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Lo-Pan nous revient avec “Salvador”, son premier album composé sous la bannière Small Stone. La recette de ce groupe atypique n’a pas changé depuis “Sasquanaut”, son précédent opus (que son nouveau label avait réédité, remixé, fignolé,… pour fêter son arrivée dans son roster) : du gros hard rock moderne, vif, acéré, parfois gras, sablonneux… Toujours très largement porté par les vocaux rageurs de Jeff Martin, qui marquent l’identité musicale du groupe, Lo-Pan trace son chemin comme un tronçonneuse bouillante dans une motte de beurre : sans se dégonfler, franc du collier, le quartette américain aligne les titres sans regarder autour de soi. Remarquable de régularité et de force. Tandis que bon nombre de leurs collègues de labels affichent avec plus ou moins de transparence des influences savamment teintées 70’s, voire 80’s, Lo-Pan est un groupe bien ancré dans ce siècle : son socle d’influences est largement construit sur le metal des années 2000, auquel se greffe une couche bien sentie de sonorités stoner (la gratte subtilement fuzzée de “Bleeding out”, le rapide “Intro” ou encore “Solo”). Particulièrement à l’aise sur les tempos assez enlevés, la musique du groupe est insidieuse, vicieuse, mais jamais “fun” ou lègère… Lo-Pan est un peu au stoner ce que le thrash est au heavy metal : un genre plus sérieux, plus noir, plus méchant. Le bat blesse légèrement après de multiples écoutes : ce “Salvador” massif, homogène, tendu, peut s’avérer au bout du compte un peu roboratif. La faute en incombe au genre lui-même, peu enclin à l’originalité, au profit de l’efficacité immédiate. Même si des titres sortent du lot (“Spartacus”, le mid-tempo épique “Solo”), peu de chansons émergent de cette ligne directrice et l’on peut se perdre un petit peu en route.
Lo-Pan est néanmoins un groupe sérieux, ambitieux, qui met sa motivation et son talent au service de ses albums, à travers une identité musicale affirmée et un effort de composition important. Toutefois, il lui manque ce petit quelque chose qui fera de ses chansons des titres mémorables, de ceux que l’on veut pouvoir chanter en gueulant dans sa voiture en écoutant leurs disques à fond les ballons. “Salvador” est un bon disque, qui fera plaisir à la frange la plus metal d’entre nous, mais le groupe doit gagner en maturité et en recul sur ses compositions, leur donner ce petit quelque chose nécessaire à passer de “très bon album” à “grand disque”. Un “très bon album”, donc, ce qui est déjà pas si mal.
Il y a des petits plaisirs égoïstes dans la vie, et recevoir la dernière production de Roadsaw en fait partie. Egoïstement, déjà, je suis content que leur reformation il y a quelques années (leur album précédent, en 2008) n’ait pas été éphémère. On a besoin de groupes comme Roadsaw dans le paysage parfois trop morne du rock d’aujourd’hui ! Groupe hautement décomplexé, le quartette de Boston se positionne en synthèse du meilleur du hard rock des deux dernières décennies (le groupe a 19 ans cette année), les effets de mode en moins. Gros hard rock, soli super fuzzés, riffs metal acérés, passages southern-rock grassouillets… Tout le monde y trouvera quelque chose à son goût ! Les esprits chagrins soupçonneront un manque de personnalité… On leur opposera le fait que depuis bientôt deux décennies le groupe trace sa route sur le même chemin, sans regarder sur les côtés, procurant bonheur auditif à assez de monde pour être un jour déclarés d’intérêt public !
La maturité du groupe s’affiche avant tout dans la qualité de leurs compositions : les titres défilent, et tous s’avèrent ciselés à la perfection pour s’immiscer et s’installer à long terme dans les subtiles connexions séparant les tympans du cerveau. Maîtrisant l’art difficile du mid-tempo heavy en diable (et pas trop chiants : allons, reconnaissez-le, c’est sur ces titres que vous appuyez généralement sur la touche “next track”, non ?), le groupe en balance une petite poignée superbement chiadés : à commencer par le lancinant “Dead and buried” au refrain hymnique, “Motel shoot out”, “Thinking of me”, “Song X”… Ils poussent même le vice jusqu’à ralentir un peu le tempo pour la pseudo-balade sur-fuzzée “Electric Heaven”, plutôt bien foutue. Mais le groupe excelle encore plus sur les brûlots plus rapides, des morceaux qui balancent bien, à l’image du rageur “Weight in gold” (refrain sur-heavy), du bien groovy “So low down”, de “The getaway” ou du furieux “Too much is not enough” qui rue dans les brancards sans prévenir. Le chant de Craig Riggs, puissant, polyvalent, sans faille, complète à la perfection le travail remarquable de Ian Ross à la 6-cordes (un seul guitariste qui fait tout ce boucan tout seul, ça mérite d’être vu en live !!).
Bref, bien à l’aise dans ses bottes, Roadsaw a encore commis un excellent disque avec cet album éponyme de belle tenue. Pas le meilleur disque de la décennie, mais un qui vous fera passer du bon temps devant vos haut-parleurs. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà beaucoup par les temps qui courent !
Bon sang on l’aura attendu celui-là ! Depuis le dévastateur “Healing through fire” (un disque un peu plombé par la faillite du label Sanctuary quelques mois après sa sortie…), plus de 5 ans se sont écoulés. Chacun des derniers albums du quatuor briton montrait une évolution remarquable en terme de maturité, ce qui a rendu l’attente de ce dernier effort plus dure encore ! Mais notre patience est récompensée, car ils nous reviennent enfin, avec ce “Eulogy for the damned”, sorti dans leur nouvelle maison de disques, Candlelight Records.
Le sourire nous monte aux lèvres dès que l’on entend retentir le son de gratte pachydermique de Joe Hoare : riffs bardés aux hormones, soli crépusculaires (qui trouvent leur place sur presque tous les titres, voir les meilleures illustrations sur “Acid trial” ou “The filthy and the few”), le bonhomme est sur tous les fronts (simultanément parfois : espérons que le doublement de certaines lignes de gratte ne perde pas lors de la transition en live). Difficile de ne pas voir derrière son jeu de manche la pierre angulaire de cet album, et pourtant… impossible d’occulter la performance éblouissante de Ben Ward au micro : son chant profond, rocailleux et limite guttural, mais jamais hurlé, son timbre incomparable servent les morceaux admirablement. Le bonhomme s’essaye même au chant “normal” sur le plus subtil “Save me from myself”, bluffant. Tous deux apportent à Orange Goblin sa trace sonore, son identité, ce qui les distingue parmi leurs rares compétiteurs. Grâce à eux, la présence du groupe explose sur chacun des morceaux du disque. Il serait dommage toutefois de minimiser la qualité de la section rythmique, qui, même si elle est moins “outrageusement” présente, assure une tessiture de fond qui apporte une richesse sonore admirable : leur contribution amène clairement le groupe à un niveau de “maturité sonore” qu’il n’avait jamais atteint jusqu’ici.
La première gifle vient avec l’écoute du premier morceau, “Red Tide Rising” – une double gifle aller-retour en réalité : première mandale pour le son, tout simplement énorme ! Jamie Dodd, derrière les manettes, s’est défoncé, la prod’ est parfaite : ronde, généreuse, rêche… La seconde gifle, c’est la chanson elle-même : on avait presque oublié le talent de nos bonhommes dès qu’il s’agit de pondre des hymnes metal stoner de légende. Mais en alignant l’une de ses pièces maîtresses dès l’intro de l’album, le groupe ne fait-il pas une erreur sur le moyen terme ? Que nenni, les titres suivants viendront nous le prouver comme autant de coups de pieds dans les roubignoles. Exemple sur le “Stand for something” qui suit, avec un refrain tout en harmonie, nouvelle illustration d’une maturité remarquable dans le travail de composition. Autre hymne typique des quatre londoniens, “The Fog” traîne toute sa lancinante doomitude sur presque 7 minutes, charpenté autour d’un refrain surboosté et rageur, tronqué par un break presque progressif en son milieu. Les rythmes varient, les structures des morceaux ne sont jamais sclérosées, pas un temps mort sur ces 10 titres. Et tandis que l’on pensait la cause entendue, OG dégoupille sa dernière grenade avec son morceau éponyme : sur plus de 7 minutes, ils installent progressivement un mid-tempo qui commence par une guitare sèche et monte en puissance. Le titre en arrive à vous prendre par la gorge, avec un climax d’abord étouffant puis aérien, dès la mi-chanson, prenant la forme d’un refrain énorme : basé sur un riff juste évident, calé en léger contre temps, genre pataud et vicieux, ce passage en subtile harmonie de guitare qui n’a l’air de rien assoit à lui seul le talent de composition du groupe. Chapeau bas.
Au final, cette galette remarquable apporte une éclaircie toute salutaire dans ce début d’année un peu austère : assumant sa place dans le peloton de tête des locomotives du stoner européen et mondial, Orange Goblin peut se reposer sur une nouvelle pièce maîtresse de sa discographie. Un album mastoc, ramassé, efficace… un no-brainer, clairement : ce disque ne devrait pas décevoir grand monde, tant il dresse des ponts avec de multiples tendances musicales au cœur du stoner, et les étend même au metal au sens large. Sans se disperser, Orange Goblin ramène à lui tous les amateurs de bonne musique en attente d’une grosse claque dans les gencives.
Après le dantesque “Soundtrack…”, on pouvait à juste titre saliver dans l’attente de la nouvelle galette de Los Disidentes Del Sucio Motel. Résolument décidés à ne rien faire comme les autres, plutôt que de transformer l’essai avec leur second album, les voilà débarquer avec un split, qu’ils partagent avec leurs potes de Flashfalcon. Partie remise donc, on va devoir se satisfaire de cette poignée de titres pour le moment… Salauds ! Le concept de ce split “de potes” est bête comme chou : chaque combo propose 3 compos inédites, ainsi qu’une reprise du groupe ami…
Comme pour pas mal de splits remarquables (dont certains chroniqués en nos pages), le concept permet souvent de découvrir un groupe moins connu. C’est le cas deFlashfalcon ici, que pour ma part je n’avais jamais entendu. Ce combo lyonnais de “rock énergique” est en l’occurrence franchement recommandable : sorte d’ersatz sur-vitaminé des regrettés Gluecifer et des tout aussi regrettés Hellacopters, le tout teinté de rasades metal bien senties, Flashfalcon se positionne sur un créneau musical déserté en France… et le fait bien ! Pas seulement un groupe sous influence, le quatuor Lyonnais soigne particulièrement ses compos, ce qui les distingue dans un genre musical où la “punkitude” des morceaux (comprendre : droit au but, on tourne pas autour du pot) est trop souvent la référence : ici, les chansons sont deux fois plus longues que la moyenne des titres des ‘Copters, par exemple, ce qui permet aux Flashfalcon de fignoler, d’introduire des breaks judicieux, des mini soli… Illustration est faite avec l’introductif “Ridin’ with the Mavericks” (imaginons qu’il s’agit d’un hommage aux zicos de LDDSM…) qui balance la sauce tout du long. “Low life”, porté par un riff à la beauté orgasmique, emmène le groupe sur des sentiers qu’auraient pu fouler les Ramones s’ils étaient nés en Scandinavie et avaient passé plus de temps à soigner leurs compos plutôt qu’à se shooter. Le groupe choisit le “standard” de LDDSM pour sa reprise, “Sir Dany Jack”, et le réécrit complètement ! Seules les paroles semblent coller à leur version originale, alors que les riffs et les mélodies sont méconnaissables. D’aucuns pourraient penser à une trahison, mais on comprend en réalité que la marque de respect envers leurs potes strasbourgeois tient justement dans le travail de réinterprétation complet mis en œuvre par les Lyonnais. “Numb” qui clôt l’exercice pour Flashfalcon s’avère plus aventureux encore : intro finement ciselée, structure alambiquée prétexte à moults soli et digressions bien senties… Décidément, la première moitié de l’objectif de ce disque (la découverte) est atteinte, et on a franchement envie d’en entendre plus de ce quintette pas comme les autres.
La “face B” qui accueille Los Disidentes Del Sucio Motel surprend à sa manière tout autant que la face A : tandis que la première partie me faisait découvrir un nouveau groupe, la seconde partie… aussi ! En effet, que dire du combo qui passe dans les haut-parleurs alors que retentissent les premières mesures de “The Ones” ? Clairement, les Disidentes ont pris du galon… Porté par une rythmique survitaminée, on ne sait plus où donner de la tête alors que s’enchaînent une intro qui ne dépareillerait pas sur un Black Sab’ milieu de carrière, un riff impeccable, des chœurs parfaits… Quelle pêche ! Comprenant que ce titre repose à 90% sur l’énergie brute, les strasbourgeois le ramassent sur à peine plus de 3 minutes, incluant un break sur-heavy chargé en metal. Vlan, dans la gueule. Fidèle à son imagerie d’americana légèrement surannée, le groupe enquille avec un “Lucha Libre” moins violent, mais tout aussi impressionnant : un chant impeccablement modulé (et toujours des chœurs bien sentis), le tout reposant sur une série de riffs qui se répondent impeccablement… On retrouve sur ce titre les sonorités de guitare auxquelles le groupe a pu nous habituer. Quant au titre de Flashfalcon choisi, “Eternal Lonesome Boy”, il semble que l’effort de “re-composition”, même s’il n’est pas aussi colossal, soit bien présent : le groupe s’est complètement ré-approprié ce titre, en enrobant ce morceau originellement bien plus punkisant d’une couche d’arrangements parfaits, supportant une armée de guitares ronflantes et fuzzées du meilleur effet. Le dernier titre de la galette est probablement aussi le plus couillu (c’est pas peu dire sur ce split décidément hors du commun) : “Persia” est un morceau sérieux, “adulte”, c’est ce qui surprend en premier. Une production bulldozer, encore une fois un effort sur les lignes de chant (qui distingue clairement LDDSM de ses petits copains frenchies), et une composition audacieuse, qui peut sous certains abords relever du metal progressif (ce qui est un défaut selon moi dans 99% des cas se révèle ici une force).
En conclusion, je dirai dans un premier temps que ce split 100% monté sur le fun se révèle d’une densité musicale qui n’a rien à voir avec la blague de potache entre groupes amis : on y trouve deux groupes costauds, différents mais pas tant que ça, bien à l’aise dans leur musique… Plus encore, on apprécie la promesse que ces quatre titres de LDDSM nous laissent imaginer pour l’album à venir…
La précédente sortie de ce trio ricain m’avait quelque peu déstabilisé : sur la durée d’un album, leur stoner “déstructuré”, complètement orienté “jam”, m’avait apparu un peu décalé. Comme si le format album n’était pas adapté à leurs exactions musicales, tout simplement. Peut-être mon approche était-elle trop fermée… Toujours est-il que j’étais resté circonspect, l’impression de passer à côté de quelque chose. L’occasion m’est donc offerte avec la récente sortie de “Cosmic Priestess” de redonner sa chance à la musique de Tia Carrera.
Fondamentalement, le trio reprend la bataille exactement où il avait posé ses armes : dès les premières mesures de “Slave Cylinder”, on retrouve ce grassouillet son de gratte, ces quelques riffs bien charpentés qui, lorsque repris par la basse, permettent à Jason Morales d’emmener quelques soli fortement recommandables. Franchement, c’est bien foutu. Ca joue super bien, la base rythmique défourraille : lorsque Erik Conn à la batterie tient la baraque (par une frappe métronomique, sans esbrouffe), c’est Chris Goosman qui se fait plaisir en lâchant quelques impros de basse bien groovy. Lorsqu’à l’inverse, Goosman se cantonne à tenir sa ligne de basse robuste et ferme comme un coup de trique, c’est alors Conn qui fait péter son armée de cymbales, et s’engage dans des sections débridées pendant quelques secondes. Remarquable alchimie qui permet néanmoins à la gratte de se tailler la part belle dans le trio, portée par un son fuzzé assez délicieux.
Après moins de 8 minutes (!), il est temps de s’engager sur un autre terrain sinueux, à travers le plus épique “Sand, Stone and Pearl” qui, sur 15 minutes cette fois (!!) apporte encore plus d’espace au combo : celui-ci tisse une trame musicale non pas plus complexe (on n’est jamais sur des structures de morceaux trop progressives) mais plus ambitieuse, épique en quelque sorte. Au global ce mid-tempo (un tempo linéaire tout du long du morceau, notons-le, sans emballement artificiel) permet au groupe des envolées sympathiques. Un morceau d’ambiance réussi… mais trop court ? C’est tout du moins ce que paraît penser le groupe, qui s’engage alors sur “Saturn Missile Battery”, un O.M.N.I. de presque 34 minutes au compteur ! Le groupe ne s’embarrasse même pas, sur plus d’une demi-heure de chanson, à concevoir une intro : le titre commence par un fade in à peine dissimulé, comme pour laisser penser que l’auditeur ouvre la porte en plein milieu d’une jam impromptu, sans début ni fin… Et au final, ça fonctionne. Plus que tous autres, ce titre offre à Morales un espace d’expression guitaristique remarquable, sans limite, pour enquiller licks plus ou moins catchy, soli, riffs ventrus et roboratifs, tout en ramenant son instrument à portée des copains de temps en temps pour des passages en osmose impeccable. De manière assez surprenante, la galette se termine avec “A Wolf in Wolf’s Clothing” une chanson, osons le dire… presque normale ! (sans chanteur quand même, faut pas exagérer) Bon, 8 minutes au compteur quand même, mais un titre carré, groovy, encore plus 70’s que ses 3 copains de CD, noyé de cymbales et de soli de gratte débridés.
Bref, vous l’aurez peut-être noté, il n’y a pas grand-chose de neuf à l’horizon : Tia Carrera se fout toujours un peu de nous, ils n’en font qu’à leur gueule ! Ils ont envie de coller une jam d’une demi-heure sans temps mort ? Go ! Ils n’aiment pas les chansons couplet-refrain ? On va coller 4 couplets, 7 soli et 3 riffs consécutifs sans reprendre notre souffle. Et c’est comme ça tout du long. Ce groupe est énervant… mais leur musique est quand même foutrement bonne. C’est perturbant d’enquiller les 4 titres d’affilée, formatés que nous sommes à écouter des albums de 10-12 titres quelque peu standardisés, mais pour peu que l’on lâche un peu prise pour ouvrir grand les écoutilles, il est bien probable que l’on y prenne un plaisir différent, plus organique sans doute.
Ehécatl est une émanation directe des desert-rockeux frenchies Blaak Heat Shujaa, et s’annonce comme un side project plutôt original. La première originalité, mise en avant par le groupe lui-même, tient dans le genre musical abordé, vendu comme un “stoner doom psychédélique pré-colombien”… Seconde originalité, la composition du groupe, en l’occurence un duo (Thomas et Timothée, de BHS, donc), et les instruments pratiqués, à savoir une base basse-batterie, complétée ponctuellement de flûte, percussions, sitar, etc… Et non, pas de guitare sur une galette de stoner, blasphème ! En même temps, lorsque l’on dédie un album entier au Dieu aztèque du vent, blasphémer, on s’en bat le steak. Dont acte. On va voir ça de plus près.
De manière presque “attendue” tout commence par une sorte d’incantation que l’on imagine relever d’une sorte de danse de la pluie. La petite touche de folklore qui va bien pour donner l’ambiance. Par la suite, sur “La cancion del dios ehécatl”, le vrai ton de l’album se répand progressivement : sur une intro ambiancée avec une flûte en fond sonore, les notes de basse et la batterie viennent tisser un matelas sonore qui (comme on a pu justement le lire ici ou là) rappelle effectivement les projets de Al Cisneros, Om en tête. La basse, précisons-le, se rapproche assez dans le jeu d’une guitare (un peu le même type d’attaque des cordes qu’un Lemmy, en gros, mais avec un son moins saturé). “The wrath of tepeyollotl” est garni ici ou là de sitar, ce qui à mon sens met un peu à mal le concept : on a un peu de mal à projeter cet instrument d’origine asiatique dans un projet que l’on nous décrit d’inspiration sud-américaine… Cet anachronisme mis à part, le titre tourne bien, à l’image de “rih” qui lui succède. Encore une fois, les vocaux sont rares, mais accompagnent bien les plages instrumentales. Le très entêtant “tenan” (avec sa flûte hantée) fonctionne bien sur la base d’un riff de basse roboratif, porté par une rythmique qui s’emballe heureusement sur la fin.
Musicalement, la bestiole est globalement difficile à cerner : on peut penser à un mélange de Los Natas et de Yawning Man – le premier pour le son et les riffs stoner et limite délétères, le second pour ces passages instrumentaux relevant plus de jams psychédéliques. Le duo basse/batterie, même s’il occupe un espace sonore important, peut se révéler un peu “léger” (façon de parler…) à certaines occasions, comme sur la fin de “tenan”, où ce duo modeste sonne plus comme deux potes qui jamment en répèt’… Mais au final, le tissu musical est dense, bien agencé… Je garde le sentiment toutefois après plusieurs écoutes que le pari initial (faux-groupe sud-américain) n’est que partiellement validé : j’aurais attendu une appropriation plus forte, plus radicale du folklore aztèque, des instruments associés, un parti pris plus structurant. Néanmoins, comme le revendiquerait mon idole JJ Goldman, la musique est bonne, et au final, peu de monde y regardera à deux fois avant d’acquérir ce morceau de bravoure finalement plutôt recommandable.

Quand la moitié (rythmique) de Soundgarden décide d’explorer les contrées hallucinogènes et psychés du rock’n’roll des Sixties, le résultat est cette surprenante galette intitulée « Declaration of Conformity ». Attendu de pied ferme depuis la sortie d’un premier morceau en 1993, il aura fallu attendre 4 ans à sa fanbase (comme les aficionados de la Copa Del Mondo de Futbol au Brésil) pour se délecter de ce premier effort de Wellwater Conspiracy, qui outre Ben Shepherd et Matt Cameron, compte dans ses rangs l’excellent ex-Monster Magnet John McBain. A mesure que défilent les 14 titres de cet album, on se rend compte que ce supergroupe (voire culte) qu’est Wellwater Conspiracy ne l’est pas uniquement que sur le papier. Nos gaillards sont là pour envoyer le bois et l’esprit rock façon Beatles et Beach Boys (les frères ennemis de l’époque). Ils auraient d’ailleurs presque pu rajouter un ‘The’ devant leur nom tant l’hommage/la filiation est appuyé(e) (cf la reprise de ‘Nati Bati Ya’ de The Spiders). Quelle claque. Dès le titre d’ouverture, le très inspiré et catchy ‘Sleeveless’ (ce fameux morceau sorti 4 ans plus tôt), on comprend qu’on a entre les oreilles du très très lourd. Le ton est donné : pas de chichis avec Wellwater Conspiracy; le groupe va droit au but (les morceaux n’excèdent pas 3’23 !) et fait mouche 14 fois. Tout respire les sixties chez nos gaillards. Même la fraîcheur et l’innocence de cet autre temps (et du Surf rock) sont au rendez-vous sur un titre comme ‘Sandy’ et son refrain niais à souhait. Entrecoupé par quelques pépites instrumentales (‘Declaration of conformity’, ‘Palomar Observatory’), l’album de Wellwater Conspiracy ravive également la flamme du Floyd (et) de Syd Barett, comme en témoigne la reprise de ‘Lucy Leave’, ou encore ce clin d’oeil évident qu’est ‘Far Side of Your Moon’. Autre surprise, et non des moindres : les vocaux hauts perchés de Ben Shepherd. On connaissait surtout le bassiste de Soundgarden pour sa discrétion dans les rangs des géants de Seatlle (difficile de « crever l’écran » avec un Chris Cornell à ses côtés). On le découvre aujourd’hui comme un talentueux chanteur dont le timbre colle parfaitement à cette musique rétro, comme sur le sublime ‘Trowerchord’ où il excelle et donne le change aux envolées guitaristiques de McBain. Servi par un son digne des plus grandes productions de garage rock, on pourrait presque croire que ce disque est réellement sorti en 1969. Un excellent album donc, intemporel, qui trouvera toujours une occasion de tourner sur votre platine.

Après 2 ans d’absence, revoilà nos frenchys normands de Headcharger, avec le successeur du très bon « The end starts here ». Intitulé « Slow motion disease », ce quatrième opus s’éloigne (définitivement ?) des frontières du stoner avec lesquelles son prédecesseur flirtait et établit clairement ses quartiers dans le monde du rock n’roll gras et couillu. Le titre d’ouverture « All night long » donne d’ailleurs le ton et pose clairement cet album en digne du successeur du précédent effort, tant il est imprégné de ce que laissait déjà entrevoir « The end starts here ». Les 12 morceaux de cette galette sont donc autant de titres hard-rock pur jus que n’aurait pas renié The Almighty. Certaines sonorités me font d’ailleurs immanquablement penser au gang de Ricky Warwick. Résultat : ce « Slow motion disease » est beaucoup moins « complexe » que le(s) précedent(s) opus, et donc plus facile d’accès……pour un plaisir immédiat. Le seul reproche que l’on peut faire à ce disque vient, en l’occurence, de son côté finalement assez conventionnel : « Slow motion disease » n’apporte pas grand chose de nouveau au sujet et a déjà été entendu par le passé à maintes reprises. Les amateurs d’AC/DC (cf « Should be runnin’ ») et consorts peuvent donc se jeter les yeux fermés sur cet album qui ne manquera pas de les satisfaire, d’autant qu’une édition avec un DVD bonus (et live) et disponible dans le commerce. Quant à ceux que font frissonner les expériences musicales nouvelles : passez votre chemin.

7 Weeks, un groupe français que nous apprécions particulièrement en ce lieu, a saisi une opportunité séduisante : composer (et jouer en live) une bande originale alternative au film de Bob Clark “Dead Of Night” (aussi connu sous le nom de “Deathdream”). Ce film dérangeant, sombre, typique des films d’horreur des années 70, allie une puissance formelle (un peu surannée, mais toujours marquante) à un sous-texte assez virulent et des analogies intéressantes (allusions à la guerre du viet-nam, etc…), à l’image de certains films de Romero ou Fulci… Bref, un matériel particulièrement stimulant, dont la bande originale originelle (désolé pour la répétition) était déjà intéressante ! Sacré challenge, donc. A noter par ailleurs que le groupe considère cette expérience comme un album parallèle dans leur carrière, et non pas forcément dans la continuité de leur excellent “All channels off”. Passé ce constat, à l’heure d’émettre un avis, je me trouve partagé entre deux points de vue et me refuse à trancher. Je vous propose donc deux visions de cet album, atypique :
Point de vue n°1 : le pur fan de stoner.
7 Weeks n’a jamais été quoi qu’il en soit un groupe de “pur” stoner, il s’agit plutôt d’un groupe de metal sous grosse influence stoner, entre autres… Donc dans tous les cas, si vous n’aimiez pas auparavant, passez direct votre chemin : les éléments stoner de la musique des limougeauds ne transparaissent quasiment jamais via cet exercice. Evidemment, on espère que ça ne présume pas de l’évolution musicale du groupe (on garde un regard amer sur le début de carrière de Bukowski…), mais on se doit d’apporter un regard neuf sur cette production, d’où…
Point de vue n°2 : les autres.
Confronté à ce genre d’opportunités, un groupe aussi ambitieux que 7 Weeks ne peut pas refuser de se frotter à l’exercice de style. Exercice intéressant (on se rappellera de groupes comme Mÿguk qui s’y sont essayé avec réussite sur “Le dernier des hommes”, un classique muet cette fois de Murnau), potentiellement casse-gueule. Quitte à se laisser un peu emporter ?… En effet, le groupe laisse un peu en retrait sa propre musique pour servir un propos qui n’est pas le sien, se mettant complètement au service d’un film en l’occurrence. Or le désormais trio s’en sort bien. Il faut dire aussi que le groupe évolue accompagné d’un claviériste très présent : synthés et samples occupent une place qui pour ma part me paraît un peu préjudiciable à la dimension même de la prise de risque. En effet, il aurait été d’autant plus remarquable de retranscrire les ambiances sordides du film armé de leurs simples instruments… Mais c’est mon goût personnel (j’avoue que tout clavier conçu après 1979 ne trouve que rarement grâce à mes yeux…). Passé ces considérations pédantes, je me dois de reconnaître la qualité de ce disque, qui ne s’écoute certainement pas comme un album de rock : morceaux déstructurés, ambiances différentes, logique et progression musicale inexistante… Hors sujet ! D’ailleurs, l’album ne retranscrit que la moitié de l’exercice, puisqu’il ne dure que 45 minutes alors que le film en dure le double. Dans ce format, on notera une poignée de riffs intéressants (voire captivants), notamment sur “Andy” (séparé en 2 parties) probablement le morceau le plus accrocheur, “Coming home” ou encore le très rock “At the drive-in”. “Four again” qui clôt la galette est probablement ce qui se rapproche le plus d’un titre “classique” de 7 Weeks, et il dépote pas mal. Le reste n’est qu’ambiances glauques et ténébreuses, tension nerveuse musicalement induite, sons de guitare hantés…
Bref, ce disque qui ne ressemble à aucun autre est particulièrement intéressant, et je le recommande chaudement aux esprits les plus ouverts. Attention toutefois aux fans de stoner, ils pourraient être échaudés…
Troisième galette pour Hermano, pas la moins attendue. Pas la plus mauvaise non plus. Inutile de vous faire languir, si vous avez apprécié “Dare I Say”, vous aimerez ” Into The Exam room”. En revanche, si vous espériez un retour en grâce vers la période de “Only A Suggestion”, pas la peine de rêver.
L’album commence donc par un brûlot que beaucoup connaissent déjà via la page myspace du groupe, “Kentucky” : pas vraiment “neo metal”, ce titre au riff sec bastonne quand même pas mal. “Exam room”, qui suit, ressemble juste à un exercice de style, original et pas forcément raté, et il reste en mémoire après seulement 2 à 3 écoutes.
On croisera à partir de là trois types de compos sur cet album :
– les morceaux plus lents, proches des power balads (de l’acoustique au très électrique), sur lesquelles Garcia pose ses lignes de chant suaves et chaudes : superbement gaulées, bien jouées, au final, on préfère quand même les morceaux avec plus de pêche (“Dark Horse II”, “Out of key”, “Hard working wall”)
– les mid tempos rageurs : le groupe sait qu’il excelle tout simplement sur cet exercice. Les riffs sont acides; les rythmes lancinants (voir l’impeccable “Left Side Bleeding”), les arrangements nickels. Vraiment, Hermano n’a rien à prouver sur ce terrain, ils maîtrisent ces compos à la perfection : riffs, breaks, soli, chœurs, tout est impeccable. (“Don’t call your mama”, “Adoption boy”)
– les morceaux plus pêchus, giclées metal bien fournies, dernières cartouches dont Hermano a gardé la marque de fabrique. Même si cette dernière catégorie, la plus jouissive aussi, ne représente pas la majorité des titres de l’album, loin s’en faut, des morceaux comme “Our desert home” dépotent quelque chose de bien. Que le “revenant” Mike Callahan soit à l’origine du riff “support” de ce dernier titre ne surprendra pas ceux qui, comme moi, voient en ce jeune guitariste discret l’un des plus grands maîtres riffeurs metal de la nouvelle génération.
Au final, on regrettera dans cet album la trop forte proportion de tempos intermédiaires, qui rendront notamment le “ventre” de cet album (les morceaux du milieu) un peu mou. En revanche, les amateurs de mélodies, de compos hard rock aux petits oignons, y trouveront plus que leur compte !
Quid des amateurs de stoner ? Ne nous leurrons pas, ce n’est pas parce que Garcia a fait partie de Kyuss qu’il porte le “sceau sacré” sur tout ce qu’il a touché depuis : Hermano n’est pas un groupe de stoner, et ils le confirment avec cet album.
Concernant l’évolution du groupe, il faut aussi se faire une raison : tandis qu’en 1997/1998 Hermano représentait le projet le plus bandant de la planète, il est devenu avec ses deux derniers albums un groupe, avec des musiciens dédiés : plus professionnel, plus carré, on gagne en confiance en soi des musiciens (plus mûrs aussi) ce que l’on y a perdu en rage et en “urgence”. Ce n’est ni une perte, ni une évolution “naturelle”, simplement un constat sur un autre contexte musical, qu’il faut accepter. Tant qu’ils font toujours des albums bien foutus.
Chroniqué par Laurent

The Muggs était un groupe d’illustres inconnus pour moi avant d’enfourner leur présente galette dans mon lecteur CD. Trio étrange natif de l’industrielle et austère Detroit, ces gars-là avaient tout pour accoucher d’un brûlot graisseux, un uppercut froid et rèche, à l’image de la vie dans cette ville désolée, où la musique est trop souvent uniquement un exutoire. Et bien non. La musique de The Muggs est légère, datée (ou plutôt “hors du temps”), subtile…
Trio de formation presque classique (guitare, batterie… et orgue/basse Fender Rhodes !! Typique des 70’s !), les Muggs ont manifestement un peu bloqué sur les années 70 pour abreuver leur son et leurs compos : le son de gratte, impeccable, est juste saturé comme il faut, le chant est clair et légèrement rocailleux. La basse tout comme la batterie accompagnent le tout très discrètement, comme au bon vieux temps, à l’époque où il était commun que la paire rythmique assure modestement le taf dans le fond de la scène, hors des spotlights, mais sans effort et avec classe… De temps en temps, un solo de gratte venu de nulle part vient emmener l’ensemble, sans trop en faire. A noter une prod particulièrement croustillante, avec un son impeccable, un peu de slide ici ou là, du piano…
Les compos sont à la hauteur de ces premières louanges : le sympathique “Slow curve” entame de manière joviale les hostilités, la bave aux lèvres, et ouvre la voie à des titres plus mid-tempo (“All around you”) voire des balades étonnamment pas trop chiantes (“Curbside constellation blues”, “Never know why”), même si le soufre n’est jamais très loin avec des titres bien plus enlevés (“Get it on”, “Down below”).
Ce disque est à recommander aux fans des vieux Aerosmith (pas ceux de maintenant, ceux qui avaient 30 ans de moins !), et des autres anciens combo hard rock de la grande époque. Les fans de doom ou de stoner traditionnel n’y trouveront pas leur came, mais les plus ouverts d’esprit y prendront la même dose de plaisir qui fut la mienne lors des dizaines d’écoutes de ce disque.

J’adore SHEAVY, ils sont vraiment excellents. Si je devais donner quelques noms de groupes pour décrire le “bon” stoner, je citerai SHEAVY (tiens, je crois avoir répondu à ce genre de question récemment sur le forum, et je les ai peut-être oublié… oups !). Ils ont l’originalité, les influences qui vont bien, l’attitude, le son, le talent… Ils déchirent.
Bref, alors que j’ai pas encore mis la main sur leur nouvelle offrande, “Republic ?”, j’ai quand même dégoté leur nouveau DVD, “Republic ? at the Masonic Temple”… et j’aime ! Déjà un groupe de notre “sphère” qui sort un DVD, ça a de quoi réjouir, c’est assez rare pour être noté. Mais en plus un DVD aussi orgasmique, c’est le panard.
Niveau interactivité et autres, pas la peine de se caresser en y pensant : c’est du live, que du live, et l’interface du DVD est limitée à sa portion congrue : un menu d’accès aux chansons.
Mais on est pas là pour jouer aux billes, on enfourne la galette dans ce pauvre lecteur DVD pas trop habitué à cracher du bon son du 5.1 !! Ben ça lui fait tout drôle (et aux voisins aussi, tiens).
Niveau concept, ça va pas chercher non plus méga loin : c’est un concert filmé, le 10 mai dernier pour être précis. Un concert qui ressemble un peu plus à une sorte de répétition pour potes, dans une grande salle dans leur bonne ville de St John (Canada), avec le public autour du groupe. Un public trié sur le volet d’ailleurs, puisque l’événement était uniquement accessible sur invitation. La salle grouille de cameramen en herbe, disséminés un peu partout, ce qui donne au final un DVD jamais ennuyeux car filmé sous plein d’angles différents. L’image est donc cool, de bonne qualité.
Au niveau du son, ben rien à dire, le public étant particulièrement calme, on dirait une sorte de concert “rien que pour moi” de SHEAVY, ce qui flatte à la fois mon ego et mes oreilles. C’est du tout bon, et faire passer ça par une demi douzaine de haut-parleurs autour de moi me donne des frissons dans tout l’échine !
En ce qui concerne les chansons, je le répète, je n’ai pas encore le dernier album, mais cette petite merveille le reprend en intégralité, ce qui explique que sur 18 chansons (oui 18 !!! Y’a pas vol sur la marchandise !), je ne les connaisse pas toutes. Et elles sont bonnes, ces nouvelles chansons, sacré bon sang de bonsoir ! Franchement, déjà ça joue super bien, mais les compos assurent velu. Musicalement, ça balance, avec en plus l’ajout d’un second guitariste pour permettre à Dan Moore de tricoter les soli cristallins dont il a le secret. Entre le petit nouveau batteur Kevin Dominic (physiquement l’antithèse du cliché du rocker : un petit ventru moustachu avec une calvitie bien entamée : on l’imagine plus en voisin de palier des Bidochons que derrière les fûts d’un groupe de rock – et pourtant, il martèle, le fou !) et Keith Foley, bassiste impeccable, la rythmique est impeccable.
“Scéniquement”, pour reprendre un terme devenant très Staracadémien, il n’y a que le vétéran Steve Hennessey, le chanteur, qui court un peu partout, saute, tourne, bref, bouge un peu sur cette scène, les autres paressent un peu trop coincés ! Mais il est là, lui, et il assure. Or c’est quand même lui la voix du groupe, sa marque de fabrique. Son timbre, que l’on a si souvent comparé à celui d’Ozzy (qui nous manque tant depuis son décès, RIP Ozzy…), est irremplaçable, et représente vraiment la première marche, la plus apparente, vers l’inévitable comparaison à Sabbath. Mais ils ressortent grandis de cette comparaison, y ajoutant une fougue, une originalité et une franchise dans le propos qui ne peut que toucher le plus mélomane.
A noter que pour ne pas voler le consommateur (on croit rêver !!!) SHEAVY s’est même fendu de quelques sympathiques séquences “historiques” de leurs débuts, ou même plus récentes lors de leurs enregistrements. Encore une fois, honnête, fun…
Bon, bref, je vais pas en faire des tonnes (ah merde, quelqu’un me dit que c’est trop tard, que j’en ai déjà fait des tonnes) : tout ce temps que je passe à taper cette chronique sur mon clavier, je le passe loin de ma TV, et j’ai “Kill Queens Go Disco” qui m’attend ! Si vous connaissez pas SHEAVY, achetez leurs skeuds, et tant que vous y êtes, prenez le DVD. Si vous connaissez (et, donc, évidemment, appréciez) SHEAVY, magnez-vous de dégoter ce DVD. Aucune retenue à avoir. C’est un investissement sûr. C’est tellement rare, de nos jours.
Straight to the point! Ou droit au but, si vous préférez. Les vikings suédois de Deville débarquent ici de leur drakkar avec un second opus planqué sous leurs oripeaux. Si le premier album très prometteur ne débordait pas de fioritures, celui-ci se profile en droite ligne dans une veine épurée et hypnotique à qui mieux mieux. Les voyages forment la jeunesse, disaient-ils… forts de plus de 70 dates à travers l’Europe, Deville a pu regagné ses pénates pour nous pondre cet excellent Hail The Black Sky fraîchement mûri dans le bois des barriques en cale.
Les riffs simples et implacables s’abattent sur l’auditeur comme le marteau de Thor. Tel Aegir en parfait hôte des dieux, les membres emmènent leur public dans des eaux troubles et sombres pour des rencontres avec des sirènes animées des pires intentions. Et on y plonge la tête la première pour en ressentir la noirceur et la mélancolie des meilleurs morceaux de Black Sab, Kyuss et Soundgarden.
Pas si évidente de prime abord malgré une recherche évidente d’un style dépouillé, la plaque nous révèle une facette plus introvertie du groupe. Ce qui est frappant au fil des écoutes, c’est cette apparente obsession du riff ultime permettant, sans grands changements, de faire office de plage à lui seul. Un exercice périlleux dont Deville s’acquitte très honorablement.
Le son est d’excellente facture et le mix ne souffre aucune faiblesse. Les 4 membres jouent en parfaite osmose. Que demander de plus? Ah oui! On donnera une mention toute particulière à la voix et aux intonations d’Andreas, ces dernières étant si typées que le quatuor en conserve une personnalité réelle en dépit des groupes-phares citées plus haut. Envoyez la commande!

Le premier album de Baroness n’avait pas laissé les membres de desert-rock indifférents ni même le publique avec un bon accueil de manière générale. Les voici donc de retour pour un second effort au titre toujours aussi minimaliste puisque les gaillards entrent dans leur période bleue.
La première chose à dire c’est que l’album est très varié. En partie grâce aux interludes plus calmes que l’on trouve disséminés tout au long de l’album. Je ne vous cacherai pas que certains risquent de trouver cela un peu mou mais objectivement c’est tout de même bien écrit et loin d’être désagréable. N’en reste pas moins que cela donne une impression de continuité pour un album qui semble avoir été pensé dans sa globalité. Les compos par contre semblent assez inégales. Que ce soit d’un titre à l’autre ou au sein d’un même titre, on se prend parfois à être imprégné par leur musique pour décrocher ensuite et se sentir extérieur à ce bruit. La faute à mon avis à quelques facilités, en particulier dans les soli de guitares que j’attendais plus travaillés. Ne boudons tout de même pas notre plaisir, cet album est au dessus de la moyenne et saura séduire plus d’un amateur de riffs mais ne vous attendez pas à une claque.
Baroness sans décevoir ne nous balance pas le disque ultime que certains attendaient. On attendra donc la période verte… ou orange… ou noire…

En l’espace de 6 mois, ce Full Fathom Five est la troisième offrande live de Clutch. Mais contrairement au Heard it All Before et au Live at the Corner Hotel, ce nouvel album est une compil d’extraits de différents concerts de la tournée 2007/2008. Cerise sur le gâteau : il est disponible dans une version DVD.
Bon, c’est vrai que de prime abord, les objets ont de quoi laisser perplexe : il n’y a pas de livret d’accompagnement, le menu est minimaliste sur le DVD. Mais après tout on s’en fout, et Clutch aussi, car l’essentiel reste la musique qui nous est proposée. Et autant le dire tout de suite : ce n’est pas aujourd’hui que je dérogerai à l’habituel « Clutch est énorme », yada, yada, yada…..
Pour paraphraser feu Claude François, comme d’habitude le combo du Maryland fait parler la poudre. Les enchaînements sont simplement parfaits de maitrise et diablement efficaces (« The Dragonfly »/« Child of the city », « The Soapmakers »/« Burning Beard »….). Et que dire des « The Mob goes wild », « The Elephant Riders » ou « Electric Worry » (avec Eric Oblander à l’harmonica)
Bref, pour passer un chouette moment dans son canapé devant sa télé, ou dans sa voiture dans les bouchons, ce Full Fathom Five est indispensable pour tous les inconditionnels du groupe, ainsi que pour les amateurs de musique groovy.
Et si vous êtes vraiment réfractaire à l’idée de posséder un album patchwork d’extraits live, rabattez-vous sur un des nombreux concerts de Clutch déjà disponibles.
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