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Loin de l’agitation d’un Hellfest 2022 hors norme, on célébrait cette année la dixième édition du Rock in Bourlon. Située près de Cambrai, la commune de Bourlon se démarque de son “voisin” clissonnais par une ambiance familiale et décontractée (et la présence de sandwiches camembert cuits au barbecue, c’est peut être un détail pour vous mais pour moi cela veut dire beaucoup) mais aussi par une qualité de programmation qui laisse rêveur quand on sait que le festival à toujours été à prix libre. Depuis une décade, le Rock in Bourlon met en avant la scène stoner / musiques psychédéliques avec des groupes comme All them Witches, Toner Low, Karma to Burn, Monolord, Mars Red Sky ou encore Five the Hierophant, et des groupes au style gravitant autour de cette base stoner comme Eyehategod, Mantar, Coilguns ou Ddent. Pour sa dixième, le festival nous propose quelques mutations comme l’ajout d’une seconde scène et une troisième journée de concert. Pour notre plus grand bonheur, l’affiche reste, elle, dans la lignée des années précédentes.

Vendredi 24/06/2022
Grosse inconnue de cette première journée, et du week-end en général : la pluie !… Longtemps la météo nous promettait averses, orages accompagnés d’une pluie de sauterelles… Plus de peur que d’humidité en finalité puisque la plus grosse saucée du week-end aura lieu pendant le montage des tentes.
C’est donc le postérieur posé sur l’herbe que j’attaque le festival avec les italiens berlinois de Sneer. On est rapidement envoûté par les lignes de chant sombre et fragile de la chanteuse alors que le mariage entre rock, pop psyché et post rock opère sur la foule qui intègre le festival.
Moins à l’aise avec la musique plus punk de Yonic et Tunic (quelle puissance de la part de la chanteuse de Yonic cela dit), la première claque de ce Rock In Bourlon viendra avec les anglais de Desert Storm. Situé pile poil entre heavy metal et doom, Desert Storm masse les nuques de la fosse à la perfection et nous enfouit sous une avalanche de riffs brutaux allant même sur certains morceaux vers des sonorités et une lourdeur plus stoner rappelant Elephant Tree. Le chant primitif et l’énergie déployée par le groupe amène une ambiance heavy épique. Performance plutôt impressionnante car les anglais ne s’appuient pas sur une imagerie scénique marquante et ont plutôt opté pour un look de papa façon Lowrider.
 Desert Storm
Invité à jouer sur chacune des journées, et l’affiche étant cette année peu orientée vers ces sonorités, Ecstatic Vision sera le facteur saxophone et psychédélisme du festival. Après des balances à rallonge (phénomènes récurrents de la nouvelle scène, cela dit le son était correct voire très bon à chaque fois), le fougueux quatuor nous délivre un premier set plutôt puissant et brut. Comme à son habitude, le guitariste et multi instrumentiste rayonne de bonheur et semble complètement absorbé par la musique, jonglant entre guitare, saxophone et flûte. Leur chanteur Doug est tout aussi hyperactif. Dès le premier morceau il fait monter des gosses sur scène pour danser avec eux (bon, sans succès, mais en même temps les petits étaient sobres) puis enchaîne les danses, sauts sur scène tout en assurant à la guitare et à l’harmonica. La foule est bien moins énergique, balayée par les vagues de saxo et la puissance du groupe…
Il sera d’ailleurs difficile d’enchainer sur les concerts suivants… Toutefois, impossible de manquer Eyehategod, tête d’affiche du jour, qui commence son concert devant une foule enfin dense (pas évident de rassembler un vendredi, l’affluence augmentant à partir du début de soirée). Pas fan du groupe que ce soit en studio ou en concert, la mayonnaise prendra cette fois-ci pour moi. Il faut dire que les américains sont particulièrement énervés ce soir et emportent tout sur leur passage. La fosse elle aussi est survoltée, venant provoquer plusieurs fois Mike Williams et Jimmy Bower ainsi qu’en multipliant les actes de maltraitance sur la barrière de sécurité.
Samedi 25/06/2022
Un des (nombreux) avantages du Rock In Bourlon est que les concerts ne commencent que l’après-midi. C’est donc frais et reposé que l’on attaque cette seconde journée décimée par les annulations. Maggot Heart, Nekromantheon puis Thou, cette journée semble maudite d’autant qu’elle est menacée à nouveau par les orages… Insect Ark démarre d’ailleurs courageusement sous la pluie et devant des festivaliers cachés dans les tonnelles du merch et du bar.
 Portrayal of Guilt
La journée démarre vraiment pour moi avec les fabuleux polonais de Moonstone. Leur doom aux odeurs stoner et heavy vient chasser instantanément le mauvais temps à gros coup de riffs aussi lents que massifs. On est pris dans le mouvement dès le premier morceau pour ne s’arrêter d’headbanguer que 5 à 10 minutes après le dernier morceau, les riffs résonnant encore dans nos corps.
Difficile de se remettre de cette bûcherie et pourtant Sordide, qui avait clôturé la soirée précédente, vient remplacer Maggot Heart en proposant un set très qualitatif de covers de Nirvana. Plus influencé par l’énergie punk du groupe, Sordide balance des titres comme “Tourette’s” ou “Territorial Pissings” avec un son cru et une certaine authenticité (j’en ai regretté de ne pas avoir eu la foi d’aller les voir la veille, je ne me ferai pas avoir la prochaine fois).
Profitant des lieux sur les concerts suivants (la zone merch est toujours intéressante à Bourlon, celle du sandwich camembert l’est tout autant mais pour d’autres raisons plus vitales !) c’est avec Messa que cette seconde journée reprend d’un point de vue musical. Ne les ayant jamais vus et n’ayant que très peu écouté leur dernier album, la peur d’être déçu était présente mais s’est très rapidement dissipée devant l’aura de Sara et la qualité du son. Le contraste entre la subtile fragilité du chant et l’atmosphère pesante, parfois à la frontière du doom, des mélodies était juste fantastique.
On se remet à peine de nos émotions qu’Inter Arma nous ramène brusquement sur terre pour nous enfoncer la tête sous le gazon bourlonais. Encore plusieurs crans au-dessus de l’intensité mise par Desert Storm la veille, Inter Arma nous prend littéralement aux tripes et vient à son tour nous masser nuque et vertèbres.
L’enchaînement avec le second set d’Ecstatic Vision me sera fatal, venant achever ma barre d’énergie. Ce second concert sera en tout point similaire au premier, à la différence prêt que cette fois aucun gamin n’aura fini sur scène.
Dimanche 26/06/2022
Cette dernière journée commence avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise est que Midnight Ghost Train est contraint d’annuler son concert… La bonne c’est que le soleil est enfin de retour ! Un soleil magnifiquement accompagné par le rock tropical apocalyptique de We Need A Plumber (la formule vient d’eux). L’ambiance sur scène est plutôt décontractée, avec un guitariste nous annonçant que tel morceau parle des accidents de voiture (ou des cassoulets carrefour) ou cataloguant leur musique de rock tropical apocalyptique. Définition plutôt juste vues les compositions lumineuses, agrémentées de nombreuses percussions, appelant clairement au voyage… l’aspect fin du monde venant sans doute des passages plus tortueux techniquement.
Une mise en bouche qui vient réveiller nos popotins et suivie par les non moins entraînantes mélodies de Djinn, décalant son créneau de l’après-midi pour remplacer la voix rocailleuse de Midnight Ghost Train. Devant une foule qui grossit malgré le concert spécial dans l’église de Bourlon (la chaleur et le monde présent là-bas auront eu raison de notre patience), les bretons marquent par la maîtrise de leur rock psychédélique, guidé par la voix rocailleuse de Chloé, et gagnent en assurance scénique au fur et à mesure que les morceaux passent, Chloe se jetant carrément dans la fosse sur le dernier morceau !
 Djiin
La logique voudrait qu’ensuite Ecstatic Vision entre en scène pour la troisième fois du week-end afin de nous achever et c’est exactement ce qu’il va se passer puisque les américains ont encore de l’énergie à revendre. Un troisième set plus psychédélique et moins brut que le premier, mais avec une ambiance plus chaude côté public (le groupe jouant cette fois sur la scène principale) motivant Doug à monter en haut de la scène puis à se faire quelques frayeurs lors de la redescente. Une petite déception toutefois d’entendre des morceaux déjà joués lors des deux premiers jours, le fait de les voir 3 fois laissant espérer au moins un concert plus particulier (en acoustique ou un album joué de bout en bout par exemple).
Malgré la fatigue qui commence à tirer, impossible de finir cette édition 2022 sans aller voir Slift. Peu de souvenirs, hormis ce sentiment d’être complètement emporté par les vagues psychédéliques du groupe, les jambes se transformant en coton et la tête se désolidarisant du reste pour s’échapper dans la nuit … !
 Slift
Cette année encore le Rock In Bourlon nous a enchanté et cela malgré les pépins techniques ou d’organisations qui ont glissé sur la bonne humeur des festivaliers et des bénévoles. On ne le dira d’ailleurs jamais assez, mais les bénévoles sont en or et sont impossibles à dissocier de la réussite de cet évènement. Ce cru 2022 se voulait sans doute plus grand pour ce dixième anniversaire, avec cette seconde scène, ce jour supplémentaire et cette affiche encore plus éclectique que les années précédentes. On sera là l’an prochain, en espérant une onzième édition, pas forcément plus grande, mais fidèle à son atmosphère si particulière et si captivante musicalement.
Voilà c’est l’heure de prendre un dernier coup derrière la nuque, l’une des plus grosses journées de ce festival nous attend aujourd’hui, avec un running order garni de belles pépites, qu’elles aient déjà été vues mille fois ou non. L’excitation d’en profiter un maximum chasse la fatigue, le soleil nous accompagne et cela promet des moments inoubliables. C’est parti pour ce dernier sprint avant la ligne d’arrivée !
20 SECONDS FALLING MAN

Post hardcore avec des morceaux de musiciens d’Inglorious Bad Stars dedans, 20 Seconds Falling Man vient servir le café à la Valley pour ce dernier jour de fest. Un jus noir et corsé qui ébouillante la gorge et ravit les oreilles. Le public accuse probablement le coup de ces trois journées de festival, et ne se masse pas dans la tente à cette heure un peu trop matinale. Tant pis pour eux, ils manquent un set solide et maîtrisé, qui aura convaincu les présents.
THE ATOMIC BITCHWAX

Avec son distillat de pastilles zeppeliniennes, The Atomic Bitchwax vient semer les graines du rock dans le champ de boue qu’est devenu la Valley. Rah la belle journée qui s’annonce déjà. Un groove stoner comme on aime vient gifler le public qui s’est désormais massé dans une raisonnable proportion, laissant espérer dans le futur un meilleur positionnement du groupe dans le running order de ce type de festivals. Les pépites de stoner pur jus défilent (dont une très large proportion issue de leurs deux premiers albums, de quoi ravir les fans !), avec toujours le même scénario : Kosnik et Pantella assurent la rythmique, Sweeny débite les riffs nerveux et dépose quelques flamboyants soli, partageant avec Kosnik le micro lorsque nécessaire. La colonne vertébrale de Monster Magnet à l’œuvre, dans un registre plus fun, mais pour un résultat toujours à la hauteur. Comme à leur habitude le trio écrase la pédale d’accélérateur et fonce pleine balle droit devant… jusqu’à la panne sèche ! En effet le set s’arrête net faute de son de guitare, pour changer le jack, la tête d’ampli, puis l’ampli… Le problème réglé, le groupe reprend son set sans se laisser démonter, et récupèrera une poignée de minutes en fin de set pour compenser. Chapeau bas, merci pour la leçon !
BOKASSA

Avec le T-shirt Baroness du front man, sa voix stoner as hell et ses riffs idoines, on comprend pourquoi Bokassa revendique l’étiquette de Stoner punk (l’inverse marche aussi). Nous avons donc entamé notre première incartade hors Valley du week-end, propulsés par notre professionnalisme forcené tout autant que le manque de Vitamine D (le soleil ne manquera pas pour célébrer ce dernier jour de fest). Les norvégiens occupent largement l’espace d’une main stage de midi (usant des passerelles constituant le snakepit de Metallica, qui occupera la scène ce soir) et attirent nombre de curieux avec leur mélange de punk californien et de stoner rock énergique, qui rappelle occasionnellement un autre groupe “hybride” scandinave, Mustasch. Quoi qu’il en soit les mecs assurent le spectacle, peu effarouchés par une foule habituelle pour un groupe qui a déjà ouvert pour Metallica. Un set plus californien que punk et plus punk que stoner, mais le taf est bien fait, surtout avec un final plus groovy beaucoup plus proche de nos écoutes de prédilections.
YEAR OF NO LIGHT

Retour à la Valley pour du sale. Les Bordelais de Year of No Light font dans le post metal costaud et atmosphérique, dressant une ambiance musicale propice à la pause méridionale au calme sous la tente… Deux batteries sont installées (pas toujours utilisées, Bertrand navigant entre son clavier et le second kit de batterie) et martèlent les riffs de trois gratteux et d’un bassiste. Massif et tannique le groupe joue dans une cour musicale qui grignote peu à peu les créneaux de la Valley et visiblement gagne de plus en plus de public, ce n’est pas le prochain concert qui nous contredira.
REGARDE LES HOMMES TOMBER x HANGMAN’S CHAIR

La combinaison de ces deux groupes français est très attendue par le public, manifestement, et est somme toute représentative d’une partie importante de la programmation de la Valley ces dernières années. L’anxiogène formation éphémère délivre un art poisseux et malsain qui fait le plein de la Valley. Les curieux et candidats à la psychanalyse bourrent la tente et ils vont en avoir pour leur argent. RLHT c’est ce qui manquait de terrifiant à Hangman’s Chair, avec une orgie de guitares énervées et l’appui d’un chant hurlé grave qui place encore un peu plus haut la barre du terrorisme sonore. Les deux formations se cumulent donc sur scène (pas moins de neuf musiciens évoluent en même temps !) mais le chaos sonore que l’on pourrait craindre accouche finalement de quelque chose de profond et étonnamment assez “carré” : le travail de complémentarité a été efficacement mené, à l’image du partage des tâches pour les deux batteurs, ou de manière plus évidente pour les deux chanteurs. L’ensemble génère un objet musical bien structuré, massif et un concert solide et efficace… mais sombre.
UFOMMAMUT

La renaissance de Ufomammut après leur split semble prendre la tournure d’un vrai retour aux affaires. Même si leur dernier album n’est pas révolutionnaire, il montre un trio bien en place, vivant – et c’est exactement ce que le set d’aujourd’hui nous confirme. Avec leur nouveau batteur en fond de scène, le groupe ancre son set autour de la promo de Fenice, leur dernière galette – ce qui pour les anciens fans laisse quand même un goût amer, sorte de désaveu de la riche histoire du groupe. Les premières minutes du set viennent toutefois rassurer les plus intégristes : stylistiquement le groupe est toujours où on l’a connu, avec son doom-indus aux rythmiques martiales et aux riffs bulldozer répétés à l’envie. L’efficacité est ainsi toujours au rendez-vous, illustrée par les vagues de headbanging constatées dans la fosse, joliment garnie. Pour autant, on ne sort pas terrassés de cette prestation, comme cela eut pu être le cas sur certaines prestations de Ufo’ ces dernières années.
HANGMAN’S BLOOD
Petit détour derrière la Valley, sur la petite Hell Stage, pour assister au set des Hangman’s Blood, boueux et graveleux, comme à leur habitude. Sans fan base folle, les nantais attirent pourtant les curieux et le chanteur fait saillir les veines de son cou à hurler sa rage, les cordistes suent du manche alors que le batteur fait déferler ses frappes massives. On se prendrait à rêver de les voir sous la Valley avec un son gonflé aux hormones pour les laisser poutrer un peu leur auditoire de bon matin. Notre point de vue, “support your local scene”.

THOU

Le set des énigmatiques Thou était très attendu, et la Valley bruisse d’une sorte d’excitation. En effet, le groupe est rare sur les planches, discret sur les réseaux, et auréolé de quelques prestations exceptionnelles qui ont participé à leur réputation culte. Les premiers tours de roue nous laissent penser que la prestation du jour ne se rangera pas au même niveau. Il faut dire que de l’aveu même du groupe, Thou n’est pas un groupe forcément très fun à voir en live : l’attitude des musiciens est hétéroclite, allant du sérieux le plus total à la joie débonnaire, en passant par l’anxiété, mais globalement plutôt auto-centrée, avec peu d’interactions avec le public. Ce qui frappe ensuite c’est la prestation de Bryan Funck, sans barbe, ressemblant désormais à une sorte de sosie de Igor (ou plutôt Aïgor) du film Frankenstein Jr. : regard fixe, chant en coin, le vocaliste appuie sa maîtrise du chant sludge sur une solide section rythmique et des guitares acérées. Une avalanche d’un sludge efficace vient recouvrir le public. Ça craque, roule, souffle, rien ne doit survivre au choc, c’est écrit dans chaque mesure. La set list va piocher précisément dans chaque album et dans une poignée de chansons piochées dans leur quantité d’EP, compilations… Pas de parti pris très fort, ça joue sécure… Thou assied sa domination à grands coups de spots dans la gueule des premiers rangs du public qui, consentants, baissent la tête et headbangent de bon cœur. Efficace, mais pas exceptionnel.
EYEHATEGOD

Après un dernier album plutôt décevant, EyeHateGod avait pour mission de se racheter auprès de son public et son passage à Clisson, son jardin en quelque sorte puisqu’il s’agit de leur cinquième Hellfest. L’occasion de remettre le riff au milieu du village… Hélas, trois fois hélas, entre un problème d’ampli basse et un Jimmy Bower trop propre pour être honnête, le set lasse vite, malgré les facéties d’un Mike Williams qui peine à insuffler le danger qu’on lui connait. La Valley se déplume à mesure que le set avance. Rien ne se passe, la set list souffle le chaud et le froid, les riffs ne prennent pas, le concert ne décolle pas, à l’image des slammers, quasi-absents aujourd’hui alors que l’on a connu le groupe en déclencher des déluges ininterrompus – et ce n’est pas un gentillet circle pit qui vient changer le constat froid. Je quitte le concert avant la fin (c’est bien la première fois que cela m’arrive pour EHG), les yeux remplis de tristesse.
PENTAGRAM

Que vaut le quasi septuagénaire Bobby Liebling en live, après tant de déboires et démêlés, l’ayant même amené en prison ces dernières années ? Que vaut Pentagram sans Victor Griffin, que les aspirations religieuses exacerbées depuis le confinement ont éloigné de ses camarades ? Que vaut ce groupe de losers de génie, pour ses 50 ans ? La réponse est sans appel : tout l’or du monde. Sous une tente incandescente, peut être un poil attentiste au départ et très vite emportée par un tourbillon de bonheur, Pentagram déroule une set list efficace, porté par leur nouveau petit prodige à la guitare : Matt Goldsborough. Liebling est sûr de son talent, très en voix, multiplie les poses et facéties et régale son audience sur « Be Forewarned » ou « Forever My Queen » (enchainée par une version raccourcie de « 20 Buck Spin ») évidemment. Le concert du festival, tout simplement.
ORANGE GOBLIN

Le putain de Goblin contre Metallica, le combat du siècle ! Bien sûr, ceux qui sont venus s’en balancent de savoir s’il y aura un gagnant et vont gueuler leur hargne et leur amour de Orange Goblin pendant un set sans surprise d’une heure. Durant cette faille temporelle, cette tornade musicale, s’enchainent les classiques : “Scorpionica”, “Saruman’s Wish”… Lorsque le géant Ben Ward réclame un circle pit sur “The Filthy and the Few”, bien évidement on s’exécute. Le foutoir commence réellement sur “Acid Trial” – évidemment, le morceau en appelle à la furie, les slammers commencent à arriver et lorsqu’une fois de plus le frontman commande un wall of death sur “They Come Back”, celui-ci emporte la moitié de la fosse. Un titre plus tard, l’équipe de sécurité chargée de réceptionner les slammers montent au front et commencent à interpeller le public, debout sur les crash barrières. “The Devil’s Whip” les accompagne et c’est un raz de marée continu qui déborde la fosse et vient écraser ses vagues de slammers sur la barrière. Orange Goblin donne de l’amour comme lui seul peut en donner, remerciant le public d’être venu si nombreux et d’envahir la Valley. Le public le lui rend en hurlant, réactif comme pour une première fois alors que la plupart de fans ici présents en sont au moins à leur dixième fois. Depuis le pit photo, impossible de contempler autre chose que la furie du public, le spectacle n’est déjà presque plus sur scène et les slammers sont impossibles à compter alors que les anglais clôturent, magistraux, sur “Red Tide Rising”. Orange Goblin clôture le Hellfest, et finalement, le concert de ce fest, n’était-ce pas plutôt celui-ci ? Qu’importe ce qui à bien pu se passer sur une autre scène, ils ont gagné : Orange Goblin a arraché sa couronne à Metallica. Orange Fuckin’ Goblin, Baby !
Les muscles sont peut-être douloureux, les oreilles bourdonnent peut-être, les poches sous les yeux font probablement peur à voir, et sans doute que beaucoup de choses indiquent que c’était une épreuve pour nos corps peu habitués à s’entretenir… néanmoins c’est le sourire jusqu’aux oreilles et en secret le cœur gros que nous quittons cette 15ème édition du Hellfest, deux week-ends de bonheur, pleins de souvenirs et d’amitiés incroyables. Un moment hors de nos vies avec un gout d’indispensable. Hellfest, nous reviendrons encore l’an prochain pour tes concerts mais aussi pour ton ambiance et ceux que tu attires jusqu’à toi à chaque édition. A l’an prochain.
Rédacteurs : Sidney Résurrection (+Laurent, Iro22)
(Photos : Laurent)
Voilà, la seconde partie du Hellfest 2022 va commencer pour nous. On ne va pas se plaindre, tout étant toujours plutôt bien fait et très bien présenté sur ce festival, on aurait pu se contenter des jours précédents, pour autant cela manquait de consistance, que voulez vous, on nous a toujours habitué à des plateaux du feu de dieu ! Ce jour exaucera nos vœux avec un solide après-midi riche en trips aériens et riffs ravageurs, et même les pieds dans la boue, rien ne nous arrêtera !
Enfin, “rien”… sauf le combo réveil à l’arrache / indications routières contradictoires / parking et navettes aléatoires, qui nous fera manquer Untitled with Drums, qui jouait aux aurores… Tant pis, ce sera le seul groupe de la Valley que nous manquerons de tout le festival.
DÄTCHA MANDALA

La journée commence donc pour nous par le set du trio rock français Dätcha Mandala. Les bordelais, connus du “grand public” pour avoir assuré la première partie des Insus (ex-Téléphone) au Stade de France en 2017, traîne aussi une réputation de jolie machine scénique. Ils montent sur scène remontés comme des jouets à ressorts, bien décidés à démontrer leur valeur… et leur légitimité sur cette affiche ! Car la question est largement soulevée, le trio étant connu pour produire un heavy rock bluesy “vintage” nerveux, occasionnellement psych, un peu loin du propos plus incisif pratiqué au Hellfest. Intelligemment, le groupe propose une set list high energy qui, emmenée par un binôme survolté, emporte en un tour de main l’adhésion du public. Celui-ci, même s’il se retrouve assez clairsemé sous la tente, repart avec le sourire et la satisfaction d’avoir assisté à une prestation qui, si elle est assez loin du metal quintessentiel pratiqué sur l’ensemble du festival, se sera avérée enthousiasmante.
MY OWN PRIVATE ALASKA

L’heure du déjeuner (oui, le biorythme est un peu bousculé au Hellfest) nous amène une nouvelle “parenthèse musicale”. Jusqu’ici, à chaque groupe sortant des terres musicales confortables que l’on connaît, nous étions pris soit de surprise, soit d’ennui. C’est plutôt la première option qui s’applique ici, et il avait suffi de lire l’étiquette musicale proposée par le combo français pour nous en donner l’intuition : le groupe qualifie sa musique de “pianocore”… ce qui s’avère assez juste ! On retrouve les musiciens tous assis sur la scène, deux derrière leur clavier, l’un derrière son kit de batterie, et le dernier derrière… son micro. Drôle de dynamique de voir Matthieu Miegeville (déjà vu derrière le micro de Psykup) chanter (crier plutôt) en se contorsionnant sur son petit tabouret (qu’il quitte parfois néanmoins) ! Musicalement, le contrat est rempli : on a bien des claviers et un assortiment de dynamique et de chant qui font pencher l’ensemble en territoire post-core. Loin de notre zone de confort, mais intéressant.
HÄLLAS

Le début d’après-midi sous la Valley offre l’opportunité d’un voyage : celui qui mène à la cité en or de Semyra. En effet durant 45 minutes, les chevaliers d’Hällas (pronounced Hélas) nous font vivre de belles aventures. Toujours un peu coincé sur scène (il en faudra du temps pour que Tommy Alexandersson, bassiste/chanteur, s’adresse à nous), le groupe est par contre toujours aussi réjouissant. Le mix son fait un peu trop la part belle aux basses au début, nuisant à la composante planante de la musique du quartette, et il est difficile d’entendre la voix ou les parties de grattes. Une prise de recul salvatrice nous emmène sous les trombes d’eau à l’extérieur de la tente et c’est à ce point précis que tout rentre dans l’ordre : les phrases de gratte se libèrent, le public apparaît dans toute sa joie et, avant que le set ne se termine, les cataractes du ciel se referment et enfin le soleil vient percer le fond de la tente. C’est le point culminant du set, avec l’enchaînement de l’attendu “The Astral Seer” et de “Star Rider”, leur tube absolu. Avec une Valley en symbiose, le reste du set n’en fut pas moins un moment délicieux.
SLIFT

Venu au Hellfest pour démontrer que sa croissance fulgurante est justifiée, Slift déroule impeccablement ses titres à un tempo fait pour le live. La maîtrise est grande car rien ne bave, de la qualité du son au gesticulations forcenées des trois gonzes. L’atmosphère est pleine de bonnes vibrations et les festivaliers, déjà acquis à la cause d’un des groupes les plus médiatisés de la scène, hurlent leur plaisir d’être à bord de cette fusée pour la lune. La set list, évidemment axée principalement autour des morceaux d’Ummon, ne prend que peu de risques, mais il faudrait être fou de le leur reprocher. La beauté des phrases de basse, le booster de la batterie et en pointe une guitare magistrale accompagnée de boucles électroniques venues d’une autre planète rendent la foule totalement hystérique (il fallait voir le public, une fois le set terminé et les musiciens revenant pour ranger leur matos, crier leur amour comme s’ils étaient encore en plein concert…). Non Slift n’est pas hypé, il mérite sa réputation et son ascension.
VILLAGERS OF IOANNINA CITY

Si une heure d’entracte avait suffit pour remettre les pieds sur terre, Villagers of Ioannina City prend 12 minutes, soit le temps d’un titre, pour nous reconduire en orbite. Batterie excentrée à gauche de la scène près du clavier, cordes en façade et tsambouna (cornemuse grecque) en arrière plan. VIC intègre une fois de plus parfaitement ses particularismes ethniques, insérant les respirations des instruments à vent entre les riffs de basse, et y ajoutant une curieuse densité aérienne. Un régal qui ne fait qu’ajouter à l’extase que le public semble ressentir. Définitivement à chaque set que nous avons vus ce dernier mois les Villagers ont fait mouche, et il est certain qu’à partir de maintenant il faudra les compter parmi les évidences de la scène heavy psychédélique.
MONKEY3

Voir Monkey 3 en live revient à retrouver de vieux amis pour une soirée. Ce n’est pas forcement une chose à laquelle on pense des semaines avant, pour lequel on se fait beau, mais au final on y passe les meilleurs moments. Laissez tomber la drogue et le sexe, Le quartette suisse est la réponse à vos besoins d’endorphine. Avec un nouveau bassiste, quelque peu statique au départ mais très vite à l’aise, le groupe est comme chez lui dans une Valley toute acquise à la cause psychédélique. Les Suisses exhalent la fumée de toute part et enveloppent le public physiquement, le kidnappent pour quelque destination hors de ce monde. À la guitare, Boris continue de convoquer inlassablement David Gilmour, dans les ambiances qu’il tisse et les soli lumineux qu’il propose. La set list a des allures de best of et j’en ressors en me promettant de ne plus jamais oublier à quel point les suisses sont magistraux sur scène.
KADAVAR

Avec “Lord of the sky” en intro avec un final assez déstructuré, Kadavar annonce la couleur du set. Ils mettent directement les pieds dans le plat. Étonnamment, encore bon nombre de gens découvrent le nouveau look de Tiger derrière sa batterie, crane rasé iroquoise naissante à l’arrière du crane et imposants favoris souvenir de sa folle barbe. De fait, lorsque “Last Living Dinosaur” retentit, la crinière de Tiger ne s’envole plus mais le showman, d’un seul regard, assomme la foule autant qu’avec ses blasts de batterie. L’enchaînement des titres a été conçu pour le Hellfest pour viser une efficacité optimale, au détriment peut-être de l’originalité : “Into the Worms Hole”, “Doomsday Machine” ou “The Old Man”, qui déclenche l’hystérie du public dès les premières notes et qui dès lors ne lâchera plus rien, frappant dans les mains pour “Black Sun” ou slammant à l’envie sur “Die Baby Die” et “Pale Blue Eyes”. Kadavar mille fois vu se renforce un peu plus à chaque concert et la version de “Helter Skelter” qui clôt le set comme souvent depuis quelques années, est elle même aussi bagarreuse qu’a l’accoutumé, mais sans pour autant. Le concert de la journée, indubitablement !
CONVERGE : BLOODMOON

Pour clôturer cette journée la formation à sept têtes vient déposer sous la Valley ses riffs en verre pilé accompagnés de ponts aériens qui ne font cependant pas le ravitaillement en public : à cette heure tardive, la voix de Chelsea Wolfe ne suffit pas à faire le plein d’admirateurs, même lorsque elle est contrebalancée de post hardcore parfois doom. En outre, la voix de la prêtresse de nuit ne bénéficie pas du meilleur des mixes, et ses aigus agressent les tympans du fond de la tente. Cette dernière restera donc divisée en deux partie : les fans devant qui auront trouvé là de quoi se faire submerger par l’émotion, et les curieux qui derrière passent sans chercher l’immersion. Pour notre part nous oscillons sans passion entre ces deux populations.
Ce troisième jour a épuisé plus d’un festivalier : la pluie a détrempé le sol, la boue a envahi les passages les plus fréquentés, et les queues interminables aux pissotières toutes neuves créent d’usants bouchons entre les scènes. Nous rentrons les pieds couverts d’une croute de boue à laquelle s’agglomère la sciure censée l’absorber, avec au fond de nous la satisfaction d’avoir vécu quand même quelque chose d’un peu incontrôlé. Encore un dodo et ce sera le dernier jour.
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Sidney Résurrection (+ Laurent, Iro22)
(Photos : Laurent, Sidney)
Avant même de passer la cathédrale, entrée scénarisée du festival Hellfest, nous savons que la journée va solliciter notre curiosité et notre sens de l’ouverture. En effet sur le papier peu de choses semblent à même de nous garantir une journée sous le signe du désert, d’autant que le temps est de la partie et que le ciel menace grandement de nous arroser. Allons, haut les cœurs ! c’est parti pour ce deuxième jour.
AS A NEW REVOLT

Hip hop à consonance punk hardcore, le duo chant, batterie (et samples) vient déverser une violence toute coreuse sur le festival à 11h du matin et pulvériser le mur de l’infrabasse. Le public ne se masse certes pas dans la tente, mais le remplissage n’est pas ridicule, même si les présents sont plus en mode curieux… Du hip hop dites vous ? Le métal est une grande famille qui ne ferme (plus vraiment) ses portes, Festival des musiques extrêmes, la belle histoire que voilà !
OKKULTOKRATI

Le groupe de blackened-hard-rock porteur de perfectos, dilue les styles jusqu’à la confusion. On pourrait s’attendre à des prises de parti tranchées mais le sextet (que l’on avait vu précédemment sous la Altar ou la Temple…) n’offre à entendre qu’une sympathique balade entre les genres sus cités et parfois une bifurcation vers le death/thrash, sans doute par accident. Notons une bonne énergie déployée sur scène, pour un effet limité sur un public un peu apathique à cet horaire…
STÖNER

Pour les stonerheads, le premier vrai concert de la journée se passe avec Stöner (ça ne s invente pas). Introduit par le légendaire Sean Wheeler, le duo de choc Oliveri/Bjork démarre tout en coolitude, malgré un son écrasé qui, s’il ne gâchera pas la fête, desservira un peu le set tout du long. Après un échange d’amabilités sur “Rad Stays Rad” et “The Older Kids”, le jeu sur “Evel Never Dies” se fait plus destructuré, savamment porté par Nick Oliveri, Brant Bjork restant un fond de scène en mode punk rocker. Une grosse rasade de “A Million Beers” et tout rentre dans l’ordre, et l’enchainement avec le groovy “Stand Down” finit de convaincre un public gagné par une bougeotte qui n épargne pas même certains gars de la sécurité derrière les crash, qui oscillent imperceptiblement. Le cool oui, mais qui fait arriver à cinq minutes de la fin du set sans que personne ne s’en soit vraiment aperçu, forçant nos comparse à passer la seconde puis la troisième pour délivrer un “Green Machine” magistral pied au plancher. Exactement le set espéré.
HUMAN IMPACT

Noisy et bruitiste, la musique de Human Impact nous sort de notre nuage stoner par la peau du cul pour nous secouer à grands coups de riffs. Bien qu’en limite de notre champ d’audition habituel nous ne boudons pas notre plaisir en découvrant cette formation presque timide en regard de la force qu’elle dégage… enfin, timide… Les bonds du chanteur et les agitations du guitariste projettent quand même un paquet d’arcs électriques dans le public.
A.A. WILLIAMS

Entre deux averses on retourne sous la Valley pour découvrir qu’avec A.A Williams l’éther a trouvé son lyrisme. Le groupe qui fait tout pour ne reposer que sur sa front woman est un joli navire pour permettre aux festivaliers de voyager tout en restant sur place (rajoutons que le remplissage de la tente est probablement aussi largement dû aux pluies qui douchent le site, durant lesquelles les quelques tentes sont des refuges appréciés). Entre les nappes de fumée et la voix suave de A.A.Williams, le set gagne posément les cœurs et les esprits, ce qui est déjà en soi une petite réussite, dans le même ton que celui de la journée.
GODFLESH

On continue les errances hors des musiques désertiques chère à nos cœurs avec une des rares sorties scéniques de Godflesh. On peut d’ailleurs s’interroger sur la pertinence de la présence des pères fondateurs du metal industriel sous la Valley, tandis que spécifiquement aujourd’hui la Mainstage 1 proposait une thématique indus marquée (Ministry, NIN, Killing Joke, Nitzer EBB), et aurait naturellement accueilli le duo… Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous apprécions le set à sa juste mesure : s’appuyant comme d’habitude sur une bande pour les parties de batterie (lancée par Broadrick depuis son PC en bord de scène), le groupe déroule et aligne quelques perles de metal indus un peu old school. G.C. Green est quasi immobile, tandis que Justin Broadrick est parfois pris de spasmes nerveux, mais globalement c’est la musique d’abord. Clairement pas le carton de la journée, mais une prestation loin d’être ridicule.
EARTH

Sous des trombes d’eau (on apprécie d’autant les concerts sous la tente…), Earth entame son set classieux sur le sobre “Cats on the Briar”. Chaque note qui sort de la gratte de Dylan Carson est attaquée avec grâce et fait l’éloge de la lenteur. Le set déroule comme dans un club de blues. La batteuse Adrienne Davies est penchée sur sa batterie, l’attitude concentrée à l’extrême, son jeu lent et fluide ressemblant à une étrange et lente chorégraphie. Ça joue sans interruption jusqu’à un problème de guitare de Dylan durant “Engine of Ruin”, qui interrompt la chanson (le trip ?) brutalement en plein milieu. Il doit lui manquer une case, mais qu’importe après un remplacement et trois tours de clés le show reprend, faisant taire le brouhaha naissant du fond de la tente. La métamorphose est complète, c’est une machine à arrêter le temps et non plus un festival. Entre chaque titre les cordistes ré-accordent longuement leurs instruments pour que chaque note glisse dans la foule et que la magie opère. L’hypnose est si efficace que lors du changement de tête d’ampli du bassiste le son ne s’interrompt même pas… Lorsque nous revenons sur terre, nous constatons que le déluge a l’extérieur de la tente à crée une rivière au creux de la Valley, la séparant en deux dans la largeur.
NEW MODEL ARMY

Pour finir notre journée nous nous attardons quelques instants devant New Model Army, son rock anglais qui défie les lois du genre résonne depuis près de quarante ans et a eu largement le temps de se faire des aficionados, cela se ressent car dans la fosse les quelques grappes de festivaliers accrochés aux crash barrières en redemandent à grand renfort de hurlements. Ce set ne fera pas salle comble, la pluie ayant cessé beaucoup se préparent déjà à rejoindre Nine Inch Nails sur la Mainstage. Qu’importe, ceux présents ne sont pas là pour la promiscuité mais bel et bien pour le groupe qui déroule son set avec le professionnalisme de l’habitude.
Trempés et épuisés malgré une journée en demi teinte tant la programmation de notre genre de prédilection était limitée, nous regagnons nos camps de base respectifs pour recharger les accus des appareils photos, téléphones et autres chroniqueurs. Demain sera une belle journée, la Valley va gagner en grade, c’est écrit, espérons que le temps soit un peu plus clément qu’en cette seconde soirée.
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Sidney Résurrection (& Laurent)
(Photos : Laurent)
Arrivée sur le site en début d’après midi pour cette seconde partie de Hellfest 2022, la première journée de ce week-end de quatre jours (!) étant un peu plus courte, pour nous ménager un peu sans doute… On s’en souviendra de cette fête des 15 ans ! Le Hellfest est un ado vigoureux. En conséquence, rien de tel qu’un match de Catch de dessinateurs à moustache (!!) en ouverture pour chauffer les esprits et les poignets – une excellente façon d’attendre l’ouverture des portes de la cathédrale !
LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL

La Valley démarre tard pour ce jeudi de Hellfest (tout de même une heure et demie après le début du set d’ouverture de Phil Campbell en main stage). Los Disidentes Del Sucio Motel n’en prend pas ombrage et malgré une tendance au raffinage rock, le groupe entame son set avec lourdeur et talent. Appliqués (les musiciens se lâchent petit à petit), les alsaciens proposent une set list largement dédiée à leur excellent dernier album. Ils intercalent néanmoins leur classique reprise d'”Immigrant Song” de Led Zeppelin version space, et en conclusion les bons vieux “Z” et “Kraken” pour finir de convaincre le large public attiré par leur prestation (lançant même un circle pit où la foule s’adonne au jeu avec la lenteur qui sied au lieu). Un bien bon moment et une superbe mise en bouche.
SLOMOSA

Avec une première volée de gros riffs, les Norvégiens gonflent rapidement les rangs du public, venu en nombre et en forme malgré la notoriété toute relative du jeune quatuor. Leur joie d’être parmi nous aujourd’hui est palpable tant les clins d’œil complices au public sont nombreux. Même si la voix du chanteur est parfois un peu limite, tout le monde y voit une particularité à chérir. Bientôt les notes de “Kevin” enflamment le public et les gobelets autant que les slammers volent dans tous les sens ; il faudra attendre que les amplis soient débranchés pour que le public retrouve son calme. Un public comptant sans nul doute un paquet de nouveaux adeptes. Slomosa à chaque set enfonce le clou de sa transformation en valeur sûre.
LOWRIDER

D’emblée les très attendus Lowrider laissent leur public dubitatif, et aux premières notes l’évident est là : le mix est baveux, en particulier du coté de la voix. Mais il s’agit d’une frayeur passagère, et rapidement le tir est corrigé. C’est aussi une des grandes qualités de ce festival que de savoir très généralement offrir le meilleur du son des groupes en Open air. La lancinance du jeu du clavier (désormais cinquième membre officiel du groupe, au moins en concert) est notable : reprenant en boucle les thèmes de certains morceaux, le claviériste occupe sa place avec justesse. Il est assez dommage de constater qu’il n’y a pas foule pour apprécier le set (bien que les rangs soient biens serrés près de la scène, on ne se bouscule pas passé un certain niveau) et les invectives de Peder Bergstrand criant “ça va là bas au fond ? ” auraient mérité un plus massif salut… Qu’importe, il avalent l’asphalte et foncent droit vers le succès de leur set qui au fil des titres prend en épaisseur, piochant largement dans l’ensemble de leur (petite) discographie : “Dust Settlin'”, “Ode to Ganymede” , “Red River”… pour le plus grand bonheur des fans hypnotisés, tout sourires, qui sortiront totalement essorés par la force d’un “Pipe Rider” qui fait mouche en conclusion de concert.
HANGMAN’S CHAIR

Le blast assassin du groupe francais ne laisse pas de place au doute, il est venu asséner de la fessée auditive. De la fessée, certes mais avec classe. Bien qu’ils retournent les organes et le sol du lieu (quel son de basse, mes aïeux) les gars savent transformer le lourd en aérien. Hangman’s Chair distille ses notes et ses frappes avec la précision d’un chirurgien. Le public se régale et on ne serait pas loin de considérer que la journée pourrait s’arrêter là. D’un coup on se rappelle qu’il y a à peine quelques éditions ils étaient les petits poucets de la Valley, et les voila catapultés aux heures de têtes d’affiche avec une heure de set totalement hypnotique et envoutante. Les franciliens ont pour l’occasion peaufiné une set list piochant allègrement dans leur dernier suave album, n’allant qu’avec parcimonie raviver quelques bons titres de leur précédent Banlieue Triste (dont un très beau “04-09-16”). Les corps au ralenti se laissent porter par la musique et les nappes de fumée remplissent le lieu avant de s’échapper aussi bien des côtés que du fond de la tente (et promis cette fois il ne s’agit pas que d’herbe à chat). Les gars savent y faire en terme de mise en scène intrigante, jouant dans des vapeurs bleutées et parfois rougeoyantes du début à la fin de leur concert. Une totale réussite qui laisse sur le carreau les festivaliers qui ne reprennent pas bien vite le chemin de la sortie.
JERRY CANTRELL

Depuis 1998 Jerry Cantrell mène une discrète mais honnête carrière solo en parallèle du projet de sa vie, Alice In Chains, groupe qui lui aura tout fait vivre, du drame à la résurrection. Choisi en tête d’affiche de la Valley, le guitariste se présente avec 6 autres musiciens dont le guitariste et compositeur de musique de film Tyler Bates ainsi que Gil Sharone et Greg Puciato de Dillinger Escape Plan : le premier apporte son groove à la batterie et le second, et c’est là toute la curiosité, endosse la lourde responsabilité de faire revivre l’âme de Layne Stanley, puisque 10 des 16 titres interprétés sont des tubes intemporels d’Alice In Chains. Et soudain la magie opère. Puciato est constamment sur la brèche, entre majesté et émotion à fleur de peau. Il incarne à merveille l’héritage de son prédécesseur et fait revivre, le temps d’un concert magistral, la magie AIC jusqu’à l’enchainement final “Would ?” (son slam sur la moitié du morceau !) et “Rooster”, laissant la Valley débordée par ses émotions. L’un des plus grands moments du festival.
Une nuit de repos sous la pluie, c’est un peu l’inverse de la semaine passée où les températures étaient caniculaires. Une fraicheur bienvenue qui laisse de surcroit le site hors des eaux. Les conditions parfaites pour rattaquer d’ici quelques heures avec une seconde journée riche en musiques extrêmes.
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Sidney Résurrection (& Laurent, Iro22)
Photos : Laurent (& Sidney)

Dernier jour pour cette première partie de Hellfest 2022, déjà les jambes nous pèsent et la fatigue est bien présente, la chaleur étouffante des deux derniers jours n’a épargné personne et la matinée bien que fraiche ne nous laisse pas grande illusion sur ce qui nous attend cet après midi. Qu’importe les conditions météo, qu’importe les problèmes techniques des portiques d’entrée qui nous obligent à repasser par l’accueil, rien ne nous empêchera de vous conter ce dimanche riche de promesses.
ECSTATIC VISION

Dur de démarrer le dimanche sous une Valley dépeuplée… L’énergie brute du quatuor délivre un rock gras et psyché assez sale, d’où surnage la grosse voix éraillée limite baveuse du frontman Doug Sabolik, qui se démène sur scène avec son jeu tant à l’harmonica qu’à la guitare. Le set se poursuit avec des titres heavy psych ultra entraînants, durant lesquels les américains saisissent l’opportunité de nous délivrer une première tranche de bonheur haut perché avec l’utilisation d’instruments plutôt rarement utilisés comme le saxophone et la flûte traversière, et faire transpirer des touches jazzy percutantess.
VILE CREATURE

Sludge time ! Guitare et batterie seulement du coté instrumental, du scream et du growl pour le reste. Frontal, basique, lourd, et bien entendu sale. Heureusement que pour se différencier et sortir d’une image à première vue peu flatteuse, l’utilisation de samples et de boucles électroniques vrombissantes donne un peu plus de corps à ce trio malsain.
LYSISTRATA

Cette jeune formation française dynamique permet de faire une incartade sur la scène math rock, noise rock. Une fraîcheur bienvenue qui permet de montrer la grande diversité de la Valley.
INTER ARMA

Les américains reprennent la Valley alors qu’ils pourraient très bien servir sous la tente Temple ou même l’Altar ! Leur distribution sans concession de parpaings soniques d’une lourdeur absolue remet l’auditoire en place. Inter Arma distille des ambiances intriquées complexes avec l’élégance du pachyderme. Le batteur sonne les coups de canons sur un solo finalisant le troisième titre. L’enchaînement psyché floydien avec le theremine en tête de pont nous permet de reprendre un peu d’altitude et au quintet de monter toute leur capacité à nous faire voyager sans aucune concession de notre part. Mais une fois sorti de ces ambiance éthérées, ça rue fort dans les brancards, mêlant la puissance du death grind et le sludge le plus total. Le public, qui pour une bonne part vient de se faire tataner la gueule par Moscow Death Brigade sur la Warzone, en reprend une couche ici… même si le set est honteusement écourté de 10 minutes !
TWIN TEMPLE

Dans notre désir profond d’être des chroniqueurs musicaux consciencieux il faut parfois sacrifier à la volonté de la masse. C est pourquoi nous avons rejoint la Valley au son du mambo twist de Twin Temple pour constater que la tente était pleine. Flûte, flûte alors ! impossible de rentrer et de vous en dire plus ! Rohlala, dommage ça avait l’air complétement dingo…
DRUIDS OF THE GUE CHARRETTE

Petit tour rapide sur la Hell Stage, réservée aux concerts tremplins, pour voir Druids of the Gué Charette. C’est plutôt cool de pouvoir découvrir en live ce que l’on a apprécié sur disque, d’autant que le quartette est en place et gère bien sa prestation. Hâte de redécouvrir en club leur swing rockab’ et garage où transpirent ici et là quelques gouttes de stoner.
RED FANG

La Valley est plus que pleine et impossible d’accès dix minutes avant le début du show, préfigurant un set plus qu’attendu. En effet dès les premières notes de “Blood Like Cream” le pit est en action et les crowdsurfers s’envolent vague après vague. C’est pire que l’autoroute A6 au mois d’août. Musicalement, les ricains enchaînent les tubes sans aucun temps mort, “Into The Eye”, “Wire”… L’efficacité, point ! Red Fang effectue un démontage en règle de la tente, et même quand ils se ratent sur un lancement de chanson, cela passe avec humour et ne fait que renforcer l’ardeur d’un public complètement déchaîné sur plusieurs dizaines de mètres devant les barrières. Le spectacle est également dans la fosse, si bien que l’on oublierait presque de regarder la prestation ultra sonique des quatre pontes du Stoner qui finissent de galvaniser le public avec un “Prehistoric Dog” dantesque!
DOWN

Petit papa Nola est venu sur son traîneau de fan et nous a offert une kyrielle de slammers. Si Philou comme l’appelle le public est chez lui au Hellfest et qu’il enflamme ses plus fidèles zélateurs avec “Ghosts Along the Mississippi”, “Bury Me In Smoke”, “Pillars of Eternity”, “Swan Song” ou “Stone the Crow”, il faut bien avouer que le set repose principalement sur une fière structure instrumentale. Par dessus, Anselmo fournit des efforts démesurés pour faire sortir sa voix qui, si elle n’est plus comme dans le temps, envoie quand même au tapis certains fragiles de la jeune génération.
PERTURBATOR

Ce one man band electro synthwave fait dégueuler la tente The Valley (et les détracteurs du genre). Une structure illuminée encercle le quidam qui fait boomer les twitters de cette twingo turbo rabbit de l’espace. Jean Michel Jarre n’a qu’à bien se tenir !
KILLING JOKE

Le groupe le plus transversal et le plus fédérateur d’une scène métal inclusive et ouverte ne fera pas le plein sous la Valley, et c’est bien dommage, car comme à chacun de leurs sets les visages s’illuminent et les bras s’ouvrent. Un câlin pour finir cette édition 2022 ?
Cette édition 2022 prend fin… mais… non ! Attendez ! Pour ses 15 ans et comme un pied de nez à la période Covid, le Hellfest nous gratifie d’un feu d’artifice cette semaine et de quatre jours de plus de concerts la semaine prochaine ! A dans quelques jours donc !
Rédacteurs : Alexandre Bille & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)

Pour ce second jour l’ambiance est toujours caniculaire, encore plus que la veille. Mais rassurez vous, l’équipe reste hydratée pour vous permettre de suivre cette deuxième journée pleine d’émotions avec une Valley très (trop ?) éclectique!
POINT MORT

Point Mort propose un melodic post hardcore (black ?) assez torturé, auquel il faudra deux titres pour se caler avant que le set ne prenne forme, avec une belle énergie communicative de la chanteuse, entre scream, growl et chant clair. Une puissance vocale énorme qui surprend positivement l’audience quand on voit le gabarit de la dame! Belle prouesse vocale ! Un set bien maîtrisé, un groupe qui se lâche et une fin remplie d’émotion sur des râles écorchés. C’est avec les poils dressés que débute ce second jour de festival en donnant la tonalité plutôt Post de l’affiche de la Valley.
DUEL

On retrouve rapidement nos repères Stoner dès les premières notes d’intro. Ça fuzz, c’est gras et on démarre par un groove bien appuyé et des soli aériens! Les Texans enchaînent avec un rock toujours bien épais et énergique, reposant sur le jeu de scène du frontman Tom Frank, chaussé de santiags peau de serpent blanches du plus bel effet, à la guitare mais aussi au micro, d’où il envoie son chant puissant et tout aussi gras et éraillé. Ça s’enjaille sur les titres suivants avec une accélération de rythme et des riffs ultra entraînants qui réveillent doucement une tente moyennement remplie. Tant pis pour les absents qui auront manqué les excellents “Electricity” et “Fear of the Dead” entre autre joyeusetés !
THE PICTUREBOOKS

Dans un registre blues un tantinet braillard qui sait s’accompagner d’électricité mais ne dépasse jamais le mur du son, The Picture Books fait figure de référence. La suavité de la voix qui finit dans un registre éraillé semble convaincre un certain nombre de spectateurs de prime abord. Le duo trace sa route et au final emporte avec lui le peuple du Hellfest auquel il sert d’ardents discours sur l’autodidaxie et les doigts tendus. Il n en fallait pas plus, carton plein !
ME AND THAT MAN
Hue jolly jumper ! Le black metal c’est fini désormais, je ne m’appellerai plus Nergal, frontman de Behemoth, je m’appellerai Tergal, et mes gilets seront les plus beaux de tout l’ouest du Pékos. La dark folkpops de Me and That Man ferait fureur au p’tit dej mais désolé, pour nous c’est déjà l’heure de la sieste. Dispensable sur toute la ligne.

THE VINTAGE CARAVAN

Les islandais de Vintage Caravan investissent une Valley au taux d’humidité proche des 100%, la température déjà élevée ne risque pas de baisser avec l’énergie communicative du trio et leurs compositions ultra rythmées et massivement entraînantes. Le public ne s’y trompe pas et sautille tout sourire ! Sur “Reset” et “On the Run”, la température monte d’un cran quand les riffs s’affolent avec une basse toujours aussi profonde, ce qui emmène rapidement le public sur une belle sauterie ! Enfin ils commencent à défendre leur dernier album avec des titres de Monuments (“Can’t get you off my mind”…), plus rock que psyché, mais toujours aussi énergiques et bariolés. Maîtrisant la scène et leur set, ils mettent en avant leur capacité à jouer de leurs instruments avec classe et technique, et concluent sur une fin de show ultra rock ! La Valley est conquise par ce show digne des plus grands. Pour ceux qui voudraient les découvrir ou les revoir, ils tourneront en Octobre en France entre autres !
PELICAN

Le quatuor US rentre sur scène sans un mot (ils sont pas bavards dans le post instrumental) et installe directement ses mélopées post métal pour nous cueillir à chaud. Les riffs lancinants et la lourdeur de la basse font vrombir le sol moite. Les gouttes perlent rapidement sur les fronts et une torpeur tropicale massive s’abat sous la Valley. Pour autant Pelican, ce n’est pas qu’une massivité sonore, ce sont aussi des mélodies terriblement entraînantes qui montent et redescendent pour mieux se déconstruire et nous anéantir. Les brefs interludes clairs permettent de reprendre, un peu, son souffle et de laisser son esprit s’envoler quelques courts instants avant de vite s’écraser de nouveau sur terre.
MESSA

C’est au tour des italiens de Messa de nous envoûter avec leur doom mélodique teinté de multiples influences. Après un démarrage tout en douceur mélancolique, le titre “Horse” de leur 3ème album permet de bien mettre en marche leur set. La dualité de Messa fait mouche, avec la douceur et la suavité de la voix de Sara, sur la lourdeur doomesque des instrumentistes qui l’accompagnent. La partition vocale est de haute volée, elle porte les morceaux et emporte le public avec. La Valley n’est pourtant pas pleine pour ce show qui ne finit pas de s’améliorer. Si l’on compare avec leur dernière venue ici même, la qualité de chant est en hausse et ce n’est pas pour nous déplaire. Messa a tous les éléments pour poursuivre son ascension sur la scène doom et stoner !
MONO & THE JO QUAIL QUARTET
Le public est massé nombreux sous la Valley alors que les balances ne sont pas encore terminées. L’attente est forte pour voir réunis un pilier du post rock mondial, Mono, et le quartet à corde de la virtuose violoncelliste Jo Quail. L’emprise émotionnelle est totale, l’orfèvrerie des compositions de Mono et leur nappe évolutive est magistralement renforcée par la puissance des cordes du quartet. La beauté se retrouve sur chaque note posée par l’ensemble des musiciens. La narration entre l’ensemble électrique et acoustique permet un dialogue entre chacun pour finir sur un ensemble d’une magnifique cohérence. Une belle performance même si une fois de plus en dehors de notre spectre.

ENVY

Ah ils en ont fait des émules avec leur dernier passage ici même sous la Valley, les Japonais de Envy. Leur post rock immersif et agité est toujours aussi prenant sur scène : les musiciens se donnent à fond et vivent pleinement leur set devant un parterre de fans qui pourtant peinera pour une part à rentrer dans la musique qui sied mal aux ambiances surchauffés de nos étés caniculaires.
Nous ne nous attarderons pas, une bonne nuit de sommeil nous attend ainsi qu’un bel orage a l’horizon qui devrait nous rafraichir les esprits et laver le terrain pour préparer le dernier jour de ce premier week-end de Hellfest 2022.
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Alexandre Bille & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)

Trois longues années de disette musicale, de pandémie covidienne ont eu raison du monde et donc de la vie culturelle faite de rassemblement et d’échange. C’est enfin le retour des festivals estivaux et bien entendu de la grande (Ker)messe française. C’est sous une chape de plomb caniculaire que le festival s’ouvre sur ce premier jour . L’affluence est là sur tout le site bien entendu, mais la Valley n’est pas en reste. Les festivaliers ne se trompent pas, cette première journée propose une affiche de rêve pour tous les afficionados de la fuzz et du reste!
ABRAHMA
Ouverture du festival avec une lourdeur toute contenue et une certaine mélancolie qui colle bien avec la moiteur ambiante si tôt dans la journée. Les parisiens se sont peut être éloignés de notre ligne éditoriale mais ne boudons pas notre plaisir. Les morceaux s’enchaînent et parviennent à nous emmener sur une première torpeur. La Valley n’est pas encore totalement remplie malheureusement pour se délecter de ses premières notes toutes symboliques d’un énorme week-end !

GREENLEAF
Avec ses riff fuzzy en pagaille et sa basse ultra grasse, le groupe suédois cher à bon nombre d’entre nous cueille la foule d’entrée de jeu. Le public lui offre un bel accueil, la Valley est définitivement réveillée et les têtes dodelinent sur le groove impeccable de Greenleaf. Personne ne s’est trompé, la tente est déjà pleine comme un œuf. La caisse claire claque, les soli et riffs fuzzy de Tommi font mouche, et la voix éraillée et langoureuse de Arvid envoute le public. Les titres fleurent bon le groove et le boogie, notamment sur “The drum”.

ASG
Connus pour leur set plein d’énergie, ASG arrive sur scène et propulse son stoner classique et mélodique aux relents heavy. Les premiers titres sont bien exécutés, et aidés par un son précis et puissant ne réveillent toutefois pas immédiatement une Valley pourtant bien garnie. Les morceaux plus lents et plus lourds en milieu de set sont grandement appréciés par les afficionados des américains. La dernière partie de set laisse enfin d’exprimer le stoner que l’on attend, la puissance et la maitrise d’ASG gagne la foule des connaisseurs qui, faisant fi des touristes, répond à chaque interpellation de Jason Shi le fontman. Tout le monde ne peut que finir à genoux devant tant de maitrise. Merci Patrons, c’est bon, la place est chaude, Elder n’aura plus grand chose à faire!

ELDER
T’as beau voir Elder trois fois dans le mois, y a pas à dire, c’est jamais le même set. Déjà parce que la set list évolue mais aussi parce que l’accoutumance faisant, on a l’impression qu’à chaque fois le groupe est plus à l’aise encore, plus dedans que jamais. Si la foule est compacte c’est clairement sans lien avec le soleil brûlant à l’extérieur. Des crash barrières jusqu’à la pelouse devant la tente, tout le monde admire le quartet. De la balance à la puissance du set, tout est parfait. Di Salvo, économe de sa voix, laisse s’exprimer tout à fait ses comparses et c’est très bien ainsi. Les classiques défilent (“Dead Roots Stirring”, “Compendium”, “Sanctuary”… le créneau est court et forcément on en aurait aimé plus) et le public est aux anges.

WITCHCRAFT
Une guitare, une basse et une batterie, il en faut peu aux suédois de Witchcraft, dans leur nouvelle configuration, pour tout de suite nous écraser sous la massivité de leurs riffs d’une extrême lenteur. Cette lourdeur est contrecarrée par une finesse dans les arrangements, tandis que la voix de Pelander nous renvoie, elle, aux confins du psychédélisme 70’s. Malgré un jeu de scène proche du néant, l’auditoire est tout de même emporté par la qualité des compositions. Le public est venu voir le classique et il en prend pour son grade. la maîtrise due à l’habitude est perceptible, bien que quelques faux départs se fassent jour, émaillés de regards complices entre les musiciens. C’est sympa et frais dans l’intention mais le son est vraiment trop lourd pour que cela devienne la focale du set, qui clôture après trois quarts d’heure sur le classique éponyme.

BLACK MOUNTAIN
Les petits oubliés de la scène psych sont avares d’apparitions, et vont nous offrir aujourd’hui un set qui dès son intro promet d’être aérien. La basse continue pompe les riffs de la gratte. Cependant le groupe rate son éclosion et sombre dans quelque chose proche de la pop. Le set s’enlise dans une mollesse notable, jouant sur des riffs qui peinent à percer malgré de bonnes idées. Le public, bien que clairsemé, se montre attentif et ne rechigne pas à ovationner le groupe, une victoire en demi teinte peut-être…

HIGH ON FIRE
L’énergie sale, brute et sans concession du stoner thrashy et sludgy ! Matt Mike et sa troupe d’High On Fire ont décidé que la température ambiante clissonnaise n’était pas assez élevée. Les degrés augmentent d’un coup dès les premiers riffs massifs et brutaux, et ce n’est pas le heavy “Baghdad” ou “Spewn from the Earth” qui vont ralentir la cadence impressionnante du déluge de coups asséné par le trio. Malgré quelques mineurs problèmes de clarté de son et de puissance dans la voix de Matt, l’enchaînement “Speedwolf”, “Cyclopian Scape” et “Fertile Green” commence à faire de sérieux ravages dans les rangs de la Valley, et le set n’en est qu’à la moitié. La suite toujours aussi furieuse se fait plus lourde encore, la voix de Matt gagne en intensité et explose en furie sur “Blood of Zion” ainsi que sur le classique et énervé “Fury whip”.

MASTODON
Alors que nous descendons le fleuve des fans quittant le set d’Offsping, nous sommes cueillis par le glamour de Mastodon. Car oui le groupe n’attaque pas par son côté le plus poutrassier. Cependant, chassez le naturel il revient au galop : un titre suffit et on embraye “Aqua Dementia” puis c’est l’avalanche pour un parterre de fans pourtant clairsemés qui défend son groupe à grands jetés de gobelets dans la fosse. La batterie avec une déco de grosse caisse représentant un caniche est du plus bel effet, bien que ne cadrant pas avec l’ambiance. Puis c’est “Teardrinker”, ça joue hard rock comme à la belle époque. On trouve dans le set de belles méoldies lorsque le chant revient au batteur. Les morceaux les plus musclés ne sont pas en reste et le set se conclue sur le classique “Blood and Thunder” où le guitariste en slam dans la foule poursuit son jeu coûte que coûte.

BARONESS
On rentre tout de suite dans le show Baroness avec “Take my Breath Away”, une prise de scène directe et massive qui conquit en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire la tente The Valley débordante. Les interludes sont prenants et ne font qu’entériner la classe et la maîtrise du quatuor de Savannah. Les classiques s’enchaînent avec grande classe (“March to the Sea”,…) en alternant avec des morceaux plus récents. On passe par de l’émotion avec un rappel de la pandémie qui a coupé le groupe de son support principal, la scène, et le public, qui lui rend plus que facilement tout l’amour que l’on a pour eux – illustré par un émouvant “Chlorine and Wine”. Après un show classique et encore un magnifique mot pour le festival et l’évolution de Baroness à travers les années, le set de termine sur “Isak” avec un public tout en adoration reprenant par le chant le solo – une véritable communion !

ELECTRIC WIZARD
Ah la belle rouge, oh la belle rouge ! Moui bon, le rouge c’est la couleur du sang et pas que des indiens, et du coup il est légitime que le Wizard en soit totalement vêtu (on parle des spots light là). Bien que la soirée touche à sa fin avec un set débutant à minuit, ils auront répondu présents, les petits amateurs de meurtre mis en musique. Un son qui enveloppe l’assistance et la redondance des boucles qui l’hypnotise – si l’on excepte le monochrome, l’ambiance est parfaite. “Black Mass” intervient comme une hache inlassable sur un tronc. La gratte donne tout de même l’impression de partir en couille lors des soli mais la projection psychédélique (vieux films de bikers prônant l’amour libre et lysergique) laisse oublier les musiciens… jusqu’à “Funeralopolis”.

Il est l’heure de rentrer au camping pour écouter le hululement de ce prêche dans les tentes voisines…
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Alexandre Bille & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)
Après un sommeil réparateur et une escapade touristique au centre ville, nous convergeâmes sur le coup des 16:30 au Backstage à fond pour cette deuxième journée pleine de promesses malgré son vernis un peu underground pour certaines personnes avec qui nous avons échangé avant le début de ce jour 2.
MOUNT HUSH
Tout comme la veille c’est dans la petite Sound Stage que les choses débutent avec le quatuor germain et son batteur semblant débarquer direct d’un charter en provenance des îles. C’est devant un public raisonnable qu’une projection a été lancée pour un départ de show dans l’obscurité, alors que le soleil baignait la Bavière et ses habitants sortis avec leurs habits du week-end (culotte en cuir, chapeau et chemise pour les mecs et robe à carreaux pour les nanas ; nous tenons à préciser que ce style ne constitue pas une exclusivité pour les anciens, puisque des milléniaux se baladent ainsi le samedi). Un show assez lancinant a été déployé avec une rythmique aux petits oignons y compris sur « The Spell » dont l’intro en live a un vague air de famille avec « A Song for the Dead » commis jadis par QOTSA quand ce groupe était encore fréquentable par notre scène. En maintenant le lien avec son public dans sa langue, le groupe a totalement honoré son contrat et placé cette journée sous les meilleurs auspices.

HUMULUS
Premier groupe à fouler la main stage aujourd’hui, Humulus a ainsi le privilège de commencer son set devant une fosse… complètement vide. Les musiciens ne sont logiquement pas super enjoués de ce constat, même si les premiers accords font rentrer dans la salle les quelques festivaliers qui profitaient du beau soleil qui baigne le biergarten (les autres profitant des derniers instants du set de Mount Hush, qui est en train de terminer sur la petite scène). Le public renfloue un peu la fosse, petit à petit au fil des premiers morceaux proposés par les italiens. Nos trois transalpins restent toutefois un peu en retrait en terme d’énergie, comme perdus sur cette grande scène. Est-ce ce début de set un peu étrange qui a plombé leur dynamique ? Même s’il gagne progressivement en aisance, le groupe n’arrive pourtant jamais à passer la seconde vitesse, et leur set, pas raté pour autant, ne restera pas dans les annales.

THE WELL
“Nous sommes The Well, nous venons du Texas” annonce tout de go le trio américain, souriant et manifestement prêt à en découdre : c’est avec une belle énergie et un enthousiasme contagieux que le groupe engage son set (le contraste avec l’entame de Humulus est marquant). Toujours est-il que le public de la petite scène accueille les premiers riffs du trio d’Austin sous une vague de headbanging et de sourires. Musicalement, The Well n’a plus grand chose à prouver, et son set du jour propose une nouvelle fois une belle démonstration de leur savoir faire : habile mélange de riffs purement sabbathiens et de groove texan pur jus, leur musique conquiert en un tour de main une assistance dense, qui ondule au rythme des chansons. Au milieu d’une impeccable set list de chaudes pépites ayant déjà fait leurs preuves sur la route (“This is how the world ends”, “Mortal Bones”…), le groupe propose un titre inédit (spoiler : il est dans la même veine…) pour le plus grand plaisir d’un public qui fait preuve d’un bel enthousiasme. Ian et Lisa se partagent le chant et occupent la scène chacun avec leur personnalité et énergie propre. Une superbe démonstration et (encore) un set réussi à mettre à l’actif de ce trio qui n’a pas fini de nous ravir.

SAMAVAYO
La Liberation Stage accueille à nouveau un représentant de la scène stoner allemande qui débute son show avec à peine du retard : bel effort les gars ! La triplette a déployé son set avec le soutien d’un lightshow très robuste. Nous leur décernons une mention spéciale pour le son de leur prestation car tel ne fut pas toujours le cas sur cette grande scène durant le week-end malheureusement. Échangeant en allemand avec son public, Samavayo a spécialement gagné du galon en déployant « Prophecy » issu de son dernier né Payan sorti il y a quelques mois seulement (en mars quand ça repart).

THE MACHINE
Retour sur la “petite” scène, avec encore un trio, batave cette fois, mais pas moins intéressant que ses prédécesseurs. Rappelant une approche très “Colour Haze” dans l’esprit, le trio s’extirpe de son soundcheck sans esbroufe, introduisant son set via un embryon de jam et une montée en tension qui ne tarde pas à envouter tout le public. Pas pour autant dans l’ombre de leurs plus expérimentés collègues allemands, The Machine larde ses jams de passages plus puissants, leurs gros riffs laissant néanmoins toute leur place à de longues séquences de lead toujours sous contrôle. David Eering mène clairement les débats, bidouillant presque en continu sa guitare et son pedal board, toujours en maîtrise, virtuose dès qu’il s’agit d’agrémenter ses riffs plombés de soli efficaces. Le public bien dense n’en perd pas une goutte et ondule en symbiose, entre headbang et fluctuations incontrôlables dans les rangs. Le son puissant (malgré une basse un peu trop chargée) vient servir ce set qui fera partie de la (déjà longue) liste des tous meilleurs du week-end.

MY SLEEPING KARMA
Ayant rencontré quelques aléas sur la route, Monkey3 arrivera en retard, et il est donc décidé de permuter leur set avec celui de My Sleeping Karma, initialement prévu un peu plus tard. Deuxième concert du week-end pour Matte Vandeven, par ailleurs bassiste de The Great Escape qui a ouvert le fest la veille. Un homme bien occupé ce week-end puisqu’il est aussi le grand ordonnateur de Sound of Liberation, dont nous fêtons présentement l’anniversaire. Le public n’en a cure, et se presse en masse dans la grande salle principale pour assister à, il le sait déjà, ce qui sera probablement l’un des événements du week-end. Les quatre allemands, pour rappel, reviennent de loin, ces dernières années ayant vu l’un des leurs victime d’une lourde maladie, dont il s’est heureusement rétabli. Les diverses embrassades et autres célébrations entre les quatre amis sur scène au fil du concert démontrent le fort lien qui unit les musiciens, un lien qui, on le sait, transcende chacune de leurs prestations. Celle de ce soir n’y fait pas exception : porté par une mise en son impeccable qui vient emplir la vaste salle de concert et embarquer la foule, la musique du quatuor envoûte l’auditoire pendant une grosse heure, qui voit défiler les classiques indémodables du groupe (quelle entrée en matière avec le doublon “Brahama” / “Prithvi” !) et même de l’inédit avec “Prema” (premier extrait du prochain album déjà diffusé par le groupe… qui passe très bien l’épreuve du live). Le set évolue avec ses hausses de tension et ses accalmies, avec en guise de temps fort l’intemporel “Ephedra”, entre autres. Les musiciens jouent avec un grand sourire aux lèvres et ne sont pas avares en énergie à destination du public, qui le lui rend bien. Comme prévu, un grand moment.

BELZEBONG
La journée est loin d’être finie, mais malgré quelques belles machines à riffs, on pourrait presque noter un léger déficit en gras. Rassurons-nous, ça ne va pas durer : Belzebong se pose sur la petite scène et très vite leur gros doom glaireux d’école vient emplir chaque recoin de la salle. En quelques minutes, les centaines de têtes tassées dans l’obscure salle de concert viennent répondre au glorieux headbang perpétuel pratiqué par les deux guitaristes et le bassiste, dans ce qui devient très rapidement une sorte d’orgie de cheveux, une harmonie fusionnelle entre la scène et le pit à la sauce headbang. L’efficacité du doom qualitatif des polonais n’a plus à faire ses preuves, et a déjà fait trembler bon nombre de murs de salles de concert sur le vieux continent – et aujourd’hui ceux de Munich s’y prêtent volontiers. Lorsqu’un de ses guitaristes rencontre un petit problème technique (prétexte ?), n’importe quel autre groupe aurait tenté de distraire le public en blaguant ou en improvisant un petit jam innocent pour patienter, le temps de trouver un jack de substitution. Nos quatre gaillards, dont l’amour de la fumette est bien connu, préfèrent évidemment dégainer et faire tourner un gros joint, qui finira sa courte vie dans les premiers rangs, tandis que les zicos repartent à l’assaut à grands coups de riffs. Classique, en touts points.

MONKEY 3
Si vous avez bien suivi : nous retrouvons le très sympathique quatuor helvétique à l’heure initialement prévue pour My Sleeping Karma sur la Liberation Stage, mais avec le temps de jeu initialement prévu (faut pas déconner non plus). Enfin “à l’heure” est un bien grand mot puisque le running order de la journée se retrouve totalement en vrac et qu’il est nécessaire de parcourir les 50 mètres – à la louche – entre les deux salles pour savoir ce qui se passe sur scène. La précision helvétique a été mise à mal par la mécanique : deux changements de véhicules ont été nécessaires à nos potes pour rejoindre Munich alors qu’ils étaient partis à l’heure (ils tiennent à votre disposition un comparatif complet des trois modèles utilisés).
Pas franchement impartiaux quand il s’agit de ce groupe que nous chérissons, c’est avec un peu d’appréhension que nous avons assisté à leur show sachant que leur guitariste rétabli du poignet n’avait repris sa guitare en main que 3 semaines plus tôt. Au final aucun accroc lors de cette prestation qui s’avéra d’excellente facture. Malgré le manque de pratique ces derniers temps, les Suisses ont livré un show magistral (avec de nombreux membres des autres formations du jour dans le public pour y assister) comme à l’accoutumé ou presque. Ou presque car ils ont balancé le magique « Icarus » pour la première fois en festoche et c’est une énorme baffe psychédélique qui a été assénée aux veinards présents dans la place. Putain que c’était bon !

SLOMOSA
Avec sous le bras un premier album remarquable (mais trop peu reconnu), les jeunes norvégiens de Slomosa ne ratent pas une occasion de fouler les scènes européennes. Avec un set calé juste avant 1000Mods qui vient clôturer la main stage, le jeune quatuor se retrouve l’air de rien bombardé en quelque sorte headliner de la plus petite scène ! Un statut qui ne semble pas l’impressionner outre mesure, les jeunes musiciens prenant place sans cérémonial sur la scène pour une intro instrumentale qui donne le ton de leur set : gros son, interprétation sérieuse et carrée, et du groove à revendre. Même si son frontman (guitariste et chanteur) Benjamin focalise de fait l’attention, ses collègues ne déméritent pas et proposent une interprétation énergique, chacun dans son registre. Chaque titre est accueilli avec un peu plus d’enthousiasme par un public connaisseur et conquis, dans des registres plutôt énergiques ou plus nonchalants (superbe version du chaloupé mais nerveux “Estonia”). Est-ce le fruit d’une pression qui diminue ou bien de cet accueil dithyrambique, toujours est-il que les sourires sur scène se font de plus en plus présents, concomitamment avec l’arrivée de la la salve des plus gros “tubes” du groupe (l’enchaînement “There is nothing new under the sun” / “Kevin”) opportunément concentrés sur la fin du set. Un des meilleurs sets du week-end (encore un !).

1000MODS
Malgré l’accueil mitigé reçu par leur dernier album, s’il est un domaine où 1000mods ne fait pas débat, c’est bien dans le registre live. Avec l’annulation de Fu Manchu, les grecs se retrouvent mécaniquement bombardés têtes d’affiche de la journée. Ce qui en aurait inhibé plus d’un ne semble pas handicaper le moins du monde le jeune quatuor, qui monte sur les planches avec l’assurance propre aux plus expérimentés groupes live du circuit – ce qu’ils sont devenus, sans l’ombre d’un doute. La machine 1000Mods se met doucement en marche, montant en pression sur leur vieux standard groovy “Road to Burn”, pour se retrouver très vite à plein régime (enchaînant notamment avec le punchy “Pearl”, réhabilitant avec force une partie de leur décriée dernière production). Et à partir de là, et pour l’heure et demie environ que durera leur set, c’est carton sur carton : en contrôle, le groupe a fignolé sa set list pour enchaîner les classiques tout en aménageant une place judicieuse aux meilleurs titres de son dernier LP, mêlant les mid-tempo groovy dont il a le secret aux morceaux plus nerveux – mention spéciale au dévastateur enchaînement “Loose” / “Low”. Une interprétation à chaque fois sans faille, laissant aussi sa part aux aménagements, étirements de certains titres, introduction de séquences jams pour mieux tenir le public sous pression… Un public qui ne s’y trompe pas, et qui prend un pied énorme : slams et stage diving font plusieurs apparitions sur la seconde moitié du set, dans une ambiance on ne peut plus festive. Dans cet état de forme, 1000Mods est inattaquable, et se sont largement montré à la hauteur de l’événement du week-end, dans une célébration toute en énergie, en décibels et en fuzz. Fu Man-qui ?

24/7 DIVA HEAVEN
Le trio féminin de Berlin constituait la bizarrerie du festival question registre musical, et c’est devant une foule compacte que le dernier concert du festival sera déployé avec un retard frisant le scandale pour les personnes âgées que nous sommes devenues. 1000Mods avaient terminé leur prestation depuis un énorme moment quand enfin les lumières se sont éteintes dans la salle baptisée Sound Stage le temps d’un week-end. C’est aussi devant la plupart des musiciens présents sur scène durant la journée que les membres du groupe sont arrivées à tour de rôle (batterie, basse puis guitare) pour envoyer le premier morceau. La discographie du groupe entre punk daté, Riot grrrl engagé, grunge, garage et rock est congrue, avec un long format et un court, mais leur présence scénique dans les fêtes stoner est régulière. Avec un capital sympathie au top et leur frontwoman charismatique, Kat, le groupe a maintenu éveillé le public déjà chauffé à blanc par le groupe précédent en envoyant sa sauce très accessible et fort propice aux expressions gestuelles les plus diverses.

C’est avec des étoiles dans les mirettes que nous avons regagné notre piaule pour regarder l’intérieur de nos paupières quelques heures avant de regagner les manoirs que nous nous sommes payés avec le flouze de malade que nous avons avec ce site. Une très belle fête d’anniversaire pour Sound Of Liberation que nous ne remercierons jamais assez d’avoir agité notre scène avant qu’elle ne connaisse l’essor qu’elle connait actuellement.
Chris & Laurent
(Photos : Laurent)
Initialement organisé pour prendre place à l’été 2020 afin de fêter dignement les 15 printemps de la sympathique structure Sound Of Liberation, puis agendé il y a un an pour les 16 ans à cause de ce que vous savez, nous nous retrouvons finalement dans la capitale de la Bavière pour les 17 piges de SOL en 2022.
C’est dans le mythique Backstage, en périphérie de la cité, que la grosse fête se déploiera. Le cadre de ce festival fleure bon l’héritage des centres autonomes des années 80, et ses travées arborées abritent salles de concerts, foodtrucks (malheureusement pas tous actifs durant ces deux jours de réjouissances), bars, biergartens, boîtes, etc. Réputée pour ses binouzes et son équipe de foot, Munich recevra durant ces deux jours une palanquée de groupes qui enverront le gros bois, débutant à l’heure du goûter ou de l’apéro (en fonction de votre horloge interne).
Question affiches, les organisateurs ont déployé les gros moyens pour remplacer Fu Manchu pourtant annoncé en grande pompe depuis que l’événement communique (2 ans en gros). Le quatuor US ayant finalement annulé au fil de l’eau toutes ses dates européennes ou presque, c’est une dernière salve de quatre groupes qui ont été annoncés en last minute pour compenser l’absence des californiens.
THE GREAT ESCAPE
Parmi la foison de groupes actifs sur la fin de la première vague du stoner européen (fin des années 90 / début des annes 2000), The Great Escape n’est pas celui qui aura rencontré la plus grande notoriété. Sa discographie pourtant ne manquait pas d’intérêt, mais c’est en se transmutant sous la forme de My Sleeping Karma (avec la même section rythmique) que le groupe a commencé à gagner le succès que l’on connaît aujourd’hui. Le guitariste Uwe a récemment reconnecté avec ses vieux copains pour relancer le groupe, et, après quelques répétitions, les voici revenir aux affaires avec leur première apparition sur les planches – sous nos yeux, là, maintenant. Les sourires et les bonnes vibes sont largement présents, de même que le public, déjà assez dense dans la “petite” salle du festival, pour le lancement de cette journée de fête. Le groupe est bien en place malgré les années passées (plus de 15 ans après leur dernier album !), fluide et efficace. Malgré des albums proposant des choses plus variées, la set list du jour repose sur une assise franchement stoner en mode old school, ce qui ravit autant nos tympans que l’audience du jour. Une excellente entrée en matière.

VILLAGERS OF IOANNINA CITY
C’est à 18 heures que les choses moins obscures débutent sur la Liberation Stage qui sera la “grande salle” du festoche. Sise au centre du complexe, cette salle organisée tel un espace voué à accueillir des compétitions sportives de faible envergure avec ses gradins s’avère des plus propices pour voir les groupes et circuler grâce à ses larges travées. Les bars en fond de salle avec leurs mange-debouts et le merch côté cour en font un endroit tout à fait agréable pour mater les formations.
Revenons aux ambassadeurs d’Epire qui ont emmené un public honorable dans leur voyage cosmique et ethnique. Visuellement, leur prestation tient pour le moins la route et accompagne le spectateur dans le trip proposé par les Grecs, placés en arc-de-cercle sur le devant de la scène, avec leur batteur à gauche bien visible pour ceux qui suivaient au parterre. Les spectateurs en gradin bénéficient pour leur part d’une vue presque en mode hélicoptère qui apporte un plus pour certains mélomanes intéressés par des points de vue peu conventionnels. L’enchaînement de plans à la cornemuse, voire à la clarinette, s’avère au final plus qu’un élément de bête de foire puisque parfaitement inséré aux compos de ce combo ethnico-psychédélique qui nous en a mis plein les mirettes.

DVNE
Retour dans la salle obscure baptisée Sound Stage pour ces deux jours. Il s’agit d’une salle de petite taille tout en longueur avec un dénivelé sur le fond permettant aux personnes de petite taille de voir un peu le bordel qui se déploie scéniquement et à ceux qui ont trop picolé ou qui accusent la fatigue (voire les deux à la fois et nous avons les noms) de se reposer un poil.
Après avoir reçu un groupe vintage, cette scène accueille des Britanniques qui ne se sont pas déplacés pour enfiler des perles. Après un démarrage bien à la bourre – le premier, mais pas le dernier du festival – Dvne calme tout le monde en attaquant dans leur registre couillu ! Ceux qui piaffaient d’impatience ont la banane : le set est impeccable. Ça bastonne à la guitare et au chant sur les deux flancs de la scène, épaulés par un bassiste charismatique, et dépourvu de micro (mais pas de pilosité), au centre, tandis que l’homme bidouillant les machines se cache dans la pénombre en fond de scène. On a carrément changé de registre et les lourds de l’assistance se délectent des vocaux hurlés sur fond de grattes distordues. Il faut pourtant reconnaître à la bande d’Édimbourg (avec un français dans le lot) un sacré talent quand ils abordent les parties moins rentre-dedans de leur set durant lesquelles le travail de l’homme au clavier se fait très présent alors que se déploient des vocaux plus éthérés. Un gros coup de cœur pour cette prestation aussi excellente qu’inattendue.

ELDER
On n’est même pas à la moitié de la journée, et déjà le public est bouillant, manifestement plus qu’enthousiaste à la perspective d’assister au set des germano-américains. Tassé dans la fosse de la main stage, il répond présent dès les premières notes d’un somptueux “Compendium”, valeur sûre dont l’interprétation est sans faille (évidemment, on n’en attendait pas moins) enchaîné au dévastateur “Dead Roots Steering”; à partir de là, et pour les 50 minutes suivantes, le public mangera dans la main du quatuor. Impeccable dans sa maîtrise instrumentale et scénique, le groupe apparaît solide et inspiré, et fait un carton plein sur sa set list, avec une poignée de classiques (cf. plus haut, mais aussi “Blind”) et en y injectant l’atmosphérique “Halcyon” issu de sa dernière galette. Le son de la main stage est plus que correct (le groupe a fait durer le soundcheck – ce phénomène fut d’ailleurs le fil rouge du week-end…), condition nécessaire pour apprécier la prestation du combo, qui apparaît énergique et à l’aise (belle perf au regard du style musical pratiqué). Une démonstration.

TOUNDRA
Les vétérans madrilènes ont la lourde tâche de succéder à – et d’interférer un peu avec le set de – Elder en ayant le potentiel de toucher un public presque similaire. Actifs depuis 15 piges, ces vieux briscards prennent leur tâche avec le sérieux et la sérénité qu’apportent les années en débutant par un « Cobra » de grande classe dans l’esprit des premières compositions concises de Monkey3. Les Ibères sont rudes à Munich et ils enchaînent leurs brûlots les uns après les autres, n’interagissant avec le public qu’avec leur musique et leurs quelques cris sans micro (allant à l’essentiel, ils ne se sont même pas donné la peine d’installer un pied de micro). L’avantage pour les rares photographes dans la place sera d’avoir un champ totalement dégagé quand ils entameront des pas de danse en face-à-face à la manière de My Sleeping Karma. Le show cosmique et sacrément bandant des Espagnols verra s’enquiller principalement des titres de leurs albums III et Vortex durant les 50 minutes de jeu qui leurs étaient accordées.

HIGH ON FIRE
Le trio américain monte sur les planches de la main stage sous une nuée de poings rageurs tendus vers le ciel depuis la fosse ; manifestement ils étaient attendus. Il faut dire que la tendance musicale de cette journée est un peu moins “nerveuse”, et la perspective de s’énergiser un peu dans le pit semble faire des émules. Matt Pike et Jeff Matz prennent chacun place d’un côté de la scène (accompagnés de Coady Willis derrière les futs, batteur déjà vu chez les Melvins ou les Murder City Devils) et décochent les premiers accords saturés de “Turk” pour donner le ton de l’heure qui vient. Un déferlement de missiles sol-sol est lancé à destination d’un public très consentant, labourant les oreilles avec une saturation poussée dans ses retranchements. Une saturation qui tourne même un peu trop souvent à la bouillie sonore (le groupe est probablement venu avec son propre ingé son, et ne connaît pas bien la salle) d’où émergent occasionnellement les riffs destructeurs des plus dévastateurs brulots du trio : quand Pike et sa bande enchaînent “Fertile Green”, “Rumors of War” et “Baghdad” par exemple, l’efficacité est au rendez-vous. La mécanique High on Fire est bien huilée, chacun connaît son job, pour un résultat qui, sur les premiers rangs transformés en mosh pit, s’apparente à une arme de destruction massive. Et même si on n’aurait pas craché sur un petit “Carcosa”, ce petit “Snakes for the Divine” en conclusion, même en mode charpie sonore, finit parfaitement l’opération. Le set s’avère d’une belle efficacité, même si un peu monotone dans son exécution (une belle machine bien huilée).

UFOMAMMUT
C’est avec « Fenice » (extrait de leur nouvel album du même nom) que le trio transalpin a attaqué son set sur la petite scène. La grandiloquence de leurs shows habituels passant à la trappe, c’est un groupe concentré sur son son qui a clôturé la journée sur la Sound Stage devant un public acquis dès leur intro presque interminable. Vos envoyés sur place n’ayant pas encore vu in vivo la nouvelle articulation des Transalpins avec leur batteur tout neuf, ils constateront au terme de ce concert que les choses n’ont pas franchement changé : Ufomammut fait du Ufomammut et le fait à merveille tout comme d’hab même, avec l’omniprésence de lights rouges rendant le côté visuel peu séduisant, mais laissant à ce qui restait des cerveaux la capacité de se concentrer sur le son de ces Italiens aguerris scéniquement. Ils axeront leur set essentiellement sur leur nouvel album – ce qui est probablement logique pour leur nouveau batteur qui n’a jamais interprété sur disque leur ancien répertoire – à la grande satisfaction du public présent, qui le fait bien savoir.

COLOUR HAZE
Apanage des derniers groupes de la journée, le soundcheck est sans pression (aucun groupe n’attend derrière). On a donc tout le loisir de bien prendre la mesure de notre fatigue accablante pendant que l’on écoute longuement les musiciens répondre aux molles consignes des ingé son. La nuit est bien entamée quand Stefan et ses sbires engagent enfin leur set, de manière assez traditionnelle, via un jam tout en progression amenant petit à petit à quelque chose de plus structuré. Le groupe local de l’étape (il semble qu’aucun événement significatif de la planète stoner ne passe par Munich sans que Colour Haze n’y prenne part !) évolue devant un public conquis d’avance, semble-t-il… ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils font n’importe quoi : musicalement, les quatre sbires sont en pure symbiose, et pris individuellement, c’est du solide. Même si le grand ordonnateur reste Stefan Koglek, ses trois comparses viennent apporter un véritable relief à ce qui s’apparente, pendant presque deux heures, à une longue jam en mode “montagnes russes”, sans véritable temps mort – hormis les quelques secondes de transition parfois propices à des torrents d’applaudissements ravis. Colour Haze, c’est toujours une valeur sûre pour clôturer une fin de journée un peu dense…

Il est grand temps de rejoindre nos pénates afin de recharger les batteries de nos vieilles carcasses rouillées et celles de nos divers accessoires polluants ainsi que de manger la moindre, car le seul bémol de cette première journée réside dans l’unique foodtruck présent sur le fest dont la queue aux heures raisonnables explosait la demi-heure d’attente, rendant impossible de voir toutes les fanfares présentes avec les chevauchement entre les deux scènes. Et puis on était à Munich pour le son et pas pour la bouffe, sinon on serait allé ailleurs.
[A SUIVRE…]
Chris & Laurent
(Photos : Laurent)

C’est déjà le dernier jour du Desertfest Berlin, cette édition 2022 nous aura laissé sur les rotules. Après un samedi épique il est temps de remettre les crampons pour venir savourer les quelques tartines qui restent et croyez nous au vu du running order on ne va pas avoir de quoi chômer encore une fois!
SÂVER
Post metal ou post hard core, en Norvège, le post on a tout à y gagner. Ce groupe qui branle gentiment du manche et s’essaye aux atmosphères mystiques et parfois étranges sur album file droit dans le jus de lardons lorsqu’il restitue ses compos. Sa musique affutée comme une tronçonneuse et lourde comme un semi remorque fleure bon la graisse et le riff agressif. Les amateurs de bagarre du fest sont tous là et ils valident la tartine de saindoux. La basse pourrait tout écraser mais avec une guitare accordée aussi bas le jeu des deux instruments rivalise de vibrations. Le chant hurlé perce le rideau de gras pour venir électriser la foule qui ressortira du pit abasourdie mais ravie d’avoir pu en croquer sévère.

SLOMOSA
Le Desertfest a dû faire un charter depuis la Norvège – ce coup-ci c’est Slomosa qui vient livrer son groove enjaillant. Sa coolitude lui vaut d’être plébiscité partout où il passe et le Desertfest n’y fait pas exception. Une odeur de brocoli flotte sur la plaine. La section rythmique plante ses pieux à grands coups de maillets, c’est un pur bonheur que de pouvoir écouter gueuler “Kevin”. Et si le groupe chante “There Is Nothing New Under The Sun” ce n’est que partiellement vrai puisqu’il en profitent pour glisser dans leur set quelques nouveautés. Hypnotisés que nous sommes nous oublions presque de regarder le public et quand c’est le cas, outrage votre honneur ! La salle n’est pas pleine ! Pourtant quel transport ! Quel sens du riff. Slomosa est décidément le groupe sur lequel il faudra compter dans les années à venir!

KALEIDOBOLT
Déjà vu a Nantes pas plus tard qu’en début de semaine, Kaleidobolt nous avait laissé un goût de trop peu, un goût de pas assez dans le set plus que dans sa durée. A présent nous savons que tout était écrit, ils ont tout manigancé pour se retrouver à Berlin en dépannage de Slift qui n’a pu venir. Les bougres se réservaient pour l’assemblée Berlinoise ! Voilà, là ils sont de retour, leur set déborde d’énergie, ça renverse tout et ça part dans tous les sens, on retrouve la musique et la force qui font leur succès en live et c’est parfait ! Attentions âmes sensibles s’abstenir, leur musique psychédélique sous acide part dans tous les sens mais visiblement le public y était préparé.

STÖNER
Deux idoles du stoner rock et un batteur compagnon de route de longue date, voilà de quoi échauffer la salle. Certes, mais est-ce suffisant d’être les idoles du cool et de donner tout ce qui reste dans la bataille ? Non ! Le set de cet après midi le prouve. La déficience du mix (une fois de plus) décourage même certains des plus fanatiques. Un set énergique, une attitude hautement rock’n’roll, évidemment on y a eu le droit, mais comment apprécier ce que l’on n’entend pas ? Fort heureusement des corrections interviennent en cours de set, remettant le train sur les rails ou sur le nuage d’herbe à chat, c’est selon. La dernière plaque de Stöner est a l’honneur et malgré cela ce n’est pas “Strawberry Creek” malgré son cool qui va emporter tous les suffrages, vous ne vous en doutiez pas ? Bien évidement, ce sont “Green Machine” et “Gardenia” qui renversent la salle, Kyuss revival !

PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS
Ces petits cochons là n’ont rien à faire chez Walt Disney, Pigsx7 sont amateurs de sale et de lourd, les gravos de Newcastle ne prennent pas le parti de la finesse. Ils roulent le public dans la fange noisey stoner doom la plus crasse. Le chanteur encore plus que ses acolytes est déchainé. A peine monté sur scène il commence sa gigue façon baston de pit pour coreux sous speed. Le public se régale. On détecte ça et là des atmosphères qui voudraient être légères mais immédiatement englouties par la folie massive du set. La boue coule des esgourdes du public qui ouvre grand le bec pour recevoir les sonorités folles des cochonnets. Rah quelle claque!

UFOMAMMUT
Le groupe qui se définit comme power trio et que certains reconnaissent comme inventeur du sludge psychédélique entre en scène selon sa tradition, sous des lumières rouges qui raviront les plus esthètes d’entre nous et qui s’étaient déjà gobergés à la simple vue de leurs amplis verts, quitte à rater la fin du set précédent. Vu que le public restant vient de prendre Pigsx7 dans les chicots, le set ultra lourd du mastodonte du jour ne laissera qu’une place bien nettoyée où le public ravi semble totalement hébété. Il faut dire que c’est a ce moment là que les effets de spatialisation prennent tout leur sens, lorsque l’on frôle le drone avec des notes tenues longtemps et envoyée loin en orbite. Encore une belle volée de petit bois pour ce dernier jour de festoche!

ROTOR
Depuis le temps que j’attendais de voir les as du prog allemand… Me voilà servi, mais le set ne sera-t-il pas fadasse après les deux pavés velus que l’on vient de se prendre ? Et bien que nenni, c’est beau et ça galvanise. Le monde de Rotor est à la foi lourd et aérien. Le public se meut au rythme de la batterie minimaliste et des effets guitaristiques du groupe. On trouve ici des sons venus de la country et des basses continues du post-metal. A cela s’ajoute le jeu syncopé du batteur, c’est un régal de les voir jouer ensemble. Pour ceux qui ont pu graviter autour d’eux, ils ont sans doute ressenti cette impression d’assister à un set en studio. Les quatre musiciens faisant parfois fi du public pour se tourner uniquement les uns vers les autres. Ne nous mentons pas, c’était simplement émouvant, un des meilleurs sets du week-end selon moi.

ELDER
On a pu croiser dans la foule ici et là les gars de Elder depuis le début du festival, normal ils sont à domicile. Autant dire qu’ils étaient chauds pour venir et ce n’était pas dû qu’à leur devoir de prestation scénique. Ils attaquent très fort avec une version de “Compendium” sans compromis. A en voir la salle noire de monde il n y a pas beaucoup de festivaliers qui auraient accepté de manquer ça. Il semble que ce soit sur ce set que la sono se cale le mieux, le son revient en boucle dans la salle. Tout n’est qu’écho et cela sied merveilleusement bien aux mélodies d'”In Procession”. J’admets que la voix de Di Salvo me fait décrocher du groupe, en particulier sur un titre comme “Blind”, mais puisque le set dure 1h30 comme pour tous les headliners, ne soyons pas bégueules et restons jusqu’au bout. Et il aurait été dommage de se priver de “Legend” et “Halcyon” dernier titre qui fait un tabac en clôture de set, il n’aurait pas pu en être autrement.

BARONESS
Ha mes bons amis, qu’y a t-il de mieux que de se quitter sur un sourire ? Car oui il est déjà l’heure d’en finir avec cette édition 2022. Mais avant toute chose, parlons de Baroness qui a la charge de fermer la marche. Le groupe a moult supporters dans la salle qui a fini par se remplir totalement. Les américains n’auront de cesse durant tout le set de le rappeler, la période COVID à été une avanie, le public leur a manqué, il sont ravis d’être parmi nous ce soir. Cela tombe bien car nous aussi, tant de par la réputation du groupe que pour ce qui se déroule devant nous. Baroness fait le dancing, il y a du heavy et des kicks de batteries sorties de discothèques dans leur set, voilà de quoi danser et se mettre en joie. Les fans se font entendre dans la foule et il y a fort à parier qu’il a parmi eux beaucoup d’allemands. Après tout l’Allemagne a donné naissance à Helloween et Blind Gardian ainsi qu’a Scorpions, les hymnes grandiloquents ça les connait et c’est justement ce que Baroness met dans sa musique, de la grandiloquence en plus du festif et du quasi pop quand il s’agit de “Tourniquet”. A entendre s’égrainer les must, “Take My Bones Away”, “Horse Called Golgotha” et autres “If I Have To Wake Up” un sourire béat illumine la face des amateurs du groupe et c’est tout à fait cela que l’on souhaitait pour ce Desertfest qui se conclut sur “Isak”.

Voilà encore une édition qui se termine, et quelle édition ! Elle s’était faite attendre, mais on repart de Berlin la tête pleine de bons moments et les oreilles bourdonnantes, certes un peu frustrés de se faire pousser dehors comme dans un club lambda, mais toutes les bonnes choses ont une fin, n’est-ce pas ?
Plus qu’un an à attendre avant de retrouver le festival… quoi que attendez, vous faites quoi en octobre ? Il parait que la Belgique voit déjà pousser les cactus…
Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)

Ça sent la fatigue avant même d’avoir commencé aujourd’hui. En ce troisième jour de Deserfest Berlin on se prépare a recevoir une tartine de buches de toute beauté. Une journée qui ne comporte que des groupes dignes des plus belles têtes d’affiches, du classique de chez classique, de la bête de scène, ça va être la bagarre. Du coup on a fait grasse matinée, pratiqué nos exercices d’assouplissement et bourré nos poches de boisson énergisante, c’est parti pour une journée dans le désert.
ENIGMA EXPERIENCE
C’est boubous chinés au marché et pieds nus qu’on commence ce 3ème jour de fest sur la petite scène avec le nouveau groupe hébergeant Mr Dango. Si les sonorités orientales collent avec la tenue des membres du groupe, on est sur un projet très conceptuel. Le public, particulièrement clairsemé (normal pour un 3ème jour de fest), est pour autant assez réceptif. L’instru coule toute seule dans nos oreilles, mais la voix du chanteur aurait le mérite de se coller sur un son plus heavy. Bref, une expérience énigmatique ce concert, on aurait dit du Truckfighters mais qui n’en est pas. Difficile de combattre la présence scénique d’un tel guitariste, mais qui s’en soucie encore?

BLACK RAINBOWS
Comment faire montre d’une quelconque objectivité avec la joyeuse bande d’italiens dont un quart possède à lui seul le plus gros capital de production d’Europe de groupes stoner ? Impossible en ce qui me concerne, la discographie du groupe me submergeant totalement pour quelques raisons inexpliquées. Comme a l’accoutumée, le trio déverse ses bonne vibrations sur un public déjà bien vivant. La voix aiguë de Gabriele Fiori tourne dans l’air grâce à des effets de spacialisation de la sono. Côté setlist ça tape dans toutes les périodes de la carrière de Black Rainbows et ce n’est pas fait pour nous déplaire il y à ce soir du “Hypnotized by The Solenoid”, “The Prophet” “Supernova & Asteroids”et comble de joie, notre trio transalpin sort de ses cartons un nouveau morceau au accents zeppliniens des plus excitants. Si tous les titres sont de son acabit on devrait avoir sous peu une belle plaque entre les oreilles. L’efficacité a un nom, Black Rainbows, et objectivement, ce sont eux qui ont vraiment ouvert le bal aujourd’hui.

VELVET TWO STRIPES
Globalement, si tu kiffes Joan Jett, Velvet Two Stripes c’est pour toi ! Voix cassée, guitares rock et batterie qui tape, un combo gagnant pour les 3 Suissesses et leur batteur. Pur esprit années 80 autant dans le look que dans le son, c’est si bon de se faire remuer le cul par des meufs cool as fuck ! Le public, au départ pas hyper chaud a l’air conquis après 2-3 morceaux bien envoyés, et nous, on est déjà fan !

LOWRIDER
Le groupe est attendu, désiré par son public qui, alors que résonne la première note, accourt (ceci n’est pas une métaphore) depuis l’extérieur de la salle pour se masser en rangs serrés devant la scène. Beaucoup considèrent que c’est le concert à ne pas manquer aujourd’hui. On ne peut que leur donner raison, sensualité et caresse de l’âme, Lowrider réveille également les tripes avec le magistral “Ode to Ganymede”. Tout au long du set la tension ne fait que monter et chose assez peu palpable depuis le début du fest, cette fois ci les crash barrières bougent sévèrement. Il faut dire que le final sur “Pipe Rider” est d’une force incroyable. Les avares enfants bénis du stoner envoient autant qu’ils sont rares en studio et cette fois-ci ils se font accompagner sur scène par un clavier et il m’est avis qu’il ne serait pas impossible de le retrouver sur un album prochain, croisons les doigts!

THE WELL
J’ai toujours perçu The Well comme un groupe à part avec des mélodies et une force presque punk et il m’aura fallu attendre ce set pour percevoir toute la lourdeur doom de ce groupe, comme quoi parfois il y a des évidences qui nous échappent. The Well bottait des culs dans le monde d’avant et sur scène assume la rage du monde d’après, quel pied ! Ça envoie groovy avec des relents doomy old school. Si avant 40ans t’as pas vu the Well sur scène t’as raté ta vie. Le trio nous honore de sa confiance en nous donnant à écouter une nouvelle composition avec chant en choeur en prime. La basse y est lourde comme au jour du sabbath, la voix acide et électrique. Quelle claque toujours et encore et croyez-moi je ne suis pas près de me sortir les boucles lancinantes de “Raven” et “Eyes of a God” de la tête ni aucun de cette foule déchainée qui sautait de partout dans le public.

1000MODS
Encore un concert qu’il ne fallait pas manquer, la programmation du Desertfest nous a gâtés avec ce samedi, rien que ça, 1000 Mods ! Le groupe a mis le feu comme personne avant eux, surfant sur une hype indescriptible ! Ça bouge très très fort dans le public au point de faire trembler l’Arena. Il faut dire qu’en ouvrant avec “Claws” et en ayant un son très acceptable pour cette ancienne usine au fort pouvoir de Reverb, les grecs avaient tout mis de leur coté pour faire un carton plein. Un concert sismique de force 5 sans aucun doute et comment faire autrement avec des titres comme “El Rollito”, “7 Flies” ,”Warped” ou l’inusable et évident “Vidage” ? Un set parfaitement orchestré et ça fait du bien après avoir trouvé que leurs derniers shows vus par nos chroniqueurs n’étaient pas du meilleur niveau coté balance. Les grecs les plus cools de tous les temps sont à nouveau dans la place.

STEAK
RDV à 20h30 sur la petite scène pour le BBQ de l’année. Quelques irréductibles amateurs de barbaque sont là devant Steak, pour se prendre une giclée de sang plein la gueule. Je vais pas vous mentir, le repas ce soir est bien copieux, tant pis pour ceux qui sont vraiment sortis grailler et qui ont loupé ça ! Ça envoie sec devant un public trop épars pour tant de qualité. Ça joue fort et serré sur cette scène presque trop petite pour contenir le quintette. Bref, il y a de quoi faire avec ces gars qui hypnotisent le public lorsqu’ils alternent les duos basse batterie, guitare basse pendant que le chanteur oscille sur place porté par les notes de ses camarades. Cohésion, envie, compos de qualité, rien de moins que cela pour réussir un Steak à la sauce berlinoise.

TRUCKFIGHTERS
Mr Dango est chaud comme la braise, il a eu le temps de s’échauffer et à peine le trio monté sur scène le guitariste fou sort le grand jeu et descend à moitié de scène. On espère d’office que le public est reposé parce que ça va envoyer sec. Malheureusement ce set prend vite une étrange tournure avec un je-ne-sais-quoi de curieux, quelque chose d’inégal. Comme bien souvent avec eux on est pas dans la demi mesure. Mais au premiers rangs le son ne passe pas surtout les voix. Pour autant le groupe ne se rend compte de rien car les retours sont eux nickels et c’est une constante de ce weekend. Poursuivant donc sa route, le camion vient jouer avec la bande de rigolade d’urgence en annonçant un nouveau titre avant d’entamer le classique “Momentum” mais accélérant franchement pour reprendre sa route par la suite et donner au public un vrai nouveau titre. Tous ceux qui ont déjà assisté à un concert de Truckfighters le savent, cela peut devenir explosif à n’importe quel moment et malgré le son les suédois arrivent à soulever le plancher jusqu’au fond de la salle avec leurs bonne ondes sur “Desert Cruiser”. Encore une livraison arrivée à bon port.

ORANGE GOBLIN
Les mecs sont des Party Animals. Avec Orange fuckin’ Goblin c’est wild, ça rigole plus ! Oncle Ben et les darons rockeurs sont dans la place, on les entend jusqu’à l’autre bout de Berlin ! La bagarre oui, dès l’intro sur bande son, “It’s a long way to the Top” d’AC/DC , rien qu’avec ça on sait que les mecs du classico vont clôturer cette journée comme il se doit. Le public hurle à peine le groupe monté sur scène et c’est parti, les “vieux monsieurs” font le rock’n’roll. Les titres s’enchainent et ça bagarre de plus en plus fort. Ben Ward réclame un wall of death et le public s’exécute. Cela n’aura de cesse de bagarrer tout du long du set. “Some You Win Some You Lose” envoie les festivalier se fracasser les uns contre les autres dans un sérieux circle pit d’où s’élève la vapeur des corps en nage. La bagarre oui, mais que d’amour! Impossible de ne pas ressentir la connivence entre le groupe et son public, une vraie bataille d’oreillers en somme.

C’est à présent l’heure pour les épuisés que nous sommes d’aller enfiler nos pyjamas et de brosser nos dents pour être en forme demain. Les plus vaillants eux seront eux restés au Party Boat donnant quelques agapes sous l’égide d’un DJ qui semble-t-il à mis le feu pour une bonne part de la nuit.
[A SUIVRE]
Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)

A peine fourbus de notre précédente journée, nous avons profité de notre matinée dans Berlin pour flaner et prendre le poul de cette merveilleuse capitale européenne, car oui, c’est aussi l’avantage de ce Deserfest qui débute toujours en milieu d’après-midi, laissant aux festivaliers du temps libre pour pouvoir affronter reposés les sets qui vont s’enchainer à une vitesse folle tout au long de l’après-midi et de la soirée.
LOVE MACHINE
Le hippisme ( le truc qui implique des cheveux, pas des chevaux) à l’allemande, c’est le plaisir de transformer une musique passablement psych sur album en un son qui fait vivre le rock avec une voix de crooner un rien désuète. En clair s’il est un groupe pour pécho c’est bien celui-ci. Le relatif anonymat de Love Machine n’en faisait pas une priorité dans notre Running Order, mais fort heureusement nous ne sommes pas passés à coté de ce groupe, une vraie bonne surprise pour ouvrir ce second jour !

DHIDALAH
On attend rarement des artistes japonais en Europe, surtout dans des fest orientés Stoner. Pour autant quand Dhidalah monte sur la grande scène du Desertfest, ils sont carrément à leur place ! Malgré tout, c’est plus dans l’écoute que ça se passe que dans le show, leur flegme ne chauffant pas le public du moment. Tant pis, c’est parfait pour siester au fond de la salle en se laissant porter par le flow. Leur Kraut tout en démonstration guitaristique et nanti d’une notable finesse de jeu ne passe malheureusement pas les premiers rangs, le son devenant dès lors très brouillon. Dommage le set était agréable et assez massif.

TEMPLE FANG
Temple Fang est un groupe de Space rock hollandais avec d’anciens membres de Death Alley. Pour autant le style est bien plus soft que celui de la formation ultra stoner d’origine. Les chansons, dont la durée ne tombe pas en dessous des 18mn sur album, semblent se noyer les uns dans les autres au fil du set. Les parties les plus profondes de ce dernier mêlent une atmosphère de Mars Red Sky et de Hangman’s Chair. Le public présent valide généreusement cette prestation qui l’aura transporté au delà d’espaces et de temps différents.

SPIRIT ADRIFT
D’aucuns te diront que c’est du doom, perso je qualifie ça de heavy metal à tendance classique 80’s. Quoi qu’il en soit, la foule s’est généreusement massée devant les barrières pour accueillir les américains que nos équipes ont chroniqué il y a peu ici même. Le souffle épique de leur musique nous fera-t-elle prendre l’armure et le fléau d’armes pour monter à l’assaut de la plus haute tour du donjon ? Malheureusement une fois de plus des problèmes de son viennent entacher le set et bouder le plaisir de leurs plus ardents défenseurs. Certes non, ce n’est pas absolument inaudible, mais selon que l’on se place plus ou moins en avant dans la salle, on perd nettement en “subtilité” d’écoute. Il faut tout de même honorer leur prestation scénique, true metal…

24/7 DIVA HEAVEN
Est-ce qu’on peut avoir grave du style et envoyer du lourd ? La réponse est oui ! Du rock’n’roll en bottines blanches c’est avec 24/7 Diva Heaven que ça se passe ! Le trio d’Allemandes a la patate et c’est communicatif ! Un rien punk, très grunge et totalement Garage rock, aussi vivant que la ville de Berlin qui les a vu se former. Le groupe conquiert la foule à coup de riffs et d’énergie.

VILLAGERS OF IOANNINA CITY
Les grecs de VIC ont le vent en pou(l)pe, on murmure leur nom sous tous les vents chauds venus de méditerranée. Chiant sur album, chiant en live ? J’avoue ne pas aller très confiant prendre ma place devant la scène… et c’est là que le miracle se produit, ils apportent une touche hypnotique à leur musique à l’aide d’instruments traditionnels atypiques. Le public se laisse porter et en redemande, le set est beau, joué avec puissance, et épique sur sa fin où le groupe fini par donner tout ce qu il a. Un groupe à découvrir en live, avec mes excuses pour n’en avoir pas perçu toute la force jusqu’ici.

DVNE
La frontière du Post metal est franchie par les écossais de Dvne, les riffs doom, la noirceur du désespoir. Ça marche parfois sur les pas d’Isis mais le regard est toujours porté vers le public ou entre musiciens. La collégialité est de mise chez Dvne, ensemble ou rien. La puissance du chant remplit la salle et ne détruit aucun des riffs qui parfois s’ouvrent à la vraie beauté. Si ce groupe encore m’avait laissé de côté sur album ils sont ce soir le second groupe à me rattraper par la manche. Le public lui, en tout cas ne s’y est pas trompé et a tout savouré jusqu’à la dernière note.

YOB
Après d’interminables balances, signe de leur professionnalisme, wham !! Ce son ! Potards sur 12 voire 15, j’ai l’impression de me faire tatouer à nouveau le sternum, ça vibre, ça fait mal et on a hâte que ce soit terminé. Le set commence, sous-accordé au possible, les infra basses détruisent tout sur leur passage. La rumeur raconte que des personnes auraient dû aller chercher leurs intestins aux objets trouvés à la fin du concert. Le set est bon oui, mais le son est loin du compte, pire que ce qu’on a pu entendre jusque là. A trop envoyer, on perd tout, ça sature à l’extrême, faisant naître un monstre nouveau : yO)))b. Le public cependant, même s’il est critique au sortir du set aura quand même salué généreusement la prestation tout le temps qu’elle a duré.

ELECTRIC WIZARD
23h, l’heure de la messe a sonné. Le Wizard débarque sur scène en défonçant tout sur son passage, priez pour nous pauvres pêcheurs. C’est non sans impatience que leur paroisse les attend et les acclame, pendant de longues minutes de larsen faisant vibrer toute la salle. Malgré tout, une légère inquiétude se fait ressentir après le set de Yob qui a fourni un son tellement fort et sale qu’on ne sait plus à quoi s’attendre. Heureusement, les Britanniques n’en sont pas à leur coup d’essai, et nous offrent un son propre en façade bien qu’un peu haut en décibels… mais… car oui il y a un mais… passé la barrière c’est dur à l’oreille et mal calibré, beaucoup utiliseront le qualificatif “crado”.
Sans surprise, les papes du doom font néanmoins le taf et enchaînent avec leurs sermons les plus connus tels que “Black Mass” ou encore “The Chosen Few”. Comme d’habitude, c’est sans chichis ni discours de la part de Jus Oborn, juste du gros son écrasant la foule, qui s’est fortement densifiée pour l’occasion. “Time to Die” annonce le chanteur, et c’est tout à fait ce qui va se passer par la suite. Les têtes se font lourdes au front row comme à l’arrière, échines courbées sous la massiveté de la chose. L’office se termine sur un “Funéralopolis” de 15 minutes qui déchaîne les passions. Le dark clergé n’a qu’à bien se tenir.

C’est une seconde journée massive et poisseuse qui nous laisse rentrer à l’hôtel comme des zombis un rien frustré par le calibrage du son qui n’aura pas toujours été de la fête sans pour autant la gâcher. A demain pour LA journée!
[A SUIVRE]
Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)

L’attente fut interminable, deux années de report pour ce festival si cher à notre cœur, mais ça y est, nous investissons enfin l’Arena Berlin, une salle reconfigurée pour cette année 2022 avec un agencement de scène en L et un espace tout dédié au merch et aux plaisirs de chair. La zone extérieure n’est pas encore bien remplie mais qu’importe elle sera bientôt noire de monde, c’est écrit !
VUG
A peine arrivés donc, et avoir pris de quoi s’hydrater (je parle bien d’eau ici) on file voir Vug qui ouvre le bal de cette cuvée 2022. Pif, paf, pouf, petite claquounette psyché dans la tête, parfaite pour se mettre en jambes ! Voix rauque, son rétro, presque Graveyardesque pour ces jeunes Allemands qui groovent bien comme il faut ! Bref, c’est totalement ma came ! Chose à noter, on retrouve une meuf au keyboard, et je dois le dire, ça fait bien plaisir d’en voir sur scène!

POLYMOON
Pas fan de double pédale et de clavier à la base, je n’avais pas coché Polymoon dans mon Running Order. Mais quitte à être dans le coin, autant aller jeter une oreille en live, n’est-ce pas ? Et il faut dire que Polymoon tient plus de l’expérience auditive que du concert à proprement parler, voir même d’OVNI dans cette programmation ! Garde-robe affûtée pour le quintet, parce que oui, c’est aussi une question de style m’sieur-dames ! Malgré tout le groupe ne réussit pas à conquérir mon p’tit cœur de rockeur, même avec dentelle et fanfreluches, but hey, on ne peut pas tout aimer !

SAMAVAYO
Les prolifiques joueurs de stoner de Samavayo jouent à domicile aujourd’hui et quand on dit Samavayo, globalement on sait à quoi s’attendre : du lourd, du propre et voilà. Et là ça fonctionne de fou, parce que le public est déjà chaud ! La salle s’est remplie des retardataires et le set prend tout de suite forme, gras comme un repas de grand-mère, mais sans chichis. C’est ça qu’on veut, un quintal de basse, assaisonnée de petites cymbales, emballé c’est pesé ! “Y’en a un peu plus, j’vous le mets quand même ?” Des Lights aux top, un son balancé comme il faut et des gars qui se font plaisir en proposant de pousser les potards sur 11 avant de conclure sur “Trenscend Exceed” puis “Rolli” repris en chœur par le public.

LOS BITCHOS
Vibe rétro Groovy + tropicana = Los Bitchos ! Bien qu’égarés dans un festival qui ne ressemble en rien à leur musique le quintette est parfait pour nous faire oublier le temps mi-figue, mi-raisin Berlinois ! Des meufs et un gars cools s’il en est, et leurs sonorités venues des cocotiers pour nous faire une bonne pause goûter ! C’est le smile aux lèvres que le groupe nous a livré un set instrumental tout en moiteur, de quoi faire monter la température d’un cran !

MY SLEEPING KARMA
Il suffit de faire un tour avant le concert aux alentours du bateau et de buvette pour constater que leur nom est sur toutes les lèvres. Alors, besoin de réaligner ses chakras ? Pas de problème, tonton Matthias et ses compères de My Sleeping Karma sont là ! Leur musique c’est déjà un soin énergétique à elle toute seule, mais en live c’est carrément un voyage dans une autre dimension. L’aura du public ajoutée à ça, on n’était pas loin du trip cosmique ! Ça tape direct dans le plexus solaire, force et douceur à la fois. De “Prithvi” à “Ephedra”, qu’on se le dise, mon corps éthérique ne s’en remettra probablement pas tout de suite !!

MAIDAVALE
Si ce premier jour de Desertfest n’est pas la journée des meufs cools, je ne sais pas ce que c’est ! C’est au tour de Maidavale de fouler la second stage, pour secouer un peu ceux qui seraient restés sur orbite après My Sleeping Karma. Le public se dandine du premier rang jusque loin dans la salle sur leur rock pimenté de synthwave. Décidément la Suède pond des groupes de qualité ! Un set totalement maitrisé comme toujours, une qualité musicale qui aura conquis le public sans l’once d’une difficulté.

WITCHCRAFT
Un peu de douceur dans ce monde de brutes ! Et c’est Witchcraft qui l’apporte dès le début du set. Malgré un souci de batterie qui nous révèlera que Magnus Pelander n’est pas prêt de se livrer à une carrière de stand-up, on kiffe. Définitivement ce mec est fait pour chanter, et le fait pour notre plus grand bonheur. Si d’entrée de jeu la scène paraissait immense pour ce groupe qui se livre en formation trio, c’est un point vite oublié : leur musique emplit l’espace et gagne la fosse qui fait le plein de bonnes vibrations.

KADAVAR
Voilà enfin les headliners du jour ! Que dire de Kadavar à part qu’ils pourraient aisément remplacer Danièle et Béatrice dans “C’est du propre”, vu l’impeccabilité de leur set ! Pas un pet de traviole pour eux, un public ultra réceptif et sous le charme d’une sono qui fait tourner le son dans toute la salle avec une spacialisation très perceptible sur la voix. Si on voulait finir la soirée en beauté, on n’aurait pas pu être mieux servis ! Une douche de gras, une claque sur l’cul et bonsoir Claudie ! Les allemands ont le chic pour résumer leur carrière en live, passant de “The Old Man” à “(I wont Leave you) Rosi” en passant par “Last Living Dinosaur” et “Die Baby Die” pour finir en beauté sur leur traditionnelle reprise de “Helter Skelter”. 
Voilà qui vient clôturer la soirée de façon magistrale et on a déjà hâte d’être à demain.
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Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)
 Kaleidobolt
Changement de décors pour les soirées Crumble Fight puisqu’avec la fermeture du Michelet, le programmateur Ben Crumble se retrouve sous pavillon du Ferrailleur, salle bien connue des amateurs de musiques amplifiées de la bonne ville de Nantes. Loin d’en être à son coup d’essai en termes d’affiches gouleyantes, la salle et son nouveau séide ont dérouté Kaleidobolt et Sacri Monti de leur tournée européenne pour venir séduire les bords de Loire.
L’entrée en matière est un peu froide, la faute à la salle sans doute qui peine à se remplir. Mais rien ne saurait contrarier le trio finlandais Kaleidobolt. Il accuse le coup et encourage le public à se réveiller un peu. Petit à petit leur énergie fait son office et on sent l’atmosphère se réchauffer. Il faut dire que la musique sur vitaminée du groupe a de quoi inviter à la libération. Leur son psychédélique et foutraque part dans tous les sens et ne se satisfait d’aucun carcan. Les morceaux déroulés à la vitesse d’un éclair piochent dans la discographie du groupe et laissent une part non négligeable au nouvel album fraîchement sorti.
Je dois reconnaître que si les gars m’avaient laissé un souvenir impérissable lors de leurs derniers passages en France, cette fois il y a un je ne sais quoi d’absent. Un truc indéfinissable qui laisse songeur sans pour autant nous pousser à bouder notre plaisir. Il faut dire que Kaleidobolt est abonné aux plateaux contrastés, ouvrant avec leur musique puissante et échevelée pour des groupes bien plus “sages” et portés sur les riffs planants. Il est impossible cependant de nier l’incroyable puissance vocale du guitariste ainsi que la force de frappe quasi destructrice de la batterie pendant que le bassiste joue de dextérité sur ses quatre cordes. Une belle entrée en matière cependant qui aura laissé une salle à bonne température pour la suite.
 Sacri Monti
Sacri Monti trouve une salle un peu plus pleine qu’à l’ouverture de leurs camarades de planches. Les Américains malgré une maigre discographie vont avoir tout le loisir de prouver leur talent à de multiples reprises. L’ampleur déjà est tout autre, puisqu’avec deux guitaristes, un clavier et une section rythmique basse batterie le quintet a de quoi afficher une densité plus importante.
Le son de la Rickenbacker écrase l’assemblée de sa présence et sous les doigts de Anthony Meier qui tient aussi le même manche pour Radio Moscow, autant dire qu’en termes de maîtrise, cela se pose là. N’allons pas croire cependant que les autres musiciens sont des perdreaux de l’année, ils emportent les cœurs et les âmes, livrant des duos de guitare qui se répondent et se complètent à merveille ou encore assommant l’assemblée de la frappe puissante mais précise du batteur. La musique est brillante, intelligente et sensible et il est difficile (Pour ne pas dire impossible) en regardant autour de soi de trouver quelqu’un qui ne soit pas conquis. Sacri Monti illumine la scène de sa cohésion, porté par sa musique et un set light parfait pour cette salle qui n’est pas un Zenith mais qui a su investir dans des atours faits pour mettre en avant les artistes. Avec un clavier qui ne sombre pas dans le cliché tout babos, Sacri Monti convoque néanmoins des vibrations Kraut dans des compositions qui donnent du grain à moudre à chacun des musicien. Voilà une formation que l’on a hâte de retrouver tant en live que sur album
Le pari était risqué, puisqu’il s’agissait de faire venir deux groupes sur les quais de Nantes un lundi. Néanmoins le choix du plateau et la qualité des artistes présents ce soir n’auront pas trompé les connaisseurs qui seront venus satisfaire leur soif de bonnes ondes et de musiques aussi éthérées que puissantes. Encore une soirée réussie pour Crumble Fight et des souvenir plein les oreilles pour nous autres.
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