Los Disidentes Del Sucio Motel – Human Collapse

12-Jacket-(7mm-Spine)-RVB

Los Disidentes Del Sucio Motel signe son grand retour avec un troisième album s’intitulant Human Collapse. Bien que cela faisait déjà trois ans que le quintet strasbourgeois n’avait pas sorti d’albums, il n’en demeure pas moins que la productivité ne s’est jamais épuisée. Il suffit de comptabiliser les nombreuses dates données un peu partout en France et en Europe depuis 2013, mais aussi de se souvenir de leur collaboration en 2015 avec Thomas Shoeffler Jr sur un charmant deux titres qui annonçait déjà une suite placée sous le signe du changement.

A la découverte de ce nouvel opus, le premier sorti chez Ripple Music, il est clair que la période des délires cinématographiques de série B et Z tend à disparaître pour laisser place à une musique plus littéraire. Une volonté pour le groupe de créer un Concept album qui se concentre sur une histoire : celle dressant un bilan sur les sociétés humaines à travers les crises sociales et environnementales. Comme le font remarquer les titres d’intro et d’outro de l’opus, il est temps de faire les « bons choix » et de trouver un « point d’arrivée ». N’empêche que la « collision humaine » est imminente, et, semble impossible à stopper. Façon de dire que l’Homme avec un grand H est en train de se diriger vers sa fin. Le débat est lancé. En tout cas, ce troisième album entend faire ressentir tous ces doutes et interrogations à travers une ambiance sombre et profonde.

Le rendu final nous offre ainsi la démonstration d’un groupe qui a su gagner en maturité et en maîtrise artistique. Pour cela, il suffit de tendre l’oreille et de récolter toutes les nuances rythmiques, les mélodies des guitares et la plus-value sonore apportée par Dany et son clavier. Une production époustouflante qui s’explique à travers la collaboration entre cinq excellents musiciens et un magicien du son qu’est Kurt Ballou (Converge). N’oublions pas non plus le remarquable travail de mastering fait par Alan Douches. Si vous ne l’avez pas compris, vous êtes en présence d’un son qui respire l’Amérique.

Dès lors, il est difficile de parler influences, tant elles sont noyées dans la masse de cet opus : Heavy, Sludge, Prog, Hardcore, …. Autant dire qu’on s’éloigne de plus en plus du Stoner pour laisser place à de lointaines inspirations. On pense tout de suite à une musicalité très proche de groupes tels que Korn, Deftones ou encore Sevendust à travers les nombreuses subtilités mélodiques à l’américaine. Prenez le temps de ressentir cela avec « Decision » et « Departure ».  Ces deux morceaux forment le noyau dur de l’album à travers des riffs qui savent trancher dans le vif.  Bien lents, poignants, des refrains qui restent dans la tête et un gros travail sur les voix :  du bon gros Heavy. Néanmoins et paradoxalement, on trouve en position centrale de l’opus « Community » et « Downfall », sans doute les titres les moins charismatiques de l’album, qui semblent ne pas trouver leur place sur cette galette.

Fort heureusement, c’est en domestiquant progressivement Human Collapse qu’on se rend compte que LDDSM a réussi à aller bien plus loin en s’approchant d’une ambiance à la Pink Floyd. On le ressent timidement sur l’introduction « 7PM Choice », peut-être un peu plus sur « Rebirth » avec son ambiance très Prog. Mais c’est surtout la grosse tuerie qu’est « Border » qui nous fait dire ça. A la fois diabolique, pesante mais aussi aérienne, c’est certainement la chanson la plus originale de toute la carrière du groupe. On pourrait croire qu’on est face à du Will Haven ou du Refused, puis vers la quatrième minute on se retrouve projeté en 1973 à la manière Dark Side Of The Moon et de la mythique « Time ». En même temps, ne vous détrompez pas, les fantômes de Alice in Chains ou encore Clutch hantent toujours le son des guitares de Nico et Romain. « Determination » et le final « 5PM Arrival » sont d’ailleurs les titres qui se rapprochent le plus de la fabrique musicale antérieure du groupe, mais avec une énergie plus proche du Sludge.

Cet album marque donc un changement radical dans l’univers de LDDSM . Peut-être que pour certains il faudra laisser murir les écoutes progressives afin d’apprécier cet album à sa juste valeur. Il n’empêche que le pari est réussi et qu’on ne peut que saluer toute l’énergie, l’authenticité et la volonté qui a été mise en œuvre dans ce Human Collapse.

Earth Ship – Hollowed

1000x1000

En cinq ans et trois albums, les berlinois de Earth Ship avaient tracé une voie bien à eux à travers le monde un peu chaotique et trouble du sludge européen, un genre de plus en plus vaste musicalement (et fourre-tout, disons-le) vers lequel il s’est naturellement dirigé après avoir digéré et synthétisé les tendances doom et post-metal (voire prog) de ses débuts. Le solide Withered, notamment, sorti il y a deux ans chez les discrets Pelagic Records (hôte bienveillant mais méconnu de leurs premiers pas discographiques), avait fait forte impression. Napalm records, qui sait avoir du flair, les a donc signés sur ce postulat, et a sorti cet été le nouvel album du quatuor, Hollowed. Les attentes étaient fortes…

De fait, pas de surprise radicale, Hollowed reprend peu ou prou musicalement là où Withered nous avait laissé, mais le titre introductif, « Reduced To Ashes » éclaire très vite l’intention et la prétention du disque : le Navire de la Terre nous emmène avec cette quatrième galette encore plus loin musicalement que ses prédécesseurs. Pas un mince exploit, de fait. Hollowed délivre en onze morceaux autant de séquences bien distinctes, tapant chacune dans des champs musicaux complexes et variés. Déjà, on sait que la digestion devra se faire lentement car le plat est difficile à avaler d’une seule traite. Et petit à petit, donc, se font jour des influences non pas nouvelles, mais plus prégnantes chez le groupe, à l’image des penchants « grunge classieux » emblématiques de groupes comme Alice In Chains, par exemple, ou les travaux sonores quasi-prog des derniers Mastodon. Mais le combo élargit bel et bien son spectre musical, il ne le déplace pas : les amateurs des débuts y reconnaîtront leurs poulains sans problème ! Cette richesse musicale, bien retranscrite dans une prod lourde et efficace, alimente et justifie des dizaines d’écoutes sans le moindre ennui à l’horizon, des écoutes successives qui mettent petit à petit en lumière des compos solides, différentes, très souvent audacieuses et, au bout du bout, accrocheuses. Le travail mélodique est poussé dans ses retranchements… Pas une mince affaire au vu de la complexité de l’appareil et du genre musical pratiqué ! Un groupe lambda se serait perdu sur la chanson titre ou le très mastodon-ien “Valley Of Thorns”, mais ils assurent sur toute la ligne (riff, structures, mélodies, soli, vocaux …). Au final, chaque titre comporte ses moments de grâce : le riff sur-heavy de “In Fire’s Light”, le très catchy “Red Leaves”, un “Castle of Sorrow” qui invoque tour à tour Entombed et… les vieux Metallica ! Une orgie de compos, et très peu de ratés au compteur.

Bref, on se l’imaginait bien ainsi, donc on ne va pas simuler la surprise : Hollowed est riche et complexe, et c’est un album puissant, qui sur la durée se révèle attachant. Il finit en tous les cas de nous convaincre sur le potentiel de Earth Ship : probablement trop discret médiatiquement et trop lourdement enfoncé dans un metal exigeant, on ne peut pas décemment leur prédire une carrière à la Mastodon. Mais à leur échelle, et dans un genre musical plus fermé, on s’en rapproche un peu, l’air de rien. On en reparlera dans quelques années.

 

Beastmaker – Lusus Naturae

 

beast

Beastmaker c’est un peu la success story du moment. Venu de Fresno, Californie, soit le néant culturel et artistique à 3 heures de route de Los Angeles, le trio se passionne pour les films de série Z, l’occultisme cheap et le hard rock dans son écrin le plus rétro. Une sorte de réponse américaine à Uncle & The Deadbeats en somme et, malgré une absence totale de références, Alejandro Saldate Jr, John Tucker et Trevor William Church réussissent à intéresser Rise Above Records, sur la base de quelques vidéos et pistes démo. Un album, une tournée Européenne avec Blood Ceremony, puis une autre US avec Monolord (et les indispensables Sweat Lodge) plus tard, les lettres ensanglantées du logo délicieusement désuet de Beastmaker se sont désormais affichées un peu partout. Pourtant, leur première publication, Lusus Naturae, sortie dans le flot de 2016 aura mis du temps pour atteindre mes oreilles. Il faudra du temps désormais, c’est une certitude, pour l’en déloger.

Par bien des aspects, Beastmaker peut être associé à la vague rétro/occult rock qui sévit ces temps-ci. Lusus Naturae suinte par tout les pores de ces références désuètes, de ce son anachronique, réussissant, en un sens, à créer un pont entre la mélasse doomy d’Electric Wizard et le son horror-pop d’Uncle Acid. Un poil primitif donc, Beastmaker assène son doom à haute teneur en T.H.C. à grand renfort de riffs plombés, bénéficiant toutefois de la voix de Church pour éclaircir son propos. Les titres s’enchainent sans troubler l’écoute et si bien sûr l’inspiration des aînés se fait souvent sentir, quelques véritables moments de bravoure suffisent à hisser le disque sur la bonne pente, celle des albums qui véhiculent le cool : j’en veux pour preuve « Find The Stranger », dont la ligne vocale sur le refrain, obsédante, n’a toujours pas fini de revenir inlassablement me hanter jour et nuit (si quelqu’un arrive à me dire pourquoi elle ne m’est pas étrangère, je suis preneur). Émaillé tout du long de titres entêtants, souvent pertinent, quoiqu’un peu long, le premier album de Beastmaker démontre avec brio qu’il y a un avenir dans la musique, même pour trois freaks de Fresno, CA.

 

Point vinyle :

Rise Above propose la galette en Die Hard (150 copies, avec 7’ et patch inclus. Autant vous dire qu’ils sont sold-out depuis longtemps), en rouge (500 ex), en violet (500 exemplaires), en blanc (189 pressés) et pour finir en vert sur la tournée du groupe (406 disques disponibles en cette couleur). 

Dream Death – Dissemination

dream-death-dissemination

Lee Dorrian est un mec fidèle. Aux prémisses de Rise Above et de Cathedral, les deux grands amours de sa vie (considérant, pour d’évidentes raisons, que Napalm Death a plus des allures d’éjaculation précoce dans les toilettes d’un bar), il y avait Penance, quintet doom, relativement en avance sur son temps dont les têtes pensantes, Brian Lawrence et Mike Smail était également aux commandes chez Dream Death. Penance est l’une des premières publications du label, appelle à devenir mythique et a partagé, en 1993, avec Cathedral une tournée mémorable à laquelle Sleep avait également pris part pour ce qui devait être leurs seules apparitions européennes (avant reformation donc). C’est donc par fidélité, deux décennies plus tard que Dorrian offre à Dream Death, formation oubliée, l’exposition que procure Rise Above par le truchement de la sortie de Dissemination, album de heavy metal aux accents hardcore, n’ayant que peu a voir avec le reste du catalogue.

Il faut dire que l’on était un peu sans nouvelles du groupe de Pittsburg. Depuis leur classique Journey Into Mystery en 1987, deux albums certes mais passés complètement inaperçus. Somnium Excessum en 2013 n’avait même pas trouvé de label à l’époque pour le publier. A l’écoute de Dissemination, il apparaît pourtant que cette situation n’aurait pas dû évoluer. En effet la musique de Dream Death revendique d’excellentes références (Celtic Frost, Angel Witch) et tartine son heavy sous stéroïde de quelques relents hardcore comme… Et bien comme des centaines de formations finalement. Alors pour quelques moments intéressants (le morceau titre, Dominion et son thrash sans concession), le reste de l’album nous plonge dans un ennui certain, voire dans une gène profonde (« Crawling »).

A y regarder de plus près, Dream Death souffre principalement d’une erreur d’aiguillage, n’ayant que peu à voir avec ce que propose Rise Above habituellement. Fans d’Uncle Acid & The Deadbeats s’abstenir, le choc pourrait être fatal.

Point Vinyle :

150 lps en clear, 200 en red, 500 en Purple plus quelques cartons en black standard. Ca va en faire du stock chez Rise Above !

Mos Generator – Abyssinia

10985338_1109978305699697_3232162380130087652_n

« Pourquoi changer une formule qui fonctionne ? », « C’est dans les vieux pots qu’on n’apprend pas à un singe à faire la grimace », « Mais qu’est-ce que t’as fais des tuyaux ? » car voici que déroule Abyssinia le nouveau Mos Generator édité chez Listenable Records et travaillé dans le même pétrin que son prédécesseur, « Electric Moutain Majesty ». Rien de neuf sous le soleil donc, on reste dans l’efficace et le ciselé, l’énergie rock et le savoir-faire (CtrlC/CtrlV) question saintes écritures et reliques 70s.

On se retrouve donc plongé dans un melting-pot d’influences un peu passéistes, un peu psychés, un peu pop (trop?) et finalement, difficilement acceptable et immersif. On traverse l’album de manière pataude et sans réel intérêt. Le trio joue son southern rock depuis 16 ans déjà et l’on sent l’envie de recherche et de s’amuser derrière chaque compo de l’album. Mais à trop vouloir faire on se retrouve avec un disque sans réelle identité. Connaissant les gonzes on ne peut douter de la sincérité de la démarche mais le compte n’y est pas.

A dire le vrai, le paysage actuel est tellement embourbé dans son revival 70s que sortir du lot n’est pas chose aisée. Reste qu’en recentrant le débat, Mos Generator pourrait avoir de sérieux arguments à faire valoir. Il suffit d’écouter le morceau de clôture « Outlander » pour s’en convaincre, ou le début de « There’s no return from nowhere ». A mon sens une volonté sombre et folk sied plus aux américains que leurs expérimentations acides et pop/psychées.

La facture technique de l’album est bonne, on est toujours attaché à la bonhomie du trio mais Abyssinia ne restera pas dans les annales. Une semi-déception donc quand on connaît les qualités du combo. On ne doute pas que ce dernier saura rebondir, ré-affirmant son identité en clarifiant le parti-pris de ses lignes esthétiques.

The Twin Stoners – II

cover the twin stoners

En direct de la belle Aquitaine, le groupe The Twin Stoners s’invite à la fête avec un deuxième EP s’intitulant sobrement II. Histoire de ne pas perdre l’auditeur, vous serez prévenus qu’il s’agit bien d’un Stoner sans artifice ou dénivelé stylistique à la simple prise de connaissance du fil d’actualité facebook du duo. En effet, on parle bien d’un duo guitare/chant et batterie : simple, efficace et tellement plus pratique quand on décide de faire la tournée des clubs et bars de France !

Avec ce deuxième EP, les comparses de Capbreton proposent cinq titres relativement homogènes. On ressent tout de suite la principale influence musicale qui n’est autre que QOTSA. Il suffit de se mettre « Desert » ou bien encore « White Glove Lady » qui suffisent à ressentir cette grosse inspiration à la voix ou encore à la guitare. Ainsi, on est plongé direct dans les années 1990 à la façon « Avon ». Puis, on a de charmantes prises de risques qui pointent le bout de leur nez avec « Gambade (jeune loup) », morceau chanté en français s’il vous plait, et, ça marche super bien ! Donc un grand bravo pour cette réussite d’intégration de la langue de Molière dans un univers clairement shakespearien. Enfin, n’oublions pas de toucher quelques mots sur la prestance rythmique qu’on peut féliciter aussi puisque ici, il n’y a pas de lignes de basses et la batterie doit se charger de tout : on s’en rendra surtout compte avec le dernier titre « Son of the sun ». Puis l’EP se termine sur une touche métallique où quelqu’un prend un certain plaisir à jouer de la barre de fer ou autre pour laisser place à une simple et très courte chanson acoustique.

The Twin Stoners propose donc un très bon EP qui est à la fois énergique et inspiré. Peu de surprise ou de révolutions sonores, mais un opus qui ne triche pas. On attend la suite maintenant.

Salem’s Pot – Pronounce This

a0103469468_10

Mystérieux quintet suédois, aux membres masqués, Salem’s Pot est apparu aux yeux du monde en 2012 avec Sweeden, Lp contenant deux magnifiques ode à la suède, la weed, les films d’horreur et la musique 70’s sur son versant le plus psychédélique, le tout mâtiné d’un son lourd et organique, qu’il convient bien sûr de qualifier de doom. La discographie du groupe s’est depuis étoffé d’un album (… Lurar Ut Dig På Prärien, indispensable), d’un Ep (Watch Me Kill You, indispensable également et réédité récemment), d’un 7’ (Ego trip) et d’un split avec Windhand, probablement la plus belle pièce d’entre toutes.
Sans doute amusé par les terribles difficultés qu’éprouvons, nous autres non-nordiques, à prononcer le nom de leur premier album, Salem’s Pot a décidé d’intituler le second « Prononce This ! » et, au delà de l’anecdote, propose par la même l’une des meilleures raisons de croire qu’il est possible de faire du stoner de très haute qualité en 2016, tout simplement.

Car de doom il en est de moins en moins question, c’est une évidence. Lentement mais surement, la musique de Salem’s Pot a glissé vers quelque chose de plus rock, sans perdre pour autant une once du psychédélisme qui barbouillait déjà ses productions précédentes. Apaisé surement mais bien plus intelligent aussi, la musique du groupe semble en perpétuelle mutation. Ainsi les 50 minutes que durent l’album ne sont rien d’autre qu’un long trip halluciné durant lequel on croise quelques drôles de personnages (« Tranny takes a trip » rien à ajouter), caressant le sublime (« The Vampire Strikes Back » et sa vibe complètement 70’s, « Coal Mind », la plus évidente mais tubesque « Just For Kicks »…) et s’autorisant même quelques escapades dans de lointaines contrées (« So Gone, So Dead » braconnant, sur les terres de la country dans ce qui semble être une métaphore de la descente.). Le tout rehaussé par de nombreux claviers bien sentis, renforçant un peu plus encore l’ambiance psychotrope de l’ensemble.

Salem’s Pot semble avoir découvert, une recette secrète, celle, enchanteresse, du parfait mélange entre chansons immédiates, saillies psychédéliques et énormités stoner. La recette que tous les groupes du genre cherche à appliquer certes, mais soyons sérieux, on ne batifole pas avec la plèbe ici, on caresse l’Olympe. Reste aux suédois à prouver leur valeur en live désormais, puisqu’il s’agit là encore de leur (gros) point faible pour le moment.

Point Vinyle :

Je ne m’en suis jamais caché, de toutes les crèmeries que j’aime à fréquenter, Riding Easy est de celles qui me font le plus saliver. Pour la publication du second (vrai) album de Salem’s Pot, Daniel Hall propose le LP, en sus du test press, en noir, en violet (500 exemplaires pressés) et en Die Hard, avec une couverture alternative, se focalisant sur un des musiciens. Pressé en clear à 300 exemplaires (50 par musiciens), cette version est tout simplement sublime quoi que chère (45 dollars en sus des frais de port). Mais quand on aime…

16 – Lifespan of a Moth

16-lifespan-of-a-moth

Le moins que l’on puisse dire concernant  -16- c’est que leur carrière, longue aujourd’hui de près de 25 ans, aura été tout sauf tranquille. Implacable machine à sludge, pendant « west coast » du noise/hardcore new yorkais d’Unsane ou Helmet, -16- aura connu de nombreux changements de personnel avant de finir par splitter en 2004, rongé de l’intérieur par les diverses addictions, à l’alcool ou aux drogues, de ses principaux membres. Leur résurrection avec Bridges To Burn en 2009 chez Relapse Records aura eu le mérite de remettre au goût du jour cette formation trop souvent oubliée et de permettre à Cris Jerue, Bobby Ferry et leur bande d’enfin accéder à la notoriété à laquelle ils aspiraient.

Lifepan of a Moth, 7ème production d’une discographie dont on aura particulièrement retenu Drop Out et Bridges To Burn, LPs les plus prompst à revenir sur la platine, est dans la droite lignée de ses prédécesseurs. C’est à dire qu’il capture, tout au long de ses 40 minutes, l’essence même du sludge. Toujours pris dans la réalité crue de ses paroles, non sans y ajouter une pincée de dérision et d’humour, Jerue crache avec puissance son mal-être, idéalement soutenu par le foisonnement de riffs déversés à mesure que l’album déroule. « Landloper », idéalement choisi pour ouvrir les hostilités est d’une très grande qualité tandis que le single, répondant au doux nom de « Peaches, Cream, And The Placenta » s’impose sans sourciller comme la pièce du choix de la fournée. Gavé raz la gueule d’ambiance boueuse, tout en s’éclaircissant le museau par quelques touches mélodiques, Lifespan of a Moth est un album aussi grossier à la première approche qu’il est puissant une fois bien assimilé. « Gallows Humor », rouleau compresseur instrumental de près de huit minutes, en est l’exemple le plus flagrant.

Alors qu’il semble qu’une partie du personnel ait encore valsé et que les prochains concerts soient assurés en trio, -16- publie pourtant un album parfait pour accompagner vos chaudes journées d’été. On parle, je le rappelle, d’un groupe dont le nom vient de leur passion, à la vingtaine, pour les filles mineures. Ils avaient alors décidé de s’appeler -15-, puisque c’était là l’âge moyen de leurs copines avant de s’apercevoir que le patronyme était déjà utilisé dans la région. Ils n’ont donc eu d’autre idée que de vieillir la moyenne d’une année. Vous avez dit génie ?

 

Point Vinyle :

Relapse a pressé le nouvel album de -16- en trois versions mais n’en propose que deux à la vente (les 100 clear étant reservés aux membres du groupe et à leurs proches). Ainsi il est possible d’acquérir la version bleu et rouge limités à 300 exemplaires, ou la version noire, simple, tirée elle à 1000 unités.

Foghound – The World Unseen

RIPCD044

Foghound sort son second album chez Ripple, une bonne nouvelle pour nous : signé sur le label américain qui a le vent en poupe, le quatuor gagne en exposition et incidemment en notoriété. Il faut dire que leur premier album, sorti il y a deux ans sur un obscur label, n’avait pas franchement rencontré son public, comme on dit pudiquement… Or, co-fondé par la section rythmique badass de Sixty Watt Shaman (Rev. Jim Forrester à la basse et Charles Dukeheart III à la batterie), le groupe de Baltimore a de quoi susciter un vif intérêt. Le line-up est complété de Dee Settar et Bob Sipes aux 6-cordes.

Fanatiques du Shaman de 60W, on s’est jetés corps et âmes dans cette rondelle en attendant notre dose de gros riffs gras et de compos coups-de-poing subtilement parfumées au sable chaud et de sonorités sudistes. Et bien de ce point de vue, la chute fut rude ! Car ce qui choque (le mot n’est pas galvaudé quand on s’attendait à un ersatz de SWS) c’est la variété des compos et des sonorités proposées : ainsi enrichi d’un travail d’écriture très élaboré, l’album s’avère finalement assez difficile à appréhender. Le chant partagé entre Dukehard et Sipes ajoute à ce sentiment « d’éclatement » et perturbe un peu plus les radars. Et à partir de là, deux options : on se casse le nez sur cet album massif et difficile d’accès, ou bien on le fait tourner et tourner… jusqu’à détecter les interstices permettant de s’y immerger.

Fondamentalement, ce qui marque, c’est la prod massive de l’objet : l’enregistrement par Mike Dean (de COC) n’y est peut-être pas étranger, mais quoi qu’il en soit, le son très travaillé, parfaitement adéquat, sert impeccablement ces compos. Des compos qui explorent tous types de territoires, donc, avec toujours une vraie réussite : du mid-tempo puissant (« Above the wake » étrangement placé en intro), des titres rythmiquement percutants, presque typés « neo » (« Message in the sky » avec sa basse saturée et son son de caisse claire rappelleront les productions de la fin du millénaire, type Sugar Ray), de l’instru électro-acoustique planant (« Bridge of Stonebows ») et d’autres titres formellement inclassables : un « Serpentine » qui fleure bon Clutch, « On a roll » et « Rockin’ & Rollin » qui rappellent furieusement Fu Manchu… Et globalement une production de riffs de haute volée (« Give up the ghost », « On a roll », « Never return »). N’en jetez plus !

Après de très nombreuses écoutes, on va être honnête : on ne sait toujours pas quoi faire de cet album. Sa qualité de composition et d’interprétation sont indéniables : à coup sûr on n’aura aucun mal à le sortir de son boîtier dans un an ou dix ans et l’apprécier tout autant. Sa qualité intrinsèque ne fait pas débat. En revanche, il manque quelque chose pour le trouver attachant et créer le lien affectif (que l’on a avec Sixty Watt Shaman, par exemple) : un manque de cohérence, de clarté et de vision dans l’intention musicale… quel est le projet ?? Si vous aimez vous perdre dans un album, vous laisser porter par la musique, sans forte attache, sans ligne directrice rigide, vous aimerez probablement ce disque, qui déborde de points positifs. Si vous cherchez plutôt l’âme d’un groupe, entendre des musiciens tracer une piste musicale, défricher leur chemin dans une direction qui se fait jour une fois arrivée la fin de l’album… dans ce cas vous aurez peut-être du mal à rentrer dans ce « Never Return ».

Samavayo – Dakota

samavayo-dakota

La diversité culturelle aura toujours du bon, surtout lorsqu’elle réussit à se mélanger d’une manière très subtile. C’est un peu l’effet que nous procure la découverte et l’écoute d’un groupe comme Samavayo. Avec leur nouvel album Dakota, disponible depuis juin 2016, le power-trio a décidé de frapper fort en ne s’imposant aucune limite.

Formé depuis une bonne dizaine d’années, le line-up actuel a surtout pris ses marques vers 2013. Car, petite subtilité, le groupe porté par deux frères Berlinois va s’amorcer grâce au chanteur/guitariste Behrang Alavi, Iranien de naissance alors réfugié en Allemagne. Une belle histoire qui ne peut que se répercuter dans le son de la bande. Alors, oui, sept titres peuvent paraitre un peu court, mais ce n’est finalement qu’un détail. En effet, cet album rassemble une masse d’influences stylistiques qui va en ravir plus d’un. Car ici, on peut retrouver des inspirations Rock allant des années 1960 à aujourd’hui. Le panel de genres est maîtrisé tout en étant très bien compilé. Cela permet donc de détacher le groupe d’une façon originale. Du coup, on se retrouve à dire que tel ou tel passage peut nous rappeler de nombreux groupes, mais, il y a quand même quelque chose de frais qui ne s’explique que par l’énergie déployée par le groupe. Puis la cohésion de groupe est très bonne : personne n’est mis en avant ou en arrière. On ressent bien la volonté de conserver l’efficacité live d’un power-trio. Du coup, ça chante bien, ça joue bien, ça tape du pied et c’est tout ce qu’on attend. Enfin, la production sonore est bonne même si elle ne révolutionne rien, mais tout ce qui compte, c’est ce charmant équilibre entre les instruments et la voix.

Alors parlons un peu de cet album, qui emprunte de nombreuses voies, en commençant par « Arezooye Bahar ». C’est une bonne entrée en matière qui ne cherche pas forcément à surprendre, ni à emprunter des airs d’artifices. N’empêche que le résultat donne envie d’écouter la suite. On peut aussi citer « Cross The Line » et « Overrun » qui sont des morceaux classiques à la base avec de grosses influences comme Kyuss, Black Sabbath, Alice in Chains ou bien encore Soundgarden. On obtient un son lourd, lent avec des couplets classiques et des refrains et ambiances corrects qui font leur effet. Samavayo n’hésite pas non plus à creuser un peu dans le sludge avec le final « Kodokushi », puis surtout à exploiter l’univers Noise avec « Intergalactic Hunt ». Ce morceau instrumental est le véritable ovni de l’album en donnant un effet hyper plaisant et en dévoilant tout le potentiel du groupe. On en redemande sans modération. Enfin, terminons par les deux bijoux de cet album avec tout d’abord « Iktsuarpok ». Ce titre est une tuerie infligeant à nos oreilles une grosse lourdeur, un son massif, une voix puissante : un morceau efficace, mature et tout en nuance. Puis « Dakota » est l’exemple même de la parfaite réussite du mélange des différents univers Rock à travers les âges. C’est comme si QOTSA faisait sauvagement l’amour avec Led Zeppelin : on pense forcément à Them Croocked Vultures !!! Car entre la rythmique démoniaque et ce refrain qui reste en tête, vous ne pourrez que ressentir ce flux énergique de la bande.

On peut donc dire que Dakota est un album très complet, mature et révélateur d’un groupe qui ne se fige pas dans un carcan stylistique mais qui veut expérimenter à foison. Bravo !!!

Throttlerod – Turncoat

TROD cover

Throttlerod construit (un peu dans la confidentialité) son parcours discographique comme un cheminement vers l’aboutissement stylistique, la consécration, l’album référence. Sera-ce ce Turncoat ? En tous les cas, on est heureux de les retrouver: on pensait le trio ricain perdu dans les eaux qui ont mis Small Stone, leur label, à genoux il y a une paire d’années. Tandis que le label remonte la pente, cahin-caha, Throttlerod lui est resté fidèle, et aura attendu une demi-douzaine d’années avant de donner un successeur au très bon Pig Charmer.

Musicalement, le groupe de Matt Whitehead reste sur sa voie : son stoner-metal se détache de plus en plus de ses atours sudistes, pour mieux se concentrer sur la perspective de la compo ultime. En conséquence, on retrouve sur cet album non pas une heure de bonne musique, mais plutôt douze bons titres… Nuance s’il en est en terme d’approche d’écriture, tant chaque chanson paraît ciselée, conçue comme un sous-ensemble propre, et chacune convoquant les atours stylistiques les plus efficaces… tous genres confondus ou presque ! Ce Turncoat manque  singulièrement d’une trame claire : il emprunte à tant de tonalités, de styles (tous liés au metal quintessentiel) que l’on a du mal à caractériser l’empreinte du groupe. Est-ce un mal ? J’ai tendance à dire que non… tout du moins tant que la qualité des titres est de ce niveau. Il n’empêche, quand vient l’inéluctable moment où l’on aimerait pouvoir raccrocher la musique du combo à du « déjà entendu », la difficulté est symptomatique : le son de basse et les plans de guitare de « Lazy Susan » empruntent directement au White Zombie du XXème siècle, le cérébral et solennel « Never was a farmer » pourra rappeler des groupes comme Channel Zero dans sa montée en puissance (et sa conclusion superbement montée en épingle force au respect en terme de composition), le vicieux « You kicked my ass at losing » est une directe émanation des groupes de power metal US, « Gainer » rappellera les excellents ASG, etc…

Et c’est comme ça tout du long ! On entend du sludge, du metal, du grunge, du noise, du neo … Mais toujours à bon escient, sans lourdeur, avec talent et efficacité. Et mélodiquement, on est clairement dans le haut du panier. Alors non, toujours pas : Turncoat n’est pas l’album « sommet » attendu de la part des excellents Throttlerod, la faute justement à ce jeu de piste qui peut perdre l’auditeur dans certains cas. Il n’empêche que le talent développé par ces trois musiciens, musicalement et en terme d’écriture, force le respect. Et en cela notamment, Turncoat est un très bon album.

Boss Keloid – Herb Your Enthusiasm

25743086396_f01e36db62_n

Tout droit venu de Manchester, Boss Keloid a sorti son premier album en 2013, The Calming Influence Of Teeth, survolé par l’influence d’un Mastodon dans ce qu’il a de plus groovy et de progressif. Sans s’être vraiment éloigné de ce chemin, les anglais se sont accordés quelques petits détours sur des sentiers un peu plus paumés. À la fin de leur randonnée, ils nous sont revenus avec des ampoules aux pieds et surtout Herb Your Enthusiasm, leur nouvel album sorti cette année chez Black Bow Records.

En plus d’avoir les mêmes initiales, Boss Keloid partage avec le géant du burger la même générosité calorique. Et d’emblée, le premier titre « Lung Mountain » devrait vous en persuader : ça balance du riff à t’en décrocher la mâchoire et c’est puissant comme un moteur 14 cylindres. Pas étonnant, lorsque l’on sait que l’album a été enregistré au Skyhammer Studio par Chris Fielding, producteur, bassiste de Conan, et homme multifonctions dans le domaine du gras, n’étant pas à son premier coup d’essai. Le chanteur Alex Hurst (d’ailleurs rejoint ici par Jon Davis de Conan) accompagne le tout d’une voix profonde, grave et caverneuse. On pense ici à du Crowbar en plein essor. Convaincu ? Nous aussi.
Fidèle à ses influences, Boss Keloid aime aussi surprendre en intégrant divers changements de tempo et autres passages inattendus, comme sur « Harleem Struggle », ne laissant pas vraiment de repos à l’auditeur.

Mais la vraie originalité de l’album réside dans l’utilisation régulière d’un effet transformant la guitare de Paul Swarbrick en un espèce d’orgue de barbarie suranné, ronflant et vacillant. Son timbre vieillot nous plonge comme spectateur d’un spectacle burlesque dans un cirque déglingué, avec quelques bêtes de foires çà et là. Dans un premier temps surprenant, on adhère rapidement à cet instrument non identifié, dont l’utilisation est toujours intelligente et jamais excessive. Quasiment tous les morceaux pourraient être cité en exemple, mais on peut vous donner en vrac « Axis Of Green », « Lung Valley » ou encore « Elegant Odyssey », pour les plus savoureux d’entre eux.
« Hot Priest », le dixième et dernier morceau (le plus long également), se permet de donner le dernier coup de marteau sur le clou du psychédélisme colorant l’album du début à la fin, avec une wah-wah enflammée et toujours ce fameux orgue de la quatrième dimension.

Dans un genre où les vraies nouveautés ne sont pas monnaie courante, Boss Keloid réussit à combiner des sonorités improbables et déconcertantes à des influences classiques, et cela s’avère vite séduisant. On pourrait même déplorer certains passages finalement bien trop ordinaires au regard d’autres carrément plus originaux. Mais ce serait chercher la petite bête, car quoiqu’il en soit, Herb Your Enthusiasm place directement Boss Keloid dans la catégorie « Procol Harum du Sludge », avec pour seul concurrent eux-mêmes.

The Order Of Israfel – Red Robes

658_TOOI_CMYK

C’est à l’automne 2013 que se forme The Order Of Israfel, entité doom épique, dans la plus pure tradition suédoise dont la principale attraction réside en la présence de Tom Sutton, le blondinet au milieu des japonais de Church Of Misery entre 2006 et 2013. Respectueux de ses ainés, le groupe convoque les grandes figures du genre, Candlemass en tête, à la table ronde des chevaliers du heavy lent. Leur premier album, Wisdom, signé chez Napalm Records avait sucité un émoi certain sur le vieux continent, porté par quelques titres fort bien achalandés (« Wisdom », « Morning Sun ») et les tournées successives avec Lonely Kamel, puis Pentagram (Sutton est guitar tech pour Griffin) ont fait définitivement des suédois (d’adoption pour le très british Sutton) un groupe installé dans le giron des formations sur lesquelles tout amateur sensé de doom dans son apparat le plus traditionnel se doit de garder un œil.

La publication de Red Robes deux ans plus tard mérite alors que l’on y porte une attention toute particulière. Dans la droite lignée de son prédécesseur, ce disque est traversé par un souffle presque médiéval (la pochette est d’ailleurs une représentation moyenâgeuse et transposée de l’image du moine de la révolution de Safran en Birmanie en 2007), soulignant un peu plus les aspirations traditionnelles d’Order Of Israfel. Red Robes est parsemé de trouvailles (les vocaux sur « The Red Robes », les quelques notes acoustiques en ouverture de « Swords To The Sky », les aspiration à la Saint Vitus sur « Fallen Children » etc.) et recèle de nombreuses raisons de s’enthousiasmer, faisant oublier certains riffs faciles et la voix, pas toujours prenante de Tom Sutton.

Creusant un peu plus encore la voie que Wisdom avait défrichée, Red Robes s’enfonce un peu plus dans l’épaisse forêt du heavy doom traditionnel, rendant hommage aux maîtres du genre et si rien ici n’est véritablement nouveau, l’atmosphère nordique et les grandes envolée mélodiques charmeront ceux qui se laisseront porter. Et tant pis pour les autres.

 

Point Vinyle :

Napalm fait du Napalm et propose 3 versions en LP :

  • 100 en Gold, avec DVD
  • 100 en Red
  • Le LP classique en noir.

A noter que les deux versions couleur et certains noirs s’accompagnent d’un DVD de la prestation live d’Order Of Israfel au Sweden Rock Festival 2015.

Radio Moscow – Live ! in California

radio moscow

Avec cinq albums dans leurs bagages et des kilomètres de route internationale au compteur, Radio Moscow a compris que c’était l’heure pour un album live, d’autant que pour ne rien gâcher, leur maîtrise sur scène n’est pas à démontrer. Enregistré sur deux dates au club The Satellite à Los Angeles, ce live propose donc de nouveaux arrangements des morceaux connus et la reprise de « Chance Of Fate » du groupe Sainte Anthony’s Fyre.

Pour rappel, Radio Moscow est un trio de San Diego cataloguable 70’s avec tout le groove, le psyché et la technique que cela sous-entend. Il faut surtout souligner le travail de Parker Griggs, incontestablement maître de sa guitare, en plus de proposer un chant de facture classique mais reconnaissable, bref on s’attend à un déluge de soli aboutis aptes à nous faire acheter des pattes d’eph’.

Très propre, la capture sonore rend honneur à la performance avec un mixage impeccable des différents instruments et de la voix. Les clameurs du public et l’ambiance sont disséminés çà et là en début et fin de morceaux, comme on pouvait s’y attendre. Étrangement, on note un côté parfois brillant du son, qui a tendance à user rapidement l’oreille à fort volume. On perd également en nuances pour le chant, que l’on sent plus forcé mais toujours juste. C’est du live, c’est la vraie vie, c’est les tripes et l’énergie avant tout quoi.

On baisse donc légèrement le volume et c’est parti. Les arrangements pullulent définitivement et à tous les niveaux, des effets aux instruments. On peut par exemple noter une batterie complètement différente sur “These Days” et un “Before It Burns” multiplié par deux dans la longueur (et pas pour des prunes).

Il reste que les morceaux de Magical Dirt, le dernier album en date, semblent tout nus si écoutés juste après ce live. C’est d’ailleurs, à mon avis, le meilleur argument en faveur de cette production qui pousse tous les curseurs bien plus loin que les originaux pour un résultat moins propre mais très généreux.

Filthy Lucre – Mara

a4245206906_10

Venu des terres australes, Filthy Lucre, duo guitare-batterie pose, mine antipersonnel de rien, une petite bombinette de stoner-blues crasseux et pourtant frais avec leur dernier album en date, Mara, paru début 2016.

Le coup d’une tracklist à 14 morceaux n’arrive finalement plus si souvent que ça, alors quand on découvre ce nombre sur la galette, on se dit qu’on va peut-être se fader une petite indigestion à la moitié du skeud. Que nenni par ici. Les titres sont cuisinés façon cassolette, ptite poêlée fringante de riffs inventifs et production léchée. Alliant le groove d’un Loading Data, la hargne d’un Black Pistol Fire et la sexytude d’un Picturebooks, les australiens invitent à une danse des corps inévitablement salace et partageuse. Et l’album de dérouler sans qu’on n’y baille aux corneilles. On passe avec justesse d’effets de production à la rudesse d’un bottleneck, de lignes fuzzy et sèches au martèlement d’accords plombés de gras, de frappes de grosses caisses façon Mike Tyson à la danse de cymbales stylée Mohammed Ali.

Au sortir du voyage, le groupe se fend même d’une reprise cambouis du « Sail » de Awolnation, un titre radiophonique tout naze qui, une fois couvert de boue, dévoile un ptit côté sexy, un peu comme Bugs Bunny quand il se déguisait en fille et qu’il ressemblait à une lapine.

Pour conclure…gros coup de cœur voilà tout ! Luke Marsh et Ed Noble, nouveau hérauts de la cause rock vont venir dégueulasser régulièrement mes oreilles de leur titres coquins et enlevés. J’ai l’épiderme encore tout sensible de cet enchaînement « Mara », « Boundless Plains ». Filthy Lucre rules !

Se connecter