|
Alors que la quantité de groupes stoner et affiliés en France commence à impressionner (ce qui vaut aussi pour leur qualité, soit dit en passant), certains combos passent plus ou moins “sous le radar” : The Coyotes Dessert est de ceux là. Originaires de Marseille, le quatuor n’est pas pour autant un “jeune groupe”, puisqu’il s’est bâti sur les cendres d’un groupe de metal fusion phocéen, Caedes. Bien décidés à se recentrer sur leurs racines musicales, et forts de cette expérience de plusieurs années à arpenter les scènes et à brancher les amplis, The Coyotes Dessert vient donc de sortir un EP digne du plus grand intérêt.
Dès les premières notes, la maturité du groupe saute aux oreilles : petite intro en son clair, gros riff toutes voiles dehors, rythmique endiablée à la QOTSA (naaan, ce n’est pas un cliché, écoutez pour voir), break ambiancé avant de mieux relancer la machine… “Shut” brille par son efficacité. Avec « Vampire » et “That little game”, le groupe montre d’ailleurs qu’il s’est depuis longtemps affranchi de toute influence par trop marquante. Plus audacieux encore : sur un EP où un groupe se doit de mettre “tout sur la table” pour impressionner vite et bien, le groupe se permet de coller un titre électro-acoustique avec “El Rancho”, tendance Lynyrd Skynyrd. Le groupe remet un coup d’accélérateur avec le bien nommé et rageur “American Car” qui, au vu du potentiel explosif de cette compo, aurait peut-être pu être un peu plus boosté par la prod, un peu timide ici. Ce titre n’aurait en tout cas pas dépareillé sur l’une des dernières production d’un groupe comme Hermano. Le EP se termine courageusement avec un enchaînement de deux balades “Perfect” et “Day of sorrow”, impeccablement exécutées.
Ainsi, en 6 titres (et demi) le groupe propose un condensé efficace et ramassé de son savoir-faire. On pense d’ailleurs très vite à Bukowski, qui dans son premier album proposait lui aussi une synthèse remarquable d’un gros rock sauvagement burné et fortement teinté de stoner : The Coyotes Dessert , un peu plus marqué stoner encore, ne dépareille pas dans l’intention (et on lui souhaite très vite la même reconnaissance que Bukowski). Cet EP met donc l’eau à la bouche et donne envie d’en entendre plus.
Laurent
(2010)
Empruntant à son homonyme Daniels son infographie noire et blanche reconnaissable entre milles, le sautillant Jack hexagonal annonce d’entrée de jeu qu’il ne boxe pas dans la catégorie des petits bras. Actif depuis deux-mille cinq, le groupe s’est cherché un bon moment en multipliant les changements de personnel puis s’est stabilisé sous forme de trio au bout de trois ans. La formule semblant convenir aux acteurs de cette aventure musicale, ils se sont rendus durant l’été deux-mille neuf au Stoke Sound Studio de Nantes pour graver les six compos alignées sur cet incroyable ‘Cows And Whisky’.
Composé de Julian Bells à la guitare et aux chants, de Manu Redhead à la basse ainsi que de Chris Dabrown à la batterie, le collectif nantais ne fait pas dans la dentelle, il burine sévère et ça la fait vraiment bien ! Influencé par le rock des années septante et le metal bien heavy, le rendu final devrait envoyer les fans de Down directement au nirvana sans passer par le start ! Le bois est envoyé dans les règles du tout grand art et je suis totalement conquis par ces trois rockers français qui nous proposent ici une bonne demi-heure de gros rock qui tache morceau caché compris.
Amis du rock burné du sud des Etats-Unis, cette plaque devrait vous intéresser avec ‘Dark Beginning’ qui sonne un peu comme la réponse à de ‘Ghost Along The Mississipi’. Je ne vais pas vous détailler par le menu les diverses plages de cette pépite tant je vous invite à sauter dessus. Néanmoins, je me dois de faire le docus sur trois titres qui m’ont laissé sans voix. On débute avec ‘Angel’s Motel’ qui débute comme un bon gros brûlot dopé à la testostérone sur lequel le groupe fonce bille en tête avant de se laisser aller à des soli assassins pour terminer en ralentissant le tempo, mais en conservant une énorme paire de couilles ! Ensuite, il convient de passer à un rythme un peu plus frénétique avec ‘Blow’ qui tape dans le lourd avec un refrain ralenti et bigrement efficace dans un registre heavy sans pour autant s’aventurer dans le bourrin de chez bourrin.
Pour finir, il convient de m’exprimer à propos de ‘Smoke The Clouds’. Troisième compo à débouler lorsqu’on déroule normalement la galette de Loire-Atlantique, elle débute lentement sur un gros murs de gratte qui n’est pas sans me rappeler Sparzanza (époque ‘Into The Sewers’ car je n’ai pas écouté leur dernière sortie dans le détail) ; elle manquerait presque de pêche si le riff n’était pas à ce point réussi et surtout si les chants et la rythmique n’apportaient pas cette dimension de puissance sonore qui, à la bannière d’un bulldozer, nous écrase sous leurs décibels. La virtuosité du groupe lui permet de se flirter avec la ballade en lâchant la pression pour ensuite mieux resserrer l’étreinte à grands coups de riffs plombés. Je suis sur le cul à chaque écoute !
Vivement la suite qu’on s’en retape une bonne rasade !
Contact:
http://www.myspace.com/jumpingjackgroup
chris
(2009)
Le trio de Bretagne a vu le jour en deux-mille six et il a déjà mis au monde un premier jet qualifié de très amateur par ses géniteurs en deux-mille huit. S’ensuit un premier split totalement home made avec son alter ego Asphodel. Asphodel ayant mis le focus sur l’univers du folk, je ne parlerai ici que de Cassiopée qui s’illustre dans un registre nettement plus stoner bien que le premier titre soit une compo issue d’une collaboration entre les deux formations et que son rendu tape d’un registre desertico-acoustique.
Les deux parties du split ainsi que la totalité des enregistrements avec tous les protagonistes est par ailleurs disponible gratuitement sur la toile en téléchargement légal pour pas un kopek. Ainsi vous pourrez faire plus amples connaissances avec Florent, qui officie à la guitare, à la basse ainsi qu’aux chants, Aurélie qui se consacre intégralement aux chants et Julien, qui martèle ses peaux. Ayant suivi le cursus habituel des groupes formés au temps du lycée avec ses vas et viens discontinus, c’est une formation stabilisée depuis deux ans qui se cache derrière ce second jet.
A la lecture des la présentation des membres du groupe, les fins limiers que vous êtes auront capté que nous avons droit à des vocaux féminins avec nos amis du cinquante-six. Loin de moi l’envie de pratiquer une quelconque ségrégation positive (pouah quel terme à la con !), mais ça rompt quand même pas mal la monotonie d’entendre autre chose que des poilus derrière le micro.
Après le morceau collaboratif, on se tape deux instrumentaux pas dégueu qui envoient du bon bois dans le style fuzz. Sur une trame mid tempo, les bretons balance une rythmique bien plombée et des gros riffs distordus : un classique du genre. Les vocalises se pointent à nouveau sur ‘Meet The Monster’ qui continue dans un registre mid tempo appuyé par le binôme basse/batterie. Si la voix rappelle quelque certaines déclinaisons du rock alternatif newyorkais (qui a parlé de Sonic Youth ?), le tout a un gros rendu bien stoner rock.
Pour achever ses auditeurs, Cassiopée a opté pour une énorme plage de vingt-six minutes qui va séduire les fans de gros son. En effet, délaissant quelque peu le monde du fuzz, le groupe se tape une descente dans des profondeurs qui flirtent avec le doom (j’en vois qui bavent). Ce style leur sied à merveille et le collage d’ambiances aériennes, où leur vocaliste tape presque dans la mélopée, et de plan bourrin est plus qu’efficace : il est carrément top ! Ca poutre comme il faut et je suis séduit par cet exercice de style qui tranche avec le plan bidouillage électro-vociférations à base de testostérone-gros riffs-électros aérien mêlant gratte et synthé puis plans rock avant l’apocalypse de fin de titre que de nombreuses formations post-tout s’acharnent à nous livrer ces derniers temps.
Cette conclusion bien barrée, mais ô combien agréable, me laisse perplexe quant à la voie que ces jeunes gens emprunteront pour la suite de leurs tribulations musicales. Une raison de plus de se réjouir de leur prochaine sortie.
Contact:
www.myspace.com/cassiopeetjf
chris

On savait déjà la Belgique ouverte et propice à la propagande stoner. Forts d’avoir fait la première partie de Karma To Burn ou encore de Mister Cool himself, Fenndango, jeune quintette gantois, en apporte, si nécessaire, une nouvelle fois la preuve grâce à un EP 4 titres fort bien ficelé.
« Sleep », le titre d’ouverture de cette autoproduction donne tout de suite le ton : montée en puissance lente et diablement efficace, rythmique solide….il y a du potentiel chez les Fenndango d’autant plus qu’ils possèdent déjà une qualité indéniable et qui fait défaut à nombre de groupes : une capacité à écrire des textes qui restent immédiatement ancrés dans la tête. En découle ainsi un « Tres Mate » de toute beauté.
Des sonorités fleurtant avec celles d’un Monkey 3, des vocaux tantôt susurrés, tantôt chantés à la manière de leurs illustres compatriotes (certes pas franchement stoner) de Channel Zero. Bref, une rencontre quasi impropable entre deux univers musicaux bien distincts, mais qui fait mouche dès la première écoute.
Rafraichissant.
pour plus d’infos :
http://www.myspace.com/fenndango
Stonerpope
(2009)
Ce projet animé par un seul homme – Christophe Marre – s’attaque sur ce troisième effort au monde spatial et psychédélique. Elaboré et réalisé entièrement par son concepteur, cet autoproduit au son cristallin est un bon gros délire instrumental où les guitares saturées et les rythmiques rock traditionnelles flirtent avec des soli et des textures aériennes et terriblement psychédéliques voir même tribales par moments.
Les aficionados de gros lourd qui tache passeront leurs chemins tandis que les amateurs de plans planants vont prendre un sacré panard en se passant cette galette qui me rappelle un peu Earthlings? les voix en moins. Disponibles uniquement en téléchargement, les titres de ce guitariste halluciné s’inscrivent dans une démarche artistique particulière où la spontanéité côtoie les technologies. Fruit d’un travail homemade, les plages sont bâchées en trois jours ; notre camarade se mettant au vert dans le but de concevoir, d’enregistrer et de mixer sa réalisation. Parcourant les horizons musicaux avec curiosité, Christophe s’est arrêté sur les rivages du rock psychédélique le temps d’accoucher ces six titres dont les deux plus anciens datent de l’automne deux-mille huit et les plus récents du début de cette année.
Afin d’explorer le monde de la guitare, qui l’attirait vu l’impossibilité de l’émuler correctement, ce travailleur s’est décidé à apprendre cet instrument il y a trois ans et c’est au moyen de sa Yamaha SG 1000 qu’il nous balance ses riffs et nous égraine ces notes délicates sur des textures apaisées. Par son élaboration et son approche pas très académique du monde du rock, cette plaque se situe quelque part entre Monkey 3, les Desert Sessions et les projets de Gary Arce.
Assez travaillées, les percussions électroniques s’intègrent parfaitement au tout sans taper dans le cheap et cette réalisation s’avère un compagnon idéal pour chiller avec ses quelques incursions bien senties dans le du free jazz et ses pointes de metal seventies (l’ombre de Deep Purple planant derrière le bien nommé ‘Antedated’).
Contact:
www.myspace.com/christophemarre
chris
(2010)
Nouveau venu dans la galaxie doom hexagonale, Surtr est un duo originaire de Lorraine composé de Jeff aux vocalises et à la gratte ainsi que de Régis derrière les fûts. La formation est présente sur la compile ‘Vive La France’ dont la couv’ de toute grand classe est l’œuvre de notre pote Johan – qui devient un incontournable de la scène française -. Ce sampler regroupe un paquet de groupes chroniqués sur ces pages et il accompagne le numéro de mars deux-mille dix du magasine spécialisé Doom Metal Front.
Ce premier jet de doom litanique arrive assez rapidement dans l’histoire du groupe qui a été formé en deux-mille neuf. L’effort principal n’a pas été mis sur l’emballage qui reste bien sobre, mais sur le contenu à savoir trois titres redoutablement lourds aux tempi comme embourbés dans le sombre univers que Surtr a imaginé pour exercer son art.
Affichant vingt-trois minutes dans le player, cette plaque propose deux compositions originales intitulées ‘Part I’ et ‘Part U’ ainsi qu’une reprise. Les titres élaborés par cette structure bicéphale font partie intégrante d’un concept intitulé ‘World Of Doom’. Le moins que l’on puisse dire c’est que nos lascars ne mentent pas une seule seconde. Ce magma sonore se meut très bas dans les bpm. Les percussions donne le ton et pose la structure des plages en en balisant leurs pourtours à grands renforts de martellement pachydermique. Ca et là quelques coups de cymbales viennent en support aux riffs lourdingues que l’on devine bien influencés par Black Sabbath. Pour briser un peu la monotonie – qui n’est pas en soit gênante dans ce style musical – la formation accélère en lâchant les guitares. Les parties vocales sont dispensées à des doses homéopathiques en utilisant un registre très clair assez caverneux sur le premier titre et carrément chanté de manière presque hardrockisante sur le second.
Pour clore ce premier effort, les Lorrains ont tapé dans le répertoire des Dieux de Black Sabbath en reprenant à leur sauce ‘Electric Funeral’. Le titre de ‘Paranoid’ demeure à un tempo équivalent à l’original, mais il s’étale plus longuement. La voix nasillarde et aiguë disparaît au profit d’une voix plus sombre sauf lorsque tout s’accélère à mi- morceau. La dimension de puissance qui se dégage me parle plus que l’original (oh sacrilège je ne suis pas un fans de Black Sabbath).
Les amateurs de Doom traditionnel devraient kiffer ces Français.
Contact:
http://www.myspace.com/surtrdoom
chris
(2011)
Après ‘The Third’, déjà chroniqué sur ces pages virtuelles, Christophe Marre fait son come back avec une nouvelle plaque de Chrisma. Alignant six compositions, cette cinquième livraison est plus une évolution qu’une suite logique de l’effort précédent.
Je m’explique : le processus d’enregistrement, l’orientation musicale, le côté psychédélique et cristallin sont de retour ; les amateurs de la production de deux-mille neuf ne seront donc pas désorientés par ces nouveaux titres. L’évolution tient surtout à l’adjonction de sonorités empruntées à des territoires musicaux non-explorés par ce poly instrumentiste sur ‘The Third’ : sampling de voix humaines, sonorités orientales voire même grosse techno en intro de l’ultime plage de ce cédé.
Dans le détail, on débute en douceur avec ‘Anti-Shred’ qui, comme promis, ne shrede pas des masses en oscillant entre desert-rock surchauffé au blues des rednecks et gros soli psychédéliques qui flirtent à la limite du pompier sans jamais transgresser la limite : bel effort ! Après ce premier jet qui explose la limite des six minutes sans lasser l’auditeur, on passe à ‘HardyPunkyReggae’ : loin des univers punk et reggae, ce titre bref est axé sur un riff bien senti qui tourne et effectue sa mue tout au long des cinq minutes que dure ce titre qui se termine en déluge de décibels. ‘Funky Leone’ et ses gémissements féminins ne m’a pas beaucoup parlé : un rythme bien jazzy, quelques incursions en territoires musicaux inconnus et de belles prouesses techniques au manche.
Avec ‘Space-Ciale’, c’est une toute autre limonade qui nous est servie par ce one-man band : petite intro bien lancinante qui évolue du côté des graves puis une insertion en douceur du gros riff faitier. Celui-ci va accompagner l’auditeur tout au long des sept minutes que durent cette plage en se métamorphosant subtilement pour la réussite de ce titre à la fois fort cohérent et bien varié avec son final dans des teintes empreintes du Hammond d’autrefois.
Sonorités puisant leurs inspirations là où My Sleeping Karma trouve les siennes et boucles zarbis annoncent ‘Muse’. Ce titre est à des lieues du groupe portant ce nom : il s’agit d’un gros riffs bien poisseux mené tambour battant à grands renforts de batteries électroniques tapant un peu trop sèchement lorsqu’elles envoient le bois alors que le reste du titre est subtilement arrangé.
Pour finir on passe à ‘Anti-Electro’ et là Christophe et moi ne sommes pas d’accord du tout : je vois de grosses influences Deep Purple et lui la pate d’AC/DC sur ‘Overdose’ (‘Let There Be Rock’). Quoiqu’il en soit ce bon vieux riff fait tout son effet et c’est à nouveau une bonne partie de plaisir que de s’écouter les créations de cet artiste de la Francophonie qui se trouve une fois de plus à quelques encablures des Desert Sessions ou de Monkey 3 pour ce qui est du registre purement stoner. Registre auquel ce disque échappe en partie, son concepteur se tapant pas mal des règles en vigueur dans le monde du rock et prenant un malin plaisir à transgresser tous les genres tout en gardant en permanence le psychédélisme dans le viseur.
Contact:
www.myspace.com/christophemarre
chris
(2009)
Formé de Brice aux chants, de Nicolas à la guitare, de Sébastien à la basse et de Guillaume Glain à la batterie, ce quatuor à l’organisation classique sort son premier court format lequel fait suite à une première démo intitulée ‘When Mornings Hurts’. L’aventure a débuté en deux-mille six pour cette formation bordelaise qui puise ses influences – comme beaucoup de nouveaux venus sur la scène stoner et ses satellites – d’une part dans le gros son des seventies et d’autre part dans le rock débridé étasunien des années nonante. Cette approche du rock, bien que peu novatrice, a déjà démontré par le passé une efficacité certaine et, de ce côté-là, ces lascars s’en sortent pas mal.
S’exprimant, comme la plupart de ses compatriotes, dans la langue de Shakespeare, B-Side Box aligne six titres sur cette plaque qui vient flirter avec la demi-heure. Loin de la b-side box usuelle, les français proposent des plages bien ficelées et élaborées ; on est loin d’une compilation de chutes de sessions. Niveau production, le travail effectué au Studio Hesat par Jibé est très propre ; il donne à l’ensemble un son ripoliné qui tranche un peu avec le côté grailleux bien en vogue pour ce type d’enregistrements. La batterie manque parfois de sons secs qui donneraient des relents plus heavy, mais tout ça n’est que question de goût…
Question style, l’unité de cette plaque est à mettre au crédit du groove et de l’efficacité de l’écriture. Ce groupe nous gratifie de titres variés qui vont des plans atmosphériques proches d’Alice In Chains sur ‘Plans On Fire’, à des ambiances psychédéliques estampillées seventies sur ‘Dreamdiver Blues’ en passant par du rock bien carré foutrement efficace sur ‘Vixenary’ qui ouvre de belle manière les hostilités en empruntant un chemin flirtant avec les productions de Small Stone le son baveux en moins.
Ma préférence va toutefois à ‘Spread The Silence’ qui est un bon titre de heavy rock au tempo ralenti interprété avec une grosse paire de couilles. Mixée avec une gratte distordue qui prend le pas sur les parties chantées, cette composition tape en plein dans le mille avec de gros riffs au son moins cristallin que sur les autres titres.
B-Side Box nous emmène sur divers territoires et l’avenir nous dira si ces jeunes gens foncent tête baissées dans une direction définie ou s’ils persistent à effleurer plusieurs sous-genres de la grande famille du rock.
Contact:
www.myspace.com/bsidebox
chris
(2010)
Le trio bordelais est l’exemple type des formations qui voient le jour ces derniers temps en Francophonie : des musiciens aguerris issus de divers courants de la grande famille du rock qui s’allient pour revenir aux fondamentaux du fuzz et du psychédélisme. Autant l’avouer d’entrée de jeux, si ceci peut apparaître aux yeux de certains comme un phénomène de mode composé de followers servant une soupe seventies insipide, nous sommes à des années lumières de ceci avec cette formation !
Avant de plonger dans le style proprement dit, faisons le tour du propriétaire : l’aventure Mars Red Sky a débuté en deux-mille sept et il s’agit de la résultante de l’énergie de trois bonshommes désirant explorer eux-mêmes le gros son du psychédélisme et des seventies. Au chant et à la guitare, on retrouve Julien Pras de Calc, un groupe développant un style acoustico-intimiste et déjà auteur de cinq plaques. A la basse, c’est Jimmy Kinast et derrière la batterie Benoît Busser de Berlin Vs Brooklyn, un duo qui officie dans la galaxie math-rock.
Ces types qui ont pas mal de métier ont opté pour un desert rock assez propret et traditionnel qui est à la fois léger et bien plombé. La légèreté est à mettre sur le compte du chant qui est assez aigu, mais attention nous ne sommes pas dans le metal germanique non plus, et aérien ; en acoustique ça doit bien envoyer. La lourdeur est le résultat de l’accordage du duo basse guitare bien en dessous de la norme.
Cette alchimie particulière donne un rendu fort sympathique aux deux titres présents sur ce premier essai. ‘Strong Reflection’ est une belle progression autour d’un riff de base au tempo ralenti dont les lignes de basse incitent immédiatement un gros hochement de la tête. Ce titre devrait emballer les fans de Brant et de ses frangins. Pour continuer et finir cette galette, ‘Falls’ embraye à nouveau sur un rythme assez lent, mais cette fois-ci, les parties de guitare tapent dans le gros fuzz hypnotique. Les coups de quatre cordes assénés à côté d’une batterie métronomique ainsi que les samples de vent désertique donnent à cet instru un rendu proche de ce que pratiquent Monkey 3 ou Glowsun.
Vous l’aurez compris, cette première trace du groupe du Sud-Ouest est à ranger sur le rayonnage des trucs bien plaisants que la grande famille du stoner d’Europe centrale nous propose ces temps-ci. J’attends donc avec impatience le premier long format sur lequel les trois lascars bossent.
Contact:
www.myspace.com/marsredsky
chris
(2012 – sortie sur le label “A tant rêver du roi” www.atrdr.net)
Belle étrangeté en soi que la découverte de ce combo en droite provenance du profond sud ouest français, patrie hautement rock’n’roll s’il en est. Ce quintette atypique (je vous passe le détail du line up, mais y’a plein de guitaristes, un tiers de bassiste, un claviériste), doté d’un patronyme à coucher dehors, est apparemment foncièrement décidé à ne rien faire comme les autres, par principe. L’objet ici présenté, déjà, joue la carte de l’originalité : le boîtier du CD est en carton, de format intermédiaire, fermé par des aimants, doté d’un artwork plutôt sympa. Ledit CD dure à peine 29 minutes pour 5 chansons, ce qui, “techniquement”, le qualifierait d’album, mais qui l’associe plus à un EP pour le commun des mortels (à noter qu’il est vendu au très modeste prix d’un EP, ce qui vaut le coup). Bref, j’ai même pas encore enfourné le skeud que déjà je sais plus où donner de la tête.
Heureusement, les hurlements de Max sur l’intro de “Dig it!” remettent mes neurones en place ! Ce furieux brûlot à la prod très garage déroule son riff impeccable, baigné de nappes de synthés totalement “Doors-iennes”. Plus subtil qu’il n’y paraît, le titre continue sur un break laissant la part belle justement au dit clavier, enchaînant avec un petit solo de gratte lancinant, presque anémique. Difficile de ne pas entendre des touches de QOTSA dans “In the rays of your light” (la seconde guitare complètement “robot-rock” en fond, et ce couplet lancinant bien saccadé ne tromperont personne). Le passage “clap your hands” au milieu, ainsi que quelques arrangements sur le reste de la galette, nous rappelleront les grandes heures des Tokyo Sex Destruction. De manière assez incongrue (et certainement involontaire !) le break au milieu du titre fait penser au Danzig des années 90. Mais revenons aux choses sérieuses avec le superbement nommé instrumental “No beer = no lyrics” : sur plus de 7 minutes, le groupe nous balade entre sonorités hétéroclites et ambiances variées. On pense un peu au Dredg de “Leitmotif” parfois (surtout sur la montée en régime sur la fin), lardé de passages presque “festifs” portés par un clavier particulièrement décalé. “Who cares about an old man like you ?” est le titre que j’aime le moins, tempo lent un peu trop poussif à mon goût. Retour au trip “Ray Manzarek meets QOTSA” avec le titre éponyme de l’album : passages lancinants, rythmique roborative, chant occasionnellement “Lanegan-esque”. Plutôt bien gaulé.
Ce disque venu de nulle part, au final, laisse un goût de “revenez-y” assez marquant : l’écoute du CD n’ennuie jamais, elle interpelle, fait sourire, fait plaisir, mais ne laisse jamais indifférent. Les compos audacieuses, dérangeantes presque, proposent juste ce qu’il faut de riffs bien catchy pour donner envie de voir le groupe botter des culs sur scène. On aimerait toutefois entendre quelque chose de plus substantiel, un album plus conséquent par exemple, pour essayer de mieux appréhender le potentiel du groupe : les 5 facettes très différentes présentées ici ne permettent pas de cerner le groupe complètement, même si c’est peut-être dans tous les cas un voeu pieux.
Laurent
(2008)
Biberonnés depuis leur plus tendre âge par Vulcain et sa subtilité musicale, Already Salted était dans l’impossibilité de pratiquer le rap tellement en vogue dans leur quatre-vingt-douze natal. Ces quatre chevelus se sont donc réfugiés derrière un gros mur de décibels au fond d’une cave pour blaster comme des déments. Après le finement nommé ‘Enculés’ et le nettement plus commercial ‘A Vendre’, le quatuor de Cla-Mort a remis la compresse avec ce nouveau six-titres dans la plus pure tradition du Do It Yourself.
Exit les ambiances alambiquées, les volutes et la poésie. Ces inconditionnels de Motörhead balancent la purée en maniant l’humour potache dans la langue de Rabelais ; on croirait percevoir ça et là l’ombre d’Ultra Vomit quand ils caricaturent Lemmy. Ca poutre de toutes parts un peu comme Duke Of Nothing, Valient Thorr ou Bible Of Devil. Les tempi pachydermiques, les riffs plombés et les parties vocales burinées par les excès de toutes sortes fonctionnent tel un rouleau compresseur en écrasant tout sur son passage.
Pour le moins très rock’n’roll, ce groupe ravira les amateurs de gros sons metalliques propulsés à la punk dans leurs cages à miel. C’est redoutablement efficace depuis des années et vu que ça n’a jamais été à la mode, ça ne peut pas être démodé !
Contact:
http://www.myspace.com/alreadysalted
chris
(2010)
Après leur plaque ‘Generator’ sortie en deux-mille sept, les Parisiens font leur grand retour sous les projecteurs avec ‘Voluntary Inventory (Of Not A Very Nice Everyday Life)’. C’est avec un peu de déception que je m’aperçois que le quatuor est, pour l’heure, à nouveau dans la section autoproduction. Non pas que ce type de sorties soient qualitativement en deçà de ce que les labels produisent, mais que les efforts déployés à la sortie de leur précédente galette m’avaient laissé penser que les quatre franciliens étaient en passe d’être signés. Les lascars et leur entourage avaient mis le paquet et quand on considère certaines sorties affligeantes mises en avant par certaines structures (et pas que les majors), on a parfois envie de crier à l’injustice. Afin d’être très honnête, je dois avouer que cette sortie bénéficie par ailleurs des mêmes qualités que n’importe quelle production. Le soin, la qualité et la gueule sont de la partie. C’est déjà ça de pris sur l’ennemi.
Un travail d’orfèvre a été fourni par la formation et ses acolytes qui nous proposent un produit fini admirable. Seul bémol, l’accent du chanteur qui persiste, mais les onze morceaux ici présents nous laissent amplement le temps de nous habituer à cette imperfection qui fait aussi partie de la spécificité de Moleskin (la fameuse exception française).
Musicalement, le groupe déploie tout son talent, et Dieu sait s’il en a, pour nous gratifier d’une pièce aussi variée qu’aboutie. Très à l’aise dans plusieurs sous-genres du rock, Moleskin se montre plus qu’à la hauteur dans maints registres et même si les fans de stoner pur et dur vont s’interroger sur la présence de cette galette sur notre site, il aurait été dommage de bouder ce nouvel épisode dans l’existence du groupe en invoquant la présence de compos hors sujet. Compos qui par ailleurs sont certainement les plus réussies !
Ceux qui possèdent la faculté d’ouvrir leurs esprits peuvent lire ce qui suit, pour les autres, vous pouvez skipper au paragraphe suivant. S’essayant au registre proche du piano bar intimiste, Moleskin fait une réussite remarquable en s’immisçant dans un univers proche du regretté Jeff Buckley avec ‘My Resurection’ que les fans du regretté noyé feraient bien d’écouter. Une autre dimension des horizons apaisés est explorée avec ‘Just A Few Seconds’ qui n’est pas loin d’être le meilleur extrait de ce disque. Super à l’aise dans leurs baskets de groupe mélancolique, les quatre frisent la perfection avec une espèce de bluette incroyable qui percute directement les tripes sans pour autant taper dans la super guimauve des stars du hard rock pour midinette que sont Scorpions et tous ses suiveurs.
Au rayon kickass rock aux forts relents fuzz, le groupe fait fort en balançant des brûlots tel que ‘Unclear’ et as ligne de basse vrombissante, ‘3 Words’ et son style syncopé dispensé à grands coups de grattes saturées ainsi que ‘A Sight For Sore Eyes’ et son groove impeccable. Envoyé en moins de trois minutes, ce dernier titre est sans conteste le meilleur titre de l’album dans le style gros son avec ‘Battered Nation’ qui lorgne plus vers la galaxie Monster Magnet.
Au final, bien que peu homogène, cette plaque recèle d’incroyables titres qui balaient un spectre assez large et c’est peut-être aussi pour ça que nous retrouvons ces gens une fois de plus dans le petit monde de l’autoprod. Car la talentueuse formation nommée Moleskin a de la peine à rentrer dans une sous-catégorie précise du genre rock.
Contact:
www.myspace.com/moleskinfrance
www.moleskin.com
chris
Ca commence sur un gross riff bien speed et répété ad libidem histoire de chauffer le gros cube qui va vrombir de manière interminable et cadencée tout au long de cette plaque qui est le 2e opus officiel du gang liégeois (Belgique francophone). Ils se repointent sans vergogne et toutes burnes dehors pour nous assainir un gros bang sur le coin de la tronche. On n’oublie pas au passage le clin d’il à Lemmy via la voix rocailleuse du chanteur/gratteux.
Primo: 3 claques d’entrée de jeu où le batteur balance de furieux roulements sans relâchement. C’est tendu, vif, graveleux. Ca respire la rage, ça transpire la franchise et, surtout, ça fait plaisir d’entendre ce genre de gros son produit dans une région vendue à la solde de la pop vérolée pour pédophiles prépubères.
Deuxio: la perle est-elle dans bien l’huitre? La réponse tend vers le positif: la 4e plage joue dans la variation et le riff, toujours hypnotique, se fait plus travaillé tout en ne renonçant pas aux contre-temps percutants si caractéristiques de la touche RZ. En plus d’un son garage arrosée d’huile sale et visqueuse, on sort les blousons poisseux le temps d’un ride infernal avec un seul objectif en tête: foutre le feu!
Tertio et pour en finir: C’est de l’autoprod et ça tient la dragée haute face aux grands frères des labels. Ces 4 types parviennent à maintenir une tension de malade comme si la crise d’épiplepsie devait être longuissime, le malaise perpétuel et soutenu. Et on apprécie. Et on en redemande. Même que, lors du 6e envoi, la plaque vire carrément au film d’épouvante façon 70s underground. La grande prêtresse monte à l’autel et on attend impatiemment qu’elle assouvissent ses libations sacrificielles. Le riff se fait sinueux et recherché: la descente n’en en est que plus intense et, au final, l’auditeur peut se détendre sur une formule blues acoustique (et toujours garage) pour mettre un point final au grand sermon.
J’en reprendrai bien une petite. Vous aussi, je présume. En résumé, du gros son garage tendance stoner, une frappe bien appuyée, un groove d’enfer et une régularité sans faille.
12 titres, pas moins, voilà ce que nous propose d’emblée le quintette de Barcelone avec ce premier album aboutissement de 10 ans passés sur la route. 10 ans passés à bouffer du bitume, biberonner du tras(h) et, évidemment, une grosse dose de wis(h)key forcément frelaté.
Le décor de ce voyage ? Sur fond de rythmique péchue (on pense d’emblée à Motorhead, puis, plus proche de nous aux desperados de Rite ou Mammoth Mammoth), défilent d’imparables riffs très typés sludge/southern (quoi ? Corrosion of Conformity ? Down ? oui, oui, oui, c’est exactement çà), Chaque arrêt est l’occasion de méchamment taper du pied sur sa bière, des bien nommés “Goddamn Hot” et “Words In Whiskey” au final, inévitable à cette vitesse, “Requiem“.
Avec une prod à la hauteur de n’importe quel monument du genre, les 12 titres défilent pied au plancher, d’autant plus facilement que le chant de Ori Novella, puissant, rageur mais avant tout accessible, finira de convaincre les allergiques aux hurlements de damnés et autres grawls agressifs.
Wis(h)key prouve, si besoin était, qu’il n’est nul besoin de hurler pour se faire entendre. “Sans maîtrise, la puissance n’est rien”, comme disait l’autre, et les 5 lascars maîtrisent leur art sur le bout des doigts.
A voir “en vivo”, une pinte à la main, la fumée dans les yeux et la sueur au front.
http://wishkey.bandcamp.com/
http://www.facebook.com/wishkeymetal?ref=ts&fref=ts
Crew.koos
(2009)
Il était de notre devoir de vous reparler des transalpins d’Herba Mate qui a eu le bon goût d’intituler leur première démo ‘A Desert Section’ (déjà chroniquée dans ces pages) en deux-mille quatre et de sortir leur premier clip ‘Desert Inn Part I’ l’année d’après car visiblement nous partageons pas mal avec ce trio. C’est assez tardivement que ce groupe nous sort cette autoproduction, qui, comme certaines berlines allemandes a tout d’une grande, car le groupe a débuté en tant que tel en deux-mille un déjà.
Comme bien souvent, ce sont des potes d’enfance qui se sont réunis pour démarrer cette aventure musicale. En l’occurrence : Andrea Barlotti à la guitare, Ermes Piancastelli à la batterie et Alessandro Trerè à la basse ainsi qu’aux chants quand il y en a. Car le groupe de Castel Bolognese privilégie les instrumentaux qui sont au nombre de six sur les neuf titres composant ce cd en comptant l’intro. Avant de vous parler de la musique, il faut s’arrêter sur le packaging : un digipack illustré de sable et de ciel qui renferme des dessins arty à l’intérieur ainsi que sur le livret. Du tout grand art soigné dans le moindre détail qui positionne cette sortie comme une vraie production (pas une auto).
Au niveau du style, Herba Mate joue dans un registre accessible et nous ne sommes pas très loin de Nebula ou Atomic Bitchwax sauf sur le dernier titre ‘Sputnik’ qui se positionne dans une contrée acoustico-aérienne. La basse est vrombissante et d’une efficacité redoutable sur certains titres dont l’instru ‘Nicotine’ bien carré et puissant qui se rapproche presque du registre d’Acid King avec sa touche de lourdeur. La guitare s’illustre dans le registre fuzz originel du stoner avec des riffs à la Josh période des deux premiers albums de Queens Of The Stone Age ; ‘Bugs’ – un autre instrumental – recèle cette petite touche magique qui fait craquer les trois quarts des amateurs de rock dit stoner. Côté batterie, la frappe est chirurgicale et légère ; le mixage peaufiné de cette plaque ayant écrêté les parties aigues de la rythmique c’est avec la grosse caisse et les toms que la batterie se distingue par ses martellements métronomiques et redoutablement efficaces sur ‘1 to 5’.
Les trois quart d’heure proposés par ces Italiens sont un agréable moment de stoner dont le point d’orgue est incontestablement le titre intitulé ‘**’ ; un morceau qui comme son nom ne l’indique pas contient des lignes de chant. Une petite pépite de stoner rock très traditionnel bourrée de testostérone sur laquelle tous les protagonistes envoient le bois.
Une démo qui n’a rien d’un produit artisanal, mais un énorme potentiel !
Contact:
www.myspace.com/herbamate
www.idea4usonly.com
chris
|
|