Hellsuckers – Tonite Destruction

Hellsuckers - Tonite Destruction

La devise des Hellsuckers pourrait tout à fait correspondre au titre d’un de leurs premiers efforts ‘Everything Sucks Except Rock’N’Roll’. Le style de la maison c’est le rock’n’roll bien gras et dégoulinant la bière par tous les pores, à la croisée de groupes comme Motörhead, les Ramones et AC/DC. Les sources d’inspiration de ce groupe, qui fit sa première tournée dans des casses automobiles, sont les bagnoles, le rock et les femmes. Cette sixième production ne déroge pas à la règle ; de la première note de ‘I Wanna Rock’ au dernier accord de ’20th Century Boy’ c’est trente-trois minutes de rock’n’roll sauvage, sévèrement burné, bien rapide et dégoulinant de cambouis que nous offrent les Hellsuckers. Bougez-vous pour le rock hexagonal et allez vous faire botter le cul par ces activistes rock’n’roll qui seront sur scène à l’enseigne de festival près de chez vous cet été afin de vous prouver qu’il n’y pas qu’en Suède et aux Etats-Unis qu’on produit du rock de bonne facture !

Nightstalker – Use

Nightstalker - Use

Si pour vous, la Grèce est synonyme de Nana Mouskouri ou de Demis Roussos, procurez-vous d’urgence ce skeud. Car, qu’on se le dise la Grèce est aussi le pays du rock, et Nightstalker se fait un plaisir de nous le démontrer en l’espace d’une petite heure. A l’occasion du dixième anniversaire de sa sortie initiale, le label Mad Prophet nous offre une réédition du premier opus de Nightstalker. Musicalement, le tout se tient. C’est assez simple, direct, très bien écrit et parfaitement maîtrisé par nos 4 lascars. Certaines intonations dans le timbre de voix de Argy ne sont pas sans rappeler parfois Ozzy Osbourne, ce qui est plutôt flatteur. On retiendra de cette galette le très inspiré et aérien “U.F.O.”, intermède instrumental de 4 minutes venant apaiser le quidam juste avant l’entraînant et très percussif “My turn” au final absolument divin. Les fans de Monster Magnet apprécieront sans conteste les 3 premières minutes du très groovy et planant “Freakland” qui n’aurait absolument pas dénoté sur Dopes to Infinity (on croirait même presque entendre Dave Wyndorf). Mention spéciale également pour le riff de guitare dévastateur de “Raw”, pour le très ‘in-your face’ “Trigger happy”, et pour la semi-ballade “This is U” sur laquelle le groupe alterne pour notre plus grand bonheur entre acalmie bienfaitrice et rage maîtrisée. Mais le meilleur morceau reste pour moi le génialissime “Ghost song”, témoin de la richesse de l’univers musical de Nightstalker. L’écoute de titre ne laisse d’ailleurs présager que du bon pour l’avenir du combo grec. Au final, ce ‘Use’ se révèle donc être une très bonne surprise. Bref, si vous l’aviez raté en 1996, il serait vraiment dommage de (re)passer à côté, d’autant que le packaging de cette réédition est absolument divin.

Pearls and Brass – The Indian Tower

Pearls and Brass - The Indian Tower

Amis du 4/4 bien carré et des rythmiques binaires, passez votre chemin, cet album n’est pas pour vous ! Alors que Pearls and Brass nous avait offert un premier album éponyme des plus sympathique emprunt d’effluves southern-rock bien digérées, ces trois petits gars de la campagne profonde reviennent bousculer nos certitudes avec cet « Indian Tower » difficilement cernable au premier abord.
Les enchaînements couplet-refrain-couplet-solo-, Pearls and Brass s’en fout comme de sa première chemise canadienne. Pour eux, il n’existe qu’une seule règle valable, ne respectez aucune règle. Ce qui pourrait servir de prétexte aux musiciens médiocres prend une toute autre dimension quand il s’agit de virtuoses. Et nous sommes bien ici en présence de virtuoses. Josh Martin, batteur halluciné, frappe sur tout ce qui bouge avec une prédilection pour les contre-temps et les cassures de rythme, suivi en cela par Randy Huth dont le jeu de guitare s’apparente plus à un solo permanent qu’à une suite de riffs recyclés. Difficile ici de se raccrocher à une mélodie, à peine commence-t-on à voir où ces doux cinglés veulent en venir qu’ils sont déjà ailleurs, emportés par leurs délires rythmiques. Admettons-le, le procédé déroute au début. On sent bien qu’on a affaire à quelque chose d’unique mais on ne parvient pas vraiment à assimiler la masse d’informations qui déferlent sur nos pauvres oreilles, toutes habituées qu’elles sont à entendre du groove cousu de fil blanc. Derrière l’apparente absence de structure se cache une complexité de la composition et des arrangements qui ne se révèlent qu’après plusieurs écoutes attentives, faisant de « The Indian Tower » l’exemple parfait d’album qu’on peut réécouter cent fois tout en y découvrant toujours de nouveaux éléments. Le titre acoustique « I Learn The Hard Way” placé judicieusement en milieu d’album permet d’éviter l’indigestion et ce n’est que lors de rares passages plus disciplinés qu’on percoit les influences blues revendiquées par le groupe. On sent également l’empreinte inévitable de quelques pointures du boogie-southern-rock tels que Grand Funk Railroad ou Lynyrd Skynyrd qu’on aurait laissé une heure dans une centrifugeuse avant de les pousser, vacillants, sur scène.
Petit conseil aux auditeurs potentiels : évitez cet album les matins de gueule-de-bois, vous risqueriez de devenir accro à l’aspirine.

Black Mountain – Wilderness Heart

Black Mountain - Wilderness Heart

Le dernier album de Black Mountain avait surpris son monde, le heavy stoner psyché-prog du combo canadien se révélant parfaitement catchy. A ce titre, « Wilderness Heart » surprend forcément un peu moins, même si, dans le paysage musical actuel, Black Mountain garde une position très atypique, complètement décalée, hors du temps et des modes. Le genre musical du groupe reste difficile à cerner au regard de l’offre musicale actuelle, piochant autant dans le hard rock 70’s sauce psyche que dans le rock progressif (et notamment canadien) ou la folk traditionnelle nord-américaine. Un mélange tout à fait surprenant de prime abord, mais finalement tout à fait naturel pour le quintette, qui a aussi pour particularité d’avoir un chanteur et une chanteuse (malheureusement plutôt cantonnée aux backing vocals, ses interventions apportent une tonalité vraiment spéciale).

On retrouvera ici ou là sur l’album des titres qui nous rappelleront le Black Mountain que nous avons tant adoré : le sournois « Old Fangs » (ses nappes d’orgue, son ambiance heavy), le speedé « Let spirits ride » (même si ce titre se révèle un peu « cliché » à la longue, il garde une efficacité certaine), le heavy « Wilderness Heart ». En revanche, on pourra reprocher à ce disque des morceaux plus faibles (notamment quelques titres lents / acoustiques un peu insipides à la longue), voire conventionnels, dans tous les cas un standard auquel le groupe ne nous avait pas habitué. On attendait probablement trop de ce disque qui n’est que bon, alors que l’on n’attendait rien de moins qu’exceptionnel. Un avis qui sonne forcément mitigé, pour un album qui est quand même d’un excellent niveau.

Gunslinger – Earthquake in E Minor

Gunslinger - Earthquake in E Minor

Impossible d’écouter cette plaque sans avoir un énorme flashback sur ce qui se passait en Angleterre à la fin des 70’s: les Sex Pistols étaient morts et enterrés, Led Zep était à l’agonie, la New Wave of British Heavy Metal attendait son heure impatiemment, Mark Chapman se disait que buter John Lennon pourrait lui permettre d’attendre la célébrité rapidement, Joy Division nous préparait une brève déferlante de rage froide et dépressive tandis que Motorhead et Hawkwind aiguisaient leurs couteaux et massacraient leurs instruments pour ce qui allait devenir des légendes vivantes. Et le célèbre bassiste aux verrues si typées, armé de son indéfectible Rickenbacker, ne se donnait pas la peine d’égrener les notes puisqu’il plaquait des accords bien couillus avec sa 4-cordes (Lemmy pour les intimes…). C’est d’ailleurs une caractéristique que Gunslinger reprend.

Justement, et Gunslinger dans tout cela? Son fondateur, Alan Davey, louvoyait dans les méandres de Hawkwind tandis que Nigel Potter tentait sa chance avec Motorhead. Et la boucle est bouclée… D’un side-project bien lourd et envoyé, Gunslinger nous revient 30 ans plus tard avec une toute belle release qui remet l’église au milieu du village.

Les guitares ont la part belle tout au long des plages avec un soutien indéfectible de la part de la basse. Les fûts sont martelés sans pitié et la double grosse caisse fait son oeuvre avec parcimonie et subtilité. Loin de tout exercice passéiste, le trio se paie le luxe de samples et loops qui ne dénotent pas dans leur univers musical et leurs chansons n’en souffrent aucun anachronisme. Ces mecs ne copient pas un vieux style, ils ont participé à sa création! Quoi de plus normal qu’ils en perçoivent les dividendes.

Pour écouter cette plaque, inutile de dire qu’il est indispensable de mettre votre sono à stock. Le contraire reviendrait à manger un curry froid ou un soufflé retombé. J’adore quand des vieux briscards nous reviennent de la 4e dimension pour nous rappeler sans condescendance et avec sagesse que la voie à suivre a de solides racines. Sans prise de tête, avec humilité et assurance.

Sasquatch – II

Sasquatch - II

Il y a vraiment 2 types de groupes chez Small Stone : les “têtes d’affiche” d’une part (Los Natas, Acid King, Five Horse Johnson, Sons Of Otis… et les autres ! Le problème ? Sortir ces disques, de la part du label du sieur Hamilton, relève de la philanthropie. Non pas que ces disques ne méritent pas le succès, mais à côté d’un “gros nom”, qui fera le geste de laisser sa chance à un groupe comme Sasquatch ?

Pourtant, j’en suis à une bonne dizaine d’écoutes, et je ne m’en lasse toujours pas. Doit-on en demander plus à un album ? Même si le rapport avec le “pur stoner” n’explose pas au visage à la première écoute, tout amateur de bon hard rock / metal, bien teinté ici de blues, ici de grattes gentiment fuzzées, et dans tous les cas monté sur des rouleaux compresseurs rythmiques, devrait s’éclater avec ce disque.

Mais ce n’est pas tout. Sans se reposer sur un genre précis, Sasquatch sait faire tourner un riff comme personne, et lorsqu’il est bien mûr, balancer un solo ou une envolée instrumentale irrésistible (voir la fin de “Seven years to Saturn” ou encore “What have you done”). On tombe à leur pogne en un tour de riff. Chacals. De titre en titre, le trio nous assène compos épiques, refrains taillés pour être hurlés seuls sous la douche ou dans sa voiture, et riffs taillés à la serpe. Son talent pour la-compo-qui-marque nous rappellera d’ailleurs certains de nos éminents groupes de heavy-stoner “à la scandinave” (c’est un compliment).

En concert, ce groupe doit simplement tout déchirer. Mais vous pouvez vous toucher si vous attendez qu’ils débarquent par chez nous. Du coup, il ne vous reste plus que la possibilité d’acquérir cette voluptueuse galette.

The Quill – In Triumph

The Quill - In Triumph

Voilou la nouvelle galette de The Quill. Dès les premiers accords, pas de doute : le quatuor suédois confirme avec “In Triumph” son statut de groupe hors-normes, hors-modes aussi.

Ceux qui, comme moi, ont adoré leur précédente offrande, “Hooray ! It’s a deathtrip”, retrouveront les éléments qui rendaient ce groupe si “attachant” : ce mélange effronté de hard rock des années 70 et des années 80 est, si vous y réfléchissez bien, relativement inédit ! Mélanger ainsi le goût du riff roboratif, bien balancé par des lignes de basse “molletonnées” (voir “Slave / Master”), et ce chant typiquement hard 80’s, c’est un mix audacieux qu’on ne trouve pas vraiment ailleurs aussi bien exécuté. Du coup on se retrouve avec une base instrumentale remarquable, maîtrisée (la structure Zeppelinienne ou Sabbathesque de l’ensemble apporte en cohésion et en efficacité dans la compo), et le chant de Magnus Ekwall, d’une puissance remarquable, ajoute cette touche 80’s, presque 90’s parfois lorsqu’il se rapproche du grand Chris Cornell (“Man in mind”).

Des grands groupes de cette époque, The Quill a aussi acquis ce goût de la compo léchée, bien produite, bien efficace, droit à l’essentiel, sans rien “qui dépasse”. Attention, le groupe ne se prive pas d’aménager un petit break pour permettre à Carlsson de coller un petit solo de gratte, ou à Ekwall l’occasion de montrer son potentiel autant sur des passages lents que sur des fulgurances “haut perchées (“Yeah”, remarquable pour tous ces points). Notons aussi cet “électron libre” qu’est “Trespass”, un titre dont la base musicale n’aurait pas dépareillé sur un album de leurs furieux compatriotes de The Amesome Machine ou Sparzanza, par exemple, alors que le chant aurait pu être éructé par un Vince Neil sous amphét’ ! Dit comme ça, ça fait drôle, mais écoutez voir : efficacité garantie !

Le groupe alterne ainsi les chansons sur des tempos différents, mais ne verse jamais dans le “hors sujet”. Ca reste heavy, tout du long, et ça n’est jamais ennuyeux, même au bout de nombreuses écoutes (merci à la prod très “rentre-dedans” de Tommy Newton). Bref, cet album est fortement recommandable pour ceux qui apprécient le stoner non pas uniquement pour ce qu’il est devenu depuis la fin des années 90, mais aussi pour les influences dont il est le résultat.

Brant Bjork/Kate Mc Cabe – Sabbia

Brant Bjork/Kate Mc Cabe - Sabbia

Faut-il oui ou non que j’achète ce DVD ? Est-ce la question qui vous a poussé à lire cette chronique ?
Vous le savez tout comme moi, une bonne partie des groupes que nous écoutons ont en commun le fait qu’il est parfois difficile de trouver chez nos disquaires habituels leurs albums et que lorsque l’on a la chance de les trouver, il faut alors vendre un rein pour espérer l’acheter. A l’heure où l’import est devenu un passage quasi obligé, l’achat d’un cd ou d’un DVD est devenu un investissement à long terme que l’on doit être certain de rentabiliser. Voilà l’exemple type de raison pour laquelle je lis parfois des chroniques avant de me lancer ne pouvant me permettre des achats au hasard. Bien sur le chroniqueur a un avis personnel et qui n’engage que lui et l’on peut parfois passer à coté de choses géniales à cause d’une chronique mitigée qui nous aura influencé (l’inverse étant vrai). Mais dans le cas d’un ovni comme ce DVD, mieux vaut lire une chronique ou deux pour se faire un avis tout de même, à moins d’être un fan de base de Brant Bjork, ce qui est mon cas. Bref, je ne vous renseigne pour l’instant pas énormément sur la « chose » et je vous le dis tout de suite, ce n’est pas en lisant la suite de cette chronique que vous allez être plus avancé.

En fait, la meilleure chose que j’ai trouvée pour résumer ce film c’est ce qu’en disait Brant lors d’une interview qu’il nous avait accordée en avril 2005 lors de laquelle il a évoqué pour la première fois son travail sur ce projet : « (…) On est aussi en pleine production et tournage d’un film en 8 et 16 mm. Ça sera une expérience visuelle sur cet endroit où on a grandit qu’est le désert de Californie. Et je vais aussi me servir de mes enregistrements sur mon 4 pistes, depuis Jalamanta, tout ce que j’ai enregistré, mes démos etc… et je crois que je vais les utiliser ainsi que de nouvelles choses pour accompagner cette expérience visuelle qui sortira sur DVD. »
Expérience visuelle, il n’y a pas de terme plus adéquat.
En fait, ce n’est pas véritablement un film, ni même un documentaire et encore moins un disque. C’est une suite de petites scénettes ayant comme points communs deux choses : le désert et la musique de Brant Bjork. Réalisé par Kate McCabe, le traitement très seventies de l’image s’accorde parfaitement avec la musique de Brant et il en résulte un film visuellement très agréable à regarder. Sans véritable histoire de fond ni même de fil conducteur, le tout reste assez abstrait et dépourvu de dialogue. De là à dire qu’il s’agit en fait d’un long clip de quatre-vingt minutes il n’y a qu’un pas mais on ne peut pas le faire. Car tout ici est dans l’imaginaire, dans ce que le spectateur veut bien y trouver sans réellement savoir ce que l’auteur a bien voulu y mettre. Un échange assez bizarre car sans vraiment avoir compris les objectifs de Brant et Kate, je n’ai pas même réfléchis aux attentes que j’avais portées dans ce film. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde mais je ne peux tout de même pas recommander l’achat de ce DVD. Je suis sans arguments pour défendre ce film et d’un autre côté, je mets quiconque au défi de pouvoir en faire une mauvaise critique justifiée.
La solution réside t’elle tout simplement dans le fait que Brant Bjork représente à lui seul une grande partie de ce que j’aime dans la musique ? Alors si tel est votre cas, laissez vous tenter.

Pour finir sur une note technique, le DVD en lui-même est parfaitement réalisé avec de jolis menus. Côté bonus, on retrouve une galerie photos, un clip mais aussi l’intégralité des chansons utilisées mais vierges de tout autre bruit. C’est appréciable.

Hermano – Dare I Say…

Hermano - Dare I Say...

Si il y a un disque qui était attendu en 2004, c’est bien ce second opus d’Hermano. Deux ans après le trop court ‘Only a Suggestion, voilà donc Dare i Say… Eh bien mes amis, mieux vaut vous dire que l’attente en valait la peine. Ca commence à 100 à l’heure avec ‘Cowboys Suck’ et on est tout heureux de retrouver le doigté de Dave Angstrom, le groove de Dandy Brown et de son nouveau partenaire dans la section rythmique : le talentueux Chris Leathers. Et on est surtout ravi d’entendre le timbre si particulier de John Garcia. Sa voix n’a rien perdu au fil des ans, en témoigne la puissance qu’elle dégage sur le déroutant ‘Life’. Véritable mine d’or pour tous les fans de heavy-blues (‘Quite Fucked’, ‘Angry American’, ‘Let’s Get it On’), je ne saurais trop vous conseiller ce disque. Ca part dans tous les sens (preuve en est le très étrange intermède ‘On the Desert’), et pourtant l’ensemble reste homogène tant les compos sont toutes d’une très grande qualité. Pour la première fois même, on sent un Garcia plus « personnel », n’hésitant pas à se livrer. Tout d’abord sur le décalé ‘Brother Bjork’, hommage à son ancien camarade de jeu de Kyuss. Mais surtout, c’est le magnifique ‘My Boy’, hymne qu’il dédie volontiers à sa femme et à sa fille, qui nous montre un John plus touchant que jamais.Bref, l’homme à mûri, et sa se reflète pour notre plus grand bohneur dans la musique de Hermano. Dare I Say… est donc sans conteste une des meilleures sorties de l’année. Vivement le prochain épisode.

Boogieman – Triple Six Blues

Boogieman - Triple Six Blues

Boogieman est de ces groupes très peu connus, dont le « grand » public n’entendra sans doute pas parler, car bénéficiant d’une distribution dans nos contrées plus que confidentielle. De ces groupes de grande qualité qu’il faut faire l’effort de découvrir (en parvenant à trouver leur album !). Même s’ils ne brillent pas en premier lieu par une originalité débordante (un « thrash heavy stoner » qui va décidément devenir propre au label « People Like You »), leur musique n’en est pas moins excellente, jouissive au sens « primal » du terme. Pas de grosse prise de tête et de breaks et compositions alambiquées : du gros rock pied au plancher, sans tergiverser. Les ressemblances avec The Awesome Machine peuvent surprendre (« Satisfaction », « In Hell »), mais ça n’empiète en rien sur la qualité des compos. A noter aussi que le chanteur n’excelle pas dans un registre au chant clair, sur les morceaux les plus « calmes » de l’album, mais il se rattrape aisément dans les montées en puissance. Un très bon album.

Sun Gods In Exile – Black Light White Lines

Sun Gods In Exile - Black Light White Lines

Sun God In Exile aurait pu n’être qu’un énième combo de hard rock couillu doté d’un sobriquet pas vraiment emballant. Au lieu de ça, le dernier fleuront de l’écurie Small Stone se révèle rapidement un chantre du “no bullshit” rock ‘n’ roll : hard rock graveleux joué pied au plancher, chant rocailleux à souhait, montagnes de riffs saignants…Tout est là, les bases d’un hard rock stonerien quintessentiel sont posées dès les premiers titres et ça ne débande plus pendant les 10 plages de la galette. Le quatuor américain, formé en 2008 (!!) enchaîne les petites perles, baignées d’un son de gratte pas trop gras (rock !), d’une rythmique groovy à souhait (“The Gripper”, “Rise up”, la basse saturée de “Black Magic”) et surtout, un goût du solo remarquable, avec un positionnement tout à fait assumé d’un guitariste soliste qui vient sans arrêt vitaliser les riffs de son collègue rythmique : ce choix musical, que l’on pourrait juger désuet (c’est quand la dernière fois que vous avez entendu un vrai soliste sur un disque ces dernières années ? – dans un disque de rock, j’entends !), sonne rapidement comme un choix jouissif pour l’auditeur. En complément, les vocaux de Adam Hitchcock, éraillés par des litres de whisky bas de gamme consommés dans l’ensemble des rades miteux de la côte Est, portent ces titres dans une dimension particulièrement plaisante. Les mid tempo sont un peu moins enthousiasmants (le morceau titre) mais même sans appuyer sur le champignon, le groupe sait nous ressortir des ambiances que ne renierait pas un Lynrd Skynyrd 2ème génération (l’intro de “Hellwell”, la deuxième section de “495”, montagne de soli épiques portés par une rythmique rock exaltée).

Recommandé à tout amateur de gros rock grassouillet et bien burné, SGIE nous laisse espérer avec ce premier disque une carrière à suivre de très près. L’écoute d’une traite de cet album est équivalente à une overdose de rock ‘n’ roll par injection auditive. Sauf que devenir addict à ce type de drogue est un signe de bonne santé mentale…

Rollerball – Lost In Space

Rollerball - Lost In Space

Deuxième découverte australienne de la saison. Et de taille. A l’écoute de ce disque on est en droit de se demander si le diable de Tasmanie n’a pas émigré dans le Queensland pour transmettre un virus à ce groupe qui vient d’accoucher là d’un des plus beaux opus parvenu à mes oreilles en ce premier semestre 2000. Une hypothèse pas si farfelue que ça dans la mesure où les quatre gaillards(es ?) nous cachent soigneusement leurs visages. Eugénisme en Australie. On nous cache des choses. Ces mecs là rockent comme des diables. Ça commence avec « Jonothan E ». Pattern de batterie à la « I love rock’n’roll » de Joan Jett avant d’embrayer sur du pur groove rock, gras à souhait, qui trace comme le Roadrunner à travers le désert. Mené par une voix superbe, fière et légèrement éraillée, un peu à la Mad Max 1 debout sur sa moto fonçant sur les méchants, on embraye sur le titre phare « Lost in space ». Le climat s’est apaisé. Intro basse-batterie un peu new wave à la KTB, voix susurrée. La guitare arrive par derrière et c’est reparti. Une opale noire de Coober Pedy. La plus belle qui en ait jamais été extraite à ce jour. 3’23 de pur bonheur. Du rock gorgé d’un groove nonchalant implacable. Un refrain appuyé par des chœurs d’une limpidité à se chier dessus comme disait le capitaine Cook. Pour entendre ne serait-ce qu’un seul morceau de cette trempe, je traverserais l’outback à pied habillé d’une laine polaire et de bottes en caoutchouc. On change encore de direction pour « Dragon », très southern rock un peu dans l’esprit des ATP et de Pothead. De celui qu’on doit produire dans le Kimberley (dans l’hémisphère sud, tout est inversé et le southern rock est semble-t-il produit dans le nord). On ne change pas fondamentalement d’esprit pour « Eye of the storm », qui lui remonte encore davantage vers le nord et Darwin, ville totalement dévastée par un cyclone en 74. La tension s’apaise momentanément pour « Lowly sublime » qui porte bien son nom. On revient tout doucement vers la Gold Coast et ses plages de sable fin. Un harmonica discret amorce discrètement l’orientation blues rock que va prendre « Lake of life ». Long morceau de plus de dix minutes qui vous conduit d’un voyage en hélicoptère à un autre en hydroglisseur. Quelques secondes de silence et vous revoilà glissant dans les airs à l’aide d’une aile delta au dessus d’Uluru. Puis ça y est, le ciel vous aspire toujours plus haut. Vous venez de violer un espace sacré. Punition. Riffs en fer sur les doigts. Je ne sais pas si les aborigènes ont rêvé ce disque, en tout cas, il offre un voyage magnifique à travers l’Australie septentrionale. Je réserve un billet pour le prochain vol.

The :Egocentrics – Center Of The Cyclone

The :Egocentrics - Center Of The Cyclone

Après un premier album modeste mais jouissif qui, l’an dernier, m’avait procuré grand plaisir, le trio roumain n’aura pas mis longtemps à enfanter son second disque. Or un disque qui commence par un titre dénommé « A road less traveled » partait bien pour finir en jeu de frisbee (cf. l’infâme dernier morceau du dernier disque de Spiritual Beggars). N’écoutant que mon courage, j’ai tout de même appuyé sur la touche « play », et grand bien m’en prit. Pas de dépaysement violent, le groupe évolue toujours dans le registre instrumental planant : essayez d’imaginer l’enfant issu d’une filiation Karma To Burn, Los Natas (les débuts), Tia Carrera et Ten East. Pas grand-chose à jeter là-dedans, sur le principe.
L’évolution du groupe se ressent plus dans la structure du disque : 7 chansons (au lieu de 4 très longues sur le précédent), chacune organisée autour d’un riff ou d’une rythmique principale. Les titres sont incidemment plus « percutants » (voir le punchy « Blissful idiot »), et gagnent en efficacité. Si l’écoute du disque est moins trippante, elle n’est pas moins intéressante, car plus diversifiée. Un plaisir différent, plus varié.
La production de l’ensemble est basique : le son des 3 confrères est quasi inchangé sur l’ensemble de la galette, et les arrangements sont simplistes. On notera même une prise de son parfaitement basique (un peu trop peut-être) lorsque, aux moments où vrombit la basse, on entend au fond des haut-parleurs vibrer les peaux de la batterie dans le local d’enregistrement. C’est pas la dernière production Bon Jovi, c’est sûr ! Mais il y a ce qu’il faut où il faut, et les enceintes de votre chaîne hi-fi seront copieusement remplies !
Si vous avez aimé l’album précédent ou plus généralement si vous appréciez les bons disques de stoner planants, et en l’occurrence instrumentaux, cette galette devrait vous sustenter pendant un bon moment. On espère que ce groupe à gros potentiel saura se faire entendre plus largement et se faire reconnaître au niveau qu’il mérite.

Stoner Kebab – Imber vvlgi

ATH-4631

Les animateurs de ces pages ont trouvé leur maître car au niveau du jeu de mot bien pourri ; le collectif transalpin place la barre assez haut. N’allez pas pour autant penser que c’est une bande de joyeux guignols qui s’adonne à de la musique légère et humoristique. Pour ce second effort, ces lascars nous proposent une seule et unique plage assez déconcertante.
Le titre composant cette plaque s’étire sur trente-trois minutes et trente-trois secondes. Il s’agit d’un long morceau alambiqué de stoner bien lourd lorgnant par moments vers le doom lorsque le tempo ralenti et parsemé de compositions assez traditionnelles ainsi que de plans bien barrés. Les samples composés de bruits d’ambiance pour l’essentiel se calent parfois sur ce titre épique qui envoie bien la sauce dans sa globalité. La section rythmique fait dans le sobre et l’efficace et c’est certainement elle qui rapproche ce groupe du doom car pour le reste on navigue en terres beaucoup plus légères avec des riffs saturés bien rentre-dedans. Les enchaînements entre les différentes parties de cette galette sont assurés avec brio et on est loin du morceau conceptuel duquel on aurait de la peine à sortir.
Bourrin dans certaines de ces attaques, ce cd devrait ravir les fans de Matt Pike qui y trouveront leur compte en matière de plans guerriers qui attaquent bille-en-tête. Si certains instants font dans le bien gras, la fin lorgne du côté du bon vieux fuzz de derrière les fagots et c’est cette partie, sur laquelle apparaît de l’harmonica pour la deuxième fois du disque, qui m’a le plus touché.
Les partitions vocales explorent quant à elles des registres variés : chants en solo, refrains repris en choeur et textes parlés se succèdent tout au long de ce titre amphigourique. Une mention spéciale à l’artwork particulièrement abouti de cet ovni musical.

Solace – 13

Solace - 13

“Further”, le premier opus de Solace, avait assis pas mal de monde : ce quatuor de ricains (notamment composé de deux dissidents des metalleux de feu-Godspeed), nouveaux venus dans le monde du stoner rock U.S., signait là une œuvre fort réussie, sans toutefois révolutionner le genre. Forts de cette première galette encensée par la critique et le public (averti), Solace prend encore plus d’envergure avec ce nouvel album, “13”. C’est dans son originalité que réside désormais la force de Solace : ce qui les différencie de la masse de groupes du milieu est cette aisance à mélanger les genres, et notamment dans cette propension à injecter de sévères rasades metalliques dans leur stoner rock. On encaisse donc de plein fouet des riffs thrashisants que ne renierait pas Slayer (l’intro de “King Alcohol” !), ou bien des rythmiques hard-core servies par un chanteur hargneux et puissant (témoin cette reprise d’Agnostic Front féroce qui clôt l’album). Le tout baigne dans un stoner rock efficace comme on l’aime, jamais monotone, passant de rythmiques pachydermiques quasi doomesques à des passages atmosphériques planants (l’intro de “Try”, une chanson de leur premier EP ré-enregistrée pour l’occasion). On notera même une incursion sympathique de Wino, chanteur-guitariste emblématique du genre tout entier, sur un “Common Cause” taillé sur mesure pour lui. Vraie réussite, donc, “13” positionne clairement Solace dans le peloton des groupes assimilés “stoner” qui devraient marquer leur période, en faisant évoluer un genre qui tourne parfois un peu en rond.

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