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Les Demonic Death Judge nous viennent de Finlande, un pays scandinave qui, en qualité de pourvoyeur de combos stoner de qualité, vit dans l’ombrage écrasant de la Suède. Un constat sans discussion possible, même, qui ne s’explique pas sur des critères démographiques, géographiques… Toujours est-il que dans ce biotope apparemment peu propice à l’émergence de groupes de qualité, des combos tenaces, par un truchement tout darwinien, à force d’abnégation, parviennent à faire connaître leur musique… et à exploser deux ou trois mâchoires au passage !
Musicalement, DDJ est un peu le mélange de ce qui se fait de mieux en Suède et en Norvège… Dit autrement, on pourrait penser à l’enfant (forcément) illégitime qu’auraient engendré Dozer et Kvelertak ! Oui, présenté comme ça, ça fait bizarre… Et pourtant : à la puissance et à la musicalité du quatuor suédois s’allie au sein de DDJ les vocalises beuglées gutturales emblématiques du combo Norvégien ! En première approche en effet, DDJ propose un socle instrumental très stoner (assez large dans son éventail d’ailleurs) mais, un peu comme Kvelertak, leur chanteur Jaakko Heinonen semble cracher ses boyaux au moindre couplet ! Ce chant plutôt emblématique du sludge (voire du gros metal extrême, osons le dire…) associé ici à des lignes musicales particulièrement accessibles ajoute tout le piquant et l’originalité de ce groupe. Attention toutefois : ceux qui ne peuvent pas supporter Kvelertak précisément pour leur chanteur auront du mal à supporter Demonic Death Judge. Mais pour les autres, les écoutes successives de Skygods devraient revêtir le plus grand intérêt.
Globalement on est quand même dans un segment musical assez nerveux, même si les titres les plus agressifs (voir le terrible “Skygods”, entre doom et sludge) peuvent côtoyer des titres musicalement plus accessibles (le très Kyussien “Salomontaari”, bel exemple de dichotomie assez perturbante entre la base instrumentale et les vocaux râpeux). D’autres titres ressortent du lot, comme “Knee High” très proche de la première paire d’albums de Down, “Nemesis”, un titre instrumental (avec de lointains échos vocaux quand même…) complètement planant et prenant, un exercice aussi bien assumé que maîtrisé, ou encore le torturé “Pilgrimage”, dont les dix minutes éprouvantes clôturent ce disque de fort belle manière.
Ce Skygods est un disque qui ne laissera en tous les cas personne indifférent. A ce titre déjà, il mérite d’y porter une oreille attentive et – dans un contexte où l’originalité n’est pas si courante – bienveillante. Au-delà de la simple curiosité ensuite, se découvrent au fil des écoutes des compositions complexes, bien exécutées, rêches à l’oreille mais accrocheuses, pour quiconque saura apprécier (ou accepter) l’association de ce chant atypique à ces lignes instrumentales fort bien gaulées. Quoi qu’il en soit, ce disque est le parfait parpaing à jeter à la gueule de ceux qui se plaignent bêtement sans arrêt qu’il n’y aurait rien de neuf et d’original à se mettre sous la dent dans le monde du stoner. On prédit à ce groupe, s’il parvient à sortir un peu de ses contrées, un potentiel en live qui fait déjà peur…
Décidément, San Francisco aura été un bassin de créativité débridée sans pareille : Primus, Faith No More, Dredg… Des dizaines de groupes y ont trouvé les terres fertiles à une hybridation musicale inédite. On n’ira (en aucun cas) jusqu’à associer Disastroid avec le niveau de qualité des artistes sus-mentionnés, mais force est de constater qu’ils doivent mettre un truc dans leur eau ou je-ne-sais-quoi, ces Nord-californiens, car la fusion des styles est là aussi au cœur du genre musical de Disastroid.
Leur nouvel album autoproduit “Missiles” (dispo entre autres chez cdbaby) sonne comme une orgie entre des dizaines de groupes que la décence aurait dû interdire de faire se rencontrer : on pense à une version un peu plus propre et carrée des Melvins qui aurait passé un peu trop de temps avec le QOTSA d’il y a 5-6 ans et le Soundgarden d’avant le split, sous le regard un peu tordu d’un entremetteur de type System Of A Down (pour le son du duo basse-guitare), mais avec un son de gratte sur-gras et un chanteur qui peut sonner comme Keith Caputo de Life Of Agony. En gros, quoi. Mais le coup de bluff réside dans la non-incongruité de cet ensemble massif et original : à aucun moment on ne sent le plagiat ou même la copie un peu trop appuyée. L’ensemble est massif, doté d’un beau son rond et clair.
Restent les compos, et là aussi, il y a du métier : toujours dans une base assez cadrée finalement (tout est relatif), les titres défilent et ne se ressemblent pas. Des furieux brulots que sont “Lost In Space” et “Hellbender”, en passant par “Unsound Mind” et ses multiples facettes, le très Melvins-ien “Mighty Road”, jusqu’au cataclysmique et inclassable “Missiles”… le tout est robuste, bien ficelé, et même si certains passages sont moins séduisants, on reste appréciatifs des compétences déployées.
Après un paquet d’écoutes de ce “Missiles”, on reste toutefois sur un constat un peu ambigu : on constate avec stupéfaction la qualité musicale de l’ensemble, voire le sens de la synthèse désarmant déployé par ces trois jeunes musiciens, mais il n’est quand même pas aisé de “rentrer dedans” : tout ceci reste un peu froid, un peu trop beau et travaillé pour être honnête, ça ne sent pas la sueur de l’artisan qui met ses tripes dans son ouvrage… Mais on serait bien mal à l’aise de critiquer le travail des américains de Disastroid, qui produisent quand même avec ce “Missiles” un bien bel objet.

Austin… on a un problème. Un monde parallèle vient de s’ouvrir. The Well sort Samsara sur RidingEasy Records et à la fin de son écoute : deux probabilités. Quand on lance l’album et que les premières notes résonnent, on ne sait pas à l’avance si l’on va tomber sous le charme ou non. Si la bave apparaît à la commissure des lèvres, un headbanging inconscient prenant place, ça veut dire que la possibilité que l’on ne soit pas sur le cul par cette chatoyante galette a échoué. Mais juste avant qu’on le lance, les deux probabilités ont la même chance. Si, dans un autre monde, la magie n’opère pas à ce moment-là, les deux mondes se séparent.
Quand « Mortal Bones » balance les hostilités des riffs doomy-groovy-shake your booty qui vont déferler durant les 40 prochaines minutes, on ne s’attend pas à un tel résultat. Son break proto-metal basique mais jubilatoire et son enchainement de solos décalés à réveiller les spectres du « robot-rock » font définitivement naître un plaisir coupable mais ravageur. Riffs évidents par leurs efficacités. Voix féminine et masculine en cœur, générateur de refrains accrocheurs. Son équilibré, parfaitement mixé. Même une reprise des Floyd (« Lucifer Sam »). Nous voilà au point de rupture. A l’image des Uncle Acid et des Ghosts qui partagent l’univers des amateurs de musique en deux, The Well à leur tour ouvre une faille parmi les stoneheads. Il y a les pros et les antis et à la croisée de ces mondes se trouve le talent de The Well.
Admettons-le, tout est bon chez eux il n’y a rien à jeter. L’enchevêtrement des voix et sa dimension quasi-mystique au chant, la basse délicieusement fuzzée à point de l’intro de « Trespass », le final glaçant a cappella de « Refuge » après son dialogue catchy des deux vocalistes, les 8min 30 de doom classieux de « The Eternal Well » et l’outro apocalyptique de « Dragon Snort » ne sont que des exemples évidents de la maîtrise des voyages spacio-dimensionnelles du trio texan. Samsara par extension signifie « courant des renaissances successives ». The Well font effectivement renaître les vieux démons des prémices du doom. Les fantômes du Sabbath et de Blue Cheer se seraient-ils réincarnés ou sommes nous à présent dans une nouvelle dimension sculptée par le groupe. Trop de qualités font crier à la révélation ou… à la supercherie. Qu’importe une fois les sept titres relancés vous exulterez ou serez de l’autre côté du miroir. En dehors d’un malheureux jeu de probabilité, aucune raison de bouder son plaisir.

On avait quitté les parisiens de Coffin on Tyres en 2010 avec un « Red » prometteur, Stone-Agien et accrocheur, glissant le groupe dans les révélations françaises à suivre avec attention et puis, bon an mal an, on se demandait un peu où était passé le combo. PAF ! Dans ton fiacre ! 2014 voit débouler « Erase », un 9 titres, gros un poing mal intentionné qui frappe fort et profond.
Ce qui frappe d’emblée, c’est le gros son de la galette (galette au son, humour, merci). Rendons hommage en premier lieu à Geoffrey Codant qui développe un chant puissant, grave et chaud tout du long. L’expressivité de son interprétation renvoie aux plus belles heures du Seattle des 90s. Imaginez que lors d’un épisode de Nip/Tuck, les chirurgiens greffent une énorme paire de testicules en lieu et place des amygdales d’Eddie Vedder et de Pepper Keenan, vous obtenez la voix de Coffin On Tyres. Voilà. Ce bel organe est soutenu par une assise musicale énorme. Dès le premier titre, « Your affection », on sent que l’on va se faire broyer, laminer par la production du nouvel album. Tout y est massif et rugueux. Le son des guitares, l’impact de la basse, la profondeur des toms, l’équilibre du mix (merci Thomas Bellier) et le mastering massif de Matt Hyde (Monster Magnet, Deftones,…), c’est un mur de parpaing au saindoux qui se dresse devant nos esgourdes apeurées. La maîtrise technique des gonzes fait mouche. Les guitaristes, Baptiste Hottin et Fabien Cornec, tressent un entrelacs de riffs lourds, de notes crunchy et d’intensité, guidé par une section rythmique (Sylvain Destribats à la batterie et Matthieu Larras à la basse) inventive, rugueuse, percutante et groovy. Le contenant est une grosse bouteille de Jack Daniels velue, à la moustache conquérante. Qu’en est-il du contenu ?
Point de bourbon qui tâche et troue l’estomac par ici. Non. « Erase » est un single malt qui se laisse apprivoiser après plusieurs écoutes et mise-en-bouche. Les morceaux se révèlent tous, extrêmement écrits. On a affaire à un stoner intelligent, pouvant s’écouter sur plusieurs niveaux. Un niveau direct et rentre-dedans avec « Right on Time » par exemple, qui souffle, tel Mudweiser, un southern rock chaud et âpre comme de la tequila. Direct aussi avec ce passage insensé de « Upcoming Battle », où à 4min22, le groupe décide de tuer toute personne écoutant ce morceau. Les fuzz-mid-tempo-track, à l’instar de « Your affection » et « Avoided Mirrors » dévoilent un aspect plus composition de l’album, où l’on retrouve ce fameux esprit de Seattle. Les six-cordistes ne se contentent pas de la corde de Mi et ouvrent les accords pour mieux laisser transpirer le chant. Les structures elles-même nous baladent de chorus en ponts, de reprises en respiration noire de croche. Si l’écoute n’est pas attentive sur ces morceaux, l’attention peut se perdre mais une fois le casque vissé aux tempes, on se délecte du spectre gustatif proposé. Les parisiens concluent cet album par un « Leeches » de haute volée, se lançant dans l’exercice périlleux du morceau fleuve. En insufflant une légère touche de 70s (légère hein ! Le groupe fait plus dans la bidoche que dans le légume), Coffin élargit sa palette et propose une traversée by night du périph parisien. Les sens aveuglés par le défilement des notes réverbérées, excités par cette voix susurrée, hurlée, glacés par cet harmonica strident, angoissés par les notes plaintives d’un sax que n’aurait pas renié Giorgio Canali sur son « 1,2,3,1000 Vietnam», les sens retournés donc par cette composition magistrale qui clôt merveilleusement ce bâtard album.
Ils ont mis du temps. Mais l’attente valait vraiment la peine. « Erase » de Coffin on Tyres est a classer dans les grosses sorties de 2014. Mais rappelez-vous, prenez la peine de vous poser pour écouter cet album Ses richesses s’offriront à vous telle cette charmante voisine que vous convoitiez et qui succomba à votre charme incandescent après moultes parades amoureuses.

Première partie de Kadavar sur leur dernière tournée, bientôt en première partie de Turbonegro, présent au Desertfest Anvers, fièrement annoncé pour le prochain Desertfest Berlin, mais qu’est ce qui se cache derrière The Picturebooks pour attirer aussi promptement les projecteurs.
Coupons court à tout débat, pas de stoner/sludge/doom/psyché pour les prochaines 40 minutes mais du rock. Le rock d’origine, la première pression à froid du blues jaillit des profondeurs du Mississipi. Ce que les Black Keys et les White Stripes essayent en vain de faire. Ce à quoi s’ajoute un petit charme americana comme celui insufflé par les Black Rebel Motorcycle Club sur leur album Howl. Bien qu’ancrée dans une tradition musicale, la musique des Picturebooks en n’est pas moins moderne. Leur goût pour le vintage transpire par chaque réverbération de la voix, de la saturation et des toms. Mais l’énergie est bien actuelle.
Les refrains sont tellement imparables que ça en est déconcertant d’efficacité, comme une usine à hits. On ne saurait leur reprocher de sombrer dans la facilité de reprendre la ligne mélodique de la guitare avec des gang vocals de manière régulière juste histoire d’être « radio friendly ». Impossible parce que contrebalancé par une démarche sans concession d’arrangements bruts, sans fioritures. Batterie martiale, pour seules cymbales un tambourin à grelots à la cheville, une guitare qui lâche des riffs entrainants, efficaces à en perdre la tête et une voix habitée et obsédante qui sait vous susurrer à l’oreille comme vous vriller l’esprit de mélodies entêtantes.
Les titres sont courts et à la première écoute un sentiment de répétition pourrait se faire sentir. Mais quand notre esprit se laisse à divaguer, porté par les effluves de graisse de nos bikers, des images apparaissent et défilent. Ces treize chansons sont plus variées qu’elles n’y paraissent, différentes par de subtils détails, par ce qu’elles invoquent et évoquent. L’asphalte se déroule sous nos pieds, un bar miteux au nouveau Mexique, une fusillade, une scène d’amour au porte du désert, du bitume, des larmes, du sang, une ville, un gang, c’est une véritable bande son de film. Un film alambiqué, référencé, visuel à la Tarantino-Rodriguez. Sorte de road trip halluciné en skate tiré par une harley à travers les sinueuses et profondes mélopées du Rock avec un grand R.
The Picturebooks customisent le blues- rock-americana de leurs pâtes de skateurs. Imaginary Horse est actuellement leur troisième album et concrètement celui de la consécration. Un album visceral qui nous prend en stop en bord de route et nous entraîne par delà notre attachement au stoner pur jus. RidingEasy Records ont eu le nez creux ces derniers temps pour signer de jolies pépites et le duo allemand est encore une fois un coup gagnant.

Amateur de stoner-doom, ne passe pas ton chemin ! Tu auras forcément été attiré par le nom évocateur de la formation à l’honneur ici. Du design « on ne vous trompe pas sur la marchandise » de la pochette. Il n’y a pas erreur. Ca fleure bon l’obscur, les narcotiques et la poisse ici. Depuis des années tu erres désespéré dans un champ de lourdeur en quête d’une suite digne des débuts d’un quatuor originaire de Dorset (à l’époque un trio). Tes goûts se sont enrichis depuis tes premiers pas dans ce marasme de groove vicieux. Les pièces maitresses restent inchangées et si ce n’est les déceptions, les semi-déceptions offertes par tes idoles te laissent toujours à espérer qu’un jour ils vomiront une suite digne de leurs premiers ébats sonores qui te défleurirent alors.
Comme dans nombre de cas similaires, quand l’album attendu par le groupe culte est finalement l’œuvre d’une autre formation, te voilà dubitatif. Je te comprends. Mais l’amateur averti que tu es ne peut tourner le dos à ce disque. Ca ressemble horriblement (pour ce style on ne peut user de joli qualificatif) à Electric Wizard. Et alors ? La ville rose s’est grisé, de la haine suinte de ces caniveaux, un épais brouillard de doom enfumé voile le soleil désormais. Car c’est bien de Toulouse que nous vient Witchthroat Serpent. Ces gaillards ne sont pas les perdreaux de l’année, ils ont du bagage, posant même leurs valises dans des contrées que tu n’oses traverser. Premier album du groupe qui du haut de ces trois ans d’existences cogne juste. Le son est gras et baveux, la batterie martèle tes tympans et la voix hurle leurs allégeances au côté obscur de la force.
Passé l’écœurante intro à effrayer les plus sages oreilles de ces larsens et incantations, quand résonne le riff principal de « Have you never seen the substitute », tu te retrouveras dans des terrains connus, déjà défrichés, maintes fois piétinés par d’atroces usurpateurs. Sauf que, parce qu’il y a un « sauf que », là ce ne sont pas des pillards dénués de talents qui te meurtrissent les esgourdes. Ce sont des fans inspirés qui usent de la boue laissée par leurs références pour consolider les fondations de leur nouvelle fumerie d’opium. Solo désenchanté sur « Serpenta Ritual », accélérations aux limites du punk sur « Priestess of the old ghosts », breaks bien sentis, riffing affuté par dénué d’originalité sur certaines attaques et constructions. La basse vient cueillir tes tripes régulièrement de son groove graveleux. Il y a de la matière à être charmé.
Cet album aurait sa place dans la discographie du Sorcier Electrique, mais c’est bien d’un premier effort d’un nouveau groupe dont il s’agit. Quand Witchthroat Serpent aura terminé sa mue et ira onduler dans des contrées plus personnelles, les prétendants au Dope trône n’auront qu’à bien se tenir. Tu verras, prometteur je te dis !

(2014)
Bienvenue dans un monde peuplé d’êtres gentils, bien intentionnés, amateurs de drogue douce et porteurs de mocassins en peau .
Ce lieu idyllique c’est celui façonné par les adeptes de l’expérience de la 3ème oreille, un endroit où space rock et musique au mètre se marient pour le pire et pour le meilleur à mon goût.
Sur « Tools », le titre d’ouverture de l’album, on décolle progressivement, emporté par les nappes successives d’instruments, l’arrivée en douceur et subtilité de la batterie, puis par on ne sait quel tour de passe passe malencontreux on se retrouve téléporté dans un ascenseur de supermarché à subir une musique mêlant variéte et rock psyché (ouch!). Évidemment tout ceci est subjectif et je connais bien des personnes à qui ces passages plairaient. Pas de chance pour moi, ici les morceaux durent entre 15 et 20 min, autant vous dire que lorsqu’un plan ne passe pas, il va falloir le supporter pendant un moment… C’est d’autant plus dommage que lorsqu’au bout de 9 minutes de queue à la caisse, on sort, enfin, on débarque en plein désert des Mojave et là, c’est une toute autre histoire, un chant planant et inspiré soutenu par des zicos qui en connaissent un rayon en matière de psychédélisme.
Dans les bon moments, on se trouve dans les territoires de Pink Floyd, de Tool ou encore d’Hawkwind. Niveaux instruments, toute la panoplie est au rendez vous: Sax, Synthés, orgue, flûte, percus diverses, chant masculin, féminin et bien sûre guitare/basse/batterie. Le tout est encore une fois utilisé pour le meilleur comme pour le pire, on connaît tous les ravages qu’un synthé peut produire ou à l’inverse l’ampleur que celui ci peut apporter . Inutile de parlé du saxo je pense…
Une troisième production en demi teinte donc, entre transe extatique et ennuie flamboyant. L’album est donné pour être une description de la traversée du désert, en ce sens c’est assez réussi, j’imagine bien qu’il doit y avoir des moments de plénitude et de transe accompagnés de vide et de solitude assez intolérables.

2014
Clouds Taste Satanic nous viennent de New York avec une profonde envie de calmer vos oreilles fatiguées par des rythmes trop rapides (y compris par le mid-tempo). La proposition est de fabriquer les morceaux les plus lents qui soient et ils l’appliquent ici avec un “To Sleep Beyond The Earth” constitué d’un seul instrumentale pour 50 minutes d’écoute. Celui-ci est découpé en 2 morceaux suivant le format vinyl. On lorgne du côté de Sleep et son “Dopesmoker”. Avec des riffs simplissimes pataugeant dans une lourde lenteur, ils entendent bien réussir à nous transporter vers un état second.
Le premier morceau de la galette intitulé “To Sleep Beyond The Earth (Parts I & II)” s’étale donc sur presque 23 minutes. En 10 minutes, seulement deux boucles d’une intro sont posées. Lente, lancinante, sur-saturée, c’est ce qui caractérise cette première partie. La suite, qui peut être vue comme la seconde partie, nous entraîne dans plus de mélancolie. Les variations sont peu nombreuses et consistes souvent en l’ajout de quelques nappes sonores. Le thème reste basique mais se suit avec plaisir. Les 5 dernières minutes font monter la pression en douceur avec des variations plus présentes, une mélancolie encore plus insistante pour finalement revenir en arrière et boucler le morceau. Le tout toujours dans la plus grande lenteur bien évidement. Pour “To Sleep Beyond The Earth (Parts III & IV)” on est maintenant en terrain connu. Toute proportion gardée, les enchaînements et les riffs sont néanmoins plus rapides. Surtout, il y a ici plus de variété, moins de mélancolie pour peut-être plus de fatalisme. La seconde partie est aussi plus saccadée et agressive.
Le son reste homogène tout du long avec une saturation mise en avant pour une batterie lointaine appuyant la guitare souvent, s’autorisant des pauses parfois. La basse, quant à elle, semble volontairement sous mixée alors qu’elle aurait pu ajouter de la diversité. Le lead intervient par intermittence et sait ajouter une touche aérienne bienvenue pour sortir du marasme de saturation le temps d’une respiration.
Niveau format physique, vous pourrez vous le procurer au format vinyl gatefold 150 grammes dans un carton bien costaud avec une très belle coloration violet marbrée. Paradoxalement à son tempo, l’écoute de l’album passe donc vite et facilement et l’on ne se fait pas prier pour y retourner. Assurément l’état second est de mise après une dose pareille !

Londres appelle de nouveau. De ses sous-sols underground éclot une scène passionnante, conglomérat de combos à l’influence bas du riff et gras du front. Les intitulés sont sans équivoques : Steak, Diesel King, Sedulus ou Gurt, voilà qui évoque plus la soirée de carnassier que la salade de Quinoa/crevettes. Faite de consanguinité (machin joue dans Diesel King mais aussi dans Sedulus, autre groupe de truc, merch Boy pour Steak lorsqu’il ne joue pas avec Gurt. Vous suivez ? moi à peine…) et d’amour sincère pour les décibels, cette réunion de gentils malfaiteurs spécialisés dans les métaux lourd s’exporte de plus en plus, de festivals en clubs d’experts en la matière heavy. Comme autant de pépites, extraites une à une du sein d’une Albion que l’on persiste à trouver perfide, ces groupes fédèrent autour d’eux un parterre chaque jour plus touffu de connaisseurs de la chose rock. Vu de ma lorgnette, Gurt est de loin le combo le plus excitant de ce joyeux bazar à l’accent cockney. Versant dans le sludge aux inflexions mélodiques, le quatuor emprunte au rock 70´s ses gimmicks blues et sa science du riff avant de noyer le tout dans une marre de boue. Comme si Eyehategod molestait Led Zep sans ménagement sous les yeux amusés de Morbid Angel. Cet amour pour le metal grassouillet s’accorde – et c’est là leur grande réussite – avec une affection particulière pour les univers décalés, se passionnant pour les dinosaures, glorifiant non sans humour les tee-shirts à caractère spirituel, adepte de la sainte trilogie lune-loup-cascade ou faisant étal d’un humour diabolique avec le clip de “Dudes With Beard with Cats”, hommage aux chatons, véritables hérauts de l’Internet dans ses penchants les plus désuets. Après 4 démos remarquables et remarquées, le combo publie son premier opus Horrendosaurus en avril via sa propre structure When Planets Collide et obtient immédiatement le prix de l’autoproduction la plus cool de l’année.
Dès les premières notes, le ton est donné : un fanatique religieux nous promet l’enfer tandis que Gurt égrène quelques notes du “Funeral of Queen Mary” d’Henry Purcell. Et le tout s’intitule “Gardening with Cthulhu”, combo parfait. Le quatuor garde tout du long cet esprit décalé (et des noms de chansons bidonnants) sans pour autant s’éloigner de son objectif : publier un manifeste de sludge groovy et teigneux. Ce disque est en effet en tout point remarquable : gavé raz les sillons d’une boue épaisse, aérée juste ce qu’il faut par quelques passages plus décontractés (“Sludge Puppies”, “Eve’s Droppings”, “Spiced Doom”) apportant un contraste idoine dans tout ce fatras sonore, Horrendosaurus impose ses valeurs et reprend un peu le flambeau du sludge UK qu’Iron Monkey avait laissé pourrir au fond d’une forêt.
Du premier blast au dernier coup de cymbale, le disque émerveille sans jamais lasser. Et si on tenait là l’un des albums de l’année ?
Point vinyle :
Complètement auto produit, Horrendosaurus a été pressé à 250 exemplaires, 12′ Orange Coloured. L’art work est signé Dominic Sohor (designs pour Enos, Troubled Horse, Raging Speedhorn entre autre).
(2014)
Les nineties ont laissé des traces, l’amour des Etats Unis, du rock indé, du grunge, des sons de plus en plus lourd, tout ça nous mène directement à la Rochelle (ne me demandez pas comment, j’en sais foutre rien) où Walnut Grove DC voit le jour.
Un soupçon de riff alternatif saupoudré de gros son stoner sur les refrains, agrémenté de plan groovy/hxc sur les couplets, parsemez l’ensemble d’une grosse voix à la Mudweiser ou pour les plus jeunes (haha) à la Hoax (90’s on vous a dit!) et vous obtiendrez un bon morceau tiré de cet album auto-produit.
Les grattes se partagent le boulot et on a le droit à des superpositions rythmiques/mélodiques bien agréable, la voix quand à elle, sacrément puissante ne perd pas de vue que les lignes doivent être mémorisables et le rendu apporte une bonne cohérence à l’album.
Fort d’une expérience live de qualité, Metal corner du Hellfest, belles 1ères parties etc… le groupe nous prouve qu’il est tout aussi efficace en enregistrement, même si parfois on se dit que tel ou tel passage est un peu trop sage ou appliqué et qu’il manque du coup, d’énergie et de sincérité, voir « Wait in vain », mais franchement mieux vaut ça que l’inverse pour ce type de musique .
En gros, s’ils passent par chez vous, ne vous posez pas trop de question et allez les voir !

La production solo foisonnante de Brant Bjork sur la première décennie du présent millénaire nous avait habitué à voir le bonhomme dans le paysage musical, toujours actif, là, dans un coin. Discret, toutefois, avec des sorties qui passaient souvent presque inaperçues : petits labels, distribution inexistante, tournées de petites salles… Lorsque Kyuss Lives ! vient rappeler Bjork à son passé de batteur, c’est presque avec surprise qu’on avait noté son enthousiasme à battre la mesure derrière ce all-star band (et donc disparaître un peu de la lumière, après tant d’années en tant que leader d’un solo band à géométrie variable). La dynamique qui pousse le groupe de tournée en tournée, allant même jusqu’à sortir un album très visible l’an dernier, semble séduire le californien (les revenus associés n’y sont sans doute pas étrangers…), et la chute est donc rude lorsque John Garcia annonce il y a quelques mois qu’il ne compte pas donner suite pour le moment à Vista Chino. Comme il était prévisible, Bjork trouve un rebond salvateur à travers la sortie d’un nouvel album solo, ce Black Flower Power. Il aura gagné dans l’opération une visibilité inédite (label important, tournées de headliner dans des salles plus grandes, etc…).
Ce n’est pas toujours un cliché que de dire que le premier titre de l’album en “donne le ton”, très souvent. Et très rarement ce fut autant le cas que sur ce disque, où la première minute de “Controllers Destroyed” contient tous les éléments clés qui peuvent définir ce disque : ça commence par un riff complètement sabbathien, enchaîné à un break basse-batterie venu de nulle part qui envoie un groove remarquable, portant la signature emblématique du grand frisé au bandana. Le reste du titre est à l’avenant et prolonge cette sorte d’ambivalence intéressante, sans en faire le titre de l’année non plus. Cette tendance heavy est en tous les cas un des points saillants de ce disque. Le reste de l’album nous rappelle ce qu’on aime et que l’on aime moins chez Brant Bjork, à savoir, pour résumer, une créativité remarquable, un feeling impeccable (ses soli sont toujours intéressants, sans pour autant relever d’une technique incroyable), mais aussi… un léger manque de cohérence, que l’on fera volontiers passer pour un excès de fantaisie tout à fait symptomatique chez Bjork (et qui contribue au charme du bonhomme, avouons-le).
Ainsi, certaines compos sont un peu moyennes, tandis que d’autres se distinguent plus favorablement, à l’image de “Stokely Up Now” qui s’articule autour d’un riff Bjorkien typique, et propose un break-boogie court mais bon sur sa fin. On notera aussi le heavy et fuzzé “Boogie Woogie On Your Brain”, la fin de “Ain’t No Runnin'” ou le plus-Bjork-ien-tu-meurs “That’s A Fact Jack”…
Deux titres “bonus” viennent compléter cette galette (heureusement, sinon elle durerait moins de 35 min…), un long blues répondant au nom de… “Hustler’s Blues” (!) dont la deuxième moitié remplie de soli bien groovy ne manque pas d’intérêt, et un instrumental, “Where You From, Man ?”, qui devrait ravir les stoner-heads les plus traditionnels, avec son desert rock de la meilleure facture et ses jams fuzzées à rallonge sur huit minutes.
A l’heure des bilans, on est (comme souvent avec Brant Bjork) un peu partagé : Black Flower Power est un bon album (pas son meilleur toutefois), et il comporte à la fois des initiatives audacieuses et des plans dont nous étions très (trop ?) coutumiers sur ses réalisations précédentes. On est contents de retrouver le bonhomme, en forme qui plus est, et de noter que sa créativité n’a pas pâti de ces dernières années où il est resté assis derrière un kit de batterie à jouer essentiellement des vieux morceaux. Maintenant, comme on se le dit à chaque fois, il nous tarde d’entendre l’album qu’on le sent capable d’écrire, celui de l’évidence et de la consécration. Mais les années passent, et il se cantonne à enchaîner les bons albums. C’est déjà pas si mal en soi, et certains groupes pourraient déjà se satisfaire d’une telle tendance…

Difficile de cerner la démarche de Monster Magnet. Quelques mois après la sortie de leur album “Last Patrol”, ils sortent ces jours-ci ce “Milking The Stars : A Re-Imagining of Last Patrol”, et tout est dit dans son titre : il s’agit d’une sorte de nouvelle interprétation partielle de “Last Patrol”, un excellent disque qui avait en l’état fédéré la quasi-intégralité des fans, médias, etc… A partir de là, quel intérêt d’en proposer une nouvelle version, si l’original a si bien marché ? Pas pour gagner du fric en tout cas, le niveau de rémunération issu des ventes de disques de nos jours ne rendant pas très rentable l’investissement de temps associé à l’opération… Quoi qu’il en soit, on se retrouve à décortiquer la fameuse galette, essentiellement le fruit du travail de l’hydre à deux têtes aux manettes de l’aimant à monstre, Dave Wyndorf / Phil Caivano.
On commence par un inédit, “Let The Circus Burn”, qui à défaut d’être intéressant, donne le ton : une plage de 7min25 chargée d’orgue à tous les étages (en lead, hein, pas de vulgaires nappes spacy par derrière), sur une rythmique basse-batterie lancinante, avec des fulgurances guitaristiques déstructurées. “Mindless Ones ’68” ensuite reprend quasiment à l’identique “Mindless Ones” en substituant la guitare lead par… des plans d’orgue ! C’est papa Wyndorf qui s’est fait plaisir… Résultat, une vision complètement psyche de ce titre qui semble atteindre l’objectif visé : quelques aménagements peuvent, dans certains cas, donner une interprétation du titre complètement différente. On retrouvera plus loin “Hellelujah (Fuzz And Swamp)” qui lui aussi revisite “Hallelujah” avec une gratte sèche omniprésente, lui donnant une tonalité “cajun” étonnante, et moins “blues” que la version originale. Distrayant.
On passera pudiquement sur les versions sans grand changement de “No Paradise For Me” (réinterprétation de “Paradise”, un peu rallongée, sans réelle valeur ajoutée) ou “The Duke (Full On Drums ‘N Wah)” (effectivement doté comme son nom l’indique de batterie en remplacement des percus initiales et de quelques soli bien chargés de pédale Wah-wah)…
“End Of Time (B-3)” (resucée de “End Of Time” – vous suivez ?) ne change pas complètement la vue de ce titre, mais lui apporte une fraîcheur intéressante, notamment via l’incorporation de soli en duo clavier – guitare assez saisissants sur la seconde partie du morceau. Dans une veine légèrement différente, la nouvelle version de “I Live Behind The Clouds” propose un changement de production original : finis les vocaux la tête et les épaules au dessus du reste des instruments dans le mix, et finis aussi les soli cristallins, place aux soli plus “bruts”, pour un morceau finalement plus dense, pas inintéressant. “Stay Tuned (Even Sadder)” comme l’indique son nom déploie tous les artifices instrumentaux les plus lourdingues (orchestrations grandiloquentes, écho, soli larmoyants…) pour tirer ce titre initialement assez dépouillé vers un pathos un peu trop ostentatoire pour être honnête.
Côté inédits, on trouve un peu plus loin “Milking The Stars”, un titre de space rock qui tire un peu en longueur, dénué du moindre riff digne d’intérêt… Ce titre était, si l’on en croit la rumeur, initialement prévu pour “Last Patrol” ; clairement il n’était pas au niveau, et le processus de sélection naturelle a bien joué son rôle. Autre inédit, “Goliath Returns” est une nouvelle plage instrumentale (bruitiste ?) dans la tonalité (atone ?) de “Let The Circus Burn”… Next !
Ah ben tiens, pas de “next”, ça s’arrête là car la version promo du disque ne dispose pas des deux titres live, “Last Patrol” et “Three Kingfishers”, qu’on nous vend comme “rallongés et réarrangés”… Dommage ! Après de très nombreuses écoutes, on se retrouve toujours un peu désarçonné lorsqu’il devient nécessaire de donner un avis sur le disque. En tant qu’entité autonome (comprendre : sans lien avec “Last Patrol”), le disque n’est pas inintéressant, même s’il est un peu hétérogène (c’est une évidence). En tous les cas, il ne donne pas une illustration de ce qu’est Monster Magnet. En tant que “variation” de “Last Patrol”, il apporte certes un regard parfois intéressant, même si parfois trop superficiel pour être probant. On peut par ailleurs questionner la pertinence de cette sortie, maintenant : on comprendrait l’intérêt de ce travail sur un vieux disque, une production devenue datée et culte, qui tirterait bien bénéfice d’un effort réjuvénateur de ses géniteurs. Mais là, ça ressemble plus à un petit plaisir des musiciens, qui n’ont pas vraiment en cible la satisfaction de leurs fans. La démarche n’est pas condamnable en soi, mais le risque est grand que les fans n’apprécient pas tous ce petit caprice.

En trois ans d’existence, le quatuor berlinois DEAF FLOW a sorti deux EP, dont ce The Tesla Complex plutôt intéressant, dispo depuis cet été (cf leur Bandcamp). Le groupe a enchaîné les dates de concert depuis deux ans, et affiche l’intention de densifier leur présence scénique dans les prochains mois. Il y a donc de fortes chances qu’on soit amené à croiser sa route dans pas trop longtemps.
Musicalement, difficile de décrire le maelstrom sonique que représente ce The Tesla Complex : sur la base d’un son metal incisif et puissant, se dessinent des tendances plus subtiles dans les compos, des passages mélodiques et sonorités stoner souvent séduisantes. “Gods & Giants”, par exemple, dans un genre très metal, propose un couplet lancinant intéressant et des soli sympas, bien portés par un son de basse costaud. Le furieux “Release The Kraken” qui suit ressemble à une chute de studio de “Songs For The Deaf” avec un son et des soli de pur metal et un chant à l’avenant. “Black Mountain” est l’un des meilleurs titres du disque, avec un gros riff mid-tempo et une attaque de refrain rageuse. Autre titre particulièrement intéressant “Tonight !” peut donner l’impression de partir un peu dans tous les sens avec sa rythmique saccadée presque dansante, son chant alternant l’aigu et le graisseux, mais au final le groupe ne se perd pas en route, beau signe de maturité. “Saturn Queen” et son riff catchy plaira particulièrement aux stoner-heads puristes, avec des plans de gratte très Homme-esques (deuxième allusion à QOTSA – en connaissance de cause…). L’EP se termine par un “Godspeed, Goodbye” péchu et expéditif (2:35 min), pas le titre le plus emballant de la galette, mais qui montre aussi que le groupe, en ne le faisant pas tirer en longueur inutilement, maîtrise bien la maturité de ses compos (ils n’hésitent pas sur d’autres titres à dépasser les six minutes quand le matériau le justifie).
Même si DEAF FLOW ne représente pas la future tête de pont du stoner rock européen (le genre musical n’est pas prioritairement dans notre cœur de cible, mais s’en inspire copieusement), la musique du quatuor allemand mérite d’être découverte, et la qualité des compos peut laisser présager un bon moment live.
2012
Mmmh la dualité ! Une notion simple et très efficace qui s’applique à tout : à chaque élément son contraire. Les gars de chez Plöw sont partis de là pour pondre un concept album. Mmmh le concept album ! Un exercice qui fait miroiter à l’auditeur une unité à plus ou moins grosse maille mais qui, dans tous les cas, suscite la curiosité. Ici, c’est la musique et les paroles bien sûr mais également le contexte d’enregistrement qui transmet l’idée. Avec les 5 premiers morceaux puis les 3 suivants, enregistrés à des saisons et avec des aspirations différentes, on peut dire que le concept est éprouvé.
Commençons donc par la première partie de l’album qui est déjà très complète avec une entrée instrumentale “Storm” toute en montée de tension, qui commence en calme et qui finit en tempête. La suite permet d’apprécier la voix et l’urgence. On pense à Pet The Preacher. Au milieu on trouve une étrangeté : “Margareth”. En 01:48 le groupe multiplie les idées, presque autant que sur le double ou le triple de temps. Urgence toujours. Pour la seconde partie, le changement est bien là et est définitivement plus sombre. Globalement, la musique change de dynamique avec des morceaux plus long et une voix plus en nuances.
Au niveau de la production rien à redire. La pochette quant à elle ne fera pas l’unanimité mais pour ceux qui y sont sensibles vous pourrez vous procurez l’album au format vinyle histoire de pouvoir en profiter un max. Plöw a respecté son idée de départ et nous la sert d’une manière tout à fait qualitative. Il n’y a plus qu’à attendre 2015 pour la nouvelle fournée.

De tous les sous-genres du métal, le doom semble être celui qui cède le plus facilement le micro à une chanteuse, voyant une multitude de groupes, de Mount Salem à Windhand, en passant par The Well, Blood Ceremony, Purson, Blood Ceremony ou Wounded Kings, qui cherchent tous à détrôner les reines éternelles que sont Lori S. et Jex, officiant respectivement dans Acid King et Jex Thoth. De l’alchimie créée découle un style effervescent, mariant idéalement la mélancolie de cette musique lourde avec l’émotion d’une voix féminine. Sophie Day, chanteuse et guitariste d’Alunah l’a bien compris et porte le groupe par ses lignes vocales envoutantes.
Nés et élevés à Birmingham, berceau du heavy métal, les membres du groupe payent albums après albums leur dîme au grand Sabbath par le truchements de saillies doom délicieusement mélodiques et épiques. White Hoarhound (PsycheDOOMelic/2012) avait propulsé le groupe suffisamment dans la lumière pour intéresser les meilleurs labels du genre, le groupe multipliant les sorties de territoire pour finalement signer chez Napalm Records et rejoindre une écurie qui – de Monster Magnet à Vista Chino, en passant par Steak, Glowsun ou Lonely Kamel – ne parie que rarement sur les mauvais chevaux. Awekening The Forest, leur troisième opus reprend donc l’efficace mixture du combo, consistant à poser quelques ritournelles vocales fleurant presque la complainte médiévale sur de lourdes lamentations sabbathiennes. Expert en riffs malins et refrains accrocheurs, Alunah accouche régulièrement de petites pépites et « Bricket Wood Coven » ou « Heavy Bough » peuvent aisément obtenir ce qualificatif. Le morceau titre “Awekening The Forest” sort lui aussi du lot, rappelant en de nombreux points le meilleur de Katatonia et rappelle à qui l’aurait oublié qu’en matière de doom mélancolique les Anglais ont un certain savoir faire. Mais comme souvent, passé ce départ canon, le reste de l’opus est un poil redondant et manque cruellement d’originalité.
Comme toujours avec le doom, le style ne supporte que l’excellence, sans quoi il plonge l’auditeur dans l’ennui le plus profond. Notez que la première face du disque est de ce niveau d’exigence ce qui place Alunah dans la moyenne haute de la meute, regardant toujours l’intouchable Jex Thoth avec des yeux humides mais d’un peu moins loin que les autres.
Point vinyle :
Napalm oblige, trouver les LPs d’Alunah nécessite de se rendre au merch du groupe ou de passer par leur site de vente en ligne. C’est d’ailleurs seulement sur ce dernier que vous trouverez les éditions couleurs limitées (100 verts, 100 rouges). Oubliez les repress, Napalm ne croit pas encore vraiment au format pour le moment.
Les disques du label sont par ailleurs toujours de qualité, ceux ci sont gatefold et les prix sont corrects (15€ en black, 20€ en couleur).
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