Goatsnake – Black Age Blues

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Dans la désormais longue histoire des musiques heavy, au delta sensible où se croisent stoner et doom dans un fatras métallique délicieux, le nom de Goatsnake tient une place particulière. Né de la fusion de Wool et de The Obssessed, tenu par des musiciens à qui l’on doit Scream, Sunn O))) ou Thorr’s Hammer (une liste que l’on pourrait élargir à pas moins que Kyuss, Acid King, Burning Witch, Sourvein, B’last, The Eagles Of Death Metal, QOTSA ou Cave-in, excusez du peu), Goatsnake s’est imposé dès son premier album comme un groupe précieux, au son immédiatement reconnaissable, entre riffing rampant, section rythmique incandescente et voix inimitable. Pourtant l’existence du groupe n’aura réellement duré que trois ans, à l’orée des années 2000. Après deux albums et un EP essentiels, quelques friandises passionnantes et chacun était reparti vers son destin, loin de cette réunion de malfrats du son dont la discographie ne souffre d’aucun signe de faiblesse. Alors, lorsque le combo – devenu poids lourd d’un style en pleine résurrection – se reforme en 2010 à l’occasion d’un show fabuleux au Roadburn Festival, la communauté se met à caresser l’hypothétique espoir d’un nouvel album. Leurs vœux seront exhaussés lorsque Southern Lord, la mère patrie, laissera filtrer quelques images annonciatrices de nouvelles compositions à l’orée de l’été 2014. Tout d’abord le label nous apprend que Scott Renner tiendra la basse au sein du combo. Le jeune homme, également vu aux cotés de Sourvein et ayant côtoyé Greg Rodgers au sein de Sonic Medusa a la lourde tâche de succéder à des pointures tels que Scott Reeder ou Guy Pinhas et d’occuper un véritable siège éjectable chez Goatsnake. Par la suite Nick Raskulinecz est confirmé à la production. Devenu référence du son heavy dans les années 2000, grâce à son travail auprès des Deftones, Danko Jones, Mastodon ou même les Foo Fighters, celui qui avait déjà travaillé sur Flower of Disease, fait également gage de continuité.

Car de continuité il en sera effectivement question avec Black Age Blues, reprenant les choses là où elles s’étaient arrêtées, sans plus de bruit que ça, 15 ans auparavant. Pour exemple, « Another River To Cross », titre introductif de l’album s’ouvre sur quelques notes de guitare acoustique (jouées par David Pajo de Slint) et reprend l’ambiance qui clôturait « The River », le final de Flower of Disease. C’est donc dans un astucieux mélange de respect du travail accompli mêlé à une véritable envie d’aller de l’avant qu’évolue cet opus, passionnant de bout en bout. S’il faudra quelques écoutes pour en déceler toutes les richesses, la puissance des refrains (Pete Stahl est au firmament de ses capacité en la matière), le son si typique du groupe (cette guitare bon Dieu, et cet harmonica !!) et les merveilles de trouvailles côté ambiance (cœurs gospel, piano et violons parsèment l’opus sans en dénaturer la haute teneur heavy) rappellent que Goatsnake est un groupe à part. « Elevated Man », « Grandpa Jones » ou « Coffee & Whiskey » s’assureront quand à eux de garnir au mieux les set list du combo.

Le serpent-chêvre continue son inlassable quête du blues dans son approche la plus radicale possible, portée un Greg Anderson qui n’a rien perdu de son feeling entre groove et apocalypse, voilant la mélancolie de Stahl d’un grand drap sombre et occultant. 15 ans après le combo californien renoue avec son public par le truchement d’un album aussi inespéré et pertinant. Welcome back guys.

 

Point Vinyle :

Expert en sorties de qualité et multiples pressages collectors, Southern Lord ne fait pas injure à sa réputation, en proposant, outre une sortie en vinyle noir, une magnifique édition US bleue et noire (500 ex) ainsi qu’une autre rouge vin (529 ex) pour l’Europe. Autant vous dire que le marché noir va s’en donner à cœur joie.

Weedeater – Goliathan

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Si Weedeater était des stakhanovistes de la production musicale, ça se saurait. A leur décharge le quotidien n’est pas non plus des roses pour eux du côté de la Caroline du Nord. Si ce n’est pas un orteil perdu qui a ralenti le processus de sortie d’un nouvel album, c’est le départ d’un membre fondateur, pour des raisons plus ou moins claires, qui a remis en question la venue d’une quelconque progéniture musicale. Keith « Keko » Kirkum a quitté le radeau mais bien loin d’avoir sombré Weedeater a embarqué dans le paquebot Season Of Mist depuis. Après avoir ressorti en grandes pompes tout son catalogue, le label nous offre aujourd’hui l’opportunité de retrouver le trio boueux avec désormais Travis « T-Boogie » Owen derrière les fûts.

En même temps une production intensive trahirait un peu l’imagerie inspirée par le nom Weedeater et puis quatre ans pour se reprendre une dose bourbonnée de sludge mal lavé, ça laisse le temps de se décrasser les tympans. La formule n’a pas changé, les riffs les plus gadoueux se débattent entre basse baveuse et ronde batterie, merci à une production très pure presque live. Ce n’est pas le sérieux qui étouffe la formation américaine comme le démontre l’intro tout en synthé dernière classe « Processional », la respiration banjonienne « Battered and Fried » en milieu d’album ou l’outro basse-psyché « Bennadiction ». En comptant « Reprise » cela fait tout de même quatre titres sur dix qui n’offre pas de nouvelles doses de stoner-doom dépecé au southern-sludge.

Seul reproche à faire à cet album ? Certainement. Weedeater fait du Weedeater, enfonce vos esgourdes un peu plus profond dans la moiteur du sol battu par les battements de pieds qui marquent le groove toujours aussi dégoulinant du groupe. Les six morceaux restant offrent leurs lots de riffs en boucle savamment boutés par un break à la rythmique imprévue. Le chant glaireux participe aux échanges graisseux tout en communion entre les instruments. C’est un sombre bloc qui avance vers vous inexorablement, parfois qui fonce « Bully ». Mais qui vous écrase plus souvent en mid tempo, pour mieux vous ruminer comme une montée de vomi contrôlée. La classe « non-classe » en synthèse.

Weedeater ne lutte pas pour être premier mais pour la place au fond de la salle, le majeur fièrement dressé. Au chaud, rien à démontrer. De toute façon que vaut un trône quand on peut siéger dans un rad miteux suintant l’alcool frelaté aux relents de fumée psychotropique avec la bande son idéal : Goliathan. Du début à la fin, la messe est dite. Mangez l’herbe avec eux ou passez votre chemin.

All Them Witches – Our Mother Electricity

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En 2012, le robot Curiosity se pose avec succès sur Mars ouvrant une nouvelle ère d’exploration de la planète rouge. La même année, atterrit sur Terre une formation de fat blues psychédélique à Nashville, Tennessee. All Them Witches ouvre alors une nouvelle ère d’exploration de la planète stoner. Non pas qu’il la révolutionne mais en ajoutant quelques ingrédients à la dinde déjà bien farcie, il en ré-hausse le goût de fort belle manière. Gage de qualité, le premier album sort sur Elektrohasch, le label de l’oenologue du son, Stefan Koglek, chanteur et guitariste chez qui vous savez.

« Our Mother Electricity » est donc le premier long effort des américains et sonne terriblement américain (c’est redondant, mais c’est important, rime riche). Cet appel blues de voix, sifflet lointain d’une locomotive à vapeur n’y est certainement pas étranger. L’on plonge immédiatement par « Heavy like a Witch » dans le son All them Witches, une basse vivante, des riffs de blues polishés à la fuzz et un groove semblable au « clic-a-di-clac » du cheval de fer. Il s’acoquine aussi avec le sexy de ses illustres aînés, ici un clavier orgiaque 70s et à la jeunesse cool de ses grands cousins du désert, là des attaques rageuses et posées de cordes. All Them Witches brasse large et puise intensément l’eau de ses références sans qu’on s’y perde. On retrouve par le road-titres tous ces courants amplifiés par cette mère électricité. Blues donc, Americana, rock binaire, folk, « The Urn » et « Guns » sont le parfait exemple de ce syncrétisme réussit. Le « melting-pot » engageant d’un savoir faire certain, qui verrait jammer ensemble Jack White, Kyuss, Robert Johnson et Hawkind. Alléchant.

Quand All Them Witches caresse le mid-tempo, on y est. C’est un soleil caillasse qui nous réchauffe la calotte et le psyché qui sommeillait en ces sorcières prend son envol. Les gouttes de sueur acidulées de « Until it Unwinds » perlent sur nos fronts buvards et l’on se retrouvera piqué plusieurs fois par ces dards multicolores et aériens au cours de l’album. Du coup, on excusera presque ces accointances avec la pedal-steel et la mélancolie cow-boy de « Easy », morceau facile (comme celle-là té !) mais finalement point de respiration nécessaire à « Our Mother Electricity ». Et puis cette plongée dans le corps outre-atlantique est partie prenante de la production globale de l’album. Pas de référence anglo-saxonne, pas de Birmingham, ni de cité ouvrière de la perfide Albion ici. Non, All Them Witches, c’est du cheval sauvage, du champ de coton, du Kerouac, c’est ce satané diable qui vous fait signer des contrats et vous permet d’écrire des morceaux comme « Right Hand ».

« Our Mother Electricity » est un voyage réussi d’une cinquantaine de minutes. Plus eut été trop et moins, frustrant. On passe un agréable moment avec le groove et la technique des zicos en espérant les voir en live un de ces quatre. A conseiller un lendemain de cuite, un dimanche pépouze. Idéal en album pré-barbecue, à servir avec un ptit jaune et des cahuètes. Un corps graisseux mais aéré qui laisse un ptit goût de « reviens-y » en bouche.

My Sleeping Karma – Moksha

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Avec désormais dans leur CV un album aussi solide que Soma (il y a trois ans), proposé dans le cadre d’une relation apparemment mutuellement bénéfique avec les incontournables et efficaces Napalm Records, puis une série de concerts notables (festivals, têtes d’affiches, petites tournées européennes), les allemands de My Sleeping Karma n’ont pas franchement de pression ni quoi que ce soit à démontrer à l’heure de proposer leur nouvelle production à la face du monde. “Moksha”, donc, titré d’après un concept une nouvelle fois issu de l’hindouisme, qui définit un état de libération, de relâchement… Comme si le groupe, qui a pourtant toujours su prouver sa complète émancipation du moindre carcan stylistique ou méthodique, prétendait à encore plus de liberté… A moins qu’il ne s’agisse de montrer, insolemment, le type de production musicale qu’il est possible d’attendre d’un groupe passionné, talentueux, qui ne subit aucune entrave à son inspiration.

Tant et souvent fut décrite dans ces pages la nécessité d’attendre plusieurs écoutes d’un album pour vraiment en capter la teneur ; jamais plus qu’ici ce ne fut le cas. La première écoute en effet donne presque une impression de “mollesse”, une sensation cotonneuse pas désagréable, mais avec la crainte d’un manque de relief. Il faut très peu de temps pour apprécier la pleine dimension du disque, et pour se faire écraser par un véritable déferlement sensitif ensuite. Pour qui a déjà vu le quatuor teuton live, cette sensation n’est pas étrangère, cette idée de se sentir embarqué dans un trip musical dont on ignore à chaque minute où il va bien nous emmener au détour du riff suivant. Moksha reste complètement dans cette veine… mais en encore mieux que Soma. Et largement (et on l’aime, Soma…).

Pourtant “Prithvi”, son premier titre, aurait pu nous induire en erreur : sorte de quintessence du savoir-faire du groupe, ce titre impeccablement construit et exécuté (déjà un classique en live) ne laisse pourtant pas supposer de l’évolution de MSK sur ce disque. Ce n’est qu’à partir des compositions suivantes que l’on saisit mieux que l’on a affaire à du lourd. A l’image de “Vayu”, un titre qui commence dans une sorte de torpeur (baignée de claviers un peu mièvres…), pour atteindre dès son premier tiers une montée en puissance à travers un break sorti de nulle part. Frissons. On notera dès ce titre le jeu de batterie de Steffen, riche et robuste à la fois. “Akasha” plus loin renoue avec cette tradition pour le groupe de ces titres fondés pour l’essentiel sur une mélodie clé, sorte de riff évolutif, tiré dans tous les sens au fil de la chanson. Pas de surprise, mais une vraie démonstration de composition. Plus loin, le morceau-titre de l’album, à l’image de “Vayu”, prend son temps avant de dévoiler son vrai visage : ce n’est qu’après un break impeccable que sa toute puissance se fait jour, et c’est quasiment un nouveau titre qui nous est proposé après trois minutes, pour s’apaiser à nouveau ensuite, puis regagner en force émotionnelle à nouveau, avec le concours notamment d’un arrangement de violoncelles tout simplement impeccable. Même chose pour “Jalam”, véritable montagne russe rythmique, qui embarque l’auditeur d’un environnement space apaisant à des élans heavy rugueux. Enfin, “Agni” montre si besoin que MSK est avant tout un groupe de rock : une accroche directe bien râpeuse, avec cette fois un petit lick de guitare bien infectieux pour garder en tension… Et pour le reste, une trame mélodique à nouveau étirée dans tous les sens, étayée de lignes de guitare travaillées, un pur délice.

Notons que le groupe n’a pas rechigné sur “l’objet disque” et tout ce qui peut conditionner l’expérience d’écoute par l’auditeur : l’artwork, tout d’abord, est tout simplement sublime, riche en détails et parfaitement intégré à la musique. Par ailleurs, pour mieux organiser le cheminement du disque, le groupe a recours comme à son habitude à des interludes, systématiques… Sauf qu’au lieu de développer des mini-compos ou des transitions “passe-plat”, ils ont demandé à des potes musiciens (Rene de Wight, David de The Machine, Christof de The Intersphere, etc…) de leur proposer des séquences instrumentales libres, selon leur inspiration : ces interludes, effectivement plus variés, s’intègrent parfaitement au corps du disque, et y apportent encore un peu de richesse.

Avec Moksha, My Sleeping Karma propose sans ambiguïté son meilleur disque à ce jour, et en profite pour se poster en pionnier, unique représentant d’un genre musical qui, certes, puise ses racines dans le rock psychédélique et le space rock, mais y adjoint une qualité de composition qui fait souvent défaut au genre, ainsi qu’un effort d’arrangement inédit. Une sorte de heavy rock instrumental psychédélique épique… en gros… Mais plus fondamentalement, c’est un disque aussi passionnant qu’intelligent et généreux. Un incontournable.

Herscher – Herscher

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(2015)

Rien de bien de neuf à Clermont Ferrand, on continue à pousser les chariots à la main. Et ça, ça vous démoralise un bonhomme. C’est des coups à faire une musique sombre, lancinante, presque rampante.
Heureusement que de temps en temps on voit un collègue se foutre un coup de pioche dans la gueule, là pour le coup on se marre et on se dandine, ça égaille la journée. En résulte des passages plus dansant, disons chantant plutôt. Certains y verraient un clin d’œil à Om et on ne pourrait pas le leur reprocher tant on pense à Al quand la basse se met à imiter la danse du serpent. Je vous rassure tout de suite, le groupe a bel et bien sa propre personnalité qu’on retrouve très rapidement et qui est beaucoup plus sombre et parfois proche du drone .
Question évolution, on découvre un nouvel instrument, de deux le groupe est passé à trois avec l’arrivé d’un clavier. On est donc maintenant face à un trio basse/batterie/synthé (et voix) .
Ce fameux clavier apporte pas mal en terme d’ambiance et de profondeur, le son d’ensemble déjà bien lourd et monolithique prend encore du poids et s’ils continuent dans cette voie, on va frôler l’obésité morbide…

La voix du chanteur, bien plus présente que par le passé rend le disque tellement plaisant, aérien et presque pop qu’on a envie de partir en pique nique et de tomber amoureux. Ça vous paraît crédible ? Non hein, normal. C’est pas du tout le cas, en fait la voix oscille entre incantation avec un timbre assez profond sur les passages typés Om (écoutez donc le début de «Old lands»), hurlement désabusé (toujours «Old lands») et enfin puissance et haine (distillé sur l’ensemble du disque).
Les morceaux étant assez long (entre 6 et 10 min), ces variations de chant et les différentes atmosphères instaurés rendent le voyage plus facile à encaisser. Imaginez des titres de 10 minutes ultra lourd d’un bout à l’autre, il faudrait dans ce cas là un sacré talent pour ne pas lasser l’auditeur .

Sur «Pétron» (passionné de botanique les gars?) la basse semble passée au papier de verre (gros grains !), ce qui lui permet un travail tout en finesse (hahaha), le synthé n’est pas loin derrière et tout le monde se fait plaisir à plomber l’ambiance. On retrouve la voix profonde et grave qui ajoute une touche onirique sur les plans les plus calme du morceau avant d’être à nouveau matraqués par la batterie qui enfonce le clou façon Neurosis à grand coup de toms et de cymbales.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’un disque à multiple facette avec pour thème centrale la lourdeur et la noirceur. Pari réussi et l’album ne l’est pas moins.

Horsehunter – Caged in Flesh

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– Appelez le barman je vous prie

 

– Du Doom s’il vous plaît

– Oui, monsieur.

– Attendez. 3 mesures de Doom, 1 de Stoner, 1/2 de Sludge, au shaker, servi glacé avec un zeste de Postcore très fin.

– Oh. Monsieur désire un Horsehunter alors. Je vous recommande leur Caged in Flesh distillé en avril.

– Très bien, je vous fais confiance.

Vous ne le regretterez pas ! Trois ans que le quatuor existe et voilà leur première cuvée qui nous débarque de Melbourne. Deux ans que le process de composition/enregistrement est en mouvement. Peaufinés, travaillés, ciselés, ornementés, les morceaux puent le jam maîtrisé. Avec des ouvertures pour rien d’autres que Sleep, High on Fire, Conan et plus comme affinités, on peut dire que les Australiens frappent fort pour un début. Sorti à l’origine en auto-prod début septembre 2014, le label New-Yorkais Magnetic Eye Records ne les a pas laissés filer sous leur nez, et on les en remercie.

Avec une vraie dimension progressive, chaque titre relève d’un doom épique qui s’abreuve aux fleuves des courants flirtants à ces côtés. L’usine à riffs australienne ne tarie pas le long des 43 minutes de l’album. Au fil des verres, le cocktail se fait plus ou moins mordant. Carrément velu comme un stonehead en chemises carreaux (« Stoned to Death »), l’amertume se fait plus présente sur des breaks aux limites du sinistre (« Caged in Flesh »). L’approche aux portes de l’atmosphérique tire par le haut l’ensemble de ce doom poisseux. Une même chanson vous y menant plus ou moins près, pour toujours vous rattraper et vous plonger dans les tourments des riffs les plus cossus.

Une gorgée « Nightfall », aux milieux de ce dédale de compositions alambiquées et torturées (les trois principaux morceaux oscillant entre 10 et 16 minutes), permet d’affirmer les effluves plus progressives de l’œuvre au risque sinon de tomber dans une surenchère de doom harassant. Ca déborde de bons plans et de bonnes idées rendant le tout très riche. En bouche ça rappelle des mixtions façon Yob et autres miscellanées du type Neurosis,  Shrinebuilder et consorts. Vous voyez, que du recommandable.

 

– C’était un ravissement. Délectable avec une pointe d’amertume.

– Monsieur m’en voit ravi.

– J’en reprendrai une tournée.

– Monsieur est connaisseur. Une fois que l’on y a goûté, on n’a envie de rien d’autre.

Don Fernando – Haunted By Humans

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Un groupe australien qui porte un nom Portugais, mais où va le monde ma bonne dame… bah, tant que le rock se porte bien et que le temps se maintient, moi ça me va.

Plus sombre que leurs précédente sortie, ce Haunted by humans reste tout de même à forte tendance optimiste et entraînant.

Le timbre du chanteur évoque un mélange d’ Amen et de The Kings Of Frog Island (1ere période), donc bien mélodique et énergique, ce qui colle parfaitement au style du groupe.

Pour leur troisième album, le groupe nous montre qu’il est une belle machine à riffs et que le sens de la mélodie ne leur fait pas défaut.

On passe d’une attitude quasi punk à la The Bronx à des plans lourds et groovy style crowbar (lointain quand même, mais vous voyez le genre).

Entre les plans de grattes qui font taper du pied et les lignes de chant qu’on fredonne régulièrement, je vois mal ce qu’on pourrait leur reprocher . Bon ok, comme je suis un petit saligaud je vais quand même vous lister 2-3 trucs qui me gênent vaguement dans l’album.

Le son est bien mixé mais le résultat est un peu sourd. Pas forcement grave dans la mesure où, passées les 15 premières secondes, on n’y pense plus.

Une sensation de monotonie s’installe également de temps à autre, sans doute à cause d’un tempo un peu trop égal d’un morceau à l’autre ou à certains passages trop répétés (sur « Why » par exemple) mais je pinaille, le titre ne dure que 3 min . D’ailleurs l’album est assez bien construit et on est vite relancé par un morceau variant les plaisirs si on n’accroche pas au précédent.

Bon, ça va en fait je ne suis pas si pourri que ça et ce sont des défauts bien minimes.

Dot Legacy – Dot Legacy

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Elle est là la force du live. J’avais déjà eu l’occasion d’écouter Dot Legacy et, une fois n’est pas coutume, de passer distraitement l’oreille par-dessus, en me disant que, oui, c’était mignon, sympa, sans plus. Que ça manquait de corps et de couilles quand même. Et puis, vlà qu’la horde de bougres débarque en mon fief Rhône-alpin, administrant au passage un set incendiaire, brûlant la scène d’une performance haute en trouvailles, me beuglant ses riches compos à la face. Mea Culpa donc. Merci pour la rouste. Veuillez agréer mes plus plates excuses, blablabla,…

« Dot Legacy » par Dot Legacy, combo parisien, paru en juin 2014 est un album surprenant à plus d’un titre. Premièrement parce que sa production résolument dans l’air du temps, ne lui procure pas un attrait immédiat, pas assez typé peut-être. Pas lisse non plus mais sans imprimer une identité de fait. Un mal pour un bien puisque quand on s’y penche, elle permet de mettre en exergue la qualité d’écriture des compos, la multiplicité et la finesse des influences. « Kennedy » est le premier morceau, le single, la compo clippé sur les internets et disons-le, la belle vitrine du savoir-faire de Dot Legacy. Parce qu’ils n’ont pas peur de faire sonner le son clair des amplis super-Green, de lui administrer de la réverbération grande comme une supernova sans oublier les plans stoner vieux comme l’immonde. Mais réside dans cette bestiole une qualité surprenante qui la dissocie des autres groupes, sa culture musicale. Les jeunes loups ont bouffé de la noise, du post-rock, du math-rock et ça se sent. Les grands espaces, les respirations imprimées comme dans « The Passage » sont infantes du post-rock à la Russian Circle ; les chants scandés hors-micro de « Think of a name » ou « Pyramid » renvoient au ludique maths-rock de la Colonie de Vacances (Marvin, Pneu, Papier Tigre, Electric Electric, feu d’artifice déstructurant en quadriphonie). Mais n’ayez crainte, ça envoie le steak dans les riffs, les parisiens nous gratifiant de missiles-burger au groove suintant. Ecoutez « Rumbera » et sentez vos poings se tendre rageusement en avant pendant que votre fion imprime une danse nuptial à rendre fou/folle n’importe quel(le) prétendant(e).

Un clavier vient régulièrement enrichir le spectre sonore du groupe, rajoutant quelques vertèbres à la colonne déjà bien fournie des parisiens. Il s’inscrit comme une composante à part entière et non comme un instrument additionnel et mériterait peut-être encore plus d’espace quand le Dot fait décoller son stoner de la terre. L’autre bon point de l’album est la place laissée au chant et à la mélodie, ces derniers étant trop souvent délaissés au profit de beuglantes, certes salvatrices, mais Ô combien faciles. Non, pas ici. On prend le temps de composer et de vouloir marquer les esprits par de la ritournelle réfléchie. Et je dis oui.

Quel paradoxe que cet album ! Car passée la première impression de grand tout unique on se retrouve avec une fourmilière d’idées, de breaks bien sentis, de chants inspirés, de mélodies accrocheuses, d’influences à la pelle. Pourtant, Dot Legacy ne s’y noie pas et fait montre d’une identité déjà marquée et unique. Reste pour la suite à épurer l’ensemble et affiner cette personnalité afin qu’elle explose en un monstre album, ce premier essai étant déjà bien structuré. J’ajouterai qu’il ne faut pas manquer les parisiens en live, leurs prestations étant hautement énergiques et communicatives. Pouce en l’air, sourire aux lèvres et fion qui groove pour Dot Legacy !

Monolord – Vaenir

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Sensation de 2014, né comme un side-project en 2013, Monolord revient pour consumer le reste de nos âmes sur le bûcher du doom. Déjà une nouvelle offrande, cela s’apparente à battre le fer tant qu’il est chaud. Ou à vivre sa passion hors des standards édictés par l’industrie musicale actuelle. Du riff bûcheron, du jam, du psychédélisme dans la répétition et des arrangements aux burins pour peaufiner les angles. Rien de nouveau sous la brume incandescente ? Ce serait nier le talent des suédois. L’album porte le nom du plus grand lac en Suède et à bord de l’embarcation Monolord son écoute s’assimile à le traverser pris dans la glace.

Dans un crépuscule naissant « Cursing the One » nous éloigne du rivage. Si les premières ramées résonnent d’un écho connu dans le premier album, c’est leurs vigueurs qui frappent. Son plus puissant, plus incisif, le groove décadent du riff nous pousse plus loin dans les eaux glaçantes d’un doom résolument moderne dans sa production. Les côtes encore à vu, le deuxième morceau voit la glace se densifier autour de la barque. Changement de rames, c’est armé de bûches qu’il faudra briser l’eau gelé (et nos nuques) pour poursuivre notre traversée. Le groupe frappe plus fort dans l’énergie dégagée avec ces deux premiers titres. Le final de « We Will Burn » a de quoi fissurer la banquise. En surface on aperçoit ce qui a démarqué Empress Rising comme un album prometteur, mais tel un iceberg, en profondeur la masse qui se dégage de l’ensemble est abasourdissante.

La densité des riffs est contrebalancée par cette voix lointaine, comme une résonnance nous appelant de l’autre côté du lac. Cette voix plus présente, nous empêche de couler sous le poids des rythmes matraqués par la batterie juste sur-mixée comme il se doit. Parti si fort, « Nuclear Death » nous laisse le temps de totalement perdre l’esprit. Plus mélodique dans son approche, la ligne de basse apporte la rondeur et la subtilité nécessaire pour garder le cap. La respiration est de courte durée, quand s’annonce la deuxième partie de l’odyssée. Au milieu du lac, tout espoir de revenir en arrière est vain, c’est dans le désenchantement le plus total qu’il faudra continuer. « Died a Million Times » assomme. En son sein se découvrent des horizons obscurs. La fougue refait surface mais la mélodie prend le dessus et le break nous gifle de sa glaciale brise. A perdre la raison dans ce brouillard givrant, le doom de Monolord se fait plus sombre que rentre-dedans.

« The Cosmic Silence » court intermède mélancolique et posée, nous plonge la tête dans l’eau. Un bain salutaire pour nous sortir de notre torpeur hallucinatoire. Ce nouveau visage que nous dévoile le groupe est séduisant. Ce deuxième album nous promet des terres encore inexplorées et un potentiel énorme. Le monstre « Vaenir » ne fait que confirmer tout cela. Lent, puissant, aux portes du funèbre, la première partie de ses 17 minutes est glaçante. Puis seule à nouveau, la guitare nous saisi le sang et les sens. Simples accords ouverts à nous pousser dans le désespoir le plus profond. Voués que nous étions à nous perdre dans ce trip, nous nous complaisons à errer sur ses flots torturés. Hagards, gelés, perdus dans notre subconscient, les ultimes coups de butoirs nous échouent sur la terre promise.

Un deuxième album renversant. Monolord a poussé sa recette à l’extrême et démontre une capacité à aller chercher de nouveaux horizons. Un album qui confirme la place qu’il faut leur accorder sur l’autel du doom. Peut être que se donner plus de temps pour le prochain album pour peaufiner et  approfondir ce qu’ils nous proposent ici, leur permettra d’écrire un « classique ». D’ici là laissez vous porter par Vaenir, un incontournable de l’année.

The Wimps – Angel’s Trumpet

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Lille, capitale nordiste des Flandres prend des allures sudistes à l’écoute de ce « Angel’s Trumpet », deuxième album autoproduit de The Wimps.

Le quatuor devenu trio nous propose huit morceaux, tous plus gras qu’un potjevleesh/frites. Il ne faut d’ailleurs pas attendre très longtemps à The Wimps pour dégainer l’artillerie lourde et dégoupiller la grenade « Angel’s Trumpet », brûlot de 6’35 qui fleure bon le caoutchouc (Michelin et Durex) et donne le ton rock’n’roll qui marque ldisque de son empreinte indélébile.
Tous les ingrédients sont ici réunis pour satisfaire les fans de Peter Fonda et Dennis Hopper et leur donner envie de chevaucher leur belle mécanique sur l’A1 ou ailleurs : un rock direct, un gros son limite vintage et un hymne à nos glorieux aînés Jack Daniel’s et Jim Beam (quel refrain que ce « I need my bottle of whisky »).

Une bonne surprise donc que ce « Angel’s Trumpet ».

The Crotals – Fuel ! Flames ! Blast !

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Nouveaux venus sur la scène Suisse et pourtant grognards aguerris (gâchettes chez Favez et Toboggan) les zicos de The Crotals proposent dans leur premier long essai de remettre la rouste au centre des débats. Et « Fuel ! Flames ! Blast ! » de dégueuler littéralement sur les rondeurs du genre. Un stoner grandement mâtiné de punk, voilà le programme. Un menu rêche où amuse-gueule, entrée, plat et dessert sont servis à la hache, piqués de clous rouillés et épicés au glaire.

Dès l’introductif « Lipstick on a pig » on nage dans la catégorie « déviance sonore » sur Stonehub, dans le dégueulasse baryton. Le riff n’est pas compliqué mais s’imprime directement en nos synapses gluantes. Les fûts de batteries sont agressifs, les frappes de caisse claire sont autant de gifles infligées à nos joues rosées et Guy Borel, le chanteur, nous vomis une violente guturalité au faciès. Pornosonore. On retrouve chez The Crotals une influence High on Firesque assumée, « Never Sorry » et « Black Blizzard » sauront vous en convaincre. On sent déjà nos torses velus perler de sueur lors des futurs concerts du combo. L’étrangeté du disque vient de ce développé stoner/sludge dans les idées, les riffs, les breaks de batteries et de son traitement « garage » au niveau du son. Ce dernier à tendance à effacer certains aspects et nuit à l’impact que pourrait donner la double pédale ou la guitare baryton. Ca manque de coffre dans les basses et l’on souhaiterai plus d’uppercuts dans la jugulaire.

Alors, attention « Fuel ! Flames ! Blast ! » est très bon. C’est d’ailleurs libérateur d’entendre un groupe qui ne tape pas dans la référence grunge ou dans la rondeur de compos léchées mais molles. Non, là, on fait face à 39 minutes de violences directes et agressives. Comment ne pas se dénuquer à l’écoute de « Blast » ? Comment ne pas succomber aux charmes collant troué/tu viens mon mignon/mascara qui coule de « Desert Odyssey » ? La galette est baignée tout le long d’un sentiment d’angoisse permanent et d’une rage qui portent les 10 titres très loin dans les profondeurs malsaines de notre intimité.

Quand The Crotals remue la queue, ça n’est pas pour signifier qu’il est heureux, non. Il agite ses mortels sonnettes pour vous foncer à la gueule et vous bouffer, vous défoncer les tympans et le bonheur. « Fuel ! Flames ! Blast ! » fait le même effet que quand on se loupe sur un plongeon. C’est violent, chaud, direct et vous laisse sur le bord de la piscine avec le look d’une crevette honteuse. A voir comment The Crotals se défendra sur la longueur et le temps. Mais le premier essai vaut sacrément le coup !

Royal Thunder – Crooked Doors

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2015

Le son de Royal Thunder est celui à la mode ces derniers temps, du heavy classique par grosses louches mais aussi une utilisation de tout ce qui c’est fait ensuite, du punk, du grunge, une touche de pop quand même, etc. Bref c’est le son de la digestion de l’histoire du rock. Ce qui signifie aussi que pas mal de plans peuvent donner une impression de « déjà vu ».

Pour tout cela, « Time Machine » est parfaite en ouverture. Ce morceau de plus de 7 minutes est absolument représentatif de la suite et peut être identifié comme un résumé du style du groupe. Une basse qui aligne souvent des croches sur trois notes, des guitares aux sons lumineux qui alternent avec une saturation plutôt propre et qui enquilles des thèmes un peu faciles et une batterie qui tapote. La phrase précédente ne donne surement pas envie de vous pencher plus avant voir d’arrêter la lecture (holà malheureux !) mais c’est sans compter sur l’efficacité de l’enchainement des parties, des ambiances et des idées (toujours un peu faciles). Pas besoin de seconde lecture, le message impact à la première écoute et la production très claire elle aussi rend le suivi de toutes ces petites histoires très agréable. Et puis la signature du groupe c’est surtout la voix de Mlny Parsonz qui commence doucement et sait monter en intensité pour atteindre le rauque et la rocaille. On peut penser à Brody Dalle sur certaines parties et puis un petit côté Axl Rose aussi dans la manière de poser sa voix. Pour revenir à ce premier morceau, il est sincèrement très bon, fait appel à de multiples sonorités, références, en somme on y est totalement transporté et la longueur y est bien mise à contribution avec un dernier tiers en forme de jolie explosion. Jolie parce que mine de rien on est bien dans un monde qui sent peu la transpiration et le stupre et qui peut envoyer quelques revendications adolescentes… « Forget You » va en partie à l’encontre de ce que je viens d’écrire et c’est là une partie du charme de l’album. Les guitares y sont plus lourdes, les saillies plus saillantes et la fin entêtante. « Wake Up » ménage ses effets et est un peu moins direct. A la réécoute on pourrait hésiter à la passer mais de bonnes idées y sont distillées du début à la fin avec un final pour le coup plutôt inattendu. Une force du groupe est d’arriver à poser, dès que l’ennui pourrait poindre, la bonne idée comme sur des titres tels que « Floor » ou « The Line ». Ensuite on tranche à mi-parcours, « Forgive Me, Karma » est une ballade un brin psyché avec un final très heavy rock classique. « Glow » possède également une bonne montée en puissance et puis un des meilleurs refrains de la galette. Côté psyché on en reprend une couche avec une boucle qui pourrait donner le tournis sur « Ear On The Fool » mais à part cela il faut attendre un peu pour le final pas dégueulasse encore une fois. « One Day » est très bien construit et en ce sens ressemble au premier. Par contre c’est le dernier vrai morceau de l’album car le duo « The Bear I » et « The Bear II » compose une ballade sans grand intérêt.

Etrange objet que cet album facile d’accès, très bon sur bien des points et surtout dans sa première partie mais qui manque singulièrement d’un quelque chose en plus. Il transpire un professionnalisme, une maîtrise des codes classiques et actuels mais il y manque la folie. Par contre je ne doute pas de l’efficacité que doit avoir le groupe sur scène. Il reste que le tout est très agréable pour se balader tranquillement dans une forêt au soleil par exemple.

Wild wild wets – 14 th Floor

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Quatuor issu de la scène de San Diego, Wild wild wets sort ce mois ci 14th Floor en version vinyle sur un label Français, c’est pas la fête ça ? Ben si, ça veut dire qu’ici aussi il y a des labels prêt à prendre des risques et qui sont suffisamment sérieux pour que des groupes étranger leur fassent confiance !

Bon passons sur cet élan nationaliste, qu’est ce qui nous intéresse vraiment ? Connaître le style du groupe et surtout savoir si l’album vaut le coup qu’on l’achète, ben oui, au final c’est ça non ?

Réponse : Du psyché machin truc et oui il faut l’acheter.

Pour être un peu plus loquace et explicite, sachez que certains morceaux (au pif : So High)de ce disque n’aurait pas à pâlir sur une BO de Tarantino, on y retrouve ce coté Surf music, lanscinant et laconique quasi sexy qui caractérise ses fameuses BO.

En formation serré, basse/batterie/guitare/clavier les www ont réussi à nous sortir un album riche et très aérien, vaporeux, couvert d’une brume psychédélique sans pour autant tomber dans le cliché ni s’embourber dans un revival Hendrixien déjà bien fourni. Ici on lorgne beaucoup plus vers les ambiances 60’s typé plage, filles en bikini et fêtes nocturnes dans des piscines vides.

Les morceaux sont truffés de pattern de batterie à la Beatles (poum tata poum ta …), de chœur de hippie heureux (woohoo et compagnie) et d’effets planant qui apportent une personnalité bien appréciable au groupe.

Tous ces effets (voix, clavier, mix global) contribuent à l’atmosphère globale et plutôt que de rendre l’ensemble brouillon les compos reste lisibles et agréables. On fredonne régulièrement les mélodies en même temps que le disque, c’est assez bon signe paraît il.

Sur ce, j’enfile mon plus beau short de bain et on se retrouve à marée haute pour un concours de limbo endiablé.

Acid King – Middle of Nowhere, Center of Everywhere

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Est il vraiment nécessaire de présenter ici la carrière d’Acid King ? Je sais bien que vous autres, passionnés ou activistes rattachés à la cause stoner, avez eu vent de l’histoire de ce trio d’Oakland, au son si identifiables. Vous savez tous l’importance de Busse Woods dans l’histoire du style et avez au moins de vagues souvenirs de Man’s Ruin, de Guy Pinhas, Billy Anderson ou Lord of Altamont. Et si ce n’est pas le cas de nombreuses autres personnes en parlent mieux que moi dans leurs chroniques. Je suis sûr aussi que vous avez tous vu passer une affiche d’un concert du groupe, pouvant se targuer d’en être à sa cinquième tournée européenne sur les six dernières années. Je suis même sûr que je n’ai pas besoin de vous rappeler que l’on est sans nouvelle discographique du trio depuis dix ans maintenant et la publication chez Small Stone Records de III, dernière trace enregistrée de la bande de Lori S, qui, outre le fait d’être une fanatique des Giants, est l’une des figures les plus respectée de la scène. Ainsi lorsque filtre sur la toile la nouvelle de l’entrée en studio d’Acid King, avec Billy Anderson évidemment, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le microcosme.

Middle of Nowhere, Center of Everywhere, quatrième album du groupe reprend les choses exactement où elles avaient été laissées la décennie précédente. On retrouve donc quelques titres bien connus de ceux qui se sont rendus à un concert des américains ces dernières années, tels « Coming Down From Outer Space » ou « Red River », ainsi qu’une flopée de nouveaux morceaux suivant scrupuleusement les vieilles recettes du groupe, à savoir une section rythmique implacable, un son de guitare unique et une voix incantatrice. Le savoir faire est donc intact et le secret des ingrédients tellement bien conservé que la nouvelle fournée emporte l’auditoire dans une explosion de saveurs familières, sans jamais lasser. Car c’est un fait notable chez Acid King, le combo n’a jamais été imité, préservant suffisamment sa méthode pour éloigner les tentatives de plagiat. Ainsi entendre de nouveau rutiler le gang sur de véritables morceaux de bravoure tel « Red River » ou les huit minutes d’absolu de « Center Of Everywhere » rend l’acquisition de ce disque indispensable.

Publié via Svart Records, label finlandais à la popularité croissante et à qui l’on doit le travail d’orfèvre réalisé sur la réédition vinyle de certaines pièces de Reverend Bizarre ou plus récemment les découvertes d’Hexvessel, Beastmilk, Mantar ou Sabbath Assembly, le quatrième album d’Acid King postule d’ores et déjà au titre de disque de l’année.

 

Point Vinyle :

Svart Records, soucieux de nos collections propose l’album en trois versions : noir classique (500 ex), transparent bleu cosmique (500 ex) et 200 exemplaires d’une série tigrée noir et orange, exclusivement disponible sur le site du label. Faites votre choix mais faite le vite.

The Texas Chainsaw Dust Lovers – The Wolf is Rising

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Après une belle première chevauchée sortie en 2012, The Texas Chainsaw Dust Lovers (que l’on nommera TCDL pour la suite de cette chronique, histoire d’épargner les touches du clavier) reviennent avec un nouvel EP 5 titres intitulé « The Wolf is Rising ». Après « Born Bad », il semblerait donc que ce soit d’un loup que le groupe a accouché à l’époque et ce dernier peut fièrement se dresser devant nous aujourd’hui. Et ils peuvent en être fiers.

Leur stoner spaghetti rock a pris de la bouteille, il s’est surtout affiné et a gagné en personnalité. « Car Crash », tous crocs dehors, déboule sans grogner de son riff rutilant. C’est qu’il a les griffes acérés le bougre mais pas que… On pense QOTSA, on pense toute la clique de groupes inspirés par eux, on pense à s’ouvrir une bière et finalement il y a quelque chose d’autre qui se dégage de ce titre. Un couplet original avec une vraie identité, des chœurs, des arrangements aux petits oignons, le groupe frappe très fort.

Sur toute la somme de chansons à leur dispo, ils ont choisi d’en enregistrer que cinq mais en se donnant les moyens d’en faire de vraies pépites. « Back to Georgia » le confirme, avec sa pléiade d’instruments de redneck, son gros refrain et toujours ses arrangements peaufinés à l’extrême. Un vrai album de studio ! Exit l’approche DIY et brute, les loups en ont assez de se repaitre des agneaux du coin, ils se font les dents sur les moutons dorés d’Arizona !

Popularisé par le film O’Brother, TCDL s’approprie « A Man of Constant Sorrow » en version testostéronée. Clutch en profite pour nous faire un clin d’œil. Les influences sont diverses et bien digérées. C’est surtout l’identité des parisiens qui à chaque riffs et arrangements se définie et se précise. « Redemption » enfonce l’éperon un peu plus profond et est pour moi LA perle de cet EP. LA table de loi à suivre à mon humble avis. Les références au cinéma de monsieur Morricone défilent, ça transpire la country, le refrain somme toute classique envoie du lourd à souhait, le break est black-metal, les arrangements sont tantôt southern, tantôt résolument pop. Le tout en 4 minutes, messieurs vous venez d’égaler le génie de Mr Bungle, ni plus ni moins.

« The Wolf is Rising » qui clôt les festivités prend plus son temps pour développer une atmosphère plus cinématographique encore. Ne faisant que confirmer la qualité d’interprétation et de composition des quatre amoureux de poussière.

Que ressortir de tout cela : un talent énorme. TCDL a explosé toutes les portes qui les entouraient. A voir où ils décideront de nous emmener la prochaine fois. Aujourd’hui on peut l’affirmer, plus besoin d’attendre une quelconque collaboration entre Mike Patton et Josh Homme, on a The Texas Chainsaw Dust Lovers pour nous combler.

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