Spider Kitten – Cougar Club

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Cougar club.
Non, c’est pas ce que je pense ?
Ben si.
La pochette le confirme, on parle bien d’un lieu où un barman torse nu sert des verres d’absinthe à des femmes d’âge mûr en quête d’un petit jeunot à se mettre sous la dent.
Entre cette pochette (d’ailleurs très bien foutue, sobre et classe) et le nom du groupe, on comprend d’office qu’on a affaire à un groupe de mecs qui n’ont pas peur de déconner. Plutôt rare dans cette branche Stoner/Doom. On imagine mal Electric wizard intituler son prochain album «granny’s little secret» par exemple…
En fait c’est particulièrement présent dans leurs pochettes, photos, et leur façon de communiquer (avec le cd j’ai reçu un petit mot sur lequel était dessiné à la main une araignée barbue en train de fumer la pipe…) niveau zik par contre, aucune raison de ne pas les prendre au sérieux.
On tape dans un registre lourd mais mélodique et aérien, c’est sans doute pour ça que je parlais d’Electric Wizard juste avant . On y retrouve ce coté doom enfumé propre aux Anglais (qu’ils sont également) mais sans le côté seventies. Ça fait du bien au milieu de tous ces groupes qui tapent allègrement dans cette vibe nostalgique.
Il s’agit là d’un disque assez court, 5 morceaux pour 37 min et 37 sec (tiens… c’est soit un truc ésotérique soit c’est juste marrant . Au choix) chaque morceau possède son identité et son feeling propre, du coup le tout semble plus riche et plus dense que ce à quoi on pourrait s’attendre.
Ce qui lient les morceaux et donne une cohérence à l’album ce sont cette voix bourrée de delay ainsi que les rythmes lancinants qui reviennent immanquablement.
La voix est d’ailleurs un des points fort de ce disque, on sent que le groupe a du vécu et que le sujet est maîtrisé. L’autre qualité évidente est la prod, simple mais bien foutue et adaptée au groupe. Chaque élément complète l’ensemble et trouve sa place .
Je regrette le côté trop propret de la batterie mais on est quand même loin d’une superproduction à la ricaine et ça reste très crédible.

Ce coté froid et propre du son associé au coté répétitif des compos rappel vaguement les vieux groupes d’indus à la Ministry (période The mind is a terrible thing to taste).
Enfin pas toujours, juste après une reprise de Saint vitus (Dark World) on a droit à une ballade façon cowboy agonisant shooté à l’ether. D’ailleurs l’album entier semble avoir trempé dans l’ether, en tout cas ça expliquerait pourquoi tout est si diffus et vaporeux.
L’album se termine sur un bon gros morceau doom à rallonge comme on les aime.
Passage lancinant où la basse martèle sans cesse un riff et ses variantes survolées par une gratte qui n’abuse pas des larsens mais les place ici et là au gré du vent pendant que la batterie s’amuse et se disperse à l’image du chant : on pose une ambiance, on disparaît, on revient, hop on introduit le violoncelle, hopla le clavier de Tangerine Dream vient faire un petit coucou, zou un petit larsen, et vas y que la basse qui s’acharne toute seule, allez go, tout le monde s’y remet puis on meurt tous ensemble.
Grosse réussite et grosse ambiance sur ce final.
Si un jour en passant devant une vieille maison en pierre éclairé par les flammes d’une cheminée ou d’une bougie bien coulante vous voyez des ombres qui bougent lentement dans la pièce, si alors vous entendez de la musique qui attire votre attention, vérifiez bien la forme de ces ombres : si elles passent tour à tour, de menaçante (cthulhu n’ co) à des formes plus incongrues (Mickey ou carrément le profil de Maradona) vous pouvez être sûr que vous écoutez du Spider Kitten !

Ha oui, au fait ils ont aussi monté leur propre fest à Cardiff : Loserpalooza ! Ça s’invente pas, les Anglais et l’humour je crois que c’est indissociable en fait.

The True Dukes Of Burgundy – The True Dukes Of Burgundy

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Hey mon ami,
si tu aimes les riffs bien gras, le gros ronron d’une basse, et un timbre de voix qui n’est pas sans rappeler celui de sir Lemmy, arrête ton chemin et jette une oreille attentive aux 6 titres de cette autoprod éponyme de The True Dukes of Burgundy.
Le trio dijonnais nous cuisine, en 2012, cette belle galette qui titille les papilles bien plus que la moutarde de la même ville. ‘Brain toaster’, ‘Burn in Hell’ ou encore ‘Lucifer’s sister’, les titres sont sans équivoque possible : headbanging et devil horns sont de rigueur à l’écoute de ce brulôt d’une petite demi-heure. Les Dukes jouent lourd, les Dukes jouent dur, les Dukes groovent.
Et quand les Dukes plannent et psychent sur ‘Roadspin’ et ‘Rockfish King’, c’est encore meilleur.

Stonerpope

Hark – Crystalline

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Trois possibilités s’offrent à vous à la première écoute d’un album. La première, aucun plaisir n’en découle pas la peine d’insister. La deuxième, le plaisir coupable tellement instantané qu’on se demande comment on a pu vivre sans. La troisième, le plaisir retenu… des petits guiliguilis dans le bas du ventre, un goût de « reviens-y » mais rien d’immédiat. Généralement les vraies perles, qui vieillissent bien avec le temps, appartiennent à cette dernière catégorie. A l’heure du tout, tout de suite, un plaisir qui se cherche, qui se découvre patiemment, qui se bonifie et qui n’en devient que plus intense, ça mérite qu’on s’en donne la peine.
Hark avec Crystalline répond parfaitement à cette définition.

Aux manœuvres : James « Jimbob » Isaac, leader de feu Taint et graphiste de talent de surcroît. Tout comme ses œuvres illustrées, les morceaux que nous offrent le trio sont riches, détaillés, plein de surprises. Dix titres pour autant d’invitation au voyage. Oui, le Pays de Galle n’est peut être pas votre destination de choix pour vous évader mais le son qui ici nous en parvient est son meilleur ambassadeur. Je ne vous parle pas d’un voyage touristique plan-plan, non, c’est une épopée à travers les Terres Anciennes. Chaque morceau tient du mythe où l’on traverse marécages, forêts et plaines, gravie montagnes, dévale collines, tels les héros d’une légende celte gravée dans la roche.

Crystalline déboule avec un son aussi gras que précis (Kurt Ballou de Converge aux manettes). La basse, fuzzée à ras bord, fait figure de solide assise pour les rythmes riches imposés par la batterie et les riffs ciselés de la guitare. Venu du fin fond des poumons, le chant de Jimbob est digne d’un chef de clan exhortant ses hommes, mais aux lignes plus subtiles que de simples cris de ralliement. Dès l’ouverture avec Palendromeda le groupe étale son savoir faire. Hark fait dans la science du détail. Des arrangements complexes pour voguer de riff en riff. Brisez votre nuque aux premières mesures, vous apprécierez les respirations offertes pour mieux reprendre votre gym ensuite. Les montagnes russes émotionnelles ne s’arrêtent pas en si bond chemin. Les neufs titres qui suivent, usent de la même recette : un stoner/sludge progressif ! Osons le terme et assumons-le dans le bon sens. Pas de démonstration gratuite ou de passage où l’on s’écoute jouer, le groupe a pris son temps pour parfaire son œuvre et ça se sent.
Black Hole South West est un parfait exemple de ce foisonnement. Le riff d’intro déboite et enfante un riff « plus sludgesque tes tripes sont à l’air » pour ensuite se laisser envouter par une ligne de basse qui emmène à un gros pavé qui permet au riff d’intro de revenir finalement achever le déboitage de masse. Complexe et limpide à la fois. Le final doom de Sins of Sleeve parti d’un début à la Unsane, l’intro métal speedée de Breath and Run qui aboutit à un riff pesant pour mieux clore le titre, le groove de Mythopoeia, des breaks planants, des solos rock incisifs, et j’en passe et des meilleurs. Pour clore l’album Clear Light Of… s’offre en guest Monsieur Neil Fallon. L’association des deux voix est bluffante, à ne presque pas pouvoir les distinguer tout en s’enrichissant mutuellement. Précédé par un interlude instrumental, ce dernier morceau en trois actes parfait notre odyssée.
Chaque pièce de l’album conjugue lourdeur et aérien, beauté d’un solo et laideur d’un riff, détresse d’un chant et émotion d’une mélodie, tout est épique !

Crystalline est un disque exigeant. Les titres ne coulent pas de source et ce n’est pas pur comme de l’eau de roche. Après plusieurs écoutes vous vous sentirez pénétrer par cette œuvre, les enchainements deviendront naturels et les différents riffs et passages vous trotteront en tête en permanence. Trois orfèvres sont à l’ouvrage ici, du grain du papier aux enluminures, un grand tome vient d’être publié.

Battle Gun Paper – Man Over board

Battle

Quartet originaire de Montpellier, pillards du Languedoc et bouffeurs de pierre invétérés, les batailles flingue papier envoient un stoner lourd comme un galion, épais comme une caravelle. Il ne s’agit pas dans cette autoprod de découvrir de nouveaux territoires à la manière d’un Magellan du riff mais bien de tirer à boulets ardents dans le sens de ses illustres aînés. Pour moi, les montpelliérains sont à catégoriser dans le massif, le charpenté, cousin de Truckfighters, Steak ou autres Queens of the Stone Age.
BGP dans son EP fait tout à l’envers et le fait bien. Mendia Agences ouvre le bal par une outro (écoutez, vous comprendrez) lointaine, in medias res. Déboulant sur un début Red Fangien à souhait, période Murder the Mountains, le morceau taille du break et du changement de riffs à la pelle associés à des chœurs invitant le public à hurler dans sa bière. D’emblée, on se prend un mur de guitares dans la gueule, à vous déchausser les chicots. Le son est énorme pour une autoprod et je n’ose imaginer la production qu’ils pourraient nous pondre avec plus de temps et de moyens. Mais attention ! N’oubliez pas les hauts médium et les aiguës gentils sudistes. Je trouve que l’ensemble de la galette en manque parfois et ceci donne un effet d’ écrasement par moments.

Le second morceaux, n’en est pas un. Il s’agit plus d’une transition tranquilou, un petit passage guitaristique pour nous emmener plus loin encore dans le heavy. C’est très bien vu, car sur 6 morceaux, deux sont en fait des respirations qui aèrent l’EP et permettent d’ouvrir les bronches pour mieux respirer la poudre des canons. …Let go amène donc Bite or…une fois de plus, inversion de logique et placage rythmique. Bite or…et Though Week sont deux anciens morceaux revus et remixés pour l’occasion. Bonne nouvelle, ils ont pris du gras et du muscle ce qui renforce la complexité de leurs structures. Le Battle ralentit et ça lui va bien. Les deux guitares croisent le fer tout en souplesse et se font rouster le fion par une basse conquérante et une batterie « bourreau fait ton office ». Bon point que le mix de la section rythmique au passage qui régale sur les quatre morceaux. Sur Though Week, BGP part dans le Kyuss et étire son morceau en wah-wah et autres gourmandises d’effets stoner. On entendra même un hommage à ZZ Top au détour d’une mesure. Petit point cependant, il me semble qu’il y ait trop de « petites voix » par ci par là, des petits ajouts vocaux pas nécessaires et qui détournent l’oreille de l’intérêt des morceaux, ainsi qu’une voix lead un peu chancelante, hésitante par moment.

L’Ep se finit sur Leave et Man Over Board. BGP fait prendre à son stoner de l’épaisseur iodée car quel désert plus immense que l’océan ? Les deux morceaux forment un mouvement immersif du clapotis apaisant aux vagues monstres et tempétueuses des guitares. Le chant est plus posé, la structure moins complexe mais le groupe grandit dans cette nouvelle compo. Il gagne en maturité et, en simplifiant la carcasse du rafiot, permet aux riffs d’être plus efficaces et d’étaler leur qualité d’écriture au grand jour.
Man Overboard est donc un EP de qualité, à la production massive, qui laisse entrevoir de belles promesses concernant Battle Gun Paper. C’est technique, c’est lourd, c’est bien écrit, je ne doute pas que le groupe arrivera encore à s’améliorer et j’ai hâte de les voir sur scène. Si leurs lives sont aussi cool que l’artwork, alors je veux bien faire partie de l’équipage.

Flaux

Mos Generator – Electric Mountain Majesty

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Mine de rien ça fait un petit paquet d’années que les loustics de Mos Generator nous balancent leur hard-stoner-collerl’étiquettequevousvoulez-heavy-rock de qualité dans les oreilles. Et leur dernier opus en date me fait dire qu’ils ne sont pas prêts de s’arrêter. Faut dire que la machine ronronne bien et qu’elle semble increvable. Car oui les rockeurs américains nous balancent encore ici une bien jolie galette, remplie ras la gueule de fuzz comme on l’aime et pétrie de bonnes intentions. On sent que les zicos y ont mis tout leur coeur et même leurs tripes dans cet Electric Mountain Majesty très riche et particulièrement réussi. Alors non je ne crierai pas au chef d’oeuvre quand même, faut pas charrier, mais soyons clair, dans le style c’est quand même bien fichue cette affaire.
Du riff en veux tu en voilà, du solo qui te surprend et te donne le sourire, la batterie qui tambourine quand il le faut et se fait subtile au bon moment et une basse qui n’est pas en reste en s’octroyant quelques jolies petits lignes bien heavy. Par dessus cela on y place un chant habité et prenant (pour moi le seul bémol à vrai dire, un peu comme pour Sheavy, j’ai du mal avec la voix de Tony Reed mais certains adoreront j’en suis certain!). Bref, c’est de la belle oeuvre.
Vous êtes amateur d’intro à la gratte qui envoie sec et de riffs simples et efficace? Beyond The Whip est là pour ravir vos esgourdes. Vous êtes plus amateurs de mid-tempo tout en voulant être surpris par du solo qui tue tout? Jetez donc votre dévolu sur Nothing Left But Night. Hum, vous voulez un peu plus de subtilité et un morceaux tout en douceur et puissance (si si c’est possible), alors c’est Enter The Fire qu’il vous faut. Voilà pour les trois premiers titres de cet album… le reste je vous laisse découvrir.
Reste à voir si cet album passera l’épreuve du temps et des multiples écoutes sans lasser. Mais une chose est sure, si vous laissez de côté cet album, il y a fort à parier que, quelques années plus tard, lors d’une redécouverte vous vous reprendrez la même claque en vous demandant pourquoi il n’a pas tourné plus souvent sur votre platine. Du coup je vous évite de suite de vous poser la question, Electric Mountain Majesty est à écouter sans modération!

The Gentlemen Bastards – The Gentlemen Bastards

tgbThe Gentlemen Bastards, Huntsville, Alabama. Pour le cours de géographie qui ne se tiendra pas ici nous sommes au Sud des États-Unis d’Amérique. Maintenant, parlons un peu musique. Les petits gars ont quelques influences de bons goûts. On trouve chez eux une dose assez prononcée 70’s que vous pouvez piocher chez Black Sabbath. On rajoute une touche 90’s mais pas trop avec du Soundgarden ainsi qu’un petit saupoudrage de feeling QOTSA. Le mélange n’est pas dégueulasse du tout. Un groupe de Hard-Rock à consonances Stoner pourrait-on dire d’une oreille distraite. Mais il me semble que leur son est plus fourni en graviers du désert que cela. Oui, il n’y a pas de révolution mais il reste un plaisir efficace. Un peu comme des retrouvailles avec un(e) ami(e) qui a vécu(e) quelques trucs depuis la dernière rencontre.
Alors qu’est-ce qu’on y trouve ? Des riffs oldschool bien ciselés tout d’abord. Une rythmique toujours efficace pour continuer. Et un soliste qui s’amuse pas mal enfin. L’originalité pourrait en fait venir de la voix qui semble parfois sur le fil du rasoir mais authentique et qui montre pas mal de possibilités. A ce niveau je m’arrêterais sur la production. Globalement c’est bon mais certains morceaux mériteraient juste un peu plus de puissance pour vraiment nous prendre. La première moitié de l’album est plutôt classique et pas mal “Hard-Rock” puis on monte en psychédélisme et en expérimentations. Des morceaux comme “NMR” (quasi 11 minutes) ou “Big Bad Wolf” compte parmi les très bonnes surprises. Tendez y une oreille pour entendre !

Cosmic Mo

Brave Black Sea – Fragments

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Il nous arrive de chroniquer des albums assez éloignés de notre genre de prédilection, le stoner. Pourquoi me direz vous? Et bien un nom d’artiste, un label, une vague relation et on s’intéresse, on est comme ça nous, curieux de tout… C’est exactement ce qui m’a attiré dans ce projet et voilà pourquoi vous êtes en train de lire cette (courte) chronique sur ce site.
Mais concrètement, pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre. Excusez du peu mais on trouve quand même dans ce groupe deux anciens membres de Slo Burn (Damon Garrison et Chris Hale) qui est à mon sens la définition même du stoner et derrière les fûts un certain Alfredo Hernandez. Si ces trois noms ne vous suffisent pas à vous faire saliver, en tous cas moi oui et énormément!
Sauf que si comme moi vous avez en tête les noms de Slo Burn et d’Alfredo Hernandez au moment de mettre la galette dans la platine, vous risquez de déchanter sévère. Pas que l’album soit mauvais ça non, mais juste que c’est bien éloigné de ce que j’avais espéré. Voilà un bon disque de rock, mais un bon disque comme il est existe des dizaines. On flirte avec un côté grunge plus ou moins assumé mais attention, un grunge dépoussiéré, bien clean, on est bien loin d’un Mudhoney par exemple. On tourne plutôt du côté de Bush, en moins pêchu encore avec un chanteur qui a du beaucoup écouter Layne Staley avant d’enregistrer, mais il est loin d’en avoir le talent. Les compos sont honnêtes sans plus, l’album est très bien produit mais voilà quoi, ça s’oublie aussi vite que ça s’écoute. Un groupe qui aura du mal à percer, surtout que la promo se fait autour d’un incontournable “avec des membres de Kyuss, Queens of the Stone Age et Slo Burn“…
Bon sur ce je vous laisse, je vais aller m’écouter un bon vieux Suck You Dry et un petit Positiva dans la foulée tiens…

Pet the Preacher – The Cave and the Sunlight

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J’avoue avoir eu du mal à chroniquer ce nouvel album de Pet the Preacher. La sensation de me trouver face à un groupe un peu poseur ne me lâchait pas. Des lignes de basses simples (trop), une batterie martiale maintes fois entendue, des accords ouverts très « Dieux du stade » et ce désagréable sentiment d’entendre un groupe de variété-rocaille. Sans parler du thème allégorique de la caverne et de la lumière cher à Platon, servant de liant à l’ensemble mais maintes fois abordé. Je suis un peu dur, je le conçois, mais très franchement j’ai galéré pour trouver l’angle d’attaque, le petit détail qui allait m’exciter l’échine…

Le petit détail, il tient dans un bottleneck, le petit-fils bâtard du goulot de bouteille, celui qui fait pleuvoir de la boue par hectolitre quand il est glissé sur l’acier des cordes de guitare. Remains est l’angle d’attaque. Son riff boueux joué au bottleneck donc, sa basse bûcheron, sa grosse voix à la Loading Data. Voilà, quand Pet The Preacher verse dans le malsain qui colle, il est efficace. Du coup, Fire Baby, forme un diptyque intéressant avec Remains, la voix et l’ensemble rythmique lorgnant vers les darons de Clutch. Il faut attendre What Now pour que toutes les composantes se mettent en place. Un groove stable et puissant, une basse riche et inventive, une ambiance délétère et sombre. J’ai un faible pour les compositions longues et lentes, riches et lourdes comme une fin d’après-midi en plein été, What Now, c’est tout ça. 8 minutes la bougresse.

L’album accuse 11 chansons que l’on ré-écoute en se disant qu’on est passé à côté de quelque chose, peut-être d’autres petits détails qui nous feront apprécier d’autres morceaux. Du coup, oui, Let your Dragon fly est une sévère rouste, un jeu d’aller-retour sur la corde Mi qui vous transporte sur une route sans fin. I’m not Gonna est aussi un bon morceau heavy qu’on sent forgé dans la sueur et la bière, ce genre de morceau qu’on est content d’entendre en live, juste pour le plaisir de sentir sa nuque craquer.

The Cave and the Sunlight n’est pas un album inoubliable, mais la production est quand même foutrement bien sentie. La voix a tendance à être un peu saturée d’effets mais elle est en place et juste. Certains riffs sont bien trouvés et j’espère qu’en live, Pet the Preacher ne sonne pas trop « facile » comme une partie de ce nouvel opus. Reste que Remains, What Now et Let your Dragon Fly reviendront régulièrement squatter ma set-liste de morceaux couillus et crasseux.

The Graviators – Motherload

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Troisième livraison du quatuor suédois et à mon sens la meilleure. Donc là forcément vous vous dites que si vous avez aimez leurs deux premiers albums vous ne pourrez qu’adorer celui ci et vous avez pleinement raison! Et si vous ne connaissez pas encore ce groupe, et bien voilà ma foi une excellente façon de les découvrir. Bien sur on pourra regretter quelques défauts par ci par là comme certaines facilités, une voix trop Ozzyesque à mon gout (mais cela n’engage que moi) ou quelques longueurs mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, c’est du tout bon et il y a même quelques jolies petites pépites qui vous donneront le frisson. Tiens, le morceau d’entrée par exemple, Leif’s Last Breath/Dance Of The Valkyrie qui est quand même un modèle du genre avec riffs et solo de fou. Le genre de morceau qui reste en tête et donne envie d’être ré-écouté de suite. Avec des morceaux qui ne descendent pas sous les cinq minutes (pour passer les dix à deux reprises), le groupe prend son temps pour développer ses idées et bien exploiter le bon riff qu’ils ont l’air bien heureux d’avoir trouver. Cela donne lieu comme je le disais à quelques longueurs mais jamais à de la lassitude. C’est un peu comme si on ne leurs en voulait pas de nous remettre un petit coup de guitare là où le morceaux aurait pu se terminer, après tout, ça sonne tellement bien. Et puis la prod’ est là pour aider le tout il faut le dire. Que ça sonne bien! Sérieusement, mettez vous à fond les haut-parleurs le riff d’intro de Bed Of Bitches et vous comprendrez. Un riff simple mais un gros son comme on les aime. C’est basique mais fichtrement efficace.
Et puis mine de rien, l’album est très varié. J’en veux pour preuve Tigress of Siberia et son intro très stylé, toute en finesse le tout débouchant sur un changement de rythme bien senti et superbement amené, pour enchaîner avec un long passage instrumental agrémenté de solo qui sonnent nickel, de la belle oeuvre.
Alors oui on pardonnera quelques facilités, quelques “j’ai déjà entendu ça quelque part non?” car on ne va pas se mentir, si The Graviators ne révolutionne pas le genre ni ne le renouvelle, ils font le boulot en nous faisant headbanger avec un bon gros son, et rien que pour ça je vous recommande chaudement cet album.

ZOE – Raise the Veil

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Si vous relisez nos chroniques des deux premiers albums de ZOE, vous verrez que nous sommes de grands fans de leur musique. Et donc forcément, on peut dire qu’on attendait avec impatience l’arrivée de leur nouvel effort studio. Alors oui, il aura fallu un petit paquet d’années avant de faire vibrer nos haut-parleurs avec ce nouvel opus mais excusez du peu, comme on le dit parfois, la galette vaut largement l’attente!
Et c’est ici que commence mon modeste travail de chroniqueur sur desert-rock.com, vous donner envie de vous acheter ce Raise the Veil alors que pour moi c’est une évidence. Comment trouver les bons mots, les arguments imparables pour vous pousser à sortir quelques petits euros pour vous procurer cette petite pépite?
Hum… voyons voir la liste des arguments dont je dispose…
Un super groupe, d’excellentes compositions et une interprétation aux petits oignons, une production de toute beauté? Ma foi ça sent le grand chelem cette histoire. Mais détaillons un peu pour les quelques réticents.
Un super groupe? Ça oui, c’est indiscutable. Si vous avez déjà eu la chance de voir ZOE sur scène, vous savez de quoi je parle. Ces gars là ne font pas semblant et ne sont pas là pour amuser la galerie. Un vrai bon groupe de Rock’n Roll comme on les aime, c’est à dire en un mot, authentique.
D’excellentes compositions et une interprétation aux petits oignons? Et oui car un bon groupe qui joue bien, s’il ne vous sort pas des bonnes chansons et bien ça ne sert à rien! Et puis là on est bien dans le coeur de mes arguments si je veux vous décider, les compos. Ne tournons pas autour du pot, une courte intro et dix morceaux, autant de bonnes raisons de se laisser convaincre. Des influences seventies parfaitement digérées voilà la base du travail de ZOE. Le groupe varie les angles d’attaque pour nous donner un résultat à la fois très varié mais d’une incroyable cohérence. Globalement qu’on ne se le cache pas, le but de ZOE c’est quand même de faire vibrer vos tympans avec un son bien rentre dedans, pas de bla bla des résultats. Mais ne croyez surtout pas que le groupe se contente de vous balancer du bien bourrin comme on en trouve des morceaux par centaines. Non, ici c’est à plusieurs niveaux de lecture et c’est excellent. Vous voulez du bourrin, ok, pas de souci, vous allez en avoir. Mais ré-écouter les morceaux plusieurs fois et vous vous apercevez que le gros riff bien pêchu cache aussi une ligne de basse bien sentie, un rythme de batterie qui vaut à lui seul de crier sa joie. Vous rajoutez par dessus tout cela un chant pile dans le ton et vous avez un ensemble qui sonne carrément bien mes amis. D’ailleurs au passage, le chant m’a fait penser par moment à Kémar Gulbenkian (No One is Innoncent), quand je vous dis qu’elle est pleine de surprises cette galette!
Une production de toute beauté? Et oui car bon vous allez me dire, ton groupe il joue bien et il a de bonnes chansons, mais si la batterie sonne comme un pot de yaourt et que la ligne de basse dont tu vantes les mérites est inaudible, à quoi bon… Sauf que voilà, si je vous dis Olivier T’Servranx pour enregistrer et Göran Finnberg pour le mastering, forcément là, je vous ai convaincu. Non? Alors dans ce cas je vous invite à jeter un oeil au livret de l’album The Sundering de Glowsun (que vous avez forcément chez vous!). Bon, trêve de bla bla, je vous le donne en mille c’est du tout bon. La production est énorme! Sans rire pour peu que vous n’écoutiez pas ça sur votre téléphone portable, vous allez en prendre plein les oreilles. Et encore, je suis sur que ça doit même rendre super bien sur un mobile, c’est dire.
Bon sérieusement, en vous disant que ça sonnerait super bien même sur mobile j’ai vraiment été chercher mon dernier argument là… Alors si je ne vous ai pas convaincu c’est bien simple, c’est que vous l’étiez déjà avant, sinon moi je ne sais plus quoi faire pour donner envie.
Raise the Veil est un excellent album, ne passez pas à côté.

Arenna – Beats of Olarizu

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Allez hop, on prend son sac à dos, une bouteille de rouge, un sandwich au pâté de campagne/gros sel, on chausse ses chaussures de rando et en route pour la forêt.
C’est l’impression que me donne l’écoute de cet album d’Arenna, une ballade en forêt entre bons vivants, dans les sous bois, les prés et autre lieu typique du pays basque.

Il se dégage presque une odeur de champignon de cette musique. Évidemment il s’agirait des mêmes champi consommés par Black Sabbath en son temps ou Kyuss plus récemment.
Le mélange prend bien et la voix permet de sortir du côté sous influence (musical cette fois), à aucun moment l’accent ne se fait sentir et c’est fort appréciable. Le mix place la voix un peu trop en avant à mon goût mais comme elle est bien maîtrisée et juste, ça n’est pas un vrai problème.

Les morceaux sont plus aventureux qu’on ne s’y attend de prime abord, ils dépassent tous les 5 min et sur l’ensemble du disque la moyenne est plutôt à 8 min, heureusement les ambiances évoluent et on ne se contente pas d’alterner 3 riffs comme souvent dans ce style. Je veux bien que le coté hypnotique soit important dans notre milieu mais faut pas non plus exagérer… En tout cas ici, chaque chanson se balade d’un thème à un autre en passant par différentes humeurs et couleurs. De ce fait, un léger coté prog assez plaisant se dégage sur certains titres .

Par moment au contraire les riffs sont un peu trop bateau et semblent déjà entendus mainte fois. Vous savez ce genre de plan un peu pauvre ou les zickos semblent en mode automatique et pondent un riff qui serait devenu un classique si il n’avait pas été composé il y a 20 ans par les maîtres du genre. Puis à la suite d’une interlude ou au détour d’un couplet l’univers du groupe reprend le dessus et on est conquis à nouveau. Le charme opère le mieux sur les morceaux les plus longs, ici on prend le temps de s’installer et de sortir son tire bouchon avant d’attaquer la prochaine portion du voyage, on passe d’une ambiance 70’s à un bon riff désertique puis les chœurs viennent soutenir le chant principal qui démontre alors sa personnalité.

Pour finir, n’oublions pas de vanter les qualités de la pochette, une sorte de paysage onirique marin à la Sandoval (Tony, pas Pete, non rien à voir sur ce coup là) . L’édition vinyle doit être sacrément classe, surtout qu’elle comporte 3 titres bonus !

En rentrant n’oubliez pas d’essuyer vos chaussures sinon ça va gueuler …

Wo Fat – The Black Code

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Wo Fat est un groupe que j’adore et qui mine de rien avec ses premiers albums revient très souvent dans ma liste d’écoute. J’aime leur son et leurs compos et j’attendais leur nouvelle livraison avec impatience, c’est peu de le dire. Dans la lignée de leur précédent effort, The Black Code est très dense et excellent. En cinq titres (de 5 à 12 minutes pièce), la messe est dite. Et inutile de peser le pour et le contre, Wo Fat c’est du tout bon, c’est du solide.

Déjà la production est monstrueuse et parfaitement en adéquation avec l’esprit du groupe. Lourd sans être pesant, une surenchère dans les basses sans exagération et un parfait équilibre qui rend justice au travail effectué.

Niveau composition, on ne s’ennuie pas une seconde, bien au contraire ! Le groupe nous livre cinq petits bijoux bien taillés avec juste ce qu’il faut de son gras pour vous plaire. Le titre éponyme résume bien l’ensemble. Super riff, voix bien posée et qui sonne authentique, jam et solo bien placés et un ensemble hyper convaincant. Le groupe est vraiment efficace sur des morceaux d’une dizaine de minutes. C’est le timing idéal pour eux je trouve. On sent que le groupe prend son temps pour placer ses idées, pour les bonifier et  surtout ne pas les expédier trop vite. Un album qu’on écoute et réécoute avec plaisir et qui, tout comme les autres, devrait tourner régulièrement chez moi, peut être même plus.

C’est dans les longues parties instrumentales, agrémentées de forts jolis solos que le groupe montre toute l’étendue de son talent et de ce côté c’est l’assurance de combler les plus exigeants d’entre vous. L’alternance entre passages bien lourds, d’autres plus rapides ou encore certains très planants (The Shard Of Leng en est le parfait exemple) ravira aussi bon nombre d’entre vous c’est une certitude.

Un album à déguster sans la moindre modération tant il est réussi.

Elder – Dead Roots Stirring

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Les fesses vissées au creux du siège effiloché de la 205, nous avalons les kilomètres d’asphalte sous le soleil cuisant de Roanne en direction d’un week-end barbecue subtil et délicat. Mon oreille se tend « C’est vachement bien ce groupe, c’est qui ? – Elder. ». Dix minutes plus tard «Ca aussi c’est bon, c’est quoi ? – Elder ! ». Arrivée à destination vingt minutes plus tard, un dernier morceau hurle dans le HP 5” de la portière « C’est porc ! C’est qui ? – ELDER !!! ».

Elder donc. Et plus particulièrement Dead Roots Stirring paru en octobre 2011. Le trio de Boston mené à la guitare par Nick DiSalvo et assis rythmiquement par le batteur Matt Couto et le bassiste Jack Donovan, envoie dans ce cinq titres du gras, du gros, du très grand.
Dès le premier essai, Gemini, les trois jeunes premiers nous livrent leur quatre vérités ; des compos longues, folles, doom et psyché-es se déliant de solis guitaristiques dévastateurs. La maîtrise et le doigté du six-cordiste sont un régal. DiSalvo guide littéralement cette fougueuse monture qu’est Elder, bien aidé par la section rythmique puissante et précise de caisse claire sèche en basse éraillée. Le morceau éponyme, Dead Roots Stirring abonde en ce sens. Un titre de douze minutes qui surprend constamment – et que j’te chorus un arpège, et que j’te flange un pont, et que j’t’envoie un solo de l’espace délayé dans la réverbe – le tout saupoudré d’insidieux changements de rythmes qui propulse l’auditeur dans des sommets de prog gras et rock.

Abasourdis, les tympans viennent se faire cajoler par le troisième morceau intitulé « III » (tout le monde a droit à son petit instant « je ne me foule pas la burne à chercher un titre »), lorgnant méchamment vers les compositions de master Iommi. Une intro de trois minutes claire, aux accents folkloriques qui vient s’échouer dans un déluge de psychédélisme et de groove avec toujours ce soucis d’aller « au bout du riff », de lui en tirer la substantifique moelle. Les mecs sont jeunes et t’envoient des compos de vieux grognards rompus à l’exercice. Le seul bémol de l’album viendrait d’ailleurs de cette jeunesse qui, dans les parties chantées (rares certes), infléchie la voix et l’impact dans la capsule du micro. Ca sonne un peu forcé et fluet au regard de la production mastodonte qui se répand de la galette.

Mais ce petit détail est balayé d’un revers d’harmoniques quand déboule The End. « Oh regardez ! Le guitariste à 6 doigts à la main gauche ! ». Bin oui, parce que pour balancer autant de notes faut un truc en plus. Sur l’avant dernier morceau, Elder convoque Kyuss pour un nouveau voyage dans la Sky Valley. On ne rêve que d’une route sans fin à son écoute. La basse-moteur ronfle méchamment sous les solos fuzzés et le road-trip s’étire en wah-wah asphaltée pour le plus grand plaisir de tout fan de Stoner.
Elder finit sur Knot, un délicieux mélange d’influence 90s (une structure At the Drivienne) et de riffs 70s. Un titre plus « morceau » dans l’esprit, plus jalonné, accessible peut-être et tubesque à mort. Douze minutes quand même, faut pas déconner non plus, les mecs ne font pas de la pop. Ça headbang tout du long, ça frétille des vertèbres. Cervicalgie mon amour.

Dead Roots Stirring est un album d’une infinie richesse, de styles variés, assumés, mais s’en dégage une unité, une cohérence incroyable. Pitit conseil : la production est tellement massive et le mixage troussé comme il faut qu’une écoute au casque au moins une fois est chaudement recommandée. La dernière fois que j’ai eu un tel frisson c’est quand on m’a léché l’oreille.

Gros coup de cœur.

Earthless – Sonic Prayer

Earthless_-_Sonic_Prayer_cover
Deux titres, 42 minutes, pas une parole. Vous voulez du jam ? Vous voulez de l’instrumental qui part dans tout les sens ? Ne cherchez plus, Earthless est la came du moment, le groupe à découvrir de toute urgence.
Flower Travelin’ Man part doucement sur un petit tempo bien seventies basse/batterie que n’auraient pas renié Noel Redding et Mitch Mitchell. Et puis la voilà, la star qui pointe le bout de son nez, la guitare électrique avec un pur son stoner comme on en rêve. Et c’est parti… solo ? riff ? impro ? C’est un mélange de tout cela à la fois et c’est totalement réussi. C’en est même impressionnant par moment tellement c’est bon.
Isaiah Mitchell a un jeu très agréable, très fluide. Il reprend son petit rythme du début et nous le ressort tout au long du morceau, avec des variations qui petit à petit le transforment, le bonifient, le font vivre et évoluer devant nous. Le tout entrecoupé et accompagné de solo et jam à vous couper le souffle. La bassiste est un métronome d’une précision ahurissante. Lui aussi s’amuse bien avec sa ligne de basse qu’il triture, modifie, transcende alors que son compère occupe le devant. Et la batterie n’est pas en reste. Du seventies pur jus et du bon. Il alterne les moments calmes avec une rythmique simple et se lance lui aussi dans un tempo plus soutenu à vous en faire perdre la tête.
Les trois compères atteignent par moment des sommets dans l’art du jam que je n’avais pas entendu depuis bien longtemps. C’est tout bonnement déroutant. Certains passages avec deux guitares sont encore plus fournis mais jamais fouillis. C’est maîtrisé de bout en bout, c’est du grand art.
Lost In The Cloud Sun est dans la même veine. Le riff d’intro, pourtant hyper simple vous fout le frisson. Là encore ce riff est utilisé, usé, abusé pour devenir l’identité même du morceau. Les variations que ce mec arrive à tirer à partir de ce petit rythme de départ, sans même qu’on s’en rende compte est un véritable plaisir. Et ce petit riff devient grand, il se transforme en jam, en solo et revient à son état d’origine le tout avec une fluidité qui me dépasse. C’est beau. A 4 min 20, il vous cueille littéralement avec un riff d’une simplicité et d’une efficacité miraculeuse. Et puis c’est comme cela pendant 20 minutes…

Du pur bonheur, le groupe à découvrir absolument!

Mars Red Sky – Stranded In Arcadia

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La rythmique est lourde, sourde, sombre, à un point que l’étouffement pourrait nous prendre dès les premières secondes. Mais les lumières percent : une guitare, de la reverb, un chant, haut et lointain. Des couleurs apparaissent : jaune, ocre, rouge. Nous voilà sauvés mais déjà loin, si loin…
Voici en peu de mots l’effet Mars Red Sky.
L’artwork de la pochette laisse maintenant place au doute. Sommes nous sur un semblant de Mars avec ce simili-cercueil déjà présent sur leur EP ? Sommes nous finalement sur une terre ravagée, comme pourrait nous le laisser subodorer le Christ Rédempteur à l’horizon ? Ce rocher extrait de l’eau par le trio ne serait-il pas le météore de leur premier album ? Depuis refroidi, digéré ? Il me semble qu’on peut voir ici un message quand à ce qui nous attend : une évolution.

L’introduction du premier morceau (“The Light Beyond”) n’est pas sans rappeler celle de leur collaboration avec Year of No Light. Quelques notes lointaines pour mieux vous surprendre et quand la voix de Julien Pras arrive vous êtes déjà transportés. On retrouve bien sûr tout de suite leur style et ce avec plaisir. Mais, au bout de cinq minutes nostalgiques, commence une montée riche en émotion qui trouvera son paroxysme dans les cris libérateur d’une voix plus intense que jamais. Passons tout de suite à “Holy Mondays” qui est certainement le morceau le plus entraînant de l’album. Une base lancinante et un refrain si entêtant que votre cerveau l’intégrera dès la première écoute. En un mot : efficacité.
Nous voilà arrivés au cinquième morceau, celui qui donne en partie son nom à l’album : “Arcadia”. On est là face à un instrumental de presque six minutes en forme de longue complainte mélancolique. La section rythmique, menée par Jimmy Kinast (basse) et Mathieu Gazeau (batterie), reprend un motif simple et lent jusqu’à épuisement. Par dessus, la guitare surnage. Le tout finit quand, dans une apothéose orgiaque, la guitare active la fuzz, reprend le motif, l’accélère puis le laisse filer… Voilà une dose pure de psychédélisme.
Pour “Seen A Ghost” déjà présent sur l’EP inter-albums la ligne de voix est étrange. Elle semble avoir été extraite d’un morceau pop puis mixée avec un cantique pour être ralentie, compressée, dénaturée. L’effet peut être déstabilisant. Pourtant l’intégration est parfaite et marque une expérimentation réussie.
Le dernier morceau (“Beyond The Light”) sert d’outro et reprend le premier motif de l’album pour boucler la boucle, comme on dit. L’ajout de vagues sonores permettant de voguer tranquillement vers la réalité.

Je vous laisse la découverte du reste mais sachez que la galette ne semble posséder aucune faiblesse. Chaque morceau évite la redite et possède son originalité, ses subtilités. Le rythme est totalement maîtrisé et nous entraîne sans difficultés, en alternant les plaisirs et les émotions, jusqu’à la fin. L’album semble en fait plus ambitieux que le précédent. Les greffes apportées à leur style en sont la meilleure illustration. La voix, plus affirmée et nouvellement enrichie de nombreuses variations, permet la création de nombreuses ambiances. Les expérimentations instrumentales vont aussi plus loin, plus souvent, plus longtemps. Pour finir, la production est d’excellente qualité. Elle évite le marasme sonore et garde un côté très “naturel”. En somme, le seul reproche pourrait se porter sur la durée avec 7 morceaux et demi pour une quarantaine de minutes. Je crois que je suis simplement trop gourmand mais bon sang que ces Bordelais sont bons !

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