Throttlerod – Nail

Throttlerod - Nail

Throttlerod est bien à sa place dans l’écurie Small Stone : leur stoner très américain et très moderne se distingue par l’apport non négligeable de copieuses rasades de groove torride, particularité des groupes “sudistes” du label ricain.
Troisième réel album pour le groupe qui, passé de quartet à trio, gagne en concision et efficacité ce qu’il “perd” en épaisseur de son (tout à fait transparent sur ce disque de toute façon, tant la prod est garnie à bloc). Que du bonus donc. Une remise en question forcée, en quelque sorte, pour un groupe pour qui on craignait le pire : se répéter.
Au lieu de ça, Throttlerod, sans révolutionner son stoner-metal rèche et sec, réinvente une part de ses structures, et gagne en maturité. Le virage est bien amorcé, et on se prend à saliver en pensant à un prochain album qui sera l’aboutissement de ce cheminement.
En attendant, on déguste quand même cette galette, en se prenant en pleine tronche des compos d’une remarquable efficacité. On ne s’ennuie jamais, on capte même à l’occasion des relents thrashisants pas trop méchants, type Anthrax, et des influences limites grunge, plutôt Tad que Pearl Jam, rassurez-vous, à d’autres moments.
Bref, cet album, même s’il ne remet pas fondamentalement en cause la musique du groupe, propose des perspectives qui font plaisir à entendre. Un album qui mérite clairement une attention particulière. Pas un achat prioritaire, mais si vous avez l’occasion d’en faire l’acquisition pour pas trop cher, il saura vous combler.

The Melvins – A Senile Animal

The Melvins - A Senile Animal

Ils en auront taillé de la route ces mecs! Les Melvins ont influencé plus de groupes et de courants musicaux qu’Indochine a vendu de T-shirts sur sa dernière tournée alors que, pour nos givrés d’Outre-Atlantique, le succès international sur l’avant-scène n’a jamais été au rendez-vous. On se souvient d’un Kurt Cobain béat d’admiration devant ce trio (devenu quatuor sur cet album). Si mes souvenirs sont bons, not’ bon vieux Kurt aurait même trimballé leur matos en tant que roadie pendant un certain temps.

Toujours assis entre 2 chaises, ces types ont le sens de la moquerie et de l’auto-dérision. Faut dire qu’avec leurs touches de top models, ils ont de quoi ne pas passer inaperçus… Ils pourraient prétendre au titre de papys (papes?) de l’underground. D’ailleurs, le titre de l’album (A Senile Animal) nous rappelle gaiement qu’ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Alors de quoi ça parle ici? Ou plutôt comment ça sonne? Délires bruitistes, logorrhées irritantes ou du Melvins – du bon du vrai en veux-tu en voilà – de toute bonne facture? Va pour la 3e proposition.

Ici, on est loin des schémas décousus et tiraillés entre le noisy, le lourd et l’abondance de feedback. Au contraire, cette plaque nous révèle un Melvins tout en finesse (si si, je vous jure!) avec 4 chants à l’unisson qui font penser à un chant grégorien déglingué par des moines qui auraient trop abusé de bière trappiste. Mais cela reste très audible et très plaisant. Jamais le groupe ne verse dans le doux mielleux ou le sucré poppy plein-pot, avec toujours cette touche melvinesque hyper-perso propre à chaque morceau, à chaque passage.

Si Dale Crover reste le compagnon inséparable de King Buzzo le frontman de la 1ère heure après plus de 25 ans de route, le trio est devenu quatuor avec le remplacement presté par Jared Warren à la basse et l’ajout de Coady Willis comme… second batteur! On peut rester dubitatif de prime abord tant Dale Crover est un batteur complet capable de remplir tout le spectre sonore de ses martèlements funestes. Je ne vous parle même pas des contre-temps et variations de tempos dont le type est capable. Mais c’est dans un mix de batterie très brut de décoffrage sans effet aucun que les 2 compères croisent le fer ou plutôt les baguettes. Ca donne des passages surprenants, un peu comme se sentir encore bourré de la veille au beau milieu de la circulation intense d’une capitale.

Côté gratte, on a droit à un son moins lourd et plus fini sans pour autant oublier sa touche hésitante et cracra. C’est à partir de la 5e plage que les choses se corsent ainsi que la structure des riffs et des morceaux. Les batteurs appuient la frappe et la basse peut enclencher l’un ou l’autre effet sonore. Le plus délirant, c’est d’entendre comment ils sont capables de placer leurs voix dans cet ensemble musical complexe.

Bref, la plaque est de très bonne qualité et les 10 chansons, étonnamment courtes par rapport aux formats déjà visités, nous balancent des effluves 100% Melvins dans un mix alliant dynamique et livraison brute. Ces mecs ne se renouvellent probablement pas avec cet album – (quoique le coup des 2 batteries, fallait oser), ils demeurent néanmoins un groupe des plus respectables dans leur approche sans concessions ni conventions. Avec les félicitations de la maison!

Paul Chain – The Improvisor

Paul Chain - The Improvisor

Vieux routier de la scène italienne, le chanteur bassiste et claviériste Paul Chain, aidé par Alex Vasini à la guitare et Danilo Savanas à la batterie nous livre ici une improvisation en quatre actes. Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’il nous délivre un sabir expérimental (seul le langage phonétique utilisé par Chain, dont le ton est par ailleurs assez proche de Dave Wyndorf, est mystérieux), ce disque nous met plutôt en présence d’un expérience psychédélique très construite dont on éprouve même quelques difficultés à saisir le caractère non élaboré. Ce qui signifie manifestement que ces gusses sont très balaises. En tout cas, c’est réussi. Gorgé de spatialité. Une hotte aspirante d’un trou noir. Paul Chain is the astroman.

Honcho – Corporate Rock

Honcho - Corporate Rock

Il y a un problème avec Honcho : ils ne sont pas arrivés les premiers ! Enième groupe scandinave à évoluer dans ce genre de gros heavy rock stoner plombé (je vous épargne la liste), ils sont forcément confrontés à la comparaison. Mais attention, ils n’ont pas forcément à en rougir ! Seulement, trop de gens vont lever bien haut l’étendard du ‘pas assez original’ sans vraiment écouter attentivement. Quelle erreur ! Les compos de ce généreux quintette sont purement jouissives, et ce n’est qu’après quelques écoutes que vous vous en apercevrez. C’est probablement le premier groupe de cette mouvance qui ne s’apprécie pas totalement ‘à chaud’, et c’est une bonne chose. Vous pourrez alors vous délecter de cette voix chaude et puissante, de ces riffs énAUrmes (‘Peyote’), et en général de ces vraies chansons, qui groovent et qui cartonnent, bien foutues, de celles que l’on se prend à fredonner ensuite (‘In the woods’, ‘Hide behind’, ‘Snake eyes’). Bref finalement un vrai bon album, et une excellente surprise.

Diamond Dogs – Too Much Is Always Better Than Not Enough

Diamond Dogs - Too Much Is Always Better Than Not Enough

Attention Diamond Dogs n’est pas une marque déposée. Il existe donc deux groupes portant ce nom. C’est pas très malin ça Messieurs d’autant plus qu’il y a les Danois et les Suédois. Les Diamond Dogs qui sortent « Too Much Is Always Better Than Not Enough » c’est les Suédois (donc pas leurs voisins). Cette formation très fertile a sorti en l’espace de deux ans (et en comptant cette production) deux maxis et deux cds. Bon il faut tout de même avouer que ce groupe compte parmi ces sept musiciens des membres et ex-membres de groupes dont les Hellacopters, Dogs D’Amour, Johnny Thunders, etc… et que par conséquent nous n’avons pas affaire à une bande de débutants. Et le résultat me direz-vous alors là c’est les seventies dans toute leur splendeur avec la production de l’an deux mille. Ce « Too Much Is Always Better Than Not Enough » alterne entre ballades, old school rock et morceaux up-tempo sans jamais être répétitif ou ennuyeux. A l’image de l’entraînant « Every Little Crack », ce disque entier a une bonne pêche même si certains fans de stoner lui reprocheront l’absence de délires instrumentaux.

Compilation – Iron Maiden Tribute – Slave To The Power

Compilation Iron Maiden Tribute - Slave To The Power

Ma première constatation en découvrant cet objet (double lp) fut que quand bien même la pochette ne portait pas la griffe du fameux Derek Riggs, elle était autrement mieux fichue que celle du groupe auquel un hommage est rendu sur cet objet. La seconde a été, pour moi qui ai vu ce groupe pour la dernière fois à Berne en nonante-et-un, de connaître l’intégralité de la vingtaine de morceaux repris sur ce double album. La troisième, et non la moindre, a été de me trouver devant quelques cover on ne peut plus intéressant même pour quelqu’un qui comme moi n’est pas spécialement fan de cette vénérable institution anglaise qui côtoient des copies conformes de certains standards d’Iron Maiden. L’interprétation de ‘Murders In The Rue Morgue’ par Cosmosquad avec Ray Alder à la sauce rock’n’roll et la relecture de ‘Where Eagles Dare’ par The Quill à la mode stoner sont d’excellentes surprises. La palme revient incontestablement à Zebulon pour son doomesque de ‘Killer’.

Catapult The Smoke – Unearthed

Catapult The Smoke - Unearthed

Déjà 5 ans que cet album a été enregistré et c’est pourtant en 2009 que sort ce Unearthed, sur le tout neuf label américain Orchestrated Misery Records.

Déjà 5 ans donc que le trio suédois de Catapult the Smoke a composé les 8 titres de cette galette. Et à l’écoute de Travel thru a clouded mind, premier morceau de l’album légèrement teinté de fuzz, la première pensée qui nous vient à l’esprit est « mieux vaut tard que jamais » tant le titre d’ouverture sonne bien. Certes, ce n’est pas aussi couillu qu’un bucheron canadien en chemise à carreaux ou un disque de Down mais ça envoie le bois quand même. Par moment, on dirait presque du Fu Manchu millésimé 70’s. Le constat est quasiment identique avec Devil’s Spell, Go With the Wave ou encore Follow the Beam. Point de vue vocal, Tobias Larsson s’en sort avec les honneurs et son timbre de voix rocailleux colle parfaitement à la musique du groupe.

Cerise sur le gateau, le label a eu la riche idée d’ajouter 4 titres issus d’un enregistrement de 2001, permettant de juger du potentiel déjà prometteur de CTS mais aussi des progrès de nos 3 lascars.

Au final, c’est donc un skeud sans prétention que nous livre Catapult The Smoke. Et même si le résultat n’est ni totalement novateur, ni un chef-d’oeuvre absolu, il n’en reste pas moins que ce Unearthed possède un petit quelque chose de frais qui fait du bien en cette année 2009 et qui prouve encore une fois que la Suède est une terre propice au stoner de qualité.

www.myspace.com/orchestratedmiseryrecordings

Pawnshop – Cruise’o’Matic

Pawnshop - Cruise o Matic

L’art photographique à ceci de particulier qu’il fige le mouvement. La jaquette de ce disque présente l’image d’une superbe voiture de course américaine chauffant la gomme de ses pneumatiques avant de s’élancer dans la course. Le disque, en capturant la musique, la fige également. Mais cette capacité lui permet de se soumettre à la volonté de l’auditeur. Disons qu’ici, le disque est complémentaire de la photo et retranscrit parfaitement ce qui se trame dans les organes de la voiture en question. Peu familier de la poétique mécanicienne il parait néanmoins évident que les pistons soient méchamment sollicités. Autrement dit, ça chauffe grave. La second disque de ce groupe norvégien atteste d’une nervosité certaine, d’une maîtrise évidente et surtout, d’un véritable style. Que les gaz d’échappement distillent des effluves hellacoptériennes, mêlées de bluecherisme et de nebulisme n’y change rien. Le moulin de Pawnshop, gonflé à bloc, force le respect et l’admiration. De la très belle ouvrage. The action is go !

Autoa – Autoa

Autoa - Autoa

Autoa annonce d’emblée la couleur : ils sont le groupe punk le plus doom ou le groupe doom le plus punk. Ce premier CD enregistré en une prise et sans overdubs nous présente huit morceaux dont sept sont exclusivement instrumentaux. Le trio a fait appel à Carlos Desastre du groupe postpunk Despues De Nunca pour pousser la chansonnette, en espagnol, sur ‘Homigas’ morceau très doom qui correspond assez bien au télescopage d’High On Fire avec les Heroes Del Silencio. Les compositions de cette production se succèdent sans se cloner et c’est fort agréable. Les Basques vont de morceaux extrêmement doom comme ‘Breakin The Wall Of Grass’ à des compositions très jazzy (‘Tendon City’) en passant par de longues plages aux structures très alambiquées comme l’impressionnant ‘Sendero’ et ses dix-sept minutes qui démarrent de manière intimiste pour se terminer dans un véritable chaos de décibels. Les amateurs apprécieront la présence, au centre du booklet, d’une œuvre de Brueghel qui illustre assez bien la situation géopolitique actuelle.

Psychotic Reactions – (compilation)

Psychotic Reactions - (compilation)

L’initiative remarquable qui a présidé à la naissance de ce disque se doit d’être saluée comme elle le mérite : elle vise à mettre la lumière sur la qualité remarquable de cette bouillonnante (mais encore trop discrète) scène stoner française. Il serait contre-productif en revanche de l’adouber de “référentielle” (ce qu’elle ne prétend pas être dans tous les cas) ou même de parfaite. Son écoute réserve des moments de plaisir, de surprises, mais aussi ici ou là de déception, ne nous le cachons pas.

Difficile d’aborder le cas de la compilation “catalogue” sans procéder à un “track by track”. Passage obligé en quelque sorte, dont acte.
Le premier titre déboîte pas mal, l’oeuvre de Dispenser The Dispenser. Si c’est de stoner qu’il s’agit, il faut le rapprocher des tendances les plus metal issues notamment de la scène scandinave. Mais en version très metal, pour un morceau droit à l’essentiel, un peu répétitif néanmoins.
Kubota prend la suite avec un morceau de bonne tenue, du gros stoner bien fichu, signe d’une maturité que le groupe, on espère, saura mettre à profit d’un album complet.
Difficile de dire quoi que ce soit sur le titre anecdotique et peu représentatif de The Enterprise : 1min30 d’un titre lancinant et répétitif, peu aidé par un mixage assez approximatif. Le groupe ne se met pas en valeur ainsi de la meilleure des manières.
Le niveau remonte bien avec Los Disidentes Del Sucio Motel, même si le morceau retenu, issu de leur dernier album, n’est pas leur plus intéressant dans un contexte de “vitrine” (même s’il est l’un de leur plus audacieux).
Mudweiser garde la barre bien haut, avec un titre de stoner aux relents sludge, accrocheur et bien exécuté. L’une des bonnes surprises de cette compile.
Le titre de Rescue Rangers qui prend la suite est bien foutu et fonctionne bien. Le chant clair associé aux guitares ultra saturées donne toutefois un sentiment mitigé, mais donne envie d’en entendre plus ; objectif atteint, donc.
Loading Data déboule ensuite avec un morceau sympa, qui, niveau son, paraît provenir directement de l’infuence de QOTSA il y a 10 ans, passé à la moulinette de Masters Of Reality. On a vu pires références, mais le morceau laisse sur sa faim. Je le dis avec une telle franchise que je suis par ailleurs un grand amateur des productions du groupe. Encore une fois, le côté “promo” de la compile ne jouera peut-être pas à plein avec ce choix.
Stony Broke enchaîne avec un titre qui a du mal à trouver sa place sur ce disque, avec un morceau de gros hard rock rapide qui n’a pas grand chose de représentatif de stoner. Soit le choix du morceau n’est pas le meilleur, soit le groupe est un peu décalé ici.
Même commentaire pour Café Flesh, qui propose une sorte de noise screamo-bidule qui apparaît totalement déplacé ici.
ÖfÖ Am, qui est un peu le grand ordonnateur de cette compile, se réserve une bonne place avec un titre sympa sous directe influence Karma To Burn (pas uniquement pour le format trio instrumental) même si, à l’image de leur mini album de l’an dernier, ils s’appliquent plus à “tourner autour” d’un riff principal, avec des compos moins alambiquées que leurs homologues ricains.
Granit 665, avec son gros metal très lent, a lui aussi du mal à rentrer le canevas “stoner” du disque, on a du mal à trouver la logique de leur sélection ici.
Le titre d’Alcohsonic ensuite déçoit un peu au regard de son potentiel : le groupe propose ici l’un des titres les plus audacieux de la compil, un mid-tempo remarquablement produit (de très bienvenues incursions de slide et d’harmonica), malheureusement aux relents southern rock / hard rock FM “tendance cow boy” assez peu excitants, et au chant que ne renierait pas un Whit Crane. Le groupe est à mon goût meilleur dans un registre plus “direct”, quand il fait sérieusement parler la poudre et sent bon le sable chaud. Ici, ses tendances stoner sont totalement transparentes ; le quidam moyen se demandera alors, à l’image d’autres groupes ici présents, ce que peut bien faire le groupe sur cette compil.
Contrairement à ce que dit le track listing, c’est les Junkyard Birds qui occupent la plage 13 de la compile, qui par la même revient à un propos plus teinté stoner. Pas mal du tout, même si le morceau retenu est un peu trop court. Un titre à l’esprit punk, mais à la basse ronde et bondissante et au son de gratte gras comme on l’aime.
Superbeatnik propose ensuite un morceau de gros rock crasseux aux “subtiles” (terme mal choisi pour un morceau aussi “brut de décoffrage”) tendances stoner. Sympa et donne envie d’en entendre plus.
Le morceau suivant est si atypique qu’on se demande si le label ne se serait pas trompé au moment du mastering en incluant par erreur un titre destiné à une compil d’extrême metal quelconque : le titre proposé pour Dismo, un morceau de thrash technique aux vocaux hurlés, est complètement à côté de la plaque. Profond problème de casting.
Deuxième trio instrumental de l’album, Voxson propose lui aussi un titre très intéressant, mais porté par une production à deux francs cinquante : manifestement enregistré dans le vestiaire d’une équipe de foot amateur, leur titre qui se repose sur un bon riff de base (une constante chez eux) mériterait un meilleur écrin. Mais encore une fois, objectif atteint : ça donne envie d’en entendre plus !Idem pour le dernier titre, de Mars Red Sky, un titre de stoner doom enlevé, très bien troussé. Très bon niveau, un groupe à suivre de près.
Les trois derniers titres sont des morceaux connus, issus des derniers albums de Karma To Burn, Year Long Disaster et d’un titre du groupe de Will Mecum, Treasure Cat.

Le moment du bilan approche donc, un bilan que l’on aimerait totalement enthousiaste, et qui l’est néanmoins majoritairement, car le positif l’emporte sur les petits défauts de ce disque.- Points négatifs : le choix de certains groupes est très contestable dans certains cas (et ne permettent pas de retrouver des groupes qui auraient eu bien plus leur place sur cette compile : au hasard, des groupes comme 7 Weeks, Zoe, Bud Spencer’s Clout, Hangman’s Chair, mais surtout Glowsun ou Bukowski), la production et le mastering ne sont pas de niveau professionnel (son approximatif de certains morceaux, mini-coupure, transition hasardeuse…).- Points positifs : la compilation montre une poignée de groupes très intéressants, à suivre de près dans les prochains mois. Pour un prix très modique, c’est donc un disque à acquérir sans hésitation, d’autant plus que son magnifique design est l’oeuvre de Johan Jaccob.Dans tous les cas, seuls les imbéciles attendaient un album parfait. En l’état, l’initiative est à soutenir sans réserve, elle le mérite.

Erik Larson – Faith Hope Love

Erik Larson - Faith Hope Love

Il existe une multitude de raisons, certaines meilleures que d’autres, pour qu’un musicien faisant partie d’un combo bien installé sorte un album solo. Pour Erik Larson, riffeur en chef chez Alabama Thunderpussy, un coup d’œil aux paroles reproduites dans le livret nous éclaire rapidement sur ses motivations. Loin des poncifs du genre qui consistent à parler de bagnoles, de gonzesses, d’expériences hallucinogènes et autres sujets sans grand intérêt, cet album apparaît comme une catharsis, une façon de se débarrasser de quelques démons. Album très honnête et personnel donc, où Larson se confesse sans pudeur et en profite pour régler quelques comptes. Sur les notes de pochette, il insiste sur le fait qu’il a tout écrit, joué et produit seul, ce qui semble évident au regard de sa démarche.Voilà pour le fond, reste la forme. Impossible de réduire cette collection de chansons à un style bien précis, chaque morceau illustrant une palette de sentiments variés qui vont de la tristesse et le regret à la colère ou la haine. Alors que le son de guitare abrasif et la basse un peu crade de « Love and Loathing » qui ouvre l’album évoque une espèce de sludge light, « Germ » et son tempo plus lent flirte avec le doom avant que « Smile » ne reprennent les ingrédients du hard-core old school. Et il en va ainsi pour tout l’album, Larson alternant les styles qu’il ressert de façon personnelle, surprenant l’auditeur avec un morceau un peu plus groovy et une guitare acoustique (« Bleeding Fire ») avant de le prendre à contre-pied avec deux décharges d’adrénaline haineuses (« Bloodshot » et « By My Hands »). On retrouve même une guitare vaguement country ou une rythmique tribale qui ne nuisent pas à l’homogénéité de l’ensemble, évitant la monotonie et permettant de découvrir une foule de détails à chaque nouvelle écoute. Seul fil rouge, la qualité des riffs et un certain talent derrière les fûts, ce qu’on savait déjà depuis sa prestation remarquée au sein de Axehandle. Malgré un ton général assez sombre, Larson termine sur une note positive et pleine d’espoir en reprenant « Say Yes » d’Elliot Smith.

Grand Magus – Monument

Grand Magus - Monument

Deuxième album de ce groupe suédois, qui rappelons-le, partage désormais son chanteur, JB, avec Spiritual Beggars. Si leur premier effort pêchait par excès de linéarité, il en va tout autrement de celui-ci. Le groupe a enfin atteint le rythme de croisière qui fait de lui un grand du doom actuel. Un doom mâtiné de hard rock qui lui confère des vertus dynamiques et quelquefois lyriques. Un doom habité par le blues que lui insuffle avec générosité l’organe exceptionnel de JB. Non mais quelle voix !!! Cela fait des lustres qu’on attendait un chanteur de cet acabit. Aussi chaleureux qu’un David Coverdale. Aussi tragique qu’un Chris Cornell. Les titres sont tous excellents. Ça écrase sévère. Le son est impressionnant de profondeur. « Monument » est un disque dont on sait dès la première écoute qu’il va occuper la platine sans partage pendant un bon moment. Comment en serait-il autrement avec des titres du calibre de « Chooser of the slam » ou « He who seeks shall find » dont les riffs priapiques vous donneraient presque envie de procéder à une autocrucifixion pour en soulager les effets. Je vous le demande.

Suplecs – Wrestlin’ With My Lady Friend

Suplecs - Wrestlin With My Lady Friend

« Chérie, je répète ce soir et après-demain. Ce week-end je suis pas là, on a des concerts. Me réveille pas en allant au boulot lundi matin, j’ai besoin d’être en forme, on enregistre mardi. Je t’avais dit que je partais pendant quinze jours en studio, non ? ». Voilà résumée la douloureuse histoire des musiciens qui ont réalisé ce disque. Une histoire assez ordinaire pour des musiciens ordinaires qui cohabitent avec une personne du sexe opposé, voire du même sexe. Sauf que là, il s’agit d’anciens membres d’Eyehategod. Qu’on a du mal à imaginer en gens ordinaires. Donc même ces bûcherons là rencontrent des problèmes de couple, qui, comme ils le disent assez justement, tient de la lutte. Au final, ils nous livrent un superbe album ancré dans le quotidien le plus brut de leur vie de cinglés de la Nouvelle-Orléans. C’est gras, c’est lourd, c’est noir, c’est moite. Ça sent vraiment la transpiration des aisselles mêlée à celle des doigts de pieds, sans être grunge pour autant, attention ! A moins que ça ne sente la vase. Ça ne se passe pas au même endroit, mais les images qui me viennent à l’esprit sont celles du film Délivrance. Une ambiance très malsaine accentuée par des passages décalés, quelquefois jazzy, assez oppressants. Du bayou power rock qu’ils appellent ça. Ça me va. La métaphore adhère très bien à la sueur. Les riffs des Suplecs n’ont plus grand chose à voir avec ceux d’Eyehategod. Tout cela est bien plus rock’n’roll à la seventies. Toutefois, il est indéniable qu’ils ont gardé ce goût pour les rythmiques sévèrement plombées. L’impitoyable laminoir s’est fait un peu plus fin, plus aéré (légèrement). En fait les Suplecs sont comme des alligators. Ils glissent dans les eaux saumâtres et opaques du bas Mississipi, toujours prêts à mordre. S’ils vous chopent, ça fait très mal.

Monkey 3 – Monkey 3

Monkey3 - Monkey3

Inutile de préparer vos jeux de mots foireux sur ce groupe suisse au nom bizarre de Monkey3. Inutile car quiconque se moquerait d’eux avant d’avoir écouter leurs compos le regretterai amèrement.
Que dire si ce n’est que j’ai complètement été emballé par ce disque. Ce combo originaire de Lausanne a réussi le tour de force de nous pondre un album entièrement instrumental d’une qualité indéniable. Les neuf titres (dont une reprise de the Melvins) sont d’une réelle diversité et ont en plus le bon goût d’être très bien écrits. Ils ont su contourner les principaux pièges notamment en évitant les répétitions et les longueurs inhérentes aux compositions instrumentales. Tantôt lourd, tantôt planant, l’album arpente avec une facilité déconcertante les chemins que d’illustres aînés ont foulés avant lui. La richesse des compositions est bien là son atout principal pour ne pas se faire oublier.Des riffs fignolés et une rythmique particulièrement riche, voilà ce que je retiens de cet album. A découvrir absolument.

Giant Brain – Plume

Giant Brain - Plume

Décidément, Small Stone n’aura de cesse de me surprendre ces derniers temps. L’album de Sloth, d’abord (inchroniquable dans ces pages, même en forçant !), et maintenant ce Giant Brain étonnant. Etonnant car pas vraiment à sa place dans la liste des groupes de Small Stone. Ils jouent du Krautrock, en fait. C’est bon, le terme est lancé : on le retrouve 12 fois dans chaque chronique de l’album, et 27 fois dans la bio du groupe. Bof. Y’a de ça oui, certes. Maintenant, c’est surtout un album qui balance, ça groove de bout en bout, et le tout avec pas mal d’électronique. De l’électronique, et de l’électricité, en fait. Du sample et du riff, du solo et du synthé. Les deux fées électro main dans la main, qui se répondent sur 5 chansons longues mais pas rébarbatives.

On pourrait jeter un voile pudique sur cette nouvelle sortie de notre label ricain préféré et se concentrer sur des sorties plus “viriles” ; mais finalement, au bout de quelques écoutes, on s’aperçoit que Giant Brain n’est pas si éloigné d’un Karma To Burn psychédélique ! Du mythique trio instrumental, Giant Brain garde ce sens de la composition, instrumentale, avec tout ce que ça implique : structuration, progression des chansons, qui tirent en longueur sans se répéter et sans lasser. Psychédélique ensuite, parce que ce sont des nappes de grattes aux sonorités variées (effets divers à coups de wah wah, vernis de fuzz, se perdant dans des échos lointains parfois), tour à tour puissantes et planantes (souvent), qui servent les chansons. On y trouvera aussi des passages bluesy, d’autres dorés d’orgue Hammond ajoutant des touches soul étonnantes.

Au final, restent finalement 5 compos “massues” (encore un paradoxe, pour un album appelé “Plume”), à avaler d’une traite, reposant sur des strates de groove basse-batterie impeccables. A déconseiller formellement aux plus étroits d’esprit, mais un vrai trip pour les musicologues curieux, pas ennemis de l’expérimentation auditive.

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