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Reprendre Godzilla des BLUE OYSTER CULT est une gageure qu’ils ont surmonté brillamment. Embrayer comme ils le font, pied au plancher sur 7 titres avant d’arriver sur Pigeon toe et là encore passer la surmultipliée est proprement ahurissant. Ce morceau, point d’orgue orgasmique est à se frotter le cul contre une botte de paille fraîche. Imaginez un mec qui se baladerait paisiblement dans les vastes étendues du grand Ouest américain. Le ciel se couvre subitement. Au loin, des chevaux sauvages s’agitent. Le plus grand, le plus fort, le plus rapide, un bronco, mène la danse. Il hennit comme la basse de Brad Davis et fonce droit sur notre homme, entraînant ses congénères avec lui. A l’opposé, la batterie de Brant Bjork gronde comme un troupeau de bisons en furie décidés à en découdre avec les chevaux sauvages. Au-dessus des bêtes, un orage de guitares est sur le point d’exploser. Deux nuages de poussière se rapprochent de notre homme. Mathématiquement, il est précisément à l’endroit ou les bêtes vont s’affronter. La foudre le frappe précisément au point de rencontre entre chevaux et bisons. Waaaaaaaouhhhhh ! Are you experienced ?
Après avoir pris une superbe claque au dernier Hellfest avec ce groupe, il est apparu urgent de rattraper le retard, ce qui fut fait dans une démarche anti-chronologique, à travers l’acquisition de leur plus récente production, « Tri ». Grand bien m’en a pris, l’investissement s’est avéré mille fois rentable tant le plaisir d’écoute est bien présent sur galette tout comme en live.
My Sleeping Karma est un quatuor instrumental, ce qui n’est pas son unique originalité, tant son inclinaison musicale est sans équivalence. Evoluant dans une atmosphère musicale particulièrement aérienne et psychédélique, le groupe teinte sa musique de sonorités orientales discrètes, qui apportent une toile de fond homogène sur tout le disque. Pour autant, il convient de ne pas se fourvoyer : MSK ne se cantonne pas à un stoner faiblard, juste bon à fumer des joints en souriant. Loin de là, les compositions du groupe sont même au contraire ambitieuses, et nécessitent de nombreuses écoutes attentives pour en cerner l’ampleur, la somme de ses détails et de ses sons. Clairement le duo guitare/basse s’y entend pour écrire un riff et le faire monter en puissance puis tourner sans jamais trop tirer sur la corde (voir à cet effet le riff énormissime de la fin de « Brahama », ou le riff « vertébral » de « Tamas »). Sur cette base de riffs impeccables et innombrables, des jams structurées s’aménagent ici ou là, sans jamais se perdre en route. Avec des claviers sont assez discrets, le trio basse, guitare, batterie s’entend manifestement à merveille, et les titres s’enchaînent dans une osmose parfaite, qui sert parfaitement le concept du disque.
Armé d’une cargaison de groove, bourré d’intelligence musicale et d’un sens de la compo insolent, ce disque de My Sleeping Karma surprend, passionne, interroge. Après avoir effleuré une première dimension « musique d’ambiance », très vite la profondeur des compositions et les différents niveaux d’appréciation apparaissent et s’entrechoquent dans une expérience inédite, empreinte de l’ésotérisme qui inspire le groupe. Un disque qui ne laisse pas indifférent, assurément, et que j’ai pour ma part trouvé passionnant.
Duo de choc le temps d’un split EP, 2 groupes aux 4 première lettres similaires partagent l’affiche ou plutôt la plaque dans un total de 8 morceaux répartis à parts égales.
On se replonge 10 ans en arrière et déjà, Solarized évolue dans une approche très Monster Magnet sans pour autant verser dans le pastiche. Tout est très correctement balancé et les attaques de gros son sont au rendez-vous. Rien à dire du côté de la justesse d’exécution si ce n’est que les musicos se cantonnent parfois trop souvent dans le minimum syndical, surtout le batteur. Dommage car les mélodies et riffs s’enchaînent bien et démontrent un talent de composition certain.
Au final, on ne peut également s’empêcher de penser que le mix et le manque de patate à ce niveau ne desservent pas le groupe également. Enfin, rien de catastrophique mais rien de très bandant non plus.
C’est alors qu’entrent scène les 5 autres jobards – du New Jersey eux aussi – et là, on sent une nette différence. Que de rage, que de groove, que de patate et que c’est bon!
Leur premier assaut se fait par une bombe de 8 minutes que l’on retrouvera d’ailleurs sur le sublime “Further” mais sous une version plus épurée. L’uppercut est imparable et l’auditeur vole dans les cordes. Ce qui est formidable avec Solace, c’est cette capacité de suinter la douleur et la hargne dans chacun des riffs, chacun des morceaux, comme une envie de foutre le feu dès la première seconde. Le son est top et possède une tessiture énorme.
Et pas question d’accorder une seule seconde de répit à l’auditeur. Les 2 plages suivantes confirment ma pensée et me malmènent agréablement dans des envois de bois si typiques et si reconnaissables de ce quintet.
Enfin, on notera toutefois que la dernière plage revêt un côté plutôt expérimental, les gratteux s’en donnant à cœur joie avec les effets et larsens, mais tient parfaitement sa place comme face B. Solace marque ici un grand coup avec cet EP qui laisse présager du meilleur déjà en 1998.

J’avais tiré la sonnette d’alarme dans le précédent Kérosène. Le « King of the road » de Fu Manchu était bien décevant et prenait le risque de se retrouver détrôné. Et bien c’est chose faite. Par des sujets de la couronne suédoise qui arrivent là dans une bagnole pourrie (cf. la pochette) mais dont le moteur semble être gonflé à bloc. Tellement gonflé leur moulin que les rois du Bedford sont encore à remballer leur vaisselle et à repriser leurs maillots de bain au bord de la plage, que nos quatre suédois sont déjà quinze plages plus loin en train de draguer toutes les minettes. Il faut se méfier des bagnoles qui ne paient pas de mine. On attendait pas les Demon Cleaner. Ce qui fait d’autant plus mal là où ça fait du bien. Bon, rien de franchement original là-dedans. Totalement influencés par Fu Manchu période « In search of » et donc gorgé de fuzz, ils prolongent un esprit plutôt qu’ils n’innovent. Mais pourquoi leur demanderait-on davantage ? Ils ont tout compris au truc. Du gros heavy rock right dans ta face écrasée. Totalement jouissif. Fuzz à tous les étages, rythmes effrénés, mélodies entêtantes. De la musique à écouter en conduisant. Ils devraient d’ailleurs vendre ce disque avec un volant de bagnole. On se calerait tranquillement dans un fauteuil entre deux enceintes diffusant « Up in smoke » à fond les gamelles, le volant entre les mains et on serait les rois de la route assis sous un poster d’étoiles du Nouveau Mexique. En attendant de se faire dépasser par un nouveau prétendant. Mais on s’en fout, pour l’instant les nouveaux boss ce sont eux !

Enfin !! Oui, enfin je peux écrire une chronique du nouvel album de Loading Data !
Car il est là, le tant espéré successeur de Frenchman Nevada nous arrive en cette année 2007 et on peut dire qu’il se sera fait attendre. Tant de choses se sont passées pour le groupe ces dernières années que l’on se demande vraiment à quoi va ressembler ce nouvel opus. Changement de line-up, recherche de label et que sais-je encore, autant de galères qui en auraient découragé plus d’un. Mais Lo Data, n’est pas homme à se laisser abattre et toutes ces galères, toutes ces critiques reçues au fil du temps sont balayées d’un revers de la main car Rodeo Ghettoblaster est bon, vachement bon, excellent même.
Fraichement signé sur le label argentin OUI OUI RECORDS (ce qui montre bien le malaise pour le stoner en France), le groupe nous offre donc un album puissant, très riche et hautement recommandable, un « must have » comme disent nos amis insulaires. Alarm Me entame le tout de brillante manière. Un bon riff, une basse qui l’accompagne parfaitement et une batterie très dynamique. Cela donne le ton de tout l’album. On sent d’entrée que ça a été travaillé autant avec envie qu’avec professionnalisme. Les arrangements sont particulièrement soignés (Daddy’O par exemple mais je peux citer chaque titre), les rythmes sont différents d’un titre à l’autre et cette diversité fait de cet album un melting-pot des plus réussis, chose à mon avis très difficile à obtenir.
Des titres comme Name It (assez lent et lourd) et Voodoo (rock’n roll mec !) bien que radicalement différents s’enchaînent sans choquer l’oreille et débouche sur un Nakat’s Drive In des plus punk pour revenir sur un rythme des plus bizarre ensuite. Bref, ne cherchez pas ici un disque de metal, de punk, de stoner, de folk ou toutes autres catégories musicales affiliées au rock, Rodeo Ghettoblaster est tout à la fois. Le groupe a su digérer les influences que certains leur reprochaient sur Frenchman Nevada pour se forger sa propre identité musicale. Je vois déjà les grincheux pointer leur nez pour y voir ici ou là des trucs influencés par machin bidule ou barbatruc. Tant pis pour eux, ils passeront à côté de l’une des meilleures productions de cette année. Quand aux autres, non seulement ils écouteront d’une oreille attentive ce skeud, mais ils l’achèteront et se déplaceront en masse pour les voir jouer en concert car en plus, ils savent jouer.
Le second “vrai album” (sur un label) de Mos Generator ne révolutionnera pas l’industrie du disque. Il ne changera pas votre conception du rock. Il n’incitera pas les fans de techno à s’acheter une Gibson. Mais il fait vraiment du bien par où il passe, ce con…
Mos Generator est un trio américain, et j’aime les trio : le format est musicalement exigeant (ne pardonne pas l’approximation) et néanmoins propice aux jams et boogies endiablés. Et pourtant, même s’il rassemble ces qualités, MG fait autant de bruit qu’un quintette : même si les artifices de la production moderne leur permettent d’aligner plusieurs lignes de gratte en simultané, le son du groupe est puissant et touffu.
Clairement, le groupe serait peu de chose sans un lourd passé Sabbathien, teinté de tout ce que le metal 70’s a engendré de bon, une sorte de heavy groovy parfois subtilement fuzzé, avec quelques touches “Southern Comfort” bienvenues mais étranges (de la part d’un groupe à l’opposé géographique des grands combos sudistes). Très orienté compo, MG soigne ses breaks, peaufine ses soli, et ne dispense un riff que si son efficacité est garantie. Si bien que la galette se révèle être d’une homogénéité remarquable en terme de qualité. Morceaux lents et heavy (tendance léger doom, comme “Into the Long Sleep”) précèdent titres rapides et heavy (“Yes my lord”, aux riffs secs et tendus comme un coup de gourdin) auxquels succèdent mid tempi parfaitement torchés (“Sleeping your way…”), tout est aux petits oignons sur ce disque qui ravira inévitablement les gourmands que vous êtes.
A noter une dernière plage fantôme qui ressemble en fait à une jam enregistrée en local de répet en impro totale, pure attitude.

On ne peut pas vraiment dire que les groupes exclusivement instrumentaux pullulent dans le rock ou le metal, alors pour une fois qu’on en tient un, et en plus de cette qualité, autant ne pas le lâcher ! Et quand en plus il signe un troisième album aussi exceptionnel que ce ‘Almost heathen’, ne pas l’écouter relève de la faute de goût, tout simplement. Après un premier album brillant mais frustrant (avec un chanteur faisant office de cinquième roue du carrosse, imposé par Roadrunner), puis un second, brillant et plus abouti, c’est désormais libérés du joug de Roadrunner que le trio s’épanouit et nous livre un album regorgeant de purs chefs d’œuvres, de riffs et de soli s’entremêlant dans des passages envoûtants, le tout étant bercé comme il se doit par une section rythmique incroyablement efficace. De toute façon, aucune priorité n’est franchement donnée à l’un des trois instruments, chacun créant son propre plateau d’argent de son côté, permettant à son collègue d’y poser ses parties instrumentales, et ainsi de faire évoluer la chanson. La guitare s’imbrique donc bien à sa place au milieu de la basse et de la batterie, le tout s’agençant à la perfection, à un point tel que l’on n’envisage jamais d’y ajouter un chanteur l’ombre d’un instant. Ca a de la pêche, c’est mélodique, et même après des dizaines d’écoutes on ne s’en lasse pas une seconde : les chansons (qui portent des numéros et pas de titres) sont tour à tour basiques et complexes, épiques souvent, mais structurées de manière à ne jamais lasser ou se répéter d’un morceau à l’autre. Un grand album.
Je m’étais mangé une monstrueuse mornifle en découvrant Torche à l’occasion du dernier Hellfest : si de nombreux concerts m’avaient donné la bave aux lèvres, la découverte de ce festival pour moi était ce trio ricain qui a tout ravagé sur son passage, et avec le sourire siouplait ! Une telle mandale incite forcément à s’intéresser de près à leur offre vinlyique. Dont acte.
Cet album se révèle au début d’un accès peu aisé : un amoncellement de titres rageurs, desquels surnagent ponctuellement quelques morceaux plus accrocheurs. Ce n’est qu’après quelques écoutes que se révèlent toutes les compos, de la plus mélodique à la plus percutante. Et là le plaisir d’écoute est décuplé, et jamais la musique du groupe n’est ennuyeuse. Evoluant dans un milieu metal énervé, porté par une musicalité impressionnante et des rythmiques à la force de frappe d’un missile terre-terre, le groupe égrenne les riffs vicieux et les breaks carnassiers tout au long de ses 13 titres, sans temps mort. On notera parmi les morceaux les plus marquants les patauds et doomesques “Sandstrom”, “Amnesian” et “Sundown”, le groove pachydermique de “Healer” (une intro furieuse portée par une montagne de grattes) enchaîné avec l’impeccable “Across the shields” (impossible de ne pas balancer la tête à son écoute), ou encore le super-dynamisant “Fat waves”. Un ensemble de titres emballants, ultra-positifs, qui donnent envie de… retrouver le groupe en live !
Même si les fans de stoner puristes n’y trouveront pas forcément leur compte, ce croisement improbable de Kyuss, Mastodon et les groupes “Small Stone style” séduira immanquablement le plus grand nombre d’entre vous. En tout cas pour ma part j’ai du mal à me séparer de cette galette ! Très recommandé.
A noter un packaging somptueux (livret plastifié et découpé, avec effet relief une fois replié…) qui incite à acquérir l’objet plutôt que de vulgaires MP3 (bouuuh, c’est mal).

Le quatuor californien fait partie depuis quelques temps déjà des valeurs sûres du style que nous abordons dans ces pages virtuelles. En constante évolution depuis sa genèse, cette formation a, à maintes reprises, opéré des mutations dans ses rangs ce qui a engendré des sorties assez inégale, mais franchement toujours assez bonnes.
Suite au passable ‘Start The Machine’ qui est un peu trop lisse à mon goût, le groupe, qui est resté tel quel, a quitté le désert californien pour intégrer le Grandmasters Recorders studio d’Hollywood en compagnie d’Andrew Alekel qui co-produit, ce type-là était déjà de la partie sur le bijou que demeure ‘Songs For The Deaf’ de Queens Of The Stone Age, ces onze nouvelles compositions. Comme quoi ça doit aider d’être signé sur une major.
Je profite de faire un petit commentaire sur l’horrible pochette qui orne le support contenant ces trente-six minutes stoner entre fuzz-rock et desert-punk : elle est horrible et compte tenu de ce que le groupe a déjà proposé par le passé, on est en droit de se poser des questions quant aux goûts visuels actuels de ses membres. Exit les références aux sports mécaniques, au skate ou au désert ! ‘We Must Obey’ a une tronche de skeud punk préhistorique et c’est dommage.
N’empêche que, heureusement, c’est pas la pochette qui influence ce qu’il y a dedans sinon on déchanterait souvent avec ce que nous propose une bonne proportion des groupes stoner et affiliés.
Cette production se situe musicalement dans un registre assez proche de ‘King Of The Road’ ou de ‘The Action Is Go’ sans ses parties planantes puisque seuls deux titres dépassent les quatre minutes. Ces vétérans de la scène flirtent même avec le punk rock sur ‘Between The Lines’ qui atteint à peine une minute trente secondes. Le côté un peu brut des productions présentes me rappelle même ‘Daredevil’ que le groupe commis il y a plus de dix ans et qui demeure un de leurs disques que je préfère. Pas brouillon du tout, cet album possède une âme furieusement rock’n’roll sans excès de surproduction et c’est tant mieux.
Loin de s’être assagi avec les années, nos lascars proposent de véritables brûlots menés pieds au plancher par une section rythmique survitaminées tel ‘Knew It Along’ et ‘Let Me Out’ lesquels forment une base parfaite pour les grands riffs fuzzy dont le groupe semble ne pas s’être lassé depuis ses débuts. Quelques titres interprétés avec plus de retenue comme ‘Moving In Stereo’ et son intro désertique ou ‘Sensei Vs. Sensei’ et sa touche surf complètent cette production gorgée du soleil étouffant du désert. Enfin, ce nouvel opus de Fu Manchu ne serait rien sans le fabuleux ‘Lesson’ qui résume à lui seul ce que le groupe propose de mieux tant dans le trend presque planant avec ses lignes de basse distillées avec précision ainsi que dans ses passages nettement plus débridés avec ses riffs distordus assénés avec force urgence.
Un nouveau chapitre qui me réconcilie avec Fu Manchu qui s’apprête à débarquer sur le Vieux-Continent. Pourvu que ça dure.
Qu’écrire de neuf à propos de Sunn 0))) ? Surtout lorsqu’il s’agit d’une réédition d’un disque publié courant 1999 à 700 exemplaires, collector introuvable, du maléfique duo Anderson/O’Malley, entièrement inspiré par l’œuvre de Earth, autre duo ayant imposé le drone riff dans la metal music. Trois choses au moins. Premièrement, que les amateurs du groupe apprécieront de pouvoir s’envoyer son premier effort derrière les oreilles. Deuxièmement, qu’il n’y a aucune chance pour que ceux qui détestent le groupe changent d’avis à son sujet. Troisièmement, que ce disque constitue une manière pertinente, mais non suffisante de se familiariser avec l’œuvre du combo. Pour finir, si l’équipée sonique ne vous effraie pas, préférez la version double LP picture disc au CD ! Plus belle pour les yeux !
pfff, bientôt 5 ans d’attente, depuis la sortie de “Flower of disease” chez Man’s Ruin… c’est pas humain ! Goatsnake est vraiment un groupe à part sur la scène stoner, assurément un chef de file, mais ils sont feignants !!! Plombés par les activités des uns et des autres, le groupe de Billy Anderson et Pete Stahl ne nous régale même pas d’un nouvel album : il s’agit d’un mini-album ! 3 titres seulement, auxquels le groupe ajoute (avec ironie ?) 2 bonus tracks, des reprises de St Vitus et Black Oak Arkansas…
Dès les premières notes de “Portraits of pain”, on est heureux de retrouver la voix suave de pete Stahl, l’une des plus agréables cages thoraciques du stoner rock ! Scott Reeder (Kyuss, Unida…) distille des lignes de basse abyssales (pas vraiment son genre de prédilection pourtant !) très efficaces pour renforcer le tout.
Les chansons sont quand même excellentes (on était en droit de l’exiger : c’est un minimum !!!), et on retrouve un Goatsnake encore plus impressionnant que celui que l’on avait quitté : meilleur son, compos toujours aussi bonnes…
En tous les cas, ces 3 morceaux annoncent le meilleur pour la suite. Une seule question reste posée… quand ?

Superbe pochette de ces finlandais qui affichent d’entrée leur amour pour le vinyle et les sons d’autrefois qu’on refait aujourd’hui pour le plus grand bonheur des gens qui aiment ça. J’avais déjà été impressionné par leurs titres sur la compile « The Mob’s new plan ». Ils signent là cinq morceaux qui me donnent à penser que nous sommes en présence d’un nouveau grand groupe. Si à la première écoute on est surtout frappé par l’épaisseur de leur son, on ne l’est pas moins par les influences qu’ils affichent assez ostensiblement. C’est Kyuss qui, le premier, vient à l’esprit. Puis, progressivement, devant l’énergie brute délivrée, les tempos soutenus, on se rend compte qu’ils ont également puisé chez les Hellacopters ou des Gluecifer. Nous avons donc là une sorte de heavy groove rock extrêmement énergique largement empreint de punk rock. On pourrait aussi dire qu’il s’agit de punk rock enveloppé dans un écrin de fuzz. En tout cas, ça envoie grave. Une vraie réussite qui met en autant en appétit qu’elle fout la gaule (« c’est quoi une gaule ? » demande la madame, « c’est une guiche ! » répond le monsieur). Un petit disque à ultra haute teneur érotique donc. Il va cependant falloir pratiquer le tantrisme avant de pouvoir jouir de ce groupe sur une plus longue durée. A moins d’être éjaculateur précoce, auquel cas, celui-ci devrait vous suffire.

Voilà enfin la dernière livraison encore toute chaude de Môssieur Josh Homme, leader des Queens Of The Stone Age, qui trouve encore dans ces sessions du désert un échappatoire au carcan pourtant très ouvert de la musique des Queens : depuis plus de quatre ans il rassemble tous ses potes dans un petit studio du désert Est-Californien et enregistre ses délires sur bandes, des bandes qui sortent quasi confidentiellement sur de petits labels, réservées généralement aux initiés. Il profite de la création de son propre label pour y sortir les deux derniers volumes de ses sessions (qui sortent toujours deux par deux sur format CD), et ne déroge pas aux règles de base du projet : ne jamais chercher l’homogénéité, enregistrer librement tout ce qui ressort de ces sessions sans auto-censure, et avec le plus de musiciens différents possibles. Le résultat, on en est habitués, part dans tous les sens, passe de l’anecdotique au génie pur, de la grande classe musicale à la blague de potaches, du très expérimental au redoutablement carré. Les premières écoutes sont inévitablement déstabilisantes, on cherche vainement à se raccrocher à quelque chose de familier, une voix ou un son, le chant de Lanegan sur le très beau ‘Hanging tree’ par exemple, ou alors les morceaux ‘expérimentaux’ qui ne sont finalement là que pour détendre l’atmosphère. Mais ce n’est qu’au bout de bon nombre d’écoutes que l’on commence à s’imprégner des chansons, et que l’on apprécie les relents très orientaux d’un ‘Don’t drink poison’, la beauté de ‘Making a cross’ ou ce chant incroyablement décalé et envoûtant (en russe !) sur l’excellente ‘Nenada’, et donc que l’on goûte pleinement les mélodies proposées sur cette galette ma foi terriblement savoureuse. Bref, un excellent album que l’on ne conseillera toutefois pas à ceux qui sont un peu sectaires et peu ouverts aux expérimentations musicales (ces derniers peuvent toujours se jeter sur l’album de remixes de Limp Bizkit).
On ne peut pas dire que la pochette soit des plus joyeuses. Cet artwork sombre et dégueulasse, à la limite du DIY s’il n’était pas imprimé de façon professionnelle, pourrait tromper sur la marchandise, impression corroborée par la vue du label qui sort cette galette, Bones Brigade (dont j’ai apprécié quelques sorties mais à mille lieux des genres qui nous intéressent ici) spécialisé dans le grindcore et autres molards supersoniques.
Ce coté crachat glaireux, on le retrouve pourtant bien chez Eibon, formation parisienne peuplée de membres de Drowning et Horror Of The Black Museum. Déjà deux références à Lovecraft en une phrase. Fort. Surtout que cela ne s’arrête pas là, puisque le groupe fait partie de la frange doom, dont l’écrivain de Providence a souvent été une influence majeure. On retrouve alors les composants essentiels à tout bon hommage musical au père des grands anciens indicibles. Tempos tétraplégiques, riffs massifs et écrasants, hurlements de dégénéré puant l’alcool et la démence. Pas forcément original mais remplissant avec brio son office. A voir désormais sur la longueur. A noter pour l’anecdote un sample de ‘Weird tales’ de Dopethrone à 4 minutes sur ‘Venom of solar lust’, titre qui rendait déjà hommage à Lovecrat et toute sa bande, la boucle est bouclée.
Hangman’s Chair est né des cendres de Es La Guerilla et on ne constatera que peu de différences entre les deux groupes, si ce n’est une majeure : l’absence de cette voix bancale et horripilante, remplacée par une autre, moins remarquable mais se mariant mieux à leur mixture stoner/power metal du bayou. C’est groovy, puissant, ça tabasse, le son est éreintant, molosse de saturation, mais le tout est affreusement court.
En somme un split inattendu mais loin d’être des plus oubliables. Cela fait plaisir de voir s’éveiller une scène française qui aime le gros son.

Le vent sec et chaud du désert du Rancho De La Luna n’en finit pas de faire des ravages sur le Vieux Continent. Nouveaux-venus dans l’univers du stoner helvétique, les Suisse-Allemands de Nancy Glowbus semblent avoir passé de longues soirées à se passer les Desert Sessions ainsi que les premiers opus de Queens Of The Stone Age et ça transpire par tous les pores de leur stoner bien fuzzy balancé à la cool avec quelques accents bien garage.
Dire que cette formation marche dans les traces de la bande à Josh serait un peu réducteur car les Bernois ne se contentent pas de balancer les plans du rouquin ! Ils font du Nancy Glowbus, soit un stoner bien classique, bien fuzz, parfois aérien, parfois survolté et toujours assez accessible pour le grand-public. Exit donc les plans alambiqués, prise-de-tête ou bien barrés ; le quatuor fait dans le groovy et le mélodique. Si certaines des treize plages qui composent cette plaque s’étirent tel un lézard sous le soleil de Californie du Sud à l’instar de ‘Closer’ ou ‘Shoot You To The Moon’ dans un style entre acoustique et slide, d’autres empruntent des chemins plus burnés qui me touchent plus.
Dans un registre voisin des Hellacopters, le groupe termine cet album en beauté avec ‘Leavin Town’ dans la plus pure tradition du punk’n’roll débridé avec le support d’un clavier survolté bien senti. Dans un autre style, on trouve ‘Silence On The Hill’, un brûlot fuzz qui tourne avec un groove mordant bien carré qui n’est pas sans rappeler certaines formations scandinaves axées sur le fuzz (qui a dit Dozer ?). Le concis ‘Call It As You Want It’ envoie furieusement du bois avec un gros riff bine gluant de basse vrombissante sur lequel se cale des vocaux énergiques et guitares overdrivées qui font bien le job, cette plage me rappelle agréablement Pawnshop par la manière dont le groupe envoie ses couilles dans le pâté à la bourrin.
Enfin, ma préférence va à ‘Backseat Love’ un titre burné et brut articulé autour d’une structure assez simple où les vocaux sont distordus, dans la veine de certains groupes précurseurs du style, et les parties rythmiques percutantes.Une affaire helvète à suivre !
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