Blood Of The Black Owl – A Feral Spirit

Blood Of The Black Owl - A Feral Spirit

Du lourd ! Du gros lourd ! De l’oppressant ! Du torturé ! Du putain de drone complètement barré qui récure les conduits auditifs ! Du doom qui renvoie Cathedral au Club Dorothée ! Vous en rêviez : Blood Of The Black Owl l’a inventé !
Si l’évocation de Earth et Khanate vous donne de l’urticaire passez votre chemin ! Ce second opus proposé par Chet W. Scott va encore plus loin et plus brutalement dans son expérimentation musicale. Terriblement barrée, cette plaque est un voyage introspectif concocté par un véritable agité du bocal qui s’est joint les services de Daniel Ellis Harrod pour nous déclamer des textes au sujet d’un de nos pareils ayant perdu son esprit. Tout un programme qui s’étale sur plus d’une heure.
Malsain en diable, l’univers musical ici abordé est tortueux autant que torturé. Les tempi sont encore plus lents que le pouls d’un fumeur de shit aux yeux mi-clos vautré sur son matelas ; ils sont assénés avec force presque de manière martiale. Les guitares sont aériennes lorsque le propos est apaisé puis overdrivées lors des montées en puissance sonores qui ponctuent cette galette. Les textes posés sur une trame construite de sonorités et de riffs englués s’inscrivent tel un copier/coller supplémentaire à ce maelström presque jouissif quand ils ne sont pas vociférés du fond d’une caverne.
Dans un trend assez similaire à son premier opus, Blood Of The Black Owl nous gratifie à nouveau d’une production dans laquelle il faut se plonger sans retenue pour en apprécier réellement les moindres détails. Soignées à l’extrême, les plages offrent quelques surprises comme l’épique ‘He Who Walked Away From The Fire & Laughed As He Bled’ qui est une réussite du genre. Telle l’œuvre d’un psychotique génial, ‘Unattanable Vistas Of Our Remembrances’ est une montée en démence absolument fabuleuse.
Si cette galette n’est pas le disque le plus abordable qui soit, certaines compositions comme ‘Crippling Of Age’ raviront les fans de Eyehategod car plus concise et rentre-dedans que les longues plages reptales qui l’accompagnent. Au final, cette plaque est un plaisir à s’écouter en égoïste ou alors à passer à votre belle-mère quand vous voulez lui voir les talons !

The Company Band – The Company Band

The Company Band - The Company Band

Pour ceux qui ne connaissent pas The Company Band, prenez un zest de Fireball Ministry (James Rota), une pincée de Fu Manchu (Brad Davis) et un Zest de Clutch (Neil Fallon). Vous ajoutez Dave Bone et Jess Margera (CKY) et vous obtenez ce qu’il convient d’appeler un supergroupe.Et ensuite me direz vous ? La réponse est simple : 10 secondes.10 secondes, c’est exactement le temps que cet album éponyme de The Company Band va prendre pour vous mettre sur le cul. 10 secondes de “Zombie Barricades” et l’effet est garanti. Un riff de guitare absolument imparable et la rage vocale de Neil Fallon. Le décor est planté pour un trip de 10 titres sentant bon la poudre, 10 titres de pur rock comme on les aime. Ca riffe sévère (“It’s a Confusing World”, “Inline Six”, “Hot Topic Woman”), c’est parfois lent et planant (“All is Well in Milton Keynes”, “Lethe Waters”), et les refrains font souvent mouche et restent gravé en mémoire (‘Bring back the PMRC, i need the motivation / Bring back the USSR we need the motivation’, ‘You know what the true name is….Chaos Destrauction & War’). Une pure merveille sans remplissage aucun.Et pour ceux qui auraient peur de voir en The Company Band une resucée des groupes respectifs de ses différents membres, soyez rassurés. The Company Band vous fera l’effet d’un Canada Dry. Ca à la couleur d’un mix Fireball/Clutch/Fu/CKY, ça a le goût d’un mix Fireball/Clutch/Fu/CKY, et pourtant, ça sonne comme tout sauf un vulgaire mix Fireball/Clutch/Fu/CKY. Procurez-vous donc d’urgence cette galette, pas tout à fait stoner, mais jouissive à souhait et croisez les doigts pour que les emplois du temps respectifs de nos 5 lascars leur permettent de nous offrir d’autres albums comme celui là.

Zen Guerilla – Shadows On The Sun

Zen Guerilla - Shadows On The Sun

Encore du haut de gamme. Nouvelle livraison roborative de ces excités magnifiques de Zen Guerilla. Comme sur les quatre albums précédents, tout y est. Un son énorme. Jack Endino aux manettes. Des compos dont la magie réside dans un savant mélange de punk’n’roll garage et de groove soul félin. Rencontre de deux genres musicaux issus de ce qui se faisait de mieux aux States dans la seconde moitié des sixties, le tout sur fond de blues psychédélique. Croisement improbable en son temps et magnifié trente cinq ans plus tard par ce groupe inouï. Marcus Durant, le chanteur est pour beaucoup dans sa particularité. Son timbre de voix, souple et chaleureux est un curieux mélange d’Otis Redding, d’Elvis, de Rob Tyner et de Lightnin’ Hopkins. Si, c’est possible, et d’autant plus remarquable. Son chant réellement ‘habité’ est magnifié par une reverb digne des studios Sun de la grande époque. Ça envoie grave. Autant à l’aise sur les titres enlevés que ceux plus calmes, ce chanteur là est incontestablement un très grand. Et que dire des autres musiciens si ce n’est que la guitare de Rich Millman est un monstre de précision, que la basse de Carl Horne est éblouissante et que la batterie d’Andy Duvall est d’une efficacité redoutable. Les superlatifs viennent à manquer. Album de la maturité, espérons simplement qu’il leur procurera enfin la part de soleil qui leur revient de droit.

Operator : Generator – Polar Fleet

Operator : Generator - Polar Fleet

Je suis intimemement persuadé que Operator:Generator est un groupe qui était promis à un avenir brillant dans le milieu du stoner. Mais ces abrutis ont splitté après ce premier album… Quel gâchis énorme !

Après un EP plutôt appétissant, le groupe de Frisco signe sur Man’s Ruin chez le père Kozik, et sort un album magique, composé notamment des morceaux de cet EP (ré-enregistrés) et d’autres compos sorties du chapeau.

Operator:Generator possède un style difficilement définissable, très clairement stonerien, avec un son de guitare PACHYDERMIQUE : le terme n’est vraiment pas usurpé ici ! Avec un seul guitariste, le groupe parvient à dépasser les assauts des plus gros groupes de metal d’un simple revers de mediator – tout simplement impressionnant. Après il y a ce chanteur, absolument hypnotique, à la voix étrangement mixée (reverb à gogo). Enfin, une rythmique impeccable, taillant au scalpel des mélodies efficaces.

On le voit, le groupe réunit tous les éléments pour se démarquer de la masse, avec des musiciens et un son bien à eux. Mais le plus remarquable, c’est bien la qualité incroyable des compos. Comment résister à un morceau comme “Museum’s Flight” et son break cataclysmique, heavy au possible ? Et que dire de “Arctic Quest” et de son intro lancinante, qui entame de vous labourer les conduits auditifs, que finissent de ravager une succession de couplets et breaks aussi costauds qu’imprévisibles ?

Le tout se termine comme dans un rêve, sur “Soil of Lavamore” un (presque) instrumental aux sonorités orientales dépaysantes, totalement surprenant. Le calme après la tempête, assurément.

All Time High – Friends In High Places

All Time High - Friends In High Places

Séquence découverte en ce qui me concerne avec ce groupe issu du sérail Small Stone, généralement un gage de qualité. Difficile à chroniquer en ces pages en revanche, le lien avec la musique stoner “pure” étant plutôt ténu ici (au delà de “l’adoption” par le label).

La musique du groupe ne laisse pourtant pas insensible l’amateur de gros rock qui sommeille généralement en nous autres, fans de gros rock saturé. Les premières écoutes en effet, laissent quelque peu pantois, dès lors que l’on essaie de “classer” mentalement le groupe dans un genre précis. Puis au fil des écoutes, alors qu’on se surprend à fredonner puis carrément chanter en coeur les refrains, on se dit qu’il y a dans ce travail de composition une qualité intrinsèque absolument remarquable. Ces 12 titres s’écoutent ensuite avec un plaisir coupable : tous différents, tous originaux, ils recèlent ici un refrain excellent, ici un riff imparable (“Land of the free”, “No mind”), là un break jouissif (on tape furieusement du pied sur la montée en régime de “Twistin’ the knife away”).

Bref, un groupe pas 100% stoner, mais qui devrait trouver des amateurs parmi les lecteurs de Desert-Rock amateurs de guitares et de mélodies bien catchy.

Rip KC – Spinguölf

Rip KC - Spinguölf

Je ne peux que saluer l’initiative du label Alone Records de soutenir les groupes espagnols : tous les principaux groupes du mouvement stoner “élargi” ibérique voient leurs galettes sortir sur ce label, allant du doom (Orthodox) jusqu’à… ce disque ! Saine démarche, dont devraient s’inspirer les labels français…

Rip KC, donc, vieux groupe (une ch’tite dizaine d’années d’existence quand même) mais jeune physiquement (la vingtaine à peine dépassée pour ces petits morveux). Durant ces (rares ? nombreuses ?) années d’existence, le trio madrilène a manifestement accumulé des milliards d’influences musicales, dont ils se font les porteurs uniques. En gros ça part dans tous les sens, et on ne sait plus où donner de la tête ! Le problème est que, justement, on perd un peu le nord dans cette démarche…
La plupart des morceaux sont dans un trip planant, très psyché 70’s (à deux doigts du cliché) avec orgues, choeurs, fleurs et pattes d’eph… De temps en temps, un titre un peu plus “popisant” fait son apparition (“Couldn’t we talk”), mais très vite des relents folk “trippy” déboulent (“It was fun…”), avec force choeurs aigus et cymbales emballées… Quelques embardées presque rock nous font chaud au coeur (“Cozyspringuoll” instru d’une minute avec slide et kazoo, le presque funky “Afro lion…”, l’excellent “Punk is dead”), mais très vite ça débande, et on retombe dans des plans atmosphériques peu enthousiasmants.

Au final, on a quand même un peu de mal à adhérer… Ca donne un peu comme un mix entre Wilco, Uriah Heep, Sigur Ros (?!?), et Los Natas pour le côté hispanisant bien décalé (le heavy en moins). Côtés positifs : on ne s’ennuie pas un seul instant, et il y en a pour tous les goûts !

Milligram – This Is Class War

Milligram - This Is Class War

Il y a quelque chose d’éminemment ironique à appeler “Milligram” l’un des groupes les plus lourds, heavy et intenses de leur temps. On pourrait presque considérer le quatuor Bostonien comme le fruit de l’union improbable d’un Crowbar, d’un Electric Wizard et des Melvins, et tant d’autres choses ! “Let’s Kill” en est l’illustration parfaite, atteignant un niveau de “lourdeur” (ce n’est pas péjoratif !) rarement égalé, avec une intro hallucinante. L’immersion est néanmoins difficile, le chant est brut, et les guitares sont si denses que l’on a du mal à digérer l’ensemble au premier coup. Mais au bout de deux ou trois écoutes, des petites perles se font jour (“Let’s pretend” et son solo halluciné, “Nice problem”) et font de cet album un apport précieux à toute discographie éclectique, original, puissant et varié (à noter qu’il propose plus de dix plages bonus, de l’instru basique aux morceaux drum & bass !).

Thumlock – Lunar Mountain Sunrise

Thumlock - Lunar Mountain Sunrise

Le stoner rock a manifestement essaimé dans tous les pays industrialisés. Voici le premier groupe australien du genre qui parvient à mes oreilles. Ça commence fort avec une intro psychédélique au synthé dont le riff se colle immédiatement dans la cervelle. Puis arrivent les guitares et la batterie avant que le chanteur ne lâche un « yeah ». On se dit que ça y est, l’Australie est à nouveau une superpuissance du rock’n’roll après AC/DC et Rose Tattoo. Et puis ils virent à tribord. Pas que ce soit désagréable, mais bon sang, quand on tient un riff comme celui de l’intro on y touche plus, bon sang ! On reste bloqué dessus et on creuse le sillon, merde. Le deuxième morceau est un instrumental. Plutôt pas mal, avec des changements de rythmes fréquents plus ou moins heureux. On embraye sur « The Ornithopter » toujours truffé de breaks et de changements de rythmes. Vous me direz ils ont le temps, les morceaux font tous plus de cinq minutes. Une fois que les plans sont installés on se dit que c’est plutôt pas mal. Ce qui pêche tient au fil conducteur relativement instable qui relie chaque plan à l’autre. Arrive le quatrième morceau, « Jaspers Brush », et là badaboum. La claque. Tout cool. Tout coule. Le chant a fini d’agacer et finit par envoûter. Le thème s’énerve puis se calme. C’est à cet instant seulement qu’on se prend à s’imaginer au volant d’une décapotable en route vers Alice Springs. Le désert se fait chaud. Le ciel se dégage. Limpide. On retrouve un peu l’esprit des Mary My Hope, génial et éphémère groupe anglais ayant sorti un seul album (à ma connaissance) en 89. Et le disque se poursuit dans cette veine. Le titre qui donne son nom à l’album le clôt également très élégamment. Plus aérienne, plus pop, plus fluide, la seconde moitié de ce disque donne à penser que ce groupe, s’il parvient à épurer un tant soi peu ses idées, est promis à un bel avenir.

Blackberry Clouds – Cheap ‘n’ Down

CHEAPNDOWN
On associe plus aisément Malaga aux allemands vêtus de t-shirts Bitbürger Pils outrageusement déformés par d’élégantes excroissances abdominales qu’au rock’n’roll sale et sulfureux. Et voilà que déboule The Blackberry Clouds, avenant quatuor, manifestement abreuvé de british blues rock tel qu’il se pratiquait dans les sixties. On pense aux Stones. On pense aux Animals. On pense aux Yardbirds période Jeff Beck. On reçoit des riffs de fuzz et de distorsion, du feed back et de l’écho. Chorus fiévreux et inspirés. La voix, nasillarde et bluesy, proche de celle de P.W. Long’s Reelfoot, ancien chanteur des merveilleux Mule, fait le reste. Aucun doute, ces mecs là s’amusent comme des petits fous. Et nous avec. Ils explorent et ré-exploitent une période musicale que j’ai rarement le réflexe de faire fonctionner sur ma platine. J’ai tort. Lorsque cela se produit, l’instant est pourtant délicieux. Ecoutez « Give it up ! » pour vous en convaincre. Effet de la « movida » ? Réaction à la germanisation des parties les plus ensoleillées de l’Espagne ? Quoiqu’il en soit, ces ibères ont énormément de style.

Iota – Tales

Iota - Tales

Cet obscur trio ricain propose avec ce “Tales” sorti des fagots leur premier EP, alors que le groupe joue ensemble depuis plus de 6 ans : 6 ans passés à faire trembler les murs des caves, arpenter le moindre bout de scène disponible, et échanger quelques démos enthousiasmantes. Leur arrivée chez Small Stone, le label des “protégés” du stoner US, s’avère providentiel.

“Tales” est un album que tout fan de bon stoner saura apprécier : space rock über-plombé, la musique de ces trois roublards saura contenter l’amateur de murs du son. Basse ronflante et rondouillarde en fond, batterie soft, sobre mais bien groovy, le boulevard est dégagé pour laisser la place au 38 tonnes à 5 cordes : les riffs sont lourds, patauds, et les soli viennent compléter le paysage. Le tout constitue la charpente d’un édifice de compos parfaitement ciselées : en se donnant le temps de bien faire (5 titres en presque une heure, faites le calcul…), Iota s’aménage le temps nécessaire à engrammer la moindre note de basse, à lanciner gentiment le cervelet à coups d’impros spacy… pour mieux nous prendre par surprise par un riff de gratte traître, et s’élever vers un amoncellement de grattes aérien (voir les dernières minutes 100% instru de “The Sleeping Heathen” ou la quasi-entièreté de “Dimensionnal orbiter” et ses 23 minutes de trip intégral).

Le crédo de Iota est le stoner très traditionnel. Sous influences, inévitablement. Rien de choquant, on ne frôle jamais trop dangereusement l’écueil du plagiat. Mais la réussite est là : les musiciens transpirent le bonheur sans jamais rentrer dans l’épate, ils sont taillés pour l’impro, des machines à concert et à plaisir. Iota n’apporte pas de pierre fondamentale au stoner rock du XXIème siècle, mais il représente une pièce flamboyante, fière et jouissive. Beaucoup de plaisir de jouer + beaucoup de talent = beaucoup de joie auditive.

Stake Off The Witch – Medusa

Stake Off The Witch – Medusa

Putain la grosse baffe ! Nos amis de Fuzzorama ont fait fort en dénichant ce groupe transalpin qui nous balance en pleine poire un ‘Medusa’ d’une redoutable efficacité. Avec des rythmiques qui envoient le gros bois, des riffs bruts de décoffrage, une basse qui vrombit et des vocaux féminins, cette plaque est un concentré de bonheur pour les amateurs de stoner. La spécificité de cette formation heavy rock qui marche dans les traces des maîtres du genre réside dans les parties vocales féminines. Tour à tour susurrées, chantées et vociférées, les interventions chantées de Steph font tout leur effet.
La donzelle, qui se charge aussi de certaines parties de guitare, n’est pas la seule représentante du sexe dit faible dans ce quatuor puisque les lignes de basse que la production a bien mises en avant sont le fait de Kate qui contrebalance avec sa camarade la testostérone véhiculée par Fabio et Icio respectivement derrière les fûts et à la gratte. Tirant ses influences du mythe fondateur du style pour lequel nous vendrions nos parents : Kyuss, le combo fait très fort avec cette production absolument terrible. En trois-quarts d’heure à peine tout est dit et l’auditeur ne peut faire autrement que de s’en remettre une couche tant les compositions sont imparables. Le travail effectué en studio donne un rendu bien live aux huit titres présents sur cette galette sans toutefois taper dans le brouillon ou donner l’impression de mix étouffé qu’on retrouve trop souvent sur les prods des groupes très inspiré par les précurseurs californiens.
Misant presque tout sur l’énergie ce cd psychotique débute avec un fantastique ‘Deep Inside Of Me And Deep Inside Of You’ qui laisse présager le meilleur et ne décevra pas les amateurs de plans très traditionnels. Les Italiens baissent toutefois le tempo le temps de deux titres ‘I’m Coming’ et ‘Tore The Pieces’ qui se rapprochent de certains plans indie rocks en raisons surtout de la présence de chants hurlés sur un débit musical ralenti et distordu. On nage pas loin du fameux grunge d’entant sur ces plages qui ne sont pas les plus représentatives de cette plaque.
Le point d’orgue de cet album réside à mon sens dans ses deux derniers titres ‘On the Negation And Affirmation Of Medusa’ Part 1 et Part 2. Ces jumeaux sont un gros déluge de son savamment orchestré dans la plus pure tradition du stoner primaire auxquels il ne manque absolument rien : ça blaste, ça groove et ça fait hocher du chef avec frénésie. Les amateurs de Unida ou Slo Burn peuvent foncer les yeux fermés !

Dozer / Unida – Coming Down The Mountain / The Best of Wayne-Gro

Dozer / Unida - Coming Down The Mountain / The Best of Wayne-Gro

On l’attendait ce premier essai de Unida, le groupe formé par John Garcia après le split de Kyuss. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Servi par la production irréprochable de Chris Goss, Unida va mettre tout le monde d’accord en l’espace de seulement 4 titres. ‘Red’ ou ‘Flower Girl’ sont aujourd’hui des classiques d’un heavy-rock bien trempé, souvent imité mais jamais égalé. Cerise sur le gâteau : ‘Wet Pussycat’ qui, à elle seule, vaut la peine d’acheter ce split. Rarement, en effet, une chanson n’aura été aussi envoûtante. Un riff de guitare tout simplement génial, appuyé par une rythmique implacable et un Garcia tout en nuance. Bref, bon nombre de groupes stoner qui se voyaient prendre la place laissée vacante par Kyuss peuvent aller se rhabiller.Difficile donc pour nos amis nordiques de Dozer de faire bonne figure face à se déluge de génie. Le combo de Börlange démarre sur les chapeaux de roues avec le très inspiré ‘Overheated’, savant mélange de groove et de psychédélisme. Malheuresement, le reste est de moins bonne facture. On passera sur le très étrange et plutôt moyen ‘Calamari Sidetrip’ et sur les caricatures de vocaux qui émaillent ‘From Mars’. Ce split aura au moins eu le mérite de faire connaître ce combo suèdois, qui, par la suite, accouchera d’albums de qualité.

Clutch – Live At The Corner Hotel

Clutch - Live At The Corner Hotel

Clutch est un groupe tout simplement énorme en concert. Plus par assurance que par arrogance, ils enquillent avec ce “Live at the Corner Hotel” tout simplement leur troisième double-album live en moins de 3 ans, ni plus ni moins. Même si les 2 derniers relèvent plus de “l’opportunité de captation” : du matériel d’enregistrement lors de leur tournée australienne, une boîte sympa qui leur propose de sortir le disque dès la fin du concert, “brut de décoffrage”… Clutch ne s’embarrasse pas de plus de formalisme… pour notre plus grand bonheur !

Comme on en a l’habitude, ce concert n’a simplement rien à voir avec les précédents : à l’aise dans ses baskets, Clutch joue avec ses set lists comme un gamin avec ses Lego, et c’est bien là l’un des facteurs qui rendent chaque concert de Clutch si mémorable et précieux.

En l’occurence, on s’attend à ce que le groupe honore principalement ici ses dernières galettes, ce qui nous ravit par anticipation… Ainsi défilent les premiers titres extraits des dernières parutions vinyliques du groupe, la bave commence à nous couler des lèvres, on frôle la jouissance en arrivant à “Mob goes wild”, dans une version implacable… Mais dès la plage 6, c’est “Retour vers le futur” : on commence à enquiller une série d’extraits de leurs 3 premiers albums, et chaque nouveau titre nous fait écarquiller les yeux un peu plus ! Ces titres, a priori plus “faibles” que les dernières productions du groupe, se voient transformés, ré-appropriés par un groupe tellement à l’aise dans son back catalogue qu’il le remet intégralement au goût du jour auprès d’un public probablement éberlué par cette aberration “commerciale” : quel groupe normalement constitué, qui aligne depuis quelques années les sans-fautes discographiques, se permet de composer plus de la moitié de sa set list à partir de titres datant tous de plus de 10 ans ??

Evidemment, les prouesses techniques du combo ne sont plus à louer : l’exécution des titres est non seulement impeccable mais surtout ravivée, ragaillardie, notamment par l’incorporation totalement “digérée” d’un clavieriste de moins en moins considéré comme “la 5ème roue du carrosse”…

Bref, on ne savait pas à quoi s’attendre en se laissant absorber par ce disque, et résultat : on s’est laissé avoir comme des bleus, encore surpris par l’un des groupes les plus sincères, doués et audacieux de ces dernières années. Toujours pas lassé de Clutch, on attend toujours le faux pas, mais le groupe semble bien accroché sur la voie de l’excellence…

A noter qu’une longue interview de Neil, sympathique, vient remplir la deuxième galette…

Greenleaf – Secret Alphabets

Greenleaf - Secret Alphabets

Troisième réunion des stars du stoner rock suédois orchestrée par le désormais incontournable label américain Small Stone. Rencontre entre le personnel de Dozer et de Demon Cleaner. Projet ayant abouti à deux disques particulièrement intéressants ainsi qu’à une tournée au cours de laquelle j’ai pu apprécier directement le talent époustouflant de ces gaillards. Voici donc dix nouveaux titres comme remède à l’ennui du Grand Nord. Les morceaux sont d’une facture assez classique. Plus rock que stoner en fait. Rappelons que Greenleaf est un terrain d’expérimentation. Tout y est donc permis. Si la machine à riffs fonctionne souvent de manière irréprochable (10 000 years of revolution, The spectre, Black black magic, etc.), il arrive également qu’elle connaisse quelques baisses de régime (One more year, No time like right now par exemple). Par contre, la qualité de voix de Fredrik Nordin ne varie pas. Son aisance l’autorise à changer de registre vocal sur chaque morceau. Ce mec fait décidément partie des très, très grands chanteurs. Au final, si ce disque n’est probablement pas celui dont la formation peut s’enorgueillir le plus, il s’agit néanmoins d’un bel objet.

Space Patrol – Secret Sounds Of The Spaceways

Space Patrol - Secret Sounds Of The Spaceways

Le disque ouvre sur le titre « Wanderlust ». Nels Anderson nous apprend que cette expression « désigne l’aspiration à de nouvelles expériences. C’est le désir ardent de voir de nouveaux paysages, de vivre le frisson de nouvelles sensations, d’affronter de nouvelles situations, et de connaître la liberté et le vertige d’être un étranger ». Peut-on pour autant apparenter ces parisiens aux hobos, ces ouvriers migrants qui au début du siècle dernier traversaient les Etats-Unis d’est en ouest pour suivre les chantiers ? Au regard de leurs productions précédentes qui m’inspiraient plutôt l’ennui, il apparaît clairement que les Space Patrol sont parvenus à enrichir nettement leur horizon musical. Maturation intéressante ayant abouti à un album de bonne facture. Slide guitar judicieusement utilisée, soli bien trouvés, rythmique en place, très bons morceaux et enfin, jeux de voix très réussis avec Matt, notre héros national. Y a pas à dire, les voyages forment la jeunesse.

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