The Re-Stoned – Chronoclasm

 

En décembre dernier, le trio moscovite The Re-Stoned formé en 2008 a sorti son sixième album et il n’était que justice que nous évoquions leur travail. Jusque ici adeptes de sonorités fuzzy et planantes, cette dernière galette résonne comme la maturité d’une réflexion  personnelle et une orientation plus introspective  au sein de contrées psychédéliques et bluesy.

Le titre de l’album, “Chronoclasm” que l’on pourrait expliquer comme la destruction des références temporelles est particulièrement bien choisi. Les morceaux sont composés comme des parenthèses rythmiques rigoureuses au sein desquelles le trio déstructure le tempo. The Re-Stoned fonctionne comme une jam-session permanente et ce n’est pas nouveau. Les albums précédents en étaient la preuve et celui-ci ne fait pas exception. On remarque  plus de rigueur que précédemment et du point de vue stylistique on a affaire à un Stoner Doom Instrumental aux arrières goûts de Color Haze pour les sonorités et de Naxatras pour les variations rythmiques.

Le pivot du groupe reste le guitariste Ilya, qui aurait parfois tendance à écraser les deux autres mais c’est sans compter sur la rigueur de Vladimir  à la basse et de Yaroslav à la batterie, ces derniers assurent un cadre fort au sein duquel Ilya est libre de s’exprimer peut être parfois un peu trop.

Les compositions tiennent toutefois la route bien qu’il faille plusieurs écoutes pour finir de se convaincre qu’il s’agit d’un album de qualité à ajouter à sa collection.

 

Kal-El – Astrodoomeda

Kal-El est un groupe de Space Stoner qui officie du côté sombre de la lune depuis 2014. Les suédois Liz, Bjudas et Roffe menés par Captain Ulven ont débarqué dans notre orbite en août avec leur troisième album, “Astrodoomeda” sorti chez Argonauta Records.

L’artwork de toute beauté ravira les amateurs de gros seins, de baudriers en simili cuir et de pistolets lasers qui font “puhuuii puhuuii”, bref, un concentré de S-F vintage sexy.

L’introduction est un fuzzy-trip en apesanteur. On sent les boosters des guitares nous propulser au travers de lointaines galaxies.  Impossible de ne pas penser à Elephant Tree sous la lourdeur des riffs et la redondance de la basse. Si les compos sentent fort le Doom, la grâce et la légèreté vocale permettent au vol de ne pas se crasher. L’album offre un Stoner au tempo modéré et on retiendra la bouffée d’oxygène psychédélique du morceau “Starlight”qui laisse planer au delà des dix minutes.

Passage en vitesse lumière sur « Code Of the Ancient », Kal-EL accélère et prend son temps à la fois, les coups d’arrêts du tempo sont brusques mais ça repart aussitôt vers de nouveaux systèmes solaires musicaux. Pour « Spacecraft », la vaisseau mère éjecte un avant-dernier titre et ça balance comme une entrée dans l’atmosphère. La basse percute, la gratte gémit et Captain Ulven hurle son chant aux inflexions proches de Christian Linderson de Goatess.

Si vous cherchez Kal-El et sa capsule spatiale de secours, il faudra vous rendre dans le désert, pas loin du tipi de Monsieur Brant Bjork, puisque l’album se termine sur une reprise engourdie de « Green Machine » confirmant qu’on est revenu à la maison, à moins que l’on n’en soit jamais parti avec cet album qui navigue selon des coordonnées connues  au sein d’une production de qualité.

Mangoo – Heat

 

Daté de 2012 le dernier album de Mangoo était un joyeux fourre-tout ou l’on se prenait à se demander s’il ne s’agissait pas d’une compilation tant les attaques de pistes pouvaient dérouter. Il faut dire que ces cinq finlandais ont le chic depuis 2005 pour produire une musique inclassable si ce n’est au moyens de rallonges du type space-prog-fuzz-pop-stoner.

Est donc sorti ce 9 Décembre leur dernière Galette, Heat, chez Small Stone Records, histoire de vous réchauffer un peu en ce début d’hiver. On pourrait leur reprocher de faire une musique trop accessible et trop proche de la Pop. Oui M’sieurs Dames, de la pop. Et là je vous demande, est-ce une hérésie de produire un album ou s’entremêlent heavy, Fuzz, Spacerock, Prog et POP ?? Non, pas avec Mangoo, c’est bien ficelé, c’est facile à écouter, sans prise de tête, et sans passer ni à coté d’une certaine recherche ni d’une production léchée. Un seul regret cependant, l’ambiance fuzzy des précédents albums s’estompe et nous laisse un peu sur notre faim.

Coté ambiances, l’album démarre très fort avec « Relief » et déjà on ressent l’aspect 80’s qui se prolonge sur « Get Away » et donne cette tonalité Pop si inattendue dans un album que l’on peine parfois à qualifier de Stoner. Que les puristes ne s’effarouchent pas, les chœurs menés par la voix particulière de Pickles, soutenue par la rythmique  de la basse d’ Igor et de la batterie de Teemu vous feront retrouver des ambiances qui ne seront pas sans rappeler certains Pink Floyd, sans doute aussi grâce aux claviers de Nikky. Heat joue avec les genres et même un fuzz façon Truckfighters.  On remarquera « Tiembla » chanté en espagnol pour des sonorités plus Desert Rock, ce qui est loin d’être une mauvaise idée.

Le groupe imprime avec cet album sa marque de fabrique, une musique personnelle et inattendue, un univers où l’on se laisse guider avec curiosité et appétit. Mangoo c’est du Rock au dessus de la moyenne et si vous n’accrochez pas à cet opus, prenez au moins la peine d’aller passer un moment sur leur précédent Neverland qui offrait quelques sensations bien pêchues.

Kitchen Witch – Kitchen Witch

L’Australie n’accueille pas que des sales bestioles prêtes à vous tuer en un quart de seconde. La scène stoner – kangourou n’est pas orpheline de représentants du genre comme Wolfmother, Budd ou encore Child. Cette fois-ci, on quitte la côte est pour découvrir Kitchen Witch dans les bas-fonds d’Adélaïde, et ça vaut le détour.

Le groupe ne révolutionne pas le genre, on ne lui en demande pas tant, mais apporte sa petite touche personnelle avec son mélange de stoner et de rock seventies. La chanteuse Georgie Cosson nous envoute dès les premières vocalises et nous fait profiter d’une large palette de ses possibilités. Elle aurait même pu être la fille de John Garcia et Janis Joplin si ces deux-là avaient fricoté ensemble. C’est peu dire.

Kitchen Witch est allé chercher sa matière première dans toutes les époques du rock, pour notre plus grand plaisir, même si le quatuor semble parfois, au fil de l’écoute de ce premier opus, s’égarer dans toutes ses influences… On regrette que la fin de l’album soit un peu molle, ce qui dénote avec l’énergie de départ. L’avant dernier morceau, « Don’t waste your time », sans être mauvais, s’éloigne trop de la trame principale. Pour le finale, on aurait également préféré terminer un peu plus fort que ce « O Lord » où la chanteuse se contente de quelques vocalises sur fond de chant religieux.

Le groupe a néanmoins le mérite de dévoiler nombreux de ses talents, utilisant stratégiquement les capacités vocales de leur chanteuse et cette rythmique tellement précise qu’on l’oublierait presque. Les amateurs de Vodun, Blues Pills et Holy Grove apprécieront.

La section rythmique justement, accompagne intelligemment cette voix qui sait aussi se mettre en retrait pour laisser la basse et la batterie jouer leur rôle de cogneurs comme sur l’excellent « Third eye ». La guitare fuzzy jongle entre les riffs gras, efficaces, et les solos envoûtants. Là encore, la six cordes ne se contente pas d’un son unique sur les huit titres que compte l’album. Elle va piocher tantôt dans le blues, tantôt dans le rock pur, allant même jusqu’à franchir les frontières du doom. Certains se sentiront déstabilisés.

Bon, on ne va pas se mentir, l’intérêt de ce premier album de Kitchen Witch et du groupe en lui-même reste les envolées de la crooneuse Georgie Cosson. Mais ce n’est pas le seul. La bande d’Adélaïde nous emmène voyager sur un large spectre désert – rock pendant plus de quarante minutes.

Le résultat est en tout cas accessible et efficace, en toute circonstance. Ce premier album est un avertissement et ceux qui seront pris dans les filets de Kitchen Witch attendront la suite avec impatience. Nous aussi.

Monarch! – Never Forever

Monarch ! fait partie de ces groupes qu’il faut avoir vus en live. Leur musique est un spectacle sonore et visuel qui répand insidieusement le poison dans votre corps et vous pétrifie jusqu’à la dernière note, jusqu’à la dernière douceur de la chanteuse Eurogirl. Non, parler de douceur concernant Monarch ! n’est pas une aberration, c’est d’ailleurs la quintessence même du groupe : opposer la délicatesse à l’abomination. Never Forever est le huitième album du groupe depuis leurs débuts en 2005 et le deuxième à être sorti sur l’excellent label Profound Lore Records.

La pochette immaculée de Never Forever n’aurait pu être mieux trouvée. Des papillons noirs forment une croix renversée sur un fond blanc : ces insectes aux couleurs merveilleuses ont été réduits en une masse sinistre mais étrangement belle. C’est en résumé ce que Monarch ! s’évertue de faire depuis toujours, réinventer la beauté en y insufflant du lugubre.
Le premier titre « Of Night, With Knives » nous repose les bases du groupe : au-dessus de la tempête, Eurogirl répète ses prières contre le mauvais œil. « Sainte Vierge des Louves, mère de la destruction… Destruction… ». Il en va de même pour « Cadaverine » (qui a ceci de remarquable qu’il est le premier morceau de l’histoire de la musique dont l’intro a été enregistrée par des bouteilles de Kro), où lorsque surgit l’ignoble voix du bassiste, Eurogirl perd son calme et hurle pour le renvoyer dans son trou. Cette idée de lutte entre deux forces ennemies maintient une tension constante, il faut toujours être à l’affut d’une horreur surgie de nulle part.

La comptine torturée « Song To The Void » nous montre également que Monarch ! est devenu plus mélodieux avec les années, même si le terme reste à prendre avec des pincettes : on est loin de danser sur les refrains et de les chanter sous la douche. Mais d’une manière générale, Never Forever nous présente une version du groupe plus assagi que sur les précédents albums. Les cris sont moins présents et la part belle est faite aux suaveries d’Eurogirl, comme sur « Diamant Noir », où la voix double et schizophrénique de la chanteuse reste encore une fois partagée entre le beau et l’inquiétant.

Mais attention, s’il est devenu moins criard, Monarch ! n’a pas du tout perdu en puissance, bien au contraire. Paradoxalement, Never Forever est l’album le plus angoissant du groupe. A première vue, Never Forever est plus calme et lisse que les précédents opus, mais si l’on s’approche d’un peu plus près, on remarque une force inimaginable que le groupe a appris à maitriser et à contenir. Pour ceux qui n’auraient pas compris, imaginez que Never Forever est comme la forme finale de Freezer : elle semble moins méchante que les précédentes mais elle est en fait la plus forte et la plus vicieuse.

Si on ajoute à tout cela une production particulièrement chiadée et immersive, Never Forever est de loin l’album le plus abouti de la discographie du groupe. Une sorte de kamehameha du doom.

The Atomic Bitchwax – Force Field

Etrange tout de même les effets de hype ou d’envie. Pourquoi la sortie cette année d’un nouveau The Atomic Bitchwax fait-elle plus de bruit que celle d’il y a 2 ans ? Pour mémoire, Gravitron, sorti en 2015 était une véritable usine à bombinettes rock’n’roll mais malheureusement passée sous un silence quelque peu assourdissant de la part de…presque tout le monde à vrai dire.

Session de rattrapage donc avec ce nouvel album qui ne déroge pas à la règle que s’impose le trio, à savoir à fond et à fond mais surtout à fond ! On galope en territoire conquis avec cette nouvelle production qui fait la part belle aux cavalcades de manche, au pilonnage rythmique et aux attaques de trachée. 12 cartouches à haute teneur technique que nous balance le trio à nouveau, un festival de déliés et de descentes de toms à vous fracturer le corps caverneux.
Les refrains sont toujours très inspirés mélodiquement puis attaqués par des solis dévastateurs. Le super stoner rock des Bitchwax est des plus efficace et direct qui soit. On ne le dira jamais assez.

Mais comme pour son prédécesseur, on peut souligner le défaut de ses qualités. The Atomic Bitchwax propose une musique énergique, folle, taillée pour le live. Qui doit être vécue en live donc et qui par le truchement d’une formule accomplie mais maintes fois recrachée sur galette tourne en rond lors d’écoute lambda. On passe donc les 12 titres de l’album avec le sourire collé aux lèvres mais sans être franchement surpris ou étonné. Et par là même quelque peu frustré, car oui, vu le talent des gonzes on ne serait pas contre quelques incartades à leur style et leur routine musicale.

Attention hein, Force Field est un bon album pas meilleur ni moins bien que Gravitron, seulement on l’a déjà entendu et on attend des américains plus de prise de risque quand bien même le groupe fut un projet récréatif à la base. Reste que si les américains passent par chez vous, il n’y aura pas d’hésitation à avoir tant l’efficacité est de mise en live.

Deadsmoke – Mountain Legacy

Après un premier album éponyme sorti en mars 2016 qui établissait un projet et laissait entrevoir de belles idées (gros riffs, variations rythmiques, chant volontairement sous-mixé…), Deadsmoke remet le couvert cet automne 2017 avec un deuxième opus, intitulé Moutain Legacy, sorti, tout comme le premier, sur le label italien Heavy Psych Sounds.

Dès la première écoute, on remarque que les Italiens ne modifient pas leur formule de manière considérable, mais la font toutefois évoluer. Nous sommes en présence d’un sludge/doom monolithique aux tempos majoritairement lents, mais davantage aéré sur ce second album par des passages plus rapides et/ou calmes. Le chant est utilisé avec parcimonie, volontairement placé au second plan ce qui met en valeur les longs passages instrumentaux et les structures des morceaux tendent à s’éloigner du format classique couplet-refrain. Les samples et les sons de synthétiseurs sont des éléments qui étaient présents sur l’album précédent et qu’on retrouve sur Mountain Legacy. Le groupe prend donc le parti d’assumer sa formule ce qui est un moyen pour lui d’affirmer son but d’un point de vue artistique.

Cependant, on sent, au fil des écoutes, émerger une progression considérable dans la qualité des compositions. La formule et les partis pris du groupe semblent ici mieux maîtrisés. Les transitions se font plus marquées avec une alternance de gros riffs aux tempos lents mis en relief par des rythmiques plus vives ou des passages épurés. Si sur le premier album, les différents effets employés pouvaient avoir tendance à trop évoquer Ufomammut, ils sont, à présent, utilisés de manière plus pertinente (notamment sur l’intro « Malevolent Path” ou l’interlude « Forest Of The Damned »). De même, sur « Moutain Legacy », le son d’ensemble guitare-basse se démarque de celui, très tellurique, du premier album qui pouvait facilement faire penser à Conan. D’une manière globale, les influences du groupe semblent mieux digérées et l’évolution de ses compositions lui permet d’asseoir son identité artistique.

Morceau coup de cœur: « Hiss Of The Witch » qui est à mon sens la pierre angulaire de cet album avec un riff principal mettant du temps à se dévoiler et qui est mis en évidence par la rythmique plus rapide des couplets ainsi que la présence du chant – volontairement sous-mixé – s’ajoutant comme une nappe supplémentaire. Après une accalmie faite de chants célestes (religieux ?), le riff brise-nuque débarque dans les chaumières avec pour seul objectif le décollage pour la planète parpaing.

Au rayon des bonnes idées: « Emperor of Shame » surprend avec son tempo s’éloignant des standards du genre qui vient ajouter du relief à l’écoute globale de l’album.

Le morceau-titre « Mountain Legacy » qui, après un départ lent et massif prend des tournures plus planantes (psychédéliques voire légèrement space-rock) sur sa deuxième moitié avant de clore l’album avec un riff pachydermique.

En bref, Deadsmoke nous dévoile sur « Mountain Legacy » une réelle identité artistique. Les Italiens parviennent à nous tenir en haleine pendant les 39 minutes de l’album et réussissent à nous faire entrer dans leur univers grâce à la cohérence de leur projet artistique et à l’ambiance générale de l’album qui est sans doute son point fort majeur.

Devil Electric – Devil Electric

Après un EP intitulé « The GodsBelow » sorti en 2016, le quatuor de Melbourne formé l’année précédente nous gratifie cette fois-ci d’un album complet, bien électrique et sans conteste tout autant démoniaque. Ces Australiens du label Kozmik Artifactz ayant notamment accompagné Truckfighters ou The Sword dans leurs tournées nous proposent depuis cet été les neuf titres d’une galette qui sent l’occulte.

Attention toutefois. Question style, les amateurs de glauque et de lourdeur malsaine, les adeptes du secouage de melon et de l’étirage de nuque en intérieur comme en plein air, ne vous précipitez point. En dépit de son patronyme digne d’un costaud collectif doomesque, le groupe arbore un style nettement plus nuancé. Mais n’est-ce pas relever de l’audace du malin que de mélanger des essences aussi variées ?

On dispose là d’un subtil amalgame de doom vintage et de rock moderne, bien teinté d’heavy blues, et gonflé à bloc par un fuzz copieux. Le bassiste Tom Hulse, et la mule qui l’accompagne Mark Van De Beek, font le taf (pas mal pour des graphic designers, tout de même), sans oublier l’ange déchu de la mélodie : Christos Athanasias. Il n’y a qu’à mettre la tête sous leur rain of « Acidic Fire » pour appréhender le caractère détonnant du mélange. Ou encore en écoutant « The dove & the serpent », là où le travail des zikos est sublimé par le timbre et la mélodie de Pierina O’Biren. Prêtresse qui tantôt vous guide avec douceur dans le terrier du lapin blanc, tantôt vous envoûte jusqu’à vous faire sauter les pieds dans la fosse incandescente. Dans ce titre (présent sur l’EP et l’album) nous avons même le plaisir d’un pont n’étant pas sans rappeler le dynamisme de Radio Moscow ou la fougue de Jack White.

Devil Electric grouille aussi de riffs à la Sabbath. Des titres comme « Devil’s Bells » où l’on s’attendrait presque à entendre surgir la voix d’Ozzy durant l’intro. La formation s’avère également très digne d’un The Dead Weather cabalistique, là où miss Mosshart aurait sombré dans l’ésotérisme au point de troquer sa veste en cuir et son MP5 pour une robe de cérémonie carmin et le chapeau rituel qui l’accompagne.

En somme, et bien que tiraillé par ses multiples ascendances, le groupe hybride ne déçoit pas. Et pas l’ombre d’un doute qu’un titre incantatoire tel qu’«Hypnotica» donnerait des courbatures au plus frileux des headbangers.

Curse The Son – Isolator

Curse The Son a sorti en avril son dernier opus, Isolator aprés 3 albums dont une démo et trois ans d’attente.
Ce trio U.S du Connecticut officie depuis 2007 et a parcouru du chemin depuis Klonopain, album au son encore trop peu fouillé et à l’enregistrement fade.
Après avoir subi au fil des ans un changement de line-up qui a vu remplacer et le bassiste et le batteur, Curse The Son semble trouver désormais son équilibre parmi les plus grand.
Signé chez Ripple Music, à qui l’on doit, entre autre, les excellents Wo Fat, Zed, Volkonis et autres Mothership ce dernier album nous ouvre les oreilles sur un univers Doom et Fuzz à souhait

Dès le premier morceau, “Isolator”, on est frappé par la basse groovy et la batterie swing qui emporteront tout l’album en offrant un vent frais sur un univers doom, sombre et poisseux.
Le chant clair et nasillard ne renie pas les origines Black Sabbathesques de la formation. Les similitudes sont particulièrement palpables sur “Gaslighter” et carrément impossibles à renier sur “Aislamiento”.
Cette particularité pourrait passer pour une redite de plus, d’autant que les accents psychédéliques de l’album nous immergent dans des 70’s à l’origine du genre. Cependant, l’album est résolument moderne, le Doom adossé à cette particularité lui évite de n’être qu’un bloc lourd et pesant.
Il y a dans “Callous Unemotional Traits” des bouts de Electric Wizard et certains tours de chants distordus par des effets à la limite du glauque pourraient rappeler les frasques d’un Marylin Manson, ce qui est sans doute dû aussi à un enregistrement des voix sur deux pistes.
Isolator est une œuvre complète qui s’écoute d’un bloc, c’est une chute vers un enfer marécageux où l’on tombe à toute allure pour ne reprendre son souffle que lorsque la section rythmique délivre son Groove Jazzy. On est pris alors d’une envie méthodique de headbanger avant de constater que les hanches suivent.

Curse The Son offre avec Isolator une œuvre assez complète et qui dénote d’une originalité certaine.
Évitant les poncifs d’un Doom répétitif tout en en gardant l’aspect, on y retrouve le son le plus Desert qui soit, adjoint de pépites Fuzz et hors catégories.
Si les 40 minutes  de la galette dérouteront peut être les puristes du Doom, elle devrait intéresser au plus haut point ceux qui gravitent à ses frontières.
Un album à écouter rapidement sous peine de passer à coté d’un morceau d’originalité bien ficelé.

Electric Wizard – Wizard Bloody Wizard

Près de 25 ans après leurs premiers pas, Electric Wizard reste l’un des groupes de doom les plus importants du genre. Lugubre comme une nuit sans lune, évanescent comme une quelconque malsaine fumée, la musique du sorcier convoque le diable et les paradis artificiels dans un torrent électrique. Auteur d’une première partie de carrière exemplaire, puis d’un retour fracassant (Witchcult Today), Oborn et ses comparses ne font que décliner depuis lors, sortant coup sur coup deux albums finalement peu marquants (Black Masses/2010 et surtout Time To Die/2014).
A l’heure où Electric Wizard annonce posséder son propre studio et vouloir accélérer la cadence des publications (un nouvel EP est déjà en préparation), la publication de leur neuvième album Wizard Bloody Wizard inquiète. Hommage à Sabbath dans le titre (ils ont équipé récemment leur studio d’une console utilisé par les maîtres pour l’enregistrement de Master Of Reality), pochette immonde et production éclaircie : Electric Wizard nous aurait-il donné une nouvelle raison de nous énerver ?

Ce qui en premier fera parler est bien sûr la production, plus claire, plus acid rock, changeant en profondeur l’identité sonore du Wizard. Prise de risque à saluer pour certains, trahison pour d’autres, cette dernière sert avant tout de révélateur de la qualité des compositions. En effet l’histoire du doom s’est faite sur le rendu sonore de compositions, pouvant masquer un jeu approximatif ou un riff sans grande originalité par la grâce d’une implacable couche de boue, puissante embellie de distorsion, transformant n’importe quelle brique, même de basse extraction, en mur du son. Wizard se présente donc mis à nu devant son auditoire et la pauvreté de certaines idées saute alors au visage. Pour un bon titre (« Necromania » qui ne dépareillerait pas sur un album d’Uncle Acid & The Deadbeats),  combien de mauvais moments ? De « See You In Hell » (en ouverture ET fermeture d’album) et son riff mollasson, au soporifique « The Reaper », les riffs sont éculés, la voix d’Oborn plus qu’irritante. Et là point de Mark Greening pour rehausser la mixture à grands coups de patterns de génie. Simon Poole fait ce qu’il peut, tout comme Burgess (basse/Satan’s Satyrs) mais rien ni personne ne peut sauver « Hear The Siren Scream » et « Wicked Caresses », dont la faiblesse a de quoi rendre agressif le plus défoncé des auditeurs du Wizard.

Sans saveur, pas tant à cause de son virage musical mais par la médiocrité que ce traitement acid rock révèle, Wizard Bloody Wizard est finalement à l’image de sa détestable pochette : cliché et peu inspiré. Time To Die qu’ils disaient en 2014 ? Et pourquoi attendre ?

 

 

Point Vinyle:

En quittant Rise Above, Oborn s’était fait un malin plaisir de fustiger les nombreuses versions couleurs et collector que fabriquaient le label. Spinefarm l’a joué sobre mais de qualité, avec 3 versions (clear, red et black) toutes en gatefold, incluant un poster et une carte de téléchargement. Un objet plus joli à collectionner qu’à écouter en somme.

The Texas Chainsaw Dust Lovers – Film Noir

Les enfants du siècle.

The Texas Chainsaw Dust Lovers a toujours eu l’âme généreuse et la gonade conquérante. Ses précédentes livraisons ont toujours cherché à s’affranchir du carcan stoner dans lequel on les catalogue bien trop facilement. Et dire que « Film Noir », le nouvel opus, cherche à s’en dépêtre définitivement est un euphémisme.

Pourquoi « les enfants du siècle » en ouverture de texte ? Tout simplement parce que le quatuor est un rejeton des 90s et qu’aujourd’hui plus qu’avant il s’en revendique fièrement et ouvertement.
On traverse une galette à la production léchée en pensant Urge Overkill, Muse, Queens of the Stone Age pour les idées de riffs et la patine du son proposé. Les fantômes de Manson et Zombie sont aussi convoqués à travers la théâtralité de la voix et de ses intentions.

Les Nantaisiens (Mi-Nantais devant, mi-Parisien derrière) charpentent encore l’édifice avec quelques routines élaborées depuis (fulgurance red fangienne, ambiances western spaghettis) mais élargissent considérablement le champs de leurs influences n’hésitant pas à rendre hommage au sax solo des années 50s puis de passer à de l’ambiant 60s déviante. A lire ce pot pourri de styles on pourrait aisément se retrouver en présence d’un album indigeste, d’une grosse galette dégueulasse au beurre salé trop présent. Pourtant si on lit cet album au travers d’un prisme cinématographique, on trouverait cohérent et logique de voir se succéder sur les marches au tapis couleur sable chaud,  des Frères Cohen, du Tarantino, du Zemekis, du Soderbergh.

Reste, peut-être, que ce nouvel album de The Texas Chainsaw Dust Lovers sera le dernier à être chroniqué en nos lignes. Tout simplement parce que le combo ne fait pas du stoner, ou n’en fait plus. Peut-être même n’en a t’il jamais fait ? Non, nous sommes en présence d’un groupe de rock tout simplement. Et un putain de bon même, méritant une reconnaissance plus ample que celle que notre petite confrérie peut lui offrir. « Film Noir » est excellent album. Ecoutez-le. Point.

Loss – Horizonless

 

“Nous voulons émouvoir les gens. Si celui qui nous écoute arrive à ressentir ne serait-ce qu’une petite partie de la douleur que l’on a investi dans notre musique, alors on peut dire qu’on a fait ce qu’on avait à faire”. Tels sont les mots de Michael Meacham, l’imposant frontman de Loss à la mine renfrognée, lorsqu’il parle de son groupe. Formé à Nashville en 2004, Loss est depuis ses débuts composé des quatre même membres, qui semblent tous partager la même vision de la musique. Faire de la musique pour soi, par nécessité, et si elle plait à d’autres, tant mieux. Se retrouver en groupe dans une pièce exiguë meublée de quelques amplis et déballer tout ce qu’on a, plutôt que de le faire à deux, l’un allongé sur le divan.

En 2011 sortait leur premier album, Despond, véritable bijou de doom lyrique avec des morceaux comme « Cut Up, Depressed and Alone » dont le titre seul devrait suffire à vous situer l’ambiance. Leur second album Horizonless est sorti cette année sur le même label, Profound Lore Records, ce qui est déjà un gage de qualité en soi, puisque Profound Lore Records sort rarement de la daube, et je ne parle pas du plat provençal. Mixé par Billy Anderson (producteur de Pallbearer, High On Fire, Ramesses, et la liste pourrait être encore longue et chiante), Horizonless était aussi attendu que le retour de Jésus auprès de tout ceux qui avait gouté à la noire poésie de Despond.

Horizonless est construit ainsi : 5 titres longs d’une dizaine de minutes et chacun entrecoupé de morceaux beaucoup plus courts et plus atmosphériques, comme quelques notes de piano ou d’orgue, le cliquetis d’une machine à écrire, ou la simple lecture d’un texte. La durée de certains titres et la lourdeur crasse qui s’en dégage a valu à Loss l’étiquette de Funeral Doom Band, largement à revoir selon moi (vous me direz, comme souvent avec les étiquettes). Déjà, le groupe ne joue pas à un tempo extrêmement lent, du genre le batteur check ses mails entre deux coups de cymbales. Les mélodies sont aussi très présentes, guidées par une guitare claire bien audible, là où le funeral doom peut parfois se perdre dans le brouillard en se trainant péniblement pour essayer d’avancer. La voix de Michael Meacham très gutturale et profonde rentre quant à elle parfaitement dans la boîte du death/doom.

La grande force de Horizonless réside dans la non-linéarité de ses morceaux : le renouvellement est permanent, la tonalité et/ou le tempo changent en cours de route, rien n’est structuré, tout change et rien ne dure. Ce côté très « progressif » rend l’écoute extrêmement riche et variée, d’autant plus que l’album est parfaitement produit et foisonne de détails auditifs. Il vous faudra donc de nombreuses écoutes pour assimiler les 67 minutes de Horizonless. Le premier titre de l’album, le magnifique « The Joy of All Who Sorrow » devrait directement vous plonger dans l’univers caractéristique de Loss, une sorte de mélange entre la brutalité de Mournful Congregation et la poésie de 40 Watt Sun. Le morceau éponyme, « Horizonless », premier morceau du groupe où tous les membres chantent, est également un pur concentré émotionnel où je vous mets au défi de ne pas être pris aux tripes lors du somptueux refrain final. La liste des réussites peut continuer avec « When Death Is All », qui vient clôturer le disque en grande pompe (funèbre, évidemment).

En réalité, chaque minute de Horizonless est à la fois parfaite et unique. Après 6 ans d’absence, Loss a pondu un chef d’œuvre qui réussit à redéfinir le funeral doom en y apportant ce qui manque souvent au genre, de la richesse. Un album qui fera date.

Mother Engine – Hangar

Mother Engine se fraie un chemin parmi les étoiles depuis 2011. Six ans donc à louvoyer entre astéroïdes et psychédélisme, à enclencher l’hyper-propulsion entre trou noir et prog-rock, à convoyer sa cargaison entre comètes et rock instrumental. Le trio allait forcément avoir besoin de réparer, d’upgrader son vaisseau un jour ou l’autre.

C’est chose faite avec ce « Hangar » d’excellente facture qui voit le «Mother Engine » se faire pimper façon intellect et grosses idées. De la pochette à la réalisation tout concourt ici à la description du vaisseau. On y cause carlingue, fuel, hyperdrive, schéma électrique et connexion neuronale. Vous vous souvenez de la caméra se perdant dans les coursives du Nostromo dans le premier Alien ? Dévoilant l’intimité métallique de l’appareil et par la grâce de la mise en scène le plaçant comme un personnage à part entière ?
« Hangar » c’est tout cela. L’humanisation du Mother Engine, piloté par nos trois teutons pilotes, mercenaires de la cause stoner psychédélique.

L’engin est donc composé de quatre titres étalés sur quasiment une heure vingt. De l’instrumental pur-jus où les entrelacs de guitares se font écho d’une mesure à l’autre, où la basse martèle, rivette, soude la structure d’un ensemble propulsé par une batterie métronomique et précise. Les idées sont simples mais développées à leur juste terme ; point de shred ici, encore moins de métal mais du rock intelligent, intelligible et réfléchit. Pour qui regrette la période faste du prog du début 70, le nouvel album des allemands saura les réconcilier avec notre époque. Les soixante dix-sept minutes que composent la galette sont autant de petites trouvailles qui ponctuent la narration. Percussions tribales, cuivres, spatialisation massive du mix, crunch coquin et disto aérienne sont autant de raisons d’écouter et d’écouter encore ce nouvel effort.

Etablir un pont entre différentes générations n’est jamais aisé. Rendre hommage à ses aînés sans tomber dans la redite est une entreprise casse-gueule. Enjambant les cadavres encore chauds de moults groupes morts à la tentative, Mother Engine, lui, louvoie entre ces courants complémentaires avec une facilité déconcertante. De Camel à Colour Haze, d’Aphrodites Child période 666 à toute la clique psychée duna-jammesque, le trio allemand vient de produire une galette au potentiel infini. Le « Mother Engine » est bien réparé, bénéficiant de nouveaux propulseurs, d’une injection rare et de qualité, piloté par un trio compétent et inventif. On attend plus que ses nouvelles aventures.

Stonebirds – Time

Le trio breton nous avait bien bluffé avec son superbe Into the fog… and the filthy air. Un album riche, ambitieux sans être prétentieux, mais qui ouvrait de nouveaux horizons au groupe. Perspectives confirmées sur les trop rares dates live effectuées par le combo, dont un concert au Hellfest qui aura confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux. A son rythme, à sa manière aussi, les Stonebirds nous reviennent en 2017, discrètement, modestement, mais avec sous le bras une nouvelle rondelle qui nous fait déjà saliver et que l’on s’empresse d’écouter…

… et d’écouter, et d’écouter encore. On pourrait déjà sauter à la conclusion du disque et mettre en avant ce facteur : dire que Time est un album riche est un profond euphémisme. Time est vaste, complexe, l’album recèle son lot de nouveautés à chaque nouvelle écoute. Time est si copieux qu’il donne le vertige. Après des dizaines d’écoutes, l’œuvre apparaît toujours hors de prise, impossible à cerner complètement. Il faut dire que consciemment ou pas, le groupe a changé son fusil d’épaule dans son travail de composition. Là où Into the Fog… proposait cinq grosses pièces massives et évolutives, Time se compose de pas moins de huit titres, plus dynamique et “instable” dans leur structure, comme autant de pièces musicales protéiformes et roboratives (dont plusieurs au dessus de huit minutes). Autant prévenir tout de suite : les amateurs du combo “couplet-refrain-couplet-refrain-break-couplet-refrain” vont être à la peine ici. Tous les repères traditionnels volent en éclat, les séquences musicales s’enchaînent au sein de la même chanson, s’affranchissant de tout bon sens commun – voir par exemple le très beau “Blackened Sky”, littéralement tronçonné en deux morceaux différents, ou encore “Sacrifice”, dix minutes au garrot, et à peu près huit grosses séquences instrumentales consécutives, dont de gros breaks, avec des rythmes différents, des vocaux différents, des sons différents… Et le tout ne retombe jamais vraiment sur ses pieds, reste en équilibre instable tout du long, le trio développe un triumvirat vertueux : Efficacité, musicalité et atmosphère avant tout. Plus difficile à digérer, moins immédiat, mais symptôme d’une vraie richesse musicale, à l’image des entêtants “Shutter part II” ou “Only Time”.

Musicalement, d’ailleurs, l’évolution intrinsèque de Stonebirds ne saute pas aux oreilles en première approche : le groupe pousse encore plus loin l’axe expérimental de sa musique (dans la recherche du son, des ambiances surtout) mais globalement, on y retrouve nos petits. Si ce n’est une aisance plus marquante, la plupart du spectre sonore de Into the Fog… se retrouve dans Time, enregistré dans les mêmes conditions que son prédécesseur. Même si le groupe ne se revendique d’aucune influence franche et directe, on entend du Pelican sur ce disque (les plans grandiloquents, le travail rthmique), du Yob (les attaques de guitare crescendo…), du Dredg toujours (début de carrière avant les années 2000), mais aussi de manière plus distante des plans quasi Tool-iens… Mais au final le groupe ne propose rien moins que du Stonebirds, désormais reconnaissable en tant que tel. Il faut dire que l’interprétation impeccable du trio en impose. C’est le cas en particulier de la part de Fañch , l’élément le plus “visible” du combo : apportant un éventail notable d’options vocales supplémentaires (du chant clair au growl pur en passant par les plans gueulards, tout y passe), le gaillard frontman se fend surtout de murs de grattes massifs et de sons variés. A noter par ailleurs qu’au vu du gabarit structurel des morceaux, même si elle est moins “in your face”, la rythmique Sylvain / Antoine ne chôme pas et fait plus que le taf.

Stonebirds a clairement trouvé sa voie : il n’enfonce pas Into the Fog… mais en propose la suite logique, plus mature, plus profonde, plus audacieuse, plus riche. De fait, vous l’aurez compris, le groupe s’éloigne du stoner de ses débuts. Mais sa proposition musicale constitue une alternative intéressante. A réserver aux esthètes les plus audacieux, Time nous présente un groupe démontrant qu’il a trouvé sa voie, sans jamais s’engoncer dans un style musical unique. Une belle pièce.

R.I.P. – Street Reaper

Il faudra un jour se pencher sérieusement sur Portland et sa scène, inondant chaque année le metal – et le stoner/doom en particulier – de nombreuses formations, toutes meilleures les unes que les autres. Et au milieu de cette prolifération de fuzz, R.I.P., dont le premier album, déniché par Totem Cat Records, avait su retenir de nombreuses attentions en 2016. Avec leur esprit heavy doom bas du front et un second degré à toute épreuve, le quatuor a enchanté les connaisseurs et ressorti son album, In The Wind, chez Riding Easy dans la foulée. Et c’est sur ce même label que sort le second disque du groupe. Toujours porté par leur philosophie Street Doom, et par un chanteur – Fuzz – dont le micro est vissé à une faux ( !!), R.I.P. braille à qui veut l’entendre qu’il n’y a rien de sérieux dans le fait de tronçonner du Sabbath en veste à patch en 2017. Ni rien de plus jouissif non plus d’ailleurs. R I.P. se permet alors d’emprunter quelques versets légendaires à Candlemass (« Unmarked Grave »), de passer un riff d’Electric Wizard à la gégéne (« Mother Road ») ou même de faire un tube imparable, avec un riff à la Pentagram et quelques touches de cow bell en sortie de refrain (« Street Reaper »). Couillu. L’album aurait pu (dû) être un poil plus court, histoire de rester dans l’urgence, mais se pare en face B de nombreuses autres raisons de s’enthousiasmer, comme sur « The Dark » et son emprunt appelé à devenir légendaire, ou quelques autres solides morceaux sur lesquels l’influence de Bobby Liebling et son gang est toujours aussi flagrante (« Shadows Folds », « Brimstone » etc.). Et puis merde, si tout cela ne suffit pas à vous convaincre : trouvez moi meilleure pochette sur l’ensemble des productions de l’année !

Alors oui, il restera toujours des coincés du patch pour pinailler sur l’aspect putassier du disque, ou pour clamer que la musique est une affaire hautement sérieuse ne tolérant pas autant de décontraction. Mais pour les gens qui ne cherchent qu’à se faire du bien, Street Reaper est un chouette buvard sonore à laisser fondre sous la langue. Alors enfilez votre plus beau jersey, collez vous dans votre salon sur une chaise de jardin, les pieds sur la glacière et savourez. Ou allez vous faire voir ailleurs.

 

 

Point Vinyle :

Riding Easy c’est un peu le paradis du geek à platine, proposant Test Press, puis versions Die Hard (en clear avec un 7’ en bonus. 100 exemplaires, 25 à l’effigie de chaque musicien), et bien sûr des versions plus classiques : 200 en gold, 400 en white, une version green (je n’ai pas trouvé le nombre), et le pressage black habituel. De quoi nous en faire voir de toutes les couleurs.

Se connecter