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Si je ne me lasse pas du jeu d’acteur de Charlton Heston dans la scène finale du premier volet de la Planète des Singes, le personnage m’est devenu définitivement antipathique depuis la scène finale de Bowling for Columbine. Heureusement, c’est pour la première version que ces ressortissants de la Navarre espagnole semblent avoir opté. Ça démarre par une combinaison très heavy façon Sons Of Otis, et très psychédélique façon Hawkwind. Une petite touche ufomammutesque en somme. On continue dans la veine psyché avec un morceau acoustique curieusement tordu pour embrayer sur une kyusserie matinée de Stooges. Le son est gras à souhait. On file sur un nouveau morceau dans la même veine sur lequel j’émettrai quelques réserves notamment concernant le chant, qui fort heureusement est assez rapidement abandonné. Pas mal du tout ce petit aperçu. Mermaid-Michael Moore vs Charlton Heston-NRA : 2-0.
Houston Swing Engine est un quatuor suisse bien dans son temps. Moderne, quoi. Et ce genre de qualificatif sur Desert-Rock.com peut faire peur. A tort. Parce que oui, la musique qu’on aime, elle vient pour beaucoup d’influences 70’s (avec quelques incursions sur la décennie précédente et/ou suivante). Mais la démarche de HSE est différente : le groupe se positionne d’abord dans son siècle (gros penchants 90’s quand même, avec quelques relents de Prong, Jesus Lizard, le Soundgarden du début 90, etc).
Du coup, par exemple sur des titres comme “Evil Clutch”, HSE se lance dans des envolées limite punk-metal, mais bercées par une rythmique basse-batterie groovy à souhait. Et la différence, la voilà bien incarnée. Plutôt que de singer des groupes déjà réputés, ils s’inspirent du meilleur de tout ça pour repositionner leur musique franchement au XXIème siècle. Le reste est à l’avenant : sur une prod bien barrée (une fois le son du groupe bien trouvé, inutile de bouger les potards, hein !), les moreaux reposent tous sur 2 ou 3 riffs bien cinglants, et surtout sur une poignée de breaks bien allumés, prétextes à quelques fulgurances instrumentales ou vocales, soit rageuses, soit pleines de groove (voir “Tongue Runner”, qui alterne tout ça avec bonheur).
Niveau instrumental, tout ceci est donc irréprochable, ça joue bien, et le feeling fait plaisir à entendre. Ma seule réserve est dans les vocaux, un peu trop hurlés à mon goût : les aller-retour entre ces passages en chant clair et ces parties criées toutes tripes dehors sont un peu trop typées “emo-core”, “post-rock”, “———-” ==> [insérez ici le nouveau nom de musique de djeunz à la mode quand vous lirez ces lignes, si possible un terme composé des mots “post”, “emo”, brutal”, “core” et “fusion”] pour moi (un gars qui aime les choses simples, quoi).
Donc rien de franchement stoner à se mettre sous la dent, c’est sûr. Néanmoins, si on était des abrutis de puristes, ça se saurait. Et donc nous on aime bien HSE. D’abord parce qu’il s’agit d’un des rares groupes qui propose une incarnation du stoner dans notre décennie, et ça c’est rare. Et finalement, le résultat ne fait pas peur, on se dit “pourquoi pas, ça sonne plutôt pas mal ” ! Houston Swing Engine est donc l’occasion rêvée de rester un fan de stoner tout en écoutant un groupe tout à fait moderne et bien dans son époque. Réfléchissez-y bien, c’est plutôt rare !

Près de cinq années se sont écoulées depuis Spacejumbofudge, premier opus confidentiel des canadiens de SONS OF OTIS (dont la réédition est prévue pour le printemps 2000). Album non masterisé au son pourtant énorme qui secoua plus d’un fan de MONSTER MAGNET, époque Spine of God, et de FUDGE TUNNEL, époque Hate songs, en son temps. C’est l’incontournable Kozik qui a eu la bonne idée de les remettre en selle. Que s’est-il passé dans l’intervalle ? Mystère. On sait juste qu’ils évoluent maintenant en formation restreinte : basse-guitare/chant, une boite à rythmes remplaçant leur batteur. Ce qui constitue à ma connaissance le premier groupe stoner sans batterie (j’apprends à l’instant qu’ils viennent d’en retrouver un, sorry sister). Les conventions en prennent un coup. L’esprit général de ce nouvel album est toujours axé sur les riffs monumentaux et monolithiques émis depuis Jupiter en direction de l’espace intergalactique. A heavy space trip. La voix de Ken, délivrée très parcimonieusement, reste toujours aussi proche de celle d’un Dave Windorf dopé à l’infini. L’album est un must du genre. Un alliage mêlant lourd et aérien, gras et fin, compact éthéré. A noter que comme KTB, ils se sont sentis obligés de nous recoller trois anciens titres. La différence est cependant de taille puisque les versions ont été considérablement enrichies en plutonium. Par exemple, Windows qui était déjà un morceau immense, se transmue en Window jam qui n’est pas sans rappeler Bridge of sighs de ROBIN TROWER. Morceau à rallonge irradiant de beauté dont on voudrait qu’il ne s’arrête jamais. Encore !

Encore une idée de génie de la part de Man’s Ruin : sortir un de ces split-CDs qui ont fait la réputation du label, proposant toujours une sélection des nouveaux groupes de son catalogue et/ou de ses valeurs montantes. C’est un peu des deux que l’on retrouve sur celui-ci. Acid King, dont c’est la première sortie en CD, est le groupe monté par Lori S., guitariste et chanteuse de son état. Et c’est du stoner pur jus ! La guitare est super heavy, ça joue très grave, le tempo est lourd, le rythme envoûtant. Décrit comme ça, on pourrait croire que l’on se fait chier à écouter ces quatre titres, et pourtant, quel pied ! La guitare est plombée, la voix de Lori S. est ensorcelante, et peut apparaître ‘lointaine’ par moment (mixée un peu en retrait volontairement, effet réussi), mais surtout, les chansons sont cool et bien foutues. On attendra toutefois de voir si les Acid King sauront développer leur musique sur un album entier sans trop se répéter. Les deux titres suivants sont deux chefs d’œuvre du Mystick Krewe Of Clearlight, un véritable bonheur. De plus, pour les allergiques à l’instrumental (ou les plus frileux), ces deux morceaux proposent un chanteur invité, et pas n’importe qui, puisque c’est ni plus ni moins que le mythique Wino (The Obsessed, St Vitus, Spirit Caravan) qui s’en charge, avec le talent qu’on lui connaît. Excellente mise en bouche que ce split CD.
Un peu comme les australiens, il y a quelque chose de spécial avec les groupes islandais, un sentiment d’urgence musicale qu’on sent chez ces groupes un peu victimes (consentantes) d’une géographie contraignante, difficile, exigeante. Armé de son 4ème album, Brain Police ne déroge pas à cet état de fait. Au contraire, le groupe de Reykjavik, sorte de gloire nationale en Islande, a choisi Small Stone pour éclore et s’ouvrir au reste du monde.
On découvre le groupe aux premières notes de “Rooster Booster”, qui n’aurait pas détonné sur un album du grand Sabbath Noir, période post-“Volume 4”. Pas méga original, mais méga bien gaulé. A l’image de cette galette. “Hot chicks & Hell queens” déboule comme un dératé et nous rappelle tour à tour Disengage ou Solarized (snif, où qu’ils sont passés eux ??). Le morceau le plus étonnant est sans équivoque “Thunderbird”, qui reprend des pans entiers du “N.O.” de… Kyuss (sur “Sky Valley”). Hallucinant. Et pourtant, on sent bien qu’il n’est pas question de plagiat. Pour autant peut-on parler d’inspiration ou d’hommage ? Le son est différent, mais le couplet, le riff sont là pour semer le doute… Etrange impression, vraiment…
On passe après au super catchy “Snake”, au riff parfaitement fuzzé de “The Baron”, puis à l’intro de basse sur-saturée de “Human volume” ou du morceau titre. Et au final, on se retrouve baladé entre grosses claques et titres plus “posés”, toujours bien construits. Des morceaux fuselés comme des missiles air-air, sur un son ultra-balaise. Rien de révolutionnaire sous le soleil (??) islandais, mais une sacrée bonne galette tout de même.
C’est sous la houlette de Jack Endino que la formation bâloise s’est retrouvée au Soundhouse-Studios de Seattle pour enregistrer son troisième long format, le second sous ce nom vu les problèmes liés à leur ancien patronyme – . Le trio reprend les choses là où il les avait laissées avec ‘Lust In Translation’ et ceux d’entre vous qui avaient kiffé sur leur précédent effort ne devraient pas être désorienté par celui-ci car, outre le gentillet ‘Dance Without Sound’, les titres sont du même tonneau : guitares incisives, rythmiques carrées et vocaux clairs. Un bon mix de punk’n’roll et de hard estampillé seventies à la frontière des univers musicaux des Hellacopters et de Monster Magnet. Rien de bien nouveau soleil, mais une formule efficace rudement bien envoyée. Bravo !

Dois-je repréciser tout le bien que je pense de l’Italie ? Ses pâtes, son parmesan, son pain à l’huile frotté à l’ail, ses tomates séchées, etc. Outre un pôle culinaire pour lequel je me damnerai volontiers, il semblerait bien que l’Italie soit en train de constituer un pôle musical incontournable si l’on en juge la qualité de cette compilation du tout nouveau label milanais Redsun. 14 titres. Probablement la meilleure compile du genre qu’il m’ait été donné d’écouter par son homogénéité. Elle mêle astucieusement valeurs montantes déjà établies et valeurs montantes en voie de reconnaissance. Difficile d’en dire autre chose de manière globale. Entrons donc en précision. Passons sur les flamboyants Spirit Caravan ou Unida que j’ai déjà largement évoqués dans le numéro précédent. Ils sont à la hauteur de leur réputation (titres non originaux toutefois). C’est Solace, qui ouvre très pertinemment ce disque avec un titre percutant, qui augure de la qualité de l’album à venir. La palme de l’innovation revient sans conteste à Ufomammut et Core qui proposent un dépassement du stoner rock vers des formes plus spatiales pour le premier (largement au-delà du rayon d’action de la Nasa) et plus jazzy-percussions pour le second. Du très, très bon. Pour le ratatinage sonore optimal, on citera Acajou qui nous propose là un titre de très haute tenue avec une puissance de feu inégalée, Beaver et son chant toujours très pop lorgnant du côté de chez Josh Homme, Las Cruces, bande de chicanos amoureux de Trouble et de Sabbath et Church of Misery japonais adorateurs de Sleep. Les italiens éclectiques d’Hogwash donnent cette fois-ci dans ce que l’on pourrait appeler du stoner pop d’excellente facture tandis que The Atomic Bitchwax (second groupe d’Ed Mundell, guitariste de Monster Magnet) développe lui aussi un thème un peu plus léger et rock’n’roll que l’ensemble. Kai’ckul, Red Giant et M Squad font partie des groupes que j’apprécie le moins sur ce disque quoiqu’ils proposent à leur manière une nouvelle manière de traiter le heavy rock. Plus alambiqué, façon Victims Family qui m’a toujours ennuyé, mais qui devrait plaire à tous les esprits tortueux. Pour conclure, disons que ce disque retire enfin au américains une part de leur suprématie en matière de rock’n’roll. Il atteste de la vitalité et de l’inventivité inouïs que recèlent les groupes européens et italiens notamment. En effet, les ricains ont pour habitude de nous balancer des gnons soniques régulièrement. A force d’en distribuer autant, il fallait bien s’attendre à ce que quelqu’un leur en renvoie un jour où l’autre avec une intensité décuplée. Ce jour là est arrivé. Les néerlandais de Beaver les égalent et les italiens d’Ufomammut et d’Acajou les dépassent carrément. Italie nouvelle patrie du stoner rock ? En deux mots comme en mille : Forza Italia !
Une bonne sortie pour la rentrée: si HoF reste dans la lignée de ses 3 précédents albums, on ne peut que se délecter de ces riffs sublimes et de cette voix sortie d’outre-tombe, le tout soutenu par une section rythmique dont les vibrations relèvent de la secousse sismique. Matt Pike le terrible et sa horde nous gratifient ici d’une toute bonne plaque à la pochette ô combien annonciatrice du déluge qui nous attend une fois le lecteur en route.
Clair qu’on n’aura jamais affaire à de la petit musique de chambre avec une bande de barlos pareils. On ne peut qu’imaginer une hordes de Huns assoiffés de sang, de femmes et de cervoise tiède à l’assaut de l’empire romain en pleine fin de règne hégémonique. Ajoutons-y une tribu de Germains sanguinaires prêts à en découdre et la réunion est au complet. Ou plutôt la communion, et dans la mort s’il-vous-plaît puisqu’il en est question dans le titre-même de l’album.
Là où on est un peu surpris, c’est lorsque 2 ou 3 titres revêtent un côté speed metal et la voix de Mike prend des accents Lemmyesque (vous savez, le bassiste avec les grosses verrues sur la tronche…) dans une chevauchée sauvage qui, bien que sans grande originalité, se laisse apprécier sans prise de tête.
On a même droit à un petit interlude de musique tribale histoire d’adoucir l’atmosphère pour repartir de plus belle dans une série de riffs très bien ficelés et au sujet desquels on ne tarira pas d’éloges. L’ex-Monsieur Sleep sait faire des merveilles de justesse et d’efficacité avec sa 6 cordes. A noter également que les soli sont à la hauteur du reste, c-à-d de grande qualité.
Relapse Records ne fait pas les choses à moitié et donne vraiment les moyens à son écurie pour sortir des plaques avec une prod et un mix de très haute qualité. Le son est nickel avec une puissance rare et un grain bien défini tout en ayant conservé la touche bien caverneuse et cracra du groupe. Tout un débat peut avoir lieu sur ce seul point. A nouveau, cela risque de ne pas plaire à tout les fans de la première heure mais c’est toujours intéressant de voir comment un groupe confirmé, même underground, se démène lorsqu’on lui donne les grands moyens.
Au final, je dois dire qu’ici, le résultat est plus que satisfaisant, voire même jouissif. La musique à stock dans ma nouvelle caisse bien gonflée (sorry pour la frime), je me retiens d’appuyer sur le champignon… a very nice ride.
Cette chronique sera courte : si Foobar est un groupe du roster de Daredevil records (label germanique qui a beaucoup fait pour le stoner européen) et que ses influences sont à chercher du côté du gros hard qui tâche tendance 70’s, il ne s’agit pas vraiment d’une sortie stoner pur jus, loin s’en faut.
En revanche, si vous êtes fan de metal bien gaulé, gentiment thrash, tendance Anthrax, chargés de leads bien barrés et de refrains propices aux shoutouts et autres headbangings, Foobar The Band (quel nom !) est pour vous. Je parlais de Anthrax, ce n’est pas anodin : si vous aimez les metalleux New Yorkais, vous aimerez inévitablement Foobar. A un point même où le plagiat n’est pas très loin (les refrains de “In your eyes” ou “Go search”) ! Appelons ça un hommage.
Avalanches soniques, déluges de grattes, saturation et fuzz mesurés (présents mais pas omniprésents) vont ici de pair avec un sens de la compo absolument remarquable. Franchement, cet album est une bombe, balancée par une poignée d’hymnes metal de la plus haute volée. La production est là aussi à la hauteur (comme quoi, même le plus modeste groupe suédois peut se payer une prod de fou furieux), assurant cohérence et homogénéité (le son de gratte, la véritable identité du groupe), tout en proposant divers “artifices” bien sentis pour servir de manière originale les chansons lorsque nécessaire (le synthé de “Bootycall”, pas si éloigné de Andrew WK !).
Bref, une galette imparable pour tout metalleux un peu frappé, avec un fort lien vers les groupes les plus “heavy” du hard stoner scandinave, mais peu de rattachement direct au stoner que nous chérissons. Sans prétention.
Puisant son inspiration dans le rock des seventies, avec une claire admiration pour les oeuvres que Pink Floyd sorti pendant cette période, Fooz nous livre ces huit titres enregistrés pendant la semaine sainte de 2000 à Alicante. Les titres composant cet album sans titre ont été masterisés un an plus tard à Malaga et arrivent à l’heure actuelle dans nos bacs. Si la plupart des groupes de la galaxie stoner interprètent un rock heavy avec des sonorités très inspirées par les années septante, ce quatuor espagnol est resté bloqué sur cette période et sa production ne dépareillera pas dans la discothèque des nostalgiques de cette ère. Les amateurs de Masters Of Reality apprécieront ‘Mine’ ainsi que ‘Hifooz’ qui sont dans le trend des compositions du gang de Chris Goss, les fans de Led Zep prendront leurs pieds sur le lancinant ‘Smoke Is Over’ et les babas de tous poils se délecteront du psychédélique ‘Clouds Of Words’. Une très bonne sortie !

Voilà pas que le groupe le plus improbable de ce début de siècle nous sort un DVD censé nous plonger dans les coulisses de l’enregistrement de leur deuxième album « Death By Sexy ».
A l’origine, ce DVD devait être en bonus d’une édition du dit album et c’est pour une raison qui m’est inconnue que le groupe (ou la maison de disque) a préféré le sortir indépendamment. Bien mal leur en a pris car il faut dire que la galette est bien légère, que ce soit en contenu ou en intérêt.
Commençons par le plat principal, le making of de l’album.
47 minutes, génériques compris. C’est court mais j’ai pourtant cru que j’allais stopper le DVD avant la fin. Il faut dire que je ne suis pas convaincu de la réussite de l’entreprise. On voit le groupe, surtout Jesse et Josh, au « travail » et on peut même par moment y trouver des choses intéressantes. Le tout se veut décalé et amusant mais même les fans les plus tolérants regarderont ça avec un sourire moqueur dans quelques temps car les traits d’humour très présents sont assez poussifs et ne font que sourire plutôt que rire. Ajoutons à cela que l’intérêt au long terme d’une telle vidéo est assez limitée car qui parmi vous a déjà regardé le making of de je ne sais quel truc plus d’une fois.Ensuite et heureusement, on trouve quelques bonus qui nous offrent un peu de musique.
3 clips et un quart d’heure de chansons enregistrées lors de répétition du groupe. Voilà voilà, que dire, je cherche mes mots.
Bref, contentez vous chers amis rockeurs de nous filer ce genre de truc en bonus gratuit d’une édition limitée d’un nouvel album.
Après le split de Karma To Burn au début des années 2000, on s’était fait une raison : KTB resterait un groupe culte qui aura sorti 3 somptueuses galettes, que l’on s’écoutera à l’envi pendant probablement des décennies encore, avec une petite boule dans la gorge. Puis à notre grande surprise, il y a moins de deux ans de cela, les premières rumeurs de reformation apparaissent, vite concrétisées par quelques concerts brûlants et… une entrée en studio, pour accoucher de la présente galette.
Avec une légère appréhension (et si on pouvait être déçu, après tout ce temps ?…), on enfonce le disque dans la platine, pour se manger en apéritif “44”, un titre bien construit, sur un riff roboratif, assez rapide. Un bon morceau, qui nous met dans le bain très vite : KTB revient comme s’il ne s’était jamais arrêté. Et dès le second titre, “42” la messe est dite : un nouveau riff quintessenciel, qui monte en puissance à partir de l’intro, pour construire couplet, refrain, breaks, etc… La frappe de Rob Oswald est sèche, pointue, nette ; rien ne déborde, tout est propre et maîtrisé. “45”, qui suit, commence comme un titre doom pachydermique et aérien, pour prendre son envol au bout de 3 minutes environ, vers un up-tempo fiévreux, porté par une rythmique au galop, avec la basse ronflante de Mullins, dans les volées de cymbales de Oswald. Déjà éreintés, “46” déboule à 100 à l’heure : un titre direct pied au plancher, straight rock’n’roll, mais redoutablement bien construit (probablement le secret de fabrique du trio).
La surprise intervient avec les premières minutes de “Waiting On The Western World”, qui voient Daniel Davies (le compère de Rich Mullins dans Year Long Disaster”) poser des vocaux sur ce titre mid-tempo, qu’il décore aussi de soli de guitares tout à fait appropriés. Un titre efficace, mais quelque peu atypique quand même sur cette galette. Le pli est toutefois bien vite repris avec “43” qui commence comme un titre assez traditionnel de K2B, mais comme toujours rempli de passages atypiques parfaitement adaptés (ce break de basse sur la fin…). Idem pour “41” et sa rupture à mi-morceau. L’album se termine avec “24”, un morceau qui commence plutôt lentement pour se finir sur une cavalcade de gratte rythmique typique du combo.
Huit titres plus tard, on est donc rassurés : Karma To Burn a accouché d’un album dans la droite lignée de leurs prédécesseurs, qui plus est dans la vraie logique de leur évolution jusqu’ici : des morceaux plus directs, pas forcément plus faciles ni moins élaborés, mais construits de sorte qu’ils paraissent simples et efficaces. A ce titre, Karma To Burn est unique en son genre. Aucun groupe, dans cet exercice ne leur arrivent à la cheville. Certains auraient préféré un album plus “mystique”, distant et compliqué, à la hauteur d’un groupe culte, mais “Appalachian Incantation” est juste un putain de disque de stoner rock instrumental, et probablement l’un des meilleurs du genre (l’un des 3 meilleurs, assurément…). Un nouvel album de référence, dans un genre qui en compte déjà quelques uns ; en tous les cas une pièce majeure apportée à l’édifice du stoner contemporain. Karma To Burn reprend sa place méritée dans le peloton de tête du genre.
COMPLEMENT : A noter qu’une édition limitée de l’album est distribuée par le label du groupe lors de sa mise en vente, accompagnée d’un second disque bonus, qui vaut son pesant de cacahuètes ! Celui-ci commence très fort avec “Two Times”, une autre version de “(Waltz of the) Playboy Pallbearers” issu de leur première galette, sur laquelle ni plus ni moins que… John Garcia pose sa voix ! Une version superbe, datant de plus de 10 ans maintenant, à l’époque où le chanteur avait fait des essais avec le trio ! Superbe résultat ici en tout cas, avec la voix écorchée vive du Garcia “de l’époque”, qui s’imbrique discrètement derrière des instruments résolument au premier plan en terme de mixage : cette production atypique laisse imaginer ce qu’aurait pu donner une autre incarnation du groupe… une autre histoire ! Passé cet instant magique, le groupe nous livre une poignée de titres issus toujours de leur premier album, qui avait été écrit en instrumental, mais sur lequel leur label Roadrunner leur avait demandé de rajouter des vocaux. K2B retrouve ici l’opportunité de nous livrer des versions uniquement instrumentales, “d’origine”, de certains de ces titres, qui prennent une dimension toute autre. Les compositions, la production, les structures complexes, les arrangements, tout s’étale sous nos oreilles comme une vraie découverte, alors que cet album est pourtant déjà passé des centaines de fois dans nos enceintes ! “Patty Hearst’s Closet Mantra” (ici appelée “14”), “Bobbi, Bobbi, Bobbi – I’m not God” (“10”), et une version plus longue et plus péchue de “13” (et de “6”) s’ensuivent donc. Pour finir, le groupe propose deux nouvelles versions de deux de leurs titres phares, “20” et “30” (issues de “Wild, wonderful purgatory”), réenregistrées il y a quelques mois. Pour l’anecdote, le groupe voulait refaire ces enregistrements depuis plusieurs années, n’appréciant pas leur mix sur l’album originel (notamment à cause du fait que Will Mecum se soit cassé le pied juste avant l’enregistrement et n’avait pu assister au mixage !). Bref, les 7 titres de ce disque bonus sont un pur régal, et vous vous devez de traquer cette édition limitée à sa sortie !

Bien des choses ont changé depuis que Brant Bjork nous a offert son premier bijou solo. En effet, l’épisode de Fu Manchu se termine, et la grande histoire qu’aura été le label Man’s Ruin connaît un épilogue tragique et au combien douloureux pour ceux qui se sont investis dans cette aventure.
Brant, quant à lui, reste imperturbable, en tout cas en apparence. Sa carrière solo semble devenir son seul objectif et il décide donc de s’investir corps et âme dans un nouveau projet qui commence par la création de son propre label, Duna Records. Détaché de toute contrainte aussi bien artistique que relationnelle, l’ex-batteur de Kyuss et Fu manchu retourne donc en studio pour l’enregistrement de son second album solo.
On prend les même et on recommence, est ce cela la recette magique de l’ami Brant ?
On dirait bien que oui car l’infatigable show man prend une fois de plus la décision de tout enregistrer lui-même, ce qui reste tout de même quelque chose de remarquable à notre époque. Bien entendu, quelques invités (Mario Lalli, Mathias Scheneeberger entre autres) viennent lui prêter main forte pour quelques petits apports bien sympathiques mais cet album est encore et toujours l’œuvre totale et complète de Brant. Les 10 titres qui composent cet album sont à l’image de ce que Brant sait faire de meilleur, de purs moments de rock’n roll révélant, ou plutôt confirmant chez lui un réel talent de compositeur (mais pas forcement de parolier je vous l’accorde). Rien dans ce disque n’est à jeter. Et lorsque l’on connaît le potentiel scénique de l’individu, on se dit que ces titres vont trouver une dimension supplémentaire lors de leur interprétation live pour atteindre des sommets que seul une poignée d’artistes ont pu apercevoir lors de leur carrière aussi longue soit elle. Cerise sur le gâteau, la production et le travail sur le son et les arrangements sont à mon avis bien supérieurs au travail effectué sur le premier opus et apportent une plus value indéniable à l’ensemble qui se révèle donc au final un digne successeur du déjà cultissime « Jalamanta ».
Après 2 E.P., Baroness nous gratifie maintenant d’un superbe album full length riche de 11 titres soigneusement peaufinés dans la région montagnarde de Savannah aux US.
Ici, le groupe possède un son certes distortionné mais pas à outrance. Tout est dans le groove et dans le doigté. Les 2 grattes s’entendent à merveille et nous signe un travail d’orfèvre de premier ordre. Que dire de la section rythmique si ce n’est qu’elle est merveilleuse avec une attention toute spéciale pour la batterie et son mélange détonant et subtil?
La voix est enlevée et peut prendre des accents graveleux et autres allures criardes par moments. On est pratiquement à la limite du prog rock sur chaque titre mais les morceaux ne dépassent pas les 6 minutes et, intelligemment, le gang sait rapidement retomber dans des riffs carrés et puissants que les fans de The Sword et Orange Goblin ne dénigreront pas.
Mais outre les guitares pyrotechniques, Baroness nous joue aussi des plans atmosphériques où la part belle est faite aux sons clairs agrémentées d’effets. Les morceaux ne versent pas dans la noirceur mais on peut facilement ressentir une sorte de mélancolie ambiante qui prépare l’auditeur à une série de riffs secs et puissants.
Au sujet des riffs et du son des grattes, ça flaire la Les Paul Gibson sur le bon vieux Marshall à lampes (impression confirmée par les photos live mettant en évidence le backline du groupe). Il y a de la profondeur et du sustain à volonté. Et le caractère hypnotique des riffs entraîne l’auditeur dans un tourbillon musical vertigineux que la section rythmique se dépêche de noyer sous une pluie bétonnée de martèlement de fûts, de cymbales et de basses fréquences.
3 mots pour résumer The Red Album de Baroness: puissant, mélodieux et lancinant. Une très belle sortie pour la rentrée, indéniablement.

Quand Phil Anselmo (Pantera) s’acoquine avec Pepper Keenan en 1992 pour composer quelques titres, l’ombre du groupe culte plane déjà dans le milieu underground. Il faudra pourtant attendre 3 ans avant que Down n’explose à la face du monde avec son premier album sobrement intitulé NOLA (New-Orleans, Louisiana, la ville d’où ils sont originaires).A l’écoute de ce brûlot, on constate d’emblée que nos 5 musiciens ont été nourris au rock de Black Sabbath : sombre et lourd. Et avec Down, on à affaire à du très très lourd. ‘Hail the Leaf’ et ‘Bury me In Smoke’ en sont le parfait exemple : des tempos ralentis juste comme il faut, des riffs de guitare imparables et une frappe de batterie cataclysmique. Voilà donc l’univers musical que nous offre ce NOLA. Une succession d’hymnes plus envoûtant les uns que les autres, une ambiance souvent malsaine et des paroles à fleur de peau. Succès garanti. Parmi ces 13 bâtons de dynamite, on retiendra en particulier le génialissime ‘Jail’ sur lequel Anselmo prouve qu’il est aussi capable de chanter en retenue et de faire passer une émotion autre que la rage, le tonitruant ‘Stone the Crow’, et sa mélodie si obsédante, et le cultissime ‘Eyes of the South’ et son intro diaboliquement efficace qui, par sa montée en puissance progressive, hérisse le poil de l’auditeur jusqu’à ce hurlement libérateur de Phil.Tout simplement jouissif.
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