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Depuis 2001, Fistula, quatuor sludge cracra de l’Ohio, s’évertue sans relâche à faire couler la boue dans les sales oreilles de ses suiveurs. Resté longtemps underground, en publiant des dizaines de splits, 45T et autres formats sur autant de labels DIY ou distro, le groupe a aujourd’hui attiré une plus large lumière, ralliant même l’Europe et le Roadburn Festival. Ceux qui furent longtemps considérés comme l’un des groupes les plus sales de leur génération ont finit par mettre de l’eau dans leur cubi de vin, par prendre un peu de distance avec les milieux crust à mycose pour intégrer gentiment de grandes doses de metal dans leurs punks attitudes. Le résultat, bien sûr, à de quoi écœurer les plus anciens amateurs du combo mais ouvre à Fistula les portes en acier d’un monde où le sludge se consomme au petit déjeuner. Le groupe se présente alors sur des tempi tendant vers le doom et un son de guitare aux inflexions clairement plus métalliques. Exit le punk crasse à tous les étages, la Fistule se soigne et ça s’entend. L’apport de Dan Harrington, au chant depuis fin 2013, semble d’ailleurs y être pour beaucoup dans cette lente mais sûre transformation.
Longing For Infection se présente alors comme un disque plus proche d’EyeHateGod que de Grief et, après une introduction cultissime dans son genre, l’album déroule, sur 7 plages, un sludge bas du front certes, mais bien plus écoutable pour le tout venant que leurs publications précédentes. De la production au son des guitares, tout est bien plus léché que ce que cette hideuse pochette laissait présager. Si « Too Many Devils And Drugs » fait encore un peu le pont avec le punk hardcore qui a fait la renommée du gang, les breaks lourds comme l’acier et les tempi de marécages finissent, au fur et à mesure des titres, par installer Fistula dans sa nouvelle demeure, celle d’un sludge plus calculateur, mais gagnant en intérêt ce qu’il a perdu en danger. Ainsi « Morgue Attendant » se permet un riff presque hard rock et se pose, sans forcer, comme le morceau phare du disque. Notons également le délicat « Smoke Acid Shoot Pills » au rayon des morceaux composés dans l’unique but de froisser quelques cervicales.
Il est évident, à l’écoute de Longing For Infection que ceux qui criaient déjà depuis quelques temps à la traitrise de Fistula ne changeront pas leur fusil d’épaule ; pour les autres ce disque est un défouloir tout à fait valable. Alors, amateurs de Dopethrone, Weedeater ou EyeHateGod, tenez-le vous pour dit.

Est-ce le fait de venir de Grenoble l’enclavée, bordée de ses montagnes, coupant le souffle de leur imposante présence qui pousse Jagannatha à développer ses espaces sonores, à les étirer et les faire pousser jusqu’aux étoiles ?
C’est un tout cas un bel ouvrage de jams hallucinés que propose le combo le long des 4 titres couvrant 50 minutes de galette éponyme. On se dit Earthless, on pense Domadora aussi, en plus spectrale et imagé. Et l’on est, ma foi, assez facilement convaincu par le propos du quartet. Malgré des compos inégales, quelques erreurs de justesse ou de placement, des choix de sons de guitares un peu datés, il reste que cette musique puise sa force dans la progression et que les gonzes ont quelques qualités à faire valoir de ce côté-là. Le morceau introductif, Krishna, justifie à lui seul que l’on suive avec attention l’évolution des grenoblois.
Pari réussi pour Jagannatha puisque l’on se laisse finalement transporter par les ambiances poilues et les canevas psychédéliques de leurs efforts. Si les zicos arrivent à recréer live ces paysages, c’est du tout bon qui se profile sur les planches. On attend la suite avec impatience.

On sait vraiment peu de choses sur Dunsmuir. Clairement, le groupe (projet ?) dont on entendait des rumeurs d’existence depuis quelques années, a commencé à faire le buzz en ce début d’année avec l’arrivée de quelques premières bribes de son. Un buzz clairement lié à la présence au micro de Neil Fallon – autre illustration si besoin de la notoriété atteinte par Clutch depuis quelques années. Autour de lui, pour autant, on ne trouve pas vraiment des perdreaux de l’année : Brad Davis, le bassiste de Fu Manchu, Dave Bone, le guitariste de The Company Band (autre projet où officient Fallon et… Brad Davis !) viennent épauler le vocaliste, tandis que Vinny Appice vient compléter la section rythmique, en apportant le poids de son expérience derrière les futs… et quelle expérience ! Appice, mythique mercenaire des baguettes, a martelé les toms de Black Sabbath et Dio, et des dizaines (aucune exagération) d’autres groupes ou projets hard rock et metal depuis plusieurs décennies (oui, le gars arrive sur sa soixantaine de printemps, quand même). Une pointure, quoi, que le trio a contacté sur le tard pour compléter le line up idéal qu’ils avaient en tête pour le groupe. Donc oui, sur le papier, Dunsmuir suscite la curiosité.
Composé et enregistré à l’arrache (la distance géographique étant comme souvent compensée par des échanges de fichiers électroniques), l’album se voit sortir cet été en pur mode DIY (sur un label obscur, Hall of Records, probablement bricolé par nos lascars). On avait eu un avant-goût il y a quelques mois de la musique du groupe, via ce single comportant deux premiers extraits de l’album : « Our Only Master » et « The Bats (are Hungry Tonight) ». Il s’avère par ailleurs que ces deux titres proposent un très bon résumé du contenu de l’album – mais nous y reviendrons…
Il y a fort à parier que la plupart des lecteurs de cette chronique se demandent présentement à quel point Dunsmuir est proche musicalement de Clutch, bien sûr. Difficile à dire en réalité : si la contribution de Neil Fallon à la musique de Clutch est aussi significative que celle de ses trois collègues musiciens, il est évident que sa voix porte à elle-seule au moins la moitié du « son » de Clutch – au moins sur une écoute superficielle. Et à ce titre, sur le même principe, les similitudes sont criantes dans les premières écoutes (tout autant qu’elles pouvaient l’être avec The Company Band, par exemple). Après un peu de temps, toutefois, le besoin de nuance s’impose : il s’avère que chaque musicien apporte une pierre bien spécifique à cet édifice finalement plutôt robuste. Inutile d’aborder le cas Fallon, ses vocaux puissants et son phrasé typique apportent énormément à l’identité de Dunsmuir. Dave Bone amène pour sa part des riffs et des plans de guitare incisifs, pointus (« Hung On The Rocks », « Deceiver », « … And Madness », le riff groovy de « Orb of Empire », …), et ne se cache pas dès qu’il s’agit d’aligner un solo ici ou là. Ses lignes sont plus connotées hard rock et metal que pour The Company Band, autre exemple de l’identité propre de Dunsmuir. Brad Davis, peu démonstratif, la joue « team player », et concentre son jeu sur l’efficacité du morceau. Quant à Vinny Appice, gageons que les experts batteurs sauront reconnaître sa patte… Le commun des mortels, lui, notera a minima le poids remarquable de la batterie dans l’alchimie du groupe (voir comment il joue son rôle dans « The Bats (Are Hungry Tonight) », à titre d’illustration), probablement impossible sans un batteur de cette trempe.
Les compos sont massives, plutôt dans la veine des dernières productions de Clutch (pour focaliser vers la référence la plus directe), et efficaces dans la durée (plusieurs écoutes sont nécessaires pour en saisir la pleine valeur). Difficile du coup de mettre la lumière sur certains d’entre eux : on est dans du haut niveau, les gars ne sont pas manchots. On proposera volontiers pour les impatients de se plonger en premier sur le duo « Deceiver » / « … And Madness », ou sur « Crawling Chaos », et notamment sa deuxième partie, plus originale.
Difficile de dire du mal de ce disque en tous les cas : on l’attendait évidemment au tournant (tout le monde n’étant pas fanatique de l’orientation de Clutch ces dernières années, prêt à tomber en embuscade sur la moindre incartade d’un des membres du groupe) mais force est de reconnaître ici sinon l’authenticité, au moins la vraie identité du groupe, à travers ce très bon disque, consistant et cohérent de bout en bout, sans point faible. Trop beau pour être honnête ? Trop hard, pas assez [insérez ici le terme qui vous convient dans la sphère stoner] ? A vous de voir. Mais attention à ne pas trop bouder votre plaisir…

Les ricains de Valient Thorr affublés de leur dad-bod leader, Valient Himself, nous reviennent dans un nouvel opus, Old Salt, toujours plus rock’n’roll, toujours plus direct mais jamais facile. Flanqué de sa nouvelle section rythmique aperçue lors des derniers concerts européens, le quintet déroule un 11 titres efficace mais déroutant pour qui ne posera pas son écoute plus que nécessaire.
Il y a chez Valient Thorr un aspect Turbonegro, le grimage en moins, le côté arty en plus. Chaque titre comporte ses nécessaires cassures pour faire de leur rock un théâtre branlant, absurde mais néanmoins rentre-dedans. Il n’y a qu’à prendre « Mirakuru » ou « Lil Knife », les deux premiers titres. Écrins swinguant en diable pourtant contre-fracassés par de fréquentes ruptures rythmiques, autoroutes efficaces de rock sauvagement asphaltés de dissonances, plusieurs écoutes seront nécessaires pour appréhender cette nouvelle production.
Côté production justement rien à redire. Ça joue juste et foutrement bien, le tout serti dans un espace sonore peut-être un peu trop propre tant les Valient’s guitares sonnent garage, Budweiser chaude et médiator ensanglanté.
Mais cet édifice ne trouve son absolu intérêt que par l’intervention de Valient Himself. A l’instar de ses interventions live, ses paroles naviguent entre sur-réalisme, absurdité bourbonnnante, froide colère, constat lunaire. Et le patchwork insensé de tenir bon. Car oui, malgré l’apparence claudicante de l’édifice, Old Salt tient la route et promet encore de beaux moments foutraques en live.
Il conviendra d’aiguiser sa curiosité pour pouvoir saisir le potentiel de ce nouvel opus. Valient Thorr ne ré-invente pas sa grammaire mais se pose une fois de plus en trublion, cherchant toujours l’absurde dans la simplicité, le nid de poule dans l’autoroute. Dans la démarche, ils me font penser à des Jean Tardieu ou Pierre Dac du rock, des génies de la dérision, du mot qui fera basculer la phrase, du grain de sable qui fera basculer la dune. Pour les plus sanguins d’entre-vous, une simple écoute de titres tels que « The Shroud » ou « Spellbroke » saura vous convaincre de la qualité de cet album.

Tel un « Big Bang » temporel, Stonewall Noise Orchestra est de retour avec un cinquième opus s’intitulant The Machine, The Devil & The Dope. Amis du bon gros Rock-Metal des plus alternatifs et amoureux des solos fins, la route vous est toute ouverte.
Le quintuor nous offre un confortable panel de neuf morceaux formidablement bien construits d’un point de vue sonore. En effet, la production studio est très propre, bien ficelée et on s’attache très vite aux dynamiques du son. De plus, on apprécie le fait que le voyage se prolonge pendant près de quarante minutes, ce qui s’avère être de plus en plus rare aujourd’hui. Ainsi, on obtient une bonne voix rock’n’roll, des instruments carrés avec une bonne mise en avant des guitares : une production des plus classiques pour une efficacité au rendez-vous.
Mais alors, qu’en est-il de la forme de cet album ? Autant dire que l’ensemble demeure très proche de ce qu’on peut déjà entendre dans ce genre musical : pas de réelle volonté de réinventer, mais pourtant, on note une touche d’originalité. En effet, le choix d’alourdir des titres tels que « I, The Servant », qui est une grosse pépite, détache un peu plus la base rythmique (basse/batterie) du reste, ce qui provoque une charmante tendance au bon gros groove. Et ce doux caractère se retrouve tout aussi bien dans « Welcome Home », qui est THE morceau de la galette avec un clip qui reflète bien leur univers, que dans « Superior #1 » : une grosse tuerie rythmique et mélodique.
Néanmoins, on dénote parfois un certain manque de subtilité dans quelques morceaux tels que « On A Program » ou encore « Into The Fire » pour ne citer qu’eux. D’ailleurs « Stone Crazy » marque bel et bien le fossé entre ces deux positions musicales : d’un côté, on apprécie vraiment l’aspect clair et limpide du titre, et en même temps on a l’impression qu’il manque quelque chose pour en faire un gros monstre Stoner. Mais, il ne faut pas se reposer uniquement sur ces bémols, car s’il y a parfois un manque d’innovation, il est évident que The Machine, The Devil & The Dope reflète une très bonne cohésion de groupe comme l’attestent les morceaux « The Fever », qui est une très bonne mise en bouche, et le dernier titre (portant le nom éponyme de l’album).
Ce cinquième album est donc une bonne occasion pour découvrir ou redécouvrir SNO dans de très bonnes conditions. Car même si parfois on aurait apprécié un peu plus de prise de risque, cet opus entend tout de même rafraîchir les rangs de l’univers Rock-Metal.
![HVSK-1213-400x400[1]](https://desert-rock.com/dr/chrocd/files/2016/07/HVSK-1213-400x4001-170x170.jpg)
Gorilla et Grifter sont deux groupes anglais dont nous avons trop peu d’échos depuis quelques années – même si Grifter s’est rappelé à nos souvenirs il y a peu par la grâce (!!) de son dernier album The Return Of The Bearded Brethren. Quant à Gorilla, leurs plus récentes sorties ont été distribuées si confidentiellement qu’on avait oublié jusqu’à leur existence (même si leur « Maximum Riff Mania » a laissé quelques traces au début du millénaire, encore bien présentes jusqu’à aujourd’hui) – il faut dire que leur frontman a désormais plus de succès avec The Admiral Sir Cloudesley Shovell… Quoi qu’il en soit, ces groupes sont toujours actifs, surtout sur leurs terres grand-britanniques en réalité. Par le biais du label anglais qui a le vent en poupe, HeaviSike (Bright Curse, etc…), les deux groupes, qui partagent plus que leur nationalité (même approche musicale, même attitude…) se voient rassemblés pour un EP collaboratif qui fait bien plaisir par où il passe.
Huit titres, quatre chacun : très vite l’on comprend que l’heure n’est ni à la tergiversation ni à la subtilité. Ce « Both Barrels » de Grifter convoque Lemmy en invité unique, et l’on est vite écrasé par l’influence Motorheadienne, même si le clin d’œil grossier est clairement un hommage plutôt qu’un plagiat. Il en va de même pour un « Grind Yer Down » du même tonneau (de whisky-coca) : la voix de Johnny Gorilla, qui n’est jamais très loin de celle du bassiste légendaire sus-mentionné, apporte la dose de Houblon tiède qui porte la baraque sur ces quatre premiers titres (la face A du vinyl), et autant de petites tornades jouées pied au plancher. Il n’empêche, cette ombre de Motörhead qui couvre les quatre productions du groupe sur cet EP nous détachent trop de la qualité intrinsèque de Grifter. Plus d’originalité, et un vrai travail (conscient – il faut qu’ils ouvrent les yeux et les oreilles pour mieux se détacher de cette influence) aurait été de bon aloi ici.
De l’originalité, chez Grifter, on en trouve quand même un peu plus. Le trio anglais partage clairement avec l’autre trio anglas une certaine idée du gros rock qui tâche, et ils s’y entendent pour porter des compos qui, si elles ne visent pas à briller par leur originalité éclatante, apportent bien plus de relief que les productions de Gorilla sur le recto de cette galette. Gros riffs, compos marquées au fer rouge comme pour mieux attester de leur provenance directe de la patrie du gros rock graisseux, mais aussi quelques breaks un peu décalés ici ou là, un chant moins percutant mais tout à fait adapté aux atermoiements du groupe… Les compos de Grifter sont moins immédiates que celles de Gorilla, mais on est plus enclin à y revenir après un gros paquet d’écoutes. Un signe ? Dans tous les cas, clairement les premières écoutes jouent en la faveur de Gorilla, hôte de la face A, tandis que les écoutes suivantes incitent plutôt à user la face B de Grifter, plus riche.
On sort donc de cette grosse demi-heure un peu repus, après quatre titres de chaque groupe délivrés comme autant de parpaings, miroirs grossissant de leur musicalité respective.

On a été témoin de la percée de La Chinga l’an dernier, en voyant fleurir les annonces de leurs concerts européens donnés un peu partout, de manière aussi tapageuse que chaotique… sans véritable album à promouvoir ! Enfin, pas tout à fait : les canadiens avaient certes déjà un premier album sous le bras depuis quelques années, mais sa sortie confidentielle en son temps n’aura pas marqué plus de « fans » que n’aurait pu en compter le baron Empain sur ses deux mains. Et petit à petit la rumeur se confirme : leur nouveau disque sortira chez un Small Stone Records qui commence depuis quelques mois à redonner quelques signes de vie. N’empêche que les caribous (il n’aura pas été dit que l’on ne se vautrerait pas dans le cliché et la vanne éculée dans cette chronique) auront fait les choses à l’envers… Mais après tout pourquoi pas ?
A l’écoute du second album de La Chinga, finalement, ce qui marque le plus est la réflexion liée à leur label, les mythiques Small Stone, à travers leur signature : label habitué à des productions quelque peu monolithiques, plutôt cohérentes sur la dernière décennie, leur renaissance ces derniers mois à travers quelques rares et sporadiques sorties ne donne plus cette impression de cohérence de la ligne musicale que le label de Detroit voudrait (ou pas) défendre. Difficile de tirer des conclusions avec ce disque ! La Chinga, voyez-vous, se complait dans un orgasmique heavy rock bien graisseux en directe provenance des années 70, mais dans une exécution énergique et débridée plutôt symptomatique des groupes de hard rock des années 80, en réalité. La Chinga c’est un peu des titres du MC5 interprétés alternativement par le Aerosmith de la fin des années 80 et par le Twisted Sister de la grande époque. M’voyez… Un vrai travail sur les compos, des chansons qui marquent dès les premières écoutes (« Mother of all Snakeheads », « Faded Angel », « Gone Gipsy »…), du riff en veux-tu en voilà, et, on le répète volontiers, une énergie et un enthousiasme dans l’interprétation qui embarquent tout le monde, laissant par la même occasion une idée plutôt séduisante de ce que peut donner un concert du groupe (à tester, clairement).
Du coup, on ne va pas forcément développer au-delà du raisonnable : on est clairement borderline avec le « monde Desert-Rock », et si le groupe n’était pas signé chez Small Stone, on aurait probablement passé sous silence cette sortie par ailleurs fort sympathique. A recommander aux amateurs de hard rock plus qu’aux stoner heads, donc.

On ne pourra pas dire que les finlandais de Kaleidobolt rechignent à la tâche. Au rythme d’une sortie par an chez Pink Tank Records, le trio actif depuis 2014 s’est même déjà fendu d’un live avant que son premier album éponyme ne sorte. Au vu de la qualité de ce dernier, on ne pouvait légitimement espérer que du bon.
Et effectivement, sur ce “The Zenith Cracks”, le ton est donné d’emblée, le court jam introductif au solo endiablé qui pourrait très bien ne jamais se terminer va poser les bases d’un niveau de composition plutôt élevé.
Définitivement encré dans les 70’s, “Murderous Way” déboule ensuite et confirme cette sensation instantanément. Car Kaleidobolt aime être taquin et truffe sa musique de breaks aussi efficaces qu’inattendus. Comme par exemple sur le très bon”Inbred”, qui monte en puissance avant de balancer un riff bien lourd puis un couplet jazzy. Pas un hasard s’ils s’embarquent en tournée avec un certain Radio Moscow…
Tout cela est également d’une technicité instrumentale impressionnante mais décidément, un vrai bon chanteur s’avère être une denrée rare. Pénurie ou volonté d’épurer son line-up, un frontman digne de ce nom semble être devenu une espèce en voie de disparition. Pas vraiment d’exception à la règle, mais ici le timbre parfois forcé et donc limite est joliment rattrapé par de bonnes idées, on se surprend même à penser à Jim Morrison sur certains des passages les plus moelleux.
Le bassiste, assez étrangement placé tout à gauche dans le mix, à l’opposé de son comparse à la six-corde, se laisse aller à quelques incartades claviéristiques, avec des nappes d’orgue disséminées ça et là, un soupçon de piano ou encore du Theremin, instrument hautement invraisemblable portant le pseudo de son inventeur.
L’album s’écoute vraiment bien dans son intégralité, sans ennui, avec sa petite interlude latino inattendue, son solo de batterie au milieu de “City of the Sun” pas forcément anachronique et une production clairement à la hauteur.
Tradition oblige, on garde bien sûr le meilleur pour la fin avec les dix minutes de “Spoil” qui n’en est pas vraiment un, les brougres ayant toujours un brin de surprises sous le pied. On a droit au morceau de clôture idéal, posé, lancinant, bluesy et furieux qui finit sur le ralentissement qui va bien.
Bon, maintenant il va nous falloir avoir confirmation de ces qualités sur planches vibrantes, et ce le plus rapidement possible, sachant que l’indice de confiance à ce propos est plutôt élevé… Le prochain dans un an ?

Farflung, pionnier californien du genre côté space rock, semble avoir eu le besoin récent de se rappeler à nous un peu plus que ces huit dernières années. Des années mises à profit pour sortir un live et des splits avec Black Rainbows et Fatson Jetson notamment, certes. Des collaborations qui permettent généralement d’expérimenter, de se ressourcer ou de passer du temps avec ses copains. Évidemment, dans le monde de Farflung, chaque écho, chaque possibilité de spatialisation et autres étranges effets, ont depuis longtemps livré leurs secrets. Peut-être ont-ils simplement pris le temps de chercher suffisamment de matière pour obtenir un « 5 » riche et cohérent ? En tout cas, ils restent dans un esprit collaboratif puisqu’ils se sont adjoints les services de Nick Turner (Hawkind), David Catching et Gene Trautmann (QOTSA, EODM).
Depuis 1995 et leur « 25,000 Feet Per Second », Farflung nous plonge donc dans une gangue où des milliers de sonorités et gazouillis spatiaux nous encerclent et d’où se détachent des riffs souvent entraînants, toujours intéressants. Les voix sont multiples, du gargarisme à l’aigüe ironique en passant par le grave incantatoire ou parlé. Enfin, quelques samples pour l’ambiance. Depuis les débuts, la principale différence tient en fait dans la qualité de la production, qui a évolué avec son temps et qui permet une meilleure mise en valeur du travail. Un travail enregistré au Saturn Moon Studio, au Tarantula Ranch et au Rancho de la Luna.
Si Farflung propose des voyages sonores à nul autre pareil, et c’est ce qui fait à mon sens leur principale force, c’est grâce à leur pouvoir de suggestion. Ils ont cette capacité à savoir ne pas mettre en avant ce qui est évident, ne pas insister lourdement sur des éléments qui sont pourtant au cœur du morceau et qui seront peut-être d’abord à peines perçus. Quand bien même ces éléments sont simples, ils sont la touche qui transforme le tout.
Avec presque sept minutes, c’est « Hive » qui débute le voyage. Une intro toute en tension, libérée dans un déluge par un riff limpide et efficace, entouré des bruissements de l’infini. C’est la voix qui est ici d’abord suggérée pour être peu à peu mise en avant. Avec un concept plus que simple, la voix imitant plus ou moins le riff principal, le morceau prend l’apparence d’une longue fuite en avant, laissant un sentiment de béatitude. Autre réussite dans la suggestion sur « Being Bolled » avec une partie mélodique qu’il est presque nécessaire de reconstruire soi même, et qui sans laquelle pourtant, le morceau s’avérerait presque bas du front.
Avec ces neuf morceaux, « 5 » propose en fait autant de découvertes. C’est avec une grande cohérence générale qu’ils s’enchaînent en ayant tous quelque chose à proposer. Chacun représente un chapitre d’un tout et pourtant se caractérise par son unicité pleine et entière. Aucune répétition, aucune lassitude, mais des expériences dans le voyage. Après de très nombreuses écoutes, j’en suis encore à essayer d’avoir une vue globale de cet album. Je ne peux que trop vous conseiller d’aller vous y perdre.

Les norvégiens de Red Mountains proposent un premier album avec un riff éléphantesque en guise de démarrage. Bon moyen de briser la glace avec ces nouveaux venus dans votre playlist, ce « Six Hands » est cependant dans l’entre deux de ce qu’ils nous montrerons par la suite. Un bon mid-tempo empli de groove, un chant aux accents grunge prononcés, un refrain efficace et des breaks et soli maîtrisés mais parfois sans surprises, la faute à un classicisme parfois trop présent. Un « entre deux » qui caractérise ce « Down With The Sun ».
« Rodents » présente par exemple la face hard rock (trop) classique du groupe, avec un morceau proche d’un Velvet Revolver : un démarrage en trombe qui se termine dans une mélancolie instrumentale qui évite de justesse d’être pompeuse. Ce raccord classique pourrait trouver une justification dans son positionnement central sur l’album en permettant de trancher du reste, mais il lui manque un petit quelque chose pour éviter cet effet ventre mou qu’il génère. C’est d’autant plus dommageable quand la clôture de l’album est une version sur-vitaminée et plus intéressante de « Rodents », qui prouve que cette facette du groupe mérite d’être aménagée.
A l’opposer, on a « Sun », nettement plus inspiré. Ce n’est pas une surprise si Red Mountains a choisi ce morceau comme single pour la sortie de l’album. Le groupe y prend son temps et les 5 minutes paraissent un peu courtes. Autre argument de poids dans la même veine, mais avec ajout de psychédélisme et avec les quelques minutes supplémentaires, « Sleepy Desert Blues » se pose comme la pièce maîtresse de l’album. Morceau qui permet d’ailleurs d’identifier ce qui paraît être l’une des signatures du groupe, les longs finals instrumentaux. Enfin, « Silver Grey Sky » ajoute à l’édifice une influence Yawning Man qui s’insère parfaitement dans la sève du groupe. On passe encore un cap et on s’éloigne un peu plus de l’entre deux pour atteindre la limite haute.
Avec un « Six Hands » comme bonne base sans être exceptionnelle, le groupe navigue entre du moyen et du très bon qui l’emporte tout de même sur la majorité de l’album. Constat d’autant plus dommageable quand on comprend que tous les éléments sont là pour nous électriser de bout en bout.

Généralement, les groupes de doom, et cela est finalement valable pour tous les autres genres, se divisent en deux catégories : ceux reprenant les codes et clichés installés et ne cherchant pas vraiment à s’affranchir des bases posées par leurs ainées, proposant une sorte de pastiche de groupe, puis ceux qui se construisent en dehors des carcans définis par les stéréotypes pour trouver leur propre identité et livrer une œuvre plus personnel et inspiré. Autant vous dire qu’à la vue des feuilles de cannabis et des pentacles sur la pochette de Sigillum Luciferi, premier album de Cough sorti en 2008, on sautait à pied joint dans la première catégorie. Au menu, une confiture sludge/doom étalée sur des tartines de 10 minutes d’épaisseur environ. Un album fort appréciable mais pas vraiment révolutionnaire. Deux ans plus tard, Ritual Abuse pointait dans une direction plus intéressante, rajoutant une dose de psychédélisme à la recette initiale. Aujourd’hui, Cough revient avec Still They Pray, produit et enregistré par Jus Oborn, leur album le plus introspectif et la suite logique d’une discographie qui est comme le bon vin.
Pour Parker Chandler, bassiste, chanteur et membre fondateur de Cough, les dernières années ont été assez chargées, puisque le Monsieur gratte également la basse au sein de Windhand, groupe assez prolifique avec déjà 3 albums à son actif en seulement 4 ans. Cela explique surement le silence radio de 6 ans ayant précédé Still They Pray. Allant et venant d’un groupe à l’autre, inutile de préciser que Parker Chandler est désormais titulaire d’un doctorat en doom avec mention poutrelle. “Mais pourquoi s’importuner de deux groupes si c’est pour faire du doom dans les deux?”, me demanderont les plus malins d’entre vous. Et bien parce que les deux sont très différents. Si Windhand et la douce voix de sa chanteuse laisse passer une légère clarté à travers la fenêtre, Cough s’occupe de fermer les volets. Il creuse profondément les abîmes du genre humain, et ce qu’il y trouve pourrait convaincre le plus philanthrope des hommes de la laideur du monde.
Comme sur ses deux précédents opus, Still They Pray s’ouvre en grand apparat avec “Haunter Of The Dark” et son riff inoubliable, véritable débauche d’élégance sordide. “Possession” pousse lui aussi le bouchon de l’ignominie avec cette voix si caractéristique qui semble littéralement rendre toute sa haine au visage de l’auditeur, avec des vrais morceaux de rage dans le vomi.
Au milieu de toute cette animosité, on trouve aussi des moments où la vigueur baisse les bras et laisse la mélancolie s’installer, comme sur la ballade acoustique “Still They Pray”, douce mais toujours entachée par le chagrin. “Let It Bleed”, sorte de chanson 2 en 1, est la parfaite synthèse de cette fluctuation entre deux univers : Parker chante d’une voix claire et bancale sur des guitares saturées, rappelant presque l’âge d’or du shoegaze, avant de repartir dans un tourbillon de larsens torturés. Impossible aussi de ne pas évoquer la pépite “The Wounding Hours” et son orgue apportant une grâce divine à la monstruosité générale.
Le titre “Dead Among The Roses” résume bien de quoi Cough est le nom. Cough, c’est exactement ça: la mort au milieu des roses. L’immonde au sein du merveilleux. Le macabre élevé au rang du beau. Cette réunion du superbe et de l’abject est présente tout au long de Still They Pray. Avec cet album, Cough s’est intellectualisé et nous propose une œuvre plus spirituelle, parfois un peu épaisse (8 morceaux pour plus d’une heure), mais tellement bien pensée qu’il serait idiot de ne pas faire l’effort de s’y plonger. Cough a enfin trouvé la pierre philosophale qui a transformé sa musique en substance sonore précieuse. En somme, un album taillé d’une pierre de Cough.
L’ego flatté par ce jeu de mot dont le placement est de loin ce qui m’aura pris le plus de temps dans l’écriture de cette chronique, il ne me reste plus qu’à vous conseiller une dernière fois l’écoute de ce splendide album. Dans le noir, évidemment.

C’est toujours un plaisir de retrouver le power-trio texan, et pour tout dire, le plaisir est décuplé ici, car leur galette précédente, 421, est sortie il y a quelques années sur un label obscur, dans le plus coupable silence. Bref : on l’avait zappé, quoi. Plus de dix ans donc depuis le redoutable Balls Out Inn, sorti lui chez Small Stone. Dans l’intervalle, Bobby Landgraf, le guitariste et chanteur de Honky a récupéré le siège laissé vide par Kirk Windstein au sein de Down, rien que ça ! Un petit boost de notoriété qui ne semble pas non plus avoir transcendé le groupe… La présente galette sort chez Housecore Records (le label de Phil Anselmo…) – de là à laisser penser que le piston y est pour quelque chose, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Au niveau du line-up, Landgraf est toujours associé à JD Pinkus (Melvins), tandis que le siège du batteur relève toujours un peu du siège éjectable… Pour l’album, c’est l’occasion d’alterner quatre différents batteurs, dont des pointures comme Dale Crover ou notre chouchou Trinidad Leal (Dixie Witch). Pas vraiment un point faible, donc.
Toujours est-il qu’on ne se fait pas prier pour bouffer la rondelle de ces graveleux texans… On appuie donc sur « play » (Quoi ? Vous pensiez à autre chose ?…) et ça commence dès la première seconde par un riff phat-issime, accouplé à une basse qui le traine encore un peu plus profond dans le gras ; le morceau-titre, par ailleurs parfaitement groovy, donne le ton d’un album qui ne nous laissera pas le loisir de nous ennuyer. Faut dire qu’avec 29 minutes pour huit chansons (et demi), la messe est vite dite. Les titres s’enchaînent donc sans traînasser, bavant leurs rythmiques plombées et chaloupées de leur insolent boogie rock typique des trio d’Austin (ZZ Top pour commencer – voir « Baby Don’t Slow Down » ou « Snortin’ Whiskey », qui ne tromperont personne). Gros gros son tout du long, prod’ roborative mais efficace, et toujours teintée « sudiste » : on aime notamment l’idée des cuivres sur « Outta Season » (couvrant le son lourd et acéré de la gratte), les chœurs très Skynyrd-esques de « Bad Stones »… tout est là pour le plaisir primal de l’auditeur.
Bref, en un mot comme en mille, ce Corduroy est l’un des meilleurs albums de Honky… comme les précédents ! Ni plus ni moins, ce qui en soit donne une bonne indication sur sa qualité. Gageons que le groupe ne sera probablement jamais un groupe référentiel, un challenger au Hall of Fame ou un sujet de discussion au sein de l’intelligentsia rock ou hard rock… Mais ses ambitions sont plus modestes, bien que fort louables : entertainment, comme disent nos amis ricains. Et ils le font bien, alors ne boudons pas notre plaisir.
![Candlemass-Death-Thy-Lover-800x800[1]](https://desert-rock.com/dr/chrocd/files/2016/06/Candlemass-Death-Thy-Lover-800x8001-170x170.jpg)
Plus qu’un groupe, Candlemass est de ces légendes qui ont un jour, sciemment ou non, apporté leur pierre à l’édifice heavy metal. Celle posée par la formation de Stockolm en 1986 est un énorme pavé et a donné, en plus de quelques unes de ses plus belles lettres de noblesse, son nom au doom avec Doomicus Epicus Metallicus. Les précurseurs sémantiques du sous-genre le plus lent du metal ont depuis émaillé leur discographie de quelques albums formidables et d’autres qui le sont franchement un peu moins. Auréolé d’un statut d’intouchables, le combo se permet même d’annoncer, lors de la publication de Psalm For The Dead en 2012, qu’il s’agissait là de leur dernier album, préférant se concentrer pour les années à venir sur quelques EP (comprendre par là publier des titres qui leur plaisent, sans remplissage ni pression d’une grosse maison de disque) et quelques événements ciblés (entendre par là bien payés, en avion, s’évitant les tournées). Un statut de sénateurs du doom que mieux que quiconque Leif Edling et les siens ont bien mérité. Désormais à l’abri chez Napalm Records, Candlemass publie le très bon Dancing In The Temple Of The Mad Queen Bee fin 2012 puis quatre ans plus tard l’EP Death Thy Lover, 4 nouvelles friandises qu’aucun amateur de la formation suédoise ne pourra renier.
Quitte à ne proposer que quatre titres, Candlemass ne se perd en pas en digressions superflues et balance autant de tubes heavy, s’offrant une épique cavalcade avec la chanson titre en ouverture, deux plongées dans les contrées doom avec « Sleeping Giant », aux faux airs de Cathedral ainsi que « The Goose » probablement ce que Candlemass a produit de plus rampant. Pièce maitresse de l’EP, « Sinister N Sweet » se révèle être un mid tempo imparable porté par un riff qui fera à coup sûr lever tous les poings, même les plus septiques. On se prend alors à espérer, en cette ère où la musique subit de drôle de mutations, versant presque dans une sorte de communautarisme séparant les vinylovores des dématérialisés, que ceux – et ils sont nombreux – qui n’arrivent pas être pertinents sur un album entier prennent bonne note qu’un format plus réduit est une alternative enthousiasmante et efficace.
Avantage ultime du format EP : Les 12’s sont pressé pour être lus en 45T, or ainsi passés en 33T, la musique de Candlemass prend des allures de doom d’apocalypse pas inintéressant. Essayez c’est bluffant.
Point vinyle :
L’EP est sorti chez Napalm Records donc il y a quelques couleurs à se mettre sous la dent : du rouge (300 exemplaire, en commande sur leur site), du or (200 exemplaires, toujours sur leur site, avec un slipmate du visuel d’Epicus Doomicus Metallicus) et du classique. Faites votre choix.

Venu du Canada, Blood Ceremony ensorcelle la scène doom dès 2008 et son premier album présentant une mixture de doom à chanteuse et de folk, porté par l’ajout de l’anachronique son d’une flute traversière. Propulsé alors « Jethro Tull du doom », bien aidé par leur tournée en ouverture d’un Electric Wizard fraichement reformé, le combo se fait bien vite un nom et un son. Living With The Ancients (2011) et surtout The Eldritch Dark (2013) finissent alors d’installer confortablement Sean Kennedy et sa bande au sein d’une seine doom florissante. Ainsi, l’apport d’éléments empruntés au rock progressif et l’utilisation d’un orgue enrichit leur son et font d’Alia O’Brien, vocaliste et flutiste, le pendant lumineux de la ténébreuse et inégalable Jex Thoth.
Hélas, trois fois hélas, ce genre de recette résiste souvent mal à l’épreuve du temps et la publication de Lord Of Misrule vient à mon sens mettre un vrai coup d’arrêt à la jolie discographie de Blood Ceremony. L’album, visiblement recentré sur l’idée de produire quelque chose de plus immédiat, de complètement ancré dans les 70’s, à l’instar de son pourtant intéressant single « Old Fires », relègue bien trop souvent la flute à un gimmick nécessaire plus qu’à l’élément central du débat. Exit le doom, l’accent est mis sur cette mode du rétro rock qui a produit le pire comme le meilleur. « The Devil’s Widow » en ouverture d’album est à ce sens un cas d’école de pauvreté musicale. Par la suite l’album oscille entre sursauts (« The Rogue’s Lot », « Old Fires ») et robinet à rock tiède, ponctué de deux ballades folks (« The Weird of Finistere » et « Things Present, Things Past » ) aussi sympatiques qu’oubliables.
Définitivement pas l’album par lequel il vous faut commencer pour découvrir le meilleur de Blood Ceremony, espérons que Lord Of Misrule tienne plus de l’accident de parcours que de la voie que le groupe a décidé de creuser.
Point Vinyle :
Rise Above propose, come pour tous ses artistes, un grand choix. Outre la version noire (600 ex), vous trouverez trois Die Hard (noir à 80 ex, clear et gold limités à 150 ex) ainsi qu’une version rouge (700 ex) et une violette pour le marché US (750 ex). Autre version, une noir et or à 250 exemplaires.

La horde teutonique peut s’enorgueillir de mener une carrière à l’image de certaines de ses compositions : trépidante ! En même pas deux ans, le quintet aura débuté ses tribulations musicales, sorti un premier EP The Goat Ritual (chroniqué par ici jadis), tourné avec des pointures de la scène et même foulé les scènes de certains festivals que nous chérissons (Desertfest germain et Stoned From The Underground par exemple) ainsi que sorti un premier long format chez Svart. Qui dit mieux ?
Il faut concéder, qu’à leur actif, les Allemands comptent dans leurs rangs certains acteurs ayant participé naguère à d’autres tribulations musicales, mais que ceux qui se souviennent de Pyogenesis se lèvent (j’en vois pas beaucoup…) ! Question musique, on repend les ingrédients de la première trace en plus heavy, on fout les potards à coin et on procède au grand déballage d’un stoner sévèrement burné (excusez-moi Madame la vocaliste) baignant dans des effluves de doom pour huit titres à l’attention d’un public de lourdingues (comme vous savez si bien l’être). Du gros heavy qui tache tenacement l’esprit et se retrouve après quelques écoutes à peine à vous tourner en boucle dans la caboche.
Le point fort de cette plaque est sans conteste les performances vocales de la frontwoman, Mona, qui est aussi à l’aise dans ses plans chantés que dans les passages plus bestiaux où ses grognements font merveille. L’efficacité de ce long-format ne saurait toutefois se résumer aux prouesses vocales puisque derrière la femme, ça touche plutôt bien sa bille. « The Gatekeeper » illustre à merveille ce qui attend l’auditeur à l’écoute des 8 nouveaux titres des Germains : une construction assez simple qui débute en douceur avant d’être interrompue brutalement par quelques passages plus appuyés avec, comme renfort aux hurlements, une baisse du tempo et une légère accélération pour reprendre le headbanging puis un pont au riff implacable qui aboutit sur un solo de gratte bien senti avant un larsen final. C’est sans fioriture, c’est basique et ça fait bien taper du pied en rythme.
Les lourdingues débutants de l’assistance s’attarderont sur « Blinder », la première vidéo publiée par le groupe, un brulot frénétique d’un peu plus de trois minutes qui gagne à être écouté et réécouté tant le travail de fond est à la fois créatif et bien ficelé. Pour les lourdingues nostalgiques amateurs de compositions frénétiques, il y a une petite pépite : « Darkest Days ». Le riff de ce dernier rappelle agréablement le joyau que Mustasch commit il y a de nombreuses années : « I Hunt Alone » (une écoute plus que conseillée par moi-même au passage) avec quelques lignes vocales peu éloignées du « Darkest Days » qu’Obituary balança il y a pas si longtemps : un régal !
La perle de cet opus demeure à mon sens : « Gods » qui emprunte un chemin nettement plus soombre (qui a dit doom ?). Six minutes ralenties avec une rythmique énoorme : la basse de Constantin y est brillamment mise en avant et l’ambiance dégueulasse soulignée par les chants hystériques féminins constituent une expérience plus qu’intéressante. Une excellente sortie qui rassemblera les frappadingues férus de sensations fortes et les aficionados de heavy rock plus traditionnel.
Point Vinyle :
La crémerie Svart nous a habitué à d’excellents comestibles et ce n’est pas sur ce coup-ci qu’ils vont nous décevoir. 400 exemplaires standards black seront mis en circulation ainsi que 400 autres en rouge qui tâche avec des stries bleues. Pour compléter la panoplie : 200 plaques bleues et blanches seront mises en vente directement auprès du label.
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