Ca y est ! Il se passe enfin quelque chose de pas pourri au royaume de Danemark ! Fiend, dont nous avions encensé le dernier album ici même, sort d’une tournée en ouverture de Tool (oui oui, vous avez bien lu, Tool, donc stades) et a effectué en juin de cette auguste année plus de concerts que lors de leurs 15 années d’existence (Hellfest inclus). Fort de ces retours, Deadlight Entertainement, leur label, a décidé de ressortir leur premier album, Onerous, initialement autoproduit en 2013 (ma chronique de Seeressparlait de troisième album, il semble qu’Agla soit une démo et Onerous le vrai premier album. Ah les affres de l’autoproduction de qualité, on a tendance à s’y perdre).
C’est que le groupe emmené par Heitham Al-Sayed (Senser, Lodestar, récent auteur publié), Nicolas Zivkovich (DDENT) et Michel Bassin (ex Treponem Pal) l’a bien mérité ce coup de projecteur récent, tant leur musique trouve un habile mélange entre organique et sophistication. Du doom il en est question, puisqu’ici les tempi sont rampants, que le son se fait fuzz mais les lignes vocales, le travail sur les guitares et le groove semblent détenir une autre vérité, qui viendrait d’ailleurs. Quelque chose d’autre, de plus produit, de plus malin, quelque chose de Tool, qui sait, même si le parallèle est de circonstance, quelque chose de raffiné sans jamais verser dans le prétentieux. En étirant tantôt leur propos sur 10 minutes (l’ultra doom « Boabdil », « The Potion part 2 »), tantôt en rapportant le riff à sa distorsion congrue (« The Broken Ship of Osiris », « Frankenstein, You’re Fired » et son groove insidieux), Fiend n’en oublie jamais la cause heavy et se positionne au contraire comme l’un de ses fervents défenseurs, alliant, comme peu de groupe avant eux, modernité et tradition.
Onerous, plus qu’une introduction à Seeress, est un grand album oublié dont la ressortie pourra, espérons le, lui offrir une méritée seconde vie. Il serait bon que Deadlight se penche également sur Agla, démo datant de 2009 qui est d’une qualité elle aussi exceptionnelle.
Fiend will be Fiend, right till the end.
Point Vinyle :
La ressortie Deadlight d’Onerous se fait en CD digipack mais une version LP autoproduite de 2014 existe et même si elle se fait rare, il est possible d’en attraper une copie de temps à autre sur Discogs. J’en profite ici pour renouveler ma demande maintes fois faite à Alex, boss de Deadlight de faire presser sur vinyle ses productions, que ce soit Seeress de Fiend, ainsi que les derniers (et excellents) Verdun ou Abrahma. Je suis à peu près sûr qu’il me répondra d’aller manger un pneu.
Après un Loyal To The Pack qualifié par beaucoup d’auditeurs de mollasson pour ne pas dire mou du cul et pas forcément en phase avec les attentes du public, voici revenu Planet of Zeus qui ce coup-ci fait dans le scientifique en titrant son effort Faith In Physics. Alors si rien ne s’est perdu ni créé et que tout s’est transformé, que donne cette nouvelle plaque et faut-il garder foi en Zeus?
Avec des titres un peu sans histoires et malgré un “Gazoline” d’ouverture plein de promesses, on tombe vite sur “Revolution Cookbook” qui cherche à brailler avec une pellicule d’enrobé de voirie bien crasseuse posée sur la voix ; autant dire que la puissance n’y est pas. Des riffs accrocheurs, des intros faites pour la radio, le constat est valable pour “Revolution Cookbook” comme pour “All These Happy People” ou autres “Man Vs Gold”. Ça tourne vite au lascif pour ne pas dire au lancinant.
Pourtant il y a parfois de bons morceaux, comme dans les yaourts aux fruits, à l’image de “The Great Liar”, scandé et arrangé comme un refrain de chez Dust Lovers est bien roulé. Je souligne une réussite toute particulière sur “King Of The Circus” qui met en scène un morceau entre légèreté et saine agressivité. Il repose sur une rythmique blues qui parachève le job et permet à la basse de se qualifier dans une débauche de gammes toutes en efficacité sur les quelques saillies qui lui sont réservées.
La composition de Faith In Physics, je m’en aperçois, m’aurait peut-être séduit il y a de cela quelques années alors que je souillais le miroir de la salle de bain du jus gras de mes comédons, mais à présent c’est plus difficile. Le swing facile de bon nombre des morceaux jongle avec 3 ou 4 accords suffisamment bien agencés pour faire illusion. L’écriture va parfois taper dans le crescendo, à l’instar de “Your Song”, mais pour retomber bien vite, voire ne pas du tout prendre l’auditeur désabusé que je suis.
Me passer cette plaque aura été une audition douloureuse, en particulier sur “On Parole” et ses accents pops qui m’ont donné envie de passer à autre chose et vite. J’ai compris que j’ai perdu quelque chose en route, je ne suis plus dans la case, ça y est, c’est la crise de la quarantaine, c’est de là que vient la douleur!
Je ne vais pas être une peau de vache tout de même, je perçois que dans cette plaque il y a un potentiel défouloir live qui se cache. En effet, avec une construction différente et quelques réglages plus puissants, les titres pourraient très bien garantir une chouette soirée amplifiée, sans recherche autre que l’abondance de sudation.
Le bilan des courses, est que j’ai eu du mal à rentrer dans cet album et j’ai carrément échoué à me l’approprier. Faith In Physics contient tous les ingrédients pour produire la réaction recherchée. En cela oui, Planet Of Zeus n’a rien perdu en route mais n’a rien vraiment créé non plus. La transformation du groupe l’emmène vers autre chose que le Stoner, c’est clair. Gageons alors que Faith In Physic trouvera un public parmi les plus bienveillants d’entre nous et les moins regardants quant aux ramifications possibles de la chapelle Stoner Rock.
4 ans, c’est long… Demandez donc aux fans de ballon rond si ces 1460 jours qui séparent chaque coupe du monde ne sont pas interminables… Et posez également la question à n’importe quel chef d’état pour savoir si les 4 années de mandat de Donald Trump ne sont pas un calvaire… Et 4 longues années, c’est le temps qu’il aura fallu à Kamchatka pour nous offrir un nouvel album après le fantastique Long road made of gold paru en 2015. L’écart le plus conséquent entre 2 galettes depuis la création du groupe en 2005. Autant dire une éternité à l’heure où plusieurs dizaines de nouvelles formations éclosent chaque mois et que des centaines d’heures d’écoute sont proposées chaque mois à nous, pauvres chroniqueurs travaillant dans l’ombre pour servir un public toujours plus avide de nouveautés et de stoner de qualité. Bah oui quoi, on fait pas un boulot facile !
Bon allez, trêve de jérémiades, place à Kamchatka et son nouvel album, intitulé Hoodoo lightning (paru la semaine dernière en numérique mais dispo en physique dès vendredi 6). On est accueillis sous un déluge, à la fois météorologique (l’orage gronde…) et sonique (d’entrée, on en prend plein les esgourdes !), avec « Blues science », une bonne grosse baffe dans la tronche de plus de 5 minutes scindée en 2 parties. « Blues science », c’est un full-power rollercoaster qui vous emmène dans une chevauchée fantastique avec loopings, accélérations dantesques et assez de puissance pour vous vriller la caboche. Déjà, d’entrée de jeu, on est accro. Et ce n’est que le début des festivités…
Le groupe a récemment déclaré ne pas être amateur d’artifices quand il enregistre en studio. Et on s’en rend compte avec « Fool », un fabuleux titre de stoner « à l’ancienne », c’est-à-dire sans production grandiloquente, juste une musique réalisée avec les tripes de ceux qui sont prêts à les offrir en pâture au public sur scène. Bref, çà déménage grave ! « Rainbow bridge » poursuit le voyage avec, cette fois-ci, un groove démentiel qui démontre, s’il en était encore besoin, que Kamchatka est un maître du genre. Et on imagine sans peine une fosse se déchaîner sur ce genre de petite bombe nucléaire. Le temps de préciser de Kamchatka ne s’embarrasse pas d’intros pompeuses ni de riffs répétés à l’envi pendant des heures, aucun titre ne dépassant les 5 minutes (hormis le double titre d’ouverture) sur cette galette. Du brut, du brutal et de l’immédiat.
On décèle évidemment des influences allant des grandioses seventies au stoner californien du milieu des nineties en passant par Clutch, Graveyard (çà tombe bien, Kamchatka est en tournée avec eux en ce moment dans nos contrées), voire même quelques touches de grunge à la Soundgarden. « Supersonic universe », qui déboule tel un camion sans frein en haut d’un col de montagne, possède assez de potentiel pour devenir un des grands hymnes de cette fin d’année 2019.
La face B sera-t-elle du même tonneau ? Malheureusement, çà se gâte (très légèrement, soyons honnête) : hormis un « Monster » qui ressemble à une chute d’un album de Bad Company datant de 1974, le reste peine à convaincre. Entre « Let it roll » qu’on imagine aisément sur les ondes FM des années 80 calé entre Motley Crue et Europe ou « Stay in the wind » trop posé et introspectif pour convaincre, la seconde partie de l’album peine à convaincre. La barre était-elle mise trop haute après la première moitié ? C’est bien possible… Entendons-nous bien : l’album, dans son ensemble, tient sacrément la route mais il manque ce petit quelque chose pour en faire un grand classique de Kamchatka et, forcément, l’un des grands disques de cette année. Mention très bien quand même !
Pénétrons aujourd’hui le territoire du stoner français et approchons-nous de cet animal trop méconnu et fort discret qui vit alentour de Montpellier, j’ai nommé le Denizen. Le Denizen fait partie de la famille des quartets. Il est peu prolixe et ne s’accouple que rarement pour donner naissance à un LP. Cette année c’est justement celle de sa saillie et il a donné naissance à un petit High Winds Preacher, quatrième rejeton après 15 ans d’existence. Nous sommes partis l’admirer dans son habitat naturel de l’Argnonauta records.
Venu des terres d’inspiration clutchéenne, cette fois-ci Denizen livre sa grosse dose de fuzz qui roule des muscles pour rejoindre la culture du Goblin Orange (et certains diront que l’on perd au change) de façon très évidente sur “Chasing Guru”.
Concernant ce quartet, je ne vais pas m’appesantir sur les références à rallonge, Denizen ne fait pas dans l’originalité, c’est un groupe prêt a écouter qui joue sur l’efficacité et la qualité tout en robustesse. La plaque est généreuse de 10 titres pour 46 minutes, autrement dit, Denizen réalise avec High Winds Preacher un album cartouchière pour des titres en forme de balles. Pas le temps de s’appesantir, ça doit fuser et claquer les tympans de l’auditeur autant que ses gencives. Cette philosophie donne naissance à des titres qui foncent têtes baissées comme “White Flamingo” ou le punk “Punch Out” (qui a reçu, je l’avoue, tout mon engouement).
La voix s’envole quelques fois vers des strates qui laissent l’auditeur perplexe , ne vous attardez donc pas trop sur la dernière minute de “Among the trees” ou l’intro de “Mandrake Is Everywhere”. En ne lui en tenant pas rigueur donc, on retiendra surtout une belle capacité à livrer de la rocaille aguicheuse. La basse fait un joli travail de laminoir et la mitraille de la batterie pourrait en plonger certains dans l’épilepsie. Bref, ça remue à souhait. Denizen c’est aussi la capacité à se poser sur des riffs lourds et hypnotiques qui s’illustrent sur “Among the Trees” ou encore sur des lignes joufflues et bluesy basse batterie, qui laissent la place à des soli de gratte qui fleurent bon l’inspiration d’un Hendrix – et j’invoque là “Ears Wide Opened”.
Ce nouvel opus, on l’espère, offrira à Denizen l’occasion de passer plus souvent près de chez toi, car il parait que sur scène le quartet envoie du bois et High Winds Preacher a tout pour envoyer des poutres en live.
L’histoire de Verdun (Le groupe) c’est un peu comme celle du Mort-Homme à Verdun (Le champ de bataille) : une succession de pertes et de reconquêtes, et là je parle du line up. En effet, Ästräl Säbbäth marque le retour au chant du soldat David Sadok, Paulo Rui étant tombé au combat avec Aurélien Dumont (il n’y a donc plus qu’un seul guitariste sur cet opus). Verdun y poursuit sa narration sur le thème de l’amiral Masuka et livre au jour chez Throatruiner Records, Breathe Plastic Records et Deadlight Entertainement son second LP et troisième disque.
Fait de mon imagination ou référence bien réelle, l’album ouvre sur une modulation des premières notes de Black Sabbath. Après tout l’album s’appelle Ästräl Säbbäth et le titre, “Return of the Space Martyr”… Pas improbable qu’il y ait là quelque évocation détournée mais cela s’arrête à ça. Le titre ouvre la plaque avec 9 minutes en bloc, lourdes et pesantes, entre doom et sludge. De quoi poser pour décor une sauce éprouvée lors de précédents efforts de Verdun. On rentre toute de suite dans ce qui ressemble un peu à une marche forcée vers le front, monotone mais pas exempte d’expectation.
Force est de constater que les germes post hardcore présents dans les précédents albums ont ici gangrené l’album. Je dis gangrené non pas par désintérêt pour le genre mais plutôt par soucis de cohésion avec l’univers du groupe notamment et les distance qui se prennent avec notre genre de prédilection en particulier. Pour s’en apercevoir, un tour d’écoute de “Darkness Has Called My Name”, permet de constater que la voix quitte le registre sludge pour un chant scandé plus post hardcore (j’insiste sur ce terme fourretout ayant abandonné tout espoir de classification du genre). Cette dérive est tout aussi palpable sur la judicieusement bien nommée “интерлюдия” (“interluda”). Elle dit tout de l’album en 2’16 (ou presque, puisqu’il s’agit d’une piste instrumentale).
Si la piste “L’Enfant Nouveau” est doom tout autant que “Venom(s)” ce dernier titre marque la franche errance entre deux univers, la voix quittant le registre de la lourdeur pour s’armer d’effets entre S-F et fantastique le tout dans d’un esprit de perdition et de guitares qui s’offrent un bouquet post machin à souhait.
Côté intensité l’album pourrait se résumer à “Darkness Called My Name” avec un premier tiers de piste pesant de redondance, anxiogène, puis avec un fil conducteur très ténu et des imbrications de genres assez surprenantes : le déroulé de 10 minutes 33 exploite la porosité des genres avec intelligence et soucis de narration – ce qui pourra provoquer en revanche un écrémage de certains auditeurs, et ce malgré une qualité d’enregistrement digne du précédent opus The Eternal Drift’s Canticles.
Ästräl Säbbäth navigue entre SF et tragédie. Il faut voir cet opus comme la fin d’un cycle commencé avec l’EP The Cosmic Escape Of Admiral Masuka. Brièvement le triptyque raconte ceci : l’Amiral Masuka part dans l’espace après avoir survécu à un apocalypse nucléaire définitif. Il erre jusqu’à se jeter dans un trou noir et prendre une forme éthérée et après de longs errements prendra possession du corps d’un homme d’avant l’apocalypse, et par ce véhicule se donner naissance à lui-même. Au fond cet album est aussi torturé que l’histoire qu’il raconte, tel Masuka il est pris au piège de sa propre identité et même s’il cherche à s’extraire de sa nature profonde Doom et Sludge par quelque autre moyen, cet enfant nouveau y revient toujours.
Allez, plus qu’une dizaine d’années à patienter avant l’extinction programmée de tous les dinosaures du rock qui nous rabâchent leurs tubes délavés depuis des décennies : au hasard, le duo infernal Jagger / Richards, Robert Plant (que le monde entier déteste depuis qu’il ne veut pas ressusciter Led Zep) ou encore Steven Tyler (qui ressemble de plus en plus à une grand-mère à qui on aurait greffé une moustache), liste non-exhaustive. Bien évidemment, tout cela est à prendre à la plaisanterie mais force est de constater que depuis le grunge (soit trente ans quand même…), le rock vit sur ses acquis, s’inspire des ancêtres, ressasse sans cesse son passé (pas facile à dire, hein!) et ne prend aucun risque.
Mais de temps en temps, une formation sort de la masse: par exemple, Year Of The Cobra. Ils ne sont que deux mais, magie de la technique, sonnent comme trois ou quatre. On l’a dit et répété: le power-trio est sans doute la formation la plus efficace pour monter un groupe de rock. Pourtant, certains pensent que deux personnes suffisent amplement et agissent donc sous la forme d’un power-duo. A l’image de Year Of The Cobra ou des Picturebooks par exemple, ces duos s’amusent à bousculer les codes établis et prouvent que deux personnes peuvent être aussi efficaces et, surtout, produire autant de boucan que trois, voire quatre musiciens.
Justement, on parlait du grunge dont l’épicentre se trouve du côté de Seattle. C’est de cette ville à l’extrême nord-ouest des States (Alaska excepté) qu’est originaire le duo composé du couple Johanes Barrysmith (qui officie derrière les fûts) et sa compagne, la belle et démoniaque Amy Tung (dont le look n’aurait pas dépareillé dans un épisode de Mad Max), qui tient fermement la barre et sa basse. Fort d’un premier EP paru en 2015 (et qui contient l’entêtant « White Wizard »), le duo a crapahuté à travers les States aux côtés de Mos Generator pour promouvoir leur premier long, In The Shadows Below, en 2016. 2019 les voit ouvrir pour les légendaires High On Fire au printemps et puis, il y a quelques jours, Ash & Dust a fait son apparition sous un artwork de toute beauté. Alors, après écoute, il vaut quoi, ce « cendre et poussière » ?
Avec « The Battle Of White Mountain », l’ambiance est immédiatement posée, et elle sera lourde : cette intro de basse, ces claquements sourds de batterie et ces « ouh ouh » balancés par Amy Tung telle une sirène qui vous attire irrémédiablement dans ses filets, quelle entrée en matière ! « The Divine » hausse le ton avec un rythme un peu plus soutenu, avec toujours cette basse puissante, vindicative, autoritaire. Et puis arrive le seul couac de cet album : « Ash And Dust », qui tombe comme un cheveu sur la soupe avec un rythme punk syncopé qui détone après les deux premiers titres et un refrain déclamé avec véhémence. Non, vraiment, je n’accroche pas…
« Demons » enchaîne et ralentit considérablement le rythme. Ce titre est bien plus en phase avec ce qu’on connaît déjà du groupe (batterie chaloupée, voix attirante, basse grondante). Il est déjà temps de retourner la galette pour s’envoyer « Into The Fray », le single lancé en éclaireur quelques jours avant la sortie de l’album. Belle énergie, production léchée, la voix sublime d’Amy Tung… Juste parfait… Mêmes remarques pour « At The Edge » qui suit ainsi que pour le fantomatique « Dark Swan ». Puis il est temps de conclure cet opus avec « In Despair », splendide requiem qui bénéficie de la voix douce et sensuelle d’Amy Tung qui, il faut bien le dire, porte sur ses frêles épaules tout l’album.
Year Of The Cobra a tapé dans le mille avec cet Ash and dust qui frôle le sans faute. Vivement un passage dans nos contrées pour l’apprécier à sa juste valeur en live car, pour avoir fait l’expérience de Year Of The Cobra sur scène il y a quelques années, le duo ne s’économise pas et prend un plaisir non dissimulé sur scène… Je ne peux donc que vous conseiller l’écoute d’Ash and dust, l’un de mes plus grands frissons discographiques de cette année.
Avec son premier album sorti par l’écurie Kozmik Artifactz (une maison bien tenue, découvreuse de talents, qui ne transforment pas tous l’essai ensuite malheureusement), les suédois de Hazemaze nous avaient plu, mais ne nous avaient pas complètement convaincus, et on ne savait pas trop alors si le groupe en avait encore sous la pédale. Ripple Music (associé ici à Cursed Tongue pour la sortie vinyl) semble penser que oui, le label US ne signant généralement que des valeurs (à peu près) sûres.
Dans les faits, après écoute, on a tendance très vite à leur donner raison : Hazemaze a enclenché la seconde sur ce Hymns of the Damned. La prod d’abord est parfaitement adaptée au genre et sonne impeccablement (très bonnes prises son pour les vocaux et la gratte, parfaitement adaptées au style d’époque). Stylistiquement, on est toujours dans le même genre : le jeune groupe (créé en 2016, déjà 2 albums au compteur, pas mal) se place dans la droite lignée d’un stoner doom très sabbathien dans l’inspiration, et y agglomère les influences des meilleurs groupes 70s. Mais pour le reste, le trio pousse tous les curseurs un peu plus fort que sur son premier album.
C’est en particulier sur les compositions que le trio est attendu au tournant (dans ce genre de musical, c’est le juge de paix). Leur sens du riff, déjà, est impeccable (« Lobotomy », « Green River »), mais plus globalement c’est dans son travail d’écriture que Hazemaze sort son épingle du jeu : breaks bienvenus et soli bien sentis (« Shadow of the Night », « Reverend Death »), arrangements pertinents (ce son de basse sur « Morbid Lust », l’intro de « Thrill Seeker » ou « Sollicitor of Evil » avec leur wah-wah sur la basse)… les choix sont bons, et la qualité est au rendez-vous.
Ces titres créent en quelque sorte un écrin impeccable pour faire briller leurs influences musicales – on y entend bien sûr du Sabbath (« Shadow of the Night », très « 1st album », « Forever Trapped in Hell »), du Trouble (« Thrill Seeker »), mais aussi des « ersatz » plus récents comme Kadavar (le couplet de « Morbid Lust », « Forever Trapped in Hell » et sa ligne de chant que l’on croirait interprétée par Lupus).
Bref, dire que ce disque est révolutionnaire et déborde d’originalité serait un peu outrancier, certes… Pour autant, il est la marque d’un groupe inspiré (dans tous les sens du terme !), créatif et plutôt talentueux. S’il arrive à développer encore sa courbe de croissance sur un troisième album, on pourra commencer à lui chauffer une place dans la cour des grands, il en a peut-être le potentiel.
Votre serviteur reconnaît sans ambigüité mais aussi sans grand enthousiasme le talent de Desert Storm, ce combo anglais de gros stoner metal – plus metal que stoner finalement – aux pointes sludge énervées, que ce soit en live ou sur album. Le groupe est bon, et, même s’il n’est pas des plus innovants, il s’avère solide ; une valeur sûre pour répondre au pied levé à tout besoin de headbanging. La perspective d’écouter le side project de la moitié de ses membres (les frères Cole, guitariste et batteur de Desert Storm) n’apparaissait donc pas forcément comme des plus excitantes a priori… et pourtant, ce LP est rapidement apparu comme une véritable bouffée d’air frais dans une période de production musicale plutôt morne.
Figurez-vous que les gars s’attèlent à creuser un sillon un peu en déperdition : celui du stoner ! Et oui, désormais la plus large part de la production musicale affiliée de près ou de loin au genre prend des chemins de traverse : retro-proto-rock par là, psych-rock un peu à côté, et un peu plus loin doom, sludge, en se rapprochant des sentiers goudronnés du post-rock… Mais qui fait encore du stoner de nos jours ? Plus grand monde. Délaissant un peu les velléités nerveuses de Desert Storm, les frangins Cole s’associent donc à deux potes issus d’un autre groupe d’Oxford (Mother Corona) pour finir de compléter le line up de ce side-project, et se dédier à leur exploitation des sons fuzzés, des riffs plombés et de l’odeur du sable chaud.
Le résultat est une belle galette de dix titres bien gaulés, qui rappelleront évidemment Kyuss (le chant sur “Eschaton” ou “No Man’s Land” est un véritable ersatz de John Garcia, ce qui n’est pas forcément le cas sur le reste de l’album, ne généralisons pas) et les meilleures formations de l’axe US/UK (et certaines formations scandinaves) du début des années 2000. La plupart des compos ont un haut facteur accrocheur et seront fredonnées par l’auditeur bienveillant au bout de deux ou trois écoutes à peine. Pour la forme, on mettra quand même en avant quelques morceaux plus marquants, comme le couplet groovy de “Black Spiral”, la ligne de basse et le riff massue du très fat “Explode”, l’instrumental “Significant”…
Bref, The Grand Mal, en toute discrétion et presque humilité, propose un album de stoner très qualitatif, ce qui de nos jours est presque devenu une anomalie musicale. Pas ancré dans des codes trop fermes, ils y adjoignent le meilleur de leurs différentes expériences musicales et groupes “parents”, pour rendre l’ensemble varié, moderne, et vivifiant. L’ensemble est probablement imparfait et certains titres moins fringants que d’autres… Mais le retour sur investissement est au rendez-vous après seulement une poignée d’écoutes. On se prend même à espérer voir The Grand Mal prendre le pas sur Desert Storm et prioriser sa présence scénique et discographique dans les prochaines années… (désolé)
Les fans attendaient le retour de Josh Homme et ses potes depuis plus de treize ans. Le mal est réparé avec les huit titres des Desert Sessions vol 11&12, toujours enregistrés dans l’antre du grand rouquin, le Rancho de la Luna en Californie. Quels changements depuis toutes ces années? Pas grand chose finalement… Le leader de Queens of the Stone Age a trouvé de nouveaux potes (Mike Kerr de Royal Blood, Stella Mozgawa de Warpaint, Libby Grace, Les Claypool de Primus et bien d’autres) mais n’a pas changé sa recette. Il y a du bon à retirer de cet opus, même si on a parfois l’impression que le grand rouquin a ressorti les titres qui n’avaient pas été retenus dans le passé pour Queens of the Stone Age ou ses divers side projects. Chacun jugera selon son degrés d’amour pour l’ex-guitariste de Kyuss.
On commence tout doucement avec “Move Together”, avec Billy Gibbons de ZZ Top au chant, qui peine à lancer la machine pour un disque qui se veut rock. La suite est un peu plus rythmée avec “Noses in Roses, Forever”, pur titre rock punchy comme a su le faire QOTSA sur Era Vulgaris par exemple (5e album du groupe paru en 2007), où l’on retrouve Gibbons cette fois à la gratte. Les deux chansons auraient d’ailleurs pu figurer sur cet album et n’apportent finalement rien de nouveau quand on connaît la palette créative du grand rouquin.
“Far East For The Trees” renoue quelque peu avec les origines des Desert Sessions avec ce titre instrumental, envoutant et presque chamanique. C’est la chanson qu’on aimerait écouter au réveil après une cuite dans le désert californien, perdu au pied d’un cactus. Les moins réticents pourraient même voir des bribes de Kyuss dans ce titre…
On change complètement d’univers avec “If You Run”, balade passionnante chantée à merveille par Libby Grace. Les instruments savent se mettre en retrait avant de balancer la sauce pour équilibrer ce quatrième titre qui est sans conteste l’un des meilleurs de l’album.
C’est tout l’inverse pour le suivant, le bien nommé “Crucifire” qui achèvera ceux qui étaient encore sceptiques… C’est pourtant Mike Kerr (Royal Blood) qui s’y colle à la voix mais le rendu est un désastre… On croirait une reprise de Hole (oui oui, le groupe de Courtney Love), mais de moins bonne qualité (c’est possible…).
La piste suivante est aussi déroutante mais a au moins le mérite d’être drôle. “Chic Tweetz” a sûrement été enregistrée après absorption de psychotropes et aurait pu avoir sa place sur un album qui compte 15 ou 16 chansons. Mais pas 8.
Jamais deux sans trois? Pas cette fois on vous rassure. “Something You Can’t See” fait assurement parti des trois titres à sauver de cet album. Un petit air de surf music avec une belle ligne de basse et des vocaux mis en valeur par Jack Shears de Scissor Sisters.
Et on termine, comme d’habitude diront les fans ennuyés de Josh Homme, par une chanson calme assurée par le chef de la bande, histoire de rappeler qui est le patron. Dommage car au final, le patron aurait dû laisser un peu plus de place aux autres. Les seuls titres marquants, sans faire d’anti Josh Homme-QOTSA, sont ceux exécutés par les invités et on aurait aimé les entendre un peu plus. A quand un volume des Dessert Sessions où Josh homme resterait sagement assis derrière la table de mixage ?
Depuis qu’il a vu le jour en 2011 du côté de La Hague, Monomyth est devenu, au fil d’albums majestueux, inventifs et aériens, les fers de lance de ce qu’on pourrait définir comme du « stoner psychédélique acide spatial instrumental ». Les néerlandais vous transportent dans une galaxie lointaine, très lointaine… Dès son premier essai éponyme paru en 2013, Monomyth offre au public le premier volet d’une trilogie qui se poursuivra avec l’album Further (2014) et se concluera avec Exo (2016). Avec ces trois galettes, le groupe a gagné ses galons de maîtres du genre et, forcément, était attendu au tournant après trois années d’absence. La sortie de Orbis quadrantis en septembre dernier (toujours chez Suburban records) a mis fin à cette attente.
Alors évidemment, si vous êtes des adeptes des grosses guitares qui tâchent, du headbanging frénétique et de stoner velu et graisseux pour bikers, nul doute que l’écoute de Orbis quadrantis au mieux vous laissera froid, au pire vous fera fuir dès les premières minutes. Bon, en même temps, il en faut pour tous les goûts, le genre est assez vaste pour rassasier tout le monde… En bref, si vous aimez les envolées lysergiques à la Electric moon ou Colour haze, vous êtes les bienvenus, les autres, passez votre chemin…
« Aquilo » ouvre l’album avec des bruits de vague s’échouant sur la plage, d’un parquet qui grince et de quelques notes douces et suaves. On se croirait dans un de ces lounge bar à l’ambiance feutrée ! Et puis la guitare fait son apparition, noyée sous des nappes de synthé et des bruitages spatiaux. Après ces quelques 4 minutes introductives, on est comme happé par Monomyth, enfermé dans une bulle sensorielle qui n’est là que pour votre bien-être. Au bout de 7 minutes, le titre s’emballe et la guitare se fait plus présente. Une parfaite entrée en matière de plus de 12 minutes… La suite, intitulée « Eurus », est bien plus rythmée et plus énergique mais aussi plus synthétique. On navigue dans les eaux du free-jazz, voire du post-rock. Et que dire de « Auster » et son beat syncopé et très électronique, prétexte à de belles envolées de guitare très planantes. « Favonius » clôt cet album de façon très éthérée dans une atmosphère tranquille et propice à la relaxation.
Vous l’aurez compris, Orbis quadrantis s’adresse à un public averti et coutumier du post-rock et des grandes chevauchées psychédéliques. Monomyth ne plaira pas à tout le monde, c’est un fait avéré, mais ceux qui oseront s’y frotter trouveront dans cette nouvelle galette de quoi assouvir leurs besoins de douceur, de sensibilité et d’amour dans ce monde de brutes épaisses gavées à la testostérone et au houblon. Mais rien ne vous empêche de savourer Monomyth en dégustant une bonne mousse au coin d’un bon feu de cheminée…
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au niveau moral chez les Belges. (Je ne voudrais pas viser les joyeux Amenra ou Wyatt E. hein, mais quand même…) Throatsnapper sort son premier long format About the Dead et le moins qu’on puisse dire c’est que le quartet d’outre-Quiévrain ne respire pas la joie de vivre et c’est justement ce qui a attiré mon attention lors de la première audition. Entrez ici forces obscures et poisseuse désolation, soufflez fétides relents sépulcraux, autant te dire qu’on va se fendre la gueule, youpi!
Throatsnapper c’est un de ces groupes qui navigue en eau trouble. Un inclassable Sludge aux contours Black Metal. Il n’est pas rare d’y voir les mêmes oripeaux que ceux d’un Lumberjack Feedback. Il y a chez eux même quelques tours propres au Post Métal. Sur cet aspect je prends à témoins la batterie éthérée de “From Wood To Gallows”, la rythmique soutenue de la basse et surtout le jeu de gratte si caractéristique du genre.
Le quartet joue son Sludge façon bombardement en tapis. Sur le titre “Why” la double grosse caisse annihile les espaces vides et roule comme si tes tympans devaient être totalement anéantis. Je salue particulièrement le jeu de batterie d’Andreas Goumy qui arrive toujours à temps pour rehausser le propos de ses petits camarades par d’habiles saillies tout en étant un élément central de tous les morceaux sans jamais écraser le reste.
J’ai déja annoncé qu’il ne s’agit pas de faire dans l’allégresse avec About The Dead, c’est aussi dû en grande partie au chant torturé de Fabien Aletto. Un chant plaintif, hurlé renforcé par une dose conséquente de reverb, un souffle de douleur haineuse venu de la tombe. (C’est les passages où on se fend le plus la poire, la grosse déconne.) Une fois tout écouté et en particulier la piste martiale de clôture, “Dodenmars” (“Marche de la Mort” en Flamand, si avec ça on se tape pas sur les cuisses… ), la galette pourra être considérée comme trop borderline pour figurer en bonne place chez Desert-Rock pourtant un titre comme “Wintermoon” possède l’esprit du Doom et à bien y réfléchir tout l’album mérite sa place dans cette catégorie ainsi que celle du Sludge.
About the Dead est à déconseiller aux âmes sensibles. C’est un album Halloween au pays des gueules noires et de la métallurgie que vous êtes sur le point d’écouter en vous le procurant. Il faut saluer la maîtrise et la solidité de cette création même si elle ne restera sans doute pas en mémoire outre mesure, vous l’aurez compris cet About The Dead de Throatsnapper possède un ADN riche, séquencé en 36 minutes poisseuses, lourdes et catatoniques.
Lorsque l’on évoque Holy Serpent, on visualise de suite un quatuor talentueux sorti de nulle part en 2014, qui réalise coup sur coup deux albums de qualités – Holy Serpent en 2015 et Temples en 2016 –, et à qui tout semble réussir. D’heavy psych à acid doom rock vintage, les Autraliens domptent vite un jeu qui, s’il ne réinvente pas le genre, a le mérite de lui faire honneur. Le 18 octobre 2019, une nouvelle pierre nommée Endless s’ajoute au glorieux édifice du label Riding Easy. Et au regard de ces précédents exploits, on est en droit d’attendre du lourd dudit album.
Dès les premiers accords de « Lord Deceptor » nous sommes envoyés dans cette noirceur électrique ; ambiance particulière issue du subtil mélange entre mandales percutantes et délicates caresses. La voix de Scott ne sature pas ou peu, située au carrefour entre la douceur de Julien Pras (Mars Red Sky), avec cette même sensation de hauteur inaccessible, et l’apathie incantatoire de Dorthia Cottrell (Windhand). Côté instrument, l’écriture s’articule autour d’un doom acide certes lancinant, mais investi d’une profonde énergie. Une puissance qui se distille avec justesse au fur et à mesure des pistes, et qui se voit sublimée par une prod impeccable.
Comme « For No One » nous le rappelle, une grande quantité de fuzz habille l’album du début à la fin et en parfait le propos. Et même si l’introduction de « Marijuana Trench » suggère un retour à l’acoustique, il ne s’agit que d’une ruse visant à amplifier la gifle qui survient deux minutes plus tard.
Endless apparaît finalement à l’image de l’artwork qu’il revêt : un reptile ardent qui serpente avec une lenteur dévastatrice sur une vaste terre désertique, laissant cendre et charbon dans son sillage, sous les yeux prudents des vulnérables témoins de son passage. Ce troisième album, c’est non seulement la confirmation du talent prodigue des Australiens, mais également pour eux un tracé en direction du panthéon des groupes qu’on ne pourra guère ignorer demain.
Certains albums nécessitent plusieurs écoutes pour pouvoir être appréciées à leur juste valeur. Il faut s’en imprégner, qu’ils vous pénètrent (les esprits mal tournés, levez-vous…) et rentrent petit à petit dans votre inconscient et c’est seulement à ce moment-là que vous savez si vous aimez ce que vous écoutez ou non. Et puis il y a les autres, dont l’immédiateté de la qualité vous saute aux oreilles dès les premières secondes. Gaupa fait partie de ces formations dont vous tombez raide dingue après seulement quelques sillons. La musique de Gaupa (qui signifie « lynx » dans leur langue maternelle, le suédois) a quelque chose en plus, ce petit truc qui vous emporte dans un tourbillon de sensations et de sentiments.
Ce premier EP a été balancé sur le net en juin 2018 mais c’est seulement maintenant depuis quelques jours qu’il a été édité sur support physique (chez Kozmik artifactz), autant dire une éternité pour ceux qui l’ont découvert l’an dernier et qui rêvaient de tenir dans leurs mains cet objet au visuel totalement dingue, représentant un lynx bariolé aux couleurs éclatantes. Déjà, l’an dernier, cet EP 5 titres avait obtenu de très bons retours auprès de la critique, louant des qualités de compositions impressionnantes et des sonorités permettant aux auditeurs de s’élever haut dans le ciel sans avoir recours à d’improbables substances. L’été dernier, Gaupa avait même foulé les planches du Sweden rock, une institution du genre, pour l’une des premières prestations scéniques du groupe et qui aura marqué l’auditoire.
Alors, pour ceux qui n’aurait pas encore écouté Gaupa, c’est comment au juste ? Eh bien, prenez ce qui se fait de mieux dans le stoner rock contemporain (ambiances enfumées posées sur une rythmique vindicative, grosses guitares) et ajoutez-y une voix, mais pas n’importe laquelle : une voix de prêtresse chamanique, un organe irréel qui couvre plusieurs octaves et qui rappelle les plus grandes en la matière, de Jessica Thoth à Elin Larsson. Sans oublier Björk, l’elfe islandais le plus dingue de la planète, qu’on croirait entendre tout au long des cinq titres (c’est d’ailleurs parfois assez déstabilisant).
Vous l’aurez compris, je suis tombé raide dingue de ce premier EP en forme de coup de maître pour le quintette suédois qui, je l’espère, continuera sur sa formidable lancée au fil des années. Ne reste plus qu’à croiser leur route un de ces jours pour les apprécier en live ce qui, je pense, ne sera pas difficile… En attendant, je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille sur cet EP franchement grandiose et qui ratisse large en terme de variété de genre (doom, psych, desert rock, classic rock…) pour satisfaire tout le monde.
“Le temps passe, mais certaines choses ne changent pas. Des valeurs sûres… Troisième album chez Napalm Records pour nos quatre australiens, et le temps ne semble pas avoir de prise sur leur heavy rock fuzzé aux hormones. […]” voilà comment commence notre dernière chronique en date de Mammoth Mammoth et alors que sort le dernier long format du groupe et on ne saurait en dire plus que ce qui a déjà été écrit. Droit au but, voilà le créneau qui fait la renommée de nos gars et c’est reparti pour un tour de tartes aux phalanges dans la gueule avec Kreuzung produit toujours par Napalm Records.
L’album est sans surprise, c’est le constat absolu concernant le quartet depuis quelques années. Qui aurait le mauvais goût de résister à ce matraquage de fûts constant ou à la rythmique d’un AC/DC des débuts sur “Wanted Man”? La galette est fondue dans l’Iridium, inaltérable elle résistera tant à la corrosion qu’à l’agression aussi bien du laser que du diamant, un son nickel et une musique qui dépasse le temps. Tu vas pouvoir jouer Kreuzung non stop. Un coup de mou? Kreuzung! Une envie de faire la fête? Kreuzung! un coup de colère destructeur? Kreuzung! Une envie d’aller aux chiottes? Kreuzung!
Voilà un 4×4 fait main qui t’emmènera plus d’une fois sur des chemins d’ornières et de poussière. Ça secoue sur “Sceamin’”, ça swing velu sur “Tear It Down” et ça saute haut sur “Mad World”. Tu vas ressortir de ce disque avec des crampes partout et tu sais quoi? tu vas en redemander en geulant “Motherf@cker”!
La force de Mammoth Mammoth faut bien admettre que c’est l’authenticité de morceaux conçus Hard Rock comme à la belle époque et en prime avec un tempo qui te fais décoller en moins de deux. J’en veux pour preuve l’efficace “Let’s Go” qui rien qu’avec son titre te chope par un bras pour te foutre au sol et “God’s Gonna Hate Me” qui te piétine en t’injuriant pour finir la plaque.
Je vais pas disserter trois plombes, même si le son est plus léché qu’auparavant, Kreuzung c’est un album normal pour Mammoth Mammoth, une trempe un samedi soir, allumé au Bourbon dans une rue mal éclairée. Tu tiens là une plaque que tu vas jouir par tous les pores de ta peau comme au sortir d’un Live ou tu as pogoté toute la nuit. Cerise sur le gâteau? L’artwork du disque envoie le steak. Allez, cherches pas, viens te faire laminer, c’est avec le sourire que tu vas cracher tes dents!
Passé sous nos radars mais disposant d’une solide expérience, The Great Machine est un trio israélien qui a sorti il y a quelques temps son quatrième long format chez Reality Rehab Records. Cet album, Greatestits, comme son nom l’indique, n’est pas un greatest hits mais une sorte d’album Gonzo qui devrait quand même contenir quelques perles pour orner le collier des titres représentatifs de leur carrière.
Le crédo de The Great Machine, c’est un peu la liberté, la liberté de n’être pas étiqueté autrement que sous la référence distorsion. Muni de ce savoir tu ne seras pas déstabilisé à l’écoute de “Chris” qui t’offrira un Stoner pur sucre mais avec un chant un peu hors norme. Tu ne seras pas totalement perdu alors en dérivant vers un “Bitch Too” complètement barré, hurlé, scandé sur matraquage de fûts où The Great machine clôture en halètements orgasmiques des cordes, des voix et d’autres trucs qu’on ne préfère pas définir.
Le trio propose quand même pour te reposer un morceau plus cool et swing sur “The Capricorn’s Silent Walk Through Pagan Fire And The Sea Of Blood”. Rien qu’avec un titre comme ça tu auras compris l’état d’esprit des gonzes. Ne te fie pourtant pas à l’ambiance de début de ce titre de près de 10 minutes. Il scintille de multiples facettes, Stoner, Doom, Rituelle, Barrée tout simplement. La charnière et le must de cet album.
Clairement Greatestits n’est pas un album monomaniaque, lorsque des envies de metal plus extrême prennent The Great machine ça donne “Keith”, et comme rien n’est linéaire le morceau vient se heurter au titre suivant “Hollow” qui va chercher l’apaisement et l’atmosphérique. Tu retomberas sur tes pattes quoi qu’il arrive avec la conclusion “DM II” et un Doom qualifiable de classique avec 11 minutes 40 de boucles aguicheuses, de fond de roulement pour bassiste et d’envolées psychédéliques pour guitariste.
Au vu de toutes ces influences et du chaos que représente cet album tu pourrais penser que c’est un “machin” comme disait le vieux képi étoilé anti-onusien. Il n’en est rien, l’affaire est rondement menée et le tout surfe sur une qualité musicale rare. Le groupe s’offre l’art d’accommoder autre chose que les restes, une cuisine riche mais pas pesante. En clair, si tu es un peu curieux et pas réfractaire à ce qui sort de l’ordinaire, tu te dois d’écouter Greatestits (et pourquoi pas toute la discographie) de The Great Machine