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HELLFEST 2016 – jour 3 (Black Sabbath, Kadavar, Rival Sons, Grand Magus, The Skull, Death Alley, Lecherous Gaze, Stonebirds,…) – 19 Juin 2016

Ces deux jours, et en particulier cette seconde journée terrible, nous auront littéralement épuisés. Ce n’est pas pour autant que l’on arrive en traînant des pieds, bien au contraire, car cette troisième journée, moins dense en stoner « pur », s’annonce pleine de découvertes et de valeurs sûres. Il s’agit par ailleurs des dernières heures avant ZE climax, l’apothéose sabbathienne que plusieurs dizaines de milliers de personnes attendent sans s’en cacher depuis le premier jour…

STONEBIRDS

1 Stonebirds - IMG_1770


On arrive tôt pour être sûr de ne pas rater Stonebirds : on a pris une grosse claque avec leur dernier album « Into the fog…and the filthy air » sorti l’an dernier, et les échos de leurs quelques prestations live ces derniers mois étaient pour le moins élogieux… hors de question des les rater ! En revanche le « grand public » accuse le coup de ces deux terribles journées, et la tente n’est pas complètement remplie ce matin. Tant pis pour eux, ils nous rejoindront en cours de route ! Première satisfaction, le trio breton bénéficie d’un très bon son, élément clé pour retranscrire la profondeur et la richesse de sa musique : le puissant « After the Sin », morceau riche et tortueux, n’aurait pas supporté d’approximation sur le sujet, et on est rassuré. L’interprétation étant sans faille elle aussi, on se fait plaisir à s’immerger à nouveau dans les titres anguleux, tout à tour aériens et oppressants du combo. Scéniquement, leur musique n’est pas propice au headbang forcené ou aux sauts de cabri depuis la grosse caisse ; pour autant on sent nos bonhommes complètement dans leur set, et même si Fañch intériorise un peu plus, il ne faut pas oublier le travail qu’il abat, qu’il s’agisse de ses lignes vocales parfaitement retranscrites (comme sur l’émouvant « Into the fog ») ou de ses parties de gratte elles aussi impeccables. Un excellent set qui aura séduit un public peu agité mais clairement appréciatif de la performance.

LECHEROUS GAZE

2 Lecherous Gaze - IMG_1913


Les déjantés de Lecherous Gaze nous avaient laissé un souvenir quelque peu brutal il y a quelques années lors de leur passage au Desertfest Berlin : leur attitude punk et Lakis Panagiotopulos, leur chanteur déjanté (qui avait joué tout son set avec la tête dans un collant), détonnaient dans un environnement psyche ou doom… C’est donc avec un grand intérêt qu’on attend de voir s’ils ont évolué (j’ai failli dire « grandi », bande de sales gosses…) et quel type de performance ils vont proposer cette fois. Faut dire que le « Johnny B. Goode » râpeux, sale et déjanté joué en entier durant le soundcheck nous a un peu mis la bave aux lèvres… Le set commence d’ailleurs sur « Animal Brain », brulot à mi-chemin entre Chuck Berry et les Sex Pistols, en gros, permettant à Panagiotopulos de commencer à faire son show (mimiques, fausse bosse de bossu bricolée avec un vieux tee shirt…). Faut dire que derrière ses pitreries, les gaziers envoient du gros steak garage bien gras, et peuvent même effleurer des passages presque psyche (comme sur « New Distortion »). Quand le chanteur part backstage le temps d’une de ces jouissives plages chargées en soli testostéronés, c’est pour mieux revenir la gueule et le torse entourés avec un large rouleau de scotch rigide « duct tape »… Gros budget accessoires ! (et je vous passe les détails du gars backstage hurlant à la mort quand il faut lui arracher le scotch dans les cheveux après le concert). Sans prétention, grosse énergie, musiciens décalés mais pas manchots… Pas le set du siècle musicalement mais un bon gros moment de fun !

DEATH ALLEY

3 Death Alley - IMG_2019


Devenus en un album l’un des poids lourds de cette folle vague rétro-heavy stoner, les Hollandais de Death Alley ont été dépêchés pour pallier le forfait de Valkyrie et faire grimper un peu plus encore la température sous la Valley. Une mission parfaitement remplie, à grand renfort de boogie (hard) rock, extraits de leur premier et unique album avec en point d’orgue les 12 minutes imparables de “Supernatural Predator”. Décidément ce groupe est un des plus excitants de cette nouvelle génération.

The SKULL

5 The Skull - IMG_2199


Drôle d’idée d’avoir planqué The Skull sur la Altar, obligeant le doomster à faire une infidélité à sa tente habituelle. Drôle d’idée aussi pour ce groupe, composé d’ex-Trouble et nommé d’après un album de ces derniers de ne jouer que si peu de titres de la légende doom de Chicago. Eric Wagner et les siens défendent en effet un maximum leur seul (et très bon) album “For Those Witch Are Asleep”, en en jouant la moitié et réservant à la fin du set quelques incursions dans la discographie de Trouble dont « The Tempter » et « At The End Of My Daze » qui soulèvera un public certes épars mais totalement passionné.

UNSANE

6 Unsane - IMG_2338

Après le set fort apaisé de King Dude aux influences notoires de l’Homme en noir, la Valley prenait une orientation nettement plus bourrine avec le trio de New York. Mené pied au plancher par le vociférant Chris Spencer, le trio de la Grosse Pomme nous a envoyé un set tonitruant de belle facture. Cinquante minutes d’un déluge sonore trépidant avec un setlist taillé sur mesure pour le live qui était principalement tiré des excellentes productions que sont « Scattered, Smothered & Covered » (du millénaire passé) et « Visqueen » (nettement plus récent, mais plus au rayon frais). L’option de nous en foutre plein la gueule a été payante pour les vétérans à casquettes de baseball qui ont fait l’effort de nous remercier en français après avoir pilonné en règle la place. Le titre « Committed », qui fut d’une sublime sauvagerie, résume le mieux cette débauche d’énergie menée de main de maître par une formation ramassée sur elle-même au milieu d’une scène qui semblait presque démesurément grande sur ce coup.

KADAVAR

7 Kadavar - IMG_2460


La dernière fois qu’on a vu Kadavar au Hellfest, ils étaient clairement sur la pente ascendante, à deux doigts d’exploser pour atteindre un niveau de notoriété qu’ils n’ont pas quitté depuis. C’est donc en seigneurs que nos trois grands chevelus barbus montent sur scène et engagent l’introductif « Lord of the Sky ». Bien décidés à appuyer leur dernière production, le trio franco-germanique pioche allègrement dedans pour remplir rien moins que la moitié de sa set list de ce soir. Ce choix audacieux s’avèrera moins casse-gueule que l’on n’aurait pu le craindre : les nouveaux titres se fondent finalement pas mal dans la discographie du groupe, et stylistiquement, on n’y voit que du feu. Bref, ça ne détonne pas… Sauf que, diantre, on aurait bien aimé quelques titres un peu plus chauds que les insipides « Old Man » ou « Last Living Dinosaur » pour enflammer un peu cette set list qui se perd un peu dans le mid-tempo (dans lequel ils excellent, il est vrai). Pas beaucoup de relief, quoi. Reste que les bonhommes ont une assurance et une efficacité instrumentale qui laisse pantois : les deux grands échalas à droite de la scène déroulent une rythmique parfaitement huilée (mention spéciale, encore et toujours, au déjanté Tiger, qui n’a rien à envier au Animal du Muppets show en terme d’attitude scénique…) tandis que Lupus aligne ses riffs et ses somptueux soli avec fougue et (reconnaissons-le) grand talent. On ne pourra pas non plus dire que les allemands sont en mode automatique : ils se donnent bien dans le set et font (très) bien ce qu’on attend d’eux. Le public est à fond, d’ailleurs. Reste qu’on aurait apprécié quelque chose d’un peu moins policé, un peu plus fou…

RIVAL SONS

8 Rival Sons - IMG_2560


Dernière formation de notre culte à se produire dans la vallée pour cette édition, les Ricains de Rival Sons précédaient deux performances d’une toute autre limonade qui allaient faire un carton : Jane’s Addiction et Puscifer. La venue de la bande de Navarro et Farrel, même s’ils se baladent par ici ces temps, constituait un événement de plus à mettre au crédit du Hellfest 2016 qui fut riche en exclusivités dont la remise en route d’Hermano – ou des Ludwig Von 88 c’est selon votre âge – et le set de la veille de With The Dead. La Valley était pleine pour le show du groupe qui sert de support à Black Sabbath sur sa (dernière ?) tournée et le public allait accompagner la formation de Jay Buchanan tout au long de sa prestation. Les plans apaisés étaient propices à des accompagnements vocaux de la part de la foule qui s’est transformée en chœur des petits chanteurs à la croix à l’envers pour supporter le frontman à son invitation (il n’a pas eu à insister bien longtemps le bougre) surtout à l’occasion des refrains pour lesquels ces Californiens ont une extraordinaire expertise. Les interventions au chant des collègues de ce clone scénique d’Eddie Vedder, les light hyper soignés et le groove ahurissant du quatuor ont enchanté les bipèdes sous la tente et la masse agglutinée dans son prolongement. Si l’effet « dernier acte stoner » a certainement joué en leur faveur, il n’a pas tout fait : ce show a été une des toutes bonnes surprises pour les membres de notre rédaction qui ne s’étaient pas trop attardés sur ces poulains d’Earache qui viennent tout juste de nous livrer leur cinquième production : « Hollow Bones ». Cette nouvelle livraison s’est même invitée à la party, mais c’est leur précédent effort, « Great Western Valkyrie », qui a constitué le noyau central de cette prestation de haut vol dont le seul point faible fut incontestablement le format limité à 60 minutes.

GRAND MAGUS

Rassembleur et efficace, voici les deux qualificatifs qui conviennent le mieux, et de loin, au concert que livra le trio scandinave en cette dernière journée du Hellfest 2016 alors que le soleil disparaissait à l’horizon. La Valley était occupée par Jane’s Addiction qui allait ravir son monde avec un final à base de suspension et Ghost ainsi que Megadeth se passaient le témoin sur les scènes principales de la manifestation. Loin de ces tumultes populaires, nous étions nombreux à rejoindre l’Altar après avoir fréquenté d’autres scènes (Warzone et Valley en priorité) durant trois jours pour venir savourer le son lourd made in Stockholm. Question son : ce set a été d’une excellente qualité et même si la bande à JB a viré metal depuis belle lurette, ils nous ont fait super plaisir avec des hymnes imparables comme « Varangian », « Iron Will » ou « Hammer Of The North ». Malgré un dispositif de réception de slammer fort étoffé, prêt à récupérer des corps suants, le public s’est contenté de hocher du chef en scandant des « hey » et des « hoho » le sourire aux lèvres. Ce fut fuckin’superbe comme le déclara le chauve à la Flying V avant de nous souhaiter bonne nuit et de nous intimer l’ordre de rester lourd : on va suivre ce sain conseil c’est promis !

BLACK SABBATH

black sabb

En pleine tournée d’adieu, les pères fondateurs du heavy metal sont venus à Clisson pour que le public français lui présente ses respects, une dernière fois. Et il était nombreux, massé devant la mainstage. Après une vidéo aussi ridicule que mal faite, Iommi, Butler, Ozzy et leur jeune batteur se présentent sur les notes inquiétantes mais célébrissimes de « Black Sabbath ». Le concert sera alors un grand moment de communion si l’on ne se formalise pas trop des effets vidéos pathétiques sur les écrans géants et du traditionnel et insupportable solo de batterie après “Rat Salad”. Ozzy est plutôt en voix, balançant, comme à son habitude des « God bless you all » et des « I can’t fuckin hear you » à tout va. Derrière, Iommi et Geezer sont solides comme les rocks qu’ils ont toujours été. La plupart des classiques y passent et « Paranoid » nous est bien évidemment servi en rappel. Un concert qui sera apparu comme émouvant aux nostalgiques et probablement amusant pour les autres.

 *****

Et c’est en tous les cas sur ces derniers riffs cultissimes que se conclue le Hellfest 2016, une édition qui, cette année encore, aura enchanté (et fatigué) les desert-rockers que nous sommes (et que vous êtes probablement). Cet engagement de programmation à connotation stoner / doom / sludge / etc…, ancré dans la continuité, nous promet une affiche 2017 déjà appétissante… Pourra-t-elle dépasser celle de 2016 ? Déjà l’an dernier on n’y croyait pas, et pourtant… Donc on vous fixe RDV au même endroit dans un an !

 

Iro22, Chris, Laurent

HELLFEST 2016 – jour 2 (Fu Manchu, Hermano, Goatsnake, With The Dead, Torche, Mantar, Crobot, Hangman’s Chair, Lumberjack Feedback) – 18/06/2016

Après une courte nuit de sommeil, nous rejoignons la verte prairie du Hellfest pour la deuxième période de la cuvée 2016. Le ciel est clément, la température agréable et la foule pénètre nettement plus rapidement sur le terrain que la veille. L’affiche du jour est hyper bandante et c’est tout sourire que nous nous précipitons dans la Valley pour la première prestation de cette journée qui a connu moult chamboulements en ce qui concerne sa programmation. De très grosses pointures sont de la partie et il y a même des revenants dans les parages. Nous n’allions pas nous faire prier pour squatter un maximum notre antre de prédilection malgré la météo de Loire-Atlantique car, après tout, nous n’avions pas fait le déplacement pour parfaire notre bronzage.

THE LUMBERJACK FEEDBACK

1 The Lumberjack Feedback - IMG_0476


Pour nous tirer de notre torpeur, les sympathiques programmateurs de l’événement sont allés chercher la structure nordiste qui nous a gratifié en début d’année de l’incroyable « Blackened Visions » (dont l’écoute est chaudement recommandée par la rédaction). La formation instrumentale – au goût irréprochable pour la mise en scène de sa musique – a débuté sa prestation devant un public peu nombreux, mais visiblement ravi d’être présent. Il faut préciser que contrairement à ce qui s’était passé la veille, les festivaliers ont pu pénétrer rapidement dans le périmètre du festival (certains devaient déjà accuser les excès de la veille : tant pis pour eux !). Actif dans un registre qui poutre pas loin de bandes genre Cult Of Luna (ça y est je l’ai placé), le groupe incarne avec d’autres, comme les Lyonnais de Celeste par exemple, un certain renouveau du metal hexagonal très orienté sludge et doom. Le son de la prestation a été d’excellente facture et ces invités de – toute – dernière minute ont sacrément fait de l’effet auprès des quidams dans la place. Il faut avouer que la présence de deux batteurs sur l’estrade apporte un rendu tribal plutôt plaisant ainsi qu’une touche visuelle qui ferait presque oublier l’absence de vocaliste. Bref, à l’aise sur scène, les Lillois nous ont foutu un bon coup de pompe au cul pour débuter cette journée du bon pied ce qui n’était pas gagné d’avance vu leur convocation tardive en raison de la malheureuse défection des Crazy Canucks de Dopethrone.

Ayant découvert depuis peu Steak Number Eight, on s’est ensuite précipités pour les voir sur la mainstage 1, mais on préfèrera finalement ne pas en parler ici : les conditions étaient probablement moyennes (pas de soleil mais pas de pluie), la set list inadaptée, le public amorphe, le son perfectible (peu de relief il est vrai) et nos petits gars un peu perdus et inhibés sur cette scène géante… Quoi qu’il en soit, le concert était médiocre et on préfère attendre de les revoir en bonnes conditions pour vraiment jauger ce groupe .

HANGMAN’S CHAIR

2 Hangman's Chair - IMG_0579


Tout comme leurs prédécesseurs (et compatriotes), les Frenchies se voient contraints de convertir un maximum de fidèles en une trentaine de minutes. Même si l’espace s’est quelque peu garni entre les deux premiers actes de cette folle journée, l’exercice n’est pas des plus aisés et la haute maîtrise des Franciliens va les aider à accrocher rapidement les festivaliers curieux ou déjà acquis à leur cause. Les chevelus vont taper essentiellement dans leur dernière sortie en date, « This Is Not Supposed To Be Positive », durant ce set qui s’achèvera quelques minutes après que le clocher de l’église de Clisson aura sonné les douze coups de midi. Le frontman velu du quatuor pourra s’enorgueillir d’avoir délivré une prestation frisant la perfection en ce qui concerne ses parties vocales, lesquelles ne sont pas toujours le point fort des groupes du genre. Le rendu de leur performance sera très similaire à ce que les Parisiens livrent sur leurs nombreuses plaques. Pas de grosse surprise, mais une confirmation de tout le bien que nous pensions de ces gens.

CROBOT

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Dire qu’on a été surpris par Crobot relève de la litote. On s’attendait à un énième groupe de vintage rock soporifique et/ou rébarbatif, pour tout dire, mais dès que nos quatre gaillards ont pris la scène, on a vite compris que ça serait une toute autre paire de manches : déployant l’énergie d’un Death Alley sur une base musicale mélangeant Orchid, Witchcraft, ou Horisont, et invoquant tour à tour Led Zep ou Deep Purple, le combo pousse la synthèse en art, et transforme l’hommage en création respectueuse… et foutrement excitante ! En passant de titres aussi furieux que « Necromancer » (et ses excellents passages d’harmonica) jusqu’à des mid-tempo efficaces comme « La Mano de Lucifer », en passant par son groovy nouveau single « Not For Sale », les titres tapent juste. Sur scène, les gars sont déchaînés : Brandon au chant est au taquet dans son rôle bien assumé de frontman, le guitariste bouge dans tous les sens et monte une demi-douzaine de fois debout sur son ampli, le bassiste danse sans arrêt et accueille son chanteur sur ses épaules, … Les gars sont dedans et ne s’ennuient pas ! Musicalement on n’est donc pas dans l’originalité la plus absolue, mais il y a tant de talent dans ces compos et tant de fougue dans cette interprétation qu’on ressort groggy de ce set. Et avec le sourire siouplé ! Un vrai coup de pied au cul de tous ces combos opportunistes et suivistes qui s’engouffrent encore de nos jours dans cette brèche musicale. A suivre de très près.

MANTAR

4 Mantar - IMG_0797


Ceux qui étaient au Doomed Gatherings en mai le savaient, les autres l’ont appris à leurs dépens : en live Mantar est un véritable rouleau compresseur. Le duo allemand, guitare / batterie, déverse une coulée heavy sur la Valley, se servant à parts égales dans ses deux albums (“Death By Buring”/2014 et “Ode To The Flame”/2016). L’audience, littéralement emportée par la fougue d’Hanno Klänhardt, intenable malgré son corps décharné, se secoue à l’unisson jusqu’aux derniers larsen de « White Nights », à mes yeux l’un des plus grands moments du week-end.

TORCHE

5 Torche - IMG_0842


Les amateurs de riffs graisseux ont clairement fait une parenthèse entre le set roboratif en la matière de Mantar et celui, à venir, de With The Dead. Reste une Valley très correctement remplie tandis que Torche fait son entrée – et les présents n’auront pas à le regretter. Sans surprise, le sympathique quatuor floridien enquille les titres sans trop tergiverser, avec fougue, bonne humeur et efficacité. Il a constitué pour aujourd’hui une set list « sans risque », où il fourre les meilleurs titres de ses deux classiques, « Meanderthal » et « Harmonicraft », et quelques extraits de son récent « Restarter », sa première production chez Relapse sortie l’an dernier (ils se lâcheront sur le rappel, constitué uniquement de titres de leur dernier opus). C’est donc sans déplaisir que l’on entend à nouveau les efficaces « Kicking » ou « Grenades », ou bien sûr le furax « Healer » qui fera quelques dégâts dans la fosse. Même si le groupe souffre occasionnellement d’un son défaillant (basse…) il fait le job et emporte l’adhésion d’un public qui, aujourd’hui en particulier, était plutôt là pour manger du gras ou du sable. Beau challenge de se retrouver au milieu de cette affiche…

WITH THE DEAD

6 With The Dead - IMG_0974


Les concerts de With The Dead se comptent sur les doigts d’une main de mort vivant. Depuis la publication de leur album en 2015, le « supergroupe », composé à la base de la section rythmique ancestrale d’Electric Wizard et de Lee Dorrian (voix de Cathedral et tête pensante de Rise Above Records, entre autres), ne se sera produit live que 3 fois (deux dates anglaises plus le Roadburn Festival) c’est dire si leur venue au Hellfest était attendue. Désormais en quatuor et se produisant sans Mark Greening remercié (ce dernier était présent la veille avec Ramesses), With The Dead joue son album, dans l’ordre et sans fioriture. Il y a alors deux façons de voir leur set : soit l’on ressort déçu que rien de particulier n’ait été proposé voire un peu agacé par le jeu de scène statique des musiciens et cette attitude si particulière qu’a toujours eu Dorrian en live, soit l’on se contente de ces 40 minutes de doom chic et propret, conscient qu’elles ne se représenteront pas de sitôt. De mon côté je n’ai pas vraiment réussi à trancher.

GOATSNAKE

7 Goatsnake - IMG_1038


Drôle de parcours que celui de Goatsnake. Formation culte s’il en est, en sommeil pendant 15 ans, de tous les groupes stoner reformés, il est probablement celui dont le retour discographique a été le plus réussi. C’est bien simple, il n’y a rien à jeter de leurs trois disques et quelques EPs. Reste que les rares incursions faites par le quatuor en Europe se font sans réelle logique ni promotion. Pour autant le Hellfest semble être constamment un passage obligé, et ce pour notre plus grand plaisir. Le concert du jour sera une sorte de best of de ce que le groupe propose de meilleur, puisant autant dans ses anciens albums que dans le nouveau, proposant « Black Age Blues » et surtout l’incroyable « Killing Blues » à un parterre médusé par le bonheur. Si l’on peut regretter l’absence de « IV » dans leur set list, toutes les autres pépites sont au rendez-vous et Pete Stahl fait le show, comme à son habitude, entre roulades et soli d’harmonica, quand son fil de micro ne s’emmêle pas sur sa bouteille de vin. Plus qu’un set, une messe absolue.

HERMANO

8 Hermano - IMG_1156


Certes, il n’y a pas de groupe de la dimension de Rammstein sur les main stage en simultané, mais quand même… Il se passe clairement quelque chose quand, dix minutes avant le set de Hermano, on constate que la Valley est déjà remplie. Quelque chose qu’on ne voit quasiment jamais pour des groupes de tête d’affiche sous la Valley ! Difficile pourtant après plusieurs années d’inactivité d’imaginer le niveau de notoriété du combo américain. Et bien on peut d’ores et déjà l’affirmer : le pari des programmateurs du Hellfest est gagné, haut la main. Pour ce concert en exclu européenne (et probablement mondiale, à voir sur le reste de l’année), le quintette a mis les petits plats dans les grands et constitué une set list absolument imparable, composée d’extraits de leurs trois albums, à commencer par une entame rageuse avec un « Left Side Bleeding » efficace, associé à un « The Bottle » qui rappellera le talent du combo pour les mid-tempo, associant riffs percutants et groove imparable sur une base blues. Tout est là, et le reste de la set list en fera la démonstration dans toutes ses variantes. Sur scène, les musiciens (qui, comme le rappellera Garcia, habitent tous à plusieurs centaines voire milliers de kilomètres les uns des autres, sauf Dandy et Garcia, voisins) montrent un plaisir d’être ensemble et de jouer sur scène qui ne fait pas l’ombre d’une doute : le trio rythmique (Chris Leathers derrière les fûts, et le duo Dandy Brown / Mike Callahan) est efficace et incisif, tandis que Dave Angstrom, que l’on a connu plus exubérant, reste un impeccable soliste et riffeur. Quant à John Garcia, qui évidemment capte toute l’attention, on aurait pu le penser éteint, tant il répète à l’envie depuis plusieurs mois avoir fait une croix sur ses autres projets (hors sa nouvelle carrière solo)… on est donc agréablement surpris de le retrouver non seulement parfaitement juste sur ses parties vocales, mais en plus bien impliqué dans le set (on l’avait par exemple senti plus en retrait sur le set de Unida il y a 2 ans…). Le groupe nous gratifie en milieu de set d’un nouveau titre, un mid-tempo qui aura du mal à nous transcender en première écoute, mais qui apparaît dans la veine de la production déjà connue du groupe. Côté public, l’ambiance est à la fois électrique et enjouée : de bout en bout de la tente, tout le monde chante, headbangue ou ondule selon la chanson, et sourit… Le groupe remplit son slot d’un peu moins d’une heure et finit par un trio dévastateur « Kentucky » / « Manager’s Special » / « Angry American » afin de mettre tout le monde d’accord : Hermano a joué le set parfait, et l’on n’en espérait pas moins.

FU MANCHU

9 Fu Manchu - IMG_1561


Troisième géant étasunien du stoner à se produire d’affilée sur notre scène de prédilection en cette deuxième soirée, les Californiens du sud se sont vus upgradés en headliner du jour de la Valley suite à l’annulation de Down sur laquelle nous n’avons pas franchement envie de revenir. La place est bondée ; il faut avouer que comme concurrents directs les Américains ont les vieilles gloires de Twisted Sister et les bourrins plus très jeunes de Napalm Death. Étrange programmation que celle de cette journée qui n’a pas une grosse pointure comme tête d’affiche, mais une multitude de formations brillantes qui se succèdent toutes les heures dans tous les styles possibles et imaginables. Moins rare que ses deux prédécesseurs dans nos contrées, Fu Manchu bénéficie non seulement d’un passé qui les range au rayon des pères fondateurs du genre, mais aussi d’une technicité de haut vol qui sera particulièrement frappante ce soir-là. Habitués à tous types de scène, leur assurance et leur énergie font mouche, et le public ne s’y trompe pas : malgré son statut d’outsider, le quatuor mythique va déclencher de multiples slams durant son set de soixante minutes. En ce qui concerne la set list, nous ne boudons pas le plaisir qui a été le nôtre en se retapant les vieux standards que sont « Hell On Wheels », « Godzilla », « Evil Eye », « Eatin’ Dust » ou « King of the Road ». Il faut concéder qu’avec la réédition récente de « Daredevil », nous attendions plus de titres de cet opus que « Push Button Magic » envoyé en troisième position. Mais pas de grosse surprise de la part de la bande des Scotts si ce n’est une fin en forme de zizi tout mou post orgasmique sur « Saturn III » à qui nous aurions préféré un titre nettement plus véloce. Au final, nous aurons assisté à une excellente performance de la part d’un groupe qui n’aura pas volé son statut de tête d’affiche vu la place de choix qu’il occupe dans nos cœurs de – vieux – rockers.

Après ces joyeuses choses, la prairie a été illuminée d’un feu d’artifice à la gloire de Lemmy qui interrompait toutes les prestations et contraignait donc le running order de la soirée. Tout le monde a versé sa larme alors que nous n’avions pas le sentiment, l’an passé dans des circonstances identiques, que tout le monde était fan de Motörhead. Cette grande communion – soutenue d’extraits vidéo du concert de l’an dernier – achevée, nous avons bataillé avec les réseaux pour vous livrer notre résumé en image de la journée (voir la vidéo ci-dessous !) puis sommes aller dormir du sommeil du juste afin d’être d’attaque pour une dernière ligne droite placée sous le signe de l’éclectisme (y compris dans la vallée des stonerheads).

[A SUIVRE]

Chris, Iro22, Laurent

HELLFEST 2016 – jour 1 (Sunn O)), The Melvins, Earth, Wo Fat, Ramesses, Monolord…) – 17/06/2016

Pour l’équipe de Desert-Rock, l’édition du Hellfest 2016 se présentait sous les meilleurs augures, avec une flopée de retours attendus sous la Valley et, d’une manière plus générale le dernier concert de Black Sabbath sur le sol français. Ce ne seront ni les annulations de Down, Dopethrone, Windhand et Kylesa, ni la météo, finalement clémente, qui auront eu raison de notre joie lors de ces 3 jours de fête et de gros son au sein du tout meilleur festival metal généraliste d’Europe.

Retour sur le premier jour d’un week-end d’enfer en enfer.

MONOLORD

1 Monolord - IMG_9725


Alors que le gros du public trépigne dans la file d’attente avant la palpation sécuritaire devant la Cathédrale servant d’entrée au festival (et ils devront s’armer de patience vu l’heure et demi d’attente constatée en ce vendredi matin) et que de The Shrine envoie les hostilités sur une scène de grande taille (ce qui contraindra certains stonerheads à effectuer un choix cruel), le trio de Gothenburg balance sa purée collante dans la Valley. Notre tente de prédilection est peu remplie pour le début de ce premier set de trente minutes qui débute à 10 heures trente du mat quand-même. Le public présent, de plus en plus nombreux au fil du set, est très réceptif aux riffs empreints de lourdeur que les Suédois balancent avec fougue durant leur demi-heure de jeu. Ces lascars, qui ne ménageront pas leurs efforts pour nous faire adhérer à leur cause, se permettront même d’envoyer une nouvelle compo à mi concert. Comme d’habitude, nous avons apprécié l’énergie que le trio, habité par son art, déploie en concert et surtout leur grosse capacité à nous faire entrer dans leur monde très heavy marqué de rythmiques entêtantes. Coutumiers des performances des Scandinaves, nous avons la sensation que leur musique nous colle à la peau après leur concert comme la boue du festival colle à nos godasses en ce premier jour.

THE SHRINE

2 The Shrine - IMG_9821


Malgré un travail remarquable concernant la programmation et les horaires des groupes, il y a bien quelques frustrations et choix cornéliens à opérer pour tout fan de gros riffs durant ces trois jours… Et le premier de ces choix doit être opéré dès les premières minutes de cette édition 2016, avec une ouverture de festival simultanément opérée par Monolord et The Shrine, un groupe que nous affectionnons particulièrement. Le trio de heavy-punk-stoner-garage-rockers californiens grimpe donc sur cette mainstage 2 bien trop grande pour eux, bien décidés à tirer le meilleur de cette opportunité. A cette heure-ci, les américains souffrent du même problème que Monolord : le public est clairsemé, et comme souvent à ces horaires sur la main stage, globalement plutôt passif. Le soleil a par ailleurs le bon goût de resplendir sur la demi-heure de set du groupe, ce qui rend l’apathie contagieuse. Mais l’énergie est là, et se reposent sur un set de compos parmi leurs plus péchues, bien sûr. On citera notamment l’énervée « Worship », mais aussi « Death to Invaders » et son riffage majestueux. Plus remarquable : sur une petite demi-heure de set, le groupe prend quand même le temps de faire monter le déjanté Beb, du groupe punk rock rémois (!!) culte mais confidentiel Soggy (combo qui a plié les gaules depuis plusieurs années mais dont The Shrine est fan) pour une interprétation énergique de leur classique « Waiting for the War ». Respect pour ça. Mais bon, on aurait aimé voir le groupe dans un contexte plus favorable à l’énergie qu’il déploie sur scène.

STONED JESUS

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Soyons honnêtes, on a été habitués ces derniers mois à des prestations en dents de scie de la part de Stoned Jesus : sans jamais manquer d’énergie, le trio ukrainien a parfois proposé un jeu approximatif (ou même faux), des set lists un peu boiteuses… Mais aujourd’hui, c’est tout bon. Déjà le public est bien plus dense que pour Monolord sous la Valley (probablement composé d’une bonne part de personnes frustrées de ne pas avoir pu assister au set des doomsters suédois). Ensuite, le groupe est d’excellente humeur, en particulier Igor, son inébranlable frontman. Enfin, la set list est impeccable : ils commencent à emballer la machine avec « Electric Mistress », enchaînent avec un doublon issu de leur dernier album (« YFS » / « Here Come the Robots ») pour, et c’est couillu, finir sur un « I’m the Mountain » d’un bon quart d’heure (faut oser, quand on a un créneau de 30 minutes…). La vitrine est donc judicieusement choisie, et le public découvre aujourd’hui un groupe énergique et enthousiaste, maniant le riff aussi bien que les plans parfois plus prog, le tout chargé de soli impeccables d’Igor, ainsi que de passages tendance jams bien exécutés. Aujourd’hui c’était un jour avec, et c’est tant mieux.

WO FAT

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Tout comme Monolord qui les ont précédés quelques heures avant, les Ricains vont nous botter les fesses durant quarante minutes. Ils suivent une formation un peu plus légère lors de cette journée sous le signe du trio dans la Valley (et pas du triolisme bande pervers !). Le stetson trône bien placé sur la tête d’ampli Orange durant le show que proposent les Texans qui viennent de nous gratifier d’un « Midnight Cometh » auquel nous souhaitons le même succès que celui qu’a rencontré au sein de notre communauté son prédécesseur « The Conjuring ». Le show – terriblement couillu – des Etasunien sera propice à quelques figures de style de la part de la frange agitée du public qui en profitera pour prendre de la hauteur. Une mention spéciale au bassiste de la formation qui contribuera fortement au rendu méga blast de cette prestation de grande classe qui aura grandement agité la danse de la nuque du peuple de la vallée qui grossit à vue d’œil maintenant que les festivaliers débarqués tôt le matin ont pu pénétrer l’arène après un contrôle chronophage annoncé et fort compréhensible par les temps qui courent malheureusement

RAMESSES

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Fraichement reformé suite à l’éviction de Mark Greening de With The Dead, Ramesses a été dépêché par le Hellfest en remplacement de Windhand afin de faire couler le doom sous la Valley. Avec l’indéboulonnable Adam Richardson à la basse et Alex Hamilton (Bossk) à la guitare, les anglais frappent fort d’entrée en envoyant « Master Your Demons » issu de l’EP We Will Lead You To Glorious Times. Le groupe bénéficie d’un son excellent et situe son propos aux confins du doom, croisant les ambiances extrêmes du black metal dans les méandres torturés de leur musique d’apocalypse. Sans fioriture et avec toute la sauvagerie qui habite ce trio, les 40 minutes que durent le set sont magistrales, avec en point d’orgue un final dantesque sur « Baptism Of The Walking Dead ». La Valley plus que bien remplie pour l’horaire aura tremblé de bonheur et d’effroi.

EARTH

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Earth a pas mal tourné ces derniers mois, et dire qu’on a la bave aux lèvres à la perspective de les revoir sur scène est assez éloigné de la réalité. Reconnaissons en revanche que le public, nombreux en cette fin d’après-midi, est ravi de voir débarquer le quatuor américain, l’accueillant avec une belle acclamation. Et dans ce contexte, la prestation du groupe s’avère impeccable, ou en tout cas parfaitement conforme à ce qu’on pouvait en attendre… A commencer par une set list qu’on qualifiera sans trop de peine de prévisible (l’enchaînement « Torn by the Fox of the Crescent Moon » / « There is a Serpent Coming » en intro, « Old Black » en conclusion…), incluant quand même ce qui semble être un inédit – cool pour les aficionados. Après, sur scène, pas vraiment de surprise, avec un Dylan Carlson qui joue le frontman, certes, mais avec le dynamisme de ses riffs : des mouvements lents, presque théâtraux, peu d’interactions avec son public… A l’image d’Adrienne, derrière ses futs, à fond dans son trip, accompagnant chaque frappe de gestes lents et amples, à l’image d’une hypnotisante danse tribale quelconque… jouée au ralenti ! Bref, Earth a fait du Earth, qu’on aime ou pas, et ils l’ont bien fait. Ceux qui sont rentrés dans le trip ont adoré.

MELVINS

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Nous avions adôôôré la performance à double batteurs que l’ovni de Buzz Osborne avait exécutée lors de la dernière édition du Up In Smoke sédentaire de Bâle et attendions donc beaucoup de ce concert à Clisson. Tuons le suspense d’entrée : nous resterons sur notre faim avec ce concert du côté du Phare Ouest. King Buzzo n’est accompagné que de deux collègues de boulot pour ce set de presqu’une heure au moment de l’apéro. Comme il pleut dehors (et quand il pleut par ici : il pleut vraiment) les fans peu hardcore et solubles d’Hatebreed viendront grossir les rangs du public présent sous la structure protégée au fur et à mesure que le temps passe ce qui permettra aux Américains de se produire finalement devant un parterre bien garni. Côté mode, au terme de l’hymne servant d’ouverture à leur prestation, nous découvrons le gourou échevelé de la bande vêtu de sa mythique toge d’illuminé accompagné de deux larrons aux shirts noirs estampillés respectivement batteur et bassiste (des fois qu’ils se gourent de positionnement sur le terrain) en paillettes que Cristina Córdula crédite d’une note honorable. Côté musique, « Basses Loaded », le récent effort du groupe, sera fort discret même si son morceau de fin («Take Me Out to the Ball Game ») résonnera après un intermède de chorale à trois voix qui laissa le public pantois. Globalement, on assista, au Hellfest, à un show au setlist très éclectique (à l’image du son déployé par ce groupe) qui tapa aussi bien dans la genèse de leur œuvre (« Gluey Porch Treatments »), dans les opus de la décennie écoulée ainsi que dans une sélection de titres parus sur des productions plus obscures. Les fans indécrottables, aux chaussures crottées, de la formation ont certainement goûté à ce show qui nous laissa quelque peu frustrés tant ce collectif est capable de délivrer des shows beaucoup plus transcendants que celui auquel nous assistâmes lors de la Teuf de l’Enfer.

SUNN O)))

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Annonçons-le tout de go : l’objectivité, tout comme le sens commun, finalement, n’ont pas de place dans le cadre d’un concert de Sunn O)). Ce postulat ainsi formulé, c’est avec une grande impatience que l’on gagne la Valley, déjà noyée dans un épais brouillard synthétique (les machines à fumée crachent non stop depuis un bon moment déjà !) ; tout juste y distingue-t-on cette configuration scénique pour le moins atypique, avec des murs d’amplis à taille humaine disposés comme en arc de cercle. Nos quatre prêtres du son, comme en procession, prennent place un à un dans cet espace, et entament un rituel dont peu de monde ressortira indemne. Précisons à ce stade que la Valley n’est pas vraiment blindée, comme chaque année pour les principaux artistes sous cette tente, et il faut dire que ce soir en particulier, la concurrence du set de Rammstein (et de son grand spectacle quasi assuré) fait du mal. Mais les puristes seront récompensés : dès le premier accord dégainé (on ne peut pas parler de riff quand plusieurs minutes séparent chaque accord… si ?), maître SOMA fait vrombir la puissance tellurique de ce mur d’ampli, allant pousser dans leurs retranchements les pourtant grandes capacités des subs du Hellfest, et vient faire vibrer à l’unisson les corps surpris/apeurés/amusés d’un public qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser pendant une heure. Ainsi se crée cette communalité qui fera la force du set tout du long, que l’on peut résumer par cette phrase que l’on retrouve en en-tête de la spec technique du groupe : “Audio philosophy : maximum volume yields maximum results“. Le maître de cérémonie incontesté sera Attila, qui incarne pleinement le set, en théâtralité évidemment, mais aussi en pure technique vocale : sa technique époustouflante, mêlant growls profonds et incantations, est captivante. Plus qu’un concert, on a vécu une expérience mémorable, et la configuration « Hellfest », que l’on pensait inadaptée pour ce type d’événement, s’avère finalement, une fois la nuit arrivée, parfaitement compatible. Une claque.

KVELERTAK

Après avoir goûté à du tout bon et a du franchement nettement passable, nous avons splitté et une partie de l’équipe s’est rendue sur la scène qui poutre : la Warzone. Le sextuor de Stavanger y a délivré une prestation de bonne facture en visitant son dernier opus en date, « Nattesferd », ainsi que ces deux premières plaques : « Meir » et l’album éponyme. Les standards et autres singles des Norvégiens ont été balancés avec ferveur dans la zone de combat qui était honnêtement remplie alors que des formations bankables se la donnaient sur les Mainstages.

C’est donc en norvégien dans le texte que nous nous sommes partiellement finis à grands coups de riffs précis et véloces avant de rejoindre nos pénates afin de vous envoyer un résumé vidéo de cette journée (ci-dessous) et de nous revigorer pour la suite d’un festival dont l’affiche orientée stoner du jour numéro deux nous foutait une sacrée érection !

[A SUIVRE]


Chris, Laurent, Iro22

BRIGHT CURSE – 8/06/2016 – Reims (l’Appart café)

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Quelle belle soirée que ce mercredi 8 juin en direct de la  ville des sacres : Reims. Entre deux journées pluvieuses, la chaleur et les bulles ont été au rendez-vous afin de motiver la faune rémoise pour y découvrir le power trio Bright Curse à l’Appart café, à l’occasion de leur dernière date de tournée.

En pleine période promotionnelle avec la sortie de leur premier album Before The Shore, le groupe s’est offert une belle petite tournée de trois semaines en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Suisse et surtout en France). Nous avons eu le plaisir de les rencontrer avant le show à Reims, et les trois comparses nous avaient promis un bon dernier live avant de rentrer à Londres pour un peu de repos. Chose promise, chose due, autant vous dire que ce concert fut des plus énergiques, malgré un public un peu timide et l’absence d’une première partie qui aurait pu permettre de réchauffer l’ambiance pour l’entrée du trio.

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En ce qui concerne le son, et pour ceux qui connaissent l’Appart Café, il n’y a pas beaucoup de miracle et c’est l’ambiance « bar » qui domine dans les esgourdes. Pourtant, Bright Curse a réussi à franchir le mur du son en déployant un cocktail guitare/basse explosif. On n’en attendait pas moins avec la puissance de frappe de Zack et de sa batterie, tendance gros monstre avec sa grosse caisse de 26 pouces. Puis vocalement, le volume se ressent un peu juste, mais grâce au coffre déterminé et la très belle justesse vocale de Romain, on passe un très bon moment ! Ainsi, la bande nous a proposé un set puissant, certes un peu court, avec des titres comme « The Shore », « Lady Freedom », la sublime « Shaman »,  la délicieuse  « Mind Traveler » ou bien encore « Candles and Flowers ».

En soi, cette soirée fut des plus réussies et donne envie d’en voir d’avantage tant Bright Curse respire une authentique bonne humeur et une fraternité qui inspire à tous l’envie de partir avec eux sur les routes. Vivement la prochaine !!!

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LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL, CHRON GOBLIN, BRIGHT CURSE et SIX MONTHS OF SUN – 7/06/2016 – Genève, Usine

Chron-goblin-07.06.2016

Flashback sur ce qu’était la scène stoner avant un certain regain d’intérêt ces dernières années avec ce plateau généreux qui vient balancer des riffs un mardi soir à l’Usine de Genève : il y a très très peu de monde et c’est tant pis pour les absents parce que perso j’y ai trouvé mon compte ! Il faut dire que cette date voyait se rencontrer la tournée réunissant deux excellentes signatures du label Ripple Music (les français de Los Disidentes Del Sucio Motel, avec les canadiens de Chron Goblin) avec un groupe local ainsi que les excellents Bright Curse, eux aussi en tournée européenne sur la même période. Sur le papier, de quoi passer une superbe soirée…

Six Months Of Sun

6MOS

Les régionaux de l’étape entament les hostilités avec leur stoner 100 % instrumental qui rappelle agréablement Karma To Burn. C’est terriblement pugnace, comme d’habitude en fait, et le trio prend un sacré plaisir à balancer ses compositions entrecoupées de dialogues de film de grande classe dont « Un Prince A New York », vous voyez le genre j’en suis certain ! C’est pas sexy chocolat, mais le public – concis – hoche bien du chef voire même un peu plus. Difficile de résister à l’efficacité que déploie la formation sur scène tant elle est contagieuse. Christophe, à la guitare, Cyril, à la basse, ainsi que Daniel, à la batterie qui m’aura carrément laissé sur le cul, déploient leur art et conquièrent de nouveaux fans parmi les néophytes qui n’avaient pas encore eu la chance de les croiser sur scène. Je recommande chaudement un saut sur leur Bandcamp à ceux qui n’auraient pas encore eu l’extrême plaisir de les admirer sur scène.

Bright Curse

BC
Avec Before The Shore, leur dernière plaque en date sortie il y a quelques semaines à peine, le trio aux deux tiers francophone basé à Londres succède à la triplette genevoise et on change carrément de registre musical. On ne change pas le backdrop, puisque les locaux ont joué avec celui de Bright Curse, durant la première partie du set, mais un sabotage de Zacharie, le batteur, verra le groupe terminer son set sans ses couleurs en fond. Annoncé comme une formation doom sur l’affiche, les Londoniens vont forcément surprendre les gens qui ne les connaissaient pas. Composé de titres de leur dernier opus, sauf un titre issu de leur premier effort, le groupe propose un show rentre-dedans avec des versions nettement plus débridées de ses compositions. « Lady Freedom » prenant au passage une grosse paire de couilles. Max à la basse et Romain, chant et guitare, assurent le show à l’avant de la scène sans trop en faire, et même l’apaisé « Candles and Flowers », écrite suite aux événements parisiens de novembre dernier, arrive à capter le public de lourds présent dans la place.

Chron Goblin

CG
Après un très rapide changeover, les Canadiens balancent leur boogie heavy devant une audience un peu plus fournie que pour les groupes précédents. Il faut dire que les membres des autres groupes viennent soutenir les musiciens en action et bouger un peu le timoré public local. Le vocaliste de la bande flirte avec le style Garcia et des applaudissements nourris viennent ponctuer tous les titres. L’ombre du Grand Kyuss plane sur cette prestation qui va se dévergonder au fur et à mesure que le show avance et se terminer de manière bien désinhibée pour le bonheur des petits et des grands présents dans la salle.

Los Disidentes Del Sucio Motel

LDDSM
Venus en voisin, les Alsaciens de LDDSM assurent la tête d’affiche de cette parfaite petite sauterie stoner. Plus nombreux sur scène que les groupes qui se sont succédés jusqu’ici, ils peinent à être contenus sur la petite scène de l’Usine. Je remercie Arnaud d’avoir signalé la fin de la pause clope à l’extérieur de sa grosse voix sinon j’aurai certainement loupé le coup d’envoi du set du quintet… Et je l’aurai certainement regretté ! Dévoilant un bon nombre de perles issues de leur encore tout chaud Human Collapse, distribué en avant-première sur le tour, les Français emballent les spectateurs en deux coups de cuillères à pot ! C’est carrément la grande classe durant un peu moins d’une heure (le couvre-feu est respecté), et les zicos terminent dans le public (on ne peut pas parler de premiers rangs) sur « Z » tiré de « Arcane ». Ce fut carrément un plaisir que de faire connaissance avec les nouvelles compositions de cette formation montante en live plutôt que sur disque (mais je vous rassure cette production est aussi excellente que le fut ce set) vu le virage dur opéré par LDDSM. Une excellente soirée, même si le public local ferait bien de se bouger les fesses même quand il n’y a pas un groupe signé sur une grosse structure qui se produit sur scène à Genève.

DOOMED GATHERINGS – Jour 3 (Elder, Monolord, Toner Low, Electric Moon,…) – 16/05/2016 (Glazart, Paris)

En ce lundi de Pentecôte, clôturant un week-end du même nom des plus gras, ayons une pensée émue pour Frère Clément qui a eu un empêchement de dernière minute l’empêchant d’assister aux célébrations.
Pour finir en beauté, le line-up du jour aura été (encore) des plus variés et intéressants, entre découvertes, confirmations et bûches bien sûr !
(Et toujours notre compteur de doom, rappelez-vous, nous en étions à 15)

 

CAROUSEL

Pour bien commencer un troisième jour de festival, il est important de se ressourcer. Pour ça les gars de Pittsburgh ont de quoi réveiller les troupes, avec leur hard rock teinté de heavy. Tout y est, on fait un bon d’une trentaine d’années en arrière et l’énergie du quatuor fait mouche. Pas grand chose de doom (16) là-dedans mais vu qu’on est loin d’être fermé d’esprit on se laisse emporter aisément par l’énergie du groupe. Rien de bien original certes mais une implication sans faille, qui nous offrira un réveil matin des plus agréables.
Palme d’Or du Rock ‘n Roll.

 

DDENT

D.DENT J3

Après s’être ressourcés, il est important de se replonger dans une ambiance plus en adéquation avec l’intitulé du festival. Pour ça les gars de Paris ont de quoi assombrir le ciel du Glazart, mâtinant leur post-metal d’éléments industriels et une façon de mener ses compos vraiment intéressante. Fonctionnant par vagues, le trio prend son temps pour entremêler ambiances chaloupées et montées d’adrénaline. Les locaux vont faire glisser progressivement la salle dans leur monde, menés par un guitariste visiblement complètement dans son trip, tatoué de (presque) partout et empêchant à lui seul le côté rédhibitoire que peut revêtir une musique intégralement instrumentale. Mariant riffs, effets typiques du genre parfois balancés au clavier ou encore passages tout en arpèges et en délicatesse. Le tout sans interruption, chapeau. La section rythmique est riche elle aussi et les franciliens nous ont mis une belle claque. A surveiller de très près.
Palme d’Or Instrumentale.

 

CHAOS E.T. SEXUAL

Chaos E.T Sexual J3

Après s’être replongés dans l’ambiance, il est important de s’enfoncer dans les méandres de la noirceur. Pour ça les gars de Paris ont de quoi embarquer le Glazart avec leurs projections exécutées en live et leurs machines qui remplacent le batteur. S’il est toujours inhabituel de voir dans ce genre de concert des musiciens derrière un ordinateur, la sauce réussi à prendre, les compos étant bien ficelées et le côté atypique, interloquant au début devient prenant au milieu et destructeur à la fin du set. Un doom (17)-industriel froid et déshumanisé qui aura hypnotisé une assistance perplexe de prime abord mais qui sera rentrée dans la danse au fur et à mesure. Des membres de NNRA, vus deux jours auparavant, sont de la partie, une autre facette d’un monde glacial.
Palme d’Or de la Froideur.

 

ELECTRIC MOON

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Après s’être enfoncés dans les méandres de la noirceur, il est important de se réchauffer le corps et l’esprit à l’aide d’une bonne dose de doom (18)-psyché. Pour ça les allemands ont de quoi nous emmener en voyage (autour de la lune). Attendu depuis longtemps au Glazart, le trio va catapulter le public loin de Paris. Le set, composé de deux morceaux/jams immersifs et rondement menés d’une bonne vingtaine de minutes chacun, va passer à la vitesse de la lumière. Ce qu’il vaut mieux quand il faut arriver jusqu’au satellite terrestre en une petite heure seulement. Le jeu de guitare de Sula fait montre d’une maîtrise étourdissante, agençant des parties bouclées gorgées d’effets spatiaux, appuyé par la basse de Miss Lulu, toute en simplicité et en rondeur et soutenue par batterie métronomique de Marcus. Pas décontenancé le moins du monde par un changement de corde forcément inopiné, le trio déroule avec aisance. A joutez à cela des projections fort bienvenues, Electric Moon nous aura offert une belle promenade sans bouger de notre place. Ça valait le coup d’attendre quatre ans…
Palme d’Or du Psychédélisme.

 

TONER LOW

Après s’être réchauffé le corps et l’esprit, il est important de se prendre une troisième dose de Toner Low. Pour ça les hollandais nous écrabouiller puisqu’ils nous ont gardé leur album le plus velu pour la fin. Choix et/ou logique chronologique, le fait est que ce dernier LP, décliné en phases, est un monstre doom (19) psychotropique. Les feuilles de weed de la pochette tournoient sur le drap blanc, et on comprend que le trio est prêt à nous enfumer le cerveau. Pachydermiques, les compos de ce « III » sont d’une lourdeur en contexte live incomparable. On a quasiment l’impression d’assister à un set basé autour d’un seul (gros) riff décliné à l’infini, un peu comme un certain « Dopesmoker ». Véritable massage physique et sensoriel, ce troisième concert va laisser des traces indélébiles sur un public abasourdi qui reste coi quelques secondes avant d’applaudir les courtes pauses entre les titres. Les nombreux vinyles à feuilles vertes fleuriront dans les bras des spectateurs. Remercions Daan, Jack et Miranda pour leur incroyable gentillesse, tout étonnés et heureux de déambuler trois jours durant sur la plage (pas abandonnée) ou devant les concerts. Bénissons l’orga de nous avoir offert ces trois moments uniques et sentons nous privilégiés d’avoir assisté à ces événements déjà légendaires dans l’histoire du doom (20).
Palme d’Or du Jury III.

 

MONOLORD

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Après s’être pris une troisième dose de Toner Low, il est important de se préparer pour LA bûche tant attendue du festival. Pour ça les gars de Göteborg ont de quoi laisser des traces indélébiles sur nos nuques. Jouissant d’une cote de popularité grandissante et presque étonnante pour un groupe du genre, Monolord semble être le groupe le plus attendu du week-end, tellement que lorsque les balances sont achevées vingt minutes avant le début du set, pas grand monde ne bouge de devant la scène. A raison, car le trio va (quasiment) nous achever avec ses coups de boutoir dont seuls les groupes du Nord semblent avoir le secret. Son doom (21) sombre, quasiment dépressif, déclenche les sourires d’une assistance qui s’en donne à cœur joie, à la limite du déchirement de cervicales. Étonnant… Partout où ils passent, les suédois ne laissent aucun répit à leur public qui, un peu maso sur les bords, en redemande. On peu même regretter qu’ils ne soient pas montés sur scène plus tôt pour qu’on ait droit à un titre supplémentaire, c’eut été la grande classe. Un son plus qu’à la hauteur, un batteur qui cogne sans retenue, un bassiste qui malmène sa Rickenbacker plus que de raison, un gratteux aux riffs et à la voix possédés et un concert qui s’achève sur un « Empress Rising », véritable tube doom (21), appesanti et rallongé. Thomas, Esben, Mika : merci pour la taloche…
Palme d’Or de LA Bûche.

 

ELDER

Après s’être préparés pour LA bûche du festival, il est important de terminer avec l’un des groupes les plus prometteurs de ces dernières années. Pour ça les gars de Boston ont de quoi clôturer ce festival avec le talent qu’on leur connaît. Pas foncièrement doom (22), pas complètement stoner mais totalement capable et clairement progressif dans l’approche de ses compositions, le trio va éclabousser le Glazart de sa classe et prouver pourquoi c’est lui parachève les hostilités festives. Inutile de rappeler la qualité de son dernier album, une des meilleures offrandes de l’année passée, suite logique et idéale du déjà fameux « Dead Roots Stirring ». En seulement une demie décennie les jeunots américains se sont installés tout en haut de la pyramide. Et pour cause : un guitariste chanteur ahurissant de dextérité, exploitant bien plus que ses six cordes et abattant le boulot d’au moins deux gratteux tout en assurant des parties vocales inspirées même si elles ne sont pas le point fort du groupe. Si on sent bien que le bonhomme semble être la tête pensante et le moteur du combo, derrière ça fait beaucoup plus qu’assurer avec un bassiste plus que souriant, au taquet, et un batteur qui ne l’est pas moins. Peu importe le morceau joué l’effet est immédiat, toutefois « Gemini », le tube, remporte le plus de suffrages auprès d’un public qui chante les paroles et prend grave son pied, et on le comprend. On finit logiquement par « The End », un des rappel les plus réclamé du week-end.

Palme d’Or tout Court.

 

Et bien, ces trois jours furent une sacrée expérience sonore, proposant une palette de groupes variés et bons chacun dans leurs styles. On déplorera juste un léger décalage entre le standing de l’endroit et les tarifs très parisiens pratiqués au bar (pourtant en légère baisse par rapport à d’habitude au Glazart) et sur les food-trucks (différents chaque jour), mais autant de baffes différentes pour un style de niche, ça fait plus que plaisir d’avoir assisté à ça entouré de passionnés. Un gros bravo aux Stoned/Doomed Gatherings (pas simple d’organiser tout ça dans un endroit aussi exigu) et aux groupes qui ont tous (au moins) assuré. Bisous barbus et à l’année prochaine !

 

[Photos : Valérie Girodon]

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DOOMED GATHERINGS – Jour 2 (Crowbar, Trouble, Toner Low, Conan,…) – 15/05/2016 (Glazart, Paris)

C’est doomanche, quoi de mieux à faire que de se rendre dans ce temple du doom (10) [rappel : le compteur du nombre de mots “doom” en est à 10 après la chronique du J1…] qu’aura érigé l’orga pour ces trois jours ? Rien.

THROW ME IN THE CRATER

Impossible de ne pas dodeliner de la tête pendant la traditionnelle fouille à l’entrée et alors que les hollandais entament tout juste leur set. Un sludge massif transparaît à travers les murs du Glazart qui s’apprête à trembler une deuxième journée complète. Confirmation une fois à l’intérieur, ça joue gras. On est en présence d’un quintet dont le chanteur nous éructe à la face toute sa rage, à la limite de l’aphonie, arpentant la scène de long en large. Imaginez un mélange entre Mike Williams et Barney (celui de Napalm Death, pas des Simpson), dans les vocaux comme l’attitude. Musicalement le rapprochement peut se faire aussi, et l’énergie hardcore déployée est plutôt bienvenue pour nous mettre dans le bain de ce deuxième jour. Palme d’Or de la Crasse.

MAMMOTH WEED WIZARD BASTARD

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Étonnés eux-même de faire partie de l’affiche et de commencer à se faire un nom (et quel nom!), les gallois ont lancé un pavé dans la mare doom (11) avec leur premier LP Noeth Ac Anoeth, sorti l’an dernier. Malgré la voix lointaine et aérienne de Jessica difficilement audible pour celles et ceux qui veulent voir le quatuor jouer au plus près, une partie de l’audience va plonger dans la lenteur hypnotique du groupe, coincé entre deux formations plus méchantes. Il faut un peu s’accrocher pour rentrer et rester dedans mais le combo au sobriquet (volontairement) tragico-comique est véritablement capable de coups de génie. Tissant de longues (voire très longues) compositions sombres, l’alchimie entre les quatre fonctionne et nul doute que ce combo sans prétentions n’a pas fini de nous surprendre. Palme d’Or du Nom Improbable.

HANG THE BASTARD

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Drôle d’événement que ce dernier concert en territoire gaulois des londoniens. Hang The Bastard va délivrer une prestation haineuse, la plus violente du week-end. Le split imminent annoncé par le groupe n’a pas entamé l’implication du groupe, mais une légère sensation de demie teinte va ressortir de ce show handicapé d’un son brouillon. Comme souvent le chanteur est difficilement discernable dans les premiers rangs, un frontman aux allures de Ben Ward, qui pourtant ne ménage pas ses efforts. Peut être un peu trop d’attentes placées dans un groupe sur la fin et qui souffre immanquablement de la comparaison avec Herder, champion incontestable en terme de mélange stoner/doom (12)/hardcore. Palme d’Or de la Hargne.

SAMOTHRACE

Ce qui s’annonçait comme un des moments les plus épiques du festival va malheureusement être entaché de soucis indépendants de la volonté de tous. Les pauvres américains vont voir leur set gâché par des problèmes techniques. A deux reprises le guitariste verra son son disparaître, et une fois le problème enfin réglé c’est la basse qui fait des siennes. Le lui aussi six-cordiste finira le concert branché en direct dans son ampli, amputé de son panel d’effets assez fourni. Compliqué du coup de se faire une opinion sur l’ensemble du set et du groupe, dommage vraiment car ce qui parvient à nos esgourdes semble plutôt inspiré. La guitariste s’occupe d’envoyer des riffs bien pesants et mélancoliques, parfois dans la veine d’un Pallbearer tandis que son acolyte s’attelle, quand la technique lui permet, du côté mélodique à coups de leads ou d’arpèges gorgés d’effets. Derrière les fûts, aux cymbales placées très hautes qui donnent un côté visuellement sportif, un (autre) dreadeux assure des parties bien appuyées. On a hâte de revoir ce combo de Seattle dans de meilleures conditions… Palme d’Or des Problèmes Techniques.

ALTERED BEAST

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Annoncé comme la reformation d’un obscur groupe de doom des 80’s, l’amas d’amplis verts sur la gauche de la scène, l’imposante batterie (la seule du week-end équipée d’une double grosse caisse) et les capuches de rigueur ne tromperont leur monde que très peu de temps : Conan est en train de marteler la pauvre scène du Glazart ! Le trio anglais sans son bassiste, occupé ailleurs, se voit accompagné de la guitariste de Samothrace pour assurer cette date surprise. Devant le son énorme déployé, la sono semble à bout de souffle, la recherche perpétuelle du son tellurique de Jon Paul Davis est plus qu’en bonne voie, chaque apparition live le voit doté d’un arsenal encore plus impressionnant. Le rendu sonore est en conséquence, difficile de faire plus massif, appuyé par le jeu de batterie le plus technique du festival. Loin d’être au rabais, ce show surprise va atomiser joyeusement le public qui, considérant la fan-base grandissante des anglais, aurait peut être été plus nombreux si Conan avait été annoncé… Palme d’Or de la Surprise du Chef.

TONER LOW

Toner Low J2

Même rituel que la veille, nos résidents néerlandais se préparent paisiblement à nous asséner cette fois leur deuxième album. Projections plus spatiales que la veille pour un opus aux allures de référence en matière de doom (13) psychédélique, plus personnel mais aussi moins accessible que son prédécesseur. Un véritable voyage chamanique dans lequel le – de nouveau – trio va nous embarquer sans peine, Toner Low est autant un groupe de musique qu’un psychotrope puissant et addictif. De nouveau, une fois ses lunettes sur le nez, le batteur ne relèvera pas la tête de tout le set, complètement immergé dans son kit et dans sa musique. La bassiste impressionne de nouveau avec un son d’une rondeur incroyablement épaisse et son jeu tout en glissés. En trois concerts la pesanteur a considérablement augmenté dans un Glazart sous le choc. L’interprétation est à la hauteur, avec des tempos régulièrement ralentis, l’interlude au saxophone sur « Two » baignée d’un silence qui file des frissons, ces hollandais sont décidément hors normes, on a pu le constater hier et on le reconstatera demain. Palme d’Or du Jury II.

TROUBLE

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Groupe culte, mésestimé et un temps presque oublié, Trouble passe montrer aux jeunes loups comment tenir une scène. En tournée avec Crowbar, les vétérans du festival n’auront même pas besoin d’un morceau pour mettre tout le monde d’accord. Leur doom (14) à l’ancienne fait mouche et leurs tubes sont attendus, acclamés et chantés par un public aux anges. Kyle, chanteur inénarrable, se met le public dans sa poche en moins de temps qu’il n’en faut pour dire doom (15), avec son charisme et ses vocaux haut perchés parfaitement maîtrisés. Musicalement on nage complètement dans la NWOBHM, sorte de chaînon manquant entre Black Sabbath (dont le « Supernaut » sera repris avec brio) et Iron Maiden. Riffs les plus metal des trois jours, duels de solos et leads harmonisés, parfaitement exécutés, sont de la partie pour le bonheur des petits et des grands, Bruce et Rick formant une paire de gratteux plus qu’affûtée. Rob, pas en reste, englobe tout ça avec son groove de bassiste, tout content d’avoir un petit coin de fans pour lui sur son côté de scène. Le set passe à toute vitesse dans une chouette ambiance ; la leçon. Palme d’Or de l’Expérience.

CROWBAR

Le moins qu’on puisse dire c’est que le groupe de la NOLA squatte les festivals et nos colonnes en ce moment, à grands coups de taloches dont seul Kirk a le secret. S’il est parti de Down, c’est pour privilégier son bébé, un gros bébé barbu et gras. L’occasion de remettre les points sur les « i » et réaffirmer que les parrains du sludge, c’est eux. Le groupe s’installe, balance pépère et envoie sans sommation un « Burn Your World » furieux et ralenti dans nos tronches. C’est l’anniversaire du mythique Broken Glass, vingt printemps déjà, alors on a droit à plusieurs morceaux tirés de l’album, sans oublier les incontournables « The Lasting Dose » et « Planets Collide » qui restent vraiment des monuments du genre avec leur patte mélancolique inimitable. Les compères de Sieur Windstein, quinquagénaire qui a tout de même cette fâcheuse manie de cracher sans cesse sur scène, assurent comme des chefs, mention spéciale à l’indéboulonnable Tommy Buckley à la batterie qui ne paie pas de mine mais envoie un sacré bois. Palme d’Or du Gras.

Ce week-end de Pentecôte est malheureusment déjà bien entamé et cette deuxième journée a tenu ses promesses. Les membres de Mammoth Weed Wizard Bastard n’en reviennent pas de rencontrer les gars de Trouble, dont le chanteur régalera l’assistance d’anecdotes hilarantes. Et dire que demain on va revoir Toner Low…

A SUIVRE…

  [Photos : Valérie Girodon] 13174074_1761996624012177_5456343655157351180_n

DOOMED GATHERINGS – Jour 1 (Ramesses, Toner Low, Mantar, Egypt,…) – 14/05/2016 (Glazart, Paris)

Quand même, c’est une sacrée chance d’avoir en France cette troisième édition des Doomed Gatherings, le pendant doom des fameuses Stoned Gatherings qui propose une affiche sacrément alléchante et pointue.
Un line-up qui va prouver la variété du style (le doom hein, pas Mika), loin d’être restrictif ni réducteur, car aucun des 21 groupes qui vont se succéder sur la petite scène ne va se ressembler. Avec tout de même un point commun, cette lenteur qui laissera des traces indélébiles sur les nuques et dans les cerveaux des participants, qui auraient sans doute été plus nombreux s’il y avait eu des têtes d’affiche plus aguicheuses. Pas grave, on est entre nous, on est au Glazart et on est bien. Visite guidée et non exhaustive de la planète doom, où la noirceur musicale contraste avec la bonne humeur et les sourires arborés trois jours durant par son public. Pour ce faire, nous aurons recours à des Palmes d’Or (du doom) et un compteur du nombre de références au mot “doom” (on en est déjà à 5 sur l’intro…).

 

Le temps d’arriver, de malheureusement louper les belges de Bathsheba et de prendre ses marques dans ce Glazart, dont la plage très agréable est fort heureusement ouverte et on fonce s’immerger dans cette salle aux faux airs de squat, sombre, longue et basse de plafond.

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NNRA

Juste à temps pour le début du premier concert de ce projet electro-doom (6) naissant. Le groupe a fortement recours à des machines et le batteur, qui joue du coup rarement, est disposé sur le côté pour mieux laisser apprécier les projections monochromes lugubres balancées sur le drap blanc qui sera peu utilisé pendant ces trois jours. Dommage car les lights du Glazart sont plutôt sommaires. Le guitariste abat une grande partie du boulot, tantôt hypnotique tantôt plus aérien, et la basse renforce le côté monolithique de l’ensemble.
Une des prestations les plus sombres (musicalement et visuellement) du week-end dès le début, ça fait assez mal et immerge la salle dans une ambiance glaciale. Tout juste quelques touches post-rock viendront égayer par moments un set qui fait froid dans le dos et qui laisse présager du très bon pour la suite du groupe et du festival.
Palme d’Or de la Noirceur.

 

DEMONIC DEATH JUDGE

Changement radical avec les finlandais qui vont s’employer à faire chauffer les nuques d’une audience qui n’attendait que ça. Leur sludge est sacrément bien balancé et se pare de contours plus stoner voire rock ‘n roll, notamment au niveau des solos de guitare, carrément blues par moments. On note même une patte hardcore dans le son et l’attitude scénique du quatuor qui nous offre un nouveau morceau et remporte logiquement les suffrages d’un public qui commence son activité favorite du week-end : headbanguer (lentement) comme un seul homme. Le groupe est visiblement heureux de fouler les planches, une de ses rares incartades scéniques de cette première moitié d’année puisqu’il nous prépare le successeur de « Skygods » (2012 tout de même…), qu’on attend de pied ferme.
Palme d’Or Nordique.

 

EGYPT

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Le premier trio ricain du fest, attendu, va baigner avec classe la salle de son blues très doom (7), ou l’inverse. Solos gorgés de feeling, basse nonchalante, ronflante ou assommante et voix frelatée seront les ingrédients de ce set bien maîtrisé. Fort de son nouvel album « Endless Fight », les gars de Fargo, la ville popularisée par les frères Coen, ne vont pas oublier leurs prédécesseurs, loin sans faut, et proposer une setlist loin d’être basée sur leur dernier rejeton. Une partie du public reconnaît et acclame chaque morceau, bien exécutés mais sans réelle folie. L’accent étant mis sur un groove gras, lent et foncièrement bluesy, on aurait pu peut être s’attendre à une interprétation plus envolée et moins copier-coller des versions studio qui semblent pourtant se prêter à des séquences de libertés sur les passages instrumentaux. Un bon apéritif tout de même.
Palme d’Or du Feeling.

 

MANTAR

On peut commencer à parler d’un phénomène Mantar. Venu de Hambourg, le duo va occulter l’heure du repas pour nous infliger sa débauche d’énergie sacrément contagieuse. La tournée en cours est impressionnante et les prestations live sont remarquées, à juste titre. Face à face, les deux compères vont prendre le public à la gorge sans temps mort. Ce gratteux est totalement halluciné et hallucinant, quasi punk dans l’attitude et certains plans mais pas dans le son. Hanno déballe un attirail impressionnant, couplé à un ampli basse activable quand bon lui semble, une palette majoritairement black/doom (8) qui n’hésite pas à lorgner du côté indus, apportant un côté martial à la chose, renforcé par le jeu d’Erinc, cogneur invétéré. Disposé de côté donc, le batteur balance des parpaings derrière ses fûts et suit au mieux son comparse, qui nous assène ses vocaux possédés. Une bien belle baffe dont ces deux-là nous ont gratifié. Si ce n’est déjà fait, on ne saurait que trop vous conseiller de poser une oreille sur « Ode to the Flame », deuxième opus des allemands et de ne pas les louper plus ou moins près de chez vous.
Palme d’Or de l’Énergie.

 

TONER LOW

Un grand batteur dreadlocké installe le drap blanc de fond de scène, sa grosse caisse se pare elle aussi de projections tournoyantes et le moment de la (première) messe est venu. A ses côtés, une grande bassiste, affublée de la même particularité capillaire, effectue des balances sommaires mais efficaces. Quelle idée improbablement merveilleuse de faire jouer à Toner Low un album chaque soir, intégralement et dans l’ordre chronologique, bien entendu.
Le premier (vrai) album éponyme joué ce soir voit réapparaître les anciens chanteur et guitariste (juste sur le solo du dernier morceau, l’énôrme « Nymrod ») de la formation batave. Un chanteur aux faux airs de Walter dans The Big Lebowski (en moins gros) qui va apparaître juste le temps de déclamer des sortes de mantrâ, et disparaître ensuite sur le côté de la scène en attendant sa prochaine intervention. Utilisant un micro stick minuscule et des effets de l’espace, sa manière de se poster immobile au milieu de la scène renforce le côté prédication de son chant. Certains passages instaureront même auprès du public une ambiance de cathédrale (“Interlude” et le drone mystique “Sunn Of”).
Bénéficiant haut la main d’un des meilleurs sons du festival, les hollandais vont faire chavirer le Glazart du côté psychédélique de la force doom (9). Un premier set, le plus stoner des trois, en forme de mise en bouche et en garde pour ce qui va suivre les deux jours suivants. Le guitariste, coiffé d’un casque anti-bruit, improvise le peu de solos qui saupoudrent la petite heure de set. On sent que certains morceaux ne sont plus joués depuis longtemps et que le groupe a du en rebosser certains pour l’occasion, merci.
Palme d’Or du Jury.

 

RAMESSES

Ramesses

Après ce grand et unique moment, une partie du public quitte les lieux, plus pour une question de transport que de bouderie du trio anglais, formé en 2003 déjà mais inactif depuis 2013, qui va prouver pourquoi il clôture ce premier jour de festivités. On peut dire qu’ils ont bien fait de se reformer les bougres. Mené par un bassiste/chanteur au registre vocal varié, allant du chant clair au growl en passant par des voix criées typiquement black, Ramesses va faire montre de ses capacités scéniques. Un éventail musical allant de passages presque death (old school) à des ambiances plus psychés, aérant de fait son set, impeccable, rondement mené de bout en bout et baigné de stroboscopes.
Le batteur, au jeu en permanence décroisé, impressionne derrière son kit aux cymbales démesurées, grosses et lourdes comme des gongs et au tom alto épais comme un tom basse. On a même droit à quelques blast-beats. Guitare et basse empilent les couches de gras mais pas seulement, et le côté black cru de leur productions studio laisse ici place à plus d’épaisseur. De quoi avoir le riff de « Master your Demons » en tête pour la nuit.
Palme d’Or de l’Epilepsie.

 

Fin du premier jour seulement et autant de baffes que de groupes. L’after party verra plus de membres de groupes déambuler sur un dancefloor qui vire au disco, que de spectateurs, Paris ayant cet inconvénient de sa taille et le Glazart de son éloignement relatif. Dodoom, à doomain.

 

A SUIVRE 

 

[Photos : Patrick Baleydier]

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KRISTONFEST – Jour 1 (Uncle Acid, Crowbar, Trouble,…) – 13/05/2016 (Santana 27 – Bilbao, Espagne)

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Sleep, Clutch, The Atomic Bitchwax, Down, Eyehategod, COC, Motorpsycho, Karma To Burn, Orange Goblin, Colour Haze, Truckfighters, Church Of Misery… Voici quelques noms seulement qui ont orné l’affiche de ce modeste festival espagnol depuis 2011. Difficile de faire mieux. Et l’événement a lieu dans l’excellente salle du Santana 27, à Bilbao, soit à peine plus d’une heure de route de la frontière… Ca parlait pas mal français dans la salle cette année, manifestement pas mal de « sudistes » n’ont pas manqué cette occase. Et nous non plus ! Pour des questions bassement logistiques, on n’aura pas pu assister à la soirée du samedi, probablement plus en vue (qui accueillait Wolfmother, Elder, Black Rainbows, Carousel et Electric Citizen), mais le vendredi soir avait des arguments massue à faire valoir…

SANTO ROSTRO

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Un trio espagnol (andalou, à plusieurs centaines de kilomètres – on ne va donc pas vraiment les appeler « locaux ») a l’honneur d’entamer la soirée devant un public pour le moment clairsemé (20h, pour un espagnol, en gros c’est à peine la fin de la sieste…), mais qui grossit petit à petit. Sans être terrassés par l’originalité du combo, on note quand même une vraie volonté de synthétiser dans son doom des influences prog, noise ou un peu tout ce qui peut se cacher derrière l’étiquette « post-quelque chose ». Et ça fonctionne pas mal. Le set est carré, et la performance des ibères impeccable : ils tiennent bien la scène, signe tout de même d’une expérience scénique sinon intensive, en tout cas enrichissante. On passe un vrai bon moment durant la grosse demi-heure de concert. Efficace.

TROUBLE

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Premier « gros morceau » de la soirée, les ricains de Trouble montent sur scène devant un public qui, manifestement, connaît ses classiques. Quoi qu’il en soit, le quintette ricain, après une période un peu « perturbée », a gagné ces quelques années en stabilité et a (re)construit une assise robuste grâce au vocaliste Kyle Thomas et au bassiste Rob Hultz (respectivement des anciens Alabama Thunderpussy et Solace, entre autres). Votre serviteur n’ayant pas eu l’occasion de voir le groupe depuis de très longues années, il est rassuré dès les premières minutes du set : on est loin du groupe de vieilles gloires passéistes et encore plus loin d’un groupe parodique (volontairement ou pas). Ca joue, et ça joue même foutrement bien ! La paire de bretteurs-fondateurs Franklin / Wartell est impeccable, on n’en attendait pas moins : riffs sur-heavy, soli incisifs, ils sont sur tous les fronts, sans parler de ces parties harmonisées parfaitement exécutées. Sosie officiel de James Hetfield, Thomas ne sonne pas comme le frontman de Metallica, ni comme son illustre prédécesseur Eric Wagner, en fait : sa puissance vocale remarquable, un peu plus teintée « metal », se fond désormais impeccablement dans le style du groupe. Le chanteur assume par ailleurs son rôle de frontman sans réserve, tout en se mettant en retrait derrière ses ainés pour mieux faire briller ces gloires du doom. Seul Rob Hultz assure ses lignes de basse sans trop en faire, relax dans son coin, taciturne. Le son, comme souvent dans cette salle, est au top, et permet de profiter des perles du groupe ricain, dont on mettra en avant le classique « At the end of my Daze » ou à l’autre extrême de leur discographie, un « When the sky comes down » qui montre que même sur leur dernière production, Trouble n’est pas venu pour enfiler des perles. Evidemment, la traditionnelle reprise de « Supernaut » de leurs parrains naturels mettra tout le monde d’accord, quelques instants avant la fin d’un set qui aura réalisé un quasi sans faute. Pour parfaire l’histoire, on retrouvera les zicos dans le public jusqu’à la fin de la soirée ensuite, discutant avec tout le monde, signant des disques et posant pour des dizaines de selfies avec le sourire.

CROWBAR

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On a déjà assisté aux sets rouleau-compresseur de Crowbar aux deux Desertfest, où le quatuor a laissé des traces rugueuses, voire des meurtrissures auditives encore bien vives dans nos esprits. On est en tout cas mieux préparé à une nouvelle salve. Niveau mise en place, zéro surprise, Windstein se pose penaudement derrière son micro et foudroie le public de son regard de tueur froid dès les premiers accords posés, tandis que ses deux piliers Brunson et Golden se postent à ses côtés, de part et d’autre de la scène, la mâchoire serrée, prêts à en découdre. Et c’est parti ! Un son bulldozer, une set list qui relève plus de la cartouchière que de la liste de courses… il n’en faut pas beaucoup plus pour emporter le public. Un public toutefois qui ne remplit pas la très grande Santana 27 (capacité de 1500 personnes… même avec plusieurs centaines de personnes, ça ne déborde pas – le lendemain l’affiche rassemblera plus de monde encore), et avec un public espagnol pas forcément le plus prompt à slammer et animer le pit… donc niveau ferveur, on n’est pas non plus dans un club de 50 places surpeuplé où les gars se montent dessus en beuglant. Mais bon, ça se bouscule quand même gentiment, ça headbangue dru et plus généralement, ça s’éclate. Niveau set list, on est habitués, ça donne dans la charcuterie de compèt’, et dur de faire la fine bouche. Au-delà de l’improbable mais toujours efficace enchaînement « All I had (I gave) » / « Planets Collide », on notera entre autres un bon « To Build a Mountain », et tant d’autres bûches à encaisser que l’on perd vite le compte. Pas le concert du siècle pour le quatuor louisianais (on préfère quand même quand c’est la guerre dans le pit), mais un excellent cru, et une nouvelle preuve si besoin en était de la véritable machine à tuer qu’est devenu le groupe sur une scène. A noter, à l’image de leurs partenaires de tournée sus-mentionnés, les bonhommes viendront à la rencontre du public, informellement, pendant un bon moment, relax.

UNCLE ACID & THE DEADBEATS

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Il devient difficile de voir l’oncle acide et ses bon-à-riens live, la faute à un groupe qui d’une part cultive un peu la rareté et la discrétion, et d’autre part ne joue pas le jeu « classique » des tournées habituelles pour des groupes de cet acabit. Le groupe de Kevin Starrs est par ailleurs cantonné à une diffusion vinylique toujours assez modeste, chez les confidentiels Rise Above, sans l’appui d’une major. Difficile en conséquence de « calibrer » et évaluer la notoriété de ce groupe, et donc de jauger sa place sur l’affiche. Sauf qu’il ne faut pas longtemps pour comprendre que la tête d’affiche est bien justifiée : dès les premiers accords de « Waiting for Blood » qui introduit aussi le dernier album du groupe, on prend la mesure de la superbe machine qui déroule sa mécanique bien huilée sous nos yeux. Doté d’un light show superbe (encore une constante de la soirée), on notera en particulier l’absence absolue de lights en façade durant leur set, plongeant les quatre zicos dans un anonymat quasi absolu (tandis qu’on distingue les autres, Starrs est continuellement dissimulé derrière sa tignasse). Le paquet est donc mis sur la musique, et là on est tout simplement confronté à une exécution pas éloignée de la perfection : mêmes sons de guitare que sur album, mêmes vocaux légèrement nasillards de Starrs (à noter les superbes parties en chœur impeccablement justes, parfaitement exécutées par le bassiste et le guitariste rythmique), mêmes arrangements… Rien à redire. Même les soli, quand ils ne sont pas copié-collés, restent d’une efficacité déroutante, et souvent propices à des duos de six-cordes enthousiasmants avec l’un des frères Rubinger (l’autre étant bien occupé à marteler ses futs). Anonymat ne signifiant pas timidité, l’incarnation musicale fonctionne et les gars vivent bien leur musique (les collègues de Starrs ne ressemblent plus à un tas de mercenaires aseptisés). Dans le public, phénomène presque inédit, ça… danse… partout, aux quatre coins de la salle. D’ailleurs, regard subjectif ou pas, la proportion féminine de l’assistance se fait plus présente, notamment dans les premiers rangs, où les rythmes chaloupés du combo font mouche, et où les têtes et les corps ondulent comme rarement on n’en est témoin. Remarquable efficacité. Niveau set list, rien à redire, quasiment le même nombre de titres issus de chacun des trois derniers superbes albums du groupes (et même un peu de « Vol. 1 »), avec des fulgurances sur le redoutable « Poison Apple », le langoureux « Desert Ceremony » ou le très QOTSA-esque « Inside ». Et que dire du vieux « Vampire Circus », emmené sur sa deuxième moitié par des soli et jams parfaitement jouissifs ? Après ce titre, qui marque la première (grosse) heure de set, la messe est presque dite, et le groupe se carapate discrétos pour reprendre son souffle… mais personne ne croit vraiment à la fin du set, et quelques minutes à peine ils reviennent pour quelques titres supplémentaires. Une belle claque, élégante, classieuse, et redoutablement efficace.

Le festival (sur sa première journée) s’achève donc sur cette succession de faits d’armes remarquable, et cette affiche superbe sur le papier aura tenu toutes ses promesses. Gageons que la journée du lendemain aura fait encore plus d’heureux. En tout cas nous on regardera avec toujours le même intérêt la constitution de l’affiche 2017.

ECSTATIC VISION (+ Sunder + Torgnole) – 02/05/2016 – Lyon, Le Croiseur

Invité au Roadburn, le désormais quatuor de Philadelphie aurait eu tort de ne pas en profiter pour se fendre d’une petite virée (de 24 dates) en Europe. Une tournée un peu décousue, donc fatigante mais ô combien prometteuse. Merci bonsoir les a donc attrapés en route et concocté un plateau en conséquence.
Un des trucs sympas sur Lyon, c’est le nombre d’endroits où il est possible de se produire. Entre les bars, les péniches, les salles, les MJC, les stades ou les squats, on peut assister à dix concerts dans autant de lieux différents. Ainsi Le Croiseur, plus habitué au théâtre qu’à ce genre de soirée distordue était à ce jour inconnu de la plupart des spectateurs du soir. Un lieu plutôt agréable, un peu roots mais cosy avec sa petite scène drapée d’un rideau rouge et son accueil convivial.
Il fait un temps agréable alors on profite, un peu trop largement, de la terrasse, ce qui entraînera un léger retard du début des réjouissances.

TORGNOLE

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Tout jeune groupe par l’âge de ses membres et son existence de quelques répétitions seulement, Torgnole s’installe et entame gentiment son set. Évidemment on se demande bien se qui va pouvoir se cacher derrière ce sobriquet. Il va s’agir d’une petite demi-heure d’un set mené sans pause et de façon plutôt singulière. Faiblement sonorisé, le groupe va en effet interpréter ce qu’on pourrait appeler une symphonie drone, avec plusieurs mouvements et variations d’intensités. La base rythmique basse/batterie est secondée d’une cornemuse et d’une vielle à roue, instrument étrange qui se prête bien au style tournoyant. Le temps de laisser cette ambiance particulière se mettre en place et on se laisse happer par ces sonorités différentes et déroutantes. Mieux vaut ne pas s’absenter ou se détourner le moindre instant sous peine de risquer de décrocher, la chose étant présentée et exécutée comme un ensemble indivisible. Alors évidemment il y a quelques petites approximations dans les enchaînements, on assiste vraiment à la genèse d’un projet annexe pour un bassiste habituellement batteur et un batteur habituellement guitariste, qui mène la danse d’une façon très orchestrale. Le final monte doucement dans la plus grande tradition classique et les applaudissements ponctuent longuement une prestation sympathiquement atypique.

 

SUNDER

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De retour du Desertfest londonien, Sunder continue son ascension de la planète stoner, ou tout du moins du continent. Bon, je suis dans l’obligation d’employer la première personne du singulier et d’admettre que j’ai un souci avec le combo pariso-lyonnais. Malgré leurs qualités individuelles en tant que musiciens et une interprétation au diapason, difficile de trouver quelque chose d’original dans leur musique, mis à part l’apport de ces claviers dépressifs. Impossible de leur trouver quelque chose de personnel quand je les écoute et ne pas penser à un énième ersatz de ce qui peut constituer actuellement le haut du panier en termes de stoner rock… Tant pis pour moi.
D’autant que le rendu en façade montre les limites de la sono, un peu limite pour mettre en valeur le matos onéreux installé sur les planches.
Le quatuor va interpréter honnêtement une bonne partie de son album éponyme, porté par un batteur loin d’être avare en dépense d’énergie, ces gars sont indéniablement proches du professionnalisme. On peut ainsi espérer une marge de progression dans les mois à venir, moyennant une digestion de leurs influences qui pourrait s’avérer intéressante d’ici quelques temps. A suivre avec attention…

ECSTATIC VISION

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Fraîchement débarqué et remarqué par Relapse, le groupe de Pennsylvanie est assurément promis à un meilleur avenir de ce côté-ci de l’Atlantique. Son premier album Sonic Praise sorti l’an dernier est un mélange rafraîchissant de stoner et de krautrock, qui ne semble pas être le style d’infusion au pays de l’oncle Sam. Nul n’est prophète en son pays paraît-il…
A une semaine de la fin d’une tournée éreintante car zigzagante, Ecstatic Vision en a encore sous la pédale de fuzz. L’ex trio a désormais un saxophoniste/flûtiste dans ses rangs et est déjà parti pour composer un second opus qui s’annonce tellurique.
Doug, tête pensante à l’origine du groupe, a trouvé le line-up idéal tant tout le monde se fait visiblement plaisir sur scène. Le set sera malheureusement trop court (à peine plus de trois quarts d’heure) mais va embarquer l’assistance à coups de rythmes endiablés, frénétiques et répétitifs – même si la sono semble décidément peu habituée à cracher de la sorte. Doug, le guitariste chanteur, fera immanquablement penser vocalement aux jeunes années de Lemmy, Matt Pike ou encore Dave Wyndorf, tandis qu’il dispensera riffs endiablés ou soli aériens et balancera quelques sons de l’espace à l’aide d’un clavier.
Très dommageable, il faudra une panne de courant sur la scène pour qu’on puisse entendre Kevin qui n’hésitera pas à se lancer dans une impro de grande classe au sax’ le temps de régler le problème. Compliqué pour se faire du coup une idée sur l’ensemble du groupe. On se délecte néanmoins d’une assise rythmique possédée, hypnotique ou furibonde, les vibrations renvoyées des planches se font difficilement résistibles. Les ricains sont rentrés à la maison et vont s’atteler à un second opus qui promet un retour par chez nous dans de meilleures conditions sonores, on vous attend d’oreilles fermes les gars !
Photos : c’est devenu plus qu’une habitude, merci à Miss Sandie/Noodle, toujours dans les parages quand il y a de bons groupes à photographier !

DESERTFEST Berlin – Jour 3 (Crowbar, Greenleaf, Rotor, Egypt, Dÿse,…) – 30/04/2016 (Astra – Berlin, Allemagne)

Et hop ! Jamais deux sans trois ! Et cette troisième journée du Desertfest teuton de l’année vend carrément du rêve ! Du connu, du moins connu, du bourrin, du fuzz, des copines, des copains et toujours cette ambiance terrible qui fait de ce festival ce qu’il est chaque année : une réussite !

 

DESERT STORM

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C’est un poil moins vaillants que nous nous pointons à l’Astra. Il faut dire que le manque d’heures de sommeil commence à se faire sentir grave et qu’il fait un putain de beau temps à Berlin (on a même aperçu des desert-rock-porters peu vêtus dans les rues de la capitale alors qu’ils s’adonnaient au tourisme, mais on n’est pas là pour balancer). Or donc, nous ne savions pas à quoi nous attendre avec la bande d’Oxfort et c’est parfois pas mal ainsi. Ces types pratiquent un heavy blues aux accents très metal teinté de sludge qui envoie sacrément du pâté. Programme burné donc pour les Britanniques qui ont chiné dans leur discographie honnête pour en faire le tour en quarante minutes chrono (c’était le temps alloué pour ce premier acte de la journée). Baignés par de timides spots et toujours dans une pénombre rappelant l’underground où ce mouvement s’est développé en Europe – puisque nous n’avions pas de génératrice dans le désert -, les guitaristes sortent particulièrement bien leur épingle du jeu lors de ce set. Le frontman paré de son shirt du Desertfest (anglais ça va de soi) sait chanter et vociférer et c’est assez notable dans notre monde. Nonobstant le temps radieux et les bars attrayants, les gens sont dans la place et s’en tapent une bonne tranche. Une mention spéciale aux rares extraits de leur dernière production en date, Omniscient, dont le heavy blues aux relents de Pantera « Queen Reefer » mit un gros boulet dans la place.

 

BLACK PUSSY

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Après le show hargneux du quintet européen, nous changeons de salle, de décor et d’ambiance avec la formation de Portland qui, comme ses prédécesseurs, a sorti sa dernière production l’an passé. Exit les riffs couillus et bienvenue les constructions plus aériennes. Héritiers du mouvement hippie des seventies dans son look, le groupe étasunien l’est aussi dans sa pratique de la musique. La panoplie complète du baba est sur scène : chemises à fleurs, pattes d’éléphants, barbes, chevelure sans fin et lunettes de soleil (assez pratique ce jour-là, mais peut-être pas indoor) et c’est un bain de jouvence dans lequel sont plongés les vieux de la vieille qui se dandinent sur le rock vintage de Black Pussy durant un set peu pugnace, rondement mené. Les soli de guitare rappellent la grande époque du glam rock et les envolées aux claviers viennent parfaire ce rendu d’antan. Nous rétrogradons donc en terme d’intensité et le challenge de rester éveiller n’est pas aisé avec ce style à cette heure de la journée (en pleine digestion en plus !), même si nous ne sommes pas franchement obtus en ce qui concerne les minous noirs qui peuvent toujours rêver s’ils veulent voir leurs trognes en tapant le nom de leur groupe dans les moteurs de recherches d’images…

 

STINKING LIZAVETA

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Retour aux alentours de la Foyer Stage pour un nouveau collectif ricain pas si connu que ça de nos services. Le trio pratique un style de jam doom aux relents psychédéliques dans le rayon instrumental. Habités par leur musique, les membres de la formation de Philadelphie se donnent à fond dans leur art. Ça fait plaisir visuellement et musicalement. Ils réussissent à capter leur auditoire même si, il faut bien l’avouer, la salle n’est pas blindée. Le bassiste a une maîtrise métronomique de son instrument et il apporte un soutien indéfectible au guitariste qui envoie de longs soli ainsi que des variations autour d’un thème plutôt plaisantes. La batteuse frappant au ralenti nous rappelle sa consœur de Earth quand elle se concentre sur ses cymbales ; dans sa gestuelle surtout car le tempo est un peu plus entraînant quand-même. Avec leurs dégaines de vieux briscards, les membres de Stinking Lizaveta sont au rendez-vous même si une foule plus nombreuse n’aurait pas été déméritée, mais la journée numéro trois est longue et certaines formations à l’affiche de ce dernier jour ont leurs indéfectibles suiveurs dans la place qui se grattent le crâne en se demandant bien comment ils vont pouvoir bouffer vu l’enchaînement mortel de début de soirée.

 

ASTEROID

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Tant qu’à être dans la veine psyche, autant s’y vautrer à fond, et dans ce contexte la perspective de retrouver les suédois d’Asteroid est très séduisante. On n’est pas les seuls à le penser au vu du remplissage conséquent de la salle principale de l’Astra. Il faut dire que comme nous, le public les pensait probablement définitivement perdus lorsque le groupe s’est arrêté il y a trois ans environ. Les rumeurs de leur “renaissance” suivies par l’annonce de ces quelques dates nous ont rassuré, et c’est en tout cas avec une grande envie que l’on se tient désormais dans la fosse, tandis que le trio foule les planches. On passera pudiquement sous silence la robe de cérémonie chatoyante du dreadlocké Johannes Nilsson pour mieux nous baigner dans l’ambiance musicale proposée. A l’image de Monomyth la veille, Asteroid n’a besoin que de quelques minutes pour embarquer le public dans son trip, et l’y garder pendant quarante-cinq minutes planantes. Lançant son set par le très 60’s « Supernova », on aura droit à un quasi-best of dont on retiendra en particulier le très catchy « Edge » ou encore le très trippant « Disappear ». Sur scène, l’ensemble-trio est parfaitement incarné par ces trois gars tournés les uns vers les autres, qui enclenchent leurs jams au détour d’un clin d’œil et les clôturent d’un simple sourire. Ils n’en oublient pas pour autant le public, et leur pleine implication dans leur set est contagieuse : la moitié de la salle danse aux rythmes chaloupés ou plus énervés du trio scandinave. Dans le genre, on ne fait pas beaucoup mieux.

 

KALEIDOBOLT

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Les allées du Desertfest bruissent du nom de Kaleidobolt depuis l’ouverture des portes. ZE groupe à voir, apparemment. Il n’en faut pas plus pour nous mettre en mode dubitatif et nous préparer, le sourcil froncé et la mâchoire serrée, à un énième groupe survendu, sans intérêt. Et bien il ne nous faut pas longtemps pour ravaler notre fiel et profiter du spectacle. Le trio finlandais ne prête le flanc à aucune critique, exemplaire en tous points : les bonhommes sont bien dans leur set, dès les premières notes à fond, Sampo aligne des riffs hargneux, des soli remarquables, des effets spacy parfaits, Valtteri farcit la rythmique de sa frappe de gros mulet impeccable de classe… Rien à redire. Musicalement, le groupe se situe dans une sorte d’évolution du psyche-rock chargé en roubignoles, dopé au blues rock, aux structures super variées, d’où des séquences limite prog parfois – sans jamais provoquer l’ennui ni ne se complaire dans le nombrilisme de tant de formations du genre. La plupart des titres peuvent donc partir sur des atmosphères cool et mélodiques, puis s’emballer furieusement sur quelques mesures, pour mieux atterrir sur une séquence cool, puis… Et tout ça sur des morceaux de cinq à dix minutes, en gros. Par ce biais, les musiciens se font plaisir, et maintiennent en tension un auditoire qui semble, comme nous, goûter à la performance du moment sur la petite scène. Kaleidobolt, l’avenir du psyche rock ? Pourquoi pas. Nous on est assez d’accord en tout cas.

 

DYSE

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C’est en terrain conquis que le binôme allemand débarque sur scène devant une simple projection de leur logo en lettrage, tirant sur le pop-art, sur laquelle le batteur du combo a décidé d’ajouter un message politique (« Refugees Welcome » en l’occurrence) nous confiant qu’il trouvait regrettable que la scène stoner soit si vide de démarche militante. C’est un point de vue qui se défend et il est clair que DŸSE ne pratique pas exactement du stoner pur sucre. Ces types sont animés d’un certain militantisme contestataire fort présent dans la capitale allemande et ses alentours hérités aussi d’influences punk que nous retrouvons dans leur démarche artistique. Comme Mantar l’avant-veille, la formation est articulée autour d’un gratteux et d’un batteur, sauf que sur cet acte-ci, les voix sont partagées généreusement ainsi que les interactions – nombreuses – avec un public germanophone qui goûte bien à l’exercice pratiqué sur scène. Il faut dire que nous avons de la peine à capter certains jeux de mots qui émaillent les allocutions et les textes de ces rebelles. Même dans ces conditions, nous apprécions les brûlots trépidants débités sur la Grande Scène qui sied parfaitement à cette formation et à sa notoriété. Nous les avions déjà croisé il y a trois ans lors d’un précédent Desertfest berlinois, mais dans l’atmosphère plus chaotique de la petite scène. Ça tape vite et juste à la batterie et les riffs sont débités fougueusement. L’intermède composé d’imitations de cris de chats nous laissera un peu perplexes, mais des coups de boutoirs comme « Waldbart », « Sie ist Maschin » ou « Hans », toutes trois tirées de leur dernier long format bien nommé Das Nation, nous ont clairement plus convaincus. Au final, c’est une performance barrée livrée par des garçons charmants qui n’auront en rien galvaudé leur placement sur la scène principale sur un créneau plutôt très intéressant. On vous signale que le nom du groupe se prononce duzé si vous voulez vous coucher moins couillons ou briller en société (on vous connaît).

 

EGYPT

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Changement de registre, d’ambiance, et de température en prévision tandis que nous gagnons, avec le sourire, la petite scène Foyer : faut dire qu’on l’attendait ce set d’Egypt, on l’imaginait lourd, fiévreux à souhait… Et bien on est un peu passés à côté ! Le trio du Nord Dakota s’est employé à nous servir son versant le plus bluesy, et le mid-tempo a été à la fête tout du long, à commencer par le pesant classique « Matterhorn ». Piochant assez peu dans sa dernière production, le combo dégainera quand même un entraînant « Endless Flight » qui, avec des titres comme « Dirty Witch », remportera quelques suffrages auprès d’un public qui apprécie ses affinités avec le boogie rock d’un célèbre trio de barbus texans. Donc oui, les compos sont quand même là, et l’efficacité d’un impeccable Aaron Esterby (perfection des lignes de basse) doublée du talent du sobre et ténébreux Neal Stein à la gratte (des solos toujours superbes) font le job. Mais la sauce ne prend pas vraiment. On est peut-être un peu tatillons… sauf que l’on ne doit pas être les seuls : le groupe ne revient pas vraiment dans les faits marquants de la journée quand on discute autour de nous. Créneau horaire malheureux ? (faut bien trouver un moment pour aller avaler quelque chose…) Peut-être. Trop d’attentes de notre côté ? C’est possible. Quoi qu’il en soit, on a apprécié ce set, mais on en attendait tellement plus…

 

ROTOR

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Le temps est venu de rejoindre la main stage pour la séquence très attendue du palindromique quatuor berlinois, qui a sorti un nouvel album très intéressant, quoi que pas du tout révolutionnaire, il y a quelques mois. Il faut dire qu’on n’en attend pas vraiment, de révolution. Si le groupe parvient à retranscrire sur scène la puissance de ses compos, ça nous ira bien. Et là-dessus, on n’est pas déçus. Il faut dire que l’apport d’un nouveau guitariste au trio apporte une pêche fort bienvenue au son des teutons. Ça fonctionne bien. La configuration scénique atypique du désormais quatuor voit nos quatre musiciens en quart de cercle, avec un soin bien particulier néanmoins à leur configuration sonore et leurs interactions : les retours de chacun délimitent leur espace (faut dire qu’on ne s’attend pas à une mobilité énorme…) et leur placement à chacun semble étudié pour privilégier l’efficacité. Basse et guitare rythmique en duo à gauche, batterie (posée sur le sol) au milieu, tandis qu’à droite, Tim, leader du combo (qu’on avait vu l’an dernier au Desertfest improviser un set de son autre projet en duo) joue aussi le maître d’orchestre : il faut voir les autres le regarder pour structurer leur jeu, organiser chaque jam, etc… On rappellera que la musique du groupe est 100% instrumentale, la puissance de l’interprétation est donc la clé de voûte de la réussite scénique, et c’est ici impeccable : les assauts guitaristiques succèdent aux soli et impros en tous genres, le tout maîtrisé de main de maître par des musiciens qui sourient beaucoup entre eux, satisfaits – à juste titre – de leur interprétation sans doute. Un excellent set qui confirme tout le bien qu’on pense depuis longtemps de ce combo. Et en profiter aussi haut sur l’affiche, dans une si grande et belle salle (privilège aussi dû, on l’imagine, à leur nationalité : ils venaient en voisins aujourd’hui !) produit un moment très appréciable.

 

GREENLEAF

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Quand on a appris que Greenleaf était rajouté à l’affiche dans les derniers groupes annoncés, on n’a pas caché notre joie. Quand on a vu le running order annonçant le groupe suédois sur la petite Foyer stage, on a déchanté, voire blanchi à cette perspective, même si l’on est bien conscients que les derniers groupes jouant chaque jour sont tous d’une notoriété assez importante – et cette édition du Desertfest nous l’a bien rappelé à plusieurs occasions (Wo Fat, Mantar, Monolord, Mothership…). Bref, en Desertfest-ers aguerris, on sait qu’il va falloir y être tôt pour profiter du set… Mais dès la fin de Rotor, le public est déjà massé devant la petite scène tandis que… le groupe soundchecke ?! Encore ? On sait que les musiciens sont tous là depuis deux jours (ils ont profité du festival), pourquoi ce retard ? On prend notre mal en patience et… tout se coupe ! Plus de son : le soundcheck est interrompu, les musiciens repartent et laissent faire les techniciens qui vont, pendant une grosse demi-heure, intervertir les câbles, les têtes d’ampli, etc… La tension monte dans le public, c’est palpable, et quand le son revient (bravo les techos !) les zicos remontent sur scène en mode no-bullshit attitude et dès les premiers accords, tout explose dans le public ; on n’avait jamais vu ça sur un concert de Greenleaf. Spectaculaire accueil. Si bien que dans l’émotion l’on ne se souvient même plus de quel était ce titre qui a déclenché le feu aux poudres… On se souvient par bribes de ce « A Million Fireflies » déclenchant au détour de chaque envolée de guitares des mouvements de foule complètement décalés au regard du morceau… Puis peu à peu l’on revient à un concert plus « normal » de Greenleaf, avec un public ravi mais plus calme, et durant lequel sur cette petite scène se démènent les quatre musiciens, avec toujours Tommi déchaîné sur son côté et Arvid tout en tension qui arpente les quelques mètres carrés mis à sa disposition en attisant un public qui n’en demandait pas tant. On notera pour la suite le toujours excellent instrumental « Electric Ryder » (où Arvid va se reposer derrière le mur d’ampli), et le bon doublon « Trails & Passes » et « With Eyes Wide Open » qui passe toujours bien. Le set se termine évidemment à un horaire décalé (à la fin du troisième jour, on peut bien faire un écart au parfait timing qui a régulé le festival…) mais le petit couac qui a présidé à ce retard est vite excusé, disparu derrière la sueur des musiciens et les sourires du public.

 

CROWBAR

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Après les prestations en demi-teinte des deux têtes d’affiche précédentes, nous attendions les Etasuniens au contour tout en sachant que nous ne serions certainement pas déçus. Victimes du problème technique ayant décalé le show précédent comme vous avez pu le lire plus haut, c’est avec plus d’une demi-heure de retard que les Ricains vont débuter leur show. Pour la petite histoire, victime aussi des aléas de trajet du combo Londres-Berlin, ce n’est que très tard que la bande de Kirk Windstein s’est pointée à l’Astra et c’est avec la grande classe américaine que ces lascars se sont mis en place à la vitesse de l’éclair. On reconnaît les vrais pros à ce genre de détails aussi : ça ne chipote pas vingt ans durant pour soundchecker et ça assure même si tout ne roule pas comme prévu. Le public trépigne et il est chaud patate. Quand résonne le Sud du Paradis de Slayer dans la sono, c’est les dix premiers rangs qui hurlent en cœur « Before you see the light you must die » ; les spectateurs sont dans les starting-blocks et ils vont en avoir pour leur pognon. La machine de guerre attaque avec du très lourd, « Conquering », et va empiler les bûches tout au long d’une prestation lente et dévastatrice. Crowbar est exactement là où nous l’attendions et nous ne cachons pas notre joie. Il en est de même aussi pour le leader velu du quatuor qui esquisse à plusieurs reprises de larges sourires quand il ne grimace par pour amuser les gugusses qui le mitraillent depuis la fosse à photographes (et nous sommes bien placés pour en parler). Le pit est démonté et pour la première fois de ce festival plutôt calme, le service d’ordre est mis à contribution pour réceptionner des corps suants derrière les crash barriers. Le fait qu’il s’agisse de la dernière grosse sensation du festoche a certainement aussi joué un rôle dans la débauche frénétique qui a agité les premiers rangs qui, oubliant leur fatigue, ont tout donné dans cette ultime bataille plutôt bon enfant. Comme le stipulait le tatouage qui orne le mollet du guitariste de la formation – le lettrage « None Heavier » entourant l’état de Louisiane – les gars du bayou ont délivré un set sauvage d’une lourdeur imparable. Avec des titres comme « High Rate Extinction », qui a été impec, les rednecks ont mis tout le monde dans leur poche et le désert était bien présent, mais à l’extérieur de la salle qui avait vu la grande foule se rassembler comme il en avait déjà été le cas il y a quelques années avec le final assuré par Clutch.

 

10000 RUSSOS

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Après le rouleau-compresseur de Louisiane, le moment est venu d’aller assister, dans la petite salle, au dernier show de ce festival. On va pas tourner autour du pot pendant cent-sept ans : comme nous n’avons pas pris de drogues, nous ne trouvons pas ce set stupéfiant et entre la créativité et le foutage de gueule il n’y a parfois qu’un pas… Dans le noir presque total, le trio a envoyé du son au rendu de boucles appuyées par des voix en mode reverb. Malgré l’affiliation psychédélique revendiquée, nous avons presque la sensation d’assister à une fin de soirée drum and bass des débuts. Pour être très clair, nous n’avons pas adhéré à cette performance des Portugais qui se sont ensablés sur la scène de l’Astra en proposant un show figé qui a fait se trémousser au ralenti, tels des épouvantails sous acides, une partie du public ramassée contre la barrière ainsi que divers pantins isolés dans l’arrière-salle qui s’étaient visiblement chargés pour passer un bon moment.

 

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Encore une formidable journée partagée avec tant de têtes connues qu’on va finir par s’y sentir carrément à la maison grâce au public qui est fantastique, aux formations qui sont fort efficaces en plus d’être professionnelles et sympathiques ainsi qu’à nos potes de l’orga qui sont au poil. Merci encore pour cette réussite : surtout ne changez rien du tout !

 

Pour résumer notre journée :

  • la bonne surprise : Desert Storm et Kaleibolt
  • la confirmation : Rotor
  • la (petite) déception : Egypt
  • les grosses claques : Crowbar et Greenleaf

 

 

 

Chris & Laurent

DESERTFEST Berlin – Jour 2 (Electric Wizard, Monolord, Elder, Monomyth,…) – 29/04/2016 (Astra – Berlin, Allemagne)

Déjà deuxième jour de ce Desertfest, et le ciel berlinois est à la fête : le soleil baignera toute la journée un Biegarten décidément fort agréable… que nous devrons quitter à chaque fois à l’appel des guitares qui retentissent sur les deux scènes de l’Astra… La journée s’annonce pleine de découvertes et de groupes qu’on a envie de (re)voir live, et elle commence très fort, dès 14h…

 

SAMAVAYO

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Depuis quelques semaines le nom de ce combo berlinois revenait à nos oreilles comme un groupe à surveiller de près. On sent d’ailleurs que l’attente est bien présente, dans un Foyer très correctement rempli, tandis que le beau temps est au rendez-vous et rend plutôt agréable la perspective d’une bonne bière sous le soleil. Tout ouïs, on voit les locaux de l’étape enchaîner les 2-3 premiers titres et…on n’est pas impressionnés. Mais très vite, la tension monte et les compos apparaissent plus efficaces, plus originales aussi. Le groupe était-il quelque peu sclérosé par la pression de ce festival dans sa propre ville ? Quoi qu’il en soit le problème est réglé, et le groupe nous cueille pendant 40 minutes tour à tour avec des passages planants plus rock, lardés de breaks punchy, jamais exempts d’une bonne dose de groove. L’efficacité est décuplée dès que pleuvent les riffs les plus lourds, véritable exercice de style où le groupe excelle, et où se révèle sa puissance. Content d’être là, le chanteur annonce vers la fin du set “on n’a pas assez de temps” – et sur ce coup on est d’accord : on en aurait bien repris une dose de la trempe de cette dernière demi-heure de set.

 

WE HUNT BUFFALO

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Avec force expectative, on se presse devant la main stage pour écouter de quel bois se chauffent les bucherons canadiens de We Hunt Buffalo : ne les connaissant que sur album, on s’imaginait une furie live, à l’image des autres groupes de leur label, Fuzzorama (Truckfighters, Valley Of The Sun…). Ça ne commence pas terrible tandis que Ryan Forsythe rencontre quelques problèmes de guitare. Et puis très vite on réalise que l’ouragan scénique imaginé n’aura pas lieu : le combo est plutôt du type sobre scéniquement, et se repose essentiellement sur la puissance de ses compos. Légitime, et pas si stupide comme stratégie : leur musique, variée, enchaînant riffs nerveux, rythmiques massives et plans plus planants, accorde de larges plages instrumentales à des jams et soli toujours efficaces. En revanche, on reste un peu sur notre faim au regard de la transposition sur scène de compos qui ont prouvé leur efficacité sur rondelle plastique : journée « sans », stress, manque d’expérience ? Quoi qu’il en soit on n’y trouve pas complètement notre compte aujourd’hui. Et apparemment on n’est pas seuls, le public se montrant intéressé, mais pas non plus déchaîné. Tant et si bien que quand le trio dégaine une reprise du « Thumb » de Kyuss, c’est tout juste si l’on sent un frisson d’excitation dans la salle. Ça reste un bon concert, mais on espérait plus.

 

SOMALI YACHT CLUB

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On avait entendu parler de Somali Yacht Club avant d’entendre leur album, le buzz entourant leur musique et leurs prestations scéniques étant tenace. Cette édition du Desertfest fut pour vos serviteurs l’occasion de vraiment découvrir ce groupe, dont, à l’image de leurs prédécesseurs sur l’affiche (cf ci-dessus), on attendait une petite claque scénique. Déflorons le suspense : la claque n’eut pas lieu. Et pourtant la qualité intrinsèque du groupe est indéniable : développant une musique très largement instrumentale, le combo ukrainien s’y entend dès qu’il s’agit de pondre des passages psyche bien planants, se reposant sur une rythmique basse-batterie pleine de groove. L’originalité pointe le bout du nez à travers des breaks imprévisibles ou encore des arrangements parfois étonnants mais jamais trop barrés. Mais pour un motif inconnu, l’ambiance n’y est pas complètement. Il faut dire que cette journée, moins chargée en « gros » noms, voit le public un peu plus apathique que la veille (ou le lendemain), plus enclin à profiter du Biergarten ensoleillé. La prestation est de qualité, ça joue bien, mais il manque quelque chose, un petit on-ne-sait-quoi, pour en faire une prestation remarquable.

 

MONOMYTH

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Ces derniers mois ont vu le groupe hollandais redoubler d’efforts pour se confronter au public « occidental » (au-delà des Pays-Bas et de l’Allemagne, quoi…), à travers un nouvel album excellent d’abord, et avec quelques prestations qui ont laissé des marques (celle du Desertfest Belgium il y a quelques mois reste dans les esprits). On est donc assez confiants lorsque nos humbles bataves montent sur scène noyés dans une épaisse fumée. Confiants dans une discographie solide et cohérente, ils engagent leur set sur la douzaine de minutes de « Vanderwaalskracken », un morceau fleuve qui prend très vite son rythme de croisière. En moins de temps qu’il n’en faut pour finir sa bière, le public leur mange dans la main, avec des premiers rangs presque en transe : le facteur immersif et hypnotique des néerlandais est remarquable, semblable à ce titre à un My Sleeping Karma. Scéniquement bien présents (sans surjouer), aidés par un light show impeccable, le quintette produit une musique psyche teintée parfois de kraut rock (sur « 6EQUJ5 » surtout, le second titre joué) ou de space rock (« LHC », issu du dernier album). Les titres s’enchaînent sans un mot, les instruments changent au fil des ambiances, le second clavier prend parfois une gratte pour gonfler un peu le son des passages les plus puissants, et jamais la tension ne retombe. Le public sanctionne la fin du set d’une salve d’applaudissements qui voit le groupe manifestement heureux le saluer en retour. Monomyth repart en ayant fait aujourd’hui un bon paquet de nouveaux convertis.

 

THE LORANES

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Après la performance de haut vol des Bataves sur la grande scène, nous regagnons le petit espace plongé dans l’ombre (et comme nous avons eu la bonne idée de faire un saut dehors vu que les Néerlandais ont terminé en avance pour rallier Londres, nous n’y voyons absolument rien). Il nous faudra quelques instants pour nous habituer à ces lieux sombres et à discerner les velus Germains qui ont installé leur grosse caisse flanquée de leur logo sur la petite estrade leur servant de scène. Avec une seule production à son actif, le trio régional est bien placé sur l’affiche pour conquérir de nouveaux fans avec son rock psychédélique très axé jam. Il faut dire qu’une vieille connaissance de nos services occupe le côté jardin de la scène avec sa basse : Mammut. L’ex-membre de Kadavar, la formation montante, s’agite comme un diable alors que son acolyte côté cours en fait de même en plaquant des riffs sur sa gratte vintage et en assurant les parties chantées. Comme bien souvent dans notre monde, la qualité du chant n’est pas le point fort du groupe, mais son groove vintage bien lourd est bougrement efficace ce qui est nettement plus important. Quand bien même le répertoire des Allemands n’est pas énorme, ils occuperont le temps imparti avec grande classe et une efficacité toute teutonne ; une affaire à suivre de près.

 

COOGANS BLUFF

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Changement de décorum pour la suite des festivités, nous nous dirigeons rapidement vers la grande salle dans laquelle la configuration de scène a été passablement chamboulée. Il faut dire que c’est un set un peu particulier auquel nous aurons droit avec la formation de Rostock . Un ovni est à l’affiche de cette journée avec une section cuivre installée derrière le batteur qui se retrouve du coup sur l’avant de la scène avec sur ses côtés les deux hippies de service dont un joli spécimen en marcel. C’est très rock à ratissage très large dans l’ensemble avec une option psychédélique bien marquée et quelques insertions de cuivres à la ska ça et là, voire même durant de longs changements radicaux au sein des titres. Assez populaire dans ces contrées, les Allemands vont extraire des morceaux de la plupart des pièces constituant leur honnête discographie. Pas très open à ce type d’exercices de style nous tapons mollement le sol de nos semelles et passons un moment pas franchement désagréable, mais pas transcendant non plus malgré notre ouverture d’esprit légendaire ; les autochtones quant à eux font montre de plus d’enthousiasme. Il faut de tout pour faire un monde.

 

MONDO DRAG

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La performance du type “école de musique avec collision de styles” étant terminée sur la main stage, nous venons nous insérer dans le Foyer qui aura montré ses limites durant ces trois jours de folie. L’espace n’a clairement plus la capacité de contenir des formations renommées (nous le constaterons plus tard avec le troisième groupe commençant par « Mo » de la journée : Monolord et surtout le lendemain avec Greenleaf ou Egypt) voire même d’être fréquenté aux heures de pointe. Mais laissons là ces considérations logistiques qui voient les premiers rangs couchés sur les barrières protégeant la scène, et immergeons nous dans le psychédélisme vintage que nous propose la bande d’Oakland. L’adjonction de claviers sur des riffs – pour certains hérités du Grand Black Sabbath – donne une bonne dynamique au set des chevelus qui renouent avec le rock psychédélique des seventies. Les spectateurs rentrent bien dans le set des Californiens dont le style est très abordable pour le grand public (ce qui n’a pas toujours été le cas lors de cet événement et c’est tant mieux pour nos gueules). Quelques passages bien inspirés émailleront la performance de Mondo Drag qui prouve une bonne maîtrise de leurs instruments ; une mention spéciale aux guitares et à l’orgue. En ce qui concerne la dimension comique : nous nous tordons encore de rire au fameux gag de l’organiste qui ose faire « santé » avec une tasse de thé au pays de la bière (il y en a qui n’ont vraiment peur de rien). En dehors de cette considération humoristique, nos lascars ont réussi à conserver un public compact et c’est un peu le minimum syndical lorsqu’on à la chance de se produire en début de soirée alors que les festivaliers sont tous dans l’enceinte du festoche.

 

ELDER

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Elder ou le groupe à côté duquel nous sommes systématiquement passés durant leurs diverses prestations en festival. Nous nous étions promis de garder le focus sur la formation de Boston pour leur deuxième passage au Desertfest de Berlin. Il y a deux ans, le trio se produisait sur la petite scène et les desert-rock-porters que nous sommes avaient eu la désagréable impression de ne pas avoir su rentrer dans leur show. Cette sensation était plus à mettre en relation avec nos viscères qu’avec la performance délivrée par les Etasuniens. Il nous fallait donc briser cet enchantement sur ce coup-ci d’autant plus qu’Elder a, depuis son dernier show dans cette manifestation, a sorti une plaque énorme, Lore, qui a marqué toute la communauté l’an passé. Les Ricains vont fortement nous aider à adhérer à ce concert avec le soutien bienvenu de projections sur l’arrière de la scène. Chaque musicien tient sa place et entraîne dans son sillage le public ramassé devant lui. C’est surtout Jack, le bassiste de la bande remonté sur ressorts, qui attire les regards sur scène, car Nick, le chanteur-guitariste, était parfois fort concentré sur ses deux partitions qui, avouons-le tout de go, ne sont pas les plus simplistes de le galaxie. Si nous mettons de côté quelques rendus vocaux étouffés par la sono – lesquels ne composent pas la charpente principale des prestations de ce groupe – nous avons droit à un set qui frise la perfection. Ce show génial verra certains joyaux interprétés parfaitement avec une mention spéciale à « Compendium » tiré du dernier opus en date. De plus, ces jeunes gens ont choppé de la bouteille et ils font montre d’une certaine maturité scénique qui nous aura certainement plus séduite que par le passé. Nous ne serons pas les seuls dans ce cas puisque c’est sur une véritable ovation que le public prend congé des musiciens au terme d’une performance de haut vol qui les voyait idéalement placés sur l’affiche, bien avant une tête de gondole qui en laissera certains – dont nos pommes – sur leur faim.

 

MONOLORD

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On a vu Monolord la dernière fois sur l’immense main stage du Desertfest Belgium, scène qu’ils avaient maîtrisée de main de maître. Les voir aujourd’hui programmés sur la petite Foyer nous laisse dubitatifs… mais pas eux ! La bave aux lèvres, ils montent sur le petit triangle de scène avec la même envie d’en découdre. Et dès les premiers claquements de basse telluriques de Mika – le bassiste est en furie et ne tient pas en place sur ce début de set – le public est en incandescence : les premiers rangs sont une véritable bataille rangée, une ambiance surréaliste dans un contexte de concert de doom ! Le jeune trio de doomsters suédois – ils existent depuis moins de trois ans, on l’oublie un peu vite ! – veut marquer les esprits, ça se sent, et leur set de trois-quarts d’heure passera à la vitesse de l’éclair. La tension du début, intenable, s’apaisera un peu par la suite, ce qui permettra au public de mieux encore rentrer dans les méandres lugubres créés par le groupe, qui pioche surtout dans son dernier album, Vaenir, pour constituer sa set list, mais n’oublie pas son prédécesseur : c’est d’autant plus vrai que la pièce maîtresse de ce set sera sans contexte cette version sournoisement heavy de « Empress Rising », désormais devenu le classique incontournable de la formation scandinave. Tirant le titre dans tous les sens, le groupe parachève son œuvre de destruction massive avec une efficacité qui ne souffre aucune discussion. Thomas, le guitariste, fera pour l’occasion un passage dans la fosse – probablement pour mieux goûter aux salves d’infrabasses et aux coups de massue décochés par sa section rythmique impeccable. Parfaitement brutal.

 

ELECTRIC WIZARD

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Finie la rigolade, le moment est venu de retourner dans la grande salle, devant la grande scène pour le grand groupe qui est la tête d’affiche de la journée et qui bénéficie donc d’un temps de jeu allongé par rapport à ses petits camarades. Les Britanniques ont donc plus d’une heure pour convaincre le public allemand (ou francophone car il est bien représenté cette année) même si la différence de statut entre cette formation et certaines lui ayant précédé dans la journée (Elder, Monolord ou Monomyth par exemple) ne saute pas forcément aux yeux. Il faut dire que cette édition voyait une foule de groupes de haut niveau se succéder tout au long des trois jours et des healdiners un peu en deçà de ce statut (soit ils n’étaient pas de véritables têtes d’affiches soit l’affiche état de haut niveau point barre ; nous optons de notre côté pour la deuxième solution). Bref les vétérans du Dorset se sont radinés sur scène après avoir teasé le public avec sa projection de fond d’écran (une animation timide de leur logo sur fond noire) et des lights violacées mettant en avant le lettrage à leur effigie sur la grosse caisse. Bénéficiant d’un son d’une rare qualité, ces mythes de la scène (ou d’une partie d’entre elle en tous cas), ont eu tout le loisir d’exprimer leur art tout en lourdeur et en lenteur. Les soli de guitare, le look (très) soigné, les projections de nichons et de larges extraits de nanards datés en fond de scène, les éclairages lugubres ainsi qu’une atmosphère poisseuse, ont constitué les principaux atouts d’un set où la gaudriole n’était pas de rigueur sur scène. Madame a pris la peine de réarranger sa coiffure à plusieurs reprises parce qu’elle le vaut bien, Jus Osborn était parfois habité lorsque ses doigts arpentaient rapidement le manche de sa gratte, mais, quand bien même les standards du combo étaient au rendez-vous (« Dopethrone », « Black Mass », « Funeralopolis » ou « Dunwich ») en ratissant large dans leur disco, quelque chose a manqué à ce show. Un nous ne savons quoi de folie peut-être. Peut-être qu’entre les wallabies de la veille et le détachement de rigueur du jour avec la poker face (qui ne nous a pas rendu gagas), il y a possibilité, pour les têtes d’affiches, de positionner le curseur quelque part où c’est ni trop ni trop peu. Dommage car nous attendions un peu plus d’une formation qui a tellement compté pour la scène doom-stoner.

 

DEATH ALLEY

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Après cette double salve de doom, les p’tits gars de la prog du Desertfest, toujours habiles et malins, jouent le contraste et proposent de terminer la journée avec les hollandais de Death Alley et leur high energy rock, seul capable de sortir le public de sa torpeur. Quitte ou double… mais ça passe ! Et haut la main… Faut dire que les bataves ne se démontent pas : au taquet, les bonhommes, sourire aux lèvres, captent l’attention de tous les festivaliers fatigués et nonchalants qui quittaient la main stage suite à Electric Wizard et comptaient gagner le bar au plus vite : raté ! Le rock irrésistible de Death Alley les tiendra en haleine encore quarante-cinq minutes. Difficile de ne pas apprécier ce groupe dont les influences ratissent large, en gros des Hellacopters au MC5. Même si chaque musicien fait le taf avec vigueur (y compris son créateur Oeds Beydals, ancien gratteux de The Devil’s Blood – pas vraiment le même genre musical – qui enquille quelques soli pas dégueux), tous les yeux sont sur Douwe Truijens : le chanteur sur ressorts se démène comme un beau diable, torse nu sous son petit gilet en cuir sans manche, slamme à l’envie, se déhanche et danse avec le sourire jusqu’aux oreilles. Un vrai showman ! Bref, le set de Death Alley procurera la dose d’énergie et de fun qui permettra de finir la journée avec le sourire, et pour certains (que nous ne citerons pas) d’entamer un after imbibé pour quelques heures encore…

 

Pour résumer notre journée :

  • la bonne surprise : Samavayo
  • la confirmation & la grosse claque : dans deux genres différents, les deux “mono” de la soirée – Monomyth et Monolord
  • la (petite) déception : Electric Wizard

 

 

[A SUIVRE]

 

Chris & Laurent

DESERTFEST Berlin – Jour 1 (Truckfighters, Pelican, Wo Fat, Mantar, Spiritual Beggars, …) – 28/04/2016 (Astra – Berlin, Allemagne)

Devenu une sorte de rituel majeur chaque année, le Desertfest Berlin est aussi l’occasion de sentir le pouls de la scène stoner internationale, faire des découvertes, ou encore apprécier l’évolution de certains groupes. C’est aussi devenu l’occasion de croiser des visages familiers chaque année plus nombreux (et notamment francophones – en grand nombre cette année !), de prendre des bières avec des musiciens qui ne rechignent pas à aller se détendre au Biergarten avec le public, et globalement de prendre du bon temps. L’édition de cette année n’a pas failli à ces bonnes habitudes, même si cette première journée a commencé étrangement : toute la matinée et le début d’après-midi, la météo nous a fait douter (pluie, soleil, grèle, bruine, soleil…) mais durant le festival, nous n’aurons pas eu une goutte de pluie, et avons passé le plus clair de notre temps en tee shirt… Les conditions étant finalement réunies, rentrons dans le vif du sujet.

 

HIGH FIGHTER

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Alors que le soleil baigne la capitale allemande de ses chauds rayons, nous croisons les membres d’High Fighter attablés dans le Biergarten de l’Astra en pleine préparation psychologique de leur show. Les Hamburgers ont l’insigne honneur d’ouvrir les festivités et ils trépignent à l’idée de fouler une nouvelle fois la scène. Visiblement en manque, le quintet s’est concentré ces derniers temps sur la mise en boîte de sa deuxième production – « Scars & Crosses » – annoncée pour juin prochain chez Svart Records. Quelques instants plus tard, c’est le sourire aux lèvres que les Allemands se dirigent vers la petite scène pour donner le coup d’envoi du millésime 2016 du Desertfest de Berlin. Rompue à l’exercice live, après notamment des performances en compagnie de Conan, Greenleaf ou The Midnight Ghost Train, la bande envoie du gros bois et nous nous retrouvons immergé dans le festival dès les premiers accords. Pas de décollage en douceur : le lourd est à l’honneur ! La frontwoman Mona est très à l’aise dans les parties vociférées – la dame est parfois soutenue par son batteur dans les plans plus apaisés – et ses comparses font preuve d’une excellente maîtrise technique. Composé à parité de titres issus de son premier EP – « The Goat Ritual » – et de morceaux de la pièce à venir, le set du groupe de Hambourg est une excellente expérience que le public, encore rare à cette heure de la journée, a savourée. C’est tout excités que nous ressortons de la salle obscure après cette prestation qui sera certainement la dernière pour High Fighter sur un créneau aussi tôt tant le groupe maitrise son art et plait.

 

BABY IN VAIN

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Après avoir serré quelques pognes et dispensé des bisous sur les joues de nos amis présents dans le jardin de la binouze, nous reprenons le chemin du Foyer pour faire connaissance avec le trio danois que nous ne connaissons ni des lèvres ni des dents. Pratiquant une version vintage de grunge-stoner (à moins que ce soit le contraire) à deux guitares, la très juvénile formation féminine trouvera quelques admirateurs parmi le public dans la place. Nous n’allons pas vous le cacher : nous n’avons pas vraiment goûté à leur style et leur performance carrée à chants, voire hurlements, superposés ne nous a pas vraiment emballé. Nous nous sommes demandés ce que foutaient ces gens sur la scène plus bas que les poulains de Svart et juste avant les vieilles gloires du stoner scandinaves qui les suivront. Cette énigme ne nous gâchera pas non plus la soirée, mais nous ne nous sommes pas non plus pressés au merch pour acquérir les nombreuses pièces déjà disponibles dans le catalogue de ces spécialistes de la coiffure à frange actives depuis six ans.

 

SPIRITUAL BEGGARS

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Premier gros morcif du jour numéro un, les vétérans européens (peut-on encore les taxer de suédois ?) bénéficient de cinquante minutes de jeu sur la grande scène, mais à l’heure à laquelle les files s’allongent devant les stands de (mal ou bonne) bouffe plus nombreux cette année que par le passé. Plus vraiment dans le cœur des stonerheads suite à ses multiples changements de personnel et à des productions très inégales (la fin des années quatre-vingt dix – ou nonante pour les Suisses – et le début des années deux-mille demeurera la meilleure période de ce groupe), Spiritual Beggars voit tout de même un public nombreux venir s’agglutiner derrière les crash barrières pour leur performance. La bande à Michael Amott, véritable âme du groupe et seul rescapé des débuts, fait montre d’un certain professionnalisme en foulant la scène de leurs Vans et envoient d’entrée de jeu un titre de « On Fire » qui fédérera les vieux fans et les néophytes. Ils interpréteront plusieurs titres de cet album de la période JB, dont le formidable « Young Man, Old Soul » qui rabibochera certains avec ces néo-hippies. La prestation du groupe qui commit jadis Mantra III ou Ad Astra sera surpondérée de morceaux issus de sa récente production, dont le titre éponyme, et de la précédente. Dommage pour les nostalgiques de la période Spice que nous sommes, mais saluons les prouesses techniques de ces musiciens confirmés qui étaient les premiers de ce premier jour à proposer un stoner plus apaisé et mélodique.

 

MOTHERSHIP

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Mothership a joint ses forces à Wo Fat pour venir botter quelques milliers de culs européens à l’occasion d’une tournée qui fait l’impasse sur la francophonie (dommage) mais ils profitent du déplacement pour venir poser tous deux leurs amplis à Berlin, en l’occurrence sur la petite scène du Foyer. Le trio texan monte sur scène avec le sourire, et décochent très vite leurs premiers riffs, comme autant de poutres jetées à la face d’un public qui se masse en nombre devant la scène. Très vite Kelley Juett le guitariste, direct torse nu (en même temps pas la peine de se tatouer tout le torse si c’est pour ne pas le montrer), grimaçant, se déhanchant en tous sens, se révèle être l’entertainer qui fait toute la différence entre un groupe de stoner rock sudiste graisseux et un excellent groupe de stoner rock sudiste graisseux : ces mecs savent tenir une scène, et le public répond bien. Musicalement, l’héritage texan est fièrement assumé, et les mid-tempo suintant la transpiration et l’huile de vidange alternent avec des passages de pure énergie, toujours chargés d’une bonne dose de groove typique des groupes issus de l’aride état américain. Les gaillards terminent leur set avec 5 minutes de gras (sans jeu de mot) sur leur horaire, mais le job est fait et bien fait, inutile de faire du remplissage. Impeccable.

 

PELICAN

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L’excitation était à son comble dans les premiers rangs alors qu’un beamer projetait le logo du groupe de l’Illinois sur le fond de la scène. Très hard, cette journée faisait la part belle aux bourrins et ce n’est pas les volatiles étasuniens qui allaient emprunter une voie plus lancinante bien au contraire ! Sitôt la bande sur scène que les larsens et autres sonorités de mise en condition – avec la guitare frappée au sol tête en bas ; bien évidemment ça lui fait un bien fou demandez à votre luthier – nous font comprendre que la performance instrumentale à venir sera une débauche de sludge et pas de la guimauve pour midinettes. Ça tombe bien on est venu entre couilles ! Ça envoie du lourd sur la Main Stage en s’animant comme des épouvantails sous acide et c’est au poil en ce qui concerne la technique. En allant piocher dans toute la largeur de son répertoire, de « Mammoth » issu du premier simple à « The Tundra » issu de sa dernière production studio, ces Américains auront livré leurs masterpieces – pour la plupart présentes sur leur live arctique – dans un registre voisin de Cult Of Luna ou des défunts dieux antiques égyptiens de Boston. Un délice pour puriste d’un genre confidentiel à ses débuts et de plus en plus populaire auprès d’un large public.

 

WO FAT

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Après leurs copains de Mothership, c’est au tour d’un autre trio texan de faire parler les guitares : Wo Fat déboule et vise clairement à coller une deuxième couche de gras sur le travail bien entamé par leurs prédécesseurs sur la scène du Foyer. Et le public ne se fera pas prier pour recevoir cette offrande : dès les premiers accords, les premiers rangs ressemblent à une bataille rangée (quelques individus un peu imbibés viendront faire chauffer l’ambiance, mais tout finira bien dans la chaleur cordiale d’un mosh pit viril). Comme on pouvait l’attendre d’un combo sudiste où le mot “Fat” tient bonne place dans le patronyme, des couches de gras sont enquillées à travers des compos majoritairement issues des deux derniers albums du groupe, que le public, qui semble bien connaître les classiques du groupe, apprécie. On notera ainsi aléatoirement une déferlante de soli rugueux venant contrebalancer des riffs patibulaires, à l’image de ce très fat “Read The Omens” qui ravit les grands et les petits. Apparemment fiers de leur méfait, nos gaillards plient les gaules avec le sourire – comme le public, encore un peu abasourdi de ce qui restera une des grosses claques de la journée.

 

TRUCKFIGHTERS

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Reconnaissons-le, on est assez contents de voir débouler quelques bonnes rasades de fuzz bien chaud après le set robuste et efficace mais au son un peu “froid” de Pelican. Le trio suédois a tellement tourné ces derniers mois et années que l’on sait peu ou prou à quoi s’attendre. A ce titre, l’effet de surprise ne peut plus venir que de la set list. Et sur ce plan, on est mi-figue, mi-raisin : rien de révolutionnaire (s’y attendait-on vraiment ?) mais pas non plus la set list “pilotage automatique” que l’on pouvait craindre. On y retrouvera avec des ressentis variés des titres longs comme « Manhattan Project » ou « The Game » qui manqueront un peu du potentiel percussif du trio, mais aussi des petites perles comme « Mind Control », « In Search of (The…) » ou évidemment le très attendu « Desert Cruiser » qui vient clôturer le set. Scéniquement, zéro surprise en tous les cas : Ozo est bien dedans et abat le taf (rythmiques impeccables, chant maîtrisé – pour la plupart…) et Dango est dans son rôle de cabri guitariste, arpentant la scène en long et en large, tournoyant, sautillant, dansant, bondissant sans arrêt, et ce quel que soit le rythme du morceau ou l’ambiance développée… On sait que ce point fait débat au sein de la “stonersphère”, certains appréciant cette énergie authentique (le bonhomme a toujours été ainsi) et d’autres décriant une scénographie décalée, voire inappropriée. Préférant ce comportement à celui des musiciens qui se regardent les chaussures pendant une heure, on se rangera plutôt vers la première catégorie, et on notera par ailleurs que le bonhomme ne rate jamais une note ou un solo par excès de débauche physique, ce qui en soi est déjà remarquable. Le point faible du set en revanche viendra de la mise en son : un peu chaotique au début, elle alternera passages corrects et départs en vrille réguliers durant tout le set (basse vrombissante, chant bien trop présent dans le mix par moments, etc…). Bref, la prestation des Truckfighters ce soir, sans être calamiteuse, est loin aussi d’être mémorable.

 

MANTAR

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Après les kangourous scandinaves dans le trend, le moment est venu d’aller se finir auprès de la petite scène obscure si propice aux danses de sauvage, et nous n’allons pas être déçus de notre voyage. Mantar grimpe sur scène en mode topless prêt à en découdre avec un public qui ne demande que ça. Erinç se cale derrière ses fûts à l’ombre de la tête d’ampli estampillée « power » – des fois qu’on oublie que la puissance est l’un des nombreux atouts de ce duo… – et Hanno – coiffé de son habituelle casquette à l’envers – s’agite comme un diable en se cognant contre les amplis. Le ton est donné : c’est cinquante minutes de sauvagerie annoncée, enfin cinquante minutes c’est le temps de jeu alloué à la formation d’Hambourg qui clôt la journée car, faisant fi du couvre-feu, le binôme va exploser le temps de jeu pour notre plus grand plaisir. S’étant approprié la zone scénique du Foyer, les compagnons de route de Mantar installeront leur stand de merch dans l’espace prévu pour les techniciens de cette scène dans la plus grande tradition punk. Adeptes du D.I.Y., le groupe de Hambourg va envoyer du – très – lourd en faisant la part belle à sa dernière production « Ode To The Flame » dont nous sommes raides dingues » – une tuerie si vous n’avez pas lu la chronique sur ce site. Le martial « Era Borealis », le brutal « Praise The Plague ainsi que d’autres petites merveilles récentes viendront croiser sur le setlist des titres à peine plus anciens puisque même si la formation se produit ce jour-là pour la seconde fois au Desertfest de Berlin, elle n’a pas encore atteint ses cinq années d’existence… Nous ne serons pas les seuls à goûter à l’art pratiqué sur scène puisque ce fut le gros bordel devant la scène et que l’un de vos serviteurs a carrément failli se prendre un élément de sono sur le pif alors qu’il captait des images pour émerveiller vos mirettes. La paire teutonne de doom, stoner, punk, crust, black etc. aura fait un carnage et cette première journée de folie s’achève comme elle a commencé : avec des Hambourgeois qui poutrent nous livrant un show de toute bonne facture. Ah quelle belle journée !

 

Pour résumer notre journée :

  • la bonne surprise : High Fighter
  • la confirmation : Mothership + Wo Fat
  • la (petite) déception : Truckfighters
  • la grosse claque : Mantar

 


[A SUIVRE]

 

Chris & Laurent

DESERTFEST London (Corrosion Of Conformity, Crowbar, Pelican, Russian Circles, Trouble, Elder, Truckfighters, etc…) – 29/04/2016 au 01/05/2016

L’édition de cette année du Desertfest London est l’occasion de fêter le (déjà) cinquième anniversaire du festival anglais dédié à la musique que nous aimons tant. Trois jours de stoner non-stop, cinq salles de concerts plus ou moins éloignées, mais toutes situées dans le quartier de Camden, temple du punk et du non-conformisme. Et une programmation dense qui empêche malheureusement de pouvoir apprécier l’ensemble des groupes programmés. C’est ça le DESERTFEST de Londres.

 

JOUR 1

Il est 14H00 pétante ce vendredi 29 avril lorsque GURT investit la scène de l’Underworld pour ouvrir cette 5ème édition du DESERTFEST. Malgré l’horaire, les locaux font salle comble et déroulent trois quart d’heures durant leur sludge plombé à la Guiness, le tout devant le fameux Reece de STEAK présent pour l’occasion sur le côté de la scène (il est à l’origine de l’asso organisatrice Desertscene UK). Le choix d’ouvrir le festival par le groupe Londonien s‘avère être assez bon puisque ce set puissant va permettre au combo de gagner de nouveaux fans. Il va également donner le ton pour cette première journée marathon et servir de mètre étalon pour les groupes à suivre. Excellent.

 

DF2016 LONDON - Gurt

Gurt

Préférant faire un peu de shopping après ce set, l’impasse est faite sur LOWER SLAUGHTER qui jouait au Black Heart. C’est donc de nouveau vers l’Underwold que nous nous dirigeons pour assister au set de THE GRUDGE, tout jeune combo pas encore aussi « bankable » que Gurt. Les anglais font également dans le sludge et réchauffent l’ambiance d’un Underworld pas complètement plein et anesthésié par l’alternance soleil/grêles qui rythme la météo du jour.
Le Desertfest Londonien n’étant pas aussi « amical » que son cousin germain, nous partons peu avant la fin de ce set pour nous diriger vers le petit Black Heart afin d’assister à la prestation des petits gars de Liverpool, les biens nommés BONNACONS OF DOOM. La salle est comble et il est difficile d’entrer pour assister au set des Daft Punk du stoner. Après une percée réussie, nous voilà donc au plus près pour entrer dans leur transe musicale, qui malheureusement ne fait pas réellement décoller le Black Heart, et nous non plus d’ailleurs.

Nous préférons donc nous diriger, après seulement dix bonnes minutes, vers l’Underworld où les américains de BLACK PUSSY sont sur le point de se produire. Fin (pour le moment) de l’intermède sludge pour laisser la place à un stoner vintage qui électrise l’Underworld. Le combo de Portland a déjà une sacrée renommée et fait danser les jeunes et les moins jeunes dans l’antre de Camden. Sexy à souhait, la musique proposée par Black Pussy va rafraîchir, le temps d’un set diaboliquement efficace, nos esprits et nos tympans malmenés depuis le début de l’après-midi par plusieurs couches de gras.

Malheureusement (choix Cornélien oblige), nous quittons les Black Pussy avant la fin pour nous diriger vers le Black Heart once again et voir GUAPO. Un problème logistique décale la prestation du groupe de près d’un quart d’heure (la scène étant trop petite pour accueillir claviers, flûtes et cornemuse) et nous ne pourrons profiter que de quinze minutes de rock expérimental assez intéressant où les instruments à vents se marient très bien au ronflement de la section rythmique (mon camarade de chambrée me dira le lendemain que le set était malheureusement très inégal) avant de nous rediriger au pas de course vers l’Underworld.

Car s’il y a un groupe que nous ne voulions pas rater aujourd’hui, c’est LIONIZE, le combo du Maryland et « petit protégé » de Clutch. C’est en pyjama (on exagère à peine) que Nate Bergman monte sur scène (pas ses compères, nous vous rassurons) pour balancer du reggae-rock qui va faire bouger un Underworld à moitié vide (EGYPT en simultané à l’Electric Ballroom oblige). Ceux qui auront préféré prendre le thé (où trainer au pays des pyramides) peuvent s’en mordre les doigts puisque la débauche d’énergie du groupe, qui enchaîne jams et titres, restera sans nul doute un des grands moments de cette édition 2015. Le quatuor est visiblement content d’être là et est littéralement habité par la musique qu’il propose. Surtout Nate (comme peut l’être un Neil Fallon) et Chris Brooks (clavier) qui malgré son statisme forcé est ultra présent, tant sa patte imprègne le son Lionize. Une excellente prestation.

 

DF2016 LONDON - LIONIZELionize

 

Direction ensuite l’Electric Ballroom, pour la première fois du jour, et pour le set d’ASTEROID qui a débuté un peu plus tôt. Il y a du monde pour voir les suédois qui vont, une heure durant, hypnotiser la « main stage » avec des titres anciens et quelques nouveautés (à paraître à l’automne prochain nous dit-on dans l’oreillette). La joie de vivre du combo est aussi communicative que sa musique et se propage à l’ensemble du Ballroom. Vivement la fin de l’été donc.

Après cette tranche « vintage », direction l’Underworld pour une louche de « gras » et RAGING SPEEDHORN. Première surprise, la salle a atteint sa capacité maximale et il faut faire la queue à l’extérieur pour attendre d’éventuels abandons de postes afin de s’approcher de nos furieux britanniques. C’est chose faite au bout de 10 minutes. L’Underworld a pris des allures de cocotte-minute prête à exploser. La faute aux deux bulldozers John Loughlin et Frank Regan qui se marchent  presque sur les pieds tant la scène est minuscule. Le tout en malmenant nos tympans avec ces vocaux gutturaux. La machine de guerre Raging Speedhorn écrase tout sur son passage et fait naître les premières envies de slam de la journée. Bestial.

A peine remis de ce K.O. sonique, c’est l’heure d’aller voir CROWBAR, les rois du sludge 100% pur jus. L’Electric Ballroom est déjà plein à craquer alors que le roadie Kirk Windstein termine l’installation de son matos sous l’œil goguenard de son ancien compère de Down, Pepper Keenan, dont la prestation avec C.O.C. doit passer après la gifle que vont nous filer les 4 lascars de Louisiane. Kirk ne ment pas en prenant le micro : il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que nous sommes à un concert de Crowbar. La mauvaise, c’est que nous allons nous faire botter le cul. La pesanteur de Crowbar s’abat sur l’Electric Ballroom et sur nos épaules pour une heure de messe qui ferait pâlir d’envie les officiels du Vatican. Les vocaux, repris par un Ballroom tout acquis à la cause des américains, résonnent sur fond de sludge gras, lent et ultra lourd. Après à peine trois titres, Crowbar a déjà raflé la mise. Magnifique.

Malgré cette prestation dantesque, nous préférons quitter l’atmosphère pesante du gang de la Nouvelle Orléans pour retourner à l’Underworld afin de voir ROTOR. Quelle bonne idée tant nos amis teutons vont réaliser LA prestation de ce premier jour. Nos allemands préférés (qui sont les seuls à être présents sur le festival sans le déballer le moindre stand de merchandising) alternent titres anciens et matériel plus récent. Ce faisant, ils dénuquent littéralement tous les festivaliers présents dans les sous-sols de Camden (la salle n’est pourtant remplie qu’au trois quarts). L’Underworld oscille perpétuellement d’avant en arrière sous les coups de boutoirs du combo qui prend de plus en plus des allures de Karma To Burn européen. Rotor, avec son sens du riff bien germanique, terminera avec un plan de 20 secondes répété inlassablement pendant presque 10 bonnes minutes. Une performance monstrueusement exceptionnelle.

 

DF2016 LONDON - ROTOR
Rotor

 

Après cette claque, il est temps de retourner une dernière fois à l’Electric Ballroom pour (re)voir le CORROSION OF CONFORMITY version Pepper. Le line-up de Deliverance arrive vers 22H00 pour balancer « King of the Rotten » et se rappeler à notre bon souvenir. Woody, Reed et Mike sont en forme et visiblement très contents de clôturer cette première journée. COC va ainsi faire bouger l’ensemble de l a salle pendant plus d’une heure et quart, alternant le bon et le très bon. Bien réceptif en général, le public le sera vraiment plus chaque fois qu’un titre du fameux Deliverance sera joué (« Broken Man », « Heaven’s not overflowing », « Albatross »). Après un rappel dédicacé par Pepper à Donald Trump (« Vote with a bullet »), il est temps pour les plus courageux de se rendre à l’after-party et pour les plus fatigués de retrouver leur lit.

 

JOUR 2

 

La deuxième journée du DESERTFEST débute comme la première : par une tranche de gras servie dans un Underworld plein comme un œuf. Voilà donc BONG CAULDRON pour trois quarts d’heures de sludge entrecoupé d’un sens de l’humour so british. Nous n’attendions rien de précis de Bong Cauldron et pourtant cette débauche de riffs sera une très bonne surprise. Ce samedi s‘annonce déjà brutal.

 

DF2016 LONDON - BONGCAULDRON
Bong Cauldron

 

C’est d’ailleurs en quête de brutalité que la curiosité nous pousse à rester à l’Underworld pour capter un peu de COUNTERBLAST. Le combo porte bien son nom et fait exploser son sludge violent et décapant dans les galeries souterraines de la salle. Nous en aurions bien repris une louche, mais un timing serré nous fait abandonner notre poste au bout de deux titres seulement pour filer à l’Electric Ballroom.

 

DF2016 LONDON - Couterblast
Counterblast

 

C’est en effet l’heure de faire le plein de Kraut avec les excellents MONOMYTH. Guitare double manche et ambiance musicale hypnotiquement froide, telle l’attitude des néerlandais envers le public (pas un mot échangé durant le set) : voilà le programme pour l’heure à venir. Servi par des morceaux taillés pour la scène, ce froid nordique transcende et emporte les nombreux curieux présents dans l’univers psyché du groupe. Une prestation parfaitement maitrisée.

Après cet interlude plutôt « reposant », retour à l’Underworld où c’est au tour de FLESHPRESS, le combo finlandais, de maltraiter l’auditoire avec sa musique hors norme. Malheureusement, conflit d’horaires oblige (encore), nous quittons la prestation doomesque de ces barbares vikings sans pitié pour aller se faire brutaliser par d’autres de leurs confrères barbares.

Back to the Electric Ballroom pour le set de CONAN. Au vu du nombre de T-shirts faisant l’apologie du groupe, on sait d’avance que le public va être dedans à 200%. C’est brutal, gras, lourd et tranchant, le tout servi par un superbe visuel qui vient donner vie à chacun des titres joués ce soir. Bref, nous avons droit à du très grand CONAN et nous ne sommes pas les seuls à l’avoir compris. L’Electric Ballroom se réchauffe et en redemande. Conan est grand.

Ces derniers nous encourageant à aller jeter une oreille aux SLOMATICS, nous quittons donc le groupe peu avant la fin de son set pour nous rendre d’un pas guilleret vers l’Underworld où se produit ce trio atypique. Deux guitares, un batteur/chanteur et du sludge dégoulinant comme on l’aime : voilà ce que propose le trio irlandais qui va profiter de l’occasion pour dénuquer un grand nombre de festivaliers (rabattus comme nous dans la gueule du loup par ces filous de Conan).

C’est donc le cou endolori que nous retournons à l’Electric Ballroom pour nous frotter aux fameux TRUCKFIGHTERS que l’on ne présente plus. Fini le sludge, place au fuzz. Comme à son habitude, un Dango monté sur ressort en fait des caisses et capte l’attention tandis que son compère Ozo participe à cette débauche de fuzz en distillant la bonne parole, avant de se jeter dans le public pour un final fantastique. Les Truckfighters sont en très grande forme.

Sentant que le public est tout acquis à la cause du post-rock (il n’y a qu’à voir le nombre de bracelets « Saturday only pass »), nous préférons rester sur place pendant le switch et faire l’impasse sur Monarch. Un regret bien vite oublié avec ce qui reste à venir en ce samedi.

Car Camden se transforme pour la soirée en un Chicago du vieux continent. C’est d’abord PELICAN, en digne représentant de la windy city qui entame les hostilités. Trevor, fidèle à lui-même, balance son corps d’avant en arrière et de haut en bas au rythme de la musique de son combo. Plus volubile qu’à son habitude, le gaillard communique à plusieurs reprises avec le public, ce qui causera sans doute la fin prématurée du set du quartette : après un « Last day of Winter » qui résonne comme l’hymne ultime, Pelican se fera couper la chique faute de temps et ne jouera pas le dernier morceau prévu pour ce set surpuissant.

 

DF2016 LONDON - PELICAN
Pelican

 

La bûche du jour est signée RUSSIAN CIRCLES et va faire doublement mal. Mal à la nuque tant les secousses telluriques du trio de Chicago poutrent sévère (sous l’œil de Trevor et Brian de Pelican présents sur le côté de la scène). Tantôt duo de guitares, tantôt binôme basse/guitare, le tandem Sullivan/Cook tient la scène à bout de manches tandis que les barrières bloquant l’accès à la scène tremblent sous les frappes puissantes de Dave Turncrantz. Servis par un son surpuissant et un jeu de lumière hypnotique, les Russian Circles vont nous faire perdre la notion du temps pendant plus d’une heure et nous faire mal (deuxième effet kiss-cool) bien involontairement : piégés que nous sommes par une telle débauche sonore, et alors que nous avions prévu de partir avant la fin du set, nous arriverons trop tard au Black Heart qui affiche complet pour la prestation de Mantar. Dommage.

 

DF2016 LONDON - RUSSIAN CIRCLES
Russian Circles

 

Seule solution, se jeter dans la gueule de l’Underworld pour les deux derniers titres des revenants new-yorkais d’UNEARTHLY TRANCE histoire de terminer la journée comme elle a débuté neuf heures plus tôt : une bonne tranche de gras. Le trio fraichement, ressuscité après trois années passées dans l’au-delà, tabasse en règle les quelques tenaces présents ce soir avec leur doom oppressant. Il y à pire pour terminer une journée bien remplie.

 

JOUR 3

 

 

Dernière journée pour ce DESERTFEST 2016, journée placée sous le signe de davantage de choix cornéliens. L’introduction du Koko dans la « boucle » des salles va en effet certainement nous amener à faire quelques sacrifices (c’est en effet la seule salle qui n’est pas située dans un périmètre restreint d’une petite cinquantaine de mètres).

 

DF2016 LONDON - pre TROUBLE

 

Nous commençons la journée avec WITCHSORROW, les doomsters anglais jouent presque à domicile dans un Electric Ballroom encore clairsemé vu l’heure matinale (14H00). Seuls quelques fans hardcore et des curieux sont donc présents pour la prestation poussive du trio qui ne restera pas dans les annales de ce Desertfest.

Sans remords, nous filons donc dare-dare dans la caverne Underworld pour assister à la fin du set d’OHHMS. L’on comprend à l’écoute de seulement deux petits titres que leur stoner/doom progressif a causé du dégât sous terre et l’on regrette de ne pas être venus plus tôt.

Cramponnés à la scène, nous restons sur place pour la sensation DYSE. Le binôme teuton a électrisé le Desertfest berlinois la veille et va réaliser la passe de deux avec cette poutre londonienne. En communion totale avec le public venu en nombre, nos deux gaillards plaisantent, communi(qu)ent avec le public, et débitent de la buche plus vite qu’une tronçonneuse Husqvarna. C’est grandiose et l’Underworld est à genoux. Vielen Dank.

 

DF2016 LONDON - DYSEDÿse

 

Après cette claque, nous ne prenons pas le temps de respirer et filons voir THE MOTH dans la salle voisine du Black Heart. Le trio de Hambourg va tapisser ce minuscule cagibi de son doom/sludge sans concessions. Brutal.

Le temps de nous restaurer, et nous voilà parti en direction du Koko pour assister à la performance attendue d’ELDER. Fort de leur tuerie Lore (sans doute un des meilleurs albums paru en 2015), le gang de Boston joue en terrain conquis (devant un parterre de T-shirts CONAN : le combo a vraiment du écouler tout son stock la veille). Vue du balcon, la fosse est littéralement en feu et réagit sur chacun des morceaux jousé ce soir, même sur le nouveau titre inédit (dédicacé à Reece dont c’est parait-il l’anniversaire) que nous offre le groupe. Brillant.

 

DF2016 LONDON - pre ELDER

Elder

 

Pendant ce temps là, dans l’étroitesse du Black Heart, BEAST MAKER doit envoyer du bois. Mais nous ne le saurons malheureusement pas puisque nous préférons rester au Koko pour la suite du programme. Car voilà TROUBLE, les vétérans du festival. Les gaillards dégainent l’artillerie lourde et offrent au public du Koko ce qu’il attend de pied ferme : du doom. La prestation est plutôt bonne (malgré un léger problème technique au bout de 3 titres). Mais malheureusement pour eux, passer après Elder n’est pas un cadeau aujourd’hui. Le Koko s’est très largement vidé et la fosse ramollie. Malgré 35 ans de doom au compteur, Trouble ne parviendra pas vraiment à réchauffer l’auditoire. Dommage pour eux.

Conflit de programmation « aidant », nous devons maintenant faire un choix. Après mûre réflexion, nous préférons quitter le Koko avant la fin de Trouble (et faire également l’impasse sur Electric Wizard) pour finir la soirée et le festival là où il a commencé. Dix petites minutes de marche nous ramènent tout droit faire l’Underworld où MOTHERSHIP va défourrailler. Par je ne sais quel miracle, nous arrivons à temps pour avoir une place juste devant la scène tandis que d’autres moins chanceux se verront certainement refuser l’entrée d’un Underworld qui dégueule de monde. Nous sommes donc aux premières loges pour nous gaver de pur rock’n roll et être aspergé de sueur par un Kelley tout en headbang. Un set tout simplement énorme qui nous fait oublier la relative déception d’avoir raté Blood Ceremony (qui jouait sur le même créneau dans la salle voisine).

DF2016 LONDON - Mothership

Mothership

 

Même lieu, autre groupe : c’est à WO FAT de faire la fermeture de l’Underworld ce soir. Les américains jouent également devant salle comble et, contrairement à Trouble, réussiront à s’aligner sur la prestation du groupe qui les a précédé. T-shirts Nebula et Lowrider dehors, nos trois texans assurent le show et fuzzent à tout va. Vu le nombre de groupes représentés sur le côté de la scène, ce show de Wo Fat était un des plus attendus du week-end. Il tiendra toutes ses promesses.

Assoiffés de décibels, nous quittons quand même l’Underworld peu avant la fin du set pour tailler vers l’Electric Ballroom où les apôtres du metal industriel à l’anglaise viennent clore le festival. GODFLESH est là ladies & gentlemen. Déflagration sonore garantie. Justin Broadrick et G.C. Green, sous un jeu de lumière froidement apocalyptique, matraquent le Ballroom en règle juste avant minuit. La faute à WO-FAT, nous ne profiterons que du dernier quart d’heure de cette performance qui marque la toute fin de ce cinquième DESERTFEST anglais. Un DESERTFEST sans avoir vu le sorcier mais avec des riffs plein les oreilles.

 

BIRTH OF JOY (+ Last Train) – 05/04/2016 – Bron (Le Jack Jack)

Le printemps – pluvieux – s’installant, les salles de concerts refleurissent elles aussi. Après cette hibernation forcée, groupes et public prennent un foutu pied à se retrouver.
Birth of Joy, dix ans et quatre (excellents) albums, viennent nous faire faire un bon dans le temps d’une quarantaine d’années. Leur Rock Psyché de haute tenue à de quoi séduire une bonne frange de stonerheads, preuve en est qu’un certain nombre du coin y sera, dans le coin.

Le concert affichant complet, le remplissage se fait péniblement mais paisiblement.
Le Jack Jack, autre dénomination de la MJC de Bron, bourgeonne déjà bien quand Last Train prend possession des lieux. Rares privilégiés à ouvrir deux fois pour le groupe hollandais, qui n’a pas de « support » pour sa tournée et joue le plus souvent avec un groupe du cru, sympa.
Les p’tits gars de Mulhouse en veulent et s’en donnent les moyens, proposant une mixture assez habile de Blues et de Grunge dans une enveloppe bien Rock ‘n Roll. Une bonne présence et une attitude convaincante remportent à juste titre les suffrages de l’audience, en particulier grâce à un chanteur/guitariste mêlant voix éraillée et présence scénique plutôt au dessus de la moyenne. Le son est plutôt correct et la mise en bouche s’avère loin d’être désagréable.

Birth of Joy

Le plat principal, lui, sera fort, très fort. Birth Of Joy va assurément frapper à nouveau un grand coup avec son nouveau bébé « Get Well » et des prestations scéniques toujours aussi endiablées. Servis par un son implacable de puissance et de clarté, boostés par une énergie hors du commun, les dutchmen mettent tout le monde d’accord dès l’entame du set sur « Got Me Howling », axé bien entendu sur leur récente sortie qui pousse le bouchon encore un peu plus loin. Comme si trois illustres J., Bonham, Morrison et Lord, s’étaient penchés sur les hollandais, leur insufflant le meilleur des 70’s, sans toutefois omettre qu’il y a eu de sacrées bonnes choses dans la décennie précédente et même dans les années 90. Alors entre Rock à haute tension, Blues gorgé de feeling, ou riffs entêtants que ne renieraient pas bon nombre de groupes estampillés Stoner, tout ce que touche Birth of Joy se pare d’une patte unique. On sent trois musiciens à fortes personnalités qui s’expriment autant qu’ils le peuvent : Bob la tête dans le guidon tout le long, souple et solide à la fois, Kevin complètement à l’aise avec ses parties gratte et son chant varié, et un Gertjan qui fait tourner les têtes avec sa cabine Leslie et ses trois orgues dont un à sa gauche pour exécuter les lignes de basse.

BirthofJoyK

En une heure et demi, on aura droit à l’interprétation quasi intégrale de « Get Well » et une sorte de résumé du répertoire précédent, forcément un peu lésé.
Tout juste sent-on que le groupe, pourtant au taquet, aurait pu être poussé encore un peu plus loin, notamment sur les passages improvisés, si le public, bruyant entre chaque morceau, avait été plus participatif pendant les chansons.
Déjà le temps du rappel et les bataves (re)quittent la scène, triomphants, et retrouvent leur public derrière le stand de merchandising pour serrer des mains, signer des trucs, et nombreux repartiront avec (au moins) un carré d’une trentaine de centimètres sous le bras, conscients du support sur laquelle la musique de Birth of Joy doit s’écouter. Chose que vous devriez, si ce n’est pas encore le cas, songer à faire derechef.

 
Un immense merci à Sandie aka Noodle Photographie pour ses photos !
http://noodlephotos.weebly.com/

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