Slo Burn – Amusing The Amazing

Slo Burn - Amusing The Amazing

A peine a t-on le temps de se remettre du split de Kyuss que John Garcia réapparaît au sein de ce nouveau combo : Slo Burn. Entouré de jeunes musiciens (Damon Garrison, Brady Houghton et Chris Hale), Garcia souhaite poursuivre dans la voie tracée par son ancien groupe.Ce E.P. prometteur sort donc en 1997. De ces 4 titres, on retiendra tout d’abord la rage. La rage de Garcia qui veut prouver qu’il peut exister sans Kyuss, et la rage de ses 3 jeunes comparses qui souhaitent rapidement se faire un nom. Ce qui frappe également, c’est l’ambiance ‘désert’ omniprésente durant ce quart d’heure de musique et qui donne aux compos de Slo Burn une certaine authenticité qui manque parfois à certains groupes de la scène stoner. Ce qui frappe enfin, c’est le final de cet E.P. ; ‘Pilot the Dune’ et ‘July’ sont 2 véritables perles qui méritent à elles seules qu’on s’attarde sur ce disque d’un autre temps.
Malheureusement, la carrière de Slo Burn sera aussi courte que son unique E.P., ce qui est fort dommage pour les fans que nous sommes. Incontournable donc.

Queens Of The Stone Age – Stone Age Complications

Queens Of The Stone Age - Stone Age Complications

Un CD de faces B et autres arêtes, pressé à 25000 exemplaires et seulement disponible aux Etats-Unis, avouez quand même que ça sent l’arnaque à plein nez. Pourquoi donc acheter ce disque me direz vous ? Trois reprises déjà apparues en face B des singles de Songs For The Deaf (‘Who’ll Be The Next in Line’ des Kinks, ‘Wake Up Screaming’ des Subhumans et ‘The Most Exalted Potentate of Love’ des Cramps) et un remix de ‘No One Knows’ par les Anglais d’UNKLE ne suffisent certainement pas à justifier l’achat de cet E.P. pour le fan de Queens Of The Stone Age.
Alors, pourquoi mettre la main au porte-monnaie me direz vous ? La raison réside dans les deux dernières chansons de ce CD, toutes deux sorties sur les split E.P. du groupe (avec Kyuss et avec Beaver) et épuisés depuis bien longtemps. Ainsi, les fans les plus récents auront plaisir à découvrir ‘The Bronze’, titre présent sur le très recherché split avec Beaver , et ‘Born To Hula’ qui figurait jadis sur le 7″ Gamma Ray ainsi que sur le split avec Kyuss.
Les acharnés de la première heure, eux, pourront redécouvrir ce dernier titre dans une version reliftée (paroles et arrangements légèrement différents) plus proche de la version jouée actuellement par le groupe en concert.
Une chose est sûre, ce Stone Age Complications n’est certainement pas le disque de l’année 2004.

Positiva – Prodigal Songs

Positiva - Prodigal Songs

Ce qui marque chez Positiva au premier abord c’est sa générosité débordante : ceci est illustré sur cet album rempli jusqu’à la gueule de titres épais, aux riffs charnus et aux rythmiques roboratives. Le quatuor nous propose un album chaleureux et honnête, qui donne chaud. Musicalement, c’est du tout bon, un sans faute : du bon vieux hard très fortement matiné de blues rock, ça suinte le gras par toutes ses pores… Les harmonies de gratte tendance sudistes (voir la surenchère jouissive de soli enchaînés sur “Black Moutains Rock”) sont contrebalancées par des riffs sévèrement montés et des soli bien acérés. Les vocaux sont puissants et juste assez glaireux pour ne pas tomber dans la caricature ; un usage encore modéré du bourbon, probablement. Ce son très “southern rock”, qui file la banane rapprochera Positiva des meilleurs groupes du label Small Stone, et notamment des fabuleux Dixie Witch. Sur la fin de l’album, quelques relents space rock (“The complete mercy of the Lord”) ou franchements stoner (“Black telescope”) viennent troubler le final d’un disque que l’on pensait totalement “cablé” sur un unique schéma musical. Décidément, ce groupe est plein de surprises.

Au final, après avoir vu Positiva en concert, l’écoute prolongée de ce disque m’a déstabilisé : le groupe en live aborde plusieurs contrées musicales, avec des incursions plus poussées dans le stoner rock traditionnel. Cet album se frotte au genre ponctuellement, mais ne semble jamais l’attaquer frontalement. Au final, la qualité musicale est au rendez-vous, et l’on aurait du mal à critiquer la qualité du genre musical retenu. Ce disque est donc fortement recommandé, il s’écoute avec plaisir, le sourire aux lèvres et, forcément, les cheveux aux vents.

Goatsnake – Flower Of Disease

Goatsnake - Flower Of Disease

Sans conteste possible, Goatsnake est un grand nom du stoner rock, et cet album ne fait que nous le confirmer. Le quatuor californien, constitué de vétérans du genre, propose avec ce second forfait vinylique un assortiment particulièrement réussi de morceaux heavy comme pas deux (voir les riffs ultra lourds de ‘The Dealer’ et ‘The River’), aux guitares omniprésentes enchaînant des montagnes de riffs sublimes appuyés par une rythmique plombée, et mis en relief par la superbe voix de Pete Stahl (brillant sur ‘A truckload of Mamma’s muffins’). Les chansons sont magnifiquement composées (témoin ce ‘Easy Greasy’ ultra heavy et ses ruptures de rythme, ou encore ce ‘El Coyote’ groovy en diable) et qui restent en mémoire pour longtemps (le refrain infectieux de ‘Live to die’). Rajoutez une belle panoplie de guest stars, d’instruments supplémentaires (lap steel guitar, harmonica), des arrangements heureux, et vous obtiendrez le relief nécessaire à toute réalisation discographique d’envergure. Un excellent disque, le stoner au top niveau.

House Of Low Culture – Edward’s Lament

House Of Low Culture - Edwards Lament

Non content d’officier dans une des meilleures formations du moment et d’avoir posé les bases du label Hydrahead, Aaron Turner se paie parfois le luxe de mettre en boîte des projets complètement vrillés juste pour le plaisir avec quelques potes de renom. Enregistré entre 2000 et 2002 dans son laboratoire personnel, ce deuxième effort réunis autour du collaborateur d’Isis Jeff Caxide, autre membre d’Isis, Luke Scarola, qui officie avec Aaron au sein d’Old Man Gloom, ainsi que James Plotkin, résident de Khanate et Sunn 0))). Franchissant allègrement les limites qu’Isis s’est peut-être posées tout seul, House Of Low Culture va encore plus loin dans les délirs soniques et dissonants que pratique usuellement Isis. N’incluant pas de trames vocales, la formation semble n’avoir de limites que sa propre imagination et quand on mate les cv de ces types, on pense que leurs limites doit voisiner avec l’infini. Exit les formats musicaux standards puisque nous passons de titres de deux minutes à de longues plages dépassant aisément la dizaine minutes jusqu’au score impressionnant de dix-huit minutes pour l’interminable …And Now The Man You’ve Been Waiting For’. Loin aussi les arrangements standard rock’n’roll puisque nous zappons des riffs acérés de ‘Intrmssn_B’, sorte d’interlude métallique, aux relents folkeux de ‘On The Upswing’ assenés à coup de guitare acoustique sur fond de nappes synthétiques qui ne dépareillerait pas sur un album comme ‘Panopticon’.
Interprétée avec maestria par des gens qui sont loin d’être des rookie et dont la créativité semble être sans frein, cette nouvelle pièce à l’édifice musical que traîne derrière elle la comète Isis est du meilleur cru à l’image du sublime titre qui a donné son nom à cet album.

Los Natas – El Hombre Montaña

Los Natas - El Hombre Montaña

La bio a raison, pour une fois : avec “El hombre montaña”, Los Natas reprend là où ils s’étaient arrêtés avec “Corsario Negro”, il y a 4 ans : au sommet. Là-haut, avec les rares groupes stoner qui peuvent soutenir la comparaison. Car oui, cet album fait chaud aux oreilles, surtout des oreilles qui tendent à se “disperser” un peu dans le stoner moderne : finalement, peu de groupes assument (et magnifient) aussi bien le pur stoner. La musique du trio argentin caresse les tympans comme une râpe à bois, l’écoute à hautes doses (forcément recommandée) fait l’effet d’un frottage de cerveau au papier de verre.

Mais trêve de métaphores bricolagères, comment vous persuader, vous, fidèles lecteurs, du bien fondé de mon propos, et de l’urgence qui vous incombe d’acquérir cette galette ? Los Natas, ici comme avant, fait du Natas : à l’image de la prod de l’inébranlable Billy Anderson, tous les équipements modernes et les gros budgets du monde n’y feront rien, le son du groupe restera rocailleux, rêche, et donc si onctueux au fan de Kyuss /Black Sabbath/Motörhead qui sommeille chez les plus malades d’entre nous. Vocaux hantés et presque dissonants, chœurs entêtants, et surtout riffs monolithiques servent de base (et de prétexte) à des instrumentaux protéiformes mais jamais ennuyeux (11 titres sur la galette, aucun bouche-trou). D’ailleurs, lorsque le groupe se lance dans un pur instrumental (Lanza Ganado), ils se permettent d’aligner leur compo la plus barrée, directe et punchy, sans une seconde de remplissage (j’entends “Karma To Burn” au fond de la salle ?…).

Histoire de rajouter au décalage culturel, les paroles (100% espagnol, of course) traitent de sujets aussi divers que la guerre, la politique, ou la religion, à travers des textes courts, lancinants, et hautement allégoriques. Sans parler de la pochette, aussi belle que naïve et mystérieuse. Le tout participe à créer une aura quasi mystique autour de cet album.

Je veux voir Los Natas en concert. Si c’est ne serait-ce que moitié aussi puissant que l’écoute successive de leurs albums, ça doit ressembler à du bonheur en branches. Encore une galette indispensable de nos sud-américains préférés.

Desert Sessions – Vol. 9 & 10

Desert Sessions - Vol. 9 and 10

On pourrait craindre, à mesure que les volumes des Desert Sessions sortent, que la série s’essouffle par manque d’idées nouvelles. Eh bien détrompez-vous. Ce n’est pas encore aujourd’hui que la malédiction des suites (Police Academy ou autres Rocky) frappera les sessions désertiques de J Ho (à ne pas confondre avec J Lo).Par quel miracle cela est-il possible me direz-vous ? Eh bien, c’est tout simple : demander à la sublime PJ Harvey d’apporter une touche féminine à ces deux nouveaux volumes. Et il faut bien admettre que le résultat est tout simplement bluffant, tant la complicité entre Josh et mademoiselle Harvey semble naturelle. Pour preuve l’excellent single ‘Crawl Home’ sur lequel le grand rouquin et la belle se donnent la réplique comme le feraient deux acteurs dans un film. Et quand PJ ne chante pas, le résultat sonne à s’y méprendre comme du très bon QOTSA (‘In My Head’ Or Something’, ‘Bring It Back Gentle’). On retiendra parmi ce magma d’idées en fusion le génialissime et très flamenco ‘There Will Never Be A Better Time’ interprété (une seule et unique fois !) par l’improbable duo Chris Goss & PJ Harvey ainsi que le magnifique ‘I Wanna Make it Wit Chu’ sur lequel Mark Lanegan nous démontre une fois de plus l’étendue de son immense talent.Bref, malgré la diversité de styles musicaux qui sont abordés, la galette est cohérente de bout en bout. Ces Desert Sessions feront donc le bonheur des aficionados, mais aussi des amateurs de bonne musique en général.

Hellacopters (The) – Rock & Roll Is Dead

Hellacopters (The) - Rock and Roll Is Dead

Le dernier long format de ces faux frères scandinaves commençait un peu à dater depuis 2002 et le message mentionnant la mort d’un style musical qui hantait leur site internet depuis quelques mois n’était pas là pour rassurer ses fans. Qu’ils se rassurent : la locomotive mondiale du punk’n’roll n’a pas abdiqué et c’est à nouveau Chips K. qui s’est collé à la production de cet album. Autant dire que cet objet plus roll que punk n’a rien de révolutionnaire en soit. Les Hellacopters ne sont pas revenus à leur style rentre dedans des débuts et les fans de la première heure ne vont pas se réconcilier avec la formation assagie depuis la sortie de ‘High Visibility’. Ceux qui au contraire ont été séduits par ces Suédois depuis cette époque risquent quant à eux d’être un peu déçu par un album légèrement en dessous de ‘By The Grace Of God’. Débutant sur un rock que ne dénierait pas Chuck Berry, cette production sans complexes aligne néanmoins quelques rocks d’obédience Ramones bien senties comme ‘Bring It On Home’ ou l’imparable ‘Everything’s On T.V.’ dans un registre à la fois sobre et terriblement efficace. Alors même si quelques passages de guitares semblent un peu pompiers cet album demeure un excellent disque de rock pur jus et franchement vous en connaissez beaucoup des groupes qui ont su intégrer des claviers à leurs compos avec la classe de ces lascars ?

Orange Goblin – Coup De Grâce

Orange Goblin - Coup De Grâce

Me voilà bien dans l’embarras. Orange Goblin a toujours fait partie de mes groupes favoris. Les voilà qui débarquent avec un album produit par le plus grand bassiste de la planète (Scott Reeder) et avec deux apparitions de l’un des plus grands chanteurs (John Garcia, Unida, ex-Kyuss). Autant dire que je me suis jeté sur cette galette comme un mort de faim, d’où une certaine déception. Relative toutefois : cet album a la tête et les épaules au dessus de la masse indigeste de merde qui nous est déversée par cartons entiers de CDs régulièrement, c’est un vrai bon album. Mais il n’est QUE bon. Toujours aussi heavy, toujours aussi groovy, les anglais sont bien présents là où les attend, les compos font mouche, certaines sont excellentes (‘Made of rats’, ‘Whiskey leech’, ‘Jesus beater’), mais certaines sont tout simplement moyennes. Comme d’habitude, ils se font plaisir, se frottant gentiment à plein de genres, du doom au punk rock, sans jamais perdre leur identité. Belle performance en soi, et pourtant au final, donc, un très bon album, mais qui ne fait pas encore monter Orange Goblin en tête du stoner rock européen. On croise les doigts pour le prochain album.

Skånska Mord – The Last Supper

Skånska Mord - The Last Supper

Son patronyme imprononçable ne trompe pas longtemps son monde : Skånska Mord est bien scandinave, suédois pour être précis. Et plutôt que de se complaire dans la mouvance la plus prolifique du stoner scandinave tendance « metal » (Mustasch, The Awesome Machine, Sparzanza, etc…), cet intéressant quintette suit plutôt la voie du plus important groupe de Suède, Spiritual Beggars : lignes de chant profondes et chaleureuses, riffs acérés et soli de guitare en harmonie sont les principales composantes de ce disque très influencé par le hard rock européen des années 70-début 80. Un disque résolument hors du temps, mais pas démodé pour deux sous. A l’instar des Beggars, Skånska Mord partage une même vision de la musique : un travail de composition poussé, un effort particulier apporté à la production et au son (ambiances sonores variées, harmonica, guitares acoustiques), mais le tout reposant sur une trame musicale et instrumentale homogène, fiable et robuste (un chanteur puissant et un duo de guitares remarquable). Résultat : ce disque n’est pas franchement une nouveauté originale à découvrir d’urgence pour connaître le futur de la musique pour les 3 décennies à venir. Il s’agit plutôt d’un excellent disque de stoner largement porté sur le heavy rock, très groovy, et très finement ciselé. Un disque plaisant à écouter, varié et sans temps mort, du vrai travail de passionné.

Subarachnoid Space – Also Rising

Subarachnoid Space - Also Rising

Bien que composé de dix parties, ce groupe de San Francisco (précédemment sur Relapse) nous avertit d’emblée que ce disque est supposé être écouté du début à la fin comme une pièce musicale unique. Je vous enjoins à vous soumettre aux recommandations des artistes. Prévoyez donc une bonne heure. Allongez vous confortablement, détendez-vous, puis laissez déferler les vagues SubArachnoid Space. Pur bonheur ! Totalement instrumental, ce disque s’inscrit dans une perspective psychédélique que l’on pourrait situer, s’il fallait citer des influences récentes, dans le champ d’un Dead Meadow ou d’un Los Natas (« Toba Trance »). « Also Rising » apparaît comme un projet visant à mettre en musique l’action conjuguée des forces de gravitation de la Lune et du Soleil sur la Terre. Le phénomène consiste à produire en vous une succession de marées d’amplitudes diverses. La métaphore fonctionne en plein puisqu’on ressent très distinctement les lames de contentement vous submerger avant de se retirer dans un jeu de ressacs toujours coordonné plus finement. Ce disque est une merveille dont les ondes vous transportent, se jouent de vous. Ce disque propose un voyage. Quelque part dans le système solaire.

Wolfmother – Album éponyme

Wolfmother - Album éponyme

Un son vintage qui déborde de partout: entre la gratte purement 70’s et la basse aux vapeurs d’encens, même les fûts nous offrent un martèlement à l’ancienne sans oublier le précieux orgue ressorti du grenier d’un vieil oncle pour l’occase. Même si le trip est 100% revival, il se dégage une superbe dynamique de cette plaque qui a intelligemment intégré tous les avantages que la technologie contemporaine offre.

Wolfmother est un trio venant d’une contrée qui en connaît un rayon en matière de sécheresse et de désert: la Californie. Et leur musique offre cette chaleur sonore reconnaissable entre mille. On pourrait tirer une moue de dédain à l’idée première que ces mecs nous la jouent Lenny Kravitz and co. Pourtant, même si c’est inspiré en droite ligne des 70’s, la zique est super bonne et vous donne une furieuse envie d’enfiler un patte d’eph et de rouler un buzz (NDLR: Desert Rock n’encourage pas la consommation de stupéfiants…). Une belle balade aux pays des saintes reliques remises au son clinquant des amplis à tubes chauffés à blanc.

La voix est tout simplement splendide. D’une limpidité extrême, elle rivalise sans problèmes avec les monstres sacrés de cette époque pour se faire tantôt aimable tantôt rageuse mais toujours cristalline. Il y à la de superbes envolées lyriques et vocales.

Ca ne nous rendra pas le Congo… pardon les 70’s mais c’est quand même super agréable de se coller ça à stock au fond des tympans. Je ne vous ferai pas l’offense de citer les influences et toutes les grosses pointures de jadis que l’on retrouve dans cette plaque. Vous ferez bien l’effort de le découvrir. Faites passer (l’album hein pas le oinj!).

Celestiial – Desolate North

Celestiial - Desolate North

Il m’a fallu surmonter l’artwork dans la plus belle tradition black metal nordique, le logo ambigu du label représentant des runes ainsi que certains titres de morceaux comme ‘Thule’ ou ‘Desolate North’ pour me résoudre à laisser cette production pénétrer ma platine laser afin d’en découvrir le contenu. Initialement destinée à servir de freesbee car je la pensais remplie à raz-bord de metal scandinave martelé à grands coups de double-pédale, cette production pourrait intéresser certains tordus fréquentant occasionnellement ces pages.Seconde oeuvre d’un Nord-américain torturé, ce cd est un curieux collage de textures musicales que son géniteur qualifie de doom funèbre influencé par les éléments de mère nature ; nous retrouvons donc en arrière fond des bruits de pluies et autres gazouillis d’oiseaux. Assez digestes et légères, les 8 plages composant ce projet discographique se succèdent agréablement sans pour autant mener l’auditeur au suicide comme je l’ai craint en lisant la bio annexée. Incroyablement lents, les tempi se veulent plus lents que les battements du cœur humain car les humains ne sont pas le sujet traité par le bonhomme, il se consacre dans son œuvre mystique aux émotions dégagées par toutes les choses nous entourant en ce bas monde.Même les non-adeptes d’ésoterisme nordique peuvent trouver leur compte sur cet album tourmenté sur lequel les notes sont diluées avec parcimonie dans un maelström de textures synthétiques planantes qui ne sont pas sans rappeler certains délires instrumentaux d’Isis. Bien que proche du doom, cet album n’a absolument rien à voir avec les compos rock des cadors du style ; il flirte avec le bruitisme sans en avoir le côté prise de tête et demeure bien moins sombre qu’il ne le laisse présager.

Superjoint Ritual – A Lethal Dose Of American Hatred

Superjoint Ritual - A Lethal Dose Of American Hatred

Pour ceux qui n’avaient pas encore très bien compris après le furieux Use Once And Destroy, Superjoint Ritual organise une séance de rattrapage avec A Lethal Dose Of American Hatred.
De prime abord, il n’y a rien de bien différent entre cet opus et son prédécesseur, et pourtant. En effet, après plusieurs écoutes, on se surprend à apprécier le break hallucinant de ‘Dress like a Target’, l’intro malsaine de ‘The Destruction of a Person’, la lourdeur d’un ‘Absorbed’ (et ses frappes de batteries quasi-militaires) ou encore la rythmique implacable de ‘Personnal Insult’. Histoire d’élargir leur audience à travers ce fabuleux média qu’est MTV, ces barjots ont même poussé le vice jusqu’à tourner une vidéo pour ‘Waiting For The Turning Point’, morceau qui ne dure moins d’une minute trente. Inutile de vous dire que ce clip n’a pas été diffusé très souvent.
Vous l’aurez compris, on à affaire a un groupe atypique. Loin d’être commerciaux, nos lascars se placent en apôtres d’une barbarie moderne. Superjoint Ritual, c’est donc un peu comme le chocolat Lindt : « Quelques grammes de finesses dans un monde de brutes ». A déconseiller au femelettes.

The Bakerton Group – El Rojo

The Bakerton Group - El Rojo

Je suis un peu partagé par cette galette. Mais rassuré en même temps. En effet, je pensais que j’en étais arrivé à un point d’admiration et de fascination tels pour les musiciens de Clutch que tout ce qu’ils faisaient trouvait grâce à mes yeux. Il se trouve qu’avec ce dernier disque du Bakerton Group, je constate que ce n’est pas le cas. Je n’en suis pas pour autant heureux…

Pour rappel, donc, le Bakerton Group c’est les musiciens de Clutch (Neil Fallon compris, à la guitare) sans chant. On retrouve en plus ici en guest stars Per Wiberg (opeth) au clavier (très présent) et Raven au saxo alto (assez présent). Tandis que leur premier essai vinylique poussait la formule musicale à peine plus loin que leur line-up ne le laissait supposer (du jam-rock “à la CLutch” avec quelques digressions bluesy ici ou là), ici le groupe est bien plus débridé, et l’album y gagne en variété assurément, ainsi qu’en prise de risque.

Toutefois, c’est là que pour moi le bat blesse le plus, car à trop en faire, il m’apparaît que les musiciens se perdent un peu en chemin. Sans jamais sous-employer leur talent, ni s’essayer à des genres qu’ils ne maîtrisent pas, ce disque manque un peu de cohérence. Alors que les premiers titres sonnent un peu comme Clutch, progressivement l’exploration poursuit son chemin, sans fil conducteur : blues, évidemment, mais aussi beaucoup de jazz (ce saxo y apporte beaucoup). Les morceaux tournent bien, ils sont même accrocheurs (fredonner des titres instrumentaux est un vrai gage de réussite) mais au final, après de nombreuses écoutes, la démarche paraît un peu “vaine”. Le disque se finit, on passe en “repeat” automatique, et… ça recommence. Ca monte, ça descend, ça part ici ou là, mais ça manque de ligne directrice, de cohérence à mon goût.

Tout en ayant composé un paquet de bons titres, totalement instrumentaux (et qui le supportent très bien, ce qui est déjà une performance en soi !), cet album n’a pas la dimension que l’on peut attendre de ces musiciens d’exception : chaque chanson est réussie, audacieuse, originale, mais l’ensemble ne constitue pas un ensemble assez massif et homogène. Il constitue sans hésitation un excellent ensemble de chansons, et un très bon disque de “musique de fond”.

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