Fu Manchu – Clone of The Universe

Pour résumer la carrière de Fu Manchu en quelques lignes, il suffit de rappeler ces deux informations : trente ans de carrière et douze albums Studio avec ce Clone of The Universe. Autant dire que le quatuor ne s’est jamais reposé sur ses lauriers en s’imposant comme l’un des groupes piliers du style Stoner/Rock. Alors que les Californiens sont toujours restés fidèles à eux-mêmes, comment réussir à tenir aussi longtemps et à conserver une aussi grande reconnaissance ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer avec ce nouvel opus.

La grande force du groupe réside tout simplement dans cette magie du son facilement reconnaissable dès les première secondes : une texture Fuzz et rythmée, souvent imitée mais jamais égalée. En effet, ce nouvel album confirme encore une fois qu’on peut très bien conserver son authenticité artistique tout en réussissant à captiver le public. Il suffit d’avoir assisté à ce super concert à la Maroquinerie de Paris en octobre 2016 pour comprendre qu’entre son public et le groupe une grande histoire d’amour s’intensifie à chaque album. Mais depuis les deux derniers albums (Gigantoid et Signs Of Infinite Power), on ressent quand même l’envie de renouveler cet univers sans pour autant user d’artifices instrumentaux ou d’effets supplémentaires.

D’un point de vue général, la galette est Rock à souhait avec deux ambiances très différentes : une première partie d’album colorée et donc assez classique, et, une deuxième partie beaucoup plus sombre, voire pessimiste. On a l’impression d’être dans un film d’horreur : au début, on s’amuse avec innocence, puis on tombe sur des monstres et l’histoire se termine mal. Cette double lecture s’explique en décortiquant les morceaux. En effet, des titres comme « Intelligent Worship » et « Don’t Panic » sonnent comme ce que la bande nous a toujours habitué à entendre : du Fu Manchu. Mais il n’en demeure pas moins qu’on prend toujours autant de plaisir à écouter ces pistes avec « coolitude », tels des skateurs californiens : claque en plein visage, Fuzz à souhait et solos lourds appuyés par de la wah-wah.

Puis on arrive à cette seconde partie plus creusée dans sa profondeur rythmique et instrumentale. C’est justement le titre « Slower Than Light » qui trace la démarcation : on ralentit la cadence à coup d’intro de basse, on se pose puis tout d’un coup, on explose vers la dépression lourde à base de Flanger. « Nowhere Left to Hide » ainsi que le titre éponyme « Clone Of The Universe » s’ensuivent pour proposer des tons encore plus sombres et sinistres. Tout cela grâce à un tempo plus lent, plus lourd mais en conservant cette inspiration non négligeable du groupe qu’est le Punk. Enfin, l’album se termine avec un titre phare et monstrueusement exquis : « Il Mostro Atomico ». Un majestueux morceau instrumental qui libère tout l’arsenal artistique des Californiens : changement de tempo, groove à souhait, son Fuzz de l’enfer et lourdeur envoutante. On y notera la participation d’Alex Lifeson du groupe Rush.

On peut donc dire que ce « Clone of The Universe » arrive à point nommé dans la discographie du groupe. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs albums qu’ils aient pu faire. Savourez-le avec délice et sans modération.

Stone From The Sky – Fuck the sun

Après un premier album intitulé NGC 1976, éponyme de la nébuleuse d’Orion, les Manceaux de Stone From The Sky nous ouvrent en 2017 un nouveau portail vers leur univers cosmique. Une dimension de Heavy psyché et d’Instrumental fuzz qui repousse les orbites conventionnelles et qui s’appelle Fuck The Sun.

Ici, on dit merde à l’astre majeur et on se laisse bercer par la profonde et ténébreuse infinité du cosmos. On traverse des mélodies hypnotiques, des interludes planants jusqu’à se faire avaler par de vertigineux soli. Et toujours aux sorties de ces doux instants, le trio nous cueille, armé de puissants riffs comme dans « Monkey’s lab » ou « Inside the Dalek », rappelant ainsi que derrière ce psychédélisme soi-disant inoffensif se cache une grosse disto. La basse ronde de Dimitri se met alors à grogner, accompagnant les lourds accords claqués par Florent tandis que Dylan martyrise sa crash afin de garder tout le monde dans les clous.

Outre l’appellation du premier opus, lever les yeux au ciel semble constituer un thème d’inspiration principal. Et si l’on en croit la présence des Daleks et de Trantor dans deux titres de la galette (respectivement les Némésis du Docteur Who et la capitale de l’empire galactique dans la série Fondation d’Asimov), inutile de nier que nos amis des Pays de la Loire affectionnent la SF.

« Welcome to Trantor » justement ; ce morceau à la mélodie inquiétante, constellé d’accords noirs et sidéraux qui évoquent la grandeur d’une comète majestueuse tout comme son hostilité. À l’image des cinq autres morceaux de l’album, la composition y est soignée et se révèle superbe. Les séquences qui suggéraient tantôt Color Haze ou Mother Engine se rapprochent dorénavant de Russian Circles, avec son frotté frénétique de cordes si caractéristique. Y’a pas de doute, on voyage.

Avec Fuck The Sun, le trio ne se contente pas d’exceller dans son genre, il assume pleinement ses contradictions, réinvente le style et finit par le transcender. Pour un groupe qui arbore la maxime « Un minimum d’instruments pour un maximum de dégât », le pari s’avère plutôt gagnant.

Doom Side Of The Moon – Doom Side Of The Moon

 

Doom Side Of The Moon est une auto-prod née sous la férule de Kyle Shutt du groupe américain de heavy, « The Sword ». Il est accompagné par Bryan Richie à la basse et  Santiago Vela III à la batterie, tous deux issus de la même formation. Le groupe est complété par un clavier (Joe Cornetti de « Croy & The Boys »). et un saxophoniste (Jason Frey de « Black Joe Lewis » et « Hard Proof »). Kyle en cherchant à réaliser une version heavy de « Time » des Pink Floyd n’a pas réussi à s’arrêter, évoluant vers un cover complet de Dark Side Of The Moon. Le présent album est sorti au U.S le 04 août 2017, la date exacte des 50 ans de la sortie du premier album du Floyd. L’Europe aura été de son coté gratifiée d’un pressage au mois de décembre.

Ce Cover album est trompeur dans son titre, il ne sonne pas doom mais plutôt stoner. Là ou le chant de Clare Torry rendait “Great gig in the sky” un peu lénifiants , Jason apporte une touche de saxophone suffisamment torturée pour nous plonger dans un univers plus sombre et plus percutant. La volonté de Kyle de mettre les guitares sur le devant de la composition apporte une force émotionnelle supplémentaire à chaque morceau. Les compositions ont été respectées presque à la lettre, on ne touche pas à l’écriture du monstre sacré. Le son lui à été décapé et revêtu d’un grain plus rugueux, plus heavy, c’était le but après tout.

Ce qui était pour moi les morceaux phares de l’album le restent.”Money” prend en ampleur avec son esprit stoner. “Brain Damage” est plus torturé, ce qui était nécessaire au vu du titre, le sax’ asthmatique fait vriller les tympans et le chant  plus dense et plus maladif colle à l’étiquette. Fini l’insouciance et la légèreté ça justifie le Doom du titre.

“Any Colour You Like” amorce le final, métamorphosé en une brute épaisse et basse à souhait. La clôture est montée comme un son et lumière. “Eclipse” monte en explosion auditive, pour le visuel, on se raccrochera aux souvenirs scénographiques de la tournée “Pulse” de Pink Floyd qui imposent leur évidence avec la tonalité de ce cover. Même si l’interprétation de la clôture perd de la sensibilité de l’originale c’est un beau bouquet final qui nous est offert pour compenser. Soyons honnêtes l’album n’est pas exempt de défauts, “Us and Them”  perd en chromatisme avec des envolées moins prégnantes et on pourrait désapprouver à demi cette vision écrasée qui néanmoins reste dans la cible du projet.

On peux dès lors raisonnablement se demander si cet album est  meilleur que l’original. A vrai dire, on s’en fout! Ce qui compte, c’est que cet album soit aussi bon que le souvenir que nous avons de la première écoute de l’original. L’expérience Doom Side Of The Moon est clairement une réussite, en particulier lors d’une écoute croisée avec Dark Side Of The Moon.

Au mois de Mars sortira un EP, intitulé « Encore » ou seront repris « Have A Cigar » ; « Wish You Where Here” et trois versions différentes de “Pigs”. On espère que ce ne sera pas avoir les yeux plus gros que le ventre et que cet EP sera aussi bon que le présent album.

En attendant, vous pouvez toujours vous faire un avis avec cet extrait.

 

Mooner – Tabiat


Difficile de rattacher un groupe au mouvement stoner avec toutes ses variantes. On flirte parfois avec la ligne du rock 70s, du metal, du psyché… Avec leur premier album
Tabiat, les Indonésiens de Mooner dévoilent douze titres de pur rock psychédéliques aux légères teintes stoner. Surprenant.

Premier opus ne signifie pas inexpérience pour les musiciens de Mooner, déjà bien aguerris dans leurs contrées. Et ils n’hésitent pas à la prouver de manière subtile comme sur « Hei » et cette ligne de basse à la fois fracassante et envoutante. L’album est plutôt bien équilibré, avec tout de même quelques ovnis comme « Serikat » qui nous fait plus penser à un morceau de pop asiatique. Rien de gênant pour autant.

La recette est très bonne dans l’ensemble et écouter un bon gros rock chanté en indonésien a au moins le mérite de varier les plaisirs. D’ailleurs, parlons de cette ligne vocale diablement efficace. La chanteuse garde une approche assez basique mais bougrement efficace. Un peu répétitive par moment, excepté sur « Seruh » où on sent une volonté de mettre en avant le chant contrairement aux autres pistes.

Ce qu’on aime chez Mooner, c’est cette rythmique entrainante où la basse joue ici un rôle mélodique prédominant avec un son fuzzy loin d’être désagréable. Mais c’est réellement la batterie qui apporte cette touche originale avec des percussions aventureuses, aux sonorités indiennes. Un peu de tam-tam par ci, de la flûte par là comme sur « Ternganga » qui clôt l’album de façon admirable. La guitare s’en tient aux classiques du rock 70s avec quelques riffs plus pêchus au fil des 12 titres de l’album.

Tous ces petits détails font de « Tabiat » un concept intéressant, souvent intrigant mais avec les ingrédients d’un bon album de rock psyché. Mooner vise juste et sans abuser des superlatifs, on peut facilement dire que le groupe propose quelque chose d’innovant. De plus en plus rare pour être souligné.

Octopussy – Dwarfs & Giants

En 2013, Gdynia, ville portuaire au nord de la Pologne, voyait naître un quintette armé d’un premier opus aux accents très « Clutchiens ». Mais après quatre ans, l’ajout d’un second guitariste et le remplacement du chanteur par Jan Babiński, la pieuvre Polonaise surgit à nouveau des mers pour nous gratifier du très sérieux Dwarfs & Giants.

L’album combine avec grâce Stoner Rock, Rock’n’roll et une quantité non négligeable de blues fleurant la Louisiane et ses rednecks. Pourtant, l’influence de Clutch s’efface cette fois au profit d’une identité plus affirmée, d’un vrai travail de fond. Les guitares de Piotr Danielewicz et de Michał Banasik enchaînent les riffs arrondis et pleins de chaleur, composant avec la basse de Marcin Bąkowski et la batterie pour offrir un groove puissant. Dès le début de « Birdman » on sent que ce groove restera un leitmotiv pour tout l’album ; enfin juste après l’intro frénétique du batteur Konrad Ciesielski. Lui qui distribuera des breaks véloces du début à la fin et ne se lassera jamais de transcender les titres par son énergie.

Afin de glorifier le tout, et comme si les soli de guitare ne suffisaient pas à nous faire frissonner, le clavier spatial de Michał Koziorowski apporte encore davantage de couleurs à cette palette. Tantôt en invoquant des ponts d’une autre dimension comme à la fin d’« Hourglass » ou bien en créant d’authentiques interludes tout ce qu’il y a de plus psyché à l’image de « Float ».

Le combo voix clavier invitera certains à penser à All Them Witches, d’autres diront Left Lane Cruiser en entendant « The Search », et tous auront un peu raison. Pourtant, en dépit des bottleneck et de quelques arrangements peu originaux, Octopussy propose avec ce deuxième album une soupe vraiment riche et non moins délicieuse. Les morceaux « Dwarfs & Giants » et « Future Western » en attesteront mieux qu’un quelconque discours.

Dans cet ultime titre, constituant quand même les 1/5 de l’album, on nous raconte une histoire. La batterie galope et propulse le voyageur en plein cagnard Ouest américain, tandis que les guitares lâchent des accords sporadiques comme autant de tumbleweed traversant la route poussiéreuse. Puis arrive la voix du chaman en pleine incantation qui cheminera peu à peu jusqu’aux épiques péripéties. Le clavier nous guide alors vers un dénouement explosif tout en riff musclé et solo mélodieux.

Écouter Dwarfs & Giants d’Octopussy s’apparente à une traversée en mer. Il faut autant se préparer à naviguer sur les eaux calmes que se montrer prêt à affronter les vagues par gros temps.

Bon vent.

Gurt – Skullossus

 

On avait bien aimé le précédent effort de Gurt, Horrendosaurus, giclée nerveuse et enthousiasmante d’un sludge poisseux et nerveux, doublée d’un humour rafraîchissant. On a écouté plus erratiquement les quelques titres crachés par le combo via des EP, split, singles… Une discographie un peu chaotique. Sur disque, le groupe ne paraissait pas se prendre au sérieux, ça nous a plu ; d’autant plus que musicalement, les gaillards étaient solides.

On appréhende donc ce Skullossus avec bienveillance et intérêt. Les premières écoutes sont d’ailleurs plaisantes et ravivent de bons souvenirs : le groupe n’a pas trop changé. Les écoutes suivantes en revanche suscitent leur lot de circonspection… Musicalement, on est bien toujours ancré dans un environnement sludge toujours très nerveux, avec des penchants très très « core » et bien metal quand même : un chant subtil, tout en déchirement guttural option tesson de bouteille, un son de guitare affuté, une basse très saturée et une batterie qui blaste beaucoup… On pense à une sorte d’enfant batard entre Dopethrone, les Crumbsuckers, Iron Monkey et Hatebreed, en gros. Tout ça manque un peu de gras dans les sons, et d’un peu de groove et de rondeur dans les rythmiques, plus souvent sèches et saccadées ici. Le train Gurt défile sans jamais vraiment s’arrêter, enchaîne les titres comme autant de glaviots, et finit son ouvrage par un plan « instru prout-prout » (faussement) subtilement imaginé pour créer une sorte de boucle pour l’album, avec une intro qui peut s’écouter en continuité (artifice déjà entendu mille fois). Musicalement on n’est pas forcément dans la gaudriole, loin de là, avec uniquement « Existance is Pain » comme titre un peu plus léger et décalé (avec en gimmick un sample de Beavis & Butthead – un peu téléphoné, quand même…).

Et donc, malgré toute l’affection que l’on porte au groupe, notre ressenti après plusieurs écoutes est plutôt mitigé : les riffs sont trop souvent insipides, les compos parfois un peu indigentes… Passés à côté de l’essentiel, nos anglais ? L’humour emblématique du combo est toujours présent, mais uniquement à travers des titres des chansons, oscillant entre private joke et gros calembour pouet-pouet (« John Gar See ya Later », vraiment ?!…). On espère qu’ils ne se sont pas trop emmerdés en tout cas à glisser leur humour british dans les paroles, ce serait un beau gâchis, celles-ci étant globalement peu intelligibles.

Le jugement est un peu rude, car on aime bien le groupe, et il serait malhonnête de passer sous silence les qualités de ce disque, qui propose quand même quelques mandales de bonne facture, à l’image du très hardcore « Gimme the Night, any Day », ou les heavy doom « Meowing at the fridge » et « The ballad of Tom Stones and Reg Montagne (Pt. 1) », excellents (seuls titres sur lesquels le tempo est un peu ralenti… coïncidence ?). Mais est-ce que ça suffit à ressortir le disque de son étui dans deux ou trois mois, poussés par l’envie de le réécouter, tendre l’autre joue en quelque sorte ? Le temps nous le dira.

On en ressort toutefois avec la conviction que c’est sur scène que Gurt risque de faire le plus de dégâts, et dans ce contexte Skullosus fournit au combo une poignée bien fraîche de nouvelles bombes à déflagrations ; des bombes plutôt propices aux mosh pits qu’au headbanging, certes, mais qui devraient faire pas mal de dégâts…

Deadly Vipers – Fueltronaut

Écouter de nouveaux albums c’est un peu comme évoluer dans le désert. On peut avancer en paix, appréciant simplement la chaleur du soleil sur son visage, tout comme on peut marcher sur un serpent planqué et se retrouver avec deux crochets dans la peau. Et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, un venin de frénésie vous coule dans les veines, déchaînant sa puissance fuzzée pour les prochaines 47 minutes.

Pour leur premier album sorti chez Oak Island Records en octobre dernier, les Perpignanais de Deadly Vipers commencent très fort. Une intro frôlant le doom pour s’échauffer les tympans et on plonge pour huit pistes partagées entre Fuzz rock, Hard rock et même Heavy bues.

Par la richesse de ses compositions, Fueltronaut nous transporte d’oasis instrumentals, comme « MeteorValley », « Fuel prophecy », en canyons vertigineux tels que « Universe » ou « Doppleganger Sun ». Les lourds riffs fuzzés à balle de David et Thomas se marient à merveille à la voix haute et puissante de Fred. Laissant à penser que Deadly Vipers serait le rejeton illégitime de Truckfighters et de Kyuss ; enfant conçu un soir de fièvre sur l’autel de l’impétuosité.

Cependant, là où certains se contentent d’imiter, les gaillards du sud proposent davantage. Outre la furieuse énergie qui transpire du quartet, comme en témoigne la survoltée « supernova », on découvre aussi de vraies épopées. À l’instar de « Stalker » dont la mélodie sublimée par un chant crooner lancinant se mue peu à peu en une tragique sortie qu’on aurait souhaité voir prendre vie à son tour.

Fueltronaut se révèle être un excellent album, bien écrit, chargé comme un réservoir de nitro et au moins tout aussi instable. Derrière le moindre interlude un peu reposant, ça vous pète à la tronche et vous inscrit un franc sourire au visage.

Viens par ici, maudite vipère, et mords-moi encore !

Interstelar – Resin

Dans un groupe de musique, il y a ceux qui se trouvent de suite. Ceux qui adoptent un style, en explorent les tréfonds jusqu’à s’approprier le genre. Et puis il y a ceux qui comptent plus de membres passés qu’actuels, ceux qui se réinventent sans cesse, toujours à la recherche d’un idéal qui leur échappe. Les californiens d’Interstelar semblent appartenir à cette seconde catégorie.

Formé en 2005 à partir d’un split d’Ubyk, Interstelar sortent deux EP respectivement intitulés React in silence et On black Waves, qui aboutissent chacun à la refonte quasi-totale du groupe. L’acharnement de Jason Kothmann fini tout de même par payer, car en août 2016, soit cinq ans après leur dernière sortie, le miraculé Resin pointe le bout de son nez.

On commence par « SiL0 », dont le riff digne d’une chevauchée épique en Arizona et le martèlement des toms de PJ McMullan façon bucheron lancent la machine. Puis on nous lâche « Resin », qui à l’image de « Hold it » et « Behold » comprend une série de riffs bien burnés sur lesquels atterrit la voix spectrale de Jason. Voix dont les accents « TOOLiens » ne leurreront personne.

À bien des égards, cet album vous prendra à revers. Tout d’abord par la présence des titres « Opposite Daze » et « Armada », repris du deuxième EP et réarrangés par le nouveau line-up. Une initiative qui dénote cette volonté de perfectionnement qui semble chère au groupe. Puis par la présence des deux ovnis que sont « High Horse » et « Sequoïa ». Car si le reste de la galette s’articule autour de riffs stoner/grunge, de grooves space-rock, le tout teinté d’un psyché moderne, on est ici bien loin des standards du genre. Certains y verront une proposition nouvelle, l’oasis de fraîcheur dans le désert rock aride, alors que d’autres se demanderont simplement où ils viennent de mettre les pieds…

« Sequoïa », c’est un peu le générique du film. Là où, après s’être rassasié des grosses distos de Gary Gladson et de la rythmique solide de Joe Puccio, on quitte le cinoche en essuyant le popcorn collé sous nos godasses. Une balade en guitare sèche, douce, aérienne, et constellée de motifs mélodiques à la Dream Theater.

Resin se positionne donc au carrefour entre plusieurs dimensions. Un voyage au travers d’univers que je vous invite à découvrir par vous-même. Car chacun y trouvera son bonheur.

 

The Howling Void – The Darkness At The Edge Of Dawn

Ryan Wilson n’a besoin de personne pour composer son doom planant. Le leader et unique membre de The Howling Void vient de livrer son nouvel opus sobrement intitulé The darkness at the edge of dawn. Avec ce sixième album, le Texan reste dans la lignée de The Triumph of Ruin, paru en 2016. On se retrouve dans un doom très nuancé, qui s’écarte du concept originel beaucoup plus sombre et funéraire lorsque l’artiste a démarré sa carrière à l’aube des années 2000.

On commence l’écoute de The darkness at the edge of dawn au creux de la vague avec « Distant Shores », une intro planante où Ryan Wilson dévoile quelques bribes de sa voix, lointaine, irrégulière, comme un souffle sorti d’outre-tombe. Tout au long de l’album, le chanteur s’abstient de growler et conserve son timbre clair, plein de zénitude.

Le Texan se lâche un peu plus au niveau des vocalises avec « A seed on stone », la deuxième piste, complètement différente. On flirte ici avec le métal symphonique, avec toujours ces riffs lancinants et ravageurs. On regrette juste la double pédale trop présente en fin de morceau qui dénature un peu l’outro.

Le titre éponyme, troisième morceau de la galette, résume parfaitement l’ambiance que souhaite développer The Howling Void. D’un côté un gros son bourré de distorsion, une batterie qui cogne et une basse qui soulève la mélodie. De l’autre, des notes de synthé bien dosées qui créent cette atmosphère particulière. Avec une voix planante pour enrober le tout. Le milieu du morceau s’aventure même dans un solo bluesy à la Hendrix… avant de repartir de plus belle vers les sommets du doom classique. C’est sûr, il y a quelque chose de Tool au royaume du Texan.

Les deux derniers titres sont dans la même lignée que l’intro de l’album. Dommage, on aurait aimé découvrir encore de nouvelles ambiances, surtout que le CD ne compte que 5 titres…

The darkness at the edge of dawn est une fresque musicale de 38 minutes, avec autant d’ambiances à déceler. L’album s’écoute d’une traite ou pas du tout. Sans hésitation, on a choisi la première solution.

Corrosion Of Conformity – No Cross No Crown

La carrière de Corrosion Of Conformity ne ressemble à aucune autre : d’abord quatuor, avec un chanteur vite remercié (Eric Eycke, décédé en septembre 2017), puis trio, le groupe obtient un véritable succès critique et commercial lors de l’inclusion de Pepper Keenan en 1994. Le guitariste/chanteur, à la voix et au style plus mainstream que le hardcore teigneux des trois autres, permet à ceux qui rapidement se feront appeler COC de réaliser de grandes choses, à commencer par une tournée en première partie de Metallica (1996). Après 4 albums, Pepper doit prendre un peu de recul en 2005 face au succès et aux tournées incessantes de Down, side project de nombreuses stars vite devenu attraction principale et catalyseur de la scène NOLA. Qu’à cela ne tienne, en 2012 Dean, Mullin et Weatherman, nos trois teigneux, relancent la machine sans leur guitariste/chanteur au nom épicé. Deux (bons) albums et un (super) EP sortiront de ce renouveau avant que Pepper, ayant enfin un peu de temps devant lui, réintègre la formation le temps d’une tournée en 2014.

De l’aveu même des musiciens, Nuclear Blast leur a fait à ce moment une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser. Le groupe est donc entré en studio, les mains vides mais les poches pleines, pour composer et enregistrer le premier album de COC avec Pepper Keenan depuis 12 ans. A la façon des groupes des années 70’s (à la façon de Black Sabbath nous dit même la bio), les quatre compères sont partis d’une page blanche pour accoucher de No Cross No Crown, après de nombreuses semaines de travail et plus de 40 jours de studio.

J’ai beau être un grand amateur de Corrosion Of Conformity, j’ai un problème avec l’ensemble de leur discographie : les albums sont trop longs. Ils l’ont toujours été. Cet excès de générosité (une façon polie de dire « incapacité à trancher ») a terni la plupart des disques précédents. Même lorsque le groupe touche au sublime (accordons nous sur Deliverance et America’s Volume Dealer pour le consensus, Animosity, Wiseblood ou Blind également), une poignée de titres, faces B à l’inspiration moindre, sont toujours venues alourdir la digestion. Et No Cross No Crown n’échappe pas à la règle. Que de moments enthousiasmants pourtant sur cet album ! Les riffs foisonnent (« Wolf Named Crow », « Cast The First Stone », « A Quest To Believe (A Call To The Void) »), Pepper cabotine un peu certes mais trouve toujours quelques textes qui feront remuer la fosse (« Nothing Left To Say »), même si tout ici reste de magnitude 5 ou 6 maximum sur l’échelle de “Clean My Wounds”. Mais 10 titres et 4 interludes c’est beaucoup en 2017. Pas seulement que notre capacité d’attention ait baissé, c’est aussi et surtout que le heavy rock a quelques milliards de kilomètres au compteur. Donc à moins de n’accoucher que de titres inoubliables, il est de bon ton de tout faire rentrer sur un simple LP. De filer la métaphore des 70’s jusqu’au bout en somme. Pareil pour les interludes. J’ai bien saisi le précepte de respirations mais de là à ce que nous poumons soient au bord de l’explosion il y a une marge que COC a tranquillement rogné, atteignant ici les limites inhérentes à la production d’un album sans contrainte, artistique ou temporelle (le groupe avait un temps presque infini en studio) ni de la part d’un label semblant avoir offert un blanc-seing (nucléaire), ni de la part d’un producteur qui les a semble-t’il surtout accompagné, en bon ami qu’il est (John Custer, derrière tous les albums du groupe depuis Blind en 94).

Finalement, No Cross No Crown est exactement l’album que nous nous attendions à entendre de la part d’un groupe en pleine retrouvailles : un grand déballage de complicité musicale parsemé de moments de bravoure dont émane quelques saveurs inutiles, évitant de justesse l’écueil redouté : que tout le sel de cet album ne réside qu’en le retour de Pepper.

 

Point Vinyle :

Nuclear Blast la joue simple et efficace, avec un peu de couleur pour les diggers (500 en Purple Splatter, 300 en gris, 300 orange) et du noir c’est noir pour ceux qui n’ont plus d’espoir. Le tout en un double vinyle trop long, sans parler de cette vilaine pochette qui saura indisposer au mieux vos invités lors de vos diners mondains.

The Re-Stoned – Chronoclasm

 

En décembre dernier, le trio moscovite The Re-Stoned formé en 2008 a sorti son sixième album et il n’était que justice que nous évoquions leur travail. Jusque ici adeptes de sonorités fuzzy et planantes, cette dernière galette résonne comme la maturité d’une réflexion  personnelle et une orientation plus introspective  au sein de contrées psychédéliques et bluesy.

Le titre de l’album, “Chronoclasm” que l’on pourrait expliquer comme la destruction des références temporelles est particulièrement bien choisi. Les morceaux sont composés comme des parenthèses rythmiques rigoureuses au sein desquelles le trio déstructure le tempo. The Re-Stoned fonctionne comme une jam-session permanente et ce n’est pas nouveau. Les albums précédents en étaient la preuve et celui-ci ne fait pas exception. On remarque  plus de rigueur que précédemment et du point de vue stylistique on a affaire à un Stoner Doom Instrumental aux arrières goûts de Color Haze pour les sonorités et de Naxatras pour les variations rythmiques.

Le pivot du groupe reste le guitariste Ilya, qui aurait parfois tendance à écraser les deux autres mais c’est sans compter sur la rigueur de Vladimir  à la basse et de Yaroslav à la batterie, ces derniers assurent un cadre fort au sein duquel Ilya est libre de s’exprimer peut être parfois un peu trop.

Les compositions tiennent toutefois la route bien qu’il faille plusieurs écoutes pour finir de se convaincre qu’il s’agit d’un album de qualité à ajouter à sa collection.

 

Kal-El – Astrodoomeda

Kal-El est un groupe de Space Stoner qui officie du côté sombre de la lune depuis 2014. Les suédois Liz, Bjudas et Roffe menés par Captain Ulven ont débarqué dans notre orbite en août avec leur troisième album, “Astrodoomeda” sorti chez Argonauta Records.

L’artwork de toute beauté ravira les amateurs de gros seins, de baudriers en simili cuir et de pistolets lasers qui font “puhuuii puhuuii”, bref, un concentré de S-F vintage sexy.

L’introduction est un fuzzy-trip en apesanteur. On sent les boosters des guitares nous propulser au travers de lointaines galaxies.  Impossible de ne pas penser à Elephant Tree sous la lourdeur des riffs et la redondance de la basse. Si les compos sentent fort le Doom, la grâce et la légèreté vocale permettent au vol de ne pas se crasher. L’album offre un Stoner au tempo modéré et on retiendra la bouffée d’oxygène psychédélique du morceau “Starlight”qui laisse planer au delà des dix minutes.

Passage en vitesse lumière sur « Code Of the Ancient », Kal-EL accélère et prend son temps à la fois, les coups d’arrêts du tempo sont brusques mais ça repart aussitôt vers de nouveaux systèmes solaires musicaux. Pour « Spacecraft », la vaisseau mère éjecte un avant-dernier titre et ça balance comme une entrée dans l’atmosphère. La basse percute, la gratte gémit et Captain Ulven hurle son chant aux inflexions proches de Christian Linderson de Goatess.

Si vous cherchez Kal-El et sa capsule spatiale de secours, il faudra vous rendre dans le désert, pas loin du tipi de Monsieur Brant Bjork, puisque l’album se termine sur une reprise engourdie de « Green Machine » confirmant qu’on est revenu à la maison, à moins que l’on n’en soit jamais parti avec cet album qui navigue selon des coordonnées connues  au sein d’une production de qualité.

Mangoo – Heat

 

Daté de 2012 le dernier album de Mangoo était un joyeux fourre-tout ou l’on se prenait à se demander s’il ne s’agissait pas d’une compilation tant les attaques de pistes pouvaient dérouter. Il faut dire que ces cinq finlandais ont le chic depuis 2005 pour produire une musique inclassable si ce n’est au moyens de rallonges du type space-prog-fuzz-pop-stoner.

Est donc sorti ce 9 Décembre leur dernière Galette, Heat, chez Small Stone Records, histoire de vous réchauffer un peu en ce début d’hiver. On pourrait leur reprocher de faire une musique trop accessible et trop proche de la Pop. Oui M’sieurs Dames, de la pop. Et là je vous demande, est-ce une hérésie de produire un album ou s’entremêlent heavy, Fuzz, Spacerock, Prog et POP ?? Non, pas avec Mangoo, c’est bien ficelé, c’est facile à écouter, sans prise de tête, et sans passer ni à coté d’une certaine recherche ni d’une production léchée. Un seul regret cependant, l’ambiance fuzzy des précédents albums s’estompe et nous laisse un peu sur notre faim.

Coté ambiances, l’album démarre très fort avec « Relief » et déjà on ressent l’aspect 80’s qui se prolonge sur « Get Away » et donne cette tonalité Pop si inattendue dans un album que l’on peine parfois à qualifier de Stoner. Que les puristes ne s’effarouchent pas, les chœurs menés par la voix particulière de Pickles, soutenue par la rythmique  de la basse d’ Igor et de la batterie de Teemu vous feront retrouver des ambiances qui ne seront pas sans rappeler certains Pink Floyd, sans doute aussi grâce aux claviers de Nikky. Heat joue avec les genres et même un fuzz façon Truckfighters.  On remarquera « Tiembla » chanté en espagnol pour des sonorités plus Desert Rock, ce qui est loin d’être une mauvaise idée.

Le groupe imprime avec cet album sa marque de fabrique, une musique personnelle et inattendue, un univers où l’on se laisse guider avec curiosité et appétit. Mangoo c’est du Rock au dessus de la moyenne et si vous n’accrochez pas à cet opus, prenez au moins la peine d’aller passer un moment sur leur précédent Neverland qui offrait quelques sensations bien pêchues.

Kitchen Witch – Kitchen Witch

L’Australie n’accueille pas que des sales bestioles prêtes à vous tuer en un quart de seconde. La scène stoner – kangourou n’est pas orpheline de représentants du genre comme Wolfmother, Budd ou encore Child. Cette fois-ci, on quitte la côte est pour découvrir Kitchen Witch dans les bas-fonds d’Adélaïde, et ça vaut le détour.

Le groupe ne révolutionne pas le genre, on ne lui en demande pas tant, mais apporte sa petite touche personnelle avec son mélange de stoner et de rock seventies. La chanteuse Georgie Cosson nous envoute dès les premières vocalises et nous fait profiter d’une large palette de ses possibilités. Elle aurait même pu être la fille de John Garcia et Janis Joplin si ces deux-là avaient fricoté ensemble. C’est peu dire.

Kitchen Witch est allé chercher sa matière première dans toutes les époques du rock, pour notre plus grand plaisir, même si le quatuor semble parfois, au fil de l’écoute de ce premier opus, s’égarer dans toutes ses influences… On regrette que la fin de l’album soit un peu molle, ce qui dénote avec l’énergie de départ. L’avant dernier morceau, « Don’t waste your time », sans être mauvais, s’éloigne trop de la trame principale. Pour le finale, on aurait également préféré terminer un peu plus fort que ce « O Lord » où la chanteuse se contente de quelques vocalises sur fond de chant religieux.

Le groupe a néanmoins le mérite de dévoiler nombreux de ses talents, utilisant stratégiquement les capacités vocales de leur chanteuse et cette rythmique tellement précise qu’on l’oublierait presque. Les amateurs de Vodun, Blues Pills et Holy Grove apprécieront.

La section rythmique justement, accompagne intelligemment cette voix qui sait aussi se mettre en retrait pour laisser la basse et la batterie jouer leur rôle de cogneurs comme sur l’excellent « Third eye ». La guitare fuzzy jongle entre les riffs gras, efficaces, et les solos envoûtants. Là encore, la six cordes ne se contente pas d’un son unique sur les huit titres que compte l’album. Elle va piocher tantôt dans le blues, tantôt dans le rock pur, allant même jusqu’à franchir les frontières du doom. Certains se sentiront déstabilisés.

Bon, on ne va pas se mentir, l’intérêt de ce premier album de Kitchen Witch et du groupe en lui-même reste les envolées de la crooneuse Georgie Cosson. Mais ce n’est pas le seul. La bande d’Adélaïde nous emmène voyager sur un large spectre désert – rock pendant plus de quarante minutes.

Le résultat est en tout cas accessible et efficace, en toute circonstance. Ce premier album est un avertissement et ceux qui seront pris dans les filets de Kitchen Witch attendront la suite avec impatience. Nous aussi.

Monarch! – Never Forever

Monarch ! fait partie de ces groupes qu’il faut avoir vus en live. Leur musique est un spectacle sonore et visuel qui répand insidieusement le poison dans votre corps et vous pétrifie jusqu’à la dernière note, jusqu’à la dernière douceur de la chanteuse Eurogirl. Non, parler de douceur concernant Monarch ! n’est pas une aberration, c’est d’ailleurs la quintessence même du groupe : opposer la délicatesse à l’abomination. Never Forever est le huitième album du groupe depuis leurs débuts en 2005 et le deuxième à être sorti sur l’excellent label Profound Lore Records.

La pochette immaculée de Never Forever n’aurait pu être mieux trouvée. Des papillons noirs forment une croix renversée sur un fond blanc : ces insectes aux couleurs merveilleuses ont été réduits en une masse sinistre mais étrangement belle. C’est en résumé ce que Monarch ! s’évertue de faire depuis toujours, réinventer la beauté en y insufflant du lugubre.
Le premier titre « Of Night, With Knives » nous repose les bases du groupe : au-dessus de la tempête, Eurogirl répète ses prières contre le mauvais œil. « Sainte Vierge des Louves, mère de la destruction… Destruction… ». Il en va de même pour « Cadaverine » (qui a ceci de remarquable qu’il est le premier morceau de l’histoire de la musique dont l’intro a été enregistrée par des bouteilles de Kro), où lorsque surgit l’ignoble voix du bassiste, Eurogirl perd son calme et hurle pour le renvoyer dans son trou. Cette idée de lutte entre deux forces ennemies maintient une tension constante, il faut toujours être à l’affut d’une horreur surgie de nulle part.

La comptine torturée « Song To The Void » nous montre également que Monarch ! est devenu plus mélodieux avec les années, même si le terme reste à prendre avec des pincettes : on est loin de danser sur les refrains et de les chanter sous la douche. Mais d’une manière générale, Never Forever nous présente une version du groupe plus assagi que sur les précédents albums. Les cris sont moins présents et la part belle est faite aux suaveries d’Eurogirl, comme sur « Diamant Noir », où la voix double et schizophrénique de la chanteuse reste encore une fois partagée entre le beau et l’inquiétant.

Mais attention, s’il est devenu moins criard, Monarch ! n’a pas du tout perdu en puissance, bien au contraire. Paradoxalement, Never Forever est l’album le plus angoissant du groupe. A première vue, Never Forever est plus calme et lisse que les précédents opus, mais si l’on s’approche d’un peu plus près, on remarque une force inimaginable que le groupe a appris à maitriser et à contenir. Pour ceux qui n’auraient pas compris, imaginez que Never Forever est comme la forme finale de Freezer : elle semble moins méchante que les précédentes mais elle est en fait la plus forte et la plus vicieuse.

Si on ajoute à tout cela une production particulièrement chiadée et immersive, Never Forever est de loin l’album le plus abouti de la discographie du groupe. Une sorte de kamehameha du doom.

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