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Le temps se rafraîchit, la sculpture sur citrouille approche, et les maîtres sorciers de Richmond reviennent avec un nouvel album. Maintenant bien installé chez Relapse Records, Windhand sort son quatrième album intitulé « Eternal Return ». Un éternel retour sans conviction et sans saveur, ou un éternel retour fracassant les portes du conformisme avec un grand coup de pied dans les burnes du conventionnel ?
La pochette d’ « Eternal Return » reprend les mêmes codes graphiques que son excellent prédécesseur « Grief’s Infernal Flower » : d’une typo identique, on trouve le nom du groupe au milieu en haut, le nom de l’album juste en dessous, et un dessin aux couleurs usées. Ici, une femme en longue robe rouge se tient à l’orée d’une forêt entourée d’un lac gelé.
Après le succès de « Grief’s Infernal Flower », Windhand a intelligemment décidé de poursuivre dans la même direction. La formule n’a pas changée, les riffs abrutissants et diaboliques (Halcyon, First To Die, Red Cloud, Diablerie…) accompagnent le chant de Dorthia Cottrell, le tout ponctué de solos psychédéliques. Très lent lorsqu’il est doom (Eyeshine), plus entrainant lorsqu’il est psyché, voir grunge, l’ambiance d’un album de Windhand se situe quelque part entre le projet Blair Witch et une soirée Ouija dans une cabane en bois avec des bougies et des amis, ivres et nus.
Comme nous laisse penser la pochette, la femme est mise à l’honneur sur « Eternal Return ». Après s’être essayé à un projet solo acoustique en 2015 (album vivement conseillé), Dorthia prend de plus en plus de place sur chacun des morceaux, et illumine l’album en donnant à Windhand toute sa profondeur. Pour se convaincre de la beauté de la voix de cette femme, écoutez donc la ballade Pilgrim’s Rest. Une voix chaude et caverneuse qui fonctionne aussi bien sans apparat qu’avec l’instrumental sombre et joyeusement lugubre très typique du groupe. Dans les deux cas, la sirène Dorthia nous hypnotise et notre seule envie serait de la rejoindre, au risque de marcher sur cette fine couche de glace et d’y passer au travers.
Le neuvième et dernier morceau d’ « Eternal Return » (et aussi le plus long), Feather, synthétise les capacités de Windhand : respectivement adoucir, émouvoir, inquiéter, et faire peur, enfin. Sans le mettre au dessus ni en dessous de « Grief’s Infernal Flower », on place ce nouvel album au même niveau, et on file écouter l’album solo de Dorthia Cottrell, une des plus belles voix de la scène doom actuelle.
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Six ans. Six ans qu’on attendait des nouvelles de Ancestors. Depuis son moyen «In dreams and Time» en 2012, on se demandait si le combo de Los Angeles avait définitivement enterré le riff de guerre et tiré sa révérence. Par le truchement de quelques nouvelles numériques, on se doutait que quelque chose se tramait. Ce quelque chose s’appelle « Suspended in Reflections », il est paru chez Pelagic Records et a sacrément la gueule d’un des joyaux de l’année pour qui aime les atmosphères tout en harmonies mélancoliques et mélodies lumineuses. Pour le tonton fan de gras il faudra passer son chemin, le combo ayant gardé peu d’éléments doom dans sa recette.
Pour les autres on se retrouve avec trente-six minutes de bonheur découpées en six titres bonbons, au cœur/cohérence sucré et compositions intelligentes. Dès les premières secondes de « Gone », Ancestors plaque un métal atmosphérique puissant, lancinant et subtil. Oubliant les jams Earthlessiens du début, réduisant à l’essentiel les impacts, le groupe livre un exercice d’épure réussi.
On est jamais bien loin de l’idée qu’a pu développer Pink Floyd sur son titre Echoes. On est même en plein dedans, à savoir construire, étirer une idée, la pousser dans ses retranchements. Et sur « Suspended in Reflections » l’idée est travaillée sur l’ensemble de la galette. A tel point qu’il nous semble traverser l’album comme une seule et unique composition. Piqués de trouvailles étonnantes et pour le moins aventureuses, les titres ne tombent jamais dans l’ennui et courent toujours sur ce fil délicat. Par la grâce d’un vocoder subtilement placé en début de compo, par l’arbitrage d’un pont tout en contrebasse, par l’équilibre juste d’un chœur féminin susurré ou le contrepoint merveilleux de cordes, chaque piste de l’album révèle une véritable richesse intérieure.
D’aucuns pourraient trouver trop d’emphase à ce nouvel opus, un penchant pour le pompeux, la faute peut-être à ses envolées à la limite du post-rock. Reste que ces éléments demeurent une ossature solide pour la base narrative et un élément indispensable pour le chant. Toujours placé justement, inspiré jusqu’au bout, il est un instrument à part entière dans le mixage, très réussi lui aussi.
Vous l’aurez compris, détenir « Suspended in Reflections » de Ancestors dans sa discographie est une obligation. Travail d’orfèvre délicatement ciselé, cet album est une respiration bienvenue dans le genre, un must-have que l’on goûte avidement à chaque passage sur la platine. Et si vous trouvez qu’il est trop mélodique c’est que vous n’avez pas de cœur.
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Komatsu, c’est quatre gars de Eindhoven qui depuis 2010 jouent dans la cours du Stoner et ont attendu deux ans pour sortir leur troisième album plein format, “A New Horizon” produit par Argonauta Record. Le groupe pousse vers un son que d’aucun pourrait qualifier de “Sludgy” , voyons donc s’il s’agit d’un nouvel horizon pour le paysage du Rock façon Desert
Gros Stoner qui tâche d’entrée de jeu avec “I Got Drive”! Le morceau contient déjà ce qui va faire l’intérêt de l’album, des riffs en boucles, joués vites et ultra saturés. Si parfois je penche pour un esprit à la limite du Mastodon, je retrouve toujours un arrière goût de Clutch (en particulier dans le chant) et les pistes s’égrènent avec un sentiment de terrain connu. Il faut admettre qu’on est plus avec ce New Horizon sur un album défouloir que sur une œuvre de première bourre en matière d’originalité. Pour autant il faudrait être bégueule pour nier le travail de Komatsu, ça tient la route de bout en bout et le mix est loin d’être dégueulasse.
Au menu, “Surfing A Landslide” dispense un Fuzz spatial bien exécuté et qui présente une force de composition plus intéressante que la majeure partie des pistes de l’album avec son esprit West Coast. “Love Screams Cruelty” démontre l’équilibre des structures avec son intro, toute en profondeur et chaque instrument trouve sa place. On décèle parfois une pointe d’originalité et dans le genre “Komatsu” est un montage de Stoner avec des riffs à la limite de l’indus lent et mécanique dans l’intro puis s’accélère pour revenir dans les clous. Polissons, vous avez failli nous avoir! De “Walk A Mile” on retiendra surtout le crunch des guitares qui rappellent des réglages à la Marc Knopfler, bien joué les gars, on se sent comme dans un fauteuil club un peu remuant!
Si “A New Horizon” ne fera pas une entrée fracassante dans toutes les discothèques, il est à parier qu’il s’agit d’un golden ticket pour une expérience Live et ce pour deux raisons: Premièrement une habitude affirmée de la scène garantie par l’ouverture pour notamment Karma to Burn, The Sword, Red Fang, Clutch… et secondement un envie et une force qui n’est pas donnée à tous les groupes du circuit.
Au final un album qui s’écoute sans bailler mais sur lequel on ne reviendra pas tout les quatre matin, faute d’une grande originalité. Komatsu confirme sa place dans le genre par une bonne digestion de ses pairs et une maîtrise tant instrumentale que structurelle. L’horizon est azuré au dessus du sable du désert, le vent ne souffle pas, tout est calme. Komatsu file au loin dans le décor avec ses acolytes de la légion Stoner Rock.
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Lors de ma chronique de Possession, le premier album de Vodun paru en 2016, je m’étais lancé dans une prédiction que je réitère aujourd’hui. D’ici peu de temps, Vodun va lisser son propos et devenir un groupe important, sortant des discrets circuits qui sont encore les siens et nous frustrer, nous autres, découvreurs de jolies fleurs quelques semaines avant la floraison et jaloux lorsque les autres en font un bouquet. Vodun est un trio anglais, porté par une batteur (non il n’y a pas de faute de frappe, ni dans cette phrase ni sur l’album) au jeu absolument génial, un guitariste bas du riff et une chanteuse à la présence scénique et à la voix pas loin d’être uniques. Mélangeant préoccupations ethniques, théâtralité exacerbée et grosse ingénierie métallique, porté par des clips conceptuels qui servent la personnalité atypique de la formation, Vodun est ce qu’on peut appeler sobrement un groupe avec son propre univers. A quel wagon raccrocher le trio ? Difficile.
Vodun fait son truc et le fait bien. Dès « Spirit Past », le ton est donné. Amateurs de musique facilement lisible, passez votre chemin, frustrés devant le chant maniéré, allez voir ailleurs si ça chouine. Pour les autres prenez le temps de vous faire à l’ambiance tribalo-cosmique du disque, aux borborygmes et percussions émaillant ses pistes, à l’avalanche de notes qu’est « Providence Of Ancestors », pour en comprendre toutes les subtilités. Et au milieu de tout ça « New Doom », sur lequel le chanteur de Turbowolf vient coller sa voix à celle de Chantal Brown (un juste retour des choses puisque cette dernière était passée mettre quelques octaves sur le dernier disque de leurs compatriotes). Entre couplets d’inspiration Uncle Acid et refrains du cosmos, ce titre interpelle – au minimum – et enchante si l’on a le groove au bon endroit. Car c’est cela que fait finalement Vodun : synthétiser les appétences de la scène heavy anglaise de ces années 2010 pour l’emmener dans l’espace, là où sa personnalité gravite. Éprouvé sur quelques belles scènes, ayant déjà circulé dans les réseaux underground français, Vodun est en passe de confirmer son talent scénique et musical à échelle plus industrielle. Et c’est plus que mérité.
Point Vinyle :
Petite sortie, petit pressage : juste 500 exemplaire en bleu et blanc pour le premier press.
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ASG où l’un des groupes les plus mésestimés de la scène stoner. Comment expliquer que cette formation, signée chez Relapse Records (difficile de faire mieux) et proposant une musique d’une telle qualité, ne soit pas plus reconnu à travers le monde ? Ils ont pourtant fait un quasi sans faute depuis 2008 (la première partie de leur carrière était plus confidentielle encore) : accointance avec Vans, splits avec leurs voisins de Karma To Burn ou Red Fang, eux en pleine renaissance à ce moment là, signature chez Relapse et musique de grande classe. Ce groupe fidèle (artworks par Malleus, productions par Matt Hyde) n’a pourtant jamais vraiment décollé. Trop loin de L.A. ? Trop peu prompt à tourner et spécialiste des rendez vous ratés (le Hellfest 2012 par exemple, qui a donné un rattrapage épique aux Stoned Gatherings quelques jours plus tard) ? Probablement. Mais aussi une voix, particulière, mélodique, les plaçant un peu à l’écart du grand barnum stoner (et un nom gentillement craignos OK).
Et pourtant. Et pourtant ASG signe avec chaque album un véritable trésor d’imagination, de riffs foisonnants, de mélodies surprenantes et fait chaque fois démonstration d’une classe incontestable. Survive Sunrise leur 5ème album (ou 3ème finalement si l’on ne compte que leur seconde partie de carrière) est dans la droite lignée des travaux précédents. Précis et percutants, les meilleurs morceaux du disque (« The Heaven Moon », « Survive Sunrise », « Heavy Scars » ou la lancinante « Hawks On The Run ») sont à compter parmi ce que le groupe a fait de mieux. Tantôt franchement violent (« Up From My Dreams »), souvent délicieusement mélodique (« Weekend Money » au goût poivré d’un Corrosion Of Conformity) cet album ne souffre d’aucun défaut, si ce n’est peut être sa longueur. Et loin de moi l’idée de faire souffrir ma chronique du même mal.
Et dire que j’ai déjà lu de-ci, de-là, d’étranges avis qualifiant Survive Sunrise d’effort plus faible que les précédents… Décidément je ne comprendrais jamais mes pairs.
Point Vinyle
De nouveau sorti chez Relapse Records (anecdote amusante, une chanson du tout premier et méconnu album du groupe, The Amplification Of Self Gratification, se nomme Southern Lord), ce double Lp est beau comme tout avec son artwork de classe. Le premier pressage est proposé en « Red, Blue, Mustard et compagnie » (limité à 100 exemplaires, oublies), en blood red (250 ex), en Red and Cyan (500 ex), en Cyan (200ex) et en noir tout simple. Et noir c’est bien hein.
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En tout juste plus de dix ans d’existence Conan a su s’imposer comme l’une des formations les plus prolifiques de la scène doom/sludge mondiale grâce à des albums de grande qualité et d’incessantes tournées. Défendant au fil de ses productions un univers artistique unique qui mêle imagerie guerrière, morceaux aux tempi lents, chant hurlé et son extrêmement massif, le groupe originaire de Liverpool, ajoute aujourd’hui à sa discographie un quatrième album studio, Existential Void Guardian, qui paraît chez Napalm Records.
Le point fort de la musique des Anglais n’a jamais résidé dans sa complexité mais dans la cohérence et le jusqu’au boutisme absolus de chacun de ses aspects. C’est dans cette optique que s’ouvrent les hostilités avec “Prosper On The Path” qui a tout de l’archétype du morceau de Conan: le son est tellurique, les riffs sont monolithiques et, renforcés par l’arrivée du chant de Davies, instaurent immédiatement l’ambiance guerrière caractéristique de la musique des Liverpuldiens.
Habitués des épopées flirtant avec la dizaine de minutes, les Anglais ne nous proposent, sur Existential Void Guardian aucune piste n’excédant les 7 minutes (mention spéciale au grindesque tourbillon de blast “Paincantation” et ses 55 secondes!). De même, si le groupe a construit sa notoriété sur la base de morceaux down-tempo, on note sur cet album, à l’image de ce qu’il est possible d’observer sur Revengeance (“Throne of Fire”, “Revengeance”), la présence de plusieurs pistes aux tempi plus rapides (“Eye To Eye To Eye”, “Paincantation”, “Volt Thrower”). Cela a pour effet, par le biais du positionnement clairsemé desdits morceaux, de faire alterner les rythmiques entre les morceaux de l’album ce qui rend l’écoute globale plus riche et variée.
Moins attendus sur ce terrain là, Jon Davies et sa bande nous servent sur cet album plusieurs pistes aux refrains plus accrocheurs que de coutume avec le puissant “Eye To Eye To Eye”, le coup de poing “Void Guardian” et le très épais “Amidst The Infinite”, pierre angulaire de l’album, mené par un chant à deux voix des plus saillants et qui se termine sur un riff doomissime qui laisse présager la lourdeur des derniers titres de la galette.
Enfin, “Vexxagon” et “Eternal Silent Legend” officient dans un registre proche de celui auquel le groupe nous avait habitué sur l’ensemble de sa discographie (et notamment sur ses premiers albums). Les tempi y sont très lents et les morceaux semblent avoir été placés en fin d’album pour asséner un coup de grâce à l’auditeur. Cependant, ces compositions durent moins de 7 minutes, signe que les Anglais choisissent de privilégier, comme sur l’ensemble du disque, l’efficacité et prennent moins leur temps pour développer leurs titres avec un certain empressement.
Vous l’avez compris, sur Existential Void Guardian, Conan développe sa formule en faisant cohabiter les évolutions artistiques entrevues sur Revengeance et les nombreux points forts de ses albums précédents. Le groupe maîtrise sa formule mieux que jamais et a le bon sens de faire varier ses créations davantage qu’à l’accoutumée pour parvenir à reléguer au second plan l’aspect redondant de sa musique. Sans dénaturer aucunement leur projet artistique, Jon Davis et sa bande ajoutent ainsi du relief à leur propos, enrichissant par la même occasion les (ré)écoutes, captant mieux que jamais l’attention de l’auditeur et nous proposent ce qui pourrait être leur tout meilleur album tout en s’affirmant définitivement comme l’un des poids lourds de la scène.
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Brant Bjork fait partie de ceux qu’on ne présente plus, des tauliers, des mecs qui sont là depuis le début et qui sont bel et bien encore là. Donc je ne vais pas vous faire la mini-bio classique en introduction de ma chronique, ne serait-ce que parce que citer la liste des groupes auxquels a participé notre ami du jour demanderait bien trop de temps. Bref, le nouveau Brant Bjork est là, il est tout chaud et il ne demande qu’à être dégusté.
Même si Brant est un incontournable du stoner, il a tout de même ses détracteurs. Certains lui reprochent son manque d’audace et de prises de risques, le fait que cela tourne toujours un peu autour des mêmes plans, du même esprit et que chaque album ressemble au précédent. Si je m’inscris en faux pour cette dernière remarque, je dois reconnaître que les premiers arguments sont recevables bien qu’exagérés.
Une fois de plus avec cet album, si vous êtes à la recherche d’un truc nouveau ou d’un concept album bourré d’expérimentations, alors passez votre chemin. Cependant si vous avez une petite envie d’un album à l’ancienne, soigné, peaufiné, sans défaut et qui ronronne en vous charmant les oreilles, Mankind Woman est un modèle du genre. Dans la déjà très chargée discographie de Brant Bjork en solo (on parle quand même là de son onzième album studio ! auxquels s’ajouent Tres Dias et le Live), celui-ci est assurément à mettre dans le haut du panier.
Le premier argument pour vous convaincre c’est que Brant a travaillé le son de sa guitare pour obtenir un résultat plus proche de ce qu’il présente habituellement en concert. Argument difficilement appréciable si vous n’avez jamais vu l’artiste en concert alors disons simplement que ce son sonne plus authentique, moins filtré, un ton légèrement plus bas, un peu moins aérien. Les riffs et autres solo sont bien travaillés et la guitare est souvent doublée, chose très appréciable. On retrouve bien sûr quelques facilités sur les plans de guitare mais aussi un bon paquet de fort jolies choses qui flattent les tympans. On sent que la composition des morceaux a été travaillée, que la copie a été lue et relue avant d’être rendue. Un album très généreux niveau guitare.
Le second argument qui peut et doit être mis en avant c’est cette production et ce mixage de toute beauté. Guitare, basse, batterie et chant, tout s’entend distinctement. On est à mille lieues de la bouillie qu’on peut parfois trouver où on n’arrive pas à savoir qui joue quoi et ce qu’on entend réellement. Un réel plaisir de pouvoir par exemple se concentrer sur la ligne de basse et de pouvoir la distinguer parfaitement, d’autant que là aussi c’est du beau boulot.
Mais le plus bluffant est de parvenir à séparer chaque partie tout en gardant ce sentiment d’unité, de cohésion de l’ensemble. Félicitations à ceux qui ont bossé sur ce disque car c’est tout simplement un exemple de ce qu’il faut faire.
Finalement et même si j’aurai pu ajouter quelques arguments, nous avons là un album de 11 titres bien écrits, très riches et généreux qui en plus sont mixés à la perfection.
Brant Bjork poursuit sa route comme il l’a toujours fait, en ne se préoccupant pas des modes, avec cette sincérité indéfectible et une envie de bien faire mais surtout de faire ce qu’il aime sans se laisser tourmenter par les critiques.
Point vinyle :
Heavy Psych Sounds a fait (un peu trop?) fort du côté des galettes puisque vous pouvez trouver : 100 vinyles “colour in colour” marron et orange, 250 vinyles trois couleurs mélangées orange/rouge/marron, 250 vinyles trois couleurs séparées orange/violet/jaune, 750 vinyles “splatter” sur base transparente avec couleurs jaune, orange, violet, marron et rouge, 50 test press sur vinyle noir et finalement des vinyles noirs.
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Loin de souffrir de leurs nombreuses tournées, ou des réguliers changements de line-up, la créativité du trio Ukrainien semble intarissable. À moins qu’elle ne puise justement dans ces mouvements perpétuels pour produire encore. Toujours est-il que trois ans après le succès de The Harvest, Stoned Jesus profite de la rentrée musicale pour sortir chez Napalm Record son quatrième album : Pilgrims. Et, une fois n’est pas coutume, le groupe nous prend à revers.
On le sait désormais, la force du trio réside dans sa capacité à se réinventer en permanence ; à capter l’influence de ses pairs pour en extraire une essence qu’il transforme en d’audacieuses compositions se démarquant tant par leur richesse que par leur originalité. Ce qui le rend particulièrement difficile à catégoriser. Et c’est tant mieux ! De cette façon, si Seven Thunders Roar se démarquait par sa beauté, la profondeur de sa narration, suggérant le conte d’un vieux chaman narré sous un ciel étoilé et rempli d’animaux mystiques, Pilgrims dénote par la tension qu’il véhicule et cette sensation permanente de mélancolie.
Après le percutant « Excited » d’introduction, qui propose des riffs vigoureux, un rythme dynamique et une énergie indéniable, on plonge vite dans la sombre mer de « Thessalia ». Et dès l’intro, on sent toute la lancinance du morceau. Une tension instaurée de bout en bout. D’un côté, la ligne de basse simple et redondante installe un climat d’urgence, renforcé par une batterie discrète mais pressante. D’un autre côté, les riffs d’Igor qui débutent en palm mute se hissent ensuite crescendo vers les hauteurs explosives. Tandis qu’en dernier lieu, vient sa voix qui s’étire, qui se perche comme une épée de Damoclès au-dessus du protagoniste et le menace.
On ressent le même malaise durant « Distant Light », qui bénéficie d’une construction similaire, avec un refrain peut-être plus mou encore. Et pour « Feel », la tension lancinante nous englue tant dans l’apathie qu’elle transforme presque la musique en un appel à l’aide. Et à l’approche du refrain final, c’est une prière de miséricorde…
« Hand Resist Him », d’abord assez évocateur de Mars Red Sky (réminiscence, s’il en est, de la tournée du trio de Kiev en compagnie de nos amis bordelais), rattrape le coup par son envolée finale vers les cieux intangibles du psychédélisme déluré. Altitude salvatrice également atteinte à la sortie de « Water me ». Même si durant les sept premières minutes du morceau, il s’agit d’une pièce lente, incantatoire et épurée à souhait. Le retour au doom du premier album. Mais un doom trop propre. Un doom sans graisse ajoutée. Un doom bio.
Au cours de l’écoute de ces sept pistes, on évolue donc bien loin de l’énergie habituelle du groupe. Le groove à faire chavirer de « Wound » ou d’«I’m an Indian » brille ici par son absence. Mais on y découvre à la place une substance nouvelle. Un style aussi subtil qu’auparavant mais avec une approche bien différente de ce qui fait leur musique. Et lorsque l’on constate le nom du titre clôturant l’album (« Apathy »), on se dit qu’il ne s’agit guère d’un hasard. Stoned Jesus se renouvelle, sort de sa zone de confort et expérimente encore, afin que le moment venu, le trio transcende une nouvelle fois ses créations sur scène et leurs offre ainsi la valeur qu’elles méritent.
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Il existe deux façons d’appréhender les derniers albums de Clutch, et en particulier Earth Rocker et Psychic Warfare. Ce binôme remarquable a permis au groupe de jumeler la production d‘albums de qualité, intègres et efficaces, tout en amenant Clutch à un niveau de notoriété jamais atteint. Rien de critiquable, le quatuor mérite au contraire le plus grand respect pour ce résultat. Toutefois, les esprits chagrins (dont une part de notre équipe) déplorait la prise de risques minimale opérée entre ces deux albums : pour certains, pour battre le fer tant qu’il était incandescent, Clutch a produit avec Psychic Warfare une sorte de « Earth Rocker – part 2 ». A l’heure de décider de la suite à donner à Psychic Warfare, le groupe avait plusieurs options à sa disposition : laisser le train poursuivre sa course en avant frénétique, ou bien lever le nez du volant et ralentir, voire le faire dérailler ? Toujours intègre mais aussi raisonnable et responsable, le groupe a plutôt choisi d’opérer un virage ; pas brutal, mais significatif…
Pour ce faire, ils ont commencé par changer de locomotive… euh, de producteur. Exit le fidèle et efficace Machine, enter Vance Powell, machine de guerre au large spectre musical (en termes de production), récipiendaire d’une quantité significative d’awards, mais avec une connotation country-blues rock assez marquée (avec toutefois sur son CV pas mal d’escapades qualitatives en terres saturées). Le pari s’avère assez rapidement payant, tant en termes de mise en son (impeccable, jamais outrancière et jamais cheap) que de choix relevant presque de la co-composition (instrumentations, articulations…).
L’auditeur confronté à l’album se retrouve devant une masse de chansons où, justement, cette valeur ajoutée trouve tout son sens : sans jamais friser l’indigestion (un vrai risque, avec 15 vraies chansons à assimiler, quand même !) le talent cumulé des compositeurs et du producteur rendent l’ensemble efficace, riche, varié, aéré… Aucun temps faible, sans jamais de sentiment de remplissage.
Le talent et l’intention des compositeurs est néanmoins le principal artisan de ce résultat. D’abord, convenons que l’on trouve sur ce disque une quantité de morceaux qui prennent la droite suite des albums précédents… et c’est très bien ainsi ! Personne ne pouvait décemment espérer du groupe qu’il renonce à ce standard d’efficacité et de qualité, et des titres comme « How to Shake Hands » ou « Weird Times » (quel jeu de batterie…) honorent plutôt le CV du groupe et sont dans la lignée de Earth Rocker ou Psychic Warfare. En revanche, et c’est toute l’intelligence du quatuor, ils ont un peu regardé dans le rétroviseur et se sont remémoré ce qui avait fait la richesse de leur carrière, leurs points forts, pour s’appuyer cette fois sur un socle musical plus large. Et du coup, on est baladés un peu dans tous les sens, avec notamment quelques saveurs du passé… « Book of Bad Decisions » (avec son « southern groove » typique , bottleneck et claviers en bonus) ou le punchy mais groovy « Ghoul Wrangler » auraient pu garnir Strange Cousins From The West… « Sonic Counselor » et ses rythmiques emblématiques ou « H.B. is in Control » pourraient venir de Pure Rock Fury… Les super catchy « A Good Fire » ou « Paper & Strife » de Blast Tyrant… Et la liste est sans fin ! Mais au-delà du trip « on se repose sur nos acquis », le groupe pousse ses délires dans ses retranchements (maîtrisés…) sur d’autres titres : la section cuivre brillante du quasi soul « In Walks Barbarella », les déluges de piano d’un « Vision Quest » (qui ne souffriraient pas en hommage à un Jerry Lee Lewis ou Little Richard), le sympathique vaguement country « Hot Bottom Feeder » servi avec double ration de slide guitar, jusqu’à ce “Lorelei” à l’ambiance grave et pesante, énième preuve du large spectre d’atmosphères que le groupe est en capacité de développer…
Clutch voit large (et voit grand) mais ne perd jamais son identité tout du long, essentiellement par le fait de ses musiciens, qui, encore, démontrent un talent remarquable. Dan Maines, solide, n’est que rarement mis en avant, et le chant de Fallon reste à la fois distinctif et emblématique. Mais c’est le jeu de batterie de Gaster (si l’on y prête l’oreille, d’une densité et d’une richesse remarquables) et le travail de guitare de Tim Sult qui amènent ce disque à un niveau de qualité encore supérieur – ce dernier en particulier, gardant son identité en tous temps : ce son mixant un fuzz délicieux et crunchy à une technique de jeu plus riche qu’il n’y paraît sont sa marque de fabrique (voir l’introductif « Gimme The Keys » qu’il porte de bout en bout).
Synthétiser un album aussi riche et copieux tient de la gageure. Pour autant le constat est assez simple au final : Clutch évolue, grandit, mais ne change pas radicalement, et ceux qui espéraient un retour à une période qu’ils trouveront plus glorieuse ou plaisante (et là encore, chacun a sa propre idée de laquelle…) peuvent toujours rêver. Clutch développe ses points forts et ne revient pas en arrière avec ce mal nommé Book of Bad Decisions. En revanche, ils ne renient pas leur passé et n’hésitent pas à le raviver pour affirmer leur identité comme ce « tout » que représente leur carrière. Les perspectives pour leur avenir n’en sont que plus enthousiasmantes. Alors, est-ce le meilleur album de Clutch ? La question mérite d’être posée…
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La publication du premier album de Svvamp en 2016 avait fait son effet, soufflant nombre de chroniqueurs (dont moi) avec son bol de blues rock rafraichissant, se plaçant en bonne position dans nombre de (doom) charts de fin d’année. Les vinyles se sont vendus comme des petits pain (de boulangerie artisanale à pressage limité) et le nom du groupe, avec ses deux « v » avait tout pour s’inscrire humblement au bas des affiches des festivals spécialisés, première marche vers le (relatif) succès. Lorsque soudain… Lorsque soudain… Lorsque soudain rien du tout. Svvamp a fait 3 dates en 2 ans, toutes en Suède, ne communique sur aucun réseau social, ou très peu (ils ont même posté un LP dont aucune trace n’est visible nulle part, reprenant les titres de leur premier album, dans le désordre et sorti en autoprod, sous le nom de Swamp. Improbable) et balance à son label son second album avec toujours la même désinvolture.
Un album nommé Svvamp 2 donc, évidemment, répondant à des logiques 70’s (Led Zep et tant d’autre), ce qui colle parfaitement à leur musique. Leur musique qui est toujours aussi bonne, toujours aussi rafraichissante. Maitrisé, traversé de ce feeling bluesy qui avait fait tout l’intérêt du premier effort, Svvamp 2 ne souffre de rien d’autre que de sa comparaison au premier disque. Ces singles (« Queen », « Hillside ») sont un peu moins marquants que les précédents, la magie moins belle qu’aux premiers jours. Ceci dit, quel groupe ! Comment résister à « Sunshine Street », comment ne pas fondre à l’écoute d’« How Sweet It Would Be » ? Comment ne pas réveiller en nous nos envies de voir Cream ou CCR live ? Envies que Svvamp aurait pu – aurait dû – essayer d’apaiser au lieu de rester un trio de potes énervants ne jouant jamais en dehors de leur cave, obsédé par les enregistrements analogiques et n’ayant jamais saisi l’opportunité du buzz pour sortir de leurs froides contrées.
Gageons que Riding Easy Records ne va pas souper longtemps de cet immobilisme qui, en 2018, fait que le talent et la musique seuls ne peuvent suffire.
Point vinyle :
Côté vinyle : 500 Transparent Purple, 50 transparent Orange, 100 clear, 300 black. Servez vous, ça n’a pas l’air de bien se vendre alors que le disque est meilleur que 80% de ce qui va sortir cette année.
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On ne pourra pas dire de leur discographie: “Mountain Tamer il faut un ULM pour en faire le tour”. Officiant depuis 2011, le trio de la côte ouest des États Unis ne signe cet été que sa seconde production. Pour autant, j’ai pu constater que les gars s’étaient laissé pousser les noix. J’ai d’abord cru à une filiation avec Black Rainbows, sans doute à cause du chant et des compos de guitare Psychédéliques, cependant j’ai vite retrouvé leur esprit garage mais cette fois métissé de rock 70’s velu. Il n’aura pas fallu beaucoup d’écoutes pour me convaincre que Godfortune Dark Matters est un album sur lequel il faut compter.
Godfortune Dark Matters ouvre fort sur “Faith Peddler” qui roule sur des riffs aussi entêtants que ceux d’un The Stooges. L’album est une œuvre hallucinée qui fait tourner un Stoner grassouillet, la majeure partie des pistes oscillant entre 3 et 6 minutes pour plus d’efficacité. La répartition des rôles s’y fait plutôt bien, les trois musiciens tiennent tous le chant, la batterie de Casey Garcia sait être discrète tout en supportant la basse mélodique de Dave Teget derrière un Andru Hall et sa guitare sous acide.
A propos d’acide, les gars ont dû en prendre un paquet car lorsque j’écoute “People Problems” les riffs se distordent et la gratte s’additionne d’un clavier dissonant comme une montée de trip trop violente. Il y a là une belle pépite et entre autres originalités j’ai trouvé la césure sous forme de prière indienne de “Funeral of a Dog”(Hurlements canins en prime) et le thème de “Mydnyte” qui sonne comme un vieux Deep Purple. Godfortune Dark Matters puise allègrement chez les anciens sans pour autant sombrer dans les poncifs lourdingues et mille fois entendus.
Parfois les substances font faire des choses inconsidérées, c’est probablement la raison pour laquelle le trio a coupé à la va-comme-je-te-pousse “Living in Vain” pour réaliser deux pistes au cœur de l’album qui pourtant prisent en un bloc ont une puissance indéniable. C’est finalement le seul vrai reproche à porter au débit de l’album: Une coda mal placée sur la première partie d’un éclaté de morceau et ce sans réelle justification.
Avec cet album, c’est un Stoner Psych bien actuel qui s’offre aux oreilles du curieux tout au long des onze pistes faciles d’abord et bien foutues. C’est le genre de galette tout terrain que tu peux soit laisser venir te chercher au fond de ton canapé soit laisser t’accompagner à fond sur un ruban d’asphalte à toute vitesse en direction du couchant. Mountain Tamer signe une belle évolution dans son écriture et une garantie, je l’espère, de qualité pour ses prochains disques.
A noter une double signature chez Magnetic Eye pour le support numérique et chez Nasoni pour l’édition du vinyle.
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Mantar, ce groupe qui a la possibilité de te rougir la peau du cul juste avec ses deux musiciens vient se rappeler à ton bon souvenir à la façon d’un Maître Sadomasochiste qui te gronderait, “N’oublie pas, tu es ma chose!”. Et toi esclave soumis devant tant de puissance musicale de répondre, “Oh oui, violez moi les tympans avec votre Sludge surdimensionné”. Donc, pour les néophytes, installez vous confortablement dans un Sling et pour les amateurs de coups de cravache derrière les oreilles vous savez où est votre place, voici The Modern Art of Setting Ablaze, le troisième LP studio de Mantar
Premier constat, le pessimisme des plages est plus marqué, avec une profondeur que n’avait pas encore exploré Mantar. Le duo s’affirme comme non seulement maître de la violence mais aussi du spleen, passant de la cire chaude aux coulées d’acide. S’introduisant avec une piste toute en vaseline, “The Knowing”, débute l’album et surprend par sa prévenance instrumentale, heureusement cela ne dure pas plus de deux minutes et Mantar revient pour mieux nous forer les esgourdes avec sa puissance unique.
La volonté de faire des morceaux plus corrosifs, plus courts, est nette (ce qui faisait déjà largement la marque de fabrique de nos brutes). Les titres explosent les uns après les autres et ne dépassent les 5 minutes que sur le titre final, “The Funeral”. J’espère cher lecteur que ta platine est ignifugée, car les gars on fait monter une fois de plus la température avec leur musique au phosphore.
On sent comme une envie de narration plus forte sur cet album. “Seek + Forget” sera mon illustration, alternance de hurlements mis en avant sur des riffs plus atténués avec reprises puissantes et rageuses de frappes lourdes côté fûts, donnant des envies destructrices. Il se dégage une tendance générale à allumer des bougies pour une atmosphère feutrée dans ce The Modern Art of Setting Ablaze. Mais pyromane un jour, pyromane toujours, le déferlement de violence submerge tout systématiquement. Mantar en tribun avisé va convaincre le plus large public. “Taurus” a la structure type du morceau à tiroir qui peut conquérir les masses et l’outro de chant en duo devrait les galvaniser.
Pour retrouver de l’énergie punk défouloir il faut tout de même attendre la sixième piste “Dynasty of Nails” pour que le tempo s’accélère, et encore par touches successives. Mantar vient te chercher les tripes et laisse libre cours à sa noirceur, le gimmick au clavier de “Obey the Obscene” t’introduit une gêne honteuse puis la reprise des hostilités te fait te comporter en bête enragée. Mantar confirme aux habitués que l’établissement est toujours bien tenu, “Eternal Return” ou “Teeth of The Sea” délivrent ce que l’on attend, un Rock velu et Sludge . L’évolution du groupe flirte couramment aux limites du Black mais elle évite soigneusement tout classicisme.
En 47 minutes 40 secondes Mantar allume un album plus Métal que jamais et se distingue en se hissant à des sommets artistiques où l’apparente facilité d’écoute se traduit vite par un besoin d’audition prolongée et toujours aussi bandante. C’est une galette sans compromis, forgée dans la brutalité la plus primitive. Alors maintenant, range cette chronique sur ton PC, dans ton répertoire à vices, et va en portant fièrement ton baudrier de cuir commander l’objet du vice: The Modern Art of Setting Ablaze, tu peux me croire, tu y trouveras plus que chez D-A-F de Sade.
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Ceux qui avaient eu l’occasion d’écouter le précédent album de Forming The Void pourraient être surpris par l’orientation que prend le quartet de Louisianne en signant sa quatrième plaque cette fois chez Kozmik Artifactz. Rift est un album qui se tourne résolument vers le Doom tout en conservant les bases atmosphériques du précédent opus.
Les 46 minutes de l’album contiennent une perle de lourdeur aboutissement des albums précédents. Rift est de fait une belle synthèse de ce qui faisait déjà le charme du groupe tout en y apportant plus de maturité et de réflexion. Forming The Void propose au travers de ses composition une marche forcée au cœur d’une faille inexplorée de l’écorce terrestre et on y traverse différents paysages tantôt sombre, tantôt lumineux.
D’entrée de jeu l’esprit de l’album est sale et lourd comme la traversée d’un bayou où les riffs s’attardent parfois pour livrer une luminosité irréelle. La voix scandée de James Marshall a fait le plein de puissance avec ses abords prog et gonflés de reverb, le tout dans un esprit à la Windhand qui s’accorde tout à fait avec le Doom Mid-Tempo martelé tout au long des titres.
A la carte des riffs pachydermiques et entêtants, on trouve notamment les titres “On We Sail” et “Arrival”. ce dernier alternant un beau mélange de phases Doom et de phases rapides purement Stoner. Pour les amateurs de mets auditifs plus délicats, on portera son choix sur “Arcane Mystic” dont les passages orientaux s’accordent parfaitement avec l’esprit de l’album et débouchent sur un “Transcient” lancinant et toujours marqué par le même attrait culturel du guitariste Shadi Omar Al Khansa. Le tout dévie quasi invariablement sur des montées épiques où les guitares et la basse de Luke Baker envoient toute leur puissance sur fond de frappes obèses de l’agile Thomas Colley.
chaque morceau constitue un une image du voyage au cœur du Rift et Forming The Void ne se repose de son périple que lorsqu’il joue l’éthéré et toujours oriental “Ark Debris” où le chant est plus calme et le souffle des instruments plus lent. Enfin on pourrait croire à une clôture d’album plus cool avec l’intro du morceau mais les potards sont repoussés au maximum pour “Shrine”. Plus puissante émotionnellement et plus lourde, cette conclusion sonne comme une invocation tribale. La piste a plus de tripes que les autres avec une louable césure centrale où souffle de nouveau le vent aride des contrées de désert et d’oasis durant une petite minutes avant le retour de la tempête. Le voyage se termine sur un promontoire battu par les vents et laisse soudainement l’auditeur seul dans le silence.
C’est un album notable que “Rift”, tout en équilibre où tous les morceaux peuvent être pris indépendamment comme d’un seul tenant pour mieux percevoir toute l’ampleur du travail accompli. Il n’y a pas plus de virtuosité que de raison dans ce panorama où les musiciens jouent à parts quasi égales. cependant c’est un travail intelligent et qui glanera une position confortable dans les discothèques des amateurs du genre et ce malgré quelques reproches pouvant être faits sur des clôtures de morceaux parfois trop abruptes.
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Le stoner (heavy) rock aime les reprises. Son univers s’est d’ailleurs créé là dessus. Pour la faire courte, son mouvement est celui de musiciens 90’s, sautant une décennie pour se réapproprier les vibrations 70’s, à grands coups de wha-wha. Et Tony Reed, guitariste chanteur derrière Mos Generator, l’une des formations les plus sous estimées de la scène (espérons que leur récent passage au Hellfest change cet état de fait), est un homme passionné par la musique. Fort d’une des collections de vinyles les plus conséquentes du circuit, obsédé par les 70’s (il a de nombreuses pièces tatouées sur lui, dont la Louise de Sabbath et Eddie d’Iron Maiden), Reed a, en 2015, publié un certain nombre de reprises sur internet. Multi-instrumentiste, ce dernier a tout enregistré seul, joué de chaque instrument et a essayé, par cet exercice, de montrer à ses suiveurs l’étendu de ses influences. Listenable Records, label français avec qui Mos Generator est en contrat a décidé, cette année, de presser ces titres pour le plus grand bonheur des amateurs de musiques et de son histoire.
Bien sûr un tel album peut difficilement être noté. La démarche était de publier ce contenu en ligne et si un tel pressage rendra heureux quelques collectionneurs (dont je fais potentiellement parti), son intérêt semble tout de même assez limité. Le contenu lui, dit par contre pas mal de choses qui méritent d’être décryptées.
Les 16 titres choisis viennent tous des 70’s (exception faite de « Court Of The Crimson King » de… 1969, si vous voulez chipoter et ne pas entendre qu’en musique amplifiée les 70’s ont commencé une année en avance). Le spectre musical balayé renvoie aux courants « proto »/« hard rock » qui ont court en ce moment (La série Brown Acid, les réédition Akarma etc.) et si quelques titres célèbres et/ou évidents sont présents : (« Court Of The Crimson King », dont Reed a l’artwork tatoué sur l’avant bras, trois Pentagram dont l’incontournable « Forever My Queen », que j’ai tatoué sur le bras tiens ou Atomic Rooster que… Bah que quelqu’un a bien dû se tatouer un jour mais là j’ai pas d’exemple), le reste est plus aventureux. Reed choisit soit des groupes établis mais sur des titres moins évidents (Slade, Cheap Trick, Iron Butterfly, Rush, Wishbone Ash) ou alors met en lumière quelques pépites qu’internet fait remonter à la surface (Necromandus ou Bloodrock pour les plus évidents, Boomrang, Poobah, Fanny Adams ou Highway Robbery pour les plus confidentiels). L’interprétation quand à elle est malheureusement (un peu trop) fidèle. Pas ou peu de relectures ici : le piano fou de « Battle » est absent, remplacé une guitare lead implacable, « Ain’t No Lovin’ Left » prend des allures Clutchiennes (appuyant les réminiscences de l’originale), Reed rend un peu de groupe au « Dier Not A Lover » de Bloodrock (quel étrange batterie mitraillette sur le titre originel). Mais l’audace vient plutôt du choix de « Garden Road », un (pas tout à fait) inédit du premier album de Rush, trouvable sur u bootleg nommé The Fifth Order Of Angels (et dont le riff pourrait avoir inspiré le « Lonely Boy » des Black Keys) ou du dépoussiérage bienvenu du « Still Born Beauty » de Necromandus (cette guitare acoustique en avant dans le mix !). Le reste, souvent fidèle au modèle original n’a que peu d’intérêt.
Drôle d’album que celui là, travail de mémoire offert aux oreilles de tous le net bénéficiant 3 ans plus tard d’un pressage, laissant envisager par son « Vol 1 » une suite. M’est avis que sa place sur bandcamp est ce qui reste le plus indiqué.
Point vinyle :
Le vinyle est pressé exclusivement en vinyles, black, avec seulement les 10 premiers titres et les 6 suivants en bonus sur un CD. Ce qui est disons… Couillon.
Sinon pour les autres tout est à l’écoute ici : https://tonyreed.bandcamp.com/album/the-lost-chronicles-of-heavy-rock-vol-1
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Vous l’avez cette sensation quand on découvre une belle alliance de saveurs ? Quand les papilles chuchotent de mille picotements délicieux au contact d’un sucré-salé inattendu ? Vous en salivez même ?
Voilà, c’est l’effet Hubris. Le jeune combo toulousain officie depuis 2 ans maintenant et vient de sortir cette année un deuxième EP étonnant de fraîcheur, de maturité et d’intelligence.
Par la grâce d’une vidéo live postée sur youtube, teintée de psychédélisme projeté et de plans rapprochés nous faisant entrer dans le corps de l’entité musicale, les toulousains offrent une expérience sensorielle agréable et immersive. Faisons valser les étiquettes autour d’eux afin de comprendre quelle cuisine pratique le quatuor. Elle est chaude et épicée à la manière d’un King Lizzard and the Lizard Wizard, piquée de pointes acidulées à la Ecstatic Vision, mijotée façon L’effondras et aventureuse comme a pu l’être la tambouille du Floyd expérimental.
L’ensemble de ces références est habilement mixé et ne souffre d’aucune grossière erreur. Un Ep peut-être, mais de quasiment une heure qui nécessite une attention véritable pour qui voudrait creuser leur musique. Les cuistots connaissent la formule pour pondre du riff accrocheur mais n’hésitent pas à faire entrer le client dans de longues plages de transes où la respiration se calque au lent rythme de leurs envies. C’est savoureux, étonnant.
Hubris va devoir transformer l’essai rapidement. En se frottant à l’exercice live déjà, pour savoir si l’expérience survit à l’épreuve de la scène, en enregistrant un album ensuite car l’édifice a besoin de plus de charpente, de structures. L’équilibre entre le corps et l’âme nécessite encore de la réflexion et du dosage, on aimerait en effet un peu plus d’instinctif que de cérébral. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette cuisine là a clairement un goût de « reviens-y » et pourrait avec l’intelligence qui les caractérise gagner sa première étoile d’ici peu de temps.
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