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Voici enfin le premier forfait vinylique des Dukes Of Nothing, mythique combo anglais composé d’ex Iron Monkey, Orange Goblin et Acrimony. Mini-album d’à peine plus d’un quart d’heure, ‘War & Wine’ propose huit titres sans temps mort, une pure furie au son énorme, sorte de mélange entre Motörhead, Meshuggah et the Obsessed ! Une sorte de Doom speedé (?), de stoner thrashisant (??), bref, que du bonheur. C’est pas cher, c’est court, c’est jouissif, c’est même pas la peine d’hésiter !
Le voici enfin, le premier long de Los Disidentes Del Sucio Motel ! Après une tripotée d’enregistrements épars (EP, 45T, compiles) et surtout une réputation de guerriers de la route comme peu de groupes français en ont, ils ont enfin décidé de s’enfermer dans un studio pour pondre leur première galette, et le résultat est à la hauteur de notre attente.
Les morceaux qui composent cette rondelle sont excellents. Il n’y a pas de secret : ces titres ont manifestement été rodés sur scène. L’expérience live du groupe leur a probablement permis de peaufiner la grosse douzaine de morceaux qu’ils nous jettent en pâture, taillés au scalpel pour une efficacité décuplée. Les chansons font ainsi toutes preuve d’une maturité remarquable pour un “modeste” groupe français, à l’image des arrangements vraiment originaux et pertinents que l’on trouve sur la plupart des titres, le genre de détails qui, au détour d’un break ou d’un passage groovy, vous donnent le sourire involontairement. Remarquable. Chœurs innombrables, claviers, breaks, soli jouissifs (“Backdoor woman” !!), on ne s’ennuie jamais !
Mais que ces subtilités ne vous trompent pas : le groupe évolue bien dans une sorte d’énorme stoner bien graisseux, une grosse machine à riffs bien huilée, qui peut même virer sludge par moments. Bref, c’est pas pour les fillettes. A noter toutefois que le groupe n’hésite pas à contrebalancer les passages les plus heavy en les faisant baigner dans un groove imparable, se rapprochant dans cet exercice de l’excellence d’un Puny Human, par exemple (voir “All Alone” ou “Backdoor woman” et ses chœurs féminins impeccables). Sinon, musicalement il serait difficile pour LDDSM de renier la filiation QOTSA, dont on peut retrouver certains signes distinctifs, toutefois toujours enrichis d’une lourdeur de son tout à fait originale. Voir pour illustration l’intro très “Go With the Flow”/indie rock de “Chapter II” ou le super catchy “A beauty among the crowd” (me dites pas que le break après le refrain n’a pas un faux-air de “Broken Box”). Mais les hommages ne s’arrêtent pas là, et sans jamais verser vers la pâle copie, on notera avec plaisir les passages très Fu Manchu de “Oogie Boogie”. Globalement, il y a pires influences.
Niveau prod’, un groupe moins ambitieux aurait pondu une démo améliorée ; LDDSM (qui a coproduit l’album) a sorti l’artillerie lourde, direct. Le son est là, gros, rond et clair à la fois, qui fait chaud aux tympans. On regrettera occasionnellement que dans le soucis de mettre en avant la partie instrumentale, le chant puisse parfois se retrouver quelque peu sous-produit ; rien de perturbant toutefois.
En lâchant ce petit missile sur le milieu en effervescence du stoner-rock français, Los Disidentes Del Sucio Motel passe illico du statut de “énième groupe de stoner frenchie en devenir” au poste envié de leader affiché du genre dans l’hexagone, titre qu’ils partagent avec 2 ou 3 autres groupes amis. Une saine rivalité dans tous les cas, qui ne peut qu’accoucher d’albums de qualité croissante. “Soundtrack from the motion picture”, agrémenté d’un packaging superbe, en est la superbe illustration. Une galette de plaisir pur, portée par un groupe qui fait montre de qualités musicales et d’écriture impressionnantes. Un album à acquérir sans hésitation.

En 2005, le premier album de Poseidotica m’avait vraiment emballé et figurait en bonne place dans mon top ten de cette année là. Trois ans plus tard, les argentins nous reviennent avec un deuxième album et je suis tout aussi ravi que pour le premier de vous le chroniquer.
Toujours aussi riches et variées, les compos de ce groupe sont un vrai régal. Produisant une musique quasiment inclassable tant elle est influencée de mille et un styles, le groupe nous donne huit titres qui mériteraient d’être détaillé individuellement. Ce que je ne vais pas faire pour ne pas vous gâcher la surprise bien entendu.
Tantôt planante, tantôt directe, leur musique est à l’évidence le résultat d’un travail long, appliqué et réfléchi. On sent dans chaque compo, au passage je rappelle que c’est de l’instrumental, un investissement commun, une symbiose. Le plus fort c’est que tout en ayant les qualités du premier album, La Distancia n’est en pas moins très différent. Encore une preuve de la richesse et du potentiel des membres de ce combo argentin. Un titre comme Tiempo y Espacio résume à lui seul tout cela, changements de rythmes et d’ambiances multiples, arrangements discrets mais parfaitement dosés, répétitions des rythmes juste assez pour apprécier sans lasser, un exemple évident de la maîtrise dont fait preuve ce groupe.
Bref, si vous avez aimez le premier album, Intramundo, précipitez vous sur celui-ci, vous ne serez pas déçu. Si vous devez découvrir le groupe, achetez l’un ou l’autre, le mieux étant encore de prendre les deux.
Sortir un double album live à peine 2 ans après “Live at Googolplex”, mais qu’est-ce qui peut bien passer par la tête de Clutch ?
A leur décharge, 2 excuses :
-1) “Live at Googolplex” bénéficiait d’une distribution particulièrement confidentielle.
-2) “Live in Flint, Michigan” est une pure tuerie !!!
Enregistré à l’occasion de la tournée supportant le brillant “Blast Tyrant”, cet album reprend l’intégralité du concert donné dans cette ville industrielle un peu austère (mais à l’évidence très rock !), à savoir deux sets successifs de plus d’une heure chacun (c’est un double CD, on vous le rappelle, et bien rempli ! On en a pour son argent !). Il reprend pas mal de chansons de leur dernier album (que du bonheur, donc) mais n’oublie pas les précédentes productions du groupe. Bref, au niveau set list, c’est un vrai plaisir pour tous les fans.
Pour qui n’a jamais vu/entendu Clutch en concert (surtout en tête d’affiche, où, comme ici, ils ont le temps de se faire plaisir !), ce disque est l’occasion révée de découvrir le talent de cette grosse machine à concerts, un groupe excellent sur disque, qui se transcende en live : se reposant sur des compos qui font mouche, ils bénéficient d’une rythmique robuste qui leur permet de se lancer dans des impros superbes et bien maîtrisées. Une sorte de jazz band du stoner/metal…
Au niveau de la performance live (car il s’agit d’un concert, quand même !), on sent le groupe à l’aise, évoluant sur ses plates-bandes : ils se permettent des enchaînements audacieux, des soli et autres impros jouissives, choses qu’ils évitent lors d’une première partie par exemple, où leur but est plutôt de jouer un max de chansons et d’être le plus efficaces possible. Là ils installent une bonne ambiance, et se donnent visiblement les moyens de proposer un concert “charnu”, orgiaque même…
A noter que, comme si cette avalanche de chansons n’était pas suffisante, Clutch nous propose sur les CDs plusieurs vidéos du concert : en fait le groupe avait proposé à des fans de filmer le concert (en échange de places pour le concert et de tee shirts), et ceci en est le résultat ! Excellente initiative !
Si vous ne connaissez pas Clutch (déja vous avez perdu quelques années et quelques heures de bonheur musical), ce disque est certainement une bonne entrée en matière : à la fois un “best of” et un enregistrement de ce qui, finalement, est le meilleur de Clutch – le live !
Si par contre vous connaissez bien Clutch (grand bien vous fasse), vous adorerez ce disque, pour les mêmes raisons ! Même si vous avez déja “… Googolplex”, qui était déja excellent, ce disque l’enterre littéralement.

On reçoit parfois des promos à Desert-Rock, souvent c’est une pochette carton toute laide qui ressemble à rien sur une étagère, y’a pas de livret, bref c’est souvent tout pourri (du coup on achète le CD ensuite pour avoir le joli packaging). Ouais, on raconte notre vie… Mais bon, pas de quoi se plaindre, d’aucuns nous envient (à juste titre – on le vaut bien). Bref, à réception de ce miséreux CD promo, la passion ne m’a pas envahi : une pochette plastique transparente, des bouts de papier imprimé jet d’encre pliés, un bout de calque à moitié lisible, des stickers avec des adresses web erronées, pas une explication, rien. Une puce à l’oreille néanmoins : ce CD est le fruit de la collaboration de deux groupes au capital érotique hétérogène… Sons of Alpha Centauri, d’abord, pas le plus bandant des deux (voir leur correcte participation avec le surf-gratteur fuzzé Gary Arce sur “Yawning Sons”). Mais surtout Treasure Cat, donc j’ai enfin l’occasion de goûter ici aux premiers délices vinyliques (en ce qui me concerne). Treasure Cat, c’est tout bêtement le trio instrumental de Will Mecum, ni plus ni moins que le maître riffeur derrière les monstrueux Karma To Burn ! Et inutile de tergiverser, le bonhomme est une monumentale machine à croquer du riff.
Le problème de ce skeud est son manque de cohérence : y figurent (et dans le désordre je vous prie !) des morceaux de chaque groupe en solo, mais aussi 3 titres de leur projet commun, sous le patronyme “Alpha Cat”, avec des zicos de chaque groupe. On y trouve donc le meilleur (le fiévreux “The FLying Dutchman”, “Last day of summer”), alterné à du très bon, du correct (“Crossing the border”), du un peu rébarbatif (le riff circulaire de “Battle of Britain”), ou du pompeux un peu pédant (“Tribute to harmonious”). C’est un peu comme les montagnes russes de l’instrumental : pas tout à fait un disque à écouter en fond sonore, le genre musical évolue entre chaque titre entre la saillie rentre-dedans et le mid-tempo progressif onaniste. Mais quand ça défourraille, ça le fait pas à moitié, et ça, ça fait du bien.
Pour résumer, on a l’air de se plaindre (on est des enfants gâtés, j’vous l’dis moi !), mais il y a quand même un quota riffesque qui frise la surdose sur cette galette, et les fans de stoner instrumental bien charpenté y trouveront largement de quoi manger. Une galette où figurent des moments tellement bons que même les titres les plus faibles n’en diminuent pas trop l’intérêt. Vous pouvez envisager son acquisition sans trop de soucis. Mais bordel, un vrai album de Treasure Cat, c’est quand même pas trop demander, si ???

Que pouvait bien nous réserver le Pelican 2009 ?Après un magistral « City of echoes », le quatuor nous revient avec « What We All Come To Need », son quatrième véritable album. Tout d’abord, et comme a son habitude, l’objet en lui même parfaitement soigné. Packaging sobre, pochette de toute beauté.Le contenu maintenant. Dès les premières mesures de Glimmer, l’auditeur décolle grâce à cette alliance entre riffs tranchants et passages aériens de toute beauté. L’impression se confirme avec The Creeper, deuxième titre de la galette qui a lui seul vaut le détour. Il faut attendre les premières minutes d’Ephemeral pour retrouver plus de classicisme (riff assassin et break du plus bel effet). Et c’est ainsi que défileront les sept premières plage de ce skeud.Bref, le savoir faire du Pelican est toujours là, et condensé dans des morceaux n’excédant pas les huit minutes, le rendant ainsi plus facile à apprivoiser que par le passé.Grosse surprise enfin, le huitième et dernier morceau de cet album, le Final Breath final qui contient des vocaux inspirés par un poème de Robert Burns. Grosse surprise, mais surtout peut-être seule faute de goût sur cette galette, surtout pour les inconditionnels du groupe car ce premier essai vocal empêche de se concentrer sur l’essentiel : la musique du combo. Une musique riche, dense, et qui s’autosuffit. En conclusion, si les trips (quasi) instrumentaux ne vous font pas peur, il est temps pour vous de vous laisser entrainer par le Pelican vers de nouveaux horizons.
On entendait de plus en plus parler de Riotgod ces dernières années, tapis dans l’ombre de Monster Magnet essentiellement. Pas besoin en tout cas de chercher trop loin la filiation avec l’un des groupes leaders de la scène stoner : Riotgod est le bébé de la paire rythmique du Magnet (Bob Pantella + Jim Baglino). A noter qu’ils se sont au fil du temps adjoint les services de Garrett Sweeny, qui a pris il y a quelques semaines le remplacement de Ed Mundell au sein de MM ! Qui a dit « incestueux » ?… Après plus de 4 ans d’existence, les choses se sont clairement concrétisées cette année pour le groupe par leur signature chez Metalville, et la sortie (discrète) de leur premier album.
Riotgod ne marche pas pour autant sur les plates bandes musicales du quintette du père Wyndorf : n’oublions pas que le groupe est pulsé par des musiciens rythmiques avant tout, alors que MM est essentiellement un groupe drivé par des gratteux, une machine à riffs. Ici, l’effort est donc clairement porté sur le groove, des rythmiques rondes, chaudes, suaves parfois. Le profil soliste de Sweeny apporte (en sus d’une bonne dose de riffs, faut pas déconner quand même) une part bienvenue de soli discrets mais aériens, si bien que les amateurs de space rock ne seront pas rebutés par l’approche musicale déployée, bien au contraire. Le chanteur Sunshine vient apporter la touche finale à ce line-up resserré, un vocaliste efficace doté d’un organe puissant et diversifié.
Groupe-plaisir avant tout, Riotgod est prétexte à quelques prises de risques musicales audacieuses, mais généralement réussies. On ne verse jamais ni dans le rap ni dans l’électro, rassurez-vous, mais le groupe se permet d’injecter dans ses compos des relents orientaux (« The time is now », « Minds eye »), de proposer des titres mid-tempo (« Collapsing stars », « Rift »), un instrumental (« Omega »), etc… Même si ces compos restent minoritaires au milieu de titres de hard rock / stoner qui sonnent quand même souvent très « Magnet-iens » (l’intro du furieux « Piñata », « Horizon »), ces plages de respiration sont bienvenues pour apporter une variété (et donc un plaisir d’écoute) qu’on rencontre rarement sur ce type de production. Plus largement, la maturité des musiciens frappe à différentes occasions sur l’ensemble des compos, par des arrangements chiadés ou des gimmicks d’écriture particulièrement réussis (voir le refrain catchy sur la rythmique très « sautillante » et hautement addictive de « High time »).
D’une facture très « old school » (une prod’ correcte, un son très 70’s/80’s) et rempli jusqu’au goulot de titres bien torchés (16 chansons, dont 2 bonus, sans aucun « remplissage »), ce premier album de Riotgod s’avère une acquisition particulièrement plaisante. Les amateurs de space rock y trouveront leur compte, évidemment, et plus encore s’ils apprécient les démarches anti-conformistes, quasi libertaires, qui amènent Riotgod à s’affranchir des barrières et à sortir des sentiers battus.
L’autre groupe de Spice des Spiritual Beggars. La voix de ce dernier est si caractéristique qu’on la reconnaîtrait entre mille. En fait, venu prêter main forte à ce groupe instrumental, il semblerait qu’il soit devenu leur chanteur attitré. Ils auraient pu tomber plus mal. Spice est un chanteur magnifique et un showman hors pair. Toutefois, en prenant un peu de recul, il n’est pas certain que le groupe y gagne. En effet, la voix de Spice donne à l’ensemble une ressemblance trop marquée avec les Spiritual. Car voici tout à fait un album que ces derniers auraient pu réaliser eux-mêmes. Cela étant, l’album est de très bon niveau. Le son est mortel. Un titre comme « Sir B’s tune » constitue, par exemple, la quintessence du stoner rock. L’ennui, c’est qu’on a l’impression de le connaître avant même de l’avoir écouté.

Oh mon Dieu ! C’est à peu près les premiers mots qui ont du sortir de ma cavité buccale après que j’ai bien vérifié qu’il s’agissait d’une production du groupe ayant sorti le mythique ‘Viva’ en 2001 qui tournait dans mon lecteur cd. Comme le disait si bien Janis (si ça c’est pas de la culture avec son gros cul) je suis un peu tout dépité du successeur de ‘Solid Rest’, qui au passage, était déjà un cran en dessous du premier album de ce trio norvégien. Sur le plan visuel, ce troisième effort se distingue des précédents par un artwork tout en noirceur qui rappelle les productions métalliques basiques. Sur le plan musical, quand bien même la lourdeur accrocheuse des débuts est toujours bien présente le tout sonne très, voire trop, métallique. Loin d’être homogène, cette production aligne des morceaux d’inspirations diverses et l’auditeur passe du bien, voir très bien, au franchement passable. Si ‘Dislocated’ est une exquise ballade dans la veine des grosses productions de Spiritual Beggars ou autres groupes estampillé très seventies son alter ego ‘Underneath’ lorgne du côté du heavy moule-burnes des eighties et frise le révoltant pour un groupe de cette trempe. Avec ‘The Tender Sin’ on s’approche dangereusement du petit monde merveilleux du nu metal et l’acoustique ‘Down The Lake’ fait presque fleure bleue. Au niveau pan dans les dents, on retrouve ‘Stuck The Deteste’ et son groove à deux cents à l’heure. ‘Fallen’ ainsi que ‘Lord It’ sont deux morceaux à ranger du côté de ‘Viva’ et sont empreints de cette même furie groovante en diable. On attend impatiemment la suite tant cette formation a le potentiel pour nous sortir de véritables chefs-d’œuvre.

Le premier album d’Abdullah avait assis le groupe dans le peloton de tête des meilleurs groupes de stoner rock, leur gros hard rock à tendance doom étant particulièrement réussi. Alors que l’on attendait une confirmation, c’est bel et bien une énorme surprise que nous offre leur second album, ce somptueux ‘Graveyard Poetry’. Plutôt que de continuer à parcourir les sentiers d’un genre qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts, Abdullah en garde les meilleures composantes (toujours quelques sonorités doom ici ou là) et y ajoute une grosse portion de gros heavy rock 70’s/80’s, tendance Thin Lizzy/NWOBHM (un bonheur pour tous les amateurs de guitare) et sa propre originalité : les influences sont nombreuses, mais tellement variées et ‘digérées’ qu’à aucun moment on ne peut décemment accuser Abdullah de ‘copier’ quiconque. Certains passages rappellent Metallica et les groupes de speed du milieu des 80’s (les grattes sur l’excellent ‘Guided by the spirit’, ou l’intro très ‘Seek and destroy’ de ‘Strange benedictions’), d’autres moments rappellent les excellents Life Of Agony (notamment le chant, superbe, mais aussi certains arrangements, ‘Black helicopters’, ‘Pantheistic’, l’intro de ‘Beyond the mountain’), mais finalement, c’est bien un album somptueux dans son ensemble que nous propose le quatuor ricain, un album bien à eux, qui transpire l’honnêteté et le talent. Ce disque devrait laisser des traces pour un bon moment dans le petit monde du stoner rock !
Et voilà, à peine arrivé dans l’équipe fort accueillante de Desert-Rock que je fais déjà des infidélités au stoner pur et dur pour vous parler du premier disque à me foutre une claque en 2006. Un disque de space-rock halluciné, hallucinant, que l’on doit à 4 petits jeunes de Corralitos, Californie qui ont tout compris et surtout tout assimilé au rock et non dénués d’humour, comme l’indique leur myspace où ils postèrent une précédente chronique de ma part de cet album, déjà pas très claire et qui prit une toute autre dimension une fois web traduite en anglais, devenant aussi psychédélique que leur musique (c’était l’instant j’me la pète).
Ces gars aiment jammer et cela s’entend sans peine à l’écoute de ces quatre titres qui frôlent souvent la dizaine de minutes quand ils ne la dépassent pas allègrement (l’épique et tumultueuse seconde partie de dragon of the deep). Ces longs morceaux à la progression mouvementée sont un voyage forcé sans invitation dans les méandres barrés d’un space-rock déjanté, où se côtoient Hawkwind, Sleep, Dead Meadow et toute la clique de camés qui peuvent officier dans le genre.
On a beau croire à une accalmie le temps de ‘The Outer Rim’, interlude qui emprunte aux sonorités orientales si cher au genre, il s’agit d’une simple escale avant le grand saut dans l’inconnu et les deux parties d’une demi-heure qu’est le dyptique ‘Dragon des profondeurs’. Totalement épique, cette chevauchée fantastique aux relents acides commence sournoisement pour finir en apothéose, une orgie de sons et de rythmes tribaux.
Véritable carrousel sonique, Mammatus ouvre une faille temporelle entre les chantres psychédéliques de l’age d’or du rock sous LSD et les pointures stoner des dernières années. La révélation de 2006, à suivre de très près désormais.

Le trio d’Auch commence à afficher une bio plus que respectable avec ses trois démos et ses déjà trois albums plus un nombre non négligeable de participations à des compiles hexagonales. C’est sur la nouvelle structure française Eternal Sunrise que cette plaque voit le jour ; les deux autres, épuisées, vont d’ailleurs faire l’objet de rééditions sur ce même label. La distribution est assurée par Dead Bees qui annonce clairement le fait d’être un label de jeunes à guitares et c’est plutôt positif de voir ce genre d’initiatives dans un pays où l’on croyait les rockeurs une espèce en voie d’extinction.
Revenons à nos oiseaux : Mathieu (basse et voix), David (guitare) et Dave (batterie) ont mis en boîte huit nouveaux titres enregistrés par Coriat (Cellscape, ex-Lobe Radiant Dub System), mixés par Yves De Roeck (chant de Openinghtmare) et par Jearc de Marie-Sidérale. Ces nouvelles compositions ne devraient pas choquer les heureux possesseurs de leurs productions précédentes car on retrouve cette empreinte rock bien sauvage tout au long de cette demi-heure de riffs qui envoient bien le bois.
Cette galette débute sur un larsen suivi d’un rock endiablé joué pied au plancher qui flirte avec le punk’n’roll des Hellacopters et le punk tout court des seventies. La batterie métronomique rythme ‘No Fuck Tonight’ de bout en bout et quelques soli agrémentent le tout pour lui donner un rendu plus roll que punk. Encore plus court, mais nettement plus heavy, ‘She’s A Witch’ est un chouette brûlot bien fuzz avec des refrains repris en chœur dans un style proche de Fu Manchu. C’est avec ‘Le Grand Cornu’, qu’on attaque le côté tordu de ce combo qui propose ici un titre lent et couillu que ses parties vocales hyper graves rapprochent du doom. Le côté oppressant de cette composition où la basse vrombit aux premières loges accrochera bien les amateurs de stoner bien dark et pas abordable au commun des mortels. On embraye avec une plage moins suffocante, mais tout aussi burnée : ‘Tales From San Francisco’ dont la partie vocale provient en direct du dixième sous-sol. La rythmique tortueuse de ces chroniques californiennes est traversée de solos bien ficelés qui viennent se placer sur un mur de grattes bien distordues.
‘Nothing’s Better Than A Good Fuck In The Wild’ renoue un peu avec le bon vieux rock bien fuzz et la légèreté du stoner pratiqué par les troupes scandinaves ; un morceau vite et bien envoyé qui précède ‘The More You Fuck’ nettement plus orienté vers les seventies avec son groove imparable dont certains riffs bien appuyés lorgnent vers le hard rock des temps jadis. Un break bien senti, à la limite du funk, vient apaiser l’auditeur avant que la formation ne se relâche dans son style bien débridé. L’avant-dernière compo, ‘Le Culte Des Grands Anciens’, est un brûlot complètement barré sur lequel les parties vocales se placent comme un cinquième instrument dans un déluge féroce que le groupe assène sans retenue en se laissant bien aller sur la fin. Du tout grand art que les grands tordus qui fréquentent ces pages se réjouiront d’entendre. On termine avec l’interlope ‘Doomed To Be Underground’ qui est une belle pièce de sauvagerie débutant tout en douceur sur un petit riff qui va tourner et tourner encore tout au long des cinq minutes que durent ce morceau assez sludge qui s’achève dans un pur bordel sonore savamment organisé par la formation française.
Du tout bon en direct du Sud Ouest !
Quel bonheur que cette galette sortie d’un autre âge. Un âge où le stoner rock pur jus comptait autant de fiers défenseurs que de grotesques plagieurs/admirateurs de Kyuss. The Black Rainbows en est directement issu, en droite lignée en tout cas car le trio rital est récent : fondé en 2005, le groupe reprend le flambeau d’une scène stoner italienne qui, autrefois décomplexée, avait perdu ces dernières années de sa flamme.
“Twilight In The Desert” (il n’y a pas de coïncidence dans le choix du titre) part dans tous les sens, mais ne se répand jamais : rien qui dépasse, le tout est maîtrisé et les repères sont bien là où on les attend. La galette commence par un intro Space, pour mieux voir débouler “Shaman Visions”, brûlot stoner-speed-rageur dans la pure veine des ricains de Solarized (où qu’y sont tiens ceux-là ??), puis “Constellation”, qui pourrait quant à lui figurer en bonne place sur le “Ode To Lo” de Lowrider. C’est avec “Comin’ down to the mountain” que le groupe, qui nous donnait déjà sur les premiers titres la bave aux lèvres, accouche de l’une des pièces maîtresses de cet album : commençant sur un mid-tempo lancinant, rapidement, au détour d’un break impromptu mais bien senti, le morceau d’emballe, s’envole en une furie boogie de haute volée, sur fond de cymbales et de riff acéré.
On enquille ensuite les autres plages de stoner-psyché-space, en dégustant chaque morceau comme une goutte d’un breuvage exquis. On entend ici ou là du Kyuss (“Follow your pattern”, “This road”), du Fu Manchu (“Mind Revo”). Le groupe s’essaye même sur “Don’t trust” au “space-folk”, avec réussite, toujours.
Bref, du stoner comme on en fait plus. Et ça fait tellement longtemps, qu’on avait presque oublié comme c’est bon, quand c’est fait avec sincérité et passion. Certes, le disque n’ajoute rien de franchement révolutionnaire au genre, il pille même sans vergogne les cadavres de ses prédécesseurs, mais il le fait avec talent, classe, et admiration pour ses aînés, et surtout sans complexe. En recherchant le plaisir de jouer, ils nous donnent le sourire aux lèvres, ce qui est assez rare ces derniers mois, ou le morne le dispute au sordide. Une vraie bonne surprise.

The Awesome Machine peut donner l’impression d’être “un des groupes de gros hard rock stonerion scandinaves”, il n’empêche que, même s’ils n’ont pas initié le genre, ils en sont des précurseurs.
En 2000, ils sortent une première galette qui, si elle n’a pas eu l’impact attendu au niveau du public, faisait exploser à la gueule du monde et des avertis une pure bombe musicale.
Le plus marquant avec “…It’s Ugly Or Nothing” est l’assurance de ce groupe, pas prétentieux pour autant, mais au son si affirmé, à la production si franche du collier. 2 ou 3 écoutes ensuite suffisent à mettre en avant l’évidente qualité principale du groupe : l’efficacité de ses compos. Généralement axées simplement sur un gros (énauuuurme) riff et un refrain bien accrcoheur, elles font mouche, on s’en souvient, on les fredonne… Témoins “Son of a God”,Voir aussi avec quelle assurance (pour un 1er album, c’est rare) ils balancent un titre instrumental, quasi acoustique, plutôt lent, spacial (“Cruise control”), immédiatement enchaîné à un pur brulôt, l’un deleurs titres les plus marquants à ce jour, le magnifique “Supernova” : un baroud furieux, rageur, taillé autour d’un riff pachydermique, un hymne immédiat.
Bref, ce disque est magique. Le chant est étonnant de maîtrise et de force, les instrumentistes ne sont pas en reste, et ce que l’on note tout de suite, c’est la marque de fabrique de TAM : un son eguitare bien particulier, fuzzesque à souhait, mais néanmoins très “metal”…Une baffe mémorable, un coup de semonce… en tous les cas un album indispensable.

Magnified Eye, jamais entendu parler. Faut dire que malgré son rapprochement géographique de notre bien-aimée scandinavie (gros géniteur de groupes bien barrés), le Danemark ne s’est que rarement illustré pour sa musique. Voilà donc une galette livrée juste à temps pour remettre les pendules à l’heure.
Magnified Eye est, en effet, un groupe tout à fait enthousiasmant, et leur second album, “Transition”, est rempli (le terme n’est pas galvaudé : 18 titres au compteur !) de chansons étonnamment bien gaulées.
Ce qui surprend dès les premières écoutes, c’est la prod, nickel, impressionnante et couillue, proposant pour chaque titre le son adéquat, avec les sonorités adaptées (léger violoncelle derrière “Fiend”, harmonica régulièrement présent, notamment sur “Amongst Heathens”, “Out of the shadows” ou “In circles”, le son de basse étrangement saturé de “Transition”). Si bien qu’on ne s’ennuie jamais, avec des arrangements travaillés, qui ajoutent une dimension intéressante à ce disque : l’ensemble paraît “riche”, riche de sons, donc, mais aussi riche de compositions travaillées.
On va pas vous la faire, Magnified Eye n’est pas le groupe le plus révolutionnaire de ces 10 dernières années : dans le paysage actuel du stoner-metal typiquement scandinave, Magnified Eye trouve une place de choix, mais ne ré-invente pas le genre. Le chant, par exemple, tout excellent qu’il est, n’est pas monstrueusement original. Idem pour les musiciens, leur maîtrise est absolument impeccable, mais aucun ne se met plus en avant. Tout ceci force à l’admiration (honnêtement), mais l’étincelle qui pourrait faire exploser ce groupe n’est pas tout à fait là. Maintenant, des albums qu’on peut passer en boucle sur son lecteur CD sans s’ennuyer une seconde, et qui caressent si bien les tympans, il n’y en a pas des masses en ce moment. Alors acquérir ce skeud, dans ce contexte, est un acte de salubrité égoïste, mais tout à fait recommandable.
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