Timer – I´m no Animal

(2007)

Belle performance pour ce tout jeune groupe belge formé au début de l’année 2007, j’ai déjà entre les mains une démo autoprod riche de 9 titres. Nos amis nous annoncent la couleur à partir de la 2e plage et m’offre une belle plongée dans les réminiscences grungy de mon adolescence. On pense à Soundgarden, Alice in Chains, Stone Temple Pilots, Silverchair, Nirvana et autres héros tantôt oubliés tantôt disparus. La voix trouve d’ailleurs son timbre et ses sonorités après des défunts Kurt Cobain et Layne Staley. On remarque sur chaque morceau un souci constant de la phrase vocale typée et percutante. Timer a bien raison de concentrer aussi ses forces sur l’organe vocal.

Si le grunge bien enlevé de leur compos peut trouver sa place – aussi étroite soit-elle – dans les colonnes de Desert Rock, on peut peut-être se poser des questions sur les quelques rares passages funky de certaines plages. Mais bon, cela reste le choix des musicos.

La prod et le mix sont corrects pour une autoprod. On regrettera peut-être un peu le manque de patate général même à haut volume. Mais bon, je vais me calmer avec les critiques négatives car, si l’on considère qu’il en est à ses tout débuts, ce groupe possède un bon drive et des qualités mélodiques indéniables.

Patience, travail et longueur de temps dans un mix fait de force et de tempête devront en tout cas être de la partie pour permettre à Timer de se personnaliser et trouver sa voie.

Contact:
www.myspace.com/timermusic

Thib

No Shelter – No Fun At The Party

(2007)

Elevé sous le soleil de la région PACA, No Shelter a suivi le cursus habituel des groupes de rock de province depuis deux-mille-un en se produisant un peu partout où il pouvait et en subissant un turnover régulier dans ses rangs. On est rocker ou l’on ne l’est pas et ces types-là le sont plutôt puisqu’ils ont persisté à vouloir se défouler sur leurs amplis pour assurer la bande son bruyante de leur existence et c’est sous forme de trio qu’ils ont rejoint les studios afin de réaliser ce premier ep de sept titres.
Au menu de cette plaque un mix de stoner et de rock garage bien lourd pour près d’une demi-heure de rock authentique qui sait être à la fois subtil ou aérien et terriblement heavy en blastant dans les règles de l’art. On aborde cette expérience musicale réalisée par les deux David et Yohan avec l’excellent ‘José’ qui met en place des textes en français sur une trame musicale heavy-rock bien burnée à la Dozer ; c’est rondement mené, sans fioritures et concis. On enchaîne dans un registre plus entraînant exécuté à grands coups de rythmiques martelées avec ‘Without A Sound’ qui oscille entre fuzz et rock indé couillu. ‘Alien’ relâche un peu la pression pour explorer un univers d’abord acoustique qui évolue à mi-morceau dans un délire sonique bien foutu.
Pièce maîtresse de cette livraison ‘Rappel’ – qui est le titre le plus long – est délivré tout en décibels sans la moindre trace de partie chantée avec une efficacité monstrueuse ; on s’approche grandement de l’univers de Monkey 3 avec la rigueur et la précision de ces riffs qui tournent en se métamorphosant autour du thème central : du grand art. ‘Pretty Face’ prend la relève dans un registre très groovant qui s’emporte par moments ; ce titre très influencé par le garage a des aspects qui me séduisent, mais l’empressement de l’exécution de certaines parties lui donne un rendu presque bâclé ce qui est dommage car il y a du potentiel. Alors on skip sur le bref ‘Fuck You’ qui est un déluge de sons très punkisant s’éloignant assez du style traité dans ces pages virtuelles, mais qui n’est pas franchement mauvais. On termine avec le titre éponyme qui est nettement plus fuzz et pugnace à la fois dans la plus pure tradition de groupe comme Halfway To Gone.
Un premier essai très convaincant qui envoie bien le bois avec vigueur et passion.

Contact:
www.myspace.com/groupenoshelter

chris

Supa Scoopa – Storm

(2008)

Même si les rois-mages ne sont pas allés en Galicie, il nous arrive quand même une sympathique plaque autoprod de la péninsule ibérique sous le doux patronyme de Supa Scoopa inspiré de la chansons de qui vous savez.

De prime abord, il y a lieu de poser un constat ou plutôt un contraste musical propre aux compositions: Supa Scoopa alterne les passages atmosphériques limite intellos avec des gros riffs bien cinglants appuyés par des envois vocaux directs et sans finesse.

C’est vous dire que l’on est un peu malmené dès le début mais il y a lieu de faire remarquer que le band ose s’aventurer en eaux troubles et prend des risques, ce qui est un bon point. Et ils prennent en assurance au fil des plages, les musicos! On se surprend à des essais aux accents drone qui apportent une belle couleur à la palette sonore de leur plaque.

Au niveau de la qualité du son, on regrettera un peu le manque de mordant dans le son des grattes et le manque de patate au niveau des fûts. La basse n’offre pas non plus toutes les rondeurs appréciables mais, dans l’ensemble, il n’y a rien de catastrophique. Faut se dire qu’en autoprod, on fait aussi avec les moyens du bord.

Ok, je vous laisse le soin de découvrir ce groupe coolos qui se doit de nous offrir encore de belles et agréables surprises.

Contact:
www.supascoopa.com

Thib

The Dying Seed – EP

(2009)

Après un premier effort intitulé ‘Démo Live’, le trio de Pantin sort une autoproduction éponyme bien soignée tant en ce qui concerne le contenant que le contenu. Tout débute avec une intro slidisante fomentée sous le soleil de plomb de l’Ile-de-France. Cette charmante petite attention écoulée on embraye sur le lourd. En effet, ce groupe formé de Pierre-Loup à la voix et à la gratte, de Sylvain à la basse ainsi que d’Olivier à la batterie affectionne le gros son bien burné et c’est tant mieux parce que ça leur réussit bien !
Hormis l’intro et un interlude nommé ‘Dreams Of A Dying Seed’, les Franciliens proposent quatre compositions qui envoient du gros bois quelque part entre Down et Orange Goblin sur cette nouvelle plaque mixée et masterisée par Manu Rousseau au White Wasteland Studio. De gros riffs distordus bien burnés se calent sur une rythmique carrée et efficace dans la plus pure tradition du heavyrock. Les textes sont balancés avec force hargne et se fondent brillamment dans l’ensemble sans jamais prendre l’ascendant sur les parties de six-cordes. Lorgnant parfois vers le thrash avec une exécution rapide et saccadée, les plans de gratte de base côtoient quelques parties moins distordues qui donnent un peu de relief aux morceaux imaginé par cette formation créée en deux-mille-sept.
Les influences metal du groupe se ressentent sur des titres comme le furieux ‘Revolver’ ou l’incroyable ‘Phoenix’ qui frôle les plans sludge à plusieurs reprises sans jamais passé du côté obscur. Mais le point d’orgue de cette autoproduction réside dans le déluge savamment orchestré qu’est ‘Lapidation Of The Weak’. Constituant le dernier titre de cette galette, cette tuerie prend son envol sur un gros riff carré bien lent dont le tempo s’emballe rapidement pour provoquer un mouvement d’aller et retour dans mes cervicales. L’ombre de Crowbar et de 16 plane sur cette composition percutante qui s’étend durant plus de six minutes en empruntant aussi les méandres du mid tempo. Du tout bon dont la suite est annoncée pour l’an prochain !
Contact:
www.myspace.com/thedyingseed

chris

Crackmind – A Rose May Fly

(2008)

Espèce d’ovni dans le paysage du rock dur hexagonal, le groupe du Nord pratique un savant mélange de power rock, de rock psyché, de thrash, de hard rock et de fuzz. Difficile donc d’affilier cette formation à un style particulier car les plages explorent différents registres et leurs constructions assez alambiquées leurs donnent un rendu très spécifique. Certains gimmicks très heavy metal des années quatre-vingt côtoient des murs de grattes qui résonnent de manières bien stoner et le tout a un rendu final assez proche de Brain Police ou de Mustasch même si certaines lignes de batteries sont à des années lumières de ces groupes.
Cet ep promotionnel qui est la première étape avant un long format en deux-mille-neuf débute de manière très métallique avec ‘Mandrake’ et son riff plombé qui ouvre la voie à des vocaux compressés lesquels cèdent le pas à des chants clairs lorsque le groupe relâche un peu la pression en embrayant sur une structure plus calme durant laquelle les guitares ont le champ libre. Nettement plus fuzz, ‘Rose’ succède au premier titre en le prenant presque à contre-pied : les Nordistes font dans le moins bourrin et osent le français dans le texte avec cette plage foutrement en place qui tourne bien. Avec ‘Mayfly’, le combo ne lésigne pas sur les effets pour mettre sur les rails un titre qui évolue agréablement tout en retenue à la manière d’une bonne vieille balade lézardée de soli de guitare. Ce quatre titre se termine sur ‘Golden Wave’ qui est un titre de bon vieux hard français sur lequel Madrigal aurait jeté son dévolu il y a une vingtaine d’années.
Alors même si Crackmind n’est pas un groupe de stoner – et qu’ils ne revendiquent d’ailleurs aucune affiliation avec ce style – ils partagent les mêmes influences que la plupart des groupes présents sur ce site. Les aficionados de formations très orientées metal comme Crowbar ou Monstermagnet devraient retrouver leur compte avec ce groupe du cru !

Contact:
http://www.myspace.com/crackmind

chris

Stake Off The Witch – Flamingoing

(2006)

On traverse différents courants musicaux fortement corrélés à travers l’écoute de cette plaque autoprod composée de 8 titres. Entre le grunge, le noisy et le teintes de desert rock, on a parfois un peu de mal à s’y retrouver. Non pas que mélanger les genres et les influences soit une hérésie mais l’ensemble, loin d’être décousu, donne une légère impression d’indolence, même si l’on sent bien que les musiciens en veulent et se donnent vraiment. A voir sur scène certainement.

Je poursuis ma 3e écoute attentive à différents volumes sonores et je commence à piger ce qui ne va vraiment pas: le mix. On a l’impression d’écouter la zique avec un couverture sur les enceintes, ce qui donne un son étouffé où toute forme de fréquences extrêmes a été rabotée? Mais le son stoner pur jus est sourd et lourd, me direz vous à juste titre! En effet, rien n’est plus vrai, à l’énorme différence près qu’on ne compresse pas le spectre sonore de cette manière pour aboutir à un flux javelisé/aseptisé. Il y a sérieusement matière à aller trouver le mixer…

A part cela, on retrouve une voix qui parfois s’aventure dans les expériences post-grungy de Melissa Auf Der Maur. Qu’on se rassure, ça ne finira pas en duo avec le père Sirkis d’Indobidule. Les grattes sont saturées et fortement compressées mais exécutent un exercice correct. L’ensemble basse/batterie souffre énormément de la légèreté ambiante et ne parvient pas à faire décoller le zinc. Dommage parce que je serais bien curieux de voir ces musiciens se démener furieusement sur scène. Ce putain de son gâche vraiment les nuances des compos qui laissent pourtant entendre de belles phases.

Bon, les filles et les gars (groupe mixte), retour au studio pour nous sortir un bon 4 titres mixé aux petits oignons svp!

Sites du groupe:
www.myspace.com/stakeoffthewitch
www.stakeoffthewitch.com

Thib

The Brain Washing Machine – Demo

(2007)

L’Italie est vraiment à l’honneur ces derniers temps. Il doit se passer quelque dans ce pays à la botte sacrée. Ici, la gratte balance ses effluves directement sans concession et la section rythmique lui emboîte le pas fissa. De bons grooves, beaucoup de précision, un stoner faisant la part belle aux plans très dynamiques façon Fort ou encore Solace.

On a vite pigé que, ici, la prod et le mix ont été abordés avec une attention toute particulière puisque cette petite galette de 5 plages peut aisément rivaliser avec d’autres albums produits dans le genre. La batterie est très bien soignée et sa limpidité couplée à sa profondeur revêt des allures de bulldozer sans pitié.

Tout est bien en place: les séquences sont alternées avec précision et l’on s’aventure parfois dans les eaux des 2 premiers albums de QOTSA lors des breaks. La guitare et les autres instruments se font d’ailleurs plus légers et plus subtils pour l’occasion, un peu comme des mauvais garçons aux têtes bien peignées marchant religieusement vers l’église pour leur messe dominicale. Mais c’est pour mieux induire l’auditeur en erreur puisque le feu reprend de plus belle dans des riffs enlevés et destructeurs. L’autel devant lequel les musicos s’agenouillent est bien celui du rock et non celui d’un charlatan quelconque livré à la bêtise et la vindicte populaires.

La voix est très correcte et évolue dans un registre entre clarté et rage. Ce quatuor doit encore trouver sa voie dans des lignes de chant plus personnelles afin d’imposer sa marque de fabrique. A l’écoute de cette démo, c’est chose faisable indubitablement.

Site du groupe:
www.myspace.com/thebrainwashingmachine

Thib

Black Shape of Nexus – 4-track demo

Black Shape of Nexus, groupe teuton de Mannheim qui arbore un superbe bison impassible et puissant, nous livre d’emblée des ambiances sombres dotées de tempos lents, très lents, ainsi que des basses fréquences. Vous l’aurez vite compris: ce jeune groupe formé en 2005, évolue dans les marécages du doom.

Récente démo sortie en auto-prod, les 4 chansons arborent des titres évidents: 1, 2, 3 et 4. Faisons simple, il n’y a de toute façon pas de paroles. La démo comprend des plages oscillant entre 10 et 20 minutes dans des séquences répétitives. Elle ne révèle de réelles nuances qu’à partir du 2e morceau, c’est-à-dire après plus de 25 minutes d’écoute attentive. Pas facile de prime abord mais intéressant par la suite. Black Shape of Nexus prouve qu’il peut utiliser les larsens des grattes à son avantage lorsque les down-tempos et la proximité certaine de l’ampli ne permettent plus d’éviter le feedback.

Si le caractère hypnotique et répétitif du style est bien connu des amateurs du genre, l’absence de vocalises ne facilite vraiment pas l’écoute. Néanmoins, il faut noter que la 3e plage nous réserve la surprise d’alterner des passages doom avec des envois plus “pleins” et plus groovy. Et la 4e plage nous gâte avec des larsens et autres bruitages similaires qui m’ont l’air sorti tout droit d’une machine plutôt que d’un instrument, le quintet comprenant un maître ès électronique en son sein.

D’emblée, on pense à Reverend Bizarre dans les intros et Saint Vitus pour la suite. Ces groupes sont cités purement comme influences ressenties et ne visent pas à taxer les musicos de plagiaires.

Enfin, chose importante, le mix de cette auto-prod est très correct, voire même tout simplement bon. Il convient donc de tenir à l’œil nos amis allemands.

Site du groupe:
www.myspace.com/sadhusonofabitch

Thib

The Hearsemen – Rock Of Molock

(2006)

Déjà présent dans ces pages avec la sortie de ‘Backbone’ l’an passé, le quatuor scandinave n’a pas laissé beaucoup d’eau s’écouler dans son fjord avant de reprendre le chemin des studios nordiques en janvier dernier dans la même formation.

S’ouvrant sur ‘Beelzebuth’, morceau aux relents terriblement seventies dont les parties vocales font immédiatement penser à Ozzy du temps où il était autre chose qu’un guignol qui amuse les ados boutonneux devant leur télé, ce quatre-titre se détache un peu du punk’n’roll scandinave pour s’approcher de formation dans la veine des teutons de Red Aim. ‘Flames Of Molock’ persiste dans le même registre avec la même intensité vraiment heavy et un cri d’intro qui rappellera au plus vieux d’entre nous les grandes heures de gloire du heavy metal des eighties. On change un peu de registre avec ‘Giant’ et sa ligne de basse vrombissante dont le tempo est un peu moins pied au plancher que les deux premiers titres comme pour laisser l’auditeur reprendre son souffle avant ‘Stagnant’ titre plus branché fuzz qui laisse presque une impression d’inachevé à cette seconde production qui devrait ravir les nostalgiques de l’époque où le Madman officiait dans Black Sabbath.

Contact:
www.thehearsemen.com
www.myspace.com/thehearsemenfromsweden

chris

Ramon Zarate – Demo

(2008)

Il y a encore de ces petites plaques auto-prod qui peuvent vous filer la chair de poule et c’est bien le cas avec la petite dernière – ou plutôt la première démo – de Ramon Zarate. 4 titres plus arrachés les uns que les autres pour vous faire comprendre que ces 4 Liégeois (Belgique) sont capables de mettre la zone dans un ensemble super cohérent que je vais essayer de vous décrire en quelques lignes.

D’abord 2 bonnes couches de grattes bien épaisses et visqueuses à souhaits qui, une fois répandues, résisteront à tous les détachants même en faisant bouillir. Et puis cette basse bien pleine qui vous ajoute de la rondeur dans ce monde de brutes où un batteur au jeu détonant et formidable fait montre d’une parfaite maîtrise des grooves, contre-temps et roulements 100% rock’n roll. Le tout est surplombé par une voix rappelant un poids lourd des 90’s en la personne de Tad Doyle.

4 morceaux seulement et pourtant un palette musicale assez large où la 1ère plage bien stoner laisse ensuite la place, en ouverture de la 2e chanson, à un riff bien grungy cher au géant susnommé du groupe éponyme TAD. Là on commence à se détendre sur le cuir d’une superbe Dodge Superbee et il n’y a plus qu’à se prendre la 3e claque qui tente une subtile aventure dans un environnement doom parfois à limite du sludge. Que du bon, que du bon, pour aboutir enfin sur une puissante note finale et 4e tuerie en guise d’épilogue.

Le groupe utilise peu de gratte solo et le fait parcimonieusement plutôt au profit d’atmosphères moites et inquiétantes. On sent que les mecs ont de la bouteille et la rage en ventre. S’ils savent utiliser la côté crade du son à leur avantage, il faut cependant faire remarquer que le mix de cette démo faite maison est de très très bonne facture. A ce sujet, ne vous fiez pas au son compressé et aseptisé de my space et procurez-vous la démo pour quelques dollars. J’en veux pour preuve le caractère net et percutant du son de la batterie (et l’excellent batteur avant tout évidemment) sur la démo.

Bref, 4 garçons à contre-vent qui ne décrocheront pas la Star’ac (tant mieux) mais qui ne demandent qu’à être produits par un label soucieux de la musique avant le look. Une toute belle découverte!

Contact:
www.myspace.com/ramonzarateband

Thib

Dispenser The Dispenser – Autoreverse

(2009)

Ne lésinant pas sur les moyens, la formation originaire de Tarbes nous gratifie d’un premier effort livré dans un écrain de grande classe mondiale. Comme bien souvent dans l’univers merveilleux du stoner, la créativité est à l’ordre du jour non seulement en ce qui concerne la partie musicale, mais aussi la conception de la pochette. Proposé dans un cartonné très rigide au format quarante-cinq tours et accompagné d’un encart – sur lequel je vais revenir – en noir et blanc, le cd est packagé à la manière des bons vieux vinyls pirates que les plus anciens d’entre nous croisaient chez leurs bouchers préférés avant que le numérique parte à l’assaut du foyer de la ménagère du vingtième siècle.
Le fameux flyer – dont j’ai parlé plus haut pour ceux qui suivent – est un disclaimer rédigé par un groupe qui n’a pas les moyens de se battre contre la machine commerciale et qui s’est retrouvé contraint à passer l’ensemble des samples à l’envers pour être épargné par les fameux droits d’auteurs qui lui auraient coûté grosso modo un euro par sample pour chaque pièce pressée. Les extraits que nous proposent Jojo (basse, clavier et chant), Niko (guitare et chant), Denis (clavier et chant), Filip (chant et ordinateurs), Julien (uniquement batterie) et Yann (qu’à la six-cordes) sont de cours dialogues et déclarations qui, passées à l’envers sont inintelligibles car aussi claire que de l’hébreu parlé par un Leton zozotant qui a une patate bien chaude dans la bouche et le nez bouché à cause de la grippe AH1N1 (en gros j’y pige que dalle !). Qu’à cela ne tienne – même si le type qui essaie de communiquer avec moi aurait plus de chance à se faire comprendre en klingon – l’univers musical de Dispenser The Dispenser demeure une extraordinaire invitation aux voyages interstellaires et ça passe plutôt bien mon garçon !
Autoreverse – qui tire donc son nom de l’exercice de style auquel le groupe s’est plié pour ceux qui suivent, les autres, j’ai leurs noms – a été enregistré l’année passée par ces jeunes gens au fur et à mesure de l’avancement de leurs morceaux et mixé durant de longs mois par Teteban. Cette autoproduction est composée de onze plages originales qui s’étale sur près de trois quarts d’heure.
Sur le plan musical, outre la singularité apportée par les samples inversés, la formation me fait tour à tour penser à Nebula, aux Eagles Of Death Metal ou à Sheavy avec une petite touche de Jesu ou de Knut pour les nappes synthétiques qui se déploient le long de certaines plages. Selon la stratégie ébauchée par ces types pour s’attaquer à nos conduits auditifs, on verse dans les tempi rapides assénés à grands coups de riffs saturés comme sur la bombe ‘The End Of The Rainbow’ durant laquelle les claps viennent conforter l’ambiance frénétique ou dans le planant ‘Eat The Lips’ qui semble parvenu directement de la planète opiacée. Alliant soigneusement l’aspect urgent des compos et la touche apaisante, ‘Karl’ est à la fois un compromis intelligent, un exemple concis de ce que pratique Dispenser The Dispenser et mon titre préféré.
Comme ces garnements se produisent régulièrement sur scène, je ne saurai que trop vous encourager à aller les supporter car ils le méritent.

Contact:
www.myspace.com/dispenserthedispenser

chris

Paranaut – The Hills Fell Silent

(2006)

Alors que l’exercice incontournable de la demo représente pour la majorité des groupes un tâtonnement dans la tentative de définir un style et un son propre, offrant à l’auditeur une série de pistes intéressantes (ou moins intéressantes) qui mériteront d’être développées par la suite, d’autres groupes, beaucoup plus rares, débarquent d’emblée avec un travail dont l’aboutissement et la maturité ne laissent planer aucun doute sur le potentiel dont ils disposent. C’est très clairement le cas de Paranaut.

Originaire de Portland, Oregon, ce trio à la biographie classique faite de rencontres fortuites, d’une volonté de créer une musique intense et originale et de tournées intensives dans les clubs locaux a sorti voici presque un an cet album auto-produit dont les qualités ne cessent de m’impressionner. Par son côté oppressant et mélancolique, on serait de prime abord tenté de classer « The Hills Fell Silent » au rayon Doom, terme que se révèle rapidement trop étriqué pour définir la richesse et la complexité des huit morceaux ispirés d’une de leur montagne locale qui s’étirent sur plus de 70 minutes et nécessitent une série d’écoutes attentives pour être totalement assimilés. Imaginez Neurosis en beaucoup plus lourd et moins calculateur, délaissant les développements hyper travaillés au profit de jams parfois bruitistes et souvent hallucinées et vous aurez une vague idée de la manière dont sonne ce groupe difficilement comparable. Ici, pas de structures alambiquées ou de riffs complexes, simplement une suite de titres propres à développer des climax à base de guitares sous-accordées, de vocaux principalement gutturaux pourtant propices à réconcilier tous les allergiques à ce style tant décrié et d’un batteur phénoménal adepte des roulements en tous genres qui contribuent un peu plus à brouiller les pistes. Capable d’inclure des passages d’une légèreté et d’une beauté sombre rehaussée par la présence de claviers triturés dans tous les sens ou d’utiliser un accordéon le temps d’une intro qui soudain les fait sonner comme The Black Heart Procession, ces trois-là ne ménagent pas leurs efforts pour nous déstabiliser et nous happer dans un tourbillon d’émotions contradictoires dont on ressort décontenancés. Après trois titres plus abordables dont un « Derelict Years » ultra heavy qui ravira les fans de High on Fire, les morceaux s’affranchissent des structures classiques et évoluent au gré d’une inspiration sans limites, frôlant parfois le drone, combinant des rythmiques presque tribales et des riffs d’une profondeur abyssale avant de rebondir sur des passages mélodiques où vient parfois pointer un piano, comme c’est le cas sur « … and They Have Fallen » sur lequel il apporte un contrepoint surprenant et introduit une deuxième partie beaucoup plus apaisée, avec comme seul fil conducteur une tension permanente sous-jacente à tout l’album dont il s’avère très difficile de décrocher. Que ce soit sur les titres plus courts ou sur ceux qui dépassent allègrement les dix minutes, on ne décèle jamais aucune longueur ou la moindre tentative de remplissage malgré la propension du guitariste à partir dans des délires incontrôlés pendant que les deux autres continuent à tracer droit devant eux, imperturbables, offrant à notre équilibriste l’occasion de toujours retomber sur ses pieds. Ceci s’illustre parfaitement dans « Maelstrom of Heart », titre massif d’une noirceur oppressante qui parvient à captiver tout au long de ses 15 minutes en s’appuyant sur une seule idée, la guitare laissant la place à un clavier poussé dans ses derniers retranchements pour un solo, si on peut utiliser ce terme pour définir cette succession de bruits, que même les fans de SunnO))) qui en connaissent un rayon niveau bizarreries ne devraient pas trouver inintéressants.
Paranaut, retenez bien ce nom, vous en entendrez reparler prochainement, c’est une évidence.

Contact :

www.myspace.com/Paranaut

Jihem

Ultraphallus – The Clever

(2008)

2e plaque pour notre combo noisy/sludge liégeois et toujours pas de label pour signer ce formidable groupe. Il faut dire que le quatuor ne donne pas dans l’easy listening. Si le prédécesseur Lungville nous révélait un chaos ambiant et une exploration de la noirceur de l’âme humaine, on ne bascule pas de l’autre côté de la force pour autant avec The Clever.

La batterie se révèle toujours d’une précision millimétrique et alterne avec brio les déchaînements soniques et les breaks tamisés. La gratte et la basse ne fonctionnent que très rarement à l’unisson et se révèlent de redoutables complices dans les dissonances maîtrisées. Et cette voix criarde et rageuse mais également teintée de désespoir s’aventure sans plagiat dans les délires vocaux de Tom Waits sur l’album Bone Machine. Mais dans cette description somme toute décousue, on distingue dans leur musique un univers très personnel où le groupe dévoile maintenant toute son imagination et surtout impose sa vision des choses.

Dans ce monde de chaos, la surface musicale audible n’est que la croûte – peut-être disgracieuse et repoussante de prime abord – qu’il faut percer pour y discerner les subtilités magnifiques et profondes des ambiances. D’ailleurs, Ultraphallus a plus d’un créateur d’ambiances et d’un bourreau des atmosphères qu’un simple groupe avec des chansons. On ne peut dès lors s’empêcher de penser que leurs humeurs troubles ne se limitent pas à une simple lecture au laser ou à la noirceur d’un vinyle. Bien au contraire, leur rayon d’action devient un spectre dantesque que l’on mariera volontiers au 7e art essayiste ou encore aux techniques scripturales et graphiques peu communes. A l’écoute de cette plaque et après une simple visite sur leur site, on comprend aisément que les musiciens se révèlent être des explorateurs plutôt que de simples instrumentistes. Le trip n’en est que plus intéressant.

Ultraphallus nous délivre ici un 2e crû de toute beauté et se taille une place de maître dans un style peu reconnu. Que leur manque-t-il? Ah oui, un label please…

Contact:
www.ultraphallus.be
www.myspace.com/ultraphallus

Thib

Roadfever – Wheels On Fire

(2009)

Je vous avais déjà parlé de Roadfever, le quatuor genevois aux vocaux féminins qui balance avec panache un rock ripoliné puisant ses influences dans le bon gros rock pratiqué par des formations étasuniennes et qui a un rendu fort agréable s’approchant de formations comme les barbus de ZZ Top, les néos rockers psychédélique seventies de Black Crowes ou les bikers de la bande Zakk Wylde. J’avais d’ailleurs chroniqué le premier jet dans ces pages et mon cœur s’envole à l’écoute de ce premier album qui bien qu’étant autoproduit à tout le potentiel de certaines sorties ‘labellisées’ voir plus encore !
Au niveau de l’artwork la formation s’est bien lâchée avec un skull marqué du chiffre treize et des illustrations sur lesquelles le quatuor pose devant des bolides US. Très cohérent et soigné, l’écrin de ce premier réel cd témoigne du professionnalisme qui anime cette bande de plus tout-à-fait jeunes. Le livret de douze pages propose aussi les paroles des onze plages composées par David et Manou ce qui demeure assez rare dans le(s) style(s) qui nous fédère(nt) ici.
En ce qui concerne la musique, les titres proposés ici sont exactement identiques à ceux qui étaient alignés sur la première démo, mais dans un ordre différent et surtout sous une nouvelle forme. La production assurée par le guitariste chevelu du groupe présente ses compositions sous un angle nouveau et plus abouti. Le lifting opéré sur les plages leur a fait gagné en puissance sans toutefois versé dans les plans bourrins ; Roadfever reste Roadfever. Le côté un peu aigu et métallique de la première ébauche qui n’avait pas été réalisé dans de pareilles conditions appartient au passé. Ripolinés presque à l’extrême, les titres sont plus profonds et aussi plus lourds. Les guitares ont été queqlue peu bridées et les backings ont été renforcés en testostérone. Pour le reste, la qualité d’écriture demeure intacte et la formation demeure fidèle à son style : le rock’n’roll pur jus sous perfusion directe du Pays de l’Oncle Sam !
‘Wheels On Fire’ qui ouvre désormais les hostilités demeure mon titre préféré parmi les plages que proposent ces quatre personnages au look fort proche de la Black Label Society. Je souhaite le meilleur à ces musiciens talentueux qui vont foutre la fièvre sur la route lors de leurs prochaines prestations devant le public de Romandie ou d’ailleurs…

Contact:
www.roadfever.ch

chris

Under Brooklyn Palms – Gestruppgestrauch

(2007)

N’ayant d’autoprod que l’absence actuelle de label sortant cette plaque, cette production est le premier forfait de ce jeune groupe allemand originaire de la région de Nürnberg. Ce premier jet d’une qualité époustouflante est un appel du pied appuyé aux structures traitant le style musical que nous affectionnons sur ce site. Vu les qualités évidentes de cette galette, il y a fort à parier que nous retrouverons ces lascars ultérieurement dans d’autres sections de ces pages virtuelles et partout dans l’univers.
Le quatuor, qui évolue dans une configuration rock très standard, s’articule autour de Christian Bauriedel à la guitare ainsi qu’aux voix, de Philip Niebisch à la basse, de Markus Simbürger à la seconde guitare et de Kai Wochele derrière les fûts. Intégralement constitué de compositions maison, ce skeud a été enregistré par le groupe lui-même en avril deux-mille-six pour ce qui est des instruments. Les parties vocales ont été mises en boîte l’été suivant au Insect Sauna Studio ; le mastering et le mix final est à mettre au crédit du groupe aussi, de son second guitariste pour être précis.
L’évolution des techniques d’enregistrement ainsi que les prix pratiqués actuellement pour le matériel permet à ce groupe de sortir aujourd’hui un disque de qualité professionnelle dans un registre que le groupe décrit comme un mix de musique psychédélique de la fin des seventies et de stoner rock moderne avec des influences blues.
De fait nous avons affaire à des garnements qui nous gratifient d’un premier effort de plus d’une heure dans un trend qui devrait faire mouche auprès des inconditionnels de formations comme Los Natas, Elephantum ou Colour Haze avec une touche progressive sur certains des quatorze titres ici proposés. Les choses démarrent très sérieusement avec ‘Another Night’ et son gros son biens stoner et ses variations de tempi. On enchaîne avec ‘Flüsterasphalt’ plus lent et lancinant qui tourne durant plus de trois minutes et s’avère une totale réussite.
On attaque dans l’aérien pour ‘Restelssness’ qui transpire ses influences seventies par tous les pores. Après une petite minute de slide intitulée ‘Secretly’ qui s’insère bien à l’ensemble, on passe à l’amphigourique ‘The Brain That Does Not Fit’ qui s’étale sur plus de douze minutes en zappant plusieurs influences qui vont du folk au fuzz en passant par des plans très psychédéliques ; certes très bien mis en forme, ce morceau m’a laissé un peu froid en regard de ce que la formation nous propose. Passons à la prochaine : ‘El Bigote De La Bestia’ attaque bille en tête dans un créneau psyché avec des sonorités très garage avant de virer de bord pour se perdre dans un bon vieux rock proche des Beach Boys puis une transition dépressive qui fait le lien avec un retour au style utilisé au début. Ca semble un peu tordu comme ça, mais ça s’écoute plutôt agréablement.
Le titre éponyme débarque avec force artifices estampillés désert qui le rapproche de Monkey 3 avec les chants en plus. C’est donc une réussite ! The Drowning Symphony – la partie conceptuelle de l’album – débute pour quatre morceaux qui sont à mon sens les meilleurs de ce cd dont je suis déjà un inconditionnel. En amuse-bouche instrumental : ‘Incapable’ et ses relents désertique qui mettent bien en scène des guitares intergalactiques ; l’entrée c’est ‘Glory Ages’ qui lorgne vers le rock progressif bien saccadé ; le plat de résistance c’est le lancinant ‘Listlessness’ et ses incursions de piano bien senties qui flirte presque avec Nick Cave ; le dessert ‘Drunken Lens’ renoue avec les grosses guitares saturées et les martèlements frénétiques.
La dernière plage à m’envoûter avant le barré et éphémère ‘Astray’ ainsi que le nettement plus barré et interminable ‘Schlummerfuntion’ c’est l’instrumental ‘Tiredness’ qui évolue calmement tout en douceur et de manière unplugged.
Bon ben je vais m’arrêter là, mettre en veille ma pomme, éteindre la lumière, mettre le loudness à fond et pousser le volume dans des niveaux totalement indécents pour me perdre dans cet univers cosmique et presque jouissif.

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chris

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