposants sous leur tente (chauffée et tout confort !), de saluer les ami(e)s, et on attaque les concerts !

 


BIRDS OF NAZCA

Duo guitare-batterie, Birds of Nazca constitue un autre exemple de la qualité de la scène musicale nantaise. La formation 100% instrumentale (mais à quoi sert ce pied de micro ?) ne communique pas avec le public autrement que par ses (gros) décibels. Musicalement, le groupe évolue dans une sorte de mélante entre post metal mélodique et stoner à gros riffs… du post stoner ? Ce son massif vient répandre son onde de choc jusque derrière la console de mixage loin au fond de la salle. Sur le papier, l’austérité du dispositif instrumental pourrait laisser craindre une certaine monotonie scénique – mais il n’en est rien, car non seulement Guillaume évolue pas mal sur les planches et est très dynamique dans son jeu de guitare, mais même Romuald a un jeu de batterie assez expressif. Un petit trou d’air commence à se dessiner au bout de 30 minutes toutefois, car il n’est pas aisé de maintenir la tension sur un set 100% instrumental. C’est probablement le seul axe de progrès d’un groupe qui aura laissé une excellente impression aujourd’hui.


1782

On n’avait pas vraiment eu de stoner doom classique jusqu’ici au Westill, et 1782 va venir corriger ça avec une dose mammouth. Point d’originalité ici, on a lu les livres et on applique les codes. Le trio transalpin joue lent et lourd, et les riffs sont trappus. C’est très bien exécuté. Scéniquement c’est un peu pauvre en revanche, et le groupe communique peu avec le public – mais mention particulière à Gabriele Fancellu, le souriant et expressif batteur à crête, co-fondateur du groupe, dont la frappe de mule vient enfoncer chaque riff six pieds sous terre.. comme il se doit en gros. Quelques problèmes de son (le chant disparaît quelques minutes) n’entacheront pas le déroulé du set (le groupe ne s’en est probablement même pas aperçu). Le riff est trappu, le son est grassouillet, tout va bien… Mais on est pas au sommet de l’emballement non plus en ce début d’après-midi. Le public n’est pas le plus dense que l’on ait vu le week-end, mais semble apprécier.


GRANDMA’S ASHES

Après le classicisme doom de 1782, il est difficile de rentrer immédiatement dans le set de Grandma’s Ashes. Il faut dire que la musique du trio est bariolée, riche d’influences, de styles, d’hybridations diverses et variées, et les repères s’envolent : rock inde, noise, stoner, grunge, mélodies, riffs,… Tout ça se bouscule dans un maelstrom qui pourrait être bordélique, mais s’avère bien maîtrisé. En effet, une fois lâché prise, le set est prenant, et le fait qu’il s’agisse ce soir de leur dernière date d’une séquence de tournée(s) de plus d’un an et demi pour le groupe n’est sans doute pas pour rien dans ce constat : elles sont à l’aise sur scène et l’interprétation est solide. Evidemment les regards sont plus souvent tournés vers Eva, frontwoman assumée et assurée, dont les lignes de basse sont solides, mais surtout dont le chant est l’un des marqueurs forts de Grandma’s Ashes, enchanteresse dans les aigus ou plus en puissance sur les passages les plus nerveux. Elles joueront deux inédits qui semblent faire pencher leur musique dans une veine assez costaude, à confirmer sur album.


SIENA ROOT

Encore un nouveau gros changement de trip, avec ce début de set de Siena Root. Difficile de faire plus radical dans la vibe 70’s, penchant hippie cool, qu’avec les suédois. Tout sur scène sent le vintage, des fringues jusqu’aux instruments de musique (mention particulière pour ce bel orgue Hammond dans son corps en bois). Le talent de Siena Root pour incarner cette époque musicale avec talent, passion et intégrité n’est plus à démontrer, et il est probable qu’ils n’aient pas beaucoup de compétition à ce niveau. Ils rentrent immédiatement dans leur set avec une belle énergie et enchaînent les pépites de heavy rock très old school devant un public bien dense. Autour du duo rythmique fondateur Sam Riffer /Love Forsberg, souriant, dynamique et efficace, la chanteuse Zubaida Solid (qui semble bien installée au sein du groupe depuis quelques années, un bel exploit au regard de leur historique) redouble d’activité sur les planches lorsqu’elle se concentre sur son chant. En conséquence, quand elle passe derrière l’orgue, on gagne en instrumentation ce que l’on perd un peu en activité scénique. Mais le public étant déjà captivé dès les premiers titres, la stratégie est payante. Beau succès, de la part de l’un des meilleurs groupes du style – si ce n’est LE meilleur en activité.


VALLEY OF THE SUN

Comme pour Grandma’s Ashes passés sur les mêmes planches un peu plus tôt, ce set au Westill est la dernière date d’une grosse tournée pour Valley of the Sun. Ils ont en conséquence eu l’opportunité de bien roder leur set list, qui voit primer l’efficacité : l’entame est la même que celle déja éprouvée il y a quelques semaines, avec “Hearts Aflame” et les 2 titres suivants de son classique album The Saying of the Seers. C’est lourd, punchy, carré, et gentiment groovy – ça résume bien ce qui va se passer ensuite. Intelligemment, le trio alterne les rythmiques et la notoriété de ses titres (des classiques, des nouveaux…) pour proposer un set jamais ennuyeux. L’expérience… On notera trois nouveaux titres joués, dont une excellente version de “Quintessence” malgré sa longueur (avec sifflement de Ferrier sur le break final en bonus) et un solide “Palus Somni” en conclusion. Ryan Ferrier échange bien avec le public entre les morceaux, et tient clairement la tête de la machine VOTS, qu’il manœuvre d’une main de maître. Artisan de sa réussite, Valley of The Sun monte son niveau d’un cran à chaque fois qu’on a pu les voir. Le set de ce soir est un exemple de plus de cette amélioration perpétuelle.


MONOLORD

On est désormais habitué à voir Monolord évoluer en format quatuor avec le cultissime Per Wiberg en complément bonus depuis quelques mois. On ne reviendra donc pas sur la densité qu’il apporte au groupe (ce qui n’était pourtant pas un point faible du groupe auparavant, loin s’en faut). Le désormais quatuor traîne une excellente réputation pour ses prestations scéniques solides, et à les voir rentrer dans ce set à 100% des les premiers accords saccadés de “The Weary”, une belle pièce de doom costaude et catchy issue de leur dernière album, on se dit que ce soir ne devrait pas casser cette habitude. Pourtant le groupe semble rencontrer quelques problèmes de son qui coupent un peu la dynamique du set (le soundcheck aussi fut laborieux, signe avant-coureur probablement). Mais rien ne pourra les arrêter ce soir semble-t-il et ces interruptions sont vite oubliées au son des quelques belles déflagrations proposées. Nos quatre amis connaissent bien leur rôle, et font le job avec implication et énergie, et en particulier Thomas V Jäger, que l’on a connu plus effacé qu’aujourd’hui. Pour justifier la présence de Wiberg, le groupe joue “The Last Leaf” pour lequel le vétéran prend place au clavier. Fut-ce décisif dans le son de la chanson ? Pas vraiment, soyons honnête. Mais le bénéfice apporté par Wiberg sur le concert ayant été intéressant, on ne va pas cracher dans la soupe ! Sinon, soyons honnête, le concert est sans surprise, avec une set list quasiment identique à la dernière fois où nous avons vu le groupe. Mais l’exécution est impeccable et Monolord fait un carton ce soir auprès du public.

 


ORANGE GOBLIN

Le soundcheck est mené de main de maître et le petit retard accumulé sur les derniers groupes se volatilise. Et ce n’est que la première illustration du professionnalisme d’Orange Goblin. Dès qu’ils montent sur scène c’est une boule d’énergie qui s’empare de la salle entière (et en quelques minutes les rangs se resserrent sur la première moitié de la salle). Scéniquement, peu de surprises en réalité. Orange Goblin est en train de se transformer en « gros groupe » live, au même titre que des groupes comme Fu Manchu par exemple : finies les tournées des clubs pendant des mois, le groupe se concentre depuis quelques temps sur des volées de dates ciblées voire des concerts “one shot” comme aujourd’hui, joue sur sa rareté pour affirmer son statut. En regard, la robustesse de son set devient une sorte d’obligation, à laquelle ils répondent avec brio, et chaque musicien assure son rôle dans ce contexte : comme à son habitude Ben Ward mène le bal d’une main de maître et manipule la foule à sa guise, qui se laisse guider de manière consentante. En bon frontman, il harangue quasiment sans interruption son public avec ses mimiques inchangées depuis des années (en mode « lève-toi, public »). Chris Turner reste assez statique derrière son kit, tandis que Joe Hoare est à 100% non stop à la guitare (et quel boulot abattu ! Son importance est souvent sous-évaluée dans le groupe). Harry Armstrong (le nouveau bassiste depuis plus de trois ans maintenant) semble parfaitement à l’aise, bien aidé par un son de mammouth (et, plus anecdotiquement, partageant avec son prédécesseur sur le poste à sa grande époque un statut capillaire qui empêche tout le monde de voir son visage pendant presque 1h30 de set).

Un peu en anticipation de leurs trente ans de carrière (prévus pour l’an prochain), la formation anglo-saxonne a constitué une set list qui vise à couvrir l’ensemble de sa discographie. Bon, le challenge n’est que partiellement couronné de succès, avec aucun extrait de Healing Through Fire, Thieving from the House of God et The Wolf Bites Back, mais sinon, la démarche est sympa et permet d’éviter le systématisme de certains titres devenus un peu routiniers dans leurs set lists (même s’ils auront du mal à zapper les sempiternels Quincy the Pigboy, Saruman’s Wish et autres Red Tide Rising…). D’autant plus que le concert du jour fait quand même la part belle à leur dernière galette, avec pas moins de cinq extraits joués ce soir – un choix gagnant, car les paroles sont déjà sur toutes les lèvres des premiers rangs.

Une fois de plus le Fucking Orange Goblin démontre ce qu’est une vraie rock party. On s’est depuis belle lurette avec nos lascars éloignés du stoner rock finalement, mais on est quand même toujours contents de les retrouver par “chez nous”…

 


SLOMOSA

Dire qu’il y’a un phénomène Slomosa est un euphémisme, et il suffisait pour cela de voir la longueur de la file d’attente au stand de merchandising des que leurs articles y ont été déposés. Rien de similaire ne s’est produit avec aucun autre artiste ce week-end. Officiellement ce week-end, Slomosa est le 4ème groupe le plus important dans les règles protocolaires en vigueur (l’ordre sur l’affiche…). Mais son placement en clôture du festival aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : l’orga du Westill veut probablement faire un gros coup en mode baroud d’honneur – et l’ambition du quatuor dans ce contexte est probablement dans la même tonalité (autre illustration : le backdrop indécemment grand du groupe ne rentre même pas sur la pourtant immense scène du Westill… il serait parfait pour un gros fest en plein air, tiens, on dit ça comme ça…).

Inutile de préciser que peu de monde a quitté la salle après le concert d’Orange Goblin, et la fosse est bien dense lorsque le groupe monte sur scène sous les vivas. Sommes-nous surpris de ce qui se passe sous nos yeux dès les premières minutes ? Pas le moins du monde : après de nombreux concerts du groupe vus ces dernières années (dont encore récemment il y a trois semaines à peine), leur courbe de progression n’a jamais cessé de monter, et les voir à ce niveau de maîtrise scénique est à la fois une grosse satisfaction et une confirmation, une implacable logique. Le groupe sait ce qu’il veut et sait agir sur tous les bons leviers pour s’en donner les moyens. Et donc, tout est là, sous nos yeux, pendant une belle heure de concerts. Les musiciens sont impeccables, de justesse évidemment (tout le monde est appliqué et connaît son rôle), mais aussi d’énergie, avec Marie complètement déchaînée derrière sa basse et Tor à la guitare lui aussi bien plus à l’aise et dynamique qu’il y a un an ou deux… et sans que ça ne paraisse jamais ni forcé ni fake. Ben, évidemment, communique une sorte de force tranquille, sans pour autant rester prostré derrière son micro (et ses progrès au chant en particulier sont remarquables).

Côté compos, évidemment, rien à jeter : du rapide rentre-dedans, du groovy, du mid-tempo, du lourd… La construction de la set list est impeccable à ce titre. On ne va pas vous lister toutes les chansons, vous vous doutez qu’il s’agit d’un best of de leurs deux rondelles, qui culmine comme souvent avec un agencement “There is Nothing New Under the Sun” / “Kevin” / “Horses” – trois tonalités, trois cartons. Le public rayonne, depuis les premiers rangs bien tassés (et ça slamme dru) jusqu’au fond de la salle, où tout le monde dodeline ou headbangue gentiment d’une manière ou d’une autre (même ceux qui font la queue au bar, c’est assez rigolo à observer).

La conclusion s’impose à tous, avec éclat : Slomosa vient de faire un hold up sur le fest entier, et il n’y avait probablement aucune autre formation plus fédératrice dans cette scène musicale pour amener cette édition du Westill aussi « haut » pour son final.


On sort de cette édition de deux jours avec des étoiles plein les yeux. Avant tout grâce aux super concerts auxquels on a assisté, dans des conditions impeccables, d’accueil ou techniques (au risque de nous répéter, la qualité du son a été au rendez-vous sur chaque concert), mais aussi du fait de la dimension prise par le festival, qui peut désormais, sans autre forme de modestie, prétendre rivaliser qualitativement avec bon nombre de festivals européens. Espérons que l’esprit du fest, la motivation et le sérieux de son organisation (et les moyens qu’elle se donne) lui permettront de maintenir ce festival voire de le développer dans le temps.

 

Par Laurent, Kara et Sidney

(photos : Laurent)

WESTILL Fest – Jour 1 (Dozer, Nightstalker, Greenleaf,…) – 01/11/2024 – Vallet (44)

Si jamais vous vous imaginez un petit fest amateur en club devant quelques dizaines de pelés, votre arrivée au Westill sera un peu un choc, d’autant plus avec les nouveaux aménagements de cette année. Après des années à se chercher, le Westill poursuit les ajustements propres à ce genre d’événements : Cashless rechargeable depuis le téléphone, zone merchandising dédiée sous un barnum hors de la salle (plein d’exposants : disquaires, posters, tee-shirts, tatoueurs, CBD, etc…), accessibilité aux PMR accrue… Le complexe de Champilambard est à ce titre une excellente localisation de l’événement, avec notamment une grande zone extérieure (on n’ira pas jusqu’à dire qu’il est agréable d’y évoluer – la météo bretonne, bla bla bla…), et évidemment la salle de concert, très grande (au pifomètre une belle capacité de 1500 à 2000 personnes) et une superbe scène. Le tout est agrémenté de décors sympas, entre autres attriobuts généralement dévolus aux fest “pro”…

 


APHASIS

Autre aménagement très significatif introduit par le Westill cette année, probablement le plus important finalement :  une nette progression de la qualité du son, qui heurte l’habitude dès les premières notes d’Aphasis. C’est à ce jeune groupe local (nantais) que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités, ce qu’ils font fort bien, devant une assistance déjà bien fournie. Le quintet devenu quatuor (nos vœux de bon rétablissement à son chanteur Greg) propose donc par obligation une sorte de gros stoner metal forcément instrumental. Même si le spectre Karma To Burn n’est jamais loin dès lors qu’il s’agit de gros riffs qui tabassent en instrumental, Aphasis se distingue par une lourdeur accrue et des pincées de post métal pour renforcer ses poutres. Le format instrumental ne les handicape pas trop. Un bon moment.


QILIN

Il semble que pas mal de monde dans les premiers rangs connaisse personnellement des membres du groupe, ce qui aide pas mal à donner une tonalité très positive à l’accueil fait à Qilin. Le quatuor parisien n’avait pourtant pas besoin d’un coup de pouce car il semble que l’assistance, déjà drue en ces premières heures de festival, apprécie. Il faut dire que le groupe a quelques atouts dans sa manche, même si son activité scénique est un peu timorée. Le rock instrumental de Qilin ratisse large, on peut penser à Yawing Man autant qu’à une sorte de Elder sous tranxene parfois. On passe souvent de plages très aériennes et plutôt calmes, à des morceaux franchement plus lourds avec de très bons riffs (c’est quand même sur ces séquences que le public frissonne). Une large palette qui mériterait peut d’être un peu plus concentrée. Mais ce ne sont que des détails, car en l’état le set de Qilin était solide et a bien fonctionné auprès du public.


CHILD

Voyage express dans les déserts d’Australie avec le très chaud blues rock de Child ! Avec un son incroyable de clarté (comme pour la plupart des groupes), les sudistes nous régalent de leur musique, qui est un alliage savant entre Brant Bjork, Kadavar et Hendrix, et nous balladent entre morceaux au groove suintant et riffs pesant. Le tout est survolé par un chant aussi puissant qu’envoutant de la part de l’impressionnant Mathias Northway : derrière ses atours de messie chamanique, son feeling à la guitare est au moins aussi impressionnant que son chant. Les premiers rangs se feront clairement ensevelir par les lents riffs de “Blue Overtone Storm” ! Une énigme persiste cela dit… pourquoi ce groupe n’est pas plus connu ?!


GREENLEAF

Dès les premiers pas de Arvid, arpentant la scène de long en large comme un fauve furieux en cage et haranguant le public à la moindre occasion, on sent que l’énergie ne fera pas défaut aux suédois ce soir. C’est confirmé immédiatement par la fougue de Hans à la basse, qui headbangue furieusement avec le sourire qu’on lui connaît, jusqu’aux oreilles. Et que dire de Tommi : le guitariste ne tient pas en place, faisant les cent pas entre le bord de scène et ses amplis en fond, le tout évidemment en assurant à lui seul l’intégrité du colossal édifice guitaristique. De bonne humeur ce soir, Arvid communique et blague pas mal avec le public – rigolo quand il mentionne la propension de groupes scandinaves à faire des chansons sur les chevaux et, tandis qu’il annonce “Different Horses”, Tommi lance justement le riff du “Horses” de leurs potes de Slomosa… La set list ce soir laisse peu de place au hasard, avec peu de changement globalement sur cette tournée, alignant des titres super efficaces de leur discographie (grosse rasade issue de leur premier album avec Arvid, Trails & Passes, très représenté avec pas moins de 4 titres) mêlés à pas mal de jolies cartouches de leur dernier album (trois nouveaux titres dont l’efficacité live n’est plus à confirmer – mention spéciale à “Breathe Breathe Out” et son groove énorme, avec un gros travail de Hans à la basse) et même un passage aux archives pour y dégainer le vieux “Stray Bullit Woman”. Un concert sans faute.


NIGHTSTALKER

S’appuyant sur leur habitude le groupe entre en scène puis Argy vient prendre la place centrale pour marquer le début des hostilités de ses gestes de vieux marionnettiste. Une set list de choix va allumer un excès de vie dans la fosse avec un tournant dans la soirée qui se produit sur “Forever Stone”. Il faut dire que les premiers rangs ont vu les fidèles du groupe jouer des coudes pour se placer au mieux. C’est à cette frange conquise du public que s’adresse le groupe ce soir et les erreurs sur “Sweet Knife” ne diminuent en rien le plaisir des festivaliers qui petit à petit font bouger le pit d’une agitation qui ira grandissante. Les gars assurent un mix entre vieux titres sans prise de risque (“Zombie Hour”, “Dead Rock Commando)” et le plus récent “Great Hallucination” où l’on subira parfois l’excès d’enthousiasme de la basse d’Andreas, ce dernier assurant comme à son habitude une prestation sans faille mais armé d’un son un poil trop puissant. De son coté Tolis manie sa gratte avec justesse et des quelques accords d’intro de “Children of The Sun” il offre ce qui sera pour les fans le moment de communion tant attendu qui pourra clôturer leur concert et inscrire sur le visage de Dinos le plus large des sourires, ce dernier distribuant tous ses jeux baguettes une fois la dernière note jouée, comme remerciement à ce public qui aura su les accueillir.


DOZER

Deux heures après Greenleaf, c’est Dozer qui rentre en scène – c’est une bonne idée côté logistique, étant donné que les groupes partagent le même batteur et le même guitariste ! Et pas de signe de fatigue chez les deux forçats, ni chez leurs deux collègues plus frais évidemment : tout le monde à le sourire et le gardera tout le long du set ! On est presque même sur un excès de bonne humeur (!) chez Fredrik, qui passe presque plus de temps à faire des mimiques et à échanger avec le public qu’à jouer ! Apparemment il n’y avait pas que de la Cristalline backstage… Pour autant le frontman tient bien sa boutique, en particulier pour compléter le mur de grattes co-construit avec Tommi Holappa. Côté chant, c’est parfois plus compliqué, le fantasque frontman prenant quelques libertés ce soir, et certaines notes étant un peu plus difficiles à atteindre que d’autres… Or la qualité du son de la salle, une nouvelle fois impeccable, ne pardonne pas, et tout s’entend. Les interactions entre musiciens sont aussi plus rares (en partie liée au groupe lui-même – ce n’est pas Greenleaf ! – et probablement au fait que les autres musiciens sont dans un mood un peu différent…).

La set list de ce soir est solide, se concentrant sur trois albums majeurs qui trustent quasiment tous les morceaux : le dernier album bien sûr, avec trois extraits (dont le décidément convaincant “Mutation / Transformation”), mais aussi Call it Conspiracy (avec évidemment “Rising”, mais pas que…) et surtout le colossal Through the Eyes of Heathens avec rien moins que quatre extraits. Vraiment pas de mauvais choix, mais certains qui ont pu être moins percutants ce soir (notamment en lien avec le facteur évoqué plus haut…). Conséquemment, le concert a globalement un peu manqué de consistance et de tension, là où la force de Dozer tient justement dans cette alternance de puissance et de groove. Mais peut-être attendions nous trop, de la part d’une des dernières légendes en activité de la scène stoner européenne… Toujours est-il que les premiers rangs pogottaient cordialement, et que les stage divers (dont Fredrik himself) et les slammers se sont donnés le relais durant tout le concert. Le public, globalement, a pris son pied – en atteste l’ovation finale qui vient saluer le départ du quatuor.


 

Même si elle est moins copieuse que celle prévue le lendemain, l’affiche du jour a tenu ses promesses, largement, et c’est repus de décibels que nous regagnons nos pénates pour préparer les corps à la grosse journée de samedi.

 

[A SUIVRE]

par Laurent, Kara et Sidney

(photos Laurent)

Mars Red Sky (+ Hint) – 31/10/2024 – Bordeaux (Rocher de Palmer – Cenon)

Cela faisait bien longtemps que les bordelais de Mars Red Sky n’avaient pas joué dans leur ville en leur nom propre (et pas en festival). Cette date au Rocher de Palmer était donc spéciale, et en conséquence, immanquable. C’est l’affluence des grands jours à Cenon ce soir… mais ce n’est pas que pour notre trio, car il y rien moins que 3 concerts en simultané ce soir dans la structure du Rocher.

Pour autant, la salle est bien remplie quand Hint monte sur scène. Les angevins sont rares en live (et encore plus sur disque, avec aucun véritable album studio publié durant notre siècle !) et les trouver ici ce soir revêt déjà cette petite tonalité d’événementiel. Accompagnés de force samples (et boîte à rythmes) les deux musiciens s’emparent aléatoirement de guitares, basse ou saxophone selon les morceaux. Musicalement ce que propose Hint est très intéressant, fusionnant autant le noise rock, l’indus, avec des passages qui font franchement penser à du post rock avant l’heure. Dans une perspective revival assumée, Hint ne sonne pourtant pas du tout daté, et fait montre d’une énergie que bon nombre de jeunots peuvent leur jalouser. Si l’objectif d’une première partie est d’élargir l’horizon des fans du headliner, en lui proposant quelque chose susceptible de lui plaire, même si évoluant dans une sphère musicale différente, alors le pari est réussi, et le public enthousiaste ne s’y trompe pas.

 

C’est gentil à Mars Red Sky de revenir nous voir entre deux grosses tournées aux États-Unis ! Les stars américaines n’ont néanmoins pas changé grand chose à leur jeu de scène. Sérieux mais décontracté, le trio resté égal à lui-même, et c’est heureux. Mat défonce ses fûts sans interruption, solide et expressif dans son jeu. Jimmy, doté ce soir d’un son de basse à décorner les bisons, s’entend avec son batteur pour renforcer cette inébranlable section rythmique, tout en tissant la trame mélodique de la plupart des titres. Quant à Julien, sans être dans une folle exhubérance, il assure ce soir : son jeu de guitare alterne le pachydermique et le subtil, et son chant est impeccable, gracieux et efficace.

La set list de ce soir est des plus efficaces : l’entame rappelle la qualité des compos du dernier album Dawn of The Dusk, avec la doublette “Slow Attack” et “Break Even” et le reste est tout simplement constitué des plus gros standards du trio, une sorte de best of inattaquable : Apex III, The Light Beyond, Collector… N’en jetez plus ! On notera un superbe “Arcadia”, l’instrumental étant un peu réarrangé en live pour un résultat ce soir particulièrement délectable. Au milieu du set, le groupe jouera aussi “Maps of Inferno” du dernier album mais sans la contribution de Queen of the Meadow (Julien assure donc l’ensemble du chant), ainsi que “The Final Round” : le titre, principalement chanté par Jimmy sur le disque, a un rendu live très réussi, notamment lors de séquences en choeurs avec Julien très justes et parfaitement arrangées.

Après 1h10 d’un set déjà fort bien garni, le groupe cloture évidemment sur “Strong Reflection”… mais revient pour un rappel sur un titre assez rare, “Up the Stairs” issu de leur premier album, étiré sur un beau quart d’heure, offert comme un cadeau à son public avant de le quitter sous les applaudissements nourris.

 

DESERTFEST Belgium 2024 – 18 au 20 octobre (Fu Manchu, Conan, Monolord, Black Tusk et bière gratuite) – Anvers (Belgique)

En place depuis quelques années maintenant, les Desertfest ont atteint leur rythme de croisière. Pas d’expansion en vue, surement pas une réduction, la version belge qui se déroule à Anvers ronronne tranquillement chaque année avec une organisation bien rodée, un nombre de groupes stable et un public fidèle. C’est donc en terrain connu que j’arrive sur site sans trop galérer. Sur la grosse quarantaine de groupes qui vont tout donner ce week-end, j’en ai coché six à ne louper sous aucun prétexte. Pour le reste, on se laissera surprendre et on picorera par-ci par-là.

Niveau organisation, c’est comme à la maison pour celles et ceux qui y sont déjà venus : espace restauration en extérieur (qui bénéficie d’une météo clémente cette année), les stands habituels (un peu cher mais on mange correctement et c’est assez varié). L’ambiance est excellente et on y croise très régulièrement des membres des groupes qui sont très disponibles, de même qu’aux stands de merch puisque c’est souvent eux qui aident pour la vente. Petite remarque, trois stands tenus par des frenchies sont sur place, ce qui est un beau score : Ink to the Void, Jo Riou Graphic Design et Headbang Design. Globalement l’inflation a été sympa puisqu’on retrouve des prix comparables à 2023. 10/15 € le CD, 25/30 € le vinyle et 20/30 € le t-shirt. Il n’y a que Fu Manchu pour se démarquer des autres avec 20 € le CD et 40 € le vinyle. Stand que je n’ai vu du coup jamais pris d’assaut.
Et la musique dans tout ça ? On vous résume ce gros week-end en trois séquences, une par salle du Trix.

 


VULTURE STAGE

 

Digne du bar d’à côté de chez vous, cette scène ridiculement petite (100 personnes approximativement) est réputée pour être le théâtre de shows intenses et surprenants de groupes de tous horizons. Red Sun Atacama, Yawning Man, Slomosa, 1782, Lo-Pan etc… La liste est longue des groupes qui y sont passés. Endroit privilégié si vous vous y prenez assez en avance pour vous placer, vous avez le groupe à portée de main.

Cette année j’ai un peu négligé cette scène, faute à une programmation plus intéressante sur les autres scènes et aussi à quelques choix malheureux. Je profite tout de même de DAEVAR qui assure avec son (c’est eux même qui le disent) doom grunge assez efficace. Pardis Latifi au chant est très convaincante. Un groupe à surveiller et que l’on pourrait bien retrouver sur une plus grande scène rapidement. KARA DELIK est un trio très surprenant dont la guitare est remplacée par un saz (sorte de luth à manche long). Apparenté Krautrock, les Allemands délivrent une prestation intéressante et dépaysante. GIAC TAYLOR captive moins avec une performance maîtrisée, peut être trop. Les Anglais de RITUAL KING quant à eux s’assurent quelques nouveaux fans ; le groupe bénéficie de l’annulation de Gnome (on en reparle plus tard) et donc de nombreuses personnes se regroupant à cet endroit (rapport au bar, on en reparlera aussi).

Dans la série des mauvais choix, j’ai loupé RUFF MAJIK. C’est totalement idiot car il avait annulé l’année passée et je l’avais déjà regretté. Mais voulant jeter un œil sur le début de Scorpion Child (je n’aurai pas du) et voir Messa (je n’aurai pas du), j’ai juste le temps d’entendre de loin la fin de leur set qui avait l’air de poutrer totalement et dont le bouche-à-oreille me laisse à penser que j’ai loupé un gros truc.

Bref la Vulture a tenu ses promesses avec du dépaysement, du sauvage, du maitrisé et un public ravi.

 


CANYON STAGE

 

REZN

REZN

Officiellement 432 spectateurs de capacité. Il y a quelques années, la sécurité empêchait de monter lorsque le quota était atteint et il fallait soit prendre de l’avance, soit attendre que certains sortent. Depuis quelques éditions, c’est open bar. La salle est donc souvent blindée et c’est aussi difficile d’y entrer que d’en sortir. Il faut dire que la réputation de cette scène n’est plus à faire et 2024 ne fait pas exception avec des shows de grandes qualités devant un public comblé et souvent transcendé.

REZN

REZN

Les Américains de REZN par exemple délivrent une performance atmosphérique, maîtrisée et planante. Pas forcément ce que je venais chercher mais assurément le public est transporté vers d’autres contrées et se laisse envouter par une très bonne performance.

 

 

 

RAGING SPEEDHORN

RAGING SPEEDHORN

RAGING SPEEDHORN m’ont vraiment surpris. J’ai toujours eu du mal à les situer tant leur discographie est variée (et aussi inégale). Mais je n’avais pas pris la mesure que le groupe avait viré hardcore. Alors oui j’exagère, mais la performance délivrée pour clôturer le premier jour du festival était plus qu’énergique. Les deux chanteurs bougent sans cesse, sautent, vraiment on se croyait à un show de hardcore new-yorkais. Le public est en feu dès le premier titre et le groupe ne s’économise pas une seule seconde. Grosse performance.

 

 

 

 

 

 

 

 

Beaucoup de monde (curieux surement) est là pour voir DELVING. Car avec Nick DiSalvo de Elder comme tête pensante du projet, sûr que ça attire les fans. Pour simplifier, Nick DiSalvo a créé Delving pour y exploiter les idées musicales non compatibles avec Elder. Et comme le projet a trouvé un écho positif, il a monté un groupe pour défendre en concert les compos. On tourne donc sur des instrumentaux psychés à souhait et on se trouve clairement sur le haut du panier. C’est hyper qualitatif et très bien interprété.

NORNA

NORNA

Norna et Morne se suivent le dimanche après-midi sur la Canyon. Les premiers sont suisses, les seconds américains. Ils ont en commun que je ne les connaissais pas et que, captivés par leur prestation, je suis resté jusqu’au bout (au risque de louper le début de Black Rainbows).

NORNA tout d’abord avec un sludge metal bien puissant. Le trio donne une prestation brutale et sans artifice. Puissant et sans concession, on se laisse captiver par des riffs lourds et hypnotiques accompagnés par une batterie et une basse qui tabassent dans les règles. Excellente prestation, vraiment excellente.

MORNE

MORNE

 

 

A peine le temps de se remettre que MORNE, quatuor de Boston, vient passer la deuxième couche. Que c’est solide ! Non seulement j’ai été surpris par de très bons titres mais en plus l’interprétation était de haute volée. Impossible de ressortir de ce concert sans avoir été conquis ou tout du moins intéressé. Très bonne découverte encore une fois sur la Canyon.

 

 

 

 

Je disais plus haut regretter de n’avoir pas vu Ruff Majik. La faute en partie à la curiosité de voir MESSA. Erreur pour moi car je n’ai absolument pas été intéressé par leur performance. Sans entrer dans les détails, leur musique ne me parle pas vraiment.

INTER ARMA

INTER ARMA

Cependant, chroniqueur que je suis, je ne peux que constater que le public a l’air totalement pris dans le trip. J’ai eu d’excellents retours sur leur performance après le concert et clairement la prestation était très bonne.

Idem pour la clôture du festival, INTER ARMA. Je ne vais pas dire que j’ai détesté, ce serait exagéré, mais on ne m’y reprendra plus. Dernier show du fest, je suis resté jusqu’au bout mais vraiment ce fut difficile. Mais là encore, sans la moindre hésitation, le groupe a totalement achevé le public et retourné la Canyon. Il serait de mauvaise foi de prétendre le contraire. Donc sans juger la musique qui ne m’a pas plu, la performance était sans aucune réserve puissante et assez dingue. Le groupe qui clôture le festival  donne souvent un concert dantesque, Inter Arma respecte la tradition.

 

 

 

 

 

 


DESERT STAGE

 

BLACK TUSK

BLACK TUSK

Enormes show, grosses déceptions et anecdote improbable. Voilà le programme de la grande scène pour l’année 2024.

Premier jour, j’enchaîne Black Tusk et Russian Circles. Que du bonheur. BLACK TUSK était clairement dans mon top 3 des groupes pour lesquels je suis là. Le groupe ouvre avec “Brewing the Storm” forcément, juste parfaite pour débuter. Et là c’est déjà la claque avec un gros son bien équilibré et puissant. Un tiers de la setlist défend leur dernier album en date, The Way Forward, et le reste pioche dans les anciens albums (pas tous malheureusement) pour un set bien dosé et sans pause. Le sludge à son meilleur niveau défendu fièrement par le combo américain au top de sa forme. Le public est réceptif, l’accueil est chaleureux, un excellent concert.

RUSSIAN CIRCLES

RUSSIAN CIRCLES

Une heure après, on poursuit au même niveau de perfection scénique avec RUSSIAN CIRCLES qui pioche dans presque tous ses albums pour un concert très convaincant. Chaque membre du trio est captivant à regarder. Très appliqué, le groupe interprète parfaitement leurs compositions en y insufflant ce supplément d’âme indispensable à tout bon concert. Là encore le public est hyper réceptif et les applaudissements généreux. Le son est excellent malgré, c’est typique de cette salle, un niveau de basse un peu élevé. Mais c’est un détail tant la prestation est de haut niveau.

 

 

 

 

 

 

 

VALLEY OF THE SUN

VALLEY OF THE SUN

Deuxième jour, je reste un peu sur ma faim avec VALLEY OF THE SUN. C’est très clean, peut être trop et je ne reste pas jusqu’au bout (je vais voir Kara Delik sur la Vulture).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIRDS IN ROW

BIRDS IN ROW

BIRDS IN ROW remet les choses en place avec un set stratosphérique qui finira dans le top 3 des shows du festival pour un paquet de fans à n’en pas douter. Honte à moi, je ne fais pas le show en entier pour aller manger et être fin prêt pour l’enchainement Conan, Monolord, Fu Manchu. Les trois sont tellement bons que j’en loupe Causa Sui que j’avais pourtant l’intention de voir quelques minutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trois ambiances, trois styles différents mais surtout trois concerts fabuleux. Les Anglais de CONAN placent la barre très haute avec une concert magistral. Maîtrise totale des morceaux, visuel très bien trouvé et public totalement conquis dès le début. Ceux qui ont découvert le groupe ce soir-là ont dû se prendre une énorme claque et ressortir de là abasourdis. Ça tabasse totalement mais avec l’art et la manière, la précision d’un chirurgien au service de la puissance d’un bulldozer.

 

 

MONOLORD

MONOLORD

Direction la Suède ensuite avec MONOLORD qui va donner au public exactement ce qu’il est venu chercher, une énorme dose de puissance. Pas un seul bémol à émettre sur leur prestation bien au contraire. Et, à titre personnel, l’interprétation majestueuse de “Empress Rising” est le meilleur moment du festival, sans hésitation. Ces mecs ont la faculté de vous transporter ailleurs avec une Doom Metal hypnotique et d’une qualité rare. L’un des meilleurs groupes de la scène actuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

FU MANCHU

FU MANCHU

 

Que serait un festival comme le Desertfest sans ses tauliers, les piliers présents depuis des dizaines d’années dans notre paysage musical ? Cette année c’est Monster Magnet et Fu Manchu qui s’y collent. Le premier nous fera faux bon, le second déchirera tout.

 

FU MANCHU entre sur scène devant un public conquis d’avance et ressortira en n’ayant fait aucun déçu, chose certaine. Les californiens nous ont offert un show estampillé Fu Manchu pur jus, sans artifice ajouté, à l’ancienne. Trois excellents titres du dernier album le tout accompagné de classiques indémodables : “Eatin’ Dust”, “Hell on Wheels”, “Evil Eye” ou encore “Mongoose”, “King of the Road” et même un “Boogie Van” en rappel. A chaque fois le public jubile et accompagne le groupe avec des applaudissements, du chant, des cris et de la joie plein les yeux. Fu Manchu, c’est l’assurance d’un super show et c’est exactement ce que l’on a eu. Le public ne s’y trompe pas et réserve une ovation mille fois méritée après un excellent concert.

 

 

 

BLACK RAINBOWS

BLACK RAINBOWS

Que retenir du dernier jour sur la grande scène ? Pas grand-chose ma foi, mis à part un concert énergique et particulièrement bon de BLACK RAINBOWS. Il faut dire que le groupe aime le festival puisqu’ils ont même sorti un album live de leur prestation de 2021. Gabriele Fiori est vraiment très bon et c’est un plaisir de le regarder jouer. Ce mec a le mojo total une guitare à la main et il a un feeling immense. Le groupe délivre une prestation de qualité et le public ne tarde pas avant d’applaudir généreusement chaque fin de titre. Très bonne prestation du combo italien qui reviendra à n’en pas douter lors d’une prochaine édition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

STONED JESUS

STONED JESUS

Et c’est à peu prêt tout pour ce dernier jour sur la mainstage. Pour moi SCORPION CHILD est une erreur de casting et j’ai tenu un titre et demi.

STONED JESUS en tête d’affiche de dernière minute a fait le job mais ça reste un peu juste pour clôturer la grande scène après trois jours.

 

 

Et puis il y a le moment hautement WTF improbable du week end : Monster Magnet, tête d’affiche annoncée et très attendue annule quelques jours avant, pas de chance pour les organisateurs qui doivent trouver un remplacement dans un délai très court. Choix discutable s’il en est, ils nous refont le coup de 2023 en annonçant la venue des locaux de Gnome (et Stoned Jesus qui se voit promu tête d’affiche). Pas forcément le bon choix mais surement le seul. Je n’attendais pas spécialement Monster Magnet mais le remplacement par Gnome m’agace un peu. Bref, je décide d’aller porter mes achats CDs dans la voiture afin d’être tranquille et de prendre un peu l’air. Je reviens sur site et là une chose me frappe. Tout le monde a une ou plusieurs bières à la main. Je veux dire, c’est normal en festival d’avoir des bières à la main mais là, c’est différent, y’en a partout, ça me saute aux yeux. Y’a un truc qui cloche c’est clair. Et ce truc, c’est Gnome qui a annulé sa venue à la dernière minutes [ndlr : raison médicale sérieuse pour la femme du bassiste, les nouvelles postées sur les réseaux sociaux sont depuis rassurantes]. Le remplaçant annule ! Les organisateurs sont maudits. Et que décide l’organisation pour éviter le tollé ? De filer la bière gratos à tout le monde pour trente minutes ! A titre personnel, une décision totalement irresponsable mais qui, vu son succès, a dû plaire à 99% des spectateurs présents ! S’ensuit donc une demi-heure hallucinante…

 


 

Voilà donc pour l’édition 2024 du Desertfest Anversois. Une bonne édition mais qui reste quand même un cran en dessous des précédentes. Même sans l’annulation de Monster Magnet, il y avait un déséquilibre sur les trois jours et même global. Mais la qualité des prestations est d’un niveau très élevé et on ressort avec la ferme intention de revenir encore et toujours pour ce festival à taille humaine, loin des énormes machines à fric qui pourrissent la scène metal et rock.

Witchorious (+ Oaks) – 19/10/2024 – Bordeaux (L’Antidote)

La soirée est agréable à Bordeaux, les terrasses sont pleines et l’air des vacances est là. Il y a moins de monde à l’Antidote en revanche, un bar associatif très sympa qui profite de sa petite salle en sous-sol pour proposer de nmbreux concerts, de tous styles.

Pour de basses raisons logistiques, nous manquerons le premier groupe de ce plateau, Artikya, et commencerons la soirée avec Oaks. Un peu hors sujet pour nos pages, le trio parisien propose un set de metal instrumental assez travaillé et diversifié, avec aussi des plans qui touchent au post rock, voire à l’indus, avec un vrai talent pour pondre de bons riffs. Le groupe a même des visuels vidéo en fond de scène pour soutenir sa musique, appréciable ! Un groupe intéressant, à suivre, peut être pas chez Desert-Rock toutefois.

On est surtout venus pour Witchorious évidemment, qui montre à nouveau sa farouche volonté de développer ses compétences scéniques en accumulant les concerts. Et c’est payant, c’est ce que l’on constate assez vite. Même si le public présent n’est pas très dense, le trio se donne à fond, et interprète un set solide. Leur doom metal occulte s’avère assez accessible pour contenter une assemblée ce soir qui n’est pas forcément constituée de doomsters puristes – et cet élément est un atout très intéressant pour le trio. La set list est évidemment basée sur leur premier (et seul) album, qui comporte assez de compos efficaces pour assurer un set d’un peu moins d’une heure qui maintiendra l’attention du public jusqu’au bout.

 

Parmi les meilleurs moments, on retiendra évidemment le très efficace “Monster”, exemple parmi d’autres de l’énergie que met Antoine dans son chant : le guitariste est aussi expressif qu’il est efficace, et son jeu de guitare est une des composantes cruciales de la musique du trio de Chelles. Notons aussi un très prenant et “Eternal Night” sur lequel Lucie pose carrément sa basse pour se consacrer au chant, avec réussite. Choix très judicieux, le concert se termine par un très efficace “Blood” et son riff de mammouth qui aura fini de convaincre le public, qui quittera la petite salle un peu plus tard, enchanté.

 

 

Une fort bonne soirée donc, qui aura contenté le (trop maigre) public et démontré si besoin était qu’il faudra vraisemblablement compter avec Witchorious à l’avenir pour occuper une place de choix dans la scène doom française… entre autre.

 

KEEP IT LOW Festival – Jour 2 (Fu Manchu, Truckfighters, Slomosa, Greenleaf,…) – 12/10/2024 – Backstage, Munich (Allemagne)

C’est revigorés que nous revenons vers le complexe Backstage en ce tout début d’après-midi, certes, mais avec une sorte d’appréhension mêlée à notre excitation : l’affiche du jour est proprement hallucinante, mais ce sont quand même pas moins de 16 concerts qui vont s’enchaîner aujourd’hui… est-ce bien humain ?? En outre, aucun groupe plus faible ou moins intéressant ne figure dans le lot a priori : les pauses ou les “court-circuits” ne sont pas au programme… C’est parti !

 


KANT

La journée commence assez parfaitement avec le très cool quartet d’Aschaffenburg (à vos souhaits). Tout vêtu de fripes vintage, les jeunes musiciens germaniques assument une implantation musicale en droite lignée des meilleures formations psych rock voire hard rock des 70’s. Leur musique n’affiche aucune prétention d’originalité, mais c’est fichtrement bien fait : les rythmiques sont variées, les riffs punchy, les soli aériens, la basse galope bien comme il faut, le chant est excellent… En entamant leur set par le grandiloquent « The Great Serpent » issu de leur nouvel album, Kant capte le public, dont le nombre ne fera que croître au fil du set. Au milieu du concert, se dessine une jam instrumentale relativement déstructurée sur le léger « Traitors Lair », avec une incursion de flute traversière (!) jusqu’à ce que les trois musiciens s’éclipsent le temps d’un… solo de batterie ! En 2024 ! Quand on vous dit que ce groupe vient d’un autre temps… Une très bonne intro pour la journée.


RUFF MAJIK

On n’arrête plus le quartet d’Afrique du Sud, semble-t-il : après une paire d’albums sortis presque coup sur coup, les bougres semblent enchaîner les tournées européennes… pour notre plus grand plaisir, étant donnée la qualité de leurs productions vinyliques récentes. Ils ont l’honneur d’inaugurer la scène principale pour ce second jour de festival, devant un public « de début de journée », qui ne remplit pas la jauge, avec un remplissage loin d’être non plus ridicule vues les circonstances : le public continue de rentrer petit à petit pendant l’après-midi, il faut dire que la journée est dense, avec un début des festivités dès 14h30, et les gens s’économisent probablement (la veille les concerts commençaient à 18h). Quoi qu’il en soit, le groupe monte sur scène motivé, et enquille une belle série issue de ses deux derniers albums en particulier (ce qui est plutôt malin). Pour avoir vu le groupe une paire de fois, on les sent néanmoins un peu plus timides qu’à leur habitude : nerveux, fatigués (c’est leur dernière date sur cette tournée) ou impressionnés par la taille de cette scène ? Ça ne les empêche pas d’enquiller quelques belles pièces (un « Rave to the Grave » plus convaincant que celui du Desertfest Berlin par exemple) et de vrais grands moments, à l’image de ce vieux « Wax Wizard » (quel riff !), à nouveau véritablement transcendé en live, ou encore ce « We’re Not Out of the Swamp Yet », gloomy en diable sur le dernier album, qui prend une dimension grandiose en live, avec un arrangement très judicieux en particulier à travers une séquence de boogie fiévreux puis une montée en tension finale, parfaite conclusion d’un excellent set, même si pas le plus bouillant que l’on ait vu de la part du groupe.


RAGING SLOTH

Les hostilités reprennent dans le Club en mode lourd avec des régionaux de l’étape. Le trio estampillé sludge / doom ne trompe pas son monde sur la came en rayon : c’est lourd, lent et diaboliquement bourrin ; un bulldozer déferle sur le Keep It Low. N’ayant livré qu’une trace – concise – dans le sillon (l’EP The Descent) les Munichois balancent ces parpaings à un public de connaisseurs qui devrait croître tant l’intensité est au rendez-vous en live et sur disque. Scéniquement parlant, le masque diabolique enfilé un long moment par un des protagonistes fera le job au milieu des lights glauques et du brouillard que ces sagouins ont réclamé plus intense encore, histoire de bien faciliter l’existence des photographes voulant rendre compte de la chose. Question titres : « Spectral Gorge » et le final de 12 minutes sur « Astral Gate » ont été les moments phares d’une prestation borderline entre metal et doom, mais quelle prestation !


SAMAVAYO

La salle Halle est bien pleine quand on y met les pieds aux premiers accords de Samavayo ; il semble que leur renommée dans leur pays natal soit plus importante qu’ailleurs (logique, me direz-vous). Avouons toutefois que le stoner costaud du trio à des arguments en sa faveur : sur une base rythmique puissante (le son de basse aujourd’hui décornerait un bœuf… Trop fort même) et de discrets soubresauts d’influences orientales ici ou là, Behrang assure avec autorité et maîtrise son rôle de frontman avec son chant puissant, ses gros riffs, ses soli efficaces… et ses blagounettes dans la langue natale de Goethe et de Claudia Schiffer entre les morceaux. La set list a le bon goût de ne pas mettre le paquet sur le dernier album en couvrant l’ensemble de la discographie du trio, pour en piocher une bonne compilation (mention spéciale au nerveux « Rollin’ » lâché en conclusion qui nous retient dans la salle alors qu’on veut aller voir le concert suivant!). Pas de grosse surprise si l’on a déjà vu le groupe en live, mais le concert est efficace et conquiert sans peine le public.
(note : on commence à voir poindre les irritants fans de Gnome devant la scène avec leurs bonnets pointus rouges ridicules).


PSYCHLONA

On arrive gentiment au milieu de l’après-midi, désormais l’assistance dans le complexe du backstage est plus dense, et la grande salle Werck est fort bien garnie quand les quatre anglais montent sur scène. C’est le dernier concert de leur tournée, et Psychlona veut faire en sorte qu’il se distingue ! Avouons-le, ça commence très fort avec un enchaînement de vieux titres bien costauds, « Blast Off » et « Down in the Valley », qui poutrent autant qu’ils groovent. Les musiciens sont tous à fond, ça joue bien, et le chant chaud et puissant du guitariste Phil Hey apporte un vrai plus. Le set évolue dans la même veine, avec quelques fluctuations néanmoins : le choix du groupe de consacrer la moitié de son set à son dernier album fait que les chansons sont moins connues (moins maîtrisées ?) et sont un peu moins efficaces. Mais ne faisons pas la fine bouche, la prestation est solide et emballante et l’on prend son pied. Le set était globalement de très bon niveau, au point de nous faire la remarque que ce groupe gagnerait à être sur les routes plus souvent !


THE MACHINE

Le trio batave lâche ses premiers riffs devant une salle déjà bien remplie, qui finira bien pleine une fois que tous les amateurs de Psychlona auront fini de migrer pour la rejoindre. The Machine en live porte particulièrement bien son patronyme : c’est carré, parfaitement huilé, c’est costaud, et il est difficile d’y résister. Musicalement leur stoner costaud a déjà de quoi convaincre sur disque, mais sur scène il prend à chaque fois une toute autre dimension, emmené par son frontman David Eering : le pied virevoltant sur son foisonnant pedal board, il abat un boulot colossal a la gratte, qu’il s’agisse de débiter du riff premium ou de proposer des soli jouissifs, le tout avec classe et maestria (et il chante pas mal en plus, le bougre). La section rythmique n’est pas en reste évidemment, sa robustesse est sans faille, élément crucial d’autant plus pour ce style musical. La set list navigue dans la dense discographie du combo (un seul titre issu du dernier disque), et propose même quelques passages inconnus de vos serviteurs (des inédits?). En tout cas le plaisir vécu dans le public semble faire écho sur scène, les musiciens apparaissant complices et heureux d’être là. Quel bon moment !
(note : les bonnets rouges des fans de Gnome sont de retour en plus grand nombre, pour le plus grand déplaisir du public derrière eux)


DJIIN

Après la machine, c’est la Bretagne qui nous gagne. Le quatuor de Rennes vient souligner (avec d’autres formations présentes durant le week-end) la bonne santé de la scène stoner francophone actuelle. L’impressionnante harpe érigée au centre de la scène plante le décor avant même que les trippés ne trippent sur les mélodies du quatuor. La scène du Club est contrainte question taille puisqu’il s’agit de la plus petite scène du fest, et les quatre musiciens sont en conséquence moins mobiles que d’habitude, mais la qualité du set ne s’en ressent pas. Le public a répondu présent, l’horaire est peu propice au grand rassemblement, le set de Djiin étant intercalé entre celui de The Machine et celui de Greenleaf ; on vous laisse imaginer le truc… N’empêche que les absents ont manqué un set faisant la part belle au petit dernier The Mirror, après une mise en bouche articulée sur deux titres de Meandering Soul bienvenus. Les vociférations succédant aux mélopées sur des plans psychédéliques biens sentis ont constitué une performance qui se distinguait des plans plus hargneux à l’affiche du Club ce jour-là.


GREENLEAF

La première grosse pointure un poil bankable à se produire en ce deuxième jour était attendue. Partageant avec Slomosa (la grosse hype du moment) une tournée actuelle et un titre dédié aux équidés (« Different Horses » sera joué après une introduction potache quant au penchant de certains membres pour les chevaux, mais on ne va pas balancer ; ce qui se passe à Munich reste à Munich), les Suédois ont mis dans leur poche le public en envoyant « Sweet Is The Sound » en deuxième position qui déclenchera une véritable ovation à son terme. Le set était exactement comme on l’attendait : le guitariste Tommi a conservé sa casquette jusqu’au tiers du premier titre, le son était bon jusqu’au fond de la salle, le public était compact et les standards imparables. « Ocean Deep » – forcément – a opéré son habituelle magie non seulement auprès des vieux briscards que nous sommes, mais aussi auprès de fans plus récents, et des titres plus récents comme « Avalanche » issu de la livraison de l’année ont fonctionné auprès des vieux, notamment en raison de la performance exceptionnelle du batteur Sebastian qui a frappé telle la mule sur ce titre en particulier. Ça pogotera même si les bonnets rouges étaient partis rejoindre leurs idoles et nous en voudrons à nos amis de ne pas avoir balancé une dernière ogive (genre un titre de Nest Of Vipers si on avait le choix) vu qu’il leur restait 5 bonnes minutes à dispo lorsque l’outro a raisonné. Le groupe nous confiera en sortant de scène ne pas avoir eu cette information et le regrettera. Hans, le mercenaire allemand de la bande scandinave, aura néanmoins droit à des ovations spéciales comme quoi il n’y a pas que les Français qui sont chauvins.


GNOME

Les bonnets rouges sont rassemblés en nombre dans la Halle, ils s’affichent au grand jour, sans honte, et cet aspect communautaire inquièterait presque… s’il ne prêtait pas à sourire. Tout est à l’avenant du message d’intro de Rutger Verbist : “are you ready for stupid shit ?“. Est-ce un bon résumé de la musique du groupe ? On vous laisse à ce type de raccourci. Sans aucune surprise, Gnome délivre ses titres à rallonge(s), enchaînant 12 idées différentes par chanson, des breaks dans tous les sens, qui viennent couper à chaque fois qu’un riff commence à être intéressant, pour le remplacer par un gros refrain en growl, un pont en arpège aigu ou une partie de gigue… Évidemment, on simplifie à outrance et on est un peu de mauvaise foi, et c’est porter peu de cas à une poignée de titres plus efficaces et « carrés », qui recueillent un accueil similaire… Car en effet, le public kiffe et les pointes rouge dodelinent dans la fosse. C’est bien là l’essentiel.


SLOMOSA

Après le réel carton de Greenleaf qui les ont précédés sur la scène principale, l’attente de la part du public est littéralement tangible : il faut être complètement désensibilisé pour ne pas sentir la tension ambiante, tandis que le “noir” se fait pour l’arrivée sur scène des norvégiens de Slomosa (qui en outre sont en tournée en ce moment avec leurs collègues suédois susmentionnés). Le quatuor monte sur scène dans une atmosphère (visuelle) sombre et vaporeuse – qui le restera sur tout le concert (du début à la fin, on ne distinguera que 3 silhouettes et un kit de batterie en fond… mais pendez-moi ce technicien lights !)… Heureusement on est là surtout pour l’énergie et la musique, et de ce côté-là, on prend notre dose, au-delà du raisonnable. Le groupe est absolument en feu ce soir, et enquille les compos apparemment sans effort, mais avec une fougue de tous les instants. La set list est absolument impeccable, mêlant les (désormais) classiques standards issus de son pas-si-vieux premier album (« Horses », « Kevin », « In My Mind’s Desert », etc…) à une petite sélection des nouvelles perles de sa dernière production (citons pour le principe un « Red Thundra » parfaitement arrangé, « Battling Guns », un « Monomann » bien tendu…). Tout en maintenant une bonne qualité d’échange avec le public, Slomosa enchaîne les hits avec le pied à fond sur l’accélérateur (ils finiront 5 grosses minutes avant le créneau qui leur était alloué). Le public est en feu sur toute la profondeur de la fosse, avec le plus gros flux de slammers observé de tout le festival (remarquable quand on réalise que Fu Manchu, Truckfighters et consorts évoluent sur la même scène !). Nous voyons Slomosa assez régulièrement depuis quelques années, mais il est assez bluffant de constater comme le groupe évolue en terme d’efficacité. Les voilà déjà passer n°3 sur une affiche de cette qualité, et l’on se demande, légitimement, où ils vont s’arrêter…


INTER ARMA

Encore tout chamboulés, on rejoint la salle Halle à quelques enjambées et… diantre que le choc est dur ! Le batteur et leader de l’ombre TJ Childers introduit le set par un cri rageur, et c’est parti pour 50 minutes d’un sludge technique alternant, pour faire simple, entre violence froide et puissance brute. Difficile de rentrer dedans alors qu’on est sur une toute autre énergie en arrivant ! Mais les américains ont de l’expérience, et il suffit de quelques minutes d’immersion pour se laisser happer par ce maelstrom où fusionnent plusieurs formes de metal, allant du sludge au death, du funeral doom au black metal… Sur la scène pourtant de bonne taille, les six (!) musiciens évoluent en mode concentrés plutôt qu’extravertis ; il faut dire que cette musique complexe l’exige un peu (mention spéciale à Childers, impressionnant dans son jeu, notamment en double pédale). Au milieu, Mike Paparo attire l’attention du public, il arpente la scène dans tous les sens, éructe, crie, growle, saute, et est globalement super expressif visuellement. Le public déguste avec appétit les montagnes de riffs et soli qui lui sont jetés en pâture, et ce même si la salle n’est pas la plus dense que l’on ait vue (probablement pour cause de grand écart de style musical d’une part, et aussi pour mieux se placer pour les concerts suivants de la main stage peut-être). Auprès d’un public un peu “décalé”, Inter Arma a fait le job, largement.


APTERA

La formation de Berlin, que nous avions déjà vue cette année au Desertfest de la capitale allemande, était attendue par une partie de l’équipe ayant particulièrement aimé le déluge de violence vindicative déversé sur nous au printemps. Elle était aussi très attendue par les sympathiques membres de DJIIN qui avaient apprécié ce qu’ils avaient entendu au soundcheck, même si le spectre musical couvert n’était pas exactement le même. Comme à l’accoutumée le quatuor portait ses revendications haut dans ses interventions, dans ses textes et sur certains T-shirts qui rappelèrent au public que personne n’est illégal en ce bas monde. Outre ses revendications, le groupe a multiplié les remerciements aux agitateurs de la scène que sont Sound Of Liberation et sa manifestation bavaroise le Keep it Low. Les brûlots d’obédience doom/sludge lorgnant sur le metal que sont « Selkies », « When The Police Murder » (avec son intro dénonçant ce qui est désormais le quotidien à Berlin) ou « The Knife Twist » ont fait à nouveau mouche avec les successions d’activistes au micro, tantôt chantant tantôt hurlant sur des riffs tranchants et une rythmique énorme menée par une batteuse impressionnante.


TRUCKFIGHTERS

Place à Truckfighters, le groupe qu’il est de bon ton de critiquer voire mépriser depuis quelques années… Loin de ces prédispositions un peu pédantes, c’est l’esprit grand ouvert que nous appréhendons ce concert (le énième auquel nous assistons de la part du trio suédois). Le groupe propose une entame assez classique avec le catchy “Mind Control”, et ce que l’on peut appeler la “mécanique Dango” se met immédiatement en action, pour ne plus jamais s’arrêter de tout le concert ! Le guitariste court dans tous les sens, va haranguer le public sur tous les coins de la scène, descend exécuter ses soli derrière les crash barrières au contact du premier rang (il continue à jouer tout en buvant au verre tendu par un fan), et saute, saute, saute, donne des “air kicks” de kung fu sans arrêt… et ce même quand les passages musicaux ne sont pas les plus dynamiques ! Est-ce critiquable ? Ce le serait si jamais la démarche était “fake”, insincère… sauf que c’est comme ça que le gaillard vit sa musique, il est à fond tout le temps ! A ses côtés, Ozo mène la barque rythmique et mélodique comme un guerrier du fuzz qu’il est. Plus statique évidemment, il reste actif, souriant et dynamique, et assure ses parties (chant ou basse) avec efficacité. Bénéficiant ce soir d’un son absolument impeccable (c’était une constante quasiment tout le week-end) le groupe aura constitué une set list garantie sans risques, chargée de tous les hits du groupe, dans laquelle les surprises sont rares. Le juge de paix ce soir, c’est le public. Or quand vous voyez une salle de cette taille, dont le pit se meut en continu, poing en l’air et sourire aux lèvres, ou encore quand vous entendez la salle entière éructer aux premières notes de “Desert Cruiser”, toutes les critiques du monde s’évaporent. Laissons les rageux rager, le set de ce soir était impeccable, solide et efficace, et a fait honneur à la carrière du groupe, qui tient toujours son rang.


WOLVENNEST

Même si la transition est moins violente que le Slomosa / Inter Arma un peu plus tôt, enchaîner l’énergie de Truckfighters et celle de Wolvennest n’est pas non plus chose aisée ! Foin de candélabres, vieilles bougies et autres accessoires de déco occultes, seuls quelques discrets bâtons d’encens finissent de bruler sur un coin de scène : fini le décorum, désormais le groupe belge se concentre sur la musique, en pleine confiance, et il a bien raison. Armé pour en découdre, Wolvennest a aussi des arguments à faire valoir en termes d’accessibilité à un public plus large que les amateurs de doom occulte : forcément, cela passe par le rôle central de la modeste Shazzula, la vocaliste dispensant ses rares lignes de chant avec efficacité pour soutenir ou alléger un peu le propos massif de la section instrumentale (voir son chant hanté sur « Accabadora »). En sus, elle vient apporter, via quelques effets sonores (dont surtout son fidèle et judicieusement exploité Thérémine), une dimension supplémentaire aux compos par ailleurs très denses du combo. Car autour, ça envoie du bois : rien moins que trois guitaristes, aux jeux assez complémentaires, épaulés d’un solide bassiste et d’un batteur efficace, s’emploient à développer des mid-tempi pachydermiques et envoûtants, provoquant hochements de têtes en rythmes dans les rangs d’un public qui prend son pied. On craignait que ce set soit l’un des temps faibles de la journée de par son “décalage” avec la tonalité musicale de ce soir, mais il semble se confirmer que ces parenthèses stylistiques s’avèrent intéressantes – en particulier quand elles sont de cette qualité.


FU MANCHU

L’heure est arrivée du grand moment annoncé de ce festival, du point culminant de la grande messe du stoner, avec l’arrivée sur les planches, pile à l’heure, du quatuor culte californien. On sait que Scott Hill est un frontman atypique en live, pour autant les premières minutes de ce set nous laissent pantois et un peu circonspects devant son énergie débordante (il arpente la scène en tous sens, headbangue comme un forcené…), aboutissant à… une chute au sol pendant “Cyclone Launch” (“putain la prochaine fois faudra que j’apprenne à marcher avant de venir”) ! L’influence de Dango sur le set des Truckfighters qui les a précédés ? Plus sérieusement, le chanteur-guitariste est plus probablement simplement en grande forme, et ça annonce un set énergique. C’est confirmé en tout cas dès cette intro qui enquille les premiers standards de la soirée (« Eatin’ Dust » / « California Crossing » pour lancer les hostilités, le ton est donné) avec évidemment une exécution sans faille. Tandis que Hill continue à parcourir la scène avec ses headbang de fou furieux, il est quand même bien présent où il faut et quand il faut pour lâcher la poignée de riffs colossaux qui va bien, et assurer les lignes de chant impeccables de cette ribambelle de hits. A ses côtés, Bob Balch continue d’assumer son rôle de guitar hero besogneux, abattant un travail conséquent en rythmique mais surtout en leads, avec des soli toujours inspirés et maîtrisés, et ce sans jamais perdre le lien avec les premiers rangs. La section rythmique est plus en retrait – à l’image de Brad Davis qui reste quand même assez statique et sobre en fond de scène près de ses amplis – mais quel boulot assuré par ces deux-là ! Il suffit d’observer quelques minutes la machine Scott Reeder derrière ses fûts pour prendre conscience qu’il est un élément crucial du quatuor, le bougre alimentant la machine rythmique sans faiblir, et sans jamais en mettre une à côté.

Armé d’une nouvelle galette de qualité sous le bras, Fu Manchu peut se reposer sur une belle quantité de pépites pour composer ses set lists. Voir à titre d’exemple les trois nouveaux titres joués ce soir, impeccablement intégrés dans une set list de classiques, sans que l’on ne détecte la moindre baisse de régime. Pour le reste, c’est cartouche sur cartouche, un véritable sans faute pendant 1h20 de bonheur en barre, avec les énervés « Hell on Wheels » ou « Evil Eye », l’aérien « Saturn III », et en point culminant un « Boogie Van » en rappel qui finit de mettre tout le monde d’accord. Ce soir le groupe a fait plus qu’assurer le minimum attendu d’un groupe de son statut : il a, tout simplement, fait honneur à son rang. Après avoir vu défiler cet après-midi quelques sérieux prétendants au trône, Fu Manchu a montré que ces années d’expérience supplémentaires font encore la différence.


 

Heckspoiler, qui clôture le festival dans la Halle, fera en ce qui nous concerne les frais de cette journée incroyable : nous n’avons plus de neurone ou de muscle disponible pour aller écouter leur set… Tout juste le temps d’aller saluer nos (nouveaux ou anciens) amis et de partir rejoindre notre amie Orphée qui nous tend les bras, les tympans sonnant et les corps meurtris, mais avec le sentiment d’avoir assisté à un événement d’exception, ne serait-ce que par la densité de concerts de haute volée pour les fans de stoner que nous sommes, alliant diversité et esprit de découverte. Un superbe week-end de musique.

 

Chris & Laurent

KEEP IT LOW Festival – Jour 1 (Monolord, Messa, Russian Circles,…) – 11/10/2024 – Backstage, Munich (Allemagne)

Sans vraiment que l’on sache pourquoi, le festival Keep It Low, qui se tient pour la 10ème fois à Munich, passe sous les radars de la plupart des médias et spectateurs francophones, qui lui préfèrent des options plus standards, même si moins qualitatives. Quand nous avons pris connaissance, une fois de plus, de l’affiche proposée, nous n’avons pas hésité longtemps et avons posé nos valises en terres bavaroises en ce vendredi matin. A noter aussi pour l’anecdote que 2024 sera « une année sans » – comprendre « sans Colour Haze », qui est le headliner naturel du festival pour plus d’une édition sur deux depuis sa création, une sorte de tradition !

Le festival se tient depuis deux ans maintenant dans le très bien fichu complexe Backstage, un site qui propose une belle grande salle, la Werck (capacité d’un millier de personnes environ), bénéficiant d’une énorme fosse en contrebas, ce qui permet à une grande part de l’assistance de trouver des points de vue dégagés sur la scène un peu partout dans la salle. Cette salle est complétée de deux salles plus petites, la Halle, déjà fort conséquente, et sa voisine, le Club, plus petite mais de bonne taille elle aussi (dotée en sus d’une très pratique mezzanine). Les trajets d’une salle à l’autre se font en à peine quelques dizaines de pas, et le complexe est truffé de petits espaces détente, recoins, bancs, terrasses, coins de verdures, avec plusieurs food trucks disséminés sur le site…

 

 


GRAND MASSIVE

Terrible ! Les hostilités débutent du côté lourd de la galaxie qui nous occupe : les Germains déploient un doom très métallique qui a parfois des allures de vieux Metallica déployé en lenteur ainsi qu’en lourdeur. Cette première prestation dans la salle intermédiaire Halle annoncera la couleur pour les photographes – rares – dans l’assistance : ce sera très rouge, nébuleux et exempt d’éclairage en façade… et ce sera ainsi durant les 2 jours… et ce sera pareil sur les 3 scènes ; ça a fait des heureux (vous pouvez nous croire sur parole) ! Sinon, avec la délicatesse d’un rhinocéros en tutu twerkant au milieu des souffleurs de verre de Murano, les Allemands convainquent rapidement les lourdaux, les hippies se rattraperont plus tard. Avec « Revolution Waltz » c’est toute l’assistance qui vibre sous les coups de boutoirs assénés sur scène. Simple et très efficace, le set connaîtra son point d’orgue avec « Taurus » dont la rythmique pachydermique est exemplaire. Une belle baffe pour débuter avec un groupe qui a croisé sur le sillon quelques formations un temps dans notre viseur comme Mustasch ou Sparzanza…


REZN

C’est aux américains de REZN que revient l’honneur d’assurer le premier concert du festival dans la grande salle Werck, qui est déjà remplie ! L’attente est donc grande côté public, mais c’est sans pression que le quatuor prend la scène, avec sobriété et aucun effet de manche : peu de communication avec le public et lights vaporeuses avec beaucoup de contre jour : c’est la musique qui fait le job ! La scénographie est réduite à sa portion congrue : les musiciens sont impliqués et appliqués, ça joue bien, mais ça bouge peu (mention spéciale à Patrick Dunn, posé derrière son clavier, qui s’empare d’un saxo au besoin). Côté musique, le quartet propose pour commencer deux extraits de son réussi dernier album, avec « Instinct » et « Chasm », propices à quelques plans aériens et d’autres bien lourds – un bon résumé de ce set finalement ! Pour le reste, la set list va évidemment piocher dans les meilleurs titres de leurs trois derniers albums, avec assez peu de surprises. Un notera une très belle version de « Possession », qui recevra un bel accueil. Le groupe aura proposé un set riche et exigeant, entre stoner , doom, psych rock, post rock… Les étiquettes virevoltent mais le public reste captivé tout du long.


“SECRET BAND” : DIRTY SOUND MAGNET

Le mystérieux groupe secret que l’affiche teasait depuis sa publication allait étrenner la scène dite Club. La surprise bien gardée nous vient de Suisse puisque nous reconnaissons le trio Dirty Sound Magnet, déjà croisé à Berlin cette année notamment. Invités de dernière minute (les gars étaient par hasard à Munich en day off ce jour-là et ont proposé de jouer plutôt que de faire les touristes), les Helvètes balanceront un set séduisant dans une salle conférant à ces instants un rendu club bienvenu, qui nous renvoie quelques années en arrière alors que le trio n’avait pas encore acquis sa renommée actuelle. Le retour dans le temps a aussi été opéré avec « Social Media Boy » que le combo trimbale avec lui depuis quelques années déjà. Le set se déroule facilement, les mecs ont de la bouteille et enchaînent naturellement, annonçant au public munichois qu’ils seront de retour dans leur ville en février prochain. En guise de final super envoûtant : 10 bonnes minutes de jam articulée autour du noyau de « Meet The Shaman ». Une surprise comme on les aime bien ; c’était la grande classe !


SPECK

Le concert a déjà commencé depuis quelques minutes quand nous mettons les pieds dans une halle assez bien remplie, et il nous apparaît très vite que, scéniquement, nous n’avons probablement pas raté d’événement majeur. En effet, les dizaines de minutes suivantes défilent sans que quasiment rien ne bouge sur scène (à peine les lights – et encore…) : le guitariste Marcel Cultrera et la bassiste Lisa Winkelmüller se font presque face – tout au plus effectuent-t-ils quelques pas et esquissent-ils quelques émotions sincères – tandis que le batteur Patrick Säuerl aligne ses patterns dans la pénombre en fond de scène. Mais ce statisme est-il un problème ? Diantre non, et le public agglutiné dans les premiers rangs, dodelinant en souriant béatement, parfois les yeux fermés, pense comme nous : le psych rock ultra lancinant et répétitif du jeune trio autrichien est parfaitement maîtrisé, emmené par des rythmiques kraut hypnotiques à souhait. Les membres du groupe sont complètement immergés dans leur trip, en quasi-symbiose avec un public conquis. Un très bon set.


MESSA

Le déplacement vers la main stage est court et la “redescente” après ce trip planant à souhait n’est pas trop violente tandis que Messa commence à distribuer ses premiers accords lents et lourds. On passe d’une ambiance à l’autre sans violence, et les riffs doom atmosphériques par lesquels le quartet transalpin entame son set sont parfaits pour mettre en place l’ambiance habituelle d’un concert de Messa. Nous n’avions pas vu le groupe depuis de nombreux mois sur scène, et ce retour aux affaires est peu ou prou sans surprise : dans un light show ténébreux (notez le dénominateur commun des concerts du week-end, probablement supervisés par un ingé lumières neurasthénique), les quatre musiciens interprètent leurs titres en restant concentrés sur leur tâche, sans outrance scénique. C’est en particulier le cas de Sara : la vocaliste, en front-woman modeste, assure ses lignes de chant avec conviction, mais s’efface sur les parties instrumentales. Le focus est donc fait sur la musique, et de ce côté là non plus, pas de grande surprise : le groupe est dans sa zone de confort avec ce doom lent et pesant qu’il tisse durant 50 minutes, sur lesquels viennent se poser les lignes de chant gracieuses et subtiles de Sara. Les titres choisis sont là aussi sans surprise : le quartet pioche largement dans les meilleurs titres de Close, jouera « Leah » bien entendu, « Dark Horse »… Résultat : encore un bon concert de Messa, même si l’on en vient à trouver ça un peu routinier – ça manque un peu du “frisson” des moments d’exception… Mais le concert reste excellent, et la salle, bien remplie et hochant de la tête en rythme pendant presque une heure, semble acquiescer.


VALLEY OF THE SUN


La salle Halle est pleine comme un œuf tandis que le trio américain entame son set… 5 minutes en avance sur l’horaire ! C’est déjà difficile d’assister à tous les concerts, si en plus on nous met des bâtons dans les roues… D’autant plus qu’il ne faut pas longtemps pour prendre conscience que parmi les concerts qu’il ne fallait pas manquer aujourd’hui, celui de Valley of the Sun figure en bonne place. De manière assez étonnante pour un groupe en promo de son dernier disque, il entame son set par la triplette introductive de son vieux classique The Sayings of the Seers (2011), à commencer par le rageur « Hearts Aflame » et son riff en titane. Le gros stoner rock fuzzé du trio, très mélodique et qui assume son héritage blues rock /  heavy rock, est super efficace, et les titres suivants n’en seront que des illustrations supplémentaires, avec des extraits du dernier disque parfaitement intégrés. Ryan Ferrier, solide frontman, même si un peu taciturne, délivre riff après riff, et son chant, puissant et efficace, transcende les compos. Sa section rythmique finit de consolider l’ouvrage qui maintient le public en tension : ça headbangue, ça pogote, ça slamme… Une belle ambiance qui ne faiblira pas pendant presque une heure qui défilera à vitesse grand V.


LURCH

Le quatuor viennois, annoncé en fin de semaine passée sur l’affiche du prochain Freak Valley, prend ses quartiers dans le minuscule Club pour un set débutant avant la fin de Valley of the Sun et terminant durant Monolord : c’est donc compliqué de rameuter le peuple, mais il y a du monde quand-même. Les Autrichiennes envoient un rock fuzzé et daté qui aime à se perdre dans des plans psychédéliques. C’est frais, très frais et ça tient plutôt bien la route en échangeant en allemand avec le public présent (on n’aura pas tout capté). Nouvelle venue dans la galaxie stoner européenne, la formation est très à l’aise sur scène et tient bien la route ; les nuques oscillent et tout le monde a la banane ; que demander de plus ?


MONOLORD

La formation de Göteborg se retrouve très naturellement bien placée sur l’affiche de cette première journée qui, au passage, est clairement au-dessous de la guerre annoncée le lendemain. C’est sous la forme d’un quatuor que les Scandinaves peaufinent leur préparation alors que nous nous plaçons dans le pit photo histoire de tenter de capter quelques plans potables en espérant que le lighteux soit un peu fantaisiste… Durant cette phase d’approche, nous notons deux éléments d’une importance inégale: le bassiste Mika Häkki ne nous gratifie pas d’une toge – il soigne son image tout de même et sera à nouveau le contributeur principal du rendu visuel de ce set – et Per Wiberg est de la partie. Le multi-instrumentiste venu du froid aura un impact certain sur cette prestation de grande classe. Le gaillard n’est pas le rookie de l’année et son CV comprend notamment Spiritual Beggars, Opeth, Kamchatka, Arch Enemy ou Candlemass dans des fonctions différentes ; excusez du peu. Le set, lourd bien sûr, ira piocher dans l’intégralité des long formats commis par ce groupe hors norme qui arrive toujours à nous emballer en évoluant sans pour autant nous trahir. « The Weary » avec ses coups de massue hypnotiques a débuté les hostilités en annonçant la lourdeur omniprésente jusqu’au final sur un « Rust » soigné aux petits oignons. Difficile de citer un titre en particulier tellement la performance était qualitative, mais franchement quel plaisir de se cogner « Cursing The One » sorti il y a 9 ans (quand le groupe n’avait pas son statut actuel) bonifié par le temps et la configuration du jour, ou évidemment le classique « Empress Rising », qui fait éructer le public dès les premières notes de guitare emblématiques. Ah ouais, on oubliait : les lights ont finalement été vaguement OK pour la première fois du fest et on peut partager avec vous des clichés captés dans des conditions presque normales.


SCORPION CHILD

Scorpion Child monte sur la scène Halle et ne laisse pas longtemps douter ceux qui ne savent pas dans quel environnement musical baigne le quintette : le cheveu est long (et sent parfois le brushing), le jean est moulant, la ceinture est à clous, le débardeur noir est omniprésent… On est dans le Hard rock 80’s le plus pur ! Et comme on peut l’attendre pour ce style musical, le groupe déploie une belle énergie : les musiciens arpentent la scène en tous sens et jouent le jeu à fond. L’interprétation est évidemment sans faille, on mange du solo à gogo… Tout cela est très bien fait et très plaisant. Malheureusement ça ne semble pas correspondre aux envies du “grand public”, car on circule bien dans la salle. En revanche, comme nous, le public présent apprécie ce concert fort qualitatif.


DAEVAR

Après s’être fait botter le cul à Berlin au printemps, la même moitié du binôme Desert-Rock dépêché dans la place trépignait d’impatience quant à cette prestation malheureusement coincée sur la petite scène. Il faut dire que le show débute alors que le scorpion pique encore dans la Halle et se terminera sans nous, et sans les amateurs de sensations épicées, partis sur la grosse scène faire des cercles avec les Russes. On regrettera d’ailleurs la ponctualité approximative de ces derniers qui nous empêcheront d’assister à la fin du show des Germains alors que ça teste encore le son sur la grande salle Werck. L’impatience a toutefois payé : on prend les mêmes et on recommence ; le trio maîtrise son art et les déclarations solennelles font à nouveau mouche et entraînent des applaudissements nourris. Le public dans la place peine à appréhender la surface à disposition pour aller taper du pied dans la salle : il y a de la place à l’étage, il y a même de la place dans le pit, mais non, les quidams demeurent statiques dans l’entrée, coincés entre le bar (on comprend qu’après l’Oktoberfest il faut un peu se rattraper) et la porte d’entrée. Daevar est à la hauteur des attentes avec son doom incisif, métronomique aux rythmiques plombées sur lesquels le gratteux à casquette Caspar déploie des riffs imparables en soutien aux vocaux aériens de la souriante Pardis.


RUSSIAN CIRCLES

Même s’il détonne un peu sur une affiche qui ne s’acoquine pas trop avec le post metal cette année, Russian Circles semble attendu par une bonne part du public munichois ce soir – un public qui doit patienter un peu avant le début du set, le groupe étant encore tranquillement en train d’effectuer son sound check à l’heure où normalement ses premiers riffs étaient attendus (notable, dans un festival qui sur deux jours aura été organisé à la perfection). Le set commence, et on est rassurés : aucun choc culturel ou sonore à craindre ce soir, le trio de Chicago, en tournée en ce moment avec REZN, est coutumier d’un post metal aux forts relents doom, parfois pas si éloigné de formations stoner doom plus familières des publics de festivals de ce type. D’ailleurs, la démonstration ne se fait pas attendre : les riffs balourds des deux classiques « 309 » et « Harper Lewis » viennent cueillir le public à froid qui, consentant, se fera rouler dessus avec un certain plaisir masochiste pendant 1h20. Le concert déroule ainsi, avec un light show bien adapté pour accompagner une prestation scénique par ailleurs assez rudimentaire de la part des musiciens. C’est bien la musique qui prévaut ici, et de ce côté-là le groupe a choisi de belles pièces pour constituer sa set list, piochant aléatoirement dans sa vaste discographie, mêlant plans plus atmosphériques et riffs rouleaux compresseurs, dans un ensemble full-instrumental qui vient finir de vider nos cerveaux déjà bien entamés par cette journée haute en émotions.


 

C’est donc exsangues et vides d’énergie que vos serviteurs regagneront leurs pénates pour collecter quelques heures de sommeil bien nécessaires pour raviver nos vieux corps fatigués. C’est le cœur lourd que nous raterons la prestation probablement fiévreuse des thrashers crossover de Zerre, que nous avions déjà vus à Berlin, et qui à n’en pas douter auront explosé les restes de cerveaux disponibles des derniers festivaliers.

 

[A SUIVRE]

Par Chris & Laurent

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