Cuzo – Amor y muerte en la tercera fase

Cuzo - Amor y muerte en la tercera fase

On commençait à se fatiguer des ersatz de Yawning Man que sortait les uns après les autres le par ailleurs sympathique label Alone Records. Eux aussi apparemment ! Et dans un baroud flamboyant, ils décident de se concentrer sur la promotion de leurs compatriotes espagnols. Et grand bien leur fasse, tant la production ibérique, depuis quelques années tapie dans l’underground, s’avère riche et prometteuse… On envie l’Espagne d’avoir un label aussi couillu, c’est pas donné à tous les pays, encourageons-les !

Mais pas à n’importe quel prix non plus : si leurs skeuds sont mauvais, il faut savoir le dire. Cuzo nous épargnera cette tâche : cet album est bon, voire très bon. Cuzo, trio espagnol, évolue dans un stoner rock aérien net et sans bavure, qui a la principale caractéristique d’être instrumental ! Évidemment la comparaison avec les maîtres du genre, Karma To Burn, s’impose, et Cuzo n’a pas à en rougir : même si leur son est moins “gras” et plus aérien, leur sens de la compo épique (mais pas progressive) et leurs riffs sympathiques et peu chargés en effets divers ou autres démarches bruitistes un peu stériles, est une réussite. Les musiciens n’en font pas des tonnes (rien de démonstratif) : le groupe, bien armé d’une section rythmique qui balance et groove comme il faut, et d’une guitare fuzzée avec une wah wah bien utilisée, envoie juste ce qu’il faut de rondins pour ne pas polluer des compos par ailleurs bien catchy.

Ce disque est donc une petite pépite à écouter en boucle sur sa chaîne hi-fi. Il alterne les passages aériens épiques, les passages plus “moody” pour se détendre, et les passages plus heavy tendance doom… de fait, il ne lasse jamais, et l’écouter encore et encore est un vrai plaisir. Un plaisir rare, dont on aurait tort de se priver. A découvrir !

Kerretta – Vilayer

Kerretta – Vilayer

Fraîchement débarqué dans la galaxie du stoner instrumental, les néozélandais de Kerretta nous balance une plaque absolument imparable. Avant ce premier long format, le groupe d’Auckland, qui a vu le jour en deux-mille six, avait déjà eu un petit succès populaire sur les ondes des radios estudiantines du pays des Kiwi avec leurs premières autoproductions selon leur bio. Aujourd’hui ils tapent très fort avec cette production qui flirte avec les trois quarts d’heure de pur bonheur instrumental.
Organisé en trio (il paraît que ça se fait assez au rayon du stoner sans parole) ces lascars nous proposent huit titres qui oscillent entre Karma To Burn pour le côté binaire ainsi qu’incisif et Isis pour la profondeur ainsi que certaines ambiances de type nappes synthétiques avec un rendu assez proche de ce que nous propose Monkey 3. Mis à part ‘White Lie’ qui joue la carte de l’apaisement et ‘The Square Outside’ qui va s’égarer sur les rives alambiquées de l’océan du rock progressif, on vogue allègrement au pays du gros son sévèrement burné et intelligemment dispensé. Les structures alambiquées cèdent le pas aux arrangements efficaces et pugnaces sauf sur ‘Bone Amber Reigns’ qui clôt cette production durant neuf bonnes minutes en nous mettant la tête en vrac avec ses lignes de basses hargneuses ; une bonne grosse lobotomie à coups de quatre cordes !
Le son de cette galette a fait l’objet d’un travail en studio de toute grande classe : il est fidèle à un rock plutôt agressif directement inspiré par le live sans taper dans les plans DIY brouillons et évite la surproduction rutilante qui lui vole bien souvent son âme de sauvage. Le mastering de Bob Weston (Shellac) n’y est pas étranger. La basse bénéficie d’une vraie place au mixage et son impact sur le rendu final de titres comme ‘Nest Of Spies’ participe grandement à la réussite du premier long format de Kerretta.
J’apprécie l’approche artistique de Kerretta et serai assez partant pour vérifier sur scène si ces types des antipodes y sont aussi bons que sur disque car des brulots comme ‘Maven Fade’ et son riff obsédant et ‘The Secret Is Momentum’, une tuerie de six minutes qui oscille entre passages planants et gros déluges de décibels, doivent sacrément transcender l’assistance ! Passez par ici les gars, on est assez fan des plans midtempo alternés avec des gros passages qui poutrent !

Lowrider – Ode To Lo

Lowrider - Ode To Lo

Inutile de tergiverser, dès les premiers accords de ‘Caravan’, et surtout son riff éléphantesque (qui n’est pas sans rappeler les morceaux les plus heavy de Zakk Wylde, si si !), Lowrider met tout le monde d’accord : personne ne pratique mieux le stoner “kyussiens” qu’eux… depuis Kyuss ! Alors oui, les suédois on trop écouté Kyuss (si tant est que l’on puisse trop écouter ce groupe), et pourtant, quel bonheur ! Lowrider réinvente le genre à chaque chanson, propose un album rempli jusqu’à la gueule de riffs énormes, gonflés par des guitares crasseuses et heavy (dont des solos superbes) et une basse ronflante. Alors oui, il y a d’un coté cette évidente référence à Kyuss, mais à aucun moment on ne sent l’ombre d’une note plagiée : les compos sont toutes excellentes et originales (je me refuse d’ailleurs à en citer des titres particuliers, ils sont tous au même niveau, enfin, pour calmer tout le monde, écoutez l’instru de plus de sept minutes ‘Ode To Lo’), les arrangements sont pertinents (chœurs, passages acoustiques, intros et sonorités originales,…), les musiciens parfaits, tout est bon et ne fait que renforcer ce qui est sans aucun doute l’une des galettes les plus heavy et les plus jouissives de ces derniers mois, tous genres confondus. Un must absolu.

Hellacopters (The) – High Visibility

Hellacopters (The) - High Visibility

On a l’impression que cette vague de groupes scandinaves se tirent la bourre depuis trois ans, et on ne saurait s’en plaindre : les Hellacopters, les Backyard Babies, Gluecifer, sortent successivement des albums meilleurs les uns que les autres, et, sans la moindre hésitation, on peut d’ores et déjà affirmer que les Hellacopters tiennent la corde et ont donc repris la place de leaders qu’ils méritent. Effectivement, leur quatrième album, leur premier sur une major, est tout simplement brillant. D’aucuns avaient été rebutés par le penchant très rock pris par leur dernier album, ‘Grande Rock’, avec forte influence Rolling Stonienne à l’appui, mais vous serez ravis d’apprendre qu’ils ont abandonné ce filon pour revenir à la musique pour laquelle ils sont définitivement faits ! Ou plutôt, ils ont su garder le meilleur de tous les genres qu’ils ont abordés dans leur passé pour l’incorporer dans cet album. La recette de leur musique est facile : une pincée de punk rock, une goutte de Ramones pour l’efficacité brute des chansons, un zeste de Motörhead pour la puissance, les grosses guitares et les riffs, un peu des Wildhearts pour les compos et les mélodies qui font mouche à la première écoute, du gros rock sudiste pour les boogies irrésistibles, et une énorme giclée d’originalité et de fraîcheur par dessus ! Vous vous retrouvez avec une véritable machine à aligner les hymnes punk-rock survitaminés, témoins ‘You’re too good (to me baby)’ catchy au possible, le groovy ‘Throw me heroes’, l’irrésistible mélodie de ‘Truckloads of nothing’ et ‘No one’s gonna do it for you’. Quarante minutes au compteur (c’est beaucoup pour ce genre d’albums), pédale au plancher, guitares en avant, treize hymnes à l’honneur du gros rock qui tâche, que du bon, rien à jeter, si ça ne ressemble pas à un chef d’œuvre, je sais pas ce que c’est !

Disengage – Application For An Afterlife

Disengage - Application For An Afterlife

Le premier véritable album de Disengage, Sorti sur le label Man’s Ruin quelques mois seulement avant qu’ils ne fassent faillite, n’avait vraiment pas eu la chance qu’il méritait. Du coup, le groupe l’a défendu sans relâche sur la route (surtout aux Etats-Unis…) pendant des mois et des mois, comme il se doit. Leur merveilleux gratteux rythmique, Mike Callahan (connu pour être aussi l’un des guitaristes du premier album de Hermano), quitte le groupe (en très bons termes) pour rejoindre un combo un peu plus “neo-metal”, Earshot (un groupe qui rencontre un petit succès outre-atlantique).Le second album de Disengage qui nous intéresse aujourd’hui, “Application for an afterlife” est sorti de manière presque anonyme en 2004… au Japon ! Il trouve une distribution aux Etats-Unis 10 mois plus tard, et arrive enfin en Europe en février/mars 2005. Pas trop tôt !Car oui, on l’attend depuis bien trop longtemps cette galette ! Disengage est de ces groupes dont la filiation stoner n’est pas forcément évidente au premier abord, mais dont les fans du genre s’enorguillissent de les compter parmi leurs groupes préférés. Disengage est un groupe qui transpire la bonne zique, une machine à compos dantesques, un excellent combo à découvrir de toute urgence.Mouaip, un peu facile tout ça, ça manque d’arguments ! D’abord, dès les premiers accords qui jaillissent des haut parleurs (et ceci vaut sur toute la durée de l’album), on imagine les musiciens se “donner” à fond derrière leurs instruments comme personne : on imagine le hurleur Jason gueuler ses textes dans son micro comme un possédé, Jonathan Morgan marteler ses fûts jusqu’à en éclater ses peaux, et le guitariste et bassiste grimacer en poussant chaque corde avec une énergie et une furie qui rendent chaque riff plus puissant que le précédent. Vraiment, on sent cette énergie là derrière chaque compo.Les chansons, ensuite, sont excellentes, encore plus homogènes que sur leur première galette, qui était déja indispensable. Construites autour de riffs impeccables (puissants et immédiatement mémorables : cela devrait être la définition-même de tout riff !), les chansons sont toutes bien différentes, et néanmoins l’homogénéité de l’album n’en pâtit jamais ! Ceci sans doute grâce à une production impeccable d’abord, et au fait que Disengage ait trouvé un son bien à eux, mélange de batterie pêchue, de guitares puissantes mais claires, d’une basse prenant parfois des allures de gratte rythmique, et d’un chant parfaitement fondu dans le mix, tel un quatrième instrument. Mes morceaux préférés sont “Pharmacyland” en intro, pur brûlot metal, le lancinant “Fever Dreams” ou l’excellent “Love letter rough draft”. Trop nombreux en fait…Bon, je n’irai pas par quatre chemins, si vous aimez le stoner et les grosses doses de guitare metal (pas autant que High On Fire quand même, par exemple), ce disque est totalement indispensable. Sincèrement.

Greenwood – Horus On The Horizon

Greenwood - Horus On The Horizon

Tiens, des canadiens pour changer un peu. De quoi sont donc faits ces mystérieux Greenwood ? Que de la bonne viande, ma p’tite dame ! Pas de merdes chimiques dans la musique du quatuor : que du bon gros rock stonerien, tendance heavy bien plombé, gorgé de grattes vintage, se vautrant par moments dans des soli aériens et inspirés. Que du bonheur, quoi. Pour enjoliver un déjà fort plaisant tableau, le chant ajoute une touche mélodique forte à l’ensemble, tout en subtilité. Evidemment, le combo n’invente pas grand chose, et pourtant (et c’est assez rare pour être spécifié) on a bien du mal à trouver de réelle et franche influence. Greenwood a ça de commun avec ses voisins de Sea Of Green : ils sont loin de réinventer un genre, et pourtant ils y excellent. Ils ont tout compris, tout simplement. La réussite n’est pas toujours dans l’innovation forcenée, au risque de perdre en identité, mais plutôt dans l’excellence et la maîtrise d’un style. Or de maîtrise il est bien question ici : sans donc provoquer de réelle surprise, Greenwood génère du bonheur. Et c’est tellement rare finalement, que s’en priver relève de l’hérésie.

Brant Bjork – Jalamanta

Brant Bjork - Jalamanta

Pour ceux qui l’auraient oublié, BRANT BJORK a été batteur de KYUSS avant de devenir celui de FU MANCHU. Un homme orchestre du désert terriblement efficace en concert. Et voilà qu’il nous pond douze titres somptueux qui sentent le soleil et le sable chaud. Mais pas la sueur pour une fois (alors qu’il y aurait matière comme on le verra plus loin). Pas de heavy rock caterpillarisant ici. Des boucles de riffs qui tournent sur elles-mêmes comme un serpent à sonnettes qui, après que le soleil ait fini de griller les pierres, en choisit une sous laquelle se lover pour profiter de la chaleur qu’elle aura emmagasiné. Plutôt agréable comme sensation quand on est un serpent à sonnettes du wild west paraît-il. Autant que l’est cet album sur lequel notre talentueux ami se la joue solo : batterie, basse, percussion, chant et composition, allant même jusqu’à réaliser les illustrations et les photos du cd. Loin d’être serpent, il se révèle pieuvre. Transmutation extraordinaire. Dans un esprit assez proche de certains titres distillés sur les Desert Sessions, voire d’EARTHLINGS, Jalamanta nous offre ici un intermède relaxant et chaleureux entre deux déluges de guitares. Ça fait du bien aussi.

Gideon Smith & the Dixie Damned – South Side Of The Moon

Gideon Smith and the Dixie Damned - South Side Of The Moon

Tout dans cette galette laisse à penser que Gideon Smith et ses potes du Dixie Damned baignent dans le rock sudiste. Et surprise, à l’écoute des premiers titres… c’est exactement ça.

Pas d’ambigüité, donc, si vous aimez les meilleurs combos de Southern rock, que vous appréciez le stoner gras du bide de la plupart des groupes de chez Small Stone Records, que vous aimez l’huile de vidange, le houblon et le gros son de guitare, n’allez pas chercher plus loin le disque de votre été : la voix chaude et rauque de Gideon vous guidera sur cette galette qui sent bon la poussière, sur laquelle officie aussi la fine fleur des musiciens de Small Stone, notamment, autour d’un groupe finalement à géométrie variable.

A l’instar d’un Roadsaw ou d’un Backdraft, Gideon Smith rend hommage au rock sudiste de ses racines tout en le réanimant, le rajeunissant aussi : même si le style est là et bien là, jamais on n’entend d’écho d’autres groupes, de relents de “déja vu” au gré des riffs… Un bel exploit dans un genre souvent un peu sclérosé.

On reprochera peut-être à l’album un track listing un peu hasardeux : balançant ses meilleures cartouches dans la première moitié, il enchaîne sur le dernier tiers de l’album plusieurs mid-tempos et balades acoustiques qui mériteraient d’être contre-balancées par des brulôts un peu plus pêchus.

Dans tous les cas, l’identité et l’empreinte (vocale notamment, mais pas seulement) que Gideon Smith colle sur l’intégralité de ce disque laisse pantois : en une poignée de riffs baignés de Hammmond et de basse ronflante, le père Smith se pose dans le peloton de tête des leaders du genre. Belle perf.

Hulk – The Codeine Sessions

Hulk - The Codeine Sessions

Histoire de se rappeler à notre mémoire et de nous faire patienter avant la sortie d’un nouvel album prévu pour septembre, Hulk débarque avec cet EP dont le titre et la pochette ne devraient pas passer inaperçus sur les présentoirs de votre crémerie habituelle.
Composés de chutes des sessions de « Cowboy Coffee & Burned Knives » enregistrées au Rancho de La Luna en compagnie de quelques gloires locales, ces cinq titres seraient le résultat de jams jouées sous influence, d’où le titre de la galette. On se doutait déjà que pour enregistrer et mixer cet album en neuf jours, ils n’avaient pas du carburer au lait-fraise, surtout en présence des freaks notoires qui traînaient dans le studio, mais cette fois-ci, ils annoncent la couleur d’entrée de jeu. Et tandis que sur « Cowboy », la présence de Dave Catching, Brant Bjork, Jessie Hugues ou Chris Goss restait discrète, « The Codeine Sessions » nous propose des collaborations plus serrées, les invités prenant tour à tour part à la composition et assurant le chant, à l’exception du premier titre 100% Hulk.
Cà s’ouvre donc sur « Keep Talking », une petite bombe comme on les aime, du rock’n’roll sans fioritures, direct et racé avec un refrain rehaussé de cœurs géniaux tellement ils sont évidents. Le genre de morceau taillé pour la scène où Hulk excelle. Sur « Gimme Some Skin », Jesse Hugues fait étalage de ses gimmicks vocaux habituels pendant que derrière, les trois autres balisent en terrain connus, ce qui n’est pas vraiment le cas de « Seducer » (déjà présent sur l’album) sur lequel on reconnaît directement la patte de Brant Bjork, toujours prompt à lâcher un petit riff plus funky et à apporter sa touche de coolitude. La surprise vient de « Electricitat » franchement orienté Rockabilly sur lequel Dave Catching s’amuse à imiter Lux Interior avant de prêter main forte à Chris Goss sur « Scary Song », un morceau psyché quasi-instrumental plein des nappes de guitares vaporeuses qui sentent bon la fin de soirée bien chargée.
En bonus, deux vidéos réalisées par Marco Laguna qui en matière de rock’n’roll déjanté n’a de leçons à recevoir de personne. Cà ne risque pas de remporter un MTV Award mais le montage sec et nerveux colle parfaitement au groupe et on en demande pas plus.

Goatsnake – I

Goatsnake - I

Voilà un groupe qui affirme haut et fort son attachement à SABBATH puisqu’il affiche explicitement n’utiliser que de riffs des compagnons d’Ozzy, nos pères à tous. Attention à la distribution : Guy Pinhas à la basse, Greg Roger à la batterie, tous deux ex-OBSESSED. Greg Anderson aux amplis Sunn. Pete Stahl, ex-SCREAM, WOOL au chant et à la guitare dans lesquels il a officié avec brio avant de participer au projet EARTHLINGS. Sa voix caractéristique, haut perchée, puissante et chaleureuse à la fois est un pur bonheur. Alors qu’on l’imaginait davantage à l’aise sur des musiques plus souples, moins heavy, Pete crée la surprise. Ce mec est tout-terrain, ce qui confirme son talent exceptionnel. L’allright qu’il balance en ouverture de IV est tout bonnement renversant. Pendant que les instruments, rouleaux compresseurs surdimensionnés, tapissent d’un goudron épais et moelleux une route à sa mesure, Pete maintient le cap au volant d’un truck australien (cent tonnes, 62 pneus au sol) aussi facilement que s’il eut été au volant d’une Corvette rouge. Non pas que les uns soient aux service de l’autre, non. Le tout repose sur une réelle osmose, qui rend le projet d’autant plus excitant pour l’entité GOATSNAKE. Le plaisir est là et ça se sent. Du grand art qui accouche d’un paradoxe sublime : voilà un groupe qui renouvelle vraiment le genre sans le renouveler vraiment ! La pochette du CD est quant à elle abominable. Sortie tout droit de l’imaginaire des pires groupes de hard des 80’s, préférez lui le vinyle qui est très beau car inspiré de la main de qui vous savez. Le disque, sous quelque format que ce soit est un monument. Assurément le meilleur album du premier semestre.

Hotel Wrecking City Traders – Black Yolk

Hotel Wrecking City Traders – Black Yolk

Le duo de Melbourne nous avait gratifié l’an passé d’une première demo instrumentale qui avait fait fureur au sein de la modeste rédaction de ce site. Gonflés à bloc, ces Australiens sont de retour cette année avec six nouvelles compos du même tonneau et, avec cette plaque, on assiste à une incroyable montée en puissance de leur groove dissonant et puissant. Disponible via leur propre structure Bro Fidelity, cette galette est un étalage du talent immense de cette formation qui s’exprime dans un registre assez proche des Helvètes de Monkey 3.
Ben, bien calé derrière ses cymbales, frappe tel une mule sur ses toms et Toby balance des riffs dévastateurs avec sa guitare. Nulle trace de samples, de vocaux et de synthés. Le décor est planté : ces deux déjantés font dans le simple et rudement efficace tout au long de ces quarante-deux minutes de stoner instrumental couillu.
A peine l’auditeur a-t-il heurté la touche ‘play’ de son lecteur qu’il est plongé dans cet univers rude et saisissant où se côtoient des bons gros riffs bien gras et des rythmiques percutantes. Les plages composant cette production s’enchaînent les unes après les autres dans un style très homogène qui ne lasse jamais avec ses variations de tempo. Les morceaux suivent un schéma assez simple : un riff de base est posé puis le duo laisse libre cours à son imagination et se lâche en variant sur le thème de base. Le résultat est splendide : les compos courtes tel ‘Cup Weekend Murders’ ou ‘Hanging Rope’ vont rapidement à l’essentiel et blastent diablement alors que les titres plus long comme ‘Eaversdropper’ et ‘Rolling Implements’ ménagent un peu d’espace à des plans aériens qui font très bien le job dans le monde plutôt brutal qui est celui de Hotel Wrecking City Traders.
Une énorme bande-son pour accompagner nos existences de bourrin qui peine à quitter ma platine cd depuis quelque temps.

Fu Manchu – Return To Earth 91-93

Fu Manchu - Return To Earth 91-93

Comme énormément de groupes avant et après eux, les Fu Manchu ont commencé leur carrière en sortant quelques 45 tours sur des labels pas vraiment connus et dont personne ne se souvient. Souvent introuvables lorsque le groupe devient un peu plus célèbre (peut on utiliser ce terme pour un groupe comme Fu Manchu ?), ces enregistrements de la première heure se retrouvent alors sur une compilation que l’on sort faute de mieux, en attendant (ou sous la pression des fans si le groupe est vraiment célèbre). Voilà en quelques mots ce qu’est Return To Earth 91-93.
Si vous aimez les albums du groupe, je vous recommande chaudement cette compilation de neuf titres. C’est à la fois intéressant et rempli de bonnes choses. La touche Fu Manchu est déjà bien présente, l’esprit y est, la forme aussi. Attention, je ne vais pas crier aux génies, je garde en tête qu’il s’agit ici des première compos du groupe mais je ne vais pas non plus me priver d’un bon petit plaisir solitaire (je parle de secouer la tête frénétiquement en jouant de la guitare sans instrument bande de pervers !).

Witch Of Voodoo – Influenza Desertica

Witch Of Voodoo – Influenza Desertica

Nouveau venu dans le paysage stoner (bien que j’ignore s’il s’en réclame) au sens large, le collectif helvétique, et genevois de surcroît c’est vous dire si on est fier de ce produit, Witch Of Voodoo fait mentir la vieille légende urbaine qui dit que le rock est mort et que la Romandie n’est pas une région rock. Savamment composé par L sonic, qui n’est pas vraiment ce que j’appellerai un rookie puisqu’il écuma toutes les scènes de la région au sens large avec le groupe Redfish dans le temps jadis, et mise en boîte par ses soins avec le concours du maître du Studio des Forces Motrices cette plaque transpire les influences de la scène de Palm Spring par tous les pores.
La production soignée de David Weber met admirablement bien en valeur le travail fourni par l’artisan de cette galette qui se charge des parties vocales, de la basse, des guitares, du Hammond ainsi que du piano et celles de ses complices. Car, excusez du peu, on retrouve Xavier de Virago derrière la batterie, Patrick de Wok sur certaines parties de slide, Manu de Dolly qui pousse la chansonnette sur un titre, Cédric de Hell’s Kitchen à la percu quand il y en a et Pierre des Dead Brothers à l’accordéon voir aux Hammond sur certaines plages.
Attention si cette sortie semble se profiler dans le sillage des Motrice Sessions vu les acteurs principaux et les figurants au générique, il s’agit bel et bien d’une œuvre originale à l’identité propre.
Empreinte d’une chaleur aride qui n’a rien à voir avec le stratus genevois, cette plaque ravira tous les amateurs de QOTSA, Orqueta Del Desierto, des Desert-Sessions ou de Masters Of Reality. Autant dire qu’il y a du potentiel !
On entre dans le vif du sujet avec ‘Gallon Kisses’ un titre assez rapide où les guitares et les claviers s’allient aux rythmiques un peu dans la veine de ‘Go With Flow’, mais avec ce timbre de voix rocailleux en plus ; le groove de ce morceau est terrible et c’est certainement un des meilleurs titres ici proposé. L’exploration continue avec une plage plus bluesy intitulée ‘Come To You’ qui a quelques relents de piano-bar et soigne ses influences par ses incursions de slide. ‘Good Sacrifice’ déboule ensuite avec son couple de vocalistes et toujours cette chaleur dans les compos ; même si elle est assez proche de ce que livre la bande à Josh, cette plage vaut son pesant de cacahuètes ! Avec ‘Shooting Stars’ le, tempo se ralenti et on navigue dans un registre à quelques encablures d’Orquesta sans être dans le sous-Orquesta non plus (qu’on se comprenne bien).
Les gros sons de guitares font leur come-back sur ‘Witches & Holes’ qui a un sympathique arrière-goût de jam désaccordé, même si ce morceau ne me touche pas vraiment. Un moment intimiste suit ; il s’agit de ‘The Last Gift’ qui s’égraine durant environ trois minutes trente dans un registre lancinant presque dépressif. ‘I Can’t Stand Your Mood’ et son rendu western avec vocaux éraillés ne m’émeut guère et je skip un coup. Bonne idée que j’ai pas eu là les copains ! Les grattes électriques sont de nouveau de la partie, ça tourne bien et à nouveau je retrouve ce que j’admire le plus sur cet opus : du bon rock bien envoyé avec intelligence. ‘Blood And Wood’ me botte avec son groove imparable du tout bon avant de retrouver un titre plus lent nommé ‘Rolling Balls’.
On approche de la fin avec ‘Something Past Away’ qui me fait penser à un mélange de dEUS et Earhlings avant que n’entrent en scène les guitares distordues pour un refrain bien débridé. Le hammond lève le voile sur ‘Wrapped Around Your Heart’ avant que ne retentissent quelques cordes tendues et les parties vocales qui évoluent une nouvelle fois dans ce registre sombre, mais terriblement envoûtant. Le baisser de rideau se fait sur un tango désaccordé : ‘Libre’.
Un excellent disque de desert-rock au final que j’ai plaisir à faire tourner sur ma platine.

Nebula – Peel Sessions

Nebula - Peel Sessions

Quel bel objet de la part du toujours fringant et fidèle Nebula. Sortie un peu “décalée” aussi : tandis que le trio fuzzé californien nous fait languir en attendant son prochain vrai LP, il nous sort coup sur coup un EP (frustrant !!) et cette pièce hors-du-temps, compil’ de ses passages aux myhtiques Peel Sessions (émission TV anglaise de l’emblématique et très éclairé John Peel, R.I.P.).

Si autant de groupes ont sorti des disques issus des sessions Peel (Joy Division, Napalm Death, Siouxsie & The Banshees, T-Rex, The Cure, etc… et plein de bootlegs !), c’est que l’alchimie du programme, l’oreille éclairée de John Peel, et les conditions d’enregistrement ont toujours été au top. Cet enregistrement ne diffère pas : le son y est impeccable, et le principe de “live sans public” permet à Nebula, qui n’en demande pas tant, de se laisser aller à traficoter ses titres au feeling. 3 sessions de pur bonheur (2001, 2003, 2004).

Et quels titres, d’abord ! Les perles défilent et les riffs remontent dans nos mémoires, balayant toute la carrière de Nebula, ou en tout cas les premières années : “Instant Gravitation”, “Carpe Diem”, le monstrueux “Freedom” ou encore un énorme “Strange Human” de 9 minutes… A noter : le line up du groupe a un peu évolué au gré des années, autour du maître Eddie Glass, mais finalement on ne note pas de changement énorme entre les différentes sessions (dont les titres ne sont pas livrés par ordre chronologique).

Nebula se révèle donc tel qu’il a toujours été : un trio de gros rock fuzzé tour à tour pêchu ou lancinant, un vrai combo de psyche/space/desert/fuzz-rock, qui a tout compris en articulant son sens du riff avec sa configuration de trio. Des compos directes et efficaces, lardées de “voies de garage” que le groupe met à profit pour se lancer des dans soli ou impros toujours sur le fil du rasoir. Probablement le meilleur témoignage “live” de Nebula (et c’est pas peu dire…).

Firebird – Hot Wings

Firebird - Hot Wings

Les premières mesures de “Carousel”, titre inaugural de ce quatrième opus de Firebird, ne laissent pas de place au doute : le combo de Bill Steer trace sa route, dans le même sillon. Hard-blues 70’s, le tout drivé par une guitare tantôt suave tantôt tranchante, et servi par le chant bien caractéristique de Steer : on connaît la musique (c’est le cas de le dire).

Peu de choses distinguent cet album de ses prédécesseurs. Et c’est tant mieux ! La formule est trouvée, Firebird a ses spécificités, et il a bien établi sa marque de fabrique, un label de qualité. La production qui supporte l’édifice est sans faille, avec des choix de percus discrets mais efficaces (le tambourin sur “Carousel”, excellent), des parti-pris audacieux (la voix “trafiquée” de “Misty Morning” sur un morceau sans guitare, tout harmonica, batterie et basse, que l’on croirait issu de sessions blues de la première moitié du siècle dernier !), mais toujours des morceaux où la guitare est maître, qu’elle soit hard (le riffu “Horse drawn man”), blues, lap steel/slide (“Play the fool”, “Bow bells”), funky (“Overnight”)…

Les musiciens vont et viennent d’un album à l’autre (toujours sous la forme de trio, cet album voit le retour au bercail de Ludwig Witt aux percus, excusez du peu, et du frangin Al Steer à la basse), mais au final, Bill Steer, maître incontesté à bord, reste le capitaine du navire. Il est garant à la fois de la qualité du matériel et de la musique, mais surtout de l’esprit qui règne sur cette galette : sans l’ombre d’un doute, cet album a été composé live. Et à coup sûr encore, les compos prendront une toute autre dimension en live, aiguisées par la sueur et la passion de l’instrument (almighty guitar).

Difficile de vous faire croire que cet album est le disque de l’année, encore moins qu’il va révolutionner le paysage musical actuel. En revanche, si vous cherchez du plaisir, des morceaux taillés pour vous faire taper du pied et hocher la tête, Bill Steer sait faire, et il le fait bien. Donc au final, si le plaisir d’écoute prédomine dans vos choix de disques, “Hot wings” se doit de figurer dans votre liste d’achat.

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