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Me voilà foutrement embarrassé (pour être poli). Embarrassé parce qu’après une douzaine d’écoutes de ce disque je continue à porter des sentiments ambivalents à son encontre. Enfin, « pluri-valents » serait plus juste tant ma cervelle est chahutée par chaque titre différemment. Précisons avant d’aller plus loin que Solrize est un groupe autrichien que jusqu’ici je n’avais pas eu l’opportunité d’écouter. Il s’agit de l’une des rares sorties du bon label Go Down qui ne soit pas produite par un groupe italien. Autre fait marquant, l’album a été enregistré et produit dans le mythique Sanctuary de Scott Reeder, dans les plaines sablonneuses du haut-désert californien.
Sauf que voilà, Scott Reeder est un bon producteur, mais – attention, casseur de mythes – pas un magicien non plus ! Je ne dis pas que l’album est mauvais pour autant… Preuve en est le percutant « Endurance » en intro, un titre de pur metal ronronnant baigné de lointaines effluves stoner, ce que l’on avait l’habitude d’entendre de la part des meilleurs combos de « stoner metal » scandinaves au début des années 2000. « Blue sky » ensuite est probablement le titre le plus catchy de l’album, avec sa petite rythmique sautillante servie par un lick de guitare que ne renierait pas la petite équipe de Josh Homme. En deux titres on mesure aussi les différentes nuances vocales que peut aborder Elvis Nine au chant… sauf que le chanteur n’est pas forcément le plus gros atout du groupe : sa technique n’est pas non plus spectaculaire, et même si on ne le prend jamais en défaut, on n’est jamais non plus subjugué par ses prestations. Le titre suivant « Speak of the devil », si on fait abstraction du chant, fait lui aussi pas mal penser à QOTSA, 1ère génération cette fois (voir ces couplets portés par une batterie saccadée et des « hurlements » de lead guitar lointains typiques), tout comme le presque instrumental « Ode to the noise » et son refrain plein de boogie typique, ou encore « I am the warrior » et son son de gratte… sauf que par ailleurs la rythmique de ce titre nous rappelle plutôt un morceau de pur heavy metal germanique des années 90 ( ??? OK, j’exagère un peu) doté d’un gros refrain stoner. Bref, un sacré foutoir.
En milieu d’album, « Eternal lie » sème furieusement le trouble, en singeant en tous points une chanson de Danzig. Le son de gratte, la construction du morceau, le riff du couplet typique, jusqu’au chant faussement nasillard emblématique du lutin ricain… Déstabilisant… Les titres suivants alternent entre grosses torgnoles metal (ex : « Enemy »), et titres de stoner plus accrocheurs.
Doté de ce que l’on peut sans peine proclamer « pire pochette de l’année », Solrize est un combo qui ne laisse pas indifférent : il fait preuve de tant de qualités et de talent que l’on ne peut décemment pas les détester… pour autant, même si on en a une furieuse envie, on n’arrive pas à tomber amoureux… En resserrant un peu les lignes, en se concentrant sur les compos dans un soucis de rationaliser un peu tout ça, gageons que le potentiel de ce groupe est très fort et attend d’être complètement révélé. Dans l’absolu, « Mano Cornuta » reste toutefois un très bon album tel quel.

Même si une partie des groupes chez Small Stone évoluent dans un territoire musical assez balisé, une autre partie est constituée de combos abordant l’ensemble des nuances stylistiques liées de près ou de loin au stoner (pensez à Acid King, Abrahma, Five Horse Johnson, Dixie Witch, Suplecs, etc…). Infernal Overdrive fait partie de cette dernière catégorie : le groupe ne « sonne pas » Small Stone, mais la qualité de sa production musicale ne trompe pas sur son label d’appartenance. De la bonne came. Faut dire qu’on retrouve à la tête du quatuor de Boston le chanteur / gratteux de Antler (un groupe qui nous avait laissé une excellente impression il y a quelques années) et son frangin à la basse.
Le combo dégaine en (seulement) 8 cartouches un petit délice de heavy classic rock, une sorte de mix entre le Aerosmith des années 70 et le Fu Manchu des années 90 (écoutez ce mélange épatant vous exploser au visage sur « Duel ») voire même un Motörhead (voir la rythmique galopante de « The Edge »). Les guitares sont finement ciselées (pas vraiment le trip craspec et riffs graisseux, si vous voyez ce que je veux dire…), juste heavy comme il faut, et les morceaux débordent de boogie entraînant. Le titre « Motor » qui conclut la galette culmine à 12 minutes de jams épiques qui devraient finir de convaincre tout récalcitrant.
Sans être une sortie transcendante non plus, ce disque est un bonne production Small Stone, le genre de disque qui procure assez de bons moments musicaux pour aisément justifier la petite poignée d’euros que représente son achat. Ni plus ni moins.

On avait franchement aimé « Spaces in between » l’an dernier, la première vraie galette des australien de Tracer. C’est donc avec plaisir que l’on récupère le nouveau skeud de ce power trio qui n’a pas froid aux yeux. « L.A. ? », toutefois, n’est pas vraiment leur dernière production. En effet, pour battre le fer tant qu’il est chaud (« Spaces in between » a bien cartonné et le groupe a bouffé du bitume pendant des mois et des mois pour le promouvoir sur toutes les scènes de la planète), le groupe a décidé de re-sortir « proprement » son premier E.P., agrémenté de quelques titres en rab’ pour faire bonne figure.
Quoi qu’il en soit, le CD trouve instantanément sa place dans mon lecteur, et c’est sans surprise que l’on retrouve la musique du combo. Pas de changement à ce niveau : le heavy rock des australiens a toujours quelques relents grunges (franchement, dur de ne pas penser à Soundgarden dans le break de « Don’t forget my name » et l’intro de « All look the same », ou aux vocaux harmonisés typiques de Alice In Chains sur « Get Free »), mais les fans de stoner y trouveront leur compte (ne me dites pas que le riff de « Wrecking ball » ne vous fait pas penser au QOTSA des années 2000… tout comme il y a du Fu Manchu dans « Such a waste »). Ce qui frappe en revanche, c’est la subtilité de ces modestes « allusions musicales », car après réflexion, cela ne représente que quelques sonorités semées ici ou là au fil des titres, parfaitement assumées, mais en aucun cas fondatrices des compos.
Quoi qu’il en soit, il doit y avoir quelque chose dans l’eau que boivent les musiciens australiens, qui leur procure cette aisance à composer des titres définitifs, des riffs stellaires et lumineux, complètement décomplexés. Regardez voir AC/DC, Airbourne, Electric Mary, Wolfmother, les Vines, Powderfinger… Les morceaux de Tracer sont dans la même lignée fulgurante, francs du collier, tous impeccablement construits, taillés dans l’amour du gros son. Boogie et groove à tous les étages, riffs impeccables et soli « in your face » en veux-tu en voilà, Tracer est généreux dans l’effort, pas de doute.
Un regret cependant : à 32 minutes chrono en main (pour 7 chansons), cet E.P, même agrémenté de quelques titres bonus… reste un E.P. ! On aurait forcément aimé se manger quelques mandales supplémentaires. Pour agrémenter la frustration, le groupe nous laisse sur notre faim en clôturant son offrande par un super-mielleux « Sleep by the fire », balade éclectro-acoustique bien torchée, certes, mais clairement pas ce que l’on attendait pour la « dernière goutte »… Cette relative faute de goût passée (et pardonnée), ce disque pêchu en diable et foutrement excitant, même s’il ne contentera pas le stoner-addict pur jus, devrait botter quelques culs sur son rapide passage. De la bonne came, honnête, directe, bien foutue, superbement produite.

Le concept de Goliath a tout pour nous plaire : une sorte de super-groupe de musiciens de la scène stoner-space-psyche rock italienne, à l’initiative de Marco Bortoletto, batteur de groupes comme Maya Montains ou Tundra. 25 bonhommes donc se partagent les « featurings » sur les 11 pistes de ce CD, enregistrées au fil des deux dernières années. On se frotte les mains en imaginant les jams psychédéliques les plus déjantées, les plans aériens et les compos épiques générées par ces tarés du fuzz…
Sauf que bof, quoi. Ben ouais, là où une poignée de super musicos peuvent accoucher des Desert Sessions avec quelques morceaux mythiques (et quelques déchets, ça fait partie du deal…), là on a l’impression que derrière l’artifice conceptuel, la sauce ne prend pas. Il n’y a aucun lien entre les morceaux, et du coup, faute de ligne directrice et d’homogénéité stylistique, on cherche désespérément une ambiance « fil rouge », un état d’esprit… Ben là aussi, chou blanc, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Pire, on ne sent pas le fun, tout ça est trop sérieux.
Il y a des morceaux intéressants toutefois : « Driving Directions » et son riff que l’on croirait absurdement pompé sur le « Wallet Chain » de Devin Townsend / Punky Bruster, l’instru « D.B.S. » fort bien gaulé… Mais l’atmosphère qui se crée retombe comme un mauvais soufflet (voir « Smoky Boondocks » qui enchaîne après « D.B.S. » sur une sorte de gros heavy punk au chant beuglé qui se voit sludge mais n’en a pas la texture, ou « Dontlistendontsee » du même tonneau en pire, vodifération sludgesque stérile).
Si l’on est heureux qu’un label comme Go Down existe et assume pleinement sa vocation de soutien à l’excellente scène stoner italienne, on ne peut pas encenser cette galette moyenne. Il faut dire que l’on espérait mieux de ce projet ambitieux et sexy, sur le papier. La déception est à la hauteur de l’attente, je pense. Ne noyons pas non plus le bébé avec l’eau du bain, il y a de la bonne came sur ces 50 minutes, mais qui ne suffit pas à ramener le niveau global à la hauteur des meilleures prods de ce label.

Avec une vision un peu simpliste des choses, partageons les fans de The Sword en deux catégories. La première regroupe ceux qui ont été un peu (beaucoup ?) déçus par l’album Warp Riders. La seconde, vous l’avez immédiatement compris, a totalement adhéré à l’évolution du groupe depuis le mythique Age of Winters. Si vous faites partie de cette dernière catégorie, il vous est presque inutile de lire cette chronique. Apocryphon, quatrième effort du combo retrouve à mon sens toutes les qualités de son prédécesseur et devrait vous plaire à coup sur. Attention, loin de moi l’idée de dire que le groupe nous a pondu un Warp Riders volume 2, oh que non. Le groupe poursuit son évolution avec des compos toujours plus travaillées et une véritable envie de se renouveler. Pour ceux de la seconde catégorie, je ne saurai que trop leurs conseiller de laisser une chance à cet album (et par la même occasion d’aller réécouter Warp Riders). Car là où il y a similarité dans ces deux albums, c’est que l’un comme l’autre gagne à être écouté un bon nombre de fois pour être pleinement apprécié. La déception venant peut être de ces riffs dingues du premier album que chacun essayait de retrouver mais qui sont ici moins évidents, plus subtils mais au combien jouissifs pour qui prête l’oreille attentivement. Rien n’est facile dans cet album, il ne se donne pas comme ça. Et si Age of Winters attirait facilement l’amateur de riffs et de gros son, Apocryphon captera plus l’attention des auditeurs exigeants. Les compos sont particulièrement bien travaillées, les arrangements tout aussi brillamment œuvrés (même si l’intro du dernier titre est à mon avis le seul reproche à faire à cet album) et la production, à l’image du précédent album, totalement monstrueuse d’efficacité.
C’est bien simple, dans cet album, chaque titre pris individuellement est une pépite, certes plus ou moins grosse, mais on navigue entre le très bon, l’excellent et le parfait. Difficile de faire la fine bouche devant, prenons un titre au hasard, Execrator et son refrain de toute beauté, ses effets de guitare, ses riffs faciles et plus complexes. L’exemple parfait en fait. On l’écoute une fois, ok, ça sonne bien mais bon, faut pas crier au génie quand même. Et puis au fur et à mesure des écoutes, vous allez commencer à secouer la tête sur le refrain, ça c’est sûr, vous allez vous régaler de la partition de batterie sur certains moments, planer sur un ou deux solos bien envoyés et la liste est longue…
Franchement, c’est parce que je n’ai pas la thune pour ça, mais je rêve un jour de balancer dans une chronique un truc du style « si vous n’headbanguez pas à la sortie de l’intro de Eyes of the Stormwitch sur le premier riff et le premier couplet, je vous rembourse l’album ! »
La partie n’était pas gagnée, changement de label, changement de batteur, The Sword est pourtant au rendez vous et remporte le challenge haut la main. Quand vous voulez pour le cinquième album !
(2003)
A l’image de la pétrolette l’illustrant, ce premier jet de la formation du sud-ouest de la France démarre sur les chapeaux de roues ! ‘Fibula Fibroid’ qui ouvre le bal de manière frontale est un rock bien carré dans un registre à quelques encablures des Helvètes de Mean avec qui ils ont partagé l’affiche lors d’une poignée de dates en compagnie d’Atomic Bitchwax. Rien de nouveau sous le soleil diront certains, mais une recette qui continue à faire ses preuves à mon sens ! Un coup de sélecteur vers le haut et on attaque avec le gros morceau de la production qui s’étale sur plus de huit minutes. ‘Beyond My Tombstone’ est un morceau entêtant qui tourne sur lui-même de manière agréable, un peu comme les versions live de ‘The End’ des Doors, et sert de trame aux questions existentielles du chanteur et parolier de la formation. Avec ‘Graveyard Blues’, on pénètre une zone plus sombre aux relents doomesque soutenus par de grands coups de basse bien appuyés. ‘Wall Of Gold’ nous ramène dans la zone rouge avec ses plans efficaces. Les deux morceaux qui le suivent ‘Evangile Apocryphe’ ainsi que ‘The Last’ renouent avec l’univers sombre dans lequel le groupe nous avait déjà baladé précédemment. Pour clore ce premier essai autoproduit par le groupe et mixé ainsi que masterisé par Eric Diez en 2003, ces drôles d’oiseaux ont extrait le mordant de leurs titres les plus véloces et la noirceur de leurs compos les plus lancinantes. ‘Eternal Sunrise’ est une synthèse assez représentative du potentiel du quatuor.
Même si la galette a déjà quelques années, gageons que ce groupe toujours en activité n’a pu que se bonifier avec le temps et les expériences scéniques. Les amateurs d’Halfway To Gone vont apprécier.
Contact:
http://junkyardbirds.free.fr/
www.myspace.com/junkyardbirds
Chris
(2006)
Après deux albums sortis en auto production dont un Cock Fight and Pony Racing à filer des insomnies à Scott Hill, qui pour le coup aurait pu croire que c’est mecs avaient retrouvé l’inspiration perdue par lui-même depuis quelques années, Mr. Plow sort cette troisième plaque intitulée Asteroid 25399 … en auto production. Les mystères du music-business restant pour nous insondables, nous ne pourrons apporter aucune explication au fait que malgré toutes les critiques élogieuses et le succès grandissant de nos quatre lascars dans leur Texas natal, aucun label n’aie encore eu la décence de les signer après dix ans passés à faire péter le fuzz.
Car oui, Mr.Plow aime le bon gros fuzz qui tache et dégouline de partout, celui-là même qu’ils ont repiqué à leur modèle revendiqué et pleinement assumé, à savoir Fu Manchu. Evitant de se prendre trop au sérieux (le nom du groupe est tiré d’un personnage des Simpsons, ce qui situe directement le niveau), ils se distinguent néanmoins par l’ajout d’une grosse dose de fun à leur heavy-rock tout à fait commun mais totalement jouissif. Allez jeter une oreille sur Master Blaster, un titre irrésistible de l’album précédent pour vous en convaincre. Enfin, çà c’était surtout avant et vous pouvez relire ce qui précède en utilisant l’imparfait car il semblerait que désormais, Mr. Plow soit moins enclin à la franche rigolade et aie décidé de prendre ses distances par rapport à nos amis californiens.
Inspiré du travail de Kurt Vonnegut dont un dessin illustre la pochette, Asteroid 25399 s’ouvre sur un Malachi d’excellente facture mais totalement dénué de la bonne humeur à laquelle ces plaisantins nous avaient habitués. En alourdissant relativement le propos, Mr. Plow range ses riffs immédiats au placard pour nous offrir une vision plus personnelle de sa musique et il faut bien l’avouer, ce changement de direction surprend à la première écoute, même si on retrouve ici toutes les qualités présentes auparavant, mais exposées de façon moins évidente. A côté du titre d’ouverture précité, Ballad of Billy sort du lot grâce à une ligne de basse ondulant tout au long du morceau pour lui coller un groove qu’on ne retrouve nulle part ailleurs sur un album partagé entre titres flirtant avec le doom (on est tout de même encore très loin de Electric Wizard, rassurez-vous) et compos aux riffs plus acérés qu’on pourrait rapprocher de l’orientation prise par Throttlerod sur son dernier album. Il serait malvenu de leur reprocher cette volonté d’évoluer somme toute naturelle, d’autant plus qu’ils n’ont rien perdu de leur talent de composition et de leur force de frappe, mais un ou deux titres plus catchy n’aurait malgré tout pas été superflus. Alors que Cock Fight … invitait à tailler la route, les ambiances distillées sur cet album qui évoquent un tas de références qu’on ne parvient jamais à identifier clairement nous pousseraient plutôt à se poser pour apprécier le travail subtil des guitares qui au passage nous gratifient de quelques très bons solos. Une fois passé le cap de la surprise, Asteroid 25399 révèle lentement ses atouts qui pourtant ne manquent pas et fini par séduire tout autant que son prédécesseur dans un style pourtant fort différent.
Contact:
www.mrplow.com
www.myspace.com/mrplowrock
Jihem

(2006)
Et c’est une fois passée l’étape de la claque en pleine face provoquée par un son puissant que la plupart des disques ne passent pas le cap des écoutes successives révélant des faiblesses dans l’écriture et l’interprétation. Alors vous faites le tri dans vos cds fraîchement reçus et il vous en reste un, un qui a passé toutes ces épreuves sans broncher, sans montrer le moindre signe de défaillance. Et bien, vous vous apprêtez à lire une chronique sur ce disque…
L’histoire de Glowsun ne commence pas en 2005, loin de là. Cela fait déjà quelques années que le groupe existe, mais cette fin d’année pourrait bien voir le groupe lillois écrire un chapitre crucial pour son avenir. En effet, les idées fixes et le line up stable, le groupe semble définitivement avoir choisi sa voie.
Les 4 titres qui composent cette démo ne font pas dans la demi mesure et sont, disons le tout de suite, 100 % stoner. En tout cas, elles représentent exactement l’idée que je me fais du stoner rock. Principalement accès sur l’instrumental (sauf My jesus), style particulièrement difficile, le groupe a su au travers d’influences diverses que chacun voudra bien reconnaître se forger un identité propre.
S’appuyant sur une rythmique solide et sans faille, le guitariste (Johan Jacob) utilise son instrument comme bon nombre d’entre nous voudraient bien en être capable nous sortant des sons aussi puissants que jouissifs. Le bougre semble avoir une belle confiance en soi car ce n’est pas un petit solo à la sortie d’un bon riff bien lourd qui l’effraie et on se dit qu’il doit y avoir pas mal d’heures de répétition derrière tout cela.
Le bassiste (Ronan Chiron) et le batteur (Fabrice Cornille) ne sont pas en reste, loin de là et l’intro de « My jesus » est là pour le prouver et ce n’est qu’un exemple parmis tant d’autres. On retrouve dans chacun des 4 titres des passages où aucun instrument ne prend le dessus sur les autres et où la symbiose semble parfaite. Bref, vous l’aurez compris, j’ai été plus qu’emballé par les compos et l’interprétation faite de tout cela et j’ai trouvé en Glowsun un parfait candidat pour l’avenir du stoner en France. Une mention spéciale au titre « Inside My Head » qui porte bien son nom car il vous obsédera tout au long de ces 7 minutes 37 !
Mais au fait, quand j’y repense, la première chose qui frappe lorsque l’on écoute cela pour la première fois, ce n’est pas forcement la qualité des compos qui après plusieurs écoutes révèlent toutes leurs qualités mais plutôt le professionnalisme de tout cela, que ce soit au niveau de l’interprétation que de l’enregistrement en lui-même. On est ravi d’entendre que les compos du groupe ne sont pas gâchées par un son pourri tout droit sorti d’une caverne et on a plutôt affaire ici à du bon boulot, du très bon même.
Lorsqu’on lit une chronique d’une démo auto produite, on trouve souvent la phrase « Mais ils ne sont qu’amateurs et c’est déjà pas mal ce qu’ils ont fait là ». Et bien moi, je vais plutôt finir en vous disant qu’en plus, ces mecs là en concert confirment tout le bien que je pense d’eux et qu’il serait cruel de ne pas avoir ce EP chez vous ou même de louper un de leur concert s’ils passent près de chez vous, qu’on se le disent !
Contact:
http://glowsun.free.fr/
www.myspace.com/glowsunmusic
Shinkibo
(2008)
On vous avait déjà dit tout le bien qu’on pensait de ce groupe belge dans la chronique de leur démo en février dernier à (re-)lire dans ses colonnes. Et bien, maintenant, ils nous reviennent avec un album complet où l’on retrouve les excellents titres de la démo mais aussi d’autres bombes à se prendre en pleine poire sans rien voir arriver.
Que dire de plus si ce n’est un bis repetita? Les nouvelles compos sur le skeud sont de qualité égale mais nous permettent surtout de comprendre l’étendue du champ d’activité musical des 4 lascars. Si la démo nous révélait un très plaisant côté “in your face”, cette plaque rend une image plus ciselée de l’ensemble par rapport aux premiers grands coups de burin.
Egalement, le mix est formidable, ce dernier pouvant tenir la dragée haute aux groupes labellisés. La qualité de la production de la batterie est à faire remarquer particulièrement: l’intro percutante de la 1ère plage vous impose cette certitude d’entrée de jeu. Les grattes sont toujours aussi épaisses et la voix a toujours des relents de whisky frelaté et de lendemains brumeux.
Le stoner de Ramon Zarate – aux accents tantôt doom tantôt grungy – ne pourra pas passé bien longtemps inaperçu auprès d’un large public. J’en veux pour preuve les nombreuses dates de concerts qu’ils collectionnent depuis la fin de l’année dernière en France, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.
D’ailleurs, on va sympathiquement leur poser un ultimatum en leur disant que nous ne chroniquerons leurs prochains méfaits que dans le cadre d’un sortie sur un label qui aura vite remarqué la grande qualité du band. Ramon Zarate signe un premier album full length de toute bonne facture et gagne en assurance. On ne peut que s’en réjouir.
Contact:
www.myspace.com/ramonzarateband
Thib
(2006)
C’est rock’n roll jusqu’au bout des ongles et jusqu’au tréfonds des cordes vocales. A l’écoute de ces 5 titres bien envoyés, on se dit que les musicos allumé de Los Disidentes Del Sucio Motel doivent carburer à bien autre chose que le pinot blanc d’Alsace, leur région natale. Entre le petit clavier frappant une unique note pleine de candeur pour apporter sa touche rythmique à l’ensemble et les grattes nerveuses au bord de la crise d’épilepsie, des références telles que QOTSA, Master of Reality et Mondo Generator apparaissent rapidement. C’est d’ailleurs l’image d’un Nick Oliveri sur-coké et totalement déjanté qui vient à l’esprit tant la dynamique de ce groupe est impressionnante. LDDSM, ça doit tuer sa mère sur scène!
5 titres aussi bons les uns que les autres se succèdent avec des refrains à hurler et des très belles mélodies alliant le blues, la country, voire même le métal. On a comme une furieuse envie de foutre le feu à la baraque, comme le besoin irrépressible d’ouvrir les vannes d’un supertanker au beau milieu de l’océan. LDDSM n’hésite d’ailleurs pas à jouer certains passages de manière plus “salie” pour faire rejaillir la limpidité et l’innocence d’autres mélodies toutes simplettes.
Le duo basse-batterie est détonant et capable de faire dans le lourd de lourd comme dans la légèreté. On assiste ici à un très bel exercice rythmique tout en nuances. Si les cymbales et les fûts pouvaient porter plainte, le cogneur serait derrière les barreaux depuis longtemps. La basse habille parfois agréablement le spectre sonore de fréquences disto.
Conseil: évitez de jouer leurs morceaux à stock dans votre caisse car c’est l’amende pour excès de vitesse assurée! Si vous êtes dans une Dodge Superbee de 1971, c’est bon pour une fois… Tapez dedans, c’est du bon!
Contact:
www.lddsm.com
www.myspace.com/losdisidentesdelsuciomotel
Thib
(2007)
Un son de gratte super bien gonflé et une patate à toute épreuve via la section rythmique, le trio God Watt Redemption nous plonge inévitablement dans les ambiances dures et glauques de l’épique Master of Reality de Black Sab. La gratte nous invite dans un trip 100% grave et péchu dans des grooves mid-tempo. La basse nous en repasse une couche bien grasse et visqueuse et l’auditeur n’a plus qu’à commencer le headbanging avec une binouze dans chaque main.
Le batteur est vraiment étonnant et détonant. Sa frappe est nette, précise et limpide. C’est à la fois puissant et efficace tout en conservant le groove et en cultivant le sens du contre-temps sans oublier les délicieuses pluies de cymbales. A propos de liquide, on se ressert déjà une autre bière pour attaquer le 2e morceau de cette démo de 4 titres où la voix se révèle d’ailleurs plus affirmée.
Il faut souligner que la prod et le mix sont vraiment très bons si l’on considère qu’il s’agit ici d’une démo auto-prod. Rien à redire, les mecs et leur ingé son ont parfaitement exploité le matos qu’ils avaient à leur portée (ou alors ils ont cassé la tirelire pour mettre le prix).
La durée des morceaux oscille entre 5 et 7 minutes et fait la part belle aux riffs hypnotiques joués ad libidem. Vous aurez vite trouvé leurs maîtres à penser (ou plutôt à jouer) de nouveau. Bref, c’est old school et sans fautes de goût. Nil novi sub sole mais très agréable à l’écoute quand même.
Contact:
www.myspace.com/godwattredemption
Thib
(2006)
Voilà de la demo de chez demo : pas de pochette un cd-r avec les tracks écrits à la main par quelqu’un qui écrit aussi bien que moi (et ça c’est loin d’être un compliment) et une missive dressant l’état des lieus de cette formation originaire du 57 (la Moselle pour les ignares dont je suis). En fait il s’agit d’un objet en pleine maturation puisque cette maquette a été réenregistrée façon “maison” par Emmanuel chez lui après la défection du batteur de l’équipe.
Quatre titres figurent au sommaire de cette autoproduction et elle nous permet d’attendre le prochain enregistrement live du groupe qui sera lui pris sur le vif avec une vraie batterie. Le but de cet objet est de démarcher les labels car nos lascars ont déjà une vingtaine de titres prêts. C’est assez amusant, au passage, de se retrouver face à un objet de ce type alors que la plupart des groupes proposent des autoproductions peaufinées dans leurs moindres détails et je vous vois ricaner derrière vos claviers en pensant que le cette chose doit avoir un piètre son et bien vous vous mettez le doigt dans l’œil car la production de cette maquette est bonne et les arrangements assez subtils font presque oublier la présence d’une boîte à rythme en lieu et place d’un vrai batteur.
On débute avec “Alone In The Desert” qui est une bonne compo stoner aérienne et lancinante ponctuée de soli un peu plus rapide et sur laquelle la voix se pose calmement avec comme un détachement. “Bomba’s Life” suit rapidement dans un registre un peu plus excité qu’on aurait qualifié d’hard rock, il y a quelques décennies. Des cœurs bienvenus lui donnent un petit air de Hellacopters sans toutefois que ce morceau verse dans le punk’n’roll, mais plutôt dans un rock’n’roll énergique et oldschool sur sa fin. Quand les premières notes de “Bloody Spell” résonnent, je pense immédiatement à “Purple Haze”, mais en dehors du riff accompagnant les refrains on est bien loin de Jimi Hendrix et, le chlack-boum-chlack de la fin mis à part, on se rapproche plutôt du heavy rock scandinave de Honcho ou celui des hollandais de Spoiler. Pour terminer, les accords plaqués de “Flower” viennent mettre un terme à ce premier jet dans un style assez progressif.
J’aurais bien aimé en avoir un peu plus, mais il faudra, pour ce faire, attendre la sortie du successeur de ce cd avec un groupe dans une vraie configuration rock’n’roll. Vivement la suite !
Contact:
www.shane-music.com
chris
(2005)
En direct du sud-ouest de la France, Idiome est un quatuor aux influences diverses qui s’autoproclame ‘New emo rock moribond’. Affichant une cinquantaine de dates au compteur, le combo avait sorti une demo en 2003 sur laquelle quatre titres furent gravés.
Désirant continuer cette noble aventure sonique, nos lascars se sont retrouvés en décembre 2004 dans l’antre du Bud Studio avec Mathieu Pascal pour l’enregistrement et dans celle du Conkrete Studio El Mobo pour ce qui est du mixage ainsi que du mastering. Composé d’iO aux chants, de Kenny à la guitare, de Johann à la basse et de Guillaume à la batterie ainsi qu’aux machines, le groupe a monté l’association Idiome Music Association afin de propager sa musique tous azimuts.
Cette seconde production, le projet est né en 2001, s’ouvre sur ‘My Favorite Me’, morceau planant dans un registre progressif régulièrement entrecoupé par des riffs trashisants. ‘Clown’s Death’ le suit en attaquant immédiatement dans le vif du sujet avec un gros son qui s’estompe un peu quand les parties vocales entrent en scène soutenues par une ligne de batterie carrée. On pense immédiatement à Tool tant la construction du morceau est proche des délires de la bande Maynard. ‘3 1/2’ suit dans un registre assez similaire si ce n’est que les paroles sont en français et que quelques lignes de clavier soulignent les parties atmosphériques de la compo. On continue l’exploration du petit monde d’Idiome avec ‘Law Of Gravity’ et son intro toute en finesse. S’étalant sur plus de 6 minutes et demi, ce morceau et ses chœurs pompiers bénéficie d’un son admirable tant dans ses parties intimistes que dans ses envolées lyriques. Suit ‘Purgatoire’, un morceau au format hardcore avec sa minute et demie strictement instrumentale qui peut faire penser à l’auditeur que cette production touche à sa fin. Tout ceci n’est qu’un leurre puisque un assaut rythmique en règle annonce le début de ‘Duplicité’. Cette ultime plage clôt de brillante manière cette seconde trace sonore que la presse spécialisée a déjà encensée.
Pas très psychédélique, ni doom, la formation flirte entre metal et émo sans s’engouffrer dans la brèche du néo déjà fortement exploitée par une multitudes de formations sans grande originalité et au final, on se trouve avec un disque pas vraiment stoner mais très proche de formations comme Isis en moins plombé ou Los Natas sans ses relents enfumés et surtout des génies de Tool !
Contact:
www.idiome.org
www.myspace.com/idiome33
chris
Enregistrée brute de décoffrage en une seule prise dans la salle de répétition en mai 2006, cette démo nous brosse un joli tableau de ce que le quatuor batave de Trunksleeve est capable d’envoyer: une musique tirant plus sur le hard rock que sur le stoner pur et dur. On y retrouve une sorte de Kyuss durci, période Wretch et Blues for the Red Sun. Mais en plus de cette comparaison, l’affiliation stoner est quand même évidente surtout à l’écoute du son de gratte bien graisseux et des parties fines de basse et de batterie offrant un soutien indéfectible et un copieux arrosage de cymbales.
Le son est ok mais on sent bien que le mix est un peu faiblard. La basse est fort en avant ce qui nuit à la patate de la gratte. Mais là, ne jetons la pierre à personne car, comme indiqué plus haut, c’est du fait maison dans une salle qui doit sentir bon la bière et la sueur. Nulle doute que les musicos auront ces détails à l’il ou plutôt à l’oreille lors d’un enregistrement ultérieur dans un studio correct.
La voix est capable de très appréciables nuances. Elle aurait certainement besoin d’une meilleure prod (on le sait, on le sait…) mais elle possède de très belles qualités, ce qui me permet de faire à référence à Chris Cornell sur l’album Bad Motor Finger.
En résumé, on se retrouve face à des musiciens confirmés qui doivent absolument nous mixer cela aux petits oignons lors de la sortie de leur album. Et c’est tout le bien qu’on leur souhaite!
Contact:
www.trunksleeve.com
www.myspace.com/trunksleeve
Thib
(2005)
Heavy Lord, c’est 4 mecs qui nous viennent d’un pays dont plus de la moitié du territoire est sous le niveau de la mer (les Pays-Bas pour ceux qui n’auraient pas deviné). Et elle doit être bien trouble cette eau dans la région de Hellevoetsluis: Heavy Lord explore les relents sludgy avec un aplomb bien doom de très bonne facture.
La voix est caverneuse et rajoute une touche d’angoisse et de malaise à cette note constante de dissonance qui sied tant au genre. Les vocaux prend aussi des accents thrashy, voir même black metal, sans pour autant trop verser dans ces styles. La gratte est bien lourde et nous révèle un accordage faisant la part belle aux basses fréquences. Force est de constater qu’elle garde quand même une belle dynamique car, signalons-le, il s’agit ici de mid-tempos plutôt que des down-tempos. Penser au 3e opus du Sab et vous comprendrez ce que je veux dire. Pensez aussi à Reverend Bizarre, Saint Vitus, YOB et Goatsnake.
Une section rythmique très bien en place balance la sauce quand il le faut et parvient même à s’effacer discrètement pour devenir totalement absente par moments avant de reprendre de plus belle dans un fracas de cymbales très respectable. Bref, cette petite galette de 6 titres est vraiment délectable et j’invite d’ailleurs le lecteur à télécharger les 4 morceaux disponibles gratos sur le site du groupe. En plus d’un bon mix, Heavy Lord délivre un son puissant et de très bons morceaux. Bien joué, les mecs!
Contact:
www.heavylord.nl
www.myspace.com/heavylord
Thib
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