Ancasmayu – Ancasmayu

Ancasmayu - Ancasmayu

Ancasmayu n’est pas dans le dictionnaire et c’est bien dommage sinon je serai vraiment meilleur en scrabble. Je devrais peut-être dire pas encore car ce quatuor helvétique évoluant dans le registre stoner nous a concocté en novembre dernier un album d’une qualité époustouflante. Cette production d’un groupe suisse, enregistrée et masterisée en Suisse n’a en effet rien à envier aux productions étrangères actives dans cette catégorie. Cet Ancasmayu-là nous livre en presque septante-cinq minutes dix compositions originales aux guitares incisives et à la construction bien pensée. Malgré la longueur de l’objet on ne s’ennuie jamais à l’écoute de celui-ci car les morceaux se suivent dans un contexte homogène sans jamais se cloner. ‘Werewolf By Night’ flirte avec le doom, ‘Myriaâââam’ démarre de manière très punk pour s’achever dans un style plutôt desertrock, ‘Criminal Creativity’ à des airs de Fu Manchu et ‘Aquarium’ clôt l’album avec maestria dans un registre assez calme entrecoupé de riffs bien tranchants. Vivement la suite !

The Howling – Desert Songs

The Howling - Desert Songs

Actif depuis 2001, initialement sur Toulouse et désormais à Paris, le quatuor hexagonal nous gratifie ces jours d’un excellent premier effort soigné qui devrait nous permettre de patienter jusqu’à la sortie de leur premier long format l’an prochain. Produit par Lionel Darenne, qui collabora par le passé avec le fort réputé Steve Albini, cet album a été assemblé aux Studios Sriracha plus réputé par les passages des gloires françaises métallique que par les enregistrements de groupes psychédéliques.
S’inspirant des mythiques Kyuss pour son titre, ce sept-titres bénéficie d’une production de toute beauté qui met remarquablement en valeur les titres proposés par The Howling. Oscillant entre rock psychédélique et desert rock, ce groupe-là fera à coup sûr parler de lui ces prochains temps vu l’excellente qualité de ses compos.
‘Desert Songs’ débute de manière un peu rentre-dedans avec ‘Dogs On A Leash’ sur lequel la basse vrombit sur une boucle de guitare entêtante un peu comme sur ‘Big Sky Theory’ de Dozer, mais en nettement moins long. S’en suit ‘Fin Du Jeu’, titre chanté en français qui m’a d’emblée séduit vu mon affection pour le rock francophone, pas franchement stoner, cette plage est un bon morceau de rock bien balancé et très carré. Sorte de bref interlude acoustique à la Soulfly, ‘The Race’ est une ode au fameux loup blanc ornant les visuels du groupe qui fait rapidement place au titre éponyme. ‘Desert Song’ est une ballade psychédélique qui me fait penser à ‘Down In A Hole’ d’Alice In Chains dans sa première moitié avant de déraper complètement dans un déluge sonique de pure inspiration seventies. On rejoint l’intimisme avec ‘Sister N’Angel’ et ses guitares acoustiques dans un style qui n’est pas sans rappeler Orquesta Del Desierto avec sa petite touche de rythmique tambourinée au terme de la chanson. Changement de décors avec ‘Surfin’70’s’ qui nous sort du désert californien avec son riff bluesy graisseux à souhait. Puisque tout a une fin, celle de cette production se nomme ‘Sinner’ et est interprétée dans la plus pure tradition feu de camp juste avec une gratte sèche en support aux chants un poil éraillé de Julien.
Un tout bel effort d’un groupe de Francophonie qui explore tous les styles du mouvement qui nous tient tant à cœur.

Mastodon – Blood Mountain

mastodon-bloodmountain

5e plaque pour le Mastodon (4e si on exclut le 5 titres Lifesblood sorti en 2002 et reprenant les titres du tout premier Call of the Mastodon réédité récemment) qui se voit maintenant signé sur un major (so long, Relapse…).

Le son au tone énorme (les gratteux ont une pédale de disto faite sur mesure et appelée Mastortion, le tout avec des Gibson à titre de haches et des amplis JCM800 en guise de billots) est reconnaissable entre mille et ne manque pas à l’appel dès les premiers envois. D’ailleurs, c’est sur un morceau à la Motorhead que les 4 musicos d’Atlanta nous souhaitent la bienvenue.

Mais ici, point de retenue et, peut-être aux yeux de certains, que de mélanges. Si la sauce prend avec du speed metal façon Lemmy, la suite nous offre une palette toujours aussi riche avec du heavy metal, du thrash , du stoner et même quelques passages flirtant un peu avec le prog rock. Pas étonnant qu’on a vu ce groupe ouvrir pour des groupes aussi hétéroclites que Cannibal Corpse, Qotsa, Neurosis, Metallica (je crois) ou encore Slayer (ça, j’en suis sûr).

Bien entendu, pas de grosse goulasch infâme mais bien un panel de styles appris et digérés pour donner le son de Mastodon. Seulement, vous l’aurez vite deviné rien qu’à la signature sur un major, la surprise n’est plus au rendez-vous pour l’auditeur. Relapse Records, le précédent label du groupe, pouvait se targuer d’avoir fait une sacrée découverte. Warner et ses actionnaires aux dents longues n’en ont que faire… Ok, loin de moi l’idée de lancer un énième débat sur l’éternel manque de couilles des majors, vous aurez compris ma pensée.

La technique des musiciens est toujours aussi imparable et s’est encore affinée au point où, pour certains, une telle débauche de doigté dans les changements de rythmes, riffs alambiqués et autres savants croisements pourrait rendre dubitatif. Mais bon, ne rechignons pas, le tout est d’une qualité musicale incontestable avec un mix de toute beauté (ce serait malheureux vu les moyens mis à leur dispo maintenant…). Ah je persifle encore…

Un petit mot quand même sur le batteur Brann Dailor: son jeu est exceptionnel et peut se comparer sans problèmes aux plus grands batteurs de rock. Sa maîtrise de la caisse claire, son jeu sur les toms et les cymbales sont purement fabuleux… au point à nouveau où cette démonstration de savoir-faire risque de ne pas faire que des heureux.

A noter quand même que la 7e plage nous offre une mélodie de voix toute gentille et lancinante que l’on comprend vite, sans plonger dans le booklet, que le maestro Josh Homme est venu apporter sa petite touche perso à l’ensemble. Il est vrai que du chant (du vrai avec des notes) parmi des hurlements et autres borborygmes, ça ne passe pas inaperçu.

Bref, si cet album ne nous offre pas la surprise de Remission ou encore Leviathan, il n’en demeure pas moins une plaque de très bonne facture. Puissions nous dire la même chose des futurs albums.

Royal Bubble Orchestra – Royal Bubble Orchestra

Royal Bubble Orchestra - Royal Bubble Orchestra

Le voilà enfin, il est sorti le nouvel album de Royal Bubble Orchestra. RBO, super-groupe stoner à la française pour certains, projet rock frenchie pour musicos talentueux à la recherche de sensations pour d’autres, on ne savait pas vraiment où positionner le groupe. Rajoutez à ça que la rumeur grondait depuis bien plus d’un an, puisque l’album a été enregistré en décembre 2004 ! Puis depuis quelques mois, au gré de CD sampler, de version promo de l’album, on commençait à avoir la bave aux lèvres, littéralement. Et donc nous y voilà, on peut ravaler notre salive et bouffer la galette à pleines dents !
RBO, donc, c’est sans doute ce qui se fait de plus audacieux en terme de rock à tendances stoner en France. Ni plus ni moins. Le lien avec Blackstone (Marc Varez est derrière les fûts de cet album, même s’il a depuis été remplacé au sein du groupe) ne tient qu’aux influs 70’s bien tassées. Finalement, le rattachement au stoner est ce qui semble le plus immédiat, avec la recherche perpétuelle du riff ultime et ces passages instrumentaux outrageusement groovy, qui fleurent bon le sable chaud et les impros au coin du feu comme on les aime. Mais on n’est pas non plus en pur terrain stoner, quelques penchants metal et hard rock disséminés ici ou là sont là pour brouiller les pistes. Au final, au bout de 3-4 écoutes seulement, on abandonne vite fait la recherche d’une étiquette quelconque. Alors on commence à apprécier les compos pour ce qu’elles sont, à savoir des putains de bonnes chansons.Lesquelles retiennent le plus l’attention ? “King of lies” en intro, avec son gros stoner-metal bien pêchu, semble être le morceau le plus accrocheur, rapidement confirmé par les premières écoutes. “Slave” ensuite, avec son riff en intro aux grattes bien acérées et sautillantes, vous rappellera inévitablement les grandes heures du hard rock des années 80 à la française (ce n’est certainement pas volontaire, mais écoutez ce riff juste avant le solo, ce son de gratte sans les autres instruments, vous verrez ce que je veux dire !), imparable. Et que dire de ce “Royal Boom Boom”, instrumental absolument hallucinant qui aurait, je vous le promets, trouvé facilement sa place dans les premiers albums du Grand Sabbath ! Jamais démonstratif, il se déguste sans retenue.
Alors que finalement la gratte d’Alex D. occupe presque tout “l’espace instrumental” (de fort belle manière, le gars balance les riffs sans faiblir), rapidement David Jacob s’illustre à la basse avec subtilité, à la manière d’un Scott Reeder ou d’un Guy Pinhas : l’air de rien, et tout en maintenant la baraque rythmique (avec un Varez impeccable), le roi de la cinq-cordes (passé à l’occasion à la 4-cordes) balance quelques lignes de basse chargées de groove jusqu’à la gueule. Mais le gars n’est pas du genre démonstratif, comme sur des morceaux plus subtils comme “Too bad” ou plus “directs” comme l’excellent “Me and my fuckin’ gun”, où sa sobriété de jeu n’est là que pour servir l’efficacité du morceau.
Petit à petit les autres membres du quatuor font aussi valoir leurs arguments, et très rapidement, la position de “MVP” de l’album atterrit sans équivoque sur les épaules du remarquable vocaliste Lol Nico : non seulement son timbre rocailleux et chaleureux à souhait assure l’originalité du chant de RBO, mais sa puissance brute fait mouche, et sa subtilité sur des morceaux comme “Time to despair” ou “Lullaby” par exemple, ne font que nous conforter.
“Lullaby”, puisqu’un en parle, c’est la reprise de Cure dont vous entendrez inévitablement parler (quand on n’a pas trop le temps de se pencher sur les compos d’un nouveau groupe, il est toujours plus facile de parler de leurs éventuelles reprises de groupes célèbres !). Et bien là, bluffé : de nombreux groupes à leur place se seraient amusé à reprendre des chansons de Cure pour y ajouter de grosses guitares, et se livrer à un stérile jeu du “regardez comme je suis bourrin”. RBO a choisi de s’approprier la chanson, d’en livrer une reprise sincère, rendant hommage à ce groupe trop sous-estimé par la scène rock, là où d’autre auraient opté pour la caricature. Chapeau bas.
Au final, ce CD laisse un furieux goût de “revenez-y” dans la bouche, le sentiment d’un de ces projets pour lesquels on se félicite que les musiciens se soient trouvé un jour, tant ça fait du bien de les écouter s’éclater. Et puis surtout, surtout, on a enfin l’impression d’avoir trouvé un chef de file un peu ambitieux à cette scène française qui se cherche un peu depuis quelques années : pleine de groupes brillants, lui ajouter un peu de compétition, et monter la barre aussi haut d’un coup ne peut que créer une dynamique ultra positive. On touche du bois, mais ça s’annonce pas mal.

Throttlerod – Hell And High Water

Throttlerod - Hell And High Water

Ce coup-ci Small Stone récupère un transfuge d’Underdogma. Throttlerod, groupe de Caroline du Sud évolue dans un registre boogie, mais à tendance nettement plus heavy metal que Five Horse Johnson. Depuis son premier album, le groupe semble s’être apaisé. L’agressivité qu’il puisait du côté de groupes tels que Clutch ou AC/DC s’est légèrement atténuée, laissant la place à davantage de mélodies vocales lorgnant notamment du côté des Smashing Pumpkins. Curieusement alors que la majorité des chanteurs sont fréquemment plus efficaces à hurler qu’à produire des lignes mélodiques, on assiste ici à l’effet inverse. Les refrains souvent imparables, rendent fades les autres développements internes aux morceaux. Si en dehors des refrains on recense ici ou là quelques bonnes idées, il faut reconnaître que l’imagination fait quelque peu défaut à Throttlerod qui souvent reproduit à l’infini des plans confondant de naïveté. Ce groupe est l’archétype du groupe besogneux. Toujours à rajouter un plan pour éviter qu’il ne nous échappe, on ne sait jamais. Toujours à bourrer ses disques de peur qu’on ne soit frappé de manque. Je parierai que ces gars s’évertuent à donner des concerts de près de deux heures. Au secours ! On peut être léger tout en jouant lourd. Le groupe gagnera en cohérence à la condition d’épurer la structure de ses compositions. Rognage drastique. Alors seulement le prochain album sera terrrrrrible.

Blowback / Asteroid – Split CD

Blowback / Asteroid - Split CD

Un jour, il faudra qu’on se penche sérieusement sur les raisons de la fascination qu’éprouve la majorité des groupes stoner suédois pour le gros fuzz qui tâche. Que Dozer aie ouvert la voie de façon magistrale avec un premier album inégalé donne une piste mais n’explique pas tout. Les magasins de musique de Suède sont-ils moins bien achalandés que dans le reste du monde, y a-t-il une loi qui les oblige à reproduire systématiquement le même son, existe-t-il un manuel à l’usage du parfait petit groupe stoner ? Mystère.
C’est donc Fuzzorama le bien-nommé qui se charge cette fois de perpétuer la tradition en proposant un split bien rempli (12 titres, 62 minutes) partagé par Asteroid et Blowback, deux groupes qui se sont déjà illustrés par une série de démos de qualité. Autant l’avouer tout de suite, si vous êtes à la recherche de la dernière sensation innovante cet album n’est pas pour vous. Entre influences 70’s de rigueur et repompages de plans à la Kyuss, les deux groupes proposent un stoner des plus classique, on serait même tenté de dire qu’ils exposent ici la quintessence du style. Ce qui ne les empêche pas d’être bougrement efficaces.

Honneur à Asteroid qui entame les hostilités avec « Supernova », un titre à l’intro longue et soignée qui débouche malheureusement sur un riff lourdingue soutenu par une rythmique monolithique. Et c’est bien là un des rares défauts que l’on pourrait trouver à ces six compos. Alors qu’un soin particulier à été apporté aux parties plus posées, teintées d’une légère touche psychédélique des plus plaisante, dès que Robin Hirse enfonce sa pédale-spéciale-son-suédois, l’inspiration commence à faire légèrement défaut. On les sent encore partagé entre l’envie de proposer des titres plus aventureux, à l’image de l’excellent « Anagram » qui malgré le gros clin d’œil à « El Rodeo » parvient à proposer quelque chose de tout à fait original, et le besoin de respecter les codes du genre en balançant du gros son sans trop faire le détail, ce qui a tendance à éclipser la finesse des morceaux. Ceci étant dit, Asteroid possède tous les ingrédients pour se faire un nom au sein d’une scène qui frôle l’engorgement. Reste seulement à trouver le dosage adéquat qui leur permettra de se démarquer complètement de leurs camarades de jeu.

Blowback, quant à eux, se pose beaucoup moins de questions en proposant cinq titres mid-tempo qui vous feront taper du pied en cadence avant de conclure par un instrumental acoustique tout en arpège. Les guitares et la voix sont un peu plus agressives et le groove bien présent mais à l’image des voitures suédoises, c’est racé, carré, puissant, efficace et confortable mais çà manque d’une petite touche de charme et d’originalité. On sauvera néanmoins les solos très réussis qui ramènent un peu d’émotion au sein de ce déferlement de riffs conventionnels. Peu de prises de risques donc pour un groupe qui s’inscrit dans la tradition du stoner scandinave, s’offrant même une place de choix, mais qui laissera sur leur faim tous ceux qui comme moi recherche perpétuellement la petite touche qui fera évoluer le style.

Sardonis – 7″

Sardonis - 7"

Qu’on se le dise, Jelle et son label Electric Earth sont les nouvelles figures à suivre dans les sphères musicales européennes qui nous réunissent ici.Déjà trois sorties : un groupe confirmé (Eternal Elysium) et deux merveilles en guise de découvertes : les monstrueux Black Pyramid ( mes chouchous, les futurs remplaçants de Sleep) et maintenant Sardonis qui, ceux-ci, sont bien de chez nous, enfin de Belgique plus exactement. Un duo qui lorgne vers les contrées instrumentales d’un Karma to Burn, du premier ep des anglais de Capricorns ou encore de groupes riffeurs sans chant qui ont marqué mes esprits comme Dragon Green, Balero ou Electric Magma, avec une touche de noirceur en plus.

Le son est gras, lourd et pourtant d’une terrible pureté. Le tempo s’amuse avec nous, passant de passages endiablés à de purs coups de boutoirs lancinant et sournois. Comme dans les groupes précités, une seule règle est de mise : le riff. Au loin les ambiances et les compositions compliquées, tout se passe au niveau d’un headbanging furieux au fil des mesures qui s’enchaînent. Pas un moment de répit et s’il ne s’imposait de flipper le 7”, les 4 titres ne feraient qu’un, foutrement heavy.
Un excellent amuse gueule avant la sortie en 2009 du plat de résistance, soyez prévenus !

Clutch – Live At The Googolplex

Clutch - Live At The Googolplex

Quiconque a déjà assisté à une prestation live de Clutch le sait bien : ce groupe déchire sur scène point barre. Ce n’est pas cette collection de morceaux enregistrés sur différents concerts lors de leur tournée en première partie de System Of A Down qui viendront nier l’évidence et puis franchement vous en connaissez beaucoup des groupes à ce point sûr de la qualité de leurs prestations qu’ils autorisent leurs fans à enregistrer celles-ci ? Du rock’n’roll, Clutch sont des jusqu’auboutistes et ils nous livrent sur ce ‘Live At The Googolplex’ quarante six minutes de pure furie sonique. Si vous avez des doutes en ce qui concerne cet excellent groupe je ne peux que vous invitez à vous précipiter sur cet objet pour savourer la perle ‘Pure Rock Fury’ dont le titre résume à lui seul ce que ce groupe est sur scène et démontre l’incroyable registre vocal de son charismatique (et fort sympathique) leader Neil Fallon.

Wooden Stake – Druide Lord – Split

Wooden Stake - Druide Lord - Split

Amis du doom bonjour ! Altsphere nous propose un split vinyle de sept pouces bien plombé et comme je suis un type plutôt galant, j’ai décidé d’incruster la pochette côté groupe composé pour sa moitié par la gente féminine à savoir Wooden Stake.
Tant qu’on y est, c’est aussi par leur titre que je vais débuter ces quelques lignes. Alors, pour la faire courte, le duo étasunien provient à la fois du Texas et de New York, il est composé de Vanessa Nocera à la basse et surtout aux voix ainsi que d’Elektrokutioner (on murmure dans les milieux autorisés que le barbu a pris un pseudo, mais je n’en crois pas un mot) à la batterie et à la gratte. Cette composition, les plus perspicaces d’entre vous l’auront remarqué, facilite ô combien l’exercice live, mais ceci n’est pas nos oignons après tout ! Le duo se targue de pratiquer un doom horrifique et autant l’avouer d’entrée de jeu, j’ai déjà entendu des choses bien plus horribles ! Le titre aligné sur cette plaque : ‘In the Godless Moonlight’ est un morceau de doom bien lourd et lent qui se laisse facilement écouter. La rythmique respecte en tous points le code pratiqué au rayon doom en se lancinant durant la quasi totalité des presque cinq minutes de son proposé ici par ces Ricains-là. Une petite envolée vient toutefois brisé la monotonie volontaire du truc au deuxième tiers du titre. Pour ce qui est des guitares, là aussi le classicisme l’emporte avec des riffs heavy de chez heavy. La particularité du groupe c’est vraiment les parties vocales. Chanté pourrait paraître usurpé comme terme et je lui préfère déclamé. Le timbre de voix me rappelle un peu celui de Beki Bondage sauf dans la phase ‘evil’ du titre qui s’en va lorgner dans la galaxie metal. Cette singularité donne un rendu bien sympathique à ce groupe de doom à la fois très traditionnel et très particulier.
La seconde face de cette galette renferme ‘Black Candle Seance’ de Druid Lord. Ce trio US basé à Orlando est composé de Pete Slate à la gratte (le quidam s’est déjà illustré dans Acheron, Incubus, Equinox, Abhorred Existence et Mythos), de Tony Blakk à la basse et aux chants ainsi que de Steve Spillers à la batterie. Ce trio balance un doom de bonne facture, mais pas franchement très novateur. Les rythmiques, les riffs et les vocaux sont comme embourbés et ils peinent à avancer par moments avant que le groupe s’emporte et dérive dans un thrash qui peine à me séduire. Ces parties rapides sont de surcroit trustée par des soli de guitares prenant un peu trop l’ascendant sur le reste à mon goût. Ce reste est plutôt pas mal si ce n’est quelques gimmicks flirtant parfois avec le grunt au niveau du chant.
Au final, on a deux groupes pour deux titres de bonnes facture assez éloignés qui se situent dans un registre musical plutôt rassembleur dans le monde du rock underground ; une initiative qu’on salue d’autant plus que c’est toujours un sacré plaisir ces productions qui sortent sur du bon vieux vinyle.

The :Egocentrics – Love Fear Choices And Astronauts

The :Egocentrics - Love Fear Choices And Astronauts

Bon sang qu’il est rafraîchissant de recevoir ce type de production, au milieu d’une séquence de galettes parfois trop « professionnelles » et policées. Initié par la farouche volonté de ce trio roumain (!!) cet enregistrement qui transpire la passion de la bonne zique trouve le chemin (discret) de nos bacs de disquaires via la distribution assurée par les très bons Nasoni Records. Une bonne opportunité de se rincer les oreilles de leur vraiment très agréable rondelle. Ne cherchez en revanche rien de révolutionnaire dans cet exercice : le trio évolue dans un stoner planant aux tendances psyché bien appuyées pendant les 50 minutes que dure le disque. Pas un écart, rien : ils tracent leur route dans cette voie sablonneuse en regardant droit devant. Les comparaisons musicales sautent très vite aux tympans (et aux synapses, très sollicitées à l’occasion de l’écoute répétée du disque) : The :Egocentrics sonne un peu comme Karma To Burn mixé avec le Kyuss de « Sky Valley », avec de très forts relents de Dredg (ces derniers non pas pour les aspects « progressifs » de leur musique, mais plutôt pour leur son de guitare et leur goût des breaks aériens portés par une basse ronflante). L’album se compose de 4 (!) plages de 10 à 13 minutes chacune (!!), mais la structuration de l’album importe peu : « Love fear choices and astronauts » est de ces albums que l’on met dans sa platine par une après-midi un peu triste, en mode « repeat », et qui permet de vaquer à des occupations diverses, pour mieux s’interrompre occasionnellement et respirer cette musique en souriant. Pas prise de tête. Niveau instrumental, le groupe n’est ni Dream Theater pour la technicité un peu stérile, ni Karma To Burn pour la force tranquille et l’efficacité de chaque riff ; en revanche, le groupe joue bien, suffisamment pour se faire plaisir, pour développer une structure rythmique solide et emplie de groove, sur laquelle viennent se greffer soli et breaks divers.
En gros, ce disque ne présente pas une variation de stoner très originale, les musiciens jouent correctement (sans en jeter plein les yeux), la production est basique (mais puissante et efficace), et ce disque ne révolutionnera pas notre petite planète. Ceci étant dit, quel plaisir auditif ! Jetez une oreille sur leur myspace, vous serez convaincus. Probablement une tuerie en concert.

Masters Of Reality – Reality Show

Masters Of Reality - Reality Show

Quelques semaines à peine après la sortie du dernier album de Masters Of Reality, le somptueux ‘Deep In The Hole’, voilà que débarque cet OVNI au nom mystérieux. Mais de quoi s’agit-il ? D’un album live ! Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit (enfin) de la sortie européenne du live ‘How High The Moon’ sorti pour le moins discrètement en 1997. Quel est l’intérêt de sortir un album live vieux de cinq ans ? L’intérêt est multiple. D’abord, il s’agit de l’un des meilleurs groupes du monde, l’un des plus sous-estimés assurément, et le concert est excellent (tout comme le son). Ensuite, il y a la rareté de l’objet, quasiment impossible à se procurer depuis 1997. Mais enfin, cet album live contient une tripotée d’inédits ! En effet, le troisième album des MOR (‘The Ballad Of Jody Frosty’) est un album mort-né : Epic, leur label de l’époque, a simplement refusé de le sortir en 1995 ! Du coup, il n’est tout simplement jamais sorti ! Or une bonne partie de ces chansons ont atterri sur cet album live, pour notre plus grand bonheur, et dans des versions tellement bonnes que Chris Goss a toujours refusé de ressortir les bandes de ‘The Ballad’, considérant que ces versions live étaient bien meilleures ! Du tout bon, quoi. On y retrouve aussi des chansons de leurs deux premiers albums, tout aussi bien interprétées, presque transcendées. Alors concrètement, à quoi peut-on s’attendre concernant ce live ? Tout ce qui fait le charme des Masters, en gros : un chanteur brillant au registre varié, des morceaux superbes, des mélodies mémorables, des musiciens qui ont fait leurs preuves. À noter que MOR prévoit de sortir un nouveau live à l’automne ; mais en attendant, vous n’avez aucune excuse pour rater ce bijou.

Los Natas – Toba-Trance

Los Natas - Toba-Trance

En ouverture d’une interview de Los Natas que j’avais faite un jour, j’avais présenté ce disque en le décrivant comme étant de la musique méditative indienne, reprenant ainsi la description que le groupe en faisait lui-même sur son site web. Ouaip ! Une désignation donnant à penser qu’on ne pourrait se procurer ce disque que chez Nature & Découverte. Finalement c’est bien chez un disquaire que j’en ai fait l’acquisition. Dès les premières notes, on sait que l’on vient de pénétrer dans l’univers Los Natas. Immédiatement identifiable. Définitivement unique. Si la trame du disque est effectivement assez calme, on peut néanmoins douter des vertus méditatives dont cherchent à l’affubler ses concepteurs. Non, il s’agit plutôt d’un desert rock lumineux et subtil dont les brèves accélérations électriques ne font qu’accentuer la beauté de ses mélopées enivrantes. Trois titres seulement. Entièrement instrumentaux. 17 minutes en moyenne. Los Natas s’octroie le luxe de dessiner sa propre cartographie. De serpenter tranquillement entre les cactus de la pampa, de vagabonder langoureusement le long des rivages de l’Atlantique puis, le moment opportun, de se jeter dans le Cap Horn avant de revenir sous le feu des Malouines au son de guitares menaçantes. Ce disque est une rencontre avec la beauté. Un chef-d’œuvre de mélancolie. Aussi déchirant qu’un tango dont il est le versant rural. Apre et fier. Rude et élégant. Une classe folle. Los Natas confirme sa grandeur et se situe définitivement hors de portée.

Rite – Hobo Metall

Rite - Hobo Metall

Revoilà les affreux sales de Rite. Les finlandais, signature fidèle de nos bien-aimés frenchies de Longfellow Deeds, déboulent une nouvelle fois avec une galette rageuse, sanguinolente.

Un deuxième album rempli de brûlots incandescents, qui porte son nom comme un vieux hardos des années 90 sa veste à patches “Scorpions”. “Hobo Metall”, donc ça ne veut rien dire en soit, mais l’essentiel est dit, un peu comme cette pochette superbement appropriée – c’est l’effet Rite : vous enfournez le skeud, et c’est “la prise de l’ours” au catch, vous êtes immobilisés, pris au piège, obligés de vous rendre. Ben je me suis fait avoir, tout pareil. Comme un bleu.Faut dire qu’un vieux fan de metal sommeille en moi, et que mes bas instincts ne demandent qu’à être ravivés de temps en temps, et Rite le fait très bien, avec un son de gratte que l’on rapprocherait plus volontiers de Meshuggah que de Kyuss, et des vocaux plus proches d’un John Bush (Anthrax) hardcore-metalleux que d’un Scott Hill ou un John Garcia.

Alors au final, on ne va pas en faire des tonnes non plus, les fans de volutes psychédéliques et de riffs doomesques balancés à 2 à l’heure vont vomir leurs tripes en dansant la gigue : Rite bastonne, tout ceci est très metal, et les fans de Mastodon ou de High On Fire y trouveront matière à headbanguer dans la joie et la bonne humeur, assurément.Les autres passeront leur chemin, je le crains. Ils rateront quand même une galette jouissive, bien gaulée, dotée d’un son de folie. Un “petit” groupe qui a tout pour se mesurer aux chantres du metal “extrême”.

Gorilla Monsoon – Damage King

Gorilla Monsoon - Damage King

Amis des belles mélodies seventies planantes passez votre chemin ! Le quatuor germain formé en 2001 est actif du côté obscur de la galaxie communément qualifiée de stoner. Citant comme influence majeure Black Sabbath, la formation a partagé la scène avec des groupes comme Electric Wizard, Disbelief ou Place Of Skulls. Terriblement sombre, l’univers musical de cette production est à la fois oppressant, crade et inquiétante.Exécutées très lentement, les dix plage de cet album doomisant lorgnent vers le trash en ce qui concerne la sonorité des guitares et les parties vocales saturées à souhait avec çà et là de bonnes envolées rythmiques qui blastent bien un peu dans le style d’High On Fire.Les amateurs d’ambiances plombées dans la ligne de formations comme Electric Wizard vont se régaler.

Brought Low (The) – Right On Time

Brought Low (The) - Right On Time

Un nouvel album de the Brought Low, quel délice. Le petit plaisir qui accueille la première écoute de la galette est très particulier, sentir ses oreilles caressées par ces sonorités chaudes et délicieusement surannées. En fait, on est content, en voyant arriver ce nouvel album, de constater qu’il reste une place pour cette musique, qu’ils arrivent à survivre. On aime The Brought Low quand on aime Lynyrd Skynyrd, les Who, les Allman Bros, le gros rock 70’s. Etonnant d’ailleurs, pour un groupe de New York, de voir un “recentrage” vers le rock sudiste, avec ce nouvel album : accompagnements au piano, refrains au chant doublé, chœurs féminins. Le meilleur de Skynyrd en quelque sorte. Du tout bon, quoi. Quelques titres tirent plus du côté hard rock sautillant du début des 70’s néanmoins (“This ain’t no game”, imparable, “Vernon Jackson” et son riff doublé par une basse ronde et véloce).Maintenant, je ne recommanderai pas cet album à un fan “intègre” de stoner pur jus. Il fera par contre la joie des fans de musique blues-rock-boogie, de celles qui vous font taper du pied et pousser des réflexions du genre “putain, c’était quand même quelque chose, la musique de l’époque”, alors que vous n’étiez même pas nés dans ces années-là… Vous voyez le genre. C’est bon à ce point-là.

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