Ultraphallus – Lungville

(2006)

Ultraphallus, c’est avant tout un quatuor liégeois (Belgique) qui évolue dans les eaux troubles du sludge. La première référence qui peut surgir à leur écoute est surtout à rechercher du côté des Melvins. Mais ils serait beaucoup trop simpliste et réducteur de résumer ce groupe à une telle comparaison avec les givrés d’Outre-Atlantique.

A dire vrai, la première référence qui m’est venue à l’esprit à l’écoute de leur musique est d’ordre littéraire: le sublimissime et douloureux Voyage au Bout de la Nuit de Céline. Les 4 mecs revendiquent la noirceur de l’âme humaine et son exploration. Et bien une telle expédition est franchement réussie. C’est moite comme un mauvais trip en terres africaines pendant la période coloniale. C’est effrayant et glacé comme une matinée d’hiver dans les tranchées de la Somme juste avant de servir de chair à canon lors de l’assaut final. On retrouve aussi ce genre de road movie terrifiant et ces ambiances glauques dans Apocalypse Now de Coppola pour le 7e art, qui s’inspira d’ailleurs du Coeur des Ténèbres de Joseph Conrad.

Mais trêve de littérature et de cinéma. Ici, il s’agit bien de musique. La guitare est lourde et compressée à souhaits avec une basse qui n’hésite pas à pousser la disto dans des structures complexes et des riffs non conventionnels. Ne comptez pas sur la voix pour vous rassurer dans cet univers de noirceur! Seule la batterie rythme le tout d’une frappe limpide et assurée, tel un télégraphe savamment maîtrisé après des années de pratique.

Ce premier album intitulé Lungville fait suite à la démo U1 sortie en novembre 2004. La première plage est un crescendo chaotique où le seul point de repaire est le tempo rigide du charleston. Une voix inquiétante point doucement à travers le spectre sonore pour aboutir en un cri long et douloureux. La 2e plage nous rassure par sa première apparence de rectitude mais c’est pour mieux tromper l’auditeur. Il faut peu de temps aux musiciens pour dévier dans des mid-tempos tortueux aux riffs à rallonge. L’approche rythmique de la 6ème plage me laisse pantois tant cela semble chaotique mais ô combien structuré et magnifiquement interprété. Je vous laisse le soin de découvrir cette perle sans donner une description de chaque plage.

Côté design, on distingue une pointe d’ironie (ou de lucidité) avec ce style façon Belle Epoque, qui fut d’ailleurs le prélude à 2 cataclysmes planétaires entrecoupés d’une période d’instabilité notoire et de profonde dépression. Une manière bien appropriée pour annoncer la tempête…

Décidément, Ultraphallus est un groupe qui connaît très bien son sujet et digresse volontiers tant avec ses instruments qu’avec les images sombres de la vie qu’il véhicule avec brio et sincérité. A suivre sans le moindre doute.

Contact:
www.ultraphallus.be
www.myspace.com/ultraphallus

Thib

1000 Mods – Blankreality E.P.

(2006)

Ca nous vient de Corinthe mais ce n’est pas du raisin. Logés pas loin d’Athènes, nos 4 apollons (voir photo ci-dessus) nous livrent leur version du stoner via cet EP auto-produit sorti en novembre 2006. Cette petite galette hellénique compte 5 titres.

D’entrée de jeu, on remarque un bon sens du groove et un penchant certain pour les mid-tempos et les riffs léchés au point où la tendinite en devient impensable. Des graves, des graves et encore des graves, on ressent l’aridité des pleines grecques sous un cagnard de mille feux. Les hommages au Sab sont omniprésents avec, notamment, une flopée de contre-temps marqués à l’unisson par les musicos. Les morceaux sont d’assez bonne facture et la voix dessert bien les riffs, même si le mix devrait la mettre plus en avant dans des vocalises plus enlevées.

Là où ça pèche un peu, c’est au niveau de la prod et du mix de la batterie. La grosse caisse et le charley sont absents et la caisse claire doit avoir été troquée contre un tonneau de Dash pour sonner aussi faiblarde. Le cogneur n’assure en plus que le minimum syndical, ce qui n’aide pas. Quelques fautes de goûts à la grosse caisse et on tire une moue quelque peu mitigée. Ok, c’est une auto-prod et on sera moins sévère avec eux qu’avec les nantis produits. Néanmoins, c’est vraiment dommage de ne pas avoir plus de patate même à un haut niveau sonore. Bon, il faudra sérieusement mettre la pression sur les fûts!

C’est quand même sur une note positive que je vais terminer cette chro en vous disant que, même si la section rythmique et le couple prod/mix peuvent laisser l’auditeur dubitatif, c’est avant tout sur scène qu’il faudra juger ce groupe qui, avec un son plein, doit certainement mieux envoyer le bois.

Contact:
www.myspace.com/1000mods

Thib

Alcohsonic – Never Drink Without Live Element

(2007)

Deux ans après la sortie de la première démo en duo, le quatuor français est de retour avec un live qui nous fera patienter jusqu’à la sortie, en janvier deux-mille-huit, de son premier album.

Grand amateur d’exercice live, j’engage cette plaque dans mon lecteur pour découvrir une production dont les titres sont issus de trois sessions différentes et s’étalent sur près d’une heure. On attaque avec la parie burnée de la chose capturée à Paris au TNT. Ce live électrique et agité n’est pas exempt de reproches au niveau technique, mais il a un rendu brut qui me plaît bien car les productions en public entièrement rééditées en studio et ripolinées à l’extrême manque de tout ce qui rend intéressant ce type de sorties…

Les six titres issus de ce concert sont tirés du registre ‘guerrier’ de la formation hexagonale à l’exception de ‘The Cathodic Way Of Life’ dont le rendu est proche d’Alice In Chains version ‘SAP’ ou ‘Jar Of Flies’. Ca attaque bien, la rythmique est entraînante et les grattes saturées font bien le job. Les morceaux de la première prod ont gagné en maturité et les parties vocales sont plus assurées. Les injonctions au public présent ce jour-là rythment bien cette partie du disque.

Le chapitre acoustique enregistré lors d’une session sur La Grosse Radio débute avec ‘The Cathodic Way Of Live’ que l’on retrouve pour la seconde fois ici et qui est une grosse bombe même si cette version n’est pas exempte de reproches. Les deux plages qui l’accompagnent sont déjà présentes sur la première démo et sur la partie plugged de cette sortie, rien de nouveau sous le soleil donc, mais une nouvelle interprétation apaisée loin d’être dégueu. On termine cette page de l’histoire d’Alcohsonic avec ‘Big City Life’ – qu’on trouve trois fois sur cette prod et une fois sur la première autoprod – dans la version video du titre. Plus peaufinée et mieux produite, cette chanson nous donne un bon aperçu de ce que pourrait être le long format à venir l’an prochain.
Contact:
www.myspace.com/alcohsonic
www.alcohsonic.net

Chris

Ponamero Sundown – Heavy Rock

(2007)

En direct de Stockholm, nous 4 gaillards nous distillent un stoner chaleureux et groovy made in Sweden. Pas vraiment un modèle d’originalité puisqu’on reconnaît tout de suite la “Swedish stoner touch” à la manière de Dozer et Astroqueen sans oublier Asteroid.

Mais bon, il n’y a pas à dire, tout est en place: le batteur pilonne grave, le bassiste soutient le groove de base tandis que le gratteux fait parler la fuzz bien baveuse et que le chanteur évolue entre le cri et chant où la dernière syllabe de chaque phrase est bien allongée. Le son est très bon bien que sans la moindre surprise. Le set au plan technique semble parfaitement maîtrisé. Quelques changements de tempo dans les morceaux laissent entrevoir un groupe rôdé qui doit certainement foutre le souk sur scène.

Si le design de l’album autoprod est très sobre et appréciable, celui du site montre encore combien ce groupe appartient à la scène stoner suédoise. Je laisserai le soin au lecteur de se faire son idée à ce sujet en visitant les liens ci-dessous.

Cette plaque contient 7 morceaux qui tiennent la route mais on attend d’un tel groupe confirmé au plan technique une plus grande diversité dans sa palette sonore et dans les structures de ses compos, tout cela afin de s’extraire du carcan décrit un peu plus haut. Ponamero Sundown possède un bon potentiel que les musiciens doivent encore exploiter. Ce groupe mérite d’être suivi.

Sites du groupe:
www.myspace.com/ponamerosundown
www.ponamerosundown.com

Thib

Analog Machine – Démo

(2007)

Encore un grand mystère du stoner pour ce groupe anciennement connu sous le nom de 18 Speed Tranny et tout récemment rebaptisé Analog Machine: après 3 plaques auto-produites sous leur ancien sobriquet, le groupe n’a toujours pas trouvé chaussure à son pied en matière de labels et se doit de produire de sa propre poche cette démo 4 titres.

Je ne peux m’empêcher de ma gratter la tête à l’écoute de leur travail passé et surtout à l’écoute de cette démo d’excellente facture: que faut-il faire auprès des labels pour qu’ils signent cet excellent groupe? Analog Machine est loin d’être le seul groupe dans le cas. On dirait que leur ville d’origine, Chicago, est un terrain de prédilection quant à l’occurrence de tels non-sens… Affaire à suivre…

Bon, la démo maintenant! D’excellente facture, même en auto-prod, elle nous révèle un côté plus direct et plus engagé du groupe. Tout y est très bien en place jusqu’aux bridges remplis de wah-wah. Les riffs sortent de la forge à chaud et sont ciselés façon heavy tandis que la batteur pilonne non pas l’enclume mais les fûts de main de maître en toute complicité avec le bassiste. La voix teintée de delay y trouve une place de premier choix et nous offre de sympathiques plongées dans les 80’s en évitant soigneusement les plans puffés, criards, kitsch et hautains.

Sur un départ à la Black Sab période Volume IV, nos amis entament leur parcours et bifurquent ensuite vers de gros riffs bien heavy que Monster Magnet ne renierait pas. Une section rythmique infaillible soutient pleinement l’édifice. Pas besoin de speeder, les mid-tempos font gagner de la puissance. La gratte dessert superbement les bridges avec des soli intégrant des éléments rythmiques (comprenez par là que le gratteux peut balancer un accord à l’octave plutôt que de jouer les guitar hero à tout-va).

Je suis bien conscient que l’industrie du CD souffre mais je ne comprends toujours pas: si ça continue, Desert Rock va devoir organiser une cellule terroriste spécialement dédiée à la promotion des groupes oubliés via le harcèlement intempestifs des labels. Ces El Desdichado du stoner ont pourtant bien une tour à défendre que nul ne pourra leur abolir (hommage à Gérard de Nerval). Même si leur “luth constellé (pardon, leur guitare) ne porte pas encore le soleil noir de la mélancolie” (encore merci, Gérard), on ne peut s’empêcher de penser que ces mecs doivent briller sur scène.

Contact (ils n’ont toujours pas changé les noms des sites…):
www.18speedtranny.com
www.myspace.com/18speedtranny

Thib

Gog Of Magog – Eden : Way Down To Salvation

(2005)

Tirant son nom de la mythologie monothéiste, ce trio belge est actif depuis le printemps 2002. C’est à cette époque qu’Olivier a décidé d’allier ses talents de chanteur/guitariste à ceux de Stass qui s’est installé derrière les fûts. La formation s’est d’abords focalisé sur les reprises de standard rock’n’roll en duo, avec un faible pour Black Sabbath, et en quête de la perle rare qui assurera la basse. Après de multiples changements de bassiste, le groupe engagea une bassiste le temps de quelques concerts. Finalement Alex est venu compléter la formation qui a accouché de ce premier effort.

Mis en boîte en novembre 2004 sur d’authentiques bandes analogiques au studio Haut-Regard, ce premier quatre titres débute sur un vrombissement de basse vite rejoint par un martèlement sobre et efficace pour le bref ‘Death To The Droids’, un morceau de rock’n’roll pur jus qui n’est pas sans rappeler certains titres rentre-dedans des légendes de Kyuss. Le tempo se fait plus lent sur ‘Snowdrop’, une plage psychédélique fortement imprégnée de relents seventies. ‘Pussyfire’ suit dans un registre assez semblable puisqu’on devine ses jeunes gens bercés depuis le plus tendre enfance par les mélodies d’Hendrix. Pour clore ce premier effort ‘Rise & Shine’ remonte un peu la pression avec ses riffs incisifs. Ce morceau assez proche de compos de Dozer comme ‘Supersoul’ ne peut que laisser présager le meilleur pour cette formation du Plat Pays.

Contact:
http://users.skynet.be/gogofmagog/
www.myspace.com/gogofmagog

Chris

Herba Mate – A Desert Section

(2005)

Herba Mate, trio italien formé en 2001 par 3 potes issus de la même rue, tire son nom d’une tisane d’Amérique du Sud à laquelle les Argentins sont accros. De la chaleur, de la dépendance et de l’hypnotisme, le tout dans une scène de désert. Mais les mecs ont aussi de l’humour à le lecture du jeu de mots qui constitue le titre de leur E.P. Un petit clin d’oeil à Josh s’imposait…

En seulement 4 titres bien ajustés, Herba Mate nous fait découvrir 2 facettes de sa personnalité: l’une dans 2 longs instrus atmosphériques et planants, l’autre dans 2 morceaux plus appuyés à la structure évidente et à la gratte pleine de flanger qui nous rappelle Love Has Passed Me By sur le Wretch de Kyuss, sans oublier les refrains catchy et les lignes de chants limpides.

Bref, on retrouve des roots façon heavy sans tomber dans le kitsch ou le hard FM, notamment grâce à un mix qui conserve au son une touche brute. Chose importante à faire remarquer, c’est que les paroles sont en italien, le chanteur ayant préféré s’exprimer dans la langue de Dante. Et bien ici, rien à redire. Ca sonne juste et sans correction. Comme quoi, tant en espagnol qu’en italien ou en anglais, le stoner peut trouver sa voie (voix?).

On leur souhaite en tous cas de continuer leur parcours en Italie et même d’aller voir au-delà des frontières. Surtout continuez à travailler ces ambiances profondes et prenantes.

Contact :

www.myspace.com/herbamate
www.idea4usonly.com

Thib

Stangala – Lutun Salvia Delirium

(2008)

Auteur d’une première démo en solo en deux-mille-sept, Steven Le Moan s’est allié à Fabien Primot à la batterie et à Alexandre Miossec à la basse pour poursuivre ses tribulations musicales. Le désormais trio de Quimper nous livre cinq nouvelles compos enregistrées, mixées et masterisées par Steven lui-même en septembre et octobre deux-mille-huit.
Toujours aussi originale dans l’approche musicale, la formation mixe des influences celtiques à un fuzz simple et efficace. Le côté doom et lugubre de son prédécesseur a cédé le pas à des rythmiques plus entraînantes et encore plus psychédéliques. L’univers traditionnel breton émaille les plages – surtout ‘Desemer Mat Er Ar C’Horrisanned’ et son rendu proche de Tri Yann- de cette seconde plage sans pour autant prendre le pas sur le bon gros rock bien carré.
Cultivant sa spécificité musicale (on est Breton ou on ne l’est pas après tout), le groupe tape dans le bon gros fuzz avec des titres comme ‘Erin Tomm’ qui est sans aucun doute la grande réussite de cette plaque. On est proche de Kyuss ou Fu Manchu avec ce brûlot diablement abouti. L’autre grand moment de ces vingt petites minutes est le titre ‘LSD’ qui tourne durant plus de cinq minutes autour d’un riff simple répété et agrémenté de sonorités tour à tour seventies ou ethniques.
Moins oppressant que par le passé, Stangala se renouvelle avec brio tout en conservant son originalité. Les amateurs d’Orange Sunshine se régaleront autant par l’emballage que par le contenu de cette galette.

Contact:
http://www.myspace.com/stangala

chris

Paranoid – Paranoid

(2008)

Lorsqu’on opte pour un tel nom de groupe, il y a fort à parier qu’on a dû être élevé par la bande à Iommi depuis son premier cri ! La formation de Lille composée de Mathieu Dubuisson à la guitare et aux chants, de Nicolas Deleporte à la basse ainsi que de Matthieu Karolewicz à la batterie semble effectivement avoir été nourri à la musique du diable depuis le berceau.
Toutefois, malgré leur patronyme hérité de Black Sabbath, le trio du nord a dû se farcir pas mal de Nirvana durant son adolescence car les influences du grunge sont très présentes sur ce premier effort de trois titres. Mises en boîte par Ludovic Machu les dix minutes de son contenues dans ce premier cd sont essentiellement composées du premier titre qui s’étale sur près de la moitié du temps. C’est le titre le plus stoner donc c’est tant mieux ! Ce ‘Passionate Monkeys’ attaque bille en tête pas un gros riff bien plombé soutenu par des martèlements de cymbales dans le plus pur style fuzz. Les chants envoyés par saccades puis vociférés prennent l’ascendant sur la musique avant un retour très heavy rock qui s’écoute agréablement jusqu’à un interlude aérien qui ouvre à nouveau la voie au bon vieux rock des familles. J’aime bien !
Ensuite on embraye sur ‘Hysteria’ qui alterne mid tempi et plans bourrins dans un registre hérité de la scène de Seattle des nineties. C’est rudement bien ficelé et ça sonne bien. On termine avec ‘Roses’ qui mixe les influences grunge surtout au niveau du chant et heavy rock au niveau des riffs de gratte qui lorgnent vers des groupes comme Fireball Ministry et consort.
Une bonne entrée en matière !

Contact:
http://www.myspace.com/paranoiddisorder
http://paranoidrock.free.fr/

chris

The Swamp – The Swamp

(2008)

Enregistré en six jours durant l’été deux-mille-sept, cet album éponyme frais et spontané reprend les choses là où la bande à Josh Homme les avait laissées au tout début des années deux-mille. Les cinq Alsaciens balancent avec brio onze compositions originales en moins d’une demi-heure en privilégiant un son live et brut sans pour autant tomber dans les plans brouillons. Tout est foutrement en place sur cette autoproduction qui annonce la couleur avec la vignette ‘Play It Loud’ sur sa pochette. Puisque nous en sommes à la forme, il ne faudra pas s’arrêter à l’artwork bédé mi-punk mi-rock qui orne cette galette et lui donne un air de DIY car le contenu est à mille années lumières du garage rock à la punk.
Comme mentionné plus haut, le style est très proche des plaques que sortaient naguère Queens Of The Stone Age et, même si les esprits chagrins se lanceront dans leurs éternelles litanies quant à l’originalité d’un tel exercice, il faudrait avoir les conduits auditifs bien obstrués pour ne pas reconnaître les qualités indéniables que recèle cette sortie balancée pieds au plancher. Tout d’abords le temps d’enregistrement limité empêche la surproduction qui prévaut bien souvent à l’heure actuelle et c’est une grosse bouffée d’air frais et décoiffant qu’on se prend en pleine poire en insérant ce cd sur sa platine préférée. Ensuite, la structure bien en place et bien abouties des compositions bien rodées n’accorde à l’auditeur aucun temps mort et nul remplissage est au sommaire de cette galette. Enfin, même si un air de déjà-vu plane vaguement sur cette sortie, le groupe ne tombe jamais dans le plagiat en développant sa propre identité à grands coups de riffs incisifs qui évoluent entre fuzz et rock pur jus.
Quelques perles du plus bel effet sortent largement du lot sur ce disque très rock à l’instar de ‘Ending Hollywood’, ‘Flesh And Blood’, ‘Miss Vega’ et ‘Night Stalker’ et c’est avec beaucoup de plaisir que je les ai faits raisonné à fond dans ma caisse alors que je sillonnais les routes helvètes. Le clip de ‘Ending Hollywood’ au rendu arty bédé particulièrement abouti complète cette sortie qui fait parler la poudre.

Contact:
http://www.myspace.com/withtheswamp

chris

Stone Widow – Hangover

(2009)

Loin de joué les veuves éplorées noyant leur chagrin dans l’alcool, Stone Widow, à l’image de la pochette, ne cache pas son penchant pour la dive bouteille… mais pas n’importe laquelle! Sec, sans glace et laissez la bouteille sur le zinc siouplait. Le réveil risque d’être douloureux pour la tête à la lecture du titre (hangover signifie gueule de bois pour info).

En effet, ça démarre avec un titre choc au libellé sans entournures et directement en pleine poire ou ailleurs (Right In your Ass)… Le son est bien gras et le chant rageur. On évolue clairement dans ce qui se fait de plus hargneux dans le stoner metal (pensez à Down, High on Fire, Crow Bar…) et les baffes se perdent au fil des riffs mordants. On ne va pas en rester là.

L’ensemble est très cohérent et nos belles têtes de vainqueurs essuient les gouttes de sueur aux relents de gnôle perlant sur leurs fronts de guerriers. Ca bastonne dur et sans compromis. Super plaisant de sentir que ces mecs savent mouiller le maillot.

Si la cohésion est au rendez-vous, on peut être amené à penser que ça manque un peu de couleurs et que les 3 premières plages risquent d’augurer quelque chose dans la même veine tout au long de la plaque. Le 4e envoi se veut rapidement rassurant et prouve que le groupe peut aussi s’exprimer dans des breaks aux soli plaisants et efficaces.

La fin du skud est de tout aussi bonne facture et l’auditeur est même gratifié d’une plage live et d’une vidéo en bonus. Si vous cherchez de la dentelle et du psychédélisme, passez votre chemin. Pour le coup de hache, posez votre tête sur le billot svp.

Contact:
www.myspace.com/stonewidow

Thib

Catfish – The Teaser

(2005)

Autant l’avouer d’entrée, c’est en lisant la bio du groupe qui cite Queens Of The Stone Age ainsi que Tomahawk dans ses influences musicales que j’ai été incité à jeter une oreille sur ce bizarre concept. Le quatuor français s’est formé en janvier 2004 autours de Jeff au chant, Alexis à la guitare, Nicolas à la batterie ainsi que Ghislain à la basse.
‘The Teaser’ est un concept album écrit par une seule et même personne. Se déclinant à la fois graphiquement et musicalement, ce premier jet met en place le début des aventures de l’inspecteur dans ce polard qui le voit enquêter sur le meurtre d’une de ses anciennes maîtresses. Même si les artistes déclarent aller à l’encontre du mouvement actuel musical dit rock, je vais essayer de vous transmettre mes impressions quant à ces sept titres qui sont les points clés de l’histoire si vous m’avez suivi jusque-là.
On débute avec des chants religieux pour ‘Maturum Est’ qui évolue rapidement dans un registre assez semblable à ce que viennent de nous concocter les Yawning Man avec une touche voix en plus ; laquelle touche est plus utilisée comme un instrument à part entière que comme un chant posé sur des notes. Embarquement pour le Pacifique Sud avec ‘Handbraker’ et son rock’n’roll lourdingue qui groove un peu comme si Tom Morello était au manche avant de s’évanouir dans un plan très desert rock. ‘Rendez-Vous’ pourrait être la musique d’une pub pour quasiment n’importe quoi tant ce morceau passe partout avec sa ligne de voix claire qui se pose sur un rock traditionnel, certainement les influences de ces férus de cinéma. ‘Minute Made’ débute sur un plan saccadé pour se prolonger dans un style oscillant entre jam rock sous amphés et délire à la Fantomas. C’est en douceur que nous abordons ‘Next Round’ avec une ligne de voix paisible qui alterne sur fond de riffs légers mais efficace qui alternent avec des plans assez proches de Mastodon le côté Doom en moins. Un riff tranchant sert t’intro à ‘A Clue’, morceau tortueux et torturé qui ouvre la voie au dernier morceau de cet ovni intitulé ‘Draka’ (morceau composé de chants de type amérindiens langoureux à mille lieues du stoner).
N’oubliez pas d’aller visiter le site du groupe qui est le prolongement naturel du concept de cet album.

Contact:
www.catfish-music.com
www.myspace.com/catfishonmyspace

Chris

Boozing Truckers – Boozing Truckers

(2005)

C’est à Strasbourg que s’est formé en 2003 ce trio de heavy blues avec Jo à la gratte, Jim derrière les fûts et Jack aux chants avec une basse dans les pattes. Se réclamant d’un style metal blues, ils décident de sortir en février 2005 l’objet qui résonne actuellement dans mes hauts parleurs.
Les trois faux frères Bud puisent leur inspiration autant dans les boissons alcoolisées, le blues sudiste version Johnny Lee Hooker que dans le rock (et le metal) des eighties. Sans fioritures inutiles ni complexes, leur autoprod débute avec un blues lancinant aux riffs sobres, mais ô combien efficace, nommé ‘Goddamn’, morceau ponctué de soli dans la plus pure tradition blues rock. Un poil plus burné, I Hate’ poursuit cette exploration de l’univers musical de la formation alsacienne dans un registre nettement plus heavy rock ; l’influence de Black Sabbath ne doit pas y être étrangère. C’est presque slidisant sur ‘Hazy Lady’, plage à la limite de la chanson à boire intimiste jouée autour du feu de joie avec plusieurs voix qui s’entremêlent. On se réveille avec ‘Easy Rider’ et son gros son groovisant teinté de plans barrés trashisant à la guitare sur lequel les vocaux sont tour à tour caverneux puis limpides comme bien souvent sur cette production. Une marche au tambour assez martial et des riffs dans la lignée de celui de ‘My Friend Of Misery’ de Metallica servent de trame sonore à un chant presque agressif sur l’ultime pièce de cette trop courte production : ‘Rain & Bells’. Ce dernier morceau est de loin celui vers lequel va ma préférence.
Une belle pièce de rock d’influence US qui suinte le Whisky, les plans trash et le blues graisseux par tous les pores.

Contact:
www.boozingtruckers.com
www.myspace.com/boozingtruckers

Chris

Fu Manchu – King Of The Road

Fu Manchu - King Of The Road

A la mort de KYUSS, FU MANCHU vassal discret jusqu’alors, mais diablement efficace, s’est légitimement imposé auprès du public comme le nouveau King du stoner rock en enchaînant coup sur coup The action is go fin 97, une tournée magnifique en 98 et Eatin’ dust début 99. Personne ne s’opposera à considérer cette période comme ayant été particulièrement délectable pour les auditeurs avides de sons gras indélébilement marqué du sceau des 70’s. En s’autoproclamant King of the road, le FU reconnaît implicitement et probablement malgré lui qu’il n’est plus le number one. Reparti en croisade, le FU laisse la place du King du stoner rock vacante. Plutôt courageux comme démarche. Sauf qu’en tentant de consolider son statut par la construction d’un nouveau château qu’il voulait assurément encore plus grand, encore plus beau, encore plus haut que les précédents, il a perdu de vue que les fondations devaient être également plus solides que pour ses édifices antérieurs. Quelques tours sont très agréables à visiter certes et la vue y est plutôt jolie (Hell on Wheels, Weird Beard, Hotdoggin’), mais la bâtisse ressemble un peu trop à ce qu’on a déjà vu avec un niveau de finition moindre. On retiendra néanmoins sur ma gauche, dans le fond, un superbe donjon construit sur le modèle DEVO, Freedom of Choice. FU MANCHU est à nouveau sur la route, prétendant en être le roi. Attention à ce que cette route ne vous mène aux oubliettes messeigneurs.

Brant Bjork – Gods And Goddesses

Brant Bjork - Gods and Goddesses

La dernière fois que j’ai eu l’occasion de discuter avec Brant Bjork c’était pour les dix ans de Jalamanta, son premier album studio. Et je lui avais fait remarquer que l’année 2010 serait le vingtième anniversaire de sa toute première production, j’ai nommé Sons of Kyuss. Sa réponse avait alors était directe, sincère et spontanée : « le temps passe vite lorsqu’on s’amuse ». Et finalement, alors que certains ressassent encore et toujours le passé et manquent beaucoup de choses, me voici à chroniquer le septième album du bonhomme. Car oui les amis, Brant nous sort déjà son septième album solo Gods & Goddesses.
A l’image de ses autres productions, ce nouvel opus a des qualités et des défauts.
J’avais terminé ma chronique de Somera Sol en évoquant un « avenir musical varié et riche ». Sans être complètement déçu, je dois tout de même avouer que nous en sommes assez loin. En effet, les nouveautés sont assez rares et on a parfois l’impression que Brant nous ressort quelques plans, en particulier dans sa façon assez typique et stéréotypée de nous servir ses intros. Plus proche de Saved by Magic que de Somera Sol, les titres s’enchaînent dans un ensemble assez homogène et les recettes maintes fois utilisées le sont encore ici. Mais c’est indéniable, ça marche. Car Brant Bjork, c’est avant tout un feeling, une touche. Et j’en suis parfois à me demandé ; et si Brant Bjork nous le sort cet album qui révolutionne sa musique, l’accepterait on ? Et lorsque l’écoute se termine vous vous dites une nouvelle fois, ok, ce n’est pas encore le grand changement mais c’était cool.
Au risque de me répéter, je dirai que si vous avez aimé les précédents, celui-ci ne vous laissera pas indifférent et si vous avez lâché Brant il y a déjà quelques albums, Gods & Goddesses ne vous raccrochera pas. Brant nous offre ici un bon album, un de plus.

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