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Groupe originaire de Strasbourg, One Night Stand accouche en octobre 2013 d’un premier album autoproduit intitulé « Brothers in the Raw ».
En l’espace de 12 titres, le quintet nous livre une prestation plus qu’honorable. Au programme : du rock n’roll ra(va)geur, des riffs efficaces, un rythmique solide et, à certains moment, une urgence « punk ». A l’écoute de « Speedfreak », de « Glory Hole » ou encore de « Who’s Your Daddy ? », il est évident que nos lascars ont biberonné du AC/DC et autre Motörhead, et ce pour notre plus grand plaisir.
Et même si, finalement, One Night Stand ne révolutionne pas le genre, les morceaux de ce skeud sont accrocheurs et respirent la fraîcheur. Et c’est bien le principal pour passer un bon moment.
Avec ce « Brothers in the Raw » qui ravira les fans de rock old-school, les One Night Stand ne resteront pas longtemps inaperçus. Ils ont d’ailleurs déjà ouvert pour Valient Thorr et Nashville Pussy.
A suivre.
Stonerpope

Oublions les tracas du quotidien voulez-vous ? Faisons fi de la grisaille automnale, hivernale ou printanière suivant la saison où vous lirez cette chronique. Fermons les yeux et projetons-nous sous le soleil bienveillant de l’été. Vous stoppez le moteur de votre véhicule, contemplez la baie de Figari au sud de la Corse et souriez à votre compagne/compagnon/animal de compagnie qui, radieuse/radieux/poilu, vous tend le « Summer Sessions Vol.1 » de Causa Sui.
Paru à la fin des années 2000, l’album des danois pourrait avoir 50 ans tant il excelle dans l’art délicat du psychédélisme. « Vision of Summer », épique voyage acide et coloré, nous embarque pour 24 minutes de transe sensuelle. Articulé autour de quatre mouvements, le morceau réussit la prouesse de nous faire traverser son paysage sonore sans ennui. D’un début hypnotique, développé autour d’un riff répété jusqu’à la transe et son principe de fréquence métronomique, l’on passe à un bon quart d’heure de jam psyché et acidulé piqué de pointes synthétiques. Le final est une explosion orgiaque de prog-rock fiévreux, incandescent. Tudieu ! 24 minutes bandantes oscillant entre Zappa, le Floyd et The Mars Volta. Ces mecs savent composer. A tel point que les trois autres morceaux pourraient passer pour des hymnes punks avec leur « petites » 7 minutes de durée moyenne.
« Red Sun in June » est le cocktail parfait pour se reposer entre deux cavalcades prog, la tequila sunrise de l’album. Un morceau sucré, rafraîchissant, arpégé mais qui monte en puissance au fil des minutes pour aboutir à une cascade de solis baignés de reverb’. Le soleil rouge de juin, celui qui réconforte l’épiderme, qui l’apaise. Causa Sui enchaîne parfaitement avec « Portixeddu » et son groove sud-américain. On pense à Santana période moustache flamboyante, à Gong, à ces jams incessants, aux ritournelles percussives qui explosent l’esprit. La chaleur est encore au rendez-vous mais celle-ci perle le corps de sueur et injecte une grosse dose d’intensité sexuelle avec son saxophone hurlant de plaisir. On ne respire plus dans ce morceau. On exulte, on crie, on s’oublie. La compo stoppe, quasi-net, nous laissant haletant, un peu perdu sur le sable, face à la mer.
« Soledad » solitude, cette infime instant post-orgasmique où l’infinité du monde et l’étroitesse du corps ne font plus qu’un. Le titre clôt le « Summer Sessions Vol.1 » de belle manière. La guitare se fait plus puissante. Causa Sui pousse le gain, simplifie la structure pour mieux nous achever. Plus direct, moins prog, un fade out efficace et puissant qui explose le reste du corps.
En quatre morceaux, Causa Sui vient de composer la BO parfaite pour faire l’amour. Intensité, progression rythmique, cassures, envolées, respiration. Jamais un album n’aura aussi bien porté son nom. « Summer Sessions Vol.1 » n’est pas un disque de surf, non, c’est un album de dune, sensuel et érotique. Un véritable voyage sensoriel et physique que je vous conseille d’écouter lorsque vous préparerez vos prochaines vacances sous le soleil rouge d’été.

Down est de ces combos qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Dès son premier opus en 1995, le quintet américain s’est imposé comme une implacable machine à riff, un dealeur hautement recommandable de rock graisseux. Bande de potes issus de ce que le sud des US a fait de mieux dans les années 90’s (Pantera, Crowbar, EyeHateGod et Corrosion Of Conformity), ses musiciens revendiquent une liberté absolue et un régionalisme identifié, tamponné du Lys et siglé des quatre lettres : N.O.L.A. pour New-Orleans Louisiana, devenus l’ancrage ou encrage de nombreux barbus à travers le monde. Auto qualifié récréation musicale, n’affolant pas les majors et se refusant aux tournées, le groupe assumait sa position de respiration musicale aérant les têtes pleines de riffs de ses rednecks tatoués de membres, devenus prophètes du southern métal à travers les continents. Aujourd’hui les choses ont bien changé. Pantera a été définitivement abattu à Colombus en 2004 et Down, par la force des choses, a remplit le vide laissé par les divins thrasheurs. Désormais entité principale de ses protagonistes, forçant Crowbar, EyeHateGod et Corrosion Of Conformity à modifier leur rythme et leurs habitudes, loi du dollar oblige, la bête déboule en force sur Roadrunner, multiplie les tournées, tire sur la pompe à fric et épuise Rex Brown pour des raisons bassement monétaires.
Down III en 2007 signait le grand retour discographique du combo sans pour autant marquer les esprits aussi durablement que ses deux insurpassables prédécesseurs, mais se positionnant tout de même comme un disque solide, émaillé de quelques pépites passionnantes. A partir de ce moment, Down deviendra un mastodonte du genre, un nom dont on affiche le logo sur la main stage dans tous les festivals pour hommes en noirs et pompes à bières. Alors qu’une suite se fait attendre, Anselmo annonce dès 2011 qu’à en juger par l’état du marché du disque mondial, les nouveaux titres ne sont que prétextes à partir en tournée et que le matériel récemment composé par sa clique sortira à intervalles réguliers sous formes d’EP. Un premier en 2012, vite affublé du surnom de Purple EP puis un second en 2014, sans qu’une couleur dominante ne permette de filer la métaphore pigmentaire.
Entre la publication des deux dits supports, Kirk Windtstein quitte le navire, plus enclin à vivre sa vie de capitaine incontesté et incontestable au sein de Crowbar, son plus fiable navire. A l’heure de l’introspection, la cinquantaine approchant, il semble évident que se dissoudre dans de multiples projets faire perdre de vue l’essentiel. Remplacés par un roadie de luxes (handicapant ainsi Honky, nouvelle formation à pâtir désormais de l’emploi du temps de l’ogre Down), la désertion n’entrave pas la marche en avant du combo mais ne semble pas arranger son déclin en matière de composition. En effet, le premier Ep ne brillait pas autant que les précédents joyaux d’un combo à la discographie hautement recommandable. Pourtant serti de quelques pièces de luxe (« Witchtripper », « Misfortune Teller ») l’ensemble est inégal et semble bâclé. La déception était alors suffisante pour doucher les attentes concernant les trois pièces suivantes, déjà en fabrication.
La question de l’intérêt du second EP apparaît finalement comme presque philosophique, si l’on considère que cette bande de potes, prônant la récréation sans avenir (Down, 1995) ou revendiquant la plaisir de s’enfermer pour des semaines de jams et de défonce (DOWN II, A Bustle In Your Hedgerow, 2002) publie désormais leur musique sous forme d’Ep ou interchange ses musiciens tant que cela permet de respecter le planning. Las de ne pouvoir reformer Pantera à cause des dégâts causés par sa grande bouche au fil des années, Anselmo, brailleur en chef, cumule les annuités, plus conscient finalement que ne semble l’être son public que sa voix montre des signes de faiblesse. Sa reconversion dans le music business via son label (Housecore Records) ne risquant pas de financer ses vieux jours, puisque ce dernier n’a rien compris au retour du support physique de qualité et est de toute façon bloqué par des goûts franchement douteux et une ligne artistique pour le moins contestable.
Down IV part II est donc la résultante de tout ce chemin parcouru sans semer les précieux cailloux qui aurait permis de retrouver la bonne direction, celle du riff qui fait mouche et des breaks qui luxent les nuques les plus entrainées. A l’image du poussif Ep précédent, cette nouvelle fournée n’offre aucun intérêt, versant faiblement dans le heavy métal musculeux, ressassant quelques gimmicks sans jamais n’offrir une pièce de bravoure suffisamment tangible ou un quelconque refrain marquant. Il ne subsiste qu’une impression de bouillie bayou dont les inflexions grassouillettes donnent envie de dépoussiérer les albums précédents, et réentendre les titres poisseux qui ont formé la légende. Le sort réservé à l’écoute de cet album était sellé avant même sa publication, rien de bon n’est possible lorsque l’on verse dans l’auto caricature par nécessité conjoncturelle.
A ceux qui me répondront qu’il fait du bien d’entendre de vieux amis revenir avec du matériel neuf, je leur suggère de réfléchir à ce que Down nous prive et nous a privé pendant tant d’années en éloignant des musiciens talentueux de leurs amours premiers. Crowbar, Corrosion Of Conformity ou EyeHateGod sont tous de retour ces derniers temps avec des opus bien plus intéressants que ce fatras métallique tiède comme une Bud depuis trop longtemps sortie de la glacière.

Southern Badass, avec un nom pareil on s’attend à un groupe de stoner metal dans ce style si prolifique et populaire il y a 2-3 ans ou le nombre de musiciens français en chemise à carreaux se revendiquant de la scène nola pullulaient.
Et bien aussi incroyable que ça puisse paraître c’est le cas ! Mais et j’insiste sur le mais car il a son importance : ici tout est revendiqué et assumé. Du coup on arrive à rentrer dans la musique et à apprécier ce mélange sans prise de tête.
L’album est assez classique et efficace avec des références aux groupes des années 90. D’ailleurs dans les influences citées on retrouve Down, Corrosion Of Conformity, Sasquatch, Metallica et Black Sabbath. J’ajouterais Ugly kid joe et ZZ top pour le coté fun et à la cool .
Bien qu’un peu long on se retrouve à hocher la tête tout le long de l’album et pour le style pratiqué j’ai envie de dire que c’est un signe que le but est atteint !
En fait non, parfois on arrête de taper du pied et on s’évade dans les plaines de l’Arizona, c’est à ces moments que je comprends pourquoi il est également noté Enio Morricone comme source d’inspiration, jetez une oreille sur “Dusty road” pour avoir une idée de ce dont je parle.
Petit bémol sur la production, le son est peu trop froid pour être adapté à la zik, c’est très correct mais on sent le home studio. Plus précisément sur la batterie qui est un peu trop sèche et impersonnelle, en dehors de ça les guitares pourraient être plus massives mais rien de catastrophique à ce sujet. Niveau chant, le panel est assez large et malgré un léger manque de conviction ou de maîtrise sur certains passages on sent que le maître à pensées du projet se fait plaisir !
Et oui, derrière ce groupe il n’y a qu’une seule personne, c’est assez rare dans ce milieu pour mériter d’être souligné.
C’est un peu dommage de se dire qu’on ne verra donc pas le groupe en concert mais puisque ça fonctionne ainsi pourquoi demander autre chose ?
Chaque morceau raconte une histoire, cowboy, sorcières, sud profond, pinard, marécage et compagnie, à chaque changement de piste on pénètre un peu plus dans la boue d’où est tiré ce disque.
Typiquement le genre de groupe qu’on écoute en soirée, entre potes en buvant quelques bières et en s’efforçant d’aborder les sujets les moins prise de tête qu’on ait en stock afin de passer une soirée bien cool.
Mon prof de géo vient de m’appeler et me confirme que je suis toujours aussi nul : que Pau est bel et bien une ville appartenant à la Louisiane … et moi qui croyais pouvoir y aller en voiture cet été …
Sylvain

Le cas Ed Mundell est un peu particulier. Propice à tous les clichés putatifs, le bonhomme n’est finalement jamais allé où l’on pensait qu’il irait. Ce petit cirque de dupe a commencé avec son départ de Monster Magnet en 2010, après 18 ans de bons et loyaux services, et alors que le groupe, avec la sortie de “Mastermind” chez Napalm, voyait un gros coup de boost dans sa carrière. Pas malin (ou en tout cas pas carriériste). Mundell rejoint son épouse en Californie, de l’autre côté du pays, une zone géographique réputée propice aux échanges entre musiciens. Bingo, quelques mois plus tard on apprend la formation de 9 Chambers, sorte de super combo de hard rock californien calibré, où Mundell riffe aux côtés de mercenaires tels que Vinnie Appice ou le bassiste Jorgen Carlsson (Gov’t Mule). Le projet a pudiquement basculé dans un oubli mérité, pendant lequel Mundell a fourni des soli ici ou là chez des potes. En 2011 toutefois on apprend la création de son nouveau projet, “The Ultra Electric Mega Galactic”, un chouilla plus excitant sur le papier, puisque trio instrumental, notamment doté du groovy batteur de Sasquatch, Rick Ferrante. Salive.
Mais il aura quand même fallu attendre deux ans pour que le grand blond ne produise la première galette de son power trio. Dès les premières nappes spacy de “Unassigned Agent X-27”, dotées d’un spoken word du maître scribe de la science fiction US Harlan Elisson, on comprend bien qu’on va aller péter à quelques encablures au dessus de la stratosphère. “Exploration Team” et son riff décoiffant nous confirment notre constat. Diantre, que ça joue bien ! Evidemment, la gratte surnage (faut dire que pour apporter un peu plus de volume à ses titres, le bonhomme n’hésite pas à superposer les lignes de guitare au mixage – c’est un peu de la triche pour un power trio, non, Eddy ?). Mais derrière aussi, la boutique tourne bien : la paire rythmique produit une montagne de groove, un truc massif et sexy à la fois. Déjà, Ferrante fait preuve d’une subtilité dans son jeu qu’on ne lui connaissait pas, rock, metal, space rock, jazz, blues… son bagage musical est bien rempli, et il pioche dedans avec justesse et talent. Première bonne surprise. La seconde vient du peu connu Collyn McCoy, un bassiste remarquable, lui aussi opérationnel sur des lignes de basse rondes et grasses, mais aussi sur des jams sinueuses avec Mundell, ainsi que des passages lead avec un son hyper saturé. Au final, Mundell est le seul des trois qui s’avère prévisible, en tout cas bien là où on l’attendait. Sorte de Satriani du space rock, le gars aligne sur chaque titre une poignée de riffs bien sentis, et s’engage assez rapidement (et quasi systématiquement au bout de quelques mesures de chaque titre) dans des espaces musicaux plus aérés, où les espaces sont vite remplis par des jams impeccables d’efficacité et de robustesse, festivals de Wah-Wah nappés de basse rondouillarde et de vols de cymbales… Et du coup, on ne s’ennuie pas, et ce malgré l’absence de chant, que l’on n’a jamais vraiment l’occasion de déplorer.
Dans ce déluge de notes, difficile de voir ressortir des titres en particulier, même si – notons-le – on ne s’ennuie jamais au regard de la variété des compositions présentées. On remarquera par exemple le robuste “7000 Years Through Time” dont la ligne de basse rappellera les meilleures heures de Karma To Burn, ou un exemple de la variété du disque, avec l’oriental “The Man With A Thousand Names”. Mais on pourra surtout mettre en avant le roboratif (presque douze minutes) “The Third Eye”, qui pourrait à lui seul résumer l’album : un hymne space rock porté par un riff quintessenciel absolument grisant, qui fait office de booster de fusée, pour emmener vers l’espace un premier tiers de morceau redoutable d’efficacité. A l’arrivée des quatre minutes, les moteurs à poudre se détachent, et le premier étage de la fusée se barre petit à petit pour amener les trois bonhommes dans l’espace vers une orbite gravitationnelle qu’ils ne quitteront donc qu’au bout d’une petite douzaine de minutes de jams superbes.
Même si ce n’est pas le disque du siècle, l’album du trio (chiche qu’on arrête de considérer que c’est juste le disque de Mundell et de ses potes ?) est une excellente surprise. Sorti sur un label approximatif, supporté par une distribution anémique, gageons que ses ventes confidentielles ne permettront pas au trio de rafler une poignée de disques d’or. Mais après avoir vu les gaziers en live convaincre des centaines de personnes à la fois à chaque prestation, il semble que le groupe semble s’engager sur un parcours de carrière raisonnable, humble, construit à la sueur et à la force du poignet. Une attitude remarquable, saluée par un album à sa juste dimension.

Alors que l’on trouve bien quelques combos canadiens de grande qualité dans nos pages virtuelles, les groupes québécois en particulier, eux, y sont rares. Heureusement, on a dégoté les p’tits jeunes de Sandveiss pour faire changer les a priori sur le pays des caribous (et hop, cliché n°1, check, ça c’est fait). Le quatuor s’est formé il y a moins de trois ans – on s’attend donc un peu à un groupe en phase d’apprentissage, à une poignée de chansons un peu dépouillées qui permettent de semer des graines prometteuses, au mieux. Genre “c’est bien, faut encourager les jeunes”. Sauf que non : c’est un “vrai” album que nous sert ici Sandveiss, avec un vrai gros son, pas moins de huit vraies compos matures, et une qualité d’exécution sans faille.
Clairement, il s’agit ici d’un disque autoproduit qui par sa qualité pourrait sans problème se défendre face à des disques qui sortent sur des labels pros. Musicalement, les bonhommes évoluent dans un gros hard rock graisseux, une sorte de mélange de gros stoner “à l’américaine” (typique de leurs compatriotes Monster Truck par exemple) et des groupes de stoner patibulaires particulièrement emblématiques des pays scandinaves d’il y a quelques années (Honcho, The Awesome Machine, les premiers Sparzanza…). Le tout est enrobé d’une prod classieuse, puissante et claire, de toute grande classe.
Les compos ne sont pas moins robustes, apportant la preuve par neuf de la compétence du combo québécois dans ce domaine. On mettra particulièrement en avant “Scar” et son gros refrain fédérateur à scander en chœur (ainsi que son break percus / solo du meilleur effet) ou encore le pachydermique “Bottomless Lies” qui se permet le luxe insolent d’accueillir un solo aérien, presque suraigu parfois, sans que ça ne perturbe la structure du morceau par ailleurs lent et sombre. On pourra avoir quelques réserves sur l’aspect parfois un peu systématique de la structuration des chansons (le passage break/solo aux deux tiers du morceau…), mais ça ne perturbe pas vraiment, et l’âge les incitera probablement à tenter des choses différentes avec le temps.
Quant à la maîtrise instrumentale des zicos, elle n’est pas à remettre en cause, ça joue dru, c’est vif et acéré, c’est carré et pointu à la fois… Le chant de Luc Bourgeois est lui aussi inattaquable, puissant et efficace dans tous contextes. Une fort belle exécution vraiment.
Même si le groupe n’évolue pas dans un stoner pur jus tel qu’il peut s’entendre dans les plaines du haut désert californien (difficile d’attendre la même ambiance musicale de la part de bonhommes qui vivent la moitié du temps dans des températures négatives…), cet album est susceptible de plaire à bon nombre de stoner heads, pour peu qu’ils apprécient les gros riffs “à l’américaine” (rien de péjoratif), le gros son, et globalement le stoner un peu plus “policé” et propre sur lui.

La scène Sludge américaine regorge de formations cultes à la musique aussi radicalement poisseuse que dangereusement indispensable. De Weedeater à Sourvein, le moindre Redneck, racaille du sud des Etats fédérés, paye un lourd tribu à l’un des plus illustres précurseurs de cette coulée de boue empruntant au punk hardcore autant qu’au heavy metal ou au southern rock : EyeHateGod (EHG). Un groupe pour qui il ne sera pas vain d’utiliser le mot gang, eut égard aux casiers judiciaires de ses protagonistes. La formation de NOLA est la quintessence de ce que l’on appelle un groupe culte : après avoir dessiné dès 1988 les contours d’un genre musical, le quintet livre trois opus considérés comme des références et reste l’un des groupes les plus créatifs des 90’s, jouissant d’un succès critique honorable mais d’un rayonnement trop discret. Installés comme l’un des fleurons de la scène metal alternative américaine, EHG se torpille à l’aube du siècle nouveau, la faute à l’ouragan Katrina, aux démêlés judiciaires et narcotiques de Williams ainsi qu’aux incessantes tournées de Down pour Bower auront plongé la misanthropie musicale de ce fabuleux combo dans un coma narcotique sans réveil programmé. Il était écrit qu’EyeHateGod ne devait pas voir les années 2000.
Pourtant, après la sortie de prison de Mike Williams le combo donna quelques shows éparse et il fallut que le Hellfest en 2009 réunissent tout un tas d’improbables conditions (incluant une dérogation à l’ambassade des Etats-Unis et l’invitations de tous les groupes de la scène NOLA) pour permettre à l’improbable éventualité d’un concert d’EHG en Europe de devenir une réalité.
Lorsque l’annonce d’une tournée et d’un nouveau single (« New Orleans is the new Vietnam » ) en 2012 finirent de réveiller une bête depuis trop longtemps assoupie et les espoirs d’un retour définitif des maîtres du sludge sur le devant de la scène devenait enfin une réalité. Malheureusement, le décès brutal du batteur Joey LaCaze au lendemain d’une tournée Européenne qui a sillonné la France plus que décemment, semblait porter l’estocade à un combo jusque là habitué à changer seulement de bassiste.
Reste que la meilleure façon de rendre hommage à un musicien est encore de continuer à faire vivre ce à quoi il a contribué. Ainsi, alors que les pistes enregistrés avec Billy Anderson l’année passée ne semblaient pas convaincre Mike Williams et sa clique, il fut confié à Stephan Berrigan de reprendre l’affaire en main, le tout dans le studio d’Anselmo, qui publiera d’ailleurs aussi l’album via Housecore Records. Les parties de batterie de LaCaze seront conservées, parfois retouchées par son remplaçant Aaron Hill mais les autres pistes seront revues par celui qui est derrière les deux derniers Ep de Down ou les enregistrements d’Anselmo & The Illegals. Nommé sobrement du nom du groupe, comme un testament mais pas seulement, ce nouvel album, 18 ans après le monument Dopesick, est une bénédiction, d’autant plus lorsque l’on se remémore toutes ces péripéties.
A l’image de la force de frappe déployée par « Agitation ! Propaganda ! » (EHG a toujours eu du goût lorsqu’il s’agit de débuter ses opus avec brutalité), cette quatrième livraison est un concentré de savoir faire made in bayou. Enchainant breaks massifs (« Worthless Rescue ») et saillies marécageuses en terrain doom (« Robitussin and Rejection » rhabille la dernière décennie de Down), EyeHateGod se permet même d’envoyer quelques riffs originaux (« Nobody Told Me ») dans un genre qui n’est pas voué à se renouveler, se replaçant tranquillement en patron, écrasant la concurrence de son évidence supériorité. Puisqu’il est d’usage de mettre un titre plus en avant que les autres, « Parish Motel Sickness » a des allures de chefs de gang, épais comme une peau d’alligator tannée et vicieux comme une cuite au bourbon.
Résonnant comme un hommage post mortem à l’une de ses pièces maitresses tragiquement disparue, cette nouvelle livraison apparait également comme une renaissance, tel que son titre – tout en sobriété – et son écrin permet de l’envisager. EyeHateGod démontre avec brio que l’on peut être classieux sans perdre une once de hargne, exercice qui ici relève du génie.

En provenance direct de la perfide Albion… ah non c’est de la sympathique Albi en fait, voici Gasmoney ! Faut dire qu’avec en jaquette un barbu à l’œil vif se délectant d’une bière (que l’on sent fraîche) et des annotations pour chaque membre du groupe qui dénote d’un certain sens (et d’un sens certain) de l’humour, il ne pouvait rien avoir de perfide dans cette offrande musicale ! Réunion de leurs deux premiers EP pour un total de 6 morceaux, ce disque offre 23 minutes de délectation semblable à une bonne bière fraîche (on y revient) un soir d’été caniculaire. Le son est chaud et limpide (un grand soleil dans un ciel bleu) et les chansons sont bien fraîches. Une voix qui rappelle le rock indé Anglais de ces dernières années, ce petit charme désuet d’un petit accent couplé à un phrasé « nonchalant ». Des compos bien ficelées, des refrains accrocheurs, des mélodies efficaces, pour un premier millésime, ça sonne bigrement bien.
Parce que nos Albigeois démontrent au fil de ces six morceaux un stoner classieux. Celui qui est au plus proche de ses racines blues. Mais un blues qui a su digérer les décennies de musique à fort volume et qui transpire la sincérité. Pêle-mêle on pense à QOTSA, Soundgarden, Led Zep et aussi (et ceux qui me connaissent reconnaîtront là un grand compliment) à Clutch. Cette classe du « qui peut le plus, peut le moins ». Pas d’esbroufes chez Gasmoney, des riffs justes qui entrent en têtes, des arrangements simples (mais pas simplistes) et du feeling. On sent le potentiel et l’osmose qui se dégagent entre les membres du groupe.
Alors on n’excusera un ou deux refrains un peu trop « léger » à mon goût parce que toujours contrebalancés par un pont groovy ou un riff boogie qui ne peuvent que résulter à une frénétique envie de battre du pied. Chaque chanson recèle sa surprise et son lot de subtilité. Vous pouvez l’écouter en boucle que vous ne vous lasserez pas. Ca se boit comme une bière bouteille glacée mais ça se déguste comme une bonne bière pression d’abbaye.
N’y allons pas par quatre chemins, c’est un album qui fait du bien. La France a du talent. Beaucoup même. Des groupes il y en a pléthore, de qualité il y en a moins, qui sont reconnus et de qualité alors là ba euh voilà quoi… Un premier vrai album est en chemin, du stoner blues de cette qualité : je suis preneur!
Ain’t One

Quatrième album solo de ce touche à tout qu’est Brant Bjork et très certainement son album le plus personnel à ce jour. Il est, j’en conviens, assez bizarre de parler d’album plus personnel lorsqu’on sait que, tout comme pour ses trois précédents efforts, Brant enregistre la quasi totalité des instruments seul. Mais Local Angel est assurément un album bien plus intimiste. Dans cet album plus épuré que ces précédents opus, Brant s’attarde plus longuement sur la guitare acoustique et réduit les arrangements au plus simple appareil. L’ensemble sonne alors parfois un peu simpliste et risque de décevoir certains auditeurs qui s’attendent à un album rock.
Point de guitare électrique ni même de batterie sur certains titres et ceux qui en comportent ne sont pas des plus rock’n roll.
Local Angel est un album que vous prendrez plaisir à écouter pour vous détendre, pour vous relaxer et Mr Cool nous offre ici de quoi l’être. Les amateurs de son second album pourront apprécier par ci par là quelques sonorités qu’ils prendront plaisir à retrouver. Mais passez votre chemin amateur exclusif de grosse guitare, de batterie que l’on matraque sans pitié. Brant est à mille lieux de cet état d’esprit. Soyez prévenu.

Fange, Poisse, Grêle molle, Ammoniac, nuances de gris, âmes tourmentées, larsens, si avec tous ces indices tu t’attendais à du Stoner-rock tout beau tout chaud c’est que t’es vraiment à coté de la plaque … ici on aime quand c’est sale, que ça bave, que ça suinte et que ça renifle. Si toi t’es plutôt adepte du rock sage qui plaît aux filles, va falloir refourguer ce disque à un de tes potes rapidos sinon tu vas t’enfiler une petite déprime de derrière les fagots.
Maintenant qu’on est au parfum, partant du principe qu’on aime ça. De toute façon j’aime ça alors bon je vais pas faire semblant hein ? Plus c’est crados, vicelard et déprimant ou haineux, plus j’accroche alors bon allons y.
Avant d’appuyer sur play j’avais déjà une vague idée de ce qui m’attendait, évidemment, les gars ont commencé à faire parler d’eux avant même d’avoir sorti quoi que ce soit, et vas y que untel joue dans Huata, et machin dans Brain pyramid et que tout ce petit monde aime Iron Monkey, les Melvins et Halo (merde je suis pas le seul à aimer ce groupe !).
Bon pour être franc à la 1ere écoute j’ai été un peu déçu, c’était à partir des mp3 promo, dans une bagnole et pendant le boulot, conditions optimums quoi ! Pour commencer le son m’a semblé hyper brouillon, des cymbales hyper en avant et une voix complètement noyée derrière le reste pour un rendu un brin bordélique … bon c’est pas gagné, je vais attendre de recevoir le cd, c’est plus prudent.
J’ai bien eu raison, les cymbales reste ultra présentes mais hormis ce point, le rendu est bien plus cool que j’en avais peur. Un son cradingue mais adapté au contexte et une atmosphère bien opaque pour nager entre crust, black, sludge et quelques touches de doom.
Une impression de brume, de brouillard et d’enfermement prend au fur et à mesure que les morceaux s’enchaînent, l’image d’une cave humide en parpaing nu ou on te forcerait à écouter du Electric Wizard et du Black Shape of Nexus en même temps se dessine… bonjour la partie de plaisir !
Le disque a un coté très sérieux, en général quand on cite les Melvins il y a toujours un coté à l’arrache et cool, ici absolument pas, on reste dans l’esprit black underground, sombre et pas déconneur pour deux sous. Un peu à la façon Pig destroyer sur Prowler in the yard ou avec Terryfier, une sorte de mise en scène dont on ne sort pas.
J’imagine qu’en live ça doit être une autre histoire, tendance parpaing et migraine en fin de soirée. J’espère voir ça sans tarder ! Vu comme c’est parti l’occasion ne devrait pas tarder.
Je vais finir la chro comme l’album, de manière brusque et presque sans prévenir.

Blood Red Water, quartet venu tout droit d’Italie, ne fait pas dans la gaudriole. Pourrait-il en être autrement d’un groupe dont l’artwork représente une bête à cornes vindicative entourée de gens en train de vivre, manifestement, un moment pas cool ?
Les cinq titres qui me coulent dans les oreilles sont lents, gras, lourds, influencés par Electric Wizard et un je-ne-sais-quoi de grunge, ce sens de la mélodie et de l’intro en son claire, notamment sur Megalophobia. BRW fait dans l’doom, dans le riff lancinant et répétitif mais en insufflant suffisamment de groove dans ses lignes pour que les morceaux ne tombent pas dans la monotonie pachydermique. Je reste sur ma faim concernant la voix. Elle est, à mon sens, un peu « surjouée» et trop étirée. Par contre quand elle rencontre des lignes de guitares plus binaires et moins liées, elle prend du corps et du coffre, en particuliers sur The Outstanding loss et Bad Trip in a Toxic Mind.
Ah ! Bad Trip in a Toxic Mind, si l’on doit retenir un morceau de cet EP c’est bien celui-là, notamment à partir de 3min29 (la précision est chirurgicale vous en conviendrez) où le groupe fait preuve d’une insolente compétence à ériger des murs de sons épais comme la matraque d’un CRS. Tout concorde dans cette fin à vous fouetter le faciès, la ligne de basse sourde, la voix qui, enfin, rugit naturellement, la mélodie dégoulinante et cette guitare soliste bien noise comme il faut.
Cette guitare est d’ailleurs l’un des bons points de l’album. Elle ne verse pas dans le solo chiant mais se fait constamment bruitiste, criarde, apportant une touche d’aiguës biens sentie dans le spectre sonore très grave des italiens. Je rajouterai à ça le timbre de la caisse claire, j’aime sentir le fût sonner (on ne rigole pas !).
Blood Red Water finit sur Thundersnow in Venice, histoire de faire comprendre que leur ville est trop petite pour eux et qu’ils partiraient volontiers faire dégueuler leur grattes partout sur la route.
Un bon EP donc, un groupe sympa aussi qui mérite qu’on lui ouvre les Alpes en deux pour les découvrir par chez nous.
Flaux

En provenance de la lointaine Australie, voici venu Jupiter Zeus.
Entre heavy et stoner ambiant l’album démarre sur un morceau tendance épique qui n’est pas pour me déplaire (j’ai de nouveau 15 ans !) la voix flottant au dessus de ce morceau ajoute un effet bien sympa et laisse augurer du meilleur pour la suite.
Malheureusement ce n’est pas le cas. Si la voix rend très bien sur les passages calmes ou lorsqu’elle se pose en nappe et est soutenue par le clavier ce n’est pas la même chose le reste du temps. Assez souvent elle se contente de suivre les riffs de gratte et lorsqu’elle n’est pas un peu trop hachée on se surprend à décrocher du fait de lignes un peu fades et lassantes.
En ce qui concerne la musique, on navigue entre deux eaux : une palme dans le heavy, une dans le stoner bien propre, et une dans le hard fm (oui je porte 3 palmes lorsque je me mets à l’eau, on est jamais trop prudent). Pas de chance, le heavy me laisse de plus en plus froid et le hard fm ne m’a jamais parlé…
A coté de ça, le son est assez cool quand le groupe tape dans le metal à la Grand Magus, lourd, sec et efficace.
Certains arrangements sont bien plaisants, comme l’ajout d’un synthé ici ou là, une mise en place bien sentie avant d’arriver à un refrain ou ce genre de chose. Par contre les morceaux se perdent parfois dans l’empilage d’idées, on passe d’un plan qui fait taper du pied à un autre où on a envie de soupirer pour repartir sur une interlude bancale avant d’arriver sur un couplet bateau et à moitié pop… un peu plus de concision aurait raccourci les chansons mais les aurait rendues plus digestes à mon sens.
Si je voulais avoir l’air prétentieux je leur conseillerais de bosser la cohérence des compos, de laisser le hard fm de coté, les ballades pompeuses, et de se concentrer sur leurs penchants heavy. Et même si je ne suis pas agent immobilier je me permettrais de dire que le groupe possède un certain potentiel, ne reste plus qu’à le développer.
Pendant que j’y suis, je m’enfonce un peu plus et je conclurai sur cette déclaration : bon ben c’est pas divin cette histoire…

Bon, Greenleaf, donc. Je sais pas s’il faut vous la refaire, on va donc la jouer express : all star band, stoner, groupes plutôt scandinaves, noyau dur = Dozer. Voilà, en gros quoi. On vient de gagner cinq minutes, bien mieux mise à profit pour écouter ce très bon album. Le statut du groupe reste assez nébuleux, si ce n’est que les années passant, on constate qu’il prend presque plus d’importance que son père adoptif Dozer : fréquence d’albums plus resserrée, tournées en bonne et due forme (alors que l’on n’avait droit jusqu’ici qu’à des concerts ponctuels, quasi événementiels, du coup)… Et puis après avoir discuté avec le père Tommi Holappa, le bonhomme ne cache plus vraiment qu’il place Dozer en seconde priorité lorsque Greenleaf est “actif”… A voir maintenant ce que l’avenir nous réserve.
Ce “Trails & Passes” en l’occurrence, voit enfin le line-up du “projet” (“groupe” ?) se renouveler largement depuis l’album précédent, avec l’incorporation de deux nouvelles têtes : Sebastian Olsson à la batterie (un batteur suédois peu renommé, dont on retrouve la trace il y a de nombreuses années dans des productions death metal de jeunesse, mais plus récemment chez les stoner-progueux 70’s de Thalamus), et Arvid Jonsson au chant (chanteur de groupes aussi obscurs que Humfree Bug Art, Mozkovitch…). Un frisson d’excitation nous parcourt l’échine à la perspective de cette prise de risque, c’est bien.
Bon, ladite prise de risque s’avère limitée, car dès les premiers accords, on entend bien que le groupe ne s’est pas fondamentalement remis en question musicalement : le quatuor suédois propose toujours la même veine de stoner bien classique et propre, avec des connotations blues rock groovy typiques des années 70. Et de ce côté-là, Holappa connaît son affaire : ses compos sont impeccablement ciselées, et arrangées au scalpel. Ca respire tout autant le talent que le professionnalisme. On est embarqués dans une affaire sérieuse, ce n’est plus un projet un peu hasardeux.
Là où à mon avis le bât blesse un peu, et les premiers avis sur l’album me paraissent passer sous silence ce point, c’est clairement sur la performance vocale de Jonsson (alors que l’on ne prend jamais Olsson, le nouveau batteur, à défaut, lui : son jeu est riche, varié, carré… en un mot parfaitement adapté). Le chanteur est toujours sur la retenue, il chantonne tranquillement dans son coin, il se bouscule pas… Là où la performance de Cedermalm nous avait techniquement bluffé sur la galette précédente, clairement on a descendu plusieurs marches ici. Du coup, ben tous les artifices de production viennent enrober, soutenir, compléter les lignes vocales un peu faméliques (et insipides) du bonhomme : chant en canon discret sur “Ocean Deep”, chœurs, effets divers et variés (écho / delay, reverb, etc.)… n’en jetez plus ! Faut voir le gars tout tranquille porter timidement un titre comme “Our Mother Ash” (posture presque criminelle alors que les sonorités soul étaient propices à pousser la voix au taquet dans des envolées puissantes), tuer le refrain de “Humans” (qui aurait mérité un excès rageur et puissant, qui devient penaud et poussif) ou du sublime “Bound To Be Machines”, d’une mollesse énervante.
Mais derrière cette lacune ponctuelle, se cachent quand même une forêt de compos prodigieuses, qui ne prennent pas complètement ombrages d’un chant un peu sous-performant. On l’a dit, Holappa est un compositeur hors pair, et cette galette ne fait pas exception (ne nous leurrons pas, même si le groupe entier est crédité pour le songwriting, tout le monde sait bien qui est la machine à riffs dans le quatuor…). Les neufs chansons sont très variées, tantôt heavy tantôt groovy (souvent les deux), les compos sont aussi performantes sur des tempos rapides que moyens… En tant que gratteux, le MVP de la rondelle tire là aussi son épingle du jeu notamment en distillant des soli empreints d’un feeling remarquable (voir le super-groovy solo basse-guitare de “Ocean Deep”, le déluge de wah-wah sur “Humans”, mais aussi “The Drum” ou le lumineux “Trails And Passes”).
Bref, on est quand même là sur un album de très haut niveau, porté par quelque chose qui ressemble plus que jamais à un vrai groupe (d’ailleurs, on pourra les voir en chair et en os sur les planches sous peu…), et même si pour des raisons que je ne vais pas rabacher ici je ne pense pas qu’il s’agisse de la meilleure production du combo (ou en tout cas de la plus solide), ce disque est déjà l’une des sorties remarquables de l’année. Pas complètement indispensable, mais foutrement jouissif. Vous en tirez les conclusions que vous voulez…

Pour cette chronique, replaçons nous dans le contexte de l’époque…
Petite soirée entre ami chez Feeb, l’excellent batteur de Glowsun. Forcément chez lui, c’est l’assurance que la musique de fond sera de haute volée et que vos oreilles vont se régaler autant que votre gosier. “C’est moi ou c’est le même morceau qui tourne depuis un petit moment là”… réponse de l’intéressé : “c’est le dernier Earthless, tu ne l’as pas encore écouté?”. Parfois je me demande bien comment je peux passer à côté de choses comme ça… heureusement que les amis sont là pour vous aider!
Donc le voilà, après le monumental Sonic Prayer, voilà le tout nouveau Earthless qui s’offre à moi. Et mes amis, c’est tout bonnement le disque de l’année. Rhythms From A Cosmic Sky est un chef d’oeuvre absolu, un monument à la gloire du jam, du riff et du fuzz. C’est la pépite absolue. Sonic Prayer m’avait franchement emballé, celui ci enfonce non seulement le clou mais repousse encore plus loin les limites du jam comme on les aime.
Godspeed… durant les 3 minutes de l’intro où chacun fait un peu ce qu’il veut dans son coin, on sent que la pression monte, on sent qu’il va se passer un truc, c’est inévitable. Et là, sincèrement, c’est le trip complet. La première fois que vous entendrez ce riff de dingue, cette batterie déchaînée et cette basse qui assure méchamment vous aurez l’impression de toucher à l’essence même de ce que l’on appelle le stoner rock.
C’est quoi pour vous le stoner? Pour moi c’est Godspeed de Earthless à 2 minutes 58. Tout est dit, tout y est.
Et la prod mes amis, mais quelle prod! C’est un bonheur comme il en existe peu d’écouter telle musique si bien rendue.
Et puis voilà, la machine est lancée, ça riff de partout, ça tape sur les fûts en veux tu en voilà, ça torture ses cordes de basse à vous en donner le tournis. C’est un truc de dingue. Et puis mine de rien on avance dans le morceau et on se retrouve vers 6 minutes avec un riff qui me donne la chair de poule instantanément.
On change de mouvement un peu plus loin (il y a 5 parties distinctes dans ce titre) et on continue dans les trouvailles et variations absolument gigantesques. Ce morceau est un chef d’oeuvre, un incontournable immédiat.
Sonic Prayer commence (c’est au passage le titre du premier album)… Je suis illico plongé dans le bain. La ligne de basse est hyper efficace, la guitare vient vous piquer les tympans… On est sur du tempo plus lent pour commencer et ça sonne tellement bien. Beaucoup plus atmosphérique que le premier titre, celui ci vous donne une autre étendue des possibilités de ce groupe. Un titre très bien écrit et construit. Earthless a décidément tout pour devenir à mon sens le meilleur groupe instrumental dans notre genre musical de prédilection.
A noter sur la version CD un titre bonus, Cherry Red, une excellente reprise de Tony McPhee.
Earthless, Rhythms From A Cosmic Sky, déjà un incontournable.

Le trio Lorrains Blondstone mérite une grosse quantité d’adjectifs. Un son excessivement lourd et puissant aux influences Stoner et Grunge. Une voix nonchalante capable d’intensité, de délires, d’intimité, de mélancolie et là encore de puissance. En fait, le groove au sein de la formation est tout simplement phénoménale. Ce premier album provoquera les mouvements frénétiques des membres de tous les organismes dans le périmètre d’impact des fréquences sonores. On note aussi des passages atmosphériques et psychédéliques (« Danze Me”) pour nous faire planer juste ce qu’il faut. L’album est d’une homogénéité absolue et ne dénote aucun remplissage sur les 11 morceaux qui le compose. Ils s’enchaînent avec facilités grâce à de subtiles transitions (« Lazy” suivi de « All My Flaws”). La production aurait difficilement pu faire mieux. Les morceaux ont été enregistrés en live avant mixage ce qui me permet d’utiliser un nouvel adjectif : authenticité. On ressent très bien le sentiment d’urgence latent qui nous fait d’autant plus apprécier les montées et les explosions qui suivent (« Shoot Shoot Shoot”). On pourra retrouver de nombreuses influences tout au long de l’album et certaines sont plus évidentes que d’autres (QOTSA et en particulier « I Think I Lost My Headache” sur « On Your Own”), mais la vision du groupe est toujours présente. Ces mecs sont capables de tenir la comparaison avec leurs modèles, oui. Pour ne rien gâcher, l’artwork est bien cool.
Quand j’ai relu le premier jet de cette chronique, je me suis dis que je m’étais enflammé. Puis j’ai de nouveau écouté l’album et j’ai compris que c’était normal.
Cosmic Mo
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