Spiritu – Spiritu

Spiritu - Spiritu

S’il ne fallait citer qu’un avantage de Spiritu, c’est qu’au moins les choses sont claires dès les premiers accords : le groupe se situe dans la tendance ‘traditionnelle’ du stoner rock, prenant le meilleur de ce qui se fait ici ou là, le teintant d’un parfum doom fort bienvenu, pour un mélange très réussi. Les duos (duels ?) de guitare sur fond de basse groovante et ronflante remplissent bien leur office, et les morceaux, ressemblant souvent à de longues jams (souvent proches des dix minutes de longs !), sont planants à souhait. Le chant est puissant, rocailleux et chaleureux comme on l’aime, et l’ensemble est servi par une production exemplaire (ce n’est ni plus ni moins que Jack Endino – Nirvana, Soundgarden, Mudhoney – que l’on retrouve derrière les potards). Spiritu caresse dans le sens du poil, leur musique sent le souffre et le vent chaud du désert. Bref, un album très recommandable.

Blackfire Revelation (The) – Gold And Guns On 51

Blackfire Revelation (The) - Gold And Guns On 51

Il y a de ces albums venus de nulle part, à la destinée incertaine, qui croisent notre chemin par hasard. The Blackfire Revelation est de ceux-là. Cet EP célèbre dans un rituel quasi orgiaque le début d’un groupe déja marquant. BFR est un duo, déjà c’est remarquable. Un batteur et un gratteux-bassiste-chanteur (pas de basse en live). Et musicalement, vous faites pas d’illusion, BFR est aux White Stripes ce que le bedonnant camionneur craspec gueulard est au puceau pré-pubère. Un truc bien gras, qui colle aux doigts, un truc un peu glauque et rageur.John Fields éructe comme s’il était à 100 mètres de son pied de micro, tandis que Hank Haney défracte ses peaux et ses cymbales pour emballer des rythmes aussi lancinants que fourre-tout, bordéliques comme du jazz sous ecsta, mais puissants comme une ruade de pachyderme.Au niveau compos, ça fait chaud au cœur. C’est rauque, poisseux comme tant de groupes de la Nouvelle-Orléans (la NOLA, d’AVANT l’inondation, of course), ville bénie du Dieu rock’n’roll, où nos lascars ont passé 4 longues journées de leur vie à enregistrer cette galette. Avec un ingé son, mais pas de producteur. DIY or die. Un son rocailleux, donc, avec les micros posés à même la peau dela grosse caisse et le white noise des amplis en background pendant les passages plus tranquilles.Les compos sont de tempo assez lents, aux structures rock bien marquées : de bonnes intro bien fracassantes, des riffs qui défourraillent, des couplets-refrains bien construits enrobés de breaks généralement bien sentis, entre le solo instrumental et le maintien en tension juste comme il faut.On va pas y passer des heures, surtout que cette première giclée de chansons dure moins d’une demi-heure. Mais bon, on est quand même forcé au constat. BFR est déjà grand. Poisseux, hargneux, lent mais vif, BFR est un groupe à surveiller. Et ce premier EP sera le CD à propos duquel on dira plus tard “ouais, moi The Blackfire Revelation”, je les écoutais déjà en 2005″.

The Sword – Warp Riders

The Sword - Warp Riders

Après deux albums prometteurs qui ont scotché pas mal de monde, les texans de The Sword étaient attendu au tournant avec une impatience croissante pour le passage du fameux « cap du troisième opus ».

Et lorsque que le concept album tendance « opéra-rock » qu’est ce Warp Riders a été dévoilé, en même temps qu’un magnifique artwork, pourtant a des années lumières de ce que le groupe a laissé transpirer par la passé, les craintes ont commencé à poindre. The Sword se serait-il mis au space-rock pour tenter de ravir la couronne détenue par un Nebula ?

Les premières secondes de Acheron/Unearthing The Orb, instrumental d’ouverture, vont d’emblée répondre à cette interrogation : les guitares, autrefois affutées comme des haches, sont devenues tranchantes comme des sabres lasers . Qu’on se le dise, ce troisième album de The Sword est servi par une production énorme, très loin de l’aspect « garage band » véhiculé pas Age of Winters, mais finalement tout aussi agréable.

Outre la musique du quartet, c’est également la voix de J.D. qui bénéficie du boulot de Matt Bayles. Les détracteurs du combo texan, qui trouvaient les parties vocales faiblardes et limites insupportables sur Age et Gods, en seront d’ailleurs pour leurs frais : les vocaux sont plus audibles que par le passé.

Maintenant, si tu as aimé les deux précédentes offrandes des ricains, sache que Warp Riders reste un album estampillé The Sword . Et même si le thème abordé est différent de celui des deux premiers skeuds du groupe, la patte du combo reste présente du début à la fin : des cavalcades de guitares comme sur le magnifique Astraea’s Dream et son intro aérienne, une ambiance souvent seventies (cf les premières secondes de Arrows in The Dark) et une énergie carrément contagieuse.

Les deux parties de The Chronomancer sont la parfaite illustration de ce que ce Warp Riders a à offrir: riffs imparables et entraînants, passages plus « légers », et surtout véritable frénésie musicale.

Sans faire de bruit, et sans finalement changer la formule qui a fait sa renommée, le combo texan vient donc d’accoucher d’un troisième album parfaitement homogène, excellent de bout en bout et qui devrait satisfaire vos oreilles pendant un sacré bout de temps.

Maitre Yoda a dit jadis : « Fais ou ne fais pas ». The Sword l’a fait, tout simplement.

Red Giant – Devil Child Blues

Red Giant - Devil Child Blues

Je ne connaissais pas Red Giant avant cet album, leur premier chez les décidément excellents Small Stone Records. Et c’est une bonne surprise !

Ce qui fait plaisir dès les premières écoutes (et qui se confirme ensuite), c’est l’originalité de ce groupe qui ne ressemble à aucun autre ! Non pas que leur musique soit complètement décalée : c’est vraiment du heavy-stoner pur jus, “à l’américaine”. Mais on voit que la musique du groupe est particulièrement “mûre”, que les influences sont bien digérées, et ne s’entendent pas… On entend ici ou là des passages rappelant les meilleurs morceaux de COC (sur “Devil Child Blues” notamment), mais rien de très marquant. Et toute idée de “copie” est balayée à chaque nouveau morceau : tous sont bien différents et également bien écrits. Le puissant et catchy “Hoping for the golden BB”, le riff de “Drip”, les cuivres discrets et bienvenus sur “Funhouse”… tout ceci participe à un album dense, varié.

Le son est absolument excellent et les guitares sont vraiment la clé de voûte de ce disque : des soli absolument endiablés (en harmonie parfois) et une guitare rythmique “chape de plomb” tissent un ensemble bien carré.

Bref, certainement pas l’album del’année, ni le groupe de l’année, mais assurément un excellent skeud, rempli de bons moments, procurant un vrai plaisir d’écoute… Que demander de plus ? Excellent.

Down – II : A Bustle In Your Hedgerow

Down - II – A Bustle In Your Hedgerow

L’impatience n’est pas toujours récompensée, mais aucun problème ici : on ne regrette pas une seconde d’avoir attendu si longtemps le nouveau disque de Down. C’est une tuerie. Hormis Rex (Pantera) qui prend place derrière la quatre-cordes (et de fort belle manière), le line-up reste inchangé, et l’alchimie qui avait mis tout le monde à genoux en 1995 (sept ans déjà) fonctionne toujours à la perfection. Le chant d’Anselmo, outrancier dans Pantera, prend ici sa véritable dimension tandis qu’il fait ‘autre chose’ que simplement gueuler. La section rythmique en osmose totale balance des grooves poisseux et heavy à la fois qui participent à l’atmosphère générale de l’album. Quant à la guitare de Pepper Keenan, elle reste la pierre angulaire de l’ensemble, tombant les riffs les uns après les autres avec une réussite déconcertante. Le plus incroyable, c’est que même sans connaître la Louisiane et autres contrées sudistes U.S. voisines, on perçoit sans problème l’ambiance pénétrante des lieux à travers des morceaux comme ‘Stained glass cross’ ou ‘Where I’m going’, c’est même très perturbant. Au delà de cette atmosphère propre au disque (et qui reste constante de bout en bout), le plus surprenant est la réussite avec laquelle Down évolue dans tous les genres qu’il aborde, du lancinant ‘Learn from this mistake’ au pachydermique ‘New Orleans is a dying whore’ en passant par toutes les nuances et toutes les émotions imaginables (triste, festif, rageur, jovial) à travers une série de classiques immédiats (‘There’s something on my side’, ‘Beautifully depressed’ ou le très C.O.C. ‘Dog tired’). Parfait et délectable de bout en bout. Prions juste de ne devoir attendre encore sept ans pour la suite.

Mondo Generator – A Drug Problem That Never Existed

Mondo Generator - A drug problem that never existed

Réponse aux rumeurs persistantes sur la façon de vivre de Nick Oliveri, le titre du nouvel album de Mondo Generator est aussi à rapprocher du titre du premier effort du groupe.
« A Drug Problem That Never Existed » avec 15 titres pour une durée de 38 minutes nous rappelle un peu les albums de Ramones et on s’attend déjà à un enchaînement plus ou moins chaotique de chansons n’ayant pour seule transition qu’un « one two three four ! » hurlé dans le micro. Mais c’est sans compter sur le talent de compositeur de Nick Oliveri qui, mine de rien, est à l’origine d’un paquet de bons titres de son groupe principal (Queens Of The Stone Age).
Pour rentrer dans le vif du sujet, cet album est parfait dans son style. Des titres rock, punk rock, acoustique ou que sais je encore, ça tape dans tout les sens et c’est du tout bon. Sans viser le titre ultime, Nick Oliveri a su ici nous composer des choses efficaces, directes, sans concession et d’une énergie communicative.
Prenons juste pour exemple la tuerie comme « Open up and bleed for me » qui s’enchaîne parfaitement avec le titre acoustique « All i can do » pour se poursuivre avec la rage de « Fuck Yeah I’m Free » et on se demande comment cela est possible. Un pur régal pour qui adhérera au style bien tranché du bonhomme. Mais c’est bien là la force de ce groupe et en particulier de Nick Oliveri, capable de tout à tout moment.

Church Of Misery / Iron Monkey – Murder Company

Church Of Misery / Iron Monkey - Murder Company

Iron Monkey tout d’abord. « Arsonaut », qui ouvre le disque est un monument. Du pur Black Sabbath avec un chant ultra déchiré, un peu à la manière des chanteurs de death. Le plus incroyable c’est que cela fonctionne. Du « stoner sludge doom » ultra torturé en somme. En théorie cela m’aurait semblé assez improbable, mais il faut se rendre à l’évidence, la magie opère. Du coup, on se laisse griser par le concept et on se prend à en vouloir davantage. Si bien que les deux titres suivants (dont une reprise de Corrosion of Conformity, « Kiss of Death »), même s’ils ont un format moins seventies, sont réellement excitants. Rien à dire, ces titres sont une vraie tuerie et me donnent envie de me pencher plus avant sur leur production discographique chez Earache. Très intense comme expérience. Les trois titres suivants nous viennent des japonais de Church of Misery que j’avais découvert sur la compile « Stone deaf forever ». On passera sur leur apparente fascination pour les serial killers. Marchant dans les pas de Black Sabbath et emboîtant ceux de Sleep qui n’en ont jamais été très éloignés, ils semblent évoluer dévotement dans l’espace relativement restreint de la perpétuation de la tradition. C’est avec beaucoup de classe qu’ils alignent ces trois morceaux très lents et très lourds. Ce split a indéniablement des vertus didactiques en ce qu’il a la capacité de plaire aux fans de l’écurie Earache, qu’il pourra ensuite conduire vers des mondes plus apaisés. L’inverse est vrai également en ce que les fans du Sab pourront aller faire une incursion dans un univers plus noir et plus tourmenté que ce qu’ils ont l’habitude d’entendre. Pour les vrais curieux pas trop frileux.

Dead Meadow – Howls From The Hills

Dead Meadow - Howls From The Hills

Après un premier album éponyme absolument génial paru l’année dernière, Dead Meadow nous revient avec son second opus. La question qui se pose est simple. Parviendra-t-il à se hisser au niveau du premier album ? A l’image de la longue et superbe intro qui ouvre le disque, Dead Meadow nous plonge d’emblée dans un univers plus apaisé. On se retrouve immergé dans une combinaison remarquable de rock gras et de rock psychédélique. Puisant dans Kyuss, Led Zeppelin, Thirteenth Floor Elevator et Pink Floyd, le groupe n’en garde pas moins une personnalité affirmée, très originale. Les tempi sont souvent assez lents, voire doom, comme sur ‘One and old’, de toute beauté. Le son est quant à lui réellement fascinant puisque très proche de celui de la fin des sixties. Ceux qui ne jurent que par les superproductions surfaites seront probablement déçus. Ceux qui apprécient les disques qui sonnent vrai, jubileront. Voilà un disque profondément humain ou rien n’est dissimulé. Un ouvrage d’artisans en orfèvrerie, d’où se dégage une douce chaleur sur fond de mélancolie, transcendée par l’utilisation intempestive d’une wha-wha et d’une distorsion hallucinante. A n’en point douter, les trois membres de Dead Meadow constituent, ni plus ni moins, l’incarnation aboutie d’un renouveau psychédélique.

La Ira de Dios – Archaeopterix

La Ira de Dios - Archaeopterix

Issu de la scène sud-américaine très prolifique mais souvent méconnue, les Péruviens de La Ira de Dios sortent leur deuxième album sur Nasoni, un label allemand. Les alter-mondialistes apprécieront.
Alors que Hacia El Sol Rojo cherchait un peu sa voie entre un stoner couillu et un space-rock classique, cet Archaeopterix tranche plus clairement et révèle La Ira de Dios comme de fervents émules de Hawkwind et d’Amon Düül, les propensions aux délires cosmiques enfumés faisant place à une beaucoup plus saine évocation des éléments naturels, le désir de plâner illustré sur la pochette et dans les textes étant ici à prendre au premier degré.
On aurait presque envie de parler de concept à l’écoute des cinq titres parfois très long (Cordillera s’étend sur plus de 24 minutes et se divise en trois parties distinctes) qui font presque tous référence au plus vieux rêve de l’homme, celui de voler. Histoire d’enfoncer un peu plus le clou, le trio classique basse-batterie-guitare s’est adjoint les services d’un quatrième membre chargé des synthés et effets qui générent à travers l’album un souffle évoquant le son du vent en haute montagne. Rassurez-vous, on ne tient pas ici un quelconque album de relaxation vaguement New Age, les trois autres se charge de lester chaques titres pour éviter de les laisser dériver, même si la guitare parfois diluée dans le mix renforce l’aspect aérien des compos. Souvent bourrées d’effets, elles ne proposent que rarement des riffs auxquels se raccrocher et créent des paysages sonores vaporeux sur lesquels viennent se greffer une batterie frénétique soutenue par une basse tout en rondeur qui assure le groove. Malgré des titres intenses et répétitifs qui évoluent très peu, il se dégage de cet album une ambiance apaisante lorsqu’on s’y plonge en profondeur et on en arrive même à parfois imaginer des sommets andins enneigés, l’origine du groupe n’y étant certainement pas étrangère. Et pourtant j’vous jure, j’ai arreté la drogue.

Dreaming – II

Dreaming - II

Comme le titre l’indique, ceci est le deuxième véritable album de Dreaming, groupe allemand de Doom qui aurait très bien pu se retrouver sur le catalogue de Hellhound il y a une bonne dizaine d’années tant le style abordé est proche de celui des légendes du Doom traditionnel diffusées par le label allemand. On citera donc inévitablement la sainte trinité The Obsessed, Saint Vitus, Pentagram comme référence évidente à laquelle on pourrait ajouter Place of Skulls pour faire bonne mesure.
Vous l’aurez compris, on est en terrain balisé et aucune tentative d’apporter la moindre touche d’originalité ou d’innovation ne semble avoir effleurer l’esprit de nos trois teutons qui se complaisent à respecter à la lettre les codes du style en vigueur. Ce qui ne les empêche pas de nous servir un album pas entièrement dénué de qualités et dont la principale pourrait être le soin apporté à ne pas se départir d’un aspect mélodique tout en balançant des riffs pesants et des solos souvent très réussis qui ne s’éternisent pas. Cet équilibre rend les compos très abordables, même pour un non-initié, et tout fan basique de métal devrait trouver son bonheur dans des titres comme « The Other » ou « The Summer of the Horse », l’un des morceaux les plus réussis d’un album qui malgré son manque d’audace offre une qualité constante. La force du groupe étant le travail sur les guitares, la rythmique semble parfois faire de la figuration et gagnerait à prendre un peu plus de consistance pour faire décoller les morceaux au lieu de nous servir un jeu efficace mais monotone. Le bassiste et le guitariste se partagent les vocaux pour un résultat inégal, l’un d’eux (mais lequel ? Les notes de pochette restent muettes à ce sujet) évoquant Dave Chandler par sa voix claire et chaleureuse qui permet à Dreaming de se démarquer des tonnes de groupes Doom old school affublé d’un chanteur insipide, voire médiocre. On passera néanmoins sur un ou deux titres excessivement lents qui ressortent les clichés surannés du riff exécuté à 2 à l’heure ponctué de coups de cymbales, tout ayant été dit sur le sujet depuis longtemps.
II ne révolutionne donc pas un style qui de toute façon se complait à faire du sur-place en remettant éventuellement quelques vieilles idées au goût du jour, mais il apparaît comme un hommage sincère envers les précurseurs d’un mouvement condamné à rester dans l’antichambre de la grande histoire du rock.

Superjoint Ritual – Use Once and Destroy

Superjoint Ritual - Use Once and Destroy

Par où commencer avec ce disque.
Tout d’abord, Superjoint Ritual ne prend pas le client en traître et annonce la couleur. Vous êtes gentiment prévenu par la pochette (pentagramme, feuille de cannabis et drapeau sudiste), ne venez donc pas vous plaindre si vous n’aimez pas le contenu de ce Use Once and Destroy absolument sauvage de bout en bout.
Car là où la musique de Pantera ou de Down (les 2 autres groupes d’Anselmo) faisait montre d’une agressivité « contrôlée », Superjoint Ritual fait dans le débridé. Les guitares sont saturées, le chant hurlé. En un mot, le nouveau groupe d’Anselmo se veut underground. Résultat, un disque à ne mettre qu’entre les oreilles d’un public averti et capable d’encaisser cette petite heure de bestialité.
Les titres, plus rapides les uns que les autres s’enchaînent à toute vitesse. On retiendra, dans ce magma de sauvagerie le très brutal ‘Fuck your Enemy’, le rapide ‘Everyone Hates Everyone’, l’étrange intro de ‘Messages’ ou le très inspiré ‘Superjoint Ritual’ et son ambiance si pesante.
Vous l’aurez donc compris, Superjoint Ritual est un groupe à réserver à ceux qui qui aiment la grosse bonne musique qui tâche.

Low Vibes – Psychic Travel

Low Vibes - Psychic Travel

Nouvelle livraison de ce trio parisien qui commence à avoir une discographie copieuse derrière lui. Et comme le travail finit toujours par payer, on ne peut que se réjouir de constater que Low Vibes a évolué et gagné en maturité. La météo est moins tourmentée qu’à leurs débuts. Le climat s’est stabilisé. Le nuage qui semble porter le groupe dans cette direction est le même que celui des QOTSA et des Wellwater Conspiracy. Pas de turbulences à craindre. Ils glissent dans un ciel bleu. Non, les Low Vibes ne se sont pas assagis. Simplement ils maîtrisent mieux leur sujet. Les quatre titres présentés ici ont une direction commune même si aucun d’entre eux ne ressemble à l’autre. Ils ont saisi le fil rouge qui leur confère une homogénéité dans la variété. Un syncrétisme heureux, signe d’une personnalité en train de s’affirmer. Bien sûr, s’il reste délicat de se prononcer sur une base aussi réduite, je pense toutefois que ces quelques morceaux — le fier « Soul salvation » en tête, avec ses breaks tous plus beaux les uns que les autres, son ambiance magnifiquement mélancolique portée par des croisements vocaux du plus bel effet — sont annonciateurs du meilleur. J’en veux pour preuve supplémentaire le brillant « Shine » qui, en flirtant avec des ambiances à la Morphine, confirme l’ambition d’un groupe qui cherche à explorer les territoires les moins fréquentés dans le vaste champ du stoner rock. Encore !

Kyuss – Muchas Gracias The Best Of

Kyuss - Muchas Gracias The Best Of

On l’attend depuis environ 5 ans, ce disque, depuis ce jour où le rock a perdu ce qui est sans doute l’un de ses plus grands groupes, ce jour où Kyuss a splitté. Entraînés dans une spirale qui les menait inéluctablement au succès, le groupe n’a fait qu’effleurer la notoriété qu’il méritait en choisissant d’arrêter avant d’y arriver, laissant sur le carreau des fans sonnés par cette décision. Et enfin, donc, Kyuss se rappelle à nos bons souvenirs par l’intermédiaire de cette compilation. Le mythe Kyuss étant si tenace, on pouvait craindre le pire de ce projet, la surprise n’en est que plus agréable. Bien entendu, on retrouve sur le CD quelques extraits de leurs quatre albums studios, mais ça ne représente même pas la moitié du contenu du disque ! L’essentiel est en effet constitué de morceaux qui feront inévitablement le bonheur des fans, avec des raretés studio et des extraits de concert. Le disque étant instigué par la maison de disque allemande, il n’est pas étonnant de retrouver les 4 extraits live issus d’un concert à Hamburg en 1994, un excellent choix de morceaux qui plus est. En ce qui concerne les morceaux studios « normaux », ils se répartissent à peu près équitablement par album, et finalement offrent un échantillon relativement représentatif de la carrière discographique du combo de Palm Springs, témoignages notamment des divers bassistes et batteurs ayant évolué en leur sein. On peut évidemment questionner la légitimité d’une compilation sur Kyuss ne contenant pas l’éléphantesque ‘Spaceship Landing’, mais on ne se lasse pas de l’envoûtant ‘Demon Cleaner’ ou du tétanisant ‘El Rodeo’ par exemple. Le gros morceau de l’album, vous l’aurez compris, ce sont les raretés qu’il contient : on ne parlera pas ici d’inédits, car ces morceaux étaient disponibles sur diverses compilations, split-CD ou autres vinyls plus ou moins rares. Il y a fort à parier en tout cas que peu d’entre vous les ont tous. Il était jusqu’ici incompréhensible que des morceaux de cette qualité ne soient pas honorés d’une véritable sortie discographique, voilà qui est réparé. Du splendide ‘Un Sandpiper’ à l’étourdissant instrumental ‘Shine’, on est emportés dans un voyage hypnotisant, baladé de riff en riff, bercé par ce mur de guitare(s) et de basse ronflante, et ce chant à vif. Une véritable expérience. Vous l’aurez compris, si vous ne possédez pas d’album de Kyuss, cette compilation vous encouragera à vous les procurez sans hésitation. Et si vous avez tous leurs albums, ce CD contient largement assez de matériel rare ou inédit pour satisfaire même le plus exigeant des fans. La meilleure sortie de l’année, sans hésitation.

Fu Manchu – California Crossing

Fu Manchu - California Crossing

Grand fan de Fu Manchu, la première chose qui me vient à l’esprit après avoir écouté cet album c’est qu’il y aura dans l’histoire du groupe un avant et un après California Crossing. Le groupe prend d’énormes risques avec ce disque et principalement celui de perdre de nombreux fans. Oui, Fu Manchu s’éloigne à grands pas de leurs racines et vient de nous pondre ce que les détracteurs pourront appeler du stoner FM. Mais faut il y voir un gros mot ? Faut il vraiment jeter la pierre à un groupe qui n’a rien à prouver vis-à-vis de son authenticité ?
Soyons clair, ce n’est absolument pas mon avis et je dois dire que je suis plus qu’emballé par cet album qui est pour moi une pure merveille. Alors oui je suis d’accord, le son est peut être trop léché, les compos parfois faciles, l’originalité pas toujours au rendez vous mais le groupe nous livre là onze titres qui se fredonnent, se chantonnent, se retiennent, un album d’une qualité constante sans aucun point faible.
Mais peut on vraiment en vouloir à un groupe qui a déjà visité les clubs les plus pourris de cette planète pour gagner tout juste de quoi manger, qui a déjà connu les galères des changements de maison de disque, le départ de plusieurs membres et que sais je encore ? Peut on leur reprocher de vouloir toucher un public plus important et voir éventuellement des portes closes jusque maintenant s’ouvrir ?
Les membres de Fu Manchu ont mangé leur pain noir et n’ont plus rien à prouver et ceux qui oseraient les traiter de « vendus » n’ont rien compris. Le groupe fait ce qu’il veut et balaye les critiques d’un revers de la main.
En plus, soyons clair, dans quelques années on retrouvera parmi les fans purs et durs du stoner des personnes qui auront découvert ce courant musical grâce à un album, et ce sera pour eux California Crossing, le chaînon manquant entre le stoner et le public !
J’en fais trop ? Je suis fan, je vous avais prévenu !

Doomriders – Black Thunder

Doomriders - Black Thunder

Chez mon disquaire, mon œil est inévitablement attiré par cette pochette délicieusement ringarde, et ce nom de groupe tellement clichesque et naïf. Je me fais la réflexion qu’il faut en avoir une bonne paire pour sortir un skeud sous cet emballage, comme s’ils se jetaient à la gueule du premier chroniqueur puriste venu. Un peu comme se jeter à poil devant un pitbull en secouant une poche pleine d’entrecôtes et en le traitant de mauviette. J’écoute rapidement les premiers titres, et c’est quand même furieusement abrasif. “Le nouveau groupe de Nate Newton de Converge”. Humm… Pas de doute là-dessus, du Converge, on en retrouve : la base souvent hard core / limite punk des vocaux, certains passages qui relèvent plus de la pure agression sonique, pas d’ambiguïté : les chiens ne font pas des chats.

Mais alors, “Doomriders”, c’est quand même pas anodin comme nom de groupe, faut être sérieusement entamé pour essayer de fourguer à des fans de punk un album de doom. Ben en fait, du doom “brut”, du vrai, y’en a peu, mais des ambiances doom, des passages bien épais, lents, visqueux, des riffs glaireux au possible, des rythmes lents et des basses bien graves, on en retrouve pas mal ! Et le mélange fait vraiment du bien ! Là où des groupes comme Ramesses optent pour une musique froide, élitiste, synthétique, dans un genre qui finalement n’est pas SI éloigné que ça, Doomriders se la joue débridée : les mecs se lâchent, collent des breaks de folie, partent dans tous les sens musicalement, si bien qu’on chope ici ou là quelques pures pépites qui n’ont franchement rien à voir avec Converge ! Prenez “Midnight eye” par exemple, osez me dire qu’on ne dirait pas une chute de studio de Danzig (il y a 10 ans) sur laquelle viennent se vautrer quelques grattes bien graisseuses ! Ca fait drôle, je vous promets ! Et “Listen up” avec son intro de basse abyssale Et groovy (si si, écoutez, je vous jure), ça démarre comme un morceau de metal hard core bien classique, et ça se termine avec des soli de gratte harmonisés (sur fond de basse bondissante, encore) sur lesquels ne cracheraient pas le larbin génétiquement modifié de Slayer et Iron Maiden. Décomplexé je vous dis ! Au diable les étiquettes ! Un peu plus tard on retrouve un instru bourré de feeling, “Voice of fire” épique, qui se termine par une tornade de grattes pachydermiques, du genre qui vous dégagent bien derrière les oreilles.

Les fans de Converge en auront aussi un peu pour leur argent (un peu) avec des petites bluettes sympathiques comme “Fuck this shit” (amis de la poésie), “Worthless” que l’on dirait interprété par un Nashville Pussy gavé aux hormones (1min50 et s’en va) ou “Drag them down”.

J’ai du mal à vous décrire un genre unique dans lequel évolue ce groupe. Tout ce que l’on sent c’est la profonde sincérité de ce side-project bien frappé du bulbe. La musique de Doomriders est rêche, brute, elle fait peur, vraiment. Je ne la conseillerai pas aux amateurs de musique trop policée, peu complexe. Ici ça part dans tous les sens, et il ne faut pas avoir peur de se prendre un coup de poing dans le bide avant de se détendre sur un morceau limite instru acoustique, juste avant de se prendre à nouveau un direct du gauche sous le menton, avant de se laisser planer sur un break bien voluptueux. Beaucoup de plaisir au bout du compte, mais il faut s’en donner les moyens. Hautement recommandable, mais pas pour tout le monde.

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